LE MONDE EN CARTES
LE GOLFE DES RECORDS
DES NAPPES ÉPUISÉES
Au Koweït, en Arabie saoudite, au Qatar, le stress hydrique dépasse 1 000 %. Et les projections indiquent des taux encore plus critiques en 2040. Pour étancher leur soif, ces Etats désertiques sont les champions du dessalement, avec 45,3 % des capacités mondiales.
En 2040, la Grèce, l’Espagne, l’Italie et le sud de la France devraient connaître un niveau de stress hydrique supérieur à 80 %. L’Espagne sera la plus touchée : une partie de ses réserves souterraines, épuisées par les pompages intensifs, pourrait disparaître, selon diverses études scientifiques.
LA PLANÈTE A SOIF ! PAR JULES PRÉVOST (TEXTE) ET HUGUES PIOLET (ILLUSTRATION)
R
obinets à sec, rationnements… La ville du Cap, en Afrique du Sud, a fait face en 2018 à de graves pénuries d’eau douce. Et cet été, c’est l’Inde qui a été frappée par une crise sans précédent. Selon l’ONU, 2 milliards de personnes vivent dans un pays soumis à un fort
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À BOIRE POUR UN GÉANT
Barrages, tunnels, canaux gigantesques… A coup de milliards de dollars, la Chine construit d’énormes infrastructures, notamment sur le Mékong, pour assurer un approvisionnement en eau uniforme et constant à ses provinces. Quitte à pénaliser les pays voisins, comme le Vietnam, situé en aval.
69 %
de l’eau consommée sert à l’agriculture et à l’élevage
19 %
à l’industrie
12 %
à l’usage domestique LE DÉSERT ? PAS DE STRESS
UNE RESSOURCE PRÉCIEUSE
Au cours du XX siècle, la surface des terres cultivées (irriguées) a été multipliée par cinq.
97 %
Eau salée
3%
Eau douce
70 % Calottes glaciaires et glaciers 29 % Nappes souterraines <1 % Rivières et lacs
L’EAU DE LA PLANÈTE
L’eau recouvre les 3/4 de la planète. Mais l’eau douce n’en représente qu’une infime partie. Et celle contenue dans les glaciers n’est pas immédiatement disponible.
ATTENTION AUX MINES
Le Chili souffre peu, à l’heure actuelle, du stress hydrique (5 %), mais pourrait entrer en zone critique (au-delà de 80 %) en 2040, tout comme le Pérou. Déjà, en 2018, 61 municipalités chiliennes ont manqué d’eau, soit 15 % de la population nationale. En cause, notamment, l’extraction minière.
DÉJÀ DES RESTRICTIONS
D’après les projections du World Resources Institute, les pays d’Afrique australe (Afrique du Sud, Namibie, Botswana) pourraient voir leur taux de stress hydrique doubler voire tripler d’ici à 2040. Le recours aux restrictions, comme au Cap, deviendrait alors une habitude.
Sources : rapport 2018 de la FAO sur le stress hydrique ; World Resources Institute ; AQUASTAT.
stress hydrique, taux obtenu en rapportant les besoins en eau aux ressources disponibles. La moyenne mondiale est de 13 % (France : 23 %), et il existe d’énormes disparités entre, par exemple, le Bhoutan, où le problème n’existe pas (1 %) et les Emirats arabes unis, où il est aigu (2 346 %). Certes, la ressource est renouvelable, mais la demande mondiale, dopée par la croissance démographique et économique (agriculture en tête), devrait augmenter de 20 à 30 % d’ici à 2050 selon l’ONU, qui estime que la moitié de la population serait en danger. «Dans ce cas-là, partager un fleuve ou un aquifère peut conduire à des tensions entre les pays», analyse Agnès Ducharne, spécialiste en hydrologie au CNRS. Or il existe 592 aquifères transfrontaliers et 286 fleuves internationaux, comme le Nil, qui traverse l’Egypte, le Soudan et l’Ethiopie. Et le réchauffement climatique aggrave la situation : le Giec calcule que pour chaque degré supplémentaire, un demi-milliard de personnes perdront 20 % de leur eau douce. En Inde, le retard de la mousson a provoqué les récentes pénuries. Certains misent sur le dessalement de l’eau de mer. Mais en attendant que cette technologie soit moins polluante et énergivore, il faut s’atteler à une meilleure gestion de l’or bleu. C
Contrairement à l’Afrique du Nord, les pays de la zone subsaharienne souffrent relativement peu du stress hydrique (entre 2 et 6 %). Et leur situation ne devrait guère évoluer à l’horizon 2040. Explication : cette région, certes aride, est peu peuplée.
NIVEAU DE STRESS HYDRIQUE
Faible < 2 % Passable : 3 à 9 % Moyen : 10 à 40 % Elevé : 40 à 100 % Critique > 100 % % d’eau prélevée par rapport à la ressource disponible, en 2018.
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