Ghislain Rabeil TPFE Paysage / Juillet 2016 Travail suivi par Annie Tardivon et Philippe Thomas École Nationale Supérieure d’Architecture et de Paysage de Lille
Promenade en forêt poldérienne . La restructuration du Bois des Forts : comment restructurer cette ressource boisée dans la plaine maritime flamande ?
Vue aérienne du Bois des Forts source : CUD / auteur : Merlen
Promenade en forêt poldérienne . La restructuration du Bois des Forts : comment restructurer cette ressource boisée dans la plaine maritime flamande ?
Ghislain Rabeil TPFE Paysage / Juillet 2016 Travail suivi par Annie Tardivon et Philippe Thomas
École Nationale Supérieure d’Architecture et de Paysage de Lille
TABLE DES MATIÈRES . FIL CONDUCTEUR DE L’AVANT-PROJET .
PRÉAMBULE INTRODUCTION
1 LA PLAINE MARITIME FLAMANDE UN TERRITOIRE ET UN CONTEXTE . LES POLDERS EN FRANCE . LA FORMATION DE LA PLAINE MARITIME FLAMANDE . L’EAU, APRÈS LA MAÎTRISE, LE RISQUE .
2 DÉVELOPPEMENT URBAIN DU LITTORAL . DE LA FRONTIÈRE À L’INDUSTRIE . L’AGGLOMÉRATION DNKERQUOISE, ACTE PLANIFIÉ . LA NAISSANCE DU BOIS DES FORTS .
3 CONTRAINTES ET AVENIR DU BOIS DES FORTS . LE BOIS DES FORTS AUJOURD’HUI . LE PATRIMOINE BOISÉ PRÉSENT . LE BOIS DES FORTS, ÉQUIPEMENT INADAPTÉ AU MILIEU . DE LA RÉSILIENCE À L’ÉCOLOGIE .
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4 À LA RECHERCHE DE LA FORÊT NATURELLE POTENTIELLE . LA VÉGÉTATION NATURELLE POTENTIELLE . LES FORMATIONS FORESTIÈRES IDENTIFIÉES . LA NATURE CONFRONTÉE À L’USAGE .
5 ENJEUX DE CONCEPTION INTENTIONS DE PROJET . RÉCAPITULATIF DES ENJEUX DU PROJET . CE DONT LE PROJET DOIT TENIR COMPTE .
BIBLIOGRAPHIE
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PRÉAMBULE . Le projet de fin d’études : la poursuite d’une recherche . Une envie personnelle
Faire un projet personnel de fin d’études implique un intérêt personnel fort pour ce travail. J’ai choisi de faire un projet sur le littoral, un paysage et un sujet qui m’intéresse depuis la moitié de mon cursus de paysagiste à l’école d’architecture et de paysage de Lille. Cet intérêt pour le littoral fut porté par des parcours en bateau sur la côte Atlantique, lesquels m’ont permis de voir la terre d’un autre angle. La terre, une fois en mer, il n’en reste qu’une ligne d’horizon, un simple trait sombre dans l’immensité du ciel et de l’eau. C’est une notion d’échelle et de mesure intemporelle qui m’interroge alors sur son histoire et son avenir.
Le stage à Dunkerque
Pour faire suite au travail effectué sur la digue des Alliés de Dunkerque, et prolonger mes réflexions autour des terres gagnées sur la mer, j’ai choisi de faire mon stage en maîtrise d’ouvrage à l’AGUR, à Dunkerque. Ceci afin de trouver les interlocuteurs ayant l’habitude de travailler sur ce territoire. Mes missions ont concerné le territoire dunkerquois et plus largement le SCOT de la région Flandres-Dunkerque. J’ai pu travailler durant ces trois mois de stage aux côtés d’un paysagiste, Vincent Charruau. Il m’a accompagné dans ma réflexion et a pu répondre à mes questions sur le paysage de la plaine maritime flamande. En parallèle de mes missions dans l’agence d’urbanisme, je me suis mis à chercher un site qui ferait l’objet de mon sujet de diplôme...
Une terre gagnée sur la mer? - mémoire de recherche
À l’école d’architecture et de paysage, j’ai eu l’occasion de m’intéresser de plus près sur cette ligne d’horizon. C’est lors du mémoire d’initiation à la recherche en troisième année dans le domaine archéologie du projet que j’ai pu expérimenter la variété des paysages qui composent le littoral. J’ai pu explorer grâce à ce travail cette période importante de l’histoire du littoral en France qu’ont été les Trente Glorieuses. J’ai surtout été invité à travailler sur un objet précis, la digue des Alliés de Dunkerque. Un ouvrage typique des aménagements du littoral. Ce dernier trouvant justement sa place à Dunkerque, à la lisière d’une barrière naturelle ceinturant le polder de la plaine maritime flamande. Là où s’étendrait normalement le delta de l’Aa si l’homme ne s’était pas chargé d’évacuer l’eau pour gagner cette terre sur la mer. Le polder, une portion de terre gagnée sur la mer, voilà qui semble être le sujet approprié pour mes interrogations sur les espaces littoraux. En étudiant l’histoire de la digue des Alliés, j’ai découvert son rôle important dans le système d’irrigation de la plaine maritime flamande, les wateringues. J’ai aussi pu observer ses faiblesses et les incertitudes qui pèsent autour de cet ouvrage face à un avenir incertain, dont l’obstacle est le réchauffement climatique. Plus loin encore, c’est peut-être même tout le territoire gagné sur la mer, protégé par cette digue-rempart, qui est à remettre en question et à faire évoluer. Il faut porter une nouvelle vision sur ce territoire, entrevoir un nouveau paysage qui s’adaptera aux contraintes à venir.
...Mon choix s’arrêta sur le Bois des Forts.
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INTRODUCTION . Le projet de fin d’études : énoncé de la réflexion . Le sujet :
Dunkerque est une ville installée sur le littoral de la plaine maritime flamande. Elle est surtout connue pour son port, ses usines et les villes ouvrières qui se sont développées autour durant les reconstructions d’après-guerre. Le développement du port et des usines ont contribué à la formation du paysage de l’agglomération dunkerquoise, constituant ainsi une grande partie de l’univers culturel de son territoire. Mais Dunkerque, ce n’est pas que la mer, le port et les usines, c’est aussi le polder qui s’étend derrière. Le polder c’est une immense plaine mêlant canaux et espaces agricoles qui a été soustraite à la mer par succession d’endiguements, d’aménagements de canaux ayant pour objectif de drainer l’ancien delta de l’Aa. Dans cette plaine, c’est un immense réseau de fossés et canaux, les wateringues, qui est l’élément fondateur du paysage du plat pays de Jacques Brel, du paysage des peintres flamands. Le site de projet, le Bois des Forts, est un espace boisé de 600 ha qui s’étend entre Dunkerque et Bergues, coupant en deux le paysage de la plaine maritime flamande. Il accueille notamment divers équipements comme le golf de Dunkerque, une zone de loisir, mais aussi fait écrin à deux anciens forts témoignant de l’histoire militaire de la région. Planté à partir de 1974, ce bois a pris place dans une plaine qui est naturellement inhospitalière à ce type de formation végétale. Ce bois correspond en partie à une attente sociale des populations venues s’installer dans le dunkerquois pour travailler dans les usines. Cette attente a abouti sous la forme d’un plan global de ceinture verte autour de l’agglomération. Les boisements et les essences choisies découlent de cette ambition. C’est du peuplier qui a en grande partie été planté pour sa croissance rapide. Il devait permettre également à des essences plus intéressantes de s’installer par la suite. 40 ans après les plantations, se pose la question de la sénescence de ces peupliers qui constituent aujourd’hui encore une des essences les plus présentes sur le site sans pour autant être la plus adaptée aux conditions du littoral, déjà controversé par les prévisions du réchauffement climatique.
Les enjeux :
L’enjeu social : Il découle du programme initial qui a abouti à la création du Bois des Forts dans les années 1970. La question se porte alors sur la présence d’espaces de nature à proximité de l’agglomération. Il implique de considérer l’usage récréatif en réaménageant les espaces fréquentés afin de mettre en valeur les paysages boisés, le polder et le patrimoine présent. L’enjeu écologique : Il s’agit de mettre en place un projet de gestion des ressources naturelles présentes et du patrimoine biologique existant. Mais aussi d’accompagner les stratégies mises en place pour favoriser la biodiversité et les continuités biologiques présentes. Les prévisions du réchauffement climatique seront étudiées dans le cadre de ce plan de gestion pour les questions d’inondation et de sélections d’essences adaptées aux conditions climatiques futures. L’enjeu écologique sera également confronté aux valeurs d’usage et paysagères du bois. L’enjeu paysager : Il porte sur la cohérence du paysage boisé créé avec les conditions naturellement présentes sur le littoral et la plaine maritime. Il tiendra notamment compte de l’usage récréatif du site afin de faire cohabiter les lieux à vocations naturelles, de loisir, de la découverte de la plaine maritime flamande, et aux vocations économiques du bois. Le tout doit amener à la conception de paysages boisés cohérents envers les différents usages possibles.
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La problématique :
La problématique du projet est de savoir comment faire évoluer les espaces boisés du Bois des Forts dans le respect de la nature du site, de son patrimoine historique, de ses usages notamment pour le grand public en mettant à profit le savoir et les pratiques sylvicoles. Le tout dans un souci de répondre au problème d’un bois aux essences sénescentes et dont la place dans le territoire risque d’être compromise dans la perspective du réchauffement climatique et de ses incidences sur une terre poldérisée. Ce qui serait une perte dommageable vis-à-vis de l’énergie qui a été déployée pour mettre en place le Bois des Forts par le passé.
Les objectifs du projet :
Afin d’éviter la perte d’un patrimoine boisé apparu récemment dans le paysage de la plaine maritime et dont l’intérêt récréatif est actuellement bien ancré auprès de la population, l’intervention d’un paysagiste apparaît nécessaire pour proposer un projet de transformation de cette ressource boisée. Le paysage boisé est de composition homogène due aux essences et aux modes de plantations choisis. La diversité d’usage possible sur le site n’est pas bien représentée. Pourtant, il pourrait s’agir d’une qualité supplémentaire et complémentaire pour cet espace boisé en lisière d’agglomération. La ressource boisée peut autant être d’ordre culturel vis-à-vis de la nature dont la forêt serait l’allégorie ; un lieu de production de bois dont les qualités environnementales sont réputées et écologiques dans le respect des dynamiques naturelles du territoire. Aujourd’hui le Bois des Forts, mais ne pourrait-on parler à l’avenir de Forêt des Forts? Le projet interroge donc les conditions nécessaires à l’implantation et le maintien d’une forêt en espace littoral. En contrepartie, le Bois des Forts est un espace pratiqué par des promeneurs, des chasseurs, mais aussi des golfeurs, des fermiers, quelques propriétés privées, les gestionnaires des canaux (l’Institut Interdépartemental des Wateringues) ou encore les gestionnaires des espaces boisés (l’ONF). Le tout se situant sur le territoire communautaire de l’agglomération Dunkerquoise (Communauté Urbaine de Dunkerque), propriétaire de la plus grande partie des parcelles, espaces boisés et cheminements. Il faut par le projet trouver comment associer l’usage du public et ses attentes vis-à-vis du paysage forestier, et la capacité des gestionnaires à maintenir les qualités naturelles possibles sans déroger aux pratiques du public.
La méthode envisagée :
Le rapport présent est la première étape de la transformation du Bois des Forts. Il vise à mettre en lien le contexte territorial, ses potentiels et enjeux afin de trouver l’ensemble des outils de composition du projet. L’intérêt de croiser les regards des différents usagers du bois et leurs outils est un moyen de se représenter les différentes formes du bois afin de les intégrer au projet. Ainsi, les regards croisés seront ceux de l’habitant pratiquant le bois, de l’écologue qui en décèle les services pour la biodiversité et le sylviculteur qui le gère et l’accommode aux besoins de la ressource. Le rôle du paysagiste étant de produire des paysages qui assurent la cohabitation de ces regards, fonctions et usages du bois en tant qu’espace public.
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0
1000 m
COMPLEXE INDUSTRIALO-PORTUAIRE
SAINT-POL-SUR-MER
FORT-MARDYCK
PETITE-SYNTHE
GRANDE-SYNTHE
Z.I DE PETITE-SYNTHE
LOON-PLAGE
CANAL DE BOURBOURG
ARMBOUT
SPYCKER
GRAND-MILLE
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L’AGGLOMÉRATION DUNKERQUOISE 89 882 HAB (2013)
DUNES DEWULF
FORT DES DUNES
LEFFRINCKOUCKE
MALO-LES-BAINS
USINES DES DUNES
ROSENDAËL
DUNKERQUE CANAL DE FURNES
TÊTEGHEM
COUDEKERQUE-BRANCHE
CANAL DES MOËRES
ZONE DE LOISIR DU FORT LOUIS SUPERFICIE : 600 HA
BOISÉES : 350 HA BOIS DES FORTS SURFACES (260 ha boisement mixte à majorité de peupliers 90 ha peupleraie)
CAPPELLE-LA-GRANDE
TS-CAPPEL
COUDEKERQUE-VILLAGE
FORT VALLIÈRES
CANAL DE LA BASSE-COLME
GOLF DE DUNKERQUE CANAL DE BERGUES
BERGUES
CANAL DE LA HAUTE-COLME
EBRUGGE BIERNE
LES POLDERS EN FRANCE .
LA FORMATION DE LA PLAINE MARITIME FLAMANDE .
L’EAU, APRÈS LA MAÎTRISE, LE RISQUE .
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Comprendre les enjeux du territoire .
Tout projet s’inscrit dans un territoire et un contexte. La présentation préalable de ces derniers est nécessaire à la production d’un projet qui devrait pouvoir s’inscrire dans une dynamique d’ensemble. Le site sera présenté succinctement dans cette partie où il fera office d’élément présent dans le territoire, soit comme une surface d’occupation du sol soit comme une entité paysagère distincte. La plaine maritime flamande est un polder du nord de la France. Il s’inscrit dans une continuité de terres similaires qui bordent la mer du Nord et qui traversent la Belgique et les Pays-Bas. Les polders dans le monde entier sont sujets à controverse avec le réchauffement climatique. Sur ces territoires se pose la question du maintien des activités sur ces terres gagnées sur la mer ou de leur abandon comme outil de lutte contre le réchauffement climatique. Le tout s’engageant dans une lutte résiliente qui devrait associer aléas et dynamiques naturelles et la possibilité pour les populations de rester habitantes de ces territoires.
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LES POLDERS EN FRANCE . Contexte général .
Les estuaires et les marais littoraux .
Sur le littoral français, on peut rencontrer de temps à autre des terres basses où l’eau semble avoir une emprise très particulière. Ces terres se situent le plus souvent au niveau des estuaires. Elles sont historiquement et naturellement soumises au niveau des marées pour les côtes de l’océan Atlantique, de la Manche et de la mer du Nord. En méditerranée, ces portions de territoires sont plutôt issues de deltas ou de lagunes et dépendent peu des mouvements cycliques de la mer. La plaine maritime flamande, est un ancien delta comblé par les sédiments où se situe le site de projet. Elle fait partie de ces terres soumises aux pressions de la mer et de ses variations de niveaux. Dans leur histoire, la plupart de ces territoires ont fait l’objet d’aménagement par l’homme qui s’est chargé le plus souvent d’extraire ces terres à la mer par des digues. Ces terres prennent alors le nom de polder, terme flamand désignant «une terre gagnée sur la mer».
Des territoires similaires, mais de cultures différentes .
Sur chacune des portions du littoral français, on trouve différents types de polders. Chacun ayant une relation qui lui est propre à la mer, où sa présence est plus ou moins tolérée. Ainsi certains sont des marais salants ou bocagers, d’autres des espaces de cultures agricoles aux sols fertiles qui sont drainés ou irrigués suivant les besoins.
Particularité paysagère .
Les traces de ces cultures sont aujourd’hui visibles sur ces polders qui malgré une similarité lisible dans leur définition peuvent être très contrastés dans l’observation de leur paysage. En partant de ce constat, une analyse des paysages des polders en France doit être menée et une comparaison doit être observée entre la plaine maritime flamande et les autres polders de la façade atlantique.
source : Raymond Ghirardi, in Marais maritimes et estuaires du littoral français. image adaptée.
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L’occupation des polders et leur paysage . La plaine maritime flamande
C’est le polder dans lequel se situe le projet. Cette terre occupe une superficie de plus de 750 km2 soustraite à la mer. La pratique de ces terres est majoritairement agricole (65%)1. Le cordon dunaire quant à lui accueille l’agglomération dunkerquoise, le grand port maritime, les usines les dunes et les plages. L’agglomération englobe plus de 200 000 habitants contre 430 000 pour l’ensemble du polder. L’occupation agricole est vouée aux grandes cultures céréalières ainsi que la betterave à sucre. Il forme le paysage emblématique de ce qu’on appelle dans la région le «blootland», la terre nue. Il faut passer la frontière avec la Belgique pour voir le paysage agricole changer par une culture plus vouée aux prairies et au pâturage. L’usage agricole de la plaine maritime a une influence sur la qualité des eaux dans les canaux. Il a également entraîné une méconnaissance du rôle drainant de ces derniers, certains des fossés (les watergangs) ont été comblés ou bien busés. Le tout entraînant à la longue un oubli de la culture du polder face au paysage de production agricole (les agriculteurs par le passé étaient chargés de l’entretien des canaux qui est aujourd’hui délégué à l’Institut Interdépartemental des Wateringues)2. La remise en place d’une culture du polder est un des enjeux de la plaine maritime flamande, en terme de paysage, mais surtout en terme social vis-à-vis du réchauffement climatique dont les dégâts doivent être compris par les populations et usagers du sol afin de s’en prévenir. En France cependant, différents polders ont chacun fait l’objet d’une occupation particulière s’inspirant des conditions du milieu construisant ainsi des paysages atypiques.
Le marais poitevin
L’occupation de ce polder est celle de la pâture et du bocage. Les canaux formant le réseau d’irrigation et de drainage sont accompagnés de haies bocagères rivulaires formant le paysage.
source : PNR marais-poitevin 1 Les wateringues, hier, aujourd’hui et demain, Institut Interdépartemental des Wateringues, 2014 2 http://www.institution-wateringues.fr
Le marais breton
La présence d’eau salée ou saumâtre forme le paysage de ce polder. Le réseau est dense et marqué comme la plaine maritime flamande par l’absence de grands arbres. L’activité est, comme les marais poitevins voués au pâturage de prairie salée ou bien à la pêche.
source : http-_p4.storage.canalblog.com
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source : urbis.lemag / AGUR
Les Bas-Champs Picards
Les Pays-Bas
source : baiedesomme.org
source : hollande.over-blog.com
Les renclôtures (terme local du polder) sont formées par de petites digues dont la vocation est de cultiver les terres. L’activité de la chasse a permis la formation de mares complétant le paysage de fossés formé dans la plaine. On y trouve, sur un espace relativement une diversité des usages possibles du polder.
Le nom de ce pays est le plus évocateur dans la culture des polders, son territoire étant en grande partie dû aux conquêtes sur la mer. On peut y trouver une multitude de manières d’occuper ces territoires. Sa similarité et sa proximité avec la plaine maritime flamande, ainsi qu’une culture commune en fond l’un des espaces d’inspiration de description du territoire de projet.
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FORMATION DE LA PLAINE MARITIME FLAMANDE . La plaine maritime flamande : contexte territorial . Formation naturelle de la plaine maritime .
Avant la plaine maritime flamande se tenait le delta de l’Aa et avant le delta, c’est la mer qui recouvrait ces terres. Les courants ont formé un cordon dunaire fermant le delta et les alluvions de l’Aa ont fini par s’accumuler rejetant peu à peu la mer. Ainsi la mer a été supplantée par un marécage fertile où la végétation a pu se développer en abondance, une strate arborée a même pu se développer, c’est la fin du quaternaire. Au niveau du sol, ces périodes successives entre transgressions et régressions marines se traduisent par des couches de tourbe recouverte par des couches successives de sables et de limons témoignant des mouvements des marées. Par endroit, les couches de tourbes se sont affaissées créant quelques dépressions dans la plaine comme les Moëres ou les pieds des coteaux picards et plus localement sur le territoire de Coudekerque-Village, bordant le site du Bois des Forts3.
Le processus de conquête de la terre sur la mer .
Depuis la formation du delta, différentes périodes sont venues rythmer la vie dans la plaine maritime entre intrusion marine et regain de terre. Les hommes depuis maintenant plus de 2000 ans ont commencé à s’installer timidement dans le territoire, sur les quelques éminences topographiques qui les mettaient à l’abri des marées. Depuis l’arrivée de l’homme sur le territoire, deux transgressions marines se sont déroulées dans la plaine. Elles l’ont rendu inhabitable de - 5500 à -2000 pour la première et de l’an 300 à 800 pour la seconde4. Depuis lors, différentes périodes de conquêtes du marécage sont venues peu à peu construire le paysage présent aujourd’hui. Les moines bénédictins sont arrivés pour évangéliser cette terre en amenant avec eux des techniques de culture. Ils entameront les premiers travaux de drainage des marais. Au XIIème siècle, c’est Philippe d’Alsace, comte de Flandre qui a fondé «les wateringues», véritable institution qui organise par section l’assèchement progressif du marais. À cette époque, le trait de côte se fixe peu à peu au niveau de Dunkerque. Depuis lors jusqu’à aujourd’hui, les travaux d’assèchement et de drainage se sont poursuivis. La plaine maritime conserve cet héritage dans l’appellation de ces canaux et fossés : les watergangs.
source : interprétation de schémas, in Les wateringues, hier, aujourd’hui et demain, Institut Interdépartemental des Wateringues et AGUR, 2014. 3,4 http://www.institution-wateringues.fr
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CÔTES ANGLAISES CÔTES BELGES DUNKERQUE
CALAIS
CAP GRIS-NEZ
PLAINE MARITIME FLAMANDE «delta de l’Aa»
BERGUES
0
10 km
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L’EAU, APRÈS LA MAÎTRISE, LE RISQUE . Enjeux et risques d’une terre entre deux eaux .
Rupture de la digue des Alliés en 1949 et 1953 et inondation à Rosendaël
Le canal exutoire des wateringues de Dunkerque 1938
Une terre occupée, mais où l’eau reste omniprésente .
Le territoire des wateringues est constitué par un immense réseau de canaux drainants (watergangs) organisés en section, les wateringues. À ce titre, on peut aisément considérer ce territoire comme une ingénierie hydraulique. Cette ingénierie fonctionne en relation avec le cycle des marées auquel le territoire souhaite se soustraire. Les anciens bras du delta de l’Aa situés à Calais, GrandFort-Philippe et Dunkerque sont coupés de la mer par des écluses, lesquelles empêchent l’entrée des eaux saumâtres à marée haute. Pendant ce temps, les canaux et tout le système de drainage collectent les eaux qui ruissellent depuis les coteaux vers la plaine, avant de les évacuer à marée basse. Mais comme toute mécanique, ce système a des failles qui peuvent entraîner l’inondation du territoire et le retour de la mer dans la plaine.
Le jeu du risque et le réchauffement climatique .
L’enjeu du risque sur la plaine maritime flamande est pris avec beaucoup de sérieux avec les effets du réchauffement climatique et de la montée globale des océans. Les tempêtes risquent d’être plus importantes et fréquentes dans la région5. Cette perspective à conduit à des mesures de prévention des risques sur le territoire. Les PPRI et PPRL sont mis en place et décrivent les zones de risques et donne les directives à suivre en cas de sinistre. Le PPRL (submersion marine) considère aujourd’hui les zones urbaines tandis que les PPRI se concentrent sur l’espace urbain et rural (inondation continentale). Des Zones d’expansion de crue sont mises en place sur le territoire pour prévenir les inondations, principalement sur les pieds de coteaux. On remarque que le site de projet est situé entre ces aléas (submersion et inondation depuis les coteaux). Les inondations stratégiques de la plaine supposent quant à elle une série de ruptures dans le système défensif de digues. Avec le système des wateringues, l’eau peut être guidée suivant les besoins et/ou stockée dans les canaux. Dans un système de maîtrise des crues, le Bois des Forts et sa situation géographique peuvent être utiles à cette défense. Seulement, ce scénario est aujourd’hui rejeté par les collectivités qui y verraient la dégradation d’un équipement collectif. Pendant sa réalisation, les aléas n’ont pas été considérés par confiances au fonctionnement des ouvrages de défense et par l’absence des enjeux du réchauffement climatique à l’époque.
5 DDTM Nord
Aléas submersion marine (1949 et 1953. Inscrit au PPRL de Dunkerque à Bray-dunes. Submersion stratégique de la plaine par les Allemands en 1944 et 1945. Apport d’eau salée par les brèches faites dans les digues. Ruptures de digues.
Crues de l’Aa de 1972 et 1974.
Inondation et ruissellement sur les coteaux. Programmes d’installation de ZEC (zone d’expansion des crues).
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source photographique : centre de la mémoire de Dunkerque.
Les Moëres inondées par les Allemands en 1944
Inondation entre Bergues et Honschoote en 1914
Digue des Alliés (1949 et 1953)
DUNKERQUE
Les Moëres
Coudekerque-Village
Grand-Fort-Philippe Canal de Bourbourg (1944)
Canal de Bergues (1944)
Canal de la Haute-Colme (1944)
Watten
0
10 km
Hondschoote Bergues
2 DÉVELOPPEMENT URBAIN DU LITTORAL . DE LA FRONTIÈRE À L’INDUSTRIE .
L’AGGLOMÉRATION DUNKERQUOISE, ACTE PLANIFIÉ .
LA NAISSANCE DU BOIS DES FORTS .
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Le Bois des Forts inspiré du contexte urbain .
La reconstruction de la période d’après-guerre et l’intervention de l’État dans la planification et la modernisation de la France ont donné en grande partie naissance à l’agglomération dunkerquoise. Durant les Trente Glorieuses, c’est l’État qui par la commission du plan (les plans quinquennaux) prévoit la mise en place d’un grand complexe industrialo-portuaire sur le territoire de Dunkerque. Le port se développe en conséquence et les usines établies sur les dunes produisent une importante source d’emploi. Ceci conduira à l’immigration d’une population ouvrière et des cadres à s’installer sur le territoire. Ceci marque le début de l’agglomération dunkerquoise. Afin d’accueillir l’importante population travailleuse sur le territoire et d’éviter la construction d’une ville incohérente, la Communauté Urbaine de Dunkerque voit le jour et sera suivie par la création par l’association de l’État et des collectivités locales de l’Agence d’Urbanisme et de Développement de la Région Flandres-Dunkerque. Ces organismes seront chargés de créer la nouvelle agglomération où les habitants pourront profiter de tous les atouts qu’a à offrir une ville moderne. C’est dans ce contexte que verra le jour le projet du Bois des Forts, un espace faisant partie d’un ensemble de zones boisées ceinturant la nouvelle agglomération. L’intérêt de ce projet faisant en premier lieu suite à une demande des habitants qui ne connaissaient pas le polder et son paysage et qui réclamaient la présence d’espaces boisés et de nature. Ces derniers permettant notamment de créer des écrans paysagers face aux usines. Le second intérêt consistait à l’amélioration de la qualité de l’air qui se dégradait à cause de l’industrie lourde. Enfin, ces lieux étaient l’occasion d’offrir à la population des espaces récréatifs pour compenser les plages perdues par l’implantation des usines, ces plages et espaces dunaires représentant le véritable atout touristique et social à l’époque.
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DE LA FRONTIÈRE À L’INDUSTRIE . La genèse de l’agglomération dunkerquoise . De villages disséminés dans la plaine .
L’occupation de la plaine et les installations humaines se sont faites progressivement au gré des conquêtes sur la mer. Les villages sont alors reliés par les canaux et quelques routes hors d’eau suivant le cordon dunaire et faisant la liaison avec le continent. Bergues et Dunkerque sont deux places fortes et leurs fortifications contraignent le développement urbain. En effet, la plaine maritime entre Dunkerque et Bergues fait office de frontière avec les Pays-Bas pour faire suite aux conquêtes de Louis XIV. Dunkerque protège le royaume des invasions depuis la mer et Bergues depuis les terres. Une ligne de fortifications est établie entre les deux villes. Datant de l’époque espagnole, ces deux redoutes qui se tenaient dans la plaine sont reconstruites en forts bastionnés par Vauban. Ce dernier les équipe d’un système d’inondation du marais pour ralentir les envahisseurs potentiels.6
6 Dunkerque (histoire), wikipedia // www.sdha.gd (société dunkerquoise d’histoire et d’archéologie) // Les wateringues, hier, aujourd’hui et demain, IIW, 2014 // Paysages de la plaine maritime, DREAL Nord-pas-de-Calais, juin 2008.
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Au développement intense d’après-guerre .
Du XVIIe au XXe siècle, le port de Dunkerque et la ville s’étendent difficilement hors de leurs anciennes fortifications. Seule la station balnéaire de Malo-les-Bains voit le jour dans les dunes à l’est de Dunkerque à la fin du XIXème siècle. Le XXe siècle marque l’Europe par les deux grandes guerres où Dunkerque paiera un lourd tribu. À la sortie de la Seconde Guerre mondiale, Dunkerque est l’une des dernières villes libérées, détruite à plus de 70%, il faut la reconstruire. Ce sera l’occasion de construire une nouvelle ville, plus moderne et au développement «hiérarchisé». Les Trente Glorieuses est une période marquante du développement d’une France qui veut devenir moderne. Le port de Dunkerque est réaménagé durant cette période et est accompagné par de grands complexes industriels qui formeront le port industriel présent aujourd’hui. Le port comme moteur de conversion de la ville, l’agglomération se développe et les villages et faubourgs de Dunkerque commencent à accueillir de plus en plus de monde. L’agglomération dunkerquoise accueille aujourd’hui plus de 200 000 habitants, soit presque la moitié de la population habitant le polder (430 000).
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L’AGGLOMÉRATION DUNKERQUOISE, ACTE PLANIFIÉ . source photographique : centre de la mémoire de Dunkerque.
L’industrie, fer de lance de l’urbanisation d’après-guerre .
Le projet de développement de l’agglomération dunkerquoise est un projet très ambitieux porté par l’État à l’époque des Trente Glorieuses. Au-delà de la reconstruction de la ville, l’urbanisation de l’ensemble du cordon littoral est planifiée; de la frontière avec la Belgique jusqu’à Calais.7 L’urbanisation du littoral est portée par l’industrie qui doit être une des ressources économiques régionale et nationale, l’emploi fait donc l’objet d’une attention particulière dans les orientations d’aménagement. Le cordon littoral disparait alors peu à peu sous les usines. La construction du complexe Usinor (Arcelor-Mittal et aujourd’hui Dillinger France) engendrera par ailleurs une perte de plus de 450 ha d’espaces dunaires. Ceci contribuera fortement à l’image du paysage dunkerquois que l’on connait aujourd’hui.
source : SDAU Dunkerque 2000, CUD et AGUR, 1974 7 Les plans quinquennaux, wikipedia // Mémoire d’initiation à la recherche, une terre gagnée sur la mer ?, 2013-2014.
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Équiper l’agglomération .
Afin de contenir et maîtriser l’extension de la ville et de l’habitat suite à l’arrivée des usines, la Communauté Urbaine de Dunkerque naît en 1968, suivie en 1972 par la création de l’Agence d’urbanisme de Dunkerque qui sera chargée de l’élaboration du SDAU. Il sera publié un livre blanc en 1970 puis le SDAU : Dunkerque 2000 en 1974.
Les objectifs fixés par le SDAU sont les suivants :
Dunkerque, une ville au service de l’homme.
« Asservissement aux impératifs des usines et du port, décalage croissant entre la ville et des industries de dimension internationale commandé d’ailleurs, accroissement désordonné parce que trop rapide, problèmes sociaux, amenuisement des responsabilités locales, dégradation du cadre de vie, pollution, tels sont les dangers présents à Dunkerque. Il importe que le phénomène de croissance industrielle et portuaire soit maîtrisé par l’homme qui doit y trouver : liberté et sécurité de l’emploi, formation et promotion individuelle, choix de l’habitat, équipements collectifs adéquats, cadre de vie à la mesure de ses légitimes aspirations.»
SDAU, Dunkerque 2000, 1974, p.7 8 Le Bois des Forts apparaît dans le plan d’aménagement en comptant parmi les espaces verts défensifs et d’équipements de loisirs. On peut cependant noter l’absence de considération du polder et de ses caractéristiques dans l’élaboration de ce schéma. La plaine maritime étant définie comme un espace à vocation rurale et agricole.
source : SDAU Dunkerque 2000, CUD et AGUR, 1974 8 SDAU Dunkerque 2000, CUD, AGUR, 1974.
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Des poches vertes pour accompagner le nouvel ensemble urbain . Un besoin de nature et d’arbre se fait sentir .
C’est dans le SDAU de l’agglomération dunkerquoise qu’apparaît pour la première fois le Bois des Forts. Son nom n’est pas définitif (Bois de Bergues), mais son rôle est déjà défini. En plus d’apporter une cadre de nature en périphérie de l’agglomération, il permet également de changer l’aspect du paysage nu de la plaine maritime, mal perçue par la population venue habiter sur le littoral. Il répond également à une question de qualité d’environnement.
Le Bois des Forts, un espace de nature fonctionnel au titre de l’urbain .
Le Bois des Forts, de sa conception à sa réalisation a été formé suivant le modèle urbain de l’agglomération naissante. Ceci résulte des préoccupations de la période de la reconstruction (construire vite, efficacement pour permettre à la population d’accéder à des logements et des équipements civils décents). La conception en zonage marque la pensée urbanistique de l’époque. Ces zones accompagnent l’expansion urbaine, ce qui a conduit à la plantation d’un bois homogène chargé d’une unique fonction récréative au service des nouveaux habitants. On remarque même la future A16 qui couperait ce bois en deux parties. Ce lieu est à considérer comme un équipement avant même d’en juger les qualités naturelles.
Politique verte et loisirs.
«Un effort particulier est à soutenir pour transformer le paysage nu de notre région par le reboisement d’un certain nombre de zones. Les unes serviraient de défense contre la pollution industrielle ; les autres recevraient des équipements de loisir et de tourisme contribuant aussi à améliorer le cadre de vie.» SDAU, Dunkerque 2000, 1974, p.15
Dégradation de l’environnement et pollution.
«Les plages comptent parmi les sites naturels les plus attractifs de notre région. Or, plus de la moitié des plages disponibles va être soustraite à l’usage de la population par les installations portuaires de Gravelines à Dunkerque. Sur l’horizon plat de la plaine flamande, l’absence quasi totale d’arbres est particulièrement sensible, et les atteintes visuelles à l’agrément du site se multiplient avec les superstructures industrielles et les déchets d’exploitation. L’atmosphère elle-même se salit progressivement et, sous certaines conditions aérologiques, on enregistre une pollution notable.» SDAU, Dunkerque 2000, 1974, p.11
source : SDAU Dunkerque 2000, CUD et AGUR, 1974
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Le SCOT Flandre-Dunkerque indique a posteriori les objectifs des grands espaces verts de Dunkerque : • pallier le déficit en espaces naturellement boisés qui caractérise ce territoire, • offrir une compensation de loisirs et de nature aux populations locales, appelées à être dépossédées de plusieurs centaines d’hectares de dunes et de plages, • créer des écrans de verdure entre les zones d’habitat et les zones industrielles et portuaires, afin de limiter pollutions et nuisances et améliorer le cadre de vie.
Le développement de la couronne verte .
Le Schéma Directeur de 1990 prévoit l’extension de cet espace vers le Nord-Est comme indiqué sur le schéma ci-dessous. Cette opération s’appelle le croissant vert. On en remarque ses nouvelles surfaces boisées qui se sont installées après 2000 dans la série de vues aériennes qui va suivre. On peut s’interroger sur la consistance de ce couloir boisé.
source : SDAU 1990, CUD et AGUR, 1990.
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LA NAISSANCE DU BOIS DES FORTS . Après les schémas, les plantations .
Albert Denvers, président de la CUD en 1974 plantant le premier arbre du bois de forts. source : ville-de-dunkerque.fr
1974 Plantation de la zone de loisir du fort Louis.
Les premières plantations du Bois des Forts ont commencé en 1974 au niveau du fort Louis, qui deviendra une zone de loisirs à proximité des habitations. La photo-reconduction permet de voir l’évolution des massifs boisés et de comprendre les différentes phases de plantations. On observe ainsi une évolution progressive du paysage, passant des terres agricoles en milieu inondable à une masse boisée dans laquelle seront installés divers équipements communautaires dans le respect des orientations citées plus haut. On remarque que la rapidité de la mise en place des plantations se marie avec leur homogénéité, leur fonction unique et la dynamique des acquisitions foncières.
1977
1985
Confrontation d’usage avec les plantations dans la zone du fort Louis
Fort Louis : espace fonctionnel et accueillant le public.
Plantation autour du fort Vallières
Extension boisée du fort Vallières avec ajout de terrains de football.
Début du chantier de «l’île des forts» sur le canal de Coudekerque. L’A16 est construite, elle longe le littoral de la Belgique à Abbevile puis se poursuit jusqu’à Paris. Elle rompt le contact (visuel et physique) entre le fort Louis et la ville.
Première phase de grandes plantations du Bois des Forts. Il s’agit de peupleraie. Environ 110 ha sont plantés.
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1988 Les dernières plantations commencent à former un bois. La première partie du golf comme à être construite.
1994
2000 Nouvelle phase de plantation du Bois des Forts. La sélection des essences est déjà plus variée que celle des précédentes plantations. Le peuplier reste majoritairement présent.
Dernière phase de plantations sur la partie nord du site. Elle sera prolongée jusqu’à aujourd’hui, les arbres sont encore jeunes aujourd’hui.
La première partie du golf est construite. 18 trous.
Le golf est étendu sur l’emplacement de l’ancienne décharge communautaire. Il s’agit du point culminant du site à treize mètres d’altitude.
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Planter le bois aussi vite que la ville se construit .
Au départ, en 1974, les plantations ont été réalisées par l’ONF. Mais face à la pression des usagers et au piétinement, les plantations initiales ont rencontré quelques difficultés. Ces difficultés ont amené à des critiques auprès de Jacques Louage qui était à l’initiative du projet. C’est grâce à l’appui d’Albert Denvers, président de la communauté urbaine à l’époque que les plantations ont pris une autre ampleur. Avec l’aide de Pierre Lanvin, ancien maire de Coudekerque-Village et pépiniériste, un autre mode de plantation plus pragmatique est proposé. Il repose sur le peuplier blanc de hollande ou peuplier grisard (Populus x canescens), une essence à la croissance rapide. Ce choix a permis au Bois des Forts de s’installer très rapidement sur le terrain comme démontré précédemment afin d’offrir un contexte boisé pour la satisfaction du public. Ce programme incluait également un remplacement des peupliers le temps que des essences plus variées forment le bois. Si de nouvelles essences ont pu s’installer timidement depuis, on remarque en pratiquant les lieux que le peuplier grisard demeure l’arbre le plus présent sur l’ensemble du site et que la rapidité des plantations passées conduit à une sénescence commune de l’ensemble des espaces boisés.
Respect de la demande sociale, mais quid de la plaine maritime et de son paysage? Aujourd’hui, l’ambition portée par le SDAU du littoral Nord est respectée dans ses grandes lignes. Le bois des Forts est un espace communautaire offrant à la population un espace de verdure de 350 ha. Des équipements ont pris place dans cet écran boisé au fur et à mesure des plantations. Ainsi, les habitants peuvent profiter de ce lieu pour diverses activités comme la promenade, la découverte d’un patrimoine historique au niveau des forts, la pêche y est pratiquée ainsi que la chasse, choses difficilement faisables au moment de l’occupation agricole. Le Bois des Forts offre également une alternative à l’occupation du littoral, bien que comparé au bois,ce paysage reste privilégié pour les promenades et l’accès au grand air. Le golf de Dunkerque, présent depuis les années 1980 est un espace privé d’accès plus privilégié, mais sa présence ne déroge pas dans la politique d’équipements offerts à la population dunkerquoise. Mais la demande sociale exige une certaine forme du bois. Le paysage artificiel prend le dessus sur l’installation d’un bois naturel au regard de l’usage du public, de plus, on peut s’interroger sur le rapport au paysage induit par ce bois construit de manière autonome et sans véritables relations avec le paysage de plaine qui le borde. Mais peut-il être le point de départ d’un circuit de redécouverte de la plaine maritime flamande? Cette dernière peut-elle la source du renouvellement du Bois des Forts?
La naissance du Bois des Forts .
2013
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source : PPIGE
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un paysage formé par les peupliers
le plans d’eau ceinturant «l’île des forts»
watergang
sentier équestre dans le bois
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source : CUD, Photographie : Merlen
dérivation du canal de Coudekerque
écran de peuplier entre le Bois des Forts et la plaine agricole
watergang dominé par la végétation
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les nouvelles plantations coupées par les réseaux
Les bunkers et la ligne haute tension
Plantations d’après 2000
Large watergang entretenue par des tontes
37 source : CUD, Photographie : Merlen
la base de loisirs du Fort Louis
Pique-nique au fort Louis
Mobilier Ă destination du public dans le fort Louis
Sentier de promenade au milieu des peupliers
Balise indicateur des chemins
3 CONTRAINTES ET AVENIR DU BOIS DES FORTS . LE BOIS DES FORTS AUJOURD’HUI .
LE PATRIMOINE BOIS PRÉSENT .
LE BOIS DES FORTS, ÉQUIPEMENT INADAPTÉ AU MILIEU .
DE LA RÉSILIENCE À L’ÉCOLOGIE .
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La ville en perte d’attractivité, le bois en désuétude.
Le Bois des Forts crée et les équipements communautaires installés, ce lieu répond aujourd’hui à la demande formulée dans les années 1970. Quarante ans après, on peut s’interroger sur la réussite et les défauts de cet espace. En effet, depuis sa programmation et sa réalisation, les enjeux ont changé et les problématiques posées sur les espaces de cette qualité sont réorientées aujourd’hui. L’agglomération dunkerquoise est en perte d’attractivité et la population migre de plus en plus vers la campagne à la recherche d’un nouveau cadre de vie9. Qu’est-ce que cette migration peut bien supposer sur le paysage dunkerquois, entre l’urbain d’un côté et le polder de l’autre ? Le Bois des Forts n’est-il qu’un artefact issu de la production urbaine dans le paysage de la plaine maritime ? Il faut donc comprendre ce qui compose aujourd’hui le Bois des Forts, ses valeurs sûres et ses défauts. Il faut en mesurer les limites et elles peuvent être multiples entre les rapports d’usage par le public et le paysage boisé, des accès au site, des moyens de déplacement, le rapport avec le paysage de la plaine environnant le site ou encore la qualité écologique de la végétation présente.
9 AGUR // Journal de l’atelier public de paysage, Promotion 3ème année ENSAPL, atelier encadré par Denis Delbaere, 2013-2014,
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LE BOIS DES FORTS AUJOURD’HUI . Un espace boisé, équipement communautaire . Usage et fréquentation .
À la lecture du SCOT Flandre-Dunkerque (volet : état initial de l’environnement), le Bois des Forts est qualifié «d’infrastructure végétale» sur laquelle viennent se greffer différents centres d’intérêt récréatif, sportif et touristique»10. Le plan à l’intention des usagers du Bois des Forts est très explicite à ce sujet. Il montre les accès (piéton, bus et voiture), les parkings. On remarque aussi un manque certain de points d’accès et de relation avec le milieu urbain auquel le Bois des Forts doit normalement rendre service. Les sentiers de promenade ainsi que les toilettes sont situés près des entrées du site. On peut identifier grâce à ces éléments les lieux fréquentés par le public et déceler les rapports entre l’usage du site et la formation de ses espaces boisés. Les lieux patrimoniaux (les forts) et les espaces boisés les plus anciens sont privilégiés tandis que les zones en retraits où éloignées des points d’accès le sont moins, conformément aux rythmes de promenades habituels dans les forêts françaises. Les espaces plantés les plus récemment sont également mis à l’abri de la fréquentation du public le temps que le patrimoine boisé s’installe. On peut cependant déjà s’interroger sur leur avenir pour en définir les usages futurs. Le golf quant à lui bénéficie d’un statut différent en tant qu’équipement autonome et son accès pour un public plus restreint. On remarque ainsi un intérêt du public pour les centres d’intérêt récréatifs qui sont bien desservis par les infrastructures de transport public et les routes. Les parcours dans le bois sont assez limités et peu riches en découvertes, ceci étant probablement dû à l’homogénéité du paysage boisé. Les lisières du bois ne permettent pas d’ouvertures vers le paysage agricole de la plaine maritime quand ce ne sont pas les infrastructures qui le bordent qui lui font obstacle. Finalement, le bois est une zone récréative aux usages et pratiques bien délimités. Le rapport d’usage d’une telle surface boisée par rapport aux espaces réellement fréquenté par le public est assez disproportionné (240 ha pour 600 ha boisé), d’autant plus que le paysage boisé est assez homogène et n’offre guère plus de possibilités d’évasion. Les limites physiques du Bois des Forts en font également un lieu enclavé qui pourtant touche tant l’espace rural que l’espace urbain. Quelles possibilités sont offertes dans ce cas pour la suite du projet ?
10 SCOT Région Flandres-Dunkerque, état initial de l’environnement, AGUR, 2007.
source : CUD, sur le site du Bois des Forts
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Fort Louis : 33 ha Fort Vallières : 35 ha Parcours du Bois des Forts : 90 ha Golf : 85 ha (usage plus exclusif) surface totale boisé : 600 ha Les espaces fréquentés ne représentent que 240 ha pour 600 ha au total.
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LE PATRIMOINE BOISÉ PRÉSENT . Des essences boisées, des typologies et des usages .
Dans le Bois des Forts se côtoient divers systèmes boisés. Ceci dépend des périodes de plantations et des usages locaux du boisement. Entre forêt ouverte ou fermée, peupleraies et forêts mixtes, chacun formant un paysage boisé spécifique, leur identification est nécessaire afin de comprendre l’organisation des séquences paysagères rencontrées lors d’une promenade dans le Bois des Forts. Ceci fait suite au constat précédent concernant les qualités des espaces boisés voués à la promenade. Ce plan permet également d’appréhender l’âge des arbres et leur sénescence, tant au niveau des individus que dans la formation forestière constituée. Les peupliers grisards vivent jusqu’à 80 ans11. 40 ans après leur plantation, il est temps de se poser la question de leur avenir surtout face au modèle de plantation utilisé dans le Bois des Forts. En effet, la plantation prend la forme d’une futaie très serrée. L’ombre créée par ce type de plantation empêche le renouvellement naturel et l’implantation d’espèces endémiques. On notera cependant que ces arbres, composés ainsi, peuvent présenter un intérêt esthétique intéressant, mais son omniprésence conduit à la pauvreté dans la diversité des paysages boisés.
Peupleraies forêt fermée mixte
peupliers encore dominants dans les plantations de la phase 2 peupliers absents des plantations de la phase 3
11 www.crpfnorpic.fr
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phase 1 plus de 40 ans
phase 3 moins de 15 ans
phase 2 plus de 30 ans
phase 1 plus de 35 ans
phase 1 plus de 40 ans
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Diverses situations rencontrées lors de parcours dans les espaces boisés du Bois des Forts .
«Je conclus ma visite avec un besoin de voir des espaces vraiment naturels malgré une présence abondante de végétal, mais de strate arborée. Le sous-bois est recouvert de feuilles de peupliers formant une litière qui se décompose très lentement et bouche les canaux et les watergangs présents, je vois peu de plantes de la strate herbacée ou de fleurs de sous-bois. Quelques champignons sont présents.» «Les fossés et les forts sont les seules reliques de l’histoire du territoire présent dans le bois, l’usager peut-il déceler cette histoire? À-t-il envie de la comprendre, de l’entendre ?» «La présence de l’eau est agréable et apporte de la lumière à la sortie des bois, mais il reste difficile de me promener le long des canaux !» «Aucun chemin ne m’invite à aller vers la plaine !» « Quelques impressions après ma première visite du site.
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«Non rencontré, mais cet usage m’interroge face à l’abondance des peupliers.»
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Les pratiques du public face à un contexte boisé. De la typologie au paysage .
Les essences et typologies identifiées, le travail s’oriente vers l’analyse générique des types de formations boisées rencontrées. Ceci doit permettre de comprendre les paysages inhérents de ces formations végétales et de produire le vocabulaire de composition qui servira plus tard dans le projet. Dans un bois d’usage récréatif, il faut pouvoir établir le lien entre les formations végétales et les parcours qui les bordent afin de saisir le caractère des lieux de promenades.
Le caractère paysager défini par l’usage .
Au sujet du Bois des Forts, le SCOT décrit également le caractère du lieu, lequel est conditionné par son usage. «Agrémenté de plans d’eau, de chemins de promenade, d’aires de pique-nique et d’un parcours équestre, le Bois des Forts est plus un parc à caractère «rustique» qu’un espace forestier, ce qui d’ailleurs correspond à la demande sociale.»12 En effet, la visite du site révèle ce caractère, le paysage boisé n’étant pas le principal atout du site. On comprend également que le site est conçu de manière à pouvoir être entretenu facilement. Les dessins ci-contre ont pour but de montrer ce rapport paysager entre usage et qualité des boisements. Le rapport d’usage devient assez restreint par rapport à la surface du site. Les espaces fréquentés par le public se faisant à des endroits bien précis, on peut s’interroger sur la contrainte qu’impose cette fréquentation sur l’ensemble des surfaces boisées? Surtout à partir du moment où le développement forestier spontané ou endémique devient très limité et que l’action des gestionnaires conduit à la formation d’une composition arborée homogène au-delà des lieux fréquentés.
12 SCOT Région FLandres-Dunkerque, état initial de l’environnement, AGUR, 2007
forêt ouverte
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forêt fermée
peupleraie exploitée
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LE BOIS DES FORTS, ÉQUIPEMENT INADAPTÉ AU MILIEU . Contradiction géographique . Planter un bois dans le polder, une contradiction géographique ? Le peuplier fut un choix stratégique pour l’implantation d’un bois récréatif pour répondre à la demande sociale. Le bois est cohérent vis-à-vis de cet usage et du contexte urbain, entre usage et gestion des espaces boisés. La qualité des boisements comme démontré précédemment ne peut malheureusement pas atteindre son potentiel si la démarche actuelle se poursuit. Ceci soulève cependant une question cruciale au sujet de la présence d’un bois dans le polder, milieu à priori inhospitalier à ce genre de formation végétale. En effet, le milieu submersible peut rendre difficile l’implantation d’une forêt sur ce territoire. Cette condition a été l’un des arguments en faveur de l’implantation du peuplier qui aurait eu pour charge d’éponger le sol, contribuant ainsi à la formation d’un paysage forestier artificiel. Boisement artificiel correspond au caractère paysager urbain en dépit des conditions géographiques existantes. Un bois dans le blootland (pays nu : toponyme de la plaine maritime) est également une contradiction paysagère. Quand on regarde les bois dans la région, on remarque leur présence sur les éminences topographiques. On peut cependant s’interroger sur la forme qu’aurait une véritable forêt dans la plaine maritime.
Sortir de la standardisation de l’espace boisé .
La qualité de l’écosystème boisé présent n’est pas comparable à celui d’une forêt naturelle inhérente au milieu du polder, il est même limité par les contraintes de gestion et d’usages. De plus, l’intérêt de faire appel à des espaces boisés aux essences diversifiées est essentiel aujourd’hui dans la lutte contre le réchauffement climatique. La demande sociale évolue même dans ce sens. Une étude parue au PNAS en collaboration avec des chercheurs du CNRS et de l’Inra met en avant l’utilité de rompre avec les systèmes forestiers homogènes13. Le tout rendant également service à la multifonctionnalité environnementale, économique et sociale des forêts. Forêt naturelle ou artificielle, un juste équilibre est à trouver entre l’usage récréatif et urbain, les conditions géographiques présentes dans la plaine maritime et la lutte sociétale contre le réchauffement climatique. Ce dernier conditionne spécifiquement l’avenir du territoire du polder, lequel fait aujourd’hui l’objet de réflexions de différents champs sur la résilience et le maintien de l’occupation humaine sur le littoral.
source : IGN 25 000e et échelle altimétrique au 1/1000e sur le document d’origine. 13 www2.cnrs.fr, l’homogénéisation des forêts diminue la diversité de leur service écosystémique, Bastien Castagneyrol, mars 2016.
ESPACES INDUSTRIELS
ESPACES URBANISÉS
LES FORÊTS
CORDON DUNAIRE
DUNKERQUE
BOIS DES FORTS -1 / 17 m 350 ha
BERGUES BLOOTLAND
WATTEN
1
FORÊT ROYALE DE WATTEN 5/67 m 100 ha BOIS DU HAM 15/70 m 400 ha
FORÊT D’EPERLECQUES 20/84 m 900 ha HOUTLAND
CASSEL
SAINT-OMER
FORÊT DOMANIALE DE RIHOULT-CLAIRMARAIS 19/53 m 1200 ha
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Les conditions climatiques à venir et leur influence sur les bois et les forêt .
De nouvelles conditions climatiques .
Montée des océans, inondations plus récurrentes, déséquilibres des conditions hydriques et des saisons, tempêtes plus récurrentes et plus fortes, telles sont les conditions auxquelles le bois doit pouvoir tenir pour subsister dans la plaine maritime du 21ème siècle. Les peupleraies peuvent être très sensibles à ces événements, ce qui aurait des conséquences désastreuses pour le paysage boisé du Bois des Forts. À l’heure actuelle, le Bois des Forts est volontairement mis à l’abri des inondations dans un souci de préserver les qualités d’usages du site et des équipements pour le public. Mais à l’avenir il peut être envisagé, si le Bois des Forts y est adapté, de rendre inondable le site à des fins de protection civile.
source : deuxsèvre79canalblog
source : fr3 Poitou-Charente.
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Des paysages inondés .
Il faut tirer parti des déséquilibres que pourraient provoquer les dérèglements climatiques pour en faire un atout paysager dans le Bois des Forts. Ceci entre dans une démarche résiliente vis-à-vis des usages du site. La plus-value de ce nouvel usage serait paysagère d’un premier point de vue et d’un second, on pourrait voir dans le Bois des Forts l’un des lieux pédagogiques de découverte et de compréhension des dynamiques naturelles sur le territoire, de ces enjeux vis-à-vis du climat sur une zone de polder. La pédagogie et la sensibilisation représentent deux des enjeux en faveur d’un développement résilient du polder1.
source : dombesH2O
source : J-P Brunet.
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DE LA RÉSILIENCE À L’ÉCOLOGIE . La fonction écologique . Une écologie à titre potentielle .
À la lecture des documents d’orientations traitants de l’écologie et de la biodiversité sur le territoire. Il apparaît que la nature du bois n’est pas représentée. Sur le SRCE, les corridors écologiques sont au stade de potentiels nécessitant une intervention, ils ne concernent par ailleurs que la valeur liée à l’eau. Le bois n’est-il pas une ressource en ce domaine? La cartographie représentant les ZNIEFF montre également le stade provisoire à l’implantation d’une véritable zone d’intérêt faunistique et floristique, servant de relais aux zones de stations de la faune et de la flore disséminées dans la région. Le SCOT Flandre-Dunkerque passe en revue la faiblesse écologique du Bois des forts comparé aux autres systèmes forestiers présent dans l’agglomération. Il explique cet état par les techniques de plantation, de gestion des espaces pour l’usage du public. Il s’attache également à la qualité de l’eau, eutrophiée par les espaces de culture environnants qui sont reliés au site par le réseau des wateringues. De la profondeur des étendues d’eau (en moyenne 1.5m) en contact avec les niveaux tourbeux et de la mauvaise décomposition des feuilles de peupliers dans l’eau qui provoque l’envasement des étendues d’eau tout en libérant des phénols. Le constat établi est celui d’un «état écologique limité».14
Une fonction écologique à développer .
L’argument écologique prend toute son importance depuis quelques années au sein de la CUD en faveur de la restructuration du Bois des Forts. Des engagements sont pris pour remplacer peu à peu les peupliers présents sur les parties les plus anciennes. Mais la situation spécifique de ces espaces boisés réclame une attention toute particulière dans le choix des essences à installer, toujours en considérant les conditions climatiques à venir. Ceci amène à se renseigner sur les systèmes forestiers qui pourraient prendre place sur le site à la place des peupliers.
14 SCOT Région Flandres-Dunkerque, état initial de l’environnement, AGUR, 2007
source : wikimédia
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source : SRCE, développement-durable.gouv
ZNIEFF 2
ZNIEFF 1
source : géoportail
4 À LA RECHERCHE DE LA FORÊT NATURELLE POTENTIELLE DU POLDER . LA VÉGÉTATION NATURELLE POTENTIELLE .
LES FORMATIONS FORESTIÈRES IDENTIFIÉES .
LA NATURE CONFRONTÉE À L’USAGE .
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Un nouveau rapport à la nature .
Révéler la nature potentielle du polder dans le Bois des Forts semble être l’une des pistes pour répondre aux enjeux de pérennisation du paysage boisé du site. L’intégration d’une végétation inhérente de la plaine maritime est également un atout pour le volet paysager du SCOT Flandres-Dunkerque actuellement en révision. La forêt naturelle présente de nombreux atouts, notamment dans la lutte contre le réchauffement climatique où elle favorise le stockage du carbone et purifie l’air. Son rapport inhérent au milieu du polder permet également de répondre de manière plus efficace aux contraintes du milieu naturel et de ces aléas (inondations, tempêtes). On notera aussi le service pour la biodiversité que peut rendre cette forêt. Que ce soit en terme de station ou de corridor écologique qui sont nombreux dans la plaine, en particulier à travers les watergangs. Comprendre les différents cortèges forestiers qui pourraient prendre place sur le site devient essentiel à ce stade de la réflexion du projet. En effet, en intégrant les éléments de géographie présents sur le site même du Bois des Forts, on peut entrevoir un ensemble de variations possibles de cette végétation qui permettra de varier les paysages forestiers en opposition avec le paysage homogène actuellement présent. Ceci étant un atout non négligeable pour le public fréquentant le Bois des Forts, offrant une diversité de pratique possible du bois, de rapport à la nature et enfin pour la compréhension globale du paysage du polder auquel le bois aujourd’hui se substitue.
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LA VÉGÉTATION NATURELLE POTENTIELLE . Quel est le climax de la plaine maritime ? La végétation naturelle potentielle du polder .
S’intéresser à cette végétation potentielle est intéressant pour comprendre quel cortège forestier pourrait s’installer sur le site du Bois des Forts si l’homme cessait toute activité. Jean-Marie Géhu a cartographié à l’échelle de la région Nord-Pas-de-Calais la végétation naturelle potentielle. Ce botaniste a notamment participé à de très nombreux travaux sur la phytosociologie et l’écologie végétale dans la région. Cette carte renseigne sur le cortège végétal forestier qui pourrait être présent naturellement dans la plaine maritime. Ce territoire constitue à lui seul une entité climacique distincte : la forêt poldérienne à Aulne, Orme et Frêne élevé (Alno-Ulmion). Cette carte a cependant pour défaut de ne pas prendre en compte les qualités propres du terrain, ceci étant dû a l’échelle de la carte d’une part et des modifications possibles du terrain depuis sa réalisation. Elle ne considère pas non plus les données sur les modifications climatiques à venir et sur les maladies des arbres. Certaines de ces maladies touchent les essences du climax représenté ici, comme la graphiose de l’orme ou l’agrile et la chalarose du frêne. Des informations complémentaires doivent enrichir cette donnée recueillie notamment en ce qui concerne la structure des sols sur le site du bois des Forts. Elles fourniront peut-être des informations complémentaires pour l’installation du cortège forestier naturel.
source : CBNBL, C. Delbecque
source : Wikimédia
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source : Jean-Marie Géhu, carte de la végétation naturelle potentielle du Nord-Pas-de-Calais, archives départementales du Nord.
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Condition locales du site du Bois des Forts . Des horizons de sol au fil des marées .
La carte géologique de la région de Dunkerque fournit de nouvelles informations sur le sol présent sur le site du Bois des Forts. Tandis que la carte de J.M Géhu détermine sa végétation potentielle à l’échelle du polder, cernée entre le cordon dunaire et les coteaux, cette carte montre une succession linéaire et parallèle à la mer de structure de sol. Au sud depuis Bergues, de la tourbe supérieure est présente sous une couche sablo-limoneuse de 1 à 2 mètres, correspondant aux zones les plus basses de la plaine et pouvant être soumises aux inondations. Ceci étant dû à l’affaissement de la couche de tourbe avec le temps. La seconde strate, légèrement plus élevée correspond aux dépôts de Dunkerque, comprenant la couche sablo-limoneuse avec parfois un peu d’argile. Enfin le cordon dunaire au nord associe de jeunes dépôts sabloneux dans lesquels s’ajoutent quelques couches limoneuses de l’ancien delta.
Des sols aux végétaux .
Sous-sol tourbeux, limons et sables forment le substrat sur lequel seront implantés les nouveaux espaces forestiers. Les conditions d’inondations et la présence des watergangs sont également à prendre en compte dans les choix des groupes forestiers. La présence des watergangs est liée aux zones inondables et au sol tourbeux, ce qui ajoute une condition non négligeable sur la partie sud du site en terme de choix de végétaux. La carte de Cassini révèle un autre aspect de la nature de cette région il y a 4 siècles. La zone défensive présente sur le site à l’époque avec les forts Louis et Vallières entre le canal de Bergues et de Coudekerque était un marécage. Le climax défini par Géhu peut alors être étendu aux forêts des zones marécageuses et tourbeuses. Il reste à nommer les formations forestières repérées, comprendre leur organisation phytosociologique et les situer sur le site.
15 BRGM
MzbD. Dunes et cordons littoraux sableux récents. Les cordons et dunes récents correspondent aux stades d’édification de la barrière côtière depuis les derniers siècles du Moyen Âge. Entre la pointe de Gravelines et Dunkerque, plusieurs cordons sableux peu élevés s’allongent parallèlement en avant des alignements anciens. Par contre, à l’est de Dunkerque, le littoral actuel est en retrait ou coïncide avec le littoral ancien. Le massif dunaire, plus élevé et complexe (dunes longitudinales et paraboliques) est formé de sables jaunâtres récents, à intercalations humiques, qui surmontent et débordent des sables dunaires anciens grisâtres à couches tourbeuses, mis en place depuis le début du Subatlantique. Mzb. Assise de Dunkerque. En général sablo-limoneux, parfois plus argileux, les dépôts de Dunkerque ont une épaisseur moyenne de 1 à 3 m qui peut être plus importante dans la zone littorale restée constamment marine et au niveau de chenaux très érosifs. À l’est du canal de Bergues, les chenaux sableux ont déterminé, par tassement différentiel, un relief inversé qui a été exploité pour l’installation des routes. Vers l’ouest de la feuille, se développe, en fonction des faciès, un relief plus complexe de dômes (en particulier bancs sableux d’Armbouts-Cappel et de Spycker) et de cuvettes, en raison de l’imbrication des systèmes de chenaux des différentes phases transgressives. Mzb/T. Tourbe supérieure. Au sud des bancs sableux, se trouve largement conservée sous une faible épaisseur (1 à 2 m) de dépôt de Dunkerque, la Tourbe supérieure (dite de surface). Dans la partie méridionale de la plaine, la tourbe de surface n'est que l'unité supérieure d'un complexe constitué par plusieurs couches de tourbe, séparées par des niveaux limon argileux de Wadden. 15
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source : BRGM, carte gĂŠologique, section Dunkerque-Hondschoote.
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LES FORMATIONS FORESTIÈRES IDENTIFIÉES . Les formations forestières possibles Présentation des formations forestières naturelles .
Différents groupes de formations forestières ont été identifiés par les cartes précédentes. Ces différentes formations forestières sont présentées ici en coupes et en photographie qui en montre les paysages. Les coupes donnent une idée des strates de végétation des formations forestières tout en montrant leur appréciation pour tel ou tel milieu, notamment en ce qui concerne les milieux inondés ou potentiellement inondables. Mais la liste des groupes phytosociologiques ne peut être précise. Cependant, on peut imaginer grâce aux groupes identifiés les paysages qui peuvent être formés. On pourra ainsi évaluer l’intérêt paysager pour le public, l’intérêt lié à la biodiversité pour le naturaliste croisé avec la diversité des milieux présents sur le site du Bois des Forts.
Espaces inondés
Espaces semi-inondés
Aulnaie à Peucédan des marais Peucedano palustris - Alnetum glutinosae
Alnetea glutinosae (Alnus glutinosa, Fraxinus excelsior, Betula pubescens, divers groupements de Salix, de fougères (dryoptéris cristata ou Thelypteris palustris), Carex paniculata et sphaignes)
(Alnus glutinosa, Peucedanum palustre, Carex elongata, Equisetum fluviatile)
source : CBNBL, C. Delbecque
source : Wikimédia
16 toute la page, Guide des végétations forestières et préforestières de la région Nord-Pas-de-Calais, CBNBL, 2011
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CLIMAX de la plaine maritime flamande ALNO-ULMION (forêt poldérienne à aulne, orme et frêne élevé)
Près des watergangs
Lisière et prairie sèche voir humide
Ormaie à mégaphorbiaie Ulmion
Fourré à Saule cendré et Aulne glutineux Salicion cinereae
(Ulmus minor et resista, Frangula alnus, Allium ursinum, Thelypteris palustris, Carex echinatas, Carex paniculata)
(Salix cinerea, Thelypteris palustris, Peucedanum palustre, Calamagrostis canescens, Carex paniculata)
source : Wikimédia
source : sbs_sav_sk.sk
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Occupation théorique des formations forestières . La place des forêts naturelles .
Les formations présentées une première esquisse de leur situation potentielle peut être envisagée. Les zones à potentiels inondables apparaissent également sur cette carte en tant que facteur déterminant de la sélection des essences boisées. En tenant compte des éléments de la géographie présente comme les watergangs, les zones aquatiques, humides ou potentiellement inondables, une diversité de bois ou forêt peut être installée. Chacune de ces formations forestières forme un paysage atypique pour le promeneur permettant à ce dernier d’être plus à même de comprendre la géographie naturelle du site et son potentiel naturel. On distingue également les espaces dits de forêt et de bois, chacun déterminant un usage possible du public. Le bois aurait une capacité d’accueil du public plus grande que la forêt qui serait quant à elle une entité plus réservée à la nature où l’usager verra sa déambulation plus contrainte. Cette carte ne tient pas pour le moment compte des différents usages possibles et de la fréquentation du site. Elle servira cependant de base à confronter avec les usages et fréquentations du site lors de la production du projet. La confrontation des deux entités formulera tant les formes et les paysages que les moyens à mettre en oeuvre en terme de gestion pour faire évoluer les espaces boisés vers ce potentiel naturel.
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Fourré à Saule cendré et Aulne glutineux «Fourré pré-dunaire humide»
Ormaie à mégaphorbiaie «Bois des wateringues»
«Bois du fort»
Aulnaie à Peucédan des marais
«Forêt inondée» «Lisière inondable»
Aulnaie marécageuse
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LA NATURE CONFRONTÉE À L’USAGE . Les divers usages à introduire dans le projet .
L’usage récréatif
Quel paysage se crée ?
DÉCOUVERTE REPOS
PATRIMOINE
SPORT
BALLADE
IMMERSION
écologie et récréation
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source : groupementforestier.org
Quel paysage se crée ?
L’usage économique
source : mediaforest.net
SYLVICULTURE
AGRICULTURE
écologie et économie source : wikimedia
POLLUTIONS
source : maraispoitevin.fr
5 ENJEUX DE CONCEPTION INTENTIONS DE PROJET . RÉCAPITULATIF DES ENJEUX DU PROJET .
CE DONT LE PROJET DOIT TENIR COMPTE .
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Vers le projet .
La réflexion menée dans ce rapport introduit le besoin de restructurer le Bois des Forts et de renforcer sa valeur naturelle. Ceci tirant parti des conditions présentes sur le territoire. Mais comment associer cette valeur avec les autres usages possibles des espaces boisés? De manière assez générale, la réflexion a abordé les enjeux des espaces boisés, ces derniers sont liés à des fonctions : La fonction sociale qui assure au bois son usage récréatif et de rapport à la nature. La forêt représente dans l’imaginaire collectif l’essence même de la nature. De ce fait, les questions concernant son accessibilité au plus grand nombre ne sont pas à démontrer. La fonction écologique des forêts est aujourd’hui reconsidérée, notamment via la lutte contre le réchauffement climatique. En effet, les atouts des forêts dans les politiques de développement durable sont avérés et doivent être renforcés. Les forêts en France représentent l’une des plus grandes parts des espaces naturels protégés (ZNIEFF ou Natura 2000). L’intérêt de ces espaces dans la région est également essentiel alors qu’elle possède la plus faible part de surfaces forestières du pays. Cependant, plus de 70% des espaces forestiers de la région sont reconnus de qualité ZNIEFF17. Ces rapports ne font pas état cependant de la réorganisation des régions. La fonction économique est dans une moindre mesure présente sur le site. Cependant, il s’avère qu’elle peut être un atout à valoriser sur le site tant dans le processus de renouvellement des espaces boisés (pas moins de 50% de peupliers à remplacer) que dans la ressource productive que cette culture peut avoir à proximité de la deuxième agglomération du département. La populiculture représente notamment la plus grande part de bois de production de la région. L’intérêt du projet de paysage va être de pouvoir superposer ces fonctions sur le site du Bois des Forts, voir comment ils peuvent le faire évoluer vers un espace de cohabitation des usages récréatifs, écologiques, économiques. Comment les intérêts de l’une des fonctions peut-elle nourrir l’autre et vice versa? Enfin, l’intérêt du Bois des Forts comme espace public doit être le point névralgique de cet ensemble. Dans un respect de sa valeur originale en rapport avec l’agglomération dunkerquoise, mais aussi en tant qu’interface de relations entre la ville et la plaine maritime qui ne doivent plus se distinguer l’une de l’autre. Le tout faisant du Bois des Forts un espace de cohérence territoriale.
17 toute la page, Guide des végétations forestières et préforestières de la région Nord-Pas-de-Calais, CBNBL, 2011
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RÉCAPITULATIF DES ENJEUX DU PROJET . L’enjeu social .
Dans la poursuite du programme initial qui a abouti à la création du Bois des Forts dans les années 1970. La question est soulevée de la part de nature inhérente au polder dans cet espace boisé récréatif. Il implique notamment la préservation des qualités paysagères des boisements, mais aussi des pratiques déjà présentes (promenade, sport, tourisme) pour les usagers étant amenés à parcourir le site. L’aspect pédagogique est un des points importants du projet, en effet, de la rencontre entre l’usager et le paysage naturel inhérent au polder doit s’établir une relation permettant au promeneur, habitant ou simple visiteur de la région, de se rendre compte de la richesse du territoire de la plaine maritime. De comprendre également dans la force de l’usage, les enjeux qui entourent le territoire, de son patrimoine naturel et culturel devant l’avenir incertain du polder face au réchauffement climatique. Le Bois des Forts doit pouvoir être le lieu d’interaction entre la ville d’un côté et la plaine maritime de l’autre à travers une réorganisation des espaces publics, de mobilités et de rapport d’usage du sol.
L’enjeu écologique .
La Communauté Urbaine de Dunkerque souhaite faire évoluer la qualité écologique de son territoire. L’agglomération est stigmatisée par la forte emprise des usines et du port industriel qui renvoient aujourd’hui à de mauvais aspects environnementaux et qualitatifs. L’enjeu écologique peut donc dans cette politique introduire un nouvel intérêt pour le territoire après les migrations liées à l’offre d’emploi. Le Bois des Forts présente de nombreuses qualités qui pourrait en faire un espace de qualité environnementale. Cependant, l’artificialisation de ce bois sous les contraintes de l’usage du public limite profondément l’intérêt écologique du site. L’enjeu écologique est donc de répondre au programme environnemental de la CUD en développant des stratégies pour améliorer la qualité de l’eau, installer des réserves pour la biodiversité et rendre le site résilient aux conditions climatiques à venir.
L’enjeu paysager .
Il porte sur la cohérence du paysage boisé créé avec les conditions naturellement présentes sur le littoral et la plaine maritime. Il tiendra notamment compte de l’usage récréatif du site afin de faire cohabiter les lieux à vocations naturelles et ceux voués au loisir et à la découverte de la plaine maritime flamande. Le paysage souhaité oriente les possibles et les vocations des espaces (vocation publique, promenade, gestion). Il devient notamment par ce biais l’objectif à atteindre en terme de qualité des espaces boisés à produire pour l’intérêt de tous. Il intervient également dans une politique de mise en valeur de l’ensemble du patrimoine paysager de la plaine maritime, pour des questions d’attractivité. Le paysage du dunkerquois étant bien souvent souligné par les usines, le port, la mer.
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CE DONT LE PROJET DOIT TENIR COMPTE .
L’enjeu social .
Production d’espaces publics Les accès Cheminements (cycle, piéton, équestre, engins de gestion) Patrimoine à voir
L’enjeu écologique .
Les watergangs Les espaces boisés (forêt, bois, inondations) Les canaux
La fonction économique .
Les parcelles Les lieux de productions Participation au processus de remplacement des peupliers
L’enjeu paysager .
Les ouvertures Les lisières vers le grand paysage de la plaine maritime Les relations et l’occupation du sol Les confrontations d’usages
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BIBLIOGRAPHIE Source bibliographique : AGUR, CUD, SDAU du littoral Nord, Dunkerque 2000, 1974. CBNBL, Guide des végétations forestières et préforestières de la région Nord-Pas-de-Calais, 2011. ENSAPL, Travaux d’étudiant formation paysagiste DPLG 3ème année, Encadré par Denis Delbaere, Journal de l’atelier public de paysage, 2013-2014. Institut interdépartemental des Wateringues, Les wateringues, hier, aujourd’hui et demain, 2014. Merckelbagh Alain, Et si le littoral allait jusqu’à la mer : la politique du littoral sous la Ve République, éd. Quae, 2009. Persuy Alain, La forêt naturelle, éd. Belin, coll. Éveil nature, 2008. Terrin Jean-Jacques, Villes inondables, prévention, adaptation et résilience, article « Dunkerque, réapprendre à vivre avec l’eau » (Annick Tual et Xavier Chelkowski), éd. Parenthèses, 2015. Verger Fernand, Marais et estuaires du littoral français, éd. Belin, 2005.
Source internet : www.communaute-urbaine-dunkerque.fr www.crpfnorpic.fr www.onf.fr www.peupliersdefrance.fr www.ville-de-dunkerque.fr
Source vidéo : C’est pas sorcier ! La forêt, les polders, les digues, le climat. Le Dessous des Cartes, arte. Luc Jacquet, Avec Francis Hallé, Michel Papineschi, Il était une forêt, 2013. Jean-Marc Dauphin, documentaire, une si petite forêt, Zorn Production, ONF Nord-Pas-de-Calais.
Rencontre : Colloque des métiers de l’arbre, Lille hôtel de région, invité : Francis Hallé, novembre 2015.
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REMERCIEMENTS
Aux enseignants
Je remercie les enseignants qui ont suivi mon travail cet année dans le groupe territoire, Philippe Thomas et Annie Tardivon. Je remercie également tous les enseignants ayant partagés leurs savoirs au cours des différetns séminaires proposés cette année.
À ma famille
Je remercie chaleureusement ma famille pour leur soutien tout au long de ma scolarité, et particulièrement lors de cette année de diplôme.
À l’AGUR
Je remercie les membre de l’AGUR pour m’avoir accueilli chaleureusement dans l’agence lors de mon stage de septembre à novembre 2015. Pour m’avoir fait découvrir le dunkerquois. Je remercie tout particulièrement mon maître de stage, Vincent Charruau pour tous ces conseils pendant le stage et lors de la préparation de ce projet de diplôme.
Au KAP’SEURS
Merci à Joachim, Madeleine, Anna, Brunelle pour les moments partagés lors du projet Kap’s à la résidence Trévise cette année.
À mes amis
Les meilleurs remerciements vont aux copains pour tous les bons moments passés dans cette école, le soutien lors des projets, en charette ou ailleurs ! Je remercie donc, Julien «le slovène», Ju «Chef», Guillaume «GPS», Alan «Doudou», Lulu «berlue». Je remercie tout spécialement Pauline de m’avoir accompagné dans cette aventure.
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Promenade en forêt poldérienne. La plaine maritime flamande, polder formé sur l’ancien delta de l’Aa dans le nord de la France est le paysage dans lequel se tient le Bois des Forts. C’est un espace communautaire boisé de 600 ha, accueillant divers équipements à vocation récréative dans le territoire de la communauté urbaine de Dunkerque. Ce bois est apparu dans le paysage de la plaine dans les années 1970 au moment où l’agglomération dunkerquoise était en plein développement suite à l’implantation des usines sur son littoral. De ce grand acte paysager, que reste-t-il aujourd’hui ? Les plantations effectuées lors de la réalisation du Bois des Forts ont du faire l’objet d’une pensée très pragmatique, basée sur le peuplier grisard. Ce choix découlait de la volonté de la maîtrise d’ouvrage à l’époque de produire rapidement un effet boisé dans le territoire ; pour faire un écran au paysage industriel présent sur l’horizon de la plaine et pour y installer divers équipements à vocation récréative. Quarante ans après ses premières plantations, le projet interroge le remplacement des peupliers avant leur sénescence. Ceci est le point de départ pour un projet de restructuration de l’espace public dans le Bois des Forts et de ses qualités environnementales et paysagères limitées par la présence imposante des peupliers. Quel projet pour pérenniser le bois dans le polder ? Le projet s’inspirera donc des différentes ressources naturelles présentes dans le territoire de la plaine maritime pour en faire le socle paysager pour reconstruire le paysage du Bois des Forts qui s’est supplanté aux caractéristiques originelles et naturelles du site. Le projet de restructuration doit aussi être l’occasion pour la région dunkerquoise de renouveler son patrimoine paysager, volet important constituant le nouveau SCOT. Il doit par ailleurs proposer une réponse à l’un des grands enjeux du 21ème siècle, le réchauffement climatique, qui aura des conséquences particulières sur les territoires littoraux tels que les polders, notamment en ce qui concerne la présence de l’eau. La forêt poldérienne peut-elle être dans ce cas une réponse résiliente dans les enjeux environnementaux et sociaux? Ce rapport présentera donc la réflexion théorique orientée par une analyse des enjeux du territoire de la plaine maritime flamande, des forêts et de ses services d’ordre social, économique et écologique. Le tout servant de terreau à la présentation du projet de restructuration du Bois des Forts. Il interrogera en particulier les services rendus par une forêt naturelle à proximité de l’agglomération dunkerquoise, sa valeur dans le paysage de la plaine maritime et les services qu’elle peut rendre en terme de cohérence d’occupation du territoire.
École Nationale Supérieure d’Architecture et de Paysage de Lille