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Sommaire Des bactéries sur le campus Une histoire de contamination en version «bédé»
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N0 5 •2008-2009
En un mot Faire de la science, ce n’est pas seulement regarder dans un microscope. Krypto en fait la preuve en présentant une sélection des sujets qui ont récemment intéressé les scientifiques de l’Université et leurs étudiants. Eh oui, Facebook, les robots, les polluants atmosphériques, les vaccins et même le comportement des parents sont autant d’objets d’étude. Bonne lecture… scientifique!
Facebook sous la loupe d’une sociologue Le site Web de réseau social intéresse des universitaires.
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i Viva Panamá ! Des étudiants ont pris le pouls du développement durable au Panama.
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Un laser qui a du pif Comment repérer les polluants atmosphériques sans s’y frotter?
Bientôt finies, les piqûres Les gouttes nasales remplaceront un jour les injections.
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Danse sexuelle ou simple jeu? Quand la famille c’est l’enfer Des manchots qui parlent fluo
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Annyong Sébastien Michaud! La maladie qui tue les pauvres Concours Krypto décrypté
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Krypto est publié par la Direction des affaires publiques de l’Université Laval.
ISSN 1911-6888 © Université Laval
Rédactrice en chef : Louise Desautels Rédaction : Pascale Guéricolas, Benoît Lacroix et Manouane Théberge Graphisme et bande dessinée : Hugues Skene / KX3 Communication inc. Photo de la couverture : Marc Robitaille Pour information : Direction des affaires publiques Pavillon Alphonse-Desjardins, bureau 3577 Québec (Québec) G1V 0A6 Tél. : 418 656-7266 krypto@dap.ulaval.ca
www.krypto.ulaval.ca
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Conc nco ours
Krypto
ddéécry ryp pté
Découvre les langues du monde et cours la chance de gagner : . un iPod touch de 16 Go d’Apple (valeur : 37O $) . un des cinq ensembles de plein air aux couleurs de l’Université Laval (valeur : 5O $) Pour Pour participer participer à à ce ce concours, concours, tu tu dois dois :: .. être être inscrit inscrit dans dans une une école école secondaire secondaire ou ou un un collège collège au au moment moment de de ta ta participation participation .. remplir remplir le le coupon coupon de de participation participation sur sur le le site site www.krypto.ulaval.ca www.krypto.ulaval.ca .. répondre répondre à à trois trois questions questions inspirées inspirées par par le le site site du du Trésor Trésor de de la la langue langue française française au au Québec Québec
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Géographie
La goutte qui fait déborder
le lac
Loin de la classe
En scrutant les fonds marins, un chercheur récrit l’histoire de la disparition d’un vaste lac glaciaire.
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aille
oici la « courte » histoire du lac Agassiz-Ojibway, né il y a 12 000 ans et disparu 4000 ans plus tard. Les eaux de ce lac, retenues par un immense glacier, recouvraient un territoire allant du Québec jusqu’à la Saskatchewan. On a d’abord pensé qu’une brèche s’était formée dans le barrage de glace, permettant à l’eau du lac de se déverser peu à peu, pendant quelques centaines d’années, dans la baie d’Hudson.
Étudier autrement
pour soulever ce glacier. L’eau aurait alors quitté le lac, comme si quelqu’un avait retiré le bouchon du bain. Le lac se serait vidé en une seule année, ou en quelques-unes tout au plus.
Baie d’Hudson
Plusieurs programmes offrent un, deux ou plusieurs cours à distance! Internet, télévision, courrier : par ces moyens, vous étudiez dans votre pyjama préféré. Le baccalauréat en informatique et une trentaine d’autres programmes permettent à des gens de partout dans le monde d’obtenir un diplôme de l’Université Laval sans y mettre les pieds. www.distance.ulaval.ca
Glacier
Patrick Lajeunesse, professeur au Département de géographie, propose un Lac AgassizOjibway tout autre scénario. À bord du navire de recherche océanographique Amundsen, État des lieux il y a 10 000 ans ce chercheur a recueilli des tonnes de données sur les fonds marins de la baie d’Hudson. Et il y a trouvé de nombreuses traces de la disparition du lac Agassiz-Ojibway: La libération soudaine de cette gigantesque des cicatrices laissées par des icebergs sur masse d’eau glaciale vers les mers nordiles fonds rocheux ainsi que des dunes de ques se serait produite il y a 8500 ans, refroisédiments – toutes orientées dans la même dissant l’océan Atlantique. On sait d’ailleurs direction. Seul le mouvement soudain d’une qu’à cette époque, le nord de l’Europe a subi énorme quantité d’eau aurait pu causer ces une baisse de température d’environ cinq cicatrices et ces dunes. Voilà qui suggère degrés. Le drainage du lac Agassiz-Ojibway a que, alimenté par la fonte du glacier, le aussi joué un rôle important dans la déglaniveau du lac est un jour devenu assez haut ciation du continent nord-américain.
Au travail ! 90 % des programmes de baccalauréat de l’Université comprennent des stages, souvent rémunérés. Pour prendre de l’expérience (de la vraie), quoi de mieux que mettre en pratique sa formation? http://www.futursetudiants.ulaval.ca/ etudes/stages_et_emplois/
En voyageant Grâce au profil international et à Échanges Canada, vous étudiez durant une ou deux sessions dans une autre université, ailleurs au Canada ou dans le monde. Autre possibilité: le stage international et interculturel vous fait vivre une expérience de travail dans un pays en émergence pendant huit semaines ou plus. www.bi.ulaval.ca
Que ce soit à bord du grand navire de recherche Amundsen ou dans son petit zodiac, Patrick Lajeunesse a accumulé des indices afin de reconstituer l’histoire d’un immense lac aujourd’hui disparu.
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Santé
La maladie qui tue les pauvres Pas facile de créer un vaccin pour une maladie qui sévit dans des pays lointains et sans ressources. oir quelqu’un mourir est insupportable. Cela paraît injuste et appelle à l’action. Mais trop souvent, la mort se transforme en banale statistique. Un décompte parmi d’autres: 80 000 décès par an causés par la leishmaniose, ou peste noire.
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Cette maladie fait rage dans une centaine de pays et atteint entre 12 et 14 millions de personnes. On dénombre environ 2 millions de nouveaux cas par an. Pourtant, la science a peu de solutions à proposer aux malades. Pourquoi ? Simplement parce que les pays touchés sont pauvres et que la recherche médicale coûte très cher. Cette recherche doit donc se faire dans les pays riches… qui ont d’autres priorités. Mais il y a de l’espoir. Barbara Papadopoulou, du Centre de recherche en infectiologie de l’Université Laval, a fabriqué un vaccin en 2005 et elle en a démontré l’efficacité sur des souris atteintes de la maladie. Le financement de sa recherche n’est pas facile à obtenir, mais Mme Papadopoulou continue de cogner à toutes les portes, par exemple à celles de fondations privées. Selon la chercheuse, d’ici quatre à cinq ans, les études cliniques sur le vaccin devraient être terminées, ce qui pourrait donner lieu à sa commercialisation. Autre préoccupation de la chercheuse: le vaccin doit être bon marché, condition essentielle pour le distribuer dans les pays pauvres.
Bientôt finie, l’époque des
Photo Marc Robitaille
Barbara Papadopoulou a mis au point un vaccin contre une maladie qui tue 80 000 personnes chaque année.
piqûres ?
Certains vaccins seront un jour administrés sous forme de gouttes pour le nez plutôt que par injection.
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Krypto 2008-2009
uy Boivin est un médecin et un chercheur en infectiologie. Ce qu’il cherche dans son laboratoire du Centre hospitalier de l’Université Laval? Un nouveau vaccin contre la grippe aviaire. Et ce vaccin, il voudrait qu’on l’administre sans recourir à la traditionnelle injection dans un muscle.
C’est déjà ce qu’il fait avec les souris de son labo. Son raisonnement: les muqueuses du nez sont une bonne voie de communication vers notre système immunitaire. D’ailleurs, c’est souvent par là que pénètre le virus de la bonne vieille grippe hivernale. «Je pense qu’un jour les vaccins contre les virus qui causent des maladies respiratoires
comme la grippe seront souvent administrés par simple vaporisation dans le nez », confirme le chercheur. Surtout que les virus de la grippe changent constamment et déjouent notre système immunitaire: le vaccin doit donc être adapté et… injecté de nouveau. Une vaporisation annuelle, c’est moins désagréable qu’une piqûre annuelle! Outre les gouttes nasales, le Dr Boivin teste aussi son vaccin sous la forme d’une poudre qui pourrait être administrée avec une seringue sans aiguille; la poudre passerait à travers la peau par simple pression. Le chercheur envisage également le modèle du timbre à nicotine – en remplaçant la nicotine par le vaccin, bien sûr!
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Technologie
Un laser qui a du pif Comment repérer les polluants atmosphériques sans s’y frotter?
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étecter de loin la présence de produits chimiques gazeux à proximité d’une usine ou s’assurer qu’une zone où des secouristes doivent intervenir n’est pas contaminée par un gaz toxique, voilà ce que permet une méthode mise au point par See Leang Chin, professeur au Département de physique, génie physique et optique. Dans son laboratoire, ce chercheur utilise un laser de grande puissance pour émettre des impulsions extrêmement brèves (10-15 seconde ou femtoseconde) qui forment des filaments de lumière où les polluants révèlent leur présence. Alors que les méthodes existantes nécessitent plusieurs lasers ou plusieurs longueurs d’onde pour détecter l’ensemble des polluants présents dans un milieu, la méthode de M. Chin ne nécessite qu’un seul appareil. De plus, cet appareil pourrait analyser des gaz se trouvant jusqu’à deux kilomètres du laser, donc sans risque pour la personne qui le manipulerait.
Photo Marc Robitaille
L’appareil de M. Chin peut détecter des polluants à deux kilomètres de distance.
Des essais en laboratoire ont prouvé l’efficacité de l’appareil et permis d’obtenir un brevet d’invention américain. «Nous n’avons pas encore fait de tests sur le terrain», précise toutefois See Leang Chin. Pour y arriver, il faudrait déplacer un laser femtoseconde à l’extérieur – un appareil qui coûte plus d’un million de dollars. Le chercheur caresse pourtant le projet de créer un dispositif mobile doté d’un tel équipement, qui pourrait être facilement déplacé d’un site à l’autre.
Le labo de bonne conduite D es chercheurs ont recours à un simulateur automobile pour identifier les erreurs que commettent les conducteurs derrière le volant. Et lors d’une première expérience menée en 2007, les jeunes ont mieux performé que les personnes âgées!
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Martin Lavallière et des collègues du Département de médecine sociale et préventive et du Département de génie électrique et de génie informatique ont comparé la performance de 12 jeunes conducteurs (21-24 ans) et de 11 conducteurs âgés (65-75 ans) soumis à différents scénarios de conduite automobile dans un environnement virtuel. À l’aide d’images captées par trois caméras, les chercheurs ont étudié les mouvements de la tête et des yeux des participants alors qu’ils étaient au volant d’un véhicule expérimental installé dans leur laboratoire. Les conducteurs devaient effectuer des manœuvres les obligeant à changer de voie, soit pour éviter
un obstacle immobile (manœuvre simple), soit pour effectuer un dépassement (manœuvre complexe) dans un environnement virtuel de conduite généré par un logiciel commercial.
Résultat: les conducteurs âgés consultent moins systématiquement angle mort, rétroviseur et miroir latéral. Et contrairement aux jeunes, ils ne modifient pas leur
comportement dans des situations plus complexes. Ainsi, les jeunes vérifient l’angle mort dans 75 % des situations de contournement et dans 98% des cas de dépassement, alors que chez les conducteurs âgés, ces pourcentages sont de 38 % et de 43% respectivement. Les chercheurs ont observé la même tendance pour le recours au rétroviseur et au miroir latéral.
Photo Marc Robitaille
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Annyong* Sébastien Michaud ! s: Pays visités au gré des compétition e, Coré il, États-Unis, Mexique, Brés République dominicaine, France, Allemagne. s Rêve tenace : Participer aux prochain y et ) 2012 Jeux olympiques (Londres ppé remporter la médaille qui lui a écha à Pékin.
Nom : Sébastien Michaud Âge : 21 ans génie Statut : Étudiant au baccalauréat en en culin mas ète logiciel et premier athl dientaekwondo à porter les couleurs cana 8) 200 in (Pék es nes aux Jeux olympiqu s Victoires : Trois médailles d’or obtenue les iona rnat lors de compétitions inte depuis 2006.
disciMoyens pour réaliser son rêve : Une par res heu 20 e pline d’acier ! Il s’entraîn sà semaine, en plus de suivre ses cour et se pas boit ne l’Université. Il ne sort pas, bolo e sauc la à contente de spaghetti e ou gnaise, même quand il voyage en Chin le s dan é entr suis en France ! « Quand je les groupe d’élite, à 13 ans, je visais déjà lifier qua se veut Jeux olympiques. Si on parmi les trois ou quatre meilleurs au ipline monde, il faut vraiment avoir une disc » e. au-dessus de la moyenn ! Sport et études : Un mélange gagnant t men asse dép Même s’il apprécie le un tel qu’exige la pratique du taekwondo à qui – es étud les i niveau, il apprécie auss onessi prof un nir lui permettront de deve o. vidé jeux de nel en développement ça « Après une grosse journée de cours, t c’es ite, Ensu er. me détend de m’entraîn est erse L’inv irs. devo plus facile de faire les à é entr conc vrai aussi : je suis plus s. » l’entraînement les jours où j’ai des cour
en, tout comme * : Le mot annyong (salut !) est coré que pratique Sébastien Michaud.
le sport
Chacun cherche sa langue Parler une nouvelle langue ? Voici celles qu’on enseigne à l’Université Laval. Langues modernes • • • • • • • • • • • • • • •
Allemand Anglais Arabe Catalan (Espagne) Chinois Espagnol Français Innu Inuktitut Italien Japonais Polonais Portugais Russe Vietnamien
Langues anciennes • • • • • • • •
Copte (nord de l’Afrique) Égyptien pharaonique Ghèze (Éthiopie) Grec ancien Hébreu biblique Latin Sanskrit (Asie du Sud) Syriaque (Proche-Orient)
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Étudiants à l’œuvre
Québec dans 100 ans S
ur les murs d’une tour à bureaux de Québec défilent des images entrecoupées de courtes phrases. Un peu plus loin, un autre édifice sert d’écran à des points lumineux en mouvement et à des effets visuels. Réalité ou fiction ? C’est plutôt le futur proche de Québec vu par quatre étudiants à la maîtrise en architecture. Ces jeunes ont profité d’un atelier sur le design urbain pour imaginer le visage de Québec en 2108. Leur maquette trône jusqu’en avril 2009 dans l’exposition Urbanopolis, au Musée de la civilisation. Leur cité d’avenir se base essentiellement sur la communication. En tout temps, un citadin peut être prévenu qu’une de ses connaissances passe non loin de lui, les commerces attirent son attention par des messages publicitaires à mesure qu’il s’en approche, les espaces publics virtuels abondent. Et les flux de communication laissent des traces lumineuses de leur passage fulgurant audessus du fleuve. Photo Marc Robitaille
Un tracteur sur le podium ne deuxième place dans un concours international de design de tracteurs: voilà la récompense obtenue par l’équipe ULtrac en 2008. ULtrac comme dans Université Laval et tracteur…
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Krypto 2007-2008
Depuis 1999, une équipe d’étudiants du Département des sols et de génie agroalimentaire conçoit chaque année un mini-tracteur et présente son «bolide» au International Quarter Scale Tractor Pulling. Une trentaine d'équipes des États-Unis et du Canada s’y mesurent. Depuis trois ans, celle d’ULtrac est jugée comme la meilleure équipe canadienne.
Photo Marc Robitaille
Le modèle de 2008, équipé de ses cinq moteurs, a obtenu de très bonnes notes aux spectaculaires concours de traction. L’équipe a également été bien évaluée pour son rapport technique ainsi que sur la manœuvrabilité, le design, l’ergonomie, la facilité d’entretien et la sécurité du son mini-tracteur. «C'est une expérience de design appliqué qui nous sort de nos livres», résume Antoine Martel, le capitaine de l’équipe ULtrac 2008.
er-Lortie
perçoit menace
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récoltes diminuent. Plusieurs m’ont expliqué qu’ils souhaitaient léguer à leurs enfants les arbres plantés. Ils ont conscience des impacts de la déforestation.»
Un voisin menaçant
Photo Nancy Gélinas
Une petite partie du stage au Panama consistait en des cours, le reste du temps étant consacré à un travail concret au sein d’organismes du milieu.
naturelles pour assurer un développement harmonieux de la planète. Qu’en est-il au Sud où beaucoup de populations rêvent d’accéder enfin au confort ? Cette question intéressait les étudiants. Et cette autre aussi : comment s’assurer que les changements climatiques associés aux émissions de gaz à effet de serre deviennent une préoccupation des pays en voie de développement ? Même si les pays du Nord sont loin d’avoir réglé le problème, ils ont lancé différents projets visant à limiter les changements climatiques. Par exemple, certaines organisations du Japon, de la France ou du Canada sont prêtes à payer pour qu’on évite la coupe à blanc de forêts tropicales en Afrique ou en Amérique latine. En protégeant ces forêts, on empêche que le carbone qu’elles contiennent soit libéré dans l’atmosphère. On s’assure en même temps que ces zones vertes
continuent d’absorber leur lot de gaz émis par la consommation de pétrole (véhicules et industries). Photo Nancy Gélinas Mais voilà, ces initiatives ne font pas toujours l’affaire des populations directement concernées, rappelle Nancy Gélinas, l’un des trois professeurs de l’Université Laval qui dispensaient des cours aux stagiaires sur place. « Quand on est ici, on s’aperçoit que la forêt est un élément de survie pour les gens, rapporte cette économiste forestière. Si on leur interdit de couper des arbres pendant 25 ans, il faut que les communautés aient encore accès aux légumes et céréales qu’elles auraient cultivés sur ces terres de même qu’aux animaux qu’elles y auraient élevés. Il faut aussi qu’elles puissent améliorer leurs revenus autrement que par la vente de bois. »
De son côté, Sarah Martel s’est penchée sur le cas d’une autre aire protégée, une belle forêt où vivent des singes, de nombreux oiseaux et des tortues, située tout près de la capitale (Panama): le Parque Natural Metropolitano. Avec un collègue, l’étudiante au baccalauréat intégré en affaires publiques et relations internationales a fait un inventaire de la législation qui concerne ce parc. «Il existe beaucoup de lois pour le protéger, mais on ne les applique pas toujours », a appris la jeune fille de la bouche même d’un juge à la Cour suprême. Le rapide développement de la ville de Panama, où les gratte-ciel poussent comme des champignons, menace directement la survie de ce poumon vert. Grâce au travail de compilation accompli par les stagiaires, les défenseurs de la forêt connaissent désormais avec précision les obligations du gouvernement en matière de protection du Parque Natural. Julie Lefebvre et Alix Caulier-Lortie ont, elles aussi, contribué à la sauvegarde de ce parc. Au cours de leur stage, elles ont conçu un programme de sensibilisation environnementale pour quatre communautés qui vivent à proximité. Elles ont également participé à l’organisation d’une journée de nettoyage dans le parc, à laquelle la population des environs était conviée. Un stage d’observation au Panama? Non, plutôt un stage de participation!
C’est le cas des Indiens Emberas que Josée Soulard a rencontrés durant son stage. Ceux du village d’Ipeti s’impliquent dans un projet expérimental depuis quelques années. Un organisme de recherche américain leur verse une compensation financière pour garder intact un bon morceau de forêt pendant un quart de siècle. Non loin de cette zone protégée, dès le début du projet, les Emberas ont planté des arbres. Ils pourront un jour en utiliser les récoltes : fruits pour se nourrir et bois pour alimenter leurs feux de cuisson.
Photo Marie-Claire Giffard
Trois sourires au milieu d’une garderie mise sur pied par les Madres Maestras, dont celui d’Olivia Gagné.
« Les Emberas sont vraiment préoccupés par les changements climatiques, rapporte l’étudiante en relations Photo Alix Caulier-Lortie internationales. Ils consJulie Lefebvre n’a pas seulement contribué à l’organisation d’une journée tatent qu’il pleut moins de nettoyage dans le parc, elle y a participé. qu’avant et que leurs
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Environnement
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Panamá! Des étudiants ont passé l’été dans un petit pays d’Amérique centrale pour voir comment le développement durable se porte là-bas. Et pour y contribuer. Photo Alix Caulier-Lortie
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arie-Claire Giffard avait beau transpirer à longueur de journée par tous les pores de sa peau, les cheveux collés aux tempes par l’humidité ambiante, elle n’a gardé que de bons souvenirs de son stage en développement durable au Panama. « L’esprit de communauté des gens m’a frappée, raconte l’étudiante qui termine son baccalauréat en anthropologie. L’électricité vient juste d’arriver dans certains villages, l’eau n’est disponible que trois ou quatre heures par jour, mais les gens sont toujours prêts à partager ce qu’ils possèdent. »
La capitale Panama est tellement proche du Parque Natural Metropolitano qu’on aperçoit ses gratte-ciel entre les branches. Pas étonnant que le développement de la ville menace l’intégrité de cette aire protégée.
l’Université Laval ont séjourné dans ce minuscule pays d’Amérique centrale. Leur but : voir si les concepts de développement durable qu’ils apprennent en classe peuvent s’appliquer à une nation pauvre, mais en plein développement – comme le Panama.
Une idée de pays riches Pendant deux mois, 13 étudiants inscrits en science politique, en anthropologie, en études internationales ou en urbanisme à
Depuis quelques années, au Québec et en Occident en général, on prend conscience de la nécessité de ménager les ressources
Krypto 2007-2008
Des garderies pour le bien des enfants… et de leurs mères Recueillir des témoignages pour aider un organisme communautaire à prouver son utilité lorsque vient le temps de trouver du financement. C’est à cette tâche que se sont attelées Marie-Claire Giffard et Olivia Gagné pendant leur stage à l’association des Madres Maestras, qui soutient des garderies communautaires au Panama. Les deux étudiantes ont fréquenté des villages proches de la capitale afin de rencontrer des femmes et de consigner leur témoignage jour après jour. Le document ainsi réalisé montre à quel point la vie de ces mères a été changée par leur implication dans l’organisme à but non lucratif Madres Maestras. «Leur capacité d’apprentissage m’impressionne, affirme Marie-Claire Giffard. Elles sentent vraiment qu’elles ont acquis un plus grand contrôle sur leur vie. L’une d’elles m’a dit que c’était grâce à son expérience dans Madres Maestras qu’elle pouvait désormais prendre ses propres décisions sans toujours dépendre de son mari.»
Les Madres Maestras aident les femmes au foyer à organiser des jardins d’enfants, dans une salle de leur village, destinés aux petits qui ne fréquentent pas encore l’école. Après une courte formation, ces mères deviennent les éducatrices de ces garderies, apprenant aux enfants chansons, bricolages, rudiments de lecture... Du coup, elles travaillent ensemble, sortent de leur isolement et améliorent leurs conditions de vie. «On l’oublie souvent, mais le développement durable passe aussi par le côté social, soutient Marie-Claire Giffard. Ce genre d’organisme contribue au dynamisme de la société. En plus, le modèle n’est pas venu de l’extérieur, il a été développé au Panama voilà 30 ans, par les Madres Maestras. Depuis, plus de 250 jardins d’enfant semblables ont poussé en Amérique centrale.»
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Écologie
Des manchots qui parlent fluo L e manchot royal annonce son agressivité par la taille des taches orange fluo que mâles et femelles arborent de chaque côté de la tête. C’est ce que vient de découvrir Vanessa Viera, étudiante au doctorat en biologie, de concert avec les autres membres d’une équipe internationale.
Vanessa Viera a étudié cet oiseau monogame sur les îles Crozet, au sud-est du continent africain. Dans cette zone subantarctique, il ne gèle généralement pas, mais les vents violents y décoifferaient même Stephen Harper!
«Ma tache est plus grande que la tienne!», semblent avertir ces oiseaux combatifs. L’enjeu? Obtenir les meilleurs endroits où installer leur nid: ceux situés au centre de la colonie. Alors entourés de centaines d’autres nids plus susceptibles d’être attaqués par les prédateurs, leurs oisillons ont de meilleures chances de survivre. C’est à coups de bec et par de fréquents gestes menaçants que chaque couple de manchots défend son minuscule territoire de 0,5 m2, soit la surface d’une petite table d’ordinateur. Pendant la période des amours, le manchot royal passe jusqu’à 15 % de son temps à se battre – même si ses parures signalent efficacement sa férocité et son bon état de santé.
Vanessa Viera et sa collègue Amandine Pierre, au milieu d’une colonie. Elles y ont découvert que plus un manchot royal est agressif, plus sa tache jaune est vive. Photo Adeline Mathien
Vieilles mines de métaux, nouvelles mines d’énergie l a 29 ans, se passionne pour les volcans et la géothermie, et se dit préoccupé par les questions environnementales. Il cherchait de l’énergie propre et il en a trouvé. D’abord au Salvador, au fond des volcans, puis au Québec, au fond des mines abandonnées!
I
Jasmin Raymond est étudiant au doctorat en géologie. Il a depuis longtemps compris qu’une quantité phénoménale d’énergie était emmagasinée sous nos pieds. Quelle énergie? La simple chaleur. En 2004, il a travaillé au Salvador pour une entreprise qui fabriquait de l’électricité à partir de la chaleur des volcans. C’est là qu’il a puisé son expertise en géothermie – littéralement «la chaleur de la terre ». À son retour au Québec, il a cherché du côté des puits de mines abandonnées. Plus particulièrement dans la mine abandonnée de Murdochville, en Gaspésie. À 600 m de profondeur, il fait plus chaud qu’en surface. Légèrement plus chaud. L’eau, qui remplit maintenant la mine, y atteint 9oC toute l’année. Même si elle paraît glaciale au toucher, cette eau renferme de l’énergie qui peut être extraite à l’aide de pompes à chaleur.
Photo Jasmin Raymond
L’eau qui a rempli les galeries profondes de la mine de Murdochville pourrait fournir de l’énergie à la ville.
L’idée de Jasmin Raymond est maintenant un projet important pour Murdochville. En janvier 2008, le gouvernement du Québec a annoncé un investissement de 350 000 $ pour installer un système géothermique dans le parc industriel de la ville gaspésienne. Une histoire qui pourrait se répéter, puisque le Québec compte quelque 165 mines abandonnées.
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Société
Quand la famille Parfois, l’autorité normale des parents dérape vers l’abus psychologique. u ne comprends jamais rien… Tu ne réussiras jamais dans la vie… Va t’en, tu m’écoeures… » Des phrases de ce genre, certains jeunes les subissent tous les jours dans leur famille. Des phrases qui leur rentrent dedans aussi fort qu’un coup de poing ou qu’une claque sur la figure, lorsque c’est leur père ou leur mère qui les prononce.
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Pourtant, cette violence est souvent ignorée par l’entourage, car elle ne laisse pas de traces visibles sur le corps. Des chercheurs de l’École de psychologie ont voulu en savoir davantage sur ce que ressentent les adolescents aux prises avec le problème, afin de mieux leur venir en aide. L’équipe de chercheurs a d’abord mis en ligne un questionnaire sur le site Web de Tel-Jeunes, à l’automne 2006. Tel-Jeunes a aussi donné accès à de l’information anonyme, puisée dans les courriels et les conversations téléphoniques des jeunes qui s’adressent à ce service.
Pluie d’insultes Dans le sondage, plusieurs habitués de Tel-Jeunes ont témoigné de la violence psychologique de leurs parents. Cela se
manifeste surtout par des cris et des insultes à répétition. Un autre comportement rapporté: le père ou la mère dénigre systématiquement les gens que leur enfant apprécie. « Ce genre d’interaction mine les relations parents-enfants, souligne Marie-Hélène Gagné, qui a dirigé l’étude. En général, les jeunes conçoivent bien que le comportement de leurs parents n’est pas acceptable. » Par contre, certains jeunes ont de la difficulté à mettre des mots sur ce qu’ils ressentent lorsque les parents abusent de leur pouvoir d’adulte.
À partir de l’information anonyme tirée des courriels et des conversations, les chercheurs ont constaté que la violence psychologique avait de réels effets sur le moral et sur l’estime de soi. Dans certains cas extrêmes, cela peut nourrir des idées suicidaires ou conduire à la dépression. L’enquête montre aussi que les parents violents vivent souvent eux-mêmes des situations difficiles: alcoolisme, séparation, dépression... Devant ce portrait, Marie-Hélène Gagné envisage une première solution à mettre en place: offrir aux jeunes des lieux de répit. Histoire de faire descendre la pression quand le niveau de violence augmente trop à la maison.
Test : Les indices de la violence psychologique Krypto 2008-2009
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c’est l’enfer
- As-tu souvent peur de ce que ton père ou ta mère va dire ou faire? - Te sens-tu de trop ou malheureux dans ta famille ? - Crois-tu n’être bon à rien, n’avoir aucune valeur? - As-tu constamment l’impression d’avoir fait quelque chose de mal? - Te sens-tu mêlé, confus en présence de ton père ou de ta mère? - Te sens-tu étouffé ou envahi dans ta famille? - As-tu l’impression que ta mère ou ton père ne t’aime pas?
Le risque de blessures graves est 50% plus élevé lorsqu’un skieur pratique son sport dans un parc à neige plutôt que sur les pistes classiques. Par contre, pour les planchistes, ce risque reste égal d’un endroit à l’autre (c’est-à-dire très élevé), selon une analyse des rapports d’accidents faite au Département d’éducation physique, en collaboration avec l’Institut national de santé publique du Québec.
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Anodins comme un perçage d’oreilles, le perçage de la langue ? Pas selon les chercheurs du Laboratoire d’écologie buccale, qui ont répertorié une douzaine de complications, parmi lesquelles hémorragies, dents fracturées, emprisonnement du bijou dans le tissu cicatriciel et, surtout, infections. Ces dernières sont dues au contact, lors du perçage, entre le système sanguin et les dizaines d’espèces de bactéries qui prolifèrent naturellement dans la bouche.
Des chercheurs de la Faculté de médecine ont constaté que la proportion de cellules cutanées qui mouraient à la suite d’une application normale de crème antiride atteignait 25 % après 24 heures! C’est que le composé actif de ces crèmes, le DMAE, provoque le gonflement d’une partie de la cellule, le fibroblaste. S’ensuit une peau plus ferme, mais aussi un ralentissement de la division cellulaire, des désordres métaboliques et la mort de cellules cutanées.
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sous la loupe d’une
sociologue
Sarah Paradis, journaliste d’un jour pour Krypto, pose ses questions à la sociologue Madeleine Pastinelli. Comme une majorité de jeunes Québécois, Sarah Paradis a son profil sur Facebook. Cette nouvelle cégépienne adore découvrir les photos et les dernières nouvelles des quelque 400 amis figurant dans sa page Facebook. Pour mieux comprendre le phénomène auquel elle participe, elle a interviewé Madeleine Pastinelli, une spécialiste des communications électroniques qui enseigne au Département de sociologie.
contact avec des personnes perdues de vue – ce qu’ils n’auraient pas fait en fouillant dans l’annuaire téléphonique ou autrement!
SP : Les relations sur Facebook sont-elles différentes des relations en personne? MP : Avant Facebook, les espaces de clavardage prévalaient. C’était alors différent des relations en personne, puisqu’on échangeait souvent avec des inconnus. Sur Facebook, je dois accepter de devenir l’ami de quelqu’un avant de lui donner accès à mon profil complet. Facebook change notre Cela permet de filtrer relation avec le temps, les amis. Notre réseau social sur l’espace et les amis.
Sarah Paradis : Pourquoi Facebook est-il aussi populaire? Madeleine Pastinelli : Facebook réunit dans un même espace toutes les fonctionnalités existantes de communication électronique : jeux, courriel, partage de photos et vidéos, etc. Il remplace aussi l’ancienne page Web personnelle. Et c’est un outil en constante évolution où s’ajoutent régulièrement de nouvelles applications. Pour les utilisateurs toujours branchés, Facebook se révèle plus rapide que le courriel, mais moins intrusif que le clavardage du type MSN, qui exige d’être disponible en tout temps.
SP : Pourquoi une universitaire comme vous s’intéresse-t-elle à Facebook ? MP : Parce que c’est un moyen de communication qui change notre relation avec le temps et l’espace, et avec notre réseau social (amis proches et lointains, parenté, etc.). Le « réseau de contacts » est un élément important de notre capital social, cet ensemble de ressources sur lesquelles on peut compter pour se trouver un emploi ou un médecin, par exemple. Facebook devient donc un outil de réseautage social pour les adolescents et les jeunes adultes, qui vont parfois en faire un prétexte pour reprendre
SP : Est-ce qu’il se tisse des relations amoureuses sur Facebook? MP : Il faut situer Facebook dans un contexte historique. Au milieu des années 1990, alors que tous n’étaient pas branchés, on devait se limiter à ceux qui l’étaient! C’était l’époque des «chambres de chat». Cela a donné lieu à de nombreuses histoires d’amour ( internationales dans certains cas ) qui finissaient souvent mal lorsque les personnes se voyaient pour la première fois. Sont ensuite apparus les réseaux de rencontres amoureuses, comme Lavalife et Réseau Contact.
Photo Marc Robitaille
Facebook est donc très proche de notre réseau social réel. Mais Facebook est également un espace ludique. On peut participer à une multitude de quiz et de jeux greffés à Facebook, du genre «Quel genre de bagel êtes-vous?». Cela permet d’échanger avec certains amis sur un ton différent de celui utilisé dans nos relations habituelles avec eux.
Les gens « se magasinaient » à la carte, selon la taille, le poids, le salaire, les loisirs. On idéalisait beaucoup l’autre et on ne pouvait pas vérifier la véracité de ses propos. Avec Facebook, c’est différent. Si les amis de tes amis te draguent, ils ont intérêt à ne pas dire n’importe quoi, car ils font partie du même réseau social réel!
Krypto5
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10/8/08
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Société
Touché par la
langue des signes U
n monde nouveau ! Voilà ce qu’a découvert Charles Gaucher sans bouger de sa ville. Il a suffi que l’étudiant en anthropologie pousse la porte de l’Institut de réadaptation en déficience physique de Québec, il y a cinq ans, pour y réaliser un stage de formation pratique. Il est alors tombé sous le charme de la langue québécoise des signes que les sourds utilisent.
gage, à moins qu’on les considère carrément comme débiles. Ils sont souvent regardés comme des bêtes curieuses. » Désormais à l’emploi de l’Institut de réadaptation, le diplômé milite pour une meilleure reconnaissance de la langue
des signes. Selon lui, tous les jeunes sourds devraient pouvoir aller à l’école dans cette langue, comme on le fait au Brésil depuis plusieurs années. Dans ce pays, un enfant peut effectuer tout son apprentissage dans la langue des signes, le portugais devenant sa langue seconde.
« J’ai été frappé par la beauté de cette langue, toute en poésie et en métaphores, qui mobilisait tout le corps, dit-il. Je trouvais cela très exotique. » Depuis, son intérêt n’a fait que grandir et il a vite appris à « parler en signes ». C’est en partageant des activités avec des sourds pour sa thèse de doctorat que Charles Gaucher a pris conscience de l’importance de cette langue pour des personnes souvent isolées au sein de leur propre famille. « Même de nos jours, s’indigne-t-il, on associe parfois les sourds à des personnes ayant des troubles du lan-
L’anthropologue Charles Gaucher a appris la langue des signes pour mieux comprendre la réalité des sourds. Photos Marc Robitaille
Danse sexuelle ou simple jeu ? es sandwichs ne sont pas tous dans les sacs à lunch… certains dansent en public! Un adolescent sur deux a déjà pratiqué la danse-sandwich depuis ses 14 ans. Francine Lavoie, de l’École de psychologie, a obtenu ce chiffre grâce à des centaines de jeunes de IVe et Ve secondaires qui ont répondu à un questionnaire sur les activités sociales sexualisées.
Krypto 2008-2009
L
Les ados impliqués dans ce «slow à trois» le considèrent comme un simple jeu, dépourvu de la charge sexuelle des vidéo-clips qui montrent ce type de danse. D’ailleurs, peu de jeunes ont dit s’être sentis mal à l’aise après de telles danses, le malaise étant l’indice habituel qu’on a été trop loin – souvent sous l’influence du groupe. Lors d’activités sociales plus explicitement sexualisées, comme les concours de gilets mouillés, les filles qui y ont déjà pris part (une minorité !) ont justement déclaré avoir été gênées après coup. Même si la mode et la publicité valorisent l’hypersexualisation des adolescents, les garçons et les filles semblent bien décidés à faire la part des choses, conclut Francine Lavoie.
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Krypto5
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Technologie
Des robots plus tendres L orsqu’on entend le mot robot, difficile de ne pas penser à C-3PO et R2-D2, ces sympathiques androïdes de la série Star Wars. Ceux-ci nous font tellement rêver que les robots d’aujourd’hui nous paraissent bien pâles. Mais que leur manque-t-il au juste pour nous charmer ? Peut-être un peu de… sensibilité ? C’est du moins la qualité que Clément Gosselin, directeur du Laboratoire de robotique, souhaite donner aux robots industriels afin d’en faire des collègues de travail plus sûrs. « Dans une usine de montage automobile, les robots actuels
Le défi de la robotique: permettre aux humains et aux robots de travailler côte à côte.
sont puissants et précis, mais dangereux, explique le chercheur. Ils sont carrément mis en cage pour éviter qu’ils ne blessent les travailleurs. Notre objectif est d’en faire des collaborateurs inoffensifs en leur créant une “peau sensible” qui leur permettra d’interagir de façon sécuritaire avec les humains. »
L’épiderme de Tripteron Le petit héros du laboratoire de M. Gosselin se nomme Tripteron. Il est peut-être moins brutal que ses imposants collègues robots industriels, mais avant qu’on ne lui greffe une « peau », il était totalement incapable d’interagir avec un humain. Comment rendre un robot sensible? Tout simplement en lui intégrant des capteurs de force, afin qu’il puisse détecter tout contact avec un objet ou une personne et se retirer en cas de besoin. Comme on le fait naturellement lorsqu’on écrase par mégarde le pied d’un voisin. Programmer la réaction du robot représente un défi majeur.
Photo Marc Robitaille
Tripteron, l’un des robots créés au laboratoire de Clément Gosselin: assez souple pour laisser un dessinateur guider son mouvement, assez fort pour déplacer des charges importantes.
« Pour faire un bon collaborateur, le robot doit aussi avoir le mouvement le plus naturel possible, rapporte Clément Gosselin. Nous voulons un robot qui va aider l’humain plutôt que de faire tout le travail. » Par exemple, sur une chaîne de montage d’automobiles, les robots pourraient seconder les travailleurs qui mettent en place le tableau de bord : l’humain ferait le travail de précision alors que le robot fournirait la force nécessaire. La prochaine génération de robots sera également mise au régime. Moins les robots seront lourds et puissants, plus ils
Prénom : Tripteron Type : Robot de manutention ; il sert à déplacer divers objets. Poids : 40 kg ; c’est peu, si on le compare aux robots industriels, qui pèsent souvent plusieurs centaines, voire des milliers de kilos. Mouvements possibles : Haut-bas, gauche-droite, avant-arrière Accélération maximale : Huit fois l’accélération d’un objet en chute libre. « De quoi donner un bon coup de poing ! », note Clément Gosselin. Sensibilité : Un capteur de force sophistiqué est placé sur la poignée de manipulation. Il peut réagir à des forces de l'ordre du dixième de Newton, soit environ 10 fois moins que la force qu'on applique sur notre nez pour le faire fléchir.
seront sécuritaires, n’étant tout simplement plus capables de blesser. Alors à quand les gentils robots ? « Industriels et chercheurs s’entendent pour dire qu’il faut maintenant que les robots entrent dans l’environnement des humains. D’ici 5 à 10 ans, nous devrions en côtoyer de plus en plus. »
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