De la pierre dressée au paysage rudimentaire - TPFE

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De la pierre dressée au paysage rudimentaire Septèmes-les-Vallons

ZAMO Gilles /Ecole Natonale Supérieure du Paysage de Versailles-Marseille/ Travail Personnel de Fin d’Etudes


Remerciements


Merci aux membres du jury qui m’ont accompagné tout au long de ces réflexions : Jean-Luc Brisson Georges Demouchy Mathieu Gontier Patrick Magro Merci à ma famille pour son soutien, à Elsa pour sa patience et ses encouragements, à Ronan, Pauline et, bien sûr, Alba-aux-pieds-agiles, Un remerciement spécial à Messieurs A. Berque, G. Clément, F.-X Mousquet, J-P. Clarac, C. Tamisier, J-N Consalès, M. Hammami, et, bien sûr, à Patrice, Veronique, Caroline, Brigitte, Touria and co.


Présentation Partie 1 Apports et Réflexions

Deuxième partie : les paysages de Septèmes 2.1. Une commune et son territoire

1.1 Du topos au «lieu»

Socle : une entité géologique, des vallons. Le Triangle de Septèmes : expression d’un rôle à l’échelle de la métropôle Des tensions liées à cette position particulière

La rencontre ou l’apparition du lieu Tentative d’illustration des modalités de la rencontre avec le lieu Perte du lieu et renouvellement de l’éveil L’esprit jardinier, l’esprit du lieu (et les crises)

2.2. Les Vallons de Septèmes

1.2 Expériences/inspirations Le jardin du Bout du Monde, Forcalquier Manifestations de la présence : rudiments ilots de colonisation et travaux de François-Xavier Mousquet, Agence Paysages 1.3. Objectifs du diplôme

Les Vallons La «sulfatare» des collines Des vallons singuliers Le Vallon de la Nationale 8 Route d’Apt Le Vallon de la Rougière Le Vallon du Maire Col de l’A7 Le Vallon des Fabriques Le Vallon de Freyguières Des adaptations selon les époques et des formes urbaines variées 2.3.

Les

Hauts

de

Septèmes

Sommaire

Ville/nature : covisibilité et relations réelles? 14 km2 de «nature»? Accessibilité : un archipel naturel préservé... ... ou une fragilité problématique ? La liberté des vues et un paysage identitaire fort... ...et des signaux de l’Histoire ... Un «monde du dessus» ? 2.4. Perte d’un dialogue Les rudiments d’un paysage : le dialogue haut-bas Les raisons de la fin d’un dialogue


3. Le paysage ressource les

lieux

du

paysage

ressource

1. Des parcelles oubliées au bord de l’A7 2. Du parcours sportif au jardin de ZAC ? 3. Depuis «les cheminées rampantes» 4. Le «Jardin de Chasse» 5. sur l’Etoile : le calcaire taillé 6. La «Colline Rongée» 7.Depuis la «colline électrique» : le territoire en entier, et le paysage. Matériaux ressources transformations

4. Les Paysages Rudimentaires 4.1.intentions de projet Renouer le dialogue Des (jardins) comme lieux de rencontre Acteurs et pratiques : coopérations ? Prendre en compte l’évolution urbaine 4.2.Des chemins entre vallons et collines S’accrocher au GR et marquer le territoire Prendre appui sur les cheminements existants Une nouvelle mobilité qui montre la commune et relie les massifs 4.3 De la Nerthe à l’Étoile : hypothèses Depuis le GR 13, à l’ouest... Rejoindre la Triangle de Septèmes Par la Colline Electrique Vers le champ de pylônes Le jardin des rampantes, un parc au pied des collines 4.4 «Cahiers d’Action»

Conclusions



Présentation

Alexander pope : “To build, to plant, whatever you intend, To rear the Column, or the Arch to bend, To swell the Terras, or to sink the Grot; In all, let Nature never be forgot. Consult the Genius of the Place in all That tells the waters or to rise, or fall.... Joins willing woods, and varies shades from shades Now Breaks, or now directs, th'intending Lines; Paints as you plant, and as you work, Designs.”


Après mes études d’Histoire de l’Art à Toulouse et une brève expérience de guide dans une exposition Dali, je suis parti à Strasbourg pour travailler. En 2005. De fil en aiguille j’ai été intérimaire, ouvrier « répeur » sur des fours haute température, serveur, plongeur, foreur en bâtiment et toutes autres expériences dans des corps de métiers pour lesquels je n’avais aucune qualification. Puis, à Lyon, je suis devenu « homme toute main » pour une société d’aide à domicile. J’avais une certaine affinité avec le jardinage. Même si, dans le Gers, ma terre natale, où le sol n’est pas forcément très noble, il s’agit plus d’agriculture que de jardin. A Lyon, donc, je suis devenu jardinier : voiture, remorque, outils, autonomie, et de longues heures passées à entrer dans l’intimité de jardins. Je me souviens plus particulièrement de celui de Monsieur Poirier : un lopin de terre humide, à Ecully, entouré d’une couronne d’arbres sous lesquels s’étalait un tapis de pervenches. Cet homme, décédé depuis, était un vieil ingénieur, ancien professeur de technique et d’électricité, et avait construit tout ce qu’il avait - sauf les murs de sa maison. Il avait toutes sortes d’objets ingénieux, et comme il vieillissait, ces outils étaient une extension de lui-même. Le carter de sa tondeuse, pour vous donner un exemple, était une marmite retournée, vissée sur une planche. Le tout vibrait comme une bouilloire chauffée au rouge, mais sans jamais faillir ni exploser. C’était un jardin de bric et de broc, cependant, j’en ai rarement vu de plus poétique. Les lilas immenses, bouturés depuis quarante années, formaient une arche irrégulière sur tout le pourtour de la maison. Ce lieu avait une sorte de sauvagerie, jamais apprivoisée. Il m’a fallu trois jours, la première fois, pour désengorger la mare, déranger les grenouilles, avec une faux faite main... Pour poser une pompe à eau bricolée, libérer une gouttière d’eau qui se révéla bientôt être un petit ru qui donnait à ce lieu sa vitalité. Et le jardin se transforma, pour devenir presque aristocratique. Parfois, le projet d’école me fait penser à cette façon d’agir : révéler, rien d’autre. Tout est-il déjà toujours là ? C’étaient des temps durs, parce que j’étais loin de ma formation. Frustré. Et pourtant, ce jardin, et deux ou trois autres, m’ont apporté une liberté immense. Je devenais l’ami des merles, des propriétaires, des herbes folles et j’apprenais seul le nom des végétaux, la réparation d’une tronçonneuse, la négociation avec ce peuple étrange que sont les employés des déchetteries.


Anastomose, de l’Arc

2012,

Vallon

Jardin des Explosions, 2010, Saint-Chamas

City Object, Lyon, 2014

Belvédère, Massif des Calanques, 2010

Schéma utopique, Aménités pour les Quartiers Nord, 2013


En 2009, je cessais de préparer les concours de la Fonction Publique et m’inscrivais à un CAP “Aménagement Paysager et Espaces Verts”, à Vienne. En plein hiver, accoudé au comptoir, avec des gens de tous les mondes, j’apprenais comment on vide noblement un verre de Viognier, puis deux autres, avant d’aller boucher les ornières. J’ai appris là, certes, à assassiner les végétaux, mais aussi à couler des dalles de béton, poser toutes sortes d’enrobés, monter des murs, sortir une voiture d’un fossé... J’étais sur les chantiers sexistes et solidaires, dans un corps d’armée étrange. Trois stages me permirent de voyager sur le territoire et dans les métiers. D’abord au Parc de la Tête d’Or, dans le jardin alpin, et les serres que je visitais tous les soirs à l’heure de l’arrosage. Avec un bûcheron du Jura, j’allais couper des acacias à l’ancienne, en fendant le billot avec un merlin, pour former des piquets que des chevaux traînaient dans la neige pendant que nous nous tenions, fumants, près du foyer. Jacky, le formateur, avait allumé un feu il y a de cela quelques années. Celui-ci brûlait toujours depuis, sous sa croûte de feuilles humides, chaque jour alimenté par les travaux d’élagage et les déchets de tonte. Les chevaux vivaient là. Ensuite, je prenais ma place d’ouvrier-paysagiste dans une société lyonnaise. ... Adolescent, je lisais dans Tolkien ces mots : “L’unique petit jardin d’un franc-jardinier était tout ce dont il avait besoin. Ce n’était pas un jardin qui se prendrait pour un domaine. C’était un jardin pour l’usage de ses propres mains, pas pour commander celles des autres”. Je sais aujourd’hui qu’ils sont issus d’une vieille culture. Que depuis que la poésie des jardins existe, hommes et femmes se sont échinés à composer avec les nuages, la terre, l’échec et la nature, pour modeler des lieux que ce soin particulier rend étrangement magiques. La préparation du concours d’entrée à l’ENSP, m’a fait lire Kapek, et mieux comprendre tout ça. Que le jardin c’est la passion parfois maniaque, mais aussi une humiliation presque quotidienne. Que le jardin, somme toute, c’est une lutte, un havre, qui me paraît désormais moins lointain que l’art. A Cerisy, en 2012, en travaillant avec mes camarades sur le Jardin Utopique, un jardin sans lieu, j’écoutais les éminents intervenants, A. Berque, P. Claval, F-X. Mousquet, L. Schuiten, en me disant qu’on pouvait vraiment tout mettre dans le jardin. Au sens positif, même si le jardin peut être aussi une mode ou bien une forme de rachat. L’École du Paysage m’a permis de me questionner sur l’histoire, la sociologie, la botanique, le sens, les outils, le temps,... autant de choses qui font que je ne sais plus, aujourd’hui, ce qu’est un paysage. Sauf quand j’en vois un.

Depuis le premier atelier, sur la question du Belvédère (certainement inspiré, comme d’autres, des idées de B. Lassus), tout m’a paru incertain. Et pourtant, je me rends compte aujourd’hui, que chacun dans la promotion a développé une façon bien à lui de concevoir le paysage. Pour ma part, j’aurais tendance à croire que ma formation d’histoire de l’art me fait privilégier l’objet. L’objet et les conditions, les événements qui en expliquent en partie la présence. Son archéologie. Mais se dire « concepteur » ! C’est dépasser l’histoire. Tout comme dans le jardin de M. Poirier, c’est peut-être en même temps révéler/déformer/adapter et expérimenter. Le Jardin des Explosions, projet concernant la poudrerie de Saint-Chamas, et qui consistait en un dessin « miyazakien » d’une nature détruite chaque année, m’a permis de ne plus sacraliser, mais bien de regarder à nouveau pousser. Et les autres travaux, avec l’eau, sans le sol, dans la pollution, m’ont donné bien d’autres leçons. Cependant, le Jardin de Forcalquier (voir plus bas) a vraiment tout remis en cause. Certes j’ai continué à faire beaucoup de jardinage chez des particuliers pendant ce cursus. Mais cette bête là, modelée à plusieurs, était différente. Elle a jaillit du lieu, à travers nous, en trois jours. La terre spongieuse s’est rapidement asséchée, le ciel nous a malmenés et gâtés, une source dérangée s’est enfermée dans un mutisme gênant... Et un sentiment m’a saisi : celui de « concevoir » du latin concipere (de cum et capere) proprement « prendre entièrement, contenir ». C’est ce moment qui a posé tant de questions : sur le rôle du paysagiste, sur les lieux, sur le geste, sur la rencontre. Parce que le dessin ne suffit pas. C’est un bon outil, mais un sécateur entretenu l’est aussi. La connaissance de la terre, elle passe par les mains. Et avec elle, celle du paysage. On connaît mieux la mer une fois baigné... et ne la redécouvre t-on pas chaque fois ? Je me souviens de mon grand-père, immigré italien, muet, qui venait traiter, avec un outil de cent ans, les maigres cerisiers de mon jardin. Il avait dans ces moment là un air paisible et doux, ce sulfateur au visage buriné. C’était l’air de celui qui connaît cette terre et ce ciel. Son âme repose sous les pavillons neufs du quartier, dans ses coins de chasses disparus et ses mousseronières secrètes. Cet habitant-jardinier me revient aujourd’hui en image. Parce qu’il est de la cohorte de ceux qui font partie de l’histoire d’un lieu. C’est pourquoi je crois, dur comme calcaire urgonien, que nous ne pouvons entrer dans le paysage sans frapper, et que nous ferons le plus beau métier qui soit. Parce que, en somme, le jardinier et le paysagiste sont des passeurs, sans dogmes, mais avec quelques croyances inavouables cependant. Ce travail est une tentative d’exprimer ces idées de façon un peu plus construite. Il prend comme substrat une commune attachante par son paysage et son histoire, ses habitants. J’ai essayé d’exprimer mes doutes et mes maigres convictions sur ce qui forme aujourd’hui le début d’une sente, que j’espère piétiner jusqu’à ce qu’elle me serve de chemin.


Apports et Réflexions première partie



1.1 La fabrique du lieu

Le « topos » C’est tout compte

est-il fait

pré-existant à mon passage? une question compliquée.

D’autant que, si on adopte une vision plus large du monde, moins anthropocentrique, on se rend compte que les forces géologiques, le vent qui ronge la terre, l’humus que constituent les forêts disparues et les falaises tombées, sont autant de modeleurs qui nous précèdent. Ils ont su constituer un site original, que la faune et la flore pratiquent et «aménagent» sans repos. Du point de vue du promeneur, un paysage peut sans cesse provoquer l’étonnement et devient alors porteur de sens. Pour le concepteur, il se situe presque toujours déjà dans un hypothétique projet : ce que ce lieu pourrait-être. C’est même une sorte d’obsession. D’où la question incessante, chez ce dernier, de sa légitimité. Mais le concepteur est d’abord un promeneur : un explorateur dans le sens où ses pas accompagnent sans cesse une mécanique ancienne de l’éveil et du regard. Comme tout promeneur, il fait jaillir des lieux qui aussitôt disparaissent, comme des bulles de savon qui éclateraient dans son sillage. Mais parfois, certains s’accrochent à son esprit, et deviennent des repères. Celui qui est dans le projet, l’est en permanence. Sans cesse il liste le paysage, jauge la santé d’un arbre, recherche l’eau, est en quête du « bon coin ». De la bordure de trottoir trop ancienne à la parcelle agricole disparue, il se projette dans plusieurs temps successifs. C’est l’histoire du site qui le subjugue, toujours ouverte sur des horizons potentiels. C’est avant tout une démarche sensible où des lieux se dessinent : soit par la découverte soudaine, par l’étonnement, soit par la projection. Pour tout le monde, certains lieux se substituent donc au paysage ambiant, parlent soudainement, avant d’être à nouveau perdus par le pas revenu, et habitent alors entièrement notre pensée. Parler de lien entre homme et paysage, c’est peut-être d’abord tenter de comprendre cette notion de « lieu » et les mécanismes inhérents à son jaillissement. Si cette démarche est nécessaire pour développer une philosophie de projet, ce thème peut probablement nous conduire à imaginer des outils de conception répondant à cette déliquescence des liens hommes-nature, puisqu’il s’agit d’analyser les modalités d’un dialogue, sa grammaire, ses rudiments. Je tiens à remercier ici Monsieur Augustin Berque. Car ces humbles réflexions sont en grande partie inspirées de la lecture de ses textes et du visionnage de ses conférences. Monsieur Berque a eu la générosité d’échanger sur le thème des “prototopes”, qui seront absents de ce développement, et de réorienter ces réflexions.


Du topos au lieu Il y a d’abord la confrontation fortuite avec un site qui semble nous parler. Comme présentant assez de caractères singuliers pour éveiller en celui qui le voit un fort intérêt ou un étonnement. La projection profonde et rapide d’un individu dans ce morceau de monde, la mise en éveil de ses sens, et l’amorce d’un dialogue, surgissent alors. Un rapport intime se fait avec le décor : même inconnu, il paraît familier. Ce type de projection est-il d’ordre personnel, culturel, psychanalytique, esthétique ? L’étrangeté d’un lieu, ses caractéristiques, provoquent parfois ce saisissement. Il est difficile de dessiner le mécanisme complexe du dialogue qui se met alors en place, parfois en quelques secondes. On ne peut que supposer que le lieu existe par lui même, dans ses logiques et dynamiques propres. Ce topos se dessine de façon autonome, parce qu’il est le résultat d’autres aménageurs bien plus anciens ou discrets : les forces géologiques, l’influence de climats successifs, les racines des arbres qui fouaillent la terre, les colonies d’insectes, le déplacement des oiseaux, d’autres humains... Le site se caractérisera par la vie de son milieu, son socle géologique, ses traumatismes, sa lente et complexe évolution. Souvent même, il fut modelé par l’homme à une époque si lointaine que cette action ne semble plus visible. Toutes ces activités écrivent l’histoire trop dense du site. Mais on peut songer que c’est le premier contact du sujet avec le site qui charge en un instant ce dernier d’une interprétation particulière. Parce que l’être humain est capable d’une longue succession de prédicats et de symbolisme. Le « lieu » qui naît ainsi, chargé de références et de sensations, passe d’abord par le filtre compliqué du sujet (œil, oreille, odorat, imaginaire, subconscient, souffle). D’un point de vue tout à fait anthropocentrique : c’est donc étrangement le sujet d’abord, mais non le paysage, qui semble devenir le lieu. Puis, en quelques fragments de seconde, l’objet ainsi interprété nous fait à nouveau face : le lieu semble habité depuis toujours par cette mystérieuse histoire. Et ce mystère vient, en quelque sorte, de nous. Toute la complexité de cette rencontre provient de l’ambivalence entre ce qui m’appartient, dans le lieu, et ce qui lui est propre. Peut-être, en réalité, que ce moment est un partage complet. Ce topos pré-existe, il a sa propre logique, la poésie qui le hante soudain, c’est ma contribution à son histoire. Et on peut suggérer que ce moment là, par son indiscutable et puissante intimité soudaine entre un morceau du monde et le sujet, est un domaine d’intérêt pour le concepteur qui se demande toujours : comment susciter cette rencontre ? Et pour celui qui souhaiterais comprendre d’où peut provenir l’intérêt, ou son contraire, pour un paysage donné.

« Un fil invisible uni les deux lieux, le premier jardin qui m'a enchanté, et qu'aucun homme n’avait planté, et celui que j'ai créé moimême. Mais je sais bien que mon jardin de Greystone dont je suis si orgueilleux (…) n'est qu'une copie du premier, son écho à travers le temps et l'espace. » De Précy, J., Le Jardin Perdu, p.23


La rencontre ou l’apparition du lieu Cet instant important, presque insaisissable, c’est une rencontre. Aussi complexe et contradictoire que toutes les rencontres. Dans d’autres sociétés ou d’autres temps, elle revêt un aspect plus profond : un esprit se terre dans cette grotte, ce végétal extraordinaire est habité par un génie, ce volcan est une divinité... Les deux partis se connaissent presque déjà, par une appartenance commune à un cosmos. Dans notre société occidentale moderne, ceci est plus compliqué. Certains cas, seulement, nous permettent de tisser momentanément (ou peut-être pour toujours) des liens forts avec un morceau du monde. Il existe évidemment de « hauts lieux », qui sont des références pour tout un groupe, par leur histoire ou leur puissance esthétique. Mais les « petits lieux », quels mécanismes nous permettent de les apercevoir ? Il est délicat de proposer une liste exhaustive des mécanismes permettant ce dialogue. Cependant, on peut déjà évoquer certains éléments déclencheurs de la rencontre : - un site remarquable par sa composition : formes végétales, géomorphologie, - la grâce de l’instant : une atmosphère particulière, saisissante (lumière, saison, climat, ombres, couleurs, perspectives...) - les traces visibles de l’intervention humaine : vestiges, sanctuaires, sentes, taille des arbres... forment un langage bien plus clair parce qu’il provoque une intimité presque directe avec le site modelé. Parfois, une simple pierre dressée au bord du chemin ou un cairn suffisent à suciter un intérêt pour le site traversé. - des références culturelles : esthétiques, symboliques,... - des références intimes : souvenirs, archaïsmes, inconscient, rêves, émotions,... Il est à noter que certains lieux, non directement anthropisés, ont déjà quelque chose d’un jardin-corps. Là, le vent aura orienté des branches dans un angle étrange, le manque d’eau aura donné aux arbres une allure, les tavelures de la roche interpelleront l’esprit. Et des figures se dessineront, ou l’illusion d’une intervention humaine. Enfin, ces données nous permettent de dire que la rencontre est très conditionnée : par le contexte météorologique par exemple, par la visibilité, par l’état d’esprit de celui qui contemple, par sa disponibilité, sa culture... Cependant, on peut déjà saisir combien des «gestes» très simples pourraient pourvoir un lieu, a priori neutre, d’un intérêt nouveau pour le promeneur. Et ainsi permettre un attachement hypothètique entre ce dernier et un morceau de monde.


Tentative d’illustration des modalités de la rencontre avec le lieu:

Topos Avant de m’apparaître, le lieu est constitué d’éléments qui lui sont propres. Son substrat, ses dynamiques, et les strates multiples qui le composent, intervention humaine comprise, forment son caractère.


Contact sensoriel (naissance) Le lieu m’apparaît, au détour d’un chemin, d’abord par sa présence sensorielle.


Trajection/sens Ainsi, il fait appel, en moi, à des références et du sens. Je deviens une partie du lieu, par submersion.


Transfert Le lieu m’apparaît à nouveau, désormais chargé d’une part de «moi».


Le Lieu Dès lors une relation intime naît de mon implication, elle me lie au lieu pour un instant ou à très long terme.


Références culturelles/ Prédicats composantes remarquables

Atmosphère

Croyances

Traces anthropiques/ histoire

Singularités sensorielles/ vue

Inconscient / références propres anthropomorphisme

Eléments de la rencontre

Les éléments qui posent les bases de ce dialogues sont nombreux. Et ils composent des pistes pour le concepteur, dans le cas où il souhaiterait faciliter le processus de la rencontre, ou y intégrer son travail.


Perte du lieu et renouvellement de l’éveil Cette rencontre numineuse, qui nous touche parfois, ne doit pas faire oublier la posture d’éveil qu’elle présuppose. On cite souvent l’exemple des romains, qui sont à l’origine de l’expression genius loci. Mais il faut rappeler que la culture romaine impliquait une forme d’éveil presque permanent, inhérent à une conception mythologique, polythéiste et animiste. Dans cette civilisation le genius était une instance permettant une appropriation de concepts, de lieux, et jouant un rôle important dans les rapports sociaux. Certains sites, voire la nature entière, étaient alors réellement « habités ». De nos jours, alors que les liens au paysage, aux saisons et à la nature sont devenus plus abstraits, le « génie du lieu » est un concept à redéfinir. Surtout parce qu’il induit un effort de compréhension du site, qui n’est plus acquis. Aujourd’hui, la « perte du lieu » de notre civilisation doit nous préoccuper. Un état de fait qui provient d’une part d’une conception très abstraite du monde, d’autre part de la faiblesse des interactions avec les milieux naturels. Peut-être même de la fin apparente de la dépendance d’avec les ressources du paysage. Si nous avons tous connu l’expérience de la rencontre avec un lieu, la grande distance qui nous sépare aujourd’hui de la nature et des saisons, tend à diminuer le nombre de ces interactions. En outre des raisons culturelles, mais aussi une dilatation du temps et de l’espace, provoquent une difficulté pour chacun à s’absorber dans une relation intime au lieu. D’autres cultures, encore nombreuses, possèdent des croyances et une cosmogonie renforçant l’attention aux éléments qui composent le monde. Il est clair que nous avons mis de côté cet éveil nécessaire, mais qui demande une certaine habitude et qui, dès lors, ne se réactive que dans des conditions particulières. Il ne s’agit pas de parler simplement d’une nostalgie du rapport au cosmos, mais bien de la nécessité d’un rapport au monde. Un rapport possible et nécessaire, notamment par le prisme des espaces naturels, ces milieux utiles à notre appréhension du monde, indispensables à notre survie. Milieux qui sont par conséquent un bien commun et une ressource, dépassant en cela même leur condition de morceau de la biosphère. Ces réflexions souhaitent mettre en relief le problème que présuppose cette rupture brutale : les liens avec des lieux s’étant évaporés, les paysages concernés peuvent tomber dans une sorte d’oubli léthargique, et deviennent ainsi extrêmement fragiles. Tenter de ressouder notre société aux milieux naturels qui la jouxtent, c’est avant tout repenser ce lien perdu. On trouve ici une de problématique majeure de notre époque, à travers notamment la question des liens « ville-nature » et de la conception, plus large, de développement durable. Cependant, les seuls concepts de trames vertes et bleues, par exemple, ne peuvent répondre immédiatement à cette préoccupation. Ce renouvellement, cette lutte contre une perte flagrante, interroge le concepteur paysagiste dans son rôle et ses objectifs.

La notion de “lieu” évoque déjà des pistes de réflexion et des hypothèses. Parce que le lieu, et par extension le concept de génie du lieu, permettent de penser un rapport simple au site, à certaines de ses singularités. Ils retendent les rapports entre habitant et milieu, entre ville et nature, homme et paysage. Quant au concepteurs, il possède déjà les outils d’analyse et un sens de l’éveil inhérent à leur formation. Ils sont à l’affût des lieux potentiels. Par l’approche sensible, d’abord, par le prélèvement ensuite, et l’analyse des objets constituant le paysage. L’étude des interactions entre le milieu humain et son environnement, dans la longue durée. Cependant, de nombreuses attitudes tendent à évoquer la possibilité d’aménagements hybrides, aux temporalités et aux fonctions variés, s’appuyant sur la profondeur du lieu. Et sur le support de ce lieu : en tant que morceau du paysage. De plus, dans cette lutte contre une forme d’oubli, la participation de l’habitant-paysagiste semble plus que jamais nécessaire. Il devient central : par ses interventions dans le paysage, sa dépendance de ce dernier, ses capacités à le redécouvrir sans cesse.


L’esprit jardinier, l’esprit du lieu (et les crises) « (…) il ne faut pas une transformation physique pour changer un paysage, il est suffisant et, souvent, davantage incisif d’effectuer une intervention minimale. Une nouvelle lecture des paysages s’ouvre. C’est le « métier » du jardinier.» L. Venturi-Ferolio, M, Bernard Lassus : une pratique démesurable pour le paysage

Il serait vain de désirer revenir à un rapport animiste ou sacré avec notre monde. Cependant, le surgissement d’un lieu, nous l’avons vu, crée un attachement évident avec le milieu dans lequel il se trouve. Il l’humanise. Dès lors, ce rapport peut nous guider vers une méthode. Vers une forme d’objets permettant à chacun de cheminer, de trouver le lieu qui lui semblera, par extension un morceau de ce que nous nommons « nature ». C’est une notion que l’on peut étendre à la pratique du métier, par des aménagements minimum et rudimentaires, qui permettraient de simplifier cette rencontre. L’esprit jardinier, par exemple, implique cet éveil propice à la négociation. Cet esprit là, ce génie là, présuppose toujours de faire avec le climat et les données d’un milieu pour y développer avec le plus d’inventivité possible une façon personnelle ou collective de le modeler. Ceci dans une démarche de contemplation de la nature, en engageant avec elle un dialogue poétique, et dans l’acceptation de l’échec. La notion de « production » étant présente, mais pas forcément centrale. Cette posture d’écoute respectueuse permet une relation directe au concept de genius loci. Parce qu’elle n’accepte pas de distance entre les caractéristiques du lieu et la personnalité de celui qui agit. Ainsi, d’une parcelle jardinée à l’entrée d’un grand site, de l’espace ambigu et en friche à un parc de ville, les jardiniers se sont toujours efforcés de faire surgir le génie du lieu, leur génie du lieu. En temps de crise, il parait de plus en plus évident que cet esprit jardinier, par son adaptabilité, son inventivité et son habitude du «faireavec», a tendance à réapparaître. Et avec lui, des savoir-faire qui vont du bricolage au soin attentionné, des aménagements rudimentaires aux innovations les plus surprenantes, entre la ville-métropole et ses marges. On peut aussi concevoir le jardinage à l’échelle de l’aménagement du territoire. Aujourd’hui, le métier de paysagiste lui-même se dilue en une myriade de métiers très divers. Mais l’attitude jardinière est une source d’inspiration qui pourrait permettre de répondre aux problématiques soulevées plus loin, à savoir celles de la reconnexion entre les espaces urbanisés et leur environnement.



1.2ExpĂŠriences/inspirations


Manifestations de la présence : rudiments Un enfant malaxe le sable humide et fait un château. Un groupe d’hommes du néolithique redresse une lourde pierre et la fixe au sol (fichade, en provençal). Sur les sommets du Haut-Guil, on trouve des bivouacs de bergers, qui semblent dater de centaines d’années (ce qui n’est pas le cas), constitués de quelques pierres... Tous ces événements sont liés au lieu, à sa matière, ses singularités, et semblent pourtant trouver une source commune.

Aménagements de berger, Queyras Abri de berger, Queyras

Barrage, pyrénées

L’année dernière, à Forcalquier, quatre étudiants de l’ENSP ont constitué un jardin, en quatre jours, sur des tabliers sédimentaires grisâtres, sans se poser plus de question que : ce lieu a quelque chose. Comment matérialiser notre sentiment que ce lieu a quelque chose ? Qu’est-ce qui en résulte ? Qu’ont révélé nos gestes ? Ceci aboutit à la réflexion suivante : si certains lieux sont emplis d’histoire(s), suscitent une réaction inexplicable, on peut y commettre des gestes porteurs d’une symbolique profonde, presque irrationnelle. Ces lieux appellent une intervention, sans forcément de motif fonctionnel ou d’ambition égotiste. Plus intéressant, les aménagements produits restent sous forme de traces. Ces manifestations de la présence créent une série de comportements, parce qu’ils facilitent l’intimité avec le site, et donc le rendent familier aux futurs visiteurs. Parce qu’ils l’humanisent aussi, par le symbole. D’où l’idée que l’enfant qui fait ce château de sable fait référence à un matériau, à des images culturelles, mais que son geste, face à la mer, va bien plus loin. De même pour le père construisant un barrage dans un torrent avec son fils, entrant subtilement en contact avec la notion de crue, de technique, de glacier. Et ainsi de suite... Quant au geste de nos ancêtres du Néolithique consistant à dresser une pierre de plusieurs tonnes vers le ciel : « Dresser quelque chose à la surface de la Terre, c’est répéter symboliquement la métaphore première, celle qui avec la bipédie a incarné dans notre corps lui-même l’ouverture du monde humain » in A. Berque, De terre en Monde.

Une première conclusion s’impose cependant : le geste de dresser une pierre fait suite à toute une théorie d’autres gestes (la formation géologique, la végétation présente, les aménagements passés...). Il est totalement inscrit dans la matière du site. Une deuxième : en considérant que ces traces, ces artefacts, ces modifications nous parlent, est-ce qu’un type d’aménagement rudimentaire (du latin rudio : racler, mais faisant aussi référence aux rudiments langage) ne pourrait pas être, dans certains cas, un outil de ré-embrayage des relations homme-nature ? Notamment par le surgissement des lieux auquel ils participent.


“Aussi bien, le galet estil exactement la pierre à l’époque où commence pour elle l’âge de la personne, de l’individu, c’est-à-dire la parole” F. Ponge, Le Parti Pris des Choses, Gallimard, p.98

Une semaine avant l’expérience de Forcalquier (voir pages suivantes), j’étais au Japon. Je ne me tromperai pas en essayant d’analyser une société qui m’a parue extrêmement proche, mais aussi déconcertante. Cependant les jardins japonais, et surtout : cette forme d’harmonie que l’on trouve dans les lieux de cultes reculés, loin des sanctuaires plus populaires, nous «parlent». M’avanceraisje en énonçant l’idée d’un langage universel ? Et d’où peut naître ce sentiment ? Ces niches de divinités, surprisent au détour d’un chemin, et qui ne nous sont pas familières, possèdent en réalité une relation intime avec des espaces naturels, des sites, des formes géologiques, des rivières, des lieux... Ils participent à l’atmosphère des sous-bois et des falaises, sans la perturber. Au contraire, le dialogue parait très clair entre ces autels et leur environnement, dans une sorte d’apport réciproque. Si le panthéon peut nous être étranger, l’harmonie nous semble évidente. Ces aménagements, qui puisent dans l’essence du lieu, en permettent effectivement le surgissement.

Tomo no Ura

Chemin, Tomo no Ura

Jardin de centre-ville,

Sanctuaire shinto, Nara

On trouve ici une source d’inspiration puissante lorsqu’on se questionne sur l’effet que pourrait avoir un agencement rudimentaire sur le promeneur. Et les liens qu’il permet de tisser avec le site. En outre, on conçoit combien le passage du temps (ici la mousse, les racines) permettent une anastomose entre l’objet et le site aménagé.

Jardin de temple, Nikko


Le jardin du Bout du Monde, Forcalquier

Sortie du jardin, vers le grand paysage, Forcalquier Atelier In Situ*, Souvenirs de la composition du jardin (récit) MARDI : Tout d’abord Alexandre dit : « J’ai trouvé un endroit parfait. » Comme l’atelier consiste à mettre en place un dispositif inspiré du paysage de la commune de Pierrerue, nous sommes à la recherche d’un lieu qui nous inspire. Nous le suivons, tous les trois : Laure, Léo et moi. Nous n’avons jamais travaillé ensemble. L’endroit en question se trouve au bout de la draille, à flanc de pente, sur la gauche. Il faut traverser le talus, plus haut, où glisse lentement un tapis minéral aux éléments variés en couleurs et tailles. Nous marchons dans l’humidité, et nos semelles, encore lourdes de boue, se couvrent d’une croûte pierreuse. Nous quittons le chemin pour passer dans un lieu lugubre : un petit bois de chênes dédié à la chasse à l’ «appelant», avec sa cabane aveugle, coiffée d’une gerbe de fougères sèches.


Aménagement en cours

Puis, nous entrons dans ce qui deviendra notre jardin. Le sol, l’atmosphère, ont changé. Sous nos pieds craquent les clastes minuscules, copeaux issus d’une lente décomposition de la roche mère. Un paysage lunaire, sis dans la pente, s’étend face à nous. Des dos immenses, gris et ocres, bondissent hors des maigres touffes de chênes. Là, les arbres tordus ont poussé en luttant, dans une sorte d’individualisme qui dépare avec la dense folie du bois alentour. On entend, tout proche, le murmure d’une cascade. Alex nous conduit dans ce lieu chaotique, d’un pas volontaire. Surpris, enchantés, nous le suivons en silence. Alors, nos pas nous conduisent dans un monde plus ouvert, à la lisère de ce relief qui se termine en cognée, à l’ouest. Sur une pente boueuse, nous grimpons. Et, nous retournant enfin, nous sommes saisis par le paysage grandiose qui s’offre à nous. C’est le Bout du Monde. Nous le nommons ainsi d’après notre premier sentiment, un saisissement commun. Car c’est un paysage post-diluvien qui s’offre à nous, surréaliste. Et nous sommes étonnés de ne pas apercevoir, dans la vallée, de nef naufragée par la fuite subite de l’eau : là-bas, de l’autre côté de la vallée, le monde a versé. Les pendages calcaires semblent des tapis humides sur lesquels glissent en obliques les prairies humides, parsemées de toits brillants. Ce paysage, et même la ville de Forcalquier, tout cela semble voué à tomber dans un gouffre, invisible mais menaçant. Le monde parait bouleversé. Et le ciel (qui ne nous a jamais déçu par la suite), jette sur ce décor des ombres profondes, qui courent sur ce tapis, séparées par des diagonales lumineuses. C’est sur ce lieu habité de contraste et de formations géologiques étranges, que nous choisissons d’agir...


MERCREDI : UN CHEMIN Au fur et à mesure des trois jours que nous passons sur notre colline lunaire (comme Robinson aurait dit « mon île »), l’eau se retire. Dans le sol d’abord, puis dans les airs, et les lieux perdent cette beauté complexe. Car les couleurs des pierres convergent toutes vers le gris, puis le blanc. C’est une autre grâce, celle de la sécheresse soudaine. Nous taillons les arbres, dans une intervention minimale, pour dégager un chemin. Puis, voyant dans leurs formes tortueuses une singularité, nous concentrons nos efforts sur leurs branches aux angles bizarres et leurs racines apparentes. Le cheminement qui se dessine alors colle aux racines. Obliques, ces dernières retiennent depuis des décennies les sédiments et la terre, voués au glissement. Se forment ainsi des oasis herbeuses. Ces plateaux appuieront le tracé du chemin oblique. C’est notre parti-pris de mettre le promeneur dans une position précaire au milieu des tabliers sédimentaires. Nous voulons évoquer déjà la forme étrange du paysage à la sortie du jardin. Tandis que l’eau s’évapore, les couleurs s’envolant avec elle, il nous reste les formes : les compositions géologiques, les troncs, les microreliefs... Les arbres prennent une nouvelle importance : ils ont cessé de pleurer la fin du déluge, et procurent désormais une ombre bienvenue. Le chemin est tracé à la bêche, puis à la truelle. Il sinue au milieu des éléments selon une scénographie précise. Ainsi, on le dessine comme une ligne fine, où une seule personne peut avancer de front, avec des zones plus amples, dédiées à la pose. Des spectacles, surprises nichées dans les détour et dévoilées au dernier moment, apparaissent. Se sont des formes minérales, des arbres élégants, des aménagements. Ils évoquent pour nous nos émotions pionnières.

«C’est l’endroit renversé par un orage cru

A ce travail de la définition du cheminement et de la taille artistique des végétaux, s’ajoute celui de la mise en place des repères. Ceuxci consistent surtout en des pierres dressées (parfois transportées sur une longue distance). Enfin vient le moment de l’effacement de nos traces. Ce qui est un réflexe étrange. Car le lieu sera désormais marqué d’un passage, quoi que l’on fasse.

La pluie y lit les pierres C’est le mélange frustre d’un monde et d’un jardin Là où les horizons brisés en pendages obliques finissent en poussière sous le poids des nuées

La disparition de l’eau fait place au travail des jardiniers. Paradoxe. Mais peu importe que les énergies de la nature balaient notre travail. Ce qui compte alors c’est de faire au moins une représentation.

Là un être écaillé lové dans la colline rejoindra son perchoir pour y scruter les temps Ses dos lisses se parent de tâches vaporeuses Et sa bouche édentée a tu son chant humide

Nous nous réunissons souvent pour juger de l’avancement des travaux et nous exclamer « ça fait trop japonisant.. », « ça ne se verra pas », « c’est trop! »... Et alors on enlève, on efface, un dispositif qui peut nous avoir pris deux ou trois heures de travail. Parce que le soucis reste celui d’un monde subtil, déjà pourvu en caractères, à souligner simplement.

C’est l’endroit renversé que l’orage jardine que ratisse la pluie et que la terre avale C’est le mélange frustre d’un monde et d’un jardin» Forcalquier, avril 2013

Trois jours, c’est le temps durant lequel nous jardinons. Plus nous aurait induit en erreur. Et du coup nous sommes dédouanés de la nécessité de rendre nos actes pérennes. Et nous n’avons pas envie de défigurer, non le lieu, mais nos premières émotions qui nous reviennent régulièrement, palpitantes.

Echine sur tablier sédimentaire


Camp de base et jardin VENDREDI : VISITE C’était un simple acte pionnier, comme ces plantes qui préparent le sol pour d’autres... Ce n’était pas vraiment un jardin au sens commun du terme. Mais l’ «esprit jardinier» nous hantait. Celui de l’attention obsédée au détail, de la préservation, d’une illusion de la maîtrise des choses, de l’optimisme délirant, de l’effacement, de l’invention... C’était un jardin rudimentaire. Au sens étymologique de ce qui est à ses débuts, raclé seulement en surface. D’ailleurs cet acte était né d’une disparition : celle de l’eau. De plus, il est dans la nature de ce lieu de se recouvrir lui-même ; de dégringoler sous les assauts de l’usure, d’éclater dans le gel et le feu ; de s’envoler, enfin, vers le bas de la pente. Ainsi, ce problème primordial se posait : préserver une poésie propre au site, de notre point de vue.

Nous avons choisi d’organiser la visite. C’est notre débat le plus long dans ces périodes de silence monacal. Nous décidons enfin de lire des textes de notre cru, à l’entrée du jardin, sur la draille. Ensuite nous diviserons le groupe en quatre. Chacun de nous guidera sa théorie à quatre minutes d’intervalle, dans un silence oppressant. Nous souhaitons éviter la co-visibilité entre les visiteurs. Mais quatre minutes, c’est un délai trop court. On commence. Ceux qui attendent au milieu d’une nuée de moustiques, ceux qui se sont perdus sur le chemin en arrivant, disparaissent en groupes serrés et silencieux dans l’entrée touffue du jardin. Très vite cependant, nous ne formons qu’une longue file. Cela me rappelle mon emploi de guide lors d’une exposition de l’œuvre de Dali. C’est une mise en scène, oui. Un jardin décor, pas décoratif, où le jardinier se fait acteur et guide. Avec la volonté farouche de communiquer les émotions ressenties lors du travail, mais sans rien en dire. Nous savons que le lieu, lui, et le ciel, et les obliques, seront au rendez-vous. Et puis nous avions à l’esprit un autre type de visiteur : celui qui, par hasard, tomberait sur ce lieu. Serait-il emporté par le chemin?

Tout au long de cet atelier nous avons su que cette expérience relevait d’autre chose que d’un simple exercice. Qu’il s’agissait d’une essence, d’une harmonie nous guidant dans le plaisir et la sueur. Cette expérience, je l’ai parfois ressentie dans certains jardins de particuliers où j’œuvrais comme ouvrierpaysagiste. Je pensais alors que le jardinier, dans certains lieux singuliers, et lors de certains moments, peut devenir le vecteur sensible d’une grâce temporaire. Loin du fantasme moderne du jardinier rougeaud, ou de la réalité de l’ouvrier livré à des jardins-archétypes vides de sens. La plupart du temps, semble t-il, cette grâce provient du chaos que ce dernier s’échine à ordonner. Mais qui lui résiste. C’est peut-être ce temps de résistance qui devient le génie d’un lieu. Et la poésie de ce lieu à un moment donné, que le râteau révélera. Parce qu’il ne sera plus un outil mécanique, mais bien un stylo empoigné, un pinceau d’archéologue cherchant fébrilement à saisir une vérité camouflée... Plusieurs mois après cette expérience, les questions sont revenues, sans réponse. Alors je suis retourné sur ces lieux. Je pensais que certains mystères se seraient éclaircis, et je voulais voir la disparition du jardin.


Tentative d’analyse composée à propos du jardin de forcalquier


Modelage

Plantations


îlots de colonisation et passé industriel travaux de François-Xavier Mousquet, Agence Paysages Toutes ces illustrations et images ont été fournies généreusement par M. F.-X Mousquet, Agence Paysage

Les terrils dans le paysage

Réalisation

“Avec sa théorie du « Jardin en mouvement », Gilles Clément formule une nouvelle relation nécessaire entre nature et société contemporaine. Cette nouvelle relation est de l’ordre de l’affranchissement, de l’acceptation et de la reconnaissance nécessaire de l’autonomie du vivant au cœur des espaces maîtrisés par notre société. Indépendamment de toute forme et de tout style, il érige la dynamique du vivant comme la matière esthétique du jardin qu’il conçoit. Cette conception est proposée comme un acte d’accompagnement sur le terrain plutôt qu’une projection par l’intermédiaire du dessin. Cette pensée contemporaine trouve un grand écho auprès du public en quête de compréhension du milieu, en besoin d’écologie pratique, et elle s’est très vite imposée comme une évidence conceptuelle, alors même que sa mise en œuvre soulève de multiples questions.” F-X., Mousquet, intervention au colloque de Cerisyla-Salle «Renouveau du jardin : clefs pour un monde durable?», 4 Août 2012

Plan du projet


Les travaux de François-Xavier Mousquet sur les terrils du Nord sont une source d’inspiration pour les présentes recherches. D’une part, parce qu’ils proposent un ensemble de solutions spatiales originales qui ont permis, dans les années 80, de rendre acceptable par des populations socialement malmenées, un paysage qui signifiait : abandon des mines, chômage, échec... A l’origine, les terrils pesant trop sur les représentations des habitants, devaient être évacués. Cependant, ils présentaient des singularités écologiques qui ont permis une prise de position de la part des paysagistes.

îlots de recolonisation, projet

Un travail de remodelage de ces montagnes de déblais a d’abord été effectué selon un plan précis. Ce qui soulève la question de la réappropriation de vestiges industriels et de l’impact de ce travail sur les consciences. Ensuite, dans une attitude bienveillante envers un sol pauvre - et donc riche écologiquement - des moyens économes ont été utilisés pour rendre le substrat plus hospitalier. Forme de jardinage la plus évidente mais qui a l’avantage de la simplicité. Enfin, l’Agence Paysage met en place des « îlots de colonisation », qui sont à la fois des jardins, des objet de sensibilisation aux dynamiques écologiques des sites. Et qui provoquent, ensuite, un rapport d’échelle entre l’immensité des terrils et la fragilité desdits dispositifs. Ces dispositifs mettent en évidence l’intérêt de lieux composites qui facilitent les rapports avec un paysage plus flou. Enfin, le concepteur pose ici la question de la gestion, non du simple « entretien », de ces sites : jardin en mouvement avant l’heure. Toutes ces singularités illustrent parfaitement un type d’aménagement actif, qui donne du sens, et permet, sur une surface bien définie, un dialogue avec une histoire, un milieu, un paysage. Il offre, ainsi, toute latitude au visiteur de construire un rapport intime nouveau avec ces reliques de l’industrie disparue. Il est à noter que ces aménagements suivent un code précis : 1 Les dynamiques végétales comme sujet principal du projet 2 Faire le plus possible « avec », et le moins possible « contre » 3 Observer « plus », et jardiner « moins » 4 La gestion écologique comme prise en compte du déplacement physique des plantes Bien sûr, on retrouve ici les préceptes du jardinage, à grande échelle.


.3. Objectifs du dipl么me


Je souhaiterais saisir ce moment de diplôme pour interroger les réflexions précédemment exposées. Ces dernières découlant d’une démarche personnelle de projet, débutée lors du tout premier atelier à l’ENSP, en 2010. Réflexion ininterrompue dans les ateliers successifs, à des échelles variées, tentant de composer chaque fois avec le lieu, et de dessiner des aménagements issus directement de ses singularités. La relation perdue aux lieux et à la nature me semble un axe fondamental de la recherche actuelle du concepteur. Peut-être se résume t-elle à cette simple interpellation : «Quelle nature ? Pour qui ? ». Elle pose aussi le problème des nouveaux outils nécessaires à l’adaptation à ces questions, et du statut même du paysagiste-concepteur dans son rôle d’interprète. En outre, il est désormais nécessaire de développer des projets économes et pertinents, ce qui remet en cause certaines habitudes d’aménagement. La continuité logique du travail de troisième année sur les Quartiers Nord, concernant dans mon cas l’accès aux aménités, la mobilité et les relations aux espaces naturels, allait m’orienter vers le site de Septèmes-les-Vallons. Parce qu’il résume ces problématiques plus générales de rapport entre milieux, tout en permettant un positionnement au centre de la constitution d’une métropole. Un territoire en tension, qui subira à l’avenir de profonds changements, mais qui présente un réel potentiel en terme d’espaces-ressources et de lieux singuliers. L’objectif de départ est donc le suivant : tenter de prendre une posture inspirée des expériences que nous venons de voir. A savoir une approche archéologique du territoire, une démarche de «jardinage» inspirée par les sites. Et la mise en place d’une stratégie permettant, par l’émergence de «lieux», un rapport renouvelé de l’habitant à son paysage. Et ainsi, favoriser une appropriation personnelle de ces espaces par une accumulation de signes entre urbain et sauvage. Entre deux milieux qui ne semblent plus dialoguer. Inscrire cette démarche dans l’enjeu métropolitain de réappropriation et de gestion des espaces naturels (pratiques, risques, zones protégées, patrimoine, mobilité...), me semble primordial pour poser, en conclusion, des questions élargies, nourries de ce travail à l’échelle d’une commune. Le protocole de travail était le suivant : trouver des sites qui parlent, analyser leurs singularités, le pourquoi de la rencontre, concevoir des formes d’aménagements adaptées. En un sens : trouver les outils qui oscilleraient entre négociation territoriale et lieux en puissance, tout en intégrant les principaux acteurs : les habitants et les villes, leur passé commun. Sans hiérarchisation, mais dans un apport réciproque dont l’aménagement serait le médium et le lieu d’une négociation.

Car il semble que la question des rapports ville/nature présuppose une conception duale de deux thèmes, qu’elle oppose presque. La notion de milieu nous permet de nous dégager de cette dialectique pour proposer un façon plus douce de nommer les liens ténus qui existent entre l’habitant et son paysage proche. Peut-être l’harmonie de ce dialogue se trouve t-elle dans une étude approfondie des interactions entre deux milieux, à une époque où l’activité humaine et la nécessité de s’appuyer sur des ressources locales permettaient au moins une forme de considération pour les espaces périurbains. Aujourd’hui, la perte du lieu, l’oubli de pans entiers du paysage (inversement au réflexe de sanctuarisation des grands parcs), pose tout de même la question du devenir de ce même paysage. Oublier, c’est permettre des usages et des dégradations qui ne semblent pas souhaitables, et se priver de ressources qui pourraient bien être d’une aide primordiale dans l’avenir.



Les Paysages de Septèmes deuxième partie


.1. Une commune et son erritoire


Suite à un atelier ayant pour sujet « les Quartiers Nord de Marseille » (2013), il m'a semblé que Septèmes-les-Vallons, située à l'apex du septentrion marseillais, présentait toutes les particularités permettant d'illustrer une réflexion sur les rapports ville/nature. Avant ce choix, je ne connaissais pas cette commune, que l’on peut d’ailleurs traverser durant des années sans même la voir. L'arpentage de la commune de Septèmes-les-Vallons permet de se faire rapidement l'idée d'un territoire extrêmement riche d'histoires et de paysages. Car, s’il est compliqué de déceler une image générale du site, ce sont bien des formes multiples, complexes et une ambiance toujours changeante selon l'endroit où l'on se trouve, qui s’offrent à nous. D'abord il faut évoquer la situation géographique particulière qui fait de Septèmes-les-Vallons un point de passage central au milieu des massifs calcaires. Condition qui a impliqué, au cours de l'histoire une basculement régulier de la commune vers Marseille ou Aix, villes concurrentes. Mais encore aujourd'hui, cet état de fait crée des tensions puisque la tendance à la « métropolisation », tout à fait particulière dans ce territoire, aura certainement des répercussions physiques sur le paysage septémois. Paysage déjà traversé par des axes issus de la planification de Marseille dans les années 1930, reprenant des tracés immémoriaux. L'espace communal est évidemment marqué par certaines singularités, conséquences du relief et du support physique de l'habitat. D'abord, c'est un dessin complexe, tout en hauteurs et en creux, qui désoriente le visiteur qui s'y rend pour la première fois. Pourtant, celuici peut observer des signaux particuliers qui, comme des fanaux, lui permettent de naviguer avec une certaine familiarité dans ces défilés. Alors que l'habitat vernaculaire s'étale dans le vallon, de nouvelles constructions s'érigent lentement vers les hauts de Septèmes. Et cette situation peut interroger l'évolution des formes urbaines de la commune, et leur rognage des espaces naturels proches. Deuxième particularité : les hauteurs de la commune ont une personnalité particulière, un aspect figé dans le temps. Lointaines, elles forment une sorte de second paysage, peu habité, et que l'on a envie d'atteindre. Alors se pose une première question : quelle histoire a formé ce paysage, et qu'elle est sa réelle qualité ? Car on se rendra compte que c'est un paysage à révéler que l'on a sous les yeux, qui a une forte présence, mais qui semble pourtant entrer dans une opposition binaire collinevallon. Ce n'est que par l'arpentage et l'observation que l'on commence à comprendre que certaines interactions entre le bas et le haut, englobant le milieu humain et les espaces naturels, ont aujourd'hui disparu et sont peut-être à l'origine de ce décalage. Le thème des relations ville-nature, se rendra t-on compte, est une façon d'aborder la commune tout à fait passionnante. Parce qu'il interroge justement sur la qualité de ces deux milieux distincts, qui pourtant ont tout à gagner à négocier l'un avec l'autre.


Socle : une entité géologique.

La commune de Septèmes se situe entre deux reliefs : à l’ouest le Massif de l’Étoile, avec ses hauts sommets et ses espaces déserts ; à l’est, le celui de la Nerthe, en contact avec la Mer Méditerranée. Du point de vue exactement géologique, il s’agit en réalité de la même entité. Du point de vue des représentations, la Nerthe appartient à l’Estaque et à la Côte Bleue, elle est en contact avec le bassin industriel marseillais se situant dans le golfe de Fos. L’Étoile, c’est la séparation de Marseille d’avec l’intérieur des terres, et la ville D’Aix-en-Provence, l’autre capitale. On sent poindre ici combien la géographie du site et les représentations peuvent verser facilement dans des questions d’appartenance. Septèmes-les-Vallons, comme son nom l’indique, se niche dans des creux, des interstices. Dans les sources littéraires anciennes, on trouve toutes sortes d’appellations à leur égard : cols, gorges, ou bien défilés. Les matériaux géologiques présents, avec un calcaire très dur qui prédomine, expliquent un rapport culturel très fort avec les ressources du sol, aujourd’hui presque disparu.

C a r t e géologique, 1/25000

Septèmes

1 km A55

Nerthe

A7

Petite Etoile


Le Triangle de Septèmes à l’échelle de la métropole La configuration de ce site, ainsi que sa situation géographique en font une porte naturelle de Marseille. Pourtant, Septèmes fut raccrochée, selon le contexte géopolitique, à Aix et à Marseille, dans un basculement permanent. Du point de vue historique, Lapis Septimus tient son nom d’une borne miliaire présente à cet endroit à l’époque romaine. Pierre dressée, sculptée, destinée à indiquer la distance depuis Marseille, mais qui avait aussi pour but de marquer le site, et qui évoque déjà le caractère de carrefour de la commune, sur le tracé de la Via Aurelia. Aujourd’hui, le “Triangle de Septèmes” , nœud de distribution des flux entre l’A51 et l’A7, renforce cet aspect. Autrefois Septèmes était un lieu de passage, actif, désormais plus de 150000 véhicules glissent quotidiennement à travers ce territoire sans même le voir. Des infrastructures qui, en outre, pèsent énormément sur le paysage, brisant des relations historiques entre quartiers et espaces naturels. Carte des réseaux à l’échelle métropolitaine 1/25000

Le triangle de Septèmes, un futur pôle multimodal ?


Des tensions liées à cette position particulière La constitution de la Métropole, avec des objectifs à l’échelle territoriale, pose la question de l’avenir d’une commune qui a su, depuis vingt ans, mettre en place une stratégie de réserve foncière permettant de préserver de grandes zone de “nature”. Si l’urbanisation traditionnelle de la commune s’est développée dans les vallons, nageant entre les collines massives, on peut présager une colonisation probable de ces hauteurs au cours les deux prochaines décennies. Une reconfiguration qui pose d’abord la question des espaces à préserver, et donc de l’identification des caractéristiques réelles de ce paysage. Ensuite, celle de l’avenir de ce paysage communal, singulier, qui pourrait être ingéré par une logique territoriale, avec des préoccupations à une autre échelle.

Septèmes : au cœur d’une densification urbaine, carte 1/25000


.2. Les Vallons de Septème Centre-ville de Septèmes-les-Vallons


Les Vallons

Le développement des activités humaines et de l’habitat dans les vallons de Septèmes interroge. A l’origine, deux oppidums sont concevables, un sur la colline de Camp Long, un autre sur celle des Mayans (ayant fait l’objet de fouilles archéologiques). Au dix-septième siècle, on sait que trois hameaux nichent déjà dans les vallons : le long du cours d’eau de la Caravelle, au milieu des terres fertiles. Sur les flancs des collines, exposées au sud, on trouve alors des cultures en terrasse et de petites fortifications, encore visibles pour certaines. On peut émettre l’hypothèse que Septèmes est alors un “village rue”, une étape de voyage et le lieu de passage du fret. Ainsi, on sait qu’en 1786 Septèmes est dotée d’un péage, d’un marché, et d’une voirie structurée. Aujourd’hui, les vallons ont une vocation variée : habitat, économie, éducation, loisirs, industrie... Un contraste à souligner. Ces activités sont bien sûr adaptées au relief. Vallon n’est pas plaine, et cet espace contraignant appelle des adaptations, soit au niveau de l’agriculture, soit au niveau de l’habitat.

1 Kilomètre Les vallons de Septèmes : une coonfiguration originale et une histoire de même ordre


“La diligence traverse à sept heures du matin ces gorges de Septèmes immortalisées par la volteface que les pères des Marseillais de nos jours exécutèrent à approche de l'armée fantastique de Cartaux. Que dites-vous de ces rochers et de cette nature, Monsieur, s'écria le Lyonnais, en montrant du doigt à Charles, ces croupes nues et noires où la fumée des fabriques de soude s'incruste dans la pierre ? Mais, Monsieur, répondit Charles, ces rochers me semblent très productifs ! Comment l'entendez-vous ? Ne voyez-vous pas là des usines, des fabriques qui doivent rendre leur 30 pour 100 ? Cette observation frappa le négociant qui fit à l'industrie l'honneur de supprimer, cette fois, les épigrammes dont il criblait d'ordinaire, en passant, cette solfatare marseillaise. » Méry, L.E., Souvenirs et sites de la Provence : récits épisodiques, Michel Lévy Frères, Paris, 1857, tome 1 pp 17-18

La «sulfatare» des collines

Durant la première décennie du XIXème siècle, les usines chimiques s’installent peu à peu dans cette commune reculée. Le paysage se transforme alors, pour deux siècles. Ces fabriques en font la réputation, mais entraînent aussi des plaintes de la part des habitants. On retrouve ces actes de procès des années 1815 avec une certaine empathie pour les agriculteurs et les habitants qui dénoncent des «démons volatiles». Il reste aujourd’hui de précieuses reliques de cette activité, qui posent aussi le problème de la reconversion de sites gigantesques, et celui d’un sol pollué.


Des vallons singuliers Route d’Apt Passage de la D8 Passage de l’A51 Vallon de freyguieres Vallon de la fabrique

Le Vallon de Freyguière, Entrée

Vallon du Maire

Vallon de la Rougière Fracture de l’A7 Vallon du 8 Mai

Distribution et dénomination des vallons


Un vallon est d’abord un val réduit, allongé, entre deux croupes, et le terme est peut-être d’origine provençale. Il est plus étroit que la vallée et moins exigu que le «vala». Il présente souvent le lit asséché d’un ru, en été. C’est là que l’on trouve, au milieu des sécheresses, une flore plus humide et douce. Et c’est évidemment le lieu de passage le plus simplement aménageable. Certains historiens on noté que le terme «Septèmes» pourrait provenir des sept vallons présents sur le territoire communal. C’est une hypothèse un peu fantaisiste, mais qui se fonde sur le nombre effectif de ces vallons septémois. On peut, ici, en distinguer deux catégories : les vallons ouverts des deux côtés, orientés nord-sud, et les vallon finissant en cul-de-sac, orientés est-ouest. Les premiers provenant de failles scindant le massif calcaire, les seconds de creusements peut-être issus d’effondrement et de l’acharnement des pluies méditerranéennes redoutables. Pourquoi, dans ce cas précis, les humains s’installent-ils dans le vallon plutôt que sur les hauteurs facilement défendables - comme c’est le cas dans les communes voisines ? Certainement parce qu’une voie de passage stratégique comme celle de Septèmes-les-Vallons est logiquement défendue, mais aussi pour y exploiter la terre, profiter du micro-climat du vallon, de son eau. Le péage historique de Septèmes (remontant probablement à l’époque romaine) semble à lui seul expliquer pourquoi l’habitat s’est développé ainsi : dans la proximité des marchandises, tout comme les foires médiévales se tenaient auprès des fleuves et des voies principales. Les collines n’étaient pas, pourtant, des éléments secondaires. Regorgeant des ressources nécessaires à l’économie locale, à la vie quotidienne, elles doivent avoir à cette époque un statut particulier. Et l’on trouve aujourd’hui encore les murs de séparation des parcelles pâturées, des traces de restanques, qui prouvent que les collines étaient entièrement utilisées. L’industrie gagne Septèmes dès les premières décennies du début du dixneuvième siècle, prenant la place des exploitations du calcaire. Les industriels souhaitant profiter des zones neutres dégagées par les anciennes carrières, au nombre de sept, où l’on pouvait implanter des usines de soude. Utilisant le procédé Leblanc après 1789, ces établissements polluants étaient indésirables dans les agglomérations denses. Et ils prirent naturellement place dans ces vallons orientés ouest-est, sur le piémont du massif de l’Étoile. Aujourd’hui, l’habitat de la commune reste très structuré par le lit de ces vallons. Cependant, la stratification des activités humaines donne à chacun de ces lieux une ambiance particulière. Si bien que chaque vallon semble avoir sa personnalité propre. Suit une analyse plus approfondie de ces sites et de leurs singularités :


Le Vallon de la Nationale 8

Vallon du 8 Mai

L’entrée sud de la commune se fait dans le fond d’un vallon orienté sud-nord. Il est traversé tout le long par une nationale imposante autour de laquelle l’habitat est distribué en hameaux/sections. C’est là que se fait le contact avec Marseille, à Notre-Dame-Limite. La route nationale distribue les flux de Septèmes à Plan de Campagne, zone commerciale mythique. Ce vallon, dans sa structuration, se présente comme un faisceau. Sur certaines sections on trouvera, d’ouest en est : une carrière, la voie SNCF, un habitat aligné datant du XIXème siècle, la route, le ruisseau de la Caravelle, un champ, puis à nouveau la colline. Cette dernière, à l’ouest, est inaccessible en raison de la présence de la voie SNCF. Mais à l’est, un flanc boisé, lointain, se remarque à travers la ripisylve ornant le ruisseau.


Ce « hameau-rue » crée une ouverture frontale. C’est un lieu qui happe l’automobiliste vers l’avant et le décor des collines s’écarte comme dans un ancien mécanisme de théâtre. Une intimité agréable naît de cette situation, sans que les mobilités douces permettent de réellement en profiter.


Le Vallon de la Rougière

Vallon de la Rougière Le chemin de la Rougière traverse un de ces vallons du piémont, orientés est-ouest. La route fuit vers les collines en montant légèrement. Ce vallon est habité : en fond mais aussi sur les flancs. Le petit pavillonnaire de type années 70 y grimpe à l’est, le long de rues sinueuses, étroites, se terminant toujours en impasses. L’accès aux sommets, très présents au niveau visuel, est empêché. Pourtant, on voit la haute cheminée dorique classée, au nord. On y trouve une pinède plus ou moins dégradée, et parfois un terrain vide, comme une respiration dans ce frontage bâti omniprésent.


Quelques images du vallon de la Rougière (du provençal «rogar» qui signifie «rouler», cheminer, jeu de boule?). La proximité visuelle des éléments de repères et des espaces de nature crée une forme de frustration lorsqu’on marche, parce qu’on ne sait comment les atteindre. Cependant, le site est aéré. Les murs des pavillons sont moins imperméables que dans les constructions récentes, et une atmosphère bucolique y contraste avec la densité d’habitat que l’on peut trouver plus au sud, dans l’agglomération marseillaise. On est dans l’espace péri-urbain typique du pourtour marseillais. Avec l’impression d’un mélange inédit entre ville et campagne. Lieu de vie recherché par beaucoup d’habitants. Le Vallon de la Rougière : un site habité


Le Vallon du Maire C h e m i n é e Dorique

R e m b l a i s industriels

R e m b l a i s industriels

Cheminée ruine

Route

N

Vallon du Maire

Le Vallon du Maire n’est pas habité. Ses hauteurs présentent deux cheminées d’époques différentes. C’était le site des usines de souffre Schloesing. Aujourd’hui il reste quelques reliquats de cette activité. D’abord les déblais dont on observe encore l’aspect sombre, mélange terre-scories, interdits au public. Ensuite les ruines d’une partie de ces fabriques. On y trouve désormais un espace de loisir, une entreprise s’est appropriée le fond du vallon. L’accès aux collines est interdit : au sud par la hauteur des remblais, au nord par de hautes clôtures. Cet ancien site industriel est calme, un ru y glisse, hors de portée. Ce paysage, comme beaucoup à Septèmes, semble figé hors du temps, lorsqu’on le compare avec le vallon habité de la Rougière. Il pose cependant la question du devenir de ces terrains problématiques.

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Remblais industriels, espèces végétales “invasives”, clôtures, vestiges de l’industrie : le Vallon du Maire, à l’accès difficile, n’est pas un espace fréquenté. Il y règne cependant une atmosphère calme. Des habitants viennent s’y promener. Surtout des personnes vivant à proximité, au centre de Septèmes. Le boulodrome y est un espace de rencontre apprécié. On s’aperçoit que c’est un lieu entre deux temps, sans véritable rôle, et sa forme de cul-de-sac, l’état de la voirie, peuvent amener à la considérer comme éloigné de tout. Comme presque oublié. En réalité, il s’agit d’un espace en attente, qui pourrait tout aussi bien accueillir la prochaine extension urbaine de la commune.

Le Vallon du Maire : une déprise calme, des espaces en sommeil.

Les usines Schloesing


Garrigue dégradée (Genêts d’Italie)

Vue vers l’est, vallon du Maire

Ruines (usine)

Nouvelle activité (stockage de matériaux)

Vers le fond du vallon


R e m b l a i s industriels

Route

Mobilier de protection

CheminĂŠe et ruines (Friche industrielle)

Ruisseau

Vue vers l’ouest depuis le fond du vallon

N


Le Vallon des Fabriques Cheminées rampantes

Scories Usines Duclos et anciens bâtiments industriels

N

Vallon des fabriques Le Vallon des Fabriques présente encore, pour quelque temps, une activité industrielle chimique. Pas besoin d’imaginer que la pollution issue de la production de soude, depuis les années 1810, est très présente dans le sol. Les merlons gris qui grimpent au nord, la couleur du sol, en sont des preuves efficaces. Cependant, c’est le lieu où on peut le mieux considérer le passé industriel comme patrimoine très présent, en contact direct avec la ville (nous sommes ici à la sortie nord du centre de l’agglomération). L’agencement des bâtiments, plus où moins ruinés, y constitue un tableau presque pittoresque. On remarque sur la colline les cheminées “rampantes”, énormes condensateurs de pierre, qui sinuent là comme des vers fossilisés. Ces dispositifs, issus du procédé Rougier (1826), visant à alléger les fumées des fabriques de leurs poisons, sont encore visibles, bien que dégradés et peu à peu escamotés par le boisement alentour.


Un site industriel en entrée de centre-ville

la forme en «coquillage» du relief, appuyée par le réseau de cheminées est remarquable en vue aérienne.

Ces cheminées rampantes, et les bâtiments anciens, viennent historiquement s’adosser sur d’anciens sites d’excavation, pour former ce site des Fabriques. Cette démarche est fréquente à l’époque. Ne présentant pas d’habitat, situé en entrée du hameau central, on a l’impression que ce lieu est anachronique. La colline au sud, interdite d’accès, voit aujourd’hui une végétation très dynamique apparaître. La problématique environnementale serait très difficile à gérer ici. D’après des observations personnelles, les merlons de scories (sur la colline au nord) sont formés de pyrite, de plomb, de souffre et des lessivas contenants d’autres métaux lourds issus de près de deux-cents ans de production.. Comment gérer à la fois ces sols empoisonnés et la qualité exceptionnelle de ce patrimoine ? Comment montrer tout en préservant ? Les habitants répondent en partie à cette question lorsqu’on leur pose : ces usines sont l’histoire de la commune. Pour la première fois cette année, la commune va participer aux journées du patrimoine. Et c’est justement ce récit industriel que les élus ont décidé de conter aux visiteurs.


Le Vallon de Freyguières

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Vallon de freyguieres

Le Vallon de Freyguières est, lui aussi, singulier. On trouve lové à son embouchure, à l’ouest, le hameau des Caillols( du prov. «cailloux, roche»). Comme son nom le laisse deviner : il s’agit d’un très vieil agglomérat de bâtisses basses aux murs constitués du calcaire septémois. Ce noyau villageois marque par sa forme compacte, mais évoque aussi un paysage historique, issu de matériaux se trouvant à la fois dans les falaises visibles et les murs penchés des bâtisses. Plus loin, on entre dans un milieu très intime, où les dernières masures, avec leurs vergers, laissent place à une forêt de pins d’Alep. Une roubine, petit canal, y chante jusqu’à la fin du printemps. Ensuite, on s’enfonce en quelques minutes dans la nature saisissante de l’Étoile. A gauche, perchée dans la colline, la bergerie de Monsieur Prioré, chevrier, donne une certaine poésie à cet itinéraire.


Les Caillols

Une végétation très présente

Le Vallon de Freyguière : intimité et rencontre de l’habitat et de la colline

Ce site est particulièrement intéressant : on y retrouve la pierre, l’eau, le bois, sous des formes vernaculaires, brutes. Hybridation qui nous rappelle le lien fort, historique, entre les ressources dispensées par les collines, et leur utilisation directe par nos ancêtres. Cette forme d’ « économie » est fondamentale pour la compréhension de l’esprit de Septèmes. Les voies DFCI (défense contre les incendies) mènent sur les deux collines, au nord et au sud. Ces anciennes drailles servaient au parcours des troupeaux. Il faut imaginer ces éminences pelées, au début du siècle, par le sur-pâturage, la consommation du petit bois, et les rejets pollués des usines. Ce lieu fermé contraste avec les autres vallons de la commune, c’est un « bon coin » pour les habitants. Préservé. On trouve là, en l’absence d’imperméabilisation des sols, un micro-climat particulier, frais et agréable pour le visiteur descendant des collines.


Route d’Apt Les Hauts Septèmes

Cheminée de Four à chaux

de Nouveau quartier M J C - D o j o Bibliothèque

Gare

Ecole

O

Route d’Apt

La Route d’Apt a une situation centrale. Elle dessert au nord le hameau du Pré de l’Aube. Cet ensemble pavillonnaire récent se dilate alors dans la plaine de Plan de Campagne. On remarque ici la situation de la “Colline Rongée” (appellation personnelle) : dos verdoyant, échine aux flancs creusés par les carrières. Les deux anciens site d’excavation du calcaire abritent aujourd’hui une Zone Artisanale à l’ouest et une ZAC en construction à l’est.


Les carrières nous rappellent l’importance des ressources du sol dans l’histoire de la commune. Ce sont des lieux d’autant plus importants qu’ils ont été choisis par les industriels durant les années 1820, afin de stocker les matériaux nocifs. Sites qui ont toujours accueilli des activités variées, et c’est encore le cas aujourd’hui. Peut-être constituent-ils, en réalité, des non-lieux : dans le sens où leur caractère artificiel leur donne un statut purement mutable ? C’est tout l’intérêt de ces sites, qui deviennent donc stratégiques dans l’évolution de l’urbanisation de la commune.

Route d’Apt : carrefours, carrières et formes urbaines complexes

L’habitat, dans cette zone, est très récent. On notera l’opération des Hauts de Septèmes, à flanc de colline, constituée de 172 logements. Habitat pavillonnaire et petit collectif, assis sur un travail de terrassement et d’enrochement, proposant une version moderne des terrasses de culture traditionnelles. Ce nouveau type d’habitat pose cependant de réels problèmes : d’abord, une attitude individualiste se concrétise par de hauts murs en moellons gris, privant la rue du paysage alentour. Ensuite, la configuration en « escargot » de ce quartier ne propose qu’une série de culs-de-sacs. Ainsi, aucune lisière n’existe entre l’espace naturel proche et ce quartier. Pire, les Hauts de Septèmes, venus grignoter, contre toute attente, des hauteurs libres, constituent un rempart épais entre ville et nature. Poche d’urbanisation opaque et imperméable, elle suppose un certain rejet des espaces naturels alentours, voire même une forme de mépris. Il y a donc trois types de paysages sur ce site. D’abord le quartier lui-même, minéral composé de couloirs; ensuite un paysage privé (vue appropriées, jardin, terrasse et piscine), et un paysage proche nié, la «Colline Electrique» (appellation personnelle).


Col de l’A7

O Fracture de l’A7

Le passage de l’A7 sur le site de l’ancien col de la HauteBédoule, fracture brutalement le paysage. Les infrastructures routières du Triangle de Septèmes, carrefour incontournable au nord de Marseille, créent un vide et fragmentent le site. A l’ouest la commune des Pennes Mirabeau est physiquement proche, et pourtant la communication est rompue par la voirie - sauf par un petit pont enjambant l’autoroute. Entre celle-ci et Septèmes s’étend une zone en attente : dotée d’une forêt de pins dégradée et de parcelles peu entretenues, comme oubliées. Sur le sommet à l’est se situe le hameau des Castors Isabella, village d’auto-construction, datant des années 1970, aggloméré et compact.


Vue sur l’autoroute, en direction du sud, depuis le pont Suivant le plan de développement de Marseille (Gréber, 1930), les infrastructures routières et le “tout voiture” provoquent des percées dans les reliefs. C’est aussi le cas de la ligne de chemin de fer PLM, plus à l’est, au XIXème siècle.

Fracture de l’A7 et traversée entre deux communes. A droite, les Castors Isabella

Si cette roche est habituée aux manipulations, on comprendra la blessure que provoque la présence de l’A7. Le statut de carrefour échappe alors à Septèmes, qui devient simple lieu de passage. On glisse sur la commune sans l’apercevoir. Le fuseau des sentes visibles sur les “délaissés” de son pourtour, nous montre combien les anciens sentiers devaient réunir les deux collines, en zone basse, à une autre époque. La nature est particulièrement dégradée dans la zone basse. Parce que l’autoroute déploie des zones indéfinies sur ses pourtours et au centre du triangle. La fracture des cols par ces infrastructures pose un problème réel au niveau des continuités écologiques entre Nerthe et Étoile : définitivement rompues.


Des adaptations selon les ĂŠpoques et des formes urbaines variĂŠes


Les Hauts de Septèmes

Centre-Ville

Les Genêts

Entrée sud

Marseille

Ancienne Usine, Médiathèque

Future

Rue du Cinéma

Centre-Ville

Opération immobilière

Les Vieux Cayols

Des hameaux historiques en fond de vallon aux “cités” des années soixante, Septèmes reste un lieu d’accueil. Les atmosphères varient cependant selon le dessin de l’habitat et les époques. Village aggloméré des Caillols, centre -ville pittoresque, habitat ouvrier de la fin du dix neuvième siècle, pavillon contemporain néoprovençal.... autant de formes et d’usages qui influent sur les habitus. Cependant, il est évident que les nouveaux lotissements coupent définitivement les accès aux collines. Ces nappages imperméables et leurs clôtures ne permettent plus l’accès aux sites réservés. Alors que les usages sont plus nombreux du côté du massif de l’Etoile (où l’on trouve l’habitat le plus ancien), le contact avec la Nerthe, par exemple, est impossible, sinon par la vue. La diversité des formes crée cependant une grande complexité visuelle. La rareté de grands ensembles collectifs n’empêche pas le jeu des échelles entre colline et ville. Du coup, la traversée de Septèmes, avec ses grands vides et ses pleins, provoque parfois une forte impression de contraste et dessine un paysage à l’identité palpable. Ce dialogue du haut avec le bas, parfois rompu par les nouvelles opérations à mi-pente, compose un tableau toujours changeant et une succession d’ouvertures et de fermetures visuelles.

Les Hauts de Septèmes

Opération récente

Cependant, en naviguant dans ce site habité, dans ces vallons aux personnalités variées, on ne peut que commencer à passer sous les clôtures, dans les passages secrets, pour tenter d’aller visiter des sommets qui attirent sans pour autant être accessibles. La question de la ville et de son rapport à la nature, au paysage environnant, se pose plus précisément.


2.3. Les Hauts de Septèmes

La fréquentation des vallons crée peu à peu un contraste visuel de plus en plus fort et le regard suit toujours le même trajet : de bas en haut, de haut en bas. Difficile d'atteindre les collines. Les rues en culs-desacs, les clôtures, les murs, les infrastructures nous en empêchent. C’est comme si les mutations successives de la commune, depuis les années 1970, avaient peu à peu fait fi de ces espaces. Déjà on peu remarquer qu'il existe peu de « lisières » entre ces deux domaines. On cherche de véritables entrées, des sas, pouvant évoquer le passage tranquille du vallon habité à la colline calme, sans succès. Même dans le cas, rare, de la présence d’un chemin, aucun seuil n'invite à visiter ces lieux, ne les introduit auprès du promeneur. Et pourtant, d'en bas, on entrevoit une grande richesse écologique, et un paysage fortement marqué : clairement identitaire. Ces sites réservés par la volonté politique durant deux décennies, poumons vert et dos naturels, sont le jeu d’un forme de sanctuarisation bien compréhensible : elle est en grande partie due à leur fragilité. Avec une rotation d'incendies moyenne de 4 ans, ces massifs sont effectivement le sujet de nombreuses angoisses. Cependant, qu'en est-il de leur réel statut ? Ils semblent couronnés de tous les objets que l'histoire humaine a pu y déposer, pourtant ces monuments sont eux aussi infréquentables. Quant aux usages, même s'il en existe, ils sont peu compréhensibles : décharges, pistes de cross, chasses gardées, promenade improvisée,... des cachettes aussi, des lieux illégitimes. Et sous le kermès envahissant : des ruines reposent, donnant un certain romantisme à ces hauteurs. La question principale est la suivante : quel paysage forment ces lieux ? Quelles relations entretiennentils avec le milieu habité ? Si l'on adopte un regard prospectif, on s'interroge sur le devenir de ces sites. Parce qu'ils semblent assez déconnectés du milieu habité pour être oubliés. Et, actuellement, l'oubli fait supposer une forme de menace : ce qui est difficilement qualifiable peut rapidement disparaître.


La Caravelle ruisseau communal, forme la trame Reliquat de l’ancien paysage bleue la plus visible de agricole, cette parcelle la commune. Escortée par tranche sur un paysage sa ripisylve, elle est un forestier ou urbanisé. émissaire des Aygalades Marseillaises.

Dans le lointain, on aperçoit Marseille. Entre la métropole et Septèmes, l’urbanisation dense se dilue petit à petit pour venir se lover dans les vallons.

Au loin, une colline centrale de la commune accueille depuis 1936 un poste électrique distribuant l’énergie à grande échelle.

Cheminée dorique

Ancienne bastide

Vue depuis le parvis de l’ancienne église (Centre culturel Aragon), en direction du sud

Ouest


Ville/nature : covisibilité et relations réelles? Tout d’abord, répétons-le, poser la question des rapports VILLE/NATURE n’est-ce pas faire l’erreur d’opposer deux éléments d’un même milieu, d’un même paysage ? Et de fausser ainsi des réflexions qui nécessitent pourtant la plus grande vigilance, puisqu’il y a effectivement un enjeu fort dans l’avenir des espaces naturels piégés au cœur du “tout urbain”. Tenter de sortir de cette dialectique c’est peut-être trouver de nouvelles formes de négociation entre deux aspects d’un même milieu. Nous avons vu que les espaces de “nature”, nombreux et variés dans cette commune, sont toujours très proches de l’habitat, ils l’englobent littéralement. Cependant, le seul rapport possible avec ces parcelles sera la plupart du temps visuel. Cela suffit-il à créer un échange flatteur entre l’habitant de la métropole et son paysage?

Vue depuis les hauteurs de «Notre-Dame-Limite», La bordure communale est fortement marquée entre la cité Val Cormes et les collines septémoises.

Cet état de fait est étrange lorsqu’on arpente le territoire : la nécessité d’enjamber les barrières, d’éviter les «terrains piégés», d’appréhender la rencontre avec le propriétaire ou certains usages des collines. Même si cela procure, d’un autre côté, la sensation de l’aventure. Cependant, le désir de s’extirper du fond des vallons est naturel, presque nécessaire en hiver lorsque l’ombre est plus longue, et au printemps lorsque la garrigue se couvre de couleurs. Alors comment aborder le problème de cette fracture, et quelles en sont les causes ? Que nous révèle une première exploration des cimes de Septèmes et un regard panoramique sur l’histoire de ces rapports ?


Septèmes : une commune richesse naturelle

et

sa

La “nature” est omniprésente à Septèmes-les-Vallons. D’abord par sa quantité. La commune étant urbanisée sur sa partie ouest -dans les vallons, nous l’avons vu -, le piémont et les sommets de l’Étoile sont «libres». Elle représente une réserve naturelle immense qui s’étend ensuite sur ce massif, à perte de vue. Et on peut déjà évoquer l’idée d’une ressource potentielle de “vivant” et d’aménités, de paysages. Cependant, ces espaces sont particulièrement fragilisés : la rotation des incendies y est rapide. A l’est, le massif de l’Étoile est effectivement une zone naturelle protégée. Mais si on promène le regard sur la carte on se rend compte que des sites naturels se développent aussi directement au centre la commune, et sur les contreforts de la Nerthe. Déconnectés des deux massifs, ils sont cependant remarquables par leur résistance et leur variété.

14 km2 de «nature»?


Barrières physiques : clôtures, barrières, murs

Falaises

Urbanisation imperméable

Ces documents analysent de façon schématique les «empêchements» que l’on peut trouver dès que l’on cherche les collines. Le grand nombre de barrières physiques, de reliefs (naturels ou artificiels), et une urbanisation enclose dans certains quartiers, tout cela tend à «enfermer» des espaces naturels pourtant nombreux et remarquables (en rayé sur le dernier dessin) . Il en résulte un “archipel” de dos-verts. En terme de continuités écologiques, ce fait pose de nombreux problèmes, avec des milieux qui sont dans des états variés. Situation insoutenable du point de vue purement écologique, parce que les échanges ainsi amenuisés ne permettent pas à certains milieux de se développer correctement, la régénération y est difficile. En terme de paysage, cependant, on comprend la singularité d’un tel archipel, et son intérêt pour la commune.

... et des espaces de nature

Cette fragmentation empêche aussi la lisibilité qui voudrait que nous soyons ici entre deux massifs prestigieux. Et l’appartenance de ces émergences à l’entité géologique globale reste problématique.

Accessibilité : un archipel naturel préservé...


Ce constat implique de nous questionner sur l’avenir de cet «archipel» d’espaces de qualité. En effet, la logique actuelle voudrait que le processus de fragmentation continue son grignotage, pour aboutir à un paysage de plus en plus éclaté. D’autant plus que nous comprenons combien le dialogue entre ces ressources et les zones urbanisées est rompu. Cependant, il est à noter que la plupart des terrains non protégés appartiennent à de grands propriétaires : SNCF, EDF, Véolia, Lafarge SA... Et donc ces acteurs peuvent être intégrés à une ouverture des espaces concernés.

Des fractures et un dialogue impossible

... ou une fragilité problématique ?


Massif de la Nerthe

Triangle

Centre-Ville Plan de Campagne

Piémont de l’Étoile

Les Castors

Colline rongée

Freyguières

Colline électrique Inter-communalité

fabriques

Vallon du Maire

En outre, les espaces “libres” de la commune sont en général ces «dos verts» des collines.

Marseille

Limites communales

Zone urbanisée

On comprendra que le dialogue qui s’établit actuellement entre ces sites : désormais fragmentés, séparés, est avant tout visuel. Pour le potentiel promeneur méditatif, le passage de l’un à l’autre reste une gageure. Cependant, d’en haut, des sommets, un paysage d’une autre échelle pourrait s’ouvrir à lui.


Espaces de nature variés, ces sites sont cependant extrêmement fragiles. La rotation des incendies a favorisé la prise du chêne Kermès sur presque tous les espaces. Cependant, il reste des boisements, et selon les conditions, on trouve des sites où la garrigue est très bien constituée. En général, on remarquera que les reliquats forestier forment une frange entre les habitations et les collines. Ceci s’explique par la protection renforcée des lieux habités, lors des incendies ravageurs. Il y a tout compte fait assez peu d’effets de “lisière”, de transition marquée entre vallon et colline. Les impressions que forment ce paysage sont donc très contrastées. Les rapports possibles au vivant, aussi. On y trouve une nature qui reprend sur certaines hauteurs, bien installée sur d’autres, ou encore très dégradée. Bien que les formes traditionnelles de la garrigue et de la pinède sont présentes, on remarque souvent qu’elles sont dégradées ou bloquées à un stade difficile. Dès lors, la problématique de la fertilisation de ces milieux peut être posée. Et celle de leur évolution dans le temps. Mais elle se doit de traiter aussi la sensibilisation du promeneur aux risques inhérents à des comportements dangereux. Question qui trouve peut-être une réponse dans la lutte contre l’oubli de ces lieux.


La liberté des vues et un paysage identitaire fort...

Plus que des belvédères, les dos-verts de Septèmes forment un paysage identitaire fort. Omniprésents, inaccessibles, sanctuarisés, ils n’en sont pas moins des espaces libres, lointains et proches à la fois. Leur présence nous permet de voyager loin dans l’inconscient de la commune. Mais aussi de prendre de la hauteur et de considérer cette dernière dans un territoire de massifs, un milieu humain, un contexte économique, de la Sainte-Victoire à la mer Méditerranée.


...et des signaux de l’Histoire

D’autant plus que, nous l’avons déjà souligné, chacun de ces sommets est couronné d’un élément architectural et patrimonial évoquant divers moments de la construction de la commune. Il s’agit aussi de marqueurs paysagers qui servent à l’orientation, floutent les échelles, montrent le lien fort et historique de Septèmes à ces collines. Ces singularités appuient la présence d’un paysage identitaire, ce qui serait moins évident en absence de ces objets.


Un «monde du dessus» ?

Voilà un premier bilan : il existe bien, dans la commune, un paysage du haut, et un paysage du bas. Les « dos-verts » que forment les collines jouent à la fois leur rôle de paysage, mais aussi de support pour les dynamiques écologiques. A l’instar des vallons, ayant chacun une personnalité distincte, les collines forment un ensemble homogène. Il suffit évidemment d’aller chercher le sommet pour se rendre compte que c’est «là-haut» que se développe le grand paysage. Par ce statut précis, on peut avancer que les collines, par le jeu des vues et des perspectives ouvertes, créent chez le promeneur un contraste avec les entonnoirs que sont les vallons, et instaure un dialogue à une échelle territoriale : le paysage du haut est celui qui va où porte le regard. Des étendues maritimes aux falaises de la Sainte-Victoire, de lEtang de Berre au Garlaban, c’est l’ensemble métropolitain et son grand paysage qui apparaissent tout à coup. Cependant, ces sommets peu élevés (environ 270 mètres pour les plus altiers) sont aussi singuliers par leur position géographique, et les objets qui les habitent. A la fois paysage identitaire, terroir, sites déconnectés, milieux vivants, ces « hauts » de Septèmes semblent composer un réseau qui appelle la réflexion : quel est leur rôle dans les usages, les rapports ville-nature, forment-ils un paysage-ressource pour les habitants ?


Piémont de l’Étoile Colline électrique Colline rongée Haute Bédoule

Cheminée dorique


2.4 Perte d’un dialogue


Si on s’en tient à cette représentation binaire : haut/ bas, on se rend compte que les interactions entre ces deux niveaux sont aujourd’hui très rares. Il y a même un processus de sanctuarisation évident de ce « monde du haut ». La politique d’aménagement de la commune a su préserver ces sites, pour l’instant, du nappage urbain qui sévit plus au sud. Cependant, parler des relations ville/nature dans ce contexte précis nécessite de s’interroger sur les raisons de la fin d’un dialogue entre haut et bas. Cet état de fait est-il récent ? Quelles en sont les causes ? Et s’il est réel, comment retrouver des interactions entre ces paysages qui, au fond, n’en forment qu’un seul ? C’est le récit d’une relation à un paysage-ressource qui peut nous aiguiller dans ces questionnements.


Les rudiments d’un paysage : le dialogue haut-bas Au niveau de la composition des sols, de la formation de ce paysage, on ne peut que rappeler les échanges naturels entre haut et bas. La gravité et la lente dégradation naturelle des collines fourniront au vallon un substrat riche, composé de la poussière des pilons rocheux, de l’eau, de la matière organique des forêts. Le sol fertile ainsi fabriqué accueillera traditionnellement l’agriculture. C’est ce qu’évoque l’analyse de la page ci-contre. La colline fournit aussi son ombre, abrite du vent les vallons orientés d’est en ouest. Cette complexité des échanges, même dans une Provence calcaire et aride, permet à l’homme des adaptations laborieuses mais possibles. Un accord avec le paysage est trouvé : retenue des sols, canaux gravitaires, carrières, pâturage. Cette culture très particulière évoque déjà un territoire jardiné avec attention, et fragile. En quelque sorte, vallons et collines se nourrissent l’un l’autre naturellement. Les activités humaines traditionnelles (jusqu’aux années trente et même récemment) jouent de ce relief pour former des économies locales qui se matérialisent par des allers-retours entre colline et vallons : cueillette, chasse, agriculture, parcours d’ovins, bois de chauffe, matériaux de construction... Ce qui pourrait permettre l’idée que l’homme est un des facteurs principaux d’échanges entre sommet et vallon, tout comme il l’est durant l’histoire entre la steppe de Crau et les Hautes-Alpes.


Analyse des relations ĂŠlĂŠmentaires entre vallon et colline


Habiter le vallon : ressources et adaptations

Analyse composite des relations entre matière et formes, adaptations


Dès lors, une forme de logique se met en place. Les éléments bruts de la nature impliquent des stratégies, de l’ingéniosité, de l’ingénierie de la part des hommes. Car ce relief, même s’il parait réduit, est bien plus difficile à apprivoiser que la plaine. On capte l’eau, on capte l’ombre, on capte la terre. Étrangement, même si notre époque est éloignée de ces temps d’efforts nécessaires, par le confort moderne, on trouve encore les échos de ces gestes. Par exemple dans la structure en terrasses du quartier récent des Hauts de Septèmes. Dans les collines entourant Septèmes, se développe au fil des époques, une forme singulière de jardinage. Des matériaux bruts oubliés, des bribes du passé toujours visibles. Un travail de la pierre, notamment, omniprésent, des carrières aux murs des bâtiments, en passant par les ponts ou les bornes. Les matériaux vernaculaires sont peu nombreux : pierre, bois, eau et terre. Le schéma ci-contre, outil d’analyse de ces logiques, permet déjà de déceler les matériaux qu’il faudrait utiliser pour rester dans le champ lexical de cette histoire. Il montre aussi combien ces intéractions s’amenuisent, pour apparaître aujourd’hui sous forme de restes (containeurs d’eau des terrains de chasse, cairn de randonneur, résidus...). Si l’on souhaite tourner les habitants vers l’arrière-cour de Septèmes, faire resurgir cette dépendance entre colline et vallon, on s’aperçoit que des échanges puissants ont disparu, et qu’il faudrait les remplacer avantageusement.


Les raisons de la fin d’un dialogue Bien sûr, il subsiste toujours des usages dans les collines alentours. Randonnée, cross, chasse, cueillette, sont des exemples parmi d’autres. Mais l’absence d’entrées marquées, d’aménagements fonctionnels, de signalisation, laisse ce paysage sans articulation. Du moins, aucune invitation n’est verbalisée sur ses abords. Les raisons principales de cet éloignement sont cependant claires : - un fait culturel que nous avons déjà évoqué : la perte du lieu, - la fin des interactions avec un paysage-ressource, la lourdeur d’infrastructures conçues sans préoccupation pour ce contexte, - les nouvelles formes urbaines qui ont tendance à élever des remparts entre ville et nature, - la fragilité de ces espaces, et l’angoisse de l’incendie. Surtout depuis la catastrophe de 1997, et le ravage de 3000 hectares dans le massif de l’Étoile. Éloignement dans les représentations, dans la nécessité politique, dans les changements d’usages. Et pourtant il serait avantageux de remédier à cette forme d’oubli, qui, nous l’avons déjà souligné, dessert à la fois l’habitant privé de lieux d’aménités et de méditation, et des espaces qu’il faudrait traiter avec bienveillance et soin. Il serait donc raisonnable de considérer plusieurs stratégies embrayant de nouveaux rapports entre milieu habité et milieu naturel. En s’appuyant sur les grandes qualités du paysage septémois, et en utilisant nos réflexions sur les « lieux », peut-on proposer des hypothèses dans ce sens ? En mettant de côté la simple volonté de réparation, pourrions-nous considérer que ce paysage peut être le support de ces nouveaux rapports ? Et, enfin, les fractures déjà présentes, peuvent-elles être transcendées ?




Le paysage ressource troisième partie


Etat de la garrigue

état bon à très bon/dégradé mais régénération possible/très dégradé

Ripisylve, état correct à dégradé

Etat du couvert/boisements

Couvert dense avec strate arbustive/couvert clairsemé, pinède/couvert peu dense, dégradé

Etat des milieux naturels sur une partie de la commune


RESSOURCES . Étymol. et Hist. 1. Ca 1175 resourse « secours » (Chronique Ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 20165); 1422 « recours utilisé pour faire face à une situation difficile » (A. Chartier, Quadrilogue invectif, éd. E. Droz, p. 58); 2. 1377 (en fauconnerie) « remontée de l’oiseau après un mouvement de descente » (Gage de La Buigne, éd. A. Blomqvist, 9552); 1920 « manœuvre de redressement d’un avion » (A. Laine, Dict. de l’aviation, p. 327 ds Quem. DDL t. 16); 3. 1558 « moyens pécuniaires d’existence » (Du Bellay, Les regrets, éd. H. Chamard, t. 2, p. 99); 4. a) 1588 « capacité physique de fournir un nouvel effort » (Montaigne, Essais, éd. P. Villey et V. L. Saulnier, p. 900); b) 1687 « forces de l’esprit, du caractère » (Bossuet, Louis de Bourbon ds Littré); 1718 homme plein de ressources (Ac.); 1740 homme de ressource (ibid.); 5. 1779 « possibilités d’expression de la langue » (d’Alembert, Éloge de Girard ds Œuvres, t. 3, p. 361). Part. passé fém. subst. de l’a. verbe ressourdre « ressusciter » (fin xes. Passion, 336 ds T.L.), « relever, secourir » (ca 1135, ibid.), « se rétablir (d’animaux malades) » (1376, Modus et Ratio, éd. G. Tilander, 54, 50), du lat. resurgere « se relever », « se rétablir, se ranimer », « ressusciter ».in Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales

La première démarche de projet consiste donc en une exploration non hiérarchisée et la plus complète possible du territoire communal. Afin de déceler les «lieux» en puissance et de deviner, au maximum, quels sont les éléments qui permettraient d’y développer une stratégie Cette partie propose un voyage sur des sites appartenant d’aménagement à la fois économe et pertinente. En même pour la plupart au « paysage du dessus ». On verra ici temps apparaissent pour chaque lieu des problématiques. quelques exemples des ressources potentiellement C’est d’abord, l’arpentage, en éveil, qui permet de deviner utilisables dans le cadre d’un projet. le potentiel de certains espaces endormis. Ces lieux ont des caractéristiques bien précises. Il y a d’abord des sites qui interpellent fortement. En partie Ensuite, l’utilisation du dessin rend possible une forme de par leur qualité et leur historicité. Il y a aussi les vues collection des matériaux et des vues. sur ce paysage, où sont enfin réunies toutes les parties composant un territoire fragmenté : elles permettent de Par une attitude générale qui serait celle du jardinier face à s’extraire du quotidien pour considérer les relations à la parcelle inconnue : quête des bons sols, compréhension grande échelle entre toutes les parties de la Métropole. des dynamiques végétales et des matériaux utilisables. Dialogue visuel nécessaire et attractif. La poétique des lieux est particulièrement recherchée, et leur potentiel Enfin, par une forme d’attitude d’archéologue, à travers les temps successifs, une recherche des sources littéraires dans le cadre du projet. commence, avec la quête d’une meilleure compréhension des processus qui composent ces sites stratégiques. Il était important, par une démarche d’exploration, en état d’éveil, de chercher les lieux susceptibles de structurer une stratégie à l’échelle de la commune. Des rencontres, donc.

Il est donc logique que cette exploration ai d’abord touché les lieux difficilement accessibles : les dos-verts notamment. La considération ici, n’est pas celle d’un paysage décor, de simples points de vue, mais bien, au fur et à mesure de l’exploration, de l’émergence d’un «paysage-ressource». Le terme de ressource étant compris ici en tant que matière pouvant permettre une réactivation de sites possédant un potentiel. Mais il reprend aussi plusieurs des définitions du terme qui caractérisent ces lieux : « recours utilisé pour faire face à une situation difficile » « remontée de l’oiseau après un mouvement de descente » « moyens pécuniaires d’existence » « capacité physique de fournir un nouvel effort » « relever, secourir » « se rétablir, se ranimer ». Et ouvre la question de leur avenir et des services qu’ils pourraient rendre à la communauté. Démarche qui s’inscrit donc dans la prospective de projet, dans des perspectives d’évolution des formes urbaines et des usages sur le territoire communal.



3.1 les paysage

lieux du ressource


1. Des parcelles oubliÊes au bord de l’A7


Pont sur l’A7

Massif de l’Étoile

Triangle de Septèmes

Lisière de pinède

Castors Isabella Colline électrique

Les Hauts de Septèmes Talus brûlé

Nous sommes à une centaine de mètres du pont qui enjambe l’A7, sur un espace ambigu, proche d’un habitat pavillonnaire et de la commune des Pennes-Mirabeau. C’est un site isolé à l’ouest, appartenant à la Nerthe. Il présente un paysage varié, mais grandement dégradé à cause de la présence imposante de l’A7. Une pinède très malmenée y côtoie des parcelles brûlées. Énormément de déchets de construction, de dépôts d’ordures, et pourtant une vue dégagée sur l’Étoile, un contact visuel important. Les combes, puisque nous sommes sur le piémont de la Nerthe, y sont nombreuses et présentent des lieux de fraîcheur et d’intimité surprenants, transformés en décharges.


2. Du parcours sportif au jardin de ZAC ?


Cheminée dorique

Citée des Genêts

Les Hauts de Septèmes Sol : gravats remblais

et La Vieille Eglise

Centre-ville Zone humide délaissée

Au nord de la ville, proche du quartier nouveau des Hauts de Septèmes et à proximité de la Bibliothèque, on trouve une pinède préservée sur un terrain haut. Un“parcours sportif” s’y déploie car ce boisement est contigu à un dispositif sportif. C’est une zone boisée malmenée par les constructions récentes au sud (remblais et déchets de construction) et séparé de sa colline d’origine. La proximité visuelle des quartiers récents donne à cette pinède un caractère très «urbain»Cependant, elle présente l’avantage de dynamiques écologiques en plein essor. C’est un lieu potentiel pour un «parc urbain», en contact avec des cites dédiés au loisir, à la culture et d’un habitat nouveau (ZAC). On y trouve curieusement des vestiges d’un portail - peut-être quelque bastide ou usine, dessinés ciaprès.


Ce bout de colline étrangement conservé au milieu des zones urbanisées présente une pinède qui va d’une apparence très dégradée sur la face sud à un bois présentant une certaine vitalité au nord. On y trouve de multiples objets descendant certainement de l’époque des bastides : chapiteaux de portail ici. De plus, énormément de matériaux de travaux abandonnés ponctuent le parcours sportif usé qui traverse ce site. Le parcours sportif est très usé et mériterait d’être relu, dans le contexte écologique qui l’entoure.



3. Depuis «les cheminées rampantes»


Anciens fours à chaux Colline Rongée Les Hauts de Septèmes

Cité des Collines

Jardin de chasse

Colline Electrique

Vallon des Fabriques

Le site des «rampantes» mérite réellement une attention particulière. Il s’agit aujourd’hui d’une énorme parcelle non signalée et peu lisible, sauf par la présence de ces marqueurs que sont les anciennes cheminées issues du procédé Rougier, qui jaillissent ça et là d’une pinède en régénération. On y accède, en cinq minutes depuis la place de la Mairie, en suivant une sente sauvage derrière l’Ancienne Eglise. Une fois sur la colline, on s’étonne de cette vue panoramique qui permet d’apprécier les singularités d’une ville construite dans les vallons, avec un jeu d’échelle puisque les ouvertures sont nombreuses. Nous aurons l’occasion de revenir sur le patrimoine industriel de Septèmes, mais on remarque ici à quel point, comme l’ancien quartier des Caillols, ce dernier s’est constitué par agglomération de bâtiments, d’activités, de dispositifs techniques.


Ces quelques illustrations montrent tout l’intérêt de ces objets issus du passé, dans un contexte naturel épatant : les cartes postales du début du siècle montrent des collines brûlées à cet emplacement. Aujourd’hui, on peut dire que c’est le site qui évoque symboliquement la vitalité d’une nature qui reprend, malgré la pollution et les plaies, le dessus. Ces cheminées rampantes, que l’on trouve aussi dans le Massif des Calanques, peuvent aussi être comparées à ces ruines romantiques de château si prisées des touristes.


Le procédé Rougier, inventé dans les années 1820 par l’industriel du même nom, répond aux colères des habitants face à des fabriques de soude qui «stérilisent les sols». Il s’agit d’immenses condensateurs (500m pour le canal d’extraction) qui entraînent le gaz produit par les fabriques de soude (procédé Leblanc utilisant des fours à plomb) afin d’expurger les substances nocives. Il est presque certain que nous avons affaire, à Septèmes, au prototype qui réapparaîtra dans les Calanques et sur le pourtour Marseillais. Comme déjà précisé, ce processus fait d’abord appel aux ressources locales, en terme de matériaux, de savoir-faire et de bras.


Une cheminée bien conservée dans la pinède.


Un dispositif à redécouvrir La forme étrange de ce vallon trouve donc son origine dans plusieurs reconfigurations dues à l’activité industrielle. Ici, les traits blanc redessinent la sinuosité des canaux d’extraction, au sud, et au nord les «merlons» de matériaux pollués, stockés durant deux siècles. En bleu : les bassins d’eau toujours visibles, en rouge, les cheminées verticales dessinées plus haut Les usines Duclos possèdent encore une activité sur site. Mais il est probable que celle-ci soit stoppée dans un avenir proche. Du coup, outre le problème de la pollution, se posera celui de la reconversion d’un site complexe mais extrêmement riche au niveau historique, architectural et écologique. De plus, la situation stratégique du site, en contact avec une entrée de ville et le Massif de l’Étoile, serait particulièrement intéressante dans le cadre d’un projet urbain à l’échelle de la commune. C’est un site qui recouvre exactement les questionnement des relations ville/nature dans toutes leurs dimensions.


Espaces boisés et clairières au milieu des cheminées : sol pollué et nature dynamique



4. Le «Jardin de Chasse»


La Savine, Marseille

Petite Etoile Merlon de scories

Cheminée dorique Cheminées rampantes

Centre-ville

«Jardin de chasse» est une dénomination personnelle, basée sur quelques remarques à propos de ce site situé au nord du Vallon des Fabriques (face aux cheminées rampantes) . On trouve ici une activité propre à ces massifs provençaux : la chasse. Et on y conçoit aisément, par la simple observation, tout l’intérêt de la présence de cette Chasse Gardée. D’abord parce que nous avons souligné que la perte des activités en colline était une des origines de l’oubli de ces espaces. Ensuite parce que le chasseur, organisé en société, est un des acteurs les plus érudits de ces espaces. Ce qui impliquerait de le privilégier dans la mise en place de processus de reconquête des collines, au même titre que les botaniste amateurs, les pompiers, les agents de gestion... Mais ce qui est le plus intéressant ici, se sont les implications formelles de la présence de chasseurs sur ces parcelles.


Cheminements et emblavures mis en place par la société de chasse

En effet, on trouve là une garrigue assez bien conservée et même entretenue par les chasseurs. Elle présente notamment les traditionnels bosquets d’olivier et de chêne vert, émondés, chers à Pagnol. Mais, plus particulièrement, c’est la présence d’un cheminement d’aspect labyrinthique, taillé dans les arbres et les buissons, qui surprend. Ces chemins nous désorientent et nous mènent à des emblavures - petites parcelles cultivées - destinées à nourrir le gibier.


Comment parler de cette façon de cultiver la colline, sinon en évoquant la notion de «jardinage»? Ce savoir-faire traditionnel, entre débroussaillage et agriculture, fait plus que procurer au gibier des raisons de demeurer et de se reproduire : il met en place des vues, des ambiances étonnantes. On peut donc présumer que c’est le dernier geste jardinier encore présent dans ces zones, et qu’il constitue une énorme source d’inspiration pour le concepteur qui souhaiterais trouver les outils d’aménagements pertinents pour ces collines.

Des chemins de tous gabarits, et des ambiances variées.


Le travail (involontaire) de composition, procure des sensations diverses et paradoxales : sentiment d’être scruté, vues impressionnantes, intimité, paix. Comment ne pas penser aux travaux des paysagistes du jardin traditionnel français. Tout le rappelle, sauf la droite, absente ou presque, et les fontaines inconnues dans ces hauteurs sèches.

Jeu d’ouvertures et de belvédères depuis le chemin


Photographie d’un agachon constitué de pierres sèches, et réinvesti par le cyste.


5. Sur l’Étoile : le calcaire taillé


Massif de l’Étoile Aire de stockage de matériaux Petite Etoile

Toujours sur les hauteurs du Vallon des Fabriques, on trouve une zone de stockage de matériaux divers : hauts tas de déblais (dix mètres), matériaux de construction, containers... Cette vue est dessinée depuis, justement, un de ces tas de terre et de ciment. Belvédère potentiel qui nous permet de découvrir enfin le paysage sublime du Massif de l’Étoile, mythique, sauvage, s’étendant à perte de vue. Une entreprise utilise en effet quelques hectares, où l’on trouve des pierres de taille issues des anciennes carrières, des crassiers hauts de plusieurs mètres. Autant de matériaux pourtant utiles, issus des ressources du sol de la commune, et donc une source d’histoires et de formes potentielles.

La Télévision


Meules calcaires, largeur : 1m70

Lieu de stockage étonnant, on y trouve tous types de matériaux, de toutes époques


6. La «Colline Rongée»


Résumé des sites visités plus haut, la «Colline Rongée», que j’ai nommé ainsi à cause de sa forme, est un espace sur lequel s’adossent : le centre-ville, une zone artisanale et surtout le quartier nouveau de la gare. Ayant servi de veine de calcaire durant des siècles, ce dos-vert solitaire est rogné de tous côtés. On peut aisément imaginer que les moellons extraits de ses flancs ont servit à la construction du quartier des Caillols, entre autres. Central dans le développement urbain de la commune, on reste étonné de constater que ce vaste espace naturel, bien que durement malmené, ait persisté. Deux objet la couronnent : un ancien moulin très certainement (le vallon nord-sud engoule le vent) et ce qui semble être un ancien four à chaux. En ce sens, cette colline s’inscrit encore dans l’utilisation traditionnelle d’un paysage, avec sublimation de sa matière. Il est aussi très paradoxal d’imaginer cette bouche à feu qu’est le four... perché sur des collines aujourd’hui très fragilisées les incendies. En terme d’utilité potentielle de ce site, il faut noter un belvédère séduisant, mais aussi un raccourci entre quatre éléments structurants de la commune : centre-ville, École, Gare et Bibliothèque. Cela donne à cette colline un caractère public, aujourd’hui non praticable (clôture, falaise, murs anciens).



7.Depuis la «colline électrique» : le territoire en entier, et le paysage.


Au centre de la commune se trouve une colline particulière. Elle aussi isolée, mais bien plus imposante. «La colline électrique», une appellation personnelle qui trouve son origine dans le fait que ce dos immense, aujourd’hui inaccessible, est hérissé de pylônes électriques qui distribuent l’énergie à grande échelle (Embrun, département...). Le contraste entre ces aiguilles et la nature merveilleuse à leur pied est une première singularité. Mais plus étrange encore, cette colline ne semble appartenir ni au massif de l’Étoile, ni à celui de la Nerthe. C’est donc, sou cet angle, un point de convergence, névralgique. Historiquement chargée par la présence des traces de l’ancienne Redoute au nord-ouest, son plus grand avantage est cependant la vue sublime, à 360°, sur le monde du dessus. De là-haut, on se trouve effectivement impliqué dans un paysage de collines, presque entièrement nuancé de vert, comme dans un seul massif jaillissant de toutes part. Ce site est aujourd’hui classé. Pourrait-on avancer que l’enjeu de ce micro-massif, dont l’appartenance est problématique, est d’abord métropolitain ? C’est en effet, en quelque sorte, un centre possible de l’immense massif marseillais. Une attention toute particulière devrait y être portée.


Vue des pyl么nes depuis le chemin provenant des Hauts de Sept猫mes (franchir le mur)


La propriété de la majorité du massif est celle d’EDF. Le cas de la disparition du poste électrique, plus que probable, laissera cette colline orpheline de son utilité actuelle. On peut dès lors se poser la question de son devenir. L’urbanisation prévue du flanc est, côté autoroute, pose aussi le problème de la forme d’habitat qui conviendrait à cet espaces exceptionnel : il semble plus que nécessaire de ne pas réitérer l’erreur d’un quartier «coupé» de la colline, comme c’est le cas des Hauts de Septèmes. Mais plutôt de songer à une réappropriation communale de ces espaces. Aujourd’hui, l’activité de chasse est présente sur la colline.

Une île indéfinie, un espace sublime, et des fils jetés dans toutes les directions

Quel lien entre ces îles ?


00m 3 , nse

fe é d de r u M

71m

Tentative de reconstitution d’après relevé

du

Ruines de la Redoute de Septèmes, aujourd’hui perdues au milieu du Kermès

Illustration, revue «nature» 1828

plan


L’Ancienne Redoute de Septèmes-les-Vallons suggère plusieurs périodes de constructions défensives situées sur les hauteurs. Des oppida romains et celto-ligures à cette construction basse qu’est la redoute, toute une théorie de constructions de pierre brute se cache sous le kermès. Histoires de pierres qui sont aujourd’hui méconnues. Bien que les archéologues s’en préoccupent depuis les années 1820, l’origine de ces constructions reste floue. Si la Redoute a servi lors de plusieurs batailles, il est probable qu’elle ait été érigée à l’origine pour préserver la nation de la peste, et surveiller un lieu stratégique.


Matière utile Nous avons vu qu’une des tendances de tous ces sites est d’offrir aux mains inventives un grand nombre de matériaux «inutiles». Peut-être que, dans le cadre d’aménagement rudimentaires et d’une attitude de réemploi, cette matière pourrait servir un certain esprit jardinier. Principale «production» issue de la constitution de l’habitat humain : les matériaux de construction abandonnés à proximité des zones habitées. Du moellon calcaire taillé à l’agglo de maçonnerie, ces déchets se retrouvent dans des espaces d’entredeux” principalement en zone de colline, là où le milieu naturel se développe. Et plus précisément dans un rayon de cinquante mètres autour des habitations et des sites industriels. C’est encore une preuve flagrante du peu de préoccupation pour ces espaces des hauteurs. Les décharges sont nombreuses, et méritent qu’on les considère comme un irrespect pour les espaces libres à proximité. Pourtant, le thème du «déchet», qui nous rappelle la présence du centre d’enfouissement technique proche, peut aussi être remis dans le contexte historique de réemploi traditionnellement lié au site. Des matériaux qui peuvent donc être réutilisés, notamment dans des aménagements simples. L’analyse de ces mines de matière inerte va dans le sens de grandes possibilités d’agencement et de récupération. Ces matériaux sont nombreux. En outre, il existe plusieurs «filons» exceptionnels, notamment les lieux de stockage à l’est de la commune que nous avons cités plus haut. Ces objets, traces de l’activité humaine, peuvent parfois être porteurs d’une historicité. Leurs formes, de plus, évoquent déjà des murets, des dallages possibles.


Matériaux ressources transformations

Échantillons de matériaux trouvés sur site



Les Paysages Rudimentaires quatrième partie


4.1.intentions de proje

En se fondant sur cette exploration, on peut entrevoir plusieurs réponses simples à la perte du dialogue colline/vallon, ville/nature, habitant/paysage. Tout d’abord, dans une volonté de redonner accès aux massifs, il semble important de proposer des liens symboliques et physiques entre les composantes de cet archipel naturel. Ensuite, il faut considérer ces mobilités possibles comme une occasion de traverser les lieux habités, les sites patrimoniaux et les dynamiques écologiques propres à la commune. A l’échelle des continuités écologiques, ce tracé pourrait proposer un support pour une réflexion sur la préservation des espaces naturels, leur fertilisation, les échanges possibles entre milieux. Et, bien évidemment une sensibilisation aux problématiques environnementales présentes. La notion de «paysage rudimentaire » peut alors permettre d’évoquer la mise en place de chemins, haltes et jardins : autant de carrefours structurant les rythmes de ces mobilités. Donnant à voir, et proposant de nouvelles relations entre homme et nature. Aménagements économiques, attractifs, et structurés à partir de lieux dotés de caractéristiques fortes, ces sites proposeraient un partage du territoire dans une forme de jardinage à grande échelle. Ainsi, des lieux pourraient être les nouveaux domaines du rapport renouvelé aux espaces naturels, aux paysages forts de la commune, et à leur historicité. On peut aussi les envisager comme des cœurs de re-colonisation écologique, à l’image des travaux de l’Agence Paysage. Ces diverses intentions pourraient prendre appui sur ces «paysages ressources» qui, en temps de crise et de remise en cause de nos habitudes, permettent clairement une expérimentation dans et avec le contexte. Mais aussi sur les acteurs présents : de l’habitant-jardinier cher à B. Lassus, aux gestionnaires des sites. Enfin, ces intentions ouvrant sur un projet plus global, elles peuvent donner naissance à des outils de communication, de sensibilisation et de prospective destinés aux habitants et aux décideurs.


Stratégie générale : phases de réappropriation et de reconnexion du milieu humain à son paysage

Déceler les «lieux» en puissance et fonder le projet sur un paysage ressource

Prendre en compte les raisons de la fin d’un dialogue, limites et ruptures physiques

Relier, donner à voir, imaginer de nouvelles relations entre lieux d’animation urbaine et paysages, vallons et collines

Envisager ces hypothèses dans le temps et la fertilisation du site en considérant les évolutions possibles de la ville


Premier réflexe : renouer le dialogue Nous avons vu que les espaces-ressources restent aujourd’hui sans autre connexion que celle du regard, et du lien ténu que sont les fils très haute tension... Actuellement, le Plan Local d’Urbanisme prévoit, par nécessité, l’urbanisation d’une partie de certaines des hauteurs de la commune. Même si une volonté persiste de préserver les espaces naturels communaux, il est évident que ces espaces s’éloigneront les uns des autres au fil du temps. D’autant que, si certaines formes d’urbanisation intégrée sont prévues (notamment sur le flanc ouest de la Colline Electrique) en zone AU1, et que le Plan Local d’Urbanisme propose une mixité d’activités, il reste à envisager les prochaines limites que créeront ces lieux : d’autres fermetures sont possibles et malheureusement envisageables. Pour permettre une gestion de ces obstacles, une ouverture des sites est nécessaire - en partant toujours du principe qu’un lieu usité est plus simple à gérer sur le long terme. Cela présuppose la création de cheminements et de seuils pertinents. D’abord, il s’agit de s’appuyer sur les chemins existants. Les passages et traverses permettent d’intégrer ces mobilités sans perturber un état de fait : la plupart des parcelles citées plus haut sont en effet privées. D’autre part pour intégrer le nouveau réseau de chemin à une échelle métropolitaine voire nationale (Chemin de Saint-Jacques, GR13...). Ensuite de proposer les bons itinéraires, en fonction de l’avenir des parcelles, notamment l’urbanisation, pour permettre une anticipation et leur intégration justifiée à ces futurs espaces. Troisièmement, la notion de seuil, d’entrée, reste prépondérante. Car la lisibilité procure de l’attractivité à ces sites, et en oriente les usages. La sensibilisation doit aussi passer par une signalisation claire. Quatrièmement, la variété de chemins réalisés ainsi permet des occasions d’invention collaborative. A l’exemple des chemins de randonnée, avec leur gestion particulière. Enfin, ce réseau doit intégrer, dans sa forme, la question maintes fois soulevée ici des relations ville/nature, ainsi que son rôle dans le développement des dynamiques écologiques. Tout en s’appuyant sur des nœuds, des carrefours où se trouveront les principaux événements, la nouvelle mobilité passera donc par le filtre de l’histoire du site, des paysages singuliers et par une réflexion sur les usages et les ambiances.

Permettre une traversée des ambiances et une intimité avec le paysage


C’est à l’échelle de la planification métropolitaine qu’on retrouve une forme de lien, transcendant ces îlots dont nous venons de parler : la continuité écologique rompue entre Etoile et Nerthe. En soi, ces pointillés verts (ici entourés en rouge) ne sont pas aménageables, la rupture écologique étant irréparable. Cependant, on peut imaginer que la mobilité difficile au cœur de ce paysage urbanisé et naturel pourrait être le support d’une réflexion traversant les espaces et échelles en créant un nouveau type de continuités.

PADD Marseille Provence Métropole

Retrouver des mobilités perdues ?


Des (jardins) comme lieux de rencontre Les «îlots de colonisation» de l’Agence Paysage ont prouvé combien le «jardin» peut être un outil pionnier, vers une nouvelle appréciation de paysages malmenés.

Manifestations d’une présence locale, ces jardins rudimentaires (cf. prototopes) auraient l’avantage de laisser dans tous les cas des traces nouvelles et d’humaniser à nouveau ces espaces naturels.

Parce que le jardin est cet «embrayeur entre nature et culture» dont parle A. Berque, il permet une grande liberté de formes et fonctionne surtout comme une cornue où l’invention collective est possible. L’îlot jardiné fonctionne comme un filtre ou une grammaire, qui permettrait à la fois une présence ponctuelle du jardinier dans les collines, mais aussi un rapport intime aux cycles naturels. Ainsi, le regard de celui que l’on invite à jardiner change, à la fois sur ce qui l’entoure, tout en possédant la faculté de réveiller aussi certaines nouvelles pratiques sociales.

La notion de soin (care) est prédominante dans cette démarche. Et elle est réciproque, entre celui qui jardine et la nature jardinée. On pourrait donc tout à fait inscrire ces ateliers de jardinage des collines dans une démarche sociale de réinsertion, ou bien d’accompagnement thérapeutique.

Cependant, nous l’avons vu avec l’exemple du «Jardin de Chasse», il ne s’agirait pas ici de la forme classique du jardin, mais bien de l’expression d’un soin apporté aux ressources de ces collines, à travers la liberté de l’inventivité et selon des contraintes qui sont très nombreuses sur ces sites (pression hydrique, incendie,...). Ces jardins seraient à la fois sauvages, comme dans l’expérience de Forcalquier (cf. Introduction), et peut être mobiles selon les saisons. Il s’agirait d’ateliers d’aménagement impliquant les acteurs autour d’un projet réalisé in situ, qui permettraient une rencontre entre «habitant» et «lieu».


Climat/saisons/temps qui passe

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socle et substrat

Évocation schématique des valeurs liées à l’îlot jardiné


Acteurs et pratiques : coopérations ? S’appuyer sur le paysage et l’histoire, c’est en effet prendre en compte les habitants et les gestionnaires comme élèments prépondérants. Des pratiques de jardinage sont effectivement présentes sur le territoire, nous l’avons vu. Non sous forme d’agriculture, puisqu’aujourd’hui cette activité a presque totalement disparu de la commune, mais dans des interventions ponctuelles qui vont de l’activité de loisir à la surveillance des sites : plantations ONF après l’incendie, brûlage et défrichage, emblavures des chasseurs, pacage, chemins de randonnée... Les associations de sauvegarde des collines, la société de chasse, les éleveurs, les écoles, sont autant de structures à intégrer dans la mise en place du jardinage collectif. Les sites jardinés deviennent ainsi lieux de rencontre de ces acteurs et de leurs liens divers aux espaces naturels. Action de partage donc, d’échange et de discussion autour du patrimoine septémois. Une prise en main du paysage qui dépasserait, dans l’idéal, la fragmentation de ces sites et celle des relations sociales. C’est aussi un moyen de gérer, au sens littéral, ces espaces, en terme de surveillance, d’entretien, et de commencer une action de fertilisation de milieux dégradés. On peut imaginer les résultats positifs qui découleraient de cette montée en graine.


habitants élus

Paysage

associations pompiers chasseurs

scolaires

Patrimoine Conservation

(jardin) (chemin) (halte)

chevrier randonneurs

Aménagements

Lutte incendie Ecologie Sylvo-pastoralisme

Milieu Humain

Évocation des acteurs susceptibles d’être intégrés à la démarche

Promenade Sensibilisation


Prendre en compte l’évolution urbaine

L’ensemble de ces actions : préoccupation pour des sites stratégiques, traversées du paysage, actions directes et jardinage, ne sont pas incompatibles avec une évolution sur le long terme. Ainsi, la mise en place d’un cheminement (détaillée ci-après) doit forcément prendre en compte l’évolution urbaine de la commune, avec une analyse des préconisations du PLU. Le jardinage à l’échelle communale, l’orientation vers le partage et le respect des espaces peut permettre l’émergence de nouvelles façon d’habiter. Le projet qui suit tente de montrer que la prise en compte équilibrée du milieu habité et des espaces naturels permet un aménagement hybridant les deux entités. Et accompagnant un mariage des usages et des formes.

Zone N1 Ilot naturel Boisement préserver Zones AU1

à

Carte simplifiée : plu Septèmes


4.2. Des chemins entre vallons et collines


S’accrocher au GR et marquer le territoire Nous avons vu l’importance de l’ouverture des espaces. La traversé des sites est la condition sine qua non de la rencontre et du dialogue. Elle structure naturellement les projets à venir : forme d’épine dorsale qui ouvre et questionne les espaces rencontrés. Comment constituer ce réseau de chemins ? La proximité du GR13 est un atout. Ce cheminement récent permet une mobilité à travers les paysages de la métropole, un voyage sans hiérarchisation des ambiances traversées. So exemple montre combien il est possible de relier des sites extrêmement variés, et de permettre aux hommes de traverser à nouveau ces grands espaces. Oscillant entre paysages sublimes et zones en attentes, traversant friches, sites économiques et lieux patrimoniaux, le sentier de Grande Randonnée est un serpentin qui s’appuie sur le contraste du territoire, et le montre. C’est ce qui fait sa richesse et son succès. En s’appuyant sur ce «huit» métropolitain, on peut chercher les autres formes de cheminements présents sur la commune et dessiner d’abord une mobilité transversale : Nerthe/habitat,/Etoile, pour ainsi redessiner une connexion perdue. Le chemin de Saint-Jacques de Marseille à Arles et le Terraou permettraient aussi de relier les deux massifs. Et d’autres possibilités apparaissent : voies communales, chemin de défense contre les incendies, sentiers au pied des pylônes électriques... Un ensemble de chemin se dessine, qui pourrait traverser des zones contrastées, des milieux divers, mais aussi orienter les prochains aménagements, dans leur forme, une fois mis en lien avec les perspectives exposées dans le PLU.

LE GR13 : un huit qui donne à voir le territoire

De plus, ce réseau nouveau permettrait de retrouver une communication entre certains quartiers de Septèmes-les-Vallons, aujourd’hui déconnectés. Cependant, la grande variété des routes et des sentes implique, peut-on penser, des modes de gestions différents : communauté de communes, commune, associations de randonneurs, pompiers,... Et donc des outils différents - du Caterpillar à la bêche.

Le chemin de Saint-Jacques en Provence, source APCSJ


Prendre appui sur les cheminements existants

Chemin de Saint-Jacques de Marseille à Arles

Chemin de traverse

voie DFCI Passage passerelle)

(pont,

Parcours sportif

R é s e a électrique

GR 13

Carte présentant les cheminements existant sur la commune et leurs caractéristiques, 1/5000

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Une nouvelle mobilité qui montre la commune et relie les massifs Après analyse, voici le réseau de chemins envisagé dans ce projet. Il est constitué en fonction des sites stratégiques des hauteurs et des éléments de la ville. Il oscille entre haut et bas et permet, au minimum, de pratiquer des espaces variés, à l’image du GR13. En outre, dépasse Septèmes-les-Vallons l’intercommunalité.

les frontières de pour raccorder

Le tracé présenté ci-contre est réalisé à partir d’observations sur site et présente des hypothèses de sentiers. Ceux-ci, comme précisés plus haut, s’appuient sur des chemins existant, mais aussi sur des sites urbanisés, naturels, ou remarquables qui en forment les carrefours. Car, si les milieux naturels sont variés, ainsi que les vues, il en est de même pour les formes urbaines et l’animation qu’elles proposent.

kilomètre Première hypothèse de cheminement, 1/2000

S’appuyer sur l’existant et concevoir des carrefours


Ci-dessous, les points stratégiques du paysage ressources structurent le cheminement. Pour une meilleure gestion des usages et des sites, ces derniers sont devenus des carrefours : lieu de halte, belvédère, îlot jardiné, gîte...

P a y s a g e ressource, s i t e s stratégiques

De même, la recherche de l’animation urbaine pousse à rechercher des «carrefours» en ville. Il peut s’agit de places publiques, de la gare, de l’école, la bibliothèque, le centre commercial, un arrêt de bus ou un quartier. Ainsi, on tente de faciliter les parcours entre ces quartier, en proposant de raccourcis piétons.

F o r m e urbaine variées p l a c e s carrefours

s s , ,


.2 De la Nerthe à ’Étoile : hypothèses

Les pages suivantes proposent l’illustration d’un possible cheminement basé sur le réseau présenté plus haut. Nourri par les réflexions successives autour de la «rencontre avec le lieu», la démarche jardinière et les évolutions probables des sites rencontrés, ce projet tente de proposer des réponses formelles à la déconnexion des hauteurs d’avec la ville. Il propose aussi des usages variés, toujours disposés à améliorer la rencontre avec les lieux, et leur mise en valeur par les pratiques permises. L’objectif principal est de proposer à l’habitant, au gestionnaire et au pouvoir politique, des outils d’aménagements rudimentaires, permettant de retrouver des échanges entre toutes les dynamiques présentes : économie, écologie, territoire, ville... C’est le cheminement en vert, ci-contre, qui semblait la plus efficace illustration de ces concepts, puisqu’il permet la réinvention du lien perdu entre Nerthe et Etoile. Cette traversée passe par des ambiances différentes que nous allons montrer ici.


Début En rouge :le réseau de chemins proposé, En vert : lasection choisie pour ce développement


Le récit commence ici, sur la partie ouest de la Nerthe, entre deux communes, sur le GR13. L’entrée de la pinède, aujourd’hui très floue et objet de nombreuses dégradations, fait face à un quartier calme. Dans notre démarche économe en gestes et ne matière, il s’agit simplement de marquer l’entrée de la pinède et le début du cheminement que nous allons suivre. Le sujet des bornes de pierre, qu’évoque même le nom de la commune, devient un repère pour le promeneur et caractérise cette entrée.


Depuis le GR 13, à l’ouest...

Etat actuel

A proximité de l’habitat pavillonaire, la frange avec la forêt est très mal signifiée. Il s’agit de travailler cette épaisseur dans laquelle notre chemin pénètre. On trouve désormais un site terrassé où se dresse une tour en béton (ou bois). Ce belvédère reprend la forme des cheminées «rampantes» du procédé Rougier ou de l’ancien four à chaux. Cette construction vise à marquer ce sommet. En effet, c’est l’unique éminence de la commune qui n’est pas coiffée d’un objet architecturé. Bien sûr, elle marque le sentier, mais elle est aussi très visible depuis l’autoroute A7 qui se trouve cinq cents mètres en contrebas, et incite les automobilistes à prendre conscience de la présence proche de la commune.

Un sommet désormais «marqué


Etat actuel

La forêt traversée est aujourd’hui très dégradée. La strate arbustive a presque disparu et de nombreux troncs ont chu et pourrissent au milieu des sentiers. La gestion de ce boisement pourrait cependant s’orienter sur la régénération de quelques parcelles, encloses, et la reconstitution d’un couvert dynamique. Ceci par des dispositifs de restauration du sol, de restanques et une surveillance aiguisée du site. La traversée de la forêt est un moment d’intimité, le grand paysage est absent et les sens sont en éveil.

Forêt régénérée


Etat actuel : flou et intimité

Hypothèse Nous avons parlé de certains lieux ayant vocation à accueillir des ateliers de jardinage collectif. Les combes présentes dans le bois sont propices à ce travail. Elles présentent plus spécifiquement de nombreux déchets de constructions, lieux oubliés et considérés comme des décharges. Une équipe de dix personnes mettrait environ deux jour à aménager cette combe, en réutilisant les matériaux présent sur place. Un travail de nettoyage (râteau), de tri et de taille de quelques jeunes pins suffirait déjà à la rendre bien plus accueillante.

Hypothèse


Rejoindre la Triangle de Septèmes

Au sortir de la pinède, les anciennes parcelles du bord de l’autoroute, brûlées et saccagées, sont très peu hospitalières. Leur fragilité réside dans l’abandon dont elle sont victimes. Entrée de la commune, elles ne présentent aujourd’hui aucun intérêt particulier, ni pour le voyageur de l’autoroute ni pour l’habitant. Dans le projet (cf. page ci-contre), ces parcelles font désormais place à un talus pâturé, et entretenu. Prenant appui sur le sentier existant sur les hauteurs et sur un passage sous-terrain menant au Triangle de Septèmes et aujourd’hui très peu utilisé, un chemin ombragé voit le jour. Le nouveau chemin connecte la pinède au Triangle, tout en imposant une préoccupation intéressée pour ce piémont de la Nerthe.

Etat actuel


Lisière renforcée

Illustration de projet

Chemins plantés

Passage sous l’autoroute (existant)


L’approche de l’autoroute est ainsi adoucie. On se dirige vers le fameux Triangle de Septèmes-les-Vallons afin d’atteindre la Colline électrique que l’on entrevoit. Ce chemin, constitué d’une grave grossière, produit des clapiers proches concassé sur place, est bordé de variétés d’arbres et d’arbustes propres à la garrigue. L’arythmie de ces palissades très poreuses permet d’entrevoir le paysage alentour tandis que l’on s’approche de l’autoroute, tout en gardant un effet de couloir. Cinq ans après le temps de la plantation, le troupeau du chevrier présent sur la commune peut être appelé afin de retailler les arbustes présents. Ceci permet d’une part d’éviter une végétation trop basse et dense que pourrait apprécier le feu, mais aussi de donner aux végétaux un port autrefois traditionnel dans les collines.


Par la Colline Electrique Hauts de Septèmes

Chemin de la Bédoule

Ancienne Redoute

Centre-ville

Poste Electrique

Champ de pylônes alt :277m

V o i e SNCF

500 m En suivant un chemin (aujourd’hui inusité mais existant) on propose de traverser le Triangle de Septèmes, endroit singulier, pour rejoindre le chemin de la Bédoule, au pied de la colline électrique. Là s’étend un nouveau quartier. Le Triangle devient ainsi le support de mobilités douces et affirme son statut de carrefour.


Aujourd’hui, le chemin de la Bédoule ne présente que peu d’intérêt. C’est un lieu de passage bruyant, itinéraire bis où les véhicules glissent rapidement. Ce qui était autrefois une voie sur-calibrée, ponctuée de quelques maisons et d’un imposant poste électrique ...

... devient la rue principale, et recalibrée en zone de rencontre, d’un quartier qui s’inspire des formes que l’on trouve de l’autre côté de la colline, le long de la N8. Selon le Plan Local d’Urbanisme, cette zone a vocation à accueillir de l’habitat, mais la question des formes urbaines restait imprécise. La disparition programmée du dispositif électrique a laissé une place vacante qu’occupe désormais un bout de ville, moyennement dense. Ce «village rue» équipé de mobilier urbain et de quelques commerces rend cette zone plus vivable. On entend l’autoroute très proche, mais la différence de niveau permet de l’oublier. Nous continuons notre cheminement vers la colline, à travers d’autres parcelles habitées, selon la configuration suivante :

Vue de la N8, de l’autre côté de la colline Un «village rue» au pied de la colline


H a m e a u nouveau

Les Hauts de Septèmes

La madrague, Marseille Voici une relecture des préconisations du PLU sur ce flanc ouest de la Colline Electrique. Un mélange de petit collectif et de pavillons, s’échelonnent sur un jeu de terrasses-jardins, structurés par le chemin «qui monte dans la colline». L’accès aux hauteurs structurant ce nouveau quartier. La colline s’impose ainsi comme une espace potentiel de liberté et un paysage naturel proche. Un seuil, en haut de la rue principale, permet de continuer le long du chemin pour traverser une zone de pâturages et gagner le sommet proche.

Impasse "Va à la colline"

Parcours

Seuil

Bande de défense


Ces pâtures, ici en vert clair, rappellent d’abord le passé agricole des collines, et créent de l’animation pour les habitants. Elles sot inpirées par la présence, actuellement, d’un troupeau sur la commune, mais aussi par la multiplication des activités de «bergers sans terre» autour du Massif de l’Etoile. Cependant leur autre fonction est de prémunir l’habitat (et la colline) du risque incendie. Cette bande anti-incendie revisitée permet un rapport plus doux au domaine sauvage que l’on trouve plus haut.

Les Hauts de Septèmes

Champ pylônes

de

Chemin

Emblavures orientées selon les vues

Chemin de la Bédoule

Des voies de ce type qui «vont à la colline» se retrouvent au pied du Massif des Calanques, à Marseille. Se sont habituellement les entrées favorites des randonneurs (cf. Grotte Roland). Le chemin traversera ensuite un deuxième seuil, un bosquet large qui marque l’accès à la garrigue, au belvédère naturel qu’est la colline, et au «champ de pylônes».

Redoute

Deuxième seuil : b o s q u e t dense A7 N o u v e a u lotissement


Illustration : le nouveau quartier et son chemin «Qui va à la colline»


Vers le champ de pylônes La présence des pylônes est de plus en plus forte. Voici le seuil entre les pâturages et la garrigue soignée du sommet. Le poste électrique de Septèmes étant voué à disparaître à moyen terme, il s’agit de garder les structures issues de l’arrivée de l’électricité, en 1936, en les considérant comme un patrimoine remarquable. Les plantations jouxtant le chemin sont hautes, leur gestion revient aux services municipaux. Ce couloir rectiligne prend fin à l’endroit de l’entrée dans la garrigue, alors que le chemin se rétrécit. Au printemps, ces amandiers précoces se parent de fleurs blanches.

Le chemin qui monte aux pylônes, seuil entre parcours de troupeau et colline


Les hauteurs sauvages et jardinées

Aujourd’hui ce sommet est extrêmement sauvage et somptueux. Le projet s’appuie sur ces caractéristiques : Bien qu’un sentier soit taillé à même les Chênes Kermès, tout devient plus sauvage. Ce travail de jardinage est l’œuvre d’habitants et de chasseurs qui entretiennent le site. Il mène à plusieurs lieux étonnants. Notamment un travail d’emblavures disposées au pied des pylônes et permettant de sortir des «couloirs» pour admirer des vues orientées. Plus loin, les jardiniers, lors d’un atelier, collectif, ont récupéré les pierres des murets ruinés pour orner un pylône abandonné. Lieu de repos pour le marcheur, et de régénération pour les buissons et arbustes, cet îlots propose quelques amandiers, des oliviers et des sorbiers.

Jardinage collectif des hauteurs sauvages, avec les pylônes comme élèments structurants


Arrivée sur chemin de crête, borné de blocs calcaires.


La redoute

Relevé des fondations

La Redoute de Septèmes, fortification basse et allongée, a peut-être servi à protéger les contrées proches des épidémies de peste qui s’abattaient sur Marseille. On sait qu’elle a servi lors de deux batailles. Cependant, elle se résume aujourd’hui à des fondations larges, perdues dans le kermès.

Hypothèse d’aménagement 1 , un chemin large raccorde la Redoute au quartier des Hauts de Septèmes

La terrasse qui donne sur la ville

Le projet en fait un belvédère en terrasse, auquel on accède par des chemins latéraux, et qui donne sur la ville de Septèmes, ou plutôt le centre-ville. On est enfin en contact visuel avec le Massif de l’Étoile. Les fondations de la Redoute sont préservées, mais un travail de terrassement vient les enrober pour permettre une déambulation.

La Redoute aujourd’hui

Hypothèse 2 : un sentier intime escamote le belvédère


Colline rongĂŠe

Fabriques

Place de la Mairie

Vue sur le centre-ville depuis la Redoute

entrĂŠe du jardin d e s rampantes

Centre culturel

Vallon Maire

du


Redescente vers la ville

Chemin descendant de la colline à la ville

Aujourd’hui, aucun aménagement ne permet un accès de la Redoute à la ville. Cependant, une opportunité est là : non loin, la voie SNCF s’enfonce dans un sous-terrain, offrant une traversée sans risque. Projet : La descente vers la ville se fait rapidement par un chemin simple. Celui-ci est composé de résidus de carrière, soutenus en travers par des poutres IPN. Ces dernières font référence à la voie SNCF, invisible.


Etat actuel Escalier

Un simple escalier en acier permettra alors de rejoindre l’animation urbaine du centre, sur la Nationale. Le contraste issu de la traversée des colline est notable. On a désormais le choix : rejoindre la fraîcheur de la place de la Marie, ou bien continuer la traversée vers le Massif de l’Etoile désormais proche.

L’escalier qui permet d’atteindre le centre-ville et de rejoindre l’animation urbaine.


En vert : la traversée d’une ancienne allée de bastide pour rejoindre l’Ancienne Eglise Nous continuons donc ce voyage en passant dans une ancienne allée de bastide plantée de platanes. La proximité d’un ruisseau est évidente, et on observe ces bornes (existant), posées là depuis une époque lointaine. On en trouve six, toutes en calcaire, dressées aux abords de l’ancienne propriété.

Eglise

Ensuite, nous empruntons l’escalier, existant, au-dessus du parking pour rejoindre l’Ancienne Eglise, et nous dirigeons vers ces étranges cheminées que nous apercevions depuis la Redoute.


Le «jardin des rampantes» : un parc public entre Septèmes-les-Vallons et l’Étoile Lors de la phase d’analyse, nous avons émis plusieurs hypothèses concernant l’avenir du site des cheminées rampantes. Pour clore le parcours, la partie qui suit propose d’y aménager un jardin public en contact direct avec le passé de la ville et les formes végétales qui y ont élu domicile. Projet souhaitant d’une part répondre aux questions qui se poseront lors de la reconversion du site, aujourd’hui pollué, mais visant aussi à composer un «jardin-seuil» marquant le paysage entre centre-ville et massif somptueux de l’Étoile.

Dessin d’exploration (mai 2014)


Mise en place du dispositif de régénération du site

Une analyse du site montre comment les concepteurs du procédé Rougier ont utilisé les courbes de niveau pour organiser l’extraction des fumées polluées. Ils ont fait de même lorsqu’ils ont positionné les déblais de scories au nord. Cependant, on peut remarquer le ruisseau, à l’ouest, qui reste le vecteur d’un écosystème fragile et subit peut-être la pression d’une eau polluée s’écoulant du vallon des Fabriques. Cette configuration particulière pourraitelle guider un procédé accompagnant la dépollution du sol, par stockage gravitaire des eaux, et sur lequel un jardin pourrait voir le jour ? C’est l’hypothèse formulée ici.

A. Relevé : composition des cheminées (en bleu) et des scories (en rouge)


Les flèches indiquent les pentes naturelles du site, que croisent transversalement les canaux des cheminées et les scories. On peut imaginer combien le transport des scories peut être fort lors des pluies automnales. L’écoulement des eaux rejoint directement la nappe phréatique du ruisseau.

B. Pentes naturelles et écoulement des eaux polluées


On peut évoquer l’idée d’utiliser ces pentes et les canaux comme un filtre des eaux de pluie (et d’arrosage). Un procédé Rougier inversé qui conçoit les canaux non comme des cheminées mais comme des drains.

C. S’appuyer sur le dispositif Rougier et les pentes pour récupérer les eaux


Si l’on pouvait utiliser les canaux des cheminées comme système de drainage idéalement conçu sur les courbes de niveau on pourrait imaginer une reconvertion du système. L’adjonction de drains supplémentaires, sur la partie nord (lieu de stockage qui ne possède pas de cheminées), permettrait de récupérer l’eau s’écoulant sur les pentes et de la stocker dans des bassins d’épuration. Ceci afin de la mettre en attente et de permettre aux dépôts lourds de s’y déposer, ou bien d’utiliser la phyto-rémédiation en partie basse, près de la route et devant les bâtiments .

D. Dispositif de récupération avec drains (bleu clair) et bassin


Temps 1 : Remblais et terrasses

Sur cette structure de filtre inversé, avec ses drains et ses bassins, un jardin se dessine. Cependant, l’évolution du jardin dépendant de l’arrêt progressif de l’activité du site, des travaux de dé-pollution des bâtiments et d’autres contraintes, on a décidé qu’il se constituera en trois phases. La première consiste à proposer, sur le site des cheminées rampantes, au sud,un parcours conduisant au massif à travers ce patrimoine remarquable. Ainsi, on procède en mettant en place un système de remblais de terre végétale appuyés sur les canaux existants - nouveaux drains-, et supportant des cheminements ouest-est. Un jardin de terrasses apparaît. Il se nourrit du couvert proche pour proposer des ambiances ombragées avec des vues dégagées au nord, vers la ville Septèmes. Les cheminées structurent, jalonnent ce jardin et ses parties. Elles deviennent le support d’une animation.

Consitution d’un jardin autour du nouveau système


Temps 2 : un parc à proximité du centre


Peu à peu, le jardin se constitue selon ce processus de recolonisation des espaces industriels. Les bassins sont construits et un cheminement panoramique apparaît.

Jardin sec

Entrée de ville E n t r é officielle (bassins)

e

Cependant, on se posera la question de la traversée des merlons de scories, au nord. Ces derniers, très pollués, seront donc recouverts d’une couche imperméabilisée et serviront de support à des plantations basses.

Jardin frais

En même temps que le jardin colonise le Vallon des Fabriques, plusieurs ambiances apparaissent :

Jardin de clairière

Au jardin en terrasses des cheminées, nous pouvons ajouter le thème du jardin humide autour des bassins de décantation situés au niveau zéro du site.

Terrasses

De même, la configuration du sol permettrait de créer un jardin «frais», à l’arrière des bâtiments, dans une partie excavée du site. Enfin, là où aujourd’hui rampent les merlons pollués gris-jaunes, au nord, l’orientation naturelle permet d’imaginer un jardin sec.

Belvédère (aire de stockage)

Centre-Ville


Mur en pierre sèche

Passage

D r a i cheminée

n

Remblais

D r a i cheminée

n

Coupe de principe du jardin des Rampantes, avec Evocation drains, en coupeterrasses du jardinplantées des Rampantes avec système et cheminements. de drains, terrasses plantées et cheminements.


jardin remarquable

Abri

BelvÊdère


Jardin sec Anciennes Usines

Illustration de l’ambiance depuis les terrasses

CheminĂŠe Rampante

Jardin de chasse



D r a i CheminĂŠe

n

Mur en pierre sèche

Remblais


Mur en pierres sèches

Plantations

Coupe du jardin des Rampantes, jardin de la clairière.


Sensibiliser : les «Cahiers d’Action»

Les phases d’une analyse et la démarche conceptuelle du projet sur les aménagements rudimentaires peuvent permettre de mettre en place un outil de partage autour des paysagesressources de Septèmes. Les « cahiers d’action » figent en quelque sorte ce moment d’arpentage et visent à indiquer au visiteur du site tout son potentiel. Mais ils ouvrent aussi les sur possibles futurs du site.

Ils peuvent être distribués, pour familiariser le visiteur avec les lieux et préparer une concertation autour des futurs aménagements, mais aussi pour l’inciter de visiter de luimême ces lieux. Les informations y sont exposées sans hiérarchisation : - une approche patrimoniale des lieux, - les qualités du paysage traversé - ses potentialités - des dessins de projet - une cartographie sensible Ainsi, ces cahiers trouvent une place particulière, entre la réalité du paysage, la prospective et l’imaginaire. Ils constitueraient sans doute un médium de sensibilisation, à la fois guide et récit, permettant à chacun de s’inscrire dans ce moment de réflexion sur l’avenir communal. Théoriquement, ils servent à provoquer des réflexes d’éveil, de dialogue avec le lieu, et suscitent la rencontre intime, imaginaire, nécessaire à la considération pour des sites oubliés.

Premier cahier d’Action


Exemple d’un cahier d’action : dépliant à emporter sur le site, sorte de carte au trésor, Rampantes


Conclusion(s)


La commune de Septèmes-les-Vallons, avec ses paysages, son histoire, ses particularités, se trouve aujourd’hui tenaillée entre des logiques métropolitaines et des nécessités locales. Nombreuses sont ses consœurs à vivre le même phénomène. Non que la métropolisation soit néfaste, mais son penchant pour une certaine forme de féodalisme oblige aujourd’hui les petites communes à émettre une onde de résistance et à prendre position dans leur politique d’aménagement. Nous savons qu’un paysage peut être à la fois décor et ressource. C’est aussi un parchemin vivant sur lequel on peut lire le passé, l’inconscient d’un territoire, et bâtir son avenir. Les dos-verts de Septèmes ont été préservés jusqu’ici, mais à quoi bon les laisser sombrer dans un oubli alors qu’ils ont tout pour rendre de grands services à la communauté ? Les contraintes du foncier, de la propriété et de l’économie, fragmenteront ces espaces jusqu’à constituer un archipel encore plus déconnecté. Cependant, il est probable que ce paysage-ressource puisse servir le loisir et l’édification des habitants autant qu’un autre dispositif plus complexe, et qu’il ne soit pas épuisé avant des lustres. Nous avons vu que la question des relations ville-nature dépend en grande partie des facultés de résilience de ces espaces. Mais il s’agit aussi de considérer comme un milieu unique la ville et ses environs. Et les lieux où les interactions habitant/ collines sont nécessaires à la préservation de ces espaces. La rencontre avec le lieu peut être suscitée, accompagnée par le concepteur et les décideurs, permettant de nouveaux usages et une relation complémentaire entre habitat et paysage.

La question générale de la prise en main des communes, intégrées au développement métropolitain, ne doit pas se situer dans une lutte entre évolution urbaine et sanctuarisation des espaces naturels (comme sur le pourtour du Parc des Calanques), qui serait une espèce de jeu de dames tendant à vider les paysages de leur essence. Elle doit permettre de réinventer, avec la matière des sites, ces nouveaux rapports, en prenant en compte les échanges possibles, fertiles, entre l’habitant et ces paysages-ressources. Ceci n’est pas incompatible avec un développement économique ni avec une densification de la ville. Reste aujourd’hui à mettre en place une négation à plusieurs échelles, transcendant les documents de développement à l’échelle du grand territoire et se nourrissant des besoins cruciaux des communes. En temps de crise, il est envisageable que les réponses aux question de la gestion des paysages proviendront d’usages locaux et d’inventions «jardinières» adaptées au contexte de la petite échelle. Tant dans la ville qu’à ses abords. L’objectif de ce diplôme était de tenter de mener ces réflexions à l’échelle d’une commune, avec les outils acquis à l’École Nationale Supérieure du Paysage. Il s’agissait aussi de mettre en place une méthodologie personnelle d’approche de ces problématiques.

Ce projet a tenté d’utiliser diverses entrées, théoriques et pratiques, pour poser la question de l’intérêt de l’esprit jardinier dans un contexte économique et territorial complexe. Considérant que la rencontre avec le lieu reste un facteur important de reconnaissance réciproque entre homme et nature.

La transversalité expérimentée ici, entre des sujets si divers, n’est pas complètement aboutie. La suite du diplôme consistera, en partie, à continuer cette prospection sur les communes jouxtant le Massif de l’Étoile, pour établir des comparaisons. La mise en place et l’expérimentation d’ateliers de jardinage dans les collines serait la prochaine étape. Ainsi que la production de cahiers d’exploration donnant aux communes et aux habitants de nouveaux outils d’imagination.

L’hybridation des matières, des histoires, des dynamiques et des usages, mise au service de fonctions sociales et de préoccupations écologiques, pourrait certainement permettre de répondre à la problématique des relations ville-nature, de façon localisée et économique.

De même une réflexion sur le concept de «prototopes», aménagements rudimentaires entre ville et nature, a été volontairement écartée ici. Mais elle se poursuit avec des expériences menées, notamment, sur le site des Collines Blanches, près de Saint-Pons.


Index


Prototopes

Prototope : 1. Endroit où l’on rencontre le paysage 2. Geste de négociation avec ce lieu 3. Manifestation qui en découle : objet, modifications, jardin

L’idée des prototopes, découle de l’expérience de Forlcalquier. Les « prototopes » évoquent d’abord l’idée de rencontre. Et notamment sous plusieurs formes : - La première rencontre avec un lieu, la confrontation initiale durant laquelle se forme une intimité. Chose que tous vivent au quotidien. Par extension : la construction du génie du lieu par le visiteur. Et la question : quels sont les caractères qui suscitent ce saisissement ? Qu’elles en sont les raisons profondes ? C’est le prototope dans le ressenti.. - Le geste premier d’aménagement, économique et contraint : jardin, chemin, chose artistique. En tant que rapport concret au site, rencontre physique, participation au lieu. Ce geste est-il légitime ? Quelle est son essence ? Tout en considérant encore une foi que ce geste s’inscrit dans une série, et qu’il la prend en compte naturellement. C’est du moins ce que j’ai pu expérimenter. Et qu’on peut donc en conclure qu’il est une sorte de prémisse d’un langage, un prototope symbolique. - L’aménagement qui découle de ce geste, l’objet : temporaire, minimum, avec ou sans fonction. Ce prototope, ce premier pas, n’a pas de vocation réelle, en ce sens il peut être un avant-lieu, une ébauche. En considérant qu’il devient à son tour une trace, un rudiment, qu’elle est son influence ? Avec cette question cruciale: cet aménagement peut-il provoquer, chez d’autres, un intérêt particulier pour le lieu ? Le « révèle »-t-il vraiment ? Mon questionnement de fond est simple, peut-être simpliste : comment susciter l’apparition d’un lieu, d’après l’effet que procure la rencontre, et mettre en place des rudiments d’aménagement qui ne le figent pas, mais qui pourraient, au contraire, susciter de nouveaux rapports des visiteurs futurs au lieu ? Ceci dans le contexte plus global de sites aujourd’hui abandonnés, menacés, oubliés, dans lesquels on pourrait utiliser ces prototopes comme les rudiments de nouveaux rapports


Panneaux Panneaux réalisés dans le cadre des journées du patrimoine, pour la commune de Septèmes-lesVallons. Ils s’inspirent de ce travail et de l’idée des cahiers d’action. mesures : 120x80



Collaboration au coeur des collines Travaux collectifs avec la Société de Chasse de la Nerthe, ENSP, Wagon Landscape.Semaine du 22 au 26 novembre 2010 Mise en place de dispositifs de stockage d’eau, plantation ONF, structures... Un exemple de coopération au coeur des collines entre étudiants, chasseurs et paysagistes


Bibliographie OUVRAGES Berque, A., La Mouvance : du jardin au territoire, cinquante mots pour le paysage, Paris, Éditions de la Villette, 1999 Berque, A., Écoumène, introduction à l'étude des milieux humains, Paris, Belin, 2000 Berque, A., Milieu et identité humaine. Notes pour un dépassement de la modernité, Paris, Donner lieu, 2010 Berque, A., De Terre en monde Capek, K., L'année du jardinier, 10/18, 1999 Cauquelin, A., L'invention du paysage, Paris, PUF, 2000 Clément, G., Jardins, paysage et génie naturel, Paris, Collège de France/Fayard, coll. "Leçons Inaugurales du Collège de France", 2012 Girardin, R-L de, De la composition des paysages, Paris, 1777 Harrison, R., Jardins, Poche, Le Pommier, 2010 Lieutaghi, P., Petite ethnobotanique méditerranéenne, Actes Sud, 2006 Mallet, R., L'optique des jardins, Ulmer, 2009 Norberg-Schulz, C., Genius Loci, Mardaga, 1997 Pasti, U., Jardins, les vrais et les autres, Flammarion, 2013 Ponge, F., Le parti pris des choses, Bernard Lacoste, Paris, 1994 Précy, J. de, Le jardin perdu, Actes Sud, 2010 Seigue, A., La forêt circumméditerranéenne et ses problèmes, Techniques agricoles et production, ACCT, 1985 Dir. Viard, J., Marseille ou le présent incertain, Actes Sud, 1985 Viard, J., Eloge de la mobilité, essai sur le capital temps libre et la valeur travail, Editions de l'Aube, 2006 Zola, E., Les mystères de Marseille, Ed. Jeanne Laffitte, 2010 Jacques Simon, Bernard Lassus... ARTICLES Revue Jardins, M. Martella, Le génie du lieu, 2013 MEDIAS Boutet, A., Le plein pays, Opitz, F., Speed, à la recherche du temps perdu


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