Annexe 1 morphologie urbaine rectoverso

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MORPHOLOGIE URBAINE Agathe Giraud & Jade Maridort

ENSAPB PFE Édifice et Pré-existence Janvier 2018


Un quartier issu de l’Aggrandissement

En 1666, la politique urbaine du pouvoir royal mise majoritairement sur son économie. Le principal enjeu est le développement du commerce extérieur en corrélation avec la floraison portuaire. Beaucoup de villes naissent alors de chantier naval comme Brest, Lorient ou Rochefort. En parallèle, Marseille, elle, s’agrandit et franchise son port qui devient sujet à une opération d’extension urbaine dés 16671. Le quartier de Belsunce se situe dans la zone nord est de cet agrandissement et représente environ un quart de la superficie englobée par les nouveaux remparts. Belsunce s’inscrit alors dans un système triangulé : deux tridents le pénètrent au niveau de la porte de Bernard du Bois et de la porte des Fainéants. À l’ouest, sur l’emprise des anciens remparts, se trouve à présent un Cours qui devient rapidement l’épine dorsale de ce nouvel ensemble urbain. Le caractère « spontané » de la croissance marseillaise à la fin du XVIIe siècle force la ville à déborder de ses murs et donc de venir urbaniser Belsunce, qui n’était habité jusqu’alors que par des couvents de sœurs.

1 CHANCEL, J-M., Urbanisme et morphologie architecturale : la génèse d’un processus moderne. Le quartier Belsunce : une étude de cas à Marseille, Unité pédagogique d’architecture de Marseille, Juin 1978

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Comment à travers l’occupation du sol, peut-on venir réconforter ce réseau viaire si important à Belsunce ?

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Comment rendre à Belsunce les outils adéquates pour un usage paritaire de ses espaces publics ? Dans quelles mesures ces espaces peuvent-ils être appropriables et spécifiques ?

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Belsunce est donc une figure de ville particulière dont l’empreinte témoigne des évolutions urbaines de la ville. Mais ces époques semblent parfois être en confrontation. Comment parvenir à inscrire Belsunce dans une histoire urbaine contemporaine en respectant son héritage et ses composantes ? Comment revaloriser une unité presque enclavée par ses limites et lui donner l’opportunité de s’exprimer dans un centre-ville de Métropole ? Les vides parfois résiduels de la figure viaire de Belsunce constituent les espaces publics du secteur. Leurs usages contemporains se résument bien souvent à une colonisation de tables de chaises des commerces alentours. Dans un Belsunce où domine une culture maghrébine, la présence des hommes en extérieur est largement dominante. Contrairement aux femmes, les hommes ne traversent pas l’espace public mais l’occupent. Reste à savoir qu’elle est l’influence de ces deux attitudes vis-à-vis de l’autre, et si l’une n’est pas même la conséquence de l’autre . Ceci étant, l’ambiance de Belsunce devient clairement une ambiance masculine, transformant l’espace public en un espace genré. Mais ceci n’a pas toujours été le cas. Pour des questions foncières, Belsunce abritaient, du XIIIe au XVIIIe siècle, de nombreux couvents de religieuses. C’était un quartier de Béguines où la présence masculine n’était pas autorisée . Les noms des rues en témoignent : rue des Dominicaines, rue des Récollettes, rue des Capucines, rue des Petites Maries … Aujourd’hui, malgré une présence féminine dans la nomenclature de cet espace urbain, la parité semble être quelque peu écrasé sous le poids d’un usage masculin presque exclusif.

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>>> La morphologie de Belsunce et sa toponymie

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Le Cours Belsunce et ses ilots-masques

>>> Gravure du cours Belsunce lors de la peste de 1720

Avant l’agrandissement, l’espace du cours Belsunce était composé de vastes vides de part et d’autre du rempart. Appelés « lisses », elles séparaient la ville (à l’ouest) du faubourg des Roubauds (à l’est). Le front bâti qui faisait « La supérieure (du couvent des face aux murailles s’orRecollettes) nous a représenté donnait en un système qu’elles sont reçues de grands de redents, progresdommages à l’occasion de sant du nord au sud. l’agrandissement même dans Chaque croisement des leur jardin qui n’est qu’un petit lisses avec une rue du potage, lequel est privé de so- faubourg était marqué leil pendant une grande partie par un retrait vers l’est du jour à cause de la bâtisse et des façades. Le cours élévation des maisons du Cours fait aujourd’hui 40m (…) » 1688 dans DUROUSSEAU, de large. À l’époque, l’espace entre les murs ibid. de la ville et le faubourg des Roubauds était de 60m. La création du Cours n’a pas nécessité la destruction d’îlots existants mais bien la création d’îlot-masques1 haussmanniens permettant de recréer un alignement en accord avec le nouvel espace

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1 DUROUSSEAU, T., Belsunce, une figure de ville, Atelier du Patrimoine de la ville de Marseille, EDISUD, 1990

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Comment à travers l’occupation du sol, peut-on venir réconforter ce réseau viaire si important à Belsunce ? Belsunce est donc une figure de ville particulière dont l’empreinte témoigne des évolutions urbaines de la ville. Mais ces époques semblent parfois être en confrontation. Comment parvenir à inscrire Belsunce dans une histoire urbaine contemporaine en respectant son héritage et ses composantes ? Comment revaloriser une unité presque enclavée par ses limites et lui donner l’opportunité de s’exprimer dans un centre-ville de Métropole ? Les vides parfois résiduels de la figure viaire de Belsunce constituent les espaces publics du secteur. Leurs usages contemporains se résument bien souvent à une colonisation de tables de chaises des commerces alentours. Dans un Belsunce où domine une culture maghrébine, la présence des hommes en extérieur est largement dominante. Contrairement aux femmes, les hommes ne traversent pas l’espace public mais l’occupent. Reste à savoir qu’elle est l’influence de ces deux attitudes vis-à-vis de l’autre, et si l’une n’est pas même la conséquence de l’autre . Ceci étant, l’ambiance de Belsunce devient clairement une ambiance masculine, transformant l’espace public en un espace genré. Mais ceci n’a pas toujours été le cas. Pour des questions foncières, Belsunce abritaient, du XIIIe au XVIIIe siècle, de nombreux couvents de religieuses. C’était un quartier de Béguines où la présence masculine n’était pas autorisée . Les noms des rues en témoignent : rue des Dominicaines, rue des Récollettes, rue des Capucines, rue des Petites Maries … Aujourd’hui, malgré une présence féminine dans la nomenclature de cet espace urbain, la parité semble être quelque peu écrasé sous le poids d’un usage masculin presque exclusif. Comment rendre à Belsunce les outils adéquates pour un usage paritaire de ses espaces publics ? Dans quelles mesures ces espaces peuvent-ils être appropriables et spécifiques ?

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urbain. Néanmoins, ces élévations sont sans relation avec l’arrière-tissu et les nouvelles façades tournent le dos au reste de Belsunce. Les maisons, les couvents situés sur la rue Vincent-Scotto et la rue des Récollettes disparaissent derrière le nouveau bâti. On plaque au quartier un nouveau décors dans le but d’atténuer ou même de cacher une différence tant architecturale que sociale. Les maisons qui faisaient face aux boulevards étaient d’un rapport plus considérable, « à l’occasion de la bâtisse des maisons du Cours elles sont à une rue traverse qui ne sert plus pour le commerce de plus que la rue a été levée leurs maisons se trouvent enterrées en ce qui les rend fort incommodes et endommagées »1. Cette mono-orientation accentue une limite en imposant un « avant » et réduit le cœur de Belsunce à devenir un « arrière ». Cette unité théâtrale du cours n’a-t-elle pas alors au contraire participé à une forme de ségrégation spatiale du quartier encore palpable aujourd’hui ?

>>> Les ilots masques 1 Rapport de 1684, f°234 dans Le quartier Belsunce : une étude de cas à Marseille.

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Les pattes d’oies et ses espaces publics

Dans un souci d’efficacité et d’économie, les nouveaux tracés viaires de Belsunce prolonge de courts chemins suivant le plan d’agrandissement de Marseille. La rue de la Fare, la rue longue des Capucins, la rue Royale, la partie est de la rue Dauphine et la partie Est de la rue Thubaneau forment ces tracés prolongés. En se développant par alignement et non par percement, le nouveau réseau se superpose et s’intègre à l’ancien par superposition. Ces rues sont des liaisons avec l’extérieur du fragment urbain que constitue Belsunce. Leur positionnement leur permet de proposer simultanément plusieurs points de fuite. On retrouve cette figure de patte d’oie uniquement sur chacune des trois anciennes portes de la ville de cette partie de l’Agrandissement. Ce qui donne à Belsunce l’originalité de son espace perspectif.

Place Bernard Dubois

Place des Capucines

Place Jean Guesde

Place Louise Michel

>>> Les pattes d’oies et leurs espaces publics

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<<< Avant-places et compositions locales

De plus, cette figure orientée articule généralement un faisceau de rues avec une avant-place. Les espaces urbains d’importance, places, boulevards restent à l’extérieur du fragment, il n’y a pas de centralité dans le quartier de Belsunce. Ces places issues du tracé triangulé historique ont perdu de leur prestance, les nouvelles constructions ne semble pas prendre en compte les perspectives du quartier. La place Bernard Dubois formée par la rue Bernard-Dubois et la rue des Petites-Maries est délaissé par l’escalier monumental de Senès et son environnement technique de sortie de parking. Il ne semble pas que les constructions récentes aient tiré un quelconque parti de la symétrie de la rue Bernard-Dubois avec la perspective de la rue des Enfants-Abandonnés. Les rues Sainte-Barbe et d’Aix formaient, il n’y a encore pas si longtemps, une autre patted’oie. Cette dernière était la principale à l’échelle de la ville mais les démolitions/reconstructions rendent aujourd’hui la figure du dièdre pratiquement illisible. Celle de la Place des Capucines avec le trident des rues Nationale, du Petit-Saint Jean et du Tapis-Vert reste la plus accomplie. Néanmoins, elle se trouve dans une perspective haussmannienne dont la place ne serait que le cul-de-sac. Les espaces urbains d’importance, places, boulevards restent alors à l’extérieur du fragment, il n’y a pas de centralité dans le quartier de Belsunce. Le vide urbain de la place de la Providence, est aujourd’hui remplacé par un parking voué à disparaître. Il marque un accroc dans le tissu urbain. Ce vide, laissé par la démolition des bâtiments, est situé à l’intersection des deux types de tracés qui ordonne les ilots de Belsunce : l’échiquier et les pattes d’oies. La rue du Petit-Saint-Jean, reliant perpendiculairement le Cours à la place des Capucines et perpendiculairement, la rue Longues-des-Capucins, véritable fibre neutre du fragment, qui traverse le quartier de Nord en Sud où elle se poursuit à la Cannebière. Au Nord la place est bornée par la rue Nationale, qui la relie à l’ancienne porte désormais signifié par la place des Capucines. Ce vide urbain n’a pas cours, et pour cause, à l’intérieur des limites de la figure, qui est bien une figure viaire.

Place de la Providence

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