L’ E S PA C E P U B L I C A U S E I N D E P R E V I ( L I M A ) de la pensée urbaine des années 60 à la réalité d’aujourd’hui
Mémoire de master en Architecture présenté le 31 Juin 2017
L’ E S PA C E PU B LIC AU SE I N DE PR EVI (LI MA) - de la pensée urbaine des années 60 à la réalité d’aujourd’hui présenté par Agathe G I R AU D
réalisé dans le cadre du séminaire: Territoire en projet: Architecture, Urbanisme et Paysage sous la direction de Frédéric BERTRAND et Philippe SIMAY
REMERCIEMENTS
Mes remerciements vont d’abord à Frédéric Bertrand qui, en tant que directeur de mémoire, a permis l’aboutissement de ce mémoire par son enthousiasme, ses références et ses réflexions. Merci également à Philippe Simay pour ses interventions dans le séminaire qui ont participé à enrichir ce travail de recherche. Je voudrais également remercier Peter Land et Shariff Kahat pour leurs correspondances qui m’a été d’une aide précieuse. Mes chaleureux remerciements vont particulièrement à Jorge Paez et sa famille, pour ses moments d’échanges, leurs accueils et leurs générosités et à la famille Crousse pour m’avoir gentiment ouvert leur porte. Ainsi, merci à Rafael, Victor et tous les autres habitants de PREVI pour leur hospitalité et leurs histoires qui ont donné une autre dimension à ce travail. Enfin, un grand merci à mes parents pour m’avoir permis de mener ce projet d’investigation à bout, de m’avoir fait confiance au Pérou et m’avoir soutenu à Paris, en particulier à ma mère pour sa patience et son temps.
I 5
AVERTISSEMENT 1.
L’ensemble
des
sources
associées
aux
documents
iconographiqus présents dans ce mémoire sont référencées en fin d’ouvrage. 2. Une frise chronologique accompagne ce travail, elle sert de référentiel à travers le développement du mémoire. 3. Un dépliant présentant les 26 projets urbains des 13 architectes péruviens et des 13 architectes internationaux est inclus à la fin de l’ouvrage. 4. La version papier contient des calques décomposant des plans urbains qu'on ne retrouvera évidemment pas dans la version interactive qui les remplacera par de simples images.
SOMMAIRE
INTRODUCTION
13
1. LA QUESTION DU LOGEMENT À LIMA
19
ET AU PEROU
I - Le phénomène de métropolisation a. L’exode rural b. L’habitat informel c. Nécéssité de création d’institution d’urbanisme et de logement
20
II - La diffusion des théories et idéologies modernes au Pérou a. L’influence culturelle et politique américaine b. Le FAM (Frente de Arquitectura Moderna), le groupe CIAM-Pérou c. El Arquitecto Peruano pour la diffusion des idées modernes au Pérou
28
III - Fernando Belaúnde (1912 - 2002) - Figure de la modernisation du Pérou a. Entre architecture et politique b. Les Unidades Vecinales de Lima c. Nouvelle relation avec Peter Land, architecteurbaniste
34
2. MISE EN PLACE DU «PROYECTO
45
EXPERIMENTAL DE VIVIENDA» - PREVI I - Devélopement du projet a. Projet pilote - acteurs et financement b. Les partipants c. Un site désertique
8 I
SOMMAIRE
46
II - Le programme du concours
52
a. Une «oeuvre-ouverte collective» b. L’unité de logement c. La forme urbaine III - Trois approches théoriques importantes
63
a. Agrupación Espacio b. Les playgrounds de Aldo Van Eyck à PREVI c. «A pattern language» de Christopher Alexander IV - L’articulation des 26 projets du concours
75
a. Un quartier de 1500 à 500 logements b. 26 propositions en 1 projet c. INVII et la construction expérimentale
3. A N A LY S E D E D I F F E R E N T E S TYPOLOGIES D’ESPACE PUBLIC
I - Cul-de-sac, une morphologie communautaire a. Pensée urbaine du concours b. Le maintien du cul-de-sac par Peter
83 84
c. L’appropriation de l’espace public II - Élargissement de la voie piétonne, la disparition des limites a. Pensée urbaine de la proposition P-25 b. Le passage 23 de Peter Land c. L’appropriation de l’espace public
100
I 9
III - Place à 4 branches - une rencontre urbaine a. Pensée urbaine du concours de trois participants b. La «place 8» de Peter Land
112
c. L’appropriation de l’espace public IV - Place atypique - une confrontation fonctionnelle a. Pensée urbaine du concours de trois participants b. Les places fusionnées de Peter Land c. L’appropriation de l’espace public
10 I
SOMMAIRE
125
CONCLUSION
142
ANNEXE - Retranscription des entretiens
145
BIBLIOGRAPHIE
159
ICONOGRAPHIE
167
INTRODUCTION La dimension sociale de l’architecture a toujours été une question fondamentale, abordée déjà par Aristote selon qui, « l’homme qui est dans l’incapacité d’être membre d’une communauté, ou qui n’en éprouve nullement le besoin parce qu’il se suffit à luimême, ne fait en rien partie d’une cité, et par conséquent est ou une brute ou un dieu1.» » Au Pérou, dans un pays où l’auto-construction occupe une place majeure dans la construction des logements, où les bidonvilles sont si répandus qu’ils fabriquent la ville
1
ARISTOTE, La Politique, nouvelle traduction par J. Tricot, Paris, Vrin, 1982, p. 23
parfois dans son entier et où de petites communautés solidaires s’installent sans aide de l’Etat, la question de la libre construction est fondamentale. Au-delà des problèmes économiques qui poussent les habitants à construire eux-mêmes leur logement, il semble que les péruviens soient attachés à un environnement urbain auto-fabriqué, évolutif, qui « s’organise » en marge des planifications urbaines. Quand John F.C. Turner, jeune architecte britannique, est invité en 1957 à poursuivre des recherches sur ces « barriadas » (bidonville) au Pérou, il conclut entre autres que « lorsque les habitants contrôlent les décisions majeures et contribuent à la planification de leur futur établissement, l’environnement produit et le processus inclusif de la participation stimulent à la fois le bien-être social de la communauté et celui de l’individu. A l’inverse, quand les gens n’ont ni contrôle ni responsabilité sur les décisions clefs concernant la construction de leur lieu de vie, alors l’environnement peut se révéler être une barrière à l’épanouissement personnel et un fardeau pour l’économie2. » Au Pérou, construire son logement relève donc de l’acte culturel. Les fers en attente
2
TURNER, John, Freedom to Build: dweller control of the housing process, New York, Collier Macmillan Ltd, 1973, p. 241
qui émergent des toitures de ses principales villes et villages ne témoignent pas simplement de constructions archaïques, parfois insolvables car considérées comme inachevées. Ils évoquent également le passage d’une génération à l’autre, quand les plus jeunes posent les bases de leur logement au-dessus de celui de leurs aînés. Mêlant cette culture de l’auto construction à une planification organisée d’un vaste quartier de Lima, le projet PREVI, initié en 1968, visait à construire des logements incrémentaux, voués à se développer et à évoluer parallèlement à la croissance des familles : une problématique adressée à autant d’architectes péruviens qu’internationaux
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3
Traduction de l’auteur issu d’un entretien par courrier électronique avec Sharif Kahatt, professeur et architecte-urbaniste péruvien qui a écrit de nombreux ouvrages sur PREVI 4
MCGUIRK, Justin, PREVI, The Metabolist Utopia, Domus, 2011, N°946, p. 58-70 LUCAS Patricia, SALAS, Julián, Cuarenta años del PREVI-LIMA : Algunas enseñanzas para la industrialización de la vivienda de bajo coste en Latinoamérica, Informes de la construccion, Vol. 64, N°525, p. 51-62 GUITIÉRREZ MOZO, María Elia, PÉREZ DEL HOYO, Raquel, Previ : la tipología entre la fluidez de la vida y el rigo de la edicicación, Cuadernos de vivenda y urbanismo, N°16, 2015, p. 186-205 LUCAS Patricia, SALAS, Julián, The Validity of PREVI, Lima, Peru, Forty years on, Open house international, Vol.37, N°01, 2012, p. 6-27 GARCÍA-H U I DOB RO, Fernando, TORRES TORRITI, Diego, TUGAS, Nicolás, Time Builds! The experimental housing project (PREVI), Lima: Genesis and Outcome, Lotus International, N°153, 2010, p. 86-101
afin d’y développer une panoplie de projets expérimentaux. Le caractère évolutif des unités de logement de ce quartier a suscité un nouvel intérêt dans les années 2000. Selon Sharif Kahatt, architecte et professeur à Lima, « quand frappent la crise et la misère dans les pays développés, ceux-ci retournent voir comment les pays en voie de développement ont évolué et PREVI apparaît alors comme la version la plus aboutie de l’auto construction3. » En 2008, les chiliens Garcia-Huidobro, Torres Torriti et Tugas publient El Tiempo Construye – Time builds. Ils s’intéressent à travers quatorze cas d’études aux étapes d’auto construction du quartier PREVI entre 1978 et 2003, faisant état de la transformation du bâti. Leur étude reste cependant focalisée sur le logement, sans chercher à le restituer dans l’organisation spatiale du quartier, de ses espaces publics, partagés, etc…Il en sera de même pour de nombreux articles publiés entre 2010 et 20154. En 2015 justement, le péruvien Shariff Kahatt remporte le prix Bruno Zevi pour son ouvrage PREVI-Lima : Architecture as a collective open-work : collective housing ideas in Peruvian modern architecture. Dans son analyse, il établit des liens étroits entre le projet de PREVI et les idéologies de Team X qui conçoit l’architecture comme une armature flexible et dynamique à toute échelle. L’ambition partagée est celle de l’appropriation de l’architecture par ses habitants. Si la question de l’auto-construction paraît évidente à l’échelle du privé, de l’habitat, elle l’est moins en ce qui concerne l’échelle urbaine. Effectivement le quartier de PREVI a été très largement modifié par cette liberté donnée aux habitants qui vont jusqu’à s’approprier l’espace public. Sur place, on est frappé par la multiplicité et l’absence d’ordre apparent de ces diverses morphologies de vide urbain. Dans un premier temps, la compréhension de ces espaces nécessite des relevés précis, des entretiens avec les usagers et des observations établies à différentes heures. Puis la dimension théorique nous a été révélée à la lecture du livre de Peter Land, The experimental housing project (PREVI), Lima – Design and technology in a new neighbourhood (2015). C’est le seul ouvrage qui expose les documents originaux de chaque projet allant du détail aux intentions urbaines des participants. Car les documents qui auraient dû être rendu publics ont été perdus lors d’un coup d’état militaire, ce qui jusqu’alors
14 I
INTRODUCTION
avait rendu difficile la compréhension dans la totalité du projet de PREVI. C’est donc grâce à cet ouvrage que l’on découvre que le quartier de PREVI a été planifié par cet architecte-urbaniste britannique, Peter Land. Mais dans ce cas précis, on peut légitimement s’interroger sur les limites d’une planification stricte quant à la liberté laissée à ses habitants. Ceci étant dit, la planification du quartier de PREVI n’a pas seulement été l’œuvre de Peter Land mais plutôt un assemblage de typologies et de théories urbaines issues de la modernité, une sorte de « collage-city ». A la fin des années 60, plusieurs courants de pensée urbaine visaient à offrir une part de liberté aux usagers. C’est dans cet esprit qu’est rédigé le programme du concours ouvert à des architectes péruviens et internationaux. Parmi eux des membres de TEAM X comme les français JosicCandilis-Woods qui avaient mené un travail d’investigation sur les bidonvilles d’Alger, cherchant à « analyser les relations sociales et visuelles et à en tirer des conclusions sur des chantiers concrets5» (Dubnik, CIAM 1956). Sous l’impulsion de Aldo Van Eyck, le nouveau collectif pour PREVI s’inspire aussi des idées de « mat building » de Alison Smithson qui s’oppose aux solutions dites « statiques et formelles ». De nombreuses influences vont alimenter le groupement d’architectes formé pour l’occasion parmi
5
RISSELDA, Max, VAN DEN HEUVEL, Dirk, Team 10: In search of an Utopia of the present 1953 1981, NAI Publishers, 2006, p. 265
lesquels le mouvement métaboliste japonais (Kikutaki, Maki et Kurokawa) .Toutes les théories urbaines à l’œuvre dans ce projet préconisent un urbanisme proliférant; les unes proposent d’assembler les clusters suivant une géométrie orthogonale, les autres, suivant une géométrique organique. Mais toutes soumettent un agencement de modules en clusters qui peut se reproduire à l’infini. Dans une ville où le piéton trouve difficilement sa place, chacun des architectes devait, dans la limite du possible, séparer les piétons des véhicules. Pour comprendre et analyser les projets dans leur totalité, il est apparu indispensable de redessiner les 26 propositions urbaines émises pour le concours de PREVI. Mettre en avant le parti choisi quant à la séparation ou non des circulations piétonnes et véhiculaires, la relation entre les pleins et les vides définie par les équipements et les unités de logements, et leurs rapports avec les équipements et les espaces verts.
I 15
Peter Land, l’urbaniste qui fusionna toutes ces diverses propositions opta pour un tapis urbain tissé de multiples circulations piétonnes et d’unités d’habitation autour d’espaces publics. Les clusters n’étant plus inscrits dans la logique du pattern d’ensemble, on peut s’interroger sur les conséquences de ce patchwork de propositions urbaines. Et se demander si la diversité des acteurs influe sur les intentions initiales du projet architectural quant à son mode d’appropriation.
Dans quelle mesure la juxtaposition des 26 propositions urbaines façonnet-elle des espaces publics de qualité qui tiennent compte des spécificités culturelles ? Dans un premier temps nous analyserons le contexte politique et social du Pérou depuis les années 40 afin de cerner les demandes nécessaires pour créer un tel projet de logement, puis nous présenterons les différents acteurs politiques, économiques et les architectes qui ont fait que le projet de PREVI existe tel qu’il est aujourd’hui. Et enfin à travers l’analyse des différentes typologies urbaines, nous tenterons de comprendre les variations d’usage de l’espace public.
16 I MISE EN PLACE DE PREVI
1
LA QUESTION DU LOGEMENT A LIMA ET AU PEROU
Dans cette première partie, nous essayerons de comprendre comment les années 40 ont créé à Lima un environnement propice à l’avènement d’un projet de logement de cette ampleur. Nous présenterons parallèlement l’intérêt des péruviens pour les projets d’architecture européens et américains et tenterons d’expliquer pourquoi ce pays d’Amérique Latine est devenu un laboratoire d’architecture internationale. Il faut revenir aux années 40 pour savoir comment est né le projet du quartier de PREVI et de son concours d’architectes du monde entier, se focalisant tous sur le développement d’une nouvelle pensée urbaine et sur des solutions innovantes en matière d’habitat. Le gouvernement péruvien était confronté à cette époque à une grave crise de logement, situation similaire à celle vécue par l’Europe et les EtatsUnis dès les années 20. Ce qui explique en partie la sensibilisation des architectes péruviens aux théories urbaines modernes du CIAM ou du Team X. Nous verrons comment la question du logement a été traitée par le Mouvement Moderne et nous analyserons son influence sur les nouveaux quartiers d’habitations mis en place par Fernando Belaúnde architecte-urbaniste et président du Pérou. Comment l’idée d’un concours international a-t-elle surgi ? Et pourquoi a t’il été mené par Peter Land, architecte-urbaniste britannique?
I 19
I. LE PHENOMENE DE METROPOLISATION
A / L’EXODE RURAL
> Fig. 1: Evolution démographique de LIMA de 1910 à 2010 par Sharif Kahatt in Utopias Construidas
Dans les années 1950, les capitales d’Amérique Latine firent face à un exode rural très important qui a provoqué l’émergence de nombreux bidonvilles, de squats et d’habitats 1
INEI – Instituto Nacional de Estadistica e Informatica, Censos nacionales de 1940, 1972, 1981 y 1993
insalubres ainsi que le développement du tissu urbain et de sa périphérie. En 1940, Lima se compose de 661 508 habitants, en 1972, sa population s’élève a 3 418 452. En 32 ans, la population de la capitale du Pérou a quintuplé1. |fig. 1| Ce processus est dû au fait que Lima concentrait l’essentiel de l’économie mais n’avait pas la capacité suffisante pour employer tous les migrants venus des régions rurales ; beaucoup d’entre eux ont grossi les rangs du commerce ambulant. Ce phénomène combiné manque d’emploi va créer un nouveau type d’économie qui restera profondément ancrée dans la culture péruvienne. On verra comment cette idée de commerce spontanée est d’ores et déjà prévue dans la planification du nouveau quartier de PREVI où les rez-de-chaussée étaient pensés pour accueillir des commerces.
20 I LA QUESTION DU LOGEMENT A LIMA ET AU PEROU
Avec la migration rurale vers Lima, a commencé l’urbanisation du pays et plus tard son industrialisation. La capitale présentait les lourds symptômes d’une métropole : embouteillages, manque de transport en commun et pollution. L’état prévoit alors de mettre en place des lignes de bus nommé « metropolitano » aménagé sur les grands axes de la ville. PREVI profitera notamment de son emplacement le long la ligne du « metropolitano » de l’Avenida Universitaria le reliant au centre. Et pour compléter ce réseau on vit se développer aussi des Compagnies privées de minibus très polluantes et bruyantes. Lima devient une ville très congestionnée où le piéton n’a pas sa place. On comprend pourquoi, après 1950, les architectes péruviens cherchent à développer de nouveaux types de planification et d’urbanisation afin d’améliorer les bien-être des habitants, cherchant un équilibre entre le bâti et la nature, entre piétons et véhicules, entre privé et public.
I 21
B / L’HABITAT INFORMEL
Comme Lima ne possédait pas assez de logements pour accueillir cette vague d’immigrants, ces derniers se sont auto-construits des « quartiers marginaux »
(« barrios
marginales »),
des
secteurs
monofonctionnels,
composés d’îlots de logements clôturés, qui provoquèrent une fragmentation urbaine, des rues peu sûres et une absence de cohésion communautaire. Pour remédier à ces problèmes, le Plan de Logement de 1945 du gouvernement péruvien, met en place les «unidades vecinales» au niveau des quartiers. D’ailleurs les chiffres du recensement de 1940 attestent de l’urgence de la situation : 46% de la population de Lima vient de province et la grande majorité d’entre eux vit dans 2
CINVA – Centro Americano de la Vivienda y Planeamiento (1958). Unidad Vecinal N.3 de la Corporación Nacional de Vivienda del Pérú. Bogotá : CINVA. 3
KAHATT, Sharif, Architecture as a collective open-work : collective housing ideas in Peruvian modern architecture, Rome, Fondation Bruno Zevi, 2012
des conditions déplorables. En 1948, 83% de la population de Lima vivait dans une extrême pauvreté2. Face à cette misère, au manque de logements et aux problèmes d’hygiène, les architectes et urbanistes commencèrent à se mobiliser. Comme Lima était devenue une capitale où proliféraient des tugurios (taudis au centre de la ville) et de barriadas (bidonville construit dans la périphérie urbaine et sur des zones non délimitées3) il était nécessaire pour les architectes péruviens de la fin du XXe siècle, de développer de nouvelles stratégies. Le progrès social passait par le logement, mais aussi l’éducation, la santé et le travail. Au départ le travail des architectes se focalisa sur l’amélioration des barriadas qui étaient en train de devenir les plus grands quartiers de la ville. Ils recherchèrent des méthodes d’auto-construction, de nouvelles formes de structure urbaines de type « cluster », implantèrent des équipements et des services afin d’intégrer ces bidonvilles dans la ville. Par l’Act 13517 (« Ley de
4
Pedro Beltran, premier ministre du gouvernement de Manuel Prado a proposé de légaliser ces quartiers dans sa structure urbaine à travers l’ACT 13517. Depuis Janvier 1961, les bidonvilles sont des composants légaux du procès d’urbanisation du Pérou.
barriadas »), les barriadas appelées désormais ‘quartiers marginaux’ furent régies par les mêmes procédures de réhabilitation et d’intégration que celles appliquées dans les autres villes (Arequipa, Callao)4. On vit aussi surgir de nouveaux quartiers de logement avec écoles, commerces et espaces verts qui attestaient du progrès social recherché.
22 I LA QUESTION DU LOGEMENT A LIMA ET AU PEROU
> Figure 2: Photo montage des participants internationaux de PREVI avec Peter Land, sur un fond de barriadas
C / NÉCESSITÉ
DE CRÉATION D’INSTITUTION D’URBANISME ET DE LOGEMENT
L’émergence de la métropole, fruit de la modernité, a non seulement généré des transformations physiques de la ville, de nouvelles politiques d’urbanisation mais aussi une véritable implication des professionnels. Face à la demande, la génération d’architectes des années 40 doit produire de nouveaux types d’équipements tel que salles de cinéma, bureaux, hôpitaux, marchés… Dans ce contexte fût fondée le 26 Novembre 1937 la « Société des Architectes » comme un groupe culturel à caractère artistique et scientifique avec l’architecte Rafael Marquina (18841964) passe son diplôme d’architecture à l’Université de Cornell à New York en 1904. De retour à Lima il intègre l’Ecole des Ingénieurs comme professeur d’Architecture general et du logement. En 1937 il devient directeur de l’enseignement du Projet d’Architecture et en 1946 du département d’Architecture jusqu’en 1951 où il fut remplacé par Belaúnde.
Rafael Marquina5. Son objectif était de créer un front commun, susceptible de
6
Parallèlement fut créé le « Département d’Architecture » à l’ENI - Escuela Nacional de
5
KAHATT, Sharif, Utopías construidas, Lima, Fondo Editorial PUCP, 2015, p.75
défendre les intérêts et les préoccupations des architectes indépendamment des ingénieurs. Elle intégra notamment Carlos Morales Macchiavello qui participera au concours de PREVI et Fernando Belaúnde, le futur président du Pérou. En 1944, Fernando Belaúnde, Luis Dórich, Luis Ortiz de Zevallos et Carlos Macchiavello créèrent « l’Institut d’Urbanisme ». Il avait pour objectif de former des professionnels de la ville. Au programme, des cours d’urbanisme moderne et d’analyse urbaine de Lima et des villes péruviennes dans leur processus d’expansion et de croissance6.
Ingenieros (Ecole National d’Ingénierie) par Rafael Marquina en 1946. Les étudiants réclamaient plus d’ateliers d’architecture, moins de dessins académiques (site Incas, architecture coloniale…), et une initiation à l’architecture contemporaine. Ils voulaient se rapprocher de l’enseignement du Bauhaus. Ils furent encadrés par Luis Miro Quesada (participant à PREVI) pour les cours de théories, Fernando Belaúnde sur le problème de logement, Enrique Seoane en apprentissage de studio et Paul Linder sur la philosophie de l’art. Le noyau jeune du département mené par Luis Miro Quesada était pour la reconnaissance de l’expression culturelle moderne au Pérou et contre le
7
Ibid.
« style » néocoloniale de l’architecture péruvienne7. Parallèlement à ces nouvelles institutions qui ont permis le développement d’une nouvelle idéologie urbaine et architecturale au Pérou, les Etats-Unis de Harry Truman
24 I LA QUESTION DU LOGEMENT A LIMA ET AU PEROU
> Figure 3: Photographie de la réunion pour l’anniversaire de la «Sociedad de Arquitectos» fondé en novembre 1937
perpétuent la volonté hégémonique de F.D. Roosevelt de promouvoir plusieurs projets dans des pays d’Amérique latine. Ils financent des visites et des conférences d’architectes et urbanistes dans les villes et les universités principales pour exporter la démocratie nord-américaine et les plans de développement des Etats-Unis. Comme le Pérou s’était donné de nouvelles institutions, il était perçu comme un pays stable contrairement aux autres pays comme le Brésil, l’Argentine et la Colombie. Ce qui suscita une nouvelle confiance et relation entre l’Amérique du Nord et ce pays d’Amérique Latine.
26 I LA QUESTION DU LOGEMENT A LIMA ET AU PEROU
> Figure 4: Photographie des présidents péruvien et américain, Manuel Prado et John F. Kennedy lors de la cérémonie d’arrivée à Washington DC le 19 Septembre 1961
> Figure 5: Photographie des présidents péruvien et américain, Manuel Prado et Franklin Roosevelt pendant la visite officielle de Prado à Washington DC en 1942
II. DIFFUSION DES MODERNES AU PÉROU
A / L’INFLUENCE
THÉORIES
ET
CULTURELLE
IDÉOLOGIES
ET
POLITIQUE
AMÉRICAINE
En 1945, au lendemain de la seconde guerre mondiales, les Etats-Unis envoyèrent Richard Neutra en Amérique Latine pour
écrire un rapport sur
l’expansion des métropoles. Sa venue coïncidait avec les intérêts stratégiques nord-américains pour influencer le développement démocratique et culturelle d’Amérique latine. Les Etats-Unis recherchaient des alliés pour imposer leur vision au reste du monde. Le Pérou demanda des conseils pour son développement urbain. C’est ainsi que se développa un intérêt mutuel entre les deux pays. Financé par le bureau d’information des Nations Unies, Neutra fut envoyé pour contacter les antennes diplomatiques américaines dans les pays d’Amérique 8
TAVARES CORREIA DE LIRA, José, From mild cimate’s : architecture to ‘Third World’ planning : Richard Neutra in Latin America , 14th International Planning History Society Conference, São Paulo, 2012
latine et d’organiser les réceptions locales et les communiqués de presse
9
liens avec les Nations Unis, qui l’aideront plus tard à réaliser le projet de PREVI.
« Déclaration des Ingénieurs, Lima, 3 Octobre 1945 », RNA-UCLA, Boite 178, Boite 4 in KAHATT, Sharif, Utopías construidas, Lima, Fondo Editorial PUCP, 2015
pendant le voyage8. |fig. 6| A Lima, il rencontra Harth-Terre, Luis Dórich et Fernando Belaúnde qui, la même année, fondèrent Cooperacion Nacional de la Vivienda (Coopération nationale de logement). Neutra, intitula sa conférence « Le Future Métropolitain d’une ville à grand héritage historique » au Hall de Artistas Afisionados, à Lima auprès de Belaúnde9. Ce dernier commencait alors à avoir des
Suite à sa visite à Lima, Neutra commença une correspondance avec P.L. Wiener afin de discuter des idéologies du CIAM applicables en Amérique Latine. |fig. 7| Ce dernier contacta le jeune Belaúnde qui le recevra à Lima en 1945 via le ministère de l’éducation. Le futur président péruvien vit cette opportunité comme un réel argument pour sa campagne politique basée sur la nouvelle planification urbaine de Lima. Il invita P.L Wiener à faire des conférences sur la planification régionale ; il commença par présenter un film de TVA (Tennesse Valley Authority) qui présentait une ville nouvelle constituée d’unités de quartier, d’un centre civique, d’un système de transports en commun et de distribution de l’eau. Dans sa deuxième conférence, « Slum clearence, a part of City Planning » (Les bidonvilles, part de la planification urbaine) il exposa des diagrammes expliquant le travail de reconstruction dans des quartiers dégradés. Et
10
« Confidential Report to Wallace Harrison, Directeur, Office des affaires interaméricain. Voyage en Colombie, Pérou et Brésil, du 23 Mars au 1e Juin, 1945 », Paul Lester Wiener Collection, Bibliothèque de l’Université d’Oregon, boite 11, ibid.
dans la dernière intitulée « Creative thinking on Architecture and Planning » (Pensée créative de l’architecture et de la planification10) il souligna sur le caractère innovant de
28 I LA QUESTION DU LOGEMENT A LIMA ET AU PEROU
> Figure 6: Photographie lors de la celebration de la venue de Richard Neutra et sa femme par la Société des Architectes au Country Club de Lima en 1945
> Figure 7: Photographie lors de la visite de Josep Luis Sert et Walter Gropius à Lima, en Janvier 1954, avec leur deux femmes, et au centre Paul Linder, accompagné à gauche de Hector Velarde et son épouse, et sur la droite, de Rafel Marquina et Fernando Belaúnde
WIENER, Paul Sert, « Las conferencias de Paul Lester », « El pensamiento creador en arquitectura y urbanismo », El Arquitecto Peruano, Avril 1945, N°93 « Problemas Urbanos en Arequipa », El Arquitecto Peruano, Mai 1945, N°94
la planification urbaine ainsi que ces aspects scientifiques et techniques. Wiener a bien
12
MUMFORD, Eric Paul, The CIAM discourse on urbanism, 1928-1960, Cambridge, Masachusetts, MIT press, 2002
Sert, P.L Wiener et le Bureau de Planification et d’Urbanisme (Oficina nacional de
13
logement et de bureaux13.
11
SERT, José Luis, WIENER, Paul Lester et ONPU, 1950, « Memorandum : A Pilot Plan for the City of Lima, Peru », Paul Lester Wiener Collection, Bibliothèque de l’Université d’Oregon, boite 12 in KAHATT, Sharif, Utopías construidas, Lima, Fondo Editorial PUCP, 2015
compris les enjeux et les problèmes locaux de Lima à cette époque. Ces conférences seront publiées dans la revue professionnelle Arquitecto Peruano en avril 1945 et inspireront les futurs projets d’architecture péruvienne11. Dans ce contexte, le plan masse de Lima de 1948 fut élaboré conjointement par J.L planeamiento y urbanismo) dirigé par Luis Dorich12. |fig. 9 & 11| Il portait uniquement sur le centre-ville de la capitale. Par ailleurs, il jouait sur le contraste entre les hauteurs afin d’intégrer dans la trame du centre urbain colonial les immeubles modernes de
Cette collaboration, ce contexte, ces projets vont amener Wiener à écrire à Richard Neutra sur la possibilité de faire un CIAM au Pérou. On voit ainsi l’influence de la pensée moderne du CIAM au Pérou.
> Fig. 8: Photographie de la visite de Paul Wiener (centre) à Lima accompagné de Fernando Belaúnde (droite) et Luis Dórich (gauche)
30 I LA QUESTION DU LOGEMENT A LIMA ET AU PEROU
> Fig. 9: Proposition officielle du Plan du Centre Civique de Lima
> Fig. 10: Proposition de «Town Planning Associates» (TVA) du Plan du Centre Civique de Lima par Sert & Wiener
> Fig. 11: Croquis pour le Centre Civique de Lima, 1947, Josep Luis Sert
B / LE FAM (FRENTE DE ARQUITECTURA MODERNA), LE GROUPE CIAM-PÉROU
Confrontée aux problèmes de la croissance exponentielle de la population dans les villes, l’Amérique latine s’intéresse aux idées du groupe CIAM pour ses modèles de construction économique, ses recherches sur la planification et ses solutions apportées aux villes à forte croissance (cf. Le Corbusier à Alger, Candilis, Josic, Woods et Ecochard à Casablanca |fig. 12, 13 & 14|). Wiener en Septembre 1945 envoie une carte à Neutra où il raconte son expérience, MUMFORD, Eric, The Ciam discourse on urbanism 1928-1960, Cambridge, Masachusetts, The MIT Press, 2002
ses découvertes, son voyage en Amérique Latine et les relations qu’il établit avec
15
d’Architecture Moderne »), fondé par Dórich et Macchiavello (futur participant au
14
KAHATT, Sharif, Utopías construidas, Lima, Fondo Editorial PUCP, 2015
16
Carte de Luis Dórich à John Campbell White, ambassadeur des EtatsUnis à Lima, 6 Juin 1945, Paul Lester Wiener Collection, Bibliothèque de l’Université d’Oregon, boite 14 : « The aim of the F.A.M is to further the understanding of modern architecture and encourage adherence thereto in practice as well as theory. Outside influence of this kind is immensely appreciated and we are continually looking forward to these profession contacts with the United States. » in ibid. 17
« Rapport de voyage de Paul Lester Wiener au Pérou du 18 au 26 Juillet, 1947 », Paul Lester Wiener Collection, Bibliothèque de l’Université d’Oregon, boite 11.
les jeunes générations de professionnel de chaque pays14. Parallèlement Neutra va informer Siegfried Giedion de la dynamique urbaine au Pérou menée par des groupes d’artistes et architectes sensibilisés au CIAM. Puis il va soutenir le FAM (« Front concours de PREVI), qui formerait le groupe local du CIAM15. Le groupe va commencer à se réunir pour promouvoir le développement de l’architecture moderne au Pérou. Luis Dórich a dit dans une lettre à John Campbell White en 1945 : « l’objectif du F.A.M est d’approfondir la compréhension de l’architecture moderne et d’inciter à adhérer à sa pratique comme à sa théorie. Cette influence extérieure sera extrêmement appréciée et nous ne cesserons de rechercher ces contacts professionnels avec les Etats-Unis16. » Néanmoins, quelques mois plus tard, même si les membres du FAM commencèrent à faire des projets modernes pour la ville de Lima (Dórich avec le Bureau National de Planification et d’Urbanisme – ONPU et Macchiavello avec son agence), l’idée de devenir le CIAM-Peru fut abandonnée. Cependant, beaucoup d’architectes péruviens qui avaient assisté aux réunions sur l’architecture moderne, à celles du CIAM et aux conférences de Wiener, continuèrent à travailler avec les mêmes idéologies que Le Corbusier et Gropius17.
32 I LA QUESTION DU LOGEMENT A LIMA ET AU PEROU
El Arquitecto Peruano
http://www.elarquitectoperuano.com/co
> Fig. 12: Projet d’une «unidad vecinal N°3» (1945-1949), architectes: Alfredo Dammer Muelle, Carlos Morales Machiavello, Manuel Valega, Luis Dorich, Eugenio Montagne, Juan Benites
> Fig. 13 Candilis, Josic, Woods, projet de «Nid d’abeille» à Casablanca, 1952
> Fig. 14: Photographie aérienne du projet urbain de Echochard à Casablanca (1946-1952)
C / EL ARQUITECTO PERUANO POUR LA DIFFUSION DES IDÉES MODERNES AU PÉROU
Les idées modernes développées par Neutra, Sert, Wiener, Giedion et le CIAM furent diffusées par une revue mensuelle nommée El Arquitecto Peruano, l’Architecte Péruvien. La revue est créée en Aout 1937 par le jeune architecture-urbaniste tout juste diplômé, Fernando Terry Belaúnde. Pendant 40 ans (1937-1977) la nouvelle revue véhicula les idées modernes sur le logement collectif et la planification urbaine comme moyens pour améliorer les conditions sociales. El Arquitecto Peruano était la première revue à donner parole à la nouvelle génération d’architectes et urbanistes péruviens. Fernando Belaúnde et son groupe de collaborateurs de l’Institut d’Urbanisme et de l’Ecole Nationale d’Ingénierie (ENI) utilisèrent cette nouvelle plateforme pour fédérer les idées urbaines et architecturales du pays : les théories et les projets modernes d’Amérique Latine, d’Europe et des Etats-Unis notamment en matière de logements collectifs et de planification urbaine. 18
A voir dans la revue El Arquitecto Peruano de 1945 à 1948 où ce thème est récurrent.
En 1940, l’année du tremblement de terre et du recensement national permet à Belaúnde de diffuser ces idées de logements standardisés et préfabriqués18. C’est à ce moment là que se développe l’intérêt du futur président pour les idées de planification moderne européenne sur le logement collectif, l’utilisation de nouvelles technologies modernes et les systèmes de préfabrication. Dès 1940, tout ce bouillonnement de nouvelles pensées urbaines inspirées de Le Corbusier, de l’Europe moderne et de ses exilés américains nourrit donc les projets des architectes et urbanistes, défendus par la revue locale fondée par Fernando Terry Belaúnde. Celui-ci va profiter de ce support pour construire sa carrière politique et devenir aussi une personnalité de la vie publique et culturelle du pays.
34 I LA QUESTION DU LOGEMENT A LIMA ET AU PEROU
15
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19
20
> Fig. 15 à 20 : Unes de la revue El Arquitecto Peruano (1937-1977)
III. FERNANDO BELAÚNDE (1912 - 2002) - FIGURE DE LA MODERNISATION DU PÉROU
A / ENTRE ARCHITECTURE ET POLITIQUE Véritable globe-trotter, Fernando Belaúnde va à l’école primaire à Lima, au collège en France pour enfin étudier l’architecture et l’urbanisme à l’université américaine de Austin (Texas) où il obtient son diplôme en 1935. Dès son retour au Pérou, il fonde en 1937 la revue El Arquitecto Peruano puis en 1944 l’Institut de d’Urbanisme du Pérou qui est intégré en 1951 à l’Ecole Nationale d’Ingénierie. Il enseigne l’architecture et l’urbanisme à l’Université Catholique de Lima et après à l’Ecole Nationale d’Ingénierie où il en sera le directeur. Il devient parallèlement un personnage politique en vue, qui influencera beaucoup l’architecture et l’urbanisme au Pérou. En 1945, Belaúnde est élu député de Lima sous le gouvernement de José Luis Bustamente et Rivero. Avant de devenir président du Pérou en 1963, Il jongle entre la vie politique, l’enseignement d’architecture et d’urbanisme et le projet de développement d’architecture sociale. Depuis 1945, au côté de l’urbaniste Luis Dórich et des architectes tels que Luis Ortiz de Zevallos, Carlos Morales Macchiavelo, il dirige le « Plan de Vivienda » (Plan de logement) destiné à concevoir des habitations pour les travailleurs de l’industrie nationale. Il fallait trouver alors des solutions aux tugurios du centre de Lima en délocalisant les habitants progressivement vers de nouveaux quartiers de logement avec des conditions d’hygiène et de confort suffisantes et un accès à des équipements publics. Avec son équipe, il adapta, transforma et fusionna les idées des jardins à l’anglaise, des «neighbourhood units» nords américaines, des Siedlung allemands, des villes nouvelles anglaises… Fernando Belaúnde manifeste 19
BELAÙNDE, Fernando , «Informacion del insituto de Urbanismo», El Arquitecto Peruano, Novembre 1944, N°88
clairement sa volonté de moderniser le pays à travers des projets de logement19. |fig. 22| En 1956, il forma « Action Populaire » son propre parti de centre-droit, qui proposait de réinterpréter la tradition communautaire indigène Incas dans un contexte démocratique moderne et social. Il est alors élu Président du Pérou. Durant ces cinq années au pouvoir (1963-1968) il va développer des projets d’irrigation et d’hydroélectricité dans le nord du Pérou, créa la Banque Nationale (Banco de la Nación) et, pour réduire la pauvreté, il promut un programme de logement social à Lima et dans d’autres villes. Entre autres, il va développa avec Peter Land le projet de logement social expérimental
36 I LA QUESTION DU LOGEMENT A LIMA ET AU PEROU
> Fig. 21: «A Latin American Architect of Hope», Une du Time du 12 Mars 1965, Vol. 85, N°11
> Fig. 22: Photographie de l’architecte Fernando Belaúnde en campagne politique pour son élection comme député de Lima pour le Front Democratique National (FDN), en 1945
B / LES UNIDADES VECINALES DE LIMA de PREVI en s’inspirant du modèle des « unidades vecinales ». En 1946, le gouvernement mené par Bustamente et Rivero, créa la « oficina Nacional para la planificacion urbana » (ONPU) ainsi que la « Corporación Nacional de Vivienda » (CNV - corporation nationale de logement) afin de construire des logements populaires et des habitations pour la classe moyenne. Elles donnèrent lieu aux projets de « unidades vecinales ». Durant les années 1940 et 1959, Fernando Terry Belaúnde se focalisa sur des projets de logements sociaux qu’il était impératif de construire en raison de l’exode rural. Ces « unidades vecinales » étaient au cœur du « Projet d’habitat de Lima » de 1945 qui avait pour but d’éliminer les bidonvilles, de rénover des 20
SHARIFF, Kahatt, Architecture as a collective open-work : collective housing ideas in Peruvian modern architecture, Rome, Fondation Bruno Zevi, 2012
constructions laissées à l’abandon en relocalisant leurs habitants dans de nouveaux quartiers20. Ces derniers comporteraient équipements et logements, la circulation se ferait principalement à pied, enfants comme adultes pourraient avoir accès à tous les services sans devoir utiliser la voiture. Ces nouveaux quartiers résidentiels ont ainsi pour principe fondamental de répartir les équipements dans la ville et d’intégrer les valeurs communautaires que la grande métropole tend à faire disparaître. Belaúnde y participa activement comme membre de la CNV, en décidant de faire construire quatre « unidades vecinales » à Lima et trois à Callao. Selon le neveu de Fernando Terry Belaúnde, Miguel Cruchaga Belaúnde, « les unités de voisinage, s’inspirèrent du modèle britannique de la ‘cité jardin’. Dans la version péruvienne, l’ensemble est de hauteur moyenne, situé en périphérie d’un grand terrain,
21
« Las ‘unidades vecinales’, se inspiraron en una idea británica: la ‘ciudad jardín’. En la versión peruana, conjuntos de mediana altura, apostados en el perímetro de un gran terreno, cuentan con parques, campos deportivos, escuela, centro comunitario, iglesia, etc. » ORREGO PENAGO, Juan Luis « Arquitectura y arquitectos en Lima : Fernando Belaúnde Terry », PUCP, 2010
contenant des parcs, des terrains de sports, des écoles, un centre communautaire, une église, etc.21 » En 1960, 25 000 logements ont été ainsi construits, mais il en aurait fallu trois fois plus pour pallier les besoins des 1 600 000 habitants (suivant les chiffres indiqués par l’annuaire Statistiques péruvien, de la renta Nacional del Peru). Cela engendra et influença d’autres projets par la suite comme le projet résidentiel de San Felipe (19621965) puis PREVI (1968-1975).
> Fig. 23: «Que es una Unidad Vecinal» (Qu’est ce qu’un Plan Voisin?)
38 I LA QUESTION DU LOGEMENT A LIMA ET AU PEROU
> UNIDAD VECINAL N°3 (1945 - 1949)
> MATUTE (1952 - 1954)
Luis Dórich Wackeham
Santiago Agurto, Germán Costa, Luis Santisteban, Henri Ciriani
Torres,
Santiago
Agurto,
Roberto
AIRE: 30 hectares UNITES DE LOGEMENT: 1112 POPULATION: 5500 Habitants DENSITE: 183 hab/ha
> Fig. 24: Plan UV3 > Fig. 25: Photographie aérienne de l’UV3 > Fig. 26: Photographie des blocs d’habitations de l’ UV3
AIRE: 17 hectares UNITES DE LOGEMENT: 900 POPULATION: 4750 Habitants DENSITE: 264 hab/ha
> Fig. 27: Plan Unidad Vecinal de Matute > Fig. 28: Photographie aérienne de l’UV de Matute > Fig. 29: Photographie immeuble d’habitation de Matute
> SAN FELIPE (1962 - 1969)
> PREVI (1968-1975)
Henri Ciriani, Mario Bernuy, Jacques Crousse, Oswaldo Núñez, Luis Vázquez, Nikita Smirnoff
Peter Land et ses architectes internationaux et péruviens.
AIRE: 26 hectares UNITES DE LOGEMENT: 1400 POPULATION: 7000 Habitants DENSITE: 269 hab/ha
> Fig. 30: Plan Unidad Vecinal de San Felipe > Fig. 31: Photographie aérienne de l’UV de San Felipe > Fig. 32: Photographie, de la cour centrale de l’UV de San Felipe
AIRE: 40 hectares UNITES DE LOGEMENT: 2000 POPULATION: 12 000 Habitants DENSITE: 300 hab/ha
> Fig. 33: Plan du site prévu initialement, PREVI > Fig. 34: Photographie aérienne de la première étape de PREVI, Février 1976 > Fig. 35: Photographie originale depuis l’Alameda Centrale de PREVI
C / NOUVELLE RELATION AVEC PETER LAND, ARCHITECTE-URBANISTE
De 1955 à 1960, Fernando Belaúnde est le premier Doyen de la Faculté d’Architecture qui vient juste de fusionner avec l’Université Nationale d’Ingénierie (UNI) où était aussi l’Institut de planification urbaine de Lima (I.P.L). Ancien étudiant de l’université d’Architecture de Texas, proche de Wiener et Sert dans les années 40 et défenseur du mouvement Moderne, Fernando Belaúnde cherche évidemment à renouveler l’enseignement d’architecture et de l’urbanisme en l’ouvrant à l’international. Ainsi, en 1960, il organise un échange avec l’Université de Yale où Peter Land obtient son diplôme d’Urbanisme en 1958. Ce dernier, basé à Lima, est coordinateur du programme américano-péruvien de deux ans, master pluridisciplinaire, basé à 22
LAND, Peter, The experimental housing project (PREVI), Lima – Design and technology in a new neighbourhood, Bogota, Colombie, Universidad de los Andes, 2015
Lima, en planification urbaine et régionale déstiné aux architectes, ingénieurs et économistes…22 Ce master va être sponsorisé par l’Organisation des Etats Américains (OAS – Organization of Americain States) et le Gouvernement du Pérou. Pendant ces quatre ans, Fernando Belaúnde et Peter Land développeront des relations importantes de travail amical au sein de l’université. Peter Land n’en a pas fini avec le Pérou, il est envoyé en 1964 par les Nations Unies pour étudier les barriadas, les bidonvilles, qui étaient désormais perçus comme des quartiers de la ville depuis la « loi des bidonvilles » de 1961. Avec son équipe, il recherche de nouvelles solutions de logements sociaux face à cette crise grandissante en faisant des relevés d’habitat péruvien. Dans Courtyard Housing, il valorise la typologie d’habitat à cour pré-Inca qu’il découvre à Chan-Chan, dans le Nord du
23
LAND, Peter, « Courtyard Housing : an afterthought », Courtyard Housing : past, present and future, Taylor and Francis, Routledge, Grande-Bretagne, 2005, p.326
Pérou : « Ce qui est aussi important est que le Pérou et le Mexique avaient beaucoup développé la tradition de plan rectiligne à cour dans leur complexe cérémonial et urbain23. » De 1964 à 1966, Il va être financé par l’ONU et la Banque de Logement Péruvienne pour explorer et planifier de nouvelles stratégies pour les logements populaires au Pérou. De plus, à cette même période Fernando Belaúnde est à la tête du gouvernement
42 I LA QUESTION DU LOGEMENT A LIMA ET AU PEROU
du Pérou (1963-1968) qui donne la priorité à la construction de logements collectifs comme la Résidence San Felipe (1962-1969) dessinée par Henri Ciriani, Mario Bernuy et d’autres architectes péruviens qui participeront plus tard au projet de PREVI tel que Jacques Crousse, Oswaldo Núñez, Luis Vásquez et Nikita Smirnoff. Peter Land se familiarise ainsi avec cette nouvelle idée des « unidades vecinales » où logement et équipement se rencontrent et où l’idée de la communauté est essentielle. En 1965, pendant que Peter Land fait ses études sur le terrain, le président Belaúnde le contacte pour discuter de la mise en place d’un concours international qui donnera lieu plus tard au projet de PREVI. Comme nous l’avons déjà indiqué, le Pérou possède depuis 1944 de nombreuses institutions en relation avec le logement et la planification urbaine favorisant le développement de nouveaux projets. Ainsi en 1966, Peter Land propose au Président Belaúnde de construire un nouveau quartier fondé sur le principe de « low-rise, high density » (à faible hauteur mais à grande densité) tout en adoptant la richesse de l’urbanisation traditionnelle Péruvienne des maisons à patio. D’où proviennent les financements pour un tel projet ? Quels en sont les participants et d’où viennent-il ? Quel est le programme ? L’intention donnée à la planification urbaine des projets de PREVI est-elle aussi essentielle que pour les «unidades vecinales»? Autant d’importance est-il donné à la cohésion entre équipement public et logements privés? Quelle rôle porte les espaces publics? Quelles sont les propositions urbaines et quelle est l’identité du quartier de PREVI ?
I 43
2
MISE EN PLACE DU «PROYECTO EXPERIMENTAL DE VIVIVIENDA» - PREVI
Le concours de PREVI a été lancé en 1968 par le président péruvien et architecte Fernando Belaúnde. Il a été mis en place dans le but de créer une nouvelle génération de unidades vecinales associant nouvelles formes urbaines qui généreraient des qualités sociales et communautaires à travers l’appropriation par les habitants de leur logement et des espaces publics. Peter Land, enseignant en urbanisme à Lima depuis 1964, et menant des recherches préliminaires en parallèle sur les « habitats à faibles revenus », en 1968, possédait le bagage nécessaire pour lancer la compétition internationale de PREVI.
I. DEVELOPEMENT DU PROJET
A / PROJET PILOTE - Acteurs et financement En août 1966, le Gouvernement péruvien a présenté au Programme de Développement des Nations Unies (PDNU) le Projet Expérimental de Logement (‘PREVI’) qui fut 1
KOCH, Karl, «PREVI/ Lima. Low Cost housing project» AD, 1970, N°40
approuvé en juin 19671. Puis les préparatifs du plan d’opérations, ont été entamés avant que la construction ne débute en juillet 1968. Le projet sera alors mené avec la collaboration du PDNU, des Nations Unies (ONU) pour la coopération technique et de la Banque de Logement du Pérou comme organisation représentative du
2
LAND, Peter, « The experimental housing Project (PREVI), Lima : antecedents and ideas », El Tiempo Construye, Time Builds !, GARCÍAHUIDOBRO, Fernando, TORRES TORRITI, Diego, TUGAS, Nicolás, Barcelone, Gustavo Gili, 2008
gouvernement péruvien2. |Fig. 1| Le plan d’opération fut signé en septembre 1968. Dans l’accord, le gouvernement devait indiquer l’emplacement du site, évaluer le financement pour la construction et prévoir le coût de la compétition internationale. Le PDNU finança le projet tandis que les Nations Unies fournirent les services techniques : ingénieurs sismiques, spécialistes du génie sanitaire, designers industriels et ingénieurs du bâtiment. En plus du caractère expérimental du projet sur l’habitat, d’autres études ont été réalisées sur place par un atelier de recherche sur des petits éléments pour faciliter la construction incrémentale : différentes formes de blocs de béton encastrables et une structure légère de plancher préfabriqué facilement transportable. Etait prévu aussi le mobilier urbain pensé en modules. L’accord a nommé Peter Land comme directeur du projet au près des Nations Unies. Le projet dans son ensemble devait élaborer des méthodes et des techniques, pour qu’elles soient appliquées à plus grande échelle dans le cadre de la politique de logement péruvienne. Le premier projet pilote qui deviendra le nouveau quartier de PREVI, consistait à créer un nouveau quartier bon marché - construit par des entrepreneurs - en insistant sur de nouvelles et meilleures méthodes de construction et de conception. |Fig. 2| Le deuxième projet consistait à développer des techniques et des protocoles de rénovation
3
KOCH, Carl, Ibid.
des maisons anciennes et existantes. |Fig. 3| Le PP3, le troisième projet pilote, visait à élaborer des méthodes et techniques de planification urbaine et d’habitat évolutif auto-construit pour améliorer les conditions de vie3. Chaque projet pilote a associé des professionnels péruviens et internationaux. |Fig. 4| Par ailleurs, suite au tremblement de terre du 30 mai 1970, une équipe de spécialistes des Nations Unies encadrée > Fig. 1: Conférence de presse à Lima avec les autorités péruviennes et des Nations Unies expliquant le projet de PREVI, 24 Mars 1969. > Fig. 2: PP1, construction d’un quartier de logement à travers un concours international > Fig. 3: PP2, rénovation et réhabilitation urbaine > Fig. 4: PP3, planification d’ilôts et de services > Fig. 5: PP4, recherche sur des systèmes d’auto-construction en zones sismiques
46 I MISE EN PLACE DE PREVI
par son directeur Peter Land, a visité les régions sinistrées afin de préconiser des mesures de reconstructions et leur trouver des techniques de logement sismique auto-constructibles, à très faible coût et en utilisant des matériaux locaux. |Fig. 5|
B / LES PARTICIPANTS L’architecte-urbaniste représentant les Nations Unies pour le concours de PREVI, avait VARGAS, José, « PREVI: Experimento a medias», El Arquitecto Peruano, MarsJuin 1977, N°356, p. 8
pour mission de désigner les équipes internationales invitées au concours4. En octobre
5
LAND, Peter, Peter Land discusses his new book, entretien à IIT Architecture Chiago
expériences et leurs recherches sur les logements sociaux, pour leur conception de
6
Van Eyck, Candilis, Josic and Woods, dans ces années-là était conforme aux intentions
4
cf. voir annexe Retranscription d’entretien, LAND, Peter
1968, Peter Land fit un tour du monde en deux semaines pour recruter les futurs participants internationaux au concours5. Ces derniers furent sélectionnés pour leurs l’architecture évolutive. Il choisit aussi d’anciens membres du CIAM ralliés au Team X. Lors d’un échange avec Peter Land, il indiqua que: « l’activité professionnelle de Aldo du projet de PREVI et ce fut la base de ma sélection6 ». Peter Land choisit ainsi un groupe de 13 architectes internationaux, auxquels se sont ajoutés 13 architectes péruviens sélectionnés sur concours parmi 85 équipes. Le directeur des Nations Unies avait passé deux ans à travailler dans les quartiers populaires et bidonvilles de Lima pour définir les principes fondamentaux du projet et comprendre leur mode de vie. Il invita les 13 groupes d’architectes internationaux à Lima afin qu’ils comprennent le fonctionnement de ses habitants, leurs pratiques et leur mode de vie. Ils visitèrent les projets d’« unidades vecinales », des urbanisations vernaculaires (au Machu Picchu, Cuzco par exemple), des projets d’habitation à coûts modérés, des bidonvilles, des taudis et le site du concours. Après leur visite, les équipes internationales travaillèrent sur leurs propositions et envoyèrent leur projet à Lima sous forme de dessin, avec une estimation de coût. Les propositions furent évaluées en Septembre 1969, par un jury présidé par les architectes Manuel Valega (Pérou) et Ernest Weissmann (Nations Unies) avec la > Fig. 6: Annonce des gagnants aux concours de PREVI et ses membres du jury
48 I MISE EN PLACE DE PREVI
participation de Eduardo Barclay - nommé par le Collège d’Architecture du Pérou et représentant les architectes péruviens, puis Antonio Coderch (Espagne), Halldor Gunnløgsson (Danemark), Carlo Koch pour l’Union Internationale des Architectes, Peter Land représentant des Nations Unies, Ricardo Malachowki, Alfredo Pérez, Darío González et Alvaro Ortega. Les membres du jury ont récompensé six projets d’un chèque de 5000$. Selon la revue péruvienne La Prensa où parut un article en septembre 1969 : « Les trois équipes péruviennes sélectionnées par les jurys sont : Fernando Chaparro, Victor Ramirez, Victor Smirnoff et Victor Wyszkowski ; Elsa Mazzari y Manuel Llanos ; et celui de Jacques Crousse, Jorge Paez et Ricardo Perez Léon. Les équipes gagnantes de la sélection internationale sont : pour l’Allemagne, Herbert Ohl ; pour le Japon, Fumihiko Maki, Kiyonori Kikutaki et Noriaki Kurokawa et pour la Suisse, Atelier 5. » Mais il y eut en tout 13 participants internationaux et 13 architectes péruviens. Les 13 architectures internationaux et équipes invités à participer à la compétition furent : James Stirling – Grande Bretagne (I-1) Knud Svenssons – Danemark (I-2) German Samper, Esquerra, Sáenz, Urdaneta – Colombie (I-3) Atelier 5 – Suisse (I-4) Toivo Korhonen – Finlande (I-5) Herbert Olh – Allemagne (I-6)
> Fig. 7: Les 13 participants internationaux durant leurs visite à Lima 50 I MISE EN PLACE DE PREVI
Charles Correa – Inde (I-7) Kikutaki, Kurokawa, Maki – Japon (I-8) Iñiguez de Ozoño, Vázquez de Castro España – Espagne (I-9) Oskar Hansen et Sven Hartloy – Pologne (I-10) Aldo Van Eyck – Hollande (I-11) Candilis, Josic et Woods – France (I-12) Christopher Alexander – Etats Unies (I-13) Et les 13 équipes péruviennes sélectionnées après leurs propres compétitions ouvertes à tous furent : Miguel Alvariño (P-5) Ernesto Paredes (P-6) Luis Miró-Quesada, Carlos Williams, Oswaldo Nuñez (P-7) Juan Gunther et Mario Seminario (P-9) Carlos Morales (P-12) Juan Reiser (P-16) Eduardo Orrego (P-18) Luis Vier, Consuelo Zanelli (P-20) Franco Vella, José Bentín, Raúl Quiñones, Luis Takahashi (P-21) Manuel Llanos, Elsa Mazzari (P-22) Frederick Cooper, José García-Bryce, Antonio Graña, Eugenio Nicolini (P-24) Fernando Chaparro, Victor Ramirez, Victor Smirnoff, Victor Wyszkowsky (P-25)
I 51
C / UN SITE DESERTIQUE
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PREVI
Centre
> Fig. 8: Localisation du site de PREVI
LAND, Peter, The experimental housing project (PREVI), Lima , Bogota, Colombie, Universidad de los Andes, 2015
Jacques Crousse, Jorge Páez, Ricardo Pérez León (P-27)
9
avec les bureaux de logement et de planification urbaine de la Banque de Logement
8
cf. voir annexe retranscription d’entretien, Rafael 10
autouroute conçue en 1923 traversant l’ensemble des Amériques, de Buenos Aires jusqu’à Panama City. 11
en 1965 l’aéroport, situé au départ à San Isidro, se déplaca à Callao dût au manque de place, on le baptisa «Aeropuerto Internacional Jorge Chávez suivant le fameux aviateur péruvien.
52 I MISE EN PLACE DE PREVI
Pour répondre au Plan Pilote et créer ainsi une nouvelle génération de unidades vecinales il a fallu chercher un grand terrain désertique pouvant accueillir un nouveau quartier de logements. Des études de planification furent réalisées en collaboration afin de trouver des sites pour les trois premiers projets pilotes. Le futur quartier, situé dans le «cône» est de la capitale, est adjacent à l’autoroute panaméricaine au km 9,5 dans une zone désertique d’expansion rapide. Comme nous signale Rafael, habitant d’un habitat de Candilis, Josic et Woods qu’il a transformé en crèche : « jusqu’en 2000 il n’y avait pas de service, pas de supermarchés, pas de cinémas, tout était désertique. Maintenant, tout est plus proche9. » Il fut décidé de l’implanter sur un site désertique de 40 hectares le long de l’autoroute panaméricaine10, près de l’aéroport11, reliant le site à l’international et facilement
accessible au centre de Lima (à 8km) par les transports publics et non loin des deux autres projets pilotes de Chimbote et de Huaraz . 12
12
Alameda: rue piétonne publique ou promenade, abritée par des arbres.
Etant le premier quartier créé dans le nord-est de la capitale, il était potentiellement possible que le nouveau complexe s’étende à d’autres sites tout en développant le même concept urbain. Suivant le plan d’extension de Peter Land, la différentiation entre les déplacements piétons et véhiculaires pouvait être maintenue en continu le long de l’« Alameda centrale 12» reliant les équipements primaires et secondaires. |fig. 9| Par exemple, l’un des participants, James Stirling a pris position de construire des groupes de logements parallèlement aux grands axes existants. Ces derniers sont rythmés par une esplanade abritant parcs et équipements publics. Il va ainsi reproduire ce schéma en projetant l’agrandissement vers l’ouest. |fig. 10|
> Fig. 9: Plan d’expansion de Peter Land pour PREVI
> Fig. 10: Plan d’expansion de James Stirling pour PREVI
I 53
II. PROGRAMME DU CONCOURS
A / UNE OEUVRE-OUVERTE COLLECTIVE Lors de leur visite à Lima, les architectes internationaux rencontrèrent les habitants potentiels du projet qui étaient membres de « l’association épargne et crédit » liée à la Banque de l’habitat (« Housing bank of Lima »). Les membres devaient prouver qu’ils pouvaient épargner de l’argent pendant au moins cinq ans afin d’avoir accès à un crédit leur permettant d’acquérir un petit logement. Il était important pour le projet de PREVI que les habitants soient de cette classe moyenne, afin de pouvoir financer ce projet incrémental. Conformément aux théories des années 60 sur l’organisation spatiale du logement, le but de PREVI était de concilier standardisation, production industrielle et rationalisation du plan ; s’y ajoutaient l’auto-construction mais aussi le caractère socio-spatial propre aux bidonvilles de Lima.
Selon INSEE, sur le site de l’INSEE: https:// www.insee.fr/fr/ information/2417794 [consulté le 8 Mai 2017] 13
14
VARGAS, José, «PREVI : Experimento a medias», El Arquitecto Peruano, MarsJuin 1977, N°356 15
cf. Annexe, retranscription d’entretien, Rafael 16 cf. Annexe Retranscription d’entretien, Peter Land: «In terms of design and urban planning, the Unidades Vecinales are blocks of apartments in a defined open space. PREVI on the other hand are groups of expandable one or two story units with advanced design and technology around plazas and pedestrian streets with an Alameda that connects the houses with schools and shops all together in a dense neighborhood with human scale.» 17
Les paramètres économiques étaient ainsi déterminants pour la validation des solutions calculées pour des personnes ayant des revenus entre 2 800 et 5 800 soles par mois en 1968 (375 et 867 euros13) ; suivant un modèle de financement à 20 ans et un coût total approximatif entre 78 000 et 164 000 soles (10 445 – 21 482 euros), services compris. Il fallait une approche normative pour garantir à tous une solution économique et efficace14. Ils attribuèrent les habitations aux employés du gouvernement selon Rafaël: « Tous ceux qui vivent ici ont été employés du gouvernement, professeurs, policiers, des gens qui travaillaient pour le gouvernement15.» Certes, PREVI se retrouve dans la lignée des Unidades Vecinales mais comme le souligne Peter Land : « en matière de projet et de planification urbaine, les Unidades Vecinales sont des appartements en barres définis sur un site ouvert. D’autre part, PREVI constitue un quartier dense à échelle humaine contenant des groupes d’unités expansibles, d’un ou de deux étages avec une technologie avancée, autour de places et de chemins piétons avec une rue principale qui connecte les logements aux écoles et magasins16.» PREVI avait pour but de créer un quartier de 1500 maisons qui peuvent se développer verticalement ou horizontalement, en différentes étapes au gré des besoins des familles. De cette façon une famille modeste peut acheter une petite maison, et l’ensemble du quartier peut commencer par de petits investissements17.
VARGAS, José, ibid. > Fig. 11: Photographie aérienne de la première étape du quartier de PREVI en février 1976
54 I MISE EN PLACE DE PREVI
B / L’UNITE DE LOGEMENT En mars 1969, on lança le compte rendu du concours qui demandait de dessiner une unité non comme un logement immuable dans le temps, mais comme une 18
VARGAS, José, «PREVI : Experimento a medias», El Arquitecto Peruano, MarsJuin 1977, N°356 19
«The thing which is different about Peru is the tremendous free-for-all among house owners and builders... we have to follow for this, and organise it into something less controled. In a way its restrictive not to build for some change and adoption», STIRLING, James, «Architect and UK participant in PREVI», The Times, Londres, 1960, p. 28 20
KOCH, Carl, «PREVI/ LIMA, low cost housing», AD, 1970, N°40
cellule variable dans un procès d’évolution en fonction de la croissance familiale18. Effectivement James Stirling souligne l’importance de l’auto-construction dans le Times en 1960 : « ce qui est différent au Pérou c’est le logement libre pour tous les propriétaires et les constructeurs… nous devons le favoriser et l’organiser en quelques choses de moins contrôlées possible. D’une certaine manière, il est restrictif de ne pas construire pour un changement et une adoption19. » Chaque module devait être évolutif à la verticale pour loger une famille de huit enfants en tenant compte des attentes des différents âges et d’un couple de personnes âgées20. Il devait aussi pouvoir s’adapter à différents scénarios : héberger en premier lieu un couple avec jeunes enfants, puis dans une deuxième phase pouvoir accueillir une extension à mesure des besoins. La troisième phase introduirait l’idée d’une partition possible pour un ou deux couples mariés parmi les enfants. |fig. 12| Dans la dernière étape les propriétaires, désormais âgés, laisseraient leur place pour que le cycle recommence. Chaque parcelle devait mesurer entre 60m2 et 120m2, soit des parcelles rectangulaires de 7 à 9 mètres de large sur 12 à 18 mètres. Quelques réponses au concours prévoyaient une parcelle carrée de 9 à 11 mètres, et d’autres, peut-être plus
21
VARGAS, José, Ibid.
économiques, réduisirent le front à leur expression minimale de 6 à 4 mètres, jusqu’à 3,60 mètres21. Les projets devaient être composés de 40% d’habitat pour des couples avec deux enfants, 40% avec quatre enfants et 20% avec six enfants. 25% de chaque type devait être des unités incomplètes. Afin de montrer en préalable la fléxibilité de chaque unité. Les modules devaient être disposés de façon à être abrités du vent du sud-ouest (excepté la cuisine) pour se servir de cette ventilation naturelle. Il fallait pouvoir résoudre ces dimensions environnementales grâce à des mécanismes. Par exemple, en été, il fallait penser à la haute réflexion du soleil en relation avec le dessin des fenêtres. Les autres informations données n’étaient que des directives mais qui intégraient les principes fondamentaux du projet: développer une nouvelle réflexion sur la réalité locale du logement mis en œuvre à travers des innovations technologiques provenant des pays développés. Des détails de construction des logements étaient demandés aux architectes tandis que l’échelle urbaine l’était un peu moins. > Fig. 12: Axonométrie des étapes de l’unité incrémentale de James Stirling
56 I MISE EN PLACE DE PREVI
C / LA FORME URBAINE i. Recherche d’une forme urbaine traditionnelle
> Fig. 13 & 14: Photographie des maisons traditionnelle du quartier de Barranco, Lima
Les parties anciennes de Lima, comme le quartier de Barranco, grouillent d’activités en tout genre ; on y voit divers types et formes de bâtiments comme des îlots denses de petites et grandes maisons, des monuments historiques, églises, places, jardins, marchés… Tous s’assemblent pour former un tissu urbain compact au profil bas et qui a l’avantage d’être piéton. Traversées aussi par des avenues commerçantes et des voies de circulation très bruyantes. Les petites maisons sont inscrites dans des clusters et des allées calmes, loin des voies principales très encombrées. On y accède par des voies étroites piétonnes qui pénètrent le quartier, et s’ouvrent sur des places et des culs-de-sac plantés d’arbres, fleurs et buissons colorés. Les maisons bordent ces espaces et jardins communs, chaque unité a sa propre petite cour intérieure |fig. 13 & 14|. Peter Land examinera la
22
LAND, Peter, The experimental housing project (PREVI), Lima , Bogota, Colombie, Universidad de los Andes, 2015
structure de ces quartiers pour tracer les lignes directrices du concours de PREVI22. Le rendu du concours devait comporter un complexe urbain à « low-rise, high density » (faible hauteur mais densité élevée) où les circulations piétonnes et véhiculaires seraient séparées. Il fallait également que le projet soit basé sur un concept de ‘cluster23’ afin de générer un climat communautaire par l’aménagement d’espaces publics. 23
«Le mot ‘cluster’ a été introduit pour la première fois au CIAM X à Dubrovnik en 1956. (...) Le mot ‘cluster’ est spécifique à un motif d’association qui remplacerait les groupes concepts de ‘maison, rue, district, ville’ (sub-division communautaire), ou ‘isolement, village, petite ville, grande ville’ (entité de groupe) qui sont historiquement trop connotés», SMITHSON, Alison & Peter, Urban structuring, Londres, Studio Vista, 1967 p. 33
58 I MISE EN PLACE DE PREVI
ii. Equipements et espaces publics Dans la tradition des Unidades Vecinales le quartier de PREVI devait être pensé comme quasi autonome. Effectivement le site était dans un endroit éloigné du centre où il aurait été difficile pour les habitants d’accéder aux services. Si PREVI se situe sur la ligne des transports en public, il était prévu que le pourcentage de personnes ayant une voiture resterait très bas en raison des faibles revenus des familles comparés au prix exorbitant des voitures. Ainsi le quartier devait être équipé de crèches, d’écoles primaires et secondaires, de centre de sport et d’un grand centre communautaire (comportant un supermarché, 20 magasins, 3 restaurants, 1 cinéma, une salle à usage multiple, une église, une station essence, services municipaux et postes de police, une bibliothèque, un centre de soins, une clinique …). Parmi les propositions urbaines, certaines préconisent une « nucléarisation des centres urbains dynamiques24. » Ce qui donne lieu à leur polarisation. D’autres proposent de relier ou d’englober les équipements par un axe piétonnier central, l’épine dorsale du quartier, tout en créant
24
VARGAS, José, «PREVI : Experimento a medias», El Arquitecto Peruano, MarsJuin 1977, N°356, p. 14
des zones de tranquillité pour les logements. Le rendu de la compétition devait marquer une séparation entre piétons et véhicules. Les architectes devaient penser à des espaces de stationnements collectifs pouvant abriter d’autres activités. On retrouve dans les propositions urbaines des architectes, différentes typologies d’espaces de stationnement : souterrains, longitudinaux sur voie secondaire, cul-de-sac ou parcs en enclos ponctuels. Comme la construction de route coûte cher, elle devait être construite à son minimum. Un peu plus de la moitié des participants ont opté pour un parcours piéton continu sur la totalité du site. L’assemblage des différentes unités de logement créa des clusters composés de bâtis et d’espaces libres. Ces derniers devaient pouvoir servir à différents usages. En raison de la sécheresse, les jardins de Lima doivent être toujours irrigués ; les patios mauresques y sont traditionnels, la partie plantée est limitée à des pots et aux murs, et le sol est carrelé. L’aménagement de ces espaces doivent pouvoir permettre aux habitants d’agrandir leur propre jardin. On doit aussi retrouver cette tradition des villes
I 59
P R O J E T S
FORME URBAINE
P-5
P-6
Miguel Alvarino
Ernesto Paredes
P - 7 P - 9 P - 12 P - 16 P - 18 P - 20 P - 21 P - 22 P - 24
Juan Luis Miró- Gunter, Quesada Mario & co. Seminario
Carlos Morales
Juan Reiser
organique echiquier orientéN-S echiquier orientéE-O
R A P P O R T CLUSTER & PLACE cul-de-sac vide fédérateur
Espace public qui met en relation les différents clusters
espace intégré
Espace public est inclus dans la composition du cluster
élargissement de la voie
EQUIPEMENTS reliés par une allée inscrits dans une zone piétonne dispersés non reliés physiquement alignés non reliés physiquement
C I R C U L AT I O N P I E T O N N E
continue
peut parcourir site sans croiser une rue
discontinue
sacadée des voies de circulation
STATIONNEMENT
cul-de-sac
longitudinal aux voies secondaires parcpublic en etenclos ponctuel sous-sol non visible en surface
> Fig. 15: Tableau comparatif de tous les projets, en gras les projets qui seront par la suite analysé
60 I MISE EN PLACE DE PREVI
Eduardo Orrego
Luis Vier, Conseuelo Zanelli
Franco Vella & co.
Manuel Llanos, Elsa Mazzari
Frederick Cooper & co.
P - 25 P - 27 I - 1 Fernando Chaparro & co.
Jorge Páez & co.
James Stirling
I-2 Knud Svenssons
I-3 I-4 German Samper, Esquerra
Atelier 5
I-5
I-6
I-7
Toivo Korhonen
Herbert Ohl
Charles Correa
I-8
I-9
Iñiguez Kikutaki, de Ozoño, Kurokawa, Vázquez Maki de Castro
I - 10 I - 11 I - 12 I - 13 Oskar Hansen, Sven Hartloy
Aldo Van Eyck
Candilis, Josic, Woods
Christopher Alexander
Total %
19% 54% 27%
22% 29% 14% 35%
37% 27% 20% 16%
54% 46%
31% 31% 31% 7%
I 61
péruviennes des plazas (places), de l’atrium (atrium) et des paseos (passages) – tous des espaces pour des activités piétonnes, que l’on retrouve dans les villes péruviennes. Néanmoins le rapport entre le cluster et ces espaces communs vides est traité de différentes manières. Il peut être très convivial et refermé autour d’un cul-de-sac ou au contraire n’y avoir aucun lien ; la seule utilisation du vide est d’assembler différents groupes de typologies d’unités, il peut encore se retrouver au centre à la manière des « cités jardins » ou encore le bâti est bordé par des espaces issus d’élargissement de rue. Ainsi tous ces différents assemblages, rapports entre clusters et vides forment différentes morphologies urbaines : organiques, en échiquier orientées Nord-Sud ou Nord-Est/Sud-Ouest. |fig. 15|
62 I MISE EN PLACE DE PREVI
III. TROIS APPROCHES THEORIQUES IMPORTANTES
Parmi les 26 propositions nous avons retenu trois mouvements : l’une exprime le mouvement péruvien, l’autre influence l’aménagement des espaces publics visibles encore aujourd’hui et l’autre développe des recherches sur le structuralisme à travers PREVI. Luis Miró Quesada, Carlos Williams et Oswaldo Nuñez sont les premiers architectes péruviens modernes membre du groupe « Agrupación Espacio » ; Van Eyck inscrit son concept de « playground » quant à Christopher Alexander l’architectethéoricien développe et illustre son concept de « pattern language » appliqué au quartier de PREVI dans The Nature of Order. Ces trois participants au concours ont modelé la pensée urbaine qui persiste à PREVI aujourd’hui.
A / «AGRUPACIÓN ESPACIO» On a vu que dès les années 40 le mouvement moderne a fortement influencé le développement au Pérou et particulièrement à Lima. Le 23 Décembre 1943, Adolfo Córdova et Carlos Williams, deux jeunes étudiants du nouveau Département d’Architecture à l’Université nationale d’ingénierie, envoyèrent une lettre au journal El Sol de Cusco appelant pour une architecture « produit de son temps et avec la logique d’expression des matériaux et du sentiment de ces personnes25. » De cette manière cette lettre fût à l’origine de Agrupación Espacio qui par le biais de projets, de publications et de conférences, canalisèrent la culture architecturale moderne au Pérou. Espacio regroupe des architectes, en plus de, Adolfo Córdova et Carlos Williams, Luis Dorich, Santiago Agurto, Eduardo Neira et d’autres sous la direction de Luis Miró Quesada. Ils publièrent leurs principes en Juin 1947 dans El Arquitecto Peruano, « Expresión de principios de la Agrupación Espacio ». Le manifeste exprime le besoin du groupe d’exposer ses frustrations sur l’immobilité culturelle de leur société, comparé aux sphères du « monde moderne ». Mais aussi leur opposition à la conception traditionnelle de l’architecture, les arts et la ville26. Comme Belaúnde, Espacio était convaincu que l’architecture et l’urbanisme étaient les instruments pour améliorer les villes. Avec le soutien du futur président, certains membres du groupe dirigèrent l’enseignement et furent à la tête du ministère de l’urbanisme27:
25
CORDOVA, Adolfo, WILLIAM, Carlos, «Carta al diario el Sol», Diario El Sol, Cusco, Décembre 1946, p. 3 26
«Expresión de principios de la Agrupación Espacio", El Arquitecto Peruano, Juin 1947, N°119, p. 23-24 27
KAHATT, Sharif, Third World Modernism: Architecture, Development and Identity Agrupacion Espacio and the CIAM Peru Group: architecture and the city in the Peruvian modern project, Routledge, Duanfang Lu, 2011
I 63
Luis Dorich en collaboration avec Sert and Wiener dessinèrent le Plan Pilote de Lima (secteur central de Lima avec son centre civic et son quartier d’affaires), élaborèrent un nouveau système qui connectait la capitale avec d’autres villes péruviennes et planifièrent les Unidades vecinales. Comment ces projets de logement et les recherches menées par L’agrupacion Espacio influencèrent PREVI ? Dans la première Unidad vecinal nommée UV3 (1949) notamment dessinée par Luis Dorich, les logements entourent une aire centrale d’activités et de service comme écoles, commerces, cinéma, église, commissariat et une bibliothèque. Il en fut de même à PREVI pour les commerces et les écoles. La Agrupación Espacio, lancèrent Espacio magazine en 1949 où pour la première fois au Pérou, l’architecture prenait en compte le fait que la ville était un espace public qui devait être perçu comme la prolongation de sa maison. Ainsi ces nouveaux quartiers de logement sont composés de parcs et de places, ainsi que d’autres espaces collectifs dessinés conçus à l’échelle humaine et qui ne se croisent jamais avec des voies véhiculaires, comme à PREVI. Lorsque Peter Land menait ses études de terrain au Pérou, il alla visiter l’ensemble architectural de San Felipe qui était en construction (1962-1969). A ce moment-là Oswaldo Núñez poursuivait le projet initial de Henri Ciriani et Mario Bernuy. Le quartier se construira en plusieurs phases, avec plusieurs architectes mélangeant différentes typologies de logements et de circulations. Enfin, comme Peter Land, le groupe s’intéressa aux barriadas, aux recherches sur l’auto-construction et sur leur restructuration communautaire (cluster). En 1977, La Agrupación Espacio publia la « Chartres du Machu Picchu » en reconnaissant 28
Carta de Machu-Picchu, Cusco, Pérou, Congrès de l’Union International d’Architecte (UIA), Decembre 1977
64 I MISE EN PLACE DE PREVI
que « la ville ne doit pas suivre une approche fonctionnaliste, mais contextuelle et multifonctionnelle », mais aussi « intégrer les agglomérations informelles de la ville (barriadas) dans sa structure28. » |fig. 16|
Cependant Peter Land qui nous a indiqué lors de nos échanges souligne qu’en : « terme de design et de planification urbaine, les Unidades Vecinales, sont des barres d’appartements dans un espace ouvert délimité. Alors qu’à PREVI, elles sont des groupes d’unités extensibles d’un ou deux étages avec une conception et une technologie plus sophistiquée (…)29». Nous indiquerons ultérieurement, lors de l’analyse de leur proposition en cul-de-sac quelles idées les ont poussés à dessiner le plan urbain rendu lors du concours de PREVI. 29
cf. Annexe «Entretien: Peter Land» : « In terms of design and urban planning, the Unidades Vecinales are blocks of apartments in a defined open space. PREVI on the other hand are groups of expandable one or two story units with advanced design and technology (…) »
> Fig. 16: Ex président Fernando Belaunde convoqua les architectes du monde entier au Machu Picchu en 1977 pour actualiser la Chartres d’Athènes. Luis Miro Quesada et Santiago Agurto, attentif au premier rang avec leurs bras croisés.
I 65
B / LES PLAYGROUNDS DE ALDO VAN EYCK A PREVI Aldo Van Eyck, architecte anticonformiste néerlandais a influencé l’architecture d’après-guerre. Il fonda Team X en 1954, avec Jaap Bakerna, Georges Candilis, Alison et Peter Smithsons. Ils développèrent une nouvelle conception basée sur le « schéma 29
STRAUVEN, FRANCIS, "Obituary : Aldo Van Eyck" sur le site de 'The Independent', 1999: http://www.independent.co.uk/ arts-entertainment/obituaryaldo-van-eyck-1075229.html
[consulté le 13 Mars 2016]
de composition humaine » et leurs liens de comportement29. Aldo van Eyck illustre cette approche à travers son Orphelinat d’Amsterdam (1955-1960). C’est un complexe programmatique de structures en corrélation : une ville idéale de microcosme. Selon Van Eyck, la petite échelle s’apprécie en relation avec la grande, et vice versa. En 1960, il imagine cette idée de la grande maison et de la petite ville : « une maison doit être comme une petite ville pour qu’elle existe ; de la même manière une ville doit être une grande maison pour qu’elle soit réelle. En réalité, ce qui est grand sans être petit n’existe pas moins que ce qui est petit sans être grand. S’il n’y a pas de vraie
30
« A house must be like a small city if it’s to be a real home; a city like a large house if it’s to be a real city. In fact, what is large without being small has no more real size than what is small without being large. If there is no real size, there will be no human size » VAN EYCK, Aldo, «Is architecture going to reconcile basic values?», CIAM ‘59 in Otterlo, Stuttgart, Krämer Verlag, 1961, p. 26
dimension, il n’y aura pas de dimension humaine29. » Mise à part son complexe programmatique d’orphelinat, il est réputé pour son travail de « Playgrounds » à Amsterdam après-guerre. Il intègre dans ses plans de terrain de jeu la séparation fonctionnaliste idéale du logement, le travail, la circulation et le loisir. Les playgrounds répondent à une problématique d’entre-deux de l’architecture, en y réunissant différents usagers dans ces nombreuses stratégies urbaines. Plus de 700 playgrounds seront construites entre 1947-1972. Chacune d’entre elles est différente par sa composition, localisation et son environnement. La composition des « playgrounds » de Van Eyck n’est ni hiérarchisée, ni symétrique c’est
31
VAN EYCK, Aldo, The child, the city and the artist: an essay on architecture : the in-between realm, Amsterdam, Vincent Ligtelijn et Francis Strauven, SUN, 2008, p. 55 32
KOLLAROV, Denisa, VAN LINGEN, Anna, Aldo Van Eyck: seventeen playgrounds, Amsterdam, Lecturis, 2016 33
Ibid.
66 I MISE EN PLACE DE PREVI
plutôt un équilibre entre les éléments de jeu et les espaces entre eux. Ces zones « inbetween31 » sont essentielles car elles créent l’espace parfait pour n’importe quel type de jeu32. De même on retrouve dans le terrain de jeu de PREVI, des éléments éloignés l’un de l’autre mais mis en tension par leurs directions, leurs espaces d’interventions et leurs proximités plus ou moins proche. Van Eyck place en premier le bac à sable qui va aider à en découler sa composition comme par exemple à « Berthelmanplein ». |fig. 18| La butte conique tronquée de PREVI y est comparable, elle organise la juxtaposition des objets pour créer ces zones « d’entre-deux ». De plus cette « climbing moutain 33» de PREVI donne une autre hauteur, une autre échelle au lieu. De tous les éléments
> Fig. 17: Playground de PREVI, Lima, 1971 > Fig. 18: Playground de Berthelmanplein, Amsterdam, 1947 > Fig. 19: Playground de Vondelpark, Amsterdam,1968
I 67
de Aldo Van Eyck c’est l’élément le plus sculptural (cf. Vondelpark) qui montre aux enfants qu’une montagne est composée de différents niveaux, et que le haut de la montagne est aussi important que le chemin pour y arriver. |fig. 19| Ce dernier est un bon exemple démontrant que ces éléments peuvent être autant utilisés par un enfant que par plusieurs, générant ainsi une interaction sociale spontanée. La montagne conique de PREVI présente d’un côté deux toboggans (initialement il n’y en avait qu’un seul) sur une pente libre et sur sa face arrondie un mur d’escalade. Même s’il y a des usages imposés il est possible d’en inventer d’autres: l’utiliser à plusieurs sans nécessairement se croiser ou au contraire lui donner un autre usage plus collectif (course sur le bord et sur les toboggans). 34
Climbing frames: jeu en structure métallique en maille destiné à l’escalade
L’autre élément important chez Van Eyck sont les « climbing frames34 » qui par leurs formes simples et abstraites stimulent l’imagination des enfants. Au départ en forme d’arche puis de dôme, dans les années 60’ ils deviennent de grandes structures d’escalade de forme hexagonale (cf. Bertelmanplein). On retrouve cela dans l’aire de jeu initial de PREVI.
> Fig. 20: Plan du terrain de jeu de PREVI, Lima,1972
68 I MISE EN PLACE DE PREVI
I 69
C / « A PATTERN LANGUAGE »
DE CHRISTOPHER ALEXANDER
La théorie du « pattern language » de Christopher Alexander produit des systèmes 35
pattern: provenant du terme ‘patron’ c’est une forme ou une séquence régulière et intelligible répété pour former un arrangement régulier. (définition de l’auteur)
élaborés à partir de mots et d’observations. Il identifie le « pattern35» comme un caractère de la vie et l’utilise pour définir des « living structures » (structures vivantes). C’est en quelque sorte une règle qui définit comment l’humain interagit avec des formes construites, son environnement. Le « pattern language » détermine comment et où l’homme préfère marcher, dormir, s’asseoir, entrer et se déplacer dans un bâtiment, se sent à l’aise ou non dans un jardin... Elle permet à promouvoir la relation entre un environnement construit et la vie humaine et son sentiment de bien-être. Alexander Christopher et trois autres architectes, ont vécu un mois à Lima avec une famille pour développer cette idée de pattern language pour le concours de PREVI. Ils publient leurs contre-rendu dans A pattern language : towns, building, construction, où ils notent par exemple, l’importance du salon qui est au centre de
36
ALEXANDER, Christopher, A pattern language : towns, buildings, construction, Berkley, California, Oxford University Press, 1977, p. 611 37 ALEXANDER, Christopher, The Nature of Order (Book 2 de The Process of Creating Life), Abington, GrandeBretagne, Taylor & Francis, 2002, p. 352
la maison, du seuil comme lieu de rencontre, du principe de la gradation intime et du mirador (une sorte d’oriel travaillé comme un moucharabieh, inspirée de l’architecture andalouse) permettant aux filles de regarder la rue sans être vue36 |fig. 21|. Il confirme même : « notre pattern language et la planification de nos maisons issue du pattern language était une réflexion plus juste sur la réalité péruvienne que celle menée par les architectes péruviens37. » Dans The Nature of Order – Book 2, The Process of Creating life, il illustre ses théories à travers le plan d’urbanisme de PREVI. Il développe sa pensée sur le « maillage des voies piétonnes et des rues » conçues pour être parfaitement articulées. Les circulations sont séparées, les routes en « loop » (boucle) permettent de réduire la vitesse des voitures et les voies piétonnes, perpendiculaires, traversent les zones d’habitations. Il considère que « les voitures sont importantes, et ne peuvent pas être
38
Ibid. p. 277
exclues entièrement des zones où habitent les gens38 » ; elles donnent accès aux maisons sans pénétrer les ilots d’habitations. Il évoque aussi les « activity nodes » (« nœuds d’activités ») : « les facilités > Fig. 21: Photos accompagnant le compte-rendu du groupe d’architectes et Christopher Alexander de Lima, 1969
70 I MISE EN PLACE DE PREVI
I 71
communautaires éparpillées ici et là à travers la ville ne contribuent pas à la vie de 39
Ibid. p. 164
la ville39.» Pour parvenir à rassembler les habitants, les équipements doivent être regroupés autour de petits « squares » publics qui fonctionnent comme des nœuds. Les voies principales piétonnes doivent y converger. Pour garder les activités concentrées, les squares doivent mesurer 14 x 18 mètres. Les activités qui y sont rassemblées doivent fonctionner de manière coopérative pour créer de l’intensité. Il agglomère les parcs et les écoles, les bars et les restaurants… Enfin elles doivent être reliées et réparties équitablement sur le site. De plus, à titre indicatif, après avoir passé un mois au Pérou, Christopher Alexander a dressé une liste de pattern selon le mode de vie péruvien de 1969 pour la communauté et l’habitation : Subculture cells Cellules en sous-culture
Central market Marché central
Long thin house Maison longue et fine
Degrees of publicness Degré d’initimité
Evening center Pôle du soir
Perimeter wall Mur de périmètre
Loopes local roads Route locale en boucle
Walk-through schools Ecoles ouvertes
Cross-ventilated house Maison traversante ventilée
T – Junctions Jonction en T
Visible kindergartens Crèche visible
Direct Visible parking Parking direct et visible
Walled social gardens Jardin social emmuré
Light on two sides of every room Lumière des deux côté des pièces
Tiny parking lots Petit parking
Cell gateway Entrée de cellule
Paseo Promenade
Multi-purpose outdoor room Salle extérieure multiusage
Activity nuclei Noyau d’activité Car – pedestrian symbiosis Symbiose de voiture piéton Pedestrian 50 cm above the car Piéton à 50 cm au-dessus de la voiture Knuckle at road crossing Articulation au croisement du rue
72 I MISE EN PLACE DE PREVI
Shops on corners Commerce à l’angle Centripetal pedestrian paths Chemins piétons centripètes
Patios which live Patio qui vit Tapestry of light and dark Tapisserie de claire et foncé The sala : intimacy gradient La salle à manger : gradient d’intimité Bathroom position Position salle-de-bain Puerta falsa Fausse porte
Street football Football de rue
Fiesta Fête
Flowers on the street Fleur sur les rues
Staircase stage Mise en scène de l’escalier
Thick walls Mur épais Family room circulation circulation de la pièce familiale Family room alcoves Alcôves de la pièce familiale Kitchen comedor relationship relation cuisine/salle à manger
Two-compartment bathroom Deux compartiments dans salle-de-bain Clothes-drying closet Placard pour sécher le linge Entrance transition transition d’entrée Front door recesses Activités de la porte d’entrée
Rental Location Continuous floating flab Epaisseur continue flotante Mortarless block wall Mur libre de mortier Composite bamboo foam beam Poutre composée de bambou et mousse
Home workshop Atelier à la maison
Mirador Mirador
Composite bamboo foam plank Planché composée de bambou et mousse
Two service patios Deux patios de service
Front door bench Banc de porte d’entrée
Sulphur reinforcing Renforcement de soufre
Elbow-room kitchen Cuisine en coude
Galley surround Coquerie autour
Individual bed alcoves Alcôves pour lit individuel
Plumbing accumulator Accumulateur pour plomberie
Translucent opening patio roof Continuous electric outlet : Ouverture translucide dans courant électrique continue toît du patio
Bed clusters Cluster de lit Master bed location Localisation du lit parental Master bedroom dressing space Espace pour vêtement dans chambre parentale
Light from two – story patio Lumière zénithale d’un patio en double-hauteur Sunshine in patios Ensoleillement dans les patios
Old people downstairs Personnes agées en bas
Two-meter balcony Balcon de deux mètres
Servant sleeping space Espace de nuit pour domestique
Shop front possibility Possibilité de magasin en front
Ainsi nous voyons comment PREVI, se constitue un fondement théoriques important qui s'attarde aux différentes échelles du projet. Le complexe regroupe les programmes et les typologies de nouveaux quartier du mouvement modernes péruviens de Agrupacion Espacio, s’inspire des playgrounds de Van Eyck pour son propre espace de jeu. PREVI est aussi au centre des réflexions du Pattern language de Christopher Alexander. On se demandera comment ces derniers perdurent aujourd’hui.
I 73
IV. L’ARTICULATION DES 26 PROJETS DU CONCOURS
A / UN QUARTIER DE 1500 A 500 LOGEMENTS Au début de années 1960, après la signature des accords, de réels changements politiques se produisirent ce qui changea le cours du projet. Le gouvernement de Belaúnde fut renversé par un coup d’état d’une junte militaire qui affecta le domaine du logement. On remplaça les membres du Comité de Directeur de la Banque du Logement (Banco de la vivienda) et des professionnelles dans la partie développement par des militaires et des officiers de la naval de la Junte. On les briefa sur l’objectif du projet 40
LAND, Peter, The experimental housing project (PREVI), Lima Design and technology in a new neighbourhood, Bogota, Colombie, Universidad de los Andes, 2015, p. 37
de PREVI pour maintenir son développement et éviter des perturbations40. Même si Manuel Valega, le nouveau gouvernement et président de la Banque de Logement confirme l’engagement du nouveau gouvernement face au projet du gouvernement antérieur, celui-ci dut être tronqué. Après de nombreuses négociations entre les dirigeants de l’ONU/PDNU, Peter Land, les officiers de la dictature militaires et les fonctionnaires de la Banque de Logement s’accordèrent de bâtir un quartier pilote proche de 500 logements pour expérimenter les solutions des participants. Sous la direction de Peter Land, Le Bureau de PREVI, produit entre 1969 et 1971, la totalité du projet d’architecture, d’urbanisme et de paysagisme pour un total de 2000 logements, qui sera le projet officiel de PREVI. Le projet abritera au moins 12 000 personnes et devra être construit en 4 étapes, basé sur les mêmes principes que Land et son équipe ont tracés pour la base du concours. Le gouvernement décida de faire construire 26 différents types de logement constituant la première étape du quartier. C’est à partir de la juxtaposition de typologies différentes de logement, tous prévus pour s’agrandir par le biais de l’auto-construction, dans un ensemble architectural à échelle humaine et intégrant le principe de la communauté grâce aux espaces publics, qui matérialisent PREVI aujourd’hui. Le but de PREVI était alors de construire 26 logements, 13 projets architectes péruviens
> Fig. 22: Plan de PREVI déssiné par Peter Land, situé dans le terrain prévu à l'origine. ech: 1:400e
74 I MISE EN PLACE DE PREVI
B / 26 PROPOSITIONS EN 1 PROJET et 13 internationaux. Mais la Banque de Logement décida de ne pas financer comme il était prévu un projet péruvien et un international. Le projet de Ricardo Vella-Zardin, José Bentin, Ricardo Quiñones et Lus Takahashi (P21) utilisait trop de madriers dans sa construction, un matériau assez cher sur la côte du Pérou. Et le projet de l’allemand, Herbert Ohl dont le mode de construction était trop compliqué. Néanmoins, dans l’esprit d’un projet d’expérimentation, ils fabriquèrent uniquement des cadres d’acier qui renforçait les « anneaux » de béton de la maison41. 41
LAND, Peter, The experimental housing project (PREVI), Lima Design and technology in a new neighbourhood, Bogota, Colombie, Universidad de los Andes, 2015, p. 37
Le nouveau plan masse du quartier de logement a été dessiné et développé par l’architecte Peter Land et l’équipe de développement de PREVI. Lors des échanges de courriers électroniques, il nous confirme qu’il n’avait pas d’idée préconçue sur la façon d’unifier les 26 projets, « je pourrais dire que j’ai été inspiré par les projets rendus ; la planification et la juxtaposition des groupes de maison et le modèle qui en a résulté ont émergé dans mon esprit après avoir étudié soigneusement tous les 26 projets et de mon expérience professionnelle sur ce qui est préférable42. » Il
42
Annexe «Entretien : Peter Land»: «I could say that was inspired by the projects handed in and the planning and juxtaposition of the groups of houses and the consequent urban pattern emerged in my mind after studying carefully each of the 26 projects and my professional experience on what was preferred »
intègre de manière cohérente les 26 projets sélectionnés lors de la compétition. Une « alameda » principale centrale piétonne parcourt le site d’est en ouest et dessert l’école, la crèche, les commerces et le parc. Cette colonne vertébrale du projet (mené à se prolonger) relie tous les équipements avec les clusters d’habitations et leurs rues piétonnes plus étroites orientées nord-sud. Disposé sur une grille de 60m x 60m, le projet est composé de 467 maisons avec des jardins à cours rattachés à 26 clusters d’un à trois étages. La diversité des groupes de logements crée non seulement une variété dans chaque petit espace public mais octroie une forme d’identité au logement collectif à haute densité. On en voit découler six typologies d’espace public dont : élargissement de rue (35%), place à quatre branches (17%), cul-de-sac (14%), place à trois branches (14%), place accolée (14%) et coude à angle droit (6%). |fig. 23| Le parc est en lien direct au nord-est avec l’école et fait partie du tissu urbain où les maisons sont localisées de part et d’autre; en contraste, il s’ouvre sur la grande échelle au sud. L’école et les familles du quartier utilisent conjointement le parc. Il est au centre des activités du quartier, on y promène son chien pendant les heures
76 I MISE EN PLACE DE PREVI
TYPOLOGIE D ’ E S PA C E PUBLIC
RAPPORT CLUSTER & ESPACE PUBLIC
E S PAC E I N T E G R E Espace public est inclus dans la composition du cluster
PLACE A 4 BRANCHES
CUL-DE-SAC
P - 22
P-7
VIDE FEDERATEUR
Espace public qui met en relation les différents clusters
P - 7 I P - 22 I I-1I P-9
P - 16 I P - 20 I I-1I P-7
I - 9 I I - 11I I - 13
I-7II-6I I-2
%
I - 14 I P - 21I P - 12
100% 17%
P - 18
50% P-6
ELARGISSEMENT DE PASSAGE
COUDE A ANGLE DROIT
14%
P - 25
P - 27
I - 13
I - 12
P - 12
I-5I P - 16
P - 27 I P - 25 I P - 22
P - 12 I P - 24
20%
I-8I P - 12
35%
I-4IP-5I I - 5 I P - 24
P-9
100% 6%
PLACE A 3 BRANCHES
I-9
P - 16 I I - 1
I-6I I-7
I - 12 I I - 3
100% 14%
PLACE «VERRUE»
I - 11
I-3
I - 11 I I-9
P - 5 I I - 11I I-4
50% 14%
LEGENDE
e s p a c e p u b l i c maintenu aujourd’hui
Ses qualités et ses caractères spatiaux principales sont maintenues aujourd’hui (2016)
P L A C E ANALYSEE
Pourcentage des qualités maintenues
%
Proportion de la typologie sur les 29 places du quartier
%
creuses de l’école, puis les élèves vont faire du sport ou jouent de leurs instruments, le week-end, des kermesses peuvent s’y dérouler. A plus petite échelle, le caractère communautaire est donné à travers les espaces publics de morphologie, de typologies et d’échelles différentes. Les voies piétonnes, les petites places semi-publiques au centre de cluster, les espaces de transition entre les maisons et les passages peuplés de végétation sont les composants de cette conception urbaine. La circulation piétonne est continue sur l’ensemble du site. Les enfants peuvent se rendre à l’école sans devoir traverser une rue. La circulation primaire véhiculaire reste en périphérie. Les axes secondaires sont parallèles à cette dernière, ils pénètrent le quartier en se terminant par en espace de stationnement en cul-de-sac. Le réseau orthogonal est composé de l’Alameda et de ses rues piétonnes secondaires perpendiculaires ainsi que la rue principale primaire en périphérie et ses culs-de-sac qui lui sont perpendiculaires. L’ Alameda est connectée à l’est à la bruyante autoroute panaméricaine. Peter Land crée des « bermes acoustiques », longues et hautes buttes de terre et de gazon destinées à absorber les bruits des voitures, pour la tranquilité du voisinage. Elles mettent aussi à distance le quartier et créént comme une séparation naturelle. Malheureusement, un des habitants du quartier, ancien représentant de l’association de PREVI, les as abattues pour vendre la terre.
> Fig. 24.a I 24.b I 24.c I 24.d: Photographie des différents usages du parc public de PREVI, 2016
78 I MISE EN PLACE DE PREVI
I 79
C / INVII ET LA CONSTRUCTION EXPERIMENTALE
A PREVI, le concept structurel et constructif était expérimental. Une des raisons pour laquelle on décida de construire les 26 projets était l’importance de l’apport technologique du « monde moderne » au Pérou. Peter Land pensait même 43
Annexe «Entretien : Peter Land»: «Yes I thought that PREVI would be repeated not only in Lima and Peru but also in Latin America and beyond as a model for a project in economic housing with advanced ideas in design and technology and urban quality.”
que PREVI : « serait reproduit non seulement à Lima et au Pérou mais en Amérique latine et au-delà comme un modèle pour un projet d’habitat économique avec des idées et des techniquess d’avant-garde et une qualité urbaine43. » Chaque participant devait remettre des documents sur la configuration structurelle et la méthode de construction : aspect de la structure principale incluant mur et sols, description des composants du bâtiment, leur production et leur mise en oeuvre44. Ces documents faisaient partie des documents que chaque habitant devait recevoir afin de pouvoir eux-même poursuivre la construction.
44
LAND, Peter, The experimental housing project (PREVI), Lima Design and technology in a new neighbourhood, Bogota, Colombie, Universidad de los Andes, 2015
Dans cet optique d’expérimentation et d’auto-construction, on mit en place à PREVI un « workshop », un atelier financé par l’ININVI (Instituto Nacional de Investigación y Normalización de la VIvienda – Institut National de recherche et normalisation du logement). A part le caractère constructif, ils développèrent d’autres travaux comme un système de toiture pour une école de bâtiment rurale. Dans la recherche pour le quartier d’habitation, ils expérimentèrent : des petits éléments pour faciliter la méthode de construction incrémentale, des blocs de béton innovants, des sols prémoulés, des moules de fabrication, des systèmes de dallage… |fig. 25-26| Selon l’architecte Joge Paez: «cette idée des escaliers de PREVI était merveilleuse! D’avoir une colonne et d’y
45
Annexe «Entretien : Jorge Paez »: «Esta idea de las escalera de PREVI estaba una maravilla! De tener un columna y de poner los pasos como eso»
enfiler chaque marche45.» |fig. 27| Au workshop, fut aussi conçu le dessin des mobiliers des espaces publics. Deux composants basiques d’assises en ciment-armé donnent un caractère à ces lieux. L’un en demi-lune permet de fermer organiquement les angles de la place tandis que les autres en forme de vague sont droits. Ces derniers peuvent servir d’assise, d’accoudoir, de tables. Mais aussi, de par sa forme en vague et son pied en tunnel, ce mobilier stimule l’imagination des enfants qui l’utilisent comme éléments de jeu. De plus, un élément circulair, avec un pied cylindrique au centre, sert de table. Les bancs préfabriqués de trois U de béton armé ancrés dans le sol sont aussi représentatifs des assises du quartier. Nous verrons comment ces éléments préfabriqués influencent les espaces publics de PREVI aujourd’hui. |fig. 28|
80 I MISE EN PLACE DE PREVI
> Fig. 25.a I 25.b I 25.c: (1e rangé) Travail des modules de pavés emboitables. Les modules de béton sont coulés dans des moules fait main > Fig. 26.a : (2e rangé à gauche) Brique type avec joint en langue et rainure pour un assemblage vertical et aligné > Fig. 26b. : (2e rangé au milieu) Brique pour intersection et avec les bouts fermés > Fig. 28.a : (en haut à gauche) Photographie vue de haut d’un espace public soulignant un assemblage possible avec les composants de préfabrication, 1972 > Fig. 28b. : (en haut à droite) Géométral d’un espace de repos et de jeu > Fig 28.c: (en bas à droite) Photographie de la «Plaza 13», un autre exemble d’assemblage parmis les dix.
> Fig 27: (2e rangé à droite) Escalier préfabriqué en béton armé: assemblage de module de marche sur une colonne centrale
I 81
3
ANALYSE DE DIFFERENTES TYPOLOGIES D’ESPACE PUBLIC
“I would say that a positive feature of PREVI is its urban quality that has not changed over the years but on the contrary, it has become the one of the most important features. Even though alterations that most of the house designs have endured from the original designs of the famous architects to the point that they can barely be recognized but the urban quality of the neighbourhood is evident1.”
Peter Land, 2017
Ce qui caractérise le quartier de PREVI, c’est la complexité du tissu et le traitement de ces espaces en interstices. Ces derniers présentent une grande diversité quant à la morphologie, la typologie et la densité. Ces espaces non bâtis ont chacun un rôle spécifique dans l’organisation du plan : la place à multiples branches réunit plusieurs propositions de clusters, l’élargissement des rues distribue des constructions en peigne et le cul de sac est intégré dans l’agencement du bâti. Nous approfondirons quatre typologies de places différentes en s’appuyant toujours sur les plans de concours des architectes et en les comparant à leurs intégrations dans le plan masse de PREVI d'aujourd'hui déssiné par Peter Land pour enfin comprendre la particularité des espaces publics du quartier. De par leur diversité typologique, chacun des espaces est vécu, utilisé, approprié de manières distinctes, ce qui fait le charme de PREVI. Ainsi nous essayerons de clarifier pourquoi certains espaces publics fonctionnent mieux que d’autres suivant leur morphologie, leur accès, leur localisation etc. 1
Annexe «Entretien : Peter Land»: «Je dirais qu’un des points positifs de PREVI est sa qualité urbaine qui n’a pas changé au cours des années, mais est au contraire, devenue l’une des caractéristiques les plus importantes. Si les modifications sur la plupart du bâti sont si éloignées des plans originaux des grands architectes du projet, les rendant parfois méconnaissables, la qualité urbaine du quartier est évidente. »
I 83
> Fig. 1 : Plan de la Première Etape du Projet Experimental de Logement : «PREVI» avec nom des places, des passages et la localisation des places analysées par la suite
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Avenue de los Alisos
I. CUL-DE-SAC une morphologie communautaire Le projet initial de Luis Miró Quesada, Oswaldo Núñez et Carlos Williams, membres de Agrupacion espacio, planifiait un regroupement d’unités autour d’une place sans issue, un cul-de-sac. Comme le cul de sac est au cœur du cluster, de l’agencement des modules, de la pensée des architectes, Peter Land a maintenu les proportions, le type d’assemblage des unités et les dimensions de l’espace public. Ainsi à travers cette étude de cas nous essayerons de voir si un espace public, planifié pour être répété à grande échelle, fonctionne aujourd’hui, même isolé. Est-ce qu’un cul-de-sac est une typologie qui peut exister seul ?
A / PENSÉE URBAINE DU CONCOURS i. Un groupe d’architectes, une pensée, une typologie d’assemblage
Luis Miró Quesada, Oswaldo Núñez et Carlos Williams, architectes du mouvement moderne péruvien appliquèrent le concept de « tapiz urbano » (tapis urbain, nappe) utilisé par José Sert et Paul Wiener en 1946-1948 pour le plan masse de Chimbote. C’est un tissage compact de maisons à patio de 1 à 3 étages dans le but de créer un quartier à haute densité et à faible hauteur. Suivant ainsi une directive de la charte de PREVI, ils assemblent des unités presque carrées autour d’un espace public en forme de cul-de-sac. Walter Gropius lors d’une conférence en juin 1954 à Lima, s’est référé au travail de Agrupacion Espacio : « ils cherchent une expression régionale authentique, mais sans appliquer des vieux emblèmes et des détails superficiels. » Pour PREVI, ils décident de fusionner les maisons à patio méditerranéennes et les maisons pré-incas, en dessinant des parcelles de 6 x 10 mètres et 8 x 12 mètres, 70% est occupé par le bâti, le reste comporte un jardin et un patio extérieur. A l’angle du plan est installé l’escalier qui est le pivot de la maison et du cluster. L’assemblage de quatre unités, se fait par un effet de rotation autour de l’escalier. Ces dernières sont orientées Nord-Est/Sud-Ouest dans le plan de concours, pour permettre une aération naturelle.
86 I
ANALYSE DE DIFFERENTES TYPOLOGIES D’ESPACE PUBLICS
> Fig. 2 : Axonométrie du cluster de Luis Miró Quesada, Oswaldo Núñez et Carlos Williams
ii. Entre logement et équipement Les architectes membres de Agrupacion Espacio sont issus de la pensée moderne
> Fig. 3 : Plan du cluster et ses phases d’extension
péruvienne participants à la recherche du logement social. Ils préconisent la création de nouveaux parcs et d’espaces publics qui pour eux génèrent la responsabilité des habitants dans leur environnement urbain immédiat2. Les espaces libres sont alors perçus comme des lieux d’appropriation créant une vraie sensation de communauté. On peut ainsi percevoir sur le plan du concours l’importance des espaces verts, ils occupent 72 600m2 soit 26% de la surface totale du site, une proportion bien audessus de toutes les autres propositions. Ces derniers bordent les voies de circulation en encerclant les îlots de logement pour maintenir la sécurité et l’aspect plus privatif.
2
KAHATT, Sharif, «Agrupacion Espacio and the CIAM Peru Group; architecutre and the city in the Peruvian modern project», Third World Modernism, New York, Routledge, 2011
Les espaces verts sont donc en relation avec les piétons, ce qui confère au quartier 3
une « échelle humaine3 ».
Ibid. p. 88
De plus ils mettent en valeur les équipements en étant directement en rapport avec des grands terrains végétalisés suivant les directives du concours. Ce rapport espace vert/équipement est systématique dans la composition et crée un lien entre l’échelle publique et semi-privée du quartier. Les espaces verts importants et les équipements sont situés le long de l’avenue de los Alisos, sur l’axe qui relie le centre de Lima au > Fig. 4a/4b/4c : (sur calque) Plans urbains rendu au concours soulignant: a. l’emplacement des équipements et les espaces verts b. les circulation piétonne et automobile c. les logements et les équipements ech: 1:5000e I 87
CUL-DE-SAC
Luis Miró Quesada, Oswaldo Núñez, Carlos Williams
> Fig. 4 Plans urbains rendu au concours ech: 1:5000e
> Fig. 4a l’emplacement des Êquipements et les espaces verts ech: 1:5000e
> Fig. 4b: les circulation piĂŠtonne et automobile ech: 1:5000e
> Fig. 4c les logements et les ĂŠquipements ech: 1:5000e
quartier. Ils forment non seulement une zone de transition entre l’échelle de la ville et celle du nouveau quartier de logements mais aussi une barrière phonique. |fig. 4a. 4b.| Le quartier est scindé en plusieurs ilots de logements par deux voies de circulation qui traversent le site d’est en ouest puis perpendiculairement à celles-ci, cinq autres voies formant ainsi onze sous-quartiers de moyenne de 15 440 m2. Cette division était-elle pensée pour renforcer l’idée communautaire ? Il est évidemment plus facile de s’approprier un espace à échelle humaine de 15 000 m2 (espace moyen des onze sous-quartiers) que de 280 000 m2 (surface totale du site du concours). Plus l’espace est petit, plus les habitants se l’approprient et plus cela peut renforcer l’esprit communautaire. |fig. 4c.| Les voies de circulations sont ponctuellement accompagnées de parcs de stationnement collectifs. Les architectes décident de rompre avec l’idée d’associer une place de parking pour chacun des logements.
iii. Du public au semi-privé Les unités d’habitation assemblées forment ainsi un espace public en cul-de-sac. L’accès à ce dernier se fait par un passage de 1,95m de large perçu comme une entrée privative. |fig. 5| C’est donc un espace libre confiné de 38,7 m2 au total qui dessert onze 4
Embranchement, n.m.: carrefour à branches rayonnantes formant un angle inférieur à 180°, complétées par une branche placée approximativement dans le prolongement de la bissectrice de l’angle aini formé. PEROUSE DE MONTCLOS, Jean-Marie, Architecture: méthode et vocabulaire, Paris, Edition du patrimoine, 1972, p. 392
maisons. Suivant la théorie des architectes du groupe Agrupacion Espacio, où l’espace libre doit renforcer l’idée de la communauté. On accède à trois logements par un petit embranchement4. En recréant des sous-espaces au sein du cluster, ils parviennent à créer un autre niveau d’intimité. Ces embranchements n’étant pas visibles par tous, chacun est tenté de se l’approprier à sa façon. En revanche l’espace central du culde-sac, visible et utilisé par tous, pose la question de son aménagement. Cet espace de 12,2 m2 soit un tiers de la surface totale est planté et c’est de là que partent les différents embranchements. Nous verrons donc comment les habitants font exister cet espace aujourd’hui. > Fig. 5 : Plans du cluster avec les accès et son centre végétalisé
88 I
ANALYSE DE DIFFERENTES TYPOLOGIES D’ESPACE PUBLICS
12,2 m2
1,95 m
B / LE MAINTIEN DU CUL-DE-SAC PAR PETER LAND
Luis Miró Quesada, Oswaldo Núñez et Carlos Williams ont assemblé des unités d’habitation autour d’un pivot central. Ce dernier espace libre est alors essentiel dans la composition de leur plan, l’espace public ne peut pas être dissocié de la composition, Peter Land l’a ainsi implanté tel quel.
i. La typologie de l’espace public Nous retrouvons cette typologie de cul-de-sac à embranchements sur le plan de Peter Land. Le passage délimité par les fronts bâti limitrophe permettant l’accès à la place mesure approximativement 4 mètres (2 mètres de passage et deux bandes végétalisées de 1 mètre), il maintient la proportion d’ouverture vers l’extérieur prévu par les architectes. L’espace central planté qui devait être de 12m2 est de 20 m2 soit d’un ordre de grandeur similaire. Le cul-de-sac est une typologie qui tend à renfermer les habitants car un seul passage étroit le dessert. Les cheminements sont dimensionnés selon les dalles de pavage en béton préfabriqué (50cm x 50cm) sur le site de PREVI. Dans le plan de Peter Land, la place est située au sud-est du site borné d’un côté par la Calle C (cul de sac de stationnement C) et le passage 30. L’embranchement, l’accès au cul-de-sac, se fait perpendiculairement à un passage non nommé mais qui relie l’espace de stationnement à la «plaza 23 ». On pourrait penser que de par sa situation, il est mis à l’écart du cœur du site mais en étant si proche de la Calle C, il y a beaucoup d’allées et venues. De plus quand on se trouve sur la place 23, lieu important de cheminement, on ressent une continuité des espaces, on est comme happé par le vide, la lumière venant du cul-de-sac. |fig. 6|
> Fig. 6: Plan de situation du cul-de-sac
90 I
ANALYSE DE DIFFERENTES TYPOLOGIES D’ESPACE PUBLICS
ii. Du public au privé Comme prévu par les architectes, on rentre préalablement dans cet espace par un embranchement étroit comme par un entonnoir, limitant sa fréquentation aux habitants limitrophes. Puis, on arrive sur l’espace central planté, commun à tous les voisins, c’est le cœur de la vie communautaire. Enfin, les habitants empruntent leurs chemins, leur propre embranchement pour accéder à leur maison. Ainsi, les accès sont rendus encore plus privatifs, il y a une réelle progression dans le traitement de l’espace public : le passage, l’entonnoir, l’espace central et les embranchements. Les embranchements, peu partagés, créent une sous-entité de l’espace public, offrent un autre niveau d’intimité et de convivialité. D’ailleurs les voisins se parlent d’un logement à l’autre. Cette dimension collective peut être comparée à l’architecture du 5
Lieu où vivent les Béguines, ce sont des villages dans les villes pour les femmes pieuses.
béguinage5, avec cette dimension de village dans la ville où les maisons identiques (économie de construction) sont côte à côte et tournées vers un espace public central. Il y a aussi un rapport étroit entre les voies pénétrantes et l’espace public, pensé comme générateur de lien social. Chaque extrémité d’embranchement dessert un seul logement ; les propriétaires ont débordé au maximum sur l’espace public, la limite étant fixée par l’accès à une autre maison. Le resect à l'autre est ainsi renforcé par le dessin de la place.
iii. Les conséquences de l’assemblage Les architectes péruviens avaient prévu d’orienter leurs unités de logement, nordest/sud-ouest pour permettre une aération naturelle. Malheureusement lors de l’implantation de tous les projets sur le site de PREVI par Peter Land, l’orientation est devenue nord-sud. L’agencement de plusieurs projets a donné lieu à une perte de qualité.
> Fig. 7: Plan du projet construit de Luis Miró Quesada, Oswaldo Núñez et Carlos Williams > Fig. 8: Comparaison du parcellaires des typologies analysées construites
92 I
ANALYSE DE DIFFERENTES TYPOLOGIES D’ESPACE PUBLICS
C U L- D E - S AC
ELARGISSEMENT D E R U E
P-7
P - 25
hexagone irrégulier
rectangulaire
rectangulaire carré octogone rectangulaire rectangulaire rectangulaire rectangulaire rectangulaire allongé
DIMENSION DE LA PARCELLE
6 x 10 m 8 x 12 m
9, 8 x 14 m
7,2 x 13,5 m 7,2 x 10,8 m 7,2 x 11,6 m 9,5 x 7,3 m 9 x 11,5 m 5,2 x 20, 5 m 4,8 x 23 m 4 x 14,8 m
AIRE DE LA PARCELLE
60 m2 116 m2
137 m2
97,2 m2 110,4 m2
77,8 m2
83,5 m2
69,3 m2 59,2 m2
100 m2
106,6 m2
% DE VIDE DANS LA PARCELLE
69 % 69 %
70 %
97,2 m2 110,4 m2
77,8 m2
83,5 m2
69,3 m2 59,2 m2
100 m2
106,6 m2
cul-de-sac
en peigne
en peigne
en peigne
en peigne
en peigne
en culde-sac
FORME PARCELLAIRE
TYPE D’ASSEMBLAGE
PLACE A 4 B RANCH ES I-4
P - 12
P L A C E AT Y P I Q U E P - 21
I-9
I - 11
I - 13
en quinconce
C / L’APPROPRIATION DE L’ESPACE PUBLIC
Ainsi nous avons vu comment l’espace privé d’habitation dialogue avec la typologie du cul-de-sac à embranchements, comment le dessin de chaque unité renforce la volonté des architectes de créer différents degrés d’intimité par une succession d’espaces, et comment les habitants se sont appropriés le vide. Mais quel dialogue s’établit entre les habitants du cul-de-sac et les espaces plantés publics ?
i. L’influence du jardin privé Mise à part la transition successive permise par la morphologie de l’espace public, chaque logement possède un jardin de 4m de profondeur, bordant toute la largeur de la maison. Celui-ci dessert la salle de séjour et est prolongé sur le côté par un patio de service en lien direct avec la cuisine. C’est le jardin qui met une distance entre les parties privatives du logement et les cheminements piétonniers. Dans les plans soulignant les étapes d’extensions, ce vide n’est pas voué à disparaître. Il est limité par une grille soit par manque de moyen soit volontairement pour laisser passer le regard des voisins obligeant les propriétaires a en prendre soin. Aujourd’hui, dans les maisons habitées, ce vide n’existe plus. Contre la volonté des architectes, les habitants y ont agrandi leur espace bâti car il était évidemment plus facile de s’étendre à l’horizontale qu’à la verticale. |fig. 9| En plus les architectes définissaient ce jardin 6
Le mot celosia provient du mot latin zelo qui signifie bruleur, ardeur et dérive du mot grec bouillir. Selon la «Real Academia de la Lengua», celosia se définit par un réseau de bois ou de fert qui se positionne devant les fenêtres ou d’autres trous analogues pour les personnes à l’intérieur puissent voir sans être vu. Sur le site de "Real Academia de la Lengua": www.rae.es/rae.html [consulté en 2017]
94 I
privé comme un lieu pour déjeuner à l’extérieur alors que les péruviens se protègent du soleil. Auraient-ils oublié la culture de l’auto-construction péruvienne pour imposer leur « habitat moderne » ? Certains ont maintenu la fonction de l’espace extérieur en créant un lieu couvert ventilé par une jalousie (celosía6), abrité des regards. |fig. 10| Ainsi le vide du jardin privé devenu plein étouffe inévitablement la perception et la respiration de l’espace public.
ANALYSE DE DIFFERENTES TYPOLOGIES D’ESPACE PUBLICS
> Fig. 9a. / 9b. : Avant- après de la place en cul-de-sac (1969 - 2016) > Fig. 10 : Celosia de l’espace à manger > Fig. 11 : Vie extérieure de la place
ii. Les espaces intermédiaires Les embranchements et le bâti sont mis à distance par des espaces plantés de 1 à 3,50 mètres de profondeur. Comme ces derniers sont accolés à la maison, sans cheminement public, donc sans passage, certaines bandes ont disparu, les habitants y ont élargi leur maison. A l’origine une bande de 3,50 mètres bordait une des maisons ; elle demeure aujourd’hui car elle n’a pas été comblée immédiatement par les propriétaires, et qu’entre-temps la municipalité a régulé l’aménagement des espaces publics. Mais les habitants l’ont négligée, elle est donc non entretenue. Située à l’angle de l’embranchement vers le passage, la bande est devenu un lieu de passage sablonneux. Par contre d’autres habitations bordées par une bande plus étroite ouverte sur l’espace public, n’ont pas subi le même sort : les propriétaires l’ont préservée et entretenue. En conclusion on peut dire que de par leurs emplacements, leurs dimensions et leurs limites, les bandes plantées semi-publiques font état d’une appropriation différente. |fig. 12|
iii. Le coeur de l’espace public : la place centrale L’espace planté au centre de 19m2 s’adresse à tous les habitants du cluster, soit aux onze familles. C’est le lieu qui va donner un caractère au cluster. De par sa localisation centrale, un peu iconique, tous les habitants se sentent concernés. Une habitante du cul-de-sac m’a d’ailleurs expliqué qu’ils avaient établi un système de rotation mensuel, chaque famille s’occupait pendant un mois de cet espace central. Cela confirme la volonté de l’Agrupacion Espacio qui préconisait la création d’un espace public destiné à renforcer la responsabilité civique des habitants et à créer un sens communautaire mis en péril par la métropolisation. Mais un seul espace central, certes au cœur des déplacements et du plan de l’espace libre, est-il suffisant pour créer des liens sociaux ? > Fig. 12 : Relevé sur place du cul de sac aujourd’hui (2016)
96 I
ANALYSE DE DIFFERENTES TYPOLOGIES D’ESPACE PUBLICS
Au tout début de PREVI la place était équipée de bancs simples préfabriqués identiques à tout le quartier. Ils sont formés de trois U en béton ancrés dans le sol. Ils ont été retirés par les habitants car de nombreuses personnes extérieures attirées par la dimension cachée et intimiste du cul-de-sac venaient s’y reposer. Aussi pour des raisons de sécurité et de tranquillité, les habitants se sont mis d’accord pour les enlever. Certes la configuration de l'espace du cul-de-sac a porté des problèmes de sécurité mais a tout de même créer une vrai communauté qui se mettent ensemble d'accord sur la gérance de l'espace public qu'ils partagent. A travers cette analyse du cul-de-sac nous avons pu constater l’évolution, cinquante ans plus tard, d’un espace public conçu par les architectes du concours. Comme prévu par le concept du quartier de PREVI et sa dimension d’auto construction, on remarque que les habitants ont privatisé le vide public au profit de leur espace privé. Même si leur habitat est plus important que leurs rapports à l’espace public, celui-ci est tout de même fleurissant. A la différence du cul de sac, la prochaine typologie de place analysée ne sera pas réalisée comme le souhaitaient les architectes ; au lieu que les logements soient en rapport avec une place, ils seront liés à un élargissement de rue.
98 I
ANALYSE DE DIFFERENTES TYPOLOGIES D’ESPACE PUBLICS
II. ELARGISSEMENT DE LA VOIE PIETONNE la disparition des limites La plupart des équipes d’architectes péruviens faisaient partie des professionnelles et enseignants de la UNI de Lima qui préconisèrent l’implantation des systèmes et des méthodes de projets modernes au Pérou. Ensemble, ils dessinèrent les logements des Unidades Vecinales. Fernando Chaparro, Víctor Ramírez, Víctor Smirnoff et Víctor Wyszkowski, ont former leur équipe pour rédiger la proposition (P-25) que nous allons analyser. Comme pour le cas précédent, cette typologie d’espace public est issue d’un seul et même projet. Néanmoins nous verrons que les idées n’ont pas été mises en œuvre comme telles.
A / LA PENSEE URBAINE DE LA PROPOSITION P - 25
i. Un groupe d’architectes, une pensée, une 7
« Si les deux axes sont perpendiculaires (…) la ville offrira spontanément un dessin en échiquier régulier » LAVEDAN, Pierre, Qu’est ce que l’Urbanisme? Introduction à l’urbanisme, Paris, Henri Laurens, 1926, p. 38
typologie d’assemblage
Le projet P-25 assemble en peigne des parcelles de 9,8 mètres de large sur 14 mètres de long. Le bâti est un cube de 96m2 planté au milieu de la parcelle avec à l’avant un patio et à l’arrière un jardin. |fig. 8| Ces unités en bande forment un « plan en échiquier7. » Même si la trame est basique, ils vont porter une attention particulière à la création d’espace public en créant des vides dans la trame régulière. |fig. 14c | Chaque logement ayant un mur d’enceinte peut être assemblé de plusieurs manières.
8
« Tronçon: section de voie. Le coude forme un angle prononcé. La baïonnette est une succession de deux coudes de directions opposée» GAUTHIEZ, Bernard, Espace urbain - vocabulaire et morphologie, Paris, Monum, Edition du patrimoine, 2003
Quant il est assemblé en miroir, le jardin est privatisé physiquement et non visuellement. Il est borné d’une part par le patio de service mais ouvert sur l’espace public. |fig. 13|. Deux unités peuvent s’adosser sur la longueur d’une autre en y rajoutant une bande plantée. Ces deux principes d’assemblage permettent d’orienter les unités vers des espaces publics en coude8.
100 I ANALYSE DE DIFFERENTES TYPOLOGIES D’ESPACE PUBLICS
> Fig. 13 : Axonométrie du cluster du projet P - 25
ii. Entre logement et équipement Comme la majorité des solutions urbaines apportées par les participants au concours de PREVI, la circulation des véhicules et des piétons est séparée. Chaparro et son équipe optent pour une limitation des voitures avec une série de voie qui se finissent en espace de stationnement en cul-de-sac. Ces espaces sont collectifs libérant les rues de leur fonction de stockage de voiture, elles deviennent donc que des voies de circulation. Sur le site du projet, cinq boucles de circulation délimitent des unités de logements. Elles permettent des accès directs aux logements, des places de stationnement pour les équipements situés au cœur du site mais elles mettent à l’écart des logements dont les habitants sont obligés de traverser une rue avant d’accéder aux équipements. |fig. 14b| Comme la majorité des équipes du concours, ces architectes optent pour la séparation des usages et des programmes. Un grand axe central piétonnier inscrit tous les équipements et constitue un élément important de l’activité publique. Il est considéré comme un axe fondamental piéton qui structure le quartier. |fig. 14a| Deux centres commerciaux annexes émergent de part et d’autre de la voie principale. Celle-ci dessert aussi les crèches, les écoles primaires et secondaires toujours en lien avec des aires libres. Contrairement à d’autres propositions, il n’y a pas ici la volonté d’implanter des petits commerces dans les zones résidentielles.
iii. Du public au semi-privé Les logements sont soit accessibles par des places en coude soit par des voies piétonnes ouvertes vers le site. La place en coude est libre de toutes circulations. Les chemins qui la desservent sont situés en périphérie, seuls les habitants limitrophes à l’espace public la traversent. Son traitement marque une volonté de créer un espace tranquille, convivial et fonctionnel. Plusieurs bancs équipent la place. Ils font dos aux logements, et sont orientés vers le centre. Ils créent une sorte de frontière entre le public et le semi-public. Trois arbres alignés ponctuent un côté de la place ainsi que
102 I ANALYSE DE DIFFERENTES TYPOLOGIES D’ESPACE PUBLICS
> Fig. 15: Plan du cluster et des RDC des unités d’habitations tel déssiné pour le concours
des bancs. Non seulement ils les abritent du soleil de Lima mais ils privatisent aussi les unités de logements en créant une barrière visuelle. L’ensemble de l’espace non bâti est pavé à l’exception des vides laissés pour les arbres. Le traitement de la place comporte deux dimensions de pavés. Les plus grands dessinent les chemins de circulation et d’accès vers les maisons, et les plus petits tracent la place, l’espace de repos et de loisirs. On accède aux logements par les grandes dalles qui sillonnent entre des espaces paysagers. Il y a deux entrées, une principale de face et une autre latérale pour les espaces servants.
> Fig. 14a/14b/14c : (sur calque) Plans urbains rendu au concours soulignant: a. l’emplacement des équipements et les espaces verts b. les circulation piétonne et automobile c. les logements et les équipements ech: 1:5000e
I 103
Elargissement de la voie piétonne
Fernando Chaparro, Víctor Ramírez, Víctor Smirnoff et Víctor Wyszkowsk
> Fig. 14 Plans urbains rendu au concours ech: 1:5000e
> Fig. 14a l’emplacement des Êquipements et les espaces verts ech: 1:5000e
> Fig. 14b: les circulation piĂŠtonne et automobile ech: 1:5000e
> Fig. 14c les logements et les ĂŠquipements ech: 1:5000e
B / LE PASSAGE 23 DE PETER LAND
Même cas que pour la typologie de cul-de-sac préalablement analysé, un seul projet d’architecte borne l’espace public. Cependant l’équipe qui avait planifié de créer des unités de logement orientées vers une place en coude, se retrouve face à un élargissement de rue. Le passage 23 traverse le projet de Crousse, Paez et Perez Leon (P - 27) puis jouxte le projet P - 25 qui comporte un
léger élargissement permettant de créer une placette. |fig. 17|
i. La typologie de l’espace public
> Fig. 16: Plan du projet construit de P - 25 > Fig. 17: Plan de situation du cul-de-sac
104 I ANALYSE DE DIFFERENTES TYPOLOGIES D’ESPACE PUBLICS
Vingt-deux maisons sont assemblées en deux rangés de cinq à six paires d’unités. Chaque bande est alors d’épaisseur de deux unités dans leur longueur, soit de 28 mètres. Elles sont séparées par une voie piétonne de 7,50 mètres de large. Celle-ci comporte des bandes paysagères de 4 mètres scindées par des accès dallés de 0,75 mètre. La voie piétonne est assez large pour pouvoir accueillir une zone de repos, une placette. |fig. 16|
> Fig. 18a / 18b. : Photographie de la place à l’origine du projet de PREVI (1968)
Même si cette aire aménagée n’est pas dessinée sur les plans des unités construites de Peter Land – comme c’est le cas pour la place à quatre branches – elle est très travaillée. Néanmoins le plan est repris dans The Experimental housing project de Peter Land comme exemple de combinaison d’assemblage des modules préfabriqués. |fig. 19| On peut voir à travers les photos d’époque l’implantation de ce mobilier en vague et en demi-cercle. Les modules sont agencés pour former une zone rectangulaire qui s’inscrit dans un redan délimité par le cluster. Une autre série de bancs préfabriqués encercle un arbre. |fig. 18|
ii. Du public au privé Le Passage 23 est uniquement emprunté par ses habitants. Localisé au sud du projet, il mène au désert périphérique, mais perçu comme le terrain de la deuxième phase de construction du quartier. Parallèle à l’Alameda, il est juste fréquenté par ses habitants. C’est un passage à caractère privé de par sa localisation. |fig. 17|
106 I ANALYSE DE DIFFERENTES TYPOLOGIES D’ESPACE PUBLICS
> Fig. 19 : Géométral des modules d’assises assemblés pour former l’espace public
Comme prévu par le projet d’origines P-25, on accède aux logements par des petits chemins bordés de plantations. L’entrée se fait par le petit côté de la parcelle : tout droit, l’accès au hall d’entrée et sur le côté, le patio de service. |fig. 16|
I 107
iii. Conséquences de l’assemblage Selon les documents de concours des architectes, un cluster intégrait une place. Les espaces « d’entre-deux » mettant à distance les logements et l’espace public ont été maintenus mais le vide pavé mesure désormais 1 mètre au lieu de 24 mètres. Ceci change évidemment le rapport de proximité entre les voisins. |fig. 13| Chaparro, Ramirez, Smirnoff et Wyszkowski avaient créé un parcours intime entre les unités d’habitations où on découvrait les places à mesure. Aujourd’hui, il n’y a plus cet effet de surprise, de cheminement, mais seulement un espace linéaire monotone. |fig. 17|
C / APPROPRIATION DE L’ESPACE PUBLIC i. Les espaces intermédiaires Nous avions vu au préalable que le vide est composé d’espaces plantés et d’un chemin, séparant les unités d’habitations de 7,50 mètres. Il y a une possibilité importante de se l’approprier. Les bandes vertes plantées représentant un espace « d’entre-deux9 » de 2 à 5 mètres de profondeur. Elles sont en lien direct avec les logements, aucune 9
DEPAULE, Jean-Charles, A travers le mur, Paris, Centre Georges Pompidou, 1985, p. 70
voie piétonne ne les sépare, il n’y a en fait aucune limite. Les habitants ont mis des grilles autour de « leur » espace vert, avancé leur front bâti jusqu’à la limite des dalles et construit des escaliers. Le passage de 7,50 mètres s’est vu réduit à un mètre. Les voisins voyant l’un s’avancer, ont aligné leur façade en débordant largement sur l’espace public. |fig. 20| Cette appropriation de l’espace public par le bâti influe non seulement sur le vide mais sur la qualité du logement. La séquence d’entrée est réduite à un accès direct de l’espace public à travers une grille, le déplacement saccadé, moins fluide et progressif. Le patio de service est devenu un plein mais les maisons orientées à l’est conservent > Fig. 20 : Relevé sur place de l’élargissement de rue (2016)
108 I ANALYSE DE DIFFERENTES TYPOLOGIES D’ESPACE PUBLICS
un jardin d’entrée, mettant l’habitat à distance du passage public. Ce retrait ainsi que la faible hauteur des maisons (deux étages en moyenne) permettent de garder l’ensoleillement de cet espace confiné. De l’autre côté de la rue, les bâtisses orientées à l’ouest, se sont avancées au maximum, mais quelle est leur limite ?
ii. Le mobilier Le mobilier qui délimitait un vide important a été mis en péril par l’appropriation du vide des habitants limitrophes. Il n’en reste que la moitié. L’occupant d’une des maisons est allé jusqu’à enlever la moitié du banc pour pouvoir s’agrandir. Les autres habitants limitrophes se sont mis d’accord pour enlever la table d’origine car elle incitait trop de gens de l’extérieur à y venir, ce qui les dérangeait dans un espace devenu si confiné. Le banc s’appuie sur le mur du patio d’entrée d’une autre unité qui ne s’est par contre pas agrandie. Le mobilier de PREVI, adossé à un mur d’enceinte, créerait donc une limite physique pour empêcher l’appropriation de l’espace vide. Le banc préfabriqué de PREVI était à l’initial blanc, aujourd’hui les habitants les ont peints en rouge et en jaune. De même pour les façades de toutes les unités du quartier, aucune n’est blanche comme à son origine ; elles sont toutes peintes. Selon la tradition > Fig. 21a / 21b : Avant - après du Passage 23 (1969 - 2016)
péruvienne, les habitants ont souhaité donné un caractère unique à leur propre maison et mêmes aux espaces publics en y mettant de la couleur. |fig. 21a / 21b|
110 I ANALYSE DE DIFFERENTES TYPOLOGIES D’ESPACE PUBLICS
iii.
Le pavage
Les cheminements du quartier de PREVI sont en dalle de béton préfabriqué de 50 x 50 cm. Elles délimitent et quadrillent les places publiques et les voies piétonnes. Dans le passage, un des habitants a installé son propre carrelage sur les dalles existantes ainsi que sur sa façade. Ce chemin carrelé s’aboutit non seulement sur une partie du vide public mais empêche le voisin d’y construire. C’est peut-être ces différents traitements de sol qui manquent au dessin des espaces publics de PREVI.
> Fig. 22: Passage 23 et son nouvel espace public (2016)
Cette analyse nous montre comment un espace non planifié par les architectes du concours peut modifier le rapport que le logement peut avoir avec son espace environnant. Il découle de l’assemblage effectué par Peter Land pour rendre possible la construction de tous les projets. La prochaine étude de cas est un autre type d’espace qui découle de cette fusion entre différents projets. L’espace public est une place pivot à l’échelle du logement et du quartier. Elle réunit trois typologies d’unités, dont une seule prévoyait ce rapport de logement/place. C’est aussi une place importante pour les déplacements de tous les habitants du quartier.
I 111
III. PLACE A 4 BRANCHES une rencontre urbaine On a vu qu’à PREVI la place à 4 branches est typiquement l’espace public qui rassemble des projets d’architectes différents. Dans cette étude de la « Place 8 » on étudiera les intentions urbaines d’Atelier 5 (I - 4) et des deux groupes péruviens : Ricardo VellaZardin, José Bentin, Ricardo Quiñones et Luis Takahash (P - 21) et Carlos Morales Macchiavello avec Alfredo Montagne (P - 12).
A / PENSEES URBAINES DU CONCOURS DE TROIS PARTICIPANTS
i. Trois architectes et leurs assemblages Les seuls architectes représentant les équipes internationales autour de la place sont les membres de « Atelier 5 ». Depuis 1955 Erwin Fritz, Samuel Gerber, Rolf Hesterberg, Hans Hostettler et Alfredo Pini dessinent tous leurs projets ensembles. Ils sont invités par Peter Land a participé au concours grâce à leur projet de Seidlung Halen (1956). Similaire à PREVI, ce projet consiste à créer un nouveau quartier comportant logements et équipements (magasin, café, station essence, piscine et air de sport) où les véhiculent sont maintenues à l’extérieur. A la manière de Seidlung Halen, ils assemblent de manière systématique des parcelles rectangulaires afin de garder un degré d’anonymat qui encourage l’appropriation individuelle selon Irénée Scalbert10. L’une de 7,20 x13,5 mètres est orienté nord-sud 10
SCALBERT, Irénée, «Siedlung Halen: between standards and individuality», Architectural Research Quaterley, Cambridge University Press, 1996, Vol. 2, issue 1 11
KOCH, Carl, PEREZ, Alfredo, «PREVI/LIMA, low cost housing », Architectural Design, 1970, N°40, p. 189 12
LAND, Peter The Experimental housing project (PREVI), Bogota, Colombie, University de los Andes, 2015
tandis que l’autre, qui lui est perpendiculaire, mesure 4,80 x 23 mètres. |fig. 8| Elles sont assemblées de manière orthogonale et disposées autour d’évasement d’une ou d’une place à plusieurs embranchements. « L’assemblage compact de maison autour de petites places est bien (…) pour créer un environnement tranquille pour la vie familiale11 » selon les commentaires des jurys du concours. |fig. 24| L’équipe d’architectes péruviens de Vella-Zardin a dessiné un projet qui coûtait trop cher à la réalisation. Ainsi ce qui a été construit aujourd’hui n’est autre qu’une version revisitée par le gouvernement et le bureau de PREVI12. Néanmoins on a les documents du concours : plan urbain, plan et coupe à l’échelle du cluster. Les parcelles
112 I ANALYSE DE DIFFERENTES TYPOLOGIES D’ESPACE PUBLICS
> Fig. 24 : Cluster d’unité d’habitation en lannière, places, circulation et stationnement en périmètre de Atelier 5
> Fig. 25 : Cluster d’unité d’habitation de P - 21
> Fig. 23a/23b/23c : (sur calque) Plans urbains de l’Atelier 5 (I - 4) rendu au concours soulignant: a. l’emplacement des équipements et les espaces verts b. les circulation piétonne et automobile c. les logements et les équipements ech: 1:5000e
I 113
PLACE A 4 BRANCHES Atelier 5
> Fig. 23 Plans urbains rendu au concours ech: 1:5000e
> Fig. 23a l’emplacement des Êquipements et les espaces verts ech: 1:5000e
> Fig. 23b: les circulation piĂŠtonne et automobile ech: 1:5000e
> Fig. 23c les logements et les ĂŠquipements ech: 1:5000e
rectangulaires sont assemblées côté à côté créant un jeu de décalage. Celle-ci forment de léger agrandissement de la rue. Vingt unités sont assemblées pour former un cluster. Ces derniers sont desservis par de longues allées qui forment un tissu orthogonal. |fig. 25| La troisième typologie de logement qui se retrouve autour la place 8 a été dessinée par les architectes Alfredo Montagne et Morales Macchiavello. Ce dernier était un des fondateurs de « l’Institut de l’Urbanisme » de Lima auprès de Belaúnde, Luis Dórich et Luis Ortiz de Zevallos13. Ils font partie de la première génération des architectes 13
KAHATT, Sharif, «Agrupacion Espacio and the CIAM Peru Group: architecture and the city in the Péruvian modern project», Third World Modernism, New York, Routledge, 2011, p. 90
modernes péruviens. Douze parcelles rectangulaires identiques, mesurant 11,6 x 7,2 mètres, sont assemblées entre elles pour former un H. Elle est divisée en trois parties, de 4,40 mètres au centre et 3,60 mètres aux extrémités. Les cellules se font face autour d’un passage. Ce qui peut être étonnant c’est que sans perdre l’orthogonalité de la trame, ils proposent un tracé de rues reproductibles des rues permettant une certaine expansion urbaine. Les rues sont de part et d’autre d’une voie piétonne qui s’évase pour former une place. Cette dernière mesure 23 mètres de long sur 14,50 mètres de large, et elle ouverte sur des chemins piétons de 2,60 mètres. L’espace public est caractérisé par un élargissement de rues. Les maisons alignées en bande perpendiculairement aux espaces semi-publics, forment un ensemble orthogonal avec des logements orientés nord-sud et est-ouest.
> Fig. 26 : Cluster d’unité d’habitation de P - 12
114 I ANALYSE DE DIFFERENTES TYPOLOGIES D’ESPACE PUBLICS
ii. Entre logement et équipement Atelier 5 opte pour une circulation piétonne universelle sur la totalité du site en développant un réseau de cheminements piétonniers, de squares et de « clairières14 » qui servent de point de rencontre naturels et d’espace de récréation. Les « sentiers15 » sont orientés selon une analyse du soleil et d’une ventilation naturelle afin qu’ils soient exploités aux maximums car les activités en plein air sont possible deux tiers de l’année16. Les véhicules sont laissés à l’écart des espaces d’habitation à l’exception
14
KOCH, Carl, PEREZ, Alfredo «PREVI/Lima, Low cost housing», Architectural Design, 1970, N°40, p. 190 15
Ibid.
16
Ibid.
de la zone centrale destinée à accueillir les commerces et les équipements. Ils sont desservis par une voie en boucle étroite et sinueuse pour limiter la vitesse de circulation. Les équipements forment alors un axe est-ouest important qui les dessert de part et d’autre et sont assez placés à l’écart pour maintenir les logements au calme de famille mais aussi les intégrer à des endroits pour maintenir le dynamisme du quartier. L’axe principal de circulation est en périmètre du site et contient des « poches » de 17
stationnement important. |fig. 23| Pour ce qui est du groupe de Vella-Zardin (P21), on perçoit les mêmes tendances
17
ALONSO, Patricia, El Concurso del tiempo - las viviendas progresivas del PREVI, Madrid, Thèse doctorale de l’Université Polytechnique de Madrid, 2015, p. 278
internationales que le reste des architectes locaux pour ce qui est de l’organisation de la trame urbaine. Une large allée centrale piétonne perce au centre le réseau orthogonal de voies piétonnes. Elle dessert en premier des parcs publics situés au pied des équipements. Ils servent de transition entre équipements et les grands axes piétons. De plus cette proximité ouvre ces petits espaces verts à tous les usagers des équipements. Les voitures restent extérieures au site, seules deux rues le pénètrent perpendiculairement donnant sur l’axe piéton est-ouest. Elles aboutissent à un espace de stationnement en cul-de-sac servant tant aux équipements qu’aux logements. |fig.27| Machiavello-Morales et Montagne propose une organisation géométrique stricte qui contrôle l’emplacement des unités de logements sur la totalité du site et établissent une série de noyaux regroupant les équipements. Ils ne sont pas reliés par un axe central mais dispersés sur le site, seul un groupe important forme un centre communautaire autour de L’« Avenida Universitaria » qui traverse le site. Des rues
> Fig. 27a/27b/27c : (sur calque) Plans urbains de VellaZardin, P - 21 rendu au concours soulignant: a. l’emplacement des équipements et les espaces verts b. les circulation piétonne et automobile c. les logements et les équipements ech: 1:5000e
I 115
PLACE A 4 BRANCHES
Ricardo Vella-Zardin, José Bentin, Ricardo Quiñones, Luis Takahash
> Fig. 27 Plans urbains rendu au concours ech: 1:5000e
> Fig. 27a l’emplacement des Êquipements et les espaces verts ech: 1:5000e
> Fig. 27b les circulation piĂŠtonne et automobile ech: 1:5000e
> Fig. 27c les logements et les ĂŠquipements ech: 1:5000e
secondaires sectionnent, le site du nord au sud perpendiculairement à l’axe principal. Elles aboutissent de même que le groupe précédent au stationnement en cul-de-sac. |fig. 28|
iii. Du public au semi-privé L’accès aux unités de logement d’Atelier 5 se fait toujours du côté le plus court. Etant assemblées en miroir, les portes d’entrées de deux maisons différentes sont adjacentes. Néanmoins pour maintenir un degré d’intimité, les portes sont en redans par rapport au mur limite, créant un palier de 1 mètre de profondeur entre la rue et le patio privé. |fig. 29| Les entrées donnent, soit sur une place, soit sur des ruelles piétonnes. Elles sont abritées de tous bruits par un système de porche, terrasses et entrées faisant dos aux trafics et équipements.
> Fig. 29 : Maquette des logements en longueur de Atelier 5
Pour le groupe P - 21, les maisons sont toutes accessibles par des voies étroites semipubliques et piétonnes. Les unités sont limitées par un mur périphérique contenant la porte d’entrée. Avant de rentrer dans la maison on passe à travers une petite cour d’entrée avec un patio de service sur le côté. Les voies piétonnes relient les zones denses de logement à l’avenue centrale piétonne. |fig. 25| Morales Macchiavelo et Montagne marquent une frontière nette entre les secteurs publics et privés avec leurs éléments préfabriqués. La totalité de la parcelle est délimitée par un mur porteur. On accède au centre par un patio de service à cielouvert. Contrairement aux autres architectes, on rentre du côté le plus long de la maison. Le patio reprend le plan la planification des maisons à patio des pré-incas par exemple visible dans la ville de Chan-Chan, au Nord du Pérou. Incorporer le patio au cœur du logement s’avérera efficace pour maintenir les limites de l’ensemble. Il est mis en relation avec une longue place centrale ou avec des voies de 4 mètre de large.
116 I ANALYSE DE DIFFERENTES TYPOLOGIES D’ESPACE PUBLICS
B/
LA «PLACE 8» DE PETER LAND
Peter Land a donc réuni ces trois pensées urbaines autour d’une place nommée « Plaza 8 ». On verra comment il arrive à maintenir le rapport que les architectes pensaient avoir à l’espace public mais aussi les pertes qu’a pu provoquer un tel assemblage. Effectivement une portion de chaque projet sera construite : 23 unités d’Atelier 5 dont 6 en rapport avec cette place, pour P-12 et
P.21
P-21, 20 unités seront réalisées en tout dont deux seront en lien avec la place.
I.4
> Fig. 30 : Assemblage des plans bâti de I - 4, P - 12, P - 25
P.12
> Fig. 28a/28b/28c : (sur calque) Plans urbains de Macchiavello et Montagne, P - 12 rendu au concours soulignant: a. l’emplacement des équipements et les espaces verts b. les circulation piétonne et automobile c. les logements et les équipements ech: 1:5000e
I 117
PLACE A 4 BRANCHES
Carlos Morales Macchiavello, Alfred Montagne
> Fig. 28 Plans urbains rendu au concours ech: 1:5000e
> Fig. 28a l’emplacement des Êquipements et les espaces verts ech: 1:5000e
> Fig. 28b les circulation piĂŠtonne et automobile ech: 1:5000e
> Fig. 28c les logements et les ĂŠquipements ech: 1:5000e
i. La typologie de l’espace public L’assemblage des maisons rectangulaires en bande d’Atelier 5, de Vella-Zardin et de Machiavello-Morales crée une place régulière. Les trois types d’assemblages d’unités ont été maintenus tel que dessinés par les architectes. La place est située à équidistance entre la rue Pariahuanca qui délimite le site et l’Alameda, ainsi que la rue I et J, deux culs-de-sac de stationnement. Elle relie ainsi les habitants de ce secteur du quartier à ces zones importantes. C’est une place de passage. |fig. 31| On y accède par quatre ruelles dont l’agencement cadre un vide exempt de toute circulation. Ce n’est pas anodin que le dessin de cet espace public soit associé au projet construit d’Atelier 5, effectivement Peter Land décide d'aménager à leur manière une place sur deux niveaux. |fig. 24| L’espace public central est divisé en deux par une pente. D’un côté se trouve un plan incliné planté, avec une pente de 1,10 mètre qui sert de mur de soutènement à la partie plane équipée d’un banc droit préfabriqué pour PREVI.
ii. Du public au privé Toutes les maisons sont orientées vers l’espace public. Les accès aux douze logements le bordant donnent sur sur la place public. Les accès aux longs logements (21 x 4,60 mètres) de l’Atelier 5 comme prévu sont sur petit côté avec la porte en retrait de 1 mètre. Les parcelles plus petites (14 x 7,20 mètres) sont accessibles par une ruelle distante de 1,10 mètre de la place. Les logements de Vella-Zardin maintiennent aussi leur séquence d’entrée à travers une cour accompagnée d’un patio de service sur son petit côté. Morales Machiavello et Montagne conserve leur accès par le long côté. Néanmoins ils avaient prévu que les unités en extrémité d’assemblage feraient face à des axes piétons ou à des voies de circulation. Le fait de donner sur une place importante change le mode d’appropriation des logements par les habitants qui se sentent limités à leur parcelle. En revanche, ceux qui donnent sur les vides découlant de l’assemblage du cluster les ont vite effacés par l’auto-construction. |fig. 30|
> Fig. 31 : Plan de situation de la Place 23
118 I ANALYSE DE DIFFERENTES TYPOLOGIES D’ESPACE PUBLICS
iii. Les conséquences de l’assemblage L’articulation entre trois projets d’assemblage d’unités typologiquement différentes rend difficile le respect des intentions de chacun. Chaque cluster a été pensé à répétition sur un site quatre fois plus grand que celui de PREVI aujourd’hui. Mais seule une petite partie de chaque projet architectural a été réalisée, d’où la difficulté de maintenir la qualité intrinsèque de chacun. Les unités de logements du groupe péruvien P - 21 devaient être assemblées en chicanes afin de permettre une circulation naturelle du vent dans les ruelles et les logements. Ce jeu fonctionne en miroir. |fig. 25| Peter Land a maintenu l’assemblage en chicane mais il fait face à un mur pignon droit d’où une ventilation contrariée. De plus, le système d’aération naturelle fonctionnait d’autant mieux qu’il était pensé à grande échelle or seul un cluster de treize unités a été construit au lieu de quarante. |fig. 30| Dans la proposition d’origine, les membres d’Atelier 5 évoquaient la possibilité pour les 18
ALONSO, Patricia, El Concurso del tiempo - las viviendas progresivas del PREVI, Madrid, Thèse doctorale de l’Université Polytechnique de Madrid, 2015
habitants de s’approprier des ateliers ou des petites échoppes en rez-de-chaussée dans leur patio de service18. Au vu des modifications des usagers, aucun petit commerce ou activité n’a fleuri. Sous les contraintes de l’assemblage, non pas vingt mais douze maisons font face à la place. Comme le vide est plus petit que planifié cela modifie-t-il la dimension sociale du quartier ?
120 I ANALYSE DE DIFFERENTES TYPOLOGIES D’ESPACE PUBLICS
C/
APPROPRIATION DE L’ESPACE PUBLIC
La place 8 est définie par une partie plane occupée par le banc, la pente et le plan incliné planté. Même si la diminution du nombre d’unité par cluster a fait perdre certaines qualités, cela n’est pas le cas pour cet espace public. Les façades n’ont pas avancé sur les passages publics, dont la dimension aujourd’hui est identique à celle prévue par Peter Land. C’est même le seul endroit de PREVI où un passage a conservé sa dimension initiale de 3,30 mètres de large. Mais les habitants ont tout de même franchi ces limites pour s’approprier le vide central de la place.
> Fig. 32 : Relevé de la place 8 aujourd’hui (2016)
I 121
i. Le terrassement Kaltenbrunner affirme dans la Société de l’expérience que : « l’imagination humaine est sans bornes pour inventer des réaffections nouvelles et temporaires aux places », que la place devient alors un espace multi-options. Les places les mieux adaptées à l’appropriation de leurs habitants selon Bertrand Levy ne sont pas les places idéales à 19
LEVY, Bertrand, «La place urbaine en Europe comme lieu idéal», Lieux d’Europe : mythes et limites, Paris, La Maison des sciences et de l’homme, 2008, p. 71
la Camillo Sitte mais des « lieux scéniques » facilement aménageables et pratiques19: l’espace central de la « Plaza 8 » aménagé sur deux niveaux, offre différents points de vue et divers cheminements. Pour créer le lien entre ce dénivellement, il est aujourd’hui traversé par une pente, et non un escalier. Les enfants du quartier de PREVI l’empruntent en skate en espérant s’arrêter avant la maison limitrophe. Cette typologie de place devient un parcours ludique inventé par les enfants du quartier. |fig. 32|
i. L’indivision Nous avons vu que sur le plan la pente dessinée par Peter Land scinde le vide central en deux sans être très bien travaillé car il comporte juste un seul petit banc perdu dans un trop grand vide. Aujourd’hui l’espace autour du banc a été privatisé par un voisin qui l’a clôturé par un buisson et une grille. Et petit à petit certains autres voisins se sont aussi attribués le reste en créant des jardinets. (Redessin rapide de quelles parties du jardin appartient à qui). Cela dit, Alfredo Pini, membre de l’Atelier 5, lors de son entretien sur Digital Architectural Papers, a déclaré en 2012 : « on était stupéfait 20
PINI, Alfredo, «we were astonished by the attention the inhabitants gave to the public space», Big Hopes, Digital Architecture Papers, par BAUMGARTEN, Marianne et RAMIS, Tomeu, 2012 sur le site d' "Architectura Papers" https://www. architecturalpapers. ch/index.php?ID=97 [consulté le 26 Février 2016]
de l’attention que ces habitants ont porté sur l’espace public20. » Cette privatisation du cœur de l’ilot renforce le sens communautaire des voisins et des habitants du quartier. Les usagers ponctuels de la place, qui ne font que la traverser ne marchent pas sur les espaces verts qu’ils estiment être privatifs. Ils les contournent ce qui accentue encore la présence et l’usage de la pente. Une habitante me signale qu’elle ne peut pas faire pousser ses fleurs car, l’arbre planté par un autre voisin, lui fait de l’ombre. L’indivision de la place en une succession d’espaces plantés fait qu’elle est devenue un lieu de partage et de vie sociale entre les habitants.
122 I ANALYSE DE DIFFERENTES TYPOLOGIES D’ESPACE PUBLICS
> Fig. 33 : Photomontage de la place 23 (2016)
> Fig. 34a/34b : Avant/Après (1969 - 2016)
Cette étude de cas porte sur une place publique où le gabarit de la voie est maintenu, contrairement aux cas antérieurs. Même si les voisins ne se sont pas appropriés l’espace public en s’y avançant comme les cas précédents, ils ont investi dans le cœur de la place, sur l’espace végétalisé. La prochaine et dernière analyse reprend cette pensée d’une place qui fusionne trois projets mais dans celle-ci Peter Land a maintenu les trois relations, qu’avait établit les architectes, entre l’espace public et le logement.
124 I ANALYSE DE DIFFERENTES TYPOLOGIES D’ESPACE PUBLICS
IV. PLACE ATYPIQUE une confrontation fonctionnelle Cette place « atypique » n’est qu’une agrégation de deux places, deux espaces publics mis en relation par une diagonale qui agrandit la perception de cet espace public. L’une d’elle peut être caractérisée de « place à quatre branches » (comme la « Plaza 8 préalablement analysée), tandis que l’autre est un large cul-de-sac. C’est la fusion de deux typologies de place qui forme une place « atypique ». Elle met en relation trois projets, dont deux réguliers rectangulaires de l’architecte et théoricien américain Christopher Alexander et des espagnoles Iniguez de Onzoño et Vazquez de Castro et le troisième, en nid d’abeille de Aldo Van Eyck.
A/
PENSEES URBAINES DU CONCOURS DES TROIS PARTICIPANTS
i.
Les trois architectes et leurs assemblages
> Fig. 35 : Plan des unités d’habitations de Aldo Van Eyck et leur ventilation naturelle
La compétition avait mis en place des recommandations pour la mise en forme du projet comme de dessiner un type de module de différentes dimensions idéalement bâti suivant les technologies contemporaines des pays développés mais Aldo Van Eyck a décidé de rejeter ces idées qu’il ne pensait pas appropriées aux habitants et au lieu21. Il commença par étudier les schémas de vie existants dans les bidonvilles mais aussi la tradition locale des modes de constructions et des matériaux. Il dessina un module d’habitation de forme carré au centre d’une parcelle hexagonale limitant ainsi
21
MCCARTER, Robert, Aldo Van Eyck, New Haven et Londres, Yale University Press, 2015, p. 176
I 125
l’extension verticale dans ces cours qui permettent une aération naturelle : « comme les maisons typiques des bidonvilles, celle-ci à travers le temps peut être agrandie par son occupant à l’horizontale et à la verticale, d’une à huit pièces, et selon les besoins 22
VAN EYCK, Aldo, «The Priority Jostle», Spazio o Società, Décembre 1979, N°8, p. 55-57 23
VAN EYCK, Aldo, « A house must be like a small city if it’s to be a real home; a city like a large house if it’s to be a real city. In fact, what is large without being small has no more real size than what is small without being large. If there is no real size, there will be no human size », STRAUVEN, Francis, “Orbituary: Aldo Van Eyck”, ur le site de 'The Independent', 1999: http://www.independent. co.uk/arts-entertainment/ obituary-aldo-vaneyck-1075229.html [consulté le 13 Mars 2016] 24
VAN EYCK, Aldo, «It would be a grave error if pre-designed and partially pre-constructed urban environments such as this pilot project proposes should counteract the growth and development of the barriada idea and practice, instead of stimulating it through the erection of improved dwelling types, construction systems and overall community planning», in KOCH, Carl, PEREZ, Alfredo «PREVI/Lima, Low cost housing», Architectural Design, 1970, N°40, p. 189
et les ressources des familles22. » Il nota que dans les bidonvilles, la prise de possession du terrain, pas de la maison, était importante pour les habitants ; aussi il limita l’emprise de chacun par un mur de béton, utilisant le même matériau que pour la maison. Ainsi le jardin et la maison sont reliés par ce mur, qui lui-même délimite la propriété de chacun à l’échelle du site. Effectivement pour Aldo Van Eyck la petite échelle n’est appréciée qu’en relation avec la grande, et vice versa. En 1960, il métaphorise cette idée de la grande maison et la petite ville : « une maison doit être comme une petite ville pour qu’elle existe ; de la même manière une ville doit être une grande maison pour qu’elle soit réelle. En réalité, ce qui est grand sans être petit n’existe pas moins que ce qui est petit sans être grand. S’il n’y a pas de vraie dimension, il n’y aura pas de dimension humaine23». |fig. 35| Aldo Van Eyck opte pour une forme d’hexagone allongé (9m de large et 16,5m de long), qui pourrait se transformer en un heptagone en coupant les angles. |fig. 8| Dans son orphelinat municipal d’Amsterdam récemment construit (1955-1960) il assemble des cellules pour transformer le bâtiment en une petite ville-architecturale, ici il applique le même système mais à l’échelle urbaine. L’agencement permet de créer un tissu continu qui peut croître avec les cellules. La forme de ces dernières permet autant aux habitants de les agrandir comme ils le veulent, mais aussi d’être limitée à l’emprise du terrain, de ne pas construire au-delà de leur jardin avant et arrière. Selon Van Eyck, il était important que les maisons « respirent » physiquement et visuellement et donc « cela serait une grave erreur si les propositions des dessins d’origine et les espaces publics partiellement préconstruits dans le projet pilote devaient être contrariés par la croissance et le développement propres au bidonville ; mieux vaudrait les stimuler à travers la construction améliorée de module, de système constructif et de planification urbaine communautaire24. » |fig. 36|
126 I ANALYSE DE DIFFERENTES TYPOLOGIES D’ESPACE PUBLICS
Comme nous l’avons déjà indiqué, Christopher Alexander et son équipe ont vécu un mois à Lima avec une famille pour comprendre leur culture et leur mode de vie comme l’importance du salon au centre de la maison et du seuil comme lieu de rencontre avec les voisins. Cette expérience sera relatée dans le « Minority Report » des jurys publié dans le Architectural Design : « une approche spontanée, un engagement respectueux de la dignité et de la valeur de l’individu, une reconnaissance et une compréhension des liens complexes entre l’individu, sa famille, ses biens, ses voisins et toute la communauté sont implicites dans chaque partie de leur proposition24. » Il assemble en bande et en quinconce des unités rectangulaires de 5,20 sur 20,5 mètres. L’assemblage crée des variations de largeur de la voie piétonne qui dessert les logements. De cette manière il organise un espace public partagé entre les voisins qui lui sont directement associés. Ces micro « interstices » urbains créés par l’assemblage en quinconce illustre une des théories de Christopher Alexander qui pourraient accueillir de multiples usages superposés25. Au centre des îlots communautaires, à l’interstices des ruelles, on trouve une place.
24
« A freshness of approach, a commitment to the dignity and worth of the individual, a recognition and understanding of the complex linkages between this individual, his family, his belongings, his neighbours, and the entire community are implicit in each part of their proposal », in KOCH, Carl, PEREZ, Alfredo, Idem. 25 ALEXANDER, Christopher, A pattern language, Berkley, Californie, Oxford University Press, 1977
> Fig. 37 : Plan des unités d’habitations de Christopher Alexander, assemblées en cluster > Fig. 36a/36b/36c : (sur calque) Plans urbains d’Aldo Van Eyck soulignant: a. l’emplacement des équipements et les espaces verts b. les circulation piétonne et automobile c. les logements et les équipements ech: 1:5000e
I 127
PLACE ATYPIQUE Aldo Van Eyck
> Fig. 36 Plans urbains rendu au concours ech: 1:5000e
> Fig. 36a l’emplacement des Êquipements et les espaces verts ech: 1:5000e
> Fig. 36b les circulation piĂŠtonne et automobile ech: 1:5000e
> Fig. 36c les logements et les ĂŠquipements ech: 1:5000e
Les espagnols de l’école de Madrid assemblent en peigne deux types d’unités de logements, l’une sur une parcelle presque carrée l’autre est plus longue mais de largeur identique. Les bandes sont formées de deux rangées d’habitations où alternent les deux types, une longue est adossée à une plus courte. Elles contiennent 7 à 9 paires d'unité. Les bandes alignées sur des voies piétonnes étroites, dessinent un plan en échiquier, régulier, seuls les équipements créent une rupture de la trame. Un balcon est prévu au deuxième étage des logements au plan rectangulaire, reliant les habitations de l’autre côté de la rue. Les voies piétonnes sont alors rythmées comme par des porches. |fig. 38|
ii. entre logement et équipement Le projet de Aldo Van Eyck est un des seuls qui ne prévoient pas de relier le site par un grand axe commercial, de créer des zones de fonctions ou même de mettre en place des grands espaces verts. Il veut s’opposer au mouvement théorique de l’urbanisme moderne et de sa vision excessivement fonctionnaliste de la ville. Il décide de diviser le site en quatre longues travées d’est en ouest, de six cellules de large, séparé par trois rues secondaires, accessibles par voiture et piéton, donnant une perspective sur les montagnes désertiques environnantes. Cette composition régulière, opposée aux cellules organiques, s’inspire aussi des barriadas, caractérisées par cette composition 26
STRAUVEN, Francis, Aldo Van Eyck - The Shape of Relativity, Amsterdam, Architectura & Natura, 1998, p. 548
en grille26. |fig. 36b| Comme les circulations piétonnes sont produites simplement
> Fig. 39a/39b/39c : (sur calque) Plans urbains de Christopher Alexander soulignant: a. l’emplacement des équipements et les espaces verts b. les circulation piétonne et automobile c. les logements et les équipements ech: 1:5000e
Les unités sont orientées plus ou moins sud-ouest afin de permettre une ventilation
en enlevant des cellules du cluster, leur forme est évidemment plus organique, non rectiligne et desservent chacun des habitations par un cul de sac. Les culs-de-sac abritent les aires de jeux, les jardins et les places, les véhicules étant tenus à l’écart. naturelle des habitations ainsi que des places. |fig. 40| Certains cheminements de la partie résidentielle se prolongent et s’élargissent vers les équipements et les jardins. Ces derniers sont dispersés et non reliés sur l’ensemble du site. Ils sont intégrés dans le maillage des logements. |fig. 36a|
128 I ANALYSE DE DIFFERENTES TYPOLOGIES D’ESPACE PUBLICS
> Fig. 38 : Axonométrie de Iniguez de Onzoño et Vazquez de Castro > Fig. 40 : Axonométrie du principe de ventilation au sein des cluster de Aldo Van Eyck
PLACE ATYPIQUE Christopher Alexander
> Fig. 39 Plans urbains rendu au concours ech: 1:5000e
> Fig. 39a l’emplacement des Êquipements et les espaces verts ech: 1:5000e
> Fig. 39b les circulation piĂŠtonne et automobile ech: 1:5000e
> Fig. 39c les logements et les ĂŠquipements ech: 1:5000e
Christopher Alexander au moment de PREVI publie Une ville n’est pas un arbre (1965) où il tente de définir et différencier les « villes naturelles » spontanées (Kyoto) des « villes artificielles » planifiées (Chandigarh). Il tentera de mettre en place ces 27
ALEXANDER, Christopher, «Une ville n’est pas un arbre» Architecture forum, 1965, Vol. 122, N°1
théories d’une « ville vivante27 » dans un système en structure semi-treillis en présence d’un axe longitudinal majeur. Le tissu organique résidentiel ne dépend pas de ce tracé principal, mais ils cherchent à générer des petites communautés, en lien avec ses propositions théoriques. |fig. 36c| Christopher Alexander regroupe entre 20 et 70 cellules d’habitation conçues comme des îlots communautaires. « L’idée de la cellule repose sur l’idée que ses futurs habitants puissent avoir la possibilité de créer une atmosphère unique et propre. Autrement dit de faciliter l’usage de l’environnement à
28
ININVI, PREVI 20 años despues. Resultado y conclusiones, INEI Lima, 1988, p. 27
travers son appropriation28. »
29
la vitesse des voitures pour que piéton et véhicules interagissent, « les boucles elles-
ALEXANDER, Christopher, A pattern language, Berkley, California, Oxford University Press, 1977, p. 261 30
ALEXANDER, Christopher, A pattern language, Idem.
Les zones d’habitation sont délimitées par des voies de circulation sinueuses, réduisant mêmes doivent être conçues pour décourager la circulation ou la vitesse29. » Elles sont accompagnées de stationnement longitudinal permettant l’accès direct des voitures vers les logements. Il est impensable de les séparer selon Christopher Alexander30. Les voitures sont dominantes le long des équipements situés sur l’axe longitudinal, pour que les piétons existent il leurs dessine des accès large, purs et beaux. |fig. 36b|
31
ALEXANDER, Christopher, A pattern language, Idem. Les beaux espaces selon Christopher Alexander sont : "des places qui fonctionnent, qui sont utilisés par la communauté et créent l’épine dorsale»
Les équipements et les « beaux espaces31 » sont desservis par l’axe majeur piéton.
32
forme un demi-cercle s’intégrant dans la maille organique. Les « nœuds d’activités32 »
ALEXANDER, Christopher, A pattern language, Idem.
Contrairement à la majorité des propositions qui opte pour cette solution, l’axe ici n’est pas linéaire, ne parcourt pas le site du nord au sud, mais chez Christopher Alexander elle sont de tailles différentes. On imagine qu’en suivant les théories de l’architecte, qu’ils regroupent densément les équipements publics autour d’une petite place. |fig. 36a|
José Luis Iñiguez de Ozoño et Antonio Vázquez de Castro, comme la plupart des réponses au concours, se contentent de créer une vraie séparation entre piéton et
130 I ANALYSE DE DIFFERENTES TYPOLOGIES D’ESPACE PUBLICS
véhicules. L’axe existant de l’ « Avenida Universitaria » est effacé pour permettre une continuité globale. Deux voies en périphérie bornent le site, elles sont ponctuées par des zones de stationnement déstinées d’un côté aux véhicules de passage et de l'autre aux usagers des équipements publics. Une avenue plantée, ancrée dans la trame régulière orthogonale, fend au centre le site d’est en ouest. Contrairement aux autres projets de PREVI, cet axe n’a pas un caractère majeur, elle est presque aussi large que les ruelles desservant les logements. |fig. 36b| Les équipements sont desservis par l’axe et regroupés à trois endroits différents. La zone commerciale, comportant la concentration la plus dense d’équipements, est située à l’extrémité est du site, le long de l’autoroute panaméricaine. Elle sert de barrière phonique aux quartiers de logement. Les équipements qui s’adressent plus aux habitants de PREVI, tels écoles, sont situés au centre, de part et d’autre de l’axe central. Enfin la troisième zone d’activité est implantée à l’ouest, agrémentée de grands parcs publics. |fig. 36|
iii.
Du pubic au semi-privé
Aldo Van Eyck au moment de PREVI publie en 1962 The Child, the City and the Artist33 où il signale l’importance des lieux intermédiaires, « in-between ». A PREVI, cela se traduit par la dimension presque domestique des espaces libres issus de l’agencement des unités de l’échelle urbaine. L’assemblage organique en nid d’abeille fait penser aux caractéristiques d’une mat building. Alison Smithson, en expliquant un mat building evoque « ce qui est important c’est l’idée de la rue, et non de la réalité de la rue : la création efficace d’espaces groupés remplissant la fonction vitale d’identification et de renfermement, rendant possible la vie sociale dans les rues34». Chez Aldo Van Eyck les vides issus de l’assemblage en nid d’abeille des unités de logement modèlent les voies d’accès aux logements qui se terminent en une place en cul-de-sac, conçu pour être abrités de toute circulation. Il imagine que ces espaces publics inciteront les enfants à se les approprier par le jeu. Effectivement pour Aldo Van Eyck « une ville qui néglige la présence d’enfants est un espace pauvre. Ces
33
VAN EYCK, Aldo, The child, the city and the artist: an essay on architecture : the in-between realm, (premier manuscrit non publié, 1962), Amsterdam, ed. Vincent Ligtelijn et Francis Strauven, Sun, 2008 34
SMITHSONS, Alison, Team 10 Primer, Londres, Studio Vista, 1974, p. 80 > Fig. 41a/41b/41c : (sur calque) Plans urbains de José Luis Iñiguez de Ozoño et Antonio Vázquez de Castro soulignant: a. l’emplacement des équipements et les espaces verts b. les circulation piétonne et automobile c. les logements et les équipements ech: 1:5000e
I 131
PLACE ATYPIQUE
José Luis Iñiguez de Ozoño, Antonio Vazquez de Castro
> Fig. 41 Plans urbains rendu au concours ech: 1:5000e
> Fig. 41a l’emplacement des équipements et les espaces verts ech: 1:5000e
GSPublisherEngine 0.0.100.100
> Fig. 41b les circulation piĂŠtonne et automobile ech: 1:5000e
GSPublisherEngine 0.0.100.100
> Fig. 41c les logements et les équipements ech: 1:5000e
GSPublisherEngine 0.0.100.100
35
VAN EYCK, Aldo,The child, the city and the artist: an essay on architecture : the in-between realm, idem. p. 42
mouvements seront incomplets et oppressifs. L’enfant ne peut pas redécouvrir la ville si la ville ne redécouvre pas l’enfant35. » Ainsi on accède aux logements par des rues sinueuses et des culs-de-sac. Chacune des cellules est accessible par une porte dans le mur d’enceinte ouvrant sur un patio. Le bâti en forme de H dans sa parcelle hexagonale, met en relation le vide de l’entrée et le jardin arrière. Il permet une aération naturelle de la cuisine. Le plan carré est pivoté à 45° dans une parcelle de même géométrie, libérant les angles destinés à l’entrée, au patio de services et aux deux jardins. |fig. 42| Le bâti en redan des unités de Christopher Alexander permet d’y nicher des espaces d’entrée adossés à la maison voisine. Parti de l’espace public, ces vides dessinent le premier palier de la séquence d’entrée. Dans son pattern language issu de ses observations sur place, il note l’importance du seuil comme lieu de rencontre entre
36
ALEXANDER, Christopher , A pattern language, Berkley, Californie, Oxford University Press, 1977
les voisins36. Ainsi il créé un porche d’entrée équipé d’un banc avant de mener à une galerie assez large pour pouvoir y installer un hall d’entrée fonctionnel. Il niche dans l’épaisseur de la structure une assise, un placard, une table… |fig. 43| L’accès aux unités d’habitations des espagnoles se fait donc par des petites ruelles perpendiculaires à l’avenue plantée piétonne. Il y a deux entrées possibles : une principale en retrait de la façade donne accès à la salle à manger, la pièce la plus importante et traversante sur la terrasse en fond de parcelle, l’autre à travers un patio de service en relation avec la cuisine. Les habitants des unités, situés de part et d’autre d’une ruelle confinée par sa dimension et ses endroits couvertes, ont une relation étroite avec leur voisin. |fig. 44|
> Fig. 42 : RDC de l’unité à base carré de Aldo Van Eyck > Fig. 43 : RDC de l’unité d’habitation en longueur de Christopher Alexander > Fig. 44 : RDC de l’unité d’habitation et son expansion de José Luis Iñiguez de Ozoño et Antonio Vázquez de Castro
132 I ANALYSE DE DIFFERENTES TYPOLOGIES D’ESPACE PUBLICS
B / LES ESPACES FUSIONNES DE PETER LAND Chacune
des trois propositions présente une relation très différente à l’espace
public. Dans le projet de Peter Land, les intentions des trois architectes ont été maintenues et un espace public généré par l’assemblage crée le pivot entre les trois projets. Le passage sinueux de Christopher Alexander (I - 13), le chemin semi couvert de José Luis Iñiguez de Ozoño et Antonio Vázquez de Castro (I - 9) y mène et le cul-de-sac de Aldo Van Eyck (I - 11) y est agglutiné.
i. La typologie de l’espace public La place est composée de deux espaces agglutinés, un cul-de-sac et une place à 4 branchements. Le projet bâti de Christopher Alexander comporte quatorze maisons en deux rangés de six ou huit unités de part et d’autre d’une ruelle. Comme imaginé initialement par l’architecte elles sont assemblées en bande et en quinconce dessinant un passage sinueux aboutissant à la place. Celle-ci est associé au projet de Christopher Alexander dans les plans du projet bâtit de Peter Land. Effectivement au sein de son cluster, les ruelles pouvaient aboutir à une place rectangulaire avec un centre traité de manière différente. Dans le plan de Peter Land le cœur de la place est caractérisé par un espace de jeu rectangulaire. On y accède aussi à travers la ruelle traversant le cluster des espagnoles. Comme pensé par les architectes, le passage est rythmé par des parties couvertes des balcons des maisons. Ce sont les deux embranchements significatifs de la place. Une autre est issu de l’assemblage entre le projet de Aldo Van Eyck et Iñiguez de Ozoño et donc dessert leurs entrées respectives. Le dernier accès est en réalité formé par le cul-de-sac de Aldo Van Eyck qui lui fait face. L’espace public est ainsi composé d'une place issue de l'intersection de ruelles chez Christopher Alexander et du cul-de-sac de Aldo Van Eyck. Mis en relation suivant une diagonale, elles permettent d’agrandir la vision de l’espace public. Le vide de l’espace entre le bâti de Aldo Van Eyck est tracé par les bancs en vague préfabriqués de PREVI à l’angle d’une zone végétale.
> Fig. 45 : La place atypique formé par la fusion des trois plans des projets bâtis
134 I ANALYSE DE DIFFERENTES TYPOLOGIES D’ESPACE PUBLICS
ii. Du public au privé La séquence d’entrée des architectes espagnols étant conçue pour s’effectuer par des petites ruelles, seule une entrée se fait par l’espace public dessiné par Peter Land. De même les accès aux unités de Christopher Alexander se font perpendiculairement à la voie piétonne ; seules les deux dernières de l’enfilade ouvrent sur la place. En quinconce et légèrement plus longue, la dernière cellule crée un effet d’entonnoir entre les deux places adjacentes. Elle offre aussi la surprise de découvrir le vide en cul de sac une fois au centre de la place à embranchement. Les deux faces longues de la place sont accompagnées d’un côté du long pignon d’une unité de Alexander et de l’autre de Van Eyck. Ce sont des longs pignons aveugles. On verra comment cela influencera l’appropriation de l’espace public par les habitants. En opposition, la partie de l’espace en cul-de-sac voulu par Aldo Van Eyck dessert tous les logements du cluster. |fig. 45| Bien que le rapport entre espace public et logement ait été maintenu par Peter Land il est toujours difficile de conserver toutes les qualités de vie prévues par l’assemblage à l’échelle urbaine.
iii. Les conséquences de l’assemblage Les clusters de Aldo Van Eyck se composaient d’une cinquantaine d’unités, au profit > Fig. 46a/46b/46c/46d : Photo d’origines (1969) de la place à 4 branches
du caractère expérimental du quartier de PREVI ; seuls dix-sept sont construits, et seulement cinq sont en pourtour du « cul-de-sac ». Mais celui- ci perd le caractère
136 I ANALYSE DE DIFFERENTES TYPOLOGIES D’ESPACE PUBLICS
d’une place au fond d’un passage sans issue, à l’abri du bruit de la circulation et des regards des passants car il n’y a plus de chemin mais directement une place sans issue. On pourrait même plus la qualifier d'un espace vide permettant un élargissement de la voirie d’un seul côté, comme une « place verrue ». Cet espace n’est pas en lien avec une voie de circulation mais un pignon au sein d’un complexe piéton; il perd alors la notion d’espace semi-privée pour les habitants limitrophes. |fig. 45| La dimension organique que donnait Christopher Alexander à ses îlots d’habitations est ici perdue. On la retrouve seulement à l’échelle d’une ruelle où au lieu d’être nettement assemblées en quinconce formant des rues diagonales, ils sont assemblés en deux bandes orthogonale. Le parcours organique a été réduit à une circulation quasi orthogonale. De plus la fusion via une place de logements en bande tournés vers des passages crée un espace seulement de passage. La place à 4 branches perd sa fonction d’espace intermédiaire entre le public et le privé
C/
APPROPRIATION DE L’ESPACE PUBLIC
I 137
La place à 4 branches est alors à l’origine du projet composé de dalles pour permettre l’acheminements des habitants dans le quartier et au centre d’un espace planté entouré des bancs droits de PREVI. Le cul-de-sac possède également un espace planté au centre délimité pas des voies d’accès au logement. L’une n’est qu’un pivot desservant un cœur de front de différentes typologies d’unités, l’autre est au cœur d’un cluster d’une typologie d’unité. Nous verrons ainsi comment cela influe sur l’identité de l’espace public aujourd’hui.
i. Le rapport au vide Les pignons face à une place n’étaient pas délibérément conçus par les architectes, néanmoins même s’il n’est pas en relation avec les habitants, il les incite à s’en servir. Le long pignon de la maison de Christopher Alexander joue de cet emplacement pour créer une autre entrée, permettant de diviser l’unité de logement en deux – visible aujourd’hui par sa double couleur en façade. Ainsi ce rapport pignon/vide permet aux habitants de s’approprier l’agencement du bâti au cœur de la parcelle. |fig. 47| Alexander avait aussi planifié de laisser un espace vide couvert à l’entrée de chaque maison. Les habitants l’ont comblé, ce qui diminue donc la taille du passage et réduit l’angle de la diagonale visuelle qui lie les deux espaces publics. |fig. 47| La majorité des usagers de la place la perçoivent comme un lieu de passage, ses habitants limitrophes lui tournent le dos. Comme vu dans les cas précédents, les propriétaires ont tendance à agrandir leur maison sur l’espace public situé face à l’entrée : la largeur de la place n’a ainsi pas été modifiée.
> Fig. 47 : Relevé de la place aujourd’hui (2016)
138 I ANALYSE DE DIFFERENTES TYPOLOGIES D’ESPACE PUBLICS
ii. le mobilier: une limite physique et visuelle L’espace planté au cœur des logements de l’architectes hollandais est fragmenté par l’implantation des bancs préfabriqué de PREVI. Aujourd’hui cette frontière physique représente la limite de l’indivision de l’espace planté. La partie délimitée par le banc est entretenue et utilisée par son habitant limitrophe, l’autre par l’habitant du fond de parcelle. |fig. 48| L’espace planté n’étant pas séparé de l’habitat par un chemin de passage, le dernier occupant se l’est facilement appropriée et a créé une « véritable forêt amazonienne » en contraste avec un style épuré autour du banc. Ils sont néanmoins bien entretenus. Le fait de regrouper des accès autour d’un espace confiné renforce le sens communautaire, « les voisins ont tous donné leurs accords pour que deux habitants s’approprient l’espace public » m’a confirmé une propriétaire.
iii. L’espace collectif végétalisé: approprié ou délaissé?
Les voisins de la place à 4 branches lui font majoritairement dos, ce qui explique pourquoi il est délaissé. Seulement quatre habitants empruntent la place pour rentrer chez eux, elle est peu fréquentée mais est de grande dimension (14,75 x 9,75 mètres, soit 144 m2) comparé au cul de sac qui s’adresse à sept familles et qui est presque trois fois plus petit (9 x 9 mètres, soit 81 m2). L’espace planté au centre de la place à 4 branches, la séparant d’au moins 2, 50 mètres des maisons. La distance peut être un autre facteur qui joue sur son délaissement. Les habitants ne considèrent pas que cet espace central leur est destiné, néanmoins ils s’occupent de la bande végétalisée qui longe leur maison. |fig. 49|
> Fig. 48 : (en haut) Photomontage de l’espace public de Van Eyck > Fig. 49 : (en bas à gauche) Diagonale visuelle entre la place à 4 branhces et le «cul-de-sac» > Fig. 50 : (en bas à droite) Perspective de la place vers le passage des espagnols
140 I ANALYSE DE DIFFERENTES TYPOLOGIES D’ESPACE PUBLICS
CONCLUSION Cinquante années après la fin de sa construction, le quartier de PREVI conserve encore les traces de son plan d’origine et ce, malgré les interventions diverses de plusieurs générations d’habitants. Mais les enjeux même de ce projet ne gardent-ils pas aujourd’hui toute leur pertinence ? En effet la question de l’architecture « incrémentale » n’est-elle pas au cœur de projets comme ceux de l’architecte chilien Alejandro Aravena, primé par le Pritzker en 2016? Néanmoins l’énergie dans la conception de cette architecture incrémentale se focalise sur le bâti et non sur son rapport au vide public, les unités étant principalement alignées en bandes suivant le schéma des barriadas. N’est-ce pas là une lacune de ce type de projet ? Durant toutes ses années, PREVI a évolué, pour ne pas dire s’est transformé. Les façades et le mobilier urbain, blancs à l’origine, sont aujourd’hui colorés. La hauteur des constructions a changé, le skyline est plus découpé et il est difficile de reconnaître le module de base d’une unité bâtie ; à tel point que l’ensemble tend à s’apparenter aux habitations spontanées des barriadas. Malheureusement, les unités de logements ont été tellement modifiées par les habitants qu’elles en ont perdu des qualités comme l’apport de lumière et de ventilation naturelle par les patios et les jardins. Cette évolution du cadre bâti s’accompagne d’une transformation moins attendue de l’espace public. Lorsqu’ils sont investis par les habitants, les espaces communs restent assez qualitatifs. Quand ces derniers sont partagés par les habitants, ils sont bien entretenus. Certains comme Luis Sanchez, fier de son quartier, prend seul en charge l’entretien de la place 23 pour maintenir l’image unique de PREVI dans une ville si dépourvue d’espaces publics. D’autres habitants du quartier expriment leur enthousiasme en cherchant à embellir les espaces communs : ils peignent le mobilier, plantent des arbustes et veillent même à les arroser car il ne pleut jamais dans ce désert où est implanté PREVI. La liberté dont jouissent les habitants est due surtout à l’absence de législation au Pérou, ce qui donne au lieu une grande vitalité. A l’école, les enfants sont sensibilisés au projet architectural. Ils connaissent la nationalité de l’architecte qui a construit leur logement et vont même jusqu’à s’y identifier pour former des équipes de football. José Paez, architecte péruvien qui a participé au concours, m’a déclaré être
I 143
nostalgique d’une époque où la construction des logements était réfléchie, se disant admiratif de la qualité des logements conçus par James Stirling. Il semblerait intéressant de développer les échanges entre des architectes venus de cultures si différentes au moment où les frontières culturelles n’étaient pas aussi perméables qu’aujourd’hui. Le projet de PREVI ne condense-t-il pas, à l’époque de sa construction, non seulement une sorte de mondialisation de l’architecture mais aussi de planification urbaine ? Dans ce travail, les explorations n’ont porté que sur l’analyse typologique des espaces publics de PREVI. Il paraitrait intéressant de poursuivre la recherche en analysant en détail les théories qui ont influé sur les propositions de chaque architecte et leur mise en œuvre sur le terrain commun d’expérimentations qu’est PREVI. Et voir comment la proposition de chacun est marquée par telle ou telle théorie architecturale et urbaine : le mouvement moderne dans sa diversité, le métabolisme japonais… Certes PREVI aurait dû jouer le rôle de moteur et de vitrine et se poser en exemple d’une forme d’urbanité combinant la tradition locale et les théories urbanistiques internationales. D’ailleurs, en lançant ce concours international financé par l’ONU, Peter 1
LAND, Peter , «Experimental Nature», interview par Tomeu RAMIS, Digital Architectural Papers (DAP), 2012, www.architecturalpapers.ch 2
cf. Annexe, « Retranscription d’entretien : Peter Land»
Land espérait que cet ensemble de logements fasse école et incarnerait les priorités et offrirait les clefs pour la planification d’un quartier résidentiel durable1 : « oui je pensais que PREVI serait reproduit non seulement à Lima et au Pérou mais aussi en Amérique Latine et au-delà comme un modèle de projet de logements économiques innovant aussi bien par sa technologie que part la qualité urbaine qu’il propose2.» Mais aucun projet depuis PREVI n’a reproduit ce schéma à cette échelle. Le quartier n’est-il resté qu’un modèle expérimental qui ne suscite plus que l’intérêt des étudiants péruviens en architecture ou des professionnels internationaux ? Aujourd’hui PREVI n’est plus un quartier isolé dans le désert, il est situé au cœur d’une très dense urbanisation. Le quartier est rattrapé par des problèmes qui touchent toutes les formes d’urbanisation lorsqu’elles sont à l’écart : transport, programmes culturels, sécurité… A l’est, l’autoroute panaméricaine sépare le quartier de nouveaux barriadas. Leurs habitants sont si attirés par les espaces publics de PREVI, qui manquent autour
144 I CONCLUSION
de leurs logements, qu’ils viennent, m’a-t-on dit à plusieurs reprises, « perturber la vie communautaire en venant boire et vendre de la drogue ». La communauté de PREVI, se sentant menacée par ces jeunes enlèvent les tables, les bancs, commencent à fermer les passages avec des grilles, s’équipent de caméras pour maintenir leur tranquillité et assurer leur sécurité en se substituant à la police locale. PREVI serait-il condamné à devenir un lotissement privé ? Toutes ces mesures ont été prises par les habitants du quartier qui l’autogèrent depuis le début à travers une association. Et pourtant le centre communautaire prévu n’a jamais été réalisé, faute de financement, d’où ce grand vide au cœur du quartier. Celui-ci est temporairement utilisés comme zone de stationnement mais l’association compte toujours y construire un équipement adapté à leurs besoins d’aujourd’hui. 50 ans après, les initiatives prises au sein de PREVI ne cessent de faire évoluer le quartier tant à l’échelle privée que publique. La législation péruvienne laxiste pour un occidental favoriserait presque ce genre d’initiative.
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ANNEXE : RETRANSCRIPTION D’ENTRETIEN Rafael, résident de PREVI depuis son début
O5/03/2016
Que es un local comunal ? Un local comunal, es un local de uso múltiple por la comunidad. Puede ser para reuniones, fiestas. Tenemos un área bien asignadas para comercios, para locales comerciales, o tiendas. Ese área ahora esta desocupado, vacío, solamente se usa como cochera. No funciona porque eso depende de los usos propios. Y esté espacio es publico? (INNVI) Ahora esta cambiando y se llama Sensico. Esa zona acá, este jardín, este es un espacio publico, del gobierno. Estas áreas aparenten a todo la comunidad, todo la urbanización. Yo compro mi casa acá pero yo pago impuesto de los áreas verdes, de los áreas comunes. Porque quería comprar una casa acá? Mira, estas casas, esta urbanización se crea en 1969. En esos anos, Lima era centralizado en sitios como Miraflores, San Miguel que son mas al centro. Las periferias, como el cono norte, sur son básicamente agrios. Lima es un desierto que esta bordeado por el río Rimac. Es la segunda capital del mundo ubicada en el desierto. La primera es Cairo y la segunda es Lima. Ninguna capital, de ningún país esta construida encima del desierto. Se aprovecha del rio Rimac para irrigar las áreas desérticos. Estamos aquí cerca del río Chillon es un río que se utiliza para irrigar estas áreas agrícolas. Todo estos serán áreas agrícolas. Entonces el crecimiento comienza a desalojarse en este cono. Ese es un proyecto de vivienda que se llama PREVI porque es Proyecto especial de vivienda, experimental. El gobierno invita un concurso para que? Para elegir los modelos de las viviendas a construir. Presentan varios trabajos de varios países, de Francia, de Hollanda, entonces el gobierno decidió que se construyeran todos porque no querían darle una particularidad si no se hace un proyecto global que tiene diferente países. Entonces cada manzana tiene una arquitectura particular. Creo que eso (donde estamos) es Francia. Y se construye eso en base a un esquema diferente de construcción porque nosotros tenemos una esquema de construcción que es columna, ladrillo, cemento, techo. En este proyecto no tiene columnas, es particular. Entonces el gobierno lo construye en la periferia, eso estará lejos de la ciudad, era como ir al campo. Como ahora construir el camino Huacho, lejos en la periferia de la ciudad. Y lo atribuya a empleador del gobierno. Todos que viven aquí han sido empleador del gobierno, maestros, policías, gente que trabajó por el gobierno. Entonces si trabajabas en el gobierno, podías inscribirte y podías ser alquilador de una vivienda, podías recibir las viviendas. Mi madre es profesora y ella trabajaba en el estado, se inscribió y fuera unas de las primeras y escogió esta casa, dijo “Quiero esa casa”. Eligiste la casa con un plano, no mas? Claro! Tenía el plano y donde quería ser ubicado. Y cada uno escogía, yo quería acá, y bueno lo mejor es cuando tenias la facilidad de escogerlo. Yo quiero este acá. Bueno nosotros somos un poco privilegiados. Tenemos la área verde, somos cerca de las avenidas a diferencia del señor aquí, por ejemplo, que esta metido dentro y no tiene como salir, no tiene espacio para guardar su vehículo por ejemplo cuando recibo la familia donde sale la familia? Pero claro hay espacios
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comunes, aquí se establecen cocheras, estacionamiento para este grupo de manzana. Pero esto es nada por la cantidad de vehículos que hay. Ahora el problema nuestro es estacionamiento. Porque, en cada casa, por lo menos, hay tres autos. Porque? Porque cada casa tiene por lo menos 3 pisos, y cada piso vive una familia. Así que falta espacios. Por eso que acá, parte de las cocheras estaban aquí, estaban completada. Al inicio las áreas de espacio común pero acá no (à côté du parc) Pero existe casas donde se ve el carro en frente Generalmente las casas tienen un estacionamiento alrededor porque no pueden entrar con su coche. Por ejemplo, mira, acá, no entran autos, no esta contemplado (08:10) en el ingreso de las autos en todo la parte central. No esta en el concepto del diseño inicial. Pero hay espacio para las autos, cada casas tiene su cochera. Mira, acá no había ingreso pero se ha hecho ingreso ahí y tu vas a ver autos en la alameda central. Y como funciona el resto de PREVI? Hay pasajes y estas son casitas. Cada uno tiene un lote. Por ejemplo eso es el 1, 2… Vez como esta ubicado el aérea de cada uno. Por ejemplo el colegio, teníamos 3 lotes de áreas verde que pasó? Cerrado! La mayoría han ocupado áreas de retiro. Por la necesidad de mas espacio. Tiene un limite en la altura de la construcción? Cada área, distrito tiene su norma, puede construir hasta 5 pisos. Aquí en los Olivos, todavía, es un poco wild west, en otro lugar pones una piedra ahí y la municipalidad viene y te lo bota! Ahora esta un poco mas formalizado, mas formal, por ejemplo necesitas una licencia de construcción, necesitas los planos para construir. Pero por el momento la municipalidad no esta tan organizada entonces la gente aprovecha. Y muchas veces las cosas están un poco artesanales, no hay arquitecto, no hay ingeniero, hay solamente maestros que hace todo; construye. De donde vienen los alumnos de tu escuela? La mayoría viven aquí, la mayoría son de la zona, pero de ahí hay gente de otros lados porque en comparación a otras escuelas, nosotros tenemos un área verde, muchas escuelas no tiene, son en espacios mas reducidos. Las escuelas aquí son construidas bajo estándares. La mayoría son casas adaptadas en escuelas. Los pintan de colores, a dentro todo blanco, y tiene un colegio. Hay solo 2 en los Olivos. Los Olivos es el distrito? Los olivos es el distrito. Tiene Perú, Lima es un departamento. Perú tiene 24 departamentos como Arequipa, Libertad… El departamento esta dividido en provincias y la provincias se divido en distritos. Estamos el en departamento de Lima, en la provincia de Lima, en el distrito los Olivos y PREVI es la urbanización. Allá es la urbanización Naranjal. En todos los distritos de Lima, el Olivo es el distrito que tiene mas gente, mas popular. Asi que aprovechas el espacio publico? Claro! Yo aprovecha el espacio publico pero como? Yo lo mantengo, lo arregló, lo limpió. La municipalidad viene pero no pone juegos, una área para sentar y es al uso por todos los vecinos. Los niños juegan, no solamente lo del colegio, es para el uso de todos.
148 I ANNEXE : Retranscription d’entretien
Dirías que los espacios públicos funcionan acá? Están comenzando a funcionar porque el problema de los espacios públicos es el mal uso. Es un distrito popular, medio wild west, donde hay bastante delincuencia porque es periférico. Acá la cantidad de policía por habitantes es 1 policía por 1000 habitantes. Entonces tenemos problemas de delincuencia. Viene los muchachos, los adictos, aprovechan esto de PREVI, los pasajes para entrar, drogarse, consumen, y después salen a robar y se van corriendo. No puede entrar los carros, es fácil de perderse. Es muy común. Por ejemplo al frente, las calles son grandes y fácilmente pueden agarrar. Corren y los ven, pero en los pasajes de PREVI pueden huir fácilmente. Entonces cual es la solución? Dividimos los áreas de PREVI, eso 1, 2, el 3, el 4 y el mas grande el 5. Este comité ya esta cerrado, esta con rejas, solamente tiene llaves los vecinos, los propietarios. Entonces ya hay la posibilidad que los comités están cerrados y al final el proyecto van a cerrar todo. Poner un ingreso aquí, un acá, un aquí et el otro acá y el resto cerrado. Ayuda mucho que estas casas puede cerrar, pones una puerta aquí y todo funciona como un muro de separación. Lo que nos preocupa ahora es la seguridad. (…) En primero podemos cerrar para limitar los ingresos, y verificar quien entra, podemos verificar los documentos. Si es muy peligroso acá, tienes que tener cuidado. Hay veces que no lo vez pero te están mirando de lejos, en el auto o en la moto para salir mas rápidamente. Es importante que ustedes tienen mucho cuidado. Y en la noche hay luz? Si hay luz pero el problema es la características de PREVI que a los ladrones le encanta: los pasajes, las salidas, hay 7 salidas, puedes ir en todos lados. Puedes correr por todos lados, correr por aquí, salir por el parque, por acá. Te los pierdes. Donde compras las cosas por la casa? La comida? Todo se encuentre acá? No, inicialmente, cuando eso se construía siempre había los mercados. Ahora hay un gran mercado que es abajo, compras ahí todo a un precio cómodo. Y también tiene supermercados, ahora ya los grande supermercados son cerca. Antes no habían. Para ir al cine, tenías que ir hasta las Molinas, lejísimo. Ahora esta acá. Todo esta mas cerca. Cuando empieza a tener mas cosas acá? Eso venido en 2000. En 2000 vino los supermercados, el primero fue Metro. (… política, supermercado, administración, exportación, precios ferrocarril) La escuela es privada? Es particular, esta privada. Tenemos varias escuelas publicas acá. La primaria inicial y la secundaria, son tres. Cuando se desarrolló el proyecto, siempre tenía el tema de la educación, las escuelas, los tres niveles, el inicial, el primero y el secundario. El jardín de niños, los pequeños, la primaria de 6 a 11 y la secundaria de 11-16 años.
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Jorge Paez, architecte péruvien participant au concours
18/04/2016
Que era la implicación de Peter Land en el proyecto de PREVI ? El vino acá, en Perú, cuando ya había una institución de urbanismo. Entonces, el siempre trabajaba con ese estudio de urbanismo y esté, a mi me parecía que eso nació con la idea de el, por ejemplo, en la convención figura su nombre. Aquellos (estudios de urbanismo) organizaban un concurso nacional y internacional. De Perú, se presentaron, 30 o 40 estudios de arquitectura, y 8/10 extranjeros. Entonces ya esta los nombre de todos lo jugados. Hubo jugados internacionales y peruanos. Entonces sacaron, al inicio, 4 estudios peruanos y 3 extranjeros: 1 japonés, Atelier 5 y no me recuerdo del tercero. Porque querían hacer ese proyecto experimental? Porque nosotros, acá en Perú, teníamos una sociedad de arquitectos, una sociedad de urbanistas, entonces con la ayuda internacional, hice el concurso. Para que? Para buscar solución mas económicas de vivienda. (…)Entonces este concurso se dio un tamaño de lote, pequeñito, tenias que ver que solución económicas y con que construcción digamos que se puede crecer los proyectos, la mayoridad tenia 2 pisos y podría subir hasta 4 pisos. Entonces ellos pueden vivir en el primero piso, y pueden ampliar al tercero piso. La idea esta de ir hasta 3 pisos? Si hasta 3 pisos. Lo importante es de guardar una homogeneidad. Cada lote estaban iguales? Todo estaban iguales. Ya no te puedo decir el tamaño, no me recuerdo, son 6m y pico algo así. Entonces, a nosotros, lo que nos pedían es una idea básica, debía tener el área de habitación y la solución de casas. Te decía una unidad de viviendas, tanta viviendas, en un terreno mas o menos tanto. Nosotros teníamos un lote de 7m sobre 14m. La solución de los japonés estaban completamente distintos. (…) Porque el proyecto tenía un ámbito internacional? Porque, estaba financio por la UN pues. Peter Land, los dijeron que tenia contacto con el Perú, ellos consiguieron un financiamiento para hacer este concurso. Entonces no podía haber solo peruanos pues, tenía que ser un concurso internacional también. Ahora no sé cuanto extranjeros vinieron acá…. Lo triste de eso, si tu vas a PREVI ahorita, esta igual a lo peor. El instituto de urbanismo desapareció, y la sociedad de arquitecto se transformó en el colegio de arquitecto. Para que tengas una idea, antes había la corporación de la vivienda, pero cuando cambio de gobierno se creyó INVI, que se llamaba Instituto Nacional de las Vivienda. Ahí empece a trabajar yo, cuando recién me recibí, trabajé al INVI, tres anos. Y después cambió de gobierno, con Belaunde, y se juntó la INVI con la corporación. Entonces todo la gente de INVI se fue a trabajar a la corporación, y de ahí se hizó San Felipe. (descripción del
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proyecto de San Felipe, y su proyecto de la Marina) Porque el concurso de PREVI en fin de los anos 70’? Que pasaba a este momento? Porque, existía un instituto de urbanismo en Perú con muchos años de prestigio. Acá venían trabajar, al instituto, extranjeros también. Entonces cuando, no se si Peter Land, o quien fue que consiguió que la ONU se interesó a estas cosas. Entonces es una confluencia que esos tipos estaban acá, y que unos de ellos consiguió el financiamiento, y todo se hizo por la ONU. La corporación nuestra, la corporación de vivienda figuraba como urbanizaba el concurso pero con la autoridad de la ONU. Peter Land no estaba el único, había otro pero no me recuerdo. Eso figura… no lo sé… (17:20) Entrego a Jean-Pierre, todo de PREVI, los curados, que dijeron? (… Proyecto de Brasilia…) Il découvre le libre “El tiempo Contruye” et le feuilleute James Turner era el otro chico. No se si trabajaba acá, y eso se hizo por Peter Land. No sé si eran amigos, no sé, no me recuerdo tampoco su cara. había tanto extranjeros! Es Peter Land que tiene todo la documentación. (Puedes creer que no vi esas cosas, lo guardaban ahí) Imagine, que orgulloso, de vivir en una casa de James Stirling y ellos, los habitantes, no saben! Imagina que significa, que orgullo! Porque construyeron allá? Porque tenian que tener un terreno grande. Al inicio no había nada. Lo importante de PREVI fue que se hizo una experimentación de construcción, sacar nuevas ideas. Por ejemplo hicieron escaleras así (dibujando) nacían así. Prefabrican esos, prefabricaran la columna, y pusieron los pasos. Hay un montón de cosas que se hicieron en PREVI. Me acuerdo de eso, me acuerdo de las bancas. Lo que pasó es que hicieron un investigación de diseño, de cómo hacer construcciones rápidas. Sabes como no cuesta de hacer una escalera curva! Tenia que encofrar, paso por paso. Esta idea de las escalera de PREVI estaba una maravilla! De tener un columna y de poner los pasos como eso. Por ejemplo esas bancas, fueron hechas ahí en PREVI y muchas cosas han servido para después. (… Feuilletage du livre…) No puede usted reconocer los proyectos cuando estaba en PREVI Lo que pasa es que seguramente, han cambiando. Somos campeones acá en Lima. Acá hacen cambios. Por ejemplo, Angamos, al frente de la torre del central comercial hicieron una villa alucinante. Ahora no hay ninguna casa, todo ha cambiado. Acá la gente hace lo que quiere, no hay ninguna persona que te diga lo que uno puede hacer. (… Feuilletage du libre…)Esas casas fueron funcional (hablando de su proyecto).
152 I ANNEXE : Retranscription d’entretien
Todo era de concreto; no ladrillo. Trabajaron con ingenieros para inventar un proceso constructivo que resistiría a temblores? Así es, teníamos que especificar. Una de las cosas, lo mas importante en PREVI es todas las investigaciones constructivas. Me acuerdo de eso porque era importantísima. Se hacían bancas, muchas cosas… Había un equipo que estaba siempre experimentando estas cosas, cosas que se han quedando por el futuro, pero nadie saben que estaban hecho por PREVI. Es una pena que estas cosas toman tanto tiempo, tanto dinero. No sirve a nada porque… Porque como habían diferentes cosas, la gente que estaba ahí, comienzo a buscar soluciones de prefabricación. Quien tenia la idea de implementar espacios públicos así, en un proyecto Peruano donde no hay esa cultura? Escúchame una cosa. Esto se hizo, y han hecho todo porque pensaban hacer lo en el terreno, de construir todo. Eso se hizo para tener una exposición que justificaba el concurso internacional. Estaban todos ganadores. Pero este terrenazo inmenso donde comenzaron a construir hay veces, que en esos países, las cuestiones económicas cambian. Después ya no se hizo, se quedó así… Acá hablaban de la casas, como se iba a relacionar, como casas no como una distribución. Este fue un poco, poco saturado. Los carros entran justo. No hay nada! Debería tener su colegio, debe tener sus espacios públicos… Lo que hicieron, era ser ganador para que la gente escogiera, la idea era que la gente se asociados a estas casas, yo quiero estas, yo quiero estas… Se hizo así. Si alguien quería 50 casas de Atelier 5, pero eso se murió. Hicieron solamente las casas, botaron el presidente. Ahora no hay ese institución de urbanismo, antes si había. El ministerio de las viviendas, es nada ahora, hay muchos cuestiones políticas, es distinto. Antes cuando había este instituto de urbanismo, había un grupo de ingenieros, buenos profesionales, que decidían todo, y los arquitectos estaban en el instituto de los arquitectos. Después cuando cambiaron las cosas, se creyó el ministerio de vivienda y el colegio de arquitectos, para nada. Habia un ley en Perú, que todos los edificios públicos en Perú, tenia que tener concurso, como en Francia. Ahora no! Todos los edificios públicos igualitos a otros que existían. El teatro municipal por ejemplo no fue un concurso, amigos del ministerio de cultura. Ninguna obra importante se hizo por concurso publico… Eso es un problema del gobierno, el colegio de arquitecto se europeízo. En una época, todos los arquitectos que hicieron un edificio tenia que pagar al colegio de arquitectos, una cantidad de plata. Inicialmente estaba una cosa simbólica como 15 soles, se fue creciendo, la ultima vez tenia que pagar 5 000 soles para que me dan una boleta. Hasta que nos juntamos con arquitectos, hasta que el gobierno decidió que se acabó, ahora no hay boleta. Ahora firmas una carta, nada mas, se acabó. Era una corrupción! Así es nuestro país, la corrupción.
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Peter Land, coordinateur de PREVI
16/11/2016
I am aware that you went to study architecture at the A&A and then you went off to Yale to study urbanism. During your early years, professionally speaking, who did you look up to? Who do you think made an impact on your career and why? During my time in the AA, I had the fortune to have had very important architects and planners as teachers but the person who most impacted my career was Arthur Korn. He was an architect and planner from Germany and wrote a book called: ‘History builds the Town”. His progressive political views, and his ideas on urban planning influenced my career. He advocated a responsible humanistic position in planning the future for the reconstruction of destroyed cities, as well as new cities in England, at that time being planned for post-war rebuilding. I read in Shariff Kahatt’s book (PREVI-LIMA: Architecture as a collective openwork: collective housing ideas in Peruvian modern architecture) how PREVI was put in place. Belaunde, the president of Peru at that time, who I believe you worked with before he became head of the country, found the urgent need to put in place a concept of “unidades vecinales” to answer the great necessity of dwellings as two thirds of the population now lived in Lima. Parallel to PREVI, other projects with the same intention came to the surface such as UV 3, Unidad Vecinal de Matute and the Residencial of San Felipe. PREVI, was the only project involving international teams, did you consider that it was made to be a show case operation for Lima? Was it built with a similar approach? What did you privilege more than others? Were the programs of each “unidad vecinal” similar? Who helped you plan it? My idea of involving international teams for PREVI was to demonstrate in the project new designs and technologies that were offered by international architects and planners who had advances designs and building methods to offer for the project at that time. As well, the participation of well-known architects and engineers working together in PREVI brought about global attention to the need of quality urban housing as a model of singly family, owner occupied units, using the concept of low-rise, high density, expandable in a dense pedestrian neighbourhood with human scale, gardens, school and commercial facility. Yes I thought that PREVI would be repeated not only in Lima and Peru but also in Latin America and beyond as a model for a project in economic housing with advanced ideas in design and technology and urban quality. I am pleased that this feature has prevailed after 50 years, and that many other social housing projects in Peru have been influenced by the ideas of PREVI. Your project was also financed by the UN not like the others, which explains the implication of the international participants. What was the role of the UN? Were there intellectual inputs? Did they impose anything in particular? The involvement of the UN expertise came about when the UN representative in
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Lima was approached by the Peruvian Government to obtain consulting services of Peter Land in their urban planning and housing programs with a view to improving and expanding social housing in the country as a whole, rather than only in Lima. The request for co-operation this was approved and Peter Land was engaged as a consultant to the Government of Peru to advise on housing and planning development and projects. During this consultancy Peter Land proposed to the Government the idea to plan and build an experimental housing project. The UN funds were only for PREVI, there was no connection for financing the design or technology for “Unidades Vecinales” in Lima or elsewhere in Peru, and no connection with the ideas of economic social housing of Peter Land other than the general influence that PREVI on housing. In terms of design and urban planning, the Unidades Vecinales are blocks of apartments in a defined open space. PREVI on the other hand are groups of expandable one or two story units with advanced design and technology around plazas and pedestrian streets with an Alameda that connects the houses with schools and shops all together in a dense neighborhood with human scale. During my research I read that the elaboration of PREVI was also established with the idea of a bottom-up project. How was it organised? What were the main questions asked? Were there associations? Were they big or small assemblies? Did you have emergent personalities? Did it help in thinking the project? The idea of the PREVI project came to me as a result of my interest in social housing, low-rise and high-density as in historical cities in some parts of the English new towns and in Europe in general. PREVI was based initially based the Housing Bank in Lima. I became the UN Director of the project and included in my responsibility was to report progress on the project to the UN Center for Housing and Planning as well as to the Board of Directors of the Housing Bank. The Government of Peru designated a Peruvian Director for the project, who was changed several times. As the project got underway, additional professional personnel were needed, other than professional people from the Housing Bank and the Ministry of Housing, such as architects and other specialist, who were hired. There were two groups of expertise in the project, one was of international expertise, paid for by the UN, and Peruvian professionals paid for by the government of Peru. There were meetings with the UN Director of the project and the professionals as work advanced and the UN and the Board of Directors of the Housing Bank were informed. The composition of the Board of Directors of the Housing Bank changed at the beginning of the project for political reasons, but this change did not affect the objective of the project and the new people understood the idea of this experimental project. The idea of the project and its objectives were clear in my mind from the beginning and were not affected during the development of the project, even though
156 I ANNEXE : Retranscription d’entretien
some minor difficulties arise but in general did not affect the integrity of the project. I believe, that your wife went back to PREVI a few years back, and you returned there a few years after the project was built. After having done the project and seen the evolution that it had, what do you believe were the positive points or the more questionable ones? Did some changes happen that you didn’t anticipate? I returned to Peru after the project was completed but before the houses were allocated and, in time, influenced by the owners. The character of the houses and neighborhood have evolved and transformed with the passing of time and the interaction of the occupying families to reflect their personalities and preferences. I would say that a positive feature of PREVI is its urban quality that has not changed over the years but on the contrary, it has become the one of the most important features. Even though alterations that most of the house designs have endured from the original designs of the famous architects to the point that they can barely be recognized but the urban quality of the neighborhood is evident. Changes in the houses were anticipated and planned in the original designs, as the units were to grow and evolve at the same rate as the original families. The urban plan of PREVI contains clear hierarchical spaces: a central street (alameda) linking all the main programs (kindergarten, school, college, communal centre and commercial facility even though the last two were not built), smaller pedestrian streets linking different size of “plazas” and cul-de-sac penetration streets for parking making circulation only peripheral. What references did you have? Did you look at Weissenhof for example? Weissenhof in Germany, Seidlung Halen in Switzerland, Seidlung Puchenou in Austria were examples of projects which embody many of the features we were looking for in planning PREVI. I had visited the three projects before I planned PREVI. Few times, I read interviews or books that linked PREVI to the strict thinking of the CIAM however I find there are more influences of the TEAM X philosophy. First of all, the bottom-up approach, who makes participate the locals in the project, is in opposition to the “table-rase” philosophy, that the project can be built anywhere. Also the urban plan left the possibility of growth, like the ideas of mat building defended by the Smithsons. Were you therefore influenced by any of these groups? Why did you choose to ask Van Eyck or Candilis, Woods and Josic to come and participate in the competition? How did you choose the international teams? What did you expect they could bring to the table? Why them? CIAM and the philosophy of the Team X where not appropriate examples to influence PREVI because they are tall buildings with no provision for expansion. The
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professional work of Aldo Van Eyck and; Candilis, Josic and Woods at that time determined the suitability to work on PREVI and that was the base of my selection. The competition asked each candidate a list of documents explaining their clear view on the objectives of the new neighbourhood and the design of the houses. From your point of you, which teams stand out more than others in that regard? How much importance was given to the urban plan? All teams followed the specifications of the International Competition. However some projects were superior in design, and others were superior in technology. No projects were superior in both design and building methods. As all 13 international projects and 13 Peruvian projects were of high quality, it was decided to build a small group of each project to gain maximum benefit from the Competition. Each competitor had to hand in an urban plan of this new neighbourhood. Instead of building one of them it was decided to build 13 of the International projects and 13 of the Peruvians’. The assemblage of all the projects was made like a collagecity where you can find the original drawings of houses linked to its public space as the architect drew them in their documents of the competition. Others, who didn’t necessarily have that quality of public space, found themselves around real quality plazas. Some offered a more organic urban plan while others use a more rigid urban fabric. How did you unite all the ideas? Did you inspire yourself from the projects handed in or did you have a pre-conceived idea? I did not have any preconceived idea on how to unite the designs of the project. I could say that was inspired by the projects handed in and the planning and juxtaposition of the groups of houses and the consequent urban pattern emerged in my mind after studying carefully each of the 26 projects and my professional experience on what was preferred. I believe that the quality of the PREVI neighbourhood is it’s his faculty of compression and dilatation, achieved by the pedestrian narrow streets and the public places. Why did you choose to create it like this? Why that importance of keeping the cars outside? The narrow streets of varying width of pedestrian circulation and the public places both have human scale which give quality of life in the neighborhood. Keeping cars mostly on the perimeter of the neighborhood was done for safety and having a pollution free environment. It was a way to create a high-density neighborhood with human scale and quality environment for its occupants.
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168 I ICONOGRAPHIE
ICONOGRAPHIE PARTIE 1 / LA QUESTION DU LOGEMENT AU PEROU ET A LIMA Fig. 1: KAHATT, Sharif, Utopias Construidas, Lima, Fondo Editorial PUCP, 2015, p.38-39 Evolution démographique de LIMA de 1910 à 2010 Fig. 2: « El Augustino », Lima, MIT Report, N°16, 1969 Photomontage des participants internationaux de PREVI avec Peter Land, sur un fond de barriadas Fig. 3: Archives personnelles de Hector Velarde in KAHATT, Sharif, Utopias Construidas, Lima, Fondo Editorial PUCP, 2015 Photographie de la réunion pour l’anniversaire de la «Sociedad de Arquitectos» fondé en novembre 1937 Fig. 4: jfklibrary.org/Asset-Viewer/Archi-ves/JFKWHP-KN-C18853.aspx (03/2017) Photographie des présidents péruvien et américain, Manuel Prado et John F. Kennedy lors de la cérémonie d’arrivée à Washington DC le 19 Septembre 1961 Fig. 5: KAHATT, Sharif, Utopias Construidas, Lima, Fondo Editorial PUCP, 2015, p.62 Photographie des présidents péruvien et américain, Manuel Prado et Franklin Roosevelt pendant la visite officielle de Prado à Washington DC en 1942 Fig. 6: «La visita de Richard J. Neutra», El Arquitecto Peruano, Septembre 1945, N°98, p. 27 Photographie lors de la celebration de la venue de Richard Neutra et sa femme par la Société des Architectes au Country Club de Lima en 1945 Fig. 7: «Recuerdo de Walter Gropius», El Arquitecto Peruano, Juillet-Decembre 1969, N°353-354, p. 37 Photographie lors de la visite de Josep Luis Sert et Walter Gropius à Lima, en Janvier 1954 Fig. 8: «El pensamiento creador en arquitectura y urbanismo», El Arquitecto Peruano, Avril 1945, N°94, p.6 Photographie de la visite de Paul Wiener à Lima accompagné de Fernando Belaúnde et Luis Dórich Fig. 9: LUDEÑA, Wiley, «Orígenes del urbanismo moderno en el Perú. El aporte de la Agrupacion Espacio», Urbes: revista de ciudad, urbanismo y paisaje, N°1, p. 126 Proposition officielle du Plan du Centre Civique de Lima Fig. 10: TYRWHITT, Jaqueline, SERT, Josep Lluís, ROGERS Ernest, The heart of the city: towards the humanisation of urban life, Londres, Lund Humphries, 1952, p.15 Proposition de «Town Planning Associates» (TVA) du Plan du Centre Civique de Lima par Sert & Wiener Fig. 11: The Josep Lluís Sert Special Collection, 1902-1983, GSD de la Universidad de Harvard, Massachusetts in KAHATT, Sharif, Utopias Construidas, Lima, Fondo Editorial PUCP, 2015 «Croquis pour le centre Civique de Lima, 1947, Josep Luis Sert» Fig. 12: «Millare de hogares, Restituidos a la luz...» El Arquitecto Peruano, Septembre1949, N°146, p.6 Projet d’unité de voisinage N°3 Fig. 13: www.archdaily.com/518262/inhabiting-the-desert-since-1914-morocco-at-the-2014-venicebiennale Candilis Josic Woods, projet de «Nid d’abeille» à Casablanca, 1952 Fig. 14: www.socks-studio.com_2016_12_07_understanding-the-grid-1-michel-ecochards-planningand-building-framework-in-casablanca Photographie aérienne du projet urbain de Ecochard à Casblanca
PARTIE 1 : LA QUESTION DU LOGEMENT AU PEROU ET A LIMA I 169
Fig. 15: El Arquitecto Peruano, Août 1937, N°1 La Une Fig. 16: El Arquitecto Peruano, Avril 1945, N°93 La Une Fig. 17: El Arquitecto Peruano, Septembre 1945, N°98 La Une Fig. 18: El Arquitecto Peruano, Septembre 1949, N°146 La Une Fig. 19: El Arquitecto Peruano, Septembre 1969, N°353-354 La Une Fig. 20: El Arquitecto Peruano, Mars 1977, N°356 La Une Fig. 21: Time, 12 Mars 1965, Vol. 85, N°11 A Latin American Architect of hope Fig. 22: «Conferencia del Arquitecto Belaúnde en la casa del Pueblo», El Arquitecto Peruano, Mai 1945, N°94, p.28 Photographie de l’architecte Fernando Belaúnde en campagne politique Fig. 23: El Arquitecto Peruano, Septembre 1945, N°98, p. 9 Que es una Unidad Vecinal? Fig. 24: « Unidad Vecinal N°3 en Lima», El Arquitecto Peruano, Septembre 1949, N°146, p. 10 Plan de l’UV3 Fig. 25: Une d’El Arquitecto Peruano, Septembre 1949, N°146, p. 10 Photographie aérienne de l’UV3 Fig. 26: « Unidad Vecinal N°3 en Lima», El Arquitecto Peruano, Septembre 1949, N°146, p. 6 Photographie des blocs d’habitations de l’UV3 Fig. 27: «Unidad Vecinal Matute», https://habitar-arq.blogspot.fr (consulté en 2017) Plan Unidad Vecinal de Matute Fig. 28: «Estudio de los conjuntos habitacionales en Lima (1949-1989)», DAU-Documentos de arquitectura y urbanismo, N°5, p. 119 Photographie aérienne de l’UV de Matute Fig. 29: http://laformamodernaenlatinoamerica.blogspot.fr (consulté en 2017) Photographie immeuble d’habitation de Matute Fig. 30: «Estudio de los conjuntos habitacionales en Lima (1949-1989)», DAU - Documentos de arquitectura y urbanismo, N°5, p. 122 Plan Unidad Vecinal de San Felipe
170 I ICONOGRAPHIE
Fig. 31: «La residencial San Felipe: 50 anos», La Republica, 6 Juillet 2016, p. 5 Photographie aérienne de l’UV de San Felipe Fig. 32: GUNTER DOERING, Juan, Memoria de Lima, de haciendos a pueblos distritos, Lima, Circulo Polar, 2012, p. 67 Photographie, de la cour centrale de l’UV de San Felipe Fig. 33: LAND, Peter, The experimental housing project (PREVI), Lima - Design and Technology in a New Neighbourhood, Bogota, Universidad de los Andes, 2015, p. 67 Plan du site prévu initialement, PREVI Fig. 34: KAHATT, Sharif, Utopías construidas, Lima, Fondo Editorial PUCP, 2015, p.459 Photographie aérienne de la première étape de PREVI, Février 1976 Fig. 35: Catalogue de l’exposition «VIVIENDA investigación y experiencias en Perú», Lima, MALI (Musée d’Art de LIma), 1969, p. 23 Photographie originale depuis l’Alameda Centrale de PREVI
PARTIE 1 : LA QUESTION DU LOGEMENT AU PEROU ET A LIMA I 171
PARTIE 2 / DEVELOPEMENT DU PROJET DE PREVI Fig. 1: LAND, Peter, The experimental housing project (PREVI), Lima - Design and Technology in a New Neighbourhood, Bogota, Universidad de los Andes, 2015, p.52 Conférence de presse à Lima avec les autorités Péruviennes et des Nations Unies expliquant le projet de PREVI, 24 Mars 1969. Fig. 2: GARCÍA-HUIDOBRO, Fernando, TORRES TORRITI, Diego, TUGAS, Nicolás, ¡El tiempo construye! Time Builds!, Barcelone, Editorial Gustavo Gili, 2008, p. 12 PP1, construction d’un quartier de logement à travers un concours international Fig. 3: GARCÍA-HUIDOBRO, Fernando, TORRES TORRITI, Diego, TUGAS, Nicolás, ¡El tiempo construye! Time Builds!, Barcelone, Editorial Gustavo Gili, 2008, p. 12 PP2, rénovation et réhabilitation urbaine Fig. 4: GARCÍA-HUIDOBRO, Fernando, TORRES TORRITI, Diego, TUGAS, Nicolás, ¡El tiempo construye! Time Builds!, Barcelone, Editorial Gustavo Gili, 2008, p. 13 PP3, planification d’ilôt et de services Fig. 5: GARCÍA-HUIDOBRO, Fernando, TORRES TORRITI, Diego, TUGAS, Nicolás, ¡El tiempo construye! Time Builds!, Barcelone, Editorial Gustavo Gili, 2008, p. 13 PP4, recherche sur des systèmes d’auto-construction en zones sismiques Fig 6: Archive familiale de l’architecte Jacques Crousse. Anonce des gagnants aux concours de PREVI et ses membres du jury Fig. 7: LAND, Peter, The experimental housing project (PREVI), Lima - Design and Technology in a New Neighbourhood, Bogota, Universidad de los Andes, 2015, p.51 Les 13 participants internationaux durant leurs visite à Lima Fig. 8: GIRAUD, Agathe, Localisation du site de PREVI, 2017, Réalisé à partir du Plan Officiel de PREVI de Peter Land, 1972 Localisation du site de PREVI Fig. 9: LAND, Peter, The experimental housing project (PREVI), Lima - Design and technology in a new neighbourhood, Bogota, Universidad de los Andes, 2015, p. 67 Plan d’expansion de Peter Land pour PREVI Fig. 10: STIRLING, James, Buildings & Projects 1950-1974, Oxford University press, 1975, p. 138 Plan d’expansion de James Stirling pour PREVI Fig. 11: KAHATT, Sharif, Utopías construidas, Lima, Fondo Editorial PUCP, 2015, p. 459 Photographie aérienne de la première étape du quartier de PREVI en février 1976 Fig. 12: STIRLING, James, Buildings & Projects 1950-1974, Oxford University press, 1975, p.142-143 Axonométrie des étapes de l’unité incrémentale de James Stirling Fig. 13 & 14: GIRAUD, Agathe, Mai 2016, Photographie Photographie des maisons traditionnelle du quartier de Barranco, Lima Fig. 15: GIRAUD, Agathe, Avril 2017, Tableau Tableau comparatif de tous les projets, en gras les projets qui seront par la suite analysé Fig. 16: KAHATT, Sharif, Utopías construidas, Lima, Fondo Editorial PUCP, 2015, p. 221 Ex président Fernando Belaunde convoqua les architectes du monde entier au Machu Picchu en 1977 pour actualiser la Chartres d’Athènes. Luis Miro Quesada et Santiago Agurto, attentif au premier rang avec leurs bras croisés. Fig. 17: Catalogue d’exposition du Musée D’art de Lima (MALI), Vivienda : investigacion y experimentacion, Lima, MALI, 1969 Playground de PREVI, Lima, 1971
172 I ICONOGRAPHIE
Fig. 18: MCCARTER, Robert, Aldo Van Eyck, Yale University Press, 2015, p. 39 Playground de Berthelmanplein, 1947 Fig. 19: KOLLAROV, Denisa, VAN LINGEN, Anna, Aldo Van Eyck: seventeen playgrounds, Amsterdam, Lecturis, 2016 Playground de Vondelpark, Amsterdam,1968 Fig. 20: LAND, Peter, LAND, Peter, The experimental housing project (PREVI), Lima - Design and technology in a new neighbourhood, Bogota, Universidad de los Andes, 2015, p. 75 Plan du terrain de jeu de PREVI, Lima,1972 Fig. 21: ALEXANDER, Christopher, The Nature of Order (Book 2 de The Process of Creating Life), Abington, Taylor & Francis, 2002, p. 350-351 Photo accompagnant le compte-rendu du groupe d’architectes et Christopher Alexander de Lima, 1969 Fig. 22: GIRAUD, Agathe, 2017, réalisé à partir du plan officiel de PREVI d’un des habitants Plan de PREVI déssiné par PREVI situé dans le terrain original. Fig. 23: GIRAUD, Agathe, 2017, Tableau Les espaces publics du PREVI de Peter Land Fig. 24.a I 24.b I 24.c I 24.d: GIRAUD, Agathe, 2016, Photographie Photographie des différents usages du parc public de PREVI Fig. 25.a I 25.b I 25.c: LAND, Peter, Ibid., p. 100 Travail des modules de pavés emboitables. Les modules de béton sont coulés dans des moules fait main Fig. 26.a I 26.b : LAND, Peter, Ibid., p. 96 Module de brique assemblable Fig 27: Catalogue d’exposition du Musée D’art de Lima (MALI), Vivienda : investigacion y experimentacion, Lima, MALI, 1969, p. 60 Escalier préfabriqué en béton armé Fig. 28.a I 28.b I 28.c : LAND, Peter, Ibid., p. 101 Géométral et photographie des espaces publics de PREVI et ses modules d’assise préfabriqués
PARTIE 2 : MISE EN PLACE DE PREVI I 173
PARTIE 3 / ANALYSE
DE DIFFERENTES D’ESPACE PUBLIC
TYPOLOGIES
Fig. 1 : Archive Personnelle de l’architecte Jorge Paez, 1972 Plan de situation des espaces publics analysés Fig. 2 : LAND, Peter, The experimental housing project (PREVI), Lima - Design and Technology in a New Neighbourhood, Bogota, Universidad de los Andes, 2015, p. 389 Axonométrie du cluster de Luis Miró Quesada, Oswaldo Núñez et Carlos Williams Fig. 3 : LAND, Peter, The experimental housing project (PREVI), Lima - Design and Technology in a New Neighbourhood, Bogota, Universidad de los Andes, 2015, p. 389 Plan du cluster et ses phases d’extension Fig. 4a/4b/4c : GIRAUD, Agathe, 2017, Plans réalisés à partir des plans publiés par Peter Land. Plans des circulations et équipements Fig. 5 : GIRAUD, Agathe, 2017, Plans réalisés à partir des plans publiés par Peter Land Plans du cluster avec les accès et son centre végétalisé Fig. 6: GIRAUD, Agathe, 2017, Plans réalisés à partir des plans publiés par Peter Land Plan de situation du cul-de-sac Fig. 7: LAND, Peter, The experimental housing project (PREVI), Lima - Design and Technology in a New Neighbourhood, Bogota, Universidad de los Andes, 2015, p. 389 Plan du projet construit de Luis Miró Quesada, Oswaldo Núñez et Carlos Williams Fig. 8: GIRAUD, Agathe, 2017, Tableau Comparaison du parcellaires des typologies analysées construites Fig. 9a. : Catalogue d’exposition du Musée D’art de Lima (MALI), Vivienda : investigacion y experimentacion, Lima, MALI, 1969 Fig. 9b. : GIRAUD, Agathe, 2016, Photographie Avant- après de la place en cul-de-sac (1969 - 2016) Fig. 10. : GIRAUD, Agathe, 2016, Photographie Celosia de l’espace à manger Fig. 11 : GIRAUD, Agathe, 2016, Photographie Vie extérieure de la place Fig. 12 : GIRAUD, Agathe, 2016, Relevé Relevé sur place du cul de sac aujourd’hui (2016) Fig. 13 : LAND, Peter, The experimental housing project (PREVI), Lima - Design and Technology in a New Neighbourhood, Bogota, Universidad de los Andes, 2015, p. 335 Axonométrie du cluster du projet P - 25 Fig. 14a/14b/14c : GIRAUD, Agathe, 2017, Plans réalisés à partir des plans publiés par Peter Land. Plans des circulations et équipements Fig. 15: LAND, Peter, The experimental housing project (PREVI), Lima - Design and Technology in a New Neighbourhood, Bogota, Universidad de los Andes, 2015, p. 335 Plan du cluster et des RDC des unités d’habitations de P - 25
174 I ICONOGRAPHIE
Fig. 16: GIRAUD, Agathe, 2017, Plans réalisés à partir des plans publiés par Peter Land Plan du projet construit de P - 25 Fig. 17: GIRAUD, Agathe, 2017, Plans réalisés à partir des plans publiés par Peter Land Plan de situation du cul-de-sac Fig. 18a / 18b. : LAND, Peter, The experimental housing project (PREVI), Lima - Design and technology in a new neighbourhood, Bogota, Colombie, Universidad de los Andes, p. 363 et p. 343 Photographie de la place à l’origine du projet de PREVI (1968) Fig. 19 : LAND, Peter, The experimental housing project (PREVI), Lima - Design and Technology in a New Neighbourhood, Bogota, Universidad de los Andes, 2015, p. 101 Géométral des modules d’assises assemblés pour former l’espace public Fig. 20 : GIRAUD, Agathe, 2016, Relevé Relevé sur place de l’élargissement de rue (2016) Fig. 21a: Catalogue d’exposition du Musée D’art de Lima (MALI), Vivienda : investigacion y experimentacion, Lima, MALI, 1969, p. 49 21b : GIRAUD, Agathe, 2016, Photographie Avant - après du Passage 23 (1969 - 2016) Fig. 22: GIRAUD, Agathe, 2016, Montage - Photographie Passage 23 et son nouvel espace public (2016) Fig. 23 : GIRAUD, Agathe, 2017, Plans réalisés à partir des plans publiés par Peter Land. Plans urbains de l’Atelier 5 (I - 4) Fig. 24 : LAND, Peter, The experimental housing project (PREVI), Lima - Design and Technology in a New Neighbourhood, Bogota, Universidad de los Andes, 2015, p. 129 Cluster d’unité d’habitation d’Atelier 5 Fig. 25 : LAND, Peter, The experimental housing project (PREVI), Lima - Design and Technology in a New Neighbourhood, Bogota, Universidad de los Andes, 2015, p. 449 Cluster d’unité d’habitation de José Vella-Zardin, José Bentin, Ricardo Quinones, Luis Takahashi Fig. 26 : LAND, Peter, The experimental housing project (PREVI), Lima - Design and Technology in a New Neighbourhood, Bogota, Universidad de los Andes, 2015, p. 401 Cluster d’unité d’habitation de P - 12 Fig. 27: GIRAUD, Agathe, 2017, Plans réalisés à partir des plans publiés par Peter Land Plans urbains de Vella-Zardin, José Bentin, Ricardo Quinones, Luis Takahashi (P - 21) Fig. 28: GIRAUD, Agathe, 2017, Plans réalisés à partir des plans publiés par Peter Land Plans urbains de Carlos Morales Macchiavello et Alfredo Montagne (P - 12) Fig. 29 : LAND, Peter, The experimental housing project (PREVI), Lima - Design and Technology in a New Neighbourhood, Bogota, Universidad de los Andes, 2015, p. 129 Maquette des logements en longueur de Atelier 5 Fig. 30 : GIRAUD, Agathe, 2017, Collage réalisés à partir des plans publiés par Peter Land Assemblage des plans bâti de I - 4, P - 12, P - 25
PARTIE 3 : ANALYSE DE DIFFERENTES TYPOLOGIES D’ESPACES PUBLIC I 175
Fig. 31 : GIRAUD, Agathe, 2017, Plans réalisés à partir des plans publiés par Peter Land Plan de situation de la Place 23 Fig. 32 : GIRAUD, Agathe, 2016, Relevé sur place Plan de la Place 8 aujourd’hui (2016) Fig. 33 : GIRAUD, Agathe, 2016, Photomontage Photomontage de la place 23 (2016) Fig. 34a: Catalogue d’exposition du Musée D’art de Lima (MALI), Vivienda : investigacion y experimentacion, Lima, MALI, 1969 Fig. 34b: GIRAUD, Agathe, 2016, Photographie Avant- après de la place en cul-de-sac (1969 - 2016) Avant/Après (1969 - 2016) Fig. 35 : LAND, Peter, The experimental housing project (PREVI), Lima - Design and Technology in a New Neighbourhood, Bogota, Universidad de los Andes, 2015, p. 177 Plan des unités d’habitations de Aldo Van Eyck et leur ventilation naturelle Fig. 36: GIRAUD, Agathe, 2017, Plans réalisés à partir des plans publiés par Peter Land Plans urbains Aldo Van Eyck Fig. 37 : Peter, The experimental housing project (PREVI), Lima - Design and technology in a new neighbourhood, Bogota, Colombie, Universidad de los Andes, p. 115 Plan des unités d’habitations de Christopher Alexander, assemblées en cluster Fig. 38 : LAND, Peter, The experimental housing project (PREVI), Lima - Design and Technology in a New Neighbourhood, Bogota, Universidad de los Andes, 2015, p. 209 Axonométrie de Iniguez de Onzoño et Vazquez de Castro Fig. 39 : GIRAUD, Agathe, 2017, Plans réalisés à partir des plans publiés par Peter Land Plans urbains de Christopher Alexander Fig. 40 : LAND, Peter, The experimental housing project (PREVI), Lima - Design and Technology in a New Neighbourhood, Bogota, Universidad de los Andes, 2015, p. 177 Axonométrie du principe de ventilation au sein des cluster de Aldo Van Eyck Fig. 41 : GIRAUD, Agathe, 2017, Plans réalisés à partir des plans publiés par Peter Land Plans urbains de José Luis Iñiguez de Ozoño et Antonio Vázquez de Castro Fig. 42 : LAND, Peter, The experimental housing project (PREVI), Lima - Design and Technology in a New Neighbourhood, Bogota, Universidad de los Andes, 2015, p. 177 Plan RDC, Aldo Van Eyck Fig. 43 : LAND, Peter, The experimental housing project (PREVI), Lima - Design and Technology in a New Neighbourhood, Bogota, Universidad de los Andes, 2015, p. 115 Plan RDC, Christopher Alexander Fig. 44 : Catalogue d’exposition du Musée D’art de Lima (MALI), Vivienda : investigacion y experimentacion, Lima, MALI, 1969, p. 11 Plan RDC, José Luis Iñiguez de Ozoño et Antonio Vázquez de Castro
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Fig. 45 : GIRAUD, Agathe, 2017, Plans réalisés à partir des plans publiés par Peter Land La place atypique formé par la fusion des trois plans des projets bâtis Fig. 46: LAND, Peter, The experimental housing project (PREVI), Lima - Design and Technology in a New Neighbourhood, Bogota, Universidad de los Andes, 2015, p. 125 et p. 213 Fig. 46.d: Catalogue d’exposition du Musée D’art de Lima (MALI), Vivienda : investigacion y experimentacion, Lima, MALI, 1969, p. 33 Photo d’époque de la place Atypique (1968) Fig. 47 : GIRAUD, Agathe, 2016, Relevé sur place Relevé de la place aujourd’hui (2016) Fig. 48 : GIRAUD, Agathe, 2016, Photomontage Photomontage de l’espace public de Van Eyck Fig. 49 : GIRAUD, Agathe, 2016, Photographie Diagonale visuelle entre la place à 4 branhces et le «cul-de-sac» Fig. 50 : GIRAUD, Agathe, 2016, Photographie Perspective de la place vers le passage des espagnols
PARTIE 3 : ANALYSE DE DIFFERENTES TYPOLOGIES D’ESPACES PUBLIC I 177