Depuis la Métropole-Jardin

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Depuis la Métropole-Jardin (1968-1977)

Chronique d’une vision métropolitaine du Val-de-Loire

Guillaume Martin-Halaire sous la direction de Bendicht Weber

Mémoire de D.S.A. “Projet Urbain et Métropolisation” | ENSA Paris la Villette | Juin 2010



un intérêt motivé

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Naissance et émancipation de la Métropole-Jardin 11 Un regard venu d’en haut

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Planification urbaine et paysagisme dans les années 70

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l’avènement d’une région urbaine : vers de nouvelles approches du territoire 22 1973/1975 : scénario pour un échec ?

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Principes et logique 35 La compréhension de faits territoriaux nouveaux

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Un nouveau mode d’exploration des possibles

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le développement d’un outil d’action

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Les interprétations successives 57 Une mise en œuvre partielle

59

Une image qui se construit par accumulation

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Quelle “métropole” pour le Val-de-Loire ?

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Le débat actuel

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Conclusion : Le territoire en projet 71 ANNEXES 81

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Cette étude croise deux interrogations principales qui sont d’une part, l’existence d’une métropole en Val-de-Loire, et d’autre part l’émergence de réseaux de villes, nouvelles formes de territoires, complémentaires des grandes régions métropolitaines et issues du même processus d’urbanisation global, mais agissant plus souvent sur une échelle nationale voire locale. De ces deux visions, se construit une problématique centrée autour de l’aménagement paysager et urbain du Val-de-Loire en tant qu’entité matérielle et immatérielle ; ainsi que les questionnements sur ses formes, ses conditions d'existences ; pour quelles ambitions et avec quels moyens ? Pour ce faire, nous nous basons plus particulièrement sur l’étude du projet de la Métropole-Jardin.

Au travers de cette étude nous chercherons plus particulièrement à analyser les conditions de production des savoirs et les pratiques qu’ils mettent en acte. Puis tenant compte de l’aspect passé de cette étude, nous essaierons d’en comprendre les acquis et leur validité afin de composer une approche critique qui permette de le dépasser.

*

Les deux premières parties reviennent tout d’abord sur des éléments de compréhension du schéma d’aménagement de la Métropole-Jardin et de son contexte. À partir d’un corpus de données essentiellement constitué de documents d’études et de rapports entre les institutions publiques de l’époque, concernées par ce schéma d’aménagement de la Loire-Moyenne. À ces documents s’ajoutent un ensemble d’articles publiés récemment depuis la réouverture, par la DATAR en 2004, du débat de la coopération métropolitaine. Ces derniers documents, ainsi qu’un ensemble d’études abordant l’aire ligérienne sous la thématique de la métropolisation depuis les années 80/90, nous permettent dans une troisième partie d’aborder les interprétations successives.

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un intérêt motivé Face aux nouvelles conditions - ou conditionnements ? - de communication, de mise en réseau, et de déplacement, un basculement s’opère sur les pratiques spatiales, engendré par le développement de la mobilité et le sur-déploiement des flux de tous genres. Sans aller trop en avant dans l’analyse, nous pouvons remarquer qu’un nouveau modèle place les infrastructures (l’ensemble des lieux sur lesquels reposent les flux) en tant qu’éléments constituant ou d’expression de tout ce qui existe1 et en premier lieu des villes, des métropoles ( Kwinter et Fabricius. Mutations, 2000 ). Or ces infrastructures, quelles soient liées à des flux concrets ou à des flux virtuels (flux d’informations, économiques, de savoirs, ...), sont régies par des conditions d’économie d’échelle qui nécessitent de les faire intervenir dans un cadre qui dépasse bien souvent celui de la ville. Ces nouvelles réalités situent de toute évidence nos interactions quotidiennes dans un double rapport à la fois global et local. On en vient alors assez justement à la question de l’échelle territoriale face au quotidien. Comment l’intégrer, comment la qualifier en tant qu’échelle d’appropriation, quelle pratique en vue d’une optimisation de l’expérience individuelle dans ce nouvel espace collectif surdimensionné ? Autrement dit, comment assurer une accessibilité aisée pour tous à cet espace et à ses usages ? Il s’agit ici d’interroger les nouvelles distanciations sociales que creuse la ville toujours plus rapide et plus grande. Cette question de l’échelle territoriale est complexe mais enrichissante. Elle intervient de façon quasi systématique dès qu’on aborde le fait urbain, quelle que soit la discipline ou l’angle par lequel on s’en saisit. Elle est présente bien entendu dès dans le contexte des grandes régions métropolitaines internationales, mais elle est aussi primordiale dans ces régions périmétropolitaines2 qui constituent une part quasi majoritaire des espaces urbains, et qui offrent un possible renouveau pour la société urbaine européenne.

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1!

Voir à ce sujet la définition des infrastructures de S.Kwinter et D.Fabricius : L’urbanisme : un art d’archiviste ? in « Mutations » - pp. 501-503 - dirigé par R.Koolhaas / Actar-Arc-en-rêve / 2000 / Bordeaux

2!

J.Mirloup : « Régions périmétropolitaines et métropolisation » / Laboratoire CEDETE / Presses Universitaires d’Orléans / 2002


Mon attachement à ce sujet et à ce site du Val-de-Loire est multiple. D’abord la découverte d’un projet urbain régional comme celui de la Métropole-Jardin, qui s’inscrit dans l’histoire récente de l’aménagement, de l’urbanisme et du paysage, à une époque aussi caractéristique que celle des années 70, a motivé mon intérêt. Aussi, la grande modernité et l’originalité de ce projet, dont les thèmes clés restent encore d’actualité, rajoute à la volonté de s’en emparer ; en dépit d’une quarantaine d’années de bouleversements dans les jeux d’acteurs, les pratiques sociales ou les préoccupations et les attentes d’un tel projet, le travail engagé par l’État et la région Centre pour le Val-de-Loire, garde encore aujourd’hui toute sa valeur d’exemple. Pour cela, on pourrait même envisager de le comparer à d’autres démarches qui font aujourd’hui figures de référence en matière de projet territoriaux en Europe. Enfin, le sujet repose sur une région dont je ne suis pas originaire mais dont j’ai toujours été le voisin et que je parcoure souvent. Ainsi ai-je pu à ces occasions percevoir différents niveaux de rapport qu’entretient la Loire-Moyenne, avec d’un côté la région d’Île de France - et son rayonnement à l’échelle internationale - et de l’autre, le Sud de la région Centre fortement dépendant du mouvement moteur qu’apporte le Val-de-Loire. * Mais alors quel peut être l’apport d’une telle démarche ? Si l’on comprend l’intérêt pour traiter de la question territoriale, la contribution pour le site du Val-deLoire n’en est pas moindre. La “ville”, comme phénomène d’agglomération que constitue quasi spontanément l’organisation de nos modes de vie, est une notion autour de laquelle se construit tout un champ de recherches et d’actions, aussi bien d’observation que de proposition. Ce formidable gisement repose autant sur des études de grandes portées, que sur des actions quotidiennes dont les acteurs, les habitants, font la vie de la ville. Ce champ de recherche peut se distinguer selon trois “actes” : lire la ville, c’est d’abord permettre de comprendre pour ensuite anticiper les mutations ; projeter la ville, permet d’imaginer et de scénariser d’autres possibles ; l’organiser, c’est permettre de provoquer la transformation, de prendre position et de modifier des phénomènes observés ou subis en une intention. Si la ville devient en même temps un laboratoire et un lieu de concrétisation des idées, on peut alors penser le projet comme faisant partie intégrante de son histoire, voire de son patrimoine. Avec le recul, en englobant ces trois actes un projet devient un moyen de compréhension efficace du territoire, de sa formation et de ses transformations. À ce titre, La Métropole-Jardin apparaît comme une base de la construction des savoirs sur le Val-de-Loire.

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Carte 1:250 000 \ 2007 \ Institut Géographique National \ échelle modifiée

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Occupation des sols : Corine Land Cover \ 2006 \ European Environment Agency

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Naissance et ĂŠmancipation de la MĂŠtropole-Jardin 11


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Il n’existe pas de métropole en Loire Moyenne. Du moins, il n’existe pas de métropole reconnue selon les aspects que l’on prête habituellement à ces formes d’agglomérations. La Métropole-Jardin du Val de Loire n’appartient donc pas à ce registre des grandes cités internationales qui se partagent les tribunes mondiales. Elle n’est pas non plus ce grand territoire organisé, aujourd’hui devenu patrimoine mondial de l’humanité, que l’on peut admirer depuis Saumur et Angers jusqu’aux rives du val orléanais. Elle en serait plutôt le germe. La métropole dont il est question ici a été pensée, discutée et projetée il y a plus de quarante ans, et s’est développée au cours d’un processus démarré dès la fin des années 60 avec le schéma directeur de la région de Paris et qui prendra fin avec l’inscription et l'approbation officielle d’un schéma d’aménagement pour la Loire Moyenne en 1977. Comme nous l’avons dit, ce projet s’inscrit directement dans la construction des savoirs qui entourent le Val de Loire et prend ainsi part à son patrimoine. Avant de poser un regard sur les contributions et les délaissés de ce projet, l’aspect pionnier de sa démarche nous interroge sur le cheminement des idées. Il s’agit de comprendre pourquoi un tel projet, en cet endroit, à cette période ? Avant de revenir plus en détail sur ses principes et sa logique, il parait nécessaire de s’intéresser aux lieux et aux temps du projet. Quel en a été le processus et qui en est à l’origine ? Sur quels fondements repose un projet dont on dit aujourd’hui qu’il “ apparaît comme étant l’un des premiers, et encore à ce jour l’un des seuls véritable projet urbain régional de métropolisation ” 3 pour le Val de Loire ?

3!

C.Demazière et S.Thibault : Tours et Orléans, quelle métropolisation ? in « Villes en parallèle : Gouverner les métropoles » - n°30-31, pp.229-248 - 2000 - Nanterre 13


Un regard venu d’en haut “ Dans le cadre de cette politique, l’axe urbain qui va d’Orléans à Tours n’est pas conçu comme séparé et distinct de la région parisienne, mais plutôt appelé à en devenir une composante urbaine pleine et entière ”4 Paris, 1965. Dans l’essor de cette période de société d’abondance et de rattrapage technologique qui deviendra les Trente Glorieuses, Paris se cherche un avenir. Si la plupart s’accorderont sur l’idée qu’il faut contenir sa croissance, au risque de voir la région disparaitre sous les fruits du progrès 5 , deux voies se profileront pour envisager de mieux répartir sur le territoire les répercussions d’une croissance que l’on pensait encore sans limite. Le constat est unique : il est d’abord marqué par la prise de conscience d’une image, celle du grand Paris décrite alors comme “ la vraie réalité humaine, unissant dans une communauté de destin les 9 millions de personnes qui y vivent en 1965.” 6 Mais l’unification de cette communauté de destin n’est pas sans conséquence et l’on parle à la suite de “disparition des espaces libres”, d’une “pénurie des terrains à bâtir”, de disparité centre/banlieue, de “l’insuffisance des grands ensembles et de banlieues sous équipées”, du “centre congestionné” et de ses “quartiers vétustes”, d’une extension en “tache d’huile” dont on craint les conséquences à la fois économiques et sociales. Cette situation, c’est “l’urbanisation de fait” à laquelle on veut opposer une “urbanisation volontaire”. Et les exemples de grandes villes comme Londres ou Stockholm, conduisent à penser qu’une solution réside dans la limitation du périmètre actuel de la région parisienne et dans l’extension de nouvelles aires, plus “au large” de l’agglomération7 . La ville-mère sonde dans les territoires alentour des accroches potentielles ; et c’est ici qu’un débat s’ouvrira entre l’idée de créer de toutes pièces de nouvelles cités, ou celle de s’appuyer sur des bassins de vie déjà existants, mais plus excentrés. Le premier schéma directeur de 1965, initie un dialogue sur la base de ces deux orientations, qui ont en commun de ne plus tabler sur une croissance continue de Paris mais d’ancrer le développement métropolitain sur des centralités multiples. Cette idée s’appuie sur les premières conceptions du plan d'aménagement et d’organisation de Paris de 1960, qui amorça le polycentrisme dans le bassin parisien8. 4!

S.Thibault et L.Verdelli : La Métropole-Jardin du bassin de la Loire, un projet anticipateur ? in « Urbanisme » n° 363 - pp. 81-86 / nov-déc 2008

5!

SDRAUP, 1965 : « Situation actuelle de l’urbanisme : Paris et sa banlieue »

6!

SDRAUP, 1965 : « Situation actuelle de l’urbanisme : Paris et sa banlieue » - p. 37

7 8!

14

! SDRAUP, 1965 - p.63 C.Cottour, « Une brève histoire de l'aménagement de Paris et sa région. La planification à l’échelle de la région parisienne », p.69-74, DREIF, 2008


Villes nouvelles : deux orientations pour une couronne de ville autour de Paris « Objectifs de l’urbanisme et de l’aménagement en région de Paris / SDRAURP » / 1965 Orléans figure comme une des villes existantes capables d’accueillir l’expansion de la région de Paris. Appelé à devenir « la couronne des villes du bassin parisien », cet ensemble formé de groupement d’agglomérations était l’orientation retenue face à l’option des villes nouvelles décrites ici comme des « point isolés à quelques dizaine de kilomètres ».

Les recommandations du SDAURP, relativement enthousiaste, s’appuyaient entre autres sur les progrès techniques des transports. Ainsi l'Aérotrain permettrait « à la couronne de villes de se rapprocher sans cesse de Paris » Les prévisions de l’époque mettaient alors Orléans à environ 20 minutes de la capitale.

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Doit-on se saisir de l’opportunité de nouveaux centres dans la couronne proche, sur les terres encore disponibles des quinze ou trente kilomètres, ou bien sur les franges de la région, dans un rayon d’une centaine de kilomètres ? En regard des expériences étrangères, de la croissance en tache d’huile et, pour l’époque, du développement assuré des technologies de transport collectif et individuel, la décision penche en faveur de la seconde option : l’exploitation des villes existantes à la périphérie du grand bassin. Cet ensemble de ville, qui compte entre autres Orléans, Reims, Rouen, Amiens, est perçu comme une réponse alors plus viable que les villes ex nihilo de la couronne proche, qui ne “s’inscrivent dans aucune ligne de force géographique ou économique [...] et qui ne constitue au fonds qu’un radioconcentrisme desserré.” 9

Pourtant, les villes nouvelles auront leur place dans ce discours mais de façon complémentaire, et d’abord dans un but de revitalisation des banlieues, plus que de réel support à la décongestion de Paris. À la politique des villes- d’appui s’ajoute donc la recherche d’une solution qui saurait profiter du dynamisme de ces régions périphériques, pour y faire tendre l’urbanisation. Cette recherche entraîne une politique “d’axes préférentiels” (en premier lieu Seine-Aval et les autres régions qui figurent sur la carte du SDAU, p.19), le long desquels s’organise la création de structures de transport et de potentiels emplacements de villes nouvelles. Si l’on a, dans un premier temps, refusé l’idée d’une couronne proche de centres secondaires, leur création se fera tout de même à l’intérieur de ces couloirs d’urbanisation. Finalement, en 1969, la révision du SDAU renforcera et affinera le dessin de ces axes préférentiels, tout en affirmant le rôle des zones d’appui. Comme on peut le voir sur les schémas d’orientation pour une couronne de villes autour de Paris (p.17), Orléans fait partie de ces grands bassins sur lesquels la région parisienne pourrait prendre position. Avec elle, c’est plutôt l’ensemble de la vallée depuis Tours jusqu’à Orléans qui est appelé à faire figure de “zone d’appui”. En 1966, suite aux recommandations du SDAU le Comité interministériel d’aménagement du territoire charge un groupe d’aménagement spécifique pour le bassin parisien, de la planification de quatre zones d’appui : la vallée de la basse Seine - les vallées de l’Oise et de l’Aisne - la zone d’appui Nord Champenoise - la zone d’appui de la LoireMoyenne. * L’enjeu est maintenant fixé, et deux ans plus tard, au printemps 1968, le groupe interministériel d’aménagement du bassin parisien (GIABP) prescrit l’élaboration d’un schéma à long terme pour l’ensemble de l’axe ligérien d’Orléans à Tours. La LoireMoyenne cristallise alors autour d’un devenir commun. Initialement, deux positions sont mises à l’étude. (voir schémas p.26) La première, qui reprend directement l’application du schéma directeur de Paris, consiste à établir un développement isolé pour Tours et Orléans. On est là dans un rapport de relations directes entre l’agglomération parisienne et les villes, comme le figure les grands 9!

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SDRAUP, 1965 : « Principes d’urbanisme au niveau de la région de Paris dans son ensemble » - p. 80-82


Carte du SDAURP à l’échelle des bassins / 1965 // Les quatre «zones d’appuis» apparaissent déjà, la zone de la Loire-Moyenne, au Sud, est celle qui est le plus en discontinuité avec l’agglomération parisienne. La carte fait ouvertement appel aux bassins physiques et géographiques pour étayer son discours entre villes nouvelles et couronne de villes ancrées dans des vallées et des bassins versants existants

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tracés sur la carte interrégionale du premier SDAU. La seconde option est plus proche des vocations annoncées par le GIABP pour le schéma d’aménagement de la vallée de la Loire Moyenne : “ une zone d’appui et une section “clé“ du système constituée par le fleuve et ses affluents ”. 10 Cette orientation pousse à considérer la vallée comme un ensemble, comme un unique système urbain dont la métropolisation peut-être maîtrisée au bénéfice du bassin parisien et du dynamisme de l’axe ligérien. À la suite d’une étude critique entre les deux options, c’est la seconde qui sera retenue par la toute récente organisation d’études d’aménagement de la Loire Moyenne ( OREALM - Septembre 1968 ). Leur choix est avant tout orienté par le déjà-là, par la valorisation d’un axe géographique, culturel, économique fort ; et il s’appuie dans un second temps sur l’imminence des nouvelles technologies de l’information et de la communication, pour soutenir l’évolution et la réorganisation du territoire. Sur ces premiers fondements, cet organisme pluridisciplinaire développera pendant deux ans un premier schéma qui pose, en 1971, les bases d’un parti d’aménagement traduit sous le non de Métropole-Jardin. Durant l’été 1971, l’OREALM présentera aux collectivités le livre blanc « Vers la Métropole-Jardin » qui deviendra l’ouvrage de référence pour la conception. Ce livre blanc recevra ensuite l’approbation de la commission de développement économique régional, du comité interministériel d’aménagement du territoire et enfin du conseil des ministres. Il s’inscrit à cette occasion à la suite du schéma d’aménagement de la Basse Seine et du livre blanc de l’Oise et de l’Aisne, dans la politique officielle d’aménagement du Bassin Parisien. La zone d’appui de la Loire-Moyenne et le périmètre du schéma de la Métropole-Jardin seront à leur tour repris dans le SDAURIF de 1976, dans ce qui amorce les politiques de décentralisation. (carte suivante)

Planification urbaine et paysagisme dans les années 70 Avec la fin des années 60 c’est l’idée de planification urbaine qui s’impose. En réaction aux insatisfactions des ZUP, auxquelles on met un terme, ( la loi Guichard de mai 1973 marque l’abandon de la politique des grands ensembles ) l’idée est de revenir à des démarches territoriales au long terme. On tient surtout à ne plus recourir à des procédures d’urgence comme celle du relogement et de l’urbanisation prioritaire. Le concept de territoire “suffisamment équipé” abonde alors en même temps que ce met en place les schémas d’aménagement11 .

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10 !

“Vers la métropole-jardin ; schéma d’aménagement de la Loire-Moyenne et sa mise en œuvre” Région Centre ; OREAC - 1977

11 !

Marc Wiel, « Pour planifier les villes autrement » / éd. L’Harmattan / 2007 / Paris


Périmètres des schémas métropolitains et zones d’appui du bassin parisien / SDAU / 1976 Cette illustration résume la vision de l’aménagement du territoire à partir de la fin des années 60 : huit métropoles d’équilibres et quatre zones d’appui du bassin parisien. La Loire Moyenne apparaît ici avec le périmètre de la Métropole-Jardin.

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AU moment des premiers schémas directeurs de la région parisienne, la politique globale d’aménagement du territoire est centrée sur la “bonne mesure” de l’agglomération parisienne. Pour cela on met en place huit métropoles d’équilibre et quatre zones d’appui (voir carte p.19). À cela s’ajoutent de nouvelles “têtes” au sein des organismes publics : les circonscriptions d’administration régionale ( avec les préfets de région ) qui dessinent les limites des futures régions ; les organismes d’étude et d’aménagement des aires métropolitaines (OREAM), en charge de l’aménagement des métropoles d’équilibre ; la Délégation interministérielle à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale (DATAR). Les OREAM, créés pour aider la DATAR à faire émerger les métropoles d’équilibre, restent sous l’autorité directe de l’État par le biais d’un comité de coordination interministérielle de planification urbaine. On donnera la responsabilité de ces organismes à de jeunes ingénieurs des Ponts et Chaussées qui rassembleront autour d’eux des équipes variées : architectes, urbanistes, ingénieurs, géographes, économistes et sociologues, et ouvriront aussi leurs portes à des écologues et paysagistes. Au sein de ces équipes le rôle des paysagistes ne s’est pas limité à l’élaboration de premières études de grands paysages.12 Au contraire, compte tenu de l’échelle d’intervention exceptionnelle et du regard nouveau qu’ils ont porté sur les territoires, leur intervention a été décisive.

L’OREALM, créé deux ans après les premiers organismes dédiés aux métropoles d’équilibre, est un organisme du même type. Mais de par la nature réticulaire de l’ensemble sur lequel il doit intervenir, il intègrera davantage ces nouvelles valeurs liées à un aménagement territorial et urbain influencé par le paysage. Le paysagiste Pierre Dauvergne fût l’un des principaux responsables de l’étude d’aménagement de la Loire Moyenne. Accompagné d’une équipe de paysagistes de la toute jeune section du paysage de l’École nationale supérieure d’horticulture de Versailles et par des phytosociologues du Centre d’études phytosociologiques et écologiques de Montpellier, il entreprit cette étude pour la Loire Moyenne avec une démarche novatrice. Yves Luginbühl dira de leur façon d’appréhender le territoire et de la démarche de Pierre Dauvergne qu’elle “ procédait d’une sorte de révolution conceptuelle” 13. Au même moment où se dessine le schéma pour la Loire Moyenne, Pierre Dauvergne participe à l’épisode du Centre d’études et de recherches en paysage (CNERP). On y retrouvera des personnalités comme notamment Jacques Sgard, qui y mettra en œuvre “son intérêt jamais démenti pour le grand paysage”, perçu alors

20

12!

Isabelle Mermet-Guyennet : « La création des organisations d'études d'aménagement des aires métropolitaines » / Calenda / publié le vendredi 13 octobre 2006 http://calenda.revues.org/nouvelle7454.html

13!

Yves Luginbühl, « Pour un paysage du paysage » - p. 31 Économie rurale [En ligne] 297-298 / janvier-avril 2007 / mis en ligne le 01 mars 2009 URL : http://economierurale.revues.org/index1931.html


comme une “approche planificatrice à l’échelle du territoire”.14 Le CNERP est ouvert en 1972 et vient en opposition aux méthodes classiques d’aménagement, qui en “rassemblant des multitudes de données statistiques, ne s’appuient pas sur des analyses « sensibles » du paysage existant. Il s’agit de remettre en cause l’idéologie qui ne conçoit l’aménagement que comme l’équipement de territoires sans spécificité, d’aménager un paysage nouveau, en introduisant une dimension esthétique et symbolique et donnant place à la sensibilité des milieux naturels”. 15 Le schéma d’aménagement de la Loire moyenne en sera l’un des laboratoires. La Métropole-Jardin né d’une époque où se rencontrent d’un côté les besoins et les envies d’une métropolisation en marche, celle de Paris - et au travers d’elle celle des territoires régionaux - et de l’autre, la volonté de créer une interaction riche entre l’homme et les sens de l’existant, les valeurs intrinsèques des paysages, le milieu. Dans le souci de retrouver un développement harmonieux pour les villes, c’est cette bivalence qui a généré le projet et qui se traduit au travers de son nom : la Métropole-Jardin.

14!

15!

Bernadette Blanchon : « LES PAYSAGISTES FRANÇAIS DE 1945 À 1975 » / Les annales de la recherche urbaine n°85 - pp. 21-29 / 2000 Yves Luginbühl, ibid. - p. 25 21


l’avènement d’une région urbaine : vers de nouvelles approches du territoire La “fin d’une époque” présage-t-elle l’arrivée de pensées neuves dans l’organisation des modes de vies ? Ou est-ce plutôt la révélation de faits, de nouvelles tendances dans les relations des habitants aux autres et aux lieux qui renouvelle les concepts ? Si l’on comprend maintenant d’où est née l’initiative d’un projet pour la Loire Moyenne, on est vite amené à s’interroger sur le fond d’une telle réflexion : à quelle conception de l’aménagement du territoire, devant quelles données et sur quelles critiques s’est construite cette nouvelle “façon de voir” ? Plus largement se pose la question des références théoriques.

Ici le parti d’aménagement tire à la fois ses origines de nouvelles visions s’inspirant de démarches des villes du Nord de l’Europe, mais semble aussi être lier à de nouvelles données du territoire (sur les déplacements, les temps de vie et les loisirs, la diffusion de l’urbanisation, un ensemble de thématiques sur le bien-être,..) lesquelles donnèrent lieu à de premières visions critiques16 , presque dystopiques, notamment sur le plan spatial ; argumentaires de pointes pour souligner le choix d’un développement quelque peu alternatif.

Le tourisme dans la Métropole-Jardin - 1971 16 ! Ces critiques prirent la forme de scénarios sur lesquels nous reviendrons dans la partie 2 de ce mémoire (voir p.42) 22


Les tendances de l’urbanisation- 1969

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Les perspectives d’aménagement de l’aire d’étude de l’OREALM se construiront d’abord sur une approche du développement spontané. L’adresse aura été d’aborder ce développement comme un des possibles pour l’avenir de cette région. Jugé plus accessible, car basé sur les dynamiques déjà en place, l’étude en apportera néanmoins les éléments de sa critique. Cette première orientation favorise un développement des points forts de la région, en l'occurrence Tours et Orléans, de façon relativement autonome. Elle profite des dynamiques en cours au sein de ces deux villes et d’un réseau urbain confortable entre elles et avec Paris (toujours dans l’objectif de décongestion de la capitale). À la fin des années 60 les perspectives tablent sur une croissance forte et rapide s’appuyant sur l’exploitation de leur zone de relation commerciale respective et sur leur rôle de capitale régionale. On ira même jusqu’à parler d’Orléans comme d’une opération de “ville nouvelle” par rapport à Paris, avec l’idée de relier les deux en moins d’une demi-heure de trajet.

Cependant si cette option répond assez bien aux logiques communes de l’époque, tout comme à l’objectif initial de soupape pour la croissance de Paris (essentiellement en terme quantitatif) elle n’est en aucune mesure en accord avec les autres logiques que soutient l’OREALM en termes d'aménagement pour le territoire ligérien. Le développement indépendant des villes, même s’il apporterait des résultats appréciables, ne peut convenir à la rigueur qualitative que souhaite l’équipe pour la Loire Moyenne, notamment à l’équilibre de développement sur l’ensemble de la région et à la prise en compte des qualités du milieu dans sa globalité, du cadre de vie. Ils montreront en 1971 qu’un développement spontané et soutenu des seules villes principales de l’axe ligérien ne saurait suffire à l’avènement d’une véritable zone d’appui. Parmi les critiques faites à cet égard on notera principalement l’argument que, pris isolement, “les villes de la Loire Moyenne n’ont pas les moyens de leur ambition.” Que ce soit au niveau de la qualité économique, des besoins en équipement ou de l’ouverture sociale et culturelle nous assisterions à la fois à un doublement de l’offre entre Tours et Orléans, ce qui laisserait le reste de la région, ou bien dans une difficile position intermédiaire, ou bien dans un rapport de dépendance. Mais en plus,

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les efforts consentis par chacune des villes ne sauraient atteindre le niveau que pourrait apporter une gestion partagée, surtout face à la dynamique parisienne. Pour l’OEALM ce développement mènerait également à la dégradation de l’environnement : “L’hypertrophie des grandes villes, [amène] en contrepartie un dépérissement des villes petites et moyennes et de l’espace interstitiel.”17 Sur cette thématique les questionnements tourneront autour du bien fondé et de la nécessité d’une croissance exagérée des villes au détriment de l’espace rural et du réseau de petites villes qui le soutient. Les prédictions pour les villes de Tours et Orléans se basent en 1970 sur une population de plus de 600 000 habitants chacune (aujourd’hui, l’agglomération de Tours représente un peu plus de 390 000 habitants). Certains aménageurs posent alors clairement la question de savoir si ces éventualités peuvent être considérées comme avantageuses ? 18 Et se réfère à un article du Préfet de Région du Centre, M.Graeve, titré “La croissance, pour quoi faire ?”19 où le préfet argue qu’un “habitant des villes coûte en équipement plusieurs fois plus qu’un habitant ancien, [et que par conséquent] le rattrapage des retards de l’équipement urbain et de la voirie urbaine n’est pas un objectif qui puisse être atteint avec une croissance démesurée des villes.” De plus si cette croissance d’un coté et la stagnation des villes moyennes et petites semble inéluctable, c’est bien plus encore tout le Val de Loire qui risque une dégradation à long terme. On verra ici la critique sévère d’une urbanisation linéaire continue et d’une urbanisation sauvage.

tendance de l’urbanisation spontanée- 1971 17

! “Livre blanc pour l’aménagement de la Loire Moyenne”, OREALM, Orléans - 1971 - p.93

18

“Livre blanc pour l’aménagement de la Loire Moyenne”, OREALM, Orléans - 1971 - p.93

19 !

M.Graeve, La croissance pour quoi faire ? paru dans la revue “Regards sur l’économie de la Région Centre” - 2ème trimestre 1970 25


En réponse à cela, l’OREALM propose une autre vision qui, dans ces premières grandes lignes, consiste en la construction d’une région urbaine. C’est une option tout à fait opposée au développement classique qui est exposée, notamment par le fait qu’elle remet en cause le radioconcentrisme habituel et se veut même dépassé le radioconcentrisme desserré que propose la logique des villes nouvelles d’alors. Au cours des premières études, il ne sera pas réellement présenté de principes envisagés autour de cette nouvelle conception, mais les auteurs s’attarderont plutôt à expliquer les fondements d’une telle politique d’aménagement et ce qu’ils en espèrent. Il faudra attendre la première version du schéma d’aménagement en 1974, pour vraiment entrer dans des logiques territoriales de projet. Dans un premier temps, la définition qui est faite de la région urbaine en Loire Moyenne est celle “d’un ensemble de villes nettement différenciées, séparées par des espaces non urbanisés, mais rattachées les une aux autres par des liaisons faciles et fréquentes, par route et par fer, et se partageant entre elles un certain nombre de services pouvant desservir la totalité de la population de cet ensemble urbain.” 20 Par ces quelques mots l’OREALM fixe les enjeux de toute leur démarche et à la suite désignera d’autres témoignages de leur choix pour l’avénement d’une région urbaine. On pourra citer parmi les plus importants l’antinomie entre région urbaine et région urbanisée (la seconde étant plutôt c’est état de fait que constitue l’étalement urbain sur des régions entières), la condition d’existence d’une région urbaine basée avant tout sur les liens entre les différents acteurs qui la composent, l’élargissement des marchés qu’elle apporte, la stabilisation à un prix raisonnable du prix du sol (en supprimant toute logique de pression foncière), une meilleure gestion des espaces dans leur globalité (contre l’oubli ou le déni porté sur les espaces interstitiels par une vision certes polycentrique mais qui ne se concentre que sur les dit centres), la possibilité d’une offre d’habitat diversifié, etc... Bref leur choix est clair et assez soutenu entre ce qu’ils nomment une méthode de développement spontané et une méthode de développement volontaire. Reste maintenant aux auteurs du projet de convaincre d’une démarche nouvelle. Or celle-ci ne semble pas sans retour extérieur. Parmi les influences on aura bien sûr tout le bagage des différents intervenants, écologues, paysagistes liés au CNERP, économistes, architectes, mais les références directes à d’autres travaux se font rares. Seules quelques indications nous ramène vers un article de Pierre Merlin (alors directeur de la section scientifique de l’IAURP) et Pierre Guertin (urbaniste), intitulé “Urbanisme à Copenhague, Stockholm, Helsinki.”21 (voir encadré)

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20 !

“Livre blanc pour l’aménagement de la Loire Moyenne”, OREALM, Orléans - 1971 - p.97

21 !

P.Merlin et P.Guertin : “Urbanisme à Copenhague, Stockholm, Helsinki” - cahier de l’IAURP vol.9 - oct 1967 - voir encadré p. 29


“Freiner la croissance [...] et canaliser les tendances spontanées de l’urbanisation” Les premières études de l’OREALM se réfèrent aux plans d’urbanisme élaborés pour les villes scandinaves de Copenhague, Stockholm et Helsinki. Revenons ici sur quelques-uns des éléments qui ont fait l’objet d’une reprise! de la part de la section des Etudes et Recherches de l’IAURP. Éléments dont se sont inspirés les auteurs de la Métropole-Jardin, voyant en eux l’exemple d’un élargissement du champ des possibles pour l’avenir d’une région comme celle de la Loire Moyenne. À la lecture de cette étude dirigée par Pierre Merlin dans le volume d’Octobre 1967 des cahiers de l’IAURP, on comprend que la stratégie adoptée par ces villes est de rechercher un rôle déjà plus complémentaire que concurrentiel face aux grandes métropoles qui se dessinent dès les années 50 en Europe. Les différents plans et schémas qui seront dressés se garderont de viser un développement que seules les capitales et métropoles internationales peuvent soutenir. Ils s’attarderont en revanche à encourager de nouvelles politiques de gestion et d’aménagement, soucieuses du bon équilibre de l’ensemble du territoire.

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28


Copenhague, schéma préliminaire de 1961 À la fin des années 50 le plan de doigt est dépassé. Pas dans ces principes, mais dans sa pratique, notamment due au manque d’un organisme régional fort et à la sous estimation du taux de motorisation des ménages et de ses impacts. Un collaborateur de Rasmussen (urbaniste en chef du plan de doigt) élabore donc un nouveau plan, maintenant régional, aux vues des tendances récentes mais tout en restant fidèle aux propositions du premier plan : aller contre la dilution de l’urbanisation, l’émiettement rural ; pas de villes nouvelles pour ne pas freiner l’essor de villes moyennes dans un rayon de 30 à 50 km ; axé sur des lignes de chemin de fer une urbanisation “digitée”, séparée par des baies d’espaces verts ; l’urbanisation ne doit pas laisser se développer les temps de parcours moyen en transport en commun au-delà de ce qui existe avec le tramway, soit 3/4 heure ; accentuer la liberté de choix, avantage principal de la concentration urbaine (liberté de choix et d’accès de tous, partout) Pour ce faire, le schéma préliminaire de 1961 propose notamment la création de deux sections de villes chacune reliée au centre et au reste de la ville par voie ferrée.

Helsinki, plan de l’Asuntosäätiö 1964 L’Asuntosäätiö (Fondation pour le Logement) est une organisation privée présidée par Heikki Van Hertzen, également directeur de l’urbanisme. Alors que l’Association pour l’Aménagement d’Helsinki prépare un plan officiel, Van Hertzen proposera un second plan d’urbanisme régional qui se place à une échelle plus large que le premier. Pour lui Helsinki va bientôt atteindre une capacité maximum. Il préconise de ne pas dépasser 650 000 habitants, mais surtout l’abandon d’un développement radioconcentrique qui ne fait qu’entraîner une altération du rôle de chaque couronne au fur et à mesure de la croissance. Son objectif est d’abord de diriger l’excédent vers sept villes, situées le long du littoral et séparées entre elles par des forêts et des bras de mer. Il s’agit non pas de cités satellites mais de villes autonomes formant un chapelet long d’environ 160 km. On peut voir dans ses plans régionaux une mutation : vis à vis de la mondialisation et des commerces transnationaux, la plupart des villes scandinaves ne peuvent suivre le rythme de croissance imposé sans détérioration, sans déterritorialisation excessive. Si développement il doit y avoir, il ne se fera que dans un cadre plus vaste, celui des principaux axes conjuguant échelle régionale et nationale. Il devra rendre l’accès facile à la ville, à ses usages les plus divers, pour tous, tout en supprimant la privatisation des sols ou des paysages et l‘urbanisation diffuse. Enfin une grande place sera accordée à la combinaison des typologies d’habitat et des moyens de transport en fonction d’une logique simple : la taille des bâtiments décroit en fonction de la distance avec la gare. On ne compte alors pas plus de 25% de maisons individuelles dans les différents plans et les autoroutes elles n’ont qu’un rôle secondaire, ne pouvant desservir efficacement les centres dense, elles ne devront être un support à l’urbanisation.

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Enfin, cette approche novatrice ne saurait se cantonner à une vision essentiellement économico-urbanistique. Il est essentiel ici de revenir sur la dimension paysagère qui n’a cessé d’orienter le projet. Le scénario pour une région urbaine est aussi une stratégie pour enrichir le bien-être des habitants, ainsi que la valeur du patrimoine naturel et artistique.22. Elle tient en partie dans la promotion de la métropolisation à partir d’un modèle de conurbation qui prend en considération les ressources géographiques, paysagères et culturelles, comme éléments structurants. C’est le choix d’un scénario axé sur la nature des lieux, les unités paysagères et le patrimoine comme lieu d’identification. Cette reconnaissance tient en partie du travail pionnier qui à été effectué par l’équipe de l’OREALM, à contre-courant de ce qui était effectué au même moment pour les métropoles d’équilibres, qui se basaient essentiellement sur une stratégie de développement (plus qu’un soutien) lequel était monocentré sur l’agglomération devenue métropole. On peut d’ailleurs observer sur la carte du SDAU de 1976 que les zones d’appui ne sont pas nommées en fonction des noms de villes ou d’agglomérations, comme les aires des métropoles d’équilibre, mais en fonction des bassins versants ou des vallées.

*** En procédant par constats et par scénario tendanciel, la Métropole-Jardin a su mettre en avant ce qu’engendrerait l’urbanisation non maîtrisée et diffuse dans la vallée. En le mettant en rapport avec ce qu’ils appelaient les “atouts de la MétropoleJardin”, ils ont su d’autre part signifier la perte des qualités patrimoniales, naturelles, paysagères. Le projet place la prise en compte de ces éléments comme moteur d’un développement itératif de la région entière, comme un bien commun à préserver et à valoriser et autour duquel organiser le système métropolitain.

22 ! D’après les thématiques principales développées par la première version du projet. voir le tableau de synthèse p.52-53 30


1973/1975 : scénario pour un échec ? La crise qu’a connue la France au cours des années 70 coïncide avec un recul de la planification urbaine.23 Au cours de cette décennie, la législation française connaîtra de profonds bouleversements dotant par là les régions et les collectivités locales de nombreux pouvoirs en matière d’urbanisme (loi d’orientation foncière - 1967 ; loi du 5 juillet 1972 créant les conseils régionaux). En outre, si peu de temps auparavant des voix commençaient à s’élever contre les modes de vies progressistes d’alors, le premier choc pétrolier de 1973 confirmera la frilosité d’une société nouvelle dépendante de l’automobile. Pour le projet de Métropole-Jardin qui, même s’il remettait en cause une certaine utilisation du territoire à des fins productivistes, tablait sur une avancée des progrès technologiques en matière de transport et sur une forte volonté planificatrice à une échelle relativement large, se fut le début d’un basculement. Aux premières inquiétudes vinrent s’ajouter deux après un changement aussi soudain que radical dans les politiques de recherche au niveau des transports : en 1975, peu de temps après son élection à la présidence de la république française, Valéry Giscard d’Estaing stoppa les travaux sur l'Aérotrain de l’ingénieur Bertin, au profit d’actions favorisant le transport aérien et le futur TGV. Ces types de transport, étant à l’opposé de ce que pouvait proposé l'Aérotrain qui était plus un transport destiné aux moyennes distances et aux arrêts cadencés qu’un transport de grandes lignes, mirent en péril les premières idées d’un MétroLoire censé relier par fer, les villes de la Loire Moyenne, au profit du projet de l’autoroute A10. Dorénavant, on pourra distinguer deux périodes principales pour le projet de Métropole-Jardin qui correspondent pour la première à une dominance de l’État dans le système d’acteurs et pour la seconde à une dominance d’élus de la Région Centre qui ont eu à corps de reprendre la prééminence sur leur territoire24 . Une agitation eu lieu après que le premier livre blanc soit diffusé et approuvé par le conseil des ministres : le rôle de zone d’appui que lui a conféré l’ancien SDAU (1965) s’efface quelque peu pour redonner la priorité à une dynamique régionale. On assiste à une véritable saisie de la part des élus locaux, et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord les lois donnèrent plus de pouvoir aux régions et l’Organisation d’études et d’aménagement de la Loire Moyenne créée par l’État pour concevoir le projet d’aménagement sera transformé en 1973 en Organisation d’études d’aménagement de la Région Centre. Le projet sera alors modifié pour répondre non plus de la seule dynamique de l’axe mais pour l’ensemble d’une trame sur la région, malgré le fait que 23

! A.Motte, Un renouvellement du mode de gestion des espaces urbanisés français ? Hypothèses exploratoires, in “Schéma directeur et projet d’agglomération“, éd. Juris-service, Paris, 1995

24

! Outre l’extension de l’organisme d’étude à la région Centre, les élus des agglomérations ligériennes ont largement contribué à la réécriture du schéma dans son ensemble, comme le précise l’annexe, intitulée le déroulement de la consultation sur le schéma d’aménagement, de la première partie du livre “Vers la métropole-jardin ; schéma d’aménagement de la Loire-Moyenne et sa mise en œuvre” - Région Centre - OREAC - 1977 31


soit clairement exprimé dès les premières intentions le soutien moteur de la Loire Moyenne à l’ensemble de la région Centre : « Ce schéma [...] a pour double objectif de favoriser le desserrement des activités de la Région Parisienne et d’organiser des pôles d’animation et de développement au bénéfice de toute la Région dont la Loire Moyenne constitue l’épine dorsale » 25 . Ensuite, il faudra souligner une part de scepticisme de la part des élus locaux, notamment à l’occasion des réunions de présentations du schéma global. Leur réserve vis-à-vis du projet d’une métropole linéaire aura pour effet de transformer le schéma en une multitude de projets sectoriels. Les derniers documents ne reflétant alors que peu la dynamique de partage et d’échange sur l’ensemble de l’axe ligérien qui prévalait dans les premières esquisses. Mais il semble aussi que ces changements émanent d’un acte de défiance vis à vis d’un projet venant de l’État. Au cours de cette période d’instauration d’une politique de décentralisation, et où les Maires se voient doter de pouvoirs forts, ils auront à même de les mettre à profit pour protéger leur circonscription sans se saisir des avantages d’une mutualisation, ou du moins d’une concertation, que leur proposait l’OREALM sous les traits d’une région urbaine et du concept de la Métropole-Jardin.

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F.Graeve, préfet de la Région Centre / préface du « Livre blanc pour l’aménagement de la Loire Moyenne » / OREALM / 1971


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Principes et logique

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Les conditions de productions de savoirs invitent à se questionner sur les pratiques qu’ils mettent en acte. La Métropole-Jardin, en tant que base de la construction d’un savoir lié aux conditions d’émergences d’un réseau urbain en Loire Moyenne, demande une analyse selon des modes d’approche spécifiques au projet urbain. Nous nous baserons donc sur la déclinaison en “actes” introduite au début de ce mémoire26 afin de décrypter les principes et les logiques du projet de la Métropole-Jardin. L’ensemble des propositions et des documents qui illustrent ces principes répondent d’une logique de projet qui nous éclaire à la fois sur les différents raisonnements des acteurs, leurs manières de s’approprier le projet, et d’une façon plus générale sur les mécanismes en place dans ce territoire et ceux que le projet a initiés. Nous observerons donc, en suivant ces trois “actes” (lire la ville pour comprendre et anticiper - projeter la ville pour imaginer et scénariser d’autres possibles - l’organiser pour provoquer la transformation...) en quoi nous assistons à la compréhension de faits territoriaux nouveaux, à un nouveau mode d’exploration des possibles, et au développement d’un outil d’action.

La compréhension de faits territoriaux nouveaux La position prise en 1971, d’une région urbaine inspirée par les projets des capitales scandinaves, pose la question du mode d’organisation spatiale dans le Valde-Loire. Dans les premières analyses, l’OREALM traduira son concept d’une région urbaine par la formulation de plusieurs principes 27 qui serviront de base aux thèmes développés par les différentes versions du schéma d’aménagement. Il s’agira tout d’abord de constituer un système urbain linéaire. Devant l’interrogation du mode d'organisation et face à l’impression d’une relative continuité régionale (relative par rapport à la saturation des réseaux routiers et la mauvaise qualité des transports d’alors), le premier principe sur lequel repose la région urbaine de la Loire Moyenne doit s’opposer à la structure traditionnelle fondée sur la centralité et se développer en un système linéaire. Cela suppose trois conséquences. La première, venant de l’abandon du système centralisé, est une répartition des équipements dédiés aux domaines de la recherches, des universités, de la culture, des loisirs, des centres de production, ... Le but étant de permettre une augmentation des échanges et d'offrir une distribution plus égale entre les habitants. La seconde conséquence d’un système urbain linéaire 26 27 !

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! voir page 7 “Livre blanc pour l’aménagement de la Loire Moyenne”, OREALM, Orléans - 1971 - chapitre 5 : Comment organiser une région urbaine en Loire Moyenne ? - p.108


est l’instauration d’un développement préférentiel des agglomérations selon l’axe principal. Densifier autour des pôles, des gares, pour éviter la dilution urbaine et réduire les temps de déplacement, les “distances-temps”. Enfin cela nécessite également la mise en place d’un puissant réseau d’infrastructures et de liaison, support de ce système urbain. Des liaisons interurbaines en transports en commun qui permettent des déplacements dans la demi-journée de part et d’autres de la région urbaine, et une complémentarité entre une offre individuelle rapide et une offre collective. Chaque ville devant organiser son réseau de déplacement urbain en fonction du réseau interurbain. Ensuite, si l’urbanisation doit être linéaire, elle doit se faire de manière discontinue. Compte tenu de l'accroissement encore attendu au début des années 70 et du soutien par des politiques volontaristes de développement des industries, de leur extension, des infrastructures, du niveau de vie et donc du desserrement de l’habitat, la dissémination dans le val sera inévitable et irréversible. On comprend alors que les conséquences pour la région seront lourdes. Il y a d’abord une volonté de préserver l’aspect jardin de la région, qui pour les premières fois apparaît sous la forme d’un milieu à part entière. On prend aussi conscience que l’intérêt d’une région urbaine se fait si la population a un accès rapide et pratique à l’ensemble des usages, des lieux, des pratiques. Et pour cela il faut vivre plus dense, polariser les centres urbains. Afin d’éviter de lourdes conséquences pour la région, le principe retenu est donc d’orienter l'urbanisation dans les centres et plutôt sur les villes moyennes et petites. On craint à l’époque une tendance à l'excès des villes les plus grosses qui entrainerait la création d’une hiérarchisation sociale trop forte et surspatialisée entre un centre riche et un alentour plus pauvre socialement, en équipement, en accès, ... Enfin les nouvelles pratiques et les tendances naissantes d’urbanisation diffuse en Loire moyenne pousseront à l’organisation de coupures vertes. Ces coupures sont définies alors comme des sols utilisés, non construits et d’une taille variant de 5 à 20 km. En dessous de 5 km ils sont considérés comme des espaces spécifiques aux besoins ultra locaux et surtout la distance est trop courte, leur traversée trop rapide pour saisir la coupure. Au delà de 20 km, la pression foncière s’affaiblit et la nécessité d’un statut spécifique est donc moindre. On imagine alors assurer à la fois un soutien aux structures de production agricole sur ces espaces et un support d’activités de loisir et de tourisme. Cette association entre loisirs et agricultures sur les petites exploitations est une solution envisagée alors pour maintenir le maximum de population agricole active, mais aussi pour aider à l'écoulement des produits sur le marché de la région, initiant ainsi une ébauche de l’agriculture paysanne et de proximité.

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Ayant fait le constat de ce qu’est la Loire Moyenne au regard des nouvelles tendances28 , et de ce que pourrait être une région urbaine linéaire et discontinue, un premier travail de diagnostic critique sera entrepris par l’OREALM dans l’élaboration d’un parti d’aménagement. Les premiers objectifs se concentreront autour du maintien, du renforcement ou parfois de la restauration d’un certain équilibre entre le développement des activités humaines et le territoire. Cet équilibre est décrit comme “une certaine harmonie qui s’est progressivement établie et affermie au cours des temps entre le monde rural, les agglomérations qui ponctuent la vallée, les petites villes qui les relient” 29 Les critiques s’élaboreront alors dans cette idéologie et porteront notamment sur : -

la croissance anarchique de l’urbanisation le long de la vallée, au détriment de l’espace rural et des paysages ; à la concentration du développement sur quelques pôles, qui videraient le reste de la région de ses activités ; à la création artificielle de pôles nouveaux autour de grandes villes ou sur des sites de qualité.

Ces trois critères se retrouvent dans un travail de scénarisation qui s’appuie sur les tendances de l’urbanisation et sur les logiques d’aménagement plus proches de l’organisation décisionnelle en place, donc d’un côté plus simples dans leur mise en œuvre mais dont on craint les conséquences. (voir cartes suivantes)

Nous sommes là face à l’une des principales originalités de la démarche de la Métropole-Jardin. Car c’est non seulement la compréhension de faits nouveaux, l’exploration d’approches territoriales nouvelles qui guident le projet, mais aussi une critique du délaissement de l’espace, de ses qualités, de la perte de ses rapports de production, et le refus des solutions immédiates contre une prise de position pour le long terme. En s’opposant au développement spontané, à un laisser-aller urbain où les terres et les villes ne seraient plus que des valeurs négociables - et de bon profit - c’est tout un diagnostic des évolutions en cours qui est sous-entendu. La stratégie retenue s’élabore alors finement autour du refus de la simplicité et d’une critique de la métropolisation qui ne placerait ni les hommes, les habitants, ni les territoires, le milieu, au centre des discussions.

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28 !

La première publication de l’OREALM, (“éléments pour un livre blanc” - 1970) abordera plusieurs thèmes comme l’influence économique de Paris, le rôle d’articulation entre l’Est et l’Ouest, la cohésion au sein de l’aire ligérienne, l’influence de la démographie et de l’urbanisation l’évolution du tourisme et du cadre de vie, l'hydrologie de la Loire.

29!

“Vers la métropole-jardin ; schéma d’aménagement de la Loire-Moyenne et sa mise en œuvre”, Région Centre, OREAC - 1977 - p.9


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La modernité du projet, nous dit Yves Luginbühl, tient au fait qu’il “introduisait la dimension sensible par l’analyse des formes et des ambiances paysagères. [Il] a fait figure de méthode pionnière dans la suite des études paysagères où l’on retrouve, sous des formes variables et souvent réduites, les principales phases d’analyse.” 30 Élaborer un outil de lecture et de compréhension du territoire, c’est en révéler les structures. Les donner à voir et ainsi permettre son appropriation, le plus souvent en faisant appel à cette dimension sensible. Dès les premières études il était souligné l’importance de construire une connaissance du territoire harmonisée entre les acteurs, gage de la réussite du projet. C’est par ces analyses des paysages perçues comme les conditions d’existence et les structures premières, non seulement des systèmes sociaux en place, mais surtout de ceux à venir, que la Métropole-Jardin a pu offrir une capacité nouvelle pour lire et donner à lire le territoire du Val-de-Loire.

Notons enfin que bien avant ces préoccupations, l’OREALM, au travers des “éléments pour un livre blanc” de 1970, livre en conclusion une analyse qui signifie à elle seule l’avancée de sa réflexion sur la réalité ligérienne : “Non pas que la recherche prospective soit inutile ; c’est d’ailleurs l’objet même de l’OREALM. Mais l’analyse le montre, la Loire Moyenne apparaît actuellement davantage comme un lieu où il se passe quelque chose que comme un cadre susceptible de favoriser le développement. La Loire Moyenne est en effet à mi-chemin entre deux autres types de structures qui à court terme semblent s’imposer en matière d’aménagement, d’un côté la Région, de l’autre les villes.” Bien sûr la mission originelle de zone d’appui à la Région de Paris aura été le déclencheur de ce long travail sur la Loire Moyenne, mais on voit ici que ce qui influencera réellement les desseins de la Métropole-Jardin est avant tout lié à la compréhension de l’émergence de nouveaux faits territoriaux. L’OREALM aura davantage à cœur de faire éclore cette nouvelle forme de métropole, dans laquelle ils voient bien plus qu’un simple assemblage de villes, plutôt que d’imposer à une région un plan aux contours finis.

30!

Yves Luginbühl, 2009, op.cit. - p. 25 41


“ ÉLÉMENTS DU PAYSAGE STRUCTURANT L’ESPACE PERÇUS DEPUIS LES GRANDS AXES DE CIRCULATION ”

le patrimoine monumental 42


Le patrimoine naturel et paysager - 1971

Valeur attractive du paysage - 1971

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Un nouveau mode d’exploration des possibles Comment répondre de cette nouvelle forme de métropole pressentie alors par les auteurs de l’OREALM ? Il convient pour eux de scénariser un autre possible, une voie qui prendrait acte de ce qui se met en place et qui transcenderait le paysage en une matière neuve, renforçant la vigueur des espaces les plus humbles comme des centres les plus actifs.

Parti d’aménagement retenu - version 1971

Parti d’aménagement retenu - version 1975 44


Le parti retenu s'appuie donc sur une forte composante spatiale accompagnant le maintien d’espaces à la fois actifs et valorisés pour leur intérêt patrimonial, se structurant autour des technologies de transport et de communication, afin de rendre accessible l’ensemble de la région et d’agir sur les distances-temps, cherchant à unir en une seule entité métropolitaine des agglomérations distinctes pour permettre l'acquisition de nouveaux services et fortifier les échanges locaux.

La première hypothèse en faveur d’un équilibre entre milieu rural, petites villes et grandes agglomérations prend position sur un réajustement démographique. Ainsi en 1968, on comptabilisait déjà pour 6 habitants dans les trois chefs lieux (Tours, Blois, Orléans) 1 habitant d’une des douze petites villes (Briare, Gien, Sully-sur-Loire, Châteauneuf-sur-Loire, Saint Denis de l’Hôtel/Jargeau, Meung-sur-Loire, Beaugency, Mer, Amboise, Château-Renault, Bléré, Chinon) L’objectif, ambitieux, annoncé en 1974 était de faire descendre cette proportion en 2000 à 4,5 pour 1. Soit triplée la population des villes petites et moyennes de l’axe tout en maintenant un niveau stable pour les trois grandes. Cet objectif, associé à la volonté de maintenir des coupures dans l’urbanisation du val, amènera l’équipe de l’OREALM à imaginer de nouveaux modes d’habiter, combinant une offre diversifié d’habitats (selon qu’ils se situent autour des noyaux/ gares, sur le plateau ou les vallées), des zones d’activités centrales (regroupant industries, services, artisanat, ...) la grande ouverture du lit du fleuve (caractéristique de la Loire et de ses grandes zones d’inondabilité) des réserves à l’urbanisation et une organisation des infrastructures de déplacement soucieuse des valeurs paysagères. Cette déclinaison des principes généraux de la Métropole-Jardin à l’urbanisme et l’habitat est entièrement tournée vers les bourgs. Elle s’engage contre le mitage de l’espace rural et la perte du réseau séquencée de petites villes, qui dans l’analyse des tendances de l’époque sont vues comme les premières victimes d’une politique de développement indépendant des villes. (voir carte et schémas double page suivante)

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Occupation du sol - 1975

À mesure de la maturité du projet, les orientations se sont affinées. Les fondements critiques on l’a vu, sont ceux qui refusent les tendances de l’urbanisation ou bien encore une métropolisation qui laisserait la concentration s’accroître sur les seules villes de Tours et Orléans, reléguant le reste des espaces à un rang inférieur, à un simple outil servant à la productivité des grands centres. Ces refus permettront par la suite de développer en opposition un nouvel imaginaire pour le Val de Loire qui, sous la forme de la Métropole-Jardin, se traduira dans ses dernières dispositions selon quatre objectifs : -

Organiser un développement équilibré des grandes et des petites villes ainsi que des espaces ruraux. Renforcer la cohésion de la métropole-jardin, en tant qu’unité géographique spécifique, unité de communication et de concertation. Soutenir une discontinuité dans l’urbanisation avec le maintien de “coupures vertes” et de l’espace du “Val inondable”. Assurer la protection et la mise en valeur des paysages.

Ces orientations, entendues par l’ensemble des acteurs locaux, ont été transformées pour le schéma final en une douzaine de domaines d’action. L’arrivée de l’assemblée régionale dans le système d’acteurs du projet, obligera à quelques changements dans la façon de procédé, afin de se rapprocher d’objectifs plus centrés sur la Région. Principalement dans la dernière publication du schéma d’aménagement en 1977, les registres d’actions seront classés selon un ordre de priorité décidé par les acteurs politiques régionaux. Cette nouvelle assemblée d’élus (1973), réunis autour du Conseil de Région, se détache alors des volontés du projet initial. C’est par la 48


transformation en actes et en domaines d’actions que se marque la rupture qui s’est engagée lors de la saisie du projet par les acteurs locaux. Afin de mieux saisir les évolutions entre les différentes étapes de projet, nous avons résumé dans un tableau comparatif les thèmes, diagnostics, l’orientation générale et les objectifs recherchés pour chacune des versions, ainsi qu’un récapitulatif des domaines et propositions d’actions que le projet engage. (voir double page suivante) Sur le plan formel en revanche les propositions ne varient que très peu. Comme pour les objectifs du projet, la spatialisation s’est affinée en conséquence des attentes du schéma, pour aboutir en 1975 à une version au 1/250 000 qui marque l’aboutissement du parti d’aménagement retenu à l'échelle de la région. (voir carte en annexe)

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Auteurs Orientation générale

Diagnostic

Vers la Métropole-Jardin “Livre blanc” - 1971 -

Schéma d’aménagement de la Métropole-Jardin - 1974 -

Schéma d’aménagement (version révisée) - 1977 -

O.R.E.A.L.M.

O.R.E.A.C.

O.R.E.A.C. + Conseil Régional

Organiser une région urbaine contre la tendance de l’urbanisation.

Constituer un ensemble de villes nettement différenciées, séparées par des espaces non urbanisés, rattachées les unes aux autres par des liaisons faciles et fréquentes, et se partageant un certain nombre de services.! _

Essentiellement tourné comme une approche comparative entre la situation locale et une vision nouvelle. (exemple de l’émergence de la société des loisirs)

Situation de plateforme entre Atlantique, France de l’Est et Région parisienne. Image de marque “Val de Loire“ valorisante mais menacée. Hypothèse de croissance démographique forte basée sur la relation de migration depuis le bassin parisien.! _

*Volume d’emploi satisfaisant mais de qualité moyenne *Une répartition des villes harmonieuses, mais une croissance mal contrôlée et des centres urbains peu reliés + apparition de zones de conflits *La Loire Moyenne : un territoire privilégié pour les loisirs.

Thématiques principales

*Le “bien être“ des habitants (selon une conception orientée)

*Les avantages, les agréments d’une concentration urbaine équivalente aux métropoles, sans recours aux formes d’agglomération “classiques”.

*Décongestion de la région parisienne

*Un “cadre de vie“ qui découle de l’organisation du réseau urbain séculaire, des paysages anthropisés, du patrimoine revalorisé.! _

*Développement de la région Centre *La valeur du patrimoine naturel et artistique *Créer un système linéaire (système qui s’oppose à la structure traditionnelle, fondée sur la centralité)

Objectifs recherchés

*Une urbanisation discontinue (volonté de garder l’aspect “de jardin“ et de favoriser un accès simple et rapide pour tous à l’ensemble des usages, des lieux, des pratiques) *Une organisation différente sur les deux rives du fleuve

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*Équilibre des grandes, des petites villes, et des espaces ruraux

*Cohésion de l’ensemble urbain (unité géographique spécifique, réseau de communication et de concertation privilégié)

*Une urbanisation discontinue *Qualité et mise en valeur du paysage

*Protection et mise en valeur des paysages


Vers la Métropole-Jardin “Livre blanc” - 1971 -

Schéma d’aménagement de la Métropole-Jardin - 1974 -

Schéma d’aménagement (version révisée) - 1977 -

Actions classées selon leur besoin en financement (création) ou en promotion (organisation)

Actions organisées selon 10 domaines d’interventions :

12 actions, réorientées sous la demande du Conseil Régional selon un ordre de priorité :

ACTIONS DE CRÉATION *Amélioration des trajets internes : une desserte cadencée (MétroLoire) ; des voies de rabattement sur l’A10 ; organiser l’intermodal à partir des gares ... *Acquisition de réserves foncières + politique d’achat des terrains en zones inondables *Régularisation de la Loire *Création d’une banque de données urbaines *Mise en valeur des sites (éviter la privatisation des sites et des accès à l’eau) *création d’un parc naturel régional *construction et utilisation intégrée et partagée des équipements socioculturels

Domaines et propositions d’actions

*Réalisation de complexes de loisirs ** ACTIONS D’ORGANISATION *Bureau d’accueil industriel *La “journée continue” *Protection des vignobles *Élaboration d’un schéma d’aménagement du paysage *Organisation de l’exploitation des sables et graviers

ACTIVITÉS ET EMPLOIS *Accueil, réserves foncières, mise en place de services et infrastructures *Prospection d’entreprises AGRICULTURE *Modernisation des communes rurales, développement des équipements et services publics *Améliorer formation et information *Activités complémentaires en milieu agricole (tourisme, ...) LA LOIRE ET SES AFFLUENTS *Barrages pour réguler la Loire... *Maintien d’un accès libre à l’eau COMMUNICATION INTERRÉGIONALE *Liaisons routières régionales, ferroviaires nationales et aériennes à développer *Transport à grande vitesse vers Paris (Aérotrain..) LIAISONS INTERNES *“MétroLoire” à cadence horaire *Transports urbains connectés aux gares, renforcer la desserte du milieu rural HABITAT ET URBANISME *Innovation architecturale et adaptation au site ligérien (coteaux, petites vallées,...) *Restauration des centres anciens *Création d’agences d’urbanisme et de cellules de recherche

*Incitation aux constructions groupées

FORMATION DES HOMMES *Orientations complémentaires des universités *Adaptation de l’enseignement au développement de la MétropoleJardin TOURISME *Équipement nautique, de plaisance *Promotion du tourisme rural *Mise en valeur du paysage

*Ateliers municipaux d’urbanisme (formant une université permanente d’architecture et d’urbanisme)

MAÎTRISE DE L’ESPACE *Achat du foncier menacé *protection des zones sensibles

*Protection des sites biologiques comme les zones humides *Amélioration des entrées de ville (action étendue aux zones interurbaines)

*Intégration de l’habitat étudiant dans les centres-villes *Réaffectation du patrimoine vers des lieux d’hébergement ou des centres de formations

VIE CULTURELLE ET LOISIRS *Préservation d’espaces de loisirs périurbains *Partage des équipements *Aide à la diffusion et à l’innovation culturelle

*Régulariser et épurer la Loire *Relier les zones nationales autres que la région parisienne (axe autoroutiers, ferroviaires et canaux) *Construire des ponts routiers *Renforcer les liaisons internes à la Métropole-Jardin et la Région Centre (Métro-Loire) *Favoriser la localisation des activités dans les petites villes *Accueillir les activités du secteur tertiaire (en développant par exemple les capacités et les services autour des gares) *Aménager l’espace et développer l’agriculture pour maintenir un espace rural attractif *développer l’effort de maîtrise foncière (urbain et rural) *Promouvoir un urbanisme et un habitat de qualité (création de centres secondaires pour structurer les périphéries, revalorisation du tissu urbain ancien, aménagement expérimental dans les bourgs..) *Former les hommes (enseignement technique court + complémentarité des deux Universités Orléans / Tours, ...) *Animer la vie culturelle (en encourageant des initiatives mutualisées en matière de musique, d’art dramatique, ...) et diversifier les loisirs (vers le plein air et la Loire..) *Lier innovation et tradition dans le tourisme (congrès, séjour en milieu rural, sportif fluvial, ...)

51


le développement d’un outil d’action La réussite et la durabilité d’un projet reposent en grande partie sur la perception et le vécu des usagers-acteurs du territoire. D'autant plus lorsqu’il s’agit, comme ici, d’un projet urbain à l’échelle régionale. La lecture du territoire existant et la prise en compte des paysages structurants du Val-de-Loire a orienté le scénario dans la construction de cet horizon commun. Ce faisant, le projet doit également fournir les capacités de sa réalisation. Il s’agit ici de la mise en œuvre de l’organisation de gouvernance et de réflexion, ainsi que les moyens d’action intégrés qu’il peut proposer, et de leur adaptation aux situations en jeu. Provoquer la transformation par le développement d’un outil d’action permet la mise en œuvre du projet. Mais dans quelle mesure la Métropole-Jardin s’est-elle donnée les moyens d’agir ? On sait déjà que la reconnaissance par les services de l‘État fût actée à plusieurs reprises. Or il n’est que très rarement mentionné d’opération en vue du montage de projet ou de l’élaboration de structures ou d’organismes à même de le porté par la suite. Du tableau précédent, synthétisant les versions du schéma d’aménagement, nous retiendrons avant tout que parmi les domaines d’actions énoncés peu entrent dans une logique pragmatique qui viserait à la conduite du projet. On peut retenir certaines des propositions comme les premières actions dites d’organisation (dans la première version du projet), abandonnées par la suite et qui n’avaient qu’un rôle indicatif, l’acquisition de réserves foncières (dans les zones inondables et aux abords des villes), la création d’agences d’urbanisme par chefs-lieux et de cellules de recherche ainsi qu’un atelier du paysage pour l’ensemble de la région urbaine, l’offre de compétences aux groupes régionaux en matières culturelles. Au-delà de ces positions il faut noter un autre groupe de prescriptions apparu dans un rapport intermédiaire de 1974.31 Il s’agit d’un ensemble de moyens fixés sur les réglementations et les outils d’aménagement en cours, et classés selon une seconde entrée qui organise les objectifs du projet selon trois critères : équiper, protéger, valoriser. (voir tableau) Là encore, on peut voir l’importance que requiert l’acquisition de réserves foncières dans la mission d’organisation du territoire, cette seule action reprenant la mise en place de zone d'aménagement concerté et différé ou de divers fonds d’intervention. Le reste des objectifs feront eux appel à des réglementations servant généralement au classement et à la protection de zones, mais dont on ne connaît ni les délimitations ni la réelle implication. On peut à ce stade émettre un doute sur leurs rôles, lorsqu’on sait par exemple la difficulté qu’auront les départements à se mettre d’accord autour d’une charte des coupures vertes.32 On verra en effet par la suite, que le projet de la Métropole-Jardin sera l’objet d’appropriations par des marchés extérieurs, sous forme de chartes, de contrats État-

31!

“schéma d’aménagement de la Loire-Moyenne”, Région Centre, OREAC - 1974 - annexes

32 ! Voir à ce sujet la carte de l’application de la charte des coupures vertes p. 62 52


région ou de plan régionaux, reprenant à leur compte quelques unes des logiques du schéma d’aménagement. La consultation sur le projet fera intervenir principalement quatre groupes comme interlocuteur : les services de l’Etat des départements, les assemblées de la région, les conseils généraux, les maires. Les élus locaux s’organiseront aussi en fonction de leur appartenance soit à l’aire d’étude, à l’ensemble de la MétropoleJardin ou à l’aire à vocation métropolitaine (voir carte) On peut d'emblée regretter qu’il n’ai pas été mis en place un système de médiatisation et d'information plus large du public, qui n’a pu jouer son rôle d’acteur qu’au travers de campagnes de sensibilisation des avancées du schéma après les seules assemblées décisionnelles.

Le développement d’un outil d’action ne trouvera donc pas un écho très large pendant la période de définition du projet de la Métropole-Jardin. Dès 1975, juste avant l’approbation finale d’un schéma d’aménagement pour la Loire Moyenne, on note une inquiétude de la part d’acteurs du Comité économique et social de la région, qui ne voudraient pas voir se déliter les ambitions du projet. “Le Comité insiste sur l’urgence de la mise en place de moyens d’action permettant la réalisation du schéma, afin que le cheminement présenté ne soit pas une simple démarche intellectuelle.” 33 Il faudra attendre le début des années 80, des directives régionales d’aménagement et des contrats de plan de région, pour voir la Métropole-Jardin s’illustrer au travers de mesures plus concrètes. Dans les premières études de la Métropole-Jardin, le principe était d’organiser le développement urbain avec un entre-ville qualifié de jardin, en tant qu’espace avant 33!

Avis du Comité économique et social sur l’aménagement de la Loire Moyenne / Première réunion ordinaire de Janvier 1975 - rapporteurs J.Autran et P.de Chabanolles 53


tout cultivé, mais aussi aménager comme un espace de et pour la ville. Ces espaces, organisés de façon discontinue, servaient d’articulations dans la stratégie d’aménagement. Au fil de l’évolution du projet, l’application de ce principe, partant d’un développement coordonné entre les villes du bassin versant pour arriver à un espace géographique fragmenté par zones à fini d’en détourner les orientations. On ne peut qu’apprécier le fait que les acteurs locaux se soient emparés du projet, mais il semble que le contexte, qui supporte la transition vers les politiques de décentralisation, desservira le projet. Malgré une bonne acceptation locale,34 le manque de vision et la jeunesse de l’échelle régionale et de ses institutions, ajouté au manque d’un « véritable document-cadre s’imposant aux documents d’urbanisme »35, diluera le projet vers une séparation des thématiques qui le portaient et ne réussira pas à trouver de constitution pour une véritable métropole en Loire-Moyenne. Aujourd’hui inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO, ces “espaces interstitiels“ du Val-de-Loire sont vus comme des espaces à protéger, et n’entrent plus, ou quasiment plus, dans des considérations de potentiels mais plutôt de préservation en l’état et de protection. Tirant ses origines du désengorgement planifié de Paris, le projet a su prendre avantage de la situation pour créer ses propres enjeux. La Métropole-Jardin aura permis une prise de conscience des défis majeurs auxquels doit faire face, ensemble, les usagers et acteurs de l’aire ligérienne. Cette compréhension unanime, relativement précoce, vaudra à la Loire son inscription en tant que patrimoine culturel vivant, fruit d’un long travail amorcé par cette étude. Hormis cela, l’espace métropolitain d’un type nouveau36 ne sera pas formalisé. Ce qui prendra acte dans les années successives sera plutôt de l’ordre des décisions locales ne répondant pas nécessairement d’un ensemble, ou bien orienté par des décisions économiques extérieures. Alors qu’aujourd’hui, quarante ans après les travaux de l’OREALM, beaucoup entendent la nécessité de trouver les éléments fédérateurs pour des exercices de coopération de même envergure, il faut savoir reconnaitre les qualités de la prise en compte des dimensions spatiales qu’a sue développer la Métropole-Jardin. Sa modernité aura certainement eu raison de son succès. Mais les questions soulevées sont toujours présentes, et au regard des correspondances qui lui sont faites dans nombre d’études, ce projet semble offrir une certaine source d’inspiration.

54

34!

Ph. Le Grontec, « Les coupures vertes de la métropole-jardin en val de Loire : rêve et réalité ? » Économie rurale - Volume 120 - n°1 / pp.26-33 / 1977

35!

A. Barthélemy, « Une Direction Territoriale d’Aménagement en Val-de-Loire : pertinence et prérequis » Projet de fin d’étude des AUE / Ecole des ponts / 2006

36!

F.Graeve, préfet de la Région Centre en 1971 / op.cit.


55



Les interprĂŠtations successives


« Il y a bien longtemps, au temps de l’État planificateur et des O.R.E.A.M., on parla de métropole-jardin, de coupures vertes, de développement d’une chaîne de petites villes solidaires, et même de Métroloire. Aujourd’hui, entre rond-points, échangeurs, zones industrielles, grandes surfaces et lotissements de maisons de style Val-de-Loire, y-a-t-il encore une identité et une autonomie possible pour ces villes du fleuve ? » D.Rime, P.Verdier : La Loire Moyenne, chaînes de villes, métropole-jardin ou suburbia linéaire ? / Cahier de l’IAURIF n° 135 - p.234 / 2003

58


Une mise en œuvre partielle Les années 80 sont plutôt connues pour être une période dépressive en ce qui concerne l’urbanisme et l’aménagement du territoire en France, et cet état n’épargnera pas la dynamique du projet ligérien. Intéressons-nous aux dix années qui suivirent l’approbation du schéma de la Métropole-Jardin : que sont devenus la pensée et les principes qui ont fondé cette nouvelle approche, comment ont-ils été traduits en actes dans les années qui lui succédèrent ?

On ne peut pas réellement parler d’une mise en place effective, mais plutôt d’échos au projet. Deux raisons principales à cela : D’abord la Métropole-Jardin n’avait pas pour vocation première d’organiser les moyens de sa mise en œuvre. Même s’il s’agit effectivement de penser la transformation, ses priorités ne furent pas d’apporter les éléments de direction pour envisager sa mise en œuvre. Au contraire, et c’est ce qui lui vaudra quelques années après l’arrêt des études quelques critiques montrant que le schéma “a souvent été considérée comme une référence, une doctrine permettant d’orienter les actions”37 plus qu’un ensemble de mesures au calendrier précis. Tout comme au moment de l’OREALM les premiers auteurs du schéma définissaient cette région urbaine comme un devenir, un idéal vers lequel tendre, la Métropole-Jardin serait un objectif à atteindre plus qu’un projet au contour bien précis. Ils avaient conscience “qu’une programmation rigide, à l'intérieur d’un cadre territorial donné, resterait vaine sachant que les facteurs économiques et socio-politiques internes et externes qui commandent le développement régional sont susceptibles de changements tels au cours d’une période aussi longue”.38 Les différents registres d’actions que nous avons pu observer s’inscrivent en effet plus dans une démarche indicative que réellement prescriptive. Cette première remarque est directement liée à la seconde puisqu’il faut bien préciser ici que malgré l’approbation du schéma et son inscription officielle à la liste des directives nationales d’aménagement, il n’a pas été suivi ni par la création d’un organisme de gestion, ni par un financement spécifique. Dès lors, sans ces outils nécessaires à la tenue et au suivi du projet, Il est assez difficile de faire la part entre des mesures qui seraient liées directement à l’application du schéma, ou bien suscitées par lui, et d’autres qui s’inscriraient plutôt dans un registre d’opérations spontanées mais inspirées par la pensée de la Métropole-Jardin.39

! L.Berry, “Loire Moyenne : où en est la métropole-jardin ?” in Réflexions et analyses - OREAC, Orléans - 1986

37

38 !

ORLEAM, “Éléments pour un livre blanc”, 1970, Orléans - p.82

39 !

On peut faire allusion ici au processus qui a conduit à l’inscription du Val à la liste du patrimoine mondial de l’humanité 59


Néanmoins, au cours des premières années quelques actions sont à noter parmi les plus en phase avec le projet. Reprenons ici ces exemples cités par l’OREALM en 1986 lors de leur retour sur la Métropole-Jardin.40 Nous nous attacherons d’en résumer les grandes lignes au travers du tableau page suivante.

Contrats et plans de Val - 1984

Les périmètres présentés ici reflètent la mise en œuvre de la charte des coupures vertes - 1984 40 !

60

L.Berry, op cit


Charte interdépartementales des coupures vertes

Programme d’actions du VIIè plan : “aménagement de la Loire Moyenne”

Directives régionales d’aménagement de la vallée de la Loire Moyenne pour la Région Centre

Contrat du IXè plan : “l’aménagement intégré de la vallée de la Loire et de ses affluents”

année

1976

1977

1982

1984-1988

- assemblée régionale - Etat (65% financement total)

- région Centre - Ministère de l’urbanisme et du cadre de vie (rapport Chapon : programme gouvernemental de protection des grands fleuves- 1979)

- Etat - Région

acteurs principaux

- conseils généraux d’Indre-et Loire, du Loir et Cher et du Loiret - Communes concernées par consultation

- l’instauration d’un “périmètre sensible” - taxe d’espaces verts sur la construction des bâtiments - actions foncières rurales - soutien à l’agriculture - maintien d’une population rurale par la relocalisation d’équipement attractif

- l’aménagement hydraulique de la Loire (levées sur 86 km) - les liaisons routières et ferroviaires - l’urbanisme (POS sur 204 communes; plans de circulation pour Orléans, Blois et Tours) - le maintien des coupures vertes (acquisition et aménagement de 300 ha en espaces verts urbains et périurbains) - construction de centrales nucléaires

- élaboration de 13 documents d’urbanisme, les “plans de val”, regroupant des communes comprises dans des unités géographiques homogènes. - directives sur le foncier agricole, la protection des sites et paysages, exploitation des carrières et décharges

Sur les ensembles géographiques délimités par les précedents plans de val, : - hydraulique agricole - adaptation des productions agricoles à la vallée - aménagement des abords du fleuves pour le tourisme et loisirs et des carrières - aides à l’installation d’activités de transformation et de services

Devant la désapprobation d’une partie des élus locaux (notamment sur la taxe à la construction) l’application s’est faite très inégalement : En loir-et-Cher le programme à été tout simplement abandonné alors qu’en Indre et Loire il y est appliqué.

Ce programme a servi de support financier (à une hauteur équivalente de 40 M d’euros) relativement modeste aux vues des actions envisagées. Ce plan sera considéré comme l’héritier de la Métropole-Jardin, malgré des opérations assez fragmentaires.

Guide de recommandations pour la protection et la mise en valeur des paysages, selon une logique territoriale préconisée par le schéma d’aménagement de la Loire, mais étendue à la vallée de l’Allier.

Le marché le plus important est celui relatif aux contrats de val s’inscrivant dans des entités homogènes et liant protection des paysages et mise en valeur économique des sites.

mesures

mise en œuvre // attachement à la métropolejardin

Les “plans de val” sont un premier essai de démarche intercommunale, vu par les élus locaux comme un partage des contraintes. Sans contrepartie financière, ils ont été mal accepté mais ont permis de préparer un dispositif pour les “contrats de val” du IX plan régional.

D’autres marchés recevront un ensemble d’actions (formation des hommes, réhabilitation des bourgs, productions forestières, ..) mais c’est avant tout la combinaison, avec les contrats de val, d’une planification spatiale et de la réalisation d’investissements qui répondra au souci de calquer sur la métropole-jardin et d’enrichir la recherche d’un mode d’habiter local. 61


Conflits d’intérêts entre politique locale et nationale, décentralisation, et disparité économique (entre le Sud de la Région Centre et la Loire Moyenne) ont fini par désacraliser les idées d’unification autour d’un même bien commun, pour concentrer les esprits vers des recherches d’actions et de financements41 séparées d’une vision d’ensemble. Ce qu’on peut lire au travers de la mise en œuvre du projet c’est en quelque sorte l’illustration d’une perte de la multidisciplinarité de la réflexion pour une entrée vers des registres plus spécialisés. C’est aussi ce que peut représenter le court passage d’une dénomination originelle utilisant des notions liées au territoire (métropole et jardin) vers des vocables plus ancrés dans les moyens de sa technique. 42 * Sur les dix années qui ont suivies l’approbation du schéma de la Loire Moyenne, les efforts se sont donc principalement concentrés sur des actions foncières (rachat public et valorisation d’espaces périurbains pour les loisirs ou le tourisme), sur l’aménagement hydraulique de la Loire (en contradiction avec le schéma d’origine puisque les levées engendreront l’urbanisation de zones encore inondables avant travaux), sur l’aide à l’agriculture, la mise en place de plans d’urbanisme (POS, SDAU, ..), et sur quelques actions en faveurs des liaisons routières et ferroviaires (avant tout des ponts). Cette mise en œuvre ne reflète que très partiellement les premières ambitions, mais nous permet en revanche de situer l’état d'appropriation du projet. Les efforts centrés à l’époque autour de l'aménagement du fleuve, de la préservation et la mise en valeur d’espaces de loisirs et de tourisme peuvent nous sembler être les précurseurs de l’image de marque actuelle du territoire ligérien (emblème contre lequel personne ne souhaiteraient s’opposer aujourd’hui). Cet ici un nouvel exemple de la structuration de cette région, autour de la prise de conscience d’une identité ligérienne, qu’a initié l’opération de la Métropole-Jardin. Si l’on peut regretter que beaucoup des thématiques qui faisaient l’originalité de la démarche n’aient pas été appropriées à leur juste titre, c’est d’autant plus vrai lorsqu’on mesure aujourd’hui la portée de ce qui en est resté. Certains des domaines que développait la Métropole-Jardin ont fait l’objet de tentatives, souvent vite échouées. C’est le cas par exemple du projet de MétroLoire : alors qu’on sait l’importance du rôle des liaisons tangibles dans l’existence d’un réseau de villes, beaucoup à été fait pour valoriser la voiture individuelle, au détriment du projet de desserte ferroviaire cadencée.

41 ! Principalement parmi les nouveaux moyens et pouvoirs de l’époque (contrats régionaux, plans ÉtatRégion, POS, mesure de protection des sites, etc...) 42

62

! Un bref passage par des concepts comme celui de technopole (1980 : ville ou agglomération à vocation de rassembler des activités recourant à l’innovation technologique et s’en servant pour orienter ses démarches d’aménagement) avant de revenir à des notions comme l’espace métropolitain qui, comme le relève l’étude sur les enjeux de la coopération métropolitaine au sein de l’aire ligérienne (phase 1 - p. 63), est une description aux contours beaucoup moins figés, une démarche beaucoup moins technique.


On peut regretter également l’absence, si ce n’est de concertation, au moins d’information du grand public, sans lequel la transformation du territoire ne peut se prolonger dans le temps. La diversité des acteurs appelés à répondre de cette question à fait défaut. Car s'il apparaît que le sujet soit essentiellement porté, pour ne pas dire en totalité, par des acteurs politiques et scientifiques de la région, n’apparaissent qu’à de rares exceptions des remarques sur la perception des habitants, des usagers ou autres “passagers” de la Loire. Elles peuvent être pourtant d’une grande justesse et d’une grande pertinence. Peu à été fait aussi en ce qui concerne la politique d’équilibre entre les grandes et petites villes, pourtant essentiel à la logique d’une urbanisation linéaire discontinue. Alors que les trois grandes villes de la région (Blois Orleans et Tours) ont pu mettre en valeur leur centre par l’intermédiaire de “contrats de villes-moyennes nationales” les petites villes, elles, n’ont fait le plus souvent que l’objet de recherches à titre expérimental.43 Même si le recensement de 1982 met en évidence une décroissance des villes principales au profit de leur périphéries éloignées en milieu rural, il semble que l’on assiste plutôt là au phénomène de rurbanisation se généralisant, plus qu’au réel “partage de la croissance“ que recherchait les premières intentions.

43

! L.Berry, “Loire Moyenne : où en est la métropole-jardin ?” in Réflexions et analyses - partie 3 : La Métropole-Jardin, dix ans après - OREAC, Orléans - 1986 63


Une image qui se construit par accumulation Aujourd’hui, le Val de Loire brille d’une renommée internationale avant tout fondée sur son paysage culturel évolutif et vivant.44 Mais d’autres images véhiculent au sein de cette région, liées aux enjeux territoriaux, sociaux et économiques qui la structurent et la positionnent à un niveau à la fois local et interrégional. Les diverses études effectuées depuis le début des années 90 portant sur le Valde-Loire, font d’une façon ou d’une autre référence au projet de la Métropole-Jardin. Soit en revenant par exemple sur une analyse de ce qui y était proposé, ou bien en s’en emparant comme point de départ avéré de leur réflexion. Les uns reprenant au goût du jour ce que d’autres avaient déjà sorti de l’oubli. Au travers d’elles c’est en quelque sorte une réactualisation permanente de la Métropole-Jardin. Une synthèse de ces études passées et leur mise en regard du projet initial, nous renseigne alors sur le débat actuel ; à partir de la connaissance des éléments qui sont appropriées, et de ceux qui ne le sont pas. La première phase de recherche d’une étude intitulée les enjeux d’une coopération métropolitaine sur l’aire ligérienne, confiée à l’Université de Tours par la Direction régionale de l’équipement en 2007 45 , montre une analyse des documents déjà produit autour du thème de la coopération, depuis celui de l’OREALM en 1974. (voir en annexe) Leur conclusion révèle premièrement la profusion de vocables servant à définir des démarches de coopération le plus souvent semblables, et deuxièmement l’accumulation de ces vocables au fil des terminaisons théoriques plus que leur réel renouvellement. Cela depuis l’émergence de ces concepts avec la Métropole-Jardin et jusqu’à ces dernières années et l’appel à coopération de la DATAR (2003). Loire Moyenne, Technopole ligérienne, MétroLoire, Métropole ligérienne, Espace métropolitain, Aire métropolitaine, Val de Loire : toutes ces notions, tous ces concepts s’appuient plus ou moins directement sur la Métropole-Jardin pour créer l’image du

64

44

! Définition selon la convention du patrimoine mondial : Les paysages culturels sont des biens culturels et représentent les “oeuvres conjuguées de l’homme et de la nature”. Ils illustrent l’évolution de la société humaine et son établissement au cours du temps, sous l’influence des contraintes physiques et/ou des possibilités présentées par leur environnement naturel et des forces sociales, économiques et culturelles successives, externes aussi bien qu’internes. Un paysage culturel évolutif “résulte d’une exigence à l’origine sociale, économique, administrative et/ou religieuse et a atteint sa forme actuelle par association et en réponse à son environnement naturel.” Un paysage vivant est un paysage qui conserve un rôle social actif dans la société contemporaine, étroitement associé au mode de vie traditionnel et dans lequel le processus évolutif continue.

45!

“Enjeux de la coopération métropolitaine au sein de l’aire ligérienne”, (phase 1 : nov. 2006 ; phase 2 : avril 2007 ; phase 3 : Juillet 2007) - CNRS, Université de Tours, UMR 6173 CITERES (Cités Territoires, Environnement et Sociétés)


Val. Or ce que semble en réalité traduire cette accumulation des termes c’est bien plus une image peu stable d’un ensemble ligérien, car jamais saisie de l’intérieur et non vécue. 46 Cette instabilité, signe d’une image fébrile, nous renvoie encore une fois à la confusion qui peut se faire entre métropolisation subie et métropolisation choisie. Cette dernière idée que semble véhiculée la Métropole-Jardin encore aujourd’hui pour les professionnels de la Région.47 Pourtant devant la difficile création d’une vision commune de l’aire ligérienne, beaucoup se refusent d’y voir un symbole qui pourrait être générateur d’une approche partagée. Un travail de reconnaissance du travail apporté par cette étude, compte tenu en plus de son contexte de formation, devrait, sans vouloir remettre la totalité des concepts à jour, pouvoir au contraire rétablir un regard plus juste sur le débat actuel. C’est ce qui pour une partie à été beaucoup plus intégré, mais sans doute trop isolé, dans le développement du patrimoine ligérien nommé par Carrière et Demazière48 comme un développement patrimoniopolitain.

46

! “Enjeux de la coopération métropolitaine au sein de l’aire ligérienne, Synthèse de la recherche” nov. 2007 - CNRS, Université de Tours

47 !

“Enjeux de la coopération métropolitaine au sein de l’aire ligérienne, Phase 1”, p.63-67 - nov. 2006 CNRS, Université de Tours

48!

“Développement et métropolisation”, rapport du colloque “La Loire, territoire de développement ? ” 2005 - UMR CNRS 6173 CITERES 65


Quelle “métropole” pour le Val-de-Loire ? La prise en compte récente de l’état de la recherche sur la coopération métropolitaine en Val de Loire marque la nécessité de se saisir de la question. Les différentes études sur ce sujet49 montrent la récurrence du questionnement sur ce qui est présent et que nous voyons se former depuis des années dans cette région, sur l’existence d’une certaine forme de métropole en Val-de-Loire. Si la question persiste, celle de la métropolisation ne se pose plus, mais il nous faut bien cerner se qui les distingue. À cela nous pourrons répondre qu’une région urbaine50 se dessine, poussée par cette métropolisation parfois subie mais aussi voulue sous d’autres formes, et qui tend vers un certain type de métropole. Les réseaux métropolitains qui se créent le long de cette région urbaine sont plus déterminés par des logiques sociales, politiques ou économiques que par un dessin morphologique bien défini ou instantané. En définissant ainsi les structures urbaines on transforme nos critères de perceptions puisque l’entité qui en résulte se précise maintenant au travers de phénomènes larges, aux frontières imprécises : la ville ne se conçoit plus alors comme un objet, une unité limitée, mais s’envisage aux travers de son histoire, dans une dimension sociale. Henri Lefebvre à été le premier à envisager la ville et l’espace sous ce point de vue. Sans doute les pensées marxistes qui l’ont suivi le pousseront à inscrire la ville dans un mouvement historique pour mieux la comprendre et à l’expliquer au travers

49

! On se réfère encore ici à la plus récente : “Enjeux de la coopération métropolitaine au sein de l’aire ligérienne”, UMR CNRS 6173 CITERES, qui montre une synthèse des études menées depuis les années 70 - voir tableau récapitulatif en annexe.

50!

Nous utilisons ici la notion de région urbaine en nous référant à la définition qu’en fait Alain Motte dans son ouvrage “les agglomérations françaises face aux défis métropolitains” - éd. Économica 2007, Paris La notion de région urbaine est utilisée par Alain Motte pour rendre compte de ce qu’il appelle une nouvelle échelle géographique, sur laquelle se construisent les réseaux politiques métropolitains, les logiques des activités économiques et sociales territoriales, susceptibles d’induire une action publique [plus locale]. Si la métropole est un espace urbanisé qui est caractérisable à partir du critère des relations internationales, [...] la région urbaine permet de caractériser un espace aggloméré de populations, résidences, activités économiques et sociales, mais sans que la nature spécifique des relations entretenues par les activités de cet espace avec l’extérieur soit précisée. Les régions urbaines ont émergés en France et en Europe comme des espaces dans lesquels se déploient les activités structurées par les processus de métropolisation. Or la région urbaine ne correspond pas aux limites administratives et politiques traditionnelles [...] la gestion des défis métropolitains peut être l’apanage de réseaux d’acteurs politiques locaux qui se fédèrent pour formuler une stratégie, ou résulter de l’action d’une instance politique supra-métropolitaine, ce qui est le cas en France, avec l’action de l’État. (On pensera notamment aux actions de la DATAR)

66


d’un processus d’urbanisation plus global.51 Aujourd’hui, quelle lecture du territoire ses idées nous offrent-elles ? Parmi les nouvelles formes de territoires qui ont émergé du processus d’urbanisation global, deux d’entres elles nous intéressent plus particulièrement car elles portent en elles l’essence de ce que l’on nomme encore ville. Ce sont les régions métropolitaines, qui se rattachent aux structures internationales, et les réseaux de villes, d’une portée plus régionale ou nationale et entrant dans un degré de complémentarité plus ou moins prononcé avec les grandes métropoles à mesure qu’ils se détachent de leur aire d’influence.52 Le réseau de ville en gestation en Val de Loire répond de ces nouvelles formes métropolitaines. Il possède un pouvoir plus faible du fait de sa moindre inscription au réseau mondial, mais se caractérise par une réelle possibilité pour l’avenir de cette région. Encore relativement dépendant des régions métropolitaines de Paris et de l’Ouest (Nantes - St Nazaire), ses potentiels résident dans la diversité et dans la qualité de sa structure paysagère. À la question d’une métropole en Val de Loire, la réponse du réseau de ville en est une qui s’inscrit dans le processus d’urbanisation de la vallée, dans l’histoire projetée de la Loire Moyenne, à commencer par celle de la Métropole-Jardin.

Le débat actuel Aujourd’hui, entre les principales villes de l’aire ligérienne l’idée de coopération métropolitaine est plus que jamais à l’ordre du jour. Et les discussions s’ouvrent aussi bien à l’extérieur que parmi les dirigeants locaux. Pour ces derniers il est surtout fait état actuellement d’une recherche de valorisation de la stratégie nationale et internationale de la vallée. Pour d’autres, si cette question paraît essentielle, elle ne doit pas laisser oublier de composer en complémentarité avec une réflexion plus territorialisée, plus au regard des conditions qui les relient au sol. Dans l’analyse, ces discours s’accorderont autour de trois faits qui semblent caractérisés pour partie l’aire ligérienne :

le rôle d’articulation entre l’île de France et le grand Ouest ; l’effet encore suprapolarisant de la proximité de Paris et la connexion directe de chacune des entités ligériennes ; la grande similitude entre les deux entités principales que sont tours et 51 !

Tout espace est pris, ou à été pris dans un processus d’urbanisation de grande envergure dont l’industrialisation est, pour Lefebvre, le déclencheur tant il offre les conditions et les moyens de l’urbanisation. De ce processus généralisé né deux phénomènes spatialement contradictoires : avec l’industrialisation s’est déclenchée une longue migration de la campagne vers la ville ainsi qu’une extension massive d’espaces urbains vers les campagnes.

52

! Pour continuer plus en détail sur ces définitions des régions métropolitaines et des réseaux de villes, on se référera au tome 3 de l’ouvrage “la Suisse - portrait urbain”, ed. Birkhauser, 2006 67


Orléans. L’interprétation la plus courante de ces caractéristiques met en défaut l’émergence d’une métropole régionale facilement saisissable par les habitants ou appréhendable vue de l’extérieur. Face à cela donc, deux positions se dégagent. Une première, plutôt portée par les acteurs politiques de la région et en premier lieu par l’actuelle coopération du Valde-Loire-Maine, tente de conforter la situation d’articulation interrégionale. Axé sur des thématiques de développement économique et de tourisme en réseau, cet espace de coopération ne repose pas sur des références territoriales. Il n’est d’ailleurs pas né d’un partage effectif, mais plus d’une alliance entre des agglomérations en quête de partenaire, isolées entre l’île de France et les aires métropolitaines voisines. Ce regard tourné vers le Nord et cette position d’articulation économique, ne permet pas d'affirmer de véritables lignes pour une forme ligérienne de développement métropolitain, ni à un autre niveau de renforcer la figure régionale, c’est à dire une accroche vers les franges Sud du Centre, pourtant promeut au cours des débats. Le cas de Tours est intéressant. Ne sachant que faire de sa relation ambigüe avec Orléans, l’agglomération chercha un temps à s’allier avec Angers et le réseau breton. Au court d’accords préliminaires, la DATAR a vivement refusé le regroupement de Tours plus à l’Ouest, de peur de voir s’éteindre toute chance de création d’un réseau ligérien au niveau de la Loire Moyenne et de laisser s’isoler Orléans. Cette première tentative ne suffira pas et, se refusant encore de se tourner vers la région Centre, la seconde démarche de coopération verra naître un accord entre Tours, le Mans, Laval, Alençon, Orléans et Blois. Cet ensemble regroupé sous le nom de coopération Val de Loire Maine se verra refuser lui aussi l’accès à la liste des aires métropolitaines de la DATAR, du fait d’une trop grande disparité territoriale. L’actuelle coopération n’est alors que le fruit d’une volonté des acteurs locaux, mais souffre d’une reconnaissance extérieure, permettant de l’inscrire dans une politique d’aménagement plus déterminante.

La seconde position voudrait voir l’émergence d’un processus de métropolisation profiter de la double polarité entre Orléans et Tours. De nombreux exemples nous montrent qu’une région se satisfait du partage entre plusieurs villes et que cette situation n’est pas en contradiction avec l’émergence d’une métropole forte (La Métropole Lyonnaise n’entrave pas la dynamique des agglomérations de Grenoble Saint Etienne et son rapprochement avec Genève laisse même présager d’un réseau de possibilité encore plus dynamique). C’est cette situation qui n’avait pas échappé aux premiers schémas d’aménagement, mais dès lors la posture est en opposition avec les trente dernières années qui ont vu les difficultés d'organisation et la dualité entre Tours et Orléans perdurées53. Les discussions qui vont dans ce sens s’appuient sur le rôle essentiel de l’armature urbaine régionale, portée par une concentration urbaine le long de l’axe ligérien et soutenant les quelques villes de moindre importance (Bourges, Vierzon et Châteauroux) plus au Sud, et voient dans la Loire Moyenne un puissant symbole de convergence. De ce fait, cette position apparaît essentiellement chez les aménageurs et chercheurs les plus aguerris d’une réalité 53 !

68

C.Demazière et S.Thibault, “Tours et Orléans, quelle métropolisation ?” in Villes en parallèle n°30-31 : Gouverner les métropoles - Nanterre: Laboratoire de géographie urbaine de l’Université de Paris X, 2000


ligérienne partagée, construite autour du fleuve, mais comme une réflexion souvent mis à l’écart par la réalité des actes. Il n’est à l’évidence pas facile de répondre à la question de l’appréhension d’une métropole régionale et encore moins d’un réseau urbain dans ce territoire. Une publication de S.Thibault54 laisse apparaitre les résultats d’une enquête sur les déplacements annuels et les lieux de fréquentation d’individus résidant dans la région orléanaise et l’agglomération tourangelle. Cette enquête montre que l’espace ligérien en tant qu’espace régional n’entre pas dans une échelle de fréquentation. Celle-ci aurait plutôt tendance à se répartir entre des lieux très proches de la résidence, et des lieux lointains. Mais “rarement apparaît une fréquentation de lieux correspondant à une échelle intermédiaire, celle régionale.”55 Ceci peut s’expliquer par le besoin d’occuper les temps de loisirs et de vacances par des activités débordantes, des départs lointains et fréquents, sans lesquels ils ne seraient plus appréciés en tant que tels. L’échelle de proximité détient une sorte de sentiment négatif, dans l’image qu'elle renvoie et qui ne s’accorde pas avec le dépaysement espéré. Les discours sur la relocalisation, les rythmes et la temporalité des modes d’habiter peuvent s’inviter ici pour nous aider à repenser les usages garant d’une reconnaissance de l’existence d’un réseau urbain.

Ceci intéresse les valeurs de ce qu’on peut appeler “la bonne échelle” et qui se rapporte aux interprétations successives qui ont été faites de la Métropole-Jardin. “La région urbaine correspond à une échelle d’intégration locale des jeux politiques et sociaux, qui oscille entre la région administrative et les communautés, l’une trop vaste et les autres constituant des espaces sans doute trop réduits par rapport aux enjeux métropolitains à réguler” nous dit Alain Motte56.

***

Entre héritage de la Métropole-Jardin et processus d’urbanisation inévitable, la métropolisation du Val de Loire nous pose le défi de conjuguer contraintes sociales, économiques et logistiques avec les logiques propres du territoire ligérien. Face à ces nouveaux défis, le débat actuel ne semble pouvoir se jouer de beaucoup d’issues quand à savoir s’il faut ou non intégrer les pratiques du quotidien à ces nouvelles formes de territoires et de villes en réseau. De plus, compte tenu du récent regain des remises en cause d’une idéologie basée sur la dépendance et la capitalisation de ressources limitées, ne serait-ce pas aussi l’occasion de pousser plus loin le débat et les imaginaires, et de rouvrir les recherches d’un nouveau possible ? 54! S.Thibault, “Loire métropole(s) ?” rapport du colloque La Loire, territoire de développement ? Tours, UMR CNRS 6173 CITERES (Cités Territoires, Environnement et Sociétés), 2005. 55 !

S.Thibault, ibid. - p.19

56!

A. Motte, “les agglomérations françaises face aux défis métropolitains” - éd. Économica - 2007, Paris. - p.255 69


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Conclusion : Le territoire en projet

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Les acquis La Métropole-Jardin à été le déclencheur à la fois d’une correspondance entre territoires, acteurs et projets, ainsi que d’une capitalisation des savoirs. Au travers d’analyses que l’étude a portées aussi bien sur les faits territoriaux et les sites de la Loire moyenne conceptualisés comme objets d’étude sociale, géographique et économique, elle apporte les clés de compréhension et de connaissance d’un territoire de projet bien particulier. La première contribution aura été de former le regard sur une autre échelle de projet. En montrant dès le début des années 70 pourquoi une réflexion de projet qui isole les agglomérations de Tours et Orléans dans leur seul développement engendrerait une déprise du territoire dans son ensemble, la Métropole-Jardin procède d’une ouverture vers la stratégie globale. L’aspect marquant qui en ressort est la scission qui est faite avec les rapports de hiérarchie qui prévalaient jusqu’alors. Dans le modèle classique des rapports de centralité comme celui de Walter Christaller, on conçoit facilement que les plus petites villes de la vallée de la Loire dépendent fortement des principales agglomérations. En voulant intégrer l’ensemble de la région dans une construction de projet, on dissout ce rapport dominant pour saisir une interaction possible ou chacune des parties apporte autant à l’ensemble, et où par extension les liens deviennent plus forts. C’est aussi ce vers quoi David Mangin nous invite encore aujourd’hui lorsqu’il appelle à passer du projet urbain au projet de territoire.57 Cette nouvelle échelle de projet pour le Val de Loire implique alors une interaction qui dépasse celle qui lie homme et nature pour s’intéresser au rapport projet/culture. C’est ce qui orientera le schéma vers ses principes d’une urbanisation linéaire discontinue. Le rapport projet/culture prend en considération les ressources locales du territoire (aussi bien humaines, physiques, agricoles, du savoir, patrimoniales) pour en faire le facteur décisif d’une nouvelle façon d’habiter le territoire ligérien. L’hypothèse de la Métropole-Jardin a voulu nous montrer également que la Loire Moyenne pouvait prétendre aux agréments d’une concentration urbaine “équivalente” aux métropoles, sans recours aux formes classiques d’aménagement. Plus difficilement concevable, cette notion fait appel aux logiques de mutualisation des équipements et des services et se rapporte aussi à l’aspect de qualité de vie qui se dégage particulièrement au sein de territoires comme celui qui nous concerne pour devenir l’une des raisons même de son aménagement. Enfin parmi les acquis qui engagent la connaissance particulière du Val de Loire comme territoire de projet, on retrouve de manière centrale une valorisation de l’observation du paysage. Il est question de faire du paysage un outil du projet urbain qui l’oriente, un outil qui dépasse ceux que peuvent être la densité bâtie des villages, la mixité des usages au sein des coupures vertes, le maillage séquencé de ville en ville, la fabrication de réserve foncière, pour en être le socle sur lequel repose l’ensemble du projet. 57

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! D.Mangin, “La ville franchisée” Paris : édition de la Villette, 2005 - p. 324


Bien au-delà du territoire ligérien, ces savoirs nous entraînent aussi à la compréhension de nouvelles formes de développement métropolitain. Comme l’annonçait certains des acteurs de la Métropole-Jardin, il semble important de s’ouvrir à une nouvelle forme émergente entre ville et région. C’est une logique d’autant plus forte qu’elle s’inscrit en amont du processus de projet. Ce n’est pas le schéma qui guide les actions vers la reconnaissance de ces nouvelles formes d’organisations, mais comme on l’a vu la scénarisation d’un autre possible qui prend acte de ce qui émerge sur le territoire. Avec cette reconnaissance avancée d’un renouveau de la ville sur le territoire on conçoit alors en quoi la Métropole-Jardin se positionne en alternative face à des modèles de développement en “vue” à l’époque. Ce sont ces modèles dont l’étude fera la critique et contre laquelle elle s’orientera pour soutenir les effets d’une métropolisation plus contenue.

Les limites Entre le contexte de production du projet et les approches actuelles, certains décalages nous renseignent sur les limites du schéma d'aménagement de la Métropole-Jardin. À la lecture des propositions, on ressent aujourd’hui les balbutiements d’une critique de la société productiviste dans ses implications sur le territoire et les modes de vies. On pourra noter tout de même certaines faiblesses dans le discours où la position n’est pas toujours tranchée entre le rejet d’une société progressiste et le recours à des techniques lourdes (centrales nucléaires, autoroutes) qui contredisent aujourd’hui les rapports de l’homme à son environnement. Les voies d’eau sont aussi un sujet de questionnement. La Loire prédominante dans l’histoire et la géographie de ce territoire, finit par se réduire à un simple trait, d’épaisseur constante, dans ce qui est la dernière référence détaillée du parti d’aménagement de la Métropole-Jardin. Dans tous les travaux la Loire est mentionnée comme un élément à réguler, à contrôler, mais ne fait l’objet d’une reconquête complète. On aménage ses berges, mais n’envisage jamais de considérer cette voie comme un lien physique entre les villes de la vallée. C’est pourtant d’elle que tout s’est construit et vers elle que les paysages se tournent. Rendant il est vrai un caractère instable et sauvage, on en oublie trop souvent, et ce fut le cas aussi pour la Métropole-Jardin, que la Loire à longtemps été le lieu d’une activité d’échange intense. On peut avoir une réflexion parallèle avec le val inondable et les franges urbaines. Dans l’hypothèse de la Métropole-Jardin, ces espaces font l’objet d’une préservation par l’acquisition de réserves foncières. Or par la suite, l’aménagement du fleuve et de ces abords pour le tourisme et les loisirs inciteront à des actions de

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restructuration des levées. Celles-ci dégageront alors de nouveaux espaces constructibles dans des zones autrefois facilement inondable ce qui portera un coup à la continuité d’espaces publics le long du fleuve et à la création des coupures vertes. Pour ces dernières il est difficilement concevable aujourd’hui qu’elle n’est pas été suivies par un réflexion sur les limites des grandes villes. Le maintien des coupures vertes ne résiste pas longtemps à la pression foncière et on l’a vu les réglementations qui les régissent alors (chartes, mise en place des POS) sont le plus souvent inefficaces puisque malléables en fonction des besoins grandissant.

La validité Au regard des apports du projet, il nous faut évaluer en quoi le travail de la Métropole-Jardin peut nous fournir des éléments encore valides pour projeter la ville aujourd’hui, et aussi plus particulièrement dans le cas du Val de Loire. Dans un cas général, on a pu observer à la fois la modernité méthodologique, souvent citée, l’approche d’une nouvelle forme métropolitaine, qui s’applique au Val de Loire mais que l’on peut retrouver dans bien d’autres cas. Enfin il faut aussi reconnaitre une autre avancée par rapport à la vision du projet territorial : Le changement de paradigme tant recherché aujourd’hui qui nous fait passer de la planification urbaine à l'urbanisme stratégique58 semble déjà présent dans la réflexion que porte la Métropole-Jardin. En effet, du contexte d’extension ou de tabula rasa de la planification, la Métropole-Jardin nous emmène vers celui du respect de l’existant des villes et des paysages. Lorsque la planification urbaine résonne des techniques dominantes autour du béton et de la voiture et des seuls champs d’intervention autour du Plan et des infrastructures, l’approche stratégique de la Métropole-Jardin tente de multiplier les techniques de communication et introduit d’autres champs d’exploration autour de la formation, de la culture, de l’économie et des modes d’habiter. Aux formes urbaines clonées de la planification, la Métropole-Jardin répond par l’adaptation de ses formes urbaines et d’habitat. Enfin, ses limites en matières d’impact sur l’évolution des formes urbaines se rapprochent aussi des faiblesses de la stratégie urbaine à insuffler un renouveau sans passer par un cercle décisionnel restreint, mais en valorisant un jeu d’acteurs complexifié. Pour ce qui est de la contribution plus particulière du Val de Loire, on peut surtout retenir l’intérêt d’une démarche fortement territorialisée, qui fait encore défaut aujourd’hui dans des conduites de projet similaires. La Métropole-Jardin nous aura montré que les conditions nécessaires à une construction métropolitaine en réseau sont accessibles au territoire de la Loire Moyenne. Elle aura prouver également que sa mise en œuvre est alors beaucoup plus délicate, et les démarches qui lui succéderont jusqu’aujourd’hui le confirmeront. On peut penser en effet, comme nous le font remarquer Christophe Demazière et Serge Thibault, que “les outils de 58!

74

J.Haëntjens, revue urbanisme n°372, mai-juin 2010, p.47


connaissance des territoires ne sont pas suffisamment forts et harmonisés sur l’axe”.59 Encore une fois nous plaiderons ici pour la reconnaissance du travail de la Métropole-Jardin comme construction d’un tel outil. Les difficultés que rencontre l’aire ligérienne à monter des projets de coopération peuvent s'apaiser dans une vision territorialisée de partage. L’analyse des apports de la production de la Métropole-Jardin, comparée aux approches actuelles, peut servir de base à cette “reconquête” des idées et de lien fédérateur autour d’une redécouverte des atouts du territoire. Aujourd’hui, en considérant la question de cette nouvelle coopération “élargie”, on est à même de s'interroger sur ce qu’est vraiment cette région urbaine et ce que pourrait être un schéma de métropolisation à l’échelle du Val-de-Loire. Il faudrait sans doute pour cela revenir sur les ressources du territoire comme base de réflexion du projet et questionner le passage de cette “région périmétropolitaine” à une véritable “ville-territoire”. Un certain nombres de conditions seront préalables, à commencer par une représentation partagée et actualisée des dynamiques ligériennes, et la réalisation d’une organisation originale des acteurs décisionnels et participatifs qui relève surement du défi méthodologique60 , mais qui peut présager d’une nouvelle renaissance pour cette région. L’Homme est grand dans le respect de ses faiblesses ; le Val-de Loire peut offrir un cadre de vie pérenne en se construisant dans un système de relation différent avec les métropoles de rang international, dans une approche intérieure plus ouverte aux logiques des réseaux urbains. Le travail effectué ici a souhaité comprendre les conditions de production d’un regard novateur comme celui de la Métropole-Jardin. Mais au delà, c’est une démarche qu’il faut prolonger, sur un processus de collecte et de redistribution des connaissances, pour soutenir la transition dans laquelle s’est engagé le Val-de-Loire et qui l’amène vers la constitution d’un véritable réseau de ville.

59 !

C.Demazière et S.Thibault : Tours et Orléans, quelle métropolisation ? in “Villes en parallèle : Gouverner les métropoles” - n°30-31, pp.229-248 - 2000 - Nanterre

60 !

G.Burgel : Contrat social ou constitution politique in “Villes en parallèle : Gouverner les métropoles” - n°30-31, pp.229-248 - 2000 - Nanterre 75


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Bibliographie Barthélemy (Adrienne). Une direction territoriale d’aménagement en Val-de-Loire : pertinence et prérequis. Projet de fin d’étude des AUE. Champs-sur-Marne: École des ponts, 2006. Berry (Lucas), Loire Moyenne : où en est la métropolejardin ? in Réflexions et analyses. Orléans : OREAC, 1986. Blanchon (Bernadette). Les paysagistes français de 1945 à 1975 in Les annales de la recherche urbaine. Paris : n°85, 2000. Burgel (Guy), Contrat social ou constitution politique in Villes en parallèle n°30-31 : Gouverner les métropoles. Nanterre: Laboratoire de géographie urbaine de l’Université de Paris X, 2000. Carrière (Jean-Paul) et Demazière (Christophe). Développement et métropolisation. rapport du colloque La Loire, territoire de développement ? Tours: UMR CNRS 6173 CITERES (Cités Territoires, Environnement et Sociétés), 2005. Cottour (Claude). Une brève histoire de l'aménagement de Paris et sa région La planification à l’échelle de la région parisienne. Paris : DREIF, septembre 2008, p. 69-74 http://www.ile-de-france.equipement.gouv.fr/IMG/pdf/ Chapitre4_de_Breve_histoire_de_amenagement_de_Pa ris_DREIF_Auteur_Claude_Cottour_cle05a227.pdf Demazière (Christophe) (sous la direction de). Enjeux de la coopération métropolitaine au sein de l’aire ligérienne. Tours: Citeres-UMR 6173 ; CNRS-Université de Tours, 2007 Demazière (Christophe) et Thibault (Serge). Tours et Orléans, quelle métropolisation ? in Villes en parallèle n°30-31 : Gouverner les métropoles. Nanterre: Laboratoire de géographie urbaine de l’Université de Paris X, 2000. Diener (Roger), Herzog (Jacques), de Meuron (Pierre), ETH Studio Basel Institut pour la ville contemporaine. La suisse, Portrait urbain (tome 1 à 3) Bâle : Birkhauser d’architecture, 2006. Faivre-Aublin (Cyrille), Mantzaras (Panos), Melemis (Steven). La ville-territoire in Journal de l’Archipel des Revues, 2003. consulté en ligne : http://multitudes.samizdat.net/ Laville-territoire

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Sites internet : http://eptp-loire.fr (site de l’établissement public Loire) http://ile-de-france.equipement.gouv.fr/rubrique.php3? id_rubrique=280 (site de présentation du SDAURP de 1965 - 1976) http://valdeloire.org (site du patrimoine mondial du Val-de-Loire)

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ANNEXES

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Synthèse des principales études, ou partenariats, de coopération autour de lʼaxe ligérien Tours/Orléans intitulé

MÉTROPOLEJARDIN Livre blanc

MÉTROPOLEJARDIN Schéma d’aménagement

synthèse stratégique de l’axe d’OrléansTours

date

1971

O.R.E.A.L.M. (organisation d’étude d’aménagement de la Loire Moyenne) Comité Interministériel d’Aménagement du Territoire (État)

1977

O.R.E.A.C. (organisation d’étude d’aménagement de la Région Centre) Conseil régional du Centre

Tours, Chinon, Blois, Orléans, Gien

Tours, Chinon, Blois, Orléans, Gien

principales caractéristiques Analyse territoriale : émiettement de l'action publique et des actions d'aménagement... Mise en place d'une région urbaine ; concrétisation d'une identité commune…

Démarche de métropolisation voulue Développement équilibré entre grande et petite commune…

thématiques abordées

paysage, patrimoine naturel, vie quotidienne, développement décentré, étalement urbain

Discontinuité urbaine; Protection et mise en valeur des paysages

INNOTECH

1991

Secrétariat Général pour les Affaires Régionales

Étudiants de l’ENPC

Étude de l’axe ligérien

1994

Plan Loire Nature

1994

L’aire ligérienne. Quels domaines d’excellence pour une vocation nationale et internationale ?

réalisation / agglomérations maître d’ouvrage concernées

Direction Régionale de l’Équipement

Propose de remettre au goût du jour les concepts structurés par la Métropole-Jardin Diagnostic de l’espace séquentiel de l’axe ligérien (comparaison avec Réseau de villes et la randstad), et proposition de coopération Tours, Blois, travail sur des associations transversales. Tourisme, Zones d’activités Orléans, Montargis en coopération, transport L’idée de conserver une certaine régionaux spécificité de chaque polarité est présente, pour palier le phénomène de ressemblance entre Tours et Orléans.

Prévention des risques

Bureau d’études TAD

1999

Secrétariat Général pour les Affaires Régionales

Tours, Blois, Orléans

Identification de domaines d’excellence. Diagnostic des outils (ou des manques d’outils) capables d’organiser une coopération interne et externe. Il est proposé de voir l’aire ligérienne comme une conséquence des projets stratégiques des territoires qui la composent, plutôt que comme la condition de leur expression.

Construction régionale, positionnement territorial

Source principale : Enjeux de la coopération métropolitaine au sein de lʼaire ligérienne ; première phase ; nov 2006 ; Citeres-UMR 6173 ; CNRS-Université de Tours

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intitulé

date

réalisation / agglomérations maître d’ouvrage concernées

principales caractéristiques

thématiques abordées

Reprend largement les éléments du projet de la "métropole-jardin" dans l'analyse.

L’espace ligérien sous influence du bassin parisien.

ECODEV Conseil

1999

Synthèse

Corridor île de France, Tours, Poitiers. Évaluation des enjeux territoriaux.

coopération Val de Loire Maine

enjeux de la coopération métropolitaine au sein de l’aire ligérienne

2003

Direction Régionale de l’Équipement

Centre d’Étude Technique de l’Équipement (CETE) Centre-Normandie

Bassin parisien (Sud surtout), Tours, Blois, Orléans, Poitiers, Direction Régionale de Chartres l’Équipement

Patrimoine Coopération interrégionnale Flux interagglomérations

Analyse des synergies, au sein de l’aire ligérienne, selon les domaines suivants : environnement - fonction d’échange - bassin économique savoir et recherche

Etudie et met en valeur les caractéristiques des infrastructures, comme structurantes du corridor. Importance notoire des flux physiques et de la notion de mobilité dans la construction d’un territoire corridor.

Construction d’un bassin parisien polycentrique Construction métropolitaine

Périmètre à la fois large et sélectif. Le principal but de cette coopération vient d’un intérêt exogène : peser plus au niveau positionnement national et Saumur, Tours, national, faire partie de la «liste» international Chinon, Blois, reconnue des métropoles Orléans, Alençon, Economie en réseau / françaises. Le Mans, Laval Tourisme Recherche de coopérations dans les secteurs économiques et du tourisme, un peu moins dans la recherche et les transports.

2006

2007

Tours, Chinon, Blois, Orléans

Diagnostic de l’espace ligérien selon des indices de métropolisation et de l’influence francilienne.

UMR CNRS 6173 CITERES (Cités Territoires, Environnement et Sociétés) CNRS Université de Tours Direction Régionale de l’Équipement

Source principale : Enjeux de la coopération métropolitaine au sein de lʼaire ligérienne ; première phase ; nov 2006 ; Citeres-UMR 6173 ; CNRS-Université de Tours

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Auteurs de la Métropole-Jardin Équipe de l’OREALM : Jacques d’Abbadie, ingénieur ponts et chaussée Michel Carlier, économiste Pierre Dauvergne, Paysagiste Claude Fabrizio, spécialiste des questions culturelles Pierre Falaise, géographe Jean Gougeon, sociologue Henri Robert, économiste Luka Svajberic, architecte urbaniste

Sous la direction de Donatien de Sesmaisons, en tant que directeur de l’OREALM Pierre Merlin, en tant que Chef du service régional de l’équipement du Centre

Auront participé également aux “Éléments pour un livre blanc” Jean-Michel Aubry Catherine Lacassagne

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