Mémoire de fin d'études_Master Thesis_HPL forever?

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HPL FOREVER ?!

Les produits stratifiés haute pression, passé et futur d’une filière technique.

Gonçalves Marco


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HPL FOREVER ?!

Les produits stratifiés haute pression, passé et futur d’une filière technique.

Gonçalves Marco Master 2 - Aout 2017 Travail de fin d’études Promoteur : Michaël Ghyoot Année académique 2016-2017

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Couverture: Illustration vectorisée - Contrôle/verification d’un panneau HPL Source: http://www.arpaindustriale.com/sites/default/files/download/arpa_corporate_presentation_2015.pdf

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Abstract:

Résumé du mémoire (5 lignes) Afin de relever ce défi et de s’insérer dans la problématique actuelle de l’économie des ressources, de sa gestion et de l’étude d’une filière potentielle de réemploi, il est essentiel d’avoir une documentation qui permette d’identifier les matériaux, comprendre les origines de leur émergence, leur évolution et leur influence et impact sur le bâti existant. Ce travail tente de se profiler comme un outil pour de futures recherches, en prenant la forme d’une esquisse globale de l’émergence des produits laminés (HPL)et d’un recueil de données technico-commerciaux de 1950-2000.

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Remerciements

Premièrement, je tiens à remercier mon promoteur Michaël Ghyoot, qui m’a accompagné tout au long de ce travail. J’ai retiré beaucoup, tant personnellement que pratiquement, suite à son accueil agréable ainsi qu’aux échanges riches et variés que nous avons pu partager. Ses conseils et pistes de réflexions habiles ont fortement contribué à l’élaboration de ce travail. Je tiens également à exprimer ma gratitude envers Anne-Sophie Marechal, Laure Deviaene, Irene Lund, Jerome Malevez et Anne Catherine Vanoverbeke qui m’ont permis de constituer une documentation riche afin d’alimenter mon travail, pour leur support et l’accueil chaleureux dont j’ai eu le privilège. Merci à toutes les personnes qui m’ont accordé un entretien lors de ces recherches. Cette recherche doit aussi beaucoup à des amis proches et au trinôme qui a partagé la fin des études avec moi qui a nourri et suivi ce travail à différents stades. Merci à Alexandros Pappas Nikolaos, Bastien Dullier, Camille Pigeolet, Zoé Gehin, Laurent Schmit et James Raymond Wright. Un merci particulier à ma mère, Duarte Isabelle, pour ton support inconditionnel depuis toujours ! Je ne peux pas passer sous silence l’implication inestimable et ma reconnaissance à ma complice et partenaire Morgane Bigonnet. Ta présence dans les moments les plus difficiles m’a permis d’avancer, tout comme nos échanges et discussions qui m’ont toujours inspiré. Merci pour ton soutien, ta patience et ton encouragement, sans lesquels cette route aurait été bien plus difficile !

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Figure 1: (Droite) Un bon exemple d’inaltérabilité est le district de Poste de police à Rotterdam Zuidplan. Aujourd’hui, il semble toujours aussi frais que lorsqu’il fut construit en 1988, en dépit du fait qu’elle est près d’une station de métro et d’une route principale. Les comparaisons de laboratoire prouvent de manière concluante que les couleurs originales de la façade ne se sont pas altérées. Les anciens échantillons de ce projet et les nouveaux échantillons de couleurs sont souvent présentés ensemble par l’équipe de vente. Source : Inspiring the World - Trespa Anniversary Book consulté sur: http://www.ravago.rs/Proizvodi/VentilisanaFasada/Trespa%20Anniversary%20Book.pdf / page 38-39 Figure 2: (Gauche) Le centre de càlcul a été construit dans le campus de l’Université de Barcelone en 1991 pour abriter les services informatiques de l’université. Le bâtiment a été revisiété en 2011 pour vérifier l’état des panneaux. Source: Think Trespa, 2012 “Des façades qui racontent une histoire”, n°1 consulté sur : http://www.trespa.com/nl/ documentation/exterior-panels?field_country_target_id=63&combine_documentation=

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Préface

25 Février 2017 à Batibouw, Salon international de la construction, la rénovation et l'aménagement Alors que j’essaye de m’orienter dans l’allée, j’entends un vendeur alpaguer des clients. Le Vendeur : Est-ce que vous pensez que ce matériau est neuf ? Il tient dans sa main un échantillon de “stratifié”1. Le Client, étonné de la question : Bah oui, il me semble bien. Le Vendeur, fièrement : Non monsieur ! Vous voyez cette photo ? Ce bâtiment, on l’a démonté il y a deux semaines. Il avait été érigé dans le sud de l’Espagne en 1997. C’est un échantillon de ses façades que vous tenez dans votre main. Ce panneau a donc 20 ans. Le client, perplexe et étonné, le compare avec les autres échantillons qui décorent le stand et le présentoir. Quel est donc ce matériau dont l’usure est invisible ? Leur brochure vante toutes ses qualités extraordinaires, rendues possible par la technologie de fabrication développée en interne : résistance aux intempéries, tenue irréprochable des coloris, facilité d’entretien et possibilités esthétiques infinies. Pour appuyer tout cela, l’entreprise offre une garantie de dix ans sur toutes ses gammes (et il y’en a !). Le stratifié serait-il donc inaltérable ? Comme le reste des matériaux de construction, il doit tout de même être fréquemment mis au rebut parmi d'autres déchets de construction et de démolition. Quelles sont alors les filières suivies par un matériau possédant de telles propriétés ? Et quelles alternatives pourraient être envisagées ? Se pourrait-il que ce caractère potentiellement "éternel" en fasse un bon candidat au réemploi et à des usages ininterrompus ? C'est l'une des questions auxquelles ce mémoire tente de répondre. Stratifié est le mot générique généralement employé pour désigner des panneaux HPL, l’acronyme de High Pressure Laminate.

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Table des matières Remerciements__________________________________________________________________________7 Préface___________________________________________________________________________________9 Introduction_____________________________________________________________________________13 Hypothèse de départ Méthodologie et Etat de l’Art

1. Genèse 2. Mais quel matériau choisir ? 3. Objectifs et contenu 4. Structuration de la recherche

Préambule contextuel, ou comment s’insérer dans la question du réemploi______________22 La question des déchets

1. Les flux de déchets 2. Echelle de Lansink et hiérarchie de traitement des déchets - notions 3. Vers une économie circulaire 4. Les raisons de la mise en rebut Le réemploi dans le paysage du traitement des déchets………………………..………………27 1. Un intérêt grandissant face au réemploi – Initiatives locales et globales 2. Etat actuel des choses et tendances Eléments d’analyse……………………………………………………………………………………32 1. Conditions de mise en place d’un marché de seconde-main 2. Déconstruction et inventaire 3. Eléments d’analyse

La transformation des thermodurcissables et fabrication des stratifiés décoratifs haute pression (HPL)_________________________________________________________35 Les polymères : Base des stratifiés

1. Les monomères 2. Des monomères aux polymères. 3. Les polymères 4. Les charges 5. La stratégie composite

Stratifié, “Laminé”, “lamelle-colle HPL” ?...................................................................................................41 1. Une multitude de matériaux 2. Une même stratégie 3. Types de panneaux stratifiés

Panneaux mélaminés (DPL) Sol stratifié haute pression Panneaux minces de stratifié décoratif haute pression à coller (HPL) Panneaux stratifiés décoratifs haute pression massifs minces (HPL) Panneaux stratifiés décoratifs haute pression massifs (HPL + HPWC)

4. Classification des panneaux HPL 5. Entretien et résistance aux intempéries 6. Traitement des panneaux après-usage. Conclusion________________________________________________________________________69

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L’histoire des stratifiés__________________________________________________________________71

Introduction Une brève histoire des plastiques……………………………………………………………………73 1. Du XIXe à la Première Guerre Mondiale 2. L’avènement de l’électricité et des thermodurcissables 3. L’ère des thermoplastiques 4. La robotisation et l’ère du perfectionnement

Les débuts du stratifié…………………………………………………………………………………77 1. L’ingrédient de base 2. La première feuille stratifiée décorative

De la première feuille stratifiée à l’entreprise de matériaux décoratifs Nouveau Produit

3. L’innovation majeure pour les stratifiés décoratifs haute pression Histoire de la résine mélaminée La mélamine

4. Matériaux de finitions, éléments protecteurs

L’après-guerre - le boom……………………………………………………………………………...85 1. Usage et Usure 2. Discours technico-commercial en Belgique 3. Effet de mode et applications nouvelles selon Formica Realwood® Skylark® Formica une expérience

4. Campagnes, Alliances et médias

Renouveau et Ateliers pour designers

5. Le Design

L’esthétique un critère variable pour le réemploi ?

6. Le progrès en matériaux synthétiques en Belgique La technique des travaux Belgian Plastics

La Crise « Synthétique » ……………………………………………………………………………..121

1. L’exposition universelle 1964 & Formica l’artificielle 2. Design élément clé 3. L’authenticité sur tous les fronts / Argument contre les matières synthétiques 4. Terminologie Normes /Certificats…………………………………………………………………………………..129 Cycle de vie et déchets produits…………………………………………………………………….133 Les marchés……………………………………………………………………………………………139 1. Le marché domestique 2. Expansion européenne 3. Mobilier en plastique 4. Architecture & Construction 5. Consommation - marché chiffré Trois catégories de marchés Coûts et proportion des matières premières Le marché des façades ventilées

Conclusion________________________________________________________________151 1. La disponibilité 2. La prévisibilité 3. La possibilité d’être décrit avec précision 4. L’appréciation esthétique 5. Les garanties juridiques 6. Pistes d’action pour le futur après-usage des stratifiés haute pression

Table des illustrations_____________________________________________________________________160 Bibliographie____________________________________________________________________________165 Recueil des documents technico-commerciaux________________________________________________175 Annexes

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Figure 3: (Haut) Stratifié pour les structures de transport - Arrêt de tramway à Hambourg; 1975 Figure 4: (Bas) Stratifié comme revêtemment dans les transports en commun Nouveaux intérieurs pour la première génération de trains ICE; 2006 Source: Schnexider, R. & Flagge, I. 2006, Original Resopal: die Ästhetik der Oberfläche = Original Resopal : the aesthetics of surface, Jovis, Berlin.p 67, 68-69

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INTRODUCTION « La société de consommation, où l’effet de concurrence exacerbé accentue l’impératif de renouvellement des marchés, contribue aussi à l’hyperchoix. Ce renouvellement passe par de larges effets de gammes, où les matériaux se trouvent alors déclinés à volonté et apparaissent sous des formes de plus en plus diversifiées. Nos sociétés industrielles sont incontestablement dans une période de transition, de mutation…Les raisonnements classiques autour de la matière, la perception traditionnelle et commune que nous en avions, en termes de classement, par exemple (bois, métal, plastiques, etc.) devient de moins en moins opérante. Les composants que nous manipulons sont de plus en plus « entre deux cases », deviennent inclassables, brouillent l’image de la vérité de la matière. Les matériaux s’imitent, se concurrencent, se substituent et…nous déboussolent !2 » Les matériaux dits nouveaux et “modernes” du XXe et XXIe siècle font partie de notre paysage quotidien, à tel point qu’on en oublierait qu’ils sont si récents. L’omniprésence des matières plastiques dans pratiquement tous les domaines, qui ont proliférées par une recherche continue d’applications innovantes, en a peut-être déjà perturbé plus d’un. Par perturbation, je veux faire référence à la propriété principale des matériaux plastiques qui est leur capacité formelle et esthétique de simuler toutes les surfaces, couleurs et textures. Un matériau “caméléon”, trompeur au premier contact visuel et dévoilé au toucher. Pour la génération née dans les années 1990, ou après, voire avant, les stratifiés décoratifs haute pression (HPL) passent sûrement inaperçus. Pourtant on les connaît, on a grandi avec, ils sont partout. On a peut-être même appris à apprécier leurs qualités fonctionnelles ou esthétiques sans nous en rendre compte. Lorsqu’on prend son café à la maison dans la cuisine, ils sont là. En terrasse en été, ces tables en sont faites, tout comme le comptoir du boulanger, du boucher, de l’opticien ou celui du bar du coin, où la chouffe au fût est à 2€ le vendredi soir. Lorsqu’on va à l’hôpital, l’accueil, les couloirs, les laboratoires, bureaux et chambres en sont recouverts. Tout comme les tablettes et l’intérieur de certains trains qu’on a pris pour visiter un peu, les étagères et vitrines des rues commerçantes ainsi que les nouvelles enseignes. Ou encore, sous ces bâches de chantier, qui laissent place à des façades colorées ou texturées. Ils sont mêmes dans nos toilettes, nous offrant une intimité au moment de se soulager. Hypothèse de départ Ce matériau plastique, sous toutes ses formes, est avant tout un composite à base de papier kraft, ou de fibres de bois, saturé de résines thermodurcissables polymérisées, le tout compressé à haute température. On peut le classer en différentes catégories, néanmoins, toutes sont constituées selon le même principe : une matrice résineuse renforcée par une charge. On les trouve alors en panneaux minces, appliqués sur des dérivés de bois, comme l’aggloméré ou le contreplaqué, ou en panneaux autoportants, compacts et épais. La part des matières plastiques dans le paysage des matériaux de construction n’est que minime. Cependant, rapportées à la proportion entière de la production des plastiques, elles deviennent

Kula D., Ternaux E., 2008, « Hyperchoix », dans Materiology : l'essentiel sur les matériaux et technologies à l'usage des créateurs, Basel, Berlin, Boston : Birkhäuser, p.314

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Figure 5: Stratifié dans les immeubles de bureaux 1. Unité murale dans un bureau 2. Bureau à plan-libre chez DEMAG, Wetter / Ruhr 3. Modèle de bois Resopal dans un bureau de secrétaire Source: Schneider, R. & Flagge, I. 2006, Original Resopal: die Ästhetik der Oberfläche; Original Resopal : the aesthetics of surface, Jovis, Berlin.

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Figure 6: Stratifié dans les magasins Figure 7: L’utilisation du stratifié dans la cuisine Publicité AEG 1960 Source: Schneider, R. & Flagge, I. 2006, Original Resopal: die Ästhetik der Oberfläche; Original Resopal : the aesthetics of surface, Jovis, Berlin.p 71,111


Figure 8: Revêtemment de la cuisine,en stratifié - Plans de travail et surface verticales en stratifié décoratif Formica Source : Formica forever, 2013, Formica Corporation, Cincinnati, Ohio;New York, NY;.page 164-165 Figure 9: (Bas gauche) Stratifié dans les installations sportives - Piscine de 1970 (Bas droite) WC en stratifié Source: Schneider, R. & Flagge, I. 2006, Original Resopal: die Ästhetik der Oberfläche = Original Resopal : the aesthetics of surface, Jovis, Berlin.p 67,75

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Figure 10: Façade en stratifiés décoratifs HPL massifs de Resoapl - Claus En Kaan Architecten: Leo Polak House, Amsterdam, 2005 Source: Schneider, R. & Flagge, I. 2006, Original Resopal: die Ästhetik der Oberfläche = Original Resopal : the aesthetics of surface, Jovis, Berlin.p 165

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considérables. Près de la moitié du PVC consommé en France l’est pour la construction3. Il en va de même pour les thermodurcissables, qui à eux seuls représentent 20 % des plastiques mis en œuvre dans le bâtiment4. De plus, le taux de recyclage de ces plastiques est très faible et ne concerne pratiquement pas les déchets d’usage. Les thermodurcissables, de leur côté, ne sont pratiquement pas recyclés et le seul débouché aux matières qui le sont est de les utiliser comme charge après broyage5. Si l’on ajoute à cela la grande difficulté de séparation des matériaux composites, qui empêche leur recyclage en filière spécifique, on imagine aisément l’extrême situation dans laquelle se trouve un matériau composite à base de plastique thermodurcissable. Derrière l'image de matériaux immuables et éternels, les stratifiés décoratifs posent néanmoins de grandes questions quant à leur traitement en fin de vie et leur impact futur. Comme si l'image d'un éternel présent leur permettait de se dédouaner vis-à-vis de leurs responsabilités futures. Apparus dans les années 1910, ils ont rencontré un essor considérable grâce à l’amélioration de leurs propriétés fonctionnelles menant à une multiplication de leurs applications et à une variation toujours plus grande de coloris, motifs et textures. Dans le paradigme industriel et commercial, adopté par notre société, du “prêt à jeter” et de “l’obsolescence programmée”, dans lequel les objets ou leurs composants sont impérativement manipulés afin de réduire leur durée de vie, on assisterait ici au contraire. Robuste comme peu d’autres, ce matériau semble n’avoir évolué que dans le sens d’une résistance toujours améliorée, restée argument de vente principal. Quel est alors le futur pour les stratifiés décoratifs haute pression dont l’usure est quasiment “imperceptible” ? Leur démontage et réinstallation semble presque logique et incontestable, mais la réalité actuelle est toute autre. Arrivés au terme de leur usage, ils sont tout simplement enfouis ou, pour quelques chanceux, incinérés, faisant alors l’objet d’une valorisation énergétique. Quel gâchis diriez-vous ? Mon approche vise à appréhender l’origine et l’évolution de ce matériau afin d’examiner son futur traitement. L’hypothèse de cette recherche est qu’il existe un gisement de stratifiés décoratifs haute pression, présent dans le patrimoine bâti et que celui-ci constitue une source exploitable à long terme. Par une analyse technico-commerciale et historique, ce travail cherche à déterminer si les produits stratifiés ont les qualités qui en feraient de bons candidats au réemploi. Méthodologie et Etat de l’Art 1. Genèse C’est à la suite d’un travail en atelier, sur la problématique du réemploi des matériaux de construction, que j’ai souhaité développer cette recherche. Elle se profile comme une tentative de confronter un matériau spécifique aux questions que posent l’hypothèse de la création d’une filière de seconde main.

Bertolini G., 1998, « Matériaux plus modernes : leur après-usage reste problématique, et certaines formulations sont remises en cause », dans, Déchets et Design : Les ambassadeurs du futur, Grenoble, Société Alpine de Publication. p.90 4 Ibid. 5 Ibid. 3

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« Panneaux de revêtement et sandwich Si les panneaux décoratifs et de revêtement étaient déjà utilisés avant la seconde guerre mondiale, il fallut attendre 1945 pour en voir la production véritablement exploser. Cette évolution fut favorisée par les progrès en matière de techniques de production (ex. traitement du bois et améliorations apportées dans les colles synthétiques), ainsi que par de nouvelles tendances architecturales. De nouvelles typologies de construction et des éléments comme les murs-rideaux et les murs de séparation incorporaient des panneaux sandwich, des panneaux de revêtement et des plaques. Ces panneaux clairs et colorés fournirent un aspect distinct aux façades et à l’intérieur des bâtiments d’après-guerre et définirent ainsi en partie le modernisme architectural. Tout au long de l’après-guerre, et en particulier pendant les années 1960, les fabricants proposèrent une vaste gamme de produits pour répondre aux diverses tendances et exigences fonctionnelles. De nombreux panneaux furent fabriqués en matériaux divers tels que (chutes de) bois, amiante ciment, gypse, lin, plastique dur ou laminé. Ils étaient généralement produits à base de résine synthétique, de ciment ou d’un autre agent liant, et pouvaient être recouverts d’émail, de mélamine, de placage, de cellulose ou de peinture. Dans de nombreux cas, plusieurs couches de matériaux identiques ou différents étaient combinées afin d’augmenter des caractéristiques spécifiques. Les fonctions que devaient remplir ces panneaux à une ou plusieurs couches étaient nombreuses : outre les aspects décoratifs, des caractéristiques comme une bonne capacité d’isolation thermique et acoustique, un poids léger, la rapidité d’installation, un faible coût, l’imperméabilité, la facilité d’entretien, la stabilité de forme et de couleur et la durabilité étaient fortement appréciées. Les panneaux de revêtement et les panneaux sandwich semblent être devenus la panacée dans l’architecture d’après-guerre en Belgique.»7

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Lors de ce premier exercice, mes camarades et moi-même, avions posé l’hypothèse de l’insertion d’un centre de réemploi dans la Région de Bruxelles-Capitale. Des rencontres avec quelques acteurs du marché existant en Wallonie et des recherches, à la fois théoriques et formelles, nous avaient menées à la spatialisation d’un tel centre. Il s’agit ici de poursuivre l’étude de cette problématique, dans une approche plus documentaire et ciblée. 2. Mais quel matériau choisir ? Le réemploi est une pratique qui vise à réutiliser un élément spécifique dans son intégrité physique, avec le moins de manipulation possible. La distinction par matière n’est donc, dans ce cas, pas pertinente. En outre, identifier un matériau dans notre contexte est devenu compliqué suite au développement pléthorique de nouveaux matériaux et aux limites rendues floues par la généralisation des brevets. Ainsi, certains matériaux se déclinent en une diversité aussi grande que le nombre de ses producteurs. Un ouvrage, “Matériaux de construction d’après-guerre dans l’habitation à Bruxelles 1945-1975”6, publié par la VUB en 2015, vise justement à documenter ces matériaux et a pris le rôle de point de départ dans ma recherche. Il constitue, en effet, une source intéressante afin d’identifier et d’évaluer rapidement si un matériau, ses quantités présumées et caractéristiques, s’annoncent prometteuses et s’il est judicieux d’entamer des recherches plus poussées. L’introduction d’un paragraphe en particulier a été le déclencheur du choix des HPL. Après la lecture complète de ce chapitre ainsi qu’une première recherche rapide concernant les produits laminés, le constat a été frappant. Les panneaux de revêtement, comme les stratifiés haute pression (HPL), sont très résistants dans le temps et constituent donc un matériau intéressant pour lequel développer une hypothèse de réutilisation. [CITATION]7 3. Objectifs et contenu L’ambition de base était de documenter et décortiquer les aspects culturels, sociaux, techniques, économiques, environnementaux ainsi que l’usage et les quantités injectées dans le marché belge afin de développer cette hypothèse et de répondre à la question : Comment fournir aux architectes, aux concepteurs et aux constructeurs de Bruxelles des éléments stratifiés haut pression (HPL) d’occasion d’une manière stable et prévisible ? Suite à l’évolution des recherches menées, ce travail prend plutôt la forme d’une esquisse globale de l’émergence des produits laminés (HPL), afin de démêler dans ces éléments historiques des indices, des facteurs et des critères susceptibles d'étayer (ou d'infirmer) l'hypothèse de l'établissement d'une filière de réemploi pour ces éléments. La première partie permet de remettre l’objet de cette recherche dans le contexte général du réemploi, et de questionner la manière de s’insérer dans cette problématique. La deuxième partie donne les premiers éléments techniques afin de saisir ce que sont techniquement les stratifiés et de leur donner une première grande catégorisation. Enfin, la dernière partie tentera de présenter une Voorde, S.V.d., Bertels, I. & Wouters, I. 2015, “Post-war building materials in housing in Brussels 1945-1975: Naoorlogse bouwmaterialen in woningen in Brussel 1945-1975 = Matériaux de construction d'après-guerre dans l'habitation à Bruxelles 1945-1975”, Vrije Universiteit Brussel, Brussel. 7 Voorde, S.V.d., Bertels, I. & Wouters, I. 2015, Post-war building materials in housing in Brussels 1945-1975: Naoorlogse bouwmaterialen in woningen in Brussel 1945-1975 = Matériaux de construction d'après-guerre dans l'habitation à Bruxelles 1945-1975, Vrije Universiteit Brussel, Brussel. p.297-299 6

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« Grâce à leur propriété de servir de baromètre d’une culture constructive et de tendances spatio-temporelles particulières, les revues d’architecture et de la construction sont de plus en plus reconnues dans la recherche scientifique et historique en tant que source à considérer…Par rapport à d’autres sources d’information, telles que des livres ou des catalogues, les revues peuvent être considérées comme un moyen de diffusion presque immédiat et continu, actuel et hétérogène. Depuis son émergence au cours du 19ème siècle, la presse périodique spécialisée s’est développée pendant le siècle passé en tant que forum pour l’échange de l’information et de la connaissance entre les différents acteurs de l’industrie de la construction…les pages de publicités servirent de tribune pour d’autres acteurs tels que les entreprises, producteurs ou fournisseurs. »8

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histoire des stratifiés, articulée avec celle, d’une part des plastiques, et d’autre part d’un cas d’étude : l’entreprise Formica Group. Le texte se termine par une reprise de l’hypothèse principale au regard des recherches effectuées et exposées dans ces trois parties. 4. Structuration de la recherche L’ouvrage “ Matériaux de construction d’après-guerre” a également été un point de départ à l’égard de la structuration de ma recherche et du choix de mes sources. Les auteurs y expliquent, en effet, la nécessité de documenter et analyser ces matériaux afin d’en évaluer et d’en saisir les valeurs architecturales, esthétiques, économiques et historiques. Tandis que leur objectif est de fournir une base afin de rénover ou transformer correctement les bâtiments d’après-guerre, dans notre cas, il s’agit de s’intéresser à, et de préparer, la libération de ces éléments constructifs. Malgré cette différence de visée, l’argument reste pertinent et le raisonnement de ce travail sera donc calqué sur cette approche. En effet, afin de s’insérer dans la problématique actuelle de l’économie des ressources, leur gestion et l’étude potentielle de filières de réemploi, il est essentiel d’avoir une documentation qui permette d’identifier les matériaux, comprendre les origines de leur émergence, leur évolution et leur influence et impact sur le bâti existant. D’autre part, les auteurs s’appliquent à analyser l’apparition des matériaux et techniques du bâtiment dans la presse spécialisée d’architecture, entre 1945 et 1975. On suivra la même procédure de récolte d’informations et plusieurs revues se feront alors le reflet de la place des laminés haute pression dans le monde de la construction. De ce point de vue, cette étude peut être considérée comme une prolongation d’un des thèmes abordés dans cet ouvrage. [CITATION]8 Une documentation technico-commerciale viendra compléter cette première approche. Pour cela, j’ai effectué une récolte assez vaste dans différentes bibliothèques, archives et fonds, en Belgique francophone. A la suite d’échanges avec des individus rencontrés lors de mes recherches, j’ai pu faire le constat personnel que la documentation technico-commerciale connaissait actuellement un effacement. Ce phénomène m’a convaincu de l’importance de conserver ces archives et explique la prépondérance qu’elle a prise dans mon travail, notamment au travers de l’Annexe technico-commerciale, recueil des éléments que j’ai pu trouver. Enfin, et pour pouvoir accéder à certaines données tenues secrètes ou difficiles d’accès, j’ai pris contact avec les représentants des plus gros producteurs et fournisseurs de panneaux laminés. Certains d’entre eux ont répondu à mon appel et ont accepté de me rencontrer et de me fournir des informations essentielles. Ce travail tente, ainsi, de mettre en place un recueil francophone non exhaustif, couvrant les années 1950 à 2000, des données technico commerciales ainsi que des articles sur les produits laminés distribués en Belgique. Cette documentation permettra, en la croisant avec une analyse historique de l’évolution des produits laminés, d’avoir une vue globale ainsi que d’en tirer des conclusions sur les tendances, les changements sociaux et culturels, ainsi que l’évolution technique, les qualités et critères mis en avant au fil du temps. Par ce travail, de multiples aspects de cet élément de construction seront interrogés et il nous permettra d’identifier toutes les sous-questions qu’une telle étude implique. J’espère vivement que cette base pourra servir à de futures recherches ou à toute personne souhaitant retrouver des documents concernant les laminés hautes pressions. 8 Van de Voorde, S., Bertels, I. & Wouters, I. 2015. La culture constructive d'après-guerre à travers une analyse de revues spécialisées. Panorama des matériaux et techniques du logement bruxellois. In: Deuxième Congrès Francophone d'Histoire de la Construction.pp213

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Préambule contextuel, ou comment s’insérer dans la question du réemploi Ce préambule vise à introduire le contexte général dans lequel s’implante cette recherche. Il a aussi pour ambition de cadrer les notions de base qu’elle implique et de poser les jalons de l’analyse qui sera menée par la suite. Ainsi, l’on s’attardera sur la place que prend la question du réemploi aujourd’hui dans les institutions et dans la problématique plus large de l’économie circulaire. On s’attachera ensuite à définir et décrire le contexte du marché du réemploi et à donner un aperçu des différents types d’issus entrainés par une extraction de matière par dé-construction. Enfin, on analysera les conditions de mise en place d’un marché de seconde-main ainsi que les critères pouvant freiner ou favoriser un réemploi, et auxquels il faudra donc porter une attention accrue. 1. La question des déchets La question du réemploi touche à la fois aux politiques, tant européennes que régionales, qu’au besoin de gestion des déchets issus du domaine de la construction. Les flux de déchets Les flux de déchets de construction représentent 40,2% des déchets produits chaque année. En 2014, selon les données de Statistics Belgium sur la production de déchets, la Belgique aurait généré un peu moins de 66 millions de tonnes de déchets. Les déchets du secteur de la construction représentaient à eux seuls environ 26 millions de tonnes, soit un peu plus du tiers. Par ailleurs, on observe un phénomène d’accroissement puisqu’en l’espace de dix ans, entre 2004 et 2014, le taux de production de ces déchets a plus que doublé. (11millions de tonnes en 2004 pour 26 millions de tonnes en 2014).9 « Parallèlement à ces chiffres, d’après l’étude “métabolisme urbain de la Région de Bruxelles” réalisée en 2014, la construction est un secteur consommateur en ressources (20% des flux entrants), produisant une grande quantité de déchets (près de 34% des déchets non-ménagers de la Région) et présentant le plus grand stock (environ 84% de la masse totale) de matière de la région. »10 D’après Bruxelles Environnent, le flux actuel des déchets de construction et démolition est estimé à plus ou moins 650 000 tonnes par an. Le pourcentage de recyclage s’élève à environ 85 % ce qui laisse donc 15% de déchets non-recyclés. Ce qui représente environ 100 000 tonnes par an, soit plus ou moins 100 kg par habitant et par an11. Je ne garantis pas que ces chiffres reflètent l’état des choses en 2015 puisque cette information a également été transmise quatre ans auparavant dans la « Fiche 4.3 : La gestion des déchets du 9 Statistics Belgium, Production de déchets, lien : http://statbel.fgov.be/fr/statistiques/chiffres/environnement/dechets/production/ consulté le 30 mars 2017 10 PREC, 2016, Construction, Situation actuelle, lien : http://document.environnement.brussels/opac_css/elecfile/PROG_160308_PREC_DEF_FR Consulté le 10 juillet., p 33 11 Breels S, 2015, Formation Bâtiment Durable, lien : http://www.environnement.brussels/sites/default/files/user_files/pres_20150310_chan_2_1gdech_fr.pdf consulté le 10 juillet 2017.,page 7

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secteur de la construction »12. Cela nous permet, néanmoins, d’avoir un ordre de grandeur concernant l’impact général des déchets de construction de la RBC. La gestion de ces flux et l’évaluation de leur recyclage est, en outre, freinée par différents éléments. A ce sujet, l’interview que j’ai menée avec Sven de Meuter, représentant de l’entreprise bruxelloise “De Meuter Recycling”, spécialisée dans la démolition et le tri ainsi que le recyclage de certains déchets, est édifiant. L’un d’eux porte sur la classification des déchets. Actuellement, en Belgique, seules deux distinctions sont faites lors de l’établissement des règles incombant à ce type d’acteurs : les déchets ménagers d’un côté, les déchets professionnels de l’autre. Les déchets de construction sont donc, selon qu’ils proviennent d’une entreprise ou d’un particulier, soumis aux mêmes procédures et règlementations que les déchets ménagers ou les déchets professionnels. Ceci crée des complications dans les chaines de tri et peuvent gêner le recyclage. “Le législateur quand il fait sa stratégie de déchets, il pense à deux types de déchets : 1. Déchets ménagers et 2. Les déchets professionnel/industriel, ça c’est les deux types de déchets. Pour les deux types il va créer des guidelines, des objectifs, des procédures, des obligations légales comme la collecte sélective, et pour moi c’est bon qu’on fasse la distinction d’un déchet ménager et d’un déchet industriel. Je trouve que le déchet de construction, on devrait le régler séparément.”13 Un autre frein, en Belgique, est le fait que la question des déchets est une compétence régionale. Ce qui entraine de nombreuses incompatibilités et aberrations, puisque nous sommes, par conséquent, en présence de trois interprétations différentes de mêmes directives européennes. Sven de Meuter décrit notamment l’obligation de collectes sélectives, dans l’optique d’un recyclage, émanant de l’une d’elles. Alors que celle-ci a été mise en place afin d’en harmoniser le tout, l’interprétation des trois régions est différente. La Flandre impose 18 flux à récolter séparément, tandis qu’à Bruxelles on en trouve 15 et en Wallonie seulement 14. Le tout comportant évidemment des exceptions qui diffèrent. “Je parle de l’enlèvement sélectif des déchets pour des professionnels, donc pas les particuliers. En Flandre, il y a 18 flux à récolter séparément, il y a des exceptions. Bruxelles en a 15, ils ont oublié l’amiante, ça arrive, ça crée seulement du cancer mais ça arrive. En Wallonie ils ont identifiés 14 flux et les exceptions sont aussi différentes. Donc c’est pas du tout cohérent… L’Europe qui veut homogénéiser un peu mais comme c’est traduit différemment dans les trois régions, c’est n’importe quoi.”14 Echelle de Lansink et hiérarchie de traitement des déchets - notions L’Union Européenne est donc un des législateurs clé des déchets. C’est par sa directive de 2008 qu’elle a posé le premier cadre de leur gestion15. Celle-ci établissait dans un premier temps une hiérarchie des modes de traitement de déchets basé sur l’échelle de Lansink (prévention, 12 Rapport technique « Bâtiments exemplaires », gestion des déchets : cadre règlementaire & contexte du marché, lien : http://document.environnement.brussels/opac_css/elecfile/IF_BATEX_Fiche4.3._Dechets_FR.pdf consulté le 10 juillet 2017, p.4 13 Ibid. 14 De Meuter S., 9 Novembre 2016, Interview dans le cadre d’une mission pour une étude du métabolisme urbain bruxellois. 15 19 novembre 2008, Directive 2008/98/CE du parlement européen et du conseil, relative aux déchets et abrogeant certaines directives, http://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=LEGISSUM:ev0010

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réutilisation, recyclage, valorisation et élimination). En outre, elle introduisait d’autres principes et concepts, tel que le pollueur-payeur ou la responsabilité élargie du producteur. Elle imposait des obligations légales, pour les producteurs ou détenteurs de déchets comme pour les autorités nationales compétentes, et des contrôles. Elle a également établi une distinction entre les déchets et les sous-produits. “Un sous-produit est le résultat d’un processus de production dont il n’était pas le but premier.”16 L’échelle de Lansink et les définitions données par la Commission Européenne nous permettront de poser les bases des notions de traitement de déchets, tout en nous permettant d’appréhender les grandes catégories qu’elles dessinent. Dans l’ordre de priorité, cette échelle préconise en premier lieu la prévention, puis la réutilisation, le recyclage, la valorisation et enfin la mise en décharge. La prévention est définie comme les mesures prises avant qu’une substance, une matière ou un produit ne devienne un déchet17. Elle vise donc à réduire la quantité de déchets, les effets sur l’environnement et la santé humaine ainsi que la teneur en substances nocives des matières et produits. Pour ce qui est de la “réutilisation”, l’échelle est réinterprétée et le terme est ainsi remplacé par la “préparation au réemploi”. On retiendra donc, dans un premier temps, l’appartenance du terme réemploi à cette catégorie, qui englobe toutes les démarches de prolongation d’usage une fois que quelqu’un se détache d’un produit, élément ou composant. D’autre part, elle souligne que le réemploi ne s’applique qu’à des éléments n’ayant pas le statut de déchets18. De ce point de vue, on pourrait donc considérer que cette pratique incorpore également la notion de prévention. Elle définit le réemploi comme les opérations par lesquels un produit ou composant est réutilisé pour un usage identique à celui pour lequel il avait été conçu19.Cette définition est néanmoins sujette à controverse. En effet, d’autres commentateurs tendent à la questionner et démontrer les limites finalement assez floues qui peuvent exister entre le réemploi et la réutilisation20. Le réemploi étant finalement fortement lié à la réutilisation, il serait absurde que sa définition impose une limite qui empêche d’utiliser des éléments à d’autres fins. Nous retiendrons donc celle que nous avons déjà énoncée en introduction ; c’est-à-dire, une pratique qui vise à réutiliser un élément spécifique dans son intégrité physique, avec le moins de manipulation possible. Le recyclage englobe, toujours d’après cette directive, toute opération de valorisation par laquelle les déchets sont retraités en produits, matières ou substances aux fins de leur fonction initiale ou à d’autres fins21. En d’autres termes, il s’agit, à partir d’un produit ou d’une matière d’en refaire une matière première exploitable par le biais d’une opération de transformation; par exemple, lorsque De Meuter concasse du béton pour en refaire des agrégats qui rentreront dans la production de nouveaux bétons. Cette pratique a été fortement encouragée depuis la fin des années 1980, voire

Ibid. Ibid. 18 Ibid. 19 Ibid. 20 Ref. Déchets et design 21 19 novembre 2008, Directive 2008/98/CE du parlement européen et du conseil, relative aux déchets et abrogeant certaines directives, http://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=LEGISSUM:ev0010 16 17

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même avant, et est longtemps apparue comme la seule alternative à la mise en décharge qui devenait alors problématique. La valorisation, de son côté, comprend toute opération qui a pour résultat d’utiliser à des fins utiles des déchets, en cela elle comprend le remplacement d’autres matières22. On peut citer en guise d’exemple l’incinération avec récupération énergétique ou encore le remplacement de boues d’épuration ou de farines animales dans les fours à ciment, dont la combustion libère des composants qui se mêlent au clinker et lui confère certaines propriétés recherchées. Enfin, l’élimination désigne toute opération qui n’est pas de la valorisation, même lorsque celle-ci a comme conséquence secondaire la récupération de substances ou d’énergie23. L’enfouissement et la mise en décharge en sont des exemples, tout comme le déversement en mer ou encore le lagunage. Malgré cette hiérarchie qui vise à favoriser certains traitements par rapport à d’autre, cette directive encourageait plus le recyclage que les autres méthodes et notamment la réutilisation. Elle fixait, en effet, un taux à atteindre, d’ici 2020, de recyclage de la masse des déchets ménagers (50%) et des déchets de construction / démolition (70%). Néanmoins, il semble que celle-ci a tout de même éveillé, ou s’est fait le reflet, d’un intérêt de la part de différentes institutions publiques pour la valorisation et la prévention des déchets dans le secteur de la construction. Des études de faisabilité concernant le réemploi de matériaux de construction ont ainsi fait jour. C’est le cas de la région de Bruxelles-Capitale, de la London Legacy Development Corporation ou encore de la région métropolitaine de Chicago. En Belgique, c’est Rotor asbl24 qui a été commissionné pour une étude de la situation existante et de faisabilité. En Angleterre, The Architecture Foundation25 a été sélectionnée pour faire une recherche sur les initiatives existantes. Aux Etats-Unis c’est l’association Delta Institute26 qui a été choisie. Vers une économie circulaire En décembre 2015, la Commission Européenne annonçait un nouveau plan d’action27 qui visait à mettre à jour sa directive européenne sur les déchets de 2008. Elle se faisait alors le reflet du véritable changement de paradigme auquel nous assistons aujourd’hui. Celui-ci porte sur le statut même des déchets et prend sa source dans l’avènement de l’économie circulaire. Ainsi, les préoccupations se tournent davantage vers le maintien en circulation des ressources et l’économie que celles-ci peuvent engendrer. Certains échelons locaux n’ont cependant pas attendu ce plan européen pour l’économie circulaire, comme le montre les différents programmes stratégiques de développement des Régions Flamande, Vlaams Materialenprogramma28 et Visie 205029, Wallonne, Plan Marshall 4.030, et de Bruxelles-Capitale, Programme Régional en Economie Circulaire Ibid. Ibid. 24 Rotor, Pré-étude en vue de la création d'une filière des matériaux de déconstruction en économie sociale. Inventaire des matériaux, analyse des traitements, et modèles logistiques possibles, Rotor asbl, 2008-2009, 25 Ichioka S, Lascelles M, Dec 2012, Creating closed loop systems in meanwhile construction, Learning from others : Material Recycling and reuse projects, The Architecture Foundation. 26 Delta Institute, Building material reuse warehouse: Feasibility study for Cook County, October 2016 27 Commission Européene, dec 2015, ANNEXE to the : Closing the loop - An EU action plan for the Circular Economy, lien: http://eur-lex.europa.eu/resource.html?uri=cellar:8a8ef5e8-99a0-11e5-b3b701aa75ed71a1.0012.03/DOC_3&format=HTML&lang=EN&parentUrn=COM:2015:614:FIN 28 OVAM, http://www.vlaamsmaterialenprogramma.be/ 29 Vlaanderen, http://www.vlaanderen.be/nl/vlaamse-regering/visie-2050 30 Wallonie, Plan Marshall 4.0, http://planmarshall.wallonie.be/le-plan-0 22 23

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(PREC)31. Ces initiatives percolent et des acteurs influents dans certains domaines sont ainsi mis à contribution et commencent à poser les bases de nouveaux modes opératoires. C’est le cas du CSTC et de la Confédération Construction de Bruxelles-Capitale qui ont publié en février 2017 un Innovation Paper, intitulé “Construire circulaire - Vers une économie circulaire dans la construction”32. Ils y décortiquent les principes de l’économie circulaire, son application au champ de la construction et recense les exemples de ces “bonnes pratiques”. Nous ne nous attarderons pas sur la critique de ces théories. Nous nous contenterons d’en tirer les idées intéressantes pour comprendre ce phénomène et les réflexions favorables qu’elles engendrent sur la question des déchets et notamment dans le domaine de la construction. Le principe fondateur de l’économie circulaire repose sur le questionnement de notre économie de consommation face aux enjeux environnementaux grandissants. Il pose le théorème du passage d’une économie linéaire, basée sur le modèle “Extraire-Fabriquer-Consommer-Jeter”33, à une économie dite circulaire, allongeant la durée de vie des produits. Il s’agit donc de passer d’une démarche de gestion des déchets à une démarche de gestion des ressources et de transformer le flux actuel des déchets en sous-produits. Dans cette perspective, il s’agit de conserver, voire de tirer profit, de la valeur de ces sous-produits. Cela passe par différentes modifications de notre économie, de nos manières de concevoir et de notre rapport aux biens de consommation. Il induit, d’une part, de favoriser l’usage le plus long possible, ou la multiplicité d’usages, des matières et produits. D’autre part, il invite à repenser notre rapport aux produits, de leur conception, en passant par leur entretien et leur durée de vie, à leur traitement en fin de vie. Pour cela, différentes méthodes sont proposées dont le principe général est de minimiser les transformations des produits, de créer des synergies entre industries et de porter une attention accrue à la composition des produits, en minimisant les éléments toxiques pour maximiser leur potentiel de réutilisation, de compostage ou de recyclage. Dans ce paysage, les villes endossent un rôle important, voire décisif. Elles devront remplacer les mines traditionnelles qui se tarissent. Cette théorie corollaire à l’économie circulaire se nomme Urban Mining. Elle implique de ne plus considérer nos produits comme des biens mais comme des gisements de ressources. C’est vers cela que tendent à aller, non seulement les politiques intergouvernementales mais aussi régionales. L’Union Européenne a ainsi soutenu le projet “Building as Material Bank” (BAMB), démontrant cette volonté. Bien qu’il ne s’agisse que d’une base de données concernant différents matériaux, ce projet représente tout de même un exemple de cette modification dans la terminologie employée. Du côté de la Région de Bruxelles-Capitale, un projet FEDER d’une durée de six ans a été lancé en 2016, le BBSM, “ Le Bâti bruxellois: source de nouveaux matériaux”, également témoin de ce tournant. Les raisons de la mise en rebut L’application de ces théories d’économie circulaire au domaine de la construction fait croitre l’attention portée aux méthodes de mises en œuvre, aux choix des matériaux et surtout, à la réduction des démolitions au profit du réaménagement et de la reconversion. Bruxelles Environnement, http://document.environnement.brussels/opac_css/elecfile/PROG_160308_PREC_DEF_FR 32 Romnée A. et Vrijders, J., février 2017, “Construire circulaire - Vers une économie circulaire dans la construction”, Innovation paper, CSTC et Confédération Construction Bruxelles-Capitale, dans le cadre de la Guidance Technologique Eco-construction et Développement Durable en Région de Bruxelles-Capitale, avec le soutien d’InnovIRIS. 33 Ibid. 31

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En effet, le taux actuel d’obsolescence des bâtiments mène de nombreux matériaux de construction à être traités comme des déchets. Outre les facteurs de spéculation immobilière, ce déclassement peut également survenir à cause de l’évolution des usages, des exigences de performances ou des normes. Des chercheurs britanniques ce sont penchés sur la question et ont classés les raisons de la mise au rebut de nos produits, ils en énoncent quatre types34. Le premier surviendrait lorsque l’objet est détérioré à tel point qu’il ne peut plus remplir sa fonction initiale. On parlerait alors d’un objet dégradé35. Le deuxième se produirait lorsqu’un produit fonctionne toujours tel qu’il a été conçu mais qu’un nouvel arrivé sur le marché, plus attractif, le déclasserait et rendant ainsi l’objet initial inférieur36. Le troisième surviendrait lorsque les besoins de l’utilisateur ont changé et que le produit ne présenterait plus la même valeur aux yeux du propriétaire. L’objet serait alors inadapté37. Enfin, le quatrième concerne les situations où un produit, fonctionnant toujours très bien, n’aurait plus de valeur aux yeux de personne. Il serait alors indésiré38. Ceci pourrait arriver à cause d’effets de mode ou de modification de législation, ou encore lors de la découverte de la toxicité d’un élément sur l’environnement ou la santé. Les éléments de construction issus de démolition ou de construction conservent probablement leur intégrité technique mais la plupart sont recyclés, incinérés ou simplement mis en décharge. Dans certaines situations, des éléments de construction inadaptés ou inférieurs pourraient présenter un potentiel de réutilisation. Encourager le développement de telles filières semblent effectivement intéressantes puisqu’elles permettraient de réduire l’impact à la fois de la production de matériaux neufs mais aussi du traitement que ces éléments recevraient une fois devenus des déchets. Il ne s’agit pas de tout traiter ainsi, selon les cas certains éléments ne pourront pas l’être. Au contraire, il s’agit de compléter les traitements que l’on applique déjà et d’établir, comme le préconise l’échelle de Lansink, une hiérarchie des modes de traitement, où la réutilisation est préférée au recyclage, qui est préféré à l’incinération, qui elle-même est préférée à la mise en décharge. On verra que les intérêts économiques peuvent mettre cette hiérarchie en branle et rendre le développement de filières de réutilisation non-prioritaire. 2. Le réemploi dans le paysage du traitement des déchets. Un intérêt grandissant face au réemploi – Initiatives locales et globales Ces dernières années, des études de revalorisation de matériaux de construction et de déchets variés, moins spécifiques, ont vu le jour. Il s’agit d’études théoriques, techniques ou d’expérimentations plutôt artistiques ou constructives à visées démonstratives. Dans cet ordre d’idée on peut citer les travaux du « Rural Studio », « Encore Heureux », « Recetas Urbanas » et « SuperUse Studios ». Leurs projets sont en effet plutôt démonstratifs ou expérimentales et présentent bien souvent des solutions uniques dans leur genre et nonreproductibles.

Allwood J.M., Cullen J.M., 2012, “Sustainable Materials - With Both Eyes Open”, UIT Cambridge Ltd. Ibid. 36 Ibid. 37 Ibid. 38 Ibid. 34 35

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Degraded failure occurs when the product has deteriorated so can no longer perform its original function. For clothing and textiles, this obviously relates to clothes being worn out, but for metal goods, it relates primarily to surface wear (damage when two metal surfaces slide over each other) but may also occur due to fire damage, fatigue cracks (growing after repetitive cycles of loading and unloading) or over-loading or impact. Inferior failure occurs when the original product is still functioning as designed, but a newer product is more attractive. Flared purple trousers of the 1970’s have largely met this failure mode, and it is also common in computing and telecommunications due to the rate of innovation. For steel and aluminum goods, this mode often drives replacement decision for cars and machinery. Unsuitable failure occurs when the users’ needs have changed so that the original product is no longer as valuable to the existing owner. In clothing and textiles this failure mode occurs when (for some reason) the clothing no longer fits the owner, and perhaps relatedly, a two-seater car is of little value to a couple with a new baby. Changing customer behaviour could drive unsuitable failures in many contexts, public transport for example, or electrical distribution, or when a building no longer meets a tenant’s needs. Unsuitable failure relates to the value of the: product to its current owner, but other owners may value it differently. Unwanted failure occurs when a product still functions well, but is valued neither by its current owner, nor any other. It may occur due to changes in fashion, or due to legislation: for example, legislation which now favours double hulls in an effort to reduce the risk of oil spills has caused early replacement of single hulled oil tankers, which continue to operate according to their original design, but are now unwanted.

Figure 11: Tableau de raison de mise en rebut Source: Allwood J.M., Cullen J.M., 2012, “Sustainable Materials - With Both Eyes Open”, UIT Cambridge Ltd.

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« Matière grise »39, « Learning from others : Material recycling and reuse projects40 », « Design for Reuse primer »41 et « Old to New : Design Guide, Salvaged Building materials in new construction »42, de leur côté, sont des exemples de publications plus théoriques et techniques. Ils se présentent comme des recherches et des réflexions ou alors plutôt comme de la documentation de pratiques existantes. Ceux-ci cherchent à faire le point sur différents aspects de la question de revalorisation de matériaux de construction, les possibilités, les aboutissements et limites de certains matériaux, projets ou cadres réglementaires. Un intérêt existe donc déjà face au potentiel que représente cette revalorisation mais beaucoup de choses restent à entreprendre pour qui voudrait encourager cette pratique et la généraliser. Outre le frein majeur d’ordre législatif, il faudrait, par exemple, promouvoir les initiatives existantes, par une plateforme accessible sur le web, mettre en réseau les acteurs, réfléchir à des procédures ou des actions pour inciter ou mettre en place une ou plusieurs stratégies de réemploi. A Bruxelles, une initiative dans ce sens a d’ailleurs vu le jour très récemment. La « Plateforme des Acteurs pour le Réemploi des éléments de construction » a été initiée par une petite vingtaine d’entités aux profils variés : centres de recherche, fédérations, acteurs du secteur associatif, professionnels du bâtiment, distributeurs de matériaux, organismes de formation, institutions publiques, etc.43 Cette plateforme a pour objectif d’offrir un point de contact, un relais pour les acteurs de terrain confrontés à la question ainsi que d’aborder et soulever les principaux obstacles au développement de filières de réemploi. Cette proximité tente d’initier de nouvelles collaborations et de mener des actions de diffusion des cas d’étude afin de rendre compte des pratiques existantes et ainsi de sensibiliser les acteurs du monde de la construction. Etat actuel des choses et tendances Dans les faits, le réemploi de matériaux de construction est une pratique qui a été courante en Belgique, et qui est encore relativement bien représentée de nos jours. Dans le répertoire d’Opalis, une étude réalisée pour la Région de Bruxelles capitale par Rotor asbl, on peut voir la pluralité de services et d’entreprises spécialisées dans la revente de matériaux et d’éléments issus de chantiers de démolition ou de rénovation. On peut ainsi facilement déterminer les matériaux prédominants utilisés dans la construction en Belgique. Il faut prendre en compte que la matérialité et les modes constructifs des bâtiments ont changé au fil des années. Cela se reflète notamment dans le stock de ces fournisseurs et dans les discours qu’ils tiennent sur l’évolution de leurs activités.

39 Choppin, J., Delon, N., Ghyoot, M. & Encore heureux (Firm) 2014, Matière grise: matériaux/réemploi/architecture, Pavillon de l'Arsenal, Paris. 40 Ichioka S, Lascelles M, Dec 2012, Creating closed loop systems in meanwhile construction, Learning from others : Material Recycling and reuse projects, The Architecture Foundation. 41 Public Architecture, 2011, Design for Reuse Primer: 15 Successful Reuse Projects within Different Sectors Explored In-depth 42 Kernan P, MAIBC, Jan 2002, Old to New: Design Guide, Salvaged building materials in new construction, pour : Greater Vancouver Regional District (GVRD), Policy & Planning Department, lien: http://www.lifecyclebuilding.org/docs/Old%20to%20New%20Design%20Guide.pdf consulté le 10 Juillet 2017. 43 CCBC, Collaborations, Plateforme des Acteurs pour le réemploi des éléments de construction à Bruxelles, lien: http://www.confederatiebouw.be/bruxellescapitale/frbe/collaborations/plateformedesacteurspourler%C3%A9emploides%C3%A9lementsdeconstruction%C3%A0bruxell es.aspx consulté le 11 Juillet 2017.

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Figure 12: Rotor Deconstruction, demontage PNB Paribas Fortis Photo: Rotor asbl

Figure 13: Démantèlements à l’unstitut du génie civil (Joseph Moutschen, 1937) par Rotor Déconstruction (2014) Liège Photo: Olivier Bréart

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Les nouveaux systèmes constructifs ainsi que la qualité insuffisante des maisons construites en Belgique après 1950, selon « Croisade Pauvreté »44 une asbl qui fournit des matériaux très bon marché depuis 24 ans, seraient à exclure de la pratique du réemploi due à la qualité et la quantité récupérable trop faible. Vu la qualité du bâti belge, on comprend rapidement le caractère plutôt exceptionnel des déconstructions, lentes ou semi lentes.45 Aujourd’hui cette économie de matériaux de seconde main est mise à mal, suite à une mondialisation de plus en plus forte qui a renversé les pratiques de consommation. Ainsi, là où avant un ouvrier, un bricoleur du dimanche, un architecte ou un entrepreneur spécialisé se fournissait pour certains éléments constructifs dans le marché de matériaux de seconde main pour l’attractivité économique des produits, aujourd’hui, ces mêmes clients, pour le même critère de budget, se tournent plutôt vers des matériaux neufs. Ceux-ci étant la plupart du temps issus d’une importation depuis d’autres pays parfois très lointains comme la Chine. (Place Flagey !) Un second frein se trouve dans l’augmentation des contrôles de la main d’œuvre employée et dans la mise en place de taxes transitoires routières. Les petites entreprises qui opéraient jusqu’alors, et qui avait pour habitude d’avoir leur propre entreprise de démolition pour se fournir en matériaux et éléments de construction, se retrouvent ainsi contraintes de modifier leurs modes opératoires ou même d’abandonner une part de leurs activités. De moins en moins de ces revendeurs se fournissent eux-mêmes et la récupération ainsi que le traitement font l’objet de sous-traitances. Cette tendance augmente, non-seulement les allers-retours de certains produits, mais aussi les frais engendrés, aggravant ainsi la non-rentabilité de la démarche. Cet état de choses mène les revendeurs à privilégier la revente de matériaux ayant une haute valeur architecturale ou patrimoniale. La concurrence des matériaux et des constructions neuves se présente ainsi comme un frein au développement du réemploi. Ce facteur économique est essentiel à prendre en compte et serait même l’enjeu majeur dans le domaine46. L’optimisation des déconstructions doit en effet pouvoir rendre le coût d’une construction en matériaux de seconde-main attractif par rapport au marché “traditionnel”. Cette optimisation peut se situer en amont des constructions neuves, en opérant des choix constructifs prévoyant le démontage, ou dans le bâti existant, en documentant et étudiant les matériaux, leur histoire et leur mise en œuvre. Malgré ces difficultés, plusieurs plateformes favorisant ou proposant des éléments de secondemain existent. Ils représentent ainsi un autre marché parfois moins spécifiquement dédié aux matériaux de construction et donnant des indications favorisant l’usage de ce type de matériaux. Certaines ne sont que des plateformes de petites annonces dans lesquelles on peut trouver des matériaux de construction, c’est le cas d’e-bay47, Kapaza48 ou 2ememain49. D’autres sont entièrement dédiés à ce type de biens. Youbric50 en est un exemple, tout comme Opalis.be, qui prend la forme d’un annuaire recensant les revendeurs professionnels de matériaux de construction à travers toute la Belgique. Il présente aussi des conseils sur les matériaux de réemploi Croisade Pauvreté asbl, récupère et commercialise des matériaux de constructions, éléments et mobilier. Leurs prix défiant toute concurrence à des personnes dans le besoin, fait partie de objectifs de l’association qui travaille notamment avec des bénévoles. 45 Ghyoot, M. & Decuypere, T. 2009, Aperçu des pratiques de réutilisation des déchets dans la construction: possibilités, opportunités et limites, p. 20 46 Romnée A. et Vrijders, J., février 2017, “Construire circulaire - Vers une économie circulaire dans la construction”, Innovation paper, CSTC et Confédération Construction Bruxelles-Capitale, dans le cadre de la Guidance Technologique Eco-construction et Développement Durable en Région de Bruxelles-Capitale, avec le soutien d’InnovIRIS 47 Ebay, http://www.ebay.be/ 48 Kapaza, http://www.recherche-sites.com/kapaza-s957.html 49 2ème main, https://www.2ememain.be/ 50 Youbric, http://beta.youbric.be/fr/ 44

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et leur utilisation, ainsi que des clauses particulières de cahier des charges pour cinq matériaux spécifiques. 3. Eléments d’analyse Conditions de mise en place d’un marché de seconde-main Pour qu’un matériau de construction puisse faire l’objet du développement d’un marché de seconde-main, plusieurs éléments sont nécessaires. Le CSTC pose trois conditions essentielles qui sont la disponibilité, l’attractivité et la certification. “Créer un marché pour les stocks récupérés signifie que les matériaux réutilisés doivent être suffisamment disponibles, attractifs et entièrement certifiés comme aptes à l’emploi.” Dans sa thèse, “Le concepteur et les matériaux”, Michaël Ghyoot en énumère cinq qui complètent ce tableau. La comparaison aux matériaux neufs, ainsi que la confrontation à une situation concrète, lui permet de tirer ces caractéristiques principales. “(…) la disponibilité, la prévisibilité, la possibilité d'être décrit avec précision, l'appréciation esthétique et les garanties juridiques sont les cinq caractéristiques principales qui sont attendues d'un matériau de construction.”51 Ces conditions nécessitent donc dans un premier temps de pouvoir évaluer le gisement du matériau pour lequel on souhaite développer une filière de récupération et de revente. En outre, une analyse plus socio-culturelle, appuyée sur des documents technico-commerciale permettra d’évaluer le potentiel attractif et esthétique des stratifiés et de collecter des éléments pouvant servir à la description de ceux-ci dans un cahier des charges. Il sera également nécessaire de porter une attention accrue aux questions des responsabilités, ainsi qu’aux brevets et garanties. Enfin, les normes peuvent également avoir un impact sur la possibilité de réemploi, puisque leur évolution peut rendre certains éléments impossibles à mettre en œuvre de nouveau. Déconstruction et inventaire Le réemploi et sa préparation implique de pouvoir puiser les matériaux à leur source. Dans ce sens, et depuis plusieurs années, des acteurs de ce domaine tentent de convaincre de la nécessité de déconstruire sélectivement les matériaux plutôt que de démolir les bâtiments. Encourager le démantèlement au détriment de la démolition implique de trouver les arguments pour convaincre les maitres d’ouvrage de l’avantage qu’il représente. Une évaluation en amont de la prise de décision de la démolition ou de la reconversion peut permettre d’en trouver mais aussi de favoriser une meilleure gestion générale des déchets de chantier. Pour ce faire, plusieurs acteurs, tentent de convaincre depuis plusieurs années de la pertinence d’imposer un inventaire des matériaux avant toute opération sur le bâti. En effet, s’il nous est possible grâce aux moyens numériques d’anticiper la récolte des données pour les matériaux à mettre en œuvre, l’identification des matériaux dans le bâti existant reste problématique.

Ghyoot, M. & Genard, J. 2014, Le concepteur et les matériaux de construction: éléments de réflexion pour une reconfiguration des circuits de l'économie matérielle par les pratiques architecturales contemporaines, p.25

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Cet inventaire, également appelé audit pré-démolition, doit permettre d’évaluer le potentiel matériel et valorisable des éléments présents afin de déterminer la meilleure option. Elle peut ainsi démontrer l’intérêt d’une déconstruction sélective en comparaison d’une démolition. La déconstruction sélective est une méthode qui s’oppose à celles des démolitions classiques et mécanisées, où l’on privilégie la rapidité avec le moins de main d’œuvre possible. Elle vise à démonter les matériaux afin de les récupérer dans leur intégrité physique, ce qui permet, d’une part, de mieux trier les déchets et, d’autre part, de récolter les éléments qu’on pourra éventuellement réemployer. A la suite de cette démarche, il faudra déterminer la meilleure issue pour ces matériaux. Il s’agira alors de faire un choix entre le recyclage, le réemploi ou la refabrication. La refabrication, appelée aussi la remanufacture, est un procédé qui vise à remettre un élément usagé au niveau de qualité d’un nouvel élément qui devra alors satisfaire aux spécifications de l’élément d’origine52. Elle diffère de la remise à neuf ou de la préparation au réemploi puisque ceux-ci visent plutôt à obtenir une qualité acceptable, avec des traitements moins profonds. Il s’agit dans ces cas-là d’opérations plus esthétiques et superficielles comme la pose d’un nouveau revêtement ou d’une couche de peinture. La refabrication peut concerner, par exemple, des éléments complexes comme des châssis dont certains composants devront être changés. Une étude en amont, et par matériau, permettant de poser les bases de la reconnaissance des matériaux et évaluant les filières potentielles et à favoriser facilitera donc ce travail. Pour pouvoir évaluer ces potentiels matériels différents critères devront être pris en compte. Le critère économique sera déterminant et impliquera d’effectuer une comparaison du coût de la préparation au réemploi par rapport à un matériau neuf. Comme on l’a vu cette condition est devenue plutôt difficile à remplir. Les critères techniques permettront de déterminer si le matériau n’est pas toxique, s’il a conservé ses propriétés mécaniques et esthétiques, s’il peut être facilement manipulé, transporté et stocké et s’il présente une facilité de démontage et de remise en œuvre. Une bonne connaissance des matériaux, de leur composition, de leurs évolutions, de leur mode d’usure ainsi que la collecte de fiches techniques illustrant les types d’assemblage (réversible ou non), pourra grandement faciliter cette étude. En ce qui nous concerne, ces éléments et l’attention qui leur seront portés, permettra d’identifier les caractéristiques pouvant freiner ou favoriser le réemploi des stratifiés.

52 Romnée A. et Vrijders, J., février 2017, “Construire circulaire - Vers une économie circulaire dans la construction”, Innovation paper, CSTC et Confédération Construction Bruxelles-Capitale, dans le cadre de la Guidance Technologique Eco-construction et Développement Durable en Région de Bruxelles-Capitale, avec le soutien d’InnovIRIS.

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LES EMBALLAGES PLASTIQUES : DE LA FABRICATION A LA VALORISATION

Certains polymères sont également associés afin d’obtenir une complémentarité des propriétés finales voire même une synergie. Si l’association des polymères s’effectue au niveau moléculaire (microscopique), on parle d’alliages de polymères ; si l’association est au niveau macroscopique, on parle alors de complexes.

4. Fabrication et transformation La grande majorité des polymères est actuellement élaborée à partir du pétrole selon le 4

Naphte

Monomère

Réactions de polymérisation

Polymère

Pétrole brut

Raffinage

 Additifs

Transformation

Vapocraquage

4.1. Le raffinage et le vapocraquage Figure 14 : Schéma distillation Le pétrole brutdeest raffinéduetpétrole. donne différentes fractions après distillation. La fraction Source: Hoyet, N, 2013 « Le cas particulier des ou polymères » dans, et architecture durable : fabrication d’essences légères, appelée naphte naphta, est Matériaux isolée pour être ensuite « craquée » et transformations, propriétés physiques et architecturales, approche environnementale, Paris, Dunod, p. 194 (distillée) à la vapeur. Cette opération permet d’obtenir les molécules chimiques Figure 15 : Schéma deà fabrication et transformation des polymères indispensables la fabrication des polymères, les monomères: éthylène, propylène, Source: 1991, Les emballages plastriques : De la fabrication a la valorisation, Cercle national du recyclage consulté le butadiène, ... 10 juillet sur : https://www.cercle-recyclage.asso.fr/images/stories/politique-nationale/pdf/plastique.pdf

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4.2. Les ré actions de polymé risation


La transformation des thermodurcissables et fabrication des stratifiés décoratifs haute pression (HPL) Cette deuxième partie vise à donner les bases, techniques et chimiques des matériaux composites. Elle pose également les premier éléments de définition et de catégorisation générale des stratifiés qui permettront de donner au lecteur les clés nécessaires à la compréhension de ce matériau particulier.

Les polymères : Base des stratifiés «(les plastiques) utilisés dans les aménagements intérieurs, en revêtement de sols, de plafonds ou de murs, ou en éléments de mobilier introduisent l’univers artificiel dans l’espace architectural avec toute sa richesse de composition. Les effets sont décuplés avec les nouveaux polymères qui jouent de couleurs transparentes, opaques, brillantes ou mates, et de textures pailletées, voire élastiques et molles. »53 Pour saisir les grandes propriétés des matières plastiques et les transformations qui rentrent dans la fabrication des stratifiés haute pression décoratifs, il est nécessaire d’aborder quelques notions chimiques élémentaires. « Les composants nécessaires à la fabrication des plastiques sont extraits de différentes substances naturelles, majoritairement du pétrole. »54 1. Les monomères Tout débute avec les monomères. Pour les fabriquer, on commence par distiller le pétrole. La vaporisation partielle de celui-ci va diriger les vapeurs vers la tour de distillation, aussi appelée “colonne de fractionnement”. Les hydrocarbures les plus volatils se trouvent en haut de la colonne. « Ces hydrocarbures sont des composés chimiques constitués de carbone et d’hydrogène. Le premier est le gaz de raffinerie, brûlé sur place comme combustible, puis viennent les gaz butane et propane, les essences et le naphta. »55 Viennent ensuite le kérosène, le gazole, les fiouls lourds et le bitume dont les températures d’ébullition sont les plus hautes. Le naphta est l’élément qui intéresse la pétrochimie et le processus de production des plastiques. La deuxième étape consiste à effectuer un vapocraquage de ces molécules. Comme les mélanges d’hydrocarbures obtenus par cette distillation sont saturés, un fractionnement en molécules plus petites est nécessaire pour qu’ils puissent être mis en œuvre.

Hoyet, N, 2013 « Le cas particulier des polymères » dans, Matériaux et architecture durable : fabrication et transformations, propriétés physiques et architecturales, approche environnementale, Paris, Dunod, p. 202 54 Kula D., Ternaux E., 20019, « Les familles de matériaux », dans Materiology : l'essentiel sur les matériaux et technologies à l'usage des créateurs, Basel, Berlin, Boston : Birkhäuser, p.66 55 Hoyet, N, 2013 « Le cas particulier des polymères » dans, Matériaux et architecture durable : fabrication et transformations, propriétés physiques et architecturales, approche environnementale, Paris, Dunod, p. 194 53

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“L’ état amorphe de la matière, lui seul peut donner lieu à un matériau transparent. L’ état cristallin ou semi-cristallin de la matière. Les matériaux ayant cette structure ont des propriétés chimiques et mécaniques souvent supérieures aux amorphes et restentopaques.”

67

Figure 16 : Du haut vers le bas : La polymérisation / Les deux types d’organisation des chaines macromoléculaires Source: Kula D., Ternaux E., 20019, « Les familles de matériaux », dans Materiology : l’essentiel sur les matériaux et technologies à l’usage des créateurs, Basel, Berlin, Boston : Birkhäuser, p.67

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« Le vapocraquage produit un mélange de substances qu’il convient ensuite de dissocier par distillation fractionnée à -120°C. »56

2. Des monomères aux polymères Les monomères sont composés de molécules identiques. Elles sont issues du vapocraquage et sont associées par polymérisation, réaction chimique complexe, pour former les polymères. 3. Les polymères Chaque polymère est caractérisé par sa structure et ses macromolécules. Celles-ci sont identifiées par les monomères qui le constituent. Les polymères sont classés en deux grandes familles différenciées par leur mode de transformation, les thermoplastiques et les thermodurcissables. « Les thermoplastiques qui ramollissent lorsqu’ils sont chauffés ; ils sont moulables et formables à chaud : ils durcissent en refroidissant et peuvent être chauffés à nouveau pour une nouvelle mise en forme. Les thermodurcissables, moulés et polymérisés à chaud. Une fois mis en forme ils sont résistants à la température et leur transformation est irréversible. »57 Les thermodurcissables les plus fréquemment utilisés dans la fabrication des stratifiés sont les Phénoplastes (ex : Phénol-formaldehyde PF), les Aminoplastes (ex : Urée-formol UF, Melamineformol MF) et l’Époxy (Poly-époxydes PE). 4. Les charges Les propriétés des polymères peuvent être modifiées par l’ajout de charges et d’adjuvants, comme les colorants. « Les charges sont des substances inertes d’origine végétale (fibres de bois, particules de lin, etc.) ou minérale (poussières métalliques, céramiques, fibres de verre, etc.) qui sont ajoutées aux polymères pour en modifier les propriétés mécaniques, électriques ou thermiques. L’ajout des charges a comme conséquence secondaire, de diminuer le prix de revient et le taux peut même atteindre jusqu’à 60 % de leur masse. On les appelle communément « matériaux composites ». L’exemple du Corian® qui est utilisé pour la confection d’équipements sanitaires, ou d’éléments de façade, ou de mobilier, en atteste. Il est composé de 30 % de PMMA (Métacrylate de polyméthyle) et de 70 % de charges minérales (trihydrate d’alumine). »58 Un autre exemple de panneaux composés de trihydrate d’alumine est la gamme Surell de Formica, sur lequel nous reviendrons plus loin. Ibid. Hoyet, N, 2013 « Le cas particulier des polymères » dans, Matériaux et architecture durable : fabrication et transformations, propriétés physiques et architecturales, approche environnementale, Paris, Dunod, p. 194 58 Hoyet, N, 2013 « Le cas particulier des polymères » dans, Matériaux et architecture durable : fabrication et transformations, propriétés physiques et architecturales, approche environnementale, Paris, Dunod, p. 195 56 57

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s

s STRATIFIÉS

STRATIFIÉS

Les stratifiés sont des matériaux de haute Les stratifiés sont des matériaux de haute

On peut aussi réaliser des formes développables en trois

produits en fines couches et utilisés en revêtements de dimensions: plateaux de cantine, petit mobilier, objets aussi réaliser desSouvent formes plaqués développables en trois.. sol, en mobilier On ou peut en habillages muraux. décoratifs

produits en fines couches et utilisés en revêtements plateaux de cantine, objets sur des de dérivésdimensions: du bois comme l'aggloméré ou lepetit con­mobilier, Il existe de nombreux fabricants de stratifiés et un nombre sol, en mobilier ou en habillages muraux. Souvent plaquésils ont décoratifs .. treplaqué, des tenues mécaniques et thermiques infini de déclinaisons possibles quant aux couleurs et sur des dérivés du bois comme l'aggloméré supérieures ou le con­ auxIl existe de nombreux fabricants de stratifiés un nombre panneaux agglomérés simplement méla­ et aux effets, grâce aux deux faces de décor qu'offrent le treplaqué, ils ont des tenues mécaniques et thermiques de déclinaisons quant aux couleurs minés (ayant uninfini traitement de surface àpossibles base de mélamine matériau.et Certaines imitations sont saisissantes (jusqu'au supérieures aux panneaux agglomérés simplement méla­ thermodurcissable). aux effets, grâce aux deux faces de décor qu'offrent - polymère grain d'unlebois, par exemple). On trouve aussi des stra­ minés (ayant un traitement de surface à base deLes mélamine matériau. Certaines imitations sont (jusqu'au stratifiés sont composés d'un empilement de saisissantes feuilles de forte épaisseur, qui peuvent servir à tifiés - polymère thermodurcissable). d'un bois, par On trouve aussi des stra­extérieur de façades. de de grainkraft enduites de exemple). résine thermodurcis­ l'habillage Les stratifiés sont composés d'un empilementsable, de feuilles forte épaisseur, peuvent servir à tifiéssur les deux de parachevé, faces externes, par qui deux de kraft enduites de résine thermodurcis­ l'habillage de façades. feuilles de décor de type extérieur image, feuille métallisée ou pla­

de

sable, parachevé, sur les deux faces externes, parbois. deuxL'ensemble est pressé sous hautes température cage feuilles de décor de type image, feuille métallisée ou pla­ et sera ensuite découpé aux formats standards. et pression cage bois. L'ensemble est pressé sous hautes température Les stratifiés sont en général livrés en panneaux. Tout pla­ et pression et sera ensuite découpé aux formatscage standards. d'un stratifié sur une face d'un dérivé du bois, comme Les stratifiés sont en général livrés en panneaux. pla­ Points forts: tenue à la rayure, tenue aux acides, tenue en tempéra­ unTout contreplaqué, avec une colle souple, nécessite la pose cage d'un stratifié sur une face d'un dérivé du bois, ture, tenue aux chocs, imperméabilité, grande variété de décor d'uncomme stratifié dit de «contre-balancement,, pour équilibrer tenue à la rayure, tenue aux acides, tenuePoints en tempéra­ un contreplaqué, avec une colle souple, nécessite la pose etPoints faibles: mise en œuvre et découpe délicates. l'assemblage éviterforts: les déformations (gauchissement). d'un stratifié dit de «contre-balancement,, pour équilibrer

ture, tenue aux chocs, imperméabilité, grande variété de décor

l'assemblage et éviter les déformations (gauchissement).

Points faibles:

mise en œuvre et découpe délicates.

223

223

Figure 17: Stratifié Source: Kula D., Ternaux E., 20019, « Le catalogue des matériaux », dans Materiology : l’essentiel sur les matériaux et technologies à l’usage des créateurs, Basel, Berlin, Boston : Birkhäuser, p.223 Figure 18: Laminate Manufacture Source: Formica forever, 2013, Formica Corporation, Cincinnati, Ohio;New York, NY;.p. 42

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5. La stratégie composite Schématiquement, un matériau composite peut être décrit comme étant constitué de deux éléments : la matrice et un matériau de renfort, soit des charges59. L’objectif poursuivi lors du choix de ces matériaux constitutifs est l’obtention de rigidités structurelles fortes pour des masses volumiques réduites. Ce qui exige que ceux-ci aient des propriétés élevées. On peut différencier des matériaux composites selon l’orientation des renforts choisis, ils seront alors anisotropes ou isotropes. « Le rapport de masse entre matrice et renfort va faire varier les performances de l'ensemble du composite. Selon les dispositions des renforts, on peut différencier des matériaux composites : · Unidirectionnels: dans ce cas les renforts sont orientés dans le même sens (celui, en général, de la contrainte principale). Ces matériaux composites sont fortement anisotropes. · Multidirectionnels: les renforts sont disposés aléatoirement»60

59 Kula D., Ternaux E., 20019, « Les familles de matériaux », dans Materiology : l'essentiel sur les matériaux et technologies à l'usage des créateurs, Basel, Berlin, Boston : Birkhäuser, p.74 60 Ibid.

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Figure 19: Schéma de fabrication de panneaux stratifiés décoratifs haute pression Base de travail : Klimke, P.M., Holzer, H., Reitzel, L. & Resopal 1997, Resopal - Handbuch: Anwendungs- und Verarbeitungsempfehlungen, Technische Hinweise, Tabellen und technische Daten, 4. Auflage edn, Forbo-Resopal, Gross-Umstadt. p. 20

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Stratifié, “Laminé”61, “lamelle-colle HPL”62 ? 1. Une multitude de matériaux La catégorisation des panneaux stratifiés semble délicate, on peut considérer le terme “stratifié” comme un terme générique qui désigne une procédure de fabrication qui consiste à la superposition de strates de différentes natures. D’autre part, le nom de certains produits stratifiés, dont les procédés sont brevetés, fait souvent office d’appellation commune. Par exemple, il est assez courant aux Etats-Unis d’utiliser le terme Formica® pour désigner un panneau stratifié. « Notons cependant que seuls les stratifiés ayant atteint l'excellence dans les critères définis par la norme européenne EN 438-l 1991 reçoivent le label HPL ou High Pressure Laminates. »63 Mais les normes évoluent et varient selon les pays. On verra plus loin lesquelles régissent actuellement le marché belge. Il est important de saisir, que la production des stratifiés est une procédure éminemment industrielle. Bien qu’elle ait évolué depuis ses débuts, elle reste fortement liée à une formule ou recette propre à chaque fabricant. La composition des stratifiés est ainsi aussi variée qu’il y a de fabricants et la raison en est simple, tout produit fait l’objet de brevets. De plus, les stratifiés sont des produits semi-finis ou finis, c’est-à-dire que l’utilisateur ne pourra plus modifier leur apparence une fois achetés, comme on pourrait remettre un coup de peinture sur une cloison. Ce caractère a pour effet d’amplifier leur variété. Le stratifié n’est donc pas à proprement dit un matériau à part en entière, mais plus une famille de matériaux composites. 2. Une même stratégie Ces matériaux sont néanmoins basés sur une même stratégie de composition. Ils sont constitués, d’une part, de charges, dont les plus courantes sont les feuilles de papier kraft. Selon les gammes et les fabricants, des fibres de bois ou de cellulose peuvent également être intégrées à cette fin. Dans ce cas, le matériau sera tout de même différent puisqu’il ne s’agira plus d’un composite unidirectionnel mais d’un composite multidirectionnel isotrope et dont les propriétés physiques ne varieront plus selon la direction. D’autre part, ils sont constitués d’une matrice résineuse, qui imprègne ces matériaux de renfort. Les caractéristiques de cette résine sont variables et déterminent les propriétés du stratifié ainsi obtenu. La résine phénolique est la plus couramment utilisée mais on verra qu’il existe aussi toute une variété de résines. Le CSTC a publié en 2000 une série en deux parties, concernant les stratifiés décoratifs haute pression HPL. La première partie se présente comme une documentation assez complète de leurs compositions, types, propriétés et domaines d’application. Les systèmes de classifications qui y sont développés se basent sur les normes en vigueur appliquées en Belgique. La deuxième se concentre sur la mise en œuvre dans les menuiseries intérieures. Cette documentation pratique

Voorde, S.V.d., Bertels, I. & Wouters, I. 2015, “Post-war building materials in housing in Brussels 1945-1975: Naoorlogse bouwmaterialen in woningen in Brussel 1945-1975 = Matériaux de construction d'après-guerre dans l'habitation à Bruxelles 1945-1975”, Vrije Universiteit Brussel, Brussel. 62 De Puysseleyr.P., « Concevez des façades créatives avec le lamelle-colle HPL : Entretien facile, résistant aux intempéries et large choix de coloris », dans Architecte : Revue professionnelle de l’architecte, Belgique, n° 121, 2010 63 1996, « Dossier : les stratifiés », dans, Neuf, Be, n° 176, p.78-82 61

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Figure 20 : Types de matériaux support pour panneaux HPL et domaine d’application Source: Decaesstecker C., 2000, « Stratifiés décoratifs haute pression (HPL) et panneaux similaires. 2e partie : mise en oeuvre dans les menuiseries intérieures. (Pratique) », dans CSTC-Revue, Belgique, n°2, p.30

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alimente ponctuellement cette partie, mais restera à disposition dans l’annexe pour permettre au lecteur d’approfondir les points qui ne sont pas détaillés dans ce travail. Je distingue 5 types de panneaux stratifiés qui se différencient principalement par leur composition et l’usage auquel ils sont destinés. 3. Types de panneaux stratifiés Panneaux mélaminés (DPL) (DPL = Directly pressed laminate) « L’appellation de « panneau mélaminé » pour désigner le DPL est donc fautive, puisque le HPL contient également de la mélamine. »64 En effet, un panneau mélaminé peut désigner tout panneau contenant de la mélamine. En gardant cela à l’esprit, nous conserverons tout de même cette appellation pour les DPL qui est couramment utilisée par les professionnels et les fournisseurs. Il s’agit de panneaux généralement produits à base de bois ou de ses dérivés comme l’OSB, les panneaux de particules (aggloméré) ou de fibres (MDF – Medium density fiber, HDF – High density fiber). Ils sont recouverts par procédé thermique sous pression, d’une feuille de papier décoratif uni, sur une de leur face ou deux, et imprégnée de résine urée-mélamine-formaldéhyde. La résine durcit par la chaleur exercée et assure la liaison entre le papier et le support tout en formant la pellicule de surface. Sol stratifié haute pression Le sol stratifié est un revêtement généralement obtenu à base de panneau de particules à haute densité (HDF) qui en compose le noyau. Celui-ci est recouvert d’une structure multicouche constituée d’un empilage de feuilles de papier kraft imprégnées de résines phénoliques. Tandis que le noyau assure la stabilité et la résistance mécanique du revêtement, cette structure supérieure assure sa résistance aux chocs et à l’écrasement. Une autre feuille lui donne son aspect décoratif. Celle-ci est couverte d’une couche de protection finale transparente qui a pour but de la protéger, notamment des griffes, et de faciliter son nettoyage. « Dans certains cas un contre-balancement est prévu pour améliorer la stabilité dimensionnelle et la bonne tenue du revêtement dans le temps. Ce type de revêtement de sol est en pleine expansion et utilisé principalement en rénovation. »65 Panneaux minces de stratifié décoratif haute pression à coller (HPL) Cette dénomination englobe la majorité des panneaux de stratifiés haute pression (HPL) commercialisés depuis 1914 jusqu’aux années 1960.

64 Decaesstecker C., 2000, « Stratifiés décoratifs haute pression (HPL) et panneaux similaires 1ère partie : matériaux. (Pratique) », dans CSTC-Revue, Belgique, n°1,p.30-39 65 Neuf, 2000, « les stratifiés composantes intégrales de l'architecture », dans Neuf : Architecture & Design, n°205, p.50

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Figure 21: Extrait - Le sol stratifié Source: Van Cauwekaert K., 2004, “Guide d’achat sol stratifié : Le stratifié, mieux d’un succédané.”, dans Tu bâtis, je rénove, vol. 23, n° 199, p. 33-40

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Il se compose d’une superposition de feuilles de papier kraft, imprégnées de résine phénolique. Un papier décor, imprégné de résine mélamine, est ensuite appliqué sur cette âme. Une fois polymérisé à 150°C et sous une pression de 71,4 kg/cm², ce papier devient totalement transparent et apporte, entre autres, une résistance aux rayures, aux chocs et à la chaleur. Une dernière couche d’overlay de protection peut éventuellement être appliquée sur les décors unis ou imprimés. L’épaisseur de ces panneaux se situe généralement entre 0,6mm et 1,5 mm avec une limite maximale à 2 mm. Ci-contre, vous trouverez un exemple de procédure de fabrication de panneaux stratifiés haute pression. Panneaux stratifié décoratif haute pression massif mince (HPL) De nombreux fabricants proposaient durant les années 1920 et 1940, sur demande, des panneaux d’épaisseurs plus importantes. Ils constituaient à priori un avant-goût des panneaux massifs qui seront produits plus tard. Ces stratifiés, simples ou doubles faces, ont une épaisseur comprise entre 2 et 5 mm. Ils peuvent être fixés soit sur un support continu, comme un mur par fixation humide, soit sur un support discontinu, par fixation mécanique sur des chevrons en bois, par exemple. Des fournisseurs proposent encore aujourd’hui des panneaux finis en substrat de dérivées de bois recouverts de stratifiés HPL ou des stratifiés minces semi-finis en version mono décorée pour panneaux sandwiches. « Sa paroi est alors rugueuse pour faciliter l‘accrochage du matériau de remplissage (mousses phénoliques, polyuréthanes, nids d'abeille en aluminium, polystyrène, etc.) »66 Ces quatre premiers types ne sont utilisés qu’en intérieur et la direction de leurs charges les classe dans la catégorie des composites unidirectionnels, anisotrope. Panneaux stratifiés décoratifs haute pression massifs (HPL + HPWC) 

HPL (High Pressure Laminate)

Certains panneaux stratifiés peuvent être appliqués en extérieur. Seul le stratifié massif autoportant, simple ou double face, convient dans ce cas. Il présente une épaisseur supérieure à 5mm et ses charges sont faites de plusieurs couches de papier kraft, variant selon l’épaisseur, et imprégnées de résine phénol-formaldéhyde ou d’aminosplaste. L’âme ainsi obtenue est ensuite recouverte, d’une couche de papier décoratif imprégné, selon le fabricant, de résine mélamine ou d’une autre résine. Une couche de protection, overlay, peut également être placée par-dessus. Certains fabricants proposent une couche de placage de bois véritable sur le support en guise de variante à la couche de papier décorative. Le tout passe dans une presse à multiples étages où le panneau durcit sous une température de 160-180°C et une pression allant jusqu’à 100 kg/cm².

66

Neuf, 1996, « Dossier : les stratifiés », dans, Neuf :Architecture & Design, Be, n° 176, p.78-82

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Figure 22: (Haut) Structure d’un panneau HPL à coller sur un support Figure 23: (Bas) Structure d’un panneau HPL massif à base de papier krat Source: De Puysseleyr.P., « Concevez des façades créatives avec le lamelle-colle HPL : Entretien facile, résistant aux intempéries et large choix de coloris », dans Architecte : Revue professionnelle de l’architecte, BEL,n° 121, 2010, p. 31 Figure 24: (Milieu) Postformage des panneaux HPL Source: Decaesstecker C., 2000, « Stratifiés décoratifs haute pression (HPL) et panneaux similaires. 2e partie : mise en oeuvre dans les menuiseries intérieures. (Pratique) », dans CSTC-Revue, Belgique, n°2, p. 32

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Figure 25: Comment des stratifÊs plastiques sont-ils fabriquer? (How are plastic laminates made?) Source: O’Neill, J. M., 1958, Frabrication with Formica: Procedures for working with plastic laminate, The Bruce Publishing Company. p. 2

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Figure 26: Comment des stratifés plastiques sont-ils fabriqués? (How are plastic laminates made?) (double page) Source: O’Neill, J. M., 1958, Frabrication with Formica: Procedures for working with plastic laminate, The Bruce Publishing Company. p. 3-4

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Figure 27: Extrait (double page) Source: A.D., 2000, “Revêtements stratifiés: des composants différents selon l’usage.”, dans Les Cahiers Techniques du Bâtiment, FRA, n° 204, p. 95-97

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Figure 28: StratifiĂŠ dĂŠcoratif haute pression HPL massifs Source: http://abetlaminati.com/app/uploads/2015/09/Stratificato-Catalogo.pdf p. 7

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HPWC (Hard Pressure Wood Component)

Le HPWC, ou panneau stratifié décoratif à haute pression massif à base de fibres de bois broyés, est une variante de ces panneaux. Bien que semblant identique, il en diffère fondamentalement par la composition de ses charges. Ce panneau est fabriqué à base de copeaux de bois broyés en fibres particulièrement fines. Celles-ci sont ensuite imprégnées de résine phénol-formaldéhyde et comprimées en un panneau lisse, qui jouera alors le rôle des feuilles de papier kraft. La superposition en plusieurs strates de ces panneaux et leur compression permet d’obtenir un panneau compact. Comme les HPL, ces panneaux pourront présenter une couche de papier décorative et une couche protectrice. Cette différence de composition va avoir un impact important sur les propriétés physiques mais aussi sur le coefficient d’expansion thermique. « L’âme de cette variante, aussi appelée HPWC (ou High Pressure Wood Component), est donc constituée de bois à 70 % ce qui fait que cette variante se comporte à bien des égards comme le bois.»67 De plus, les panneaux HPL ont des dilatations bien plus prononcées que les HPWC. Cette variation tient, comme on l’a énoncé plus haut, au fait que le premier est anisotrope et le second isotrope. L’unidirectionnalité des cellules du papier kraft aura pour effet d’accentuer ces dilatations tandis que la disposition aléatoire des fibres de bois le réduira. Un exemple de ce type de panneaux peut être trouvé dans la gamme Meteon du fabricant Trespa® et permettra d’éclairer ce phénomène. Il s’agit d’une des entreprises majeures productrices de panneaux stratifiés. Elle a vu le jour au Pays-Bas et est, aujourd’hui, particulièrement reconnue pour ses panneaux extérieurs, qu’elle produit depuis 1969. Leur épaisseur varie de 10 à 16mm. « Le panneau est fabriqué en DF (Dry Forming Process) à partir de bois. Comme le papier, mais à partir de fibres de bois (70 %). De la résine époxy est injectée dans ces fibres et le tout est comprimé sous pression et haute température afin de constituer une âme d’environ 6mm.»68 Ce panneau devrait donc être couramment appelé HPWC (High Pressure Wood Component) mais afin de simplifier la communication avec les consommateurs, l’entreprise a conservé le terme HPL. Les panneaux initiaux produits et commercialisés pour la première fois en 1967, étaient fabriqués à base de papier kraft. Celui-ci a été remplacé par la procédure de formage à sec (Dry Forming) en 1984, qui utilise des particules de bois imprégnées de résine et polymérisées à haute pression. Elle nécessite une seconde polymérisation pour y appliquer la couche de finition et de décoration, toujours en papier kraft imprégnée de résine. C’est donc pour une question d’image qu’ils ont gardé ce terme. De plus, la norme reste assez vague sur la composition des HPL, ce qui leur permet de jouer sur ce flou. C’est le même processus de construction d’image qui a poussé l’entreprise à changer son nom de Trespa-Volkern à Trespa®. La densité d’un tel panneau s’élève à 1400kg/m3. Par comparaison, celle d’un bois dur se situe plus ou moins à 700kg/m3.

De Puysseleyr.P., « Concevez des façades créatives avec le lamelle-colle HPL : Entretien facile, résistant aux intempéries et large choix de coloris », dans Architecte : Revue professionnelle de l’architecte, BEL,n° 121, 2010, p. 21 68 Timmermans L., Interview effectué à Bruxelles le 13 Juillet 2017 67

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Figure 29: Construction urbaine à Ixelles recouverte de panneaux stratifiés décoratifs haute pression massifs pour l’extérieur de la marque Trespa Source: http://www.bepassive.be/viewer/17/fr/

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Figure 30: Coupe technique du murs extérieur du bâtiment à Ixelles recouverte de panneaux stratifiés décoratifs haute pression massifs pour l’extérieur de la marque Trespa Source: Deprez B., 2013, be.passive: architects having fun, n° 17, page 59-64 accessible sur : http://www.bepassive.be/ viewer/17/fr/

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Figure 31: Réalisation de façade à Lokeren et montage de la structure - Composants réalisés MEG Source : Neuf, 1996, « Dossier : les stratifiés », dans, Neuf : Architecture & Design, Be, n° 176, p. 78-82

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Si on regarde les propriétés de la résine époxy, on se rend compte qu’elle est peu sensible à l'humidité. « Elles assurent peu de retrait et peu de dégagement de chaleur à la polymérisation, ce qui facilite leur mise en œuvre.»69 Ceci leur donne un avantage du point de vue de la composition et de l’esthétique que certains architectes ou clients recherchent. En effet, cette résine, couplée au procédé DF, permet d’atteindre un coefficient d’expansion thermique moindre. Il est alors possible de l’employer pour de très grands formats (4,20m x 2,13m) et donc pour le revêtement de surfaces extérieures telles que des façades. De plus, leur faible dilatation autorise la réduction des joints. Dans l’hypothèse d’un démontage sélectif sur chantier de ces panneaux stratifiés, les différents modes de fixation qu’impliquent ces cinq types joueront un rôle décisif. Le mode le plus adéquat dans cette situation est la fixation mécanique. Les panneaux stratifiés massifs sont pratiquement les seuls à présenter ce type de fixation. Les panneaux minces ou mélaminés sont pour leur part bien souvent collés sur un substrat. Cette fixation humide ainsi que la variabilité de ce support sont des freins majeurs à leur réemploi. Dans les annexes, différents modes de pose sont documentés, par plusieurs fabricants ainsi que par le CSTC. 4. Classification normative des panneaux HPL Comme on l’a énoncé avec l’exemple des panneaux Trespa®, les normes ne font pas les mêmes distinctions que celles que je vous propose. Elles posent des cadres extrêmement larges faisant ainsi abstraction des différences de composants employés. Ce qui peut induire en erreur bon nombre d’observateurs comme, par exemple, un potentiel dé-constructeur. « Les stratifiés décoratifs HPL tels que définis par les normes européennes et internationales En 438 et ISO 4586, sont des panneaux à haute densité (≥1 .35g/cm3), finis et prêts à l’usage, présentant une résistance mécanique, physique et chimique par des indices numériques minima. Ils sont constitués de nombreuses couches de papier kraft ou fibres de bois saturées de résines thermodurcissables et liées entre elle par l’action combinée de la chaleur (140/150°C) et de la pression (>7MPa) pendant environ 40/50minutes. Le produit obtenu est homogène, inerte et stable, très dense et non poreux ».70 Pour la Belgique on se contentera de citer ci-dessous un extrait d’une note technique du CSTC, également consultable en intégralité en annexe. « Les performances et les méthodes d’essai applicables aux panneaux HPL en général sont décrites dans les normes belges NBN EN 438-1 et 438-2 [B11, B12]. Pour les panneaux stratifiés compacts et composites utilisés plus particulièrement comme bardages, on se référera à la norme NBN EN 438-7 [B13]. 69 Kula D., Ternaux E., 20019, « Les familles de matériaux », dans Materiology : l'essentiel sur les matériaux et technologies à l'usage des créateurs, Basel, Berlin, Boston : Birkhäuser, p.76 70 Stratifiés HPL, Infirlations techniques partie 1, consulté le 1 juillet sur http://www.arpaindustriale.com/sites/default/files/download/arpa_informations_technique_partie1_stratifiesminch es_2015.pdf

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Figure 32: Tableau : Systeme de classification et application types des des panneaux HPL Source: De Puysseleyr.P., « Concevez des façades créatives avec le lamelle-colle HPL : Entretien facile, résistant aux intempéries et large choix de coloris », dans Architecte : Revue professionnelle de l’architecte, BEL,n° 121, 2010, p. 33

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La classification des panneaux HPL est fournie dans la norme NBN EN 438-1. Les panneaux sont désignés par un code composé d’une lettre et de trois indices numériques qui reflètent leur niveau de performances. Les valeurs performancielles préconisées doivent être considérées comme des minima. La norme NBN EN 438-2 définit les méthodes d’essai relatives à ces performances.

-

TABLEAU 1 Clé de lecture pour le tableau 1 Qualité : les panneaux HPL existent soit en qualité standard (type S), soit en d’autres qualités dans le cas d’applications particulières, par exemple : – type P : postformable (moulage sur un support) – type F : à réaction au feu améliorée.

Indices numériques (de 1 à 4, par ordre de résistance croissante) : – premier indice : résistance à l’abrasion – deuxième indice : résistance au choc d’une bille de petit diamètre – troisième indice : résistance aux rayures. »71 S’attarder sur les normes actuelles permet de déterminer si les panneaux présents dans le bâti existant y répondent toujours. La non-conformité à celles-ci pourrait en effet être un frein majeur à leur réemploi. En scrutant les fiches technico-commerciales des années 1950 à 2005, il me semble que les critères des HPL à colle et des premiers HPL massifs correspondent à la densité minimale requise dans la norme actuelle. Une comparaison plus approfondie s’impose quand même quant aux exigences mécaniques, physiques et chimiques, et plus particulièrement à celles de la résistance au feu. Un inventaire historique des caractéristiques sur base de catalogues et fiches techniques de différentes marques commercialisées de HPL facilitera, à mon avis, l’identification des stratifiés aptes à être démontés et réutilisés. Une remise à neuf pourrait, entre outre, augmenter et mettre à jour les propriétés des panneaux qui ne seraient plus aux normes mais celle-ci n’est que partiellement possible. Une remise à neuf de panneaux HPL se limiterait à la surface décorative en décapant l’existante et en y appliquant une nouvelle. Cependant, il reste à déterminer qui pourrait le faire. Un indépendant devrait faire face à des problèmes d’espace, d’équipement, de transport et de brevets. Les producteurs quant à eux ne pourraient sans doute que le faire sur leurs propres panneaux mais ils seraient alors exemptes des problèmes d’équipement et de transport. Un développement de logistique inversée pourrait en effet permettre le transport de ces matériaux jusqu’aux infrastructures existantes de ces entreprises. Cette manipulation semble néanmoins très énergivore et reviendrait plutôt à une opération de recyclage, puisqu’elle représente près de la moitié de l’énergie nécessaire à la production de panneaux neufs. A l’inverse, dans le cas d’une réutilisation, la logistique ne serait pas un problème, puisque les matériaux cuits ont en général un peu de marge pour compenser en transport l’énergie investie à la cuisson. Dans ce cas, un usage en cascade de panneaux HPL pourrait être une piste intéressante pour ceux qui ne répondraient plus aux exigences normatives. Celles-ci distinguent en effet indirectement différentes classes d’usage, ce qui permettrait d’employer un panneau dans une autre application ne nécessitant pas ces caractéristiques. On pourrait, par exemple, utiliser un panneau qui était certifié RF dans une application qui ne nécessite pas ce niveau de résistance au feu.

De Puysseleyr.P., « Concevez des façades créatives avec le lamelle-colle HPL : Entretien facile, résistant aux intempéries et large choix de coloris », dans Architecte : Revue professionnelle de l’architecte, BEL,n° 121, 2010, p.21

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Figure 33: Tableau, Recommandations pour le nettoyage et le détachage des panneaux HPL Source: De Puysseleyr.P., « Concevez des façades créatives avec le lamelle-colle HPL : Entretien facile, résistant aux intempéries et large choix de coloris », dans Architecte : Revue professionnelle de l’architecte, BEL,n° 121, 2010, p. 37

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5. Entretien et résistance aux intempéries Dans le document du CSTC, on trouve un panneau qui donne un aperçu des opérations d’entretien des HPL. Il souligne que l’acétone et les diluants cellulosiques sont susceptibles d’entraîner la formation d’un voile sur les panneaux. Celui-ci peut néanmoins être progressivement éliminé par un entretien normal72. Ils semblent penser que ces panneaux possèdent une bonne résistance à ces solvants. Les fiches techniques des stratifiés l’assurent également, tout comme un représentant d’une entreprise de fabrication. Lors d’une entrevue, celui-ci m’a ainsi vanté les mérites de leurs panneaux extérieurs, leur facilité de mise en œuvre tout comme leur résistance aux intempéries. Au bout d’un moment, il a fini par me confier que la couche protectrice était tout de même un point critique. La surface de HPL à base de papier kraft avec finition en mélamine est rugueuse à l’échelle microscopique. Il peut ainsi s’y déposer des poussières et des mousses. De plus, il crée une porosité qui réduit la résistance au gel et qui peut ainsi entraîner la microfissuration du panneau. Pour éviter cela, des couches de protection en acrylique y sont appliquées. Le souci avec l’acrylique est qu’il peut être détruit par différents solvants, tel que l’acétone. Dans le cas où on voudrait retirer un graffiti avec des dissolvants, ou de l’acétone, la couche en acrylique serait complètement détruite. Le panneau serait alors exposé aux intempéries et subirait une décoloration beaucoup plus accentuée. Le problème est que ces déformations microscopiques ne peuvent pas être repérées à l’œil nu.73 Dans le cas des panneaux de la gamme Meteon® de Trespa®, la composition de la couche supérieure est tenue secrète. On ne donnera à un simple acquéreur qu’un aperçu générique décrivant cette surface décorative comme étant à base de résine polymérisée par un faisceau électronique (procédé EBC breveté). En effet, ni leur site internet, ni le document « Trespa® Meteon® caractéristiques techniques » ne donnent d’information supplémentaire. Même la description plus détaillée de ce produit dans l’agrément technique délivrée en 2005 par l’union belge pour l’Agrément technique dans la construction74 on n’en trouve aucune précision. Plus récemment, en 2010, le CSTB a délivré un avis technique75 qui décrit leur composition. La résine de surface serait ainsi de l’acrylique-polyuréthane. Ces panneaux pourraient donc également être soumis à une dégradation dans le cas d’un entretien à base de solvants ou d’acétone, accélérant le processus d’usure. Au-delà des effets d'annonce, il s'avère que les panneaux HPL ne sont pas exempts d'un risque de dégradation. Ce point doit être pris en considération dans la perspective de leur garantir de nouveaux usages par le réemploi. Il est possible que les panneaux les plus anciens, les plus abîmés ou les plus exposés, doivent être écartés des filières de réemploi, ou réservés à des applications de moindre importance - sauf à développer un traitement leur garantissant de nouveaux usages. Dans tous les cas, une expertise susceptible d'identifier l'importance de la dégradation éventuelle doit être développée. Celle-ci passera sans doute par l’établissement de tests en laboratoire et une bonne connaissance du matériau en question. Une base de données contenant les composants d’éléments de construction est à mon avis un outil intéressant. Decaesstecker C., 2000, « Stratifiés décoratifs haute pression (HPL) et panneaux similaires. 2e partie : mise en oeuvre dans les menuiseries intérieures. (Pratique) », dans CSTC-Revue, Belgique, n°2,p.29-39 73 Les informations techniques mentionnés dans ce paragraphe proviennent d'un entretien oral avec un spécialiste souhaitant rester anonyme. La formulation en l'état de ces informations n'engage que la responsabilité de l'auteur. 74 UEAtc, 2005, Agrément Technique avec Certification : Revêtements de façades Trespa Meteon et Trespa Meteon FR, lien : http://www.cours-genie-civil.com/wp-content/uploads/Fixation_facades.pdf 75 Consulté en dernier le 1 juillet, 2017 sur le lien suivant : http://www.acodi.fr/upload/file/document/avistechnique-2-10-1396-ts150.pdf 72

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Figure 34: Schéma de cycle de vie d’éléments HPL aujourd’hui inspiré du document - Life cycle assessment for a European HPL, par ICDLI - International Committee of the Deocrative Laminates Industry Source: https://www.fundermax.at/fileadmin/redakteure/user_upload/WO_-_LCA_Life_cycle_assessment_hpl_ engl.pdf p. 3

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6. Traitement des panneaux après-usage « Hormis la récupération de l’énergie contenue sous forme de vapeur dans les déchets de panneaux, on procède également au recyclage du produit lui-même en réduisant ses résidus en minuscules fibrilles. Ainsi, il est possible de réutiliser jusqu’à 10 % du produit semi-fini pour fabriquer le matériau constituant l’âme des panneaux, sans altérer la qualité de celle-ci. »76 Durant l’interview avec un représentant de la société Trespa®, j’ai demandé si la société avait déjà fait des expériences, ou participé à des projets, qui mettaient en œuvre des panneaux de réemploi. « En théorie c’est pas encore en pratique, on a des conteneurs, par exemple on va démolir une piscine, ou une halle de sport, et là-dedans il y a toujours des panneaux Trespa®, car il y a des cabines en panneaux de 13mm autoportants ; des portes aussi, et 80% des panneaux sont encore utilisables. On les met alors dans un conteneur, qui est après récupéré par Trespa®. On peut faire 2 choses avec, soit on peut les pulvériser (broyé) de nouveau, pour utiliser comme fibres de bois afin de les remettre dans le processus de production. Soit, on va récupérer la chaleur, parce qu’on a besoin de la vapeur pour nos presses. Tous les portes et panneaux des cabines ainsi que toutes les chutes de production sont broyées pour être incinéré afin de récupérer l’énergie* »77 La valorisation énergétique de ces panneaux semble en effet très intéressante compte tenu de sa valeur calorifique élevée, de 18 à 22 MJ/kg. Par comparaison, celle des ordures ménagères s’élève à 8 MJ/kg78, tandis que celle du bois s’élève à 11 MJ/kg, celle des bouteilles en plastique (PET) à 12 MJ/kg, celle du charbon à 29,3 MJ/kg et celle de l’essence à 43,9 MJ/kg79. Dans un contexte d’épuisement des ressources, notamment énergétiques, cette caractéristique peut être un frein majeur au développement volontaire d’autres modes de traitement. Dans la “déclaration environnementale”80 de Trespa Meteon®, dans le paragraphe “Fin de vie”, on peut effectivement constater qu’une reprise est assurée par la société. Celle-ci prend en compte le transport des déchets depuis leur lieu de vie jusqu’à leur lieu de fin de vie. Les traitements mis en avant ne comprennent que la mise en décharge et l’incinération qui représentent tous deux 50%.81 En 2002, un des fournisseurs français des produits Trespa® publiait un bilan de déclarations environnementales82 sur les panneaux Meteon®, Athlon®, Virtuon® et TopLab®. Cette fiche accessible en ligne, donne des indications intéressantes. La durée de vie de ces panneaux y est estimée à 50 ans. Leur traitement après-usage, lui, se décline en deux catégories, récupérables et valorisables. Alors que la réutilisation du matériau dans une autre application prend une large part dans cette déclaration, en 2012 Trespa® en publiera une autre, contradictoire. Celle-ci est Decaesstecker C., 2000, « Stratifiés décoratifs haute pression (HPL) et panneaux similaires. 1ère partie : matériaux. (Pratique) », dans CSTC-Revue, Belgique, n°1, p.30-39 77 Interview avec un représentant de la société Trespa International B.V. effectué le 13 Juillet 2017 à Bruxelles 78 1991, “Les emballages plastiques : De la fabrication a la valorisation”, Cercle national du recyclage consulté le 13 août, https://www.cercle-recyclage.asso.fr/images/stories/politique-nationale/pdf/plastique.pdf 79 Bilan environnement Wallonie, Nomenclatures, référentiel combustibles, consulté le 13 août 2017 http://bilan.environnement.wallonie.be/html/Nomenclatures/referentiel_combustibles.pdf 80 Déclaration environnementale, France, consulté en dernier le 1 Juillet 2017, sur le lien : http://www.trespa.info/Images/FR-France_Declaration%20environnementale_Meteon%20FR_07-2012_tcm3746750.pdf 81 idem 82 Déclaration environnementale HQE de 2002, consulté en dernier le 1 Juillet 2017, sur le lien : https://www.sunclear.fr/sites/default/files/meteon-fiches-declaration-environnementpdf-201001201001.pdf 76

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m³ high level waste kg 1,4-DB eq. kg 1,4-DB eq. kg 1,4-DB eq.

N uclear waste (higher level) Human toxicity to air and water Ecotoxicity to fresh water Ecotoxicity to land

0.0000045 1900 200 3.9

0.0000064 3300 320 7.5

8.9

14.8

Ecopoint Score per tonne (product) (1) Global warming can also be referred to as ‘Embodied carbon’ or ‘Climate change’. (2) W ater extraction can also be referred to as ‘Embodied water’.

Methodology This environmental profile has been calculated using the BBA Environmental Profile Methodology, under licence using BRE Global’s Environmental Profiles Methodology (2008) and underpinning databases.

Boundaries System boundaries and different stages of Environmental Profiles

Extraction and processing of input materials

Cradle-to-Gate

Transport PRODUCT stage

Manufacture of Meteon Panels at Trespa International BV, Weert, The N etherlands

Cradle-to-Grave

Storage

Transport (distribution)

CON STRUCTION stage

Construction or installation

Maintenance and repair

IN -USE stage

Replacement

Demolition

EN D OF LIFE stage

Recycling and/ or disposal

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Figure 35: Tableau : Limites du système et différentes étapes des profils environnementaux - Environmental Profile Certificate de Trespa International BV Source: http://www.trespa.info/Images/UK-United%20Kingdom_BREEAM%20certificate_(EP1004PS1i1)_11-03-2013_tcm37-46744.pdf p. 2

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distribuée par Vink S.A et par Trespa® aux-mêmes, un autre fournisseur de ces panneaux très présent en Belgique. La réutilisation des panneaux Trespa Meteon® y est remplacée par l’incinération tandis que la mise en décharge est ajoutée83. On voit que les certificats disponibles, concernant l’analyse d’énergie dépensée et les issues en fin de vie, se contredisent. Lorsque la société elle-même parle de récupérer et de recycler une part de la matière post-consumer, c’est en “théorie” et dans la pratique cela n’est pas encore appliqué. Néanmoins, beaucoup des opérateurs du secteur rencontrés dans le cadre de cette recherche semblent d'accord sur le potentiel de réutilisation des panneaux.. Un système d’évaluation reconnu, LEED®, a même établi une analyse spécifique du potentiel de réutilisation des panneaux Trespa®84. Celle-ci est très positive et donne même des indications quant à la manière de procéder. Le secteur a donc l’air soumis à une grande inertie. Différents éléments pourraient en être responsables. D’abord, la structure de ce marché constitué essentiellement de grands conglomérats réduit les possibilités de prise de décision des entreprises, tout comme leurs manœuvres. Ensuite, l’intérêt économique, et directement perceptible, induit par la valorisation énergétique doit certainement agir comme un frein au développement d’une gamme de seconde-main. De plus, ce marché a été plutôt durement touché par la crise de 2008, ce qui ne procurait pas un contexte favorable aux investissements et au développement de nouveaux services. D’autre part, ces gammes “seconde-main” rentrent peut-être en concurrence avec l’image “chic et neuf” de leurs gammes principales. Regardées d’un autre point de vue elles pourraient cependant compléter et renforcer encore l’argument du matériau inaltérable, jouant ainsi le rôle de démonstration. Dans un contexte où les questions environnementales sont de plus en plus essentielles pour l’image des sociétés, ces gammes pourraient être un atout. De la même manière il semble que le terrain soit actuellement propice aux nouveaux investissements puisque le secteur semble s’être redressé et que l’économie circulaire offre la perspective de profits économiques pour ce type de démarches. Tout ceci pourrait faire naître l’intérêt pour ce développement. Le caractère concurrentiel de ce marché pourrait également être un avantage puisque dans ce jeu les entreprises s’encouragent entre elles à développer certaines gammes ou services. L’intérêt que le recyclage soulève en ce moment chez certains producteurs est représentatif de cet effet d’engrenage.

83 Environmental product declaration, p.3, consulté en dernier le 1 juillet, 2017 sur le site www.Trespa.info sur le lien suivant: https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=1&cad=rja&uact=8&ved=0ahUKEwil6I2 Zu7nVAhWC6oMKHaITD8IQFggoMAA&url=http%3A%2F%2Fwww.vink.no%2FAdmin%2FPublic%2FDownloa d.aspx%3Ffile%3DFiles%252FFiler%252FNORWAY%252FMILJ%25C3%2598%252FEPD%2BTRESPA%2BMete on%2BStd.pdf&usg=AFQjCNFCJtmMxa3X3QdyZvPi8nUm3nDtGQ 84 Certificat Leed consulté en dernier le 1 juillet, 2017 sur le site www.Trespa.info sur le lien suivant : http://www.phenolicresinlabs.com/images/leed-cert.pdf

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Additif HQE

Fiche environnementale

FICHE DE DECLARATION ENVIRONNEMENTALE DES PRODUITS

Désignation: ®TRESPA METEON Caractéristiques techniques et fonctionnelles Grandeur mesurée ou type de classification Cf fiche de caractéristiques du produit en annexe

Valeur ou classe

Entretien Entretien régulier à l’eau et savon/détergent pour l’élimination des salissures.

unité durée de vie 50 années

Bilan sommaire sur la composition du matériau en fabrication Période de référence Production 1 m2 TRESPA METEON cladding panel out of the total Unité fonctionnelle de référence production ; 8 x 1860 x 2550 mm, 11.2 kg/m2 Analyse du Cycle de Vie – rapport INTRON BV Référence des données Weert, Pays-Bas Lieu de fabrication du produit fini (1) Quantité Unité Fibres de bois RV 8.30 Kg/m2 Principales matières Résine (phenolformaldéhyde) NR 2.34 Kg/m2 premières Décor (résine polyuréthanne acrylique RV 0.08 Kg/m2 pigmentée) énergie

Electrique (site de production de TRESPA) Non électrique (site de production TRESPA)

Principaux rejets polluants

Fibres de bois imprégnées de résines : recyclage thermique externe Fibres de bois : recyclage externe Chutes et rejets de producution : recyclage thermique interne (1)RV renouvelable, NR non renouvelable, RC recyclée

3,2

MJe/kg 2nd order Énergie (vapeur) produite par revalorisation thermique des chutes de production sur le site Trespa. 0.084 Kg/kg 0.046 0.088

Kg/kg Kg/kg

principaux produits complémentaires Trespa Meteon est un un panneau de façade. Il peut être mis en oeuvre avec différents systèmes de fixation (cf. Avis Techniques CSTB) Exemple : fixation par vis (2-00/) : vis en acier inoxydable : 0.025 kg/m2 – chevrons bois : 6,26 kg/m² Foil : 0,16 Kg/m² Les emballages Trespa sont consignés ; ils sont repris et traités conformément à la directive européenne 94/62/EC (emballages et déchets d’emballage) Bilan sommaire sur la composition du matériau en démolition Sous produits Description % Réutilisation du matériau comme panneau dans une autre 50 Récupérables application Recyclables Recyclage thermique du matériau non réutilisé 50 Valorisables Déchets

Trespa International/Janv. 2002

Page 1

Figure 36: Déclaration environnementale HQE de 2002 du produit Trespa ® Meteon ® Source: https://www.sunclear.fr/sites/default/files/meteon-fiches-declaration-environnementpdf-201001201001.pdf

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S Y S T E M B O UNDAR IE S (X = INC L UDE D IN T HE L C A; MND = MODUL E NOT DE C L AR E D)

Dis pos al

W aste proces sing

Trans port

De-construction / Demolition

Operational water us e

O perational energy use

R e-use, recovery or recycling potential

B enefits and loads beyond the s ys tem boundary

E nd-of-life s tage

R efurbis hment

R eplacement

R epair

Maintenance

Us e s tage

Us e

Trans port

Manufacturing

Trans port

R aw material s upply

C ons truction-ins tallation proces s

C ons truction process s tage

P roduct s tage

R 1-value < 0.6 E nd of L ife (C 1-C 4) F or landfilling 50% C ollected s eparately 0% E lectricity from landfill gas C A1 ollected as mixed cons truction was te 100% A2 A3 A4 A5 B1 B2 B3 B4 B5 B6 B7 C1 C2 C3 C4 D Utilis ation capacity 1.08 MJ /kg was te (lower calorific F or re-us e 0% x x x x MND MND MND MND MND MND value) MND MND MND x x x x F or recycling 0% T rans port to E oL 50 km L C A R E S UL T S : E NV IR O NME NT AL E F F E C T S Meteon S tandard F or energy recovery 50% 6 mm 8 mm W as teP roducincineration 0.944 T rans - plant efficiency P roduc- T rans E oL B enefit E oL B enefit tionto s team port ratio (Hu) 0.06 tion port E lectricity Unit

A1-A3

A4

L C A: R es ults

C2

C3

C4

D (from D (from A1-A3 C 3) C 4)

A4

C2

C3

C4

[kg C O 2

12.6 8.59 -8.82E -01 16.4 11.4 SGYWP S T Eequiv.] M B O UNDAR IE 0.41 S (X = 0.22 INC L UDE D IN13.2 T HE L-2.21 C A; MND = MODUL E0.54NOT 0.29 DE C L AR E D)

-1.18

Operational water us e

MND

MND

MND

x

W aste proces sing

O perational energy use

MND

Trans port

R efurbis hment

MND

De-construction / Demolition

R eplacement

6.78E -3 4.21E -04 2.26E -04 2.15E -04 3.49E -04 -2.35E -04 -1.31E -04 8.92E -3 5.61E -04 3.02E -04 2.86E -04 4.66E -04 -3.14E -04 -1.75E -04

C ons truction-ins tallation proces s

R epair

Maintenance

9.08E -3 1.99E -04 1.10E -04 1.27E -04 1.83E -03 -1.15E -04 -8.38E -05 1.17E -2 2.65E -04 1.47E -04 1.69E -04 2.44E -03 -1.53E -04 -1.12E -04

Us e

x

[MJ ]

-2.94

B enefits and-08 7.26E - 1.10E -09 5.79E -10 3.58E -09 1.58E -08 -2.84E -08 -6.77E C ons truction loads beyond Us e s tage E nd-of-life s tage tage9.89E -04 7.60E -04 1.86E -03 -1.28E -03 -1.10E -03 6.46E -2 2.46E -03 1.32E -03 1.01E -03 2.48E -03 -1.70E the tem-03 5.07Eprocess -2 1.85Es -03 -03s ys -1.46E boundary

Trans port

Trans port

x

ADP F

17.6

5.69E -7 8.25E -10 4.34E -10 2.68E -09 1.18E -08 -2.13E -08 -5.08E -08

Manufacturing

R aw material s upply

[kg C F C 11 ODP equiv.] P roduct [kg Ss tage O2 AP equiv.] [kg PO 43 EP equiv.] [kg ethene P OC P equiv.] [kg S b ADP E equiv.]

D (from D (from C 3) C 4)

R e-use, recovery or recycling potential

5

Dis pos al

P arameter

7.82E -6 8.71E -09 4.58E -09 1.42E -07 3.47E -08 -1.35E -07 -3.86E -08 9.78E -6 1.16E -08 6.11E -09 1.89E -07 4.62E -08 -1.80E -07 -5.15E -08 421

5.72

3.01

3.29

3.88

-36.2

-10.0

551

7.63

4.01

4.39

5.18

-48.3

-13.3

G W P = G lobal W arming P otential; ODP = Ozone Depletion P otential; AP = Acidification P otential of soil and water; E P = E utrification P otential; Legend P OC P P hotochemical Ozone C reation P otential; ADP E = Abiotic Depletion P otential for E lements; ADPF = Abiotic Depletion P otential of F ossil F uels A1 A2 A3 A4 A5 B1 B2 B3 B4 B5 B6 B7 C1 C2 C3 C4 D x

x

MND

MND

MND

MND

x

x

x

L C A R E S UL T S : E NV IR O NME NT AL E F F E C T S Meteon S tandard 6 mm P roduc- T rans tion port P arameter

Unit

[kg C O 2 equiv.] [kg C F C 11 ODP equiv.] [kg S O 2 AP equiv.] [kg PO 43 EP equiv.] [kg ethene P OC P equiv.] [kg S b ADP E equiv.] G WP

ADP F Legend

[MJ ]

8 mm

E oL

B enefit

A1-A3

A4

C2

C3

C4

12.6

0.41

0.22

8.59

13.2

P roduc- T rans tion port

D (from D (from A1-A3 C 3) C 4) -2.21

-8.82E -01

5.69E -7 8.25E -10 4.34E -10 2.68E -09 1.18E -08 -2.13E -08 -5.08E -08

16.4 7.26E -

E oL

B enefit

A4

C2

C3

C4

0.54

0.29

11.4

17.6

D (from D (from C 3) C 4) -2.94

-1.18

1.10E -09 5.79E -10 3.58E -09 1.58E -08 -2.84E -08 -6.77E -08

5.07E -2 1.85E -03 9.89E -04 7.60E -04 1.86E -03 -1.28E -03 -1.10E -03 6.46E -2 2.46E -03 1.32E -03 1.01E -03 2.48E -03 -1.70E -03 -1.46E -03 6.78E -3 4.21E -04 2.26E -04 2.15E -04 3.49E -04 -2.35E -04 -1.31E -04 8.92E -3 5.61E -04 3.02E -04 2.86E -04 4.66E -04 -3.14E -04 -1.75E -04 9.08E -3 1.99E -04 1.10E -04 1.27E -04 1.83E -03 -1.15E -04 -8.38E -05 1.17E -2 2.65E -04 1.47E -04 1.69E -04 2.44E -03 -1.53E -04 -1.12E -04 7.82E -6 8.71E -09 4.58E -09 1.42E -07 3.47E -08 -1.35E -07 -3.86E -08 9.78E -6 1.16E -08 6.11E -09 1.89E -07 4.62E -08 -1.80E -07 -5.15E -08 421

5.72

3.01

3.29

3.88

-36.2

-10.0

551

7.63

4.01

4.39

5.18

-48.3

-13.3

G W P = G lobal W arming P otential; ODP = Ozone Depletion P otential; AP = Acidification P otential of soil and water; E P = E utrification P otential; P OC P P hotochemical Ozone C reation P otential; ADP E = Abiotic Depletion P otential for E lements; ADPF = Abiotic Depletion P otential of F ossil F uels

E nvironmental P roduct Declaration T res pa International B .V . – Meteon S tandard

5

Figure 37: Tableau : Limites du système et différentes étapes des profils environnementaux - Environmental Profile Certificate de Trespa International BV Source: Anglais : https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=1&cad=rja&uact=8&ved=0ahUKEwil6I2Zu7nVAhWC6oMKHaITD8IQFggoMAA&url=http%3A%2F%2Fwww. vink.no%2FAdmin%2FPublic%2FDownload.aspx%3Ffile%3DFiles%252FFiler%252FNORWAY%252FMILJ%25C3%2598%252FEPD%2BTRESPA%2BMeteon%2BStd.pdf&usg=AFQjCNFCJtmMxa3X3QdyZvPi8nUm3nDtGQ Allemand : http://www.trespa.info/Images/DE-Deutschland_EPD%20Trespa%20Meteon%20STD_(EPD-TRE2012211-D)_28-06-2012_tcm37-46742.pdf

67


Trespa North America Ltd. 12267 Crosthwaite Circle Poway, CA 92064 Tel.: (1)-800-4-TRESPA, Fax: (1)-858-679-9568 info.northamerica@trespa.com, www.trespa.com/na

Trespa® Decorative High-Pressure Compact Laminate (HPL) Panels Potential Contributions to LEED® Credits for Materials Reuse Leadership in Energy and Environmental Design (LEED) is an internationally recognized green building certification system, providing third-party verification that a building or community was designed and built using strategies aimed at improving performance across a variety of the metrics. Developed by the U.S. Green Building Council (USGBC), LEED provides building owners and operators a concise framework for identifying and implementing practical and measurable green building design, construction, operations and maintenance solutions. The following category description is intended to provide guidance to specifiers, designers, builders, architects and owners with ® relevant information about how Trespa products can contribute to the LEED program. Finished goods manufactured from Trespa decorative HPL panels can be evaluated as part of the entire building package for Materials and Resources (MR) credits in a variety of LEED rating systems. In the Materials Reuse category, once certain prerequisites are met, Trespa decorative HPL panels can potentially contribute to the following credits:

Rating System NC SCHOOLS CI CS

Rating System Title

Section Credit ID

New Construction and Major Renovation1 Schools New Construction and Major Renovation2 Commercial Interiors (Building Materials)3 Core and Shell Development4

MR Credit 3 MR Credit 3 MR Credit 3.1 MR Credit 3

Possible Points 1 or 2 1 or 2 1 or 2 1

Rating Systems NC, SCHOOLS, CS and CI (Building Materials) – Materials Reuse: Intent: To reuse building materials and products to reduce demand for virgin materials and reduce waste, thereby lessening impacts associated with the extraction and processing of virgin resources. Requirement: One point can be earned by using salvaged, refurbished or reused materials, the sum of which constitutes at least 5% (based on cost) of the total value of materials on the project. An additional point can be earned by using at least 10% (based on cost) of the total value of materials on the project (additional point not applicable to Core and Shell Rating System). Material costs for the project can be determined according to CSI MasterFormat 2004 Edition from the project schedule of values.5 Implementation: Due to their extensive life expectancy, Trespa panels have the potential to be salvaged, refurbished and/or reused during the renovation of a building. The panels can then be used on a new construction project or somewhere else on the existing building. Applications for reuse can be exterior and interior wall panels, decorating accent panels and furniture made with Trespa material. Note: Prior to reuse of any materials, Trespa strongly recommends that the customer and architect confirm compliance with specific code, design and performance requirements. Reused and Salvaged – Regional Materials Reused materials that have been judged to sufficiently satisfy the requirements of MR Credit 3 – Materials Reuse – may also 6 be classified as Regional Materials . As guidance, use the location from which the materials were salvaged as the point of extraction and the location of the salvaged goods vendor as the point of manufacture. Panels salvaged on-site or within 500miles automatically qualify. 1

LEED Rating System for New Construction and Major Renovation (USGBC, 2009), 51 LEED Rating System for Schools New Construction and Major Renovation (USGBC, 2009), 53 LEED Rating System for Commercial Interiors (USGBC, 2009), 31 4 LEED Rating System for Core and Shell Development (USGBC, 2009), 52 5 LEED Reference Guide for Green Building Design and Construction (USGBC, 2009), 366 6 LEED Reference Guide for Green Building Design and Construction (USGBC, 2009), 382 2 3

Disclaimer

LEED credit requirements cover the performance of materials in aggregate, not the performance of individual products or brands. Therefore, Trespa products are not reviewed or certified under the LEED Rating System. The information provided in this summary is intended to provide an overview of how Trespa products may, in certain circumstances, contribute to the LEED points of a building. This summary is based on information, which is, in our opinion reliable. However, the summary is provided for information purposes only and is without guarantee. TNA recommends that the customer or architect obtain the independent advice of a design professional and/or construction consultant. For more information on LEED, visit www.usgbc.org/leed.

Please check www.trespa.info for the most up to date version of this document code V7015b version 1.0 date 12-20-2010

Figure 38: Certificat Leed de 2010 pour les produits compacts HPL (massifs) de Trespa ® Source: http://www.phenolicresinlabs.com/images/leed-cert.pdf

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Conclusion Les stratifiés haute pression sont souvent catégorisés comme matière plastique arrivée par substitution et principalement appliquée comme matériaux de finition. « Les finitions…Étrange paradoxe sémantique que de considérer les objets ou les bâtiments « finit » alors que leur cycle de vie avec l’utilisateur commence ! »85 Dans l’énumération des cinq catégories on voit une évolution dans l’application qui est rendue possible avec les avancées techniques de production. Au travers de ces progressions les stratifiés s’affirment comme matériau à part entière, indépendant de tout autre support que lui-même. Afin d’évaluer les possibilités de réemploi des panneaux stratifiés il est indispensable de pouvoir identifier précisément les panneaux HPL. Plus largement, ceci permettra de prendre des décisions à l’égard du type de traitement. La fin de vie des produits plastiques en général est souvent délicate. Certains auteurs considèrent même que leur réemploi n’existe pas dans les pratiques de déconstruction, puisqu’ils sont trop fragiles et subissent une altération accélérée86. Dans le cas des thermodurcissables, il semble que leur résistance au temps et à l’usure puisse jouer en leur faveur. D’autre part, les matériaux composites ne se prêtent pas bien au recyclage et ne sont que très peu, voire pas du tout recyclés87. Dans le cas des composites à base de résines thermodurcissables la difficulté de recyclage est décuplée par l’irréversibilité de leur état. Cependant des entreprises pratiquent déjà ce type de traitement en boucle fermée. Les panneaux anciens sont ainsi broyés et réintégrés comme charge dans le cycle de production, remplaçant des particules de bois par exemple. Cette opération n’est pas encore généralisée mais nécessite de leur part une première adaptation et la mise en place d’une logistique de récupération, qui pourrait être favorable à l’établissement d’un marché de secondemain. Au-delà des critères techniques, un facteur influençant le réemploi des HPL est celui de leur appréciation. Comme on l’a vu les raisons de la mise au rebut des produits, et donc des matériaux, ne sont pas que purement techniques, comme c’est le cas d’un produit dégradé88. Au contraire les produits devenus inférieurs, inadaptés ou indésirés sont déclassés pour des raisons d’appréciation, de normes ou d’usage89. Pour pouvoir saisir ces facteurs culturels, il est nécessaire de faire un pas en arrière et de s’éloigner des aspects strictement physico-chimiques étudiés jusqu’ici. Pour faire apparaître ces dimensions, et particulièrement pour un matériau qui se veut anhistorique, il faut se plonger dans l’histoire. C’est par ce biais que l’on voit qu’il a évolué en fonction des modes, de la demande ou des considérations sociales et culturelles. C’est au travers du prisme de deux revues belges, d’un cas d’étude et d’une documentation technico-commerciale que je dresserais l’histoire des stratifiés décoratifs haute pression. Kula D., Ternaux E., 2008, « Think different : Matériau fini, matière infinie », dans Materiology : l'essentiel sur les matériaux et technologies à l'usage des créateurs, Basel, Berlin, Boston : Birkhäuser, p.318 86 Hoyet, N, 2013 « Le cas particulier des polymères » dans, Matériaux et architecture durable : fabrication et transformations, propriétés physiques et architecturales, approche environnementale, Paris, Dunod, p. 206 87 Romnée A. et Vrijders, J., février 2017, “Construire circulaire - Vers une économie circulaire dans la construction”, Innovation paper, CSTC et Confédération Construction Bruxelles-Capitale, dans le cadre de la Guidance Technologique Eco-construction et Développement Durable en Région de Bruxelles-Capitale, avec le soutien d’InnovIRIS, p.64 88 Allwood J.M., Cullen J.M., 2012, “Sustainable Materials - With Both Eyes Open”, UIT Cambridge Ltd. 89 Ibid. 85

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« À l’occasion et pour célébrer la cinquantième année d’existence de la revue, ce numéro reproduit la couverture du premier numéro publié ainsi que l’éditorial qui l’avait lancé. “La raison d’être de cette Revue” (éditorial) Revue qui a pour ambition de communiquer et documenter les progrès dans le domaine de la construction du point de vue technique, architectural, de l’outillage ainsi que des matériaux. Elle a l’ambition de s’adresser tant aux architectes qu’aux ingénieurs, tant aux entrepreneurs et conducteurs de travaux qu’aux dessinateurs (techniques certainement). Ainsi, on y trouvera des installations industrielles, des plans et plans-types, des photos des chantiers et de son organisation, des vues des façades, des descriptions de matériaux et de procédés constructifs, et des notes de calcul. En bref, une documentation poussée de projets, de leur chantier et de leurs dispositifs techniques. En plus de cela, ils y présenteront des extraits et des traductions d’articles parus dans des revues étrangères. Cherchant, en cela, à insister sur le développement des procédés mécaniques ailleurs. À la lumière de certains articles (notamment le prochain de 1947) il s’agit donc d’effectuer une comparaison qui apparaîtra comme des arguments afin de favoriser le développement industriel de la construction. »71 « À partir d’octobre 1969, BELGIAN PLASTICS succède à la Revue belge des Matières plastiques La nouvelle revue se veut radicalement différente. Nous voudrions accentuer le côté « magazine ». Nous comptons publier des reportages sur les nouveautés de notre branche, des études approfondies de sujets d’actualité. Les aspects économiques intéressant l’industrie plastique belge auront notre attention spéciale, ainsi que les indications de tendance et de débouchés. Le domaine des élastomères synthétiques (caoutchoucs et polymères apparentés) aura sa place dans nos colonnes. Car il n’y a plus de frontière à présent entre les élastomères synthétiques et les plastiques. Nous augmentons notablement le nombre d’illustrations photographiques. Les textes écrits seront plus compacts, se rapprochant davantage de la formule « digest » ceci facilitera par ailleurs une certaine accentuation du bilinguisme, nécessaire dans notre pays. Et comme nous pensons que la nouvelle formule va plaire, nous augmentons considérablement le tirage et la diffusion. »72

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L’histoire des stratifiés Introduction Dans cette partie, trois sources principales et distinctes serviront à établir mon interprétation de l’histoire générale et de l’évolution du stratifié décoratif haute pression. Elles permettront de saisir les tourments, les obstacles, les caractéristiques, les contextes socioculturels, environnementaux et économiques de ces matériaux. La première se présente comme une note historique romantique de l’entreprise internationale “Formica Group” qu’elle décrit dans “Formica Forever” publication réalisée pour les 100 ans de la société. Un cas d’étude de cette marque de stratifié décoratif haute pression a été rendu possible par la disponibilité et la richesse des sources la concernant, et nourrira cette partie. La pérennité de cette société, plus que centenaire, a permis de poser un regard sur l’évolution, non seulement de ses produits, mais aussi sur le contexte dans lequel ces produits ont été présentés, vendus, installés, remplacés et détruits. Le contenu cité et décrit est fortement imprégné de leur identité américaine ainsi que de leurs visées internationales - un facteur qu'il faut garder à l'esprit lors de la lecture. La deuxième source, est le fruit d’une récolte minutieuse de documents technico-commerciaux francophones, identifiés et/ou trouvés dans diverses archives de bibliothèques à Bruxelles et en Wallonie. Finalement la troisième source principale est le fruit de l’analyse de deux revues belges, « La technique des travaux »90et « Belgian Plastics »91. Elles permettront d’avoir un aperçu de la place des stratifiés dans l’industrie de construction et/ou plastique en Belgique. Ces deux derniers éléments, ont pour but de comprendre comment les HPL ont été accueillis dans le contexte belge. Les thèmes présentés dans les chapitres à suivre ont été récurrents dans la période de recherche et constituent une interprétation personnelle qui n’engage que moi. Différentes synthèses chronologiques, et notamment celles rendues possibles par les revues, confirment le caractère de matériaux de revêtements que vont prendre, entre l’après-guerre et 1976, les stratifiés. Ils se présentent alors comme des panneaux très fins (1,5mm, 3mm, 6mm) collés sur des substrats afin de servir de feuilles décoratives et de protections. Ils se feront placage de surfaces diverses, tant horizontales que verticales, et majoritairement de mobilier, de cuisines, de cloisonnement, de fourniture de bureau. Des questions liées à l’esthétique et à l’authenticité émergent également. Les feuilles de stratifiés ne sont pas les seules à faire y l’objet mais bien toutes les gammes de produits issus des polymères synthétiques commercialisés à cette époque. Évidemment la question de la durée de vie est primordiale tout comme l’usage et l’usure de ces produits. Par nature, la mise en œuvre de ces matériaux composites est irréversible une fois soumis à la chaleur et au catalyseur. Le recyclage direct est donc très problématique. Tout au long de cette partie, on espère que les informations recueillies pourront éclairer sur les types de stratifiés qui pourraient être de bons candidats au réemploi.

1975, “La raison d’être de cette Revue”, éditoriale, dans La Technique des Travaux, Revue bimestrielle des Procédés de Constructions modernes, N°351, 51e année, N°1-2, Janvier-Février 91 1969, « Une nouvelle revue », dans Belgian plastics : revue belge des matières plastiques et élastomères, Bruxelles : Fédération des industries chimiques de Belgique, n°1, 90

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Figure 39: La base des matières plastiques en Bakélite - Extrait Source: 1946, « Bakélite – Résinoîd, La base des matières plastiques en Bakélite », dans Matières Plastiques, Revue de Documentation et de Vulgarisation de l’Industrie des Matières Plastiques, Bruxlles, Publivente, N°1, Archives UCL, p. 11-12

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Une brève histoire des plastiques Dans l'histoire du développement des matières plastiques en Belgique, comme ailleurs, on peut distinguer quatre périodes. Du XIXe à la Première Guerre Mondiale La première période s'étend du début du XIXe siècle jusqu'à la Première Guerre mondiale. Avant d’être matériaux de synthèse, les premières plastiques ont constitué les premières résines artificielles dérivées de matières naturelles comme la cellulose ou la caséine de lait. Ce qui a donné les résines caseineformol, inventées par W.Krische et A. Spitteler en 1897 (galalithe), et les résines nitrocellulosiques, mises au point par frères Hyatt en 1969 États-Unis.92 « Les applications sont essentiellement la bimbeloterie, les industries du peigne, des montures de lunettes, du jouet, par étampage ou emboutissage de feuilles tranchées dans des blocs obtenus par moulage. »93 C’est l’arrivée de la “bakélite” qui annonce le premier matériau de synthèse. [CITATION]94 Cette substance entièrement synthétique se met en forme sous l’action de la chaleur et garde sa forme en durcissant. La première résine thermodurcissable est née. L’avènement de l’électricité et des thermodurcissables La deuxième période s’étend de 1914 à 1940 et sera marquée par l’avènement de l’électricité et des matériaux isolants que ses applications nécessitent95. Le cas d’étude de Formica nous le démontra plus loin. « C'est la période faste pour les thermodurcissables (phénoplastes, aminoplastes) qui répondent parfaitement à ces exigences. Les machines de transformation sont d'abord des machines a caoutchouc (laminoirs, presses) modifié de façon à pouvoir travailler à des températures plus élevées »96 A partir des années 1930, des travaux théoriques de chimistes aboutissent et permettent, à un prix de plus en plus accessible, d’obtenir des polymères à partir du pétrole. Le polystyrène, les acryliques ou encore le chlorure de polyvinyle, communément appelé PVC, en sont des exemples.97

Hoyet, N, 2013 « Le cas particulier des polymères » dans, Matériaux et architecture durable : fabrication et transformations, propriétés physiques et architecturales, approche environnementale, Paris, Dunod, p. 190-192 93 Bost J., 1982, « Avant-Propos », dans Matières plastiques II. Technologie – plasturgie, Technique et Documentation Lavoisier. 94 1946, « Bakélite – Résinoîd, La base des matières plastiques en Bakélite », dans Matières plastiques, Revue de Documentation et de Vulgarisation de l’Industrie des Matières plastiques, Bruxlles, Publivente, N°1, Archives UCL, p. 11-12 95 Bost J., 1982, « Avant-Propos », dans Matières plastiques II. Technologie – plasturgie, Technique et Documentation Lavoisier. 96 Ibid. 97 Hoyet, N, 2013 « Le cas particulier des polymères » dans, Matériaux et architecture durable : fabrication et transformations, propriétés physiques et architecturales, approche environnementale, Paris, Dunod, p. 191 92

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L’ère des thermoplastiques La troisième période s’étend, à partir de 1940, jusqu’aux années 1970. « C'est l’ère des thermoplastiques avec, d'abord, le polychlorure de vinyle. Sous sa forme plastifiée, il sert à remplacer le caoutchouc, rare en période de guerre, le cuir (similicuir) » 98 C’est à la même époque que la pétrochimie apparaît. Elle met alors à disposition des producteurs une matière première très bon marché pour l’époque, l’éthylène. Le polyéthylène, sa forme polymérisée, trouvera immédiatement des applications dans les arts ménagers, tels que des récipients, des bassines ou des boites empilables, et l’emballage.99 « Les ateliers de transformation deviennent de véritables usines. »100 Dans cette période d’après-guerre l’industrialisation prend véritablement son essor. « Le Formica ® et la vaisselle en formaldéhyde de mélamine envahirent les cuisines domestiques. Les fibres synthétiques furent préférées aux fibres naturelles pour leur facilité d’entretien »101. L’anecdote du casier à bière permet de saisir à quel point ceci est vrai. « Rappelons que le casier à bière n’est apparu sur le marché européen qu’en 1958 »102 La robotisation et l’ère du perfectionnement La quatrième, et dernière période, débute à la suite de la précédente aux environs des années 1970. On entre dans une période de perfectionnement qui se caractérise par l’apparition de matières plastiques à haute performance. « On ne voit plus guère apparaitre des matières plastiques nouvelles de grande diffusion, mais surtout des matières plastiques à haute performance, les "Technoplastes". Ces plastiques techniques, dont les propriétés sont souvent améliorées par association avec des charges fibreuses renforçantes (fibres de verre, de carbone, de bore, etc. »103 C’est l’ère de la robotisation. Les ordinateurs, le contrôle continu qu’ils autorisent et la programmation permettent d’augmenter la fiabilité et les performances des machines104.

98 Bost J., 1982, « Avant-Propos », dans Matières plastiques II. Technologie – plasturgie, Technique et Documentation Lavoisier. 99 Ibid 100 Ibid 101 Hoyet, N, 2013 « Le cas particulier des polymères » dans, Matériaux et architecture durable : fabrication et transformations, propriétés physiques et architecturales, approche environnementale, Paris, Dunod, p. 191 102 1969, « Plan général », dans Belgian plastics : revue belge des matières plastiques et élastomères, Bruxelles : Fédération des industries chimiques de Belgique, n°1, p. 12 103 Bost J., 1982, « Avant-Propos », dans Matières plastiques II. Technologie – plasturgie, Technique et Documentation Lavoisier. 104 Ibid

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L’époque des nouvelles matières plastiques diffusées à grande échelle semble alors être révolue. Il faut dire que ces années ont aussi été marquées par les chocs pétroliers qui ont apportés dans leur sillage une prise de conscience générale du caractère épuisable de cette matière première. Les critiques face à l’aspect “synthétique” des plastiques se sont alors multipliées et propagées dans les médias jusqu’à avoir un impact sur l’image des fabricants de ces matières. « La période contemporaine produit des matières et matériaux toujours plus performants et cherche par ailleurs à minimiser l’impact environnemental d’une fabrication typiquement synthétique, éloignée de tout écosystème. »105 Après cette introduction historique de l’évolution générale des matières plastiques, on se focalisera plus précisément sur les stratifiés décoratifs à haute pression. On verra qu’elle permet de poser les premiers repères de leur histoire et de saisir de manière plus globale les différentes problématiques auxquelles ils ont dû faire face.

105 Hoyet, N, 2013 « Le cas particulier des polymères » dans, Matériaux et architecture durable : fabrication et transformations, propriétés physiques et architecturales, approche environnementale, Paris, Dunod, p. 192

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Figure 40: Leo Baekeland - Times magazine - Page de garde Source: http://content.time.com/time/covers/0,16641,19240922,00.html

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Les débuts du stratifié 1. L’ingrédient de base Leo Hendricus Arthur Baekeland est un chimiste belge né en 1863 à Gand et baptisé en 1924 « The Father of the Plastics Industry »106 alors qu’il faisait la couverture du Time magazine. C’est lui qui a découvert en 1907 la Bakélite qui n’a pas seulement marqué le début de l’industrie des plastiques mais qui est aussi à l’origine de notre sujet de recherche. La Bakélite, brevetée par Baekeland en 1909, est résistante à la chaleur et est un excellent isolant électrique107. Il donnera jour aux résines dites phénoplastes dont le phénol fait partie. Il a déclenché une révolution dans les matières plastiques et ses possibilités d’applications feront alors l’objet d’une investigation prolifique. C’est en 1910 que le chercheur C.E. Skinner, employé de Westinghouse Electric Corporation, étudie les moyens de plonger le papier dans ces résines et de faire cuire le tout.108 Herbert A. Faber et Daniel J. O’Conor, deux autre salariés de Westinghouse, intrigués par les expérimentations avec la résine Bakelite, ont mis au point, en 1912, un procédé de fabrication d’isolants stratifiés et l’ont fait breveter. En 1913, les deux collègues quittent leur entreprise d’origine, persuadés d’avoir découvert une opportunité commerciale que leurs dirigeants avaient sciemment ignorée109. C’est ainsi que « Formica Insulation Company » est née. 2. La première feuille stratifiée décorative De la première feuille stratifiée à l’entreprise de matériaux décoratifs La première feuille stratifiée Formica voit le jour le 4 juillet 1914. Elle est alors utilisée pour des pièces variées d’appareils électriques comme la radio ou pour l’automobile. En 1924, le premier chimiste interne de Formica Insulation Company, Jack D. Cochrane, prend la tête de la recherche. Quelques années plus tard, et après de maintes tentatives avec d’autres résines que la bakelite, qu’ils ne pouvaient plus se fournir, Jack D. Cochrane accompagné de George H. Clark, produisent la première feuille stratifiée décorative. Ils ont ensuite développé un stratifié à base de papier kraft dont la couche supérieure était faite de résines aminées, de la même famille que la mélamine, au lieu du phénol utilisé pour le cœur. Cuites, les résines aminées deviennent transparentes, au contraire des phénoplastes qui prennent une teinte brune, très foncée. La barrière qu’elle constitua, couvrant ainsi l’intérieur sombre du stratifié, ouvrit la possibilité d’ajouter des couches imitant le bois ou la pierre marbrée. « La société a breveté un procédé d’impression en héliogravure pour produire du stratifié multicouche lithographié imitant le bois, sur une presse à plat. Le lancement de surface imprimée imitant le marbre, le granit ou présentant des motifs abstraits s’est rapidement développé, donnant à l’entreprise son avance en matière de stratifié décoratif. »110

106 Welwyn Garden City. 1962. Landmarks of the Plastics Industry. England: Imperial Chemical Industries Ltd., Plastics Division. pp. 13–25. 107 BRAM, « BAEKELAND LEO HENDRIK - (1863-1944) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 8 mai 2017. URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/leo-hendrik-baekeland/ 108 Formica forever, 2013, Formica Corporation, Cincinnati, Ohio;New York, NY;.page 252 109 Ibid. 110 Formica forever, 2013, Formica Corporation, Cincinnati, Ohio;New York, NY;.page 262

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Figure 41: 1940 L’assemblage de feuilles décoratives en stratifié formica entre des plaques en acier inoxydable poli comprenait cette opération manuelle de Formica : Forty Years of Steady Vision, 1953 Source: Formica forever, 2013, Formica Corporation, Cincinnati, Ohio;New York, NY;.page 18

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Ce procédé de fabrication a fondamentalement transformé la société Formica. Elle est ainsi passée d’un fabricant de matériaux fonctionnels, produits industriels primaires, à un fabricant de matériaux décoratifs. Nouveau Produit En 1931, le laboratoire de recherche de Cochrane a proposé l’ajout d’une feuille d’aluminium au sandwich des stratifiés. Le premier stratifié « Cigarette-proof » était né, et logiquement a fait sont entré dans de nombreux établissements de l’horeca et du milieu de la nuit. 3. L’innovation majeure pour les stratifiés décoratifs haute pression. Palmer Griffin, un chimiste, développe et produit en 1937, des résines de mélamine plus résistantes. Il travaille alors chez l’American Cyanamid Co, un conglomérat de production de polymères et dérivés, qui deviendra propriétaire de la Formica Corporation en 1956 et jusqu’en 2000. Des résines de mélamine avaient déjà été utilisées pour d’autres applications comme la vaisselle.111 Histoire de la résine mélaminée La mélamine a été isolée pour la première fois par Justus von Liebig en 1834. Elle allait rester en sommeil pendant près de 100 ans avant que Henkel & Co ne pose un brevet pour la résine mélamine-formaldéhyde (MF)112. Alors nommée Resart, elle sera produite et commercialisée en 1938113. En 1939, l’American Cyanamid Co la perfectionnera et produira ainsi un autre dérivé, l’urea/mélamine. Ces deux résines seront par la suite mêlées afin de réduire les émissions toxiques du formaldéhyde et donneront lieu à la mélamine-urea-formaldéhyde114. La mélamine Les années 1930 seront donc le spectacle d’un véritable engouement pour la mélamine et ses dérivés. L’article “The Chemistry of Fonctional Groups”, écrit par Zvi Rappoport et publié dans Patai séries en 2007, permet de contextualiser cet attrait. « Bien que diverses réactions industrielles pour préparer la mélamine aient été brevetées par Henkel et I.G. Farben d'Allemagne et CIBA, le processus industriel a été perfectionné en 1939 par American Cyanamid qui a significativement utilisé son cyanamide de calcium. Les résines de mélamine polymère préparées via des dérivés de triméthylol sont devenues importantes dans le renforcement du papier, à l'origine pour les besoins militaires. Alors que les résines de mélamine étaient similaires à bien des égards à des condensats d'urée-formaldéhyde antérieurs introduits à la fin des années 1920, ils présentaient une plus grande résistance à l'humidité et à la chaleur. Le

Formica forever, 2013, Formica Corporation, Cincinnati, Ohio;New York, NY;.page 270 Steve Akhurst, 2004, The Rise and Fall of Melamine Tableware, plastiquarian, Plastics Historical Society n.32, page 8-13 113 Utracki L.A., nov. 2013, Commercial Polymer Blends, Springer Science & Business Media, 27, page 11 114 Polymer Properties Database, http://polymerdatabase.com/polymer%20classes/MelamineFormaldehyde%20type.html 111 112

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Figure 42: “Resopal orne” Publicité de 1957 Source: Schnexider, R. & Flagge, I. 2006, Original Resopal: die Ästhetik der Oberfläche = Original Resopal : the aesthetics of surface, Jovis, Berlin.p 107

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produit de moulage en mélamine vendu avec le nom commercial Melmac a présenté un énorme progrès dans la découverte d'aminoplastics. À partir de 1945, Melmac a été adapté pour être utilisé dans des vaisselles de plastic et est associé aux noms des principaux designers industriels. La mélamine a été utilisée dans les stratifiés très réussis appliqués aux plans de travail, etc., produits par la Formica Insulation Company qui était précédemment passé de Bakelite à des résines d'urée. La mélamine offrait des temps de durcissement rapides, une grande durabilité et l'utilisation de couleurs claires pour les comptoirs de cuisine, les bars et les dinettes. Les stratifiés décoratifs Formica ont finalement remplacé le linoléum pour des plans de travail et comptoirs. La mélamine est également devenue importante dans les industries des revêtements et des finitions textiles. »115 En outre, une couche transparente de mélamine procurait une couche extérieure de protection. Mais, selon F. Holbrook Platts, un historien de premier plan de l’industrie du stratifié 116, cette amélioration n’a eu d’impact majeur qu’après la Seconde Guerre mondiale. 4. Matériaux de finitions, éléments protecteurs Une belle interprétation assez courte de la notion de « décoration » au fil des siècles est fournie par Daniel Kila, Eodie Ternaux, Quentin Hirsinger dans l’ouvrage « Materiology: Matériaux et Technologies: L'essentiel A L'Usage des Créateurs ». Sa lecture permet également de souligner quelques éléments qui feront l’objet d’une attention particulière dans la suite de cette analyse. « La finition obéissait traditionnellement à deux impératifs: protéger et décorer. Ces deux fonctions ont cohabitées, se sont opposées, de manière complexe, selon les périodes. Au raffiné XVIIIe siècle, la fonction décorer est dominante: peu importe la matière de base, elle est vite recouverte. Apogée du décor? Petits motifs du berger et sa bergère, décors fleuris, l'objet est alors surtout support de narration. L'efficacité protectrice des finitions est en tout cas faible, à l'image de ces peintures à la chaux que l'on appliquait et réappliquait annuellement. Au XIXe siècle, ère industrielle, c'est la finition-protection qui prend l'ascendant. Le développement du fonctionnalisme réduit souvent la matière des objets au fini le plus neutre possible. On protège, on aplanit, on nivelle les caractéristiques propres de la matière, jusqu'à l'apparition du plastique, qui en est l'archétype, matière inerte et fonctionnelle par excellence (sans passé, sans histoire). C'est le plaisir du décor qui s'estompe, il ne subsiste que s'il rehausse la fonction ou s'il alimente un propos commercial (apparition et omniprésence des logos comme unique décor). La finition va aussi servir à convaincre de la pérennité de la matière: illusion de la protection absolue de l'objet avec le chromage, la rilsanisation (fait de recouvrir d’une couche de Rilsan, fibre synthétique) . . . L'inaltérabilité est affichée. Il est singulier en revanche d'observer qu'entre protection et décor, il subsiste un courant récurrent d'imitation dans l'univers de la finition. Elle permet, de tout temps, et encore aujourd'hui, de tromper. Elle sait travestir la matière pauvre en matière riche. Le plastique, là aussi, est roi. C'est d'abord par l'imitation, d'ailleurs, qu'il a gagné sa place au rang des matériaux. »117 Les stratifiés décoratifs à haute pression ont intégré de manière cumulative toutes ces notions de décoration, de protection, d’hygiène, de légèreté, de facilité, de modernité, d’économie et d’intemporalité.

Rappoport Zvi, 2007, XVIII. MELAMINE, The Chemistry of Anilines part 1, John Wiley & Sons, page 58-59 Formica forever, 2013, Formica Corporation, Cincinnati, Ohio;New York, NY;.page 270 117 Kula D., Ternaux E., 20019, « Think Different :Matériau fini, matière infinie », dans Materiology : l'essentiel sur les matériaux et technologies à l'usage des créateurs, Basel, Berlin, Boston : Birkhäuser, p.318 115 116

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Je vous invite à le constater par vous-même au travers des extraits d’annonces, de catalogues et de discours qui peuplent ce travail. Le discours récurrent qui en ressort se base sur l’idée d’un changement et d’une amélioration constante du présent. Ils semblent alors être aux prises d’un paradoxe qui se fait de plus en plus prononcé avec le développement hyper-technologique qu’annoncent certains prototypes aux surfaces auto-régénérant, intégrant notamment les nanotechnologies. N’oublions pas qu’on parle d’un produit, dont les cadres exigent un rendement croissant dans le temps. Ils imposent donc une mise à jour continue, rendant quelque part obsolète les modèles antérieurs, comme un Iphone6 déclasserai un Iphone5, et permettant de continuer à vendre et à faire des chiffres d’affaires. Néanmoins, c’est par la diversification de leurs marchés qu’ils semblent éviter de s’y confronter, et notamment, de manière peut-être ironique, grâce au marché de rénovation engendré par la question environnementale.

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L’après-guerre – le boom La reconstruction d’après-guerre des villes européennes, ainsi que l’ascension sociale américaine, a fortement influencé les marchés. Le secteur de la construction, et avec lui l’immobilier, la vente de finitions ou de mobilier, a eu un impact considérable sur la consommation des produits modernes issus des “innovations industrielles”. L’époque est à la communication qui a véritablement changé d’échelle et permis l’avènement de la société de masse. Les médias, les entreprises de communication, les journaux ou encore l’augmentation des flux internationaux, ont eu pour effet de décupler la portée de diffusion des entreprises commerciales. «Les dates importantes sont celles du marketing de masse, lorsqu’une innovation devient compréhensible, accessible et abordable, avec l’élan de la distribution et de l’image de marque d’une société géante, qui atteint tout le monde »118 Le cas d’étude de Formica® présent dans cette partie du travail fait principalement allusion à la toute première société de consommation qui s’est développée en Occident, les Etats-Unis119. L’absence d’entretien que nécessite les stratifiés a été un des arguments les plus influant pour le développement de son marché, et notamment pour le marché domestique, où les annonces se focalisent sur l’image des “femmes au foyer”, mais pas que. «(Cet) Argument de la facilité de nettoyage était combiné à une injonction morale et à une philosophie de progrès. »120 «(Ces) nouvelles surfaces ne sont pas seulement des motifs colorés et extravagants, mais elles ont été scellées, glacées, plastifiées. Elles sont impressionnament imperméables, non poreux et résistants, d’une façon presque légale. »121 Cette notion de propreté et d’économie de temps revient systématiquement en toile de fond et a conduit au monde hyper-hygiénique et facile à nettoyer que nous connaissons aujourd’hui. Elle a été une des conditions à l’avènement de cet “Homme nouveau”, enfin libéré de l’obligation d’entretenir.

118 Alexandra Lange, “Le charme de l’utilitaire : Stratifié Formica®, Design et Luxe », dans Formica forever, 2013, Formica Corporation, Cincinnati, Ohio;New York, NY. 119 Ibid. 120 Ibid. 121 Ibid.

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Figure 43: Extrait du classeur documentaire de l’habitation (+- 1979) Source: Archives technico-commerciaux de la Matériauthèque consultés à la faculté d’architecture, d’ingénierie architecturale, d’urbanisme LOCI - Site de Bruxelles

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1. Usage et usure « Qu'est-ce que le luxe? Palissandre, cuir, soie, laque, feuille d'or ou argent? Ou est-ce l'absence d'installation et de maintenance de ces belles matières naturelles, les salons sans limites, la guerre contre les empreintes de doigt, la lutte contre l'usure ? Depuis sa première adoption par les designers dans les années 1930, le stratifié Formica® offre à ses utilisateurs le luxe de la durée : facilité d'entretien, durabilité, aspect pratique. Et avec les produits synthétiques contemporains tels que le vinyle, le nylon et la mélamine, l'aspect des matériaux traditionnels de luxe s'obtient à une fraction du prix. » 122 L’aspect temporel et intemporel semble paradoxalement cohabiter dans les produits stratifiés. « Le papier peint moucheté doré installé en 1959 a disparu depuis longtemps, mais les plans de travail de paillettes aqua Sequin (au moins dans la maison de ma grand-mère) continuent à faire leur effet sans presque une brûlure, une tache ou une écaille. »123 L’aspect temporel est multiple en effet, ce matériau qui ne change pas, fait aussi économiser du temps, temps d’entretien ou de remplacement. « En aucun cas, la surface de Formica ne peut présenter de trace d’alcool ou de brûlure de cigarette laissée par les hôtes précédents. » 124 L’usage intensif dans les espaces de l’horeca, laisse penser que ceux-ci n’ont attendu que l’apparition d’un tel matériau, si insensible à l’usure. Comme le suggèrent les brochures et catalogues encore aujourd’hui, c’est une redéfinition du luxe que ces matériaux ont amenés avec eux. « le luxe réside dans le fait que tout semble absolument neuf. »125 Au cours des cent dernières années, les couches, les dimensions, les épaisseurs, les textures et les armatures nouvelles se sont ajoutées. Chaque fois, les designers et les architectes ont intégré ces évolutions technologiques dans les intérieurs, le mobilier et même les façades. Dans un premier temps, durant les années 1930, le stratifié Formica a été déplacé de ses applications industrielles jusqu’aux studios des créateurs de mobilier moderne. Puis, après être devenu surface décorative, il a pris la forme d’un matériau structurel.

Ibid. Ibid. 124 Alexandra Lange, “Le charme de l’utilitaire : Stratifié Formica®, Design et Luxe », dans Formica forever, 2013, Formica Corporation, Cincinnati, Ohio;New York, NY. 125 Alexandra Lange, “Le charme de l’utilitaire : Stratifié Formica®, Design et Luxe », dans Formica forever, 2013, Formica Corporation, Cincinnati, Ohio;New York, NY. 122 123

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Figure 44: Extrait du bulletin technique de Perstorp Source: Archives technico-commerciaux de la Matériauthèque consultés à la faculté d’architecture, d’ingénierie architecturale, d’urbanisme LOCI - Site de Bruxelles

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Figure 45: Extrait du classeur Trespa-Volkern 1987 Source: Archives technico-commerciaux de la Matériauthèque consultés à la faculté d’architecture, d’ingénierie architecturale, d’urbanisme LOCI - Site de Bruxelles

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2. Discours technico-commercial en Belgique Comme vous l’avez certainement compris, beaucoup d’entreprises passèrent également aux “plastiques laminés”, tentant leur chance sur ce tout nouveau marché. Beaucoup finirent par être rachetées par les multinationales ou les conglomérats qui dominent ce milieu. Les caractéristiques de leurs produits présentent de légères différences. Dans cette partie j’aimerais illustrer quelques fiches technico-commerciales destinées au marché belge, dans leur contenu et leurs messages ainsi que dans les formats et les caractéristiques des produits qu’elles présentent. En Belgique, la Compagnie générale belge des isolants (Cogebi) produisait un stratifié appelé Panolux. L’âme est composée de 5 à 8 feuilles de papier imprégnées de résines synthétiques et de 1 à 3 couches de composés cellulosiques pigmentées et imprégnées de résine mélamine pure. Ce “revêtement décoratif moderne” épais de 1,2 à 3,2mm et de taille standard de 2,46 m sur 1,22 m (3m2), met également en avant “l’inaltérabilité” de ses décors. Panolux promet ainsi le “confort, la propreté, la robustesse et l’élégance” et ceci de “qualité américaine au goût et aux prix européens”. “Panolux n’exige aucun entretien” pour le domicile, l’hôtel, le restaurant, le café, le bar, le magasin, le bureau, l’atelier, le laboratoire, l’école, l’hôpital, le cabinet médical ou dentaire et la pharmacie. Perstorp est une entreprise suédoise qui a été rachetée par Formica Corporation en 2000. Elle proposait elle aussi des stratifiés décoratifs, “insensible aux chocs et à l’usure”, durant la période d’après-guerre. Elle a aussi introduit en 1985 un stratifié de revêtement de sol, connu sous le nom de Pergo®. Les panneaux stratifiés décoratifs à coller étaient disponibles dans des épaisseurs allant de 1,5 à 20mm. Seuls les panneaux inférieurs à 5 mm d’épaisseur devaient être collés sur un support. Leur brochure fait effectivement référence à des panneaux ne nécessitant “aucun support” et décorés sur ses deux faces. Pour ce type de panneaux, un argument supplémentaire qui était mis en avant est celui du “Do It Yourself”, visant ainsi le marché des “bricoleurs”. Une fiche commerciale de cette compagnie, datant de la fin des années 1960, présente une note extensive sur la facilité d’usinage à effectuer avec des “machines dont on se sert couramment en menuiserie”. Le seul point critique qui rend le démontage difficile est celui de la “colle” mise en avant comme système de montage principal. Les panneaux Trespa-Volkern®, revêtements extérieurs et intérieurs, commercialisés depuis les années 1960, “avec leur densité uniforme, qui permettent de mener à bien de nombreux traitements mécaniques”. Leur pose est généralement faite par fixation mécanique qui facilite grandement leur démontage. Ces panneaux, qui ont une “résistance exceptionnelle aux chocs, aux actes de vandalisme et la saleté” sont directement destinés aux maîtres d’œuvre, architectes et entrepreneurs. On relèvera que les arguments destinés aux architectes insistaient plutôt sur le visuel et le vaste arsenal d’applications qu’offraient ces panneaux, tout en étant écologiques. L’architecte dans ce cas, prescripteur, représente un élément clé pour les fabricants, puisqu’il peut décider des éléments constructifs à mettre en œuvre. Même si le caractère écologique reste discutable, le thème de l’esthétique est ici clairement rapporté à la notion de création et à la réalisation d’un objet ou d’un édifice à partir de la vision des artistes, designers, concepteurs et architectes. On verra plus loin, notamment dans l’étude de l’histoire des stratifiés et de Formica®, que les “designers”, terme 91


Figure 46: Extrait de System Mailing n° 327 de 1987 Source: Fonds Vandenbogaert, Daniel, Archives et Bibliothèques d’Architecture de l’Université Libre de Bruxelles

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générique employé pour désigner les concepteurs, ont souvent été ciblés en amont de la production des panneaux afin de collaborer et démontrer les possibilités d’usage et la flexibilité des produits stratifiés décoratifs haute pression. “Les dessous des matériaux durables !”, tel est l’intitulé d’une annonce de Trespa-Volkern®. Celuici expose sur un ton provocateur le bois, le béton et l’acier par des images affichant une dégradation visuelle et physique prononcée. La comparaison aux stratifiés décoratifs haute pression met en valeur ce “panneau d’une seule pièce, créé pour durer des années, sans aucun entretien”. Fabriqué comme un panneau HPL massif, composé d’une âme et d’une surface de plusieurs bandes de cellulose imprégnées de résine phénolique et recouverte, en surface et des deux côtés, d’une couche en résine mélaminée. Les épaisseurs varient de 3 à 30mm et les tailles sont plus conséquentes que les panneaux des années 1970. Des panneaux jusqu’à 5,5m2 sont disponibles, en permanence, dans 37 coloris standards. Ce panneau résisterait au climat belge, aux produits chimiques, au vandalisme et pour couronner le tout, à l’usure. Pour finir, je voudrais vous présenter “Surell : la matière pour les architectes”. Ce matériau produit et distribué par Formica est un matériau massif de revêtement de surface. D’apparence très esthétique, présentant une maniabilité quasi illimitée, ce matériau homogène non poreux ne présente pas seulement une facilité d’entretien. Il est aussi facilement usinable et permet une infinité de formes et d’applications. En cela, il s’apparente à une matière à part entière. La transition d’une matière décorative à une matière qui peut être sculptée a dû avoir un impact considérable dans le domaine du design et la fabrication d’objets et de mobilier. Selon une annonce plus étendue, datant de 1995, “Surell est composée de résine polyester, de charges minérales et de pigments.”. Après vérification, ce produit est toujours commercialisé aujourd’hui sous le nom de Formica® Solid Surfacing Surell®. Dans l’édition d’octobre 1993 du « Chicago Tribune »126, un article mentionne le tournant des matières plastiques. Ces panneaux homogènes sont 4 à 5 fois plus coûteux que ses ancêtres à base de papier kraft et de résines thermodurcissables. Ces panneaux viennent avec une garantie de 10 ans contrairement à celle de 5 ans des panneaux stratifiés HPL classiques. Ils sont composés d’une résine à base d’acrylique ou de polyester, ou les deux, et de feuilles moulées en différentes épaisseurs. Corian, premier panneau de “Solid Surface”, un faux panneau pierreux, introduit à l’origine en 1971 par “Du Pont”, utilisait également une résine acrylique. L’emploi de celle-ci a trouvé un écho chez beaucoup d’autres fabricants. La fiche technique de ce matériau est mise à disposition sur le site de Formica Group. Elle ne fait aucune mention de sa composition, mais par contre dans les “littératures annexes” on peut trouver la “Formica® Solid Surface material declaration”127. Ce matériau est constitué d’une matrice de 35 à 45% de polymères acryliques, d’une charge minérale de 55 à 65% d’Aluminium Trihydrate et de 1% de pigments. On ne va pas approfondir les problèmes environnementaux liés à la manipulation de bauxite (Minerai d’aluminium), entrant dans la production de l’alumine trihydrate, mais cette matière est largement utilisée dans la production de l’aluminium. Ajouté à une molécule de polymère ou mélangé à une résine, dans le cas présent, cet élément a l’effet d’un retardateur de flamme. 126 Hupp S., Sentinel O., « Beyond Formica : The New Generation of Counter Tops is Tougher, More Versatile- and Costlier », dans Chicago Tribune, consulté le 1 juillet : http://articles.chicagotribune.com/1993-1003/news/9310030095_1_solid-surface-materials-newest-surface-laminate 127 Formica® Solid Surface material declaration consultée en dernier le 1 juillet sur le lien : http://www.formica.com/us/~/media/north-america/documents/products/en/formica-solidsurfacing/160420_mk16129_decloration_hh.pdf

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Figure 47: Extrait d’une affiche publicitaire Surell de Formica de 1993 Source: Fonds Vandenbogaert, Daniel, Archives et Bibliothèques d’Architecture de l’Université Libre de Bruxelles

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Les panneaux Surell ne sont en aucun cas à assimiler à des HPL, leur composition n’implique pas de résines thermodurcissables et le processus de fabrication en est également différent. La récupération de ces panneaux pourrait néanmoins être aussi pertinente que celle de n’importe quel autre composant constructif. 3. Effet de mode et applications nouvelles selon Formica L’aspect intemporel ne semble pas couvrir l’intemporalité esthétique des panneaux stratifiés. Tout au long du cas d’étude de Formica, on observe, en effet, un développement de nouvelles gammes semblant répondre à une analyse constante de la mode. On assiste alors à un perfectionnement continu de reproduction de surfaces ou de textures, ainsi qu’un travail pléthorique sur les coloris. Mais cette esthétique n’était pas le seul argument de vente. De nombreuses “innovations” ont accompagnées les nouveaux produits, telle l’amélioration de leurs résistances, l’agrandissement des tailles des panneaux, l’augmentation des épaisseurs et le développement de nouvelles applications. Realwood® La gamme Realwood® lancé à la fin des années 1940 par Formica en est un exemple. Celui-ci intégrait une fine feuille de placage de bois véritable. Ce produit, selon la société, « permettait au designer et au propriétaire de la maison de ne pas choisir entre le matériau réel et un substitut industriel. »128 Cette gamme a été assez vite remplacée suite à l’intégration au sein de la société Formica du premier consultant, Brooks Stevens, designer industriel. « Il a conseillé la société lors du développement de Realwood®. Il a fini par croire qu'il était « ridicule » d'utiliser un produit forestier lorsqu'une reproduction photographique de bois pouvait suffire. Sa solution a été appelée « Luxwood® » et a été commercialisée à partir de 1950 comme solution économique, véritable alternative ressemblante. »129 Skylark® L’apport le plus marquant de Brooks Stevens arrive en 1950, suite à la production du modèle Skylark®. Il combinait la facilité d’entretien et la résistance à un usage intensif. Ce produit s’est également répandu dans les salles de bains grâce à de nouvelles techniques de post-formage. Il était alors possible de plier le stratifié et de l’utiliser comme dosseret ou bord avant, sans joint. « Les « post-formers » étaient des entreprises qui pliaient et collaient le stratifié sur un substrat (à définir, support ou socle), fournissant des plans de travail tout faits qui pouvaient être facilement découpés au format nécessaire et rapidement installés dans la cuisine ou la salle de bain. Ceci a considérablement contribué au développement des ventes du stratifié Formica. »130 Formica une expérience

Formica forever, 2013, Formica Corporation, Cincinnati, Ohio;New York, NY;.page 352 Formica forever, 2013, Formica Corporation, Cincinnati, Ohio;New York, NY;.page 356 130 Formica forever, 2013, Formica Corporation, Cincinnati, Ohio;New York, NY;.page 272 128 129

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Figure 48: Brooks Stevens “Skylark” motif ontroduit dans les années 1950. Annonce de The Australian Women’s Weekly, Octobre 5, 1960 Source: Formica forever, 2013, Formica Corporation, Cincinnati, Ohio;New York, NY;.page 55

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Figure 49: Couverture arrière d’un enquête de Formica Limited Source: Formica forever, 2013, Formica Corporation, Cincinnati, Ohio;New York, NY;.page 88

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Figure 50: Flakeboard Demonstration kit - Photographe Austin Bewsey Source: Formica forever, 2013, Formica Corporation, Cincinnati, Ohio;New York, NY;.page 55

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Dans les années 1970, Formica a produit une nouvelle série de finitions telle que l’ardoise, le cuir, l’osier et le bambou. Par ces nouvelles textures, Formica tentait de créer une qualité tactile en plus de celle visuelle afin de se différencier de ses concurrents. La collection Design Concepts lancée par le Design Advisory Board (DAB), créé en 1974, inclut des stratifiés très brillants ou mats avec des grilles géométriques, des diagonales, et des motifs plus sévères, plus carrés et plus graphiques que les précédents. DAB a aussi encouragé l'adoption d'un tout nouveau produit, nommé plus tard ColorCore® et commercialisé en 1982. Le stratifié ColorCore présente une couleur unie de part et d'autre, ce qui élimine la ligne sombre traditionnellement présente sur le bord du plan de travail. Cela élimine la conception jusque-là réduite à deux dimensions. Pour le 75e anniversaire de Formica en 1988 le produit Boomerang® voit le jour, c’est le nouveau nom du stratifié réédité Skylark des années 50. Il semble qu’après la surface et l’ornementation, Formica ait essayé, grâce à l’influence du DAB, de changer son image. Durant les années 2000 d’autres produits incluant de nouvelles textures ont vu le jour tel que le stratifié 180FX Ⓡ. Ce produit donne l’effet d’une plaque ou d’une dalle de pierre sans répétition de motif. « (Le) premier stratifié structurel compact pour l'extérieur coloré résistant aux UV, a été lancé en Europe en 2005 puis a été renommé VIVIX® pour tous les marchés où il a été introduit en Amérique du Nord en 2010… »131. Le Formica, au fil des années, a exploité non-seulement une gamme phénoménale de motifs et plus tard de textures, mais aussi de formes. Il est devenu dur, lisse, stable, et complètement imperméable. 4. Campagnes, Alliances et Médias « Les campagnes publicitaires de formica, destinées prioritairement à l'industrie, ont été transposées aux nouveaux besoins de décoration de la société de consommation, en particulier la ménagère Américaine. Formica a engagé des consultants en design, Brooks Stevens, et, plus tard, Raymond Loewy qui a lancé de vastes campagnes publicitaires. Les thèmes publicitaires de la durabilité, la propreté, l'efficacité et la beauté ne manquent pas dans le matériel promotionnel de ce temps. Les annonceurs promettaient que les stratifiés en plastique, appelés « the wipe clean wonder », étaient résistants à la saleté, les jus, les confitures, les taches d'alcool, et aux brûlures de cigarettes. Les motifs atomiques et les couleurs de l'ère spatiale, y compris Moonglo, Skylark et Sequina, ont été introduits dans les maisons, les écoles, les bureaux, les hôpitaux, les dîners et les restaurants en Amérique. »132 Formica Corporation, comme d’autres compagnies de stratifiés, ont eu un impact considérable grâce aux échantillons qui pouvaient être emportés dans les points de vente et ramenés à la maison pour comparer les couleurs.

Formica forever, 2013, Formica Corporation, Cincinnati, Ohio;New York, NY;.page 336 Traduction personnelle de : Grace Jeffers Collection of Formica Materials, Archives Center, National Museum of American History 131 132

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Figure 51: “Votre Joie Quotidienne” vers 1950 Source: Schnexider, R. & Flagge, I. 2006, Original Resopal: die Ästhetik der Oberfläche = Original Resopal : the aesthetics of surface, Jovis, Berlin.p 108

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Figure 52: “Une vie en couleurs”, Publicité des années 1970 Source: Schneider, R. & Flagge, I. 2006, Original Resopal: die Ästhetik der Oberfläche = Original Resopal : the aesthetics of surface, Jovis, Berlin.p 58

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Figure 53: “Une vie en couleurs”, Publicité des années 1970 Source: Schneider, R. & Flagge, I. 2006, Original Resopal: die Ästhetik der Oberfläche = Original Resopal : the aesthetics of surface, Jovis, Berlin.p 102

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Les messages suggérant que les produits HPL facilitaient considérablement les travaux d’entretien ménager ainsi qu’une rénovation de la maison paraissaient principalement dans des magazines comme Architectural Record, Good Housekeeping et House Beautiful, pour n’en citer que quelques-uns. Renouveau et Ateliers pour designers Malgré les difficultés commerciales que Formica Corporation a rencontrées dans les années 1970, ses produits ont connu un renouveau social et culturel dans les années 1980. Une multitude de critères ont pu influencer la hausse de consommation de stratifiés Formica, comme l’association de la société au magazine Interiors 133ou l’investissement dans la recherche créative. Des ateliers pour jeunes designers ont été organisés par Formica pour tenter de répondre à de nouvelles questions. « Quelles sont les limites du stratifié ? Une surface peut-elle être perforée, ouverte, transparente ou translucide ? Une surface peut-elle devenir un système de support ? Doit-elle être fabriquée à partir de matériaux neufs ou recyclés ?»134 Afin de promouvoir le stratifié ColorCore parmi la nouvelle génération de concepteurs, la Formica Corporation a entrepris une série de collaborations avec des architectes et des artistes-créateurs. La première d’entre elles, une exposition ouverte en 1983 et intitulée « Surface and Ornament », proposait un ensemble de projets. Frank Gehry, Robert Venturi ainsi que d’autres architectes furent invités afin de travailler et promouvoir ce nouveau produit. En outre, les fabricants investissaient les foires et salons de matériaux de construction, comme l’illustre la préface. En Belgique, une d’entre elles est la foire internationale des plastiques, Europlastica Belgique. La première aura lieu en 1961 et sera orientée sur les polymères d’engineering.135 En 1969, elle aura lieu à Bruxelles et présentera diverses conférences et réunions ainsi qu’une profusion d’exposants, fabricants et vendeurs de matières synthétiques. On a pu identifier dans la liste des exposants, deux producteurs de stratifiés décoratifs haute pression. La première est la branche belge de Formica. « Formica Belgium S.A., 70/72, Allée du Talus, Anderlecht, Bruxelles »136 La deuxième est l’entreprise Cogebi, que l’on a déjà évoqué. « Compagnie Générale belge des Isolants S.A. COGEBI, 65, avenue Huyslans, Lot-lez-Bruxelles L’activité de la COGEBI dans le domaine des matières plastiques s’étend d’ailleurs à d’autres secteurs : les stratifiés décoratifs haute pression, le Panolux stratifié décoratif … il y a d’autres part lieu de noter la place de plus en plus importante prise par les formulations, pratiquement « sur mesure », à base de résine époxy. »137

Formica forever, 2013, Formica Corporation, Cincinnati, Ohio;New York, NY;.page 370 Formica forever, 2013, Formica Corporation, Cincinnati, Ohio;New York, NY;.page 378 135 1973, « Europlastica 73 : Berichten », dans Belgian plastics : revue belge des matières plastiques et élastomères, Bruxelles : Fédération des industries chimiques de Belgique, n°1, p. 9 136 1969, « Liste des exposants – Matières premières – Produits mi-finis », dans Belgian plastics : revue belge des matières plastiques et élastomères, Bruxelles : Fédération des industries chimiques de Belgique, n°1, p. 16 137 Ibid. 133 134

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Figure 54: Extrait d’une fiche publicitaire de Duropal de 1979 Source: Archives technico-commerciaux de la Matériauthèque consultés à la faculté d’architecture, d’ingénierie architecturale, d’urbanisme LOCI - Site de Bruxelles

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On peut affirmer avec certitude que, dans les années 1960, la distribution de stratifiés décoratifs haute pression se faisait par des producteurs et des fabricants locaux (Cogebi, Be), mais aussi par des entreprises étrangères. En 1962, Formica s’est en effet établi en Belgique et plus précisément à Bruxelles, comme l’indique clairement les adresses de distribution technico-commerciale. Elles sont consultables en annexe. 5. Le Design D’un point de vue esthétique, ou de style, la profusion de surfaces, de coloris et de textures a été une des clés du succès des stratifiés décoratifs haute pression. « Plastiques et lndustrial Design : Il suffit d'évoquer le succès de vente des objets plastiques conçu en Italie pour souligner l'extrême importance du style, de la «ligne» (la célèbre linea) sans laquelle un objet n'est qu'un vulgaire bout de plastique…» .138 « Décennie après décennie au cours du XXe siècle, les designers ont utilisé le stratifié Formica pour ses qualités esthétiques et fonctionnelles dans des environnements spectaculaires dans l’architecture comme dans les intérieurs. La malléabilité de la surface de mélamine, un plastique thermodurcissable qui peut traverser la plupart des matériaux, a permis au produit de suivre les tendances tandis que sa nature essentielle, amalgame de résine et de papier pressé et chauffé, est restée globalement la même. »139 L’esthétique un critère variable pour le réemploi ? En 2008 la récession mondiale et la crise du crédit a frappé durement la construction. Une des mesures prises par Formica Europe a été de couper les coûts et les lignes de production. Une rationalisation des produits qui a mené à la disparition de la moitié des produits ainsi que des palettes de teintes. A l’heure actuelle, les questions environnementales génèrent un mouvement de “consommateursacteurs”. Ceux-ci sont persuadés que, face à leur impuissance à changer les systèmes complexes de nos sociétés, les choix à l’échelle individuelle peuvent contrebalancer la culture de la consommation à outrance. On peut ainsi l’observer dans l’habillage. Les habits vintage et de seconde-main sont très en vogue, les raisons sont multiples, la qualité des coutures et des matières utilisées souvent supérieure à ce qu’on propose dans les grandes chaines de “fast fashion” en est sans doute une. D’autre part, l’accès aux informations que permet internet, et la multiplication des investigations dénonçant les pratiques de production contribue certainement à cet état de choses. La problématique des déchets et du gaspillage ne fait que s’ajouter à ces arguments qui se veulent éthiques. D’un point de vue purement esthétique, la nostalgie ou la revalorisation de l’ancien, le pop ou le kitch n’est pas qu’une manifestation socioculturelle isolée, uniquement liée à la sphère privée. Le marché de l’horeca, du commerce, des services, fait souvent référence dans ses espaces à un style, une mode, une culture, voire une philosophie, qui se manifeste physiquement par un code couleurs, dans le choix des objets et des textures.

138 1969, « La vie des Matières de synthèse en Belgique », dans Belgian plastics : revue belge des matières plastiques et élastomères, Bruxelles : Fédération des industries chimiques de Belgique, n°2, p. 87 139 Alexandra Lange, « Le charme de l’utilitaire : Stratifié Formica®, Design et Luxe », dans Formica forever, 2013, Formica Corporation, Cincinnati, Ohio;New York, NY.

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Figure 55: Extrait Source: 1954, “Les plastiques dans la construction”, rubrique bâtir … et équiper, La Technique des Travaux, Revue Mensuelle des Procédés de Constructions modernes, 30e année, N°1-2, Janvier-Février

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Pour les potentiels consommateurs de matériaux de réemploi, le critère d’appréciation est tout aussi important que la qualité des matériaux présentés. Il me semble que la vente, pour le marché de rénovation domestique, du stratifié “Boomerang” des années 1980 pourrait être compliqué. Par contre, ils auraient peut-être une chance dans l’aménagement de magasins, d’hôtels ou d’espaces communautaires comme des bâtiments publics ou des bureaux. Les couleurs et textures vives, avec cette touche vintage pourraient s’intégrer. Il faudrait certainement, et malgré tout, mener une campagne démonstrative afin de toucher ce milieu. Des projets-pilotes proposant une intégration de panneaux HPL pourraient démontrer leur équivalence de résistance face aux nouveaux panneaux. De plus, il faudrait certainement intégrer un système d’attaches réversibles, garantissant une efficacité de mise en œuvre comme de démontage. 6. Le progrès en matériaux synthétiques en Belgique La technique des travaux Un regard sur la revue belge, La Technique des Travaux, permet d’esquisser, dans le temps, la réception de ces matériaux en Belgique. Elle offre plusieurs articles témoignant des avancées des matières plastiques ou des stratifiés, ainsi que quelques exemples d’applications dans de grands bâtiments. En 1954, dans la 30e année d’existence de cette revue on trouve un petit article intitulé “Les plastiques dans la construction”140. Il se trouve dans la nouvelle rubrique “bâtir … et équiper” qui se veut, entre autres, un lieu de promotion des nouveaux matériaux, essentiellement accessible aux annonceurs. Ce petit article, après avoir resitué l’utilisation du plastique de manière générale dans la construction et ses évolutions, présente la nouvelle fabrication des Usines Isobelec de Sclessin, aux environs de Liège. Il s’agit de panneaux, dont le procédé viendrait d’usines anglaises et allemandes, et qui seraient obtenus par “pressage de feuilles en matières plastiques partant de papier imprégné de résines mélamine ou de résines durées.”. Ces panneaux, d’une épaisseur de 2 à 3 mm, présenteraient tous les tons de la palette ainsi qu’une résistance à la brûlure de cigarette, aux acides et alcalis, à l’alcool et à l’eau chaude. Leur facilité de collage et donc de mise en œuvre permettrait à “la main la moins experte” de l’employer. Ils seraient déjà utilisés dans l’industrie du meuble et notamment de cuisine, ainsi que dans les salles de bain. De plus, le marché public y aurait déjà développé des applications comme les chemins de fer belges, pour le recouvrement de leurs wagons, et les chantiers navals, pour le revêtement des cabines. L’article se présente tout d’abord comme un résumé rapide et historique de l’emploi du plastique dans la construction avant d’en arriver aux procédés nouveaux et à ces Usines. Il part de la constatation du développement de matières plastiques à des fins d’agencement extérieur et intérieur. Il cherche ensuite à énoncer les raisons de “l’utilisation croissante des matières plastiques dans le bâtiment”, d’abord économiques puis dans le contexte de la reconstruction face à la nécessité d’employer des matériaux standard. Il en arrive enfin aux caractéristiques qui en font une bonne réponse face à ces exigences.

140 1954, “Les plastiques dans la construction”, rubrique bâtir … et équiper, La Technique des Travaux, Revue Mensuelle des Procédés de Constructions modernes, 30e année, N°1-2, Janvier-Février

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Figure 56: Extrait Source: 1956, “Panneaux décoratifs en plastique”, rubrique bâtir … et équiper, La Technique des Travaux, Revue bimestrielle des Procédés de Constructions modernes, 32e année, N°3-4, Mars-Avril

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“Les matières plastiques, par leurs formes simples (…), leur netteté, leur homogénéité, leur résistance au vieillissement et leur facilité d’entretien ont tout d’abord amené les fabricants de matières plastiques à concevoir des clinches, crémones, etc.”141 Puis, et grâce à l’apparition de nouvelles résines qui auraient permis l’apparition de bois laminés à haute pression, ils auraient été moulés à forme et utilisés dans la fabrication de mobiliers préfabriqués. Par la suite, son utilisation se serait “adaptée à l’exigence du standard de vie moderne” et ils auraient été employés dans toute une série d’éléments comme les portes de réfrigérateur. L’article se présente comme un plaidoyer de l’utilisation de matières plastiques. Il utilise notamment beaucoup d’arguments esthétiques afin d’en justifier la pertinence. “ L’apport de nouvelles résines a permis la fabrication de bois laminés à haute pression moulés directement à forme, permettant la création de mobiliers préfabriqués dont les lignes n’avaient rien à envier au travail de nos meilleurs artisans.”142 “ Par la suite, l’utilisation des matières plastiques s’est adaptée à l’exigence du standard de vie moderne, telles ces portes de réfrigérateur moulées, ces lustres en plexiglas s’adaptant aux tubes fluorescents, et jusqu’aux tissus enduits remplaçant économiquement sans en altérer la beauté, la plupart des recouvrements mobiliers et les tentures de l’appartement moderne.”143 La nécessité de ce plaidoyer est appuyé par la résistance culturelle qu’il y’aurait face à ces matériaux nouveaux. “L’aspect décoratif et les différentes qualités imposent l’utilisation de ces panneaux dans la construction moderne. Il reste à combattre, comme pour la plupart des matières plastiques, l’ignorance du public et convaincre les architectes d’adopter des matériaux d’actualité à la construction d’immeubles aux lignes modernes.”144 En 1956, paraît un autre article promotionnel présentant une des avancées dans la technique des matériaux plastiques laminés, les “Panneaux décoratifs en plastique”145. “Un des perfectionnements de la technique des plastiques laminés, qui semblent avoir un grand avenir, porte sur l’emploi de panneaux décoratifs.”146 Il s’agit également de feuilles de papier kraft épais imprégnées de résine plastique et superposée. Le perfectionnement se situerait dans la dernière feuille, où se trouve le dessin et qui serait, elle, imprégnée d’une résine transparente. Le tout est soumis à une combinaison de chaleur et de pression qui ferait fondre les résines et permettrait de former une plaque résistante de 1,25 mm

141 1954, “Les plastiques dans la construction”, rubrique bâtir … et équiper, La Technique des Travaux, Revue Mensuelle des Procédés de Constructions modernes, 30e année, N°1-2, Janvier-Février 142 Ibid. 143 Ibid. 144 Ibid. 145 1956, “Panneaux décoratifs en plastique”, rubrique bâtir … et équiper, La Technique des Travaux, Revue bimestrielle des Procédés de Constructions modernes, 32e année, N°3-4, Mars-Avril 146 Ibid.

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Figure 57: Extrait - Tour Madou Source: 1965, NOVGORODSKY, L., “La “Tour Madou”. Immeuble pour bureaux de 32 étages, place Madou, à Bruxelles. Architecte : Robert Goffaux”, dossier, dans La Technique des Travaux, Revue bimestrielle des Procédés de Constructions modernes, 41e année, N°9-10, Septembre-Octobre, pp. 258-269

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d’épaisseur. Les dessins seraient alors indestructibles et ineffaçables, résistant ainsi à la saleté et à l’humidité. Les possibilités d’application seraient infinies et différents exemples en sont donnés. “décoration de salles à manger, de contes de fées pour les nurseries, de cartes à grande échelle pour la chambre des cartes ou de graphiques pour la salle de commandement”147 [CITATION]148 La même année, quelques numéros plus loin, un autre article parait et présente les panneaux mélaminés comme une procédure permettant de commercialiser du bois de moindre qualité. Intitulé, “Un nouveau matériau de construction”, il vante la mise au point, par le laboratoire forestier de l’U.S. Department of Agriculture de Madison dans le Wisconsin, de panneaux de bois recouverts, par collage, de papier imprégné de résine. Ses caractéristiques seraient équivalentes “aux produits de charpente de premier choix” et permettraient ainsi d’utiliser des bois de moindre qualité ou présentant des défauts. La feuille qui les recouvre crée en effet, une surface unie qui peut les masquer. De plus, le recouvrement du bois réduirait les dilatations induites par l’exposition aux intempéries. Des tests en laboratoires avec un échantillon témoin en attesteraient. Malgré le caractère très partial de cette présentation, un élément retiendra notre attention. Elle évoque en effet le réemploi de ce matériau. “Le réemploi du bois recouvert de papier est rendu assez difficile, ce qui limite son usage en pièces finies. Les avantages qu’il présente le rendent néanmoins économique dans tous les cas, compte tenu du fait que l’on peut ainsi tirer parti du bois léger et à croissance rapide qui, dans bien des cas, serait normalement impropre à la construction.”149 La précaution impose de ne pas généraliser le contenu des lectures, succession d’articles accueillant avec euphorie la venue de ces “matières modernes”. Le caractère promotionnel de la rubrique dans laquelle ils apparaissent est à souligner de nouveau. Il ne semble d’ailleurs pas refléter l’avis de tous les contributeurs de cette revue. En effet, en 1963, dans un dossier présentant une construction en Hollande150, le discours par rapport au plastique se fait plus critique. “Il nous plaît encore de faire ressortir la préférence des architectes pour les matériaux naturels aux dépens des innombrables produits artificiels, plastiques pour la plupart, que l’on ne voit que trop dans la construction actuelle.”151 Il faudra attendre 1965 pour que paraisse un exemple d’application des HPL dans un projet sur le territoire belge, le seul qui mettra en avant les produits d’un fabricant en particulier. Le corps de cette revue est en effet constitué d’articles qui présentent dans le détail, à la fois technique et matériel, des constructions nouvelles d’envergure. Il s’agit de la Tour Madou à Bruxelles. C’est Formica qui participera au projet. D’après la planche énonçant les firmes ayant participées à la construction, à l’équipement ou à la décoration, elle aurait réaliser les portes, lambris, cloisons et cabines d’ascenseurs.

Ibid. Ibid. 149 1956, “Un nouveau matériau de construction”, rubrique bâtir … et équiper, La Technique des Travaux, Revue bimestrielle des Procédés de Constructions modernes, 32e année, N°11-12, Novembre-Décembre 150 1963, “Les nouveaux bureaux de la société Tomado à Dordrecht (Hollande), architectes : Maaskant, Van Dommelen, Kroos et ir. Senf”, dossier, dans La Technique des Travaux, Revue bimestrielle des Procédés de Constructions modernes, 39e année, N°9-10, Septembre-Octobre, p. 261 151 Ibid. 147 148

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Quand la résistance du revêtement et la facilité d'entretien doivent s'allier à l'esthétique

5-C FOR

LE PANNEAU

Les préoccupations techniques nouvelles issues de l'évolution de la construction et les impératifs' pratiques de la vie contemporaine ont mis, plus que j amais, en lumière les qualités exceptionnelles du panneau « Formica*». L'accélération indispensable des entreprises, le souci d'éviter les dété­ riorations trop rapides, le besoin d'éliminer l'entretien fastidieux et les remises à neuf fréquentes sont parmi les problèmes actuels auxquels les propriétés du panneau « Formica*» apportent la solution efficace dans le respect de l'esthétique fondamentale de l'ensemble.

Figure 58: Extrait du Classeur Formica 1970 Source: Archives technico-commerciaux de la Matériauthèque consultés à la faculté d’architecture, d’ingénierie architecturale, d’urbanisme LOCI - Site de Bruxelles

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b1

LE LAMBRIS « FORMICA* »

Nouveau système de lambris préfa­ briqué, à surface de panneau mica*

»,

cc

For­

d'aspect décoratif durable et

de placement aisé et rapide, rédui­ sant considérablement le temps d'oc­ cupation des chantiers par l'élimina­ tion des plâtrages et enduits.

Chambranles

cc

Formica*

»

Les portes " Formica* ,, peuvent être placées avec chambranles, à surface de panneau " Formica*"• également préfabriqués suivant les 4 types ci-après (modèles déposés) :

Totalement usiné par " Formica-Ap­ plications » le lambris présente une face décorative en panneau « For­ mica* » montée sur un support d'ag­ gloméré de bois de 8 ou 12 mm, équi­ libré d'un panneau au verso. Le lambris est préfabriqué « prêt au montage » avec pièces d'angle exté­ rieur, moulures-clavettes, plinthes en retrait ou en saillie, cimaises. Tous les éléments du lambris s'in­ crustent automatiquement l'un dans l'autre par un ingénieux système de moulure-clavette et se fixent, de ma­ nière invisible, sur les traverses hori­ zontales préalablement appliquées au mur (voir croquis de détails, étapes de placement et caractéristiques au verso).

LAMBRIS FORMICA support aggloméré bois

MAÇONNERIE

joint butée en caoutchouc PORTE FORMICA

LAMBRIS FORMICA

Type 1

profil aluminium anodisé support aggloméré bois

MAÇONNERIE

profil aluminium anodisé

joint butée en caoutchouc PORTE FORMICA

Type 2

support aggloméré bois

joint butée en caoutchouc PORTE FORMICA

Type 3 (postforming)

support aggloméré bois

MAÇONNERIE

joint !:JUtée en caoutchouc

PORTE FORMICA

Type 4

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Figure 59: Extrait Source: 1970, “La Cité de l’Espoir”, institut médico-pédagogique pour enfants handicapés mentaux profonds, à Andrimont (Verviers) Belgique. Architectes : André et Louis Pirnay”, dossier, dans La Technique des Travaux, Revue bimestrielle des Procédés de Constructions modernes, 46e année, N°3-4, Mars-Avril, pp.67-74

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Dans le détail du projet, cependant, leur travail n’apparaîtra qu’à la dernière partie sur la décoration intérieure. “Aux étages, les murs des halls d’ascenseurs et de réception sont revêtus de Formica de ton Aouka mat. Soulignons l’emploi, pour les chambranles des portes d’ascenseurs, de cornières Formica de ton noir.”152 Outre un pavillon belge pour une foire en Allemagne, un seul autre exemple de construction employant des HPL sera présenté dans le reste de la revue. Il s’agit de “La Cité de l’Espoir”153, un institut médical pour enfants. L’emploi de stratifiés apparaît également à la fin, dans la partie Parachèvement. Sans être détaillé, on y avance un emploi généralisé et on insiste sur des jeux de couleurs, que l’on suppose avoir été permis par ces stratifiés. [CITATION]154 Comme on le voit les stratifiés ne sont pas très présents dans cette revue. Malgré tout, celle-ci permet d’illustrer les débuts de l’histoire des stratifiés et le passage de feuilles protectrices à des panneaux minces décoratifs. Elle n’aura pas le temps de voir se développer les panneaux compacts autoportants puisqu’elle s’arrêtera en 1977. On notera que, de façon générale, il est plutôt difficile de trouver de la documentation sur des exemples de bâtiments employant du stratifié. Belgian Plastics Afin de poursuivre l’illustration du contexte belge, nous nous attarderons sur une autre revue. Il s’agit de la revue “Belgian Plastics”. Plus explicitement orientée sur le plastique, elle sera plus fournie. Le stratifié décoratif haute pression y est mis en avant à plusieurs reprises sous l’appellation du progrès. On estime que le choix de ce terme dans le contexte de cette revue n’est pas anodin. Par celui-ci, l’objectif est certainement de mettre en avant les avancées technologiques et les opportunités qu’elles génèrent. Elles créent graduellement des produits de mieux en mieux, en termes de prix, de rapidité de production et de caractéristiques qui seront de plus en plus performantes. Au fil des extraits, la connotation générale que prend cette revue sera saisissable au travers du langage employé. Dans « Progrès en revêtements synthétiques à plaquer »155, publié en 1970, on met en avant un accroissement de popularité des revêtements synthétiques suite à leur solidité extrême et à la baisse successive de prix. « les stratifiés de mélamine sont maintenant employés intensivement en surfaçage vertical, alors qu’au départ leur caractère noble et couteux les réservait aux dessus de table »156

152 1965, NOVGORODSKY, L., “La “Tour Madou”. Immeuble pour bureaux de 32 étages, place Madou, à Bruxelles. Architecte : Robert Goffaux”, dossier, dans La Technique des Travaux, Revue bimestrielle des Procédés de Constructions modernes, 41e année, N°9-10, Septembre-Octobre, pp. 258-269 153 1970, ““La Cité de l’Espoir”, institut médico-pédagogique pour enfants handicapés mentaux profonds, à Andrimont (Verviers) Belgique. Architectes : André et Louis Pirnay”, dossier, dans La Technique des Travaux, Revue bimestrielle des Procédés de Constructions modernes, 46e année, N°3-4, Mars-Avril, pp.67-74 154 Ibid. 155 1970, « Progrès en revêtements synthétiques à plaquer », dans Belgian plastics : revue belge des matières plastiques et élastomères, Bruxelles : Fédération des industries chimiques de Belgique, n°5, p. 39 156 Ibid.

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On y retrouve un parallèle à la Technique des Travaux au sujet de l’emploi de produits dérivés du bois, de moindre qualité que l’on recouvre. Cependant, ici, le phénomène est mis en perspective et permet de mieux saisir ce qui s’est joué là. Les stratifiés, n’allaient pas tarder à faire leur entrée comme un concurrent aux matières nobles. « l’emploi du bois massif de belle apparence a tendance à faire place d’une manière généralisée à un mariage entre un « placage » de surface, en matière noble, et un « panneau »( en particules ou copeaux de bois, ou en fibres cellulosiques ou de lin comprimées, ou encore, mais moins souvent, en contreplaqué) assumant les fonctions plus humbles de résistance et de rigidité ».157 Tandis que le placage se développe, il n’est plus réservé au bois noble véritable et les matières synthétiques tendent à le remplacer. « (les matières synthétiques s’annoncent) de plus en plus appréciées : prix attrayant, uniformité garantie d’une livraison à l’autre, surface lavable, durable, résistante aux griffes, etc. »158 La tension que cela a induit sur l’industrie des placages en bois naturel est palpable. Il sera en effet, fait mention d’un récent arrêté royal visant à la protéger et réservant l’emploi du mot placage.159 Cette problématique sera développée plus loin. A cette époque, différents types de revêtements stratifiés à plaquer se partagent le marché. On avait des stratifiés décoratifs à base de polyester, de films de PVC et les stratifiés de mélamine, sur lesquels nous nous attarderons. « Sur un « corps » formé de papiers Kraft imprégnés de résines phénoliques, est stratifié un papier décor puis un overlay transparent, tous deux imprégnés de résine de mélamine. Celle-ci confère une telle dureté à la surface qu'on peut utiliser ces stratifiés sans aucune crainte en position horizontale à service dur (tables, plans de travail). Le collage est souvent opéré au moyen de colle néoprène, de contact, avec double encollage et prise immédiate; mais des colles urée-formol et vinyliques sont employées aussi, de préférence alors avec pressage ».160 Les aspects économiques, techniques et d’usage apparaissent comme un progrès et ont permis de réduire les épaisseurs tout en assurant la même résistance. « Alors qu’à l’origine, ces panneaux assez nobles étaient réservés à des usages heayv-duty (surface horizontale) on les trouve à présent de plus en plus en surface verticale. Les prix, qui ont considérablement baissé dans les dernières années (par suite, entre autres facteurs, de l’incroyable surcapacité de production installée en Italie) ont favorisé cette popularisation de l’article. Il faut dire aussi que l’existence déjà ancienne et la solidité éprouvée de ce revêtement y ont aidé. L’usine Meurop, par exemple l’emploie systématiquement pour surfacer ses façades verticales de meubles et de tiroirs. Dans ces applications l’épaisseur peut être moindre qu’en surfaçage horizontal (moins de 1mm).».161

Ibid. Ibid. 159 Ibid. 160 Ibid. 161 Ibid. 157 158

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Face à ce marché florissant, les entreprises vont se lancer dans une diversification des rendus et ainsi appuyer le remplacement des matières nobles. Le travail sur la texture va s’amorcer. Au niveau national, Cogebi est mis en avant avec sa gamme “Panolux®” à finition “ébénisterie”. «(Cogebi) a introduit, avec succès un stratifié à finition « ébénisterie ». Outre le papier décor imprimé bois, noyé dans le stratifié, la surface est légèrement grainée. Elle rappelle celle du bois par son toucher. La surface élimine les reflets brutaux, masquant ainsi les éventuelles irrégularités du support ».162 Formica®, elle, se lance alors dans le similicuir avec sa gamme “Suede Finish” qui rappelle le daim. Elle va également se doter d’un fini avec imitation du relief du bois et un autre présentant une microscopique “taille diamant”. Ces finitions n’éliminent tout de même pas les papiers-décors à imprimer. « À noter également les possibilités de « postforming » de certains panneaux (cintrage permanent). Les papiers-décors, noyés dans la mélamine, peuvent avoir été imprimés avec tout ce qu’on veut : Tableaux, fresques, voire panneaux routiers et analogues ».163 On n’a trouvé nulle information quant à la mise en œuvre de ces matériaux en Belgique. Mais cela ne veut pas dire qu’ils n’ont pas connus de beaux jours. Le manque d’information à ce sujet peut sans doute être expliqué par le fait qu’il ne s’agit pas d’un matériau structurel mais de finition. De plus, son placage s’adresse plutôt aux menuisiers à cette époque et l’emploi de la colle permet une accessibilité à toute main non qualifiée. On notera que les matières plastiques s’imposent tout de même de plus en plus dans la construction. L’apparition des “Polyvillas”, où leur emploie est pléthorique est le reflet de cette tendance. « Les panneaux de façade sont à deux faces polyester-fibre de verre, non inflammables, avec âme en mousse synthétique. L’ossature est constituée de colonnes et de poutres préfabriquées en profilés de PVC extrudé, dans lesquels est coulé (en usine) du béton armé. Plusieurs centaines de ces maisons ont déjà été vendues. Trois avantages principaux : le prix modéré vu le standing (8000 FB/m2 environ, tout compris), l’excellente isolation thermique, l’entretien réduit au minimum. L’aspect s’écarte peu du traditionnel, à cause de la grande dimension des panneaux de façade.»164

Ibid. Ibid. 164 1970, « Nouveau progrès des matières synthétiques dans le Bâtiment», dans Belgian plastics : revue belge des matières plastiques et élastomères, Bruxelles : Fédération des industries chimiques de Belgique, n°7, p. 14 162 163

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Figure 60: Extrait Source: 1970, « Progrès en revêtements synthétiques à plaquer », dans Belgian plastics : revue belge des matières plastiques et élastomères, Bruxelles : Fédération des industries chimiques de Belgique, n°5, p. 40

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Figure 61: Affiche (droite) et Le numéro de mai 1964 du magazine Good Housekeeping a présenté un article de 14 pages sur World Fair Fair, et a permis aux fabricants et aux fournisseurs qui ont contribué à la Maison de le présenter dans leurs publicités. (gauche) Source: Official Guide to the New York World’s Fair 1964/1965, Time Incorporated, p. 109 disponible sur : http:// www.nywf64.com/formica02.shtml et http://www.nywf64.com/formica13.shtml

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La Crise « Synthétique » « À partir des années 70, cependant, l'idée même de finition semble bouleversée. Perte de confiance dans les valeurs véhiculées par la révolution industrielle? Contestations envers la consommation, envers la prétendue technologie miraculeuse? La « nature » revient en force et surtout la conscience qu'il serait vain de tenter de la dominer. Les objets perdent petit à petit leur gangue protectrice, ils nous accompagnent et nous acceptons leur vieillissement. Les matières « naturelles », reviennent en force (bois, cuir et pierre) et leurs finitions semblent les laisser « respirer ». Apparaissent les lasures, les patines, les huiles protectrices… Les enduits se font plus discrets… La finition confine au cosmétique. À travers ce retour aux fondements de la matière, c'est le statut même de l'objet qui est remis en cause: ses frontières sont aujourd'hui devenues fragiles, zone interagissant avec l'homme, l'objet devient l'artificialité qui dialogue avec la nature. L'idée de “ peau” s'impose au détriment de "finition"· »165 1. L’exposition universelle 1964 & Formica l’artificielle Durant l’exposition universelle de 1964, la société mère de Formica fait ériger une maison de 792 m², sur un terrain entièrement paysagé de deux mille m². Cette maison « tournée vers l’avenir »166 n’était pas parfaite. La maison a plutôt montré le caractère hétéroclite du catalogue de l’American Cyanamid et de sa présentation du stratifié Formica®. L’entreprise avait en effet été achetée par ce conglomérat de polymères en 1956, devenant ainsi une toute petite part d’un géant pesant $450 million. « La maison incluait les produits Cyanamid tels que la marque de fibre acrylique Creslan, la vaisselle en mélamine Melmac, la feuille décorative Acrylite, les lucarnes de marque Skydome et Cyanamid, « les produits chimiques pour la ferme et le jardin. » Ce mélange maladroit fait allusion au positionnement malheureux de Formica à l’intérieur du conglomérat. »167 C’est pendant ces années 1960 que le produit Formica a été particulièrement négativement jugé. On lui reprochait son caractère superficiel et artificiel. « Une fois encore : une génération rebelle recherchait le naturel et le bio dans les matériaux. Les jeunes percevaient le stratifié comme de nature artificielle. Il était finalement le matériau de leurs parents. Les années 1960 ont peut-être marqué le point culminant de la première courbe descendante de prospérité de l’entreprise, qui coïncide avec la prospérité de la notion de récupération en Europe et aux États-Unis, avec l’émergence du rock and roll et de ce que l’historien Thomas Hines a appelé le « populuxe » dans l’ameublement à prix abordable. »168

Kula D., Ternaux E., 20019, « Think Different :Matériau fini, matière infinie », dans Materiology : l'essentiel sur les matériaux et technologies à l'usage des créateurs, Basel, Berlin, Boston : Birkhäuser, p.318 166 Formica forever, 2013, Formica Corporation, Cincinnati, Ohio;New York, NY;.page 292 167 Ibid. 168 Patton P. « Croissance au niveau mondial : un siècle de marque et d’activité Formica® », dans Formica forever, 2013, Formica Corporation, Cincinnati, Ohio;New York, NY;.page 296 165

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2. Design élément clé C’est son Design Advisory Board (DAB) qui permettra à Formica de relever la pente. Ce groupe formé de designers intérieur et d’architectes, conseillera à la marque d’effectuer un tournant radical. « le synthétique et l'artisanal n'ont pas tenu la promesse de Formica Corporation dans la maison de l'exposition universelle de 1964, lorsque le stratifié Formica semblait le matériau idéal pour servir de revêtement au monde, ayant un attrait presque universel. »169 Le DAB a ainsi recommandé à la société de cesser de tenter d'imiter les matériaux naturels comme le bois et le marbre et de célébrer plutôt sa nature synthétique. Le stratifié devait gagner ses lettres de noblesses par lui-même. 3. L’authenticité sur tous les fronts Le public accepte-t-il sans sourciller les « reproductions plastiques de reproductions de meubles d’époque ?»170 Pour les Américains la réponse, selon un article publié dans “La Technique des Travaux” en 1971, est “OUI”. La raison principale est son prix qui représente seulement 20 à 40% de celui des matières qu’ils imitent. Les autres raisons plus mineures résident dans la solidité du meuble, sa facilité d’entretien, son insensibilité à l’humidité, aux vers et aux tâches.171 La question de l’authenticité est intrinsèquement liée aux aspects visuels et au caractère trompeur qu’implique l’apparence que peuvent prendre les matières plastiques et particulièrement ces “caméléons” que sont les stratifiés décoratifs haute pression. Outre les propriétés offertes par leur composition, on remarque qu’il est d’une immense facilité pour les producteurs d’imiter les matières naturelles, sans leurs inconvénients propres. A l’époque, l’authenticité constituait un argument majeur “contre” l’application de ces produits, substituts aux matières naturelles. « Que les plastiques vont jouer un rôle dominant dans le meuble ne fait, pour nous, aucun doute. La seule incertitude, est de savoir quand et à quelle vitesse. Parmi les objections, celle qu'on entend à présent le plus souvent dans nos interviews concerne le « manque d'authenticité » des matériaux de synthèse modernes. Ce genre de jugement a évidemment son importance sur le plan commercial - tout subjectif et « psychologique » qu'il soit. (Pourquoi le verre, par exemple, qui est un matériau de synthèse, mais pas de synthèse moderne, est-il considéré comme « authentique » ?) Il est significatif, à cet égard, de noter une certaine tendance à éviter l'emploi du mot « plastique » lorsqu'on doit définir la marchandise. On dira plutôt « matière moulée », ou « matière synthétique », ou encore « polypropylène » ou « polyester », etc. (ce qui est très bien), ou bien on appellera même directement le matériau du nom d'une marque commerciale qui a acquis du prestige par son effort publicitaire.

169 Susan Grant Lewin, 1991, “Formica & Design: From the Counter Top to High Art” cité dans Alexandre Lange, « Le charme de l’utilitaire : Stratifié Formica®, Design et Luxe », dans Formica forever, 2013, Formica Corporation, Cincinnati, Ohio;New York, NY.368 170 Patton P., 2013 « Croissance au niveau mondial : un siècle de marque et d’activité Formica® », dans Formica forever, Formica Corporation, Cincinnati, Ohio;New York, NY;.page 296 171 1971, « Les meubles en plastique aux U.S.A. », dans Belgian plastics : revue belge des matières plastiques et élastomères, Bruxelles : Fédération des industries chimiques de Belgique, n°15, p. 50

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Extrait de l’arrêté royal publié au Moniteur belge le 12 mars 1969

cité dans Belgian plastics : revue belge des matières plastiques et élastomères, Bruxelles : Fédération des industries chimiques de Belgique, n°3, p. 12-13

« a) meubles en bois massif: le mot « massif » précédé de l’appellation de l’essence réellement mise en œuvre. Pour l’application de l’alinéa précédent, les meubles sont massifs lorsqu’ils sont entièrement composés en bois massif à l’exclusion du dos et du fond des tiroirs, et ne comportent aucun revêtement en placage; b) meubles présentant une surface de finition en placage de bois: l’appellation de l’essence réellement utilisée pour ce revêtement; s’il a été donné à ce revêtement l’apparence d’une autre essence, l’appellation de celle-ci doit être mentionnée, précédée du mot « apparence »; c) meubles non visés sous a) ou b): les mots « revêtement en produit synthétique »174

Extrait de l’article “Les plastiques à la conquête du marché du meuble”

dans Belgian plastics : revue belge des matières plastiques et élastomères, Bruxelles : Fédération des industries chimiques de Belgique, n°3, p. 12-13

« Placage est-il un mot réservé ? (…) Autre que cette interprétation, à la lecture de ce qui présenté, est à notre avis fausse, nous voudrions attirer l’attention sur le danger qu’il y a à imposer, avec excès, l’emploi de termes « protégés », ou « réservés ». Car ici, il y aurait incontestablement excès. (…) Mais on ne peut pas réglementer tout le vocabulaire sur simple demande de l’une ou l’autre collectivité intéressée (…) Les protections abusives freinent le progrès. Alors qu’attendent les fabricants de souliers en cuir pour faire « réserver » l’emploi du mot soulier, avant que les plastiques ne s’en emparent (ce qui commence)? Et les verriers, pour réserver l’emploi du mot « miroir » dans la même perspective ? Et les sidérurgistes, pour réserver les mots « tôle » et « blindage » à l’emploi de l’acier ? (Car on en fera en plastique) En fait, on fera, on commence à faire, de TOUT, en matières synthétiques, et si cela satisfait très souvent le consommateur, cela ne bouscule pas mal d’industries traditionnelles. Quelle tentation alors pour elles de se faire « protéger ». Tant pis (du moment que leurs intérêts sont défendus, le pays voit le rythme du progrès diminuer, s’il se contente de « charbonnages subventionnés » d’où l’on n’extrait que des pierres… »175

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Si finalement la chose se ramène uniquement à une question de vocabulaire, ce n'est sans doute pas bien grave et le public finira par acheter. En fait, il achète déjà, et pour une bonne part du public jeune, la notion de plastique n'est plus du tout associée avec celle de produit de remplacement (ersatz) comme chez bon nombre d'aînés. Plusieurs fabricants hésitent à « avouer » que certaines parties de meubles sont déjà en matière synthétique (souvent, ça ne se voit pas), mais à long terme, il est certain qu'ils le diront, et un jour ce sera avec fierté. Qu'est-ce qui est authentique ? Depuis plusieurs années on note chez les acheteurs de nos pays un certain goût pour un « retour au style ». Du moins en France, Allemagne, Benelux, - pas en Italie ni en Scandinavie (incidemment ceci montre combien les modes et autres influences « psychologiques » influent sur ce marché). Comme les meubles de style réellement authentiques sont extrêmement coûteux, vu leur rareté, la majorité des achats se compose d'imitations. Leur goût et leur qualité ne sont pas toujours superbes, c'est le moins qu'on puisse dire. Question: ces meubles sont-ils plus « authentiques » que s’ils étaient en matière synthétique ? Dans les deux cas, ne s'agit-il pas d'une imitation (réussie ou non) de l'original d'époque ? Nous avons vu en synthétique de splendides salles à manger en style hêtre espagnol, reproductions rigoureusement fidèles de l'authentique. Nous espérons bientôt en donner des photos. »172 Il faut considérer que ces propos, aussi subjectifs qu’ils puissent être, datent des années 1970. Leur mise en avant dans cette partie sert à faire émerger des problématiques identifiées déjà à l’époque qui nous donnent des grilles de lectures utiles et pertinentes pour appréhender les stratifiés décoratifs haute pression aujourd’hui. 4. Terminologie La terminologie surgie comme un thème tout aussi révélateur des malentendus qui peuvent exister entre la dénomination et la description des matériaux de construction et plus précisément de finition. Concrètement les stratifiés décoratifs à haute pression à cette époque sont “plaqués” sur des substrats divers comme l’énonce un article publié dans la revue “Belgian Plastics”. Comme on l’a vu précédemment, le terme placage avait induit une tension avec l’industrie des placages en bois naturel, notamment à la suite de la publication d’un arrêté royal réservant son emploi. Celui-ci a été publié au Moniteur belge le 12 mars 1969. L’article essentiel, les autres ne donnant que de précisions mineures, fait la distinction entre trois appellations. Les termes “massif” et “placage” devront désormais être précédés de l’essence qui aura réellement été mise en œuvre. De plus, dans le cas où un revêtement prendrait l’apparence d’une autre essence, son appellation devra être mentionnée et précédée du mot “apparence”.173 [CITATION]174 Dans la revue Belgian Plastics, on trouvera une réaction à cet arrêté. Au vu de la grande partialité des éditeurs et de l’intérêt qu’ils ont à protéger leur industrie, la pertinence de son contenu est compromise. Il a, en effet, pour but de rassurer les affiliés et investisseurs sur l’invulnérabilité de

172 1970, « Les plastiques à la conquête du marché du meuble », dans Belgian plastics : revue belge des matières plastiques et élastomères, Bruxelles : Fédération des industries chimiques de Belgique, n°3, p. 12-13 173 Arrêté royal publié au Moniteur belge le 12 mars 1969, cité dans, 1970, « Les plastiques à la conquête du marché du meuble », dans Belgian plastics : revue belge des matières plastiques et élastomères, Bruxelles : Fédération des industries chimiques de Belgique, n°3, p. 12-13 174 Ibid.

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Figure 62: Extrait Source: 1970, « Progrès en revêtements synthétiques à plaquer », dans Belgian plastics : revue belge des matières plastiques et élastomères, Bruxelles : Fédération des industries chimiques de Belgique, n°6, p.6

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l’industrie du plastique. Bien qu’on assiste ici à un raisonnement désespéré et d’une argumentation extrêmement pauvre, il se fait le parfait reflet des tensions à l’œuvre à ce sujet. [CITATION]175 Un des éléments intéressants concerne l’objectif de cette réglementation. « La législation sur le vocabulaire. Quel est, en effet, le but du législateur en réglementant, aux termes d'une loi de cadre qui le lui permet (9.2.1960), les dénominations sous lesquelles les marchandises sont vendues? L'exposé des motifs de cette loi le dit clairement: il s'agit avant tout de garantir la loyauté des transactions, de protéger l'acheteur, quant à la nature de ce qu'il croit acheter ».176 Cet arrêté, qui en quelque sorte essaye de mettre un terme à la publicité mensongère, est pertinent dans le sens où aujourd’hui une problématique semblable s’est développée. Elle n’est pas spécifiquement liée au vocabulaire employé mais aux noms déposés. Les brevets et propriétés intellectuelles, ne font pas seulement l’objet de dossiers juridiques, quant à la commercialisation de produits sous le “nom déposé”. Cette pratique commerciale, a comme conséquence qu’un consommateur qui demande chez un fournisseur un panneau “Volkern”, par exemple, peut très bien se retrouver avec un panneau qui ne sera pas produit par l’entreprise “Trespa”. En effet, celle-ci appelée à l’origine, Trespa-Volkern, a aujourd’hui raccourci son nom. Certains consommateurs ont gardé ce nom en mémoire et des fabricants l’ont ainsi repris. Cette confusion peut poser problème au niveau de la composition, du vieillissement du panneau et des garanties, qui diffèrent selon les fabricants. « Un deuxième problème surgit lorsqu’on prend l’hypothèse de la remanufacture de panneaux stratifiés. Un producteur X, ne pourra pas remanufacturer de panneaux de concurrents et les commercialiser sous leur nom. »177

175 1970, « Progrès en revêtements synthétiques à plaquer », dans Belgian plastics : revue belge des matières plastiques et élastomères, Bruxelles : Fédération des industries chimiques de Belgique, n°6, p.6 176 Ibid. 177 Appel téléphonique avec un Représentant de l’entreprise Formica Group, le 15 mai 2017

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ICS: 83.140.20

norme belge enregistrée

NBN EN 438-1 2e éd., avril 2005

Indice de classement: T 47

Stratifiés décoratifs haute pression (HPL) - Plaques à base de résines thermodurcissables (communément appelées stratifiés) - Partie 1 : Introduction et informations générales Hoge-druk decoratief laminaat (HPL) - Platen gebaseerd op thermohardende harsen (gewoonlijk Laminaat genoemd) - Deel 1: Inleiding en algemene informatie High-pressure decorative laminates (HPL) - Sheets based on thermosetting resins (Usually called Laminates) - Part 1: Introduction and general information

Autorisation de publication: 15 février 2005 Remplace NBN EN 438-1 (1992). La présente norme européenne EN 438-1: 2005 a le statut d'une norme belge. La présente norme européenne existe en trois versions officielles (allemand, anglais, français).

Institut belge de normalisation (IBN), association sans but lucratif avenue de la Brabançonne 29 - 1000 BRUXELLES - téléphone: 02 738 01 12 - fax: 02 733 42 64 e-mail: info@ibn.be - IBN Online: www.ibn.be - CCP. 000-0063310-66 © IBN 2005

Prix: groupe 10

Figure 63: Extrait Source: NORME-REGLEMENTATION , 2005, NBN EN 438-1 : Stratifiés décoratifs haute pression (HPL) Plaques à base de résines thermodurcissables (communément appelées stratifiés) - Partie 1 : Introduction et informations générales, IBN, 2è éd., 11p

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Normes /Certificats Comme je l’ai déjà mentionné, l’appellation HPL est régie par les normes européennes et internationales En 438 et Iso 4586. La nécessité de textes pour caractériser et qualifier les matières produites est d’autant plus grande que le marché des HPL n’a pas cessé d’attirer de nouveaux fabricants. En 2005, la CTBA a organisé un symposium “Composite bois-polymères” sur la certification et les normes. A cette occasion, ces Professionnels de la préservation des bois ont manifesté un besoin d’harmonisation des règles et méthodes de test à appliquer à travers l’Europe. Nous avons déjà montré à quel point l’appellation des multiples produits, dérivés de la mise en place du procédé de stratifié, posait problème. Selon un article de Frédéric Wielezynski, « l’un des premiers points à résoudre sera de donner une appellation à ces produits afin de pouvoir les désigner et y appliquer les règles définies dans les normes. L’emploi des termes « composite » ou « polymères », voire « plastique », n’est pas toujours le plus judicieux »178. « Cependant, le nom des produits et matières reste secondaire pour certains, qui souhaitent que l’on s’intéresse avant tout au développement des produits (amélioration des caractéristiques, adéquation à la demande, nouveaux secteurs d’utilisation…). »179 La lecture des fiches plus récentes démontre en effet un effacement progressif de la description de la composition des matériaux au profit de la mise en avant de leurs atouts. De plus, les normes peuvent avoir un effet négatif sur les fabricants “débutants”. En définissant trop de choses et en instaurant des contrôles trop lourds, ceux-ci peuvent avoir du mal à y répondre et donc à se développer. Cela pourrait aussi affecter une entreprise qui voudrait créer une filière de réemploi de panneaux HPL. Pour finir, Wielezynski rappelle que le but de la participation des industriels aux premières réunions européennes de normalisation était de « dresser une liste exhaustive des essais pouvant être réalisés pour caractériser ces matériaux, mais en ne conservant comme essais de base que ceux qui portent sur les aspects essentiels des produits, c’est-à-dire indispensables pour pouvoir les utiliser dans un secteur donné. »180 Les fabricants peuvent faire appel à des certifications par tierce partie, comme le système d’évaluation international, Leadership in Energy and Environmental Design (LEED®), homologue du Building Research Establishment Environmental Assessment Method (BREEAM). Ces certificats ont comme objectif principal de promouvoir la transformation de l’industrie de la construction pour l’amener à adopter des pratiques plus durables. Les bâtiments, en fonction de leur mise en œuvre, de leur matérialité et de leurs équipements, sont ainsi classés. Des “Life Cycle Analysis” (LCA), “Analyse de cycle de vie” (ACV) ont été effectués pour plusieurs fabricants. En observant l'évaluation environnementale du cycle de vie, les entreprises considèrent l'impact environnemental des produits, des matériaux, des émissions, de l'eau et de l’énergie, depuis 178 Wielezynski F., 2005, « Normalisation européenne des composites bois-polymères », dans Bois dans la construction. Symposium "Composite bois-polymère" : certification et normalisation. France, CTBA info, n°110, p. 24-26 179 Ibid. 180 Ibid.

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l’extraction des matières premières jusqu'à la fin de l’utilisation - du berceau à la tombe si on veut. Les stratifiés HPL sont des produits intermédiaires, c’est-à-dire que ce sont des produits semi-finis qui nécessitent la mise en œuvre d’autre matières, ou plus justement d’autres matériaux, euxmêmes déjà produits. Les entreprises jouent sur ce caractère afin de se dédouaner de la responsabilité de l’impact environnemental de ces matériaux. Ce sera le cas de Formica Corporation en 2010. « L'ACV a constaté que la société consomme uniquement vingt-cinq pour cent environ de l'énergie totale consommée pendant la durée de vie du produit. Le reste est utilisé soit tout au long de la chaîne d'approvisionnement qui apporte des matières premières aux usines soit lors d'activités en aval qui fabriquent des produits de marque Formica en éléments finis. En tant que PDG, Adamson dit : " Soixante pour cent de notre produit est le papier.” Rendre le papier durable était critique. »181 Et en effet, en 2013 la société a commencé à vendre ses premiers panneaux stratifiés à base de bois de forêts gérées durablement et portant la certification FSC® (Forest Stewardship Council).

181 Patton P., 2013 « Croissance au niveau mondial : un siècle de marque et d’activité Formica® », dans Formica forever, Formica Corporation, Cincinnati, Ohio;New York, NY;.page 328

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Figure 64: Extrait - La destuction des déchets de plastique Source: 1971 « La destruction des déchets de plastique », dans Belgian plastics : revue belge des matières plastiques et élastomères, Bruxelles : Fédération des industries chimiques de Belgique, n°25, p. 10

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Cycle de vie et déchets produits « L’industrie des plastiques est un des secteurs industriels présentant les taux d’accroissement les plus élevés. La production mondiale double à peu près tous les cinq ans et s’élève aujourd’hui à 18 M de t par an. Cette expansion dynamique soulève de sérieux problèmes aussi bien pour des questions de planification et d’approvisionnement en matières premières que pour celle de l’élimination des déchets. Il faut s’attaquer dès maintenant à ces problèmes ».182 Ces inquiétudes ont été énoncées en 1969 et nous sommes à l’heure actuelle loin d’avoir résolus ces problèmes. Selon “Belgian Plastics”, la destruction des déchets plastiques ne pose aucun problème, puisque ceux-ci seraient proches de l’inexistence et ne pourraient donc pas polluer183. On peut même pousser l’interprétation plus loin et suggérer que les défendeurs du marché du plastique ne voient nulle complication, ou danger, au sujet de la gestion des produits à base de polymères. L’argumentation de cet article se base uniquement sur le poids des ordures ménagères, afin d’isoler le faible pourcentage de plastiques face à la diversité des matières disposées. Or, nous savons que le secteur où le plus de plastique est consommé est celui de la construction. De plus, le plastique reste un matériau très léger… « Deux pour cent! C'est la part des plastiques dans nos 300 kg annuels d'ordures par habitant. Il serait donc bien faux de croire que nous allons « être submergés par un flux d'ordures ou encore moins « être submergés par un flux d'ordures de plastiques ». Et pourtant on dit cela, on écrit cela. Quant à l'augmentation de la production d'ordures, elle est d'environ 3 % chaque année. »184 Outre l’épandage et le versage dans des dépotoirs, le point est fait sur l'incinération. « Si les plastiques ne conviennent pas bien dans les feux de joie (où ils brûlent mal, et avec une mauvaise odeur), Il n’en est pas de même dans les incinérateurs où ils se comportent comme de bons combustibles. À dire vrai il est dommage qu'il n'y en ait encore que 2 % dans l’ordure, car leur haut pouvoir calorifique (en général, 5.000 à 9.000 calories par kg) contribue à la combustion de l'ensemble, comme le font les emballages en papier et en carton, eux aussi en augmentation. Le pouvoir calorifique des ordures moyennes est en effet assez faible (1.700 calories par kg) (…) contrairement à ce qu'on pourrait penser, les ordures constituent un combustible plutôt «propre». L'air n'est guère pollué aux environs d'un incinérateur à ordures infiniment moins en tout cas qu'aux environs d'une centrale électrique, d'une usine en général, ou encore d'une zone à forte concentration automobile. »185 Ces propos datent d’il y a 46 ans et aujourd’hui la gestion des déchets est à l’ordre du jour. Ce qui démontre peut-être rétrospectivement que l’impact de l’industrie plastique a été largement sousestimé ou tout simplement ignoré. Même au-delà, aujourd’hui la gestion des ressources est plus juste pour attaquer nos problèmes environnementaux à la source. En ce qui concerne les stratifiés décoratifs haute pression, qui sont des matériaux composites à Arends L., 1969 « Informations Plastiques », dans Belgian plastics : revue belge des matières plastiques et élastomères, Bruxelles : Fédération des industries chimiques de Belgique, n°1, p. 59 183 1971 « La destruction des déchets de plastique », dans Belgian plastics : revue belge des matières plastiques et élastomères, Bruxelles : Fédération des industries chimiques de Belgique, n°25, p. 10 184 Ibid. 185 1971 « La destruction des déchets de plastique », dans Belgian plastics : revue belge des matières plastiques et élastomères, Bruxelles : Fédération des industries chimiques de Belgique, n°25, p. 11 182

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Figure 65: Extrait - La destuction des déchets de plastique (suite) Source: 1971 « La destruction des déchets de plastique », dans Belgian plastics : revue belge des matières plastiques et élastomères, Bruxelles : Fédération des industries chimiques de Belgique, n°25, p. 11

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base de résines thermodurcissables, la question du réemploi semble en tout cas pertinente vue leur longévité. A long terme cela permettra de réduire considérablement la production nouvelle et l’exploitation des ressources naturelles afin de combler les demandes du marché.

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Figure 66: Publicité * Colle Neoprene par DU PONT Source: 1963, La Technique des Travaux, Revue bimestrielle des Procédés de Constructions modernes, 39e année, SeptembreOctobre

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Figure 67: Extrait du Classeur Formica 1970 Source: Archives technico-commerciaux de la Matériauthèque consultés à la faculté d’architecture, d’ingénierie architecturale, d’urbanisme LOCI - Site de Bruxelles

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Figure 68: Publicité “Do it Yourself ” dans American Lamberman & Building Products or Building Supply News. 1954 Source: Formica forever, 2013, Formica Corporation, Cincinnati, Ohio;New York, NY;.p. 83

Figure 69: Présentation “Do it Yourself ” de la compagnie Formica (ca 1953-1954) Source: Formica forever, 2013, Formica Corporation, Cincinnati, Ohio;New York, NY;. p. 54

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Les marchés Les stratifiés étaient à la base destinés au marché industriel. Ils étaient ainsi employés comme isolants électrique et composants industriels avant que ne se développe leur composition. La première application décorative, en panneau mince de finition, a été rendue possible par les évolutions de la pétrochimie. Petit à petit, ce matériau a investi le marché du transport, de la vente au détail, des studios de créateurs de mobilier, des marchés domestiques et même celui des revêtements extérieurs. « Initialement, la ligne de produit grand public de la société Formica était limitée à des teintes sombres et des motifs qui imitaient le grain du bois et le marbre. Mais après avoir perfectionné l’utilisation de la résine de mélamine pour créer une surface transparente et décorative, la société a pu se développer sur le marché grand public à partir de 1938. »186 Le produit avait changé, mais pas seulement. « En 1940, seul un quart des revenus de l’entreprise provenaient du stratifié décoratif et le reste provenait des produits industriels. En 1950, les proportions se sont inversées. L’entreprise a abandonné le terme « Insulation » de son nom en 1948. La société s’appelait désormais la « Formica Company ». »187 1. Le marché domestique Selon Formica, le marché domestique s’est considérablement agrandi avec le développement du “mouvement bricolage”. Il a débuté dans les années 1950 grâce à l’arrivée des colles et des outils améliorés. On a pu observer, grâce à d’anciennes photos et extraits d’annonces, que Formica a spécifiquement ciblé ce public avec la démarche “Do It Yourself”. La présentation de ces produits dans des foires ou les guides étape par étape des procédures de mis en œuvre de panneaux Formica, le démontrent. « Le rapport annuel de 1953 de la société a célébré Banitory – une marque combinant « vanity » et « lavatory » - et note que le bricoleur était désireux d’acheter les produits grâce à l’apparition de nouvelles colles. »188 2. Expansion européenne Le cas d’étude qui se focalise sur l’évolution des stratifiés décoratifs Formica, est fortement imprégné par son contexte américain, mais sa présence était mondiale, distribuée d’abord par des concessionnaires et après par sa propre expansion. Formica Group s’est étendu en France en 1954 et en Espagne en 1956. En Belgique c’est l’entreprise britannique, De La Rue, qui a mis en place une filiale belge en connexion avec la première entreprise française basée à Paris. Elle a en effet détenu des licences de Formica® de 1962 à 1977. Mais ils n’étaient pas les seuls.

186 Alexandra Lange, “Le charme de l’utilitaire : Stratifié Formica®, Design et Luxe », dans Formica forever, 2013, Formica Corporation, Cincinnati, Ohio;New York, NY. 187 Formica forever, 2013, Formica Corporation, Cincinnati, Ohio;New York, NY;.page 274 188 Ibid.

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Figure 70: Resopal and the Nierentisch - “Après la deuxième guerre mondiale, un style d’ameublement est devenu établi qui a utilisé des moyens modestes pour répondre aux besoins des gens en matière de confort domestique et de luxe. Étant donné que les conditions de vie étaient habituellement à l’étroit, des meubles légers et polyvalents étaient nécessaires.” Source: Schneider, R. & Flagge, I. 2006, Original Resopal: die Ästhetik der Oberfläche = Original Resopal : the aesthetics of surface, Jovis, Berlin.p 116-117

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« La tension montait très clairement chez Formica. De nombreuses entreprises se sont lancées dans les plastiques stratifiés dans le monde. Dans les années 50 et 60, le jeu devenait complètement différent. »189 3. Mobilier en plastique Le mobilier semble être un marché conséquent et a aussi représenté l’apogée des tentatives de reproductions pour les stratifiés décoratifs haute pression tout comme toute autre matière plastique. « Une progression irrésistible. C'est que le fait est là: l'Amérique se meuble de plus en plus en plastiques: 300.000 tonnes de consommation évaluée en 1970 (en y comprenant les emplois «classiques»: capitonnage, simili-cuirs, stratifiés, etc.(…) le fait doit être soigneusement noté, les plastiques sont en train de supplanter le bois tout autant dans les 80 % de « meubles d’époque » (où ils se donnent pour tâche d'imiter à cent pour cent le bois) que dans les 20 % contemporains, où on les utilise évidemment en tant que tels (plastics-as-plastics). »190 4. Architecture & construction Pour saisir la position des matières plastiques face à l’architecture, et au secteur de la construction en particulier, on peut citer un communiqué suite à la tenue en 1969 à Bruxelles d’un colloque international organisé par le Groupe International d’Architecture Prospective et par la revue “Neuf”. « (…) pour la première fois, étaient réunis à Bruxelles plus de 200 représentants des principaux centres, groupes ou clubs d’architecture et de l’industrie qui cherchent à donner son nouveau visage à une architecture en pleine mutation. Les idées maitresses de ce Colloque ont été définies par les participants eux-mêmes. Déplorant pour l’homme son refus de muter, Georges Patrix souligne : « Les plastiques, cela signifie un autre homme…, ce n’est plus une société de conservation, mais une société d’usage, un autre mode de vie ». Michel Ragon ne fait qu’abonder dans le sens de G.Patrix en disant : « D’un côté, les techniciens proposent de nombreuses solutions…d’un autre côté, il y a le besoin général…comment se fait-il que nous ayons ces techniciens, ces créateurs, ces richesses et que nous soyons toujours dans un cénacle, à nous montrer nos petites productions, pendant que le reste du monde ne sait pas que cela existe ? » Ces termes dénoncent une rupture, une double rupture. La rupture du grand public par rapport aux matériaux synthétiques est la conséquence de l’attitude du fabricant qui a eu trop souvent tendance à camoufler ces matériaux nouveaux sous la forme de matériaux anciens : bois, pierre, métal, etc. donnant de ces matériaux une image de succédané. L’autre, c’est la rupture architecte/fabricant ; en Europe continentale, le chercheur ne trouve qu’un appui minime ou inexistant de la part des firmes. Sans doute parce que ses conceptions de l’architecture nouvelle s’éloignent des possibilités actuelles, sans doute également parce que le producteur ne fait pas l’effort de participer avec le chercheur au développement pratique de ses recherches. … » 191

Formica forever, 2013, Formica Corporation, Cincinnati, Ohio;New York, NY;.page 284 1971, « Les meubles en plastique aux U.S.A. », dans Belgian plastics : revue belge des matières plastiques et élastomères, Bruxelles : Fédération des industries chimiques de Belgique, n°15, p. 49 191 1969, « Echos », dans Belgian plastics : revue belge des matières plastiques et élastomères, Bruxelles : Fédération des industries chimiques de Belgique, n°2, p. 111 189 190

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Figure 71: Extrait Source : Neuf, 1996, « Dossier : les stratifiés », dans, Neuf :Architecture & Design, Be, n° 176, p.78-82

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Nous ne développerons pas plus en détail cette citation. Elle fait en effet l’apologie d’une ouverture du marché plastique vers une consommation “prêt à jeter”. D’ailleurs, cette notion de “prêt à jeter” me semble par essence incompatible avec le secteur de la construction, où la durabilité est quand même un critère essentiel. La rupture entre l’architecte et les fabricants est d’autre part inquiétant, dans le sens où ça reflète que l’écart entre la prescription et la responsabilité des architectes face à la matérialité des constructions, était déjà présente à cette époque. Un article datant de 1947 de La Technique des Travaux, présentant un “Point de vue sur la reconstruction” peut faire office de point de départ à une réflexion sur la question. Celui-ci se présente comme un plaidoyer, après-guerre, pour l’industrialisation de la construction et une réflexion sur la manière d’y parvenir. Il semble que l’on assiste alors aux prémices de la création des entreprises générales. Après une analyse du problème posé par la reconstruction, il définit des solutions, pour certaines déjà mises en place de manière partielle ou embryonnaire, par les pouvoirs publics et son administration. Outre la normalisation et la modularisation qui l’accompagne, une des solutions serait de pouvoir analyser et prédire toutes les possibilités d’assemblage, du gros-œuvre aux finitions et équipements. Mais ceci est bien plus complexe et la seule solution aux yeux de l’auteur réside dans la coordination de ces choix et techniques, et cette tâche, seule l’entreprise générale de construction pourrait la mener. « Si l’on veut construire avec des moyens à grand rendement, il faut donc que toutes les initiatives et toutes les responsabilités techniques et commerciales s’étendant à toutes les opérations de fabrication, de transport, de construction et de vente soient laissées à un organisme unique qui ne peut être que l’entreprise. Ce n’est qu’à cette condition que celle-ci peut devenir une véritable industrie capable de résoudre dans les meilleures conditions de prix et de délai le problème de la reconstruction. »192 Le rôle de l’architecte se voit donc, dans ce scénario, réduit à un simple rôle de contrôle et de suggestion vis-à-vis des entreprises, devant même adapter ses dessins aux exigences de celles-ci. 5. La consommation - les chiffres du marché On ne connait malheureusement pas la part du marché ni l’évolution des bilans de vente sur le territoire belge de ces entreprises durant cette époque pour évaluer l’impact de ces matières sur le marché général. Par contre, on a des chiffres plus généraux par rapport à la consommation de matières plastiques rapporté à la population par pays ainsi que la consommation des résines thermodurcissables qui est la matière primaire nécessaire à la fabrication des stratifiés décoratifs haute pression. Ces données pourraient être comparées à des statistiques plus récentes afin de déterminer l’évolution concrète de la consommation des résines ainsi que celle des matières plastiques. Si la production même des stratifiés semble n’avoir qu’un impact minime sur l’entièreté du cycle de production de ces éléments, il n’en est rien des matières premières qui entrent dans sa composition. La production des résines, du papier kraft, des fibres de bois et des autres ingrédients secondaires nécessitent en effet une grande quantité d’énergie, à l’extraction comme à la production ou à l’acheminement. Elles sont, en outre, soit issue d’une filière non-renouvelable, le pétrole, soit d’une filière renouvelable, le bois, laquelle nécessite tout de même du temps de 192 1947, CHAULET, A., “Un point de vue sur la reconstruction”, La Technique des Travaux, Revue Mensuelle des Procédés de Constructions modernes, 23e année, N°7-8, Juillet-Août, pp. 209-212

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Figure 72: Tableau - Consommatino de matières plastiques rapportée à la population 1958-1966 Source: 1969 « L’industrie des Matières plastiques », dans Belgian plastics : revue belge des matières plastiques et élastomères, Bruxelles : Fédération des industries chimiques de Belgique, n°1, p. 31

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régénération. D’ailleurs, lors d’une entrevue avec le responsable d’une de ces entreprises, celui-ci m’a confié que pour la Belgique ils se fournissaient auprès d’une entreprise à laquelle ils achetaient l’entièreté de la production. Si cela venait à ne plus suffire, ils iraient simplement compléter les quantités chez un autre fournisseur. Heureusement, dans cette problématique, les avantages économiques peuvent jouer un rôle. « Il y a des impératifs économiques purs et durs qui impliquent de limiter les couts énergétiques du cycle de vie. »193 Le réemploi des panneaux stratifiés décoratifs haute pression pourrait être une manière de réduire ces coûts énergétiques comme l’impact sur les matières premières. Pour avancer davantage cet argument, des données quant à la consommation des matières requises à la production des panneaux des différents producteurs sont nécessaires. Celles-ci peuvent constituer une base afin de développer un discours à même d’initier un changement dans la production même, ou une filière de réemploi indépendante. Il serait malgré tout dommage de ne pas bénéficier des infrastructures comme les systèmes de logistiques déjà mises en place par les fabricants. Trois catégories de marchés Le marché des stratifiés décoratifs haute pression peut être divisé en trois catégories : 1. Le marché des panneaux décoratifs minces HPL collés sur des panneaux de substitution 2. Le marché des panneaux décoratifs HPL massifs autoportants 3. Le marché des façades ventilées Selon une présentation du conglomérat Fletcher Building194, la maison mère de Formica Corporation depuis 2007195, le marché européen en 2009 s’est élevé à 28 millions de m2. Celui-ci était alors réparti comme suit : Panneaux stratifiés décoratifs minces HPL Produits liés (âme en substrat) HPL massifs Solid Surfacing

-

66,3% 19,6% 13.2% 0.9%

Le Solid Surfacing est le nouveau nom de la gamme Surell® et qui n’est pas, comme on l’a vi, à proprement parlé un HPL. Les panneaux stratifiés décoratifs minces sont de trois types : Qualité 10, d’une épaisseur de 1.2mm, dont l’application est horizontale. Qualité 12, d’une épaisseur de 1.0mm, dont l’application est le post-forming. Qualité 20, d’une épaisseur de 0.7mm, dont l’application est verticale. 193 Patton P. « Croissance au niveau mondial : un siècle de marque et d’activité Formica® », dans Formica forever, 2013, Formica Corporation, Cincinnati, Ohio;New York, NY;.page 328 194 Presentation lien consulté le 1 juillet 2017: http://www.fbu.com/assets/incoming/141009formicainvestorpresentation.pdf 195 Document annonçant l’acquisition de Formica Corporation par Fletcher Building, le 7 juillet 2007, consulté le 7 juillet 2017 : http://www.fbu.com/assets/incoming/030707FormicaAcquisition.pdf

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Figure 73: Marché européen des ventes des gammes de HPL de Formica en 2009 Source: Presentation de Fletcher Building, lien consulté le 1 juillet 2017: http://www.fbu.com/assets/incoming/141009formicainvestorpresentation.pdf Figure 74: Tailles du marché estimé par Fletcher Building des stratifiés décoratifs haute pression - Benelux 2010 Source: Presentation de Fletcher Building, lien consulté le 1 juillet 2017: http://www.fbu.com/assets/incoming/formica-europe-analyst-presentation-final-.pdf

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Ils sont préassemblés en usine, comprennent une ou deux faces de panneaux stratifiés décoratifs minces assemblés à un substrat comme des panneaux à particules, MDF ou autre selon la commande. Le marché en Belgique et en Europe est documenté dans un rapport de 2010196. D’après un des graphiques qu’il présente, le marché du Benelux sur cinq ans s’élève à environ 3.5 millions de m2. Ce qui représente plus ou moins 700 000 m2 par année. La même présentation nous livre une autre information intéressante, la taille standard de production de l’industrie des stratifiés. Coûts et proportion des matières premières Dans une autre présentation datant de 2011197, on trouve les coûts, en proportion, des matières premières nécessaires à la production de panneaux stratifiés décoratifs. Papier Kraft 29% Papier décoratif 28% Résines 35% (coûts passés à 52% en 2013 probablement dus à une augmentation générale du court du pétrole) Autres* 8% *(Panneaux de particules, films, feuilles de films, additifs pour les résines) Vous trouverez ci-contre les coûts précis des différentes composantes par rapport à différentes épaisseurs. Le marché des façades ventilées J’ai rencontré un représentant de l’entreprise Trespa, dont le marché majeur se situe dans les façades et qui produit donc principalement des panneaux HPL compacts pour l’extérieur. Lors de cette entrevue, celui-ci m’a confié des renseignements sur le marché des façades ventilées afin d’alimenter mon travail. Je dois néanmoins signaler que ce sont des données approximatives, ainsi que des suppositions à propos du marché général que cette personne de contact a pu nous fournir suite à sa longue expérience de terrain. En Belgique, le marché des façades ventilées se divise en deux catégories, la rénovation qui représente 60% et le bâtiment neuf qui en représente 40. Le marché de Trespa en Belgique pour ces produits représentait, en 2016, 400 000 m². Celui-ci est estimé au total à 1 ou 1,5 millions de m² que l’entreprise se partage avec ses principaux concurrents, Eternit et Rockpanel. Il est important de noter qu’il s’agit du marché général des façades ventilées et que ces autres fabricants ne produisent pas de panneaux HPL. Par comparaison, l’entreprise détient un tiers du marché luxembourgeois qui s’élève à 50 000 m2. Le marché français, de son côté, est le plus important en Europe pour cette entreprise. Il dépasse le million tandis que le marché total, incluant tous les concurrents, est estimé à 5 millions de m².

Presentation lien consulté le 1 juillet 2017: http://www.fbu.com/assets/incoming/formica-europe-analystpresentation-final-.pdf 196

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http://www.fbu.com/assets/incoming/190911-formicagroupanalystspresentation19sept.pdf

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Figure 75: Facture des matériaux stratifés et côuts sous-jacents Source: Presentation de Fletcher Building, lien consulté le 1 juillet 2017: http://www.fbu.com/assets/incoming/190911-formicagroupanalystspresentation19sept.pdf p29 Figure 76: L’analyse du cycle de vie identifie l’énergie incorporée cumulative pour le stratifié à haute pression 1x mètre carré. Source: Presentation de Fletcher Building, lien consulté le 1 juillet 2017: http://www.fbu.com/assets/incoming/190911-formicagroupanalystspresentation19sept.pdf p54

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Le prix au m2 d’une façade ventilée en panneaux HPL, avec livraison et installation comprises, se situe entre 150 et 250 €/m2. Une gamme de panneaux issus de démontages sélectifs pourrait représenter une alternative intéressante pour le marché de rénovation des bâtiments. Une étude sur les coûts de reconditionnement, de logistique, de distribution et de main-d’œuvre est néanmoins essentielle afin de vérifier cette hypothèse. Les panneaux Trespa de revêtements de façades ont commencés à être installés dans le patrimoine bâti dans les années 1960. En outre, ces panneaux stratifiés massifs font partie des panneaux les plus résistants sur le marché des stratifiés. Malgré le fait que le remplacement de ces façades de bâtiments se fait selon un rythme bien moins soutenu que les intérieurs, ils pourraient constituer un gisement intéressant à exploiter. Il restera néanmoins à identifier la meilleure méthode à employer, c’est-à-dire, préconiser un réemploi in-situ ou développer une filière indépendante de revente. En effet, on peut estimer que ces bâtiments devront faire, ou ont déjà fait, l’objet d’une mise à niveau énergétique, imposée par le développement des normes passives. Ils présenteront certainement, selon leur date de mise en œuvre, des altérations différentes. Comme on l’a vu, la structure micro-poreuse de la mélamine entraînera une usure des panneaux. Cependant, celle-ci est à nuancer puisqu’il ne s’agira que d’une usure surfacique, qui ne compromettra pas nécessairement la résistance interne de ceux-ci. Pratiquement invisible à l’œil nu et seulement percevable dans l’atténuation de la teinte, elle pourrait constituer une patine plutôt valorisable esthétiquement. Plusieurs cas de figure pourraient alors se présenter. Soit cette usure sera jugée positivement et on pourra alors, selon le bâtiment à mettre à niveau, directement les remettre en œuvre in situ, ou les revendre. Soit celle-ci sera jugée négativement, ou sera à un stade plus avancé et nécessitera une refabrication avant de pouvoir être réinjecter dans le marché. On l’a vu, cette dernière option, loin d’être la plus intéressante, dépend directement de la collaboration des producteurs, ou du développement d’une infrastructure indépendante adéquate.

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Figure 77: Bâtiment Façades ventilées - Edifices I.A.C.P.M. Quartier San Leonardo, Milan Figure 78: (bas à gauche) Maison d’habitation, Ternat, Bruxelles. Extrait du catalogue M E G matérial exterior grade Abet Laminati 1992 Source: Fonds Vandenbogaert, Daniel, Archives et Bibliothèques d’Architecture de l’Université Libre de Bruxelles

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Conclusion Le développement de ce travail nous a offert des clés de compréhension, à la fois historique et technique, des stratifiés haute pression. De manière assez diffuse, il a également permis de repérer les obstacles ou les caractères qui favoriseraient un réemploi. On a vu que certains critères peuvent constituer de réels freins pour la création de filières spécifiques de seconde main, comme la prise en charge, la logistique et l’infrastructure qu’elle nécessite, le critère esthétique, économique, l’évolution normative ou encore les brevets déposés. On a pu étudier les usages des stratifiés tout au long de leur histoire et aussi identifier les périodes où ils ont connu leur heure de gloire et à l’inverse celles où ils ont été mis en crise. On a également constaté la multiplicité de matériaux auxquels les différentes entreprises productrices ont donnés jour. Tous ne présentent pas les mêmes avantages ni les mêmes potentiels de traitement après usage. Certains nous paraissent plus enclins à faire l’objet d’une réutilisation. En guise de conclusion, je voudrais porter notre attention sur ceux-là et tenter d’en éclairer les atouts selon les cinq critères qui sont généralement attendus d’un matériau de construction : la disponibilité, la prévisibilité, la possibilité d’être décrit avec précision et les garanties juridiques198. Cette approche permettra de rendre plus intelligible ce potentiel, mais aussi de conclure quant à l’hypothèse de l’existence d’un gisement et les éléments qui pourrait le rendre exploitable. En outre, celle-ci soulignera les limites de ce travail et les différentes démarches qui pourraient lui faire suite. 1. La disponibilité La détermination des disponibilités des stratifiés décoratifs haute pression sur le territoire belge, n’est pas dans mes capacités. Les sources récoltées me permettent à peine d’esquisser des hypothèses à ce sujet. D’autre part, la disparité des types de HPL, tant du point de vue de leurs applications que de la quantité mise en œuvre depuis la période d’après-guerre, rend l’entreprise d’autant plus compliquée. Je voudrais opérer par soustraction d’éléments. Pour être très précis, je voudrais éliminer les catégories de stratifiés que je considère comme des maillons faibles de la famille des HPL. Il s’agit des HPL minces puisqu’ils sont collés sur des supports variés et imprévisibles. Dès lors, la procédure de démontage pourra être considérablement alourdie puisqu’il sera en effet difficile de déterminer les substrats qui auront été employés, et particulièrement dans le cas de leur recouvrement total. De plus, tant les substrats que les panneaux sont susceptibles de subir des altérations prononcées et rapides au fil des années. Ils ont, en outre, un caractère très aléatoire puisqu’ils ont été bien souvent produits sur mesure et qu’ils présentent donc des dimensions et des épaisseurs personnalisées. Ceci rendrait la procédure de reconditionnement bien plus gourmande en temps, aussi bien de traitement que d’usinage. Seuls deux types de panneaux stratifiés répondent à la fois aux critères de conservation de l’intégrité des performances, de composition homogène, de facilité d’usinage et de manipulation, et de fixation réversible. Il s’agit des panneaux décoratifs massifs HPL. Ces deux catégories ne sont mises en œuvre que pour deux applications, en revêtement extérieur et en revêtement intérieur. Cette réduction nous permet d’opérer une évaluation annuelle de la production de mètres carrés et de leur mise en œuvre en Belgique. Nous possédons, en effet, à leurs sujets des statistiques, ou estimations, plutôt correctes.

198 Ghyoot, M. & Genard, J. 2014, Le concepteur et les matériaux de construction: éléments de réflexion pour une reconfiguration des circuits de l'économie matérielle par les pratiques architecturales contemporaines, p.25

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Figure 79: Stratifiés décoratifs massifs en revêtement extérieurs - Exemples des années 1970 et 1980 Source: Schneider, R. & Flagge, I. 2006, Original Resopal: die Ästhetik der Oberfläche = Original Resopal : the aesthetics of surface, Jovis, Berlin.p 157

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On peut estimer la libération de panneaux HPL pour l’extérieur en se basant sur des rapports financiers de Fletcher Building. Celui-ci évalue la totalité du marché des stratifiés HPL au Benelux, tous fabricants confondus, de 2005 à 2010, à plus ou moins 13 millions de m2. Cela veut dire que la moyenne annuelle de vente de panneaux HPL était de 2,6million de m² au Benelux. Cela ne nous dit malheureusement pas la part des HPL massifs dans le marché du Benelux mais si on se base sur des graphiques de Formica, dont les HPL massifs représentent 20% de leurs ventes, cela représenterait 520 000 m² de panneaux HPL massifs. Grace à une interview effectuée avec un représentant de Trespa, on peut avancer un deuxième estimatif. Trespa aurait vendu 400 000 m² de panneaux HPL massifs en 2016 en Belgique. On remarque l’écart entre la première estimation qui en plus serait divisée entre les trois pays du Benelux, le Luxembourg, la Belgique et les Pay-Bas. D’autre part, le premier estimatif date d’il y a 6 ans, soit autour des années de la crise boursière de 2008. Entretemps, beaucoup de chantiers se sont amorcées un peu partout. Selon mon interlocuteur, le marché belge s’est élevé en 2016 à 1 million de m² pour les HPL massifs pour les façades ventilées sans compter les autres applications. Les HPL massifs ont vu le jour dans les années 1960 et ont été distribués en Belgique par plusieurs fabricants internationaux. D’après certains rapports économiques, et outre les deux périodes creuses qu’ont été la crise synthétique des années 1970 et la crise boursière de 2008, le marché semble avoir été plutôt croissant. On peut donc estimer que ces éléments vont graduellement être rendus disponibles par les futurs travaux de rénovation ou de démolitions. D’autre part, d’après les données fournies par les différentes études de certification environnementale, leur durée de vie serait de 30 à 50 ans, contrairement à la garantie décennale des fabricants. Ces affirmations sont à prendre avec précaution puisqu’elles pourraient représenter un estimatif trop enthousiaste. 2. La prévisibilité Nous partirons du principe que depuis 2010 le marché des stratifiés compacts consomme 546 000 m2 par an et que, selon Fletcher Building, les secteurs principaux sont la rénovation à 43%, le secteur commercial à 55% et la construction neuve à 2%. A partir de là, nous pouvons estimer la destination des matériaux mis en œuvre. Le marché de la rénovation représenterait plutôt des bâtiments ou des lieux publics, des infrastructures et des résidences, et impliquerait donc une libération plutôt lente de ces composants. Par contre, le secteur commercial, qui comprendrait à priori les bureaux et les commerces, ferait preuve d’une libération à un rythme plus soutenu. La grande volatilité des occupations et la succession d’occupants impliquent, en effet, des changements complets de fournitures, voire même de revêtements de façades. Avec des statistiques relatives aux faillites commerciales, aux reprises ou aux cessions de bail, ou de biens, à exploitation commerciale, on pourrait grossièrement estimer, avec prudence, combien de ces 300 300 m2 annuels de stratifiés massifs se libèrent sur le territoire belge. Enfin un paramètre à ne pas oublier, c’est qu’il faut une entité qui prendrait à sa charge la récolte des stratifiés décoratifs massifs, sa gestion, sa logistique, la collaboration entre les acteurs de la démolition, les maîtres d’ouvrages et les pouvoirs publics, la vérification des propriétés, le traitement ou le reconditionnement si nécessaire, ainsi que la distribution et l’installation.

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Figure 80: Stratifiés décoratifs massifs en revêtement extérieurs - Exemples des années 1970 et 1980 Source: Schneider, R. & Flagge, I. 2006, Original Resopal: die Ästhetik der Oberfläche = Original Resopal : the aesthetics of surface, Jovis, Berlin.p 158

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3. La possibilité d’être décrit avec précision L’avantage, et l’inconvénient, des stratifiés décoratifs haute pression massifs est que la fabrication est standardisée selon les fabricants. Pour être plus précis, les tailles proposées par les fabricants dépendent généralement de la taille de leur presse. Ainsi, on se retrouve avec une multitude de tailles qui varient selon les marques. Une documentation technico-commerciale est donc, d’une part indispensable pour aider à l’identification des panneaux, et d’autre part, elle peut constituer les “papiers” d’un panneau HPL. Ces panneaux, une fois récupérés après quelques mois ou années d’utilisation, sont tout de même considérés comme usés et altérés, même si cela n’est visuellement pas identifiable. Le contrôle visuel n’étant à priori pas possible dans le cas présent, l’inspection des éléments devra s’effectuer par des machines. A cet égard les performances et méthodes d’essai applicables au HPL sont décrites dans les normes belges NBN EN 438-1 et 438-2. On part du principe que l’entité qui se donnerait comme mission de distribuer des panneaux HPL de réemploi devra s’adresser à un organisme notifié. Ou bien, elle devra s’équiper d’une machinerie afin d’effectuer les tests en interne tout en acquérant les agréations nécessaires afin de pouvoir légalement rédiger des certificats individuels pour des lots ou pièces de panneaux HPL et HPWC. On a déjà largement décrit le processus de fabrication général des produits de notre intérêt, identifié comme apte au réemploi. Ce procédé, lui, reste relativement identique à tous les fabricants, à quelques exceptions près, tandis que la composition varie d’un fabricant à l’autre. Les gammes présentant des ingrédients, des pourcentages ou des mélanges différents sont, eux, probablement brevetés, ce qui peut influer sur les propriétés des panneaux. 4. L’appréciation esthétique Tout élément de construction de réemploi peut faire référence, au premier abord, à des éléments anciens, rustiques et marqués d’une patine, rendant le matériau authentique et marqué par l’histoire. De telles considérations ne peuvent, à priori, pas s’appliquer à un matériau composite synthétique, qui se profile comme physiquement insensible à l’altération, et ainsi anhistorique. On peut, en s’appuyant sur les campagnes menées, décrire l’esthétique des HPL par leur éternelle jeunesse. Les espaces et les surfaces subissent des usages et des transformations variés, ainsi qu’une usure plus au moins conséquente en fonction de leur résistance. Cette usure peut également être de différents types, comme des coups, des égratignures, des trous, des fissures ou une décoloration. Tous ces effets peuvent constituer des points faibles d’un point de vue esthétique. Si on croit aveuglément les fabricants de HPL, la résistance de ces panneaux les protégerait de toute usure. Ce qui les rendrait également très facilement maniable au contraire d’une pierre, dont la fragilité imposerait toutes sortes de précautions. D’un autre côté, outre les dégradations physiques, un élément peut subir des déclassements d’ordre stylistique et se rapportant plutôt aux gammes de couleurs, motifs ou textures. Ces palettes esthétiques peuvent directement appartenir à des courants ou à des effets de mode. Cette dernière, opérant par cycle, souvent décrite par des “tendances”, associe l’aspect créatif, médiatique, industriel et commercial. Ces tendances, dans le neuf, peuvent être directement impulsées par des artistes, des créateurs ou des individus influents, ceux-ci donnant une valeur ajoutée aux éléments. Les paramètres de ce phénomène sont complexes et des théories existent. Dans le cas des HPL, on a pu constater la 155


Figure 81: Maîtriser le temps - Test de vieillissement accéléré et de tenue des coloris Source: Think Trespa, 2014 “Des façades qui racontent une histoire”, n°3, p21-23 consulté sur : http://www.trespa. com/nl/documentation/exterior-panels?field_country_target_id=63&combine_documentation=

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mise en place de ce type de gammes et palettes, avec l’aide de designers. La valeur ajoutée de ces “fibres artistiques”, compétences ou images, monopolisés au travers d’alliances, de collaborations ou d’intégrations, confèrent à certains éléments une valeur supplémentaire qui pourrait aujourd’hui faire l’objet d’une captation dans le domaine plus luxueux des antiquités et des arts. Ce caractère cyclique amène également avec lui des phénomènes de revivals, ou ces renouveaux vintages amenés parfois par nostalgie, qui ravivent une appréciation pour l’ancien. A l’heure actuelle, alors que les défis environnementaux sont dans toutes les têtes, cet engouement pour le vintage et les éléments de seconde-main est de nouveau palpable, notamment, au travers des codes vestimentaires. Ce phénomène peut également être observé dans des lieux qu’on fréquente couramment, et le plus souvent dans des contextes commerciaux qui présentent des décorations à thème faisant une référence implicite à une culture, une subculture, à certains styles artistiques ou encore voulant faire preuve d’une certaine éthique. L’évaluation de l’appréciation esthétique dont pourraient bénéficier les panneaux HPL, reste relativement floue. On peut tout au plus spéculer sur l’audience potentielle que pourrait obtenir certaines gammes de couleurs et palettes de motifs “vintage”. La sphère privée présente un caractère plus aléatoire dans cette estimation, puisque l’esthétique conserve une part d’appréciation personnelle et individuelle qui rend son investissement plus difficile. Les sphères plus communautaires ou publiques, à l’inverse, sont presque par définition soumises aux effets de masse et de mode. L’horeca, les commerces, les espaces de co-working ou même les espaces communautaires d’institutions publiques ou privées, qui travaillent leur image et dont l’intérêt est de capter une génération plus jeune, se profile comme un marché potentiel. Il faut néanmoins tenir compte de la mauvaise publicité qu’enregistre le plastique, en général et sans nuance, dans le contexte actuel. 5. Les garanties juridiques Dans le cas des HPL, un cadre européen fixe leurs performances minimales attendues. Ces protocoles de tests permettent en théorie de les appliquer systématiquement. Si durant un démontage, on récupère, par exemple, des panneaux Trespa de 1980 de la gamme Duro dont on possède les déclarations de performances d’origine, on peut partir du principe que le revendeur sera alors en possession d’une documentation de base. En présence de ces informations et du fait que les panneaux HPL ont une espérance de vie estimée entre 30 et 50ans, le revendeur professionnel pourrait théoriquement proposer une garantie. Le revendeur doit tout de même s’assurer que la description corresponde au panneau HPL avant la transaction, et l’échange de propriété, avec l’acheteur. Mais la réalité est parfois plus complexe et une inspection des HPL en laboratoire pourrait constituer une alternative à la constitution d’une simple certitude des performances d’un élément. On peut aussi partir du principe que le fabricant est responsable pour toute fabrication et que la certification de ses anciens panneaux pourrait être prise en charge par celui-ci. Mais cette approche pose des soucis énormes en termes de gestion et de logistique. Sinon, il existe encore un flou juridique que l’on pourrait exploiter. « Le règlement européen n° 305/2011 concerne la mise sur le marché ou la mise à disposition sur le marché de tous les produits de construction. Un produit de construction y est défini comme tout « produit ou kit fabriqué et mis sur le marché en vue d'être incorporé de façon durable dans

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des ouvrages de construction». A priori, ceci concerne donc aussi des matériaux de réemploi mis (ou plus exactement remis) sur le marché. »199 Au vue du caractère de la production industrielle des HPL, soit une production en série, ce règlement ne s’appliquerait pas et ces produits pourraient alors faire l’objet de dérogations et ne nécessiteraient pas de déclaration de performances. La seule exception qui constitue une manière de contourner radicalement les questions de garanties juridiques quant à la remise en œuvre d’un panneau HPL de réemploi est l’utilisation des panneaux encore sous-garantie. Limité à 10 ans pour la plupart des producteurs, cette hypothèse est très limitée et nécessiterait qu’on puisse suivre les panneaux stratifiés mis en œuvre afin d’en conserver les fiches techniques et certificats. Ce qui permettrait, dans le cas où leur échéance d’usage arriverait avant la fin de la garantie du fabricant d’origine, d’exploiter celle-ci. 6. Pistes d’action pour le futur après-usage des stratifiés haute pression D’après cette recherche et les représentants de cette industrie que j’ai pu rencontrer, il n’y aurait à priori pas d’objection directe au démontage et à la réutilisation de ces produits. Cette recherche a pu en appuyer le caractère mais également affiner cette appréciation. La résistance et l’espérance de vie des panneaux massifs les rendraient aptes à un réemploi, bien que le cas par cas soit de mise dans ce domaine. Dès lors, différents types de démarches peuvent être entrepris. D’une part, des procédures de prévention, en amont de la mise en œuvre, devraient être développées et permettraient d’anticiper toute mise en œuvre future des panneaux HPL. Ceci éviterait que des produits toujours opérationnels soient simplement considérés comme des déchets par leur difficulté de démontage et de manipulation. En outre, une base de données comme celle proposée par le CSTC pourrait permettre aux nouveaux éléments d’être suivis. Une piste pourrait être de s’appuyer sur des structures comme l’ICDLI (International Committée of the Decorative Laminates Industry) afin de mener ces tâches de géolocalisation. Ce type d’acteurs pourrait en effet servir d’intermédiaire afin de communiquer avec les fabricants. Bien sûr, ceux-ci ne peuvent que partiellement tracer les panneaux, étant donné qu’une partie est vendue à des distributeurs et l’autre part directement à des maîtres d’ouvrages ou des entrepreneurs. Malgré tout, cela reste une possibilité de manœuvre afin de réunir les fabricants autour des questions d’après usage de leurs gammes de produits stratifiés. D’autre part, on pourrait encourager la réutilisation in-situ. Un travail peut-être plus poussé à partir de la documentation technico-commerciale pourrait permettre de créer une base de données qui faciliterait la reconnaissance des panneaux. On pourrait alors imaginer un catalogue des HPL massifs selon les époques, les marques et les gammes où l’on trouverait également des informations relatives à leurs caractéristiques techniques ou leur mise en œuvre. Ce catalogue serait également utile dans l’hypothèse de la création de filières spécifiques de seconde main. Cette démarche a déjà été abordée tout au long de cet écrit et on a pu esquisser des pistes d’action pour celle-ci. La chaine de reconditionnement peut être plus au moins longue selon les éléments de construction mais dans le cas des stratifiés celle-ci pourrait se limiter à un nettoyage et un réusinage (découpe). Même si on est convaincu de l’intérêt à long terme de cette filière, plusieurs paramètres doivent néanmoins être réunis au préalable afin de rendre cette procédure attirante, 199 Ghyoot, M. & Genard, J. 2014, Le concepteur et les matériaux de construction: éléments de réflexion pour une reconfiguration des circuits de l'économie matérielle par les pratiques architecturales contemporaines.p.96

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faisable, reconnue et rentable. Une étude plus fine des propriétés pourrait mener à la détermination des écarts de fabrication par rapport à celles imposées par les classes d’usage en vigueur, d’un point de vue normatif. Elle pourrait servir à établir les types de panneaux qui seraient adaptés selon ces classes. Finalement, une dernière piste serait d’entreprendre des opérations démonstratives. Une entité existante sur le territoire Belge ou bruxellois, ayant déjà une expérience de terrain dans le domaine du réemploi, du reconditionnement ou du recyclage d’éléments de construction, pourrait s’en charger. Identifiant et récupérant des panneaux massifs HPL elle pourrait alors les réinjecter dans des chantiers ou dans d’autres applications sur le territoire. Cette démarche de démonstration, bien qu’à priori limitée dans les quantités qu’elle pourrait prendre en charge, peut malgré tout agir comme initiateur et argument de persuasion afin de faire naître un intérêt de la part des structures professionnelles pour de tels services. J’espère avoir pu indiquer au moins quelques pistes pratiques pertinentes et offrir des clés de lecture, ainsi qu’une esquisse historique qui puisse servir pour de futures recherches.

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Table des illustrations Figure 1: (Droite) Un bon exemple d’inaltérabilité est le district de Poste de police à Rotterdam Zuidplan. Aujourd’hui, il semble toujours aussi frais que lorsqu’il fut construit en 1988, en dépit du fait qu’elle est près d’une station de métro et d’une route principale. Les comparaisons de laboratoire prouvent de manière concluante que les couleurs originales de la façade ne se sont pas altérées. Les anciens échantillons de ce projet et les nouveaux échantillons de couleurs sont souvent présentés ensemble par l’équipe de vente. Source: Inspiring the World - Trespa Anniversary Book consulté sur: http://www.ravago.rs/Proizvodi/VentilisanaFasada/Trespa%20Anniversary%20Book.pdf / page 38-39 Figure 2: (Gauche) Le centre de càlcul a été construit dans le campus de l’Université de Barcelone en 1991 pour abriter les services informatiques de l’université. Le bâtiment a été revisiété en 2011 pour vérifier l’état des panneaux. Source: Think Trespa, 2012 “Des façades qui racontent une histoire”, n°1 consulté sur : http://www.trespa.com/nl/documentation/exterior-panels?field_country_target_id=63&combine_documentation= Figure 3: (Haut) Stratifié pour les structures de transport - Arrêt de tramway à Hambourg; 1975 Figure 4: (Bas) Stratifié comme revêtemment dans les transports en commun Nouveaux intérieurs pour la première génération de trains ICE; 2006 Source: Schnexider, R. & Flagge, I. 2006, Original Resopal: die Ästhetik der Oberfläche = Original Resopal : the aesthetics of surface, Jovis, Berlin.p 67, 68-69 Figure 5: Stratifié dans les immeubles de bureaux 1. Unité murale dans un bureau 2. Bureau à plan-libre chez DEMAG, Wetter / Ruhr 3. Modèle de bois Resopal dans un bureau de secrétaire Source: Schneider, R. & Flagge, I. 2006, Original Resopal: die Ästhetik der Oberfläche; Original Resopal : the aesthetics of surface, Jovis, Berlin. Figure 6: Stratifié dans les magasins Figure 7: L’utilisation du stratifié dans la cuisine - Publicité AEG 1960 Source: Schneider, R. & Flagge, I. 2006, Original Resopal: die Ästhetik der Oberfläche; Original Resopal : the aesthetics of surface, Jovis, Berlin.p 71,111 Figure 8: Revêtemment de la cuisine,en stratifié - Plans de travail et surface verticales en stratifié décoratif Formica Source: Formica forever, 2013, Formica Corporation, Cincinnati, Ohio;New York, NY;.page 164-165 Figure 9: (Bas gauche) Stratifié dans les installations sportives - Piscine de 1970 (Bas droite) WC en stratifié Source: Schneider, R. & Flagge, I. 2006, Original Resopal: die Ästhetik der Oberfläche = Original Resopal : the aesthetics of surface, Jovis, Berlin.p 67,75 Figure 10: Façade en stratifiés décoratifs HPL massifs de Resoapl - Claus En Kaan Architecten: Leo Polak House, Amsterdam, 2005 Source: Schneider, R. & Flagge, I. 2006, Original Resopal: die Ästhetik der Oberfläche = Original Resopal : the aesthetics of surface, Jovis, Berlin.p 165 Figure 11: Tableau de raison de mise en rebut Source: Allwood J.M., Cullen J.M., 2012, “Sustainable Materials - With Both Eyes Open”, UIT Cambridge Ltd. Figure 12: Rotor Deconstruction, demontage PNB Paribas Fortis Photo: Rotor asbl Figure 13: Démantèlements à l’unstitut du génie civil (Joseph Moutschen, 1937) par Rotor Déconstruction (2014) Liège Photo: Olivier Bréart Figure 14 : Schéma de distillation du pétrole. Source: Hoyet, N, 2013 « Le cas particulier des polymères » dans, Matériaux et architecture durable : fabrication et transformations, propriétés physiques et architecturales, approche environnementale, Paris, Dunod, p. 194 Figure 15 : Schéma de fabrication et transformation des polymères Source: 1991, Les emballages plastriques : De la fabrication a la valorisation, Cercle national du recyclage consulté le 10 juillet sur : https://www.cercle-recyclage.asso.fr/images/stories/politique-nationale/pdf/plastique.pdf

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Figure 16 : Du haut vers le bas : La polymérisation / Les deux types d’organisation des chaines macromoléculaires Source: Kula D., Ternaux E., 20019, « Les familles de matériaux », dans Materiology : l’essentiel sur les matériaux et technologies à l’usage des créateurs, Basel, Berlin, Boston : Birkhäuser, p.67 Figure 17: Stratifié Source: Kula D., Ternaux E., 20019, « Le catalogue des matériaux », dans Materiology : l’essentiel sur les matériaux et technologies à l’usage des créateurs, Basel, Berlin, Boston : Birkhäuser, p.223 Figure 18: Laminate Manufacture Source: Formica forever, 2013, Formica Corporation, Cincinnati, Ohio;New York, NY;.p. 42 Figure 19: Schéma de fabrication de panneaux stratifiés décoratifs haute pression Base de travail : Klimke, P.M., Holzer, H., Reitzel, L. & Resopal 1997, Resopal - Handbuch: Anwendungs- und Verarbeitungsempfehlungen, Technische Hinweise, Tabellen und technische Daten, 4. Auflage edn, Forbo-Resopal, Gross-Umstadt. p. 20 Figure 20 : Types de matériaux support pour panneaux HPL et domaine d’application Source: Decaesstecker C., 2000, « Stratifiés décoratifs haute pression (HPL) et panneaux similaires. 2e partie : mise en oeuvre dans les menuiseries intérieures. (Pratique) », dans CSTC-Revue, Belgique, n°2, p.30 Figure 21: Extrait - Le sol stratifié Source: Van Cauwekaert K., 2004, “Guide d’achat sol stratifié : Le stratifié, mieux d’un succédané.”, dans Tu bâtis, je rénove, vol. 23, n° 199, p. 33-40 Figure 22: (Haut) Structure d’un panneau HPL à coller sur un support Figure 23: (Bas) Structure d’un panneau HPL massif à base de papier krat Source: De Puysseleyr.P., « Concevez des façades créatives avec le lamelle-colle HPL : Entretien facile, résistant aux intempéries et large choix de coloris », dans Architecte : Revue professionnelle de l’architecte, BEL,n° 121, 2010, p. 31 Figure 24: (Milieu) Postformage des panneaux HPL Source: Decaesstecker C., 2000, « Stratifiés décoratifs haute pression (HPL) et panneaux similaires. 2e partie : mise en oeuvre dans les menuiseries intérieures. (Pratique) », dans CSTC-Revue, Belgique, n°2, p. 32 Figure 25: Comment des stratifés plastiques sont-ils fabriquer? (How are plastic laminates made?) Source: O’Neill, J. M., 1958, Frabrication with Formica: Procedures for working with plastic laminate, The Bruce Publishing Company. p. 2 Figure 26: Comment des stratifés plastiques sont-ils fabriqués? (How are plastic laminates made?) (double page) Source: O’Neill, J. M., 1958, Frabrication with Formica: Procedures for working with plastic laminate, The Bruce Publishing Company. p. 3-4 Figure 27: Extrait (double page) Source: A.D., 2000, “Revêtements stratifiés: des composants différents selon l’usage.”, dans Les Cahiers Techniques du Bâtiment, FRA, n° 204, p. 95-97 Figure 28: Stratifié décoratif haute pression HPL massifs Source: http://abetlaminati.com/app/uploads/2015/09/Stratificato-Catalogo.pdf p. 7 Figure 29: Construction urbaine à Ixelles recouverte de panneaux stratifiés décoratifs haute pression massifs pour l’extérieur de la marque Trespa Source: http://www.bepassive.be/viewer/17/fr/ Figure 30: Coupe technique du murs extérieur du bâtiment à Ixelles recouverte de panneaux stratifiés décoratifs haute pression massifs pour l’extérieur de la marque Trespa Source: Deprez B., 2013, be.passive: architects having fun, n° 17, page 59-64 accessible sur : http://www.bepassive.be/viewer/17/fr/ Figure 31: Réalisation de façade à Lokeren et montage de la structure - Composants réalisés MEG Source : Neuf, 1996, « Dossier : les stratifiés », dans, Neuf : Architecture & Design, Be, n° 176, p. 78-82 Figure 32: Tableau : Systeme de classification et application types des des panneaux HPL Source: De Puysseleyr.P., « Concevez des façades créatives avec le lamelle-colle HPL : Entretien facile, résistant aux intempéries et large choix de coloris », dans Architecte : Revue professionnelle de l’architecte, BEL,n° 121, 2010, p. 33 Figure 33: Tableau, Recommandations pour le nettoyage et le détachage des panneaux HPL Source: De Puysseleyr.P., « Concevez des façades créatives avec le lamelle-colle HPL : Entretien facile, résistant aux intempéries et large choix de coloris », dans Architecte : Revue professionnelle de l’architecte, BEL,n° 121, 2010, p. 37

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Figure 34: Schéma de cycle de vie d’éléments HPL aujourd’hui inspiré du document - Life cycle assessment for a European HPL, par ICDLI - International Committee of the Deocrative Laminates Industry Source: https://www.fundermax.at/fileadmin/redakteure/user_upload/WO__LCA_Life_cycle_assessment_hpl_engl.pdf p. 3 Figure 35: Tableau : Limites du système et différentes étapes des profils environnementaux - Environmental Profile Certificate de Trespa International BV Source: http://www.trespa.info/Images/UK-United%20Kingdom_BREEAM%20certificate_(EP1004-PS1i1)_1103-2013_tcm37-46744.pdf p. 2 Figure 36: Déclaration environnementale HQE de 2002 du produit Trespa ® Meteon ® Source: https://www.sunclear.fr/sites/default/files/meteon-fiches-declaration-environnementpdf201001201001.pdf Figure 37: Tableau : Limites du système et différentes étapes des profils environnementaux - Environmental Profile Certificate de Trespa International BV Source: Anglais : https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=1&cad=rja&uact=8&ved=0ahUKEwil6I 2Zu7nVAhWC6oMKHaITD8IQFggoMAA&url=http%3A%2F%2Fwww.vink.no%2FAdmin%2FPublic%2FDown load.aspx%3Ffile%3DFiles%252FFiler%252FNORWAY%252FMILJ%25C3%2598%252FEPD%2BTRESPA%2B Meteon%2BStd.pdf&usg=AFQjCNFCJtmMxa3X3QdyZvPi8nUm3nDtGQ Allemand : http://www.trespa.info/Images/DE-Deutschland_EPD%20Trespa%20Meteon%20STD_(EPD-TRE2012211-D)_28-06-2012_tcm37-46742.pdf Figure 38: Certificat Leed de 2010 pour les produits compacts HPL (massifs) de Trespa ® Source: http://www.phenolicresinlabs.com/images/leed-cert.pdf Figure 39: La base des matières plastiques en Bakélite - Extrait Source: 1946, « Bakélite – Résinoîd, La base des matières plastiques en Bakélite », dans Matières Plastiques, Revue de Documentation et de Vulgarisation de l’Industrie des Matières Plastiques, Bruxlles, Publivente, N°1, Archives UCL, p. 11-12 Figure 40: Leo Baekeland - Times magazine - Page de garde Source: http://content.time.com/time/covers/0,16641,19240922,00.html Figure 41: 1940 L’assemblage de feuilles décoratives en stratifié formica entre des plaques en acier inoxydable poli comprenait cette opération manuelle de Formica : Forty Years of Steady Vision, 1953 Source: Formica forever, 2013, Formica Corporation, Cincinnati, Ohio;New York, NY;.page 18 Figure 42: “Resopal orne” Publicité de 1957 Source: Schnexider, R. & Flagge, I. 2006, Original Resopal: die Ästhetik der Oberfläche = Original Resopal : the aesthetics of surface, Jovis, Berlin.p 107 Figure 43: Extrait du classeur documentaire de l’habitation (+- 1979) Source: Archives technico-commerciaux de la Matériauthèque consultés à la faculté d’architecture, d’ingénierie architecturale, d’urbanisme LOCI - Site de Bruxelles Figure 44: Extrait du bulletin technique de Perstorp Source: Archives technico-commerciaux de la Matériauthèque consultés à la faculté d’architecture, d’ingénierie architecturale, d’urbanisme LOCI - Site de Bruxelles Figure 45: Extrait du classeur Trespa-Volkern 1987 Source: Archives technico-commerciaux de la Matériauthèque consultés à la faculté d’architecture, d’ingénierie architecturale, d’urbanisme LOCI - Site de Bruxelles Figure 46: Extrait de System Mailing n° 327 de 1987 Source: Fonds Vandenbogaert, Daniel, Archives et Bibliothèques d’Architecture de l’Université Libre de Bruxelles Figure 47: Extrait d’une affiche publicitaire Surell de Formica de 1993 Source: Fonds Vandenbogaert, Daniel, Archives et Bibliothèques d’Architecture de l’Université Libre de Bruxelles Figure 48: Brooks Stevens “Skylark” motif ontroduit dans les années 1950. Annonce de The Australian Women’s Weekly, Octobre 5, 1960 Source: Formica forever, 2013, Formica Corporation, Cincinnati, Ohio;New York, NY;.page 55 Figure 49: Couverture arrière d’un enquête de Formica Limited Source: Formica forever, 2013, Formica Corporation, Cincinnati, Ohio;New York, NY;.page 88 Figure 50: Flakeboard Demonstration kit - Photographe Austin Bewsey Source: Formica forever, 2013, Formica Corporation, Cincinnati, Ohio;New York, NY;.page 55

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Figure 51: “Votre Joie Quotidienne” vers 1950 Source: Schnexider, R. & Flagge, I. 2006, Original Resopal: die Ästhetik der Oberfläche = Original Resopal : the aesthetics of surface, Jovis, Berlin.p 108 Figure 52: “Une vie en couleurs”, Publicité des années 1970 Source: Schneider, R. & Flagge, I. 2006, Original Resopal: die Ästhetik der Oberfläche = Original Resopal : the aesthetics of surface, Jovis, Berlin.p 58 Figure 53: “Une vie en couleurs”, Publicité des années 1970 Source: Schneider, R. & Flagge, I. 2006, Original Resopal: die Ästhetik der Oberfläche = Original Resopal : the aesthetics of surface, Jovis, Berlin.p 102 Figure 54: Extrait d’une fiche publicitaire de Duropal de 1979 Source: Archives technico-commerciaux de la Matériauthèque consultés à la faculté d’architecture, d’ingénierie architecturale, d’urbanisme LOCI - Site de Bruxelles Figure 55: Extrait Source: 1954, “Les plastiques dans la construction”, rubrique bâtir … et équiper, La Technique des Travaux, Revue Mensuelle des Procédés de Constructions modernes, 30e année, N°1-2, Janvier-Février Figure 56: Extrait Source: 1956, “Panneaux décoratifs en plastique”, rubrique bâtir … et équiper, La Technique des Travaux, Revue bimestrielle des Procédés de Constructions modernes, 32e année, N°3-4, Mars-Avril Figure 57: Extrait - Tour Madou Source: 1965, NOVGORODSKY, L., “La “Tour Madou”. Immeuble pour bureaux de 32 étages, place Madou, à Bruxelles. Architecte : Robert Goffaux”, dossier, dans La Technique des Travaux, Revue bimestrielle des Procédés de Constructions modernes, 41e année, N°9-10, Septembre-Octobre, pp. 258-269 Figure 58: Extrait du Classeur Formica 1970 Source: Archives technico-commerciaux de la Matériauthèque consultés à la faculté d’architecture, d’ingénierie architecturale, d’urbanisme LOCI - Site de Bruxelles Figure 59: Extrait Source: 1970, “La Cité de l’Espoir”, institut médico-pédagogique pour enfants handicapés mentaux profonds, à Andrimont (Verviers) Belgique. Architectes : André et Louis Pirnay”, dossier, dans La Technique des Travaux, Revue bimestrielle des Procédés de Constructions modernes, 46e année, N°3-4, Mars-Avril, pp.67-74 Figure 60: Extrait Source: 1970, « Progrès en revêtements synthétiques à plaquer », dans Belgian plastics : revue belge des matières plastiques et élastomères, Bruxelles : Fédération des industries chimiques de Belgique, n°5, p. 40 Figure 61: Affiche (droite) et Le numéro de mai 1964 du magazine Good Housekeeping a présenté un article de 14 pages sur World Fair Fair, et a permis aux fabricants et aux fournisseurs qui ont contribué à la Maison de le présenter dans leurs publicités. (gauche) Source: Official Guide to the New York World’s Fair 1964/1965, Time Incorporated, p. 109 disponible sur : http://www.nywf64.com/formica02.shtml et http://www.nywf64.com/formica13.shtml Figure 62: Extrait Source: 1970, « Progrès en revêtements synthétiques à plaquer », dans Belgian plastics : revue belge des matières plastiques et élastomères, Bruxelles : Fédération des industries chimiques de Belgique, n°6, p.6 Figure 63: Extrait Source: NORME-REGLEMENTATION , 2005, NBN EN 438-1 : Stratifiés décoratifs haute pression (HPL) Plaques à base de résines thermodurcissables (communément appelées stratifiés) - Partie 1 : Introduction et informations générales, IBN, 2è éd., 11p Figure 64: Extrait - La destuction des déchets de plastique Source: 1971 « La destruction des déchets de plastique ,» Belgian plastics : revue belge des matières plastiques et élastomères, Bruxelles : Fédération des industries chimiques de Belgique, n°25, p. 10 Figure 65: Extrait - La destuction des déchets de plastique (suite) Source: 1971 « La destruction des déchets de plastique ,»dans Belgian plastics : revue belge des matières plastiques et élastomères, Bruxelles : Fédération des industries chimiques de Belgique, n°25, p. 11 Figure 66: Publicité * Colle Neoprene par DU PONT Source: 1963, La Technique des Travaux, Revue bimestrielle des Procédés de Constructions modernes, 39e année, SeptembreOctobre

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Figure 67: Extrait du Classeur Formica 1970 Source: Archives technico-commerciaux de la Matériauthèque consultés à la faculté d’architecture, d’ingénierie architecturale, d’urbanisme LOCI - Site de Bruxelles Figure 68: Publicité “Do it Yourself” dans American Lamberman & Building Products or Building Supply News. 1954 Source: Formica forever, 2013, Formica Corporation, Cincinnati, Ohio;New York, NY;.p. 83 Figure 69: Présentation “Do it Yourself” de la compagnie Formica (ca 1953-1954) Source: Formica forever, 2013, Formica Corporation, Cincinnati, Ohio;New York, NY;. p. 54 Figure 70: Resopal and the Nierentisch - “Après la deuxième guerre mondiale, un style d’ameublement est devenu établi qui a utilisé des moyens modestes pour répondre aux besoins des gens en matière de confort domestique et de luxe. Étant donné que les conditions de vie étaient habituellement à l’étroit, des meubles légers et polyvalents étaient nécessaires.” Source: Schneider, R. & Flagge, I. 2006, Original Resopal: die Ästhetik der Oberfläche = Original Resopal : the aesthetics of surface, Jovis, Berlin.p 116-117 Figure 71: Extrait Source : Neuf, 1996, « Dossier : les stratifiés », dans, Neuf :Architecture & Design, Be, n° 176, p.78-82 Figure 72: Tableau - Consommatino de matières plastiques rapportée à la population 1958-1966 Source: 1969 « L’industrie des Matières plastiques », dans Belgian plastics : revue belge des matières plastiques et élastomères, Bruxelles : Fédération des industries chimiques de Belgique, n°1, p. 31 Figure 73: Marché européen des ventes des gammes de HPL de Formica en 2009 Source: Presentation de Fletcher Building, lien consulté le 1 juillet 2017: http://www.fbu.com/assets/incoming/141009formicainvestorpresentation.pdf Figure 74: Tailles du marché estimé par Fletcher Building des stratifiés décoratifs haute pression - Benelux 2010 Source: Presentation de Fletcher Building, lien consulté le 1 juillet 2017: http://www.fbu.com/assets/incoming/formica-europe-analyst-presentation-final-.pdf Figure 75: Facture des matériaux stratifés et côuts sous-jacents Source: Presentation de Fletcher Building, lien consulté le 1 juillet 2017: http://www.fbu.com/assets/incoming/190911-formicagroupanalystspresentation19sept.pdf p29 Figure 76: L’analyse du cycle de vie identifie l’énergie incorporée cumulative pour le stratifié à haute pression 1x mètre carré. Source: Presentation de Fletcher Building, lien consulté le 1 juillet 2017: http://www.fbu.com/assets/incoming/190911-formicagroupanalystspresentation19sept.pdf p54 Figure 77: Bâtiment Façades ventilées - Edifices I.A.C.P.M. Quartier San Leonardo, Milan Figure 78: (bas à gauche) Maison d’habitation, Ternat, Bruxelles. Extrait du catalogue M E G matérial exterior grade Abet Laminati 1992 Source: Fonds Vandenbogaert, Daniel, Archives et Bibliothèques d’Architecture de l’Université Libre de Bruxelles Figure 79: Stratifiés décoratifs massifs en revêtement extérieurs - Exemples des années 1970 et 1980 Source: Schneider, R. & Flagge, I. 2006, Original Resopal: die Ästhetik der Oberfläche = Original Resopal : the aesthetics of surface, Jovis, Berlin.p 157 Figure 80: Stratifiés décoratifs massifs en revêtement extérieurs - Exemples des années 1970 et 1980 Source: Schneider, R. & Flagge, I. 2006, Original Resopal: die Ästhetik der Oberfläche = Original Resopal : the aesthetics of surface, Jovis, Berlin.p 158 Figure 81: Maîtriser le temps - Test de vieillissement accéléré et de tenue des coloris Source: Think Trespa, 2014 “Des façades qui racontent une histoire”, n°3, p21-23 consulté sur : http://www.trespa.com/nl/documentation/exterior-panels?field_country_target_id=63&combine_documentation=

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Documents en ligne Stratifiés HPL, Infirlations techniques partie 1, consulté le 1 juillet sur http://www.arpaindustriale.com/sites/default/files/download/arpa_informations_technique_partie1_stratifiesminc hes_2015.pdf UEAtc, 2005, Agrément Technique avec Certification : Revêtements de façades Trespa Meteon et Trespa Meteon FR, lien : http://www.cours-genie-civil.com/wp-content/uploads/Fixation_facades.pdf Avis technique, Trespa Meteon, CSTC, http://www.acodi.fr/upload/file/document/avis-technique-2-10-1396ts150.pdf Déclaration environnementale, France, consulté en dernier le 1 Juillet 2017, sur le lien : http://www.trespa.info/Images/FR-France_Declaration%20environnementale_Meteon%20FR_07-2012_tcm3746750.pdf Déclaration environnementale HQE de 2002, consulté en dernier le 1 Juillet 2017, sur le lien : https://www.sunclear.fr/sites/default/files/meteon-fiches-declaration-environnementpdf-201001201001.pdf Environmental product declaration, p.3, consulté en dernier le 1 juillet, 2017 sur le site www.Trespa.info sur le lien suivant: https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=1&cad=rja&uact=8&ved=0ahUKEwil6I 2Zu7nVAhWC6oMKHaITD8IQFggoMAA&url=http%3A%2F%2Fwww.vink.no%2FAdmin%2FPublic%2FDown load.aspx%3Ffile%3DFiles%252FFiler%252FNORWAY%252FMILJ%25C3%2598%252FEPD%2BTRESPA%2B Meteon%2BStd.pdf&usg=AFQjCNFCJtmMxa3X3QdyZvPi8nUm3nDtGQ Certificat Leed consulté en dernier le 1 juillet, 2017 sur le site www.Trespa.info sur le lien suivant : http://www.phenolicresinlabs.com/images/leed-cert.pdf BRAM, « BAEKELAND LEO HENDRIK - (1863-1944) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 8 mai 2017. URL: http://www.universalis.fr/encyclopedie/leo-hendrik-baekeland/ Formica® Solid Surface material declaration consultée en dernier le 1 juillet sur le lien : http://www.formica.com/us/~/media/north-america/documents/products/en/formica-solidsurfacing/160420_mk16129_decloration_hh.pdf Grace Jeffers Collection of Formica Materials, Archives Center, National Museum of American History : http://sova.si.edu/record/NMAH.AC.0565?q=*&s=0&n=10 Présentation pour investisseurs 2009, Formica Laminates & panels par, Fletcher Building : http://www.fbu.com/assets/incoming/141009formicainvestorpresentation.pdf Document annonçant l’acquisition de Formica Corporation par Fletcher Building, le 7 juillet 2007, http://www.fbu.com/assets/incoming/030707FormicaAcquisition.pdf Présentation 2010, Formica Europe par Fletcher Building lien consulté le 1 juillet 2017: http://www.fbu.com/assets/incoming/formica-europe-analyst-presentation-final-.pdf Présentation 2011, Formica Group,http://www.fbu.com/assets/incoming/190911formicagroupanalystspresentation19sept.pdf

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Liste des lieux de récolte et personnes de contact : Fonds et archives de la faculté d’architecture Lacambre-Horta, ULB Fonds Vandenbogaert, Daniel, Archives et Bibliothèques d’Architecture de l’Université Libre de Bruxelles Fonds Godfroid, Robert, Daniel, Archives et Bibliothèques d’Architecture de l’Université Libre de Bruxelles (Liste dressé dans le recueil des documents technico-commerciaux) Personne de contact : Irene Lund

Archives consultés de la bibliothèque de la faculté d’architecture Lacambre-Horta, ULB La revue La Technique des Travaux 16ème année (1940) – 53ème année (1977) Personne de contact : Anne-Sophie Maréchal

Archives technico-commerciaux de la Matériauthèque consultés à la faculté d’architecture, d’ingénierie architecturale, d’urbanisme LOCI - Site de Bruxelles Fiches et classeurs technico-commerciaux, catalogues, publicités et extraits de panneaux stratifiés haute pression (HPL) de différentes marques (Liste dressé dans le recueil des documents technico-commerciaux) Personne de contact : Jerome Malevez

Réserve consulté à la Bibliothèque des sciences et technologies (BST) de UCL, Louvain-la-Neuve Place L. Pasteur O’Neill, J. M., 1958, Frabrication with Formica: Procedures for working with plastic laminate, The Bruce Publishing Company.

Archives de la Bibliothèque Royale, Bruxelles Belgian Plastics : Revue Belge des matières synthétiques et elastomères. N°1 (1969/70) – 43 (1973)

Bibliothèque et Archives consultés à la Station expérimentale du Centre Scientifique et Technique de la construction à Avenue P. Holoffe 21, B-1342 LIMELETTE (Liste dressé dans la bibliographie) Personne de contact: Laure Deviaene

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Recueil des documents technico-commerciaux Consultable sur un Cd-rom mis en annexe. Note : Abréviations pour distinguer 2 sources différentes : 1. FondsV-ULB 2. Archives-LOCI 1. Fonds Vandenbogaert, Daniel, Archives et Bibliothèques d’Architecture de l’Université Libre de Bruxelles 2. Archives technico-commerciaux de la Matériauthèque consultés à la faculté d’architecture, d’ingénierie architecturale, d’urbanisme LOCI - Site de Bruxelles Liste chronologique : 1946

Archives-LOCI

1961

Archives-LOCI

1964 1966 1966 Fin 1960/début 1970 Fin 1960/début 1970 Début 1970 1970 Début 1970 1974 1974 1979 1986 1987 1987 Fin 1980 1990 1993 1993 1993 1993 1994 1994 1994 1995 1995 1996-1967 2007

FondsV-ULB Archives-LOCI Archives-LOCI Archives-LOCI Archives-LOCI Archives-LOCI Archives-LOCI Archives-LOCI Archives-LOCI Archives-LOCI Archives-LOCI FondsV-ULB FondsV-ULB Archives-LOCI FondsV-ULB FondsV-ULB FondsV-ULB FondsV-ULB FondsV-ULB FondsV-ULB FondsV-ULB FondsV-ULB FondsV-ULB Archives-LOCI FondsV-ULB Archives-LOCI FondsV-ULB

Revue de vulgarisation et de documentation de l’industrie des matières plastiques n°1 Cahier Technique Portes Isoplanes plaquées Formica Connaissez-vous bien Formica ? Trespa Bulletin d’information n°1 Trespa Décor n°1 Perstorp Formica Formica Classeur Formica Panolux - Classeur docmuentaire de l’habitation Duropal Panolux Duropal Trespa – System mailing – n°257 Trespa – System mailing – n°327 Classeur Trespa-Volkern Trespa-Volkern – M.A. VINK INFO Resopal VINK INFO BATIBOUW Formica Surell Abet Laminati Stratifié naturel Abet Laminati Serigrafia Abet Laminati Abet Laminati les coloris du stratifié Trespa – System Mailing n°793 Formica Surell Catalogue Trespa – System Mailing n°839 Formica Collection Catalogue Trespa – System Mailing n°1505

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