Edito Printemps 2012
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n vit une époque formidable ! Mine de rien, je peux vous dire que nous, les “skaters”, nous sommes témoins de pas mal d’actions assez folles dans les rues de Lyon ou d’ailleurs. Cette “science” qu’est le skateboard ne connaît pas de frontières et la rue réserve sa dose de folie quotidienne. Le simple fait de pousser plus vite qu’un piéton sur le même espace change la donne, les flics et leur supériorité, les gens qui tendent la main, ceux qui les ignorent… La rue est dure, intense, impardonnable mais tellement “formatrice”. Oui, elle forge le skater, mais aussi ses activistes, comme les Birdy Kids qui sont venus se perdre dans nos pages ! Je peux vous dire qu’ils mettent de la couleur dans nos journées d’hiver. La rue ne fait pas de quartier et sait rappeler ses enfants. Elle ne transige pas ! L’automne dernier, Hôtel de Ville a perdu l’un de ses gones, Karim. Nos pensées vont à sa famille, ses amis… La rue nous l’a repris. Un édito qui se finira par quelques mots d’un chanteur de mon enfance, qui, comme la rue, a su me forger : « Il faut aimer la vie, l’aimer même si le temps est assassin et emporte avec lui le rire des enfants... » Poussez, poussez plus vite, plus loin que le bout de votre nez, sans vous retourner, et n’oubliez jamais : « tout s’arrête demain »…
Victor Pellegrin
bs lipslide
photo: Lo茂c Benoit 01/2011 - H么tel de ville
goneskatemag.com
Sommaire Printemps 2012
Gallery photo p10 Tricks du cameraman p32 Vincent Jugnet Classe ouvrière p34 Nathan Leitner Interview p36 Cédric Achard Nostalgie p42 Hamid Bahri Activist p44 Birdy La double de Fred p52 Interview p54 Rémi Faillet
Cover: Julien Merour BS smith Photo: Pierre Dutilleux / 12/2011 - L’Esplanade Edito: Manolo FS smith Photo: Fabien Ponsero / 04/2011 - St Quentin
TRAPASSO PRO
NICK TRAPASSO
Gallery photo
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Hugo Liard
fs smith
photo: Lo誰c Benoit 06/2011 - Rillieux 11 15
John Tanner
feeble
photo: Pierre Dutilleux 08/2011 - Tonkin
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JP Villa
fs noseslide
photo: Pierre Dutilleux 07/2011 - Part Dieu
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Jordan Mathis
switch crooked
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photo: Pierre Dutilleux 11/2011 - St Just
Samuel Partaix
bs melon
photo: Fabien Ponsero 07/2010 - St Quentin
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Kris Vile
180 fakie nose grind photo: LoĂŻc Benoit 11/2011 - PĂŠrrache
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Gallery photo
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Boris Proust
fs 180 fakie manuel fakie flip photo: Pierre Dutilleux 07/2011 - La Sucrière
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Ben Delaboulaye
fs 360°
photo: Loïc Benoit 08/2010 - Gorge de Loup
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Arthur Derrien
shove-it pivot fakie photo: Fabien Ponsero 04/2009 - Reyrieux
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Paolo Bosson
bs 360째
photo: Fabien Ponsero 01/2008 - Debourg
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Julien Morin
bs bigspin
photo: Fabien Ponsero 11/2011 - Gerland 29
Flo Mirtain
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photo: Nicolas Huynh 09/2011 - Small Place
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Tricks du cameraman Vincent Jugnet
Quel matos avais-tu pour ton premier “opus”, la vidéo ABS ? Un caméscope Canon XM1 acheté en 2003 !
Et aujourd’hui ? J’ai un appareil photo Canon 550D avec fish eye, poignée, etc. et une belle VX1000 flambant neuve !!
Tu as un projet en cours ? Avec Flo (Mirtain), on s’est lancés dans un projet de vidéo entièrement en VX, pas de HD du tout, et juste entre potes. On veut faire quelque chose qui corresponde bien à notre mentalité et à notre vision du milieu du skate. On vient tout juste de commencer à filmer donc on en reparle dans un an…
Tu travailles en dehors de la vidéo ?
boneless
photo: Pierre Dutilleux 11/2011 - Lyon 2e 32
Oui, je bosse tous les matins chez Wall Street, je m’occupe de leur site internet. J’ai pourtant bien essayé de vivre de la vidéo, surtout de skate, mais ce n’est pas faisable.
2012
WeAc t ivis t R AY B AR B E E SHOT B Y ANT ON R E NB OR G w w w.w es c .c om
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Classe ouvrière Nathan Leitner
Pourrais-tu te présenter s’il te plaît ?
taffant en usine comme manutentionnaire, je me suis finalement rendu à l’évidence qu’une licence et une maîtrise en histoire-géo n’était pas un atout “capitalisable” dans notre société, sauf si on se destine à la carrière d’enseignant. En 2004, j’ai sauté le pas et je me suis inscrit au concours. Cette année-là, ils n’en prenaient que 850, je suis arrivé 850e…
Nathan, un vieux tromblon de 32 ans qui a passé plus de la moitié de sa vie sur un skateboard. Je suis l’actuel président de l’asso qui gère le skatepark de Lyon.
Quel est ton job ?
Est-ce que le skate t’a apporté quelque chose dans la manière dont tu fais ton travail ?
Je suis professeur d’histoire-géographie dans un collège public situé en périphérie lyonnaise..
Pour quelles raisons as-tu choisi ce métier ?
Carrément ! Le skate à notre époque était encore une contre-culture qui t’amenait à côtoyer les franges de la société, les marges. Du coup, je me suis tout de suite senti à l’aise avec les ados
En fait, c’est le job qui m’a choisi. Après avoir multiplié les diplômes universitaires tout en 34
fs crail
photo: Loïc Benoit portrait: Fabien Ponsero 11/2011 - Gerland
rebelles. Plus important encore, le skate t’amène à percevoir ton environnement différemment, à t’extraire de la norme. Or, justement, mon objectif en tant que prof c’est d’encourager mes élèves à s’interroger sur ce qui les entoure, à refuser d’avaler sans analyse la soupe qu’on leur sert, à remettre en doute le dogme. Pour moi l’esprit critique et le fait d’être insoumis riment avec skateboard.
costard cravate pour préserver ma vie privée. De toute façon, Loic m’a grillé en choisissant une photo de moi pour un article dans Soma. Tous les gamins étaient immédiatement au courant que le prof était dans le mag.
Tes élèves savent-ils que leur prof de géo est un skater ou tu leur caches ça pour être plus tranquille ?
A la fin de ma première année de prof, les gamins se sont cotisés pour m’offrir un cadeau de départ. Ils m’ont acheté une board sur laquelle ils ont tous signé. J’ai manqué de chialer comme un gosse tellement c’était chouette.
As-tu une petite anecdote par rapport à ça ? Ou simplement une anecdote de cours ?
Je n’en fais pas la publicité, mais je ne le cache pas non plus. J’essaye d’être sincère devant mes élèves, je ne prends pas la peine de mettre un 35
Interview
Cédric Achard Alors, la petite présentation d’usage s’il te plaît ? Achard Cédric, 34 ans, j’ai une vingtaine d’années de skate derrière moi. Je travaille au skatepark depuis 7 ans, j’y suis éducateur sportif. Avant ça, j’ai bossé quelques années chez Templar Distribution.
Ça fait un bon moment que tu es à Lyon, mais d’où viens-tu à la base? Ça fait déja 10 ans. Je suis originaire de la Loire, d’un petit village de 300 habitants, 0 skater… enfin si 1.
Pourquoi avoir atterri ici plutôt qu’ailleurs? Avant tout pour la pratique de la planche qui roule et aussi pour voir autre chose. Quitter la campagne pour voir la ville, et en même temps ce n’est pas loin de là d’où je viens, environ une heure, ce qui me permet d’y retourner facilement.
Restes-tu ici par nécessité ou parce que tu aimes la vie lyonnaise ? Un mélange des deux. Il faut bien manger et vu le taf que j’exerce, j’aurais difficilement pu le faire dans mon petit village. Tant que je suis dans la pratique du skate, la ville me convient tout à fait. J’aime cette ville dans le fond, avec ses avantages et ses inconvénients, et les gens que j’y ai rencontrés. Et puis il y a beaucoup d’autres bonnes énergies à prendre ici, autres que le skate, comme la musique, l’art, les soirées, etc. Mais je pense que dans le futur je retournerai à la terre.
J’ ai entendu dire qu’il y avait du changement dans l’air au park, peux tu nous en dire un peu plus? Oui, le vent a tourné. L’ asso était géré un peu
fs feeble
photo: Fabien Ponsero 07/2011 - Lyon 7 36
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des nouveaux plans du park, ou une fois de plus des gars qui n’y connaissent rien ?
comme une “entreprise”, il n’y avait aucune démocratie, aucun vote, pas de réunions. Donc on a fait en sorte que cette asso soit plus “propre”. Pour cela il a fallu recruter, créer un bureau (un vrai). Du coup, une bonne équipe de pratiquants des différentes disciplines a su s’investir. Pour le skate, Julien Bachelier, Vincent «de la friche», Jason et j’en oublie sont présents. Et bien sur, le président actuel Nathan Lethner sans qui tout ça n’aurait pas été possible. Donc on repart avec une vraie association. L’avenir est devant nous. On essaye pas mal de choses différentes, comme par exemple la mission «pose ta trotte et teste un skate».
Un projet de reconstruction des modules a été mis en place, suivi cette fois par des pratiquants. Il faut savoir que ce skatepark a été dirigé pendant au moins 7 ans par des non-pratiquants. Donc là on repart sur de bonnes bases. Enfin, tout n’est pas si facile, tout ne tient qu’à un fil. Le skate n’a jamais été une activité intéressante pour la ville de Lyon qui préfère de loin le foot ou le vélo. Pour autant, l’asso du skatepark est l’une des plus grosses associations de la région avec ses 5000 adhérents!
Donc ce sont des skaters qui s’occupent 38
nolie bigspin nosepick photo: Fabien Ponsero 07/2011 - Tarare
Ça ne sera donc pas comme le gâchis du bowl de la Gui ?
qui se présente.
Le mot de la fin, des remerciements ?
On peut difficilement faire pire que ça non ? Même en le faisait exprès ! Ha ha ha, de vrais champions !
L’habit ne fait pas le moine ! Sinon je remercie tous ceux qui me supportent (dans les deux sens), mes amis de la planche qui roule avec qui il fait bon skater. Le shop ABS Lyon et Osiris (via Templar) qui me soutiennent depuis des années. Et merci aussi à vous qui nous proposez un chouette petit fanzine géré par des pratiquants, ça fait plaisir. Ça fait lèche-cul mais je vous aime assez pour vous le dire. Bon vent et que le ciel vous tienne en joie.
Je sais que tu es un skater tout terrain. Quels sont tes spots de prédilection ? Ces derniers temps, je me suis pas mal mis à la courbe. Ici, il y a la mini de Foch. Avant, il y avait la mini Antiz/Wall Street de la friche, c’était le cœur ! Sinon, il y a pas mal de nouveaux spots qui poussent un peu partout. J’aime bien aussi la balade en skate. Tu te promènes et tu skates ce 39
Interview
CĂŠdric Achard
bs smith
photo: Pierre Dutilleux 01/2009 - La Friche 40
Nostalgie
Hamid Bahri
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photo: Benoit Patte-Mermet 10/1998 - Valmy
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H
amid Bahri, l’ami souriant, timide, un sacré Gone, une forte personnalité sur sa planche malgré une sagesse incarnée. Hamid en a fait rêver plus d’un. Gros pop, fonceur de la première heure, chercheur de spots, gappeur… Cela va faire 10 ans qu’il a décidé de nous quitter. Nostalgie.
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Activist
Birdy Kids
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i vous êtes Lyonnais, ou simplement de passage, que vous soyez venu ici en voiture, en train ou en avion, vous n’avez pas pu rater cet oiseau coloré. Ce petit animal qui redonne au boulevard périphérique et aux voies ferrées de la région de la couleur, de la gaité ! Derrière lui, se cachent les Birdy Kids. Rencontre tardive par une nuit de novembre, en mode vandale dans un premier temps, puis autour d’une bouteille de coca et d’un dictaphone dans les pseudobureaux de Gone, histoire de bien finir cette longue soirée, riche en qualité humaine. texte, photo: Loic Benoit
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Bienvenue dans leur monde, un monde un peu semblable au nôtre où l’on retrouve la rue, la passion, et une certaine envie d’appropriation… Ils sont deux, K’Nar, graffeur lyonnais depuis 1989, se définit comme « un bon Gone », et Guillaume, Parisien exilé à Lyon depuis deux ans, sérigraphe de métier et « bras droit productif » de cette
connexion qui a vu le jour peu après son arrivée dans la région. Leurs dessins à la bombe ou leurs collages sont souvent définis par un cadre noir. Pour K’Nar, « le cadre c’est l’impact, .., définir le perso, et surtout définir ce que l’on met sur le mur. Je fais toujours un double contour afin de renforcer l’impact. 46
Je fais un tableau, je fais un cadre… » « Quand on a commencé à faire du commerce avec la création de tee-shirts en série », précise Guillaume, « nous avons dû agencer notre offre, nous ne pouvions pas vendre des tee-shirts avec les anciens dessins du périph de K’Nar ! On s’adapte au support, en cadrant plus… » Même si K’Nar avait pour habitude de ne jamais faire de croquis, depuis leur rencontre et leur “alliance”, les deux artistes essaient de « bosser en amont, en préparant ». D’où la volonté de renforcer leur impact avec cette idée « de tableaux dans la rue ». K’Nar explique : « je pars toujours de l’idée que mon travail dans la rue pourrait être fait chez moi. Un travail de vandale doit être propre, il faut prendre le temps. » Si K’Nar va sur le périph ce n’est pas pour compter ses heures, il y reste souvent trois ou quatre heures seul, à bosser en se cachant à chaque voiture qui passe. Idem pour le collage, pour lui si un collage doit prendre trois ou quatre heures, il prendra le
temps nécessaire pour ne pas faire un mauvais dessin tout « dégueu ». Voilà ce qui les distingue des « autres », les Birdy Kids ne veulent rien faire à l’arrache. Ils s’appliquent et prennent le temps nécessaire, se définissant ainsi comme « des vandales, mais appliqués ! » Leur kif ? Quand les gens leur demandent : « Mais comment avezvous eu l’autorisation ? » Preuve pour eux d’un travail de vandale certes, mais propre. Vous vous doutez bien que de telles autorisations n’existent pas. Depuis le printemps 2011, leur art s’exporte même jusqu’au centre-ville de Lyon sous forme de collages : « intensif, sans perdre le coté “périph”, on s’approprie le centre-ville, même les gens sans voiture peuvent voir nos œuvres ! », précisent-ils. Nouveau travail donc, mais pour eux, que ce soit le collage ou le graffiti, « ceci n’est qu’une infime partie de ce que notre art peut permettre. Le collage est nouveau et nous a poussés à avoir un local, pour préparer les papiers avant. Nous fonctionnons au coup de
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Activist
Birdy Kids cœur, des fois on voit des trucs dans la rue et l’envie de se les approprier prend le dessus, comme pour les “silos à verre”… On s’est rendu compte que la ville ne faisait rien, les bennes à verre étaient toutes défoncées, sales, laissées à l’abandon… Du coup on s’est dit qu’il fallait qu’on colle dessus, et que cela ne serait jamais nettoyé ! Mais au bout du compte, nous en avons tellement fait que la ville a lancé une grande campagne de nettoyage de ses silos. » Ce à quoi Guillaume tient à ajouter : « la ville nous laisse travailler, faut être lucide ! » K’Nar, du haut de sa modestie, explique que le collage en général est toléré en centre-ville, mais Guillaume se tourne alors vers moi et me confie : « la modestie s’exprime ! Je peux te dire que le monsieur là est toléré ! On nous laisse faire, faut être réaliste ! » En tout cas, une chose est sûre, nos deux acolytes s’éclatent et vivent de leur production ! Du particulier à quelques institutions, « j’ai des opportunités, je les saisis, je fais avancer “mon art”, je ne fais pas n’importe quoi. Je sélectionne quand même mes clients, j’ai déjà refusé de grosses commandes, mais un gros projet payant me permet aussi de réaliser mes projets perso à côté… Je marche au feeling ! », raconte Stéphane. Il avance, et depuis le temps il a conscience d’être dans une situation enviable, pouvant choisir entre les projets. Le “faisable”, et le «non-faisable”. « Les particuliers qui veulent faire de l’intérieur sont souvent chiants, il faut être réaliste, chiants et radins… On aimerait bien n’avoir que ça à foutre de se rendre chez des gens pour leur faire leurs murs, mais on n’a pas que ça à faire, on doit avancer dans la rue, et on reste “ouverts” sur des coups de cœur. On ne peut pas passer nos journées sur Facebook à répondre aux attentes des gens : « Ok, ok, je vais te repeindre ta mobylette, ou ton salon ! » Non ! Plus la reconnaissance grandit, plus on reçoit de projets pourris ! Comme les acteurs ! » K’Nar revient alors sur quelques détails importants dans son fonctionnement de travail, « 90%
de mon activité restent les toiles/tableaux, mais je n’ai pas le temps de visiter tous mes clients et de connaître leurs attentes. Non, je communique avec eux par mails, je peins et je livre. Je ne rencontre le client que lorsque je livre, j’ai carte blanche ! Beaucoup de mes clients sont des particuliers, mais aussi quelques institutions que j’ai vandalisées à outrance ! » Je coupe le dictaphone…Vous ne connaîtrez donc pas le nom de ces grosses sociétés qui, après avoir été vandalisées par les Birdy Kids, ont sorti le chéquier pour en redemander. Quel pied ! Selon Guillaume, « le périph c’est chaud sa mère ! Les voitures, les flics, c’est crade. Tout le monde peint sur le périph, tout le monde y va, mais faire le job de K’Nar, c’est fou. Il faut y aller et y rester pour comprendre. Faut travailler intelligemment. » L’intéressé reprend la parole : « rien à foutre que les gens me voient, m’identifient. Je bosse cacher, à chaque voiture sur n’importe quel périph je me cache. Si je dois rester quatre heures à me cacher, je reste quatre heures à me cacher. C’est pour ça que je perdure ! Je bosse seul sur le périph, et je minimise les risques. » Quand je commence à évoquer l’idée de notoriété, tous deux sourient : « Elle est bien là… Ne pas se voiler la face ! Nous avons posé 200 affiches dans l’été, pas un seul coup de fil… Bien sûr qu’ils nous laissent faire, le Toy (un jouet sur ressort pour enfant revisité par les Birdy. NDLR) au Passage de l’Argue… «Ils» laissent mes nouveautés sur le périph », précise K’Nar, content. « J’en sais rien pour les autres, mais pour nous, ils laissent faire. Mais jusqu’où ? » Sur ces propos Guillaume ajoute : « Mais le visu nous protège ! Notre bel oiseau ludique fait marrer les gens, et cela nous aide. On aimerait que tout le monde issu de cet art soit “bien reçu“ comme nous, mais ce n’est pas le cas. Notre oiseau nous protège. C’est un peu hypocrite comme attitude de la part de la ville, laisser les gentils graffitis et foutre au poste les auteurs de trucs plus dark. Alors que nous venons TOUS du même monde… » 48
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Activist
Birdy Kids Pour conclure, K’Nar me précise encore une fois qu’il se fout un peu de ce que les autres font, que les Birdy Kids se fixent des objectifs, qu’ils feront tout pour les atteindre, et qu’ils se foutent du qu’en-dira-t-on. Ils avancent. Et les stars et les paillettes, ce n’est pas ce qui va les aider à avancer ces deux lascars ! Stay pure, stay in the streets and move your ass !
SKATEBOARD MAGAZINE#2
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La double de Fred
Avec Flo Mirtain
Alors, pour ceux qui ont suivi au premier numéro, et bien non pas de photo panoramique au Xpan cette fois-ci. Je crois qu’il ne marche pas trop en ce moment. De toute façon, j’ai provisoirement troqué mon veston multi-poches de bon photographe pour une salopette de maçon, je taffe dur pour construire notre petit nid à moi et ma chérie. J’ai donc fouiné dans les archives, et j’ai trouvé ces deux photos de Flo Mirtain. Ça tombe bien, je l’aime bien ce mec-là. Bon il est vrai qu’il vient d’avoir une interview chez la concurrence, mais c’est pas grave, nous, chez Gone, on n’a pas peur de foutre la merde dans le business. Flo donc, pour une fois on va le laisser tranquille avec ses obsessions diverses, le pauvre, on lui parle toujours des mêmes choses… Voilà un skater avec qui c’est cool de faire des trucs. Il est super ouvert. Shooter un trick en flat, ça lui fait pas peur ! Et puis il s’investit même, il propose des idées d’angles de prises de vue. Il me téléphone des fois pour me parler d’idées de concepts ou de mini scénarios pour les vidéos. J’aime bien ça moi, ça fait plaisir. Et en plus de tout ça, il déchire, et avec le style en plus… Quel bâtard.
fs blunt, Jerusalem 52
switch heel, Lyon Part-Dieu 53
Interview
RĂŠmi Faillet
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n nous a reproché de ne pas vous présenter du Lyonnais, du vrai, dans le premier numéro. Donc ce coup-ci tenez-vous prêts mesdames messieurs, et soyez les bienvenus dans l’interview de Rémi Faillet, un Gone, un vrai de vrai, anciennement connu sous le surnom de « Petit Rémi ». Depuis, il a sacrément grandi, son pop aussi ! On le connaît bien ce gamin, il fait partie de la scène lyonnaise depuis un sacré moment et est une sorte d’hyperactif réservé ! C’est un bon, un autonome depuis longtemps, un autodidacte débrouillard. Et ça, on peut vous dire que ça ne court pas les rues. Rémi est tout simplement un Gone comme on les aime !
texte, photo: Loic Benoit
crooked photo: Loïc Benoit 11/2011 - Caluire
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Interview
Rémi Faillet Présentation :
devenue le haut lieu des tecktonics, les émos, tout sauf des skaters… Et depuis un ou deux ans ça repart, plus le sol est défoncé, plus ça Rémi Faillet, 21 ans, 12 années de skate, Lyonnais pure souche, né à l’Hôtel Dieu, pas plus skate ! (rires) Avec l’arrivée de Flo et de Medhi, Jesse, Arthur, etc. la motivation perdue est enfin Lyonnais je crois ! J’ai toujours habité dans le revenue. Vieux Lyon et trainé à Hôtel de Ville.
Qu’en est-il de l’époque “sale ambiance sur Hôtel” que les trentenaires bedonnants ont pu connaître ?
Douze années d’Hôtel de Ville donc, quelques grandes lignes… Mes débuts datent des années 2000, toute la scène skate était là, le grand Karl et le petit Karl se côtoyaient, skataient ensemble. Boulala arrivait sur Lyon, que de bons souvenirs ! S’en est suivie la phase désertification, la place est
C’est fini tout ça… Même si les skaters lyonnais sont toujours perçus comme des gens sectaires. Mais en tout cas, sur Hôtel ça skate, ça chille et j’aime bien cette ambiance.
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Rémi, t’ayant vu grandir, je ne t’ai jamais assimilé à un crew. Tu t’en fous ? Tu skates avec tout le monde ?
Bien non pas trop, Wall Street m’aide beaucoup et ce depuis un bon moment. Mais le tee-shirt gros logo ne fait pas partie de mon personnage. Skater pour se démarquer, se montrer, pour la compète, je déteste. Ne pas faire ça par passion, je peux comprendre mais ce n’est pas moi ! J’ai dû faire une seule compète, à 9 ans, cela ne m’intéresse pas du tout… Je ne vais pas courir là où il y a du monde, d’ailleurs lors des “soirées skate” beaucoup de monde hors du milieu hallucine que je skate, je fuis les longues conversations entre skaters !
Exactement, c’est de ça dont je voulais parler quand je parle des skaters sectaires. Disons que je n’ai jamais aimé casser du sucre sur le dos des gens, je m’entends avec tout le monde et je trouve dommage de renier quelqu’un par rapport à ses amis, ses habitudes, son style, j’ai horreur de ça. Je pense à moi et j’ai envie de dire « vivez votre vie ». Je skate avec tout le monde.
Des sponsors ?
bs grind photo: Loïc Benoit 11/2011 - Gorge de Loup Lyon 57
Interview
RĂŠmi Faillet
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Et en dehors du skate ? bs lipslide photo: Loïc Benoit 11/2011 - Bron
A part le skate je fais depuis six ans de la MAO, de la Musique Assistée par Ordinateur, j’ai une sorte d’association avec un pote, sur la culture urbaine à travers la vidéo, cela peut aller d’un montage skate à un clip de musique à part entière, ce qui nous permet de faire de réels projets ficelés de A à Z …Je suis en train d’écrire un court métrage depuis 2 ans, je le finalise, scène par scène. Cette asso nous permet avec Donatien de coupler nos contacts, le matériel et d’être critiques tous les deux sur nos projets communs… A suivre donc ! Un site web devrait sortir sous peu.
Marrant que tu gardes ça pour toi ! Je garde ça pour moi, peu de gens connaissent tout ça. De nos jours tout le monde est DJ, graphiste ou artiste en 2 minutes… Cela ne m’intéresse pas, je fais ça dans mon coin, j’avance… Être «tout feu tout flamme», faire de la merde, saouler les gens, et me montrer pour ensuite disparaître, cela ne me motive pas !
Sans vouloir faire dans le «publi-reportage», parle-nous de tes années Wall Street, tu as commencé de bonne heure à bosser là-bas ? Raconte. Oui, j’ai commencé de bonne heure à donner des coups de main chez Wall Street, vers 13-s14 ans, s’en est suivi le fameux stage de troisième. Après j’ai toujours été proche de Wall, la grande époque de Grand Ben, Jutix… T’allais chez Wall Street, tu te prenais des grandes leçons de vie dans la réserve. Du coup, un grand merci à eux pour tout ce qu’ils ont fait. J’ai donc commencé très jeune, et l’aventure continue avec le départ de Barbiche…
Ha bon ! Raconte. Barbiche va arrêter le shop et du coup je vais prendre le relais. 59
Interview
RĂŠmi Faillet
180 fakie nosegrind photo: LoĂŻc Benoit 11/2011 - Part-Dieu 60
Format Perspective is a film that explores the work, lives and opinions of six European skate photographers. The film showcases the photography of Nils Svensson (Malmö), Stuart Robinson (Belfast), Alex Irvine (London), Richard Gilligan (Dublin), Bertrand Trichet (Barcelona – Tokyo) and Sergej Vutuc (Heilbronn), while also giving us an insight
into the different approaches used by this diverse line up of photographers. Filmed completely on Super 8 film, this project gives a behind-the-scenes look at the skating that these guys like to shoot, as well as the resulting photos that emerge from these sessions. www.formatperspective.com
Inspiré par Anzeigeberlin information magazine (Berlin) www.anzeigeberlin.de Grey skateboard magazine (Londres) greyskatemag.com A propos skateboard magazine (Paris) www.aproposskatemag.com Edité par Les éditions du garage SARL Réalisé par Loïc Benoit Fabien Ponsero Pierre Dutilleux Grégory Laufersweiler Contributeurs Fred Mortagne Benoit Patte-Mermet Nicolas Huynh Secrétaire de rédaction Valéry BLIN Imprimé par XL Imprimerie à St Etienne 2000 exemplaires Contact pgdutilleux@gmail.com
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goneskatemag.com