Chevêche d’Athéna dans l’est rouennais, premiers résultats La Chouette chevêche (ou Chevêche d’Athéna) est bien représentée en Normandie, en particulier à l’est de la région. Dans le dernier atlas des nicheurs de Normandie (2003-2005), Stéphane Lecoq proposait le chiffre de 1500 couples pour l’ex-Haute-Normandie. Il appelait également de ses vœux des études complémentaires dans des secteurs peu prospectés de Seine-Maritime. Par ailleurs, le protocole de prospection de l’enquête nationale sous-estime peut-être le nombre de chevêches dans la mesure où les points de repasse peuvent être situés dans des zones impropres à l’espèce et éviter complètement les zones a priori les plus favorables. C’est la raison pour laquelle, j’ai entamé une recherche sur les rapaces nocturnes dans le secteur de 600 km², situé à l’est de Rouen, secteur que je suis par ailleurs pour l’atlas en cours. Les prospections sont loin d’être terminées, le secteur est grand et les nuits favorables, sans vent ni pluie, ne sont pas si nombreuses. Néanmoins pour une des 6 cartes 10x10 km, E057N692, il est possible de proposer des estimations de densité de la Chouette chevêche. Il n’y a pas de commune véritablement urbaine sur ce territoire. Le paysage peut se subdiviser en 3 grandes entités - le plateau proprement dit avec sa couverture de lœss, il est dédié essentiellement à la grande culture (67,6% des 100 km²) - les vallées sèches, avec pour l’essentiel une couverture boisée sur les pentes (14,9 %) - les villages et les hameaux (17,5%) Ces derniers étaient traditionnellement constitués, outre l’église et quelques demeures de centre bourg, d’un ensemble de bâtiments de ferme entourés de prairies et de vergers. Les photos aériennes de la période 1950-1965 montrent une implantation des villages assez proche de celle d’aujourd’hui, en revanche les vergers ont une extension considérable à cette époque, cidre oblige. On imagine du reste ce que devaient être les densités de chevêches à l’époque. Depuis les années 1970, ces villages ont vu et voit encore se développer un habitat de pavillons en lotissements sur des parcelles de 500 à 1500 m².Ils ont empiété essentiellement sur des prairies plantées de vergers des périphéries de village. C’est sur ce qu’il reste de l’habitat traditionnel que se concentrent aujourd’hui les chevêches. La méthode de prospection est connue, il s’agit de points d’écoute avec ou sans repasse du chant du mâle. Au total ce sont 200 points qui ont d’ores et déjà été réalisés sur environ 300 km² de la zone d’étude. La repasse de l’Effraie des clochers est aussi conduite pendant ces séances car les habitats des deux espèces se chevauchent. La sélection des points d’écoute est faite à partir de la cartographie Géoportail sur la couche photographie aérienne, en sélectionnant les zones d’habitat traditionnel comportant encore des vergers ou des arbres isolés anciens. Les sorties démarrent soit ½ heure après le coucher du soleil et jusqu’à minuit, soit à partir de 4h du matin et jusqu’au lever du soleil. Les points d’écoute et les résultats sont ensuite reportés sur Google Maps. Sur la carte E057N692, ce sont ainsi 42 territoires de Chouettes chevêches qui ont été repérés. Soit une densité de 0,42 territoire/km² (je préfère parler de territoire, s’agissant de mâles chanteurs, plutôt que de couple). Rappelons que l’estimation de 1500 couples pour la Seine-Maritime et l’Eure suppose une densité moyenne de 0,12 couples/km². Les zones favorables à la Chevêche sur ce territoire sont finalement restreintes aux villages et hameaux. Il a été ainsi possible de calculer une densité sur les seules zones favorables. Le résultat est alors de 2,4 territoires/km² et encore j’ai considéré comme zone favorable l’ensemble du village et sa