« La migration près de chez vous » à travers la Normandie et le nord de l’Ille-et-Villaine à l’automne 2012
OBJECTIF À terme, nous tenterons de préciser où passent les quelques espèces de passereaux et de pigeons bien représentées sur le plan numérique en migration diurne, leur ordre de grandeur mais également dans quelles conditions elles traversent la zone étudiée. METHODE Il convient de rechercher à proximité de chez soi, un endroit offrant une vue suffisamment dégagée (une falaise littorale, une colline bocagère, un secteur de plaine, ou même, votre jardin, la fenêtre de votre appartement…) et de compter les oiseaux en vol migratoire, par tranche de quinze minutes, du 15/10 au 15/11, prioritairement depuis le lever du soleil jusqu’en fin de matinée, mais également à tout autre moment de la journée, en fonction des disponibilités de chacun. Cette enquête qui se veut à la portée de tous, concerne en premier lieu trois espèces : le pigeon ramier, le pinson des arbres et l’étourneau sansonnet. Cependant, les participants sont invités à ajouter à cette liste toutes celles qu’ils savent reconnaître en vol, le plus souvent au cri. Outre le fait de recenser les oiseaux de passage, il est demandé de préciser les conditions météorologiques (Cf. fichier de saisie), informations accessibles sur de nombreux sites internet, comme :
http://www.infoclimat.fr/archives/?s=07027&d=2011-10-15 RESULTATS Informations cartographiées : les flèches sont symboliquement orientées S.O ou S, sans souci de traduire localement des choix différents mais renseignent sur l’oriention globale du flux migratoire des trois espèces plus particulièrement ciblées par cette enquête. La carte 1 présente les résultats bruts, c’est à dire, le nombre d’oiseaux recensés (1 303 453 contre 1 721 601 en 2011 dont 88 % à Carolles et au cap de la Hève), par site (27 contre 38 en 2011), sans considération du temps passé (323 h. contre 383 h. en 2011 dont 57 % réalisées sur les sites de Carolles et du cap de la Hève). Elle rend compte de ce fait, plus de la pression des observateurs sur ces points de passage importants que de la forme réelle/supposée du front de ce mouvement migratoire, plus large et diffus.
Enquête « La migration près de chez vous » à l’automne 2012 - GONm
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Carte 1 - Nombre d'oiseaux recensés entre le 15/10 et le 15/11/2011
Les cartes 2, 3 et 4 présentent les résultats en moyenne horaire de trois espèces, faciles à identifier, largement réparties en nombre sur notre territoire, pour les sites ayant fait l’objet d’au moins 4 séances de guet sur les 32 journées possibles (213 séances de guet contre 301 en 2011). Carte 2 – Le Pigeon ramier : D’après les observations collectées en 2012, cette espèce passe sur un front étroit de 150 km compris entre Jersey, 80 000 pour 120 h de guet (Trektellen), et la baie d’Orne, au sud de laquelle Crocy enregistre près de 3 000 oiseaux en moins de 6 h, alors qu’il en et passé à peine plus d’un millier à Sainte-Adresse (76) en 65 h., contre 24 000 à Carolles (50) en 120 h, et plus de 21 000 au Châtellier (61) en 39 h. L’année 2012 semble une année assez remarquable avec 74 000 oiseaux comptés contre 42 000 en 2010, et seulement 23 000 en 2011 (année atypique) mais peut-être sont-ils seulement passés au bon endroit, au bon moment. Nous faisons actuellement l’hypothèse que beaucoup de ces pigeons viendraient des îles Britaniques et ce pour les raisons suivantes : l’indice CBS du pigeon ramier en Grande-Bretagne a doublé entre 1980 et 2012 ; on note une très forte augmentation à Carolles lors de la dernière décennie : X100 dans les années 1980 à X10 000 de nos jours ; passage de plusieurs dizaines de milliers d’oiseaux à Jersey ; orientations nord-sud de beaucoup d’oiseaux dans le Cotentin.
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Carte 2- Passage horaire du pigeon ramier à l'automne 2011
Carte 3 – Le Pinson des arbres : Cette espèce passe à travers la Normandie tout en se concentrant sur le littoral. De fait, le rapport entre les grands sites côtiers et la Normandie « continentale » est au mieux de l’ordre de 1 à 20. Ainsi, lors des 31 octobre et 11 novembre, journées au cours desquelles une quinzaine de sites ont été bien suivis à travers notre région, Crocy (14) enregistrait 280 pinsons par heure, et Carolles (50) 4932. Ce rapport se réduit sensiblement et très logiquement dès lors que l’on se situe dans l’axe Cap de la Hève – falaises de Carolles, où nous avons enregistré près de 400 pinsons par heure à Coutances (50). Désormais, pour estimer cette population, outre la voie privilégiée qui elle est bien documentée, il conviendrait aux cours des deux années à venir d’enquêter à l’est d’une ligne allant du centre du Pays de Caux au sud du Perche ornais.
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Carte 3 - Passage horaire du pinson des arbres à l'automne 2011
Carte 4 – L’Etourneau sansonnet : Cette espèce enregistre le plus grand nombre d’individus recensés en 2012 avec plus de 600 000 oiseaux contre 562 000 pinsons. Par ailleurs, si le littoral constitue une voie privilégiée, nous avons noté lors des 2 journées « concertées » que le passage horaire était de 3 fois supérieur à Sainte-Adresse par rapport à Carolles, et de 30 % supérieur au sud de la plaine de Caen par rapport au centre Manche. Nous pouvons faire l’hypothèse que l’angle du front de migration de cette espèce s’ouvre davantage que celui du pinson des arbres au passage de la baie de Seine, et plus probablement dès le Petit Caux, même si une partie des oiseaux en provenance du nord-est hiverne peut être dans le Cotentin (X100 000).
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Carte 4 - Passage horaire de l'étourneau sansonnet à l'automne 2011
Carte 5 - Comptages simultanés des 31 octobre et 11 novembre 2012
Physionomie et conditions du passage migratoire. Enquête « La migration près de chez vous » à l’automne 2012 - GONm
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Cette analyse porte sur les 27 sites couverts par cette enquête. Cependant, Carolles et le Cap de la Hève sont exclus de celle s’interessant à la direction de vol du fait qu’elle est fortement induite par le trait de côte et quasiment invariable. •
Physionomie globale du flux migratoire : il a été dénombré 1 303 453 migrateurs dont dont 158 290 en 138 h. hors sites de Carolles et Cap de la Hève (295 631 pour 223 h. en 2011), soit un passage horaire de 1147 oiseaux (1325 en 2011) à comparer aux 6 200 par heure dénombrés à Carolles et au cap de la Hève. Le pic migratoire est atteint le 31 octobre, le 30 en 2011 (Cf. figure 1).
Figure 1 - Physionomie globale de la migration à l'automne 2011
Par comparaison avec 2011, pour les trois espèces plus particulièrement ciblées par cette enquête, ce pic intervient de façon plus groupé dans le temps : le 29 octobre pour le pinson des arbres ( le 25/10/2011) ; le 1er novembre pour l’étourneau sansonnet (le 2/11/2011) ; le 6 novembre pour le pigeon ramier (le 10/11/2011). Par ailleurs, le déficit observé à Carolles (-30 %) est observable sur l’ensemble de la Normandie mais il porte principalement sur le nombre de pinson des arbres, de façon moindre sur l’étourneau, alors que le pigeon ramier enregistre des chiffres records. Ceci montre d’aileurs que l’analyse spécifique est nécessaire et qu’un chiffe global est peu utilisable. Une variation de -30% une année donnée étant sans doute peu significative sur du long terme lorsqu’on analyse les décomptes de migrateurs. L’otrde de grandeur pour le pinsons des arbres restant X100 000 d’oiseaux sur les sites côtiers.
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Figure 2 - Physionomie de la migration des trois espèces ciblées
Par ailleurs, 74 % des oiseaux ont privilégié une direction S.O, pour 64 % du temps de présence sur sites (Cf. figure 3). C’est clairement la direction privilégiée à travers notre territoire au delà des particularités locales. Même le pigeon ramier qui traverse le département de la Manche plein sud en raison de sa provenance très probable des îles britaniques, s’oriente S.O dans l’ouest de l’Orne et le sud du Calvados pour passer assez régulièrement plein ouest à Hédé (35) voire nord-ouest, laissant à penser qu’une partie de la troupe stationne au moins priovisoirement en Bretagne ouest.
Figure 3 - Direction de vol Enquête « La migration près de chez vous » à l’automne 2012 - GONm
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Conditions météorologiques lors du passage 1. La force du vent : Le vent a souflé de 1 à 4 Bft pour 96 % du temps d’observation, conditions dans lesquelles nous avons noté 96 % du flux migratoire (Cf. figure). Cependant, il est possible que le front soit plus large par vent faible et que les oiseaux volent plus haut, diminuant d’autant notre capacité à appréhender le flux (Cf. Etude des mouvements d’oiseaux par radar – analyse des données existantes – BIOTOPE, nov. 2008). Dans le cas présent, on observe que le nombre d’oiseaux croît avec la force du vent dans la limite de 4 Beauforts. 2. La direction du vent : 77 % des migrateurs sont passés par vents de secteur sud alors que ceux-ci ont représenté 61 % du temps de présence sur les sites d’observations.
Figure 4 - Flux global et force du vent
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Figure 6 - Flux global et direction du vent
3.La nébulosité : 51 % des migrateurs sont passés par temps très couvert (7 à 8/8) quand la part relative de ces conditions de migration a représenté 42 % du temps de présence sur les sites d’observations (Cf. figure 6). On conclura au mieux qu’un ciel couvert ne constitue pas un handicap pour migrer et plus sûrement un avantage pour l’observateur puisque dans ces conditions les oiseaux volent plus bas…
Figure 7 - Flux global relatif et nébulosité Enquête « La migration près de chez vous » à l’automne 2012 - GONm
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4. La pression atmosphérique : Cette information permet de préciser les conditions météorologiques ayant accompagné le flux migratoire à l’automne 2012. Ainsi, peut-on dire que le flux s’intensifie à l’arrière d’une dépression, dès 1000 HpA (Cf. figure 7), qu’un pic est atteint vers 1020 HpA, puis ce flux décroît doucement en présence d’un anticyclone ou plus brutalement à l’arrivée d’une dépression. Faits constatés de longue date mais ainsi mesuré plus précisément.
Figure 8 - Flux global relatif et pression atmosphérique
Les conditions optimum du passage ont donc été réunies en 2012 lorsque la force du vent était de 3-4 Bft orienté S.O (2-3 Bft S.S.E en 2011), le ciel très nuageux de 7 à 8 huitièmes, et une pression atmosphérique comprise entre 1015 et 1020 HpA. Conclusion Le nombre de participants (18) à cette troisième édition accuse une baisse sensible (27 en 2011). L’est de la Normandie et le nord du Cotentin restent peu ou pas représentés, ce qui constitue une limite non négligeable compte tenu des interrogations qui portent sur les voies d’entrée de certaines espèces. Cette zone du Cotentin pourrait être privilégiée, par exemple, pour valider l’hypothèse du passage de pigeon ramier en provenance directe de l’Angleterre. Rappelons que le protocole proposé est très simple puisqu’il suffit d’habiter « quelque part » en Normandie et de lever la tête 15 mn de temps à autre, du 15 octobre au 15 novembre, pour noter le passage de trois espèces qui ne posent pas de problème d’identification à la très grande majorité des 1000 adhérents que compte l’association. Nous espérons donc que ces quelques lignes vous auront donné envie de participer. Enquête « La migration près de chez vous » à l’automne 2012 - GONm
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Outre l’approfondissement des connaissances concernant la migration à travers la Normandie, la constitution d’une basse de données abondée également par les nombreuses études d’impacts réalisées à la demande des promoteurs éoliens, constituerait une source d’informations appréciables pour évaluer chaque situation à l’échelle qui convient. Nous remercions sincèrement : Alain Chartier, Frédéric Branswyck, Jean Collette, Alexandrine Delasalle, Sylvain Flochel, Maryse Fuchs, Pascal Frican, Philippe Gachet, Fabrice Gallien, James Jean Baptiste, Stéphane Lecocq, Denis Le Maréchal, Vincent Poirier, Sébastien Provost, Gilbert Vimard, ainsi que ceux qui se sont associés à ces participants. Cette enquête sera renouvelée du 12 octobre au 17 novembre 2013. Soyons nombreux ! Matthieu Beaufils & Bruno Chevalier. PS : Nous vous invitons à nous contacter par courriel aux adresses suivantes : famillebeaufils@wanadoo.fr ou bruno-chevalier@neuf.fr
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