« La migration près de chez vous » à travers la Normandie et le nord de l’Ille-et-Villaine à l’automne 2011
OBJECTIF : À terme (plusieurs années), nous tenterons de préciser où passent les quelques espèces de passereaux et de pigeons bien représentées sur le plan numérique en migration diurne, leur ordre de grandeur mais également dans quelles conditions elles traversent la zone étudiée. METHODE : Il convient de rechercher à proximité de chez soi, un endroit offrant une vue suffisamment dégagée (une falaise littorale, une colline bocagère, un secteur de plaine, ou même, votre jardin, la fenêtre de votre appartement…) et de compter les oiseaux en vol migratoire, par tranche de quinze minutes, du 15/10 au 15/11, prioritairement depuis le lever du soleil jusqu’en fin de matinée, mais également à tout autre moment de la journée, en fonction des disponibilités de chacun. Cette enquête qui se veut à la portée de tous, concerne en premier lieu trois espèces : le pigeon ramier, le pinson des arbres et l’étourneau sansonnet. Cependant, les participants sont invités à ajouter à cette liste toutes celles qu’ils savent reconnaître en vol, le plus souvent au cri. Outre le fait de recenser les oiseaux de passage, il est demandé de préciser les conditions météorologiques (Cf. fichier de saisie), informations accessibles sur de nombreux sites internet, comme : http://www.infoclimat.fr/archives/?s=07027&d=2011-10-15 RESULTATS : Informations cartographiées : les flèches sont symboliquement orientées S.O ou S, sans souci de traduire localement des choix différents mais renseignent sur l’oriention globale du flux migratoire et des trois espèces plus particulièrement ciblées par cette enquête. La figure 1 présente les résultats bruts, c’est à dire, le nombre d’oiseaux recensés (1.721.601 contre 870.000 en 2010 dont 83 % à Carolles et au cap de la Hève), par site (38 contre 33 en 2010), sans considération du temps passé (383 h. contre 272 h. en 2010 dont 42 % réalisées sur les sites de Carolles et du cap de la Hève). Elle rend compte de ce fait, plutôt de la répartition et de la pression des observateurs que des migrateurs Les figures 2 à 4 présentent les résultats en moyenne horaire de trois espèces, faciles à identifier, largement réparties en nombre sur notre territoire, pour les sites ayant fait l’objet d’au moins 5 séances de guet sur les 32 journées possibles (301 séances de guet , 300 en 2010). Figure 2 – Le Pigeon ramier : D’après les observations collectées en 2011, cette espèce passe à travers la Normandie « continentale » et assez peu le long des côtes, mais nous verrons plus loin que cela n’exclu pas une provenance britanique, au contraire, mais sur un front assez étroit. Figure 3 – Le Pinson des arbres : Cette espèce passe à travers la Normandie tout en se concentrant sur le littoral, Carolles et le cap de la Hève représentant 62 % du flux horaire. Pour tenter de préciser le flux qui nous traverse à un moment donné, nous souhaiterions tester au moins une opération concerté en 2012, le long d’un transect réunissant, par exemple, Carteret à Verneuil-sur-Avre. Figure 4 – L’Etourneau sansonnet : Cette espèce semble privilégier également la voie littoral, puisque quatre sites côtiers bien suivis, le cap de la Hève, Bénerville-sur-mer, Colleville-Mongomery et Carolles, cumulent 83 % du flux horaire pour 53 % de la durée total de présence sur sites.
Enquête « La migration près de chez vous » à l’automne 2011 - GONm
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Carte 1 - Nombre d'oiseaux recensés entre le 15/10 et le 15/11/2011
Carte 2- Passage horaire du pigeon ramier à l'automne 2011
Enquête « La migration près de chez vous » à l’automne 2011 - GONm
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Carte 3 - Passage horaire de l'étourneau sansonnet à l'automne 2011
Carte 4 - Passage horaire du pinson des arbres à l'automne 2011
Enquête « La migration près de chez vous » à l’automne 2011 - GONm
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Physionomie et conditions du passage migratoire. •
Physionomie globale du flux migratoire : Cette analyse porte sur 36 des 38 sites couverts par cette enquête. Sont exclus, Carolles et le Cap de la Hève en raison de leur sureprésentation numérique. Sur ces quelques 36 sites, il a été dénombré 295.631 oiseaux en 223 h. (130.000 en 184 h. en 2010), soit un passage horaire de 1325 ind. (700 en 2010) à comparer aux 8000-9000 dénombrés à Carolles et au cap de la Hève. Le pic migratoire est atteint le 30 octobre (Cf. figure 1). Cependant, pour les trois espèces plus particulièrement ciblées par cette enquête, il intervient de façon décallée dans le temps : le 25/10 pour le pinson des arbres ; le 2/11 pour l’étourneau sansonnet ; le 10/11 pour le pigeon ramier et même un peu au delà dans les faits.
Figure 1 - Physionomie globale de la migration à l'automne 2011
Figure 2 - Physionomie de la migration des trois espèces ciblées
Enquête « La migration près de chez vous » à l’automne 2011 - GONm
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Par ailleurs, 85 % des oiseaux ont privilégié une direction S.O, pour 63 % du temps de présence sur sites (Cf. figure 3). C’est clairement la direction privilégiée à travers notre territoire au delà des particularismes locaux (avantages / contraintes géomorphologiques). Cependant, ce n’est pas une règle absolue, ainsi, il apparaît tout aussi clairment que les hirondelles et les pigeons traversent la Basse-Normandie selon une direction nord-sud, ce qui renvoit probablement à l’origine des oiseaux. Entre ces deux espèces et la très grande majorité des pinsons et des étourneaux qui empruntent une voie littorale laissant à penser qu’ils arrivent du nord de l’Europe, il y a un certain nombre d’espèces pour lesquelles il est plus difficile de faire la part des choses, mais dont nous pouvons mesurer qu’une part variable importante est attribuable aux îles britaniques et à l’Europe du nord : l’hirondelles rustique, le pigeon ramier, l’alouette des champs, le pipit farlouse…font partie de cette cohorte à divers degrés.
Figure 3 - Direction de vol
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Conditions météorologiques lors du passage 1. La force du vent : Le vent a souflé de 2 à 5 Bft pour 85 % du temps d’observation, conditions dans lesquelles nous avons noté 89 % du flux migratoire (Cf. figure . On fera remarquer cependant, que le ratio « part relative des migrateurs / part relative par Bft » semble montrer que les oiseaux migrent proportionnellement moins par vent faible (0 – 1 Bft) et par vent soutenu (6 – 8 Bft) même si la part de ces vents a été négligeable à l’automne 2011. Cependant, il est possible que le front soit plus large par vent faible et que les oiseaux volent plus haut, diminuant d’autant notre capacité à appréhender le flux (Cf. Etude des mouvements d’oiseaux par radar – analyse des données existantes – BIOTOPE, nov. 2008). 2. La direction du vent : 89 % des migrateurs sont passés par vents de secteur sud alors que ceux-ci ont représenté 72 % du temps de présence sur les sites d’observations.
Les conditions optimum du passage ont donc été réunies en 2011 lorsque la force du vent était de 2-3 Bft, S.S.E.
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Figure 4 - Flux global et force du vent
Figure 5 - Flux global et direction du vent
3. La nébulosité : 58 % des migrateurs sont passés par temps couvert (5 à 8/8) quand la part relative de ces conditions de migration a représenté 48 % du temps de présence sur les sites d’observations (Cf. figure 6). On conclura au mieux qu’un ciel couvert ne constitue pas un handicap pour migrer et plus sûrement un avantage pour l’observateur puisque dans ces conditions les oiseaux volent plus bas…
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Figure 6 - Flux global relatif et nébulosité
4. La pression atmosphérique : Cette information permet de préciser les conditions météorologiques ayant accompagné le flux migratoire à l’automne 2011. Ainsi, peut-on dire, que le flux s’intensifie juste à l’avant ou à l’arrière d’une dépression, entre 1000 et 1010 HpA (Cf. figure 7), puis décroît doucement en présence d’un anticyclone ou plus brutalement à l’arrivée d’une dépression, faits constatés de longue date mais ainsi mesuré plus précisément.
Figure 7 - Flux global relatif et pression atmosphérique
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Conclusion Le nombre de participants (25) à cette seconde session est encourageant. L’est de la Normandie et le nord du Cotentin sont néanmoins peu ou pas représenté ce qui constitue une limite non négligeable compte tenu des interrogations qui portent sur les voies d’entrée. Rappelons que le protocole proposé est très simple puisqu’il suffit d’habiter « quelque part » en Normandie et de lever la tête 15 mn de temps à autre, du 15 octobre au 15 novembre, pour noter le passage de trois espèces qui ne posent pas de problème d’identification à la très grande majorité des 1000 adhérents que compte l’association. Nous espérons donc que ces quelques lignes vous auront donné envie de participer. Outre l’approfondissement des connaissances concernant la migration à travers la Normandie, la constitution d’une basse de données, abondée également par les nombreuses études d’impacts réalisées à la demande des promoteurs éoliens, constituerait une source d’informations appréciables pour évaluer chaque situation à l’échelle qui convient. Nous remercions sincèrement Alain Chartier, Alexandre Corbeau, Patrick Alber, Dimitri Aubert, Pierre Bardou, Frédéric Branswyck, Gilles Charlon, Jean Collette, Sylvain Flochel, Maryse Fuchs, Pascal Frican, Philippe Gachet, Fabrice Gallien, Marc Gauthier, Alain Gérard, Christophe Girard , James Jean Baptiste, Arnaud Le Houedec, Stéphane Lecocq, Jean-Pierre Marie, Sébastien Provost, Pascal Provost, Gilbert Vimard, pour leur contribution à cette enquête. Nous vous donnons RDV le 15 octobre 2012 pour le lancement d’une nouvelle session ! Matthieu Beaufils & Bruno Chevalier. PS : Nous vous invitons à nous contacter par courriel aux adresses suivantes : famillebeaufils@wanadoo.fr ou bruno-chevalier@neuf.fr
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