Options Carrieres Post Secondaire Hiver 2016

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OPTIONS CARRIÈRES POUR LES ÉTUDIANTS DES CÉGEPS, COLLÈGES ET UNIVERSITÉS

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DOSSIER SPÉCIAL : FAIRE CARRIÈRE DANS LE MILIEU ARTISTIQUE

20 NAÎT-ON ENTREPRENEUR OU LE DEVIENT-ON?

22 QUAND LES COMPTABLES SE MÊLENT DE LITTÉRATIE FINANCIÈRE

MAGAZINEOPTIONSCARRIERES.COM HIVER-PRINTEMPS 2016 / VOLUME 30 NO 1

CHANTER, ENSEIGNER, STIMULER

DANIELLE ALLARD RASSEMBLE LES GENS

CRÉDIT PHOTO : DAN MATTHEWS PHOTOGRAPHY

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OPTIONS CARRIÈRES HIVER-PRINTEMPS 2016

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Réussir en faisant le bien : entrepreneuriat et conscience sociale

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Mot du rédacteur en chef

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FINANCES

Le feu de l’action brûle derrière la scène Par Danielle Klassen

Arrêtez de stresser et parlez à un conseiller en orientation Par Alex Scantlebury

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Q et R avec une artiste canadienne bien connue, Danielle Allard

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Quand les comptables se mêlent de littératie financière Par Glen Peters

Par Stuart Jeffery

FAIRE CARRIÈRE DANS LE MILIEU ARTISTIQUE

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Les agences de publicité du 21e siècle Par Joseph Mathieu

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Mille possibilités, un seul métier…

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Entre équilibre et impact : quand un entrepreneur améliore le bien-être collectif Par Conor Rochon

Un baccalauréat en arts? Ça sert à quoi? Par Alex Scantlebury

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Naît-on entrepreneur ou le devient-on? Par Glen Peters

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AVEZ-VOUS JETÉ UN COUP D’OEIL SUR LE SITE WEB D’OPTIONS CARRIÈRES? OPTIONS CARRIÈRES RÉDACTEUR EN CHEF

Paul D. Smith RÉDACTEUR EN CHEF ADJOINT | GORDONGROUP

Charles Enman GESTION DE PROJET | GORDONGROUP

Omer Abdallah DIRECTION ARTISTIQUE ET GESTION DE L’IMPRESSION | GORDONGROUP

Leslie Miles CONCEPTION ET MONTAGE | GORDONGROUP

Leslie Miles DIRECTEUR DES VENTES PUBLICITAIRES | GORDONGROUP

Kirill Kornilov VENTES PUBLICITAIRES | GORDONGROUP

Colleen Hayes Stephan Pigeon

POUR LES ÉTUDIANTS MORDUS DE NOUVEAUX MÉDIAS ET PRÉOCCUPÉS PAR LEUR CARRIÈRE » Ressources pour trouver un emploi » Les employeurs vedettes » Liste des événements centrés sur la carrière » Vidéos et plus encore! ESPACE BLOGUE » Des étudiants, des conseillers en carrière et d’autres blogueurs invités vous font part de leurs réflexions et de leur expérience en matière d’études postsecondaires, des débuts dans le monde du travail, de la quête du « bon » emploi et du démarrage d’une carrière. Envoyez vos billets à : careeroptionsmagazine.com/fr/ collectivite/blogue/

Déjà fini?

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COLLABORATEURS

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La revue Options Carrières est publiée deux fois l’an, en janvier et en septembre, par l’Association canadienne des spécialistes en emploi et des employeurs (ACSEE), 720, av. Spadina, bureau 202, Toronto (Ontario) M5S 2T9 POUR TOUTE INFORMATION SUR L’ABONNEMENT, VEUILLEZ CONTACTER KIRILL KORNILOV :

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Directeur des ventes publicitaires chez gordongroup : Téléphone : 613-288-5363 Télécopieur : 613-234-8655 Courriel : kkornilov@gordongroup.com Site Web : gordongroup.com ISSN : 1712-1183 L’Association canadienne des spécialistes en emploi et des employeurs (ACSEE) est une association à but non lucratif réunissant deux groupes partenaires, les employeurs-recruteurs et les experts des centres de carrières. Notre mission est de fournir aux employeurs, aux spécialistes en emploi et aux étudiants de l’information et des conseils qui font autorité ainsi que des occasions de perfectionnement professionnel et de nombreux autres services. La revue Options Carrières est distribuée gratuitement aux étudiants dans les établissements d’enseignement postsecondaire du Canada par l’intermédiaire des centres de carrières. NOTE : Les opinions exprimées dans cette publication sont celles des auteurs et ne représentent pas nécessairement celles de l’ACSEE. Toute reproduction, en totalité ou en partie, est interdite sans l’autorisation écrite du rédacteur en chef. Ressource nationale pour les étudiants présentée par : L’Association canadienne des spécialistes en emploi et des employeurs 720, av. Spadina, bureau 202, Toronto (Ontario) M5S 2T9 acsee.com

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Envoyez-nous vos commentaires et questions par gazouillis Twitter.com/Career_Options

Des idées de tenues pour les jeunes professionnels Pinterest.com/CareerOptions

Concours, sondages et conseils professionnels Facebook.com/CareerOptions

NOUS AIMERIONS REMERCIER NOS ANNONCEURS... Academie des pompiers Commission scolaire Kativik Enterprise location d’autos – Amérique du nord

2 13 7, 21

Fédération des cégeps

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Ministère de la Santé et des Services Sociaux (MSSS)

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Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ)

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MOT DU RÉDACTEUR EN CHEF

Bien vivre dans le milieu des arts

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e venais juste de terminer mes études de baccalauréat en arts (Théâtre anglais) à l’Université Memorial de Terre-Neuve. Nous étions en 1989 et, cet été-là, Touchstone Picture a sorti le film Le cercle des poètes disparus, mettant en vedette Robin Williams, Robert Sean Leonard et Ethan Hawke. C’est l’histoire d’une bande de garçons qui étudient dans une école privée, et de leur professeur qui leur apprend à « cueillir le jour présent sans se soucier du lendemain » (carpe diem) ou à « mettre à profit le jour présent », ou encore à vivre délibérément. Et ce professeur change la vie de ces garçons. Une scène m’a particulièrement marqué. Le professeur John Keating dit ceci à ses élèves : « …des carrières nobles en médecine, en droit, en génie et dans le milieu des affaires vous aideront à gagner votre vie. Mais la poésie, la beauté, le romantisme et l’amour vous aideront à rester en vie ». Pour moi qui venais de décrocher un diplôme en arts, ce film venait valider tout ce à quoi je croyais et le travail que j’avais fait. Je me souviens avoir une fois soutenu qu’il était aussi important de bien construire un poème que de bien construire un pont. Tout ça pour vous dire que je suis fier de cette édition d’Options carrières consacrée aux carrières dans le milieu artistique. Nous entendons tellement parler des professions en médecine, en droit, en génie et dans le monde des affaires – avec raison, car ce sont effectivement de nobles carrières. Mais nous ne devons pas oublier le rôle des artistes et leurs précieuses contributions à la société. Ils donnent un sens et une profondeur à tout ce que nous faisons. Pourriez-vous concevoir un monde sans musique, sans théâtre, sans romans? Sans sculptures? Peintures? Les artistes nous rappellent que nous sommes tous habités par l’urgence de créer. Les experts disent que plus de gens doivent étudier

en science et en génie pour mener le monde vers l’innovation – mais n’est-ce pas là un autre nom pour la créativité? L’humanité a peint sur les parois des cavernes, et maintenant la technologie nous permet de créer une infinité d’univers. Pourquoi faisons-nous cela? Parce que nous avons besoin de raconter notre histoire, de transmettre notre humanité – c’est ce qui nous garde en vie. À l’heure où j’écris ces lignes, la CBC publie la longue liste des livres en lice dans le cadre du concours Canada Reads 2016 1. Des personnalités canadiennes ont alors l’occasion de débattre des livres qui les ont marquées et que chaque Canadien devrait lire. Cette année, je constate que le livre de mon vieux camarade de classe, Michael Crummey, Sweetland, figure sur la liste. Je me demande si Michael a déjà vu Le cercle des poètes disparus? Dans tous les cas, il a su mettre à profit le jour présent et ajouter sa strophe au poème de l’humanité. Et vous, quelle sera votre strophe? OC Pendant anglophone du Combat des livres, à la radio de Radio-Canada.

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PAUL D. SMITH est le directeur exécutif de l’Association canadienne des spécialistes en emploi et des employeurs, et rédacteur en chef du magazine Options Carrières. Pour envoyer un courriel à Paul : pauls@cacee.com.

POUR PLUS DE RENSEIGNEMENTS, CONSULTEZ : acsee.com, magazineoptionscarrieres.com

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ARRÊTEZ DE STRESSER ET PARLEZ À UN CONSEILLER EN ORIENTATION

By Alex Scantlebury

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ous sommes tous en devenir, chacun avec ses talents, ses compétences, ses rêves, ses désirs, ses buts et son impatience à se réaliser. Mais comment mélanger tous ces ingrédients pour finalement choisir une carrière où l’on peut exceller et s’épanouir? Cette question, et le chemin à parcourir pour y répondre, se pose à n’importe quel âge, mais surtout vers la fin du secondaire. C’est notre rite de passage à tous : il faut choisir une orientation alors que tant de choses nous attirent. Quel domaine choisir? Aller au collège ou à l’université? Est-ce que je peux passer immédiatement du secondaire au marché du travail? Et l’apprentissage d’un métier, est-ce que c’est pour moi? Personne ne peut parler en votre nom, mais on sait tous qu’il n’est pas facile de faire ces choix à un jeune âge. Cependant, il existe des moyens de répondre à ces grandes questions sans paniquer : des personnes ou des services sont là pour vous aider à prendre des décisions éclairées. Quand on cherche vraiment de l’aide, on se rend compte que les possibilités sont presque infinies. Pour l’instant, oublions le monde virtuel. Faisons tout simplement comme s’il n’existait pas. Commencez par dresser la liste de toutes les personnes qui, dans votre entourage, seraient prêtes à vous offrir des conseils, quel que soit le sujet. Vous serez sûrement surpris par la longueur de votre liste. N’omettez personne : parents, amis, membres de la famille élargie, entraîneurs, enseignants et conseillers en orientation. Inscrivez-les tous. Chacun d’entre eux verra les choses sous un angle particulier et vous conseillera en fonction de sa personnalité. Parlez à chacun d’entre eux et brossez un tableau d’ensemble de ce qu’ils vous auront dit. Évaluez soigneusement leurs propos. Chaque chose est importante, car vous êtes en train de prendre une décision qui engage votre avenir. 6

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Évidemment, vous pouvez faire les choses plus simplement : vous adresser à l’un des conseillers en orientation qui travaille dans un établissement postsecondaire près de chez vous. Ils sont là pour répondre quotidiennement à ce genre de questions et ils sont toujours heureux d’aider un jeune à décider de son avenir. Par exemple, Ally Bottero, une étudiante de 22 ans en relations publiques au Collège algonquin, à Ottawa, avait commencé par étudier en cinéma, à l’Université Carleton. Au bout de deux ans, Ally s’est rendu compte que ce programme n’était pas pour elle, même si elle aimait le cinéma. Elle désirait donc changer de voie. « Je suis allée au registraire de l’Université Carleton, et j’ai fini par parler avec l’une de leurs conseillères en orientation. Je lui ai dit que je ne savais pas où j’allais et que je devrais peut-être changer de voie. On a échangé pendant près d’une heure et le programme de relations publiques du Collège algonquin revenait sans cesse dans notre conversation. J’ai compris que j’étais faite pour les communications. Je ne sais pas si j’aurais pu trouver ma voie sans l’aide de cette conseillère – et je n’ai vraiment aucun regret, j’ai fait le bon choix », explique Ally. Je vous l’accorde, l’entretien en tête-à-tête n’est peut-être pas pour tout le monde. Dans ce cas, il existe des outils et des services utiles, tout le temps à votre disposition, car ils sont en ligne. Ces services vous offrent des renseignements peut-être moins subjectifs, mais plus exhaustifs. Pour plusieurs, cela a donné d’excellents résultats. It’s a Juggle (www.itsajuggle.ca) est un site d’orientation professionnelle efficace et convivial, accessible à tous et gratuit. C’est Linda Pardy, associée principale chez The Pardy Group, qui a eu l’idée de concevoir cette trousse à outils pour aider les gens à se diriger vers une carrière réussie et durable. « Nous aidons les étudiants à réussir à long terme sur le marché du travail du 21e siècle, explique Mme Pardy. Dans cette optique, nous travail-

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lons avec les responsables des études supérieures et avec des chefs de file du milieu des affaires pour aider les apprenants à réussir dans un contexte économique complexe. » Étant donné que Mme Pardy est professeure en communication et associée principale au sein d’une entreprise, sa perspective est vaste et ses conseils plus riches. Ce type d’aide est crucial pour les étudiants, ils peuvent ainsi « se bâtir une vie meilleure ». Le site offre essentiellement une plateforme de planification guidant l’utilisateur pas à pas. On peut même avoir des réponses aux questions que l’on se pose en cheminant. Cet outil répond à une foule de besoins : planification d’études, évaluation ou planification de carrière, conseils aux entrepreneurs en herbe ou aux chefs d’entreprises, et même gestion de la santé mentale. Après avoir fait le tour du site – sachant désormais que j’ai trouvé la place idéale dans le monde des communications – je me suis vite rendu compte que j’aurais peut-être trouvé plus facilement ma voie si j’avais entendu parler de cet outil dès le début. Il existe des outils virtuels de planification extrêmement précis tenant compte des particularités de votre plan. Educationplanner.ca est mis à la disposition des étudiants de Colombie-Britannique. Cette application ne ressemble à aucune autre du genre, car elle a une touche beaucoup plus personnelle. Cet outil de planification peut vous aider à trouver l’établissement d’enseignement postsecondaire correspondant à vos besoins. Pour ce faire, il trie les programmes et les établissements en fonction de vos champs d’intérêt, des sujets qui vous passionnent et des établissements que vous

avez déjà en tête. D’après moi, cette démarche est plus efficace que de simplement répondre à la sempiternelle question : « Que voudras-tu faire quand tu seras grand? » De toute évidence, le monde du travail n’est plus ce qu’il était, pas plus que les gens qui y évoluent. Après le secondaire, rares sont ceux qui ont toutes les réponses à leurs questions – bien que certains le prétendent – et qui poursuivent leur chemin sans se retourner. Le monde est bien plus compliqué que ça. Avant de prendre leur retraite, nombreux sont ceux qui auront changé de carrière plus d’une fois dans leur vie, que ce soit par choix ou en raison des circonstances. Tout le monde aurait parfois intérêt à consulter un conseiller en orientation. La vie nous apporte son lot de défis et aucun d’entre nous ne peut réellement dire qu’il sait – ou qu’il savait – quelle direction prendre. Posez-vous les questions, trouvez les réponses et planifiez votre avenir. Pas facile, je sais, mais bien des services sont à votre disposition pour vous aider à le faire. OC

ALEX SCANTLEBURY est le fondateur de EBM Professional Writing Services et diplômé du Collège Algonquin. Suivez-le sur Twitter @ebmprowriting.

Suivre un plan de carrière... Ou tracer le vôtre? LE CHOIX EST ÉVIDENT. En effet, grâce au Programme de Formation en Gestion d’Enterprise, vous pourrez exploiter votre potentiel au maximum et parfaire vos compétences de gestionnaire. Vous découvrirez comment bien diriger une entreprise prospère et mener une équipe de professionnels vers la réussite. Chez Enterprise, l’avancement se fonde sur le rendement et non l’ancienneté. Et comme nous avons implanté des succursales d’un océan à l’autre, vous pouvez bâtir votre carrière là où vous voulez. Pas étonnant qu’Enterprise a été reconnue depuis plus de 20 ans comme l’endroit idéal pour démarrer une carrière au Canada! C’EST ICI QUE TOUT COMMENCE. go.enterprise.com/canada

Allez-y avec une équipe qui pratique l’équité en matière d’emploi au plus haut niveau. Allez-y avec Enterprise Location d’Autos. Nous accueillons volontiers toutes les demandes d’emploi provenant d’hommes et de femmes qualifiés, incluant les personnes autochtones, handicapées ou appartenant à une minorité visible. ©2015 Enterprise Rent-A-Car. F07360.07/15

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Par Joseph Mathieu

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AGENCES

DE PUBLICITÉ DU 21e SIÈCLE

Nous avons tous vue la version Mad Men des publicitaires : ils boivent excessivement, se livrent une concurrence féroce, s’arrachent les meilleurs contrats et se volent des clients à coup d’arrogance et de slogans. Il est vrai que les agences de publicité ont bien changé depuis ce temps-là, mais est-ce qu’il existe encore de fameuses agences comme Sterling Cooper Draper Pryce?

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« La concurrence est toujours présente, mais de manière plus subtile », explique Karen Kavanagh, coordonnatrice du programme de gestion du marketing, de la publicité et des communications au Collège algonquin. « Mad Men traduit bien l’intensité du travail de création et la difficulté de trouver des idées brillantes – car les idées demeurent au cœur du travail publicitaire ». De nos jours, il faut bien plus qu’une affiche publicitaire et un slogan pour vendre une idée. Les campagnes modernes sont ancrées dans la publicité expérientielle, la planification d’événements et les médias sociaux. Tous ces aspects sont des supports aux campagnes, mais ces dernières reposent encore sur « l’idée géniale », vous savez, celle que Don Draper sort de sa poche arrière. Aucune personne ne peut à elle seule maintenir à flot toute une agence. Le travail est réalisé par des équipes qui travaillent ensemble. « Normalement, une agence compte une équipe créative, une équipe stratégique et une équipe marketing, chacune comprenant différents postes, explique Karen Kavanagh. Chacun apporte de l’eau au moulin des idées, et dépend des autres. » Après avoir terminé ses études de deux ans en publicité au Collège algonquin, Karen Kavanagh déménage à Toronto pour travailler chez Echo Advertising et d’autres agences de publicité. Quatre ans plus tard, elle

Appel à tous les créateurs! SI VOUS ÊTES DIPLÔMÉ EN ARTS LIBÉRAUX et appliqués, vos chances de trouver un emploi dans l’industrie de la publicité et des communications n’ont jamais été aussi bonnes. L’intelligence stratégique et l’excellence en création visuelle sont très recherchées. Vous aimez écrire? Vous aimez les discours argumentatifs bien ficelés? Vous êtes fasciné par la conception efficace de sites Web? Votre créativité s’épanouirait dans le domaine de la publicité, une industrie vouée à l’innovation et à l’originalité, et ce, quelle que soit la forme de communication commerciale. L’Institut des agences de communication (Institute of Communication Agencies – ICA) peut vous aider à explorer les avenues qui s’offrent à vous. À titre de voix de l’industrie canadienne, nous pouvons vous aider à trouver un stage de courte durée. Ne serait-ce pas le meilleur moyen de découvrir ce qui vous attend réellement dans le monde de la publicité? Votre exploration pourrait commencer sur le site Agency Diver de l’ICA. Vous y trouverez de l’information sur le style de carrières possibles dans le milieu de la publicité, et vous aurez une bonne idée des compétences recherchées en parcourant le profil de certains professionnels. Ce site vous permet aussi d’entrer en contact avec des agences afin d’avoir des renseignements sur les possibilités de stages et les postes disponibles au niveau débutant. www.icacanada.ca

N’importe quel genre de personnalité peut travailler dans une agence, même les introvertis.

retourne à Ottawa où elle donne notamment un cours par trimestre au Collège algonquin. En 2011, le Collège l’embauche à temps plein. Elle coordonne un programme autrefois axé sur la publicité seulement. Maintenant, le programme comprend un volet marketing et communication, et il a été prolongé d’un an. Les étudiants y apprennent à travailler ensemble, à réfléchir rapidement et de manière stratégique. Karen Kavanagh souligne que même les étudiants les mieux préparés peuvent trouver que le milieu des agences est difficile, et ce, même s’ils n’ont pas un Pete Campbell sur le dos. « Au début, ça peut être intimidant, raconte Karen. Il ne faut pas avoir peur d’exprimer ses idées, car on a été embauché pour elles aussi bien que pour nos compétences. » N’importe quel genre de personnalité peut travailler dans une agence, même les introvertis, l’essentiel est de bien travailler en équipe, d’être autonome et de s’intéresser au monde qui nous entoure. Tout comme une agence décide d’exploiter un créneau ou de répondre à une vaste gamme de besoins publicitaires, après des études dans ce domaine, il faut choisir de se spécialiser ou pas. Questions à se poser : Comment moi, jeune diplômé, vais-je m’y prendre pour me distinguer de mes pairs? Quelle spécialisation me donnera un avantage? Depuis Mad Men, le monde des médias s’est fragmenté, il est donc plus difficile de faire passer un message. De nos jours, aucune des campagnes menées par Don Draper ne réussirait à atteindre la majorité des citoyens d’Ottawa. Votre public cible ne se trouve plus seulement devant un magazine ou une télévision, mais aussi devant un téléphone intelligent ou derrière des écouteurs. « L’industrie évolue tellement vite que j’apprends tout le temps. Chaque année, nous ajoutons des stratégies, des technologies et des idées au programme », ajoute Karen. Maintenant, certains vous diront que l’on boit encore beaucoup dans les agences. Mais il s’agit d’un verre pris en société plutôt que d’un whisky matinal. La planification de campagnes de promotion de films ou de festivals comporte son lot d’excitation et d’occasions de socialiser. Les agences sont par définition des endroits où l’on socialise. Mais de là à y boire excessivement? En fait, ce qui se produit à l’agence reste à l’agence. Dans ce sens, Don Draper serait heureux – sinon, ses ailes pourraient être coupées. OC

Établi à Grenville-Nord, JOSEPH MATHIEU est rédacteur et réviseur bilingue. Il appuie des marques, explore la musique et raconte des styles de vie qui méritent d’être célébrés. Il est présent sur Twitter @JRMwords.

www.agencydiver.ca

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UN BACCALAURÉAT EN ARTS? Par Alex Scantlebury

Ça sert à quoi?

À

notre époque, que vaut vraiment un baccalauréat en arts? Quel genre d’emploi peut-on décrocher avec ce diplôme? Est-ce que tous les titulaires d’un baccalauréat en arts doivent être artistes, interprètes, historiens, sociologues ou écrivains? Étant donné que les diplômés en arts libéraux ont d’abord et avant tout appris à réfléchir, ils vous diront que l’on a besoin de gens qui réfléchissent dans tous les secteurs. La formation en arts peut sembler générale, mais on recherche partout des personnes maîtrisant l’art de réfléchir et de communiquer.

AVEC UN BACCALAURÉAT EN ARTS, VOUS SEREZ AGRÉABLEMENT SURPRIS D’APPRENDRE QUE LES POSSIBILITÉS SONT QUASI ILLIMITÉES. Les compétences acquises sont souvent difficiles à cerner sur papier, mais le diplômé d’un programme en arts a développé son sens critique et sa créativité, et il peut organiser l’information et la documentation avec rigueur. 10

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Ce sont là des qualités qui peuvent déboucher sur une variété d’emplois qui ne sont pas directement liés au domaine d’études. Avec un baccalauréat en arts, vous serez agréablement surpris d’apprendre que les possibilités sont quasi illimitées. Il y a un lien direct entre les compétences générales que vous allez acquérir pendant vos études en arts et le type d’industries qui voudront vous embaucher. Les compétences spécialisées sont importantes si vous visez un emploi en sciences pures ou dans un autre domaine de pointe. Sinon, les compétences générales acquises pendant quatre années de baccalauréat sont souvent plus importantes que le domaine de spécialité. Bradley Moseley-Williams a obtenu un baccalauréat en arts avec spécialisation en sociologie de l’Université York. Au départ, il voulait s’inscrire en droit, mais avec son baccalauréat en arts, il s’est finalement dirigé vers une carrière lucrative en communication. « J’ai décidé de tenter l’écriture. J’ai eu plusieurs mandats mal rémunérés à titre de pigiste avant de trouver un emploi de rédacteur technique. J’ai alors rédigé quelques manuels d’instruction en informatique pour une entreprise qui fabriquait des ordinateurs à des fins éducatives, raconte Bradley Mosely-Williams. Puis, lorsqu’Internet est devenu un outil populaire auprès des enseignants, j’ai eu la chance de travailler dans le domaine des relations publiques. »

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Si la sociologie n’a pas été une fin en soi, Bradley est heureux d’avoir fait une incursion dans cette discipline. « La sociologie m’a permis de voir que rien ne se produit par hasard et que des choses comme la religion, l’éducation, le racisme, l’immigration, etc. peuvent être vues et comprises. Mais plus que tout, c’était très intéressant et cela m’a permis de me concentrer sur quelque chose tandis que j’évoluais, jusqu’au moment où j’ai finalement fondé ma propre agence de consultation en relations publiques », raconte-t-il. Bradley Moseley-Williams est maintenant coordonnateur du programme de relations publiques au Collège algonquin. Évidemment, il peut être difficile de trouver sa voie après des études en arts. À elle seule, la créativité pourrait vous mener loin. Il faut parfois pousser sa formation ou ses études pour faire certains métiers ou pour saisir certaines occasions, mais un baccalauréat en arts vous offre des bases extraordinaires pour réaliser vos rêves. Ne restez pas coincé à un endroit – explorez les possibilités quasi infinies qui s’offrent à vous. Et s’il y a une chose qu’un baccalauréat en arts devrait vous apprendre, c’est que les penseurs sont les seules personnes qui peuvent littéralement faire quelque chose avec rien. OC

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des professions dans le milieu des arts (par grande ville canadienne) TORONTO (Ontario) 35 065 $ - 70 049 $. Moyenne de 50 557 $ OTTAWA (Ontario) 32 817 $ - 66 434 $. Moyenne de 49 625,50 $ CALGARY (Alberta) 39 751 $ - 74 242 $. Moyenne de 56 996,50 $ MONTRÉAL (Québec) 33 059 $ - 63 542 $. Moyenne de 48 300,50 $ VANCOUVER (Colombie-Britannique) 34 212 $ - 65 765 $. Moyenne de 49 988,50 $ MOYENNE CANADIENNE DE 51 093,60 $.

ALEX SCANTLEBURY est le fondateur de EBM Professional Writing Services et diplômé du Collège Algonquin. Suivez-le sur Twitter @ebmprowriting.

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SALAIRES MOYENS

On peut facilement avoir une carrière et un revenu très respectables dans le milieu des arts. Il s’agit là de moyennes, et non de revenus maximaux.

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By Danielle Klassen

Le feu de l’action brûle

DERRIÈRE la SCÈNE Les lumières s’éteignent, la musique monte, et le spectacle commence. Tous les regards sont rivés sur la scène. Soudain, le public plonge dans un monde nouveau, il est transporté vers une autre époque, transformé par une expérience sensorielle. C’est la magie et l’attrait des arts de la scène.

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u’il s’agisse d’un chanteur d’opéra, d’un acteur, d’un danseur, ou d’un musicien de rock alternatif, le travail d’un artiste de la scène est d’amener son public dans un univers autre. Mais pour chaque artiste qui monte sur scène, il y a une armée de personnes en coulisse qui donne vie à la représentation – ce sont eux qui animent l’univers scénique. Chacun des techniciens qui travaillent dans l’ombre sait qu’il peut être partout sauf sous les feux de la rampe. À titre de spécialiste du son, John Rosefield note ceci : « J’ai toujours dit que mon travail est bien fait si le public ne sait même pas que j’existe ». Pendant des années, John Rosefield a participé à la création de pièces de théâtre et de concerts. Le travail audiovisuel est de nature physique aussi bien que technique : on décharge de l’équipement d’un camion ou on mixe les sons en vue d’un spectacle. Mais pour John, ce métier

est bien plus que ça : c’est d’abord et avant tout un travail de création. « J’aime l’immédiateté du son en direct. Il faut prendre des décisions sur-le-champ et faire de son mieux avec ce que l’on a », explique John Rosefield. Passionné de musique en direct, John avoue avoir toujours aimé être derrière la scène. Même lorsqu’il jouait dans un groupe de musique, il avait choisi la batterie – à l’abri des projecteurs, mais assez prêt du public et du son pour les sentir. « Dans un sens, j’ai l’impression d’avoir gagné le gros lot sur le plan professionnel, car j’adore ce que je fais. D’ailleurs, c’est aussi exactement ce que je fais dans mes temps libres », s’exclame John. Maintenant, son travail consiste à donner aux artistes la confiance dont ils ont besoin pour défoncer la scène. « Quand vous arrivez à ce point où tout s’enchaîne bien : le son est extraordinaire, le public l’apprécie et le groupe de musique aussi, il

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y a un moment de pure magie. C’est un sentiment très agréable. Très valorisant », ajoute John. Si le travail de John est de se concentrer sur l’immédiateté de la représentation, beaucoup d’autres emplois en coulisse consistent à préparer le spectacle des mois à l’avance. Robert Shannon est coordonnateur du programme de baccalauréat et de maîtrise en scénographie de théâtre à l’Université de l’Alberta. Une poignée d’étudiants seulement sont admis à ce programme chaque année, ce qui reflète la réalité d’un secteur restreint et très concurrentiel. Il admet que le métier de scénographe est loin d’être lucratif, mais qu’il comble les amoureux de la scène. « La plupart d’entre nous vibrons lorsque nous construisons des choses, lorsque nous dessinons et imaginons la vie », explique-t-il. Alors qu’un artiste visuel travaille souvent seul et prend la mesure de sa valeur auprès de ceux qui achètent ses œuvres et les critiquent, un


scénographe doit d’abord et avant tout travailler en équipe : il répond aux besoins d’un metteur en scène et sait que ses œuvres ne sont qu’une petite partie d’un vaste ensemble, dit Robert Shannon. La scénographie, c’est l’art d’appliquer les beaux-arts à de grandes installations. Le concept d’un scénographe commence souvent par un dessin – qu’il s’agisse de l’éclairage, des costumes ou du décor en tant que tel – mais quand le rideau se lève, le travail du scénographe colore souvent tout le spectacle. Et voir sa propre idée prendre vie est tout sauf fade. « C’est exaltant, parfois décevant. Ça ne nous laisse jamais indifférents », explique Robert Shannon. Il y a beaucoup d’emplois dans les coulisses, et très peu sous les feux de la rampe. On peut donc choisir de travailler dans l’ombre à défaut d’avoir percé sur scène. Il n’en reste pas moins qu’on évolue dans le monde des arts.

CEUX QUI RÉUSSISSENT DANS CETTE INDUSTRIE NOURRISSENT UNE PASSION POUR LE SPECTACLE ET PEUVENT APPLIQUER LEUR ÉNERGIE CRÉATIVE À UN MÉTIER TECHNIQUE.

Quand enseigner vous offre la chance d’apprendre ! Partagez votre plaisir d’apprendre et votre appréciation pour la richesse de la diversité culturelle. À la Commission scolaire Kativik, vous contribuerez directement à réaliser le plein potentiel des élèves habitant les 14 communautés inuites situées le long des côtes de la baie d’Hudson et de celle d’Ungava. Son centre administratif, actuellement situé à Montréal, est appelé à être relocalisé au Nunavik.

Postes en enseignement Année scolaire 2016-2017

La grande passion de Chris Ralph a toujours été le métier de comédien, mais pour maintenir son style de vie, il a fait bien d’autres métiers dans ce secteur. Il y a trois ans, il a cofondé l’Acting Company, une petite école de théâtre amateur située à Ottawa. « À Ottawa, il n’y a pas assez de travail pour faire vivre un acteur. Il n’y a ni film ni télévision dans cette ville, alors les acteurs sont obligés de faire autre chose », explique Chris Ralph. Bien qu’il travaille sept jours par semaine à l’exploitation de son entreprise, Chris trouve aussi le temps de travailler comme producteur dans un théâtre de la région. Très loin de son travail sur scène, ce poste consiste plutôt à faire des calculs pour déterminer si le spectacle aura du succès. « Le travail d’un producteur, c’est de soupeser le risque », explique Chris. Même si les enjeux sont élevés, ce poste offre beaucoup de récompenses. « J’aime le défi que cela représente. Il faut toujours prendre en considération quelque chose de nouveau. Chaque aspect de chaque spectacle est unique ». Si les emplois en coulisses sont très variés, il reste que toute production repose sur un certain nombre de facteurs. Ceux qui réussissent dans cette industrie nourrissent une passion pour le spectacle et peuvent appliquer leur énergie créative à un métier technique. « On choisit ce métier parce qu’on estime que ça en vaut la peine et que c’est une façon intéressante de mener sa vie », conclut Chris Ralph. OC Grâce à ses études à l’Université Carleton, DANIELLE KLASSEN a connu de première main laa valeur de l’expérience appliquée et ces leçons restent avec elle dans sa carrière comme journaliste, maintenant situé à Toronto. Elle aime entendre des étudiants réussites, alors connecter avec elle sur Twitter @daniklassen.

• Primaire • Secondaire

Vous êtes sur le point de détenir un brevet ou un permis d’enseigner d’une province canadienne et avez les compétences requises pour enseigner plusieurs matières au primaire ou au secondaire ? Nous aimerions vous rencontrer. Nous offrons plusieurs avantages intéressants incluant des voyages, une prime d’éloignement, un logement subventionné et une allocation de transport de nourriture. Pour en savoir davantage sur les postes disponibles en enseignement, venez nous rencontrer lors de l’une de nos séances d’information ou durant la journée carrière sur campus de votre choix. Lors de ces journées carrières sur campus, veuillez apporter votre curriculum vitæ. Vous trouverez tous les détails sur notre site web à www.kativik.qc.ca. Si vous ne pouvez venir nous rencontrer, veuillez faire parvenir votre curriculum vitæ, avant le 22 janvier 2016, à Nunavik@kativik.qc.ca en prenant soin d’indiquer dans l’objet du courriel la matière pour laquelle vous postulez. Pour éviter les doublons, nous vous demandons de soumettre votre curriculum vitæ une seule fois. Nous remercions de leur intérêt toutes les personnes qui postuleront. Cependant, nous ne communiquerons qu’avec celles dont la candidature aura été retenue. Prière de ne pas téléphoner.

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CRÉDIT PHOTO : JUSTIN VAN LEEUWEN – JVL PHOTO


Par Stuart Jeffery

AVEC UNE ARTISTE CANADIENNE BIEN CONNUE,

DANIELLE ALLARD Quand, par une froide après-midi de novembre, j’ai terminé mon entrevue avec Danielle Allard, artiste et professeure en communication, je me suis soudain souvenu des raisons pour lesquelles j’avais besoin d’écrire quelque chose de nouveau chaque jour. Reconnaissant, je l’ai félicitée pour sa chanson, Shipwreck, et pour l’ensemble de l’album sur lequel figure cette chanson, Chameleon, sorti en mai. Les compliments lui font plaisir et l’amusent. Comme elle le dit, « Dans mes albums, que ce soit le premier ou celui-ci, les gens ont toujours un faible pour les chansons les plus déprimantes et les plus déchirantes. » Pendant les quarante-cinq minutes que dure notre entrevue, j’oublie par moments que je suis en train de parler à une femme qui a réalisé ce qui demeure un rêve pour la plupart d’entre nous : prospérer en transformant sa passion en un travail authentique. Quand cette jeune femme me parle de sa vocation pour les arts dès un très jeune âge et de l’intimidation dont elle était victime, je m’identifie à elle; quand elle explique comment elle amène son public à créer avec un papier et un crayon, je ris avec elle; et quand elle parle de sa passion pour la musique, de l’enseignement et de la manière dont l’une et l’autre se complètent, je suis tout ouïe.

À la fin de l’entrevue, je regarde par la fenêtre. La neige tombe sur le centre-ville de Toronto, et j’écoute la voix de Danielle Allard en sourdine. Tout est paisible, je jette un coup d’œil sur mes notes, et je vois tout à coup sous un nouveau jour la personne avec qui je viens de m’entretenir. Je m’exclame intérieurement : « Oh mon Dieu, Danielle Allard est une véritable artiste, de ceux qui peuvent faire l’envie de tous ». Danielle Allard a ceci d’exceptionnel qu’elle vous donne l’impression d’être en train de bavarder avec l’une de vos meilleures amies – mais vous vous rendez soudainement compte que sa vie correspond à l’idéal professionnel dont on rêve sa vie durant. Elle parle de l’un de ses étudiants en communication, ou de ses joies et de ses déceptions dans l’industrie de la musique, ou encore d’un organisme caritatif qui l’a invitée à présenter un spectacle. Il y a de bons et de moins bons moments, et Danielle Allard ne passe pas sous silence le travail acharné et la persévérance dont il faut faire preuve pour se réaliser dans le milieu des arts. Mais ce qui la distingue, c’est la joie qui l’attend inévitablement au bout de ses efforts. Elle aime les moments d’expression brute et sincère, elle aime voir les arts et l’expression créative unir les gens.


CRÉDIT PHOTO : DAN MATTHEWS PHOTOGRAPHY

CRÉDIT PHOTO : DAN MATTHEWS PHOTOGRAPHY

Suivez l ’aventure

DONNEZ À DANIELLE LA PERMISSION DE VOUS AIDER À EXPLOITER VOS TALENTS POUR CRÉER QUELQUE CHOSE D’INOUBLIABLE.

musicale de Danielle @daniellejallard

Elle fait partie du nombre croissant de jeunes professionnels qui refusent une vie dépourvue de stimulation. « Je ne pourrais pas vivre comme ça, s’exclame t elle. Je serais incapable de faire quelque chose que je n’aime pas 40 heures par semaine. » Elle estime que réussir, c’est tout simplement être heureux. « Et ce qui me rend heureuse, c’est d’aider les autres », ajoute-t-elle. Elle les aide en composant des chansons magnifiques, mais aussi en enseignant : « J’aime autant m’exprimer en classe que sur une scène ». Danielle est également spéciale en ce sens que, contrairement à beaucoup de jeunes artistes et créateurs, elle accorde peu d’importance au vedettariat. Elle ne croit pas que la célébrité et la richesse soient sources de bonheur. Même si elle pouvait monter davantage sur scène, elle ne le voudrait peut-être pas. « Je suis heureuse et je veux conserver un certain degré d’anonymat ». Elle a trouvé un équilibre entre la scène et l’enseignement, et cela lui apporte une grande satisfaction personnelle. L’expérience de Danielle pourrait faire l’envie de bien des artistes. En mai 2015, elle a sorti son deuxième album grâce à des fonds recueillis au moyen du sociofinancement. Elle s’est occupée elle-même de la publicité, du marketing et de la promotion de son album. Au sujet des subventions publiques qui aident les artistes débutants, Danielle estime que n’importe quel artiste devrait tenter sa chance, même sans savoir s’il se qualifie : « Si vous pouvez récolter les fonds, et vous qualifier, bien sûr, prenez cet argent ». Beaucoup de gens ne comprennent pas que si un artiste veut être indépendant, sans 40 à 60 personnes autour de lui, il doit créer une image de marque pour sa compagnie. C’est quelque chose qui est difficile pour beaucoup d’artistes même si, grâce aux médias sociaux, nous vivons à une époque parmi les plus créatives et les plus novatrices de l’histoire de l’humanité. « Mais peu d’artistes ont le sens des affaires », ajoute-t-elle. Bon nombre, surtout parmi les plus jeunes, deviennent rapidement célèbres sur Internet, que ce soit en faisant des singeries sur Snapchat, par une vidéo virale sur You Tube ou un gazouillis très drôle et moqueur sur Twitter – mais c’est éphémère. Pour durer et laisser sa marque, il faut faire preuve d’une grande créativité et travailler d’arrache-pied. Danielle Allard est l’exemple par excellence de l’artiste qui va d’un métier à l’autre sans ressentir de coupure. Même si, de prime abord, il n’y a aucun 16

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lien entre sa carrière musicale et sa carrière d’enseignante, les deux ont quelque chose en commun : la joie d’aider les autres. La musique élève l’esprit et l’enseignement permet aux étudiants d’acquérir les compétences dont ils auront besoin pour progresser dans le monde. Danielle Allard est également très engagée dans la collectivité d’Ottawa. Elle offre ses services et son temps à plusieurs organismes caritatifs. Dans un sens, il s’agit pour elle de redonner ce qu’elle a récolté, car elle estime avoir beaucoup reçu de sa « famille », terme qu’elle emploie dans son sens large. Danielle Allard réfute l’idée reçue voulant que la génération Y soit paresseuse et nombriliste. Grâce à son travail acharné, elle est devenue la quintessence de la femme d’affaires et de la jeune professionnelle qui mène de front deux carrières distinctes lui permettant de créer des liens avec les gens. Nous passons trop de temps à célébrer les personnalités artistiques et à vivre par procuration, à l’affût des potins. Après avoir parlé avec Danielle Allard, j’ai compris que son succès était plus personnel. Elle est l’artiste que je voulais être quand j’étais enfant. Elle ne court pas après la richesse ou la renommée. Elle veut simplement que ses talents servent à rassembler les gens. Arriver à devenir une artiste intègre et à servir les autres, c’est déjà tout un accomplissement. On peut envier la voie que s’est tracée Danielle Allard, mais elle préfèrerait vous aider à réaliser vos rêves. Pour ce faire, elle vous donnera toute son attention en classe, ou encore un papier et un crayon (et son énergie) pendant ses concerts. Mon conseil : saisissez l’occasion. Donnez à Danielle la permission de vous aider à exploiter vos talents pour créer quelque chose d’inoubliable. C’est le rêve de tous les enfants et de tous les adultes. C’est ce qui anime la vie de Danielle Allard. OC

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STUART JEFFERY vit à Toronto. Il écrit surtout sous la douche, et il se demande s’il devrait s’en inquiéter. Pour en savoir plus sur Stuart : janikon.hubpages.com


améliore ENTRE ÉQUILIBRE ET IMPACT : QUAND UN ENTREPRENEUR

Par Conor Rochon

LE BIEN-ÊTRE COLLECTIF

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athleen Kemp est cofondatrice de CigBins, une entreprise d’Ottawa s’attaquant au problème des mégots de cigarettes. CigBins installe des conteneurs de mégots sur la propriété de ses clients, les nettoie et en pose des propres selon un calendrier établi à l’avance. En apparence, CigBins ressemble à n’importe quelle autre entreprise. Elle offre ses services à des taux concurrentiels et a soigneusement mis au point une image de marque et une stratégie de marketing qui lui permettent de s’attirer de nouveaux clients. Mais en créant CigBins, Kathleen Kemp ne voulait pas seulement faire des profits. La société recycle les mégots et, en collaboration avec Causeway Work Center, aide des gens souffrant d’un handicap mental à trouver une place parmi son effectif. « Nous voulons que CigBins soit une force positive dans la collectivité – mais pour ce faire, nous devons être une entreprise durable, explique Kathleen Kemp. Il faut donc trouver un équilibre entre l’impact social, environnemental et économique. » Les entrepreneurs de la trempe de Kathleen sont des pionniers. Ils font fonctionner l’économie grâce à une idée géniale autour de laquelle ils bâtissent une entreprise. Les entrepreneurs flairent un nouveau créneau, ils créent des emplois et stimulent la croissance d’une collectivité. Ils travaillent

Il peut être difficile de trouver deux experts qui ont la même définition de l’entrepreneuriat social. Pour certains, c’est un organisme sans but lucratif qui fonctionne grâce à des subventions et à des dons, pour d’autres, il s’agit d’entreprises lucratives qui placent les valeurs au-dessus des profits. Peu importe les détails, les prémices sont les mêmes : l’utilisation de pratiques commerciales solides pour résoudre des problèmes sociaux. « Les entrepreneurs sociaux sont au nombre des personnes les plus intéressantes avec lesquelles je travaille », s’exclame Craig Ryan, directeur du service de Responsabilité sociale d’entreprise à la Banque de développement du Canada (BDC). Le mandat de la BDC est d’améliorer la croissance de l’économie canadienne en offrant des prêts flexibles à de petites et moyennes entreprises. Le travail de Craig Ryan consiste à s’assurer que l’entreprise prend en compte son impact social et environnemental, tant dans le cadre de ses opérations que dans ses choix d’entreprises partenaires. Craig Ryan a obtenu ce poste après avoir travaillé dans le secteur public et privé. Il croit que cette expérience variée peut servir aux entrepreneurs avec lesquels il travaille. « Les entrepreneurs sociaux trouvent des solutions commerciales à des problèmes civiques. Ils doivent apprendre à naviguer entre différents univers. La pollinisation croisée entre les secteurs est importante. »

Il peut être difficile de trouver deux experts qui ont la même définition de l’entrepreneuriat social. Pour certains, c’est un organisme sans but lucratif qui fonctionne grâce à des subventions et à des dons, pour d’autres, il s’agit d’entreprises lucratives qui placent les valeurs au-dessus des profits.

d’arrache-pied. La réussite ne dépend pas seulement d’une bonne idée. Il faut la développer et la concrétiser, quels que soient les obstacles. La raison pour laquelle un entrepreneur innove est aussi importante que l’objet de l’innovation. Il est facile d’être cynique et de dire qu’une personne fonde une entreprise pour s’enrichir. Pourtant, c’est rarement le cas. En fait, beaucoup de pionniers sont motivés par des valeurs plutôt que par la sécurité financière. Les valeurs sont l’épine dorsale d’une réelle entreprise sociale, une force qui, depuis longtemps, change le monde, tant localement que mondialement. 18

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Le bien-fondé de l’entrepreneuriat social ne passe pas inaperçu. Des organismes, gros et petits, se sont manifestés pour favoriser la croissance d’entreprises sociales. À l’échelle internationale, des entreprises comme Ashoka Fellowship et Skoll Foundation offrent des subventions et des possibilités de réseautage à des personnes engagées ayant de bonnes idées. À l’échelle locale, des espaces de bureaux coopératifs comme Impact Hub rassemblent des entrepreneurs afin d’échanger des idées. L’entrepreneuriat social a également fait son chemin jusque dans les universités. ENACTUS organise des concours visant à stimuler l’entrepreneuriat

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Les entrepreneurs sociaux trouvent des solutions commerciales à des problèmes civiques. parmi les étudiants. Chaque année, dans des universités du monde entier, des équipes d’ENACTUS testent les projets novateurs d’étudiants dans le cadre de concours nationaux et sélectionnent les candidats qui se rendront jusqu’à la coupe mondiale d’ENACTUS. Tanveer Mostafa a joint les rangs d’ENACTUS au cours de sa première année d’études à l’école de gestion Telfer, à l’Université d’Ottawa. Il voulait acquérir une expérience entrepreneuriale et contribuer de façon positive à la société. Toutefois, il lui fallait trouver un problème avant de pouvoir trouver une solution. Il est donc allé dans la collectivité. « Les gens pensent que le travail de recherche se fait devant un ordinateur, explique Mostafa. Mais pour comprendre la nature des problèmes auxquels se heurte une collectivité, il faut sortir de sa zone de confort et s’engager dans cette collectivité. » Le problème qui a finalement sauté aux yeux de Mostafa était celui de la précarité des emplois dans les communautés d’immigrants et de sans-abris. Avec l’appui d’ENACTUS, à l’Université d’Ottawa, Mostafa et son associée, Wendy Liang, ont donc créé Ontario Sports Officials, une entreprise qui offre gratuitement une formation d’arbitre aux nouveaux immigrants et qui les

met en relation avec des ligues de soccer de l’Ontario. L’entreprise a pris de l’expansion et fondé Canada Sports Officials – mais Mostafa, fidèle à son esprit d’entreprise, cherche déjà un nouveau défi. Si l’idée de fonder une compagnie pour avoir un effet positif sur la société n’est pas nouvelle, il est nouveau que les entrepreneurs sociétaux reçoivent tant d’appui. Il est plus facile de créer une entreprise responsable sur le plan social à partir d’une idée neuve que d’essayer d’orienter une entreprise existante vers ce type d’entrepreneuriat. La valeur réelle d’un entrepreneur social réside dans le fait qu’il crée une entreprise du futur et qu’il a son mot à dire dans la manière dont l’entreprise est gérée. En donnant la priorité à l’impact social et environnemental, et en y associant des pratiques commerciales durables, les entrepreneurs sociétaux sont de puissants moteurs de changement. Nous vivons une période stimulante et c’est le moment de participer à la création d’un monde meilleur. OC

CONOR ROCHON est rédacteur à la pige. Il vit à Ottawa (Ontario). Il s’intéresse aux sciences et à la technologie. Il arrive parfois à diriger un canot ou à gazouiller @Roy_Rock_On. Il aime aussi faire de longues promenades sur la plage, car qui n’aime pas ça?

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Par Glen Peters

NAÎT-ON ENTREPRENEUR OU LE DEVIENT-ON?

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on père disait toujours, « Seuls les lèches-bottes travaillent pour quelqu’un d’autre ». Le Vieux et moi ne partagions pas la même opinion. Pourtant, depuis maintenant 15 ans, je suis bien à mon compte, comme lui. Aurais-je les gènes d’un Sinatra pour vouloir tout faire « à ma façon »? Non? Bon, peut-être que cela fait juste partie de ma psyché. Il y a les commerçants et il y a les entrepreneurs. Deux espèces très différentes. Rien de neuf jusque-là. On essaye depuis longtemps de comprendre ce qui fait la trempe d’un entrepreneur. Et pour une bonne raison : ils sont à l’origine d’une bonne partie de la richesse et des innovations qui ont vu le jour depuis le début de la modernité. Le blogue de Jibran Malek, à Masschellange. org, retrace la riche histoire du terme « entrepreneur » . Depuis plus de 250 ans, nous voyons les entrepreneurs comme des gens qui « prennent

des risques », des spécialistes du « piratage des ressources », voire des « électrons libres ». Sur un terrain peu productif et sans rendement, ils font pousser de grandes choses. Ils se détournent des sentiers battus, ce qui fait d’eux des marginaux. La plupart des gens investissent, financièrement ou autrement, dans le statu quo, et privilégient la stabilité. On a donc tendance à résister vigoureusement aux élans entrepreneuriaux – si vigoureusement que rares sont ceux qui suivent leur élan. Pourtant l’entrepreneur, lui, s’abandonne à cet élan. Mais où l’entrepreneur puise-t-il donc sa force? Le professeur Saras D. Sarasvathy estime que l’entrepreneur ne pense pas selon la logique des stratégies commerciales habituelles en vertu desquelles il faut se fixer des objectifs et évaluer comment les atteindre avec les moyens dont on dispose. Selon ce type de stratégie, il faut chercher l’approche la plus rapide et la plus rentable. On

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évalue les résultats anticipés du point de vue de la viabilité. Les commerçants sont, dit le professeur, comme les généraux d’une armée. Par contre, les pionniers sont des explorateurs qui avancent en terrain inconnu simplement munis de ce qu’ils possèdent. Les objectifs surgissent de manière organique. Ils fonctionnent par essai et pivotement. Ils sont très axés sur l’action. Aucune stratégie d’affaires traditionnelles ne tracerait ce parcours, qui est pourtant celui de nos plus célèbres entreprises. Selon bien des spécialistes, l’entrepreneuriat n’est pas un talent ou un état d’esprit qui se développe sur les bancs d’école. C’est dans le sang. Scott Shane et trois de ses collègues ont dirigé une étude sur les entrepreneurs. Ils concluent que certaines qualités très utiles se transmettent de génération en génération – autrement dit, la fibre entrepreneuriale serait dans les gènes . Dans un blogue publié pour le New York Times,


il écrit ceci : « la tendance à devenir entrepreneur et les traits de personnalité que sont l’entregent, l’ouverture à la nouveauté et la recherche de sensations sont d’origine génétique ». Votre code génétique, affirme-t-il, vous rendra plus ou moins habile à déceler des occasions en or, à démarrer une entreprise et à brasser de l’argent. James V. Koch, président émérite à l’Université Old Dominion, dit pour sa part (sur le site Entrepreneur.com) que les entrepreneurs doivent prendre des risques. Or, notre degré de tolérance à ce style de vie, à ses ambiguités et à ses incertitudes est quelque chose dont nous héritons. « Penser que l’on peut ajouter six pouces à la taille de quelqu’un pour en faire un joueur de la NBA est complètement farfelu. Alors comment peut-on penser que l’on va envoyer quelqu’un dans une école de commerce et que tout d’un coup sa tolérance au risque va changer? ». Selon Forbes.com , la fibre entrepreneuriale repose sur la fluidité de l’intelligence et sur l’équilibre de la personnalité. Il faut savoir reconnaître les modèles qui se répètent et avoir une pensée abstraite. Il faut également savoir travailler en équipe, se montrer amical mais ferme – vous savez, pour arriver à abattre le travail qu’il faut abattre. De quel bois sont faits vos enfants? Est-ce qu’ils sont brillants, confiants et prennent les choses en main? Est-ce qu’ils évoluent dans une famille instruite et stable, mais font peu de cas des règlements de la maison? Vous pourriez avoir fabriqué un magnat . (Je note ici avec intérêt que le QI et les scrupules n’ont rien à voir avec la fibre entrepreneuriale. En gardant ceci à l’esprit, je suis tenté de me pencher sur ma carrière, mais je n’en ferai rien.) James V. Koch, lui, nous rappelle que les traits hérités sont à double tranchant. L’entrepreneur ressemble à s’y méprendre au portrait de l’artiste : un tempérament vif, intuitif et idéaliste. Il a des hauts très hauts et des bas très bas. « Les entrepreneurs sont nombreux à échouer. Ils ont tendance à prendre des décisions unilatérales et ils brisent plus souvent que les autres le statu quo. Bon nombre n’acceptent pas l’échec ou sont mauvais perdants. Ils sont dotés d’une grande énergie, font souvent cavalier seul et travaillent de longues heures. » Bon, si vous avez lu Le meilleur des mondes, je devine ce que vous pensez : prenons rendez-vous avec un scientifique au laboratoire. J’ai eu une idée .com, mais je devrais peut-être me contenter de jouer de la basse. Attendez, je n’ai pas fini. Julian Lange, professeur principal au collège Babson, rejette l’idée du moule à fabriquer des aventuriers de l’entrepreneuriat. Outre les talents naturels, d’après lui, il faut acquérir des compétences techniques et de leadership, et les perfectionner. Le seul fait de fréquenter une école peuplée de pairs partageant les mêmes intérêts que vous suffit à se créer un réseau et à recevoir une rétroaction très importante. Certaines caractéristiques correspondent peut-être au profil d’un entrepreneur, mais cela me rappelle ce que disait Thomas Edison : « il y a 1 % d’inspiration et 99 % de transpiration. » Les athlètes et les musiciens ont peut-être du talent ou de la force physique, mais les plus remarquables ne sont pas forcément les plus forts. Ce sont souvent des gens qui travaillent avec acharnement, qui comblent leurs lacunes et qui adoptent des stratégies qui fonctionnent pour eux. Comme d’habitude, il est difficile de comprendre la vie en établissant des catégories. D’après les statistiques , il y aurait un certain nombre de facteurs prédisposant une personne à se lancer dans l’entrepreneuriat, par exemple le milieu familial et social, mais aussi la chance. La plupart de ceux qui réussissent viennent de la classe moyenne, et leurs parents sont diplômés.

ON ESSAYE DEPUIS LONGTEMPS DE COMPRENDRE CE QUI FAIT LA TREMPE D’UN ENTREPRENEUR. ET POUR UNE BONNE RAISON : ILS SONT À L’ORIGINE D’UNE BONNE PARTIE DE LA RICHESSE ET DES INNOVATIONS QUI ONT VU LE JOUR DEPUIS LE DÉBUT DE LA MODERNITÉ.

(Et la moitié d’entre eux avaient dans leur entourage une personne travaillant à son compte). Ils ont généralement plus de dix ans d’expérience dans leur domaine et n’aiment pas travailler pour les autres – et, faut-il ajouter, ils ont aussi souvent du mal à trouver un emploi. Vous pourriez regarder mon arbre généalogique et voir que mon père, mon grand-père et moi avons bien peu en commun. Mon grand-père est arrivé d’Europe avec rien – le genre de rien qui vous donne faim. Il est devenu chef d’entreprise, propriétaire terrien, agriculteur, employeur. Est-ce que mon père a hérité de tout cela ou a appris par l’exemple? Et comment moi, étudiant des religions du monde, ai-je fini par créer une société de développement Web? Vous pourriez me demander : « Pensez-vous que c’est génétique, appris ou un signe des temps modernes? ». Je répondrai « toutes ces réponses sont bonnes ». OC

GLEN PETERS est rédacteur et réviseur. Il vit à Ottawa. Il a longtemps travaillé à son compte comme développeur Web, gestionnaire de projet et graphiste. Visitez son site Web, à www.glenpeters.press, ou encore suivez-le sur Twitter @glenHimself_.

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Par Glen Peters

QUAND LES COMPTABLES SE MÊLENT DE

LITTÉRATIE FINANCIÈRE

À

l’heure où j’écris ces lignes, nous sommes en novembre. C’est le moment de l’année où les hommes se font pousser une moustache dans le cadre de la campagne de sensibilisation au cancer. C’est le calme après les plaisirs de l’Halloween et avant la folie de Noël. En plus, et ça tombe bien avant le magasinage des Fêtes, c’est le Mois de la littératie financière! Vous avez oublié de le noter dans votre calendrier? Ce sont des choses qui arrivent. Au cas où vous ne le sauriez pas, il faut marquer cet événement. Voyons comment il a vu le jour et pourquoi il contribue à la santé de nos finances. Les médecins de nos finances, les comptables professionnels, méritent des félicitations, car ils s’investissent beaucoup dans cette cause. Dans les années 1990, les politiciens de notre planète ont mesuré à quel point les gens prenaient de très mauvaises décisions en matière de gestion financière. Il n’est pas ici question de la difficulté personnelle à maintenir un style de vie. Non. On s’est rendu compte que l’augmentation des dettes et l’ignorance en matière de finances affaiblissaient carrément l’économie mondiale. Le gouvernement du Canada s’en est rendu compte et a lancé des études et des consultations publiques.

Le gouvernement fédéral a finalement créé l’Agence de la consommation en matière financière du Canada (ACFC), qui s’est vu confier le mandat de surveiller les services financiers du pays et de protéger le public de toute…irrégularité. Elle est également chargée de promouvoir la littératie financière, décrite comme « essentielle à la prospérité et au bien-être des Canadiens ». En 2012, grâce à l’ACFC et au Groupe de travail sur la littératie financière, le Parlement du Canada a officiellement reconnu le mois de novembre comme le Mois de la littératie financière . Donc. Nous ne voulons pas prendre de mauvaises décisions financières – mais prenons-nous de bonnes décisions? Que veut-on dire exactement par « littératie financière »? La page Web du gouvernement du Canada est très instructive à cet égard (voir le lien ci-dessous) – reprenons leurs explications : « La littératie financière, c’est le fait de disposer des connaissances, des compétences et de la confiance en soi nécessaires pour prendre des décisions financières responsables. • les connaissances consistent en la compréhension des questions financières personnelles et celles qui ont une ampleur plus générale • les compétences consistent en la capacité

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d’appliquer les connaissances financières dans la vie de tous les jours • la confiance en soi évoque l’assurance avec laquelle on prend des décisions importantes • les décisions financières responsables font allusion à la capacité de l’individu de se servir des connaissances, des compétences et de la confiance en soi qu’il a acquises pour faire des choix qui conviennent à sa situation » Le site poursuit en parlant des vertus de l’approche ci-dessus. Pour dire les choses simplement, la littératie financière permet au citoyen averti de prendre des décisions éclairées en matière d’argent. Il connaît mieux les institutions bancaires et gouvernementales créées à son avantage, et saura comment en user (par exemple, investir dans un REER ou un REEE). Généralement, les gens veulent certaines choses : une maison, et peut-être une bonne retraite. Ce n’est pas si facile! Mais avec un minimum de connaissances et de planification, c’est possible. Et bien sûr, chacun est un expert. Chacun a des conseils à vous donner. Mais avec une compréhension de base du paysage financier, on arrive à distinguer un bon conseil d’un mauvais. À propos de conseils judicieux, parlons des comptables professionnels.


On se tourne généralement vers eux au moment de la déclaration d’impôt. Mais un comptable fait bien plus que cela. Il donne des conseils en matière de création d’entreprise, de planification et de projection à long terme. Si vous pensez à acheter ou à vendre une affaire, il peut vous aider à apprécier sa valeur ou à carrément faire la transaction. De plus, outre la déclaration d’impôt, il aide des personnes comme vous et moi en cas de vérification ou de demande de financement. En cas de séquestre ou de faillite, il peut agir à titre de syndic. Le site Web des Comptables professionnels agréés du Canada (CPA Canada) contient une liste exhaustive de leurs services. Les CPA ont une solide formation et sont des professionnels respectés qui ont un bon aperçu du paysage financier. Ils adhèrent à un ensemble de normes professionnelles sévères. Leurs pratiques favorisent la transparence sur le marché et la reddition de comptes, ce qui est crucial. Ils agissent comme intermédiaires entre des parties intéressées et le gouvernement fédéral et aident des décideurs à prendre des décisions éclairées. Mais plus que tout, CPA Canada est chargé de promouvoir la littératie financière. Son programme d’éducation a été récompensé par des prix et il parraine des événements spéciaux pour la cause de la littératie. L’organisme rencontre des adultes ou des étudiants, de nouveaux Canadiens, des commerçants ou des entrepreneurs . Il y aurait 11 000 comptables agréés au Canada qui sont prêts à s’assoir avec vous pour vous aider à comprendre votre environnement financier.

Un communiqué de presse publié le 9 juin dernier annonce comment Jane Rooney et le ministre des Finances du Canada, Keven Sorenson, ont dévoilé la Stratégie nationale pour la littératie financière – Compte sur moi (voir le lien suivant : http://www.fcac-acfc.gc.ca/Fra/litteratieFinanciere/ litteratieCanada/Pages/home-accueil.aspx). C’est une riche source d’information qui devrait susciter votre intérêt. On y parle des services bancaires aux particuliers, des frais d’études et de l’accession à la propriété. La culture populaire a souvent présenté le métier de comptable sous les traits d’un personnage pingre, amidonné et vieux jeu. Mais un comptable est bien plus qu’un technicien. Il aide une entreprise à rester à flot et nous aide à réaliser notre potentiel financier. Sans oublier qu’il s’occupe de la montagne de paperasse. Un peu de littératie financière peut radicalement changer notre qualité de vie et notre avenir à court et à long terme. OC

GLEN PETERS est rédacteur et réviseur. Il vit à Ottawa. Il a longtemps travaillé à son compte comme développeur Web, gestionnaire de projet et graphiste. Visitez son site Web, à www.glenpeters.press, ou encore suivez-le sur Twitter @glenHimself_.

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