Greenpeace Magazine

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Greenpeace Member no 03  / 19

Reportage

Résistances au pays du sable bitumineux p. 16

Il va faire chaud

Débat

Capitalisme ­contre protection du climat p. 31

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Éditorial

Aux élections parlementaires du 20 octobre 2019, votez pour la protection du climat! Ouvrir l’appareil photo ou l’application de votre smartphone

«36 °C et ce n’est pas fini!» chantait un groupe pop pendant l’été 2007. En Suisse, la température estivale tournait autour des 25 °C et on n’avait rien contre l’idée que le thermo­mètre grimpe quelques fois d’une dizaine de degrés, comme dans les pays exotiques. Et voilà que, douze ans plus tard, le smartphone nous indique 36 °C, avec un petit soleil comme émoticône. Mais cette température ne nous fait plus rêver. En ­période de canicule, on est baigné de sueur, le chat du voisin se traîne dans la cour et les personnes âgées ne peuvent quasiment plus sortir. Est-ce vraiment ce que nous souhaitons? Nous espérons qu’au moment où vous lirez ces lignes, les tempér­a­tures seront redevenues plus suppor­ tables. Ce numéro du magazine est consacré aux multiples facettes de la crise ­climatique et vous invite à agir. Par exemple en faisant du bruit (p. 9), en vous intéressant à l’empreinte ­climatique de vos placements financiers (p. 15), en faisant réparer votre téléphone portable au lieu de le jeter (p. 29) ou simplement en vous rendant aux urnes (p. 30). Pour des étés en musique, mais sans pics de chaleur. La rédaction

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Du mauvais côté de la frontière toxique

Sommaire

Reportage L’industrie pétrolière canadienne et la souffrance de la population autochtone.

p. 16

Décision International

La Patagonie ­fracturée p. 10

MENTIONS LÉGALES GREENPEACE MEMBER 3 / 2019

Éditeur / adresse de la rédaction: Greenpeace Suisse Badenerstrasse 171 Case postale 9320, 8036 Zurich Téléphone 044 447 41 41 redaction@greenpeace.ch www.greenpeace.ch Équipe de rédaction: Danielle Müller (responsable), Manù Hophan (rédaction ­photographique), Thomas Mäder (rédaction) Correction / relecture: Text Control, Marc Rüegger Traduction en français: Nicole Viaud et Karin Vogt Auteurs: Laurence Butet-Roch, Thomas Mäder, Eva-Maria Schleiffenbaum, Tanja Keller, Danielle Müller Photos: Ian Willms, Isabel Truniger, Anja Wille Schori, Pablo Piovano Illustrations: Jörn Kaspuhl Graphisme: Raffinerie

Impression: Stämpfli AG, Berne Papier couverture et intérieur: 100 % recyclé Tirage: all 90 000, fr 18 000 Parution: quatre fois par année

Pour qui voter? Facile, avec Easyvote p. 30 Action

p. 4

Progrès

p. 6

Des paroles aux actes

p. 7

Engagement

p. 9

International

p. 10

Le magazine Greenpeace est adressé à tous les adhérents (cotisation annuelle à partir de 84 francs). Il peut refléter des opinions qui divergent des positions officielles de Greenpeace.

Rétrospective

p. 14

Faits et chiffres

p. 15

Reportage

p. 16

Votre adresse a-t-elle changé? Prévoyez-vous un déménagement? Prière d’annoncer les changements par courrier électronique à suisse@greenpeace.org ou par téléphone au 044 447 41 71.

Décryptage

p. 29

Décision

p. 30

Débat

p. 31

Éclairage

p. 33

Mes volontés écologiques

p. 33

Énigme

p. 34

Le mot de la fin

p. 35

Dons: Compte postal 80-6222-8 Dons en ligne: www.greenpeace.ch/dons Dons par SMS: envoyer GP et le montant en francs au 488 (par exemple, pour donner 10 francs: «GP 10»)


Action

Blocage en faveur du climat Des militants du Collective Climate Justice et de Greenpeace protestent devant le siège de Credit Suisse pour demander que la banque adapte ses activités à l’exigence de protection du climat et se retire immédiatement des combustibles fossiles. Zurich, Suisse, 8 juillet 2019

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Photo: © Greenpeace / Ex-Press / Michael Wuertenberg

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La Zurich adhère à la protection du climat

L’Office fédéral de l’agriculture retire de la circulation douze pesticides contenant du chlorpyriphos ou du chlorpyriphos-méthyl. Ces substances fortement toxiques pour les ­insectes, les oiseaux et les organismes aquatiques ne seront donc plus utilisées en agriculture. Avec le WWF, Greenpeace Suisse lutte depuis des années en faveur de cette interdiction. Mais pour enrayer la disparition des insectes et préserver la fertilité des sols, il faut aller plus loin: «Des dizaines de pesticides comparables sont encore autorisés en agricul­ ture, en sylviculture, en horticulture et dans les services d’entretien», explique Philippe Schenkel, expert agricole de Greenpeace Suisse. Tous ces produits doivent être strictement interdits.

Photo: © Greenpeace / Ephraim Bieri

Douze toxiques ­agricoles de moins

Moins d’argent pour le charbon, le pétrole

De l’ordre dans la ­porcherie Le détaillant alimentaire Lidl a bougé le premier, suivi par Aldi et Rewe puis Edeka: depuis avril, les grands supermarchés allemands signalent le type d’élevage sur leurs produits à base de viande. L’étiquetage renseigne clairement sur les conditions de vie des animaux et permet la transparence. Il est dorénavant possible de distinguer les produits impliquant une maltraitance animale.

Photo: © Greenpeace / Henrik Evertsson

La Norvège dispose d’un fonds de pension public qui gère l’équivalent de 950 milliards de francs suisses. Ces avoirs ­seront dorénavant investis de manière plus écologique, le gouvernement norvégien ayant décidé de retirer 14 milliards de francs d’investissements aux entreprises pétrolières, charbonnières et gazières. C’est le plus grand désinvestissement du secteur des combustibles fossiles à ce jour. Cet argent sera redirigé vers les énergies renouvelables. «C’est un signal clair aux gouvernements et aux entreprises: l’ère des combustibles fossiles touche à sa fin», déclare Martin Norman, expert financier chez Greenpeace Norvège.

Après le réassureur Swiss Re, Zurich Assurances décide également de ne plus fournir d’investissements ou de prestations d’assurance aux entreprises qui tirent plus de 30 % de leurs revenus du secteur du charbon. De plus, Zurich Assurances signe l’engagement de l’ONU visant à limiter le réchauffement climatique et annonce que d’ici la fin 2022, ses activités seront à 100 % renouvelables. La compagnie d’assurance suisse a apparemment reconnu la gravité de la crise climatique, à la différence des banques UBS et Credit Suisse, qui continuent leurs activités problématiques dans le secteur du charbon.

Photo: © Greenpeace / Michael Löwa

Progrès


Des paroles aux actes

«Il ne manque que la volonté de la population»

Pour accéder à l’entretien intégral Hannes Blaser, militant d’Extinction Rebellion Suisse

Texte: Danielle Müller, Greenpeace Suisse

«La protection de l’environnement a pour ainsi dire toujours fait partie de ma vie», se souvient Hannes Blaser. Ce Bernois de 35 ans, agriculteur de formation, a grandi dans une ferme maraîchère biologique Demeter. Dès son enfance, ses parents militants l’emmènent à des manifestations contre le nucléaire. Adolescent, il s’engage sur le plan politique et rejoint le groupe Jeunesse révolutionnaire de Berne. Aujourd’hui, il mène une vie simple, ne produit que peu de déchets et ne prend plus l’avion. «Même si ce n’est qu’une goutte d’eau dans la mer», dit-il. En décembre 2018, Hannes participe à la création du groupe Extinction Rebellion Suisse pour faire avancer la protection de l’environnement. L’organisation est composée de «réalistes qui ne vivent plus dans l’utopie», affirme-

t-il. Les rebelles ont déjà fait parler d’eux dans les médias, les milieux politiques et la population, notamment en déversant du faux sang ­devant le Palais fédéral. C’est le gouvernement que les militants visent plus particulièrement: ils ­demandent que les autorités assument leurs responsabilités dans la crise climatique. «La Constitution fédérale est bafouée», constate Hannes. La désobéissance civile pratiquée par le groupe vise à dénoncer cette situation. «Pourquoi devrions-nous respecter les règles d’un système qui échoue totalement à protéger l’environnement?» Par contre, Hannes est convaincu que la société peut encore changer de cap: «Nous ne sommes pas sur le bon chemin, mais nous pouvons encore corriger notre direction au lieu d’aller droit dans le mur.» Cet écoconseiller diplômé se décrit lui-même comme un «optimiste ab­solu». Sa

vision est que, dans quarante ans, nous vivrons dans un monde durable, où l’énergie et la nourriture seront disponibles g ­ ratuitement et où «nous serons en symbiose avec la planète au lieu de nous comporter comme des pa­rasites». N’estce pas un peu u ­ topique? Hannes répond sans équivoque: «Non. C’est scientifiquement et techniquement faisable. Il ne manque que la volonté de la population.»

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«On ne sait pas assez comment vivent et meurent les animaux de rente»

Des paroles aux actes

Toni Kathriner, propriétaire de la ferme pour animaux rescapés zuKUHnft

Chaque fois, cela lui brisait le cœur: Toni Kathriner devait séparer un veau de sa mère après sa naissance, la vache mugissait désespérément pour retrouver son petit … La séparation des veaux de leur mère était chose courante pour l’agriculteur, comme dans n’importe quelle ferme laitière. Parce que la vache ne produit du lait que lorsqu’elle a donné naissance à un veau. Or si le veau boit la plus grande partie du lait, l’industrie laitière n’est pas rentable. Et pour des raisons de rendement économique, les vaches laitières sont abattues très vite, à l’âge d’environ cinq ans. «En général, les consommateurs de lait ne s’en soucient pas», constate Toni Kathriner. À un moment donné, Toni Kathriner n’a plus supporté ces meuglements de désespoir. Avec sa femme Yvonne, il est passé de l'économie laitière à la production de viande. Mais conduire les vaches à

l’abattoir devient bientôt hors de question pour le couple, qui finit par abandonner toute production animale. Depuis, leur ferme située à Wald ZH s’appelle zuKUHnft (nom que l’on pourrait traduire par «L’avenir de la vache»). C’est un ­endroit qui accueille les animaux rescapés jusqu’à la fin naturelle ­ de leur vie. Les vaches sont maintenant porteuses d’un message, explique Toni Kathriner: «On ne sait pas assez comment vivent et meurent les animaux de rente.» La reconversion de sa ferme n’a pas été difficile sur le plan personnel pour Toni Kathriner. Mais les conséquences, notamment économiques, sont lourdes: «Soudain, on se retrouve à l’écart de la société, de la profession», explique-t-il. Sa clientèle se compose désormais des parrains et marraines de sa soixantaine de vaches. La vente de fruits contribue un peu au revenu de cette famille paysanne de six personnes.

Pourtant Toni Kathriner n’a jamais regretté le changement. Sa nouvelle tâche lui donne de l’énergie, dit-il. «Nous devons reconnaître, au fond de notre cœur, que les animaux ne sont pas là pour être exploités de quelque façon que ce soit.»

Illustrations pages 7 et 8: Jörn Kaspuhl travaille principalement au crayon sur papier et ne se sert de l’ordinateur que pour assembler les différents éléments. Il a terminé ses études d’illustrateur à l’Université de Hambourg en 2008. Aujourd’hui, il vit et travaille à Berlin.


Critiquer, c’est bien; agir, c’est mieux!

Engagement

Dans quatorze groupes régionaux de Greenpeace Suisse, les bénévoles s’engagent pour la p ­ rotection de l’environnement avec force, c ­ réativité et passion.

qui m’a fait connaître le groupe. J’ai eu envie de plonger dans cette action à la fois cohérente et passionnante», explique cet ingénieur en informatique. Même après dix ans d’engagement pour Greenpeace, il ne pense toujours pas à arrêter. «L’énergie du groupe me motive toujours autant. Nous sommes des bénévoles, mais aussi des amis.»

Photo: ©  Greenpeace / Cané Basguerboga

Texte: Danielle Müller, Greenpeace Suisse

«Réveillez-moi de ce cauchemar», déclame le rappeur Samy Deluxe sur la place des Cordeliers à Bâle. La chanson est diffusée par deux énormes hautparleurs fixés sur une carriole, qui est tirée à travers la ville. Derrière, des centaines de p ­ er­son­nes chantent et se balancent en rythme. Elles participent à la cinquième marche contre Bayer et Syngenta, manifestant ensemble pour une agriculture écologique, sans pesticides toxiques ni génie génétique. Quand ça bouge pour l’environnement, Greenpeace n’est pas loin: le groupe régional bâlois a aidé à préparer la marche de protestation et certains de ses membres font partie du service d’ordre. En tant que peacekeepers, ils sont responsables de la sécurité et du contrôle du trafic pendant la manifestation, explique Claudio Kohler. Ce dernier, âgé de 26 ans, s’engage b ­ énévolement pour Greenpeace depuis six mois. Sa raison de rejoindre le groupe régional de Bâle? «Critiquer, c’est bien; agir, c’est mieux!» Aujourd’hui, la critique du modèle commercial des grandes entreprises agrochimiques, avec son impact dévastateur pour l’environnement, a mobilisé bien au-delà des bénévoles Greenpeace de Bâle. Le groupe régional vaudois est également présent, en particulier Stéphane Lecorney, qui milite à Greenpeace depuis 2009. «C’est une action de Greenpeace au Forum économique mondial

Cinq raisons de rejoindre un groupe régional:

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Vous avez la possibilité de lutter pour les préoccupations environnementales qui vous tiennent à cœur.

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Les groupes permettent de tisser des liens d’amitié pour la vie.

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Vous pouvez déployer votre créativité et même découvrir en vous des talents cachés.

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L’engagement des groupes régionaux a un réel impact, par exemple l’interdiction des pesticides dangereux pour les abeilles.

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Vous avez enfin une excellente raison de faire du bruit!

Vous souhaitez rejoindre un groupe régional? Plus d’informations sur: greenpeace.ch/fr/magazine/ groupes-regionaux

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International

«IL NOUS RESTE

CINQ À DIX ANS» Pablo Piovano est lauréat du Prix du public du Greenpeace Photo Award 2018. Son travail photographique ­témoigne des protestations des Mapuches de Patagonie (Argentine et Chili), qui luttent pour pouvoir rester sur leurs terres et mettre fin à la destruction de leur environnement. Son œuvre Patagonia, Territory in Conflict a été exposée à la Gesellschaft für Humanistische Fotografie, à Berlin, en août 2019.

Le gisement de pétrole et de gaz de schiste de Vaca Muerta s’étend sur les provinces argentines de Neuquén, Río Negro, La Pampa et Mendoza.

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Enrique Navarreta vit à côté d’une tour de forage et souffre tous les jours du bruit et de la pénurie d’eau.

La région de Vaca Muerta («vache morte») est considérée comme l’un des plus grands gisements de schiste bitumineux au monde. Plusieurs multinationales y pratiquent la fracturation hydraulique, une ­technique aux effets désastreux sur la population et l’environnement. Paul Horsman, responsable de campagne à Greenpeace Argentine, répond à nos questions. lique pratiquée par les compagnies pétrolières, notamment sur les terres des peuples autochtones, menace leur droit à la vie et à la Paul Horsman, quelle culture, et détruit leur environneest la situation actuelle ment. Actuellement, environ 1500 forages sont en exploitation en en Patagonie? Patagonie. D’après les projets du La situation rappelle la ruée vers gouvernement, ce nombre devrait l’or dans le Far West: l’or noir ­attire passer à plus de 50 000. de nombreux travailleurs migrants. La prostitution, la v ­ iolence, Qui est responsable de la consommation de drogues et la fracturation d’alcool augmentent, tandis que ­hydraulique sur place? le logement, le système de santé et l’instruction publique sont dé- La taille du gisement attire toutes passés par la croissance démogra- les multinationales pétrolières, nophique. La fracturation hydrau- tamment Shell, BP, ExxonMobil, Entretien: Danielle Müller Photographie: Pablo Piovano

Equinor (anciennement Statoil) et Total. Shell a récemment annoncé son intention de faire passer sa production pétrolière de 4500 à 70   000 barils par jour d’ici à 2025. Une telle expansion impliquerait la construction de 300 nouveaux puits de forage.

Quels sont les effets de l’extraction de matières premières sur l’environnement? La fracturation hydraulique consiste à injecter un mélange toxique d’eau, de sable et de produits

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International

Les membres de la communauté autochtone de Campo Maripe sont acquittés de l’accusation d’avoir occupé illégalement leurs terres ancestrales.

chimiques dans le sous-sol géologique pour fracturer la roche afin d’en extraire le pétrole et le gaz. Ce processus génère une énorme quantité de déchets hautement toxiques et d’eau polluée, qui correspond à 20 tonnes par f­orage et par jour. Les déchets toxiques sont déversés dans des installations défectueuses et parfois illégales, où ils finissent par contaminer les eaux souterraines. La technique de la fracturation ­hydraulique menace également la terre, l’air et par conséquent la ­santé de la population. Sans parler des catastrophes pétrolières comme les explosions, qui polluent l’environnement et tuent des personnes.

Que fait Greenpeace Argentine contre cette pollution? Nous travaillons en étroite collaboration avec les Mapuches de la région et d’autres peuples autochtones. Nous portons actuellement plainte contre Shell afin de renforcer une action similaire déposée par les Mapuches. Nous avons également enquêté sur les dommages humains et environnementaux causés par les compagnies ­pétrolières, notamment sur l’élimination illégale de déchets toxiques par les entreprises.

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Qu’espérez-vous obtenir par votre travail? Nous voulons mettre fin à l’ex­ pansion de l’industrie pétrolière et gazière. Pour protéger les communautés locales et l’environnement, mais aussi le climat mondial. Si les gisements de matières premières de la Patagonie étaient entièrement exploités et consommés, cela produirait 50 gigatonnes d’émissions de CO2. Nous n’aurions alors plus aucune chance d’atteindre l’objectif de l’Accord de Paris sur le climat, qui est de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C ou 2 °C.

À ton avis, combien de temps faudra-t-il à ­l’humanité pour renoncer aux énergies fossiles? Le rapport actuel du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) déclare que la consommation mondiale de pétrole doit baisser de 37 % et celle de gaz naturel de 25 % d’ici à 2030 pour ne pas dépasser le seuil de réchauffement de 1,5 à 2 °C. Il ne recommande en aucun cas de poursuivre la production de combustibles fossiles comme à Vaca Muerta. Autrement dit: il nous reste cinq à dix ans pour changer de cap.

Que pouvons-nous faire en Suisse pour aider la Patagonie? Veiller à ce que la place financière suisse arrête de promouvoir les combustibles fossiles, et donc de détruire la Patagonie et les moyens de subsistance de la population, comme le fait Credit Suisse avec ses investissements dans des entreprises exploitant des énergies fossiles.

Pourquoi veux-tu ­continuer la lutte contre la fracturation en Patagonie? C’est tout simplement une nécessité. Ne serait-ce que pour dénoncer l’injustice faite aux populations autochtones, qui vivent dans cette région depuis des millénaires. Si l’industrie pétrolière et gazière recule globalement, ce processus n’est pas assez rapide pour sauver la planète et ses habitants.


Des travailleurs sur un forage pétrolier de Shell. Les puits atteignent une profondeur moyenne de 2000 mètres.

L’installation de Shell à Neuquén (Argentine) attire de nombreuses familles à la recherche d’un travail dans l’industrie pétrolière.

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Rétrospective

Le réutilisable, c’est classe voir les contenants réutilisables au quotidien. Chaque jour, la population suisse jette environ un million d’emballages de repas à emporter dans l’espace public. Cela contribue à faire de la Suisse le pays qui, par personne et par année, génère le troisième plus grand volume de déchets en Europe. Réutiliser au lieu de jeter: un geste simple, mais qui réduit considérablement la pollution environnementale. En utilisant un contenant réutilisable deux fois par semaine, on économise 90 emballages jetables par an. Comme le rappelle Anina Mutter: «Même si le ­prochain Refill Day officiel a lieu dans une année, #OneMealZeroWaste c’est tous les jours!»

Photo: © Greenpeace / Miriam Künzli

La nappe blanche brille au soleil de midi, les candélabres étincellent. Avant même l’arrivée des invités, la table dressée sur la place Helvetia de Zurich suscite la curiosité. Les passants se retournent, prennent des photos du banquet. Comme le dit l’affiche, c’est le National Refill Day: une invitation à retirer son repas à emporter dans un contenant réutilisable. Les invités à la tenue élégante qui arrivent vers midi sont des employés de Greenpeace Suisse et la blogueuse Anina Mutter. L’ambiance suggère un dîner à plusieurs services. Mais non! Au moment de commencer, tout le monde sort son contenant réutilisable et savoure son repas. Le premier National Refill Day a été lancé par Greenpeace pour promou-

Renoncez aux emballages jetables pour vos plats à emporter!

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Cuisinez avec des produits frais et respectueux du climat

12,3 milliards

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RĂŠseaux sociaux sans viande

RĂŠtrospective

Entièrement consacrĂŠe aux lĂŠgumes, la Semaine mondiale sans viande s’est dĂŠroulĂŠe du 17 au 23 juin. Pour encourager les personnes Ă participer, Greenpeace a lancĂŠ le dĂŠfi #LessMeatMoreVeg sur les rĂŠseaux sociaux. L’idĂŠe ĂŠtait de renoncer Ă la viande pendant sept jours. Le personnel de Greenpeace Suisse s’est pris au jeu, contribuant avec un grand nombre de Suisses et de Suissesses Ă remplacer la consommation excessive de viande par des lĂŠgumes. En Suisse, l’alimentation est responsable de plus d’un quart de l’impact environnemental total d’un mĂŠnage. Ce sont surtout les produits d’origine animale, donc la viande et le lait, qui posent problème au niveau ĂŠcologique. L’Êlevage reprĂŠsente environ 15 % des ĂŠmissions mondiales de CO2 et se substitue aux forĂŞts et aux habitats naturels. Le mĂŠthane rejetĂŠ par le bĂŠtail aggrave le ­rĂŠchauffement climatique, tandis que le lisier pollue les eaux et l’atmosphère. Ce que nous cuisinons a donc un impact sur notre santĂŠ, mais aussi sur l’Êtat de la planète.

eg V e r o M eat M s s e #L

Entre 2015 et 2017, UBS et Credit Suisse ont investi dans 47 entreprises exploitant des combustibles fossiles particulièrement polluants. Les deux banques ont fourni un total de 12,3 milliards de dollars à ces entreprises.

½ En 2017, la Banque nationale suisse a versĂŠ 7,4 milliards de francs Ă des entreprises dont la consommation de CO2 est particulièrement ĂŠlevĂŠe. Si ce montant avait ĂŠtĂŠ investi dans des entreprises respectueuses du climat, cela aurait ­r ĂŠduit de moitiĂŠ les 48,5 millions de tonnes d’Êmissions de CO 2 financĂŠes par la BNS.

22 fois L’ensemble de la place financière suisse (banques, assurances et caisses de pension) gĂŠnère 1100 millions de tonnes de CO2 par annĂŠe en raison de ses investissements mondiaux dans les ĂŠnergies ­fossiles comme le charbon, le pĂŠtrole et le gaz naturel. Ce volume est vingt-deux fois plus ĂŠlevĂŠ que les ĂŠmissions annuelles t­otales de la Suisse (environ 50 millions de tonnes).

30 % Il existe aussi des exemples à suivre: en 2017, le rÊassureur Swiss Re dÊcide de ne plus proposer de prestations d’assurance ou de rÊassurance aux entreprises qui tirent plus de 30 % de leurs revenus de l’extraction ou de la production d’ÊlectricitÊ à partir du charbon.

4 Ă 6 °C Les investissements de la place financière suisse soutiennent actuellement une hausse de la tempĂŠrature de 4 Ă 6 °C. La Suisse est donc très loin des 1,5 Ă 2 °C dĂŠfinis par l’Accord de Paris sur le climat.

Sources: Greenpeace, Artisans de la transition, Office fÊdÊral de l’environnement


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DU ­ MAUVAIS CÔTÉ DE LA

Reportage

FRONTIÈRE TOXIQUE Au Canada, l’industrie pétrolière ­façonne des régions entières. Les conséquences sont catastrophiques pour l’environnement, le climat et la ­population, en particulier les peuples ­autochtones. Texte: Laurence Butet-Roch Photographie: Ian Willms


Ce lac artificiel près de Fort McMurray (Alberta) est l’un des effets collatéraux de la fracturation hydraulique. Il renferme des substances toxiques qui polluent le système hydrau-­ lique local.

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Ian Willms a remporté le prix du jury du Greenpeace Photo Award 2018. Cela fait huit ans que ce photographe s’intéresse non seulement aux sables bitumineux de la province de l’Alberta et à l’extraction des ressources, mais aussi à la culture, à l’environnement et à l’économie du Canada. La série As Long as the Sun Shines, qui rend compte des conséquences pour la société canadienne d’une focalisation sur la croissance économique, a été exposée en août dernier dans les locaux de la Gesellschaft für Humanistische Fotografie à Berlin. On pourra la voir à la COALMINE de Winterthour en octobre.

L’orage menace au-dessus de la réserve des Aamjiwnaang à S ­ arnia, dans l’Ontario. Baskut Tuncak se tient au bord de la rivière SainteClaire. Le rapporteur spécial des Nations unies sur les incidences sur les droits de l’homme de la gestion et de l’élimination écologiquement rationnelles des produits et déchets dangereux vient d’apprendre qu’en 1985, plus de 11 000 litres de solvants provenant d’une usine de Dow Chemical s’étaient déversés accidentellement dans le cours d’eau. Ce n’est pas pour rien que la région autour de Sarnia est surnommée la Chemical Valley: sur une surface de plus de 40 kilomètres carrés, on dénombre pas moins de 62 raffineries de pétrole et usines chimiques. Le voyage du rapporteur au Canada touche à sa fin. C’est ici qu’il a entendu cette plaisanterie: «Quand on pêche un brochet ici, mieux vaut le tenir par la queue et le secouer énergiquement deux fois, comme un vieux thermomètre, pour que le mercure se concentre dans la tête.» Il a pu constater que les raffineries et les usines de la vallée étaient situées à proximité immédiate des maisons d’habitation, certaines ne sont même séparées que par une simple clôture. Un autochtone lui a expliqué que les gens avaient fini par s’habituer à cet environnement pollué, que lui-même n’avait réalisé que tardivement que les nuages se formaient naturellement. Lorsqu’il était enfant, il croyait qu’ils sortaient des cheminées d’usines.

Impact sur les naissances

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Il y a pourtant belle lurette que les Aamjiwnaang savent qu’un aussi grand nombre d’usines chimiques et de raffineries sur un espace aussi restreint constitue une menace pour leur santé. Au début des années 2000, des enquêtes ont montré qu’en matière de naissances, la disparité entre les sexes se creusait: on recensait soixante-cinq ­bébés de sexe féminin pour trente-cinq de sexe masculin, au lieu de cinquante de chaque sexe. Or de tels écarts ont été observés dans d’autres régions du monde où les populations sont exposées à des substances toxiques identiques. En 2004 et en 2005, Ada Lockridge, une militante Aamjiwnaang, a interrogé des membres de sa communauté sur leurs antécédents médicaux et a cartographié leurs réponses pour mettre en évidence les types de cancer, les maladies chroniques des

Des autochtones Aamjiwnaang participant au concours de pêche au brochet annuel sur la rivière Sainte-­ Claire dans leur réserve en Ontario. Baignade (en réalité) interdite: des panneaux alertant du danger des matières toxiques avaient été posés le long de la rivière Sainte-Claire où joue la jeune Mackenzie, mais ils ont presque tous été enlevés.


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voies respiratoires, les fausses couches, et ainsi de suite. Les résultats de l’enquête étaient sans équivoque. Si l’échantillon de 850 personnes a été jugé trop réduit pour qu’on puisse en tirer un bilan au niveau scientifique, les autorités du comté ont néanmoins réagi et mandaté leur propre enquête en 2007. Les analyses n’ont pas révélé de taux alarmants, ce qui n’a rien d’étonnant si l’on sait que la ­plupart des 123 000 habitants ne vivent pas dans un périmètre de 25 kilomètres autour des usines chimiques. «Pourquoi dois-je me battre aussi durement?», se demande Lockridge. «Cela ne devrait pas être à nous de rassembler toutes les informations afin de pouvoir tout prouver. C’est au gouvernement qu’il incombe de faire des ­recherches et de prendre les mesures qui s’imposent.»

Du mercure, de l’arsenic et des quantités d’eau considérables Le pétrole qui est traité à Sarnia provient de zones reculées et est acheminé dans la Chemical Valley par des pipelines. L’un des gisements les plus importants se trouve à plusieurs milliers de kilomètres au nord-ouest de la province de l’Alberta. Le sous-sol y ­recèle d’immenses quantités de pétrole, mais pas sous une forme ­liquide que l’on pourrait pomper jusqu’à la surface à l’aide de ­derricks. Ce gisement de sables bitumineux couvre une surface plus grande que l’Angleterre. Le pétrole se présente sous forme de ­bitume, l’asphalte de nos routes. Il est extrait soit à ciel ouvert, ce qui laisse de gigantesques cicatrices dans le paysage, soit au moyen de la méthode in situ, qui consiste à liquéfier le pétrole dans le sol, puis à le pomper jusqu’à la surface. Pour cela, on utilise des produits chimiques hautement toxiques comme le mercure ou l’arsenic. Comme à Sarnia, dans la province de l’Alberta, ce sont surtout les autochtones qui en souffrent.

Des taux de cancers alarmants

Chelsea et Wade disent adieu à leur bébé: les fausses couches et les enfants mort-nés font partie du triste quotidien des habitants de Fort McKay (Alberta). Arianna dans le jardin de son grand-père à Buffalo (Alberta). Aveugle, la fillette souffre de tumeurs au cerveau. Ses parents sont convaincus que ses problèmes de santé viennent de la pollution due à l’extraction des sables bitumineux.

Fort Chipewyan se trouve à environ 200 kilomètres en aval du ­gigantesque gisement de sables bitumineux d’Athabasca, dans la province de l’Alberta. La population du hameau se compose surtout d’autochtones. C’est là que le docteur John O’Connor a travaillé de 2000 à 2015. À l’époque, il a été frappé par le nombre de cas de cancer des voies biliaires alors que, normalement, seule une personne sur 200 000 développe cette forme de cancer plutôt rare. «À partir du moment où je me suis installé à Fort Chipewyan, cinq cas ont été enregistrés, pour une population de 1200 habitants», confirme O’Connor. Il ne pense pas qu’il s’agit d’un hasard, étant donné l’ampleur des changements induits par l’extraction de sables bitumineux en aval. Les autorités canadiennes et les compagnies pétrolières nient toute relation entre les changements environnementaux et

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l’industrie pétrolière. De nombreux habitants déplorent que les ­inquiétudes de la population ou les observations concernant la multiplication des cas soient balayées d’un revers de main. Le docteur O’Connor en a fait l’expérience lorsqu’il a exprimé publiquement ses craintes. En 2007, il a reçu une lettre de réclamation du College of Physicians and Surgeons de l’Alberta, l’autorité de régulation médicale de la région. On lui reprochait de sonner l’alarme de manière prématurée, d’avoir dissimulé certaines informations et instillé la défiance. Il a fallu deux ans avant qu’il ne soit réhabilité. Les autorités chargées de recenser les cas de cancers dans cette province avaient, certes, constaté un taux de cancers 30 % plus élevé à Fort Chipewyan que dans une commune de même taille et avec une démographie similaire. Elles firent toutefois valoir qu’aucune interprétation des résultats n’était possible en raison du faible nombre d’habitants à Fort Chipewyan. Les autorités ne sont donc pas enclines à faire pression sur les compagnies pétrolières. Cellesci n’ont pas à prouver que l’extraction pétrolière n’a pas de conséquences sur l’environnement. «Le principe de précaution est resté en rade», déplore le docteur O’Connor. Certes, les entreprises sont tenues de respecter les normes de qualité de l’air fixées par la région, mais c’est à elles qu’il incombe de réaliser les études corres­ pondantes. Or aucun règlement ne définit les méthodes de mesure. Certaines sont rigoureuses, d’autres un peu moins .

Négocier au lieu de se battre «On n’arrive pas à grand-chose lorsqu’on se bat contre les compagnies pétrolières», constate Lisa Tssessaze d’un air pensif. La directrice de Dene Lands and Resource Management (DLRM), qui a défendu pendant dix ans les intérêts des membres de la Première Nation crie de Mikisew, poursuit: «Les compagnies pétrolières obtiendront les permis de toute façon.» Lisa Tssessaze a donc misé sur des négociations avec les industriels. Après avoir lutté pendant une dizaine d’années contre les projets menaçant l’environnement, les Cris ont finalement signé l’an dernier un accord de participation avec la société Teck Resources Ltd, qui compte extraire 260 000 barils de pétrole par jour à 30 kilomètres de la réserve des autochtones. L’objectif des Cris est de générer des fonds pour créer un État souverain. Lisa Tssessaze, négociatrice expérimentée, est convaincue qu’ils sont sur la bonne voie: «Si nous parvenons à devenir autosuffisants et à mettre en œuvre notre propre plan, à savoir produire une énergie propre, nous réussirons aussi à sortir de la dépendance à l’égard des sables bitumineux.»

Des cabanes contre des pipelines 24

Dans d’autres endroits du Canada, les autochtones continuent de résister. Différents groupements essaient d’empêcher la construc-

En haut à gauche: «Pourquoi dois-je me battre aussi durement?» La militante autochtone Ada Lockridge chez elle, dans l’Ontario. En haut à droite: avec leur camp Spirit of the Buffalo dans la province du Manitoba, les autochtones veulent stopper la reconstruction de la ligne 3 d’Enbridge. Geraldine McManus et Alma Kakikepinac prient pour que le projet d’Enbridge soit abandonné.


25


Reportage

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tion de nouveaux pipelines au moyen d’occupations. Depuis l’automne 2017, la Nation autochtone des Secwepemc en Colombie-­ Britannique a érigé dix cabanes sur le tracé prévu pour le réseau d’oléoducs Trans Mountain, qui doit traverser le territoire appartenant aux Premières Nations. Le gouvernement canadien n’a donné le feu vert à son extension que cette année, à la mi-juin, dix-huit heures après que le Premier ministre Justin Trudeau eut déclaré l’état d’urgence climatique. Un camp du même genre, même s’il est un peu plus petit, existe dans la province du Manitoba, au-dessus de l’oléoduc de la ligne 3 d’Enbridge, un pipeline long de 1660 kilomètres, d’une importance cruciale pour l’acheminement du pétrole brut extrait des sables bitumineux vers les raffineries de la Chemical Valley. Cet ouvrage doit être remplacé par un nouveau pipeline ayant une capacité de transport presque deux fois plus grande. «Être assise sur un oléoduc, ce n’est pas vraiment ce que j’avais imaginé pour ma retraite, déclare en riant Geraldine McManus, mais les ancêtres m’ont demandé de le faire.» Elle a créé le camp Spirit of the Buffalo en juillet 2018 pour attirer l’attention sur ce qui coule sous terre et faire obstacle au projet de la multinationale canadienne du transport de l’énergie Enbridge. «Est-ce que je vais réussir à obtenir quelque chose? Qui sait. Mais je peux en tout cas manifester notre indignation. Et je prie. Je prie pour que le pipeline ne se brise pas et qu’il n’y ait pas de fuites qui causent des dégâts. Actuellement, il n’est pas en fonction. Est-ce que j’y suis pour quelque chose? Je n’en sais rien. Mais je crois à la force de la prière.»

Une procédure judiciaire sans précédent

Ce qu’il reste d’un immeuble de la banlieue de Fort McKay après le gigantesque incendie de 2016. L’extraction de combustibles fossiles ayant aggravé le changement climatique, les incendies sont toujours plus violents. Des voitures calcinées attendent d’être identifiées par leur propriétaire sur le parking de la fourrière de Fort McKay.

L’extraction de ressources minérales a été l’une des pierres angulaires du développement du Canada, nation d’émigrants. Le secteur de l’énergie représente 10 % du produit intérieur brut, mais ­menace des groupes entiers de la population. Une refonte de la bureaucratie nationale serait nécessaire pour procéder à des corrections. Les autochtones cris de Beaver Lake, au sud de la région des sables bitumineux de l’Alberta, ont déposé une requête sans précédent à cet effet devant le tribunal. La pollution croissante résultant de l’extraction de combustibles fossiles à l’intérieur de leur territoire traditionnel menace directement leur mode de vie et enfreint, selon eux, l’article 35 de la Constitution qui reconnaît aux peuples autochtones les droits contractuels définis. Des contrats avec l’État canadien leur garantissent ainsi le droit de chasser et de poser des pièges, de pêcher et de cueillir des plantes médicinales sur l’ensemble de leur territoire pour une durée indéterminée. Tout acte qui empêche l’exercice de ces activités est considéré comme une rupture de contrat. Il ne s’agit pas seulement, dans le cas présent, des substances toxiques auxquels les membres de la communauté crie de

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Beaver Lake sont exposés, mais de leurs conséquences: les Cris perdent leur source de nourriture traditionnelle et sont les témoins impuissants de la destruction de la terre avec laquelle ils vivent en symbiose. Ils sont exposés à un stress quotidien parce qu’ils ne savent pas ce qui se trouve dans l’air qu’ils respirent, dans l’eau qu’ils boivent et dans la terre qu’ils cultivent, et parce qu’on les empêche de pratiquer leurs coutumes traditionnelles. Les accusations que profèrent les autochtones sont graves et les responsables incriminés essaient d’affaiblir les autochtones cris au moyen de manœuvres dilatoires. «Le gouvernement a déjà utilisé tous les instruments dont il dispose. Il sait parfaitement que les ressources des Cris seront bientôt épuisées s’il continue d’autoriser l’extraction de pétrole», explique l’avocate Karey Brooks, qui représente les autochtones, tout en ajoutant que la manière dont l’État procède pose également la question de savoir si les citoyens ont tous les mêmes droits. Inscrire le droit à un environnement sain dans la Constitution serait à cet égard utile pour les autochtones. De nombreux pays l’ont déjà fait. Les organisations de défense de l’environnement appellent aujourd’hui le Canada à faire de même avant les élections d’octobre 2019. Au terme de son voyage, le rapporteur spécial de l’ONU Baskut Tuncak constate: «Il est frappant de voir comment ces minorités, en particulier les Premières Nations, se retrouvent du mauvais côté de la frontière toxique et doivent vivre dans des conditions que d’autres régions du Canada trouveraient inacceptables.»

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Auteur: Laurence Butet-Roch, journaliste indépendante et photographe, rend compte depuis des années de la réalité que vivent les Aamjiwnaang dans leur pays natal, le Canada.


Smartphone

Décryptage

24 milliards de Go de données

5,4 g de cobalt 111 kg de CO2

20 % de recyclage

10 milliards d’appareils Utiliser son smartphone plus longtemps réduit son impact climatique. Donc:

Dans quelle mesure les flux vidéo, les médias sociaux, etc. influencent-ils le réchauffement climatique?

1 2 3

Attendez le plus longtemps possible pour en changer Faites réparer votre smartphone s’il tombe en panne Choisissez un appareil avec des composants ­interchangeables (Fairphone, p. ex.)

Données

Recyclage

Cobalt

Quantité

CO2

En 2018, plus de 24 exa­ octets (soit 24 milliards de giga­octets) de ­données ont été échangés chaque mois par ­téléphone mobile. Et ce volume ne cesse ­d’augmenter. Les centres de données n’étant pas exploités avec du courant re­ nouvelable, l’empreinte écologique en CO2 du monde numérique augmente.

Seul un cinquième des déchets électroniques produits dans le monde sont recyclés correc­ tement. Les quatre ­cinqui­èmes restants aboutissent dans des décharges, sont ­incinérés ou démontés dans des ateliers ­clandestins, mettant en péril la santé des ­communautés locales.

On en trouve surtout dans les batteries des téléphones. Ce minerai de fer est principalement exploité au Congo, avec des conséquences désastreuses pour les humains et l’environnement. Les smartphones contiennent d’autres métaux tout aussi problématiques.

Le iPhone a été commercialisé pour la première fois en 2007. Depuis, plus de 10 milliards d’appareils ont été produits, plus que le nombre actuel d’habitants de la planète.

Un smartphone utilisé pendant trois ans génère en moyenne l’équivalent de 111 kg de CO2, soit à peu près la quantité de CO2 émise par une voiture parcourant la Suisse de Zurich à Genève et retour. 73 % du CO2 est imputable à la production.

Sources: rapport de Greenpeace Les dégâts de 10 ans de smartphone, Öko-Institut, Ericsson Mobility Report, Comparis, IDC

Texte: Thomas Mäder. Photo: Anja Wille Schori


Décision

Votez-vous?

Oui

Non Pourquoi pas?

Sensibilité écologique des partis en % Verts 98,4 PS 97,1 PEV 91,2 Vert’libéraux 91,1 PBD 64,2 PDC 48,5 PLR 21,5 UDC 4,8 Source: ecorating.ch/fr

Je ne sais pas Zoë Maire s’y connaît en politique. Cheffe du domaine Easyvote et de l’application Votenow qui l’accompagne, cette jeune Bernoise de 28 ans aimerait inciter davantage de jeunes de 18 à 25 ans à participer aux votations et aux élections. Car ce sont eux, en fin de compte, qui devront supporter les conséquences des décisions prises aujourd’hui, notamment le réchauffement climatique. Inutile de leur expliquer qu’ils sont directement concernés. Mais on peut leur montrer comment influencer la politique actuelle, car voter n’est pas si simple. C’est là qu’intervient Easyvote. On y ex-

Voir Le mot de la fin, page 35.

plique aux jeunes la politique de manière simple, compréhensible et neutre. Pour Zoë Maire, ce dernier aspect est crucial: les jeunes doivent pouvoir se former leur propre opinion. À titre personnel, elle souhaiterait que le Parlement élu en octobre mette en œuvre une politique plus respectueuse du climat. Vous trouverez toutes les informations concernant ce thème sous easyvote.ch. Une longue interview de Zoë Maire est publiée sous greenpeace.ch/fr/magazine/decision. Photographie: Isabel Truniger est photographe à Zurich. Elle pratique son deuxième métier, jardinière, avec la même passion et précision.

Cela ne m’intéresse pas


Débat

Quelle économie pour sauver le climat?

La protection du climat et le capitalisme sont-ils compatibles? La question fait débat entre les jeunes qui se mobilisent. Texte: Eva-Maria Schleiffenbaum, Greenpeace Suisse

La croissance illimitée ne peut pas ­fonctionner dans un monde limité. Mitra Tavakoli

Oscar Kläsi, lycéen

Mitra Tavakoli, étudiante en géographie

Tu participes aux rencontres nationales des jeunes qui s’engagent pour le climat. Le changement de système est-il une ­option discutée?

Le slogan System change, not climate ­change est relayé un peu partout. Quel est le changement de système que tu préconises?

Et comment! Mais après de longues dis­ cussions, nous avons décidé de ne pas nous éterniser sur ce débat. Notre clause complémentaire est une sorte de compro­ mis: si nos objectifs ne sont pas réali­ sables dans le système actuel, un change­ ment de système sera nécessaire. La majorité prône un changement de sys­ tème, car les Jeunesses socialistes sont très actives au niveau national. Person­ nellement, je ne soutiens pas cette idée. Au contraire, ce type de revendication très

Je ne peux pas parler au nom de tout le mouvement. Mais beaucoup souhaitent, comme moi, une autre forme d’économie, qui tiendrait davantage compte de l’environnement et des êtres humains. Parce que la croissance illimitée ne peut pas fonctionner dans un monde limité. Il faut en finir avec la surconsommation des ressources. Le capitalisme porte atteinte à la nature, mais aussi aux êtres humains, car il favorise l’égoïsme et une consommation effrénée.

Face au ­réchauffement climatique, il faut agir­ ­immédiatement. Oscar Kläsi

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à gauche pourrait dissuader d’autres personnes de rejoindre le mouvement.

Qu’est-ce qui t’a donné envie d’agir?

Tu n’es donc pas critique à l’égard du ­système?

Nous devrions toujours être un peu critiques à l’égard du système. Mais il n’existe pas de modèle unique qui résoudrait tous les problèmes dans le monde. Et de toute façon, la mise en œuvre d’un tel modèle prendrait beaucoup trop de temps. L’urgence du réchauffement climatique nous oblige à agir immédiatement. Comment concilier croissance illimitée et protection du climat?

Il faut utiliser le système pour enrayer le changement climatique. Ceux qui nuisent au climat doivent payer. C’est mon objectif principal. Il est inacceptable que l’essence soit si bon marché alors qu’elle est tellement destructrice! Les émissions de CO2 doivent être taxées.

Le capitalisme porte atteinte à la nature et favorise l’égoïsme. Mitra Tavakoli

Le mode de vie véhiculé par le capitalisme me donne un sentiment de profonde insatisfaction. C’est pourquoi je suis devenue militante écologiste. Pour moi, le principe de la sobriété et le vivre ensemble sont essentiels. Depuis un an et demi, je n’achète plus de nouveaux appareils électroniques ou de vêtements neufs. C’est devenu tout à fait normal pour moi. La satisfaction intérieure que j’en retire est ma plus grande motivation. Quel système économique serait la solution?

Il n’existe pas de système parfait. La solution consiste à tester et à combiner différentes approches économiques. Par exemple le revenu de base universel ou la régionalisation de l’économie, qui se traduiraient par des trajets plus courts pour aller travailler ou transporter des biens. Personnellement, j’évite de parler de changement de système.

Par où faudrait-il commencer, selon toi?

Le capitalisme a fortement stimulé le progrès technologique. Pour réduire l’impact sur l’environnement, il faut investir dans la recherche. Nous devons investir davantage dans la croissance de l’éducation, et moins dans la croissance matérielle. Et pour que la Suisse reste compétitive, il faut que plusieurs pays s’unissent pour miser uniquement sur les énergies écologiques. On connaît l’existence de la crise climatique depuis des décennies. Pourquoi ces mesures ne sont-elles pas mises en œuvre?

Je pense que les gens ne sont tout simplement pas conscients de la gravité de la crise climatique. Ou bien ils essaient de ne pas y penser, car cela ne coûte presque rien de faire le tour du monde en avion … Pour moi, c’était pareil. Et puis le mouvement de la grève pour le climat m’a fait ­réfléchir. Dès qu’on prend conscience de l’urgence, on sait qu’il faut agir. La seule question qui reste est de savoir comment.

Illustration: Jörn Kaspuhl, www.kaspuhl.com Eva-Maria Schleiffenbaum, porte-parole de ­Greenpeace Suisse, est spécialiste pour le plastique et les produits à usage unique.

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Il faut utiliser le système pour enrayer le changement climatique. Oscar Kläsi

Pourquoi?

Avant même de pouvoir s’expliquer, on est tout de suite considéré comme communiste. Je préfère parler de bon sens. Sortir de la société de la performance et de la consommation, c’est favoriser un mode de vie social et respectueux de l’environnement. Nous aurions plus de temps pour nous occuper des choses importantes, nous soutenir mutuellement et protéger l’environnement ... Penses-tu que tu verras ce changement de ton vivant?

(Rires …) Je sais que la situation politique actuelle ne fait pas rêver. D’un point de vue réaliste, je pense que je ne verrai pas personnellement le changement qui doit se produire … Mais les choses sont en train de changer. Le mouvement pour le climat me donne du courage et de l’élan. Et je compte sur les élections parlementaires de l’automne. J’espère que nous arriverons à exercer une pression suffisante pour faire bouger les choses en Suisse, puis en Europe …


CRISE DE LA LIBIDO Des chercheurs américains ont étudié les effets de la canicule sur le taux de natalité. Résultat: neuf mois après plusieurs journées où le thermomètre a dépassé les 27 °C, il est né beaucoup moins de bébés aux États-Unis. Selon ces scientifiques, avec la crise climatique qui s’accentue et des étés toujours plus chauds, le taux de natalité devrait sensiblement baisser, d’environ 2,6 % à la fin du XXIe siècle. Mais pourquoi les périodes de canicule fontelles chuter le taux de naissances? Les chercheurs proposent deux explications possibles: premièrement, les hautes températures auraient des effets négatifs sur la fécondité; deuxièmement, la «fréquence coïtale» diminuerait pendant les jours de canicule. Autrement dit, une chaleur torride réduirait la libido.

ntés écologiques – mes volontés écologiques – mes volontés écologiques – mes volontés écologiques – mes volontés écolo

Éclairage

«Je n’ai jamais eu de mal à évoquer ma mort»

Kurt Aeschbacher, 70 ans, a travaillé pendant trentecinq ans à la Radio-Télévision suisse. Il s’engage pour la protection de la nature et des animaux.

«J’ai toujours été conscient de ma propre finitude. Le fait que notre existence soit limitée dans le temps nous incite à nous rappeler régulièrement au cours de notre vie combien ce temps est précieux. Cela m’a aidé à poser un regard critique sur mes objectifs dans la vie et ma relation aux autres, et au besoin à les corriger de manière radicale. Aujourd’hui, je suis heureux de n’avoir jamais eu de mal à parler à mes proches de ma mort et de la manière dont je souhaiterais partir le jour venu. J’ai couché par écrit ce qui me paraît important et j’en ai informé toutes les personnes impliquées. Comme je n’ai pas d’héritier direct et que je vis avec mon partenaire, il est important de prendre de telles dispositions. On ne meurt pas juste après avoir réglé sa succession, et cela aide à y voir plus clair.»

Pour commander le guide gratuit sur les ­testaments: anouk.vanasperen@greenpeace.org, tél. 022 907 72 75, fr.greenpeace.ch/legs


Énigme sur le magazine Greenpeace

Énigme

1

Quelle fonction les bénévoles de Greenpeace ont-ils assumée lors de la marche contre Bayer et Syngenta?

5

G Beekeeper V Goalkeeper E Peacekeeper

2

Quel sera, selon des scientifiques, le pourcentage de la baisse de natalité aux ÉtatsUnis à la fin du XXIe siècle en raison du changement climatique? A H X

3 4

B WWF V Extinction Rebellion F Association suisse pour la protection du climat

6

2,6 % 30 % 15 %

Comment peut-on réduire l’impact d’un smartphone sur le climat? O N Q

7

Que signifie Vaca Muerta? P O S

Comment s’appelle l’association qui ­s’engage pour une meilleure protection du ­climat au moyen de la désobéissance civile?

pays mort arbre mort vache morte

Combien de pesticides contenant du chlorpyriphos et du chlorpyriphos-méthyl sont désormais interdits dans l’agriculture? R 22 Y 12 C 32

en l’utilisant plus longtemps en le nettoyant plus souvent en l’éteignant plus souvent

Que fallait-il faire pour participer au challenge #LessMeatMoreVeg? D ne manger que du poisson pendant cinq jours T ne pas manger de viande pendant sept jours U ne rien manger pendant trois jours

8

Quelle augmentation de la température les investisseurs de la place financière suisse soutiennent-ils actuellement? J Z E

de 0 à 2 °C de 2 à 4 °C de 4 à 6 °C

Solution:

Quatre heureux gagnants choisis par tirage au sort se verront offrir le livre En finir avec le plastique de Will MacCallum. Un livre d’initiatives positives qui nous encouragent à changer nos habitudes pour en finir avec notre dépendance au plastique. Envoyez la solution par courriel à redaction@greenpeace.ch ou par courrier à Greenpeace Suisse, rédaction magazine, énigme écologique, case postale 9320, 8036 Zurich. Délai: le 28 octobre 2019. Le recours à la voie juridique est exclu. Aucun échange de courrier n’aura lieu concernant le tirage au sort.

34

La solution de l’énigme du magazine 02/2019 était: Beluga


Le mot de la fin

Voter pour l’avenir du climat

Le 20 octobre 2019 sera une journée décisive pour la Suisse. Nous aurons la possibilité de choisir notre avenir, car nous élirons un nouveau Parlement. J’espère vraiment que la question du climat occupera une place centrale lors de ces élections, ainsi que l’ont proclamé divers groupements. Des dizaines de milliers de personnes manifestent depuis des mois, exigeant des mesures ­politiques cohérentes en faveur de la protection du climat. Les jeunes demandent un avenir digne d’être vécu et ­attendent de notre part un comportement responsable. Une nouvelle Assemblée fédérale pourrait satisfaire leurs exigences. Des pays comme le Danemark, la Suède, les Pays-Bas et la Grande-Bretagne donnent l’exemple, avec des objectifs climatiques ambitieux. La Suisse, par contre, est à la traîne. Les élections cantonales de ce printemps à Zurich, à Lucerne et à Bâle-Campagne, de même que les élections européennes, montrent que les populations souhaitent un changement. Chacune et chacun d’entre nous peut et doit apporter sa contribution à la protection du climat. Mais il est tout aussi urgent de susciter un changement au niveau politique. Des réglementations contraignantes sont nécessaires pour créer les conditions d’un changement en matière de transports, d’immobilier, d’énergie, d’agriculture, de subventions, mais aussi au niveau des investissements des banques et de l’exploitation des entreprises. C’est le seul moyen de concrétiser notre vision «zéro émission de CO2» en Suisse. J’espère donc que les gens qui descendent dans la rue se rendront aux urnes et participeront, car chaque voix compte. Choisissons notre avenir, allons voter!

Iris Menn Directrice de Greenpeace Suisse


Petit lexique de la crise climatique

Effet de serre Dans notre atmosphère, on trouve plus d’une centaine de gaz à effet de serre qui agissent comme une cloche de verre pour la planète, laissant entrer la lumière solaire et empêchant la chaleur rayonnée de s’échapper. Sans ces gaz, il ferait sur Terre une température moyenne de – 18 °C. Toutefois, en raison des émissions de CO 2 dues aux activités humaines, la chaleur retenue est trop grande. Résultat: la Terre est en surchauffe.

Méthane Le méthane n’est pas imputable qu’aux vaches! Outre l’élevage bovin, la culture du riz et l’extraction de gaz naturel font que 60 % des émissions de méthane sont d’origine humaine. De plus, le pergélisol de l’hémisphère Nord recèle d’immenses quantités de méthane qui, si le réchauffement climatique devait s’amplifier, seraient relâchées dans l’environnement. Or le méthane est quasiment l’ennemi n° 1 du climat: ses effets sont vingt-cinq fois plus élevés que ceux du CO2.

ppm Cette abréviation signifie «partie par million», c’està-dire un millionième. Cette unité de mesure est employée pour indiquer la teneur en CO2 dans l’atmosphère terrestre. Quand les premières mesures ont été réalisées en 1958, elle était d’environ 316 ppm; aujourd’hui, on en est à 415 ppm de CO2.

Exploitation des sables bitumineux Cette exploitation est notamment pratiquée dans la province de l’Alberta, au Canada, où des gisements de pétrole de l’ordre de 170 milliards de barils sont emmagasinés dans le sol de la forêt. Ce pétrole étant mélangé à du sable, il faut défricher la forêt et enlever le terreau de surface pour extraire le sable bitumineux. Le pétrole est ensuite séparé du sable. Il en résulte des eaux usées toxiques, des paysages lugubres et d’énormes émissions de CO2.

CCS CCS signifie Carbon Capture and Storage, soit «captage et stockage du dioxyde de carbone». Il s’agit d’un procédé qui doit permettre de filtrer le CO2 présent dans l’atmosphère et de le stocker. Le CO2 produit dans une centrale serait ainsi capturé et dirigé vers le sous-sol. Cette technique n’est toutefois pas encore au point et recèle de nombreux risques pour l’environnement. De plus, on peut craindre qu’elle serve d’argument pour freiner la réduction des émissions de CO2.

Paludisme Le paludisme ou malaria est une maladie tropicale transmise par des moustiques. 90 % des cas surviennent en Afrique, les 10 % restants en Asie et en Amérique. En Suisse, le paludisme n’est connu que comme maladie liée au tourisme. Toutefois, si la Terre devait se réchauffer de 3 à 5 °C, l’Europe centrale pourrait à nouveau devenir une région de paludisme, car les moustiques introduits survivraient assez longtemps pour se propager.


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Patti Basler est une poète de la scène, une artiste de cabaret et une femme de lettres. Elle est en tournée en Suisse alémanique avec son programme Nachsitzen. En 2019, elle a reçu le Prix Walo pour son spectacle et est actuellement lauréate du Salzburger Stier.


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