Greenpeace Member no 04 / 20
Engagement
Vague de plaintes à Strasbourg p. 9
Changement de climat au Palais fédéral
International
Vague de chaleur en Russie p. 12
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Un cadeau durable Vous ne savez pas quoi donner pour Noël? Faites plaisir à quelqu’un en lui offrant une adhésion à Greenpeace.
Voici comment procéder:
Couverture: Xaviera Altena travaille comme illustratrice indépendante à Rotterdam (Pays-Bas). Elle s’intéresse à la musique des années 1990, à la cuisine et aux questions sociales. Ses illustrations s’adressent en particulier aux femmes. Sa conviction est que l’on peut changer le monde par la façon de raconter et d’illustrer les histoires.
Éditorial
Il y a un peu plus d’un an, une vague verte balayait le Palais fédéral, débar rassant le Conseil national et le Conseil des États de certaines idées pous siéreuses propres aux vieux messieurs et faisant place au dynamisme d’une nouvelle génération plus jeune et plus féminine. Ces élections historiques du 20 octobre 2019, placées sous le signe du climat et du féminisme, étaient surtout porteuses d’espoir: espoir de sortir du déni face au changement climatique, de voir reculer la phallo cratie et d’obtenir des objectifs clima tiques plus ambitieux et des mesures plus rapides. Que cela chauffe au Palais fédéral! Ces espoirs se sont-ils concré tisés au cours des quatorze derniers mois? C’est ce que nous explorons au fil des pages de ce numéro. Durant six mois, nous avons accompagné deux conseillères nationales et obser vé leur travail en faveur du climat au Palais fédéral (p. 16). Avec l’aide d’une professionnelle, nous avons concocté une recette pour faciliter la partici pation citoyenne (p. 30). Et nous avons invité la science et la politique à discuter de leur coopération mutuelle, qui n’est pas toujours simple (p. 31). La rédaction vous invite à revenir sur une année 2020 qui s’est avérée passionnante en ce qui concerne le climat et les femmes.
Sommaire
Deux femmes de bon conseil Reportage Au Conseil national, Mattea Meyer et Franziska Ryser s’engagent pour une politique écologique porteuse d’avenir.
p. 16
Décryptage
Débat
L’émancipation en politique
Quelle influence pour la science?
p. 29
p. 31
IMPRESSUM GREENPEACE MEMBER 4 / 2020 Éditeur / adresse de la rédaction: Greenpeace Suisse Badenerstrasse 171 Case postale 9320, 8036 Zurich Téléphone 044 447 41 41 redaction@greenpeace.ch www.greenpeace.ch Équipe de rédaction: Danielle Müller (responsable), Manù Hophan (iconographie) Relecture/fact-checking: Marc Rüegger, Danielle Lerch Süess Traduction en français: Karin Vogt Auteures et auteurs: Anja Conzett, Inna Hartwich, Marco Morgenthaler, Eva-Maria Schleiffenbaum, Christian Schmidt Photos: Joël Hunn, Anja WilleSchori, Isabel Truniger Illustrations: Andy Fischli, Jörn Kaspuhl Couverture: Xaviera Altena Graphisme: Raffinerie Lithographie: Marjeta Morinc
Impression: Stämpfli AG, Berne Papier couverture et intérieur: 100 % recyclé Tirage: 79 000 en allemand, 13 000 en français Parution: quatre fois par année Le magazine Greenpeace est adressé à tous les adhérents (cotisation annuelle à partir de 84 francs). Il peut refléter des opinions qui divergent des positions officielles de Greenpeace. Avez-vous changé d’adresse? Prévoyez-vous un déménagement? Prière de nous annoncer les changements: suisse@greenpeace. org ou 044 447 41 71. Dons: compte postal 80-6222-8 Dons en ligne: www.greenpeace.ch/dons Dons par SMS: envoyer GP et le montant en francs au 488 (par exemple, pour donner 10 francs: «GP 10»)
Action
p. 4
Progrès
p. 6
Des paroles aux actes
p. 7
Engagement
p. 9
Rétrospective
p. 10
Faits & chiffres
p. 11
International
p. 12
Reportage
p. 16
Décryptage
p. 29
Recette
p. 30
Débat
p. 31
Éclairage
p. 33
Mes volontés écologiques
p. 33
Énigme
p. 34
Le mot de la fin
p. 35
Action
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Photo : © Greenpeace / Joël Hunn
Le monde d’après la première vague du coronavirus commence sur le pont du Diable, dans les gorges de Schöllenen. Qu’est-ce qui a le plus manqué à la population suisse pendant le confinement? Plus de 6000 personnes ont répondu à la question posée par Greenpeace. Le problème n’était pas tant l’absence de shopping ou de voyages que l’impossibilité de prendre quelqu’un dans ses bras. La chanteuse genevoise Licia Chery a mis les réponses en musique et enregistré une chanson dont les paroles ont été projetées sur les parois de la gorge.
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Progrès
Victoire pour le réutilisable Avec la pandémie, les visages se sont couverts de masques jetables bleu clair. Une nouvelle source de pollution pour l’environnement. Greenpeace Suisse a interpellé la Confédération sur la question des masques textiles fabriqués selon des critères de qualité éprouvés. La réaction de la Task Force Covid-19 a été rapide: depuis lors, le site de l’OFSP recommande les masques chirurgicaux jetables uniquement pour les personnes présentant des symptômes de maladies respiratoires. Une décision réjouissante pour l’environnement.
La société taïwanaise FCF est l’un des principaux négociants de thon au monde. Et l’un des plus controversés, puisqu’on lui reproche régulièrement la capture de requins et le recours au travail forcé. Des pratiques scandaleuses détaillées dans le rapport Choppy Waters de Greenpeace Asie de l’Est. Après la publication de ce rapport en mars 2020, le groupe d’investissement international AFT Holdings s’est retiré de la gestion des services pour les usines de transformation du thon de FCF. Un premier pas vers une pêche (du thon) durable.
Échec pour le charbon
En février 2018, des bénévoles de Greenpeace Pays-Bas et de toute l’Europe escaladent une plateforme pétrolière en mer du Nord, près de l’île néerlandaise de Schiermonnikoog. Leur but est de protester contre les forages pétroliers. L’État néerlandais les poursuivra pour violation des règles de sécurité. Dès 2019, un tribunal rejette l’affaire et acquitte toutes les personnes impliquées, mais les Pays-Bas feront appel de cette décision. En juin 2020, l’acquittement est finalement confirmé par le tribunal administratif. Un verdict propre à encourager les manifestantes et manifestants du monde entier!
Photo: © Greenpeace / Bas Jongerius
Victoire pour le droit de manifester Photo: © Greenpeace / Alessandro Vona
La campagne de Greenpeace Italie et d’autres ONG européennes porte ses fruits: la grande banque italienne UniCredit a annoncé sa décision de se retirer du secteur du charbon. Comme elle finance une série de projets et d’entreprises de ce secteur, la banque est considérée comme l’un des plus grands pollueurs en Italie. UniCredit prévoit d’arrêter toute activité dans le charbon d’ici 2028. Un exemple à suivre pour la place financière suisse.
Photo: © Greenpeace / Mark Smith
Échec à la pêche du thon
Des paroles aux actes
«Il n’y a plus de retour en arrière possible»
Visitez le Pavillon du climat: Markus Leupp, cofondateur du Pavillon du climat
Texte: Eva-Maria Schleiffenbaum
Markus Leupp, 49 ans, est ingénieur en informatique. Il y a huit ans, ce père de deux fils et d’une fille menait encore une «vie normale et confortable» dans sa maison à Bülach, raconte-t-il. Un jour, sa compagne décide de renoncer à la viande, pour le bien de l’environnement. Markus Leupp commence alors à s’intéresser à l’impact de l’agriculture industrielle sur le climat: «C’était le premier pas. Depuis, il n’y a plus de retour en arrière possible.» Il réduit son temps de travail à 90 % pour se consacrer à la protection de l’en vironnement. Cela fait deux ans qu’il prend le train au lieu de l’avion pour ses rendez-vous professionnels. Ses connaissances techniques sont très utiles, par exemple pour développer le site
Internet du Pavillon du climat. Depuis juillet, l’ancien kiosque de la place Werdmühle est devenu le lieu de rencontre du mouvement zurichois pour le climat, animé par seize associations. L’une des premières installations du Pavillon du climat est l’œuvre de Markus Leupp et d’un autre bricoleur. Ces deux membres du groupe régional zurichois de Greenpeace ont conçu deux moteurs qui font transiter de faux billets de cent francs d’une banque ironiquement dénommée Carbon Suisse vers une compagnie pétrolière, à côté de laquelle un puits de pétrole souille une surface verte. Une construction qui symbolise la plainte collective lancée pour obliger les banques à se retirer du secteur des énergies fossiles. Le quartier des banques est situé juste au coin de la rue. «Il était
difficile d’aborder les passants pour leur demander de signer la plainte. Tout le monde semble extrêmement pressé», constate Markus Leupp. Lui-même est pourtant un père de famille très occupé, mais ses trois adolescents sont précisément l’une des raisons qui motivent son engagement: «Je ne peux pas rester passif et laisser les autres sauver le monde.» Parfois, Markus Leupp doute que les gens se soucient de la destruction de l’environnement. «Toute personne qui a un peu de temps et d’énergie devrait lutter, pense-t-il. Comme dans le mouvement pour le climat, où beaucoup se disent que les choses ne peuvent plus continuer ainsi. C’est ce qui me donne le courage d’avancer.»
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Des paroles aux actes
«Je suis en admiration devant mes enfants»
Infos sur le groupe: Petra Schmid, cofondatrice du groupe Parents pour le climat
Texte: Urs Wittwer
«J’ai toujours été très imaginative», dit Petra Schmid, cachée derrière ses lunettes de soleil. Elle n’a pas beaucoup dormi, puisqu’elle a passé la nuit à Berne, sur la place Fédérale occupée par les jeunes pour le climat. «Quand j’étais petite, on avait tendance à me reprocher mon imagination. Pourquoi dessiner un arbre en bleu?» Aujourd’hui, Petra Schmid sait que c’est justement cette richesse imaginative qui lui donne la force de faire bouger les choses avec le groupe Parents pour le climat. Elle est la cofondatrice et le moteur de ce groupe, qui veut motiver le plus grand nombre à s’engager pour le climat. Les membres du groupe sont convaincus de la nécessité d’une action au niveau politique.
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«Les individus peuvent adapter leur comportement, mais les habitudes évoluent trop lentement. Or il y a urgence! C’est pourquoi nous misons sur les processus politiques, c’est-à-dire sur l’introduction de règles et de lois.» Pour ya rriver, il faut un maximum de personnes convaincues, quel que soit leur horizon politique. Pour Petra Schmid, le mouvement lancé par les jeunes doit servir de modèle: «Je suis en admiration devant mes enfants et les jeunes en action pour le climat. Leur manière d’aborder les choses, leur bienveillance, leur joie de vivre et leur optimisme, tout cela est unique.» Petra Schmid est fière de ses deux adolescents, qui ont encouragé leur mère à aller de l’avant. «Nous, les parents, devrions aussi nous mobiliser», se dit-elle. Sa fille lui montre comment diffuser une
idée par téléphone portable. Aujourd’hui, le groupe fondé il y a deux ans compte plus de deux mille membres. Petra Schmid y voit une raison de ne pas désespérer, malgré les incertitudes: «En agissant, nous montrons qu’un changement est possible. C’est mieux que de baisser les bras!» D’ailleurs, une carte postale accrochée au mur de sa cuisine rappelle: Never give up!
Illustrations pages 7 et 8: Jörn Kaspuhl a terminé ses études d’illustrateur à l’Université de Hambourg en 2008. Aujourd’hui, il vit et travaille à Berlin.
Engagement
«Les responsables politiques ne font pas le nécessaire» Elles pourraient se reposer après des décennies de vie active. Mais les Aînées pour le climat ont autre chose en tête. Depuis 2016, elles luttent pour la justice climatique. Leur plainte est désormais devant la Cour européenne des droits de l’homme.
Photo : © Greenpeace / Joël Hunn
Texte: Eva-Maria Schleiffenbaum
Coronavirus oblige, l’entretien avec Anne Mahrer, 72 ans, se déroule par écrans interposés. «Il nous faut des juges plus courageux», déclare-t-elle avec énergie. Le Tribunal fédéral a en effet débouté la plainte des Aînées pour la protection du climat, estimant qu’il reste encore suffisamment de temps pour limiter le réchauffement climatique: «Alors que nous sommes dans une situation d’urgence!» En octobre dernier, les Aînées pour le climat se sont donc tournées vers la Cour européenne des droits de l’homme, à Strasbourg. Avec quelque 1800 femmes retraitées, Anne Mahrer demande que la Suisse se donne une loi plus ambitieuse sur le CO2. Des mesures fortes s’imposent: promotion des transports publics, arrêt des investissements dans le secteur des énergies fossiles. Pourquoi avoir choisi la voie juridique? «Parce que nous avons déjà tout essayé sur le plan politique, répond cette ancienne conseillère nationale verte. Les responsables politiques ne font pas le nécessaire pour respecter l’accord de Paris et garantir notre droit fondamental à la vie et à la santé.» Les Aînées pour le climat se sont constituées en 2016, avec le soutien de Greenpeace, et ont choisi Anne Mahrer comme coprésidente. Les vagues de
chaleur se multiplient, affectant particulièrement sa tranche d’âge. «Mais notre génération a aussi fait des dégâts, avec notre mode de vie, les vols en avion, la consommation de pétrole», constate cette grandmère d’une jeune fille de 15 ans. Ancienne bibliothécaire de lycée, Anne Mahrer a toujours aimé les échanges «francs et passionnés» avec les jeunes. Forte de cinquante-deux ans de militantisme, elle rencontre maintenant des jeunes qui militent pour le climat lors de conférences et de manifestations. L’estime est mutuelle, et certains l’ont même remerciée d’avoir déposé la plainte. Jeunes et moins jeunes se voient encouragés par des démarches similaires qui ont abouti, par exemple aux Pays-Bas. «Le chemin est long. La Cour ne se prononcera que dans trois ou quatre ans, explique-t-elle. Mais si nous gagnons, c’est l’Europe tout entière qui en profitera.»
La Genevoise Anne Mahrer est coprésidente de l’association Aînées pour la protection du climat, dont la plainte demande des normes légales plus contraignantes en matière de CO2, pour maintenir le réchauffement nettement au-dessous de 2° C. Après le rejet du Tribunal fédéral, ce sera à la Cour européenne des droits de l’homme de se prononcer.
Rétrospective
Rien , rien rien
Greenpeace Suisse a déposé une plainte auprès des autorités le 15 juillet dernier. 23 768 personnes ont signé une requête populaire en soutien à cette plainte. Le 23 septembre, des bénévoles de Greenpeace ont remis les signatures au Conseil fédéral et au Parlement à Berne. Espérons que la place financière et l’autorité de surveillance endosseront enfin leurs responsabilités, en ouvrant les yeux, les oreilles et la bouche.
Photo: © Greenpeace / Ex-Press / Severin Nowacki
Fin septembre, trois têtes de singe surdimensionnées circulent dans la ville de Berne. Des billets de banque recouvrent les yeux du premier, les oreilles du deuxième et la bouche du troisième. Un peu comme la place financière suisse, qui finance un réchauffement climatique de l’ordre de 4 à 6° C sans rien voir, rien entendre et rien dire. Les autorités et le Conseil fédéral devraient exercer leur devoir de surveillance au lieu de miser sur une autorégulation volontaire. Lassée de ce théâtre de singe,
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Un tas d’ordures
Photo: © Greenpeace / Ex-Press / Flurin Bertschinger
Lors de la Journée mondiale du nettoyage, quelque 20 millions de personnes se sont mobilisées, armées de gants, de sacs poubelles et, cette année, de masques, pour collecter les déchets dans la nature. Une équipe de trente et une personnes de Greenpeace Suisse s’est ainsi réunie le 19 septembre sur les rives de la Limmat, à Zurich. Au bout d’une heure, elles avaient déjà ramassé plus de 50 kilos de déchets: canettes de bière, bouteilles en plastique, mégots… Beurk! Mais Greenpeace a voulu aller plus loin en pratiquant un «audit de marques», c’est-à-dire en triant les déchets selon leur provenance. Les résultats seront repris dans le rapport international sur les plus grands pollueurs de plastique: en 2019, Coca-Cola se trouvait en tête de ce triste classement. Au bord de la Limmat, la palme revient également à ce fabricant de boissons, qui refuse pour l’instant de prendre position sur sa pollution plastique.
Signez la pétition contre le plastique:
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Rétrospective
2° C En 1864, la Suisse commençait à m esurer les conditions météorologiques sur le long terme. Depuis 1980, la durée d’ensoleillement a augmenté d’environ 20 %. Et la température à proximité du sol a progressé d’environ 2° C au cours des cent cinquante dernières années.
+30 % Par rapport à 1901, les fortes précipitations ont augmenté de 30 % et leur intensité de 12 %. La fréquence des pluies hivernales s’est accrue de 20 à 30 % depuis le début des mesures.
2à4 semaines En Suisse, la saison végétative, c’està-dire la période climatique favorable à la croissance des plantes, s’est allongée de deux à quatre semaines par rapport à 1961.
– 50 % Les jours de chute de neige diminuent fortement depuis 1970: le recul est de 20 % dans les zones situées audessus de 2000 mètres d’altitude, et même de 50 % au-dessous de 800 mè tres. Les glaciers alpins fondent eux aussi, perdant 60 % de leur volume depuis le milieu du XIXe siècle.
300 à 400 mètres L’isotherme zéro degré, c’est-à-dire l’altitude minimale à laquelle la température atteint la valeur de 0° C, se déplace chaque année vers le haut. Depuis 1961, elle s’est élevée de 300 à 400 mètres.
Source: National Centre for Climate Services (NCCS), www.nccs.admin.ch
International
CONTRE TOUTE
RAISON
Fonte du permafrost, élévation des températures, incendies de forêt: le changement climatique frappe la Russie de plein fouet. Vasily Yablokov, responsable de la campagne climat pour Greenpeace Russie, explique pourquoi la population n’en a pas vraiment conscience.
Avec ses 175 000 habitants, Norilsk est la plus septentrionale des grandes villes du monde. Située dans une zone de permafrost, elle est aussi la plus polluée de Russie.
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En Sibérie, le réchauffement provoque une fonte progressive du permafrost. Ce qui déstabilise les bâtiments construits sur des supports enfoncés dans le sol gelé.
Auteure: Inna Hartwich Photographie: Dmitri Sharomov / Greenpeace
Vasily Yablokov, pourquoi le changement climatique n’est-il pas une préoccupation en Russie? Le cerveau humain est ainsi fait qu’il rechigne à accepter les changements qui s’étendent sur une longue période, comme c’est le cas du changement climatique. C’est un problème à la fois réel, urgent et totalement abstrait. En Russie comme ailleurs, nombreux sont ceux qui pensent: «Pourquoi s’inquiéter dès maintenant?» Ils ne sont pas suffisamment informés. C’est pourquoi nous diffusons des informations et des outils pour faire évoluer les choses: inciter les personnes à isoler leurs maisons, à manger moins de viande, à réduire leurs déplacements en avion. La société russe
n’est pas vraiment consciente du un terrain propice au fatalisme, au réchauffement climatique. Les gens déni et aux théories du complot. On ont d’autres soucis. observe toutefois une évolution depuis l’an dernier: des influenceurs Pourquoi est-il se mettent à parler du climat, des fonctionnaires soulèvent le prosi difficile d’informer blème, le président Vladimir Poutine la population? évoque le réchauffement climaLe changement climatique n’est tique. Il admet explicitement que la abordé ni à l’école ni à l’université. Russie est fortement affectée. AuLe sujet est inexistant, ce qui en fait paravant, personne ne s’intéressait
Les problèmes écologiques sont surtout dus aux mines et aux fonderies de la société Nornickel.
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Le soleil arctique perce le smog de Norilsk. La fonderie de nickel est considérée comme la plus grande source individuelle de pollution au monde.
En 1935, le Parti communiste de l’URSS décide d’établir un site industriel à Norilsk pour exploiter les minerais de nickel, de cuivre, de cobalt et de platine ainsi que le charbon.
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à cette question. Si le débat public est très en retard par rapport à ce que l’on observe ailleurs dans le monde, nous constatons une montée de l’écologie et nous espérons que le climat sera bientôt une préoccupation majeure.
Que fait le gouvernement? Il prétend naturellement agir contre le changement climatique. Mais ses déclarations ne sont pas très convaincantes… sans parler de ses actions. La Russie considère que la croissance économique va de pair avec les émissions de CO 2 . Pour le gouvernement, le pétrole et le gaz sont le principal secteur économique. Les investissements dans les énergies renouvelables sont pratiquement inexistants. En Allemagne, 38 % de l’électricité consommée est renouvelable, sans compter l’énergie hydroélectrique, contre 0,2 % en Russie. Un écart considérable!
La Russie a ratifié l’accord de Paris sur le climat. Que fait-elle pour le mettre en œuvre?
Depuis 2001, les étrangers doivent se munir d’une autorisation des autorités publiques et de la direction de l’usine de nickel pour entrer dans la ville de Norilsk.
Quel est l’impact de la crise climatique en Russie? Les effets sont très clairs en Arctique. À Verkhoïansk, le site habité le plus froid de la planète, la température a atteint 38° C en juin dernier. Le permafrost fond très rapidement. Cela conduit à des catastrophes comme celle de Norilsk l’été dernier, avec une fuite de plus de 20 000 tonnes de diesel issues d’un réservoir. Il faut dire qu’à Norilsk, les gens sont conscients du changement climatique. Pourquoi les autorités n’ont-elles pas anticipé la fonte du permafrost et les risques de catastrophes liés à l’effondrement des infrastructures? Il aurait fallu consolider les fondations des cons tructions à temps. Face au réchauffement climatique, la Russie est comme l’homme qui pose des bassines pour recueillir l’eau qui coule de son toit au lieu de réparer sa toiture. Le gouvernement ignore le problème fondamental.
Je crains que la majorité de l’appareil politique n’ait même pas lu le texte de l’accord. Au lieu de réduire ses rejets de carbone, la Russie prévoit au contraire une croissance des émissions d’ici à 2050. Pour cacher cette augmentation, le gouvernement mentionne que les émissions ont été réduites de 50 % par rapport à 1990. Mais cela n’a rien à voir avec de quelconques efforts de pro tection du climat. C’est simplement le reflet du marasme économique Quelles sont les après l’effondrement de l’Union conséquences de cet s oviétique. Contre toute raison, accident pour la la Russie se permet aujourd’hui d’augmenter ses émissions. La lutte population de Norilsk? contre le changement climatique est loin d’être une priorité. Je suis peut-être un peu cynique, mais Norilsk est depuis longtemps le symbole des catastrophes envi-
ronnementales. Les incidents se multiplient, c’est une ville sinistrée. La région dépend économiquement de la société minière Norni ckel, dont les activités affectent les êtres humains, les animaux et les écosystèmes. Mais la dernière catastrophe en date a été un choc, mettant au jour la pollution chronique et les infrastructures dé faillantes. La sanction infligée à Nornickel par l’autorité de surveillance est ainsi la plus sévère jamais imposée pour un tel événement. Un précédent qui montre que le problème est enfin largement reconnu.
Auteure: après ses études, la journaliste Inna Hartwich est partie à Moscou, travaillant sur l’actualité politique et la vie quotidienne en Russie et dans les anciennes républiques soviétiques. Après une étape à Pékin et une autre à Berlin, elle est de retour à Moscou depuis mars 2018.
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Mattea Meyer dans la forĂŞt de Wolfensberg, au-dessus de Winter Âthour.
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DEUX FEMMES
Reportage
DE BON CONSEIL
Deux jeunes femmes font bouger les choses au Conseil national. Leur objectif est que la Suisse se donne une politique environnementale porteuse d’avenir. Portrait de Franziska Ryser et Mattea Meyer. Texte: Anja Conzett Photographie: JoÍl Hunn
Peu avant midi, les derniers réveillés sortent de leur tente. Une file d’attente se forme devant les latrines biologiques. Sous les abris couverts de bâches, des personnes se rassemblent pour écouter de la guitare ou assister à des débats. Des panneaux indicateurs signalent les postes de ravitaillement, les lieux d’accueil en cas de problème de santé et les stands d’information. Non, il ne s’agit pas d’un festival ni d’un camp scout, mais d’une manifestation. Et elle ne se déroule pas dans un lieu quelconque, mais au cœur de la ville de Berne, sur la place Fédérale. La Jeunesse pour le climat proteste juste devant le Palais fédéral. C’est un moment qui pourrait entrer dans l’histoire. Et au milieu de tout cela, il y a deux femmes: elles ont leur place à l’intérieur du Parlement, mais elles appartiennent aussi au mouvement qui proteste devant le vénérable bâtiment. Mattea Meyer, 33 ans, est conseillère nationale du Parti socialiste depuis cinq ans. Franziska Ryser, 29 ans, siège au Conseil national pour les Verts depuis l’an dernier. Elles représentent le changement historique qui a bouleversé le Parlement suisse lors des dernières élections. Les Chambres fédérales ont rarement été a ussi jeunes et n’ont jamais compté autant de femmes. La présence écologique est plus forte que jamais. Qui sont ces deux femmes qui incarnent ce tournant? Et que peuvent attendre d’elles la Suisse et les jeunes qui manifestent pour le climat sur la place Fédérale?
Pas des spécialistes du climat, mais de l’écologie
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Le mercredi précédant la manifestation, la session parlementaire d’automne bat son plein. Mattea Meyer remporte une victoire: les personnes indépendantes qui n’ont pratiquement plus de revenus en raison de la pandémie continueront de bénéficier des allocations pour perte de gain. Depuis le confinement en raison du coronavirus, ce dossier est le principal souci de Mattea Meyer. Depuis des mois, elle est en contact avec des personnes dans cette situation. Aujourd’hui, elle réussit à faire passer son projet tant à la commission d’examen qu’au Conseil national. Contre la résistance du Conseil fédéral et, dans un premier temps, des partis bourgeois, finalement convaincus par la pression politique et les arguments avancés. Une prouesse! «Le travail avec le nouveau Parlement est plus stimulant que tout ce que j’ai vu les quatre années précédentes!» sourit Mattea Meyer. La jeune femme est très sollicitée, notamment pour finaliser le texte approuvé. Ce matin-là, Mattea Meyer est sortie de la maison à six heures. Pendant les sessions parlementaires, elle passe le mardi soir à Winterthour, avec sa fille de 3 ans. Mais pas de trace de fatigue chez elle. Compétente, patiente, amicale, elle répond à chaque
La conseillère nationale verte Franziska Ryser, en chemin vers le Palais fédéral.
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En haut: Franziska Ryser sur son lieu de travail, le laboratoire d’ingénierie de la réadaptation de l’EPFZ. En bas: Franziska Ryser à la sortie de la salle du Conseil national. Au mur, la fresque du Grütli par l’artiste genevois Charles Giron.
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question de ses collègues parlementaires. Mattea Meyer est depuis longtemps une personnalité politique respectée, et crainte par ses adversaires. Elle va bientôt prendre la présidence du Parti socialiste avec Cédric Wermuth.
Réservée, mais pas timide Franziska Ryser est relativement nouvelle au Conseil national. La Saint-Galloise est l’une des plus jeunes parlementaires. «Cela prend du temps de s’habituer à l’atmosphère du Conseil national. Il me manque encore une certaine expérience». Un simple constat, qui n’entame en rien sa confiance en elle. Même si, dans le doute, elle reste sur ses réserves, Franziska Ryser s’est déjà fait un nom: au cours de l’été, elle a été élue à la vice-présidence des Verts et s’est fortement impliquée dans l’élaboration du nouveau document stratégique de son parti, le Green New Deal. Elle a elle-même présenté la stratégie aux membres et dirige la campagne interne en vue de l’adoption du document. De plus, cette ingénieure en mécanique prépare un doctorat en génie biomédical à l’EPFZ et siège au conseil d’administration de la société d’optique fondée par sa famille. En dehors de son parti, Franziska Ryser gagne également en notoriété, participant à l’émission politique alémanique Arena consacrée aux déductions pour enfants dans l’impôt fédéral. En public comme en privé, elle se montre concentrée et compétente, regardant ses interlocuteurs droit dans les yeux. Au Conseil national, Franziska Ryser et Mattea Meyer ne sont pas responsables de mesures écologiques concrètes, comme la loi sur le CO2, le grand sujet de la jeunesse qui se mobilise en faveur du climat. Leurs priorités sont la politique financière, l’économie, la fiscalité et la sécurité sociale. Bien qu’elles ne soient pas des spécialistes du climat, leur travail s’inscrit dans une perspective environnementale, même là où on ne s’y attendrait pas.
Des approches différentes pour un même but Mattea Meyer a siégé quatre ans à la Commission des finances avant de passer à la Commission de la sécurité sociale et de la santé publique. À ses yeux, l’écologie est indissociable de la dimension sociale. «Si nous ignorons les besoins des êtres humains, les meilleures lois sur le climat seront inefficaces. Sans justice sociale, il n’y a pas de justice climatique», déclare-t-elle. Pour Mattea Meyer, il faut obliger la place financière suisse à rendre des comptes, par exemple en imposant aux banques suisses de n’investir que dans des projets respectueux de l’environnement et de la société. Un objectif partagé par Franziska Ryser, qui vient de faire passer un postulat à la Commission de l’économie et des
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Les deux conseillères nationales dans la Salle des pas perdus, à l’abri du coronavirus.
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edevances: le Conseil fédéral est désormais chargé d’étudier comr ment la Banque nationale suisse peut intervenir dans le secteur financier pour favoriser la protection du climat. Franziska Ryser estime, elle aussi, que l’écologie doit être prise en compte lors de tout projet politique: «Pour faire avancer la société, y compris en matière de climat, il faut intervenir sur la politique économique, financière, fiscale et sociale. La crise climatique est due à un petit nombre d’acteurs disposant de multiples ressources. Il faut qu’ils endossent leurs responsabilités.» Malgré tout ce qui les réunit sur le fond, les deux femmes ont aussi des parcours et des styles différents.
Une question de système
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Franziska Ryser visite le camp de la Jeunesse pour le climat sur la place Fédérale. Elle discute avec une jeune femme de Saint-Gall. Les deux se connaissent depuis longtemps, ont presque le même âge et des valeurs similaires. Mais la manifestante porte des chaussures de randonnée, un pantalon court et un sac à dos, tandis que la conseillère nationale est en tailleur et en chemisier, une serviette à la main. C’est un peu la rencontre du mouvement social et de la politique institutionnelle. Les chemins se croisent, l’objectif est le même. Franziska Ryser est entrée en politique par hasard, à l’âge de 21 ans. Elle pensait simplement donner son nom pour remplir la liste électorale des Jeunes Vert-e-s. À sa surprise, elle obtient un très bon résultat parmi les viennent-ensuite et siégera bientôt au Parlement de la ville de Saint-Gall. «Je n’avais pas vraiment l’ambition de faire de la politique institutionnelle. Mais quand j’ai obtenu un siège, j’ai réalisé que ce rôle me convenait, explique-t-elle. Et je pense qu’il est plus facile pour moi de gérer le langage, l’approche, la méthodologie du Parlement que pour d’autres personnes de ma génération.» Six ans au parlement d’une ville bourgeoise l’ont marquée, reconnaît-elle. Bien qu’elle soit résolument de gauche, elle n’affiche pas une posture radicale ou idéologique. «Je ne suis pas du genre à lever le poing.» Devant une personne ayant une opinion totalement contraire, elle n’est pas indignée, mais plutôt sincèrement étonnée. Comme si, en calculant 2+2, son voisin tombait sur la réponse 5, ou –42. Dans la mesure du possible, Franziska Ryser essaie de comprendre ses interlocuteurs. Elle ne rejette pas les personnes qui ont une vision différente du monde. À Berne, elle partage d’ailleurs un appartement avec un jeune membre de l’UDC et un jeune libéral-radical: «Il peut s’avérer gratifiant de trouver des compromis», résume-t-elle.
En haut: Mattea Meyer et Jacqueline Badran, toutes deux conseillères nationales du PS, en conversation sur la terrasse de la Salle des pas perdus du Palais fédéral. En bas: Mattea Meyer chez elle à Winterthour.
Reportage
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La militante Comme elle le dit elle-même, Mattea Meyer a commencé sa carrière politique dans un parti à caractère militant: les Jeunesses socialistes, qui pratiquent notamment la désobéissance civile. En tant que vice-présidente des Jeunesses socialistes suisses et coprésidente de la Jeunesse socialiste zurichoise, cette native de W interthour se fait connaître à l’âge de 20 ans. Elle participe à des actions comme la visite au domicile du «profiteur» D aniel Vasella, alors président du conseil d’administration de Novartis. À une autre occasion, elle proteste contre un couvre-feu imposé aux jeunes d’une commune en organisant une soirée grillades. Bien qu’elle fasse aujourd’hui de la politique institutionnelle, les racines de son engagement sont encore présentes. Elle ne cache pas son indignation ni sa colère face à l’injustice sociale. «Je constate cette tendance en moi-même: quand on est proche du pouvoir, la tentation est grande de ne pas trop offenser les puissants. Or nous ne sommes pas élues pour plaire, mais pour améliorer la vie des gens. Nous devons dire ouvertement que le système actuel exploite l’être humain et la nature, qu’il ne peut pas être notre avenir.» Si sa position claire et son langage direct lui valent parfois des critiques, même au sein du Parti socialiste, beaucoup la soutiennent. Et elle aborde toute personne avec respect, que ce soit une jeune militante socialiste enthousiaste après une table ronde ou un politicien bourgeois qui s’oppose à elle au Parlement.
Dedans et dehors
Plongée dans son travail: Mattea Meyer dans la Salle des pas perdus du Palais fédéral.
Malgré leurs différences de caractère et de carrière, Mattea Meyer et Franziska Ryser parviennent souvent aux mêmes conclusions, y compris à propos de l’action des jeunes sur la place Fédérale: «Les mouvements sociaux sont un moteur important en politique, estime Mattea Meyer. Je comprends les reproches que nous font les jeunes sur la lenteur du processus politique. Mais pour vraiment obtenir quelque chose, il faut un changement de majorité au Parlement. Si la gauche est plus forte qu’il y a quatre ans, nous n’avons toujours pas le dessus.» Franziska Ryser souligne, elle aussi, que les mouvements sociaux permettent souvent de débloquer les institutions: «En matière de climat, on faisait du surplace, explique-t-elle. Le rôle de ces mouvements est aussi de critiquer la politique institutionnelle. Au Parlement, les choses prennent énormément de temps. Mais en tant que politicienne, on ne peut pas se fixer un but sans travailler sur le chemin pour y arriver.» Lorsque Mattea Meyer et Franziska Ryser se croisent dans la Salle des pas perdus, elles se font un signe de tête amical. Pour l’instant, elles n’ont pas eu l’occasion de beaucoup travailler
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ensemble. Et pourtant, on les trouve toutes les deux sur la place Fédérale occupée par les militantes et militants pour le climat. Visiteuses bienvenues, elles écoutent les critiques et manifestent leur solidarité. À l’intérieur du Parlement, elles se battent pour les mêmes objectifs que les jeunes à l’extérieur. Elles avancent patiemment, au fil des prises de parole, des interventions parlementaires et des compromis. Pas forcément ensemble, mais sur la même ligne.
Anja Conzett est journaliste au magazine en ligne alémanique Republik et travaille comme auteure indépendante. Ses priorités sont les reportages sur des sujets de société, les portraits et les recherches de fond. Son livre Lohndumping: eine Spurensuche auf dem Bau concernant le dumping salarial sur les chantiers est paru aux éditions Rotpunkt en 2016.
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Joël Hunn a étudié la photographie docu mentaire à La Haye (Pays-Bas). Il travaille notamment pour le quotidien NZZ, la revue Magazin et pour Greenpeace. Son dernier projet «Standards & Classes» est un traité visuel sur la culture des concombres qui a été publié dans le British Journal of Photography et qui paraîtra prochainement sous forme de livre.
Décryptage
699 ans
Élections au féminin 42 %
En 1291, trois hommes d’Uri, Schwyz et Unterwald prêtent serment sur la prairie du Grütli. Ce sera l’acte fondateur de la Confédération suisse, du moins selon la légende. Il faudra attendre 699 ans pour que les femmes accèdent aux mêmes droits politiques que les hommes dans toute la Suisse. En 1990, le Tribunal fédéral oblige le dernier bastion de la résistance, le canton d’Appenzell Rhodes-Intérieures, à introduire immédiatement le droit de vote passif et actif pour les femmes. Au niveau fédéral, les hommes avaient déjà accepté l’égalité des sexes en matière de droit de vote et d’éligibilité en 1971. En octobre de la même année, les femmes gagnaient dix des deux cents sièges au Conseil national, et l’un des quarante-quatre sièges au Conseil des États. Lors de ces premières élections mixtes, le nombre de femmes élues au Parlement représente moins de 5 %.
Après la victoire historique aux élections de l’automne 2019, les femmes font un bond en avant dans les deux chambres du Parlement. Au Conseil des États, plutôt conservateur et à dominante masculine, elles remportent 26 % des sièges; au Conseil national, elles représentent désormais 42 % des membres. La situation suisse est relativement réjouissante à l’échelle européenne: dans les États membres de l’Union européenne, les femmes détiennent un peu moins de 30 % des sièges parlementaires. Mais la Suisse peut encore faire mieux: la Suède, en tête du classement, compte plus de 47 % de femmes au Parlement.
1 salle de repos
9 vs 90 Depuis 1848, neuf femmes seulement ont été élues au Conseil fédéral (contre plus de quatre-vingt-dix hommes). La première femme candidate au Conseil fédéral sera Liliane Uchtenhagen, officiellement proposée par le Parti socialiste. Elle sera malheureusement battue par la candidature «sauvage» d’un collègue socialiste soutenu par les hommes des partis bourgeois. La radicale Elisabeth Kopp, première conseillère fédérale élue en 1984, sera elle aussi déjouée par un homme: son propre époux. Début 1989, elle doit démissionner: on lui reproche d’avoir téléphoné à son mari, un avocat d’a f f a i r e s s i é g e a n t a u conseil d’administration de sociétés douteuses, pour l’avertir d’une possible enquête pénale. En 2010, le Conseil fédéral compte pour la première fois une majorité de femmes. Le gouvernement est actuellement composé de trois femmes et de quatre hommes.
1 : 1 À travail égal, salaire égal? En Suisse, cela ne va toujours pas de soi. En moyenne, les femmes gagnent près de 1500 francs de moins par mois que les hommes. Mais pas au Parlement: indépendamment de son sexe, chaque membre touche 26 000 francs par an, 33 000 francs d’indemnités de frais et 440 francs par jour de réunion.
Depuis 2019, il existe une salle de repos et d’allaitement à proximité des deux chambres du Parlement. L’office fédéral compétent écrit que la salle vise à «permettre aux jeunes mères députées d’allaiter leurs enfants, de les changer et de s’en occuper pendant les sessions parlementaires également». En 2018, la conseillère nationale verte Irène Kälin avait emmené son fils de 3 mois dans la salle du Conseil n ational pour pouvoir participer aux votes. Peu après, sa collègue Lea Steinle se présente également avec son bébé au Grand Conseil de Bâle, mais est sommée de quitter la salle. Les protestations sont immédiates, forçant le président du Conseil à la laisser entrer, avec le petit invité.
100 % de pouvoir des femmes Les femmes votent-elles autrement que les hommes? Selon une analyse de la Radio télévision suisse (RTS), les conseillères nationales ont changé l’issue de 10 % des votes de la législature en cours. Les femmes du centre et du PLR votent dans un sens nettement plus favorable à l’écologie que leurs collègues masculins, par exemple sur l’initiative de Beat Jans (PS) pour la protection des eaux contre les pesticides, à la fin 2019. Et le postulat de Samira Marti (PS) de juin 2020, concernant les écarts salariaux entre les sexes, a convaincu quasiment toutes les femmes du groupe du centre et une grande partie des femmes du PLR, alors que pratiquement tous les hommes des partis bourgeois y étaient opposés. Les femmes ont également un poids décisif lors des votations. Selon les analyses VOX, elles ont prévalu beaucoup plus souvent que les hommes au cours des trente dernières années: «Dans les cas où le sexe a joué un rôle pour déterminer la majorité, les femmes ont eu une influence décisive sur onze votations, contre seulement trois pour les hommes. Quand il s’agit de questions genrées, sociales ou sociopolitiques, les votes des femmes sont plus unanimes et donnent ainsi le ton», écrit le politologue Claude Longchamp. Le vote sur la norme pénale sur le racisme de 1994 ou l’échec de l’avion de combat Gripen en 2014 peuvent être cités à titre d’exemples.
Sources: Bureau fédéral de l’égalité entre femmes et hommes (BFEG); Office fédéral de la statistique (OFS); Parlament.ch; RTS: «Les femmes font basculer un vote sur dix au Conseil national» (1.9.2020); Republik.ch: «Frauen machen den Unterschied» (18.2.2019).
Texte: Marco Morgenthaler Photo: Anja Wille-Schori
Recette
Lancer une initiative nationale… grâce aux conseils de Sophie Fürst Sophie Fürst est la secrétaire générale de l’Association suisse pour la protection du climat, qui est à l’origine de l’initiative pour les glaciers. Avec d’autres personnes engagées, elle a élaboré l’initiative et l’a déposée le 27 novembre 2019 à Berne, après avoir récolté les signatures nécessaires.
Définir le thème de l’initiative Rédiger un projet aussi concret que possible ou une ébauche de texte avec des variantes. Le conseil de Sophie Fürst: discuter avec des personnes, des organisations ou des institutions pour vérifier la pertinence des variantes, mais aussi pour s’assurer de leur soutien.
Les membres du comité d’initiative doivent avoir le droit de vote au niveau fédéral. Après la fondation du comité, informer la Chancellerie fédérale. Le conseil de Sophie Fürst: pour la composition du comité d’initiative, veiller à la diversité politique, linguistique et de genre. En intégrant des membres de différentes régions de Suisse, on crée une assise plus large pour l’initiative.
Récolter 100 000 signatures en 18 mois
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Une fois que la Chancellerie fédérale donne le feu vert, le texte est publié dans la Feuille fédérale, et la collecte des signatures peut commencer. Le conseil de Sophie Fürst: avant même la collecte des signatures, faire campagne pour trouver des personnes qui s’engagent, par exemple, à récolter quatre signatures. La plateforme WeCollect est une aide précieuse en la matière.
Finaliser le texte de l’initiative pour obtenir une version concrète et un titre parlant. Le comité d’initiative soumet le texte à la Chancellerie fédérale, qui le fait traduire dans les autres langues officielles. Si le retour est positif, soumettre également les feuilles de signatures officielles. Le conseil de Sophie Fürst: ne pas sous- estimer le travail de formulation et prévoir suffisamment de temps pour cette étape. Le texte ne peut pas entrer en contradiction avec d’autres lois et doit être cohérent et solide.
Pour en savoir plus sur le lancement de l’initiative pour les glaciers: Photo: © Isabel Truniger
Fonder un comité d’initiative composé de 7 à 27 personnes
Soumettre le texte de l’initiative dans une langue officielle
Débat
Possible? Nécessaire? Souhaitable?
La science définit les objectifs climatiques, mais des mesures politiques sont nécessaires pour pouvoir les atteindre. La recherche peut-elle et doit-elle accroître son influence sur la politique? Auteur: Christian Schmidt
Valentine Python est climatologue et spécialiste en sciences de l’environnement. En 2019, elle a été élue conseillère nationale verte.
Reto Knutti est professeur de physique du climat à l’EPF de Zurich et l’un des principaux auteurs du quatrième et cinquième rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).
La Suisse a une nouvelle loi sur le CO2 qui est meilleure que le statu quo, mais qui reste insuffisante. En tant que scientifique, êtes-vous déçu du Parlement?
Un peu déçu, mais pas surpris. La loi correspond à la réalité politique. Elle est le résultat de longues négociations. Mais vous êtes parfois frustré?
De temps en temps. Je suis inquiet pour l’avenir de mes deux jeunes enfants. À votre avis, la science a-t-elle le droit, ou même le devoir, d’accroître son influence sur la politique?
Les intérêts économiques sont jugés prioritaires. Valentine Python
Les responsables politiques ne prennent pas vraiment au sérieux les constats scientifiques sur la protection du climat. Qu’est-ce que cela vous inspire en tant que parlementaire?
La majorité bourgeoise dans les deux chambres s’oppose aux mesures politiques qui seraient nécessaires pour faire face à l’urgence climatique. Les intérêts économiques sont jugés prioritaires. Il semble que la plupart de ces parlementaires n’ont pas pleinement pris cons cience que la planète a atteint ses limites. Comme si leur opinion personnelle avait le même poids que les faits scientifiques.
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Faits scientifiques et mesures politiques sont deux choses complètement différentes. La recherche, c’est compiler des chiffres et établir des faits, puis les expliquer et les contextualiser. Notre rôle s’arrête là. Il n’appartient pas à la science d’engager des processus politiques, d’inciter à la désobéissance civile ou de décider des mesures à appliquer. La science ne peut et ne doit pas empiéter sur les compétences du Parlement. Mais les scientifiques peuvent évidemment avoir une opinion politique et dire que les choses ne peuvent pas continuer ainsi.
Vous pensez que la science devrait s’imposer davantage en politique?
La science ne doit pas empiéter sur les compétences du Parlement. Reto Knutti
Vous seriez donc favorable à la création d’une «task force» sur le climat, comme il en existe une pour le coronavirus?
Certainement pas pour le moment.
Oui, mais c’est nécessaire. La plupart des décideurs politiques ne sont toujours pas prêts à prendre acte des rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Alors que ces rapports sont justement rédigés pour eux.
Certainement. Notre mode de vie menace la survie de l’humanité à moyen et à long terme. Pour enrayer ce processus, nous avons besoin de la science. Quelle forme pourrait prendre cette influence?
En tant que chercheur, vous avez une plus grande responsabilité que les organisateurs de concerts.
Envisagez-vous d’entamer un parcours politique?
C’est beaucoup de travail …
En d’autres termes, vous pensez qu’il faut revaloriser le rôle de la science en politique?
Je pense vraiment que la science devrait s’impliquer davantage dans les processus politiques. Pour le Covid-19, tout le monde était invité à faire valoir ses revendications à Berne: les salons de coiffure, les gérants de restaurants, les organisateurs de concerts… La science devrait avoir les mêmes droits.
Si nous, les scientifiques, identifions un danger qui menace la société dans son ensemble, il est de notre devoir de donner l’alerte. Il n’est ni réaliste ni pertinent que la science se limite à produire des chiffres. Si je dis qu’il faut réduire les émissions de CO2 à zéro net, c’est d’abord une déclaration strictement scientifique, fondée sur les données et l’accord de Paris sur le climat. En même temps, c’est une prise de position hautement politique.
Bien sûr. C’est à mon sens une nécessité. Je constate un décalage entre les connaissances scientifiques et la réaction des milieux politiques. C’est ce qui me motive à prendre des responsabilités politiques. Je veux contribuer à réduire ce clivage.
Notre mode de vie menace la survie de l’humanité. Valentine Python
La science doit présenter ses résultats au Parlement, mais aussi à l’administration fédérale et à la direction des départements concernés. Nous devons enfin développer une approche systémique. Par exemple, le problème des pesticides de synthèse ne concerne pas seulement la toxicité des substances. Il faut prendre en compte l’ensemble de l’environnement et la santé de la population. La recherche doit se faire de manière indépendante et éthiquement correcte. Les études financées par l’industrie sont problématiques et peuvent même contribuer à aggraver l’état de la planète. Cela fait une année que vous siégez au Parlement. Si vous deviez résumer votre expérience en une seule phrase …?
Il m’est très difficile de concilier ma conscience de l’urgence climatique et écologique avec le rythme des processus politiques.
Illustrations: Jörn Kaspuhl, www.kaspuhl.com
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Auteur: Christian Schmidt, journaliste, rédacteur pour des associations et auteur de livres. Freelance par conviction. A remporté divers prix, dont le Prix des journalistes de Zurich.
MADE
Photo: © Saskja Rosset
IN SWITZERLAND Cent vingt-deux cas de pollution environnementale et de violation des droits humains dans trente-quatre pays: voici le bilan du cimentier suisse LafargeHolcim. Son mépris des lois et des normes porte préjudice aux personnes, aux animaux et à la nature partout dans le monde. Les recherches menées par Greenpeace révèlent des faits choquants: dans le nord du Cameroun, l’usine d’une société affiliée à Lafarge Holcim dépose des déchets polluants à proximité d’un marché. Les analyses effectuées après des plaintes des habitants mettent en évidence des valeurs pH très élevées et du chrome hexavalent hautement toxique et cancérigène. Dans le nord de l’Inde, il apparaît qu’une filiale de LafargeHolcim ne possède même pas de permis de construire et d’exploiter pour son usine de séchage de cendres volantes, qui rejette des masses de polluants dans l’environnement. Des pratiques scandaleuses qui ne sont pas près de s’arrêter, vu le rejet de l’initiative pour des multinationales responsables…
ontés écologiques – mes volontés écologiques – mes volontés écologiques – mes volontés écologiques – mes volontés écol
Éclairage
«Il faut faire valoir ses volontés écologiques de son vivant»
Avocat et politicien, Moritz Leuenberger est membre du Club d’inspiration de Greenpeace Suisse.
«Même si je pouvais consacrer toute ma fortune à soutenir un monde durable, je n’aurais pas la conscience tranquille. Ne serait-il pas contra dictoire de mener une vie qui contribue en partie au pillage des ressources et au réchauffement climatique, puis de charger les autres de réparer les dégâts à l’aide de l’argent légué? Il faut faire valoir ses volontés écologiques de son vivant. L’action individuelle ne sauvera toutefois pas le monde. Un engagement politique en faveur de la durabilité est nécessaire. Si la génération suivante reprend le flambeau, alors mes volontés seront véritablement écologiques.»
S’engager tout au long de la vie pour un avenir écologique, et même au-delà, c’est possible en pensant à Greenpeace lorsque l’on rédige son testament. Pour commander le guide testamentaire gratuit: anouk.vanasperen@greenpeace.org, tél. 022 907 72 75, greenpeace.ch/legs Lire la version longue du texte: www.greenpeace.ch/fr/leuenberger
Énigme
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Quelle est l’île néerlandaise située à proximité de la plateforme pétrolière escaladée par des bénévoles Greenpeace? K E S
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Combien de conseillères fédérales y a-t-il eu en Suisse à ce jour?
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Quelle caractéristique les membres d’un comité d’initiative doivent-ils avoir? G I P
Une maison flottante Une tente Un pavillon
Quels animaux ont défilé en ville de Berne le 23 septembre? U C M
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L 9 F 90 R 19
Schattebout Schiermonnikoog Schaakbord
Quel est le nouveau lieu de rencontre du mouvement pour le climat à Zurich? B J Q
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Énigme autour du magazine Greenpeace
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Quelle est la perte de volume des glaciers alpins enregistrée depuis le milieu du XIXe siècle? N T V
Des singes Des dinosaures Des hippopotames
Quel tribunal examine actuellement la plainte déposée par les Aînées pour la protection du climat? Z La Cour américaine de justice pour les droits climatiques O La Cour asiatique des droits de l’environnement A La Cour européenne des droits de l’homme
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Être des hommes Avoir le droit de vote Être à la retraite
30 % 60 % 80 %
Comment s’appelle la société suisse responsable de cent vingt-deux cas de pollution environnementale et de violations des droits humains à travers le monde? W D Y
Nestlé Glencore LafargeHolcim
Solution: Parmi les solutions correctes, nous tirerons au sort cinq gagnants qui recevront un t-shirt Greenpeace. Les t-shirts sont fabriqués en coton de haute qualité à 100 % biologique, que ce soit pour le tissu ou les coutures. Pour un port confortable et une longue durée de vie.
Photo: © Greenpeace
Envoyez la solution en indiquant la taille de t-shirt souhaitée (S/M/L), avec votre adresse, d’ici au 15 février 2021 à redaction@greenpeace.ch ou par la poste à: Greenpeace Suisse, rédaction magazine, énigme écologique, case postale 8112, 8036 Zurich. La voie judiciaire est exclue. Aucun échange de courrier n’aura lieu concernant le tirage au sort.
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La solution de l’énigme du magazine 03/20 était: Empathie
Le mot de la fin
Saisir les opportunités pour le climat
Photo: © Iris Menn
Les responsables politiques se mettent soudain à écouter les recommandations de la science et à en tenir compte dans leurs décisions. Ils vont même jusqu’à suivre les conseils des scientifiques! Les risques immédiats liés à crise du coronavirus bouleversent les schémas politiques habituels, qui ont conduit à des décennies d’inaction en matière de protection du climat. Autant de temps pendant lequel les recommandations scientifiques ont été ignorées et les intérêts économiques surestimés, tandis que le climat et le bien commun étaient relégués au second plan. Cinq ans après l’accord de Paris sur le climat, la conférence de Glasgow de cette année aurait dû faire le point et améliorer les objectifs d’émissions fixés. Il est déplorable que cette conférence soit reportée, car le coronavirus n’arrête pas le réchauffement climatique. Même si les émissions mondiales de gaz à effet de serre sont actuellement en recul. L’attentisme n’est pas une solution. Ce n’est pas le moment de renoncer à nos objectifs en matière de climat. Il faut au contraire savoir rebondir sur la crise et profiter des opportunités politiques qui s’offrent à nous. Concrètement, les responsables politiques doivent veiller à ce que les mesures de relance économique soient compatibles avec l’impératif de la protection du climat. Et pourquoi ne pas introduire un conseil scientifique sur le climat, dont les recommandations devraient obligatoirement être discutées, avant toute décision des autorités? Sortir des chemins battus demande de la force et du courage. Il est de la responsabilité de nous toutes et tous, y compris des milieux politiques, de saisir notre chance et d’engager un tournant vers un avenir respectueux de nos conditions d’existence.
Iris Menn Directrice de Greenpeace Suisse
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Die Annahmestelle L’office de dépôt L’ufficio d’accettazione
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Greenpeace Schweiz Badenerstrasse 171 8036 Zürich
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Nom
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Famille
04.2019
CHF CHF 100.− CHF 70.−
Einzahlung für / Versement pour / Versamento per
CHF CHF
… ou aux œufs: grâce au coronavirus, personne ne peut ignorer le lien entre les pandémies, les zoonoses et l’élevage industriel. Plus d’excuses: en 2021, optons plutôt pour les variantes aux légumes.
Greenpeace Suisse Badenerstrasse 171 8036 Zurich
Moins de canapés au jambon…
Motif du paiement (merci de l’indiquer en cas de versement en ligne): Mag204
… I want to ride my biiiiike. Depuis le début de la pandémie, nous assistons au grand retour du vélo. À ne pas remettre à la cave: en 2021, continuons à dépenser de l’énergie à bicyclette! Bon pour la santé, bon pour l’environnement!
Oui, je fais à Greenpeace un don de:
I want to ride my bicycle…
Einzahlung Giro
… live together in perfect harmony. Pendant que nous étions confinés à la maison, les animaux ont reconquis leurs habitats. Ce qui est leur bon droit. En 2021, nous devrions mieux respecter la faune, qui était sur Terre bien avant nous …
Einzahlung für / Versement pour / Versamento per
Ebony and ivory…
Empfangsschein / Récépissé / Ricevuta
Quelle joie de voir un café rouvrir ses portes, de découvrir des balades improbables autour de chez soi ou de sauter dans un lac de montagne. Et si, en 2021, on allait en vacances à Adelboden au lieu de prendre un vol pour Alicante?
Versement Virement
Liberté, de quoi es-tu le nom?
CHF 50.–
À moins que le 31 décembre à minuit, les smartphones ne passent au 32 décembre (ce qui ne surprendrait personne), nous tournerons bientôt la page pour laisser 2020 derrière nous. Malgré tout, cette année marquée par le coronavirus a induit quelques changements à maintenir en 2021:
Versamento Girata
441.02
Et maintenant?
AZB CH-8036 Zürich PP/Journal Post CH AG
Ses figures filiformes font partie intégrante du paysage urbain de Zurich. À 81 ans, l’artiste-sprayeur Harald Naegeli, mondialement connu, continue de sortir le soir pour orner les murs. Pendant le confinement du printemps, les graffitis qu’on lui attribue reprennent le motif de la grande faucheuse… En juillet 2020, le conseil exécutif de la ville de Zurich lui a décerné son prix artistique.