Les Traces Gravées d’une Église de Bourg : Conches-En-Ouche

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L’histoire de Conches en Ouche est liée à sa situation limitrophe entre Normandie et Royaume de France. Le bourg est situé au bord de la petite vallée encaissée du Rouloir, petite rivière qui apporte sa contribution à la Seine via l’Iton et l’Eure. Les collines qui bordent ces rivières sont des points culminants qui favorisent l’implantation de forteresses de défense de cette frontière qui s’avèrera mouvante.



De 1024 à 1449, les lieux passeront huit fois d’un camp à l’autre.

De l’église érigée en 1026, il ne reste plus rien.



Sans revenir sur l’histoire mouvementée de la Normandie, rappelons quelques grandes lignes qui ont façonné le Bourg de Conches en Ouche. Construction du château par Roger 1er de Tosny (mort vers 1040) qui a reçu le fief de Castellion. En 1013, il a été chassé avec son père Raoul 1er du château de Tillières par le duc de Normandie Richard II, il participe alors à la Reconquista en Espagne. Avant 1024, le duc de Normandie l'autorise à revenir en Normandie. Au retour d'un pèlerinage à Saint-Jacques-deCompostelle il s'arrête à Conques où on célébrait le culte de sainte Foy, martyrisée à Agen. Revenant attiré par le culte de sainte Foy, il donne à la ville le nom de «Conche» en l'honneur de Conques et dédicace l'église construite avant 1026 à sainte Foy.


Martyre de Saint Foy


L’église « Le chœur de l’église de style gothique flamboyant (voûtes divisées par des liernes et des tiercerons dont les moulures prismatiques retombent le long des piles qui séparent les fenêtres) au chevet à sept pans date de la fin du XVe siècle – XVIe siècle. La tour méridionale est coiffée d’une flèche de cinquante-six mètres de

hauteur qui est la copie exacte de celle qui s’écrasa, un soir de tempête en 1842. Les vitraux de Sainte-Foy de Conches constituent un des exemples les plus remarquables de l’art verrier du milieu du XVIe siècle en Normandie ; Romain Buron est l'un des auteurs de ces vitraux. On y trouve également la pierre tombale de Guillaume

de Conches datant du XIIe siècle. »


Les épures d’architecture Les épures sont des tracés techniques liés à l’édification des édifices, leurs

agrandissements, ils sont liés à plusieurs des corps de métier intervenants : des tailleurs de pierres, appareilleurs, les maîtres verriers, charpentiers, etc. Les utilisateurs les plus fréquents

étant d’assez loin, les appareilleurs. Certains de ces tracés sont attribués aux architectes, aux maîtres d’œuvre.

Les épures font le lien entre le projet et la réalité de l’assemblage


Exemples de tracés

charpente à échelle réduite à Condé sur Risle


Détail de quadrilobe à Orléans


Eglise Sainte Foy de Conches.


Deux zones sont concernées par les

épures de type différent : Chacun des espaces entre les contreforts

Les combles Sud


Les tracés autour de l’église Ils datent de la construction de l’extension de l’église par

l’édification des bas-côtés et du chevet : XVIe siècle. Tous les espaces comportent des tracés de plus ou moins d’importance. Certains semblent n’être que des prises de côtes, d’autres sont plus détaillés. Les graffiti plus récents (XVIIe) viennent en surcharge des tracés. Il est à noter que la plupart de ces tracés ne se surchargent que très peu à eux même comme souvent dans d’autres lieux. Les épures sont tracées à hauteur d’homme et ne concernent que les appareilleurs, elles ont pu suivre l’évolution du chantier.


Ch 11


D 12



Espace entre 1er et second contrefort Nord


les tracĂŠs sont difficilement repĂŠrables.


3e espace Nord - Tracé d’un oculus


Espace Sud N°14 - fenêtre et meneau, relevés de cotes pour charpente.


Espace Sud N° 13 - Tracé d’ouverture d’une fenêtre en trois parties et de ses meneaux, Tracé d’un pinacle - Nombreux tracés rectilignes


Vitrail de l’église sainte Foy


Espace N° 13 - DÊtail des arcs, du raccordement du meneau Gauche et du pinacle



Pinacles



L’épure des combles

La flèche de cinquante-six mètres de hauteur, copie exacte de celle qui s’écrasa, un soir de tempête en 1842 est couverte en plomb. Sa chute a du faire des dégâts importants, la balustrade de la base a dû être refaite.


Les tailleurs de pierres se sont installé dans le comble sud et y ont aménagé une loge.

Le comble entre la tour du clocher et le chœur de l’église.


Un espace a été enduit de plâtre permettant ainsi le traçage de la balustrade, copie conforme de celle située au-dessus du chevet.

Le tracé complet


Le dĂŠtail du tracĂŠ


Comparaison entre la balustrade côté chevet et l’épure :

Le tracé rigoureux, représentant les vides en grisé a permis un travail de restauration de qualité.


Graffito contemporain de la restauration fin XVIIIe qui ne manque pas d’humour !


Conclusion Cette présentation n’est qu’exemple de ce qui peut être observé. La méthode de ces tracés préparatoires a perduré au cours des siècles, elle est toujours utilisée même si les outils tels que les relevés laser et le dessin DAO viennent au secours des restaurateurs et des créateurs. Nous avons relevé à ce jour plus de 165 lieux où nous avons constaté la présence d’épures.


Les tracés ont été exécutés majoritairement par les tailleurs de pierres mais aussi, les charpentiers, sculpteurs, staffeur, maîtres verriers, carriers, et même facteur d’orgue, etc. Les tracés datables allant du début du gothique à nos jours. Bien entendu, un même édifice peut avoir des tracés d’époques différentes mais aussi comme au château de Blois des tracés concernant la restauration de l’aile Gaston d’Orléans du château et de l’église St Vincent.


Source : http://www.culture.gouv.fr/public/mistral

http://conches-en-ouche.fr/site

Michel Leblond - Mars 2015

Pour en savoir plus sur les graffiti anciens rendez-vous sur le site du GR.GA en cliquant ici


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