AGENCE DES ESPACES VERTS
Etude du patrimoine faunistique De la Forêt régionale de Bondy AVIFAUNE REPTILES BATRACIENS MAMMIFERES
Rédaction: J. Riegel Sous la direction de P. Mur Avril 2005
LPO Ile-de-France 62 rue Bargue 75 015 Paris
SOMMAIRE INTRODUCTION I. 1.1 1.2 1.3 II. 2.1 2.2 2.3 III. 3.1 3.2 3.3
2
ETUDE ORNITHOLOGIQUE
3 3 8 16
Méthodologie Résultat des inventaires Evaluation patrimoniale
ETUDE DES AMPHIBIENS EN PRESENCE Méthodologie Résultats des inventaires Intérêt patrimonial
23 23 24 25
ETUDE DES REPTILES EN PRESENCE Méthodologie Résultats des prospections Intérêt patrimonial
IV.
ETUDE DES MAMMIFERES EN PRESENCE
4.1 4.2 4.3
Méthodologie Résultats des prospections Intérêt patrimonial
V.
PRESERVER LA FAUNE SAUVAGE DE LA FORET DE BONDY
5.1 5.2
Enjeux et menaces Propositions de mesures conservatoires de la faune sauvage
26 26 26 27 28 28 29 31 33 33 34
CONCLUSION
48
BIBLIOGRAPHIE
49
2
INTRODUCTION La Forêt régionale de Bondy est un vestige de l'ancienne forêt de Bondy qui couvrait encore au XVIIIe siècle une surface de 2800 hectares. Au début du XIXe siècle, ce massif forestier est cédé à des sociétés immobilières qui entreprennent de le défricher partiellement pour créer des habitations pavillonnaires. De cette vaste forêt, il ne reste aujourd'hui que 400 hectares, dont 170 forment l'actuelle Forêt Régionale de Bondy. En 1999, l'Agence des Espaces Verts se voit confiée la gestion du site à la suite de l'Office National des Forêts. La Forêt régionale de Bondy comporte trois types de milieux contrastés. La zone forestière proprement dite, composée de boisements denses dominés par des peuplements anciens essentiellement constitués de chênes, hêtres, châtaigniers, frênes et érables. La tempête de 1999 a fortement éclairci ces peuplements, ce qui a conduit à la perte de nombreux arbres à cavité, écologiquement intéressants, mais a également créé les conditions d'une régénération naturelle des essences. Un réseau d'étangs, de mares et de fossés forme un milieu humide intra-forestier particulièrement intéressant tant écologiquement que pour sa dimension paysagère. Les habitats humides sont variés et offrent un potentiel d'accueil important pour la faune sauvage. Les cinq étangs centraux de la forêt sont ceinturés de roselières et de végétation arbustive, ce faciès résultant d'un travail de restauration de cette zone conduit dans les années 1980. Un milieu ouvert constitué de clairières, d'allées et de pelouses se juxtapose aux précédents et a pour fonction principale l'accueil et la circulation du public. Avec le Parc de la Poudrerie de Sevran, la Forêt régionale de Bondy est la plus fréquentée des forêts franciliennes. Située sur les communes de Clichy-sous-bois, Coubron et Montfermeil, elle offre de l'espace pour des activités de loisirs, ainsi qu'un lieu de tranquillité et de rencontre avec la nature pour un public disposant de peu d'espaces verts de proximité. Le site accueille environ 1 million de visiteurs par an, la fréquentation atteignant jusqu'à 2000 visiteurs par heure et 11 200 par jour. Ainsi la Forêt régionale de Bondy, comme de nombreux espaces verts périurbains, possède une dimension sociale essentielle. Mais elle a également une valeur écologique forte dans un département très urbanisé et constitue une zone naturelle refuge pour la faune sauvage. Pour mettre en place une gestion et des aménagements permettant de concilier au mieux les enjeux sociaux et écologiques de la Forêt régionale de Bondy, il est nécessaire de bien connaître la faune du site, et de déterminer des priorités de conservation. C'est l'objet de cette étude, qui concerne l'avifaune, les mammifères, les batraciens et les reptiles du site.
3
I.
ETUDE ORNITHOLOGIQUE
1.1
METHODOLOGIE
Inventaire de l'avifaune nicheuse Les oiseaux nicheurs ont été inventoriés selon la méthode des indices Ponctuels d'Abondance, couramment appelée méthode des IPA. Il s’agit d’une méthode semiquantitative : elle ne renseigne pas sur les densités d’oiseaux (ce qui nécessite la mise en place d'un protocole lourd) mais elle permet d'estimer le nombre de couples d'oiseaux nicheurs par espèce sur un espace donné. Cette méthode standardisée est facilement reproductible d'une année sur l'autre et permet ainsi de mesurer l'évolution de l'abondance et de la diversité des populations d'oiseaux sur un site donné. La méthode des IPA est également fréquemment employée pour comparer la richesse et l'évolution des cortèges aviens entre deux sites. En période de nidification, les oiseaux se cantonnent à un territoire dont la possession est signalée par le chant du mâle1. La reconnaissance des chants permet de différencier les espèces présentes et d'évaluer le nombre de couples d'oiseaux nicheurs sur un espace donné. Les inventaires des oiseaux en milieu forestiers sont essentiellement basés sur ces contacts auditifs, la densité de la végétation rendant peu favorable l'observation directe. En pratique, les Indices Ponctuels d’Abondance consistent, pour un observateur immobile, à effectuer en un point donné pendant un temps déterminé, un comptage de tous les oiseaux vus et entendus (mâles chanteurs, couples, groupes familiaux et individus isolés). Deux IPA sont effectués sur chaque point d'écoute, en début et en fin de saison de reproduction : cela permet de contacter les espèces nicheuses précoces et les espèces migratrices nichant tardivement. Les inventaires doivent se faire par temps sec et en absence de vent fort. En effet, les manifestations et les émissions sonores des oiseaux sont moins perceptibles par temps humide et venté. Par ailleurs, les oiseaux sont moins actifs dans ces conditions et donc plus discrets. De même il est déterminant de réaliser les IPA durant les quatre premières heures après le lever du soleil, qui correspondent à une période d'activité intense des oiseaux. Selon la capacité et la fréquence d’émission des chants et des cris des oiseaux, les points d'écoute réalisés dans les parcelles très fermées peuvent présenter des limites qui correspondent au risque de manquer les espèces les plus discrètes. Seize stations de comptage ont été prédéfinies en Forêt régionale de Bondy, dont la localisation est indiquée sur la carte 1. La durée des points d'écoute était fixée à 10 minutes. Une fiche d'inventaire type est présentée en figure 1.
1
La seconde fonction du chant est liée à la parade nuptiale : le mâle chante pour attirer puis fidéliser une femelle sur son territoire.
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Figure 1 : Fiche de saisie des IPA
5
6
Carte 1 : Localisation des stations d'Indices Ponctuels d'Abondance
Inventaire de l'avifaune migratrice et hivernante Les individus hivernants ne sont pas cantonnés à un territoire de nidification et doivent en général se déplacer sur de grandes distances pour satisfaire leurs besoins alimentaires. Selon les espèces, les oiseaux peuvent former des troupes d'une à plusieurs dizaines d'individus très mobiles pendant la journée. Il est donc tout à fait aléatoire d'estimer des effectifs, sauf éventuellement sur des plans d'eau où un effectif maximal d'oiseaux contactés en même temps en un point donné peut être retenu en fin de saison. Il en est de même pour les oiseaux migrateurs : leur comptage est d'autant plus aléatoire que le temps de halte migratoire des oiseaux varie selon les espèces, les individus, les conditions climatiques et les ressources disponibles2. En milieu forestier, la mobilité et la faible visibilité des oiseaux ne permettent que d'estimer les effectifs d'espèces formant des dortoirs nocturnes. Pendant les périodes de migration et d'hivernage, ce sont donc des inventaires qualitatifs qui ont été mis en œuvre afin de caractériser la richesse avifaunistique du Parc. La procédure est la suivante : un observateur effectue un parcours pendant un temps déterminé (appelé transect) et relève tous les oiseaux vus et entendus. Chaque visite a eu lieu entre le lever du jour et midi pendant une durée minimale de 2 heures. Les inventaires ont été réalisés par temps sec, en l'absence de gel et de vent fort.
Forêt régionale de Bondy / J. Riegel / LPO
1.2
RESULTATS DES INVENTAIRES
1.2.1 Diversité spécifique du site Le suivi annuel de l'avifaune, conduit d'avril 2004 à avril 2005, a permis de contacter les espèces nicheuses, les espèces migratrices hivernant sur le site, ainsi que les espèces de passage en migration prénuptiale et postnuptiale. 2
Les seuls comptages exhaustifs d'oiseaux migrateurs sont réalisés sur des sites appropriés (col d'Organbidexha, montagne de la Serre…). Des ornithologues se succèdent alors jour et nuit durant toute la période de migration pour ne manquer aucun passage d'oiseaux.
7
Durant ce suivi ornithologique, 68 espèces ont été contactées, dont 41 espèces nicheuses, cette diversité spécifique étant un minimum, des espèces non contactées n'étant pas pour autant absentes sur le site. A titre de comparaison, une étude similaire conduite en 2003/2004 sur le Parc forestier de la Poudrerie de Sevran, présentant un habitat forestier et un environnement urbain similaire à celui de la Forêt de Bondy, a permis de contacter 61 espèces d'oiseaux dont 30 nicheuses. Les résultats d'un inventaire conduit en 2001/2002 sur le Bois de Vincennes sont également instructifs. Ce site présente comme la Forêt régionale de Bondy un milieu boisé entrecoupé de plans d'eau et couvre une superficie de 995 ha. L'étude réalisée sur ce bois fait état de 68 espèces dont 44 nicheuses, ce qui signifie que la diversité spécifique totale de l'avifaune est similaire en Forêt de Bondy et au Bois de Vincennes, tandis que le Bois de Vincennes accueille seulement trois espèces nicheuses supplémentaires, pour une surface plus de sept fois supérieure. Enfin plus largement, rappelons que notre Région accueille 360 espèces dont 162 nicheuses. Ces éléments montrent que la diversité spécifique de la Forêt régionale de Bondy est surprenante et remarquable, compte tenu de son environnement proche extrêmement urbanisé, de sa surface modeste en comparaison de massifs forestiers comme le Bois de Vincennes et enfin de l'intensité de sa fréquentation, source potentielle de dérangement pour l'avifaune. Finalement, la Forêt régionale de Bondy accueille environ 1/4 de l'avifaune nicheuse francilienne, ce qui confère un intérêt avifaunistique régional à ce site.
Martin-pêcheur / A. Fossé / LPO
1.2.2 Analyse de l'avifaune en présence Les espèces contactées et leur statut biologique en Ile-de-France sont présentés dans le tableau 1. L'analyse des milieux qu'elles recherchent tant pour leurs ressources alimentaires que pour la nidification permet de dégager cinq cortèges avifaunistiques présents en Forêt régionale de Bondy.
Un premier cortège reflète le caractère essentiellement forestier du site. La plupart des oiseaux contactés sont en effet associés aux boisements et aux arbres de haut port, comme les fauvettes, les grives, les pouillots, et les espèces communes de nos parcs et jardins 8
telles le pinson des arbres, le rouge-gorge familier ou le merle noir. Pic épeiche / F. Cahez / LPO
La présence de dix espèces nicheuses cavernicoles signale le caractère véritablement sylvatique du site car ces espèces recherchent des boisements anciens, riches en arbres creux et sénescents. Il s'agit des mésanges bleue et charbonnière, de la chouette hulotte, de la sittelle torchepot, du pigeon colombin, des pics épeiche, épeichette, vert, noir et mar.
On trouve également un cortège d'espèces associées aux milieux ouverts, à savoir la bergeronnette printanière, le faucon crécerelle, les pipits farlouse et des arbres, le verdier d'Europe, le martinet noir et l'hirondelle rustique. Ce sont les clairières, les allées et les pelouses entourant les étangs centraux et également bien représentés dans la zone sud-ouest de la forêt qui accueillent cette avifaune.
Des espèces communes comme l'accenteur mouchet, le gobe-mouche gris et le troglodyte mignon sont plutôt représentatives d'une strate buissonnante.
Une avifaune typiquement aquatique exploite également le réseau d'étangs, de mares et de fossés en eau de la forêt de Bondy. Il s'agit du canard colvert, de la foulque macroule, de la gallinule poule d'eau, du goéland argenté, de la mouette rieuse, du grand cormoran, de la rousserolle effarvatte, du héron cendré et du martin-pêcheur.
Enfin on rencontre en forêt de Bondy des espèces associées aux milieux urbains, dont une espèce introduite : la perruche à collier.
9
Carte 2 : Diversité spécifique et nombre de couples nicheurs par station d'écoute
10
Familles Prunellidés Motacillidés Fringillidés Embérizidés Corvidés Sturnidés Sylviidés Sylviidés Corvidés Muscicapidés Muscicapidés Certhiidés Turdidés Turdidés Turdidés Turdidés Fringillidés Hirundinidés Hirundinidés Oriolidés Alcédinidés Turdidés Paridés Paridés Paridés Aegithalidés Paridés Passéridés Corvidés Fringillidés Motacillidés Motacillidés Sylviidés Sylviidés Sylviidés Sylviidés Turdidés Turdidés Sylviidés Sittidés Fringillidés Troglodytidés Fringillidés Cuculidés Phasianidés Picidés Picidés Picidés Picidés
Nom vernaculaire Accenteur mouchet Bergeronnette des ruisseaux Bouvreuil pivoine Bruant des roseaux Corneille noire Etourneau sansonnet Fauvette des jardins Fauvette à tête noire Geai des chênes Gobemouche gris Gobemouche noir Grimpereau des jardins Grive draine Grive litorne Grive mauvis Grive musicienne Gros-bec casse-noyaux Hirondelle de fenêtre Hirondelle rustique Loriot d'Europe Martin-pêcheur d'Europe Merle noir Mésange bleue Mésange charbonnière Mésange huppée Mésange à longue queue Mésange nonnette Moineau domestique Pie bavarde Pinson des arbres Pipit des arbres Pipit farlouse Pouillot fitis Pouillot véloce Roitelet huppé Roitelet triple bandeau Rougegorge familier Rouge-queue à front blanc Rousserolle effarvatte Sittelle torchepot Tarin des aulnes Troglodyte mignon Verdier d'Europe Coucou gris Faisan de Colchide Pic épeiche Pic épeichette Pic mar Pic noir
Nom scientifique Prunella modularis Motacilla cinerea Pyrrhula pyrrhula Emberiza schoeniclus Corvus corone Sturnus vulgaris Sylvia borin Sylvia atricapilla Garrulus glandarius Muscicapa striata Ficedula hypoleuca Certhia brachydactyla Turdus viscivorus Turdus pilaris Turdus iliacus Turdus philomelos Coccothraustes coccothraustes Delichon urbicum Hirundo rustica Oriolus oriolus Alcedo atthis Turdus merula Parus caeruleus Parus major Parus cristatus Aegithalos caudatus Parus palustris Passer domesticus Pica pica Fringilla coelebs Anthus trivialis Anthus pratensis Phylloscopus trochilus Phylloscopus collybita Regulus regulus Regulus ignicapillus Erithacus rubecula Phoenicurus phoenicurus Acrocephalus scirpaceus Sitta europea Carduelis spinus Troglodytes troglodytes Carduelis chloris Cuculus canorus Phasianus colchicus Dendrocopos major Dendrocopos minor Dendrocopos medius Dryocopus martius
Statut biologique régional NC MC HC NR MR HR NC MC NC MC HC NC MC HC NC MC HC NC MC NC MC HR NC MC HC NC MC NPC MPC NSC NC MC NR MC HC MC HC NC MC HC NC MC HPC NC MC NC MC NPC MPC NR MR HR NC MC HC NC MC HC NC MC HC NSC NSC NSC NSC NSC NC MC HC NC MC NPC MC HC NC MC NC MC HR NC MC HC NPC MPC HPC NC MC HC NC MC NC MC NSC MC HC NC MC HC NC MC HC NC MC NSC NSC NSC NSPC NSR 11
Picidés Apodidés Anatidés Anatidés Phalacrocoracidés Podicipédidés Laridés Columbidés Columbidés Scolopacidés Rallidés Rallidés Ardéidés Accipitridés Accipitridés Accipitridés Falconidés Strigidés Psittacidés
Légende : N : nicheur C : commun
Pic vert Martinet noir Canard colvert Goéland argenté Grand cormoran Grèbe huppé Mouette rieuse Pigeon colombin Pigeon ramier Chevalier guignette Foulque macroule Gallinule poule d'eau Héron cendré Bondrée apivore Buse variable Epervier d'Europe Faucon crécerelle Chouette hulotte Perruche à collier
NS : nicheur sédentaire PC : peu commun
NSC NC NC NR NR NPC NC NPC NC NO NC NC NPC NR NPC NPC NC NSC S
Picus viridis Apus apus Anas platyrhynchos Larus argentatus Larus ridibundus Podiceps cristatus Larus ridibundus Columba oenas Columba palumbus Actitis hypoleucos Fulica atra Gallinula chloropus Ardea cinerea Pernis apivorus Buteo buteo Accipiter nisus Falco tinnunculus Strix aluco Psittacula krameri
M : migrateur R : rare
MC MC MC MC MPC MC MPC MC MPC MC MC MPC MR MPC MPC MC MR
H : hivernant
Tableau 1 : Statut biologique régional de l'avifaune contactée en Forêt de Bondy
1.2.3 Inventaire de l'avifaune nicheuse Un des intérêts de la méthode des IPA repose sur le fait qu'elle permet d'étudier la répartition des espèces en fonction des composantes du milieu (structure de la végétation, diversité des essences, hétérogénéité de la fréquentation et des aménagements…). À plus long terme, les espèces ou les cortèges d'espèces peuvent être considérés comme des descripteurs pertinents du milieu et permettent d'apprécier l'influence des modes de gestion de l'espace sur l'écosystème forestier. Les données recueillies au cours des deux séries d'inventaires (en début et en fin de session de reproduction) ont été compilées pour chacune des seize stations d'écoute selon la diversité des espèces et l'abondance des oiseaux nicheurs. Ces données figurent dans le tableau 2 ci-dessous et sont synthétisées sur la carte 2.
12
HC HC HC HPC HC HPC HC HR HC HC HPC HPC HPC HC
Espèce / N° d'IPA Accenteur mouchet Bouvreuil pivoine Canard colvert Chouette hulotte Corneille noire Coucou gris Étourneau sansonnet Faucon crécerelle Fauvette à tête noire Fauvette des jardins Foulque macroule Gallinule poule-d'eau Geai des chênes Gobe-mouche gris Grèbe huppé Grimpereau des jardins Grive draine Grive musicienne Loriot d'Europe Merle noir Mésange bleue Mésange charbonnière Mésange à longue queue Pic épeiche Pic épeichette Pic mar Pic noir Pic vert Pie bavarde Pigeon colombin Pigeon ramier Pinson des arbres Pipit des arbres Pouillot fitis Pouillot véloce Rouge-gorge familier Rougequeue à front blanc Rousserolle effarvatte Sittelle torchepot Troglodyte mignon Verdier d'Europe
1
2
3
4
5
6 1
7 1
8 1
9 10 11 12 13 14 15 16
Nb. de couples nicheurs par espèce
1
1
1
3
3 1
1 entendue hors IPA, près des étangs* 1 1 2 1 1 1 1 1 3 2 2 3 3 1 3 2 1 1 1 2 1 1 2 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
1
1
3
1 1 1
1 2
2 1 1 1 2
1 1 1
2 1 2 1
1
1 2 3
1
1 1 1
1
1
1
1
2
1
1
1
1
1
3
4
1
2 1
1
1 1
1
1
1
1
2
1 1 1 1
1 entendu et vu hors IPA, près de la maison des gardes* 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 2 1 1 1 2 1 1 1 1 1 1 1 1 1 2 2 1 1 2 1 2 1 1 1 1 1 2 1 1 1 1 1 3 3 2 2 3 2 1 2 2 1 1 2 2 1 2 2 1 2 2 2 1 1 1 1 1 2 entendu hors IPA, près de la Maison forestière* 3 1 2 2 1 1 1 1 1 1 1 2 3 2 3 3 2 2 2 3 3 1 2 1 2 1 1
Nb. couples nicheurs par IPA 21 20 17 18 18 20 15 16 25 23 13 14 14 12 19 14 Diversité spécifique par IPA 10 12 13 12 12 14 10 11 16 15 11 11 13 11 13 12
4 1 1 1 6 1 4 1 33 3 4 1 2 1 1 7 1 8 1 15 7 27 2 4 1 1 1 8 1 1 16 15 1 7 31 14 4 11 32 1 279 +3*
Tableau 2 : Abondance et diversité des oiseaux nicheurs par station d'écoute 13
L'analyse des inventaires des oiseaux nicheurs montre une diversité spécifique de 41 espèces nicheuses et une abondance de 282 couples sur le site, ce qui rappelons le, est un minimum. Caractérisation des espèces nicheuses Quatre espèces nicheuses sont nettement plus abondantes que les autres. Il s'agit de la fauvette à tête noire, du troglodyte mignon, du pouillot véloce et de la mésange charbonnière. Cette abondance n'est pas surprenante, étant donné d'une part le caractère commun de ces espèces peu exigeantes et d'autre part l'habitat forestier auxquelles elles sont associées. On peut cependant remarquer que les chants de ces espèces sont puissants et caractéristiques, et qu'il existe un certain biais auditif en faveur de ces espèces lors de la réalisation des points d'écoute. L'analyse des espèces nicheuses en présence montre également que la majorité est liée à l'habitat forestier, ce qui confirme son caractère dominant sur le site étudié. Enfin on peut observer que la plupart des espèces nichant en Forêt régionale de Bondy sont insectivores, ce qui traduit à la fois une bonne qualité environnementale du site et la faible présence d'arbres fruitiers et de buissons à baies.
Troglodyte Mignon / L. Lemoigne / LPO
Variations selon les stations Le graphique 1 illustre l'abondance des couples nicheurs et la diversité spécifique par station d'écoute. On peut constater une certaine homogénéité de ces deux paramètres sur le site, la diversité s'échelonnant de 10 à 16 espèces et l'abondance de 12 à 25 couples nicheurs. Il est d'ailleurs étonnant de constater que la diversité spécifique comme le nombre de couples nicheurs ne sont pas moindres dans la partie sud-ouest de la Forêt de Bondy. Or cette zone dispose de nombreux aménagements et espaces de loisirs et subit une forte pression de fréquentation. On aurait pu donc s'attendre à un dérangement conséquent de l'avifaune et donc à une richesse moindre, relativement à la zone plus tranquille du nord du site par exemple. 14
Nous pouvons interpréter ces données de la façon suivante : si la pression de fréquentation est une nuisance potentielle pour l'avifaune dans cette zone, les habitats y sont en revanche localement diversifiés. Les strates végétales sont variées, conséquence d'éclaircissements créés volontairement pour constituer des espaces ouverts de jeux et également de la tempête de 1999. De plus, ces ouvertures du milieu permettent dans cette zone une forte régénération naturelle des espèces qui diversifie les essences. Une conclusion similaire peut être dégagée concernant les espèces attachées aux zones humides. Les données se rapportant aux stations d'écoute n°9 et n°10, situées en bordure des étangs, montrent qu'une hétérogénéité de l'habitat est favorable à la biodiversité et neutralise partiellement un dérangement causé par une forte pression de fréquentation.
Nombre d'espèces / de couples
30
effectifs nicheurs
diversité spécifique nicheurs
25
20
15
10
5
0 1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
Numéro de station d'écoute
Graphique 1 : Diversité spécifique et abondance des oiseaux nicheurs par station d'écoute
Evolution de l'avifaune en présence La fréquentation croissante de la forêt de Bondy induit cependant une pression de dérangement certaine, comme le montre la disparition d'espèces nicheuses en 1999 (inventaire CPN "Etourneaux 93"), dont l'habitat et les potentialités de nidification perdurent sur le site mais qui n'y sont pourtant plus contactées. Il s'agit précisément du rossignol philomèle, du pouillot siffleur, du gros-bec casse-noyaux, du serin cini et du chardonneret élégant. La disparition sur le site d'espèces nicheuses inféodées aux haies, aux buissons et aux fourrés témoigne en revanche d'une régression de ce type de milieu et des zones de lisière entre les parcelles forestières et les espaces ouverts. L'hypolaïs polyglotte, la 15
fauvette grisette et la linotte mélodieuse n'ont en effet pas été contactées en forêt de Bondy, contrairement aux données de 1999 (inventaire CPN "Etourneaux 93), ce qui traduit une certaine banalisation de l'avifaune nicheuse.
Linotte mélodieuse / C. Kerihuel / LPO
1.3
EVALUATION PATRIMONIALE
Le caractère patrimonial d'une espèce s'appuie d'une part sur son état de conservation, d'autre part sur son statut de protection. Par ailleurs, l'intérêt d'une espèce dépend également de l'échelle géographique à laquelle on se place : locale, régionale, nationale ou européenne. Le tableau 3 ci-dessous présente les statuts de protection et de conservation des espèces contactées, tandis que le tableau 1 précédemment évoqué indique leur degré de rareté en Ile-de-France.
1.3.1 Contenu des statuts mentionnés Directive Oiseaux Cette Directive concerne la conservation des oiseaux sauvages en Europe. Les espèces les plus menacées sont inscrites en Annexe I de la Directive Oiseaux et doivent faire l’objet de mesures spéciales de conservation en Europe, en particulier en ce qui concerne leur habitat. L'Annexe II de la Directive Oiseaux fixe la liste des espèces dont la chasse est autorisée. Quatre espèces contactées sont inscrites en Annexe I : le pic mar, le pic noir, le martinpêcheur d'Europe et la bondrée apivore, les deux premières étant nicheuses sur le site. Dix-sept espèces sont inscrites en Annexe II. Convention de Berne La Convention de Berne est relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel en Europe. 16
Quarante deux espèces contactées en Forêt de Bondy sont inscrites en Annexe II qui regroupe les espèces de faune strictement protégées. Quinze espèces sont inscrites en Annexe III qui regroupe les espèces de faune dont l'exploitation, sous quelque forme que ce soit, est réglementée. Convention de Bonn La Convention de Bonn est relative à la conservation des espèces migratrices au niveau international. Son annexe I liste les espèces migratrices menacées, en danger d'extinction, nécessitant une protection immédiate. Aucune espèce de la Forêt régionale de Bondy n'est inscrite dans cette Annexe. Huit espèces sont inscrites en Annexe II qui fixe la liste des espèces migratrices pour lesquelles des accords internationaux favoriseraient de façon significative leur conservation et leur gestion. Loi de protection de la nature de 1976 La Loi de protection de la nature du 10 juillet 1976 et les arrêtés qui en découlent fixent la liste des espèces protégées en France. Cinquante deux espèces contactées en Forêt de Bondy y sont inscrites. Une espèce présente une absence de statut c'est-à-dire qu'elle n'est ni protégée ni chassable. Il s'agit d'une espèce d'origine exotique : la perruche à collier. Listes Rouge et Orange des espèces menacées de France Les Listes Rouge et Orange confèrent un statut de vulnérabilité des populations nicheuses mais n'apportent aucun statut juridique de protection. La Liste Rouge regroupe les espèces menacées au sens strict dont la tendance d'évolution est appréciée par les qualificatifs "en danger", "vulnérable" ou "rare". La Liste Orange regroupe les espèces vulnérables à long terme dont la tendance d'évolution est appréciée par les qualificatifs "en déclin", "localisée" ou "à préciser". Cinq espèces sont "à surveiller" en France, à savoir le faucon crécerelle, le gobemouche gris, le martin-pêcheur, le pic mar et le pic vert. Le chevalier guignette est considéré comme "rare" dans notre pays, et l'hirondelle rustique "en déclin". Les tendances d'évolution du pigeon colombin et du rouge-queue à front blanc sont "à préciser". Tendances d'évolution d'après le MNHN Le Muséum National d'Histoire Naturelle conduit depuis 1989 un suivi des oiseaux communs de France appelé STOC (Suivi Temporel des Oiseaux Communs). La première analyse des données conduite en 2001 a permis de dégager les tendances d'évolution de 94 espèces pour lesquelles les échantillonnages se sont avérés suffisants pour être statistiquement fiables. Il en ressort que sept espèces de passereaux communs semblent décliner en France: le bouvreuil pivoine, la mésange nonnette, la pie bavarde, le pipit des arbres, le pouillot 17
fitis, la sittelle torchepot et le verdier d'Europe au même titre que le coucou gris ou le pigeon colombin. 1.3.2
Avifaune patrimoniale du site
Le pic mar et le martin-pêcheur sont les espèces qui présentent la plus forte valeur patrimoniale, toutes espèces confondues. Figurant en Annexe I de la Directive Oiseaux, elles sont d'intérêt communautaire et justifient la création de zones Natura 2000. Elle sont également d'intérêt national puisque considérées comme "à surveiller" dans le Livre des oiseaux menacés et à surveiller de France. La présence de ces deux espèces est également remarquable au niveau régional, le martin-pêcheur y étant rare et le pic mar nicheur peu commun. Les contacts du pic noir et de la bondrée apivore constituent les deux autres observations remarquables, à une échelle européenne et régionale. Le pic noir est nicheur en Forêt régionale de Bondy, et sa reproduction en Ile-de-France est considérée comme rare. La bondrée apivore est également un migrateur rare dans notre Région. De plus, ces deux espèces figurent en Annexe I de la Directive Oiseaux, justifiant également la création d'une zone Natura 2000. Enfin à l'échelle régionale, la nidification en Forêt régionale de Bondy du loriot d'Europe et du pigeon colombin donne également une valeur patrimoniale au site : ces espèces sont considérées comme peu communes au niveau régional et le loriot d'Europe fait également parti des espèces les plus rares de Seine-Saint-Denis (LPO, 2001-2003).
Forêt régionale de Bondy / J. Riegel /LPO
18
Espèce Accenteur mouchet Bergeronnette des ruisseaux Bruant des roseaux Bondrée apivore Bouvreuil pivoine Buse variable Canard colvert Chouette hulotte Coucou gris Corneille noire Epervier d'Europe Etourneau sansonnet Faisan de Colchide Faucon crécerelle Fauvette à tête noire Fauvette des jardins Foulque macroule Gallinule poule d'eau Geai des chênes Chevalier guignette Gobemouche gris Gobemouche noir Goéland argenté Grand cormoran Grèbe huppé Grimpereau des jardins Grive draine Grive litorne Grive mauvis
Directive Oiseaux Annexe I Annexe II
Convention de Berne Annexe II Annexe III
Convention de Bonn Annexe II
X X X X
X
X X
X X
X
X X
X
Protection nationale stricte X X
Liste des espèces menacées de France
X X X X
En déclin En déclin Stable
X X
X
En déclin Stable
X X X X
X
X
X X X X
X X X
X
X X X
À surveiller
X X X
X X X
Rare À surveiller
Stable Stable À surveiller Stable Stable
X X Stable X X X
X
Stable X X X
X X X
Tendances d'évolution MNHN
X X X
X X
Stable Stable
19
Grive musicienne Gros-bec casse-noyaux Héron cendré Hirondelle de fenêtre Hirondelle rustique Loriot d'Europe Martinet noir Martin-pêcheur d'Europe Merle noir Mésange à longue queue Mésange bleue Mésange charbonnière Mésange huppée Mésange nonnette Moineau domestique Mouette rieuse Perruche à collier Pic épeiche Pic épeichette Pic mar Pic noir Pic vert Pie bavarde Pigeon colombin Pigeon ramier Pinson des arbres Pipit des arbres Pipit farlouse Pouillot fitis Pouillot véloce Roitelet huppé Roitelet triple bandeau
X
X X X X X X X
X
X X
En progression En déclin
X X X
X X X X X X
Stable
X X X
X X X X X X X X X
Stable Stable Stable Stable A surveiller En déclin Stable En progression
X X X X X X X X X X X X
Stable
À surveiller
X X X X X X
X X
En progression X X X X X X X
À surveiller À surveiller
Stable En déclin
À préciser X X X X X X X
Stable À surveiller En déclin À surveiller En déclin Stable
20
Rougegorge familier Rouge-queue à front blanc Rousserolle effarvatte Sittelle torchepot Tarin des aulnes Troglodyte mignon Verdier d'Europe
X X X X X X X
X X X X X X X
A préciser
En progression Stable En déclin Stable En déclin
Tableau 3 : Statuts de protection et de conservation des espèces contactées
21
II.
ETUDE DES AMPHIBIENS EN PRESENCE
2.1
METHODOLOGIE Les prospections de batraciens ont été réalisées en deux temps : une première phase s'est déroulée du mois d'avril au mois d'août 2004 ; elle a été complétée par une seconde phase en février et mars 2005 afin de couvrir toute la période de reproduction des batraciens d'Ile-de-France. Mare parcelle 7 / J. Riegel / LPO
En effet, la reproduction des batraciens se déroule à des périodes et sur des laps de temps différents selon les espèces. Crapauds communs et grenouilles rousses sont susceptibles d'être contactés dès la fin du mois de février, lors de leur migration vers les mares de reproduction. Ces espèces ont la particularité de retourner chaque année se reproduire sur le même plan d'eau, d'où ils sont eux-mêmes issus. Si la reproduction a eu lieu, l'observation de leurs pontes constitue une seconde méthode d'identification particulièrement fiable, ce qui est également le cas pour la grenouille agile, qui émerge quelques semaines plus tard. Les mois de mars et d'avril sont consacrés à la recherche des tritons et des salamandres. Des prospections diurnes des mares sont effectuées pour examiner les algues superficielles où les tritons sont en repos. Les sites terrestres potentiellement accueillants pour le repos diurne des adultes sont également prospectés (bouches d'égouts, canalisations). C'est dans ces mêmes lieux que les salamandres sont recherchées. Enfin une prospection nocturne a été réalisée, les urodèles étant essentiellement actifs durant la nuit. Les mois de mai et juin sont potentiellement les périodes de reproduction du crapaud calamite, de la grenouille verte et de la rainette arboricole. Durant cette période, les larves des espèces précitées peuvent également être contactées. Ces prospections de fin de printemps sont diurnes, afin d'observer directement les adultes et les têtards dans les mares. 2.2
RESULTATS DES PROSPECTIONS
2.2.1 Diversité spécifique Sept espèces d'amphibiens ont été observées, dont 4 anoures : les grenouilles verte, rousse, agile et le crapaud commun et 3 urodèles : les tritons palmé, ponctué et la salamandre tachetée. Les populations de ces amphibiens semblent stables en Forêt de Bondy puisqu'elles étaient déjà mentionnées dans les inventaires du CPN "Etourneaux 93" en 1999. Triton palmé / O. Païkine / LPO
22
Les batraciens recensés forment un cortège typique des forêts évoluées de feuillus ou mixtes non alluviales. Ces espèces recherchent des mares forestières pauvres en poissons pour se reproduire, avec une végétation aquatique riche favorable aux invertébrés. Des queues d'étang, des fossés et des ornières leur permettent de se déplacer d'un milieu aquatique à l'autre et de gagner en toute sécurité des sites de repos et d'hivernage terrestres. Rappelons que sous le vocable grenouille verte, on évoque en réalité le complexe Rana esculenta - Rana lessonae. Rana esculenta est en effet un hybride naturel mais stérile de Rana lessonae et une autre espèce appelée Rana ridibunda. Cet hybride se recroise cependant constamment dans la nature avec Rana lessonae. Seules des analyses sérologiques permettent de différencier avec certitude ces variétés, c'est pourquoi on emploie le terme générique de grenouille verte.
Statuts de protection et de conservation Le tableau 4 présente les principaux statuts de protection et de conservation des amphibiens de la Forêt de Bondy. La Convention de Berne ne figure pas dans ce tableau car tous les amphibiens y sont inscrits, en Annexe II ou III. Les espèces ici présentes sont toutes classées en Annexe III, ce qui implique que si leur exploitation est autorisée, elle doit l'être dans le cadre d'une être réglementation. Toutes les espèces de batraciens indigènes sont strictement protégées en France au regard de la Loi du 10 juillet 1976 relative à la protection de la nature, excepté la grenouille rousse et la grenouille verte dont la pêche est autorisée pour une consommation familiale. L'élevage des grenouilles rousses est également possible moyennant une autorisation préfectorale. Tous les batraciens contactés à l'exception de la grenouille rousse sont également considérés comme "à surveiller" dans le livre rouge de la faune menacée de France. Au niveau européen, la grenouille agile figure en annexe IV de la Directive HabitatFaune-Flore, regroupant les espèces d'intérêt communautaire qui nécessitent une protection stricte. Enfin signalons que le crapaud commun est retenu pour la création d'une ZNIEFF I ou II en Ile-de-France. Nom vernaculaire des espèces
Nom scientifique
Protection nationale Livre rouge de la stricte faune menacée de France
Crapaud commun
Bufo bufo
X
A surveiller
Grenouille agile
Rana dalmatina
X
A surveiller
Grenouille rousse
Rana temporaria
Grenouille verte
Rana esculenta
Triton palmé
Tritus helveticus
X
A surveiller
Triton ponctué
Tritus vulgaris
X
A surveiller
Salamandre tachetée
Salamandra salamandra
X
A surveiller
Directive Habitats Annexe IV X
23
Tableau 4 : Statuts de protection et de conservation des amphibiens contactées
2.3
INTERET PATRIMONIAL
Les amphibiens de la forêt de Bondy sont pour la plupart assez communs à l'échelle de la Région Ile-de-France. Seul le crapaud commun constitue une espèce patrimoniale pour la Région, puisqu'il justifie la création de ZNIEFF. A une échelle départementale, la salamandre tachetée et les grenouilles rousse et agile sont en revanche des espèces plus rares. De même dans une perspective départementale, la diversité spécifique en amphibiens de la Forêt de Bondy mérite d'être soulignée : à titre indicatif, le Parc de la Courneuve, d'une surface d'environ 400 hectares et riche en plans d'eau, accueille d'après les connaissances actuelles cinq espèces d'amphibiens. Grenouille rousse / C. Guihard / LPO
III.
ETUDE DES REPTILES EN PRESENCE
3.1
METHODOLOGIE
La recherche des reptiles s'est effectuée durant l'été, ces animaux à sang froid recherchant dans les premières heures de la matinée les sites termophiles afin d'élever leur température corporelle. Les prairies bien exposées, les tas de bois et de pierre ont régulièrement été prospectés. 3.2
RESULTATS DES PROSPECTIONS
Quatre espèces de reptiles sont présentes en 2004/2005 en Forêt de Bondy, dont la présence n'est pas une surprise : la couleuvre à collier, le lézard des murailles, l'orvet fragile et la tortue de Floride figurent dans toutes les études faunistiques réalisées depuis 10 ans. La couleuvre à collier et la tortue de Floride ont été observées dans les étangs, le lézard des murailles sur un pierrier à l'ouest du site. Aucune observation directe de l'orvet n'a été faite, mais les gestionnaires confirment sa présence en Forêt de Bondy.
24
Hbitat lézard des murailles / J. Riegel / LPO
3.3
INTERET PATRIMONIAL
Les statuts de protection et de conservation de ces reptiles figurent dans le tableau cidessous. Livre rouge de la faune menacée de France A surveiller
Directive Habitats Annexe IV
Annexe II Convention Berne
Lacerta muralis
Protection nationale stricte X
Lézard des murailles
Anguis fragilis
X
A surveiller
X
X
Couleuvre à collier
Natrix natrix
X
A surveiller
Tortue de Floride
Pseudemys scripta
Espèces recensées
Nom scientifique
Orvet
Tableau 5 : Statuts de protection et de conservation des espèces contactées
La couleuvre à collier, l'orvet fragile et le lézard des murailles sont strictement protégés en France. Le lézard des murailles figure également à l'Annexe IV de la Directive Habitats et à l'Annexe II de la Convention de Berne, qui regroupe les espèces dont la protection doit être stricte. Ces trois espèces sont également considérées par le Livre rouge de la faune menacée de France comme "à surveiller". Toutes ces espèces sont fréquentes en Région Ile-de-France, mais elles le sont beaucoup moins en Seine-Saint-Denis, département extrêmement urbanisé dont les habitats semi-naturels comme les espaces verts sont très fragmentés.
25
La tortue de Floride ne bénéficie pas de statuts de protection ou de conservation car c'est une espèce du nouveau monde, introduite en Europe pour la vente aux particuliers en tant qu'animal de compagnie.
Couleuvre à collier / C. Guihard / LPO
O
IV.
ETUDE DES MAMMIFERES EN PRESENCE
4.1
METHODOLOGIE
Il est difficile et aléatoire d'observer la plupart des mammifères en milieu naturel. Beaucoup sont essentiellement actifs à partir du crépuscule et restent très discrets lors de leurs déplacements. Les mammifères sont en revanche détectables indirectement, par les nombreux indices de présence qu'ils laissent derrière eux. Empreintes, terriers, fèces et restes de repas sont autant d'indices qui nous permettent de connaître les espèces présentes sur un site. Ces éléments sont recherchés sur les sentiers non bétonnés, les talus, les berges et les bords des chemins. Cette recherche de traces s'est avérée peu efficace en Forêt de Bondy: l'importance de la fréquentation des passants et des VTT, y compris sur les berges boueuses des étangs, rend le terrain illisible en matière d'empreintes. A l'avenir, la recherche des mammifères sur le site devra se base sur l'observation directe des individus, en affût crépusculaire et nocturne. Les chiroptères sont en revanche recherchés et identifiés par des contacts directs, qui font appel à une technique assez sophistiquée de reconnaissance des émis par les individus. Les chauve-souris produisent au niveau du larynx des ultrasons émis par le nez ou la gueule. Ces ondes se réfléchissent sur les obstacles ou les insectes en vol. L'écho en est perçu et analysé par les chiroptères qui utilisent ce système d'écholocation pour s'orienter. Chaque espèce émettant des fréquences caractéristiques, une connaissance précise de la signification des signaux retranscrits par les détecteurs d'ultrasons permet de déterminer quelles espèces sont présentes. Le type de contact acoustique permet également de déterminer le comportement : transit, passage ou chasse. Une séance d'écoute et d'observation a été conduite dès le crépuscule, sur des postes fixes de vingt minutes, prédéfinis le jour en fonction des potentialités des milieux. Entre 26
ces points d'écoute, des parcours linéaires ont été effectués en bordure des chemins et sur les zones de jonction des différents milieux. Le modèle utilisé ici était le détecteur Bat Box III. Cette technique de recherche acoustique a été complétée par l'observation directe, avec une puissante torche électrique de type Maglight.
4.2
RESULTATS DES PROSPECTIONS
La liste des mammifères contactés figure dans tableau ci-dessous. Nom vernaculaire de l'espèce Fouine
Martes foina
Renard roux
Vulpes vulpes
Murin de Daubenton
Myotis daubentoni
Murin de Natterer
Myotis natteri
Pipistrelle commune
Pipistrellus pipistrellus
Pipistrelle de Kuhl
Pipistrellus kuhli
Sérotine commune
Eptesicus serotinus
Hérisson
Erinaceus europaeus
Taupe
Talpa europaea
Lagomorphes
Lapin de Garenne
Oryctolagus cuniculus
Rongeurs
Campagnol sp. Ecureuil roux
Microtus arvalis ou Clethrioonomys glareolus Sciurus vulgaris
Mulot sylvestre
Apodemus sylvaticus
Surmulot
Rattus norvegicus
Ordre Carnivores Chiroptères
Insectivores
Nom scientifique
Tableau 6 : Mammifères contactés en Forêt de Bondy
14 espèces de mammifères ont été détectées sur la période d'étude, ce qui n'est pas exhaustif : d'autres espèces de micromammifères comme le mulot et la musaraigne sont en effet probablement présents, mais leur inventaire nécessite la mise ne place de dispositifs de capture. Un rapport de 1999 (G. Lemarchand, cf. bibliographie), mentionne également le loir, le lérot et la belette. Il n'y a pas eu d'observations de ces espèces depuis 1999, ce qui pose sérieusement la question de leur disparition du site. La localisation des chiroptères détectés figure sur la carte 3.
Murin de Daubenton / Ph. Jourde / LPO
27
Carte 3 : Localisation des contacts avec les chiroptères
28
4.3
INTERET PATRIMONIAL
4.3.1
Statuts des espèces contactées
Les statuts présentés dans le tableau 7 montrent que les 5 chauve-souris contactées sont menacées tant au niveau européen - elles figurent dans la Directive Habitats et la Convention de Berne - qu'au niveau national. Concernant les autres ordres, seul l'écureuil roux semble fragile : il est mentionné dans le Livre rouge, sous le statut "à surveiller".
Protection nationale Livre rouge de la faune stricte menacée de France
Espèce
Directive Habitats Annexe IV
Annexe II Convention Berne
Fouine Renard roux Murin de Daubenton
X
A surveiller
X
X
Murin de Natterer
X
A surveiller
X
X
Pipistrelle commune
X
A surveiller
X
Sérotine commune
X
A surveiller
X
X
Pipistrelle de Kuhl
X
A surveiller
X
X
Hérisson d'Europe
X
Taupe d'Europe Lapin de Garenne Campagnol sp. Ecureuil roux
X
A surveiller
Mulot sylvestre Surmulot
Tableau 7 : statut de protection et de conservation des mammifères contactés
4.3.2
Des espèces cosmopolites et ubiquistes
4.3.3
Les mammifères détectés en forêt de Bondy sont pour la plupart fréquents en Ile-de-France. La fouine, le renard, la pipistrelle commune, le hérisson la taupe, le lapin de garenne et les rongeurs contactées sont ubiquistes, c'est-à-dire qu'on les rencontre dans de nombreux milieux, et cosmopolites, ce qui signifie aire qu'ils occupent une Fouine / C. Bouchardy / LPO géographique très large. L'écureuil roux est cependant associé aux boisements. La forêt de Bondy : un site riche en chauve-souris
Cinq espèces de chiroptères ont été détectées en forêt de Bondy, ce qui représente une diversité spécifique importante de ces mammifères exigeants et fragiles. De plus, 29
une seule prospection nocturne ayant été conduite, d'autres espèces peuvent être présentes sans avoir été détectées le soir de l'inventaire. Le murin de Daubenton, la pipistrelle commune, la sérotine commune et le murin de Naterrer sont des chiroptères fréquents dans la Région, mais ils se concentrent essentiellement, d'après les connaissances actuelles, dans la grande couronne parisienne. Ils constituent donc un enjeu de conservation prioritaire en forêt de Bondy, le site constituant sans doute une zone refuge pour ces espèces dans le département. Une trentaine d'espèces de chauves-souris sont présentes en Europe de l'Ouest, dont la majorité est en déclin depuis les années 50, comme ce fut le cas pour les rapaces, également au sommet de la chaîne alimentaire. Une des raisons principales de cette régression tient à la diminution de leur nourriture, conséquence de l'utilisation excessive des insecticides et autres pesticides. Les chauve-souris manquent de proies, sont empoisonnées ou deviennent stériles. Leur diminution est également due à la destruction ou la perturbation des sites d'hibernation et de reproduction : l'élimination des arbres creux, la rénovation et la destruction des bâtiments anciens, la suppression des accès aux gîtes par des grillages ou des obturations et le traitement des charpentes leur sont préjudiciables (photo : Pipistrelle commune / P. Orabi / LPO). Par la complexité de leur cycle et leur sensibilité aux variations de l'environnement, ces mammifères sont donc des indicateurs des modifications des habitats et de la santé de nos écosystèmes. Le murin de Daubenton est par exemple indicateur de la qualité des zones humides, par le biais de la richesse en entomofaune, dont il assure d'ailleurs la régulation. Les plans d'eau pollués ou stériles ne permettent pas le développement des insectes et ne sont donc pas exploités. La concentration de l'activité de chasse des chauve-souris inventoriées au-dessus des étangs de la Forêt de Bondy révèle une bonne qualité écologique des étangs.
V.
PRESERVER LA FAUNE SAUVAGE DE LA FORET DE BONDY
5.1
ENJEUX ET MENACES
Comme le montre la carte 4, la Forêt de Bondy est l'un des principaux espaces verts de Seine-Saint-Denis. De plus, le massif forestier qu'il constitue avec les bois de La Couronne et de Bernouille ainsi que l'ancienneté de sa sylve font de cet ensemble la principale zone à caractère naturel du département. La biodiversité en vertébrés précédemment exposée témoigne de son importance écologique : la Forêt de Bondy est incontestablement une zone refuge pour la faune sauvage.
30
Carte 4 : Espaces verts de plus de 8 ha en Seine-Saint-Denis (1994) Source : Direction de l'Aménagement et du Développement de Seine-Saint-Denis
Cependant, la dimension sociale de cet espace prend une importance grandissante, qui témoigne à la fois de la demande croissante d'espaces verts et de nature de la part des habitants, et parallèlement de la rareté et de la dispersion de ces derniers. Comment concilier dans les prochaines années la préservation de la dimension écologique du site et la pression de fréquentation ? Il est d'autant plus difficile d'assurer une multifonctinnalité harmonieuse de la Forêt de Bondy que ses usagers se diversifient et ont des attentes différentes : besoin de nature (recherche d'un contact avec la faune, de calme et de naturalité), espace de détente et de rencontre (besoin d'aires de jeu, de bancs), ou encore de support à des activités de loisirs pour d'autres (pratique du VTT ou de l'équitation)… La Forêt de Bondy concentre donc beaucoup d'enjeux et d'attentes, dont la conciliation à terme pose question. Actuellement, il semble cependant que la gestion de cet espace ait permis un équilibre entre la préservation des espèces et des habitats du site avec la fréquentation. La pérennisation du patrimoine faunistique du site implique durant les prochaines années d'une part le maintien des options actuelles de gestion, d'autre part la conservation et la valorisation d'un existant, enfin la restauration de certains habitats actuellement en voie de dégradation. 5.2
PROPOSITIONS DE MESURES CONSERVATOIRES DE LA FAUNE SAUVAGE 31
?
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32
r l'écosystème dans son ensemble et favorise stabilité et durabilité de l'espace forestier. La diversité biologique du milieu forestier est étroitement liée à trois paramètres : la diversité des essences végétales (y compris de la strate herbacée), la complexité de la structure verticale (fondée pour beaucoup sur l'âge et la densité du peuplement arboré) et l'importance du bois mort sur pied ou à terre. Favoriser l'hétérogénéité des boisements La diversité des oiseaux est intimement liée à la structure des peuplements forestiers. Les peuplements aviens sont différenciés selon les strates d'évolution du milieu forestier et des cortèges d'oiseaux se succèdent d'un stade à l'autre. Ainsi à l'échelle d'un massif forestier, la richesse de l'avifaune sera dépendante de la variété structurale globale, et de la présence simultanée de tous les stades d'évolution des peuplements. Les parcelles forestières de la Forêt de Bondy ont été gérées en taillis-sous-futaie puis en futaie par bouquets par l'ONF de 1992 à 1999. L'Agence des Espaces Verts a depuis lors mis en place une futaie irrégulière, dont l'hétérogénéité verticale est favorable à l'avifaune. Actuellement, les gestionnaires ne pratiquent plus le semis, mais sélectionnent les individus et les essences sur les tâches de régénération naturelles, apparues après la tempête de 1999. Cet élément est déterminant : les substitutions d'essence et les reboisements artificiels d'espèces non indigènes entraînent des modifications brutales de l'écosystème et le fragilisent à long terme. La diversité des essences est avantageuse, à deux niveaux : d'une part elle rend solide et résistant le peuplement forestier dans son ensemble, d'autre part elle permet de diversifier dans l'espace et dans le temps les ressources en graines et en baies, ainsi qu'en insectes associés. L'intervention plus appuyée des gestionnaires pour le maintien de zones ouvertes au sein des boisements trop denses serait utile : d'une part la régénération spontanée est conditionnée par l'apport de lumière et d'espace, d'autre part les éclaircies permettent de créer des niches écologiques nouvelles. En Forêt de Bondy, il serait souhaitable pour le développement et le maintien de la faune sauvage, de créer des clairières herbacées hautes, fauchées une à deux fois par an. Les prairies sont en effet pour la plupart tondues à ras, ce qui ne permet pas le développement d'adventices, de graminées et de l'entomofaune associée. Les clairières herbacées sont riches en micro-mammifères et drainent une avifaune insectivore et granivore spécifique (gobe-mouche gris, moineau friquet, pipit des arbres, …).
Prairies rases / J. Riegel / LPO
33
Bien réparties en Forêt de Bondy, mais beaucoup en sous-bois, les zones de buissons et de fourrés doivent impérativement être maintenues. Elles constituent des abris pour les mammifères, et accueillent un cortège d'oiseaux nicheurs (grive musicienne, fauvette grisette, hypolaïs polyglotte…). Dans ce milieu, il serait intéressant d'encourager le développement d'arbustes à baies, comme le troëne, le sorbier ou le sureau. D'autre part, le développement de ce type de milieu en zone ouverte ou en lisière serait également souhaitable, sous forme de haies naturelles de cornouiller sanguin, fusain d'Europe, bourdaine, églantier ou prunellier… Les ressources alimentaires ainsi diversifiées seraient bénéfiques aux populations d'oiseaux hivernants et en halte migratoire. Maintenir des arbres à cavités et du bois mort Les boisements de la Forêt de Bondy sont riches en arbres creux et en bois mort, qui doivent être conservés. De nombreuses espèces floristiques et faunistiques dépendent du bois mourant, sur tout ou partie de leur cycle. Beaucoup de ces espèces jouent un rôle essentiel dans l'équilibre de l'écosystème forestier, car elles participent à la décomposition des matières organiques et remettent à disposition les éléments minéraux. Les bactéries et les champignons sont les premiers acteurs de la décomposition du bois mort, la matière organique évoluée étant dégradée par les organismes détritivores. Les insectes xylophages colonisent les vieux arbres et le bois mort, attirant les oiseaux qui s'en nourrissent comme les pics, les sittelles ou les grimpereaux. Les espèces cavernicoles, directement dépendantes des vieux troncs pour nicher, vont profiter des arbres creux, tel les pics, pigeon colombin, chouette hulotte, mésanges, sittelles, grimpereau, rouge-queue à front blanc et également de nombreuses espèces de chiroptères. Un objectif de conservation précis pourrait être le maintien de 2 à 3 arbres morts/ha et de 2 à 4 arbres à cavités / ha. L'équipe chargée de la gestion en Forêt de Bondy avait spontanément mis en place dans les années 90 un inventaire des arbres à cavités sur le site. Il serait intéressant de réitérer ce recensement afin d'identifier des arbres à conserver en priorité.
34
Ssouche sénéscente / J. Riegel / LPO
Aarbre mort sur pied / J. Riegel / LPO
Notons également que les petits mammifères ainsi que les reptiles et les amphibiens trouvent des gîtes de repos diurnes et des sites d'hibernation dans les tas de bois mort au sol ou les vielles souches. Il est donc important de ne pas les déplacer en hiver, et de les disposer à l'écart des voies de passage.
Tas de bois mort à préserver / J. Riegel / LPO
5.2.2
Les Chiroptères : valoriser les gîtes potentiels existants
Comme nous l'avons vu au chapitre précédent, la Forêt de Bondy abrite au minimum 5 espèces de chiroptères, contactés lors de l'inventaire en activités de chasse. Des traces de gîte sur le site ont également été trouvées, dans l'arbre à cavité figurant sur la photographie ci-dessous.
Arbre creux utilisé comme gîte par les chiroptères (traces de fientes dans la cavité) J. Riegel / LPO
Favoriser les gîtes naturels Les chauve-souris arboricoles sont directement dépendantes des vieux arbres. En période de reproduction, les femelles de murin de Daubenton et potentiellement la plupart des femelles de chiroptères, se regroupent dans un gîte de mise-bas qui peut être un arbre creux. Ce sont essentiellement des feuillus qui sont recherchés et souvent des chênes, hêtres, platanes, frênes, châtaigniers ou robiniers. La configuration des cavités recherchée est particulière : la "chambre" occupée par les chauve-souris doit se 35
trouver au-dessus de l'entrée de la cavité. Il serait pertinent d'inventorier et de marquer les arbres de la Forêt de Bondy de diamètre supérieur à trente-cinq centimètres présentant ce type de cavités : leur conservation serait alors une priorité. De plus, les travaux d'élagage doivent être pratiqués de préférence en septembre ou en octobre en veillant à ménager autant que possible les cavités des branches et des troncs, en particulier les parties en amont des ouvertures apparentes. Enfin rappelons que les alignements d'arbres et les îlots boisés sont des sites de chasse appréciés de toutes les chauve-souris. Conserver et valoriser les gîtes artificiels ) Utiliser un édifice abandonné Les deux espèces de pipistrelles contactées et les murins de Daubenton et de natterer peuvent gîter dans les disjonctions et les fissures des constructions. Des abris potentiellement utilisées ont été identifiées dans l'abri désaffecté bordant le canal à l'est du site. Il serait intéressant de laisser en l'état les fissures de ces façades, figurant sur les photographies ci-dessous, ou au moins, si la conservation du bâtiment nécessite de rejointer les murs, des espaces de 2X10 cm.
Bâtiment désaffecté aux murs fissurés
Gîte potentiel à chiroptères / J. Riegel / LPO
Cet édifice étant actuellement inutilisé, il pourrait également être spécifiquement aménagé pour accueillir les chiroptères en période de reproduction (la température intérieure du bâtiment serait sans doute trop basse en hiver, et l'hygrométrie trop faible).
Pour l'aménager en gîte, il faudrait: -Obturer la porte et les ouvertures béantes, en ménageant des entrées de vol à l'attention spécifique des chauve-souris, c'est-à-dire de 7 cm de haut sur 40 cm de large; -Tapisser les murs intérieurs de nichoirs artificiels en bois et de briques creuses cloisonnées en ciment ou terre cuite; -Disposer sur le sol un film plastique afin de recueillir le guano. 36
) Aménager des gîtes dans les panneaux d'information Des panneaux d'information à destination du public sont régulièrement disposés en Forêt de Bondy, dont l'un a été photographié ci-dessous. Le doublement du dos de ces structures avec un panneau de bois ménageant une ouverture inférieure permettrait aux chauve-souris de se lover dans l'interstice ainsi créé. Les mâles pourraient y gîter, voire les femelles s'y reproduire. Il faut veiller à la rugosité de la surface interne du panneau apposé, afin que les individus puissent s'y accrocher.
Structure à doubler au dos sur les 3/4 supérieurs J. Riegel / LPO
) Utiliser des traitements des charpentes non toxiques Pour tous les bâtiments du site, les produits utilisés pour les traitements des charpentes doivent être impérativement non toxiques et les travaux d'entretien du bâti menés au plus tôt le 1er octobre et au plus tard le 30 mars. Que les traitements soient préventifs ou curatifs, il faut impérativement exclure les produits contenant des organochlorés (Lindane ou Pentachlorophénols - PCP), d'une extrême nocivité.
5.2.3
Maintenir la fonctionnalité des mares Le réseau de mares et de canaux de la Forêt de Bondy confère une plus-value écologique importante au site, au vu de la disparition généralisée des mares, des mouillères et des zones humides en général dans notre pays. Jusqu'à 13 mares ont été fonctionnelles sur le site certaines années, en plus des étangs permanents, offrant un réseau d'habitats remarquable pour les amphibiens. Mare parcelle 37 / O. Païkine / LPO
L'entretien d'un nombre aussi important de mares
37
est humainement et techniquement lourd, en particulier en milieu forestier où la litière s'accumule en une saison dans les mares entourées d'arbres, La carte 5 montre l'état des mares en 2004 en Forêt de Bondy.
Carte 5 : Etat des mares en Forêt de Bondy
S'il est ambitieux de vouloir maintenir la fonctionnalité de l'ensemble des mares du site, une priorité pourrait être le maintien de toutes celles du nord ouest de la Forêt de Bondy. Ces mares se situent dans la zone la moins fréquentée du site, et sont d'autre part les moins éloignées de celles du Bois de Bernouille, qui sont également très attractives pour les urodèles et les anoures. Pour un rappel synthétique, la gestion des mares en faveur des amphibiens doit tenir compte des paramètres suivants : ) Eviter l'assèchement des mares en début de saison estivale, avant que les larves n'aient fini leur métamorphose. Les tritons sont particulièrement menacés par ces assèchements, les têtards ne se métamorphosant qu'après deux ans. L'assèchement des mares peut être évité en augmentant leur profondeur : un volume de 5m3 et une profondeur centrale de 70 centimètres au moins garantissent généralement une mare toujours en eau. Les plages d'eau peu profondes ne doivent pas dépasser 25% de la surface, pour éviter l'étouffement rapide par la végétation. 38
) Des berges en pente douce et plusieurs niveaux de profondeur permettent la colonisation végétale de différents cortèges de plantes. Le flanc nord de la mare est généralement le plus ensoleillé : des zones étagées végétalisées doivent au moins exister à ce niveau. ) Si les plantes aquatiques sont source d'oxygène, d'abris et de supports de ponte pour les amphibiens, elles peuvent aussi étouffer les mares. S'il reste peu ou pas de zones en eau libre, un étirage peut être fait, massivement en novembre ou décembre, ou petit à petit, tout en douceur, tout au long de l'année. Concrètement, l'étirage consiste à couper ou déraciner manuellement les tiges des plantes immergées. Celles-ci sont d'abord déposées au bord de la mare un jour ou deux, afin que la faune s'en dégage, puis elles sont exportées et peuvent fournir un excellent compost. Le procédé est le même en cas de multiplication des algues filamenteuses. Elles doivent être retirées régulièrement au râteau, mais l'opération est plus délicate: les grosses larves d'insectes, les tritons et les têtards y sont nombreux et très sensibles au dessèchement. Ils doivent être dégagés au fur et à mesure. ) La qualité de l'eau conditionne le maintien de cette faune : pesticides et insecticides ne sont pas sélectifs et sont toxiques pour la plupart des espèces. Epandus sur les plans d'eau comme sur les parcelles périphériques, ils bouleversent les écosystèmes aquatiques. ) La mise en place à proximité des mares de refuges et de zones d'alimentation pour les insectes et les amphibiens les rendra d'autant plus attractives. Des tas de pierre et de bois à destination des amphibiens, un tronc couché ou une vielle souche pour les insectes sont des aménagements simples et efficaces.
Mare parcelle 74 / O. Païkine / LPO
5.2.4
Créer des aires de nidification pour les oiseaux d'eau
Quatre vastes étangs au centre de la Forêt de Bondy, ceinturés d'aulnes, de saules et de bouleaux, et en bordure de roselières à massettes et phragmites devraient accueillir une grande diversité d'oiseaux d'eau en période de reproduction et d'hivernage. Pourtant l'abondance des oiseaux d'eau nicheurs est très faible, et seule la foulque macroule semble apprécier le site, avec 4 couples en 2004. EN revanche, il n'y a eu 39
cette saison qu'un couple de poule d'eau, canard colvert et grèbe huppé. Le grèbe castagneux, nicheur en 1999, n'a pas été observé sur les étangs, même en nourrissage. Cette faible représentation des oiseaux d'eau sur le site est liée à la fréquentation autour des étangs. Les chiens sont peu tenus en laisse, comme en témoigne l'état des massettes au nord de l'étang Dominique. De plus, les berges sont aisément, et pratiquement sur tout le pourtour des plans d'eau, accessibles au public et aux pêcheurs. Les étangs, de par leur qualité paysagère et le contraste qu'ils offrent avec le milieu forestier environnant sont très attractifs pour le public et la pression de dérangement ne peut qu'aller en augmentant. Cependant, il est possible avec quelques aménagements, de créer des zones refuge pour les oiseaux d'eau et de limiter ainsi la pression de dérangement.
) Aménagement sur l'étang Isabelle Des massettes se développent au nord-est de l'étang Isabelle, au niveau de la queue de l'étang. Celle-ci est en contrebas du chemin de contour, mais la pente qui conduit à l'eau est couramment empruntée par les chiens et les visiteurs. La mise en place d'une barrière artificielle ou végétale séparant le chemin de cette pente permettrait de protéger la roselière en contrebas du dérangement.
Etang Isabelle / J. Riegel /LPO
) Protéger la roselière de l'étang Virginie La roselière bordant au nord l'étang de Virginie est la plus intéressante du site pour l'accueil des oiseaux d'eau. Elle est actuellement inaccessible par la protection que constitue indirectement la clôture de la zone en régénération qui la borde au nord. Cependant, lorsque les interventions des gestionnaires reprendront sur cette parcelle, 40
cette clôture sera supprimée. Il serait alors pertinent de mettre en place un nouveau système de protection de la roselière, afin qu'elle soit impénétrable par voie terrestre.
Phragmitaie de l'étang de Virginie / J. Riegel / LPO
Par ailleurs il serait intéressant d'encourager le développement de cette roselière vers le sud-ouest, afin d'augmenter sa profondeur, ce qui serait encore plus favorable à la nidification de l'avifaune. ) Aménager un radeau sur l'étang Virginie La perte d'habitat pour les oiseaux d'eau engendrée par la fréquentation des berges pourrait être efficacement compensée par l'aménagement d'un îlot sur l'étang Virginie. Celui-ci est le plus vaste et le plus profond des quatre plans d'eau. Un radeau végétalisé arrimé par deux attaches au fond de l'étang, au centre du plan d'eau, mettrait les oiseaux le colonisant à l'abri des visiteurs et des chiens. Il pourrait permettre le retour d'espèces sensibles comme le grèbe castagneux. 5.2.5
Les sites d'accueil périphériques pour la faune sauvage
La faune inventoriée dispose en réalité d'une surface forestière effective d'accueil bien supérieure à la Forêt de Bondy proprement dite, car celle-ci jouxte le Bois de la Couronne, lui-même mitoyen du Bois de Bernouille. Rappelons-le, cet ensemble constitue le plus grand ensemble vert du département, comme le montre la carte 5 précédente. Déplacements des populations d'amphibiens Pour les populations d'amphibiens, à faible capacité de dispersion, la surface de ce massif devrait permettre le maintien des populations d'anoures et d'urodèles en présence, dans la mesure où les habitats terrestre et aquatique qu'ils abritent ne se dégradent pas. La conservation de l'ensemble de cette surface forestière est cependant impérative, car les possibilités de colonisation d'autres sites périphériques sont très limitées. A l'ouest, au nord et au sud du massif forestier considéré, la densité du tissu urbain et des routes hypothèque totalement la dispersion de ces amphibiens. Cela semble en revanche possible à l'est, sur le corridor formé par l'aqueduc de la Dhuis et le linéaire de végétation qui le borde. Ce corridor écologique rejoint les riches et vastes Bois de St Martin et de Claye, comme illustré sur la carte 6. 41
Source : Carte IGN 1/25 000 Dammartin-en-Goële
Carte 6 : Environnement oriental et septentrional de la Forêt de Bondy
Déplacements des populations de mammifères La question de la dispersion des mammifères présents sur le site est plus cruciale, ces espèces ayant des exigences de territoire plus importantes. La bonne santé des populations nécessite également un certain brassage génétique. Il serait aisé pour toutes les espèces terrestres en présence de rejoindre le Parc de Sevran puis le Parc du Sausset, si des jonctions vertes le permettaient. En effet, jusqu'à la limite des communes de Coubron et Vaujours, il existe un maillage intéressant de boisements, de friches puis de jardins potagers.
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Jardins potagers entre Coubron et Vaujours / J. Riegel / LPO
Mais de nombreuses barrières physiques sont plus au nord par des murs et des grillages longeant la Nationale 3. Cette route elle-même est large et très fréquentée, et constitue une étape potentiellement mortelle pour un quadrupède ou un reptile. Elle est de plus coupée par endroits sur son axe central par un mur de béton.
Barrières physiques pour la faune terrestre entre le massif de Bondy et le Parc de Sevran / J. Riegel / LPO
Des passages pour la faune pourraient être créés, mais le Parc de Sevran et le Parc du Sausset sont eux-mêmes isolés au sein d'agglomérations n'offrant pas de capacités d'accueil pour la faune sauvage. Les espaces verts urbains comme les jardins, les squares, les parcs communaux et les cimetières y sont extrêmement morcelés, compartimentés et pour la plupart hermétiquement clos. Ici encore les possibilités intéressantes de dispersion des mammifères terrestres se situent à l'ouest de la Forêt de Bondy. Afin de faciliter la mobilité des mammifères, reptiles et amphibiens, il serait utile de créer des points de passage supplémentaire entre la Forêt de Bondy et le Bois de la Couronne. Le site est en effet ceinturé d'un grillage, qui ne ménage des accès qu'en journée, quand les grilles s'ouvrent pour la passage du public. Des accès existent encore probablement la nuit, mais la bordure inférieur du grillage pourrait cependant être ponctuée de zones étroites et discrètes de passage pour la faune sauvage.
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Grillage ceinturant la Forêt de Bondy / J. Riegel/ LPO
Avifaune et chiroptères Leur aptitude au vol laisse à penser que la dispersion de ces groupes est moins soumise aux barrières physiques locales. Pourtant, les axes routiers larges et très fréquentés, en particulier s'ils coupent des couloirs de migration, entraînent une mortalité conséquente pour les oiseaux. L'impact de ces infrastructures sur les chiroptères est moins connu. Il est essentiel lors de l'aménagement des routes de tenir compte de ces impacts sur l'avifaune, en entretenant les bords de route afin qu'insectes et micro-mammifères ne s'y développent pas et n'attirent les oiseaux en quête de nourriture. IL est d'autre part conseillé de créer des haies d'arbres de haute taille de part et d'autre de la route afin d'inciter les oiseaux à prendre de la hauteur. Ces aménagements sont schématisés en figure 2.
Figure 2 : Aménagements pour limiter les collisions avec les oiseaux Source : Protéger et gérer les haies le long des routes et des chemin, CG Bas-Rhin, LPO alsace
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Le maintien de la richesse avifaunistique sur un site dépend de la valeur écologique de ses écosystèmes, mais également de son environnement périphérique. En ne considérant qu'une échelle départementale, ce qui est déjà bien réducteur quand on considère les espèces migratrices, seule une politique concertée de gestion durable des espaces verts à caractère naturel permettra le maintien de la diversité avienne de Seine-Saint-Denis. Il est impératif de créer un réseau d'habitats à forte valeur écologique, connectés entre eux, afin de lutter contre la fragmentation des espaces, l'urbanisation galopante et la perte biologique, paysagère et de qualité de vie qui en découle.
CONCLUSION Le patrimoine faunistique de la Forêt de Bondy en matière d'oiseaux, d'amphibiens et de chiroptères est remarquable pour la Seine-Saint-Denis et son maintien constitue un enjeu de conservation prioritaire pour le département. L'ancienneté, la naturalité et la surface de la Forêt de Bondy font de ce site une zone refuge pour la faune associée au milieu forestier. Mais ce site est également riche par la diversité de ses habitats : le réseau de mares, les espaces semi-ouverts que l'on rencontre en lisière ou en clairière accueillent des populations d'oiseaux et d'amphibiens qui ajoutent à la richesse biologique des parcelles forestières. Cependant, l'évolution du peuplement avien depuis 1999 montre la disparition de certains oiseaux nicheurs et une baisse de la diversité spécifique en période de migration. Cette perte de biodiversité est partiellement mais incontestablement liée à l'augmentation de la fréquentation du site. Celle-ci a d'une part pour conséquence le départ des espèces les plus farouches, d'autre part une perte de sites de nidification et de repos, enfin à terme une perte d'habitat due au piétinement et la dégradation du couvert végétal qui hypothèquent sa régénération. Jusqu'à présent, les fonctions sociale et environnementale de la Forêt de Bondy ont été conciliées, mais un seuil semble atteint, au-delà duquel le site perdra de sa valeur écologique. A court terme, un choix de gestion devra s'opérer, privilégiant soit la mise en place de nouveaux aménagements et d'espaces de détente, soit la conservation des écosystèmes en présence. A moyen terme, seules la restauration et la mise en place à l'échelle départementale d'un réseau d'espaces verts connectés garantira le maintien du patrimoine faunistique de Seine-Saint-Denis et celui de sites emblématiques comme la Forêt de Bondy.
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Résumé L'étude faunistique conduite durant une année par la LPO révèle la présence de 68 espèces d’oiseaux dont 41 nicheuses. Les espèces à plus forte valeur patrimoniale sont les pics noir et mar (nicheurs), le martin-pêcheur d’Europe et la bondrée apivore, inscrits à l’annexe I de la Directive 'Oiseaux ". La nidification du loriot d’Europe et du pigeon colombin est également remarquable pour la région. Sept espèces d’amphibiens ont été observées sur le site : les tritons palmé et ponctué, la salamandre tachetée, les grenouilles verte, rousse et agile, cette dernière étant classée en annexe IV de la Directive "Habitats". Les reptiles sont représentés par le lézard des murailles, l’orvet, la couleuvre à collier et la tortue de Floride. Toutes les espèces indigènes sont considérées comme "à surveiller" en France. Le lézard des murailles est inscrit à l’annexe IV de la Directive "Habitats " et à l’annexe II de la Convention de Berne. Parmi les 14 espèces de mammifères contactées, les chauves-souris sont particulièrement bien représentées (murins de Daubenton et de Natterer, pipistrelles commune et de Kuhl, sérotine commune), ce qui confère au site un intérêt patrimonial certain. Toutes figurent à l’annexe IV de la Directive "Habitats" et quatre d’entre elles à l’annexe II de la Convention de Bonn. Concernant les orientations de gestion conservatoire, des améliorations de la fonctionnalité des étangs pour l'avifaune sont souhaitables. L'aménagement de zones refuges pour limiter les impacts de la pression de fréquentation favoriserait en particulier la nidification d'un plus large cortège d'espèces. La conservation des arbres morts et à cavités dans les boisements doit rester une priorité : ils confèrent un intérêt écologique remarquable à la Forêt de Bondy et accueillent une faune spécifique et rare en Seine-Saint-Denis. La diversité des habitats sur le site pourrait encore être améliorée en aménageant une strate intermédiaire de fourrés et de buissons en lisière des boisements et des prairies, comportant par exemple des espèces à baies. La création de clairières herbacées au sein des parcelles forestières serait également souhaitable. Il est également préconisé d'utiliser le mobilier existant pour aménager des gîtes à chiroptères afin d'augmenter les possibilités de reproduction et d'hivernage pour ce groupe. Enfin, considérant l'augmentation croissante de la fréquentation du site et le morcellement des espaces verts périphériques, la pérennisation de la faune de la Forêt de Bondy dépend à moyen terme de la restauration d'un réseau d'espaces verts connectés à l'échelle départementale.
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Resumen El seguimiento ornitológico efectuado durante un año revela presencia de 68 especies de aves (41 nidificantes), 4 de las cuales están inscritas en el anexo I de la Directiva de Aves [de la Unión Europea]. Se trata de los pitos negro y mediano (nificante), del martin pescador y del halcón abejero. El nidificación del oropéndola y de la paloma zurita es notable para la región. Siete especies de anfibios fueron observados en el mismo sitio : las ranas verde, bermeja y ágil, los tritones palmeado y común, la salamandra pintada. La rana ágil esta inscrita en el anexo IV de la Directiva de Hábitats. Los 4 reptiles están representados por la lagartija roquera, el lución, la culebra de collar y la "tortuga de Florida". Todas las especies indígenas están catalogadas como “para vigilar" en Francia. La lagartija roquera esta inscrita en el Anexo IV de la Directiva de Hábitats asi que en el anexo II del Convenio de Berna. Dentro de las especies de mamíferos contactados (14 especies), los murciélagos están particularmente bien representados con el murciélago de Daubenton y el murciélago de Natterer , el murciélago común y el murciélago de borde claro], pero también el serotino, lo que confiere al sitio un interés patrimonial cierto. Todos figuran en el Anexo IV de la Directiva de Hábitats y cuatro de ellos en el anexo II del Convenio de Bonn . Las orientaciones de gestión propuestas para las plantaciones de bosques, propicias para la biodiversidad. Por otra parte, la conservación de árboles muertos con cavidades utilizadas por aves y murciélagoses una prioridad. Estos últimos podrían también beneficiar de madrigueras arteficiales según acondicionamientos específicos. Las mejoras sensibles de la funcionalidad de las zonas húmedas presentes en el Bosque regional de Bondy pueden ser planeados. En la superficie de las albuferas, unas instalaciones favorecerán la nidificación de la avifauna acuática si se preserva la tranquilidad . Por último, la conexión de poblaciones tanto de anfibios como de mamíferos tiene que buscarse a una escala más amplia, por medio de disposiciones bien definidas favoreciendo los fenómenos de intercambio de indivíduos, garantía de la presencia de un cierto número de especies en el contexto particularde la Seine-Saint-Denis, departamento muy urbanizado y recorrido por gran numero de carreteras.
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Summary The bird monitoring implemented over a year shows the presence of 68 species of birds, including 41 nesting. Four of which are on the annex 1 of the "Birds" directive : black woodpecker and middle spotted woodpecker (nesting), the european kingfisher and the honey buzzard. The nesting of the european golden oriole and the stock dove is remarkable considering the site. Seven species of amphibians live on the site : the pool grog, the edible frog, the common frog and the agile frog, the palmate newt, the smooth newt and the fire salamander. The agile frog is on the annex IV of the "Habitats" directive. Four species of reptiles have been seen : the wall lizard, the slow-worm, the red-eared slider and the grass snake. All the native species must be watched in France. The wall lizard is on the annex IV of the "Habitats" directive and on the annex II of the Bern Convention. Among the 14 species of mammals seen and heard, the bats are particularly well represented, which makes the site definite natural heritage. All the species are on the annex IV of the "Habitats" directive and four of them on the annex II of the Bonn Convention. The type of management chosen for afforestation is favourable to biodiversity. Besides the preservation of dead trees offering cavities used by birds and bats is a priority. To increase spatial heterogeneousness, it could be relevant to create on the one hand clearings inside closed afforestations and on the other hand gradual borders between afforestations and grasslands. Improvements to the practicality of wetlands in the Bondy regional forest are possible. Regarding the lakes, it is necessary to encourage waterbirds to nest by offer them areas of peace and tranquillity. Finally, considering the increasing attendance in the Bondy regional forest and the heavily built-up environnement, the biodiversity conservation on this area will be conditional on a global preservation of green spaces in Seine-Saint-Denis.
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