2010-09-30 FRANCE_SOIR

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30 SEPT 10 Quotidien Paris OJD : 22724 Surface approx. (cm²) : 1404 N° de page : 2-3 4 RUE LEON JOST 75017 PARIS - 01 56 21 00 00

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Bras cassé, IBM, pontage les vrais prix de la santé Enquête Hors que le déficit de la Sécurité sociale continue de se creuser, nous vous donnons les vrais prix de la médecine aujourd'hui. 'est gratuit », « II n'y a rien à payer »... Quand on parle de santé en France, on a l'impression que ça ne coûte rien ou presque. Passer un scanner, subir une opération des amygdales ou de la hanche est fréquent et tout le monde y a droit quels que soient ses moyens. L'hôpital ne demande aux patients de s'acquitter que du forfait journalier de 18 €, et de 91 € en cas d'opération. Pour la plupart, cette somme est même remboursée par leur organisme de mutuelle ou les complémentaires santé. Pour les autres, c'est bien souvent l'Etat au travers de la couverture maladie universelle (CMU) qui prend en charge ces frais intégralement.

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(I 3.000 € par an et par Français I a France se situe dans le peloton de tête Ldes pays membres de l'OCDE pour ses dépenses de santé (de l'Etat, de la Sécurité sociale, des mutuelles, des ménages...). Et à un niveau comparable à celui de l'Allemagne ou de la Suisse, selon Eurostat, l'office statistique de l'Union européenne. En 2006, les dépenses de santé s'élevaient en France à plus de 193 milliards d'euros, soit 3.062 € en moyenne, rapporté au nombre d'habitants. En Allemagne, ces dépenses avoisinaient alors les 236 milliards d'euros, soit 2.865 € par habitant. Les Etats-Unis se placent loin devant avec des dépenses de santé de 5.391 € par habitant. En Espagne, au contraire, le budget santé est beaucoup plus faible, à 79,3 milliards d'euros en 2006, moins de 1.800 € par habitant. Sans parler des pays de l'est de l'Europe, comme la Pologne, la Roumanie, la Bulgarie ou là Lettonie, avec des dépenses de santé par habitant comprises entre 200 et 418 €, en 2006.

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Des opérations très chères

Pourtant tous ces actes ont un coût et pas des moindres, car, entre ce qui est demandé aux patients et le vrai coût des soins, les différences sont surprenantes. Ainsi, une banale opération de l'appendicite coûte 6.200 €, l'ablation des amygdales et des végétations, très fréquente chez les enfants, s'élève à 2.500 €. Des sommes largement dépassées pour des opérations plus lourdes comme la pose d'une prothèse de hanche, qui revient à 8.000 €,

ou une greffe de cœur, qui approche les 50.000 €. De même, une journée dans un service de psychiatrie fermé approche les 1.000 € et une journée en réanimation s'élève à 2.550 € (voir tableau page 3). Au total, l'ensemble des dépenses de santé en France en 2009 - incluant les soins à l'hôpital, les consultations chez le médecin ou le dentiste, les analyses médicales ainsi que l'achat des lunettes ou de médicaments s'élève à 175,7 milliards d'euros. Mais alors, qui paye ce prix ? C'est la Sécurité sociale à 75,5 %. Le reste étant pris en charge par les complémentaires santé comme les mutuelles ou les sociétés d'assurances ainsi que par les ménages.

23 milliards de déficit Une prise en charge importante qui explique en partie le déficit abyssal de la Sécurité sociale, qui ne cesse de se creuser depuis des années et qu'aucun gouvernement n'arrive à endiguer. Il atteint cette année plus de 23 milliards d'euros et devrait se creuser de 5 milliards supplémentaires si rien n'est fait. Face à cela, le ministère du Budget a annoncé un certain nombre de mesures destinées à le réduire et il espère dégager 2,5 milliards d'économies d'ici l'année prochaine. Pour Lucien Bennatan, président du groupement de pharmaciens PHR qui représente 10 % de la profession, la Sécu devra impérativement changer dans les prochaines années. « A terme, la Sécu deviendra le RMI de la santé. Elle ne sera là que pour les maladies lourdes et se désengagera de pathologies plus légères. Elle ne

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Le prix des soins en France atteint des chiffres exorbitants, ce Que la plupart des Français ignorent.

remboursera plus les traitements liés par exemple au rhume ou à la gastro et demandera aux patients d'avoir une complémentaire santé En clair, les Français devront payer plus Ceux qui ne le pourront pas

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seront aidés par l'Etat, mais les autres vont forcément voir leurs cotisations augmenter » Etrangement, alors que tout le débat porte sur les déficits, il est étonnant que la plupart des Français ignorent

le coût réel des actes médicaux mais également que les autorités ne fassent pas de travail pédagogique • Romain Katchadourian, avec Alexandra Gonzalez et Marie Conquy

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"Notre système de santé gaspille trop" Pour Jean-Marie André, économiste à l'Ecole des hautes études en santé publique, les mesures d'économie avancées par le gouvernement pour combler le trou de la Sécu sont insuffisantes, France-Soir Le déficit de la Sécurité sociale est abyssal Comment en est-on arrivé là ? Jean-Marie André Cette situation est notamment liée à la faiblesse de la croissance économique, qui ralentit les recettes de la Sécu. Les dépenses de santé continuent par ailleurs de s'accroître et, face à cela, l'Etat a énormément de mal àmettre en place une politique de régulation efficace qui permettrait de lutter notamment contre le gaspillage F.-S. Qu 'entendez-vous précisément par gaspillage ?

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J.-M. A. Notre système de santé est très bon, mais il n'est pas optimisé. De nombreux examens sont redondants Au lieu de passer un scanner, le patient va en passer deux ou trois. Puisque beaucoup de médecins sont rémunères à l'acte, nous assistons à une explosion de ces derniers, faisant grimper la facture de la Sécu A ce stade, on peut parler de dérive Les médecins généralistes ont aussi tendance à avoir la main trop lourde et à prescrire plus que de raison Ce sont des dépenses sur lesquelles les patients n'ont aucun pouvoir. F.-S. Pour soulager la Sécu, le patient ne doit-il pas payer plus ? J.-M. A. Le patient paie déjà beaucoup II prend en charge 25 % des dépenses de santé, et beaucoup de soins de la médecine de première ligne comme des soins dentaires ou une consultation chez un spécialiste, par exemple, lui reviennent

quasiment intégralement. Beaucoup de patients qui sont trop pauvres pour avoir une mutuelle ou une complémentaire santé et trop riches pour bénéficier de la couverture médicale universelle (CMU) se retrouvent alors coincés, et ont tendance a repousser les soins et à attendre que le problème devienne grave pour consulter F.-S. Que faut-il faire alors ? J.-M. A. Sur le long terme, pour résorber de façon structurelle le déficit de la Sécu, il faudrait rembourser quasiment intégralement cette médecine de première ligne, ce qui éviterait les dépenses plus coûteuses a l'avenir C'est ce que font la plupart de nos voisins européens, mais évidemment, chez nous, cette mesure est impossible a mettre en œuvre, car dans un premier temps elle creuserait encore plus le déficit Pour combler ce dernier, on doit aussi s'attaquer aux

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niches sociales comme les heures supplémentaires, les stock-options ou les prîmes d'intéressement, qui sont relativement exonérées La Cour des comptes a calcule que, si on taxait un peu plus les stock-options, on pourrait dégager 3,2 milliards d'euros Quand on voit que le gouvernement recherche 2,5 milliards d'économies pour 2011, cet élément est intéressant F.-S. Justement, les mesures avancées par le gouvernement pour inverser la tendance sont-elles suffisantes ? J.-M. A. Très franchement, je n'y croîs pas trop Continuer de dérembourser des médicaments relève, selon moi, du maquillage, cela ne change rien au niveau structurel Les sommes ainsi économisées se chiffrent en millions alors qu'il faut des milliards • Propos recueillis par R. K.


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Le coût des actes médicaux pour la Sécu Greffe du cœur

Traitement d'une leucémie chez un mineur

22.600J

49.360 € ©PatrickAllard/REA Jobard

Pontage coronarien

Pose d'une prothèse

14.400

I Charuel/SPA Florence Durand/SIPA Patrice Mdgnien/MaxPPP Mychele Daman

Une semaine de dialyse

7.790C (3 séancesJL

Traitement d'une fracture

Journée en service de réanimation

2.550

Chimiothérapie

du bras

pour tumeur

Les prix indiqués ci-dessus sont issus d'un arrête du ministère de la Santé, qui fixe chaque année le montant des prestations hospitalières pris en charge par la Sécurité sociale. Ces tarifs représentent le coût réel (achat et entretien du matériel, paiement des personnels

1 'ue'que'vous En médecine, chirurgie, obstétrique...

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Opération l'appendicite

de hanche

Ml Gile/SIPA FranckValentin/PhotoPQR Coir.bngh'SIPA Frank Muller/H

Ablation des amygdales

Accouchement

chez l'enfant

sans complication

journée dans un service psychiatrique ferme

2.500e

2.200e

930 €

'RM du thorax

Scanner du thorax

Journée dans un service I

de santé, dépenses courantes...) et non celui que paie le patient. Pour réaliser cette infographie, France-Soir a calculé le prix moyen pour quinze actes pratiqués à l'hôpital en 2010. Car, selon l'âge du patient, son état de santé ou son poids, le coût d'une intervention varie

fcflwratne long séjour

fortement. En revanche, ces tarifs ne prennent pas en compte les dépassements d'honoraires éventuels. Les prix sont également majorés de 5 % en Corse, de 7 % en Ile-de-France et de 25 à 30 % dans les collectivités territoriales d'outre-mer.

pour'une'journee^rhopital 13 € En psychiatrie *w50 fw w

f\ g* Séjour maternité. || f> Affections de longue durée

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