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Se réapproprier la nature

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Remerciements

Remerciements

sous la capuche en était recouvert. De la bonne terre de chez nous, aurait dit le père Mandrin s'il n'avait pas été làbas à bosser sur son tracteur." 77, Marin Fouqué page 15

Bitume et terre grasse

"Du maintien des espaces agricoles dépend la pérennité des paysages de plateau et de leurs motifs. Ce qui implique d’endiguer les extensions résidentielles récentes qui recouvrent les espaces de respiration autour des hameaux et des villages."

Sources : Montois - Atlas des paysages de Seine-et-Marne.

" Etrange. Je tire encore une latte et retourne à mes observations de la terre grasse en face de moi. J'imagine souvent les vers au-dedans qui se rampent les uns sur les autres, qui se contractent et s'étirent par mailles comme pour former des nœuds. Des sacs de nœuds de vers tellement enlacés qu'on pourrait en faire des boules, tellement entremêlés que ça ferait du bordel, du bordel de vers, ça fait quel bruit? Les vers? Un raclement? Ce raclement? Non, ça c'est plutôt le bruit d'un raclement de godasse sur le bitume, quelqu'un qui vient."

77 Marin Fouqué, Roman, Page 30

L'observation est une manière de s'approprier un paysage. Toujours en attendant le bus, l'auteur imagine la vie dans le sol de sa terre. Sa vision de la vie des vers de terre dans la boue grasse des champs au premier plan devant l'arrêt du bus est à la fois fantasmagorique et l'expression du fonctionnement physique du sol. L'appropriation du sous-sol par les vers de terre est invisible et l'auteur attire notre attention sur la matière qui recouvre et constitue le sol, la boue avec certains de ses habitants les vers de terre.

La vie du sol est intimement liée à l'échange terre et vers. Les tunnels creusés par les ombilics dans la matière servent à l'eau pour irriguer le sol en profondeur. La perméabilité des surfaces qui recouvrent le sol est vitale pour le fonctionnement du système sol et pour les cultures.

"Le mont Vernou est un des sites importants de l’entité du rebord de la Brie du Châtelet autour duquel il est indispensable de maintenir un continuum de terres cultivées."

Sources : Montois - Atlas des paysages de Seine-et-Marne.

Dans le roman 77, la vision des vers de terre qui, formant une grosse boule compacte pour sortir enfin de la terre et rouler vers le hameau en écrasant tout sur son passage, orchestrée par l'auteur ne va pas sans les visions prémonitoires du père Mandrin dernier agriculteur dans le hameau de Vernou-La-Celle-sur-Seine.

"La jeunesse, il dit. L'avenir. Les forces vives pour protéger notre hameau, notre rue, notre terre. La protéger de Paris. Paris ça gagne du terrain, il dit. Ça bétonne et ça bétonne...

"Le centre du plateau, en surplomb des barres de Surville, est strié de la ligne du TGV et des lignes à haute tension."

Sources : Montois - Atlas des paysages de Seine-et-Marne.

Çà bétonnera jusqu'à nous. Bientôt bouffera notre rue. On y croyait pas trop, aux délires du père Mandrin. Et puis un jour il y a eu le chemin de plus. Il a été tracé juste derrière notre rue. Alors on l'a appelé le chemin des Derriers. Le début de la fin a dit le père Mandrin. Paris qui rampe jusqu'à nous pour le grand guet-apens. D'abord c'est un chemin en plus, et puis très vite, c'est les centres commerciaux, les tours, les parkings, le tsunami de bitume et le total engloutissement."

" 77 " Marin Fouqué, Roman, Page 17

Le concept de nature en ville

"Tsunami de bitume" et "total engloutissement" par l'imperméabilisation des sols

En d'autres termes, le "total engloutissement" dont il est question plus haut est l'imperméabilisation totale des sols. Et la crainte du paysan vis-à vis du "grand guet-apens" est légitime puisqu'il met en péril sa ressource principale : la qualité du sol des cultures en la rendant imperméable. A l'inverse le concept de "nature en ville" s'installe en ville : considéré comme un outils de l'aménagement :

"Partout, sur le plateau, l’enjeu est de conserver leur affectation agricole aux terres qui entourent les fermes isolées ou aux abords des villages. Les fermes, les cimetières, éléments ponctuels détachés du reste du bâti, révèlent les lieux qui les portent et engendrent une mise en scène très valorisante. Il est donc nécessaire d’éviter de parasiter l’espace libre qui les entoure par des constructions ou des plantations."

Sources : Montois - Atlas des paysages de Seine-et-Marne.

" La nature en ville ne se limite pas aux seuls « espaces verts » et aux grands parcs urbains. Elle s’inscrit dans une multitude d’espaces de tailles très variées, dont les caractéristiques peuvent largement favoriser l’intégration de l’eau en ville : jardins de pluie, bassins, cours d’eau traversant l’espace urbain… "

Sources : Cerema - Climat & transitions de demain.

Et par exemple, sur le territoire français, dans le cadre du programme "Territoires engagés pour la nature" les communes françaises avec le soutien des agences de la biodiversité peuvent participer au concours de la capitale de la biodiversité française en travaillant sur un plan d'action biodiversité pour trois ans. En 2023, c'est la communauté de commune de la vallée la Bruche qui a remporté le prix paysage de la capitale française de la biodiversité avec trente ans d'approche du paysage par un plan de gestion pour la biodiversité. Les communes ont présenté des projets de gestion de l'eau intégrés à la ville.

Les types de paysages

Le plateau et la vallée paysages du Pays de Montereau

La ville de Montereau Fault-sur-Yonne est entourée de nature. Les deux entités paysagères présentes au Pays de Montereau sont le rebord du plateau de la Brie et la vallée de la Seine.

"Les rebords de plateau reprennent pour l’essentiel les caractéristiques des plateaux, dont ils constituent certaines franges qui s’entaillent de vallons, se strient de crêtes et de talwegs. Il en résulte un relief rythmé qui organise des plans visuels successifs, des sites où se nichent les villages, des belvédères sur les vallées. Plus animé que celui des plateaux, ce type de situation est fréquemment choisi comme site d’implantation par les châteaux et leurs parcs en raison des qualités des vues et des dénivelés. Les logiques d’occupation des sols prolongent celles des plateaux, dont on retrouve les dynamiques territoriales."

Sources : Montois - Atlas des paysages de Seine-et-Marne.

A Montereau une dynamique "touristico-immobilier" prends place conjointement au développement économique de la commune avec l'action cœur de ville et les activités d'extractions et industrielles de type métallurgique. Sur le plan national ," Action cœur de ville" répond à une double ambition : améliorer les conditions de vie des habitants des villes moyennes et conforter le rôle de moteur de ces villes dans le développement du territoire.

"Le contraste entre les plateaux et les vallées dessine la physionomie de la Seine-et-Marne. Les structures des vallées définissent des circonstances très particulières de paysage. Les coteaux qui referment l’horizon créent ainsi des lieux séparés des plateaux et offrent des plans visuels verticaux. Associées à la présence des cours d’eau, d’une agriculture spécifique et, surtout, d’une présence urbaine beaucoup plus importante, ces conditions du relief justifient la définition d’un type spécifique de paysage. Paysages variés et habités. Les vallées semblent habitées depuis la nuit des temps, comme l’indique le site archéologique de Pincevent. Leur défrichement aurait commencé 3 000 ans avant celui des plateaux. Moins loin de nous, l’agri- culture traditionnelle a toujours contrasté avec les grandes cultures des plateaux : les pâtures en fond de vallée, sur les coteaux les vergers, les vignes… Mais cette activité de polyculture tend à disparaître au bénéfice des bois, dont la présence marque presque systématiquement les rebords des coteaux. Le confort qu’offrent les vallées a induit un fort développement urbain : à l’abri du vent, à proximité du cours d’eau, les conditions ont été propices à l’implantation humaine. Pour preuve, les villes historiques, comme Melun et Meaux, toutes situées dans les vallées. Composant un réseau en étoile dont le centre serait Paris, les sillons des vallées ont favorisé le commerce avec la capitale et la prospérité des campagnes. Ainsi, les voies de communication (voies d’eau, routes, chemin de fer…) ont-elles emprunté leur parcours et suscité un développement urbain linéaire très important.

Les vallées concentrent ainsi des enjeux de patrimoine, qu’il soit bâti ou naturel ; leur présence induisant une grande richesse environnementale.

Les agglomérations ont ainsi progressé jusqu’à se rejoindre pour former de vastes villes linéaires, les coteaux ensoleillés se sont couverts de lotissements, les infrastructures ont multiplié les coupures. Aux entreprises utilisant l’énergie des moulins comme, le long de la Marne, la chocolaterie Menier à Noisiel, ont succédé des activités dépendantes des agglomérations ou des infrastructures de transport, pendant que se poursuit l’intense exploitation des gravières, qui a déjà façonné de vastes paysages."

Rives et ripisilve, noues et fossés, de nouveaux paysages à Montereau

Les potentiels de connexion pour d'autres paysages aux portes de la ville de Montereau

La commune de Montereau aux paysages de collines et de vallons de rebord de plateau et aux paysages de vallée avec les rives des fleuves, les plans d'eaux et les prairies semble échapper au développement urbain en forme de ligne comme décrit dans l'atlas des paysages de Seine-et -Marne. De par sa position sur les sols calcaires et crayeux en couches géologiques de fond de vallée de la Seine, la ville, installée sur les 3 rives de la confluence dessine comme une presque-île sur la rive Sud polie par l'érosion de l'eau au fil du temps.

Aussi la ville étant mitoyenne avec des espaces et des réserves naturelles sensibles, les portes de la ville et les axes de circulation qui les relient méritent une attention toute particulière. L'idée est de "s'échapper" de la ville moyenne et «comment» interroge sur la manière d'y parvenir. Relier les paysages de collines et les prairies dans la vallée à pied en suivant les chemins de l'eau et le moyen pour y parvenir. L'appropriation aux paysages à l'échelle de la ville de Montereau est possible dans la vallée en suivant les berges, et les petites rivières.

Qu'est-ce que se réapproprier? (Ou notion de réappropriation?)

La réappropriation est l'action de (se) re - approprier, c'est à dire s'approprier à nouveau quelque chose. Et le sens propre d'appropriation est l'action de rendre propre à un usage, à une destination.

Dans le projet, le bénéfice de l'action de re - appropriation et d'appropriation permet un résultat gagnant - gagnant :

- D'un côté la réappropriation des paysages de proximité par les habitants en empruntant les chemins de l'eau, c'est à dire en marchant le long des petite rivières, des rus et ou des vidanges.

- Et de l'autre, le retour à l'état initial des rivières, des petits rus, ou des vidanges, et une restauration des fonctions utiles connues de tous selon les cas.

A une autre échelle la reconquête des berges de l'Yonne et de la Seine et aussi à la confluence offrira à la ville de Montereau une perspective de ville jardin ou parc d'eau.

Les franges concernées par l’étude

Autour de la ville ou plus loin à l’écart, les sols se transforment. Les sites sont accessibles par des voies, des rues, il y a des trottoirs plus ou moins larges le long des routes qui se transforment en chemins, en voies piétonnes et en voies cyclables. Plus largement qualifiées liaisons douces, ces espaces de circulation dans la ville de Montereau FaultYonne sont des espaces communs et partagés qui ont différents aspects selon leurs typologies, leur statuts juridiques et leur usages.

D'autres typologies possibles de cheminements

Routes et chemins en sable : aux portes de la ville, les routes goudronnées se transforment en chemins sableux où les ornières peuvent rendre le passage difficile.

Routes et chemins en terre plus ou moins pierreux selon les usages les ornières sont comblées avec des cailloux, ou des gravats pour résister.

Quartier de Surville

Forêt de Saint Martin

Limite plateau de la Brie

Parc de la Gramine

Colline Saint Martin

Copyright / Crédit Photo : Eric Iwaszczuk

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