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Paysage agroécologie : un autre rapport aux ressources

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Voyage à Chamblac

Voyage à Chamblac

◄ Vue des jardin/prairie du domaine de Bonneville la vache profite de l'herbe fraiche au pied des arbres centenaires.

Une autre agriculture est possible : possibilité de repenser son architecture

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Comprendre l’organisation de l’espace, le hangar et ses abords, outils déployés en fonction d’un modèle

Je me suis intéressé à la pratique de la polyculture d’élevage. Ces lieux de production doivent à la fois produire quotidiennement la nourriture nécessaire à l’alimentation des bovins et entretenir leur habitat. La ferme est un lieu de production pour l’éleveur dont les domaines de compétence doivent être multiples : pratique de connaissance du sol, la culture des semis, de blé, pratique del’entretien du bétail, la génétique, entretien du bétail par et la chimie ainsi que la gestion de chantier où de multiples intermédiaires et gestion de chantier.interviennent…. Afin d’assurer le renouvellement du troupeau, les veaux doivent être isolés dans un bâtiment indépendant à des température précises. La stabulation est au cœur de l’exploitation. Elle est l’étable moderne, bâtiment construit dans les années 70. Inspiré des techniques d’agronomie américaines, ces « open spaces » pour vaches ont favorisé l’agrandissement des troupeaux, tout en améliorant les conditions sanitaires. Accolées à cette stabulation, la laiterie et la salle de traite sont les lieux très pratiqués par l’éleveur. Une autre partie de l’exploitation très importante dans le quotidien de l’éleveur sont les hangars à matériel (tracteur, remorques, et autre machine nécessaire au travail de la terre…). Le lait collecté dans la cuve de la laiterie est récupéré tous les deux jours par le collecteur laitier. Dans le hangar de stockage, on stock et garde le blé, la paille en fonction des saisons. J’ai pris chacun de ces hangars comme un outil en essayant de comprendre la fonction de chacun et ses besoins afin d’optimiser leurs relations avec leur environnement. C’est aussi par le sol que j’ai analysé ces bâtiments. L’hygiène de ces sols de production exigent qu’ils soient constamment nettoyés. Les litières des veaux et des vaches doivent être changées tous les jours. La salle de traite doit être nettoyée après chaque traite. Le bon écoulement des eaux pluviales est primordial pour le maintien d’une bonne hygiène. Des pentes douces sont pensées aux a bords de chacun de ces bâtiments. En m’intéressant aux différents programmes de l’intercommunalité, je me rends compte que les exploitations agricoles sont le maillon essentiel du paysage rural. Les hommes qui cultivent la terre sont des hommes qui ont une conscience du sol, de son exploitation et font le lien entre exploitation et environnement. Lors de mon enquête, j’ai remarqué un appauvrissement du paysage avec la disparition du bocage, des vergers et le rebouchage des mares. La perte démographique a également modifié les pratiques de l’agriculture, moins de main-d’œuvre, plus de mécanisation. Comment intervenir en tant qu’architecte dans ce milieu ? Pour mieux comprendre ce rôle, je me suis intéressé à d’autres initiatives engagées sur ce territoire, comme par exemple la ferme du Bec Hellouin au nord de l’intercommunalité de Bernay; Elle fait figure de proue en termes d’initiative dans la manière de repenser le modèle agricole. Cette école de permaculture à prouver que cultiver à la main sur des plus petites parcelles pouvait être aussi rentable que sur des surfaces de monoculture étalées sur plusieurs hectares. C’est un modèle montrant qu’il est essentiel de promouvoir une variete de modèles de production. Même si l’élevage et le maraichage sont des activités distinctes, ces modèles basés sur le nonlabour de la terre et la valorisation des arbres permet la décarbonisation de la production agricole. Il est donc important de soutenir ce type d’initiatives : un modèle intéressant pour les polycultures qui cherchent à minimiser leur coût de mécanisation et à simplifier une activité devenue difficilement gerable.

Mon étude préalable du projet m’a permis de me projeter dans l’avenir de cette ferme. Je veux maintenant aborder les problèmes de faisabilité en cherchant les différentes possibilités architecturales. Après la lecture d’un article de Sabine Guitel 15 Directrice du Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et d’Environnement de l’Eure (CAUE 27), « faire face au redoutable marché du neuf » dans le magazine D’architecture, je cherche à ancrer mon projet dans la dynamique du territoire et de ses stratégies économiques en cours. Je me suis inscris à une formation au CAUE27 où j’ai participé à l’atelier sur la revitalisation des centres bourgs. A l’aide du logiciel UBRAX, j’ai expérimenté une simulation économique entre les différents acteurs du territoire16 . Un scenario est donné et, à la manière d’une partie de Monopoly, nous faisons une étude du territoire proche de la Charentonne. Assis à une table avec d’autres participants nous avons joué des rôles, je me suis mis dans la peau d’un agriculteur qui défendait les intérêts de son activité. Cette expérience m’a permis de comprendre la multiplicité des regards qui opère dans le territoire.

15 Dossier réalisé par Karine DANA, „Architecte de campagne », D’architecture n232, décembre 2014 janvier 2015 p61-89

Paysage et agroécologie : un autre rapport aux ressources

Le changement climatique et les perspectives de crise économique nous font réaliser qu’il faut changer de modèle pour répondre aux nouveaux enjeux. J’ai donc choisi de travailler sur le modèle agricole car il est au croisement de plusieurs enjeux. Son modèle d’exploitation doit changer tout en respectant l’histoire des lieux. L’exploitation citée dans mon projet est située à côté d’un château inscrit au Patrimoine. Il faut trouver l’équilibre entre conservation du patrimoine historique et transformation du lieu de production avec pour ambition d’être générique et reproductible.

Mon travail qui s’appuie sur l’inventaire des hangars de la région et la connaissance du territoire, me permettra de mettre en relation une architecture et le sens aux lieux que je crois essentiel au maintien du territoire. Il s’agit reconnecter les habitants avec les lieux de production, de les rendre visibles et accessibles ce qui permettra d’instruire les citadins : Comment produit-on aujourd’hui ce que l’on trouve dans nos assiettes? le toit qui abrite les travailleurs, les bêtes, tout l’outillage nécessaire à l’agriculture contemporaine? Ce sont des lieux aux multiples contraintes, qui méritent une réflexion spatiale. Repenser les surfaces en fonction des flux de production et des déplacements humains et animaux dans ces exploitations reprend tout son sens à un moment où les architectes s’intéressent à ces lieux. Dans un contexte où, depuis des décennies, la construction de bâtiments agricoles s’est faite sans l’expertise d’un architecte, comment ce dernier peut-il intervenir et apporter la plus-value de ses compétences sur ces lieux de production? La majorité des exploitations que j’ai visitées est son construite par l’exploitant. Le jeune Auguste Champion m’a montré son hangar commandé et dimensionné sur catalogue :, pas besoin d’architecte. L’auto-construction17 est la règle pour un agriculteur à la recherche d’autonomie. Or, la compétence de l’architecte doit pouvoir jouer son rôle. Découvrir la vie réelle de ces agriculteur me permet de recentrer mes domaine de competance ! Des semaines plus tard L’exploitation Odienne est venue prêter main forte pour couler la dalle béton du nouveau hangar champion. L’autoconstruction18 prouve ici que l’architecte ne sera pas d’un grand aide du point de vue de la technique ou de la mise en œuvre. Mais il s’agit plutôt d’imaginer un autre rôle pour ces exploitations. Penser d’autre fonctions d’autres usages.

La vie d’un fermier d’aujourd’hui est une des expériences les moins idyllique qui soient. On yn’a rien d’idyllique, on voit beaucoup de « burn-out », comme dans le film de Guillaume Canet « Au nom de la terre ». Il s’agit d’un métier très dur, qui demande beaucoup de capacités physiques et de force morale, mais qui permet de développer d’extraordinaires capacités de gestion. Valoriser le savoir-faire de l’agriculteur prend tout son sens, car l’entretien du territoire est un métier précieux qui demande une expertise précise. Si l’imagination de l’homme est sans limite, les dons du sol, eux se tarissent surtout avec l’utilisation des fertilisants de synthèse et autres produits chimiques. La région de Normandie est passée d’une agriculture au service de la terre à une agriculture industrielle mondialisée. Il faut retrouver une agriculture qui ait du sens, respectueuse des normes du développement durable tout en maintenant une productivité nécessaire à la sécurité alimentaire de chacun. En conclusion, il s’agit de créer un nouvel imaginaire au nom de la terre.

17 Ils construisent les fondations, faisant eux même les coffrages, ils construisent également les silos s’aidant de jerricanes préfabriqués. Cela représente un vaste champ d’auto-constructions, où les constructeurs laissent leurs noms sur les bâtiments. Voir Atelier paysan https://www.latelierpaysan.org

18 Ils construisent les fondations, faisant eux même les coffrages, ils construisent également les silos s’aidant de jerricanes préfabriqués. Cela représente un vaste champ d’auto-constructions, où les constructeurs laissent leurs noms sur les bâtiments. Voir

Atelier paysan https://www.latelierpaysan.org

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