La chaîne de valeur de la filière anacarde au Burkina Faso Par
Alain TRAORE
PAMER /FIDA
L’anacardier a longtemps été considéré au Burkina Faso comme une espèce forestière de reboisement.; Introduction au Burkina depuis la période coloniale avec une sous exploitation comme produit du cru. La culture de l’anacardier n’a connu un réel développement qu’à partir de 1982 avec le Projet anacarde dont la zone d’intervention couvrait les provinces du Houet, du Kénédougou et de la Comoé (Actuelle Région des Cascades). En 1997 le gouvernement lance la campagne de la culture de l’anacardier qui a eu pour résultat l’accroissement de la production au début des années 2001 – 2002 En 10 ans accroissement des superficies emblavées de 66%. Dans les cascades on estime à 850 Ha/an.
Provinces
Superficie Rdment Kg/ha (ha)
Quantité produite noix cajou (tonnes) 300- 600 573
Houet
1.274
Tuy 9 Kénédougou 8.991,5
300-600 650
4 6.000
Sissili Comoé Poni
350 20.000 450
300-600 157 650 13.000 300- 600 168
Total
31.000
19.000
Techniques culturales Association avec les cultures vivrières cas des producteurs; Non associé - les plantations de l’état et de quelques particuliers; Semences provenant soit des pépinières ou par la pratique des semi directs par les producteurs La plantation de l’anacarde à partir de plants de pépinière - Par les projets et les services de l’environnement t (formation de pépiniéristes, appui matériel pour la réalisation des pépinières).
Contraintes dans la production Problèmes fonciers / insécurité foncière Dégâts d’animaux (divagation) Feux de brousse; Manque d’information sur les marchés; Manque d’eau Méconnaissance des techniques culturales des espèces Méconnaissance des techniques de récolte de séchage et de stockage Moyens financiers limités Absence de pépiniéristes qualifiés Instabilité des prix et manque de débouché
LES EXPORTATIONS Les noix brutes et les amandes Très fluctuantes d’année en année Par les ports de Lomé, du Ghana, de Cotonou. Difficile à quantifier compte tenu du commerce transfrontalier avec les pays voisins
ANNEE
NOIX (tonne)
AMANDE (tonne)
VALEUR FCFA
2 001
1 328, 165
214 706 155
2 002
2 916, 185
514 599 045
2 003
6 985, 307
2 637, 548
978 372 512
2 004
5 207, 466
96 2,68
606 385 119
2 005
4 209, 460
30, 680
599 783 241
20 646, 583
2 764, 496
2 913 846 072
TOTAL
Estimation des volumes exportées 2002 à 2005 10000 9000 8000 7000
Volume exportée amande +Noix Volume noix en tonne
6000 5000 4000
Volume amande en tonne
3000 2000 1000 0 2001
2003
2005
Volume des exportations comparée exportée de 2002 à 2.005 FILIERE FRUITS ET LEGUMES 10 000 9 000
PO IDS NET EN TO NNES
8 000 7 000 6 000 5 000 4 000 3 000 2 000 1 000 0 2002
2003
2004
2005
ANNEES
Haricot Vert
Mangues et mangoustan
Tomates
Noix de cajou
Autres légumes (gombo)
Les acteurs, rôles, fonctions et interrelations A.
Les producteurs 1.
Les petits producteurs
2.
Les producteurs moyens
3.
Cadres de la fonction publique, commerçants et planteurs émigrants de Côte d’Ivoire ayant des vergers de 5 à plus de 20 ha; Plantations à caractère de spéculations confiées à des ouvriers pour l’entretien;
Les grands producteurs
4.
Agriculteurs ayant des vergers de 0,5 à 5 ha; 80% à 90% des plantations appartiennent à ces petits producteurs; Faible respect des normes techniques et non maîtrise et/ou non application des itinéraires techniques
Sociétés agricoles et l’Etat avec des vergers de 20 à des centaines d’ha; Production plus entretenue et avec application des itinéraires techniques.
Les groupements de producteurs
Existence de quelques organisations mais peu organisées et pas spécifiques à l’anacarde; Déstructuration des organisations mises en place par le Projet anacarde.
Les acteurs, rôles, fonctions et interrelations C.
Les transformateurs 1. 2. 3. 4. 5. 6.
7.
Les transformateurs artisanaux Les transformateurs semi artisanaux et/ou semi industriels Les emballeurs Les conditionneuses Les associations et groupements de femmes Les femmes occupent une grande place et sont souvent des transformatrices employées dans des unités de transformation comme ouvrières Les produits transformés:
Le faux fruit (pomme) sous forme de composte, de biogaz, de jus ou en boisson alcoolisée; Le cashew nut shell liquid (CNSL); L’huile d’anacarde; Extraction de l’amande blanche ou grillée et assaisonnée (10% production de noix de cajou et 60% de la vente) sous forme d’amuse gueule et dans la composition de produits de l’industrie agroalimentaire (chocolaterie, confiserie)
Les acteurs, rôles, fonctions et interrelations C.
Les distributeurs 1.
Les collecteurs autonomes : Ils collectent les noix à partir de leur propre capital et font des spéculations sur le produit.
2.
Les acheteurs occasionnels
3.
Les pisteurs
4.
Ils viennent des pays frontaliers (Togo, Ghana, Côte d’Ivoire) et achètent chez des grossistes par commande et au comptant; Parfois mise en place des comptoirs d’achat; prix plus rémunérateurs et utilisent des pisteurs; Courtiers entre les producteurs et les collecteurs; Recherche d’offreurs de noix de cajou sur instruction d’acheteurs.
Les sociétés commerciales
Succursales de sociétés de négoces internationales installées au Burkina achètent avec les commerçants, collecteurs et les sociétés agricoles; Les entreprises nationales vendant avec les succursales et dans les pays voisins.
Les acteurs, rôles, fonctions et interrelations 6.
Les commerçants locaux A. Les petits commerçants collecteurs
Jeunes avec de petits fonds de roulement achetant les noix de cajou dans les marchés villageois et avec des producteurs aux abords des vergers; Parfois, ils sont en groupe de 5 à 10 personnes pour des gros achats;
B.
Les demi-grossistes : Commerçants villageois sans grande surface financière achetant entre 1 à 5 tonnes de noix par semaine directement chez les producteurs ou par l’intermédiaire des pisteurs et revendant sur place aux grossistes, aux commerçants occasionnels et aux sociétés commerciales;
C.
Les grossistes Commerçants avec une grande surface financière, des moyens logistiques et du personnel permanent mais peu nombreux (une quinzaine) achetant plus de 1000 tonnes de noix ; Réseau de collecte intégrant les commerçants collecteurs et au niveau des producteurs et des marchés ruraux;
D.
Les détaillants : les supermarchés, les boutiquiers et les femmes étalagistes et ambulantes dans les villes comme Orodara, BoboDioulasso
L’architecture de la filière (chaînes d’offre) Marché rural Vendeuses ambulantes N = 100
Marché interL de la noix
Marché urbain Boutiques Super Marchés N = 200
Distribution 46%
6-7%
Marché interL de l’amande
1,22%
Représentants des multinationales N = 10
37%
Grands commerçants N = 15
6,38% Commerçants collecteurs N = 200
54 %
Transformatrices
Transformation
54 %
Conditionneuses N = 20
Conditionnement
6,38%
17%
Sociétés semi industrielles N=5
12% 54%
individuelles N = 2000 44%
44%
Production
Producteurs individuels/ Groupements de producteurs/Plantations de l’État N = 9115
Sociétés agroalimentaires N=1 44%
N : nombre par type d’acteur
L’analyse de chaînes d’offre dans la filière Sociétés semi industrielles
CH1
Producteurs individuels/ Groupements de producteurs/Plantations de l’État
Marché
interL de l’amande
Transformatrices individuelles
Marché rural
Conditionneuses
Commerçants collecteurs
Boutiques Super marchés
Grands commerçants
Marché interl de la noix
Sociétés semi industrielles
CH2
Producteurs individuels/ Groupements de producteurs/Plantations de l’État
Commerçants collecteurs
Grands commerçants
Marché urbain
Marché
interL de l’amande
Marché interl de la noix
Représentants des multinationales
CH3
Sociétés agroalimentaires
Grands commerçants
Marché interL de la noix
La chaîne de valeur potentielle de l’anacarde au Burkina Sociétés semi industrielles N=5 54%
44%
Producteurs individuels/ Groupements de producteurs/Plantations de l’État N = 9115
44%
Transformatrices individuelles N = 2000
Vendeuses ambulantes N = 100
54%
Conditionneuses N = 20
Commerçants 6,38% collecteurs N = 200 SNV, INERA, IRSAT, GTZ/PDA, PADL, CRA
•
interL de l’amande
12% 44%
Marché
37%
46%
Grands commerçants N = 15
PAMER, CP, BRS
Boutiques (150) Super Marchés (50) N = 200
1,22%
?%
Marché rural
?%
Marché urbain
Marché interl de la noix
TP, MISTOWA, ONAC, PAMER
Raison de ce choix de la chaîne de valeur : Groupe cible : MER (commerçants collecteurs, transformatrices individuelles, conditionneuses, vendeuses ambulantes, boutiques), femmes, jeunes ; taille du groupe cible : (2000 + 20 + 200 + 100 + 150 = 2 470 ménages ~ 17290 personnes) ; Taux de Marge intéressants pour le public cible :
transformatrices individuelles : 54% Conditionneuses : 46% Commerçants collecteurs : 6,38%
Amélioration des revenus pour plus de 11585 ménages (2470 + 9115), soit amélioration des conditions de vies de près de 81095 personnes pauvres en milieu rural
La chaîne de valeur potentielle de l’anacarde au Burkina Création d’emplois : 500 + 100 + 40 + 2000 + 400 + 9115 = 11255 emplois :
Sociétés semi industrielles : 500 emplois de jeunes femmes Supermarchés : 50 X 2 emplois = 100 emplois Conditionneuses : 20 X 2 emplois = 40 emplois Transformatrices individuelles : 2000 emplois Vendeuses ambulantes : 100 emplois = 100 emplois Commerçants collecteurs : 200 X 2 emplois = 400 emplois producteurs : 9115 emplois
Potentiel de création de valeur ajoutée : Existence de marché porteur et capable d’absorber une offre de plus en plus grande Existence de partenaires techniques et financiers Existence d’un environnement favorable
Cette chaîne de valeur est potentiellement intéressante à explorer par le PAMER
En conclusion il apparaît que, malgré l’existence d’un potentiel: • la filière n’est ni soutenue, • ni organisée • et est caractérisée par une insuffisance de professionnalisme des acteurs. Pourtant les produits et sous-produits regorgent de potentialités commerciales pour contribuer à l’amélioration du niveau de vie des couches sociales
PERSPECTIVES
• la promotion de l’anacardier et de ses produits doit être une approche filière qui prend en compte la production, la récolte, la collecte, le traitement post-récolte, la transformation et la commercialisation. • l’accent doit être mis sur le transfert du savoir-faire, l’équipement approprié, le fonds de roulement et le suivi de
l’évolution du marché international.
L’objectif des interventions futures doit être: • un accompagnement des acteurs pour une promotion durable de la filière. • La stratégie globale des interventions devrait s’articuler autour d’une approche participative et contractuelle entre les différents acteurs.
La structuration organisationnelle, afin de favoriser une meilleure implication des acteurs directs. Les acteurs indirects (services d’appui, les bailleurs de fonds doivent avoir des missions d’assistance temporaire).
• La recherche–action devra accompagner les transferts de savoirfaire et équipements, ET sur les maladies et la sélection variétale. • au plan sous régional, continental, des mécanismes d’échange et de concertation,
QUE FAIRE? Un certain nombre de questions découlent de ce qui est dit, notamment : • Comment disposer de statistiques fiables ? • Comment développer une politique de renouvellement bien suivie des plantations, • Comment obtenir les meilleurs prix ? les plus grandes valeurs ajoutées ? Serait-ce par la commercialisation du produit brut ou après transformation ?
• Quelle organisation pour les acteurs ? • Quels autres sous - produits peut –on développer ? • Comment intéresser les innovateurs et des détenteurs de capitaux à la filière ? • Quel mécanisme de suivi du marché international ? Structure ?, outil ?