Sophie T. Rauch : Toujours n'existe pas

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SOPHIE T. RAUCH TOUJOURS

N’EXISTE PAS

HAN ART


Cover / Couverture:

Omega Egg tempera on canvas mounted on masonite 24 x 24 inches 2007


SOPHIE T. RAUCH Toujours n’existe pas


BRAVE NEW WORLD Dorota Kozinska

Her pantheon of fragmented faces and figures, made of colour patches merging into barely discernible features, resembles a series of portraits of denizens of some other dimension, one both familiar and alien. This brave new world hovers in the realm between

There’s an early abstract work by Dutch painter Piet

flesh and metal, human and robot, Hal with a face.

Mondrian, (1872 – 1944), Checkerboard in Dark Colours, entirely composed of rectangular patches of

Rauch is fascinated by the idea of impermanence

colour that captivates the eye with its at once static

caught in the cogs of modern technology, innate to it,

and fluctuating landscape. Sophie T. Rauch’s recent

ruthlessly, dispassionately altering us and our reality.

series of portraits provokes a similar reaction,

But in her rendition of the unstoppable march of tech-

constructed as they are from uniform bright dabs of

nical progress, the soul still beats within the quasi-

colour.

artificial bodies, looks out through eyes that at times are the only focus in a mosaic of undulating colour

But while Mondrian’s composition remains within the

squares.

confines of the canvas, Rauch’s works are in constant flux, encapsulated but never contained, and always

The precursor to the latest selection of works still

marked by a human component.

echoes Rauch’s earlier, more figurative production. Its title, Pink Dilemma, refers to the bright, fuchsia back-

They are perhaps closer in spirit to the art of the

ground, which despite its intensity cannot draw atten-

Italian avant-garde, futurists such as Gino Severini,

tion away from the eyes of the androgynous being

Giacomo Balla, and Umberto Boccioni. The latter’s

and its unblinking stare.

1912 work titled Girl Running on Balcony has the same haunting quality as Rauch’s shimmering forms,

The face is already beginning to come apart; frag-

shapes caught in movement, more energy than

menting, breaking up into pixels like a TV image. But

matter.

the eyes remain eerily human, quiet, unflinching, like the last vestige of fleeting humanity, the dissolving

The echoes of European art in Rauch’s paintings are

smile of the Cheshire cat.

the result of her artistic education, studies in Austria and Italy with the likes of Sandro Chia, Franz Jenull

Rauch’s technique, a kind of post-modern pointillism,

and Emilio Vedova.

has evolved to a highly stylized form in her recent paintings, finding its expression in a series of haunting

Based in Québec City, Rauch is, nevertheless, a

portraits like Omega, executed in vibrant, primary

unique voice on the contemporary art scene, an artist

colours, rectangular flakes that dance, receding in

with a highly stylized and individual form of expres-

and out with a powerful colour driven energy. The

sion, unfettered by the ever-present concerns of trend

landscape of the face emerges from this vortex with

and commerce.

its already familiar gaze.

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But it isn’t always colour that defines the image in

translucence and tonal subtlety. The many colour

Rauch’s oeuvre. In Gravitas the artist opts for a quiet,

patches seem to hover just above the surface of the

monochromatic palette, showing off her mantle as a

canvas, barely attached to it, adding to the impression

unique contemporary painter. This is a strangely

of disintegration and impermanence. What is actually

sculptural work, all greys and blues, resonating an

holding the image together is the greyish underpaint-

entirely different energy, the severity of the pictorial

ing, like a dying, fading shadow of a newly born form;

treatment echoing the work’s title.

barely visible in some works, and almost entirely forsaken in others.

The human element is less obvious, but still undeniably present, hidden within its geometric transfigura-

This creates a subtle dichotomy; the image seems to

tion. This visual separation creates an unlikely unifor-

recede in and out of this ephemeral realm that is both

mity, a pictorial paradox offering a delicious visual

its source and its vestige.

dilemma. As open as Rauch is to the rapid, insidious, encroaching of technology, even inspired by it, her art is clearly on the side of the human and of the painterly. In her homage to Fritz Lang’s seminal silent film Metropolis, she reinvents the metallic beauty of the robot in her signature coloured tapestry, bringing forth in delicate hues the tragic beauty of the captive maiden. In the new series, Rauch has created her own android, a sort of futuristic alter ego, and in Spectrum this being is taking form in front of our eyes. Still fragmented, broken into rectangular components, a giant empty space in the middle of its torso, it is reaching out in a gesture unbearably human. Is it a farewell to what we know as humanity, or a call for rescue from the avalanche of technology... the interpretation is left to the viewer. Rauch further subverts this idea of technology present in her latest production by choosing to work in one of the most fragile and ancient mediums, egg tempera. It has imbued her paintings with a particular

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BRAVE NEW WORLD Dorota Kozinska

Composés uniquement de taches de couleurs, s’agglutinant pour créer une présence à peine perceptible, ces visages et ces corps nous offrent un panthéon de créatures, peuplant une autre dimension proche et lointaine à la fois. Ce "Brave New World"

On trouve dans l’oeuvre de Piet Mondrian (1878-

flotte entre chair et métal humain et robot. Comme si

1944) un tableau intitulé "Check Board in dark

l’Hal de Kubrick avait trouvé un visage.

colours" dont la composition fait appel à des taches de couleurs rectangulaires formant un paysage

Rauch

statique et mouvant qui captive le regard. La récente

l’impermanence. Concept brutal et sans pitié,

série de portraits de Sophie T. Rauch provoque elle

inhérent a nos vies qui écartelées par l’accélération

aussi une réaction similaire grâce à leurs touches

que provoque la technologie, s’inclinent devant un

uniformes de couleurs vives.

changement impassible et certain.

Les compositions de Mondrian se limitent par contre

Toutefois à travers ses représentations du progrès

au canevas alors que les tableaux de Rauch sont

inéluctable de la technologie, une âme transparaît

empreints d’un mouvement constant, concis mais

dans ces corps presqu’ articificiels; elle jaillit à travers

jamais prisonniers et toujours définis par une com-

leurs yeux qui ne sont souvent que la seule oasis

posante humaine. D’où leur proximité thématique

dans cette mosaïque de carrés de couleurs ondu-

avec l’avant-garde italienne et le mouvement du futur-

lants.

est

fascinée

par

le

concept

de

isme dont les peintres Gino Severini, Giacomo Balla et Umberto Boccioni font partie. Le tableau de ce

On retrouve des traces des productions plus figura-

dernier peint en 1912 et intitulé "Girl running on

tives dans le tableau "Pink Dilemma" précurseur des

Balcony" possède la même qualité obsédante des

récentes séries. Le titre se réfère au fond rose fuchsia

formes chatoyantes des tableaux de Rauch. Formes

qui malgré toute son intensité, n’arrive pas à

en mouvement, plutôt énergie que matière.

détourner notre attention des yeux du personnage androgyne qui nous fixe d’un regard imperturbable.

Les accents européens qu’on retrouve dans son

On y remarque que le visage à déjà commencé à se

travail découlent de ses études en Europe ou elle

déconstruire; dissolution, fragmentation comme les

travailla en Autriche et en Italie avec Sandro Chia,

pixels d’une image télévisée. Mais les yeux eux,

Franz Jenull et Emilio Vedova.

demeurent étrangement humains, calmes, inébranlables, comme un large vestige d’une humanité

L’artiste de Québec nous offre cependant une vision

fugitive. Le sourire énigmatique du chat du Cheschire

unique en art contemporain, un style individuel et une

s’évanouissant dans l’espace…

forme d’expression hautement stylisée, libres des contraintes constantes des tendances et du com-

La technique de Rauch, sorte de pointillisme post-

merce.

morderne, a évolué pour donner lieu dans les dernières œuvres à une expression hautement

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stylisée, cristallisée dans une serie de portraits obsé-

prend naissance devant nos yeux dans "Spectrum".

dants. “Omega” en est un exemple: une œuvre

Une présence fragmentée dans des éclats rectangu-

exécutée dans une palette de vives couleurs aux

laires, un trou gigantesque au milieu du torse, tendant

flocons rectangulaires qui dansent au rythme ondu-

la main dans un geste à peine humain. S’agit-il d’un

lant d’une forte énergie tonale,créant une présence

adieu à ce que nous connaissons de l’humanité ou

qui fuit et s’approche à la fois. Le paysage du visage

d’un cri à l’aide devant l’avance insidieuse de

émerge de ce vortex projettant un regard à l’intensité

l’avalanche

déjà familière.

l’observateur de décider…

Mais la couleur n’est pas toujours ce qui définit

La technique utilisée par Rauch constitue davantage

l’image dans l’oeuvre de Rauch. Dans “Gravitas”

une subversion de la technologie si indéniablement

l’artiste opte pour une discrète palette monochroma-

présente dans la dernière production. En choisissant

tique, démontrant toute la subtilité de son savoir-faire

l’une des techniques les plus anciennes et délicates,

remarquable en tant qu’artiste contemporaine. Ce

la détrempe à l’œuf, elle imprègne ses tableaux d’une

tableau est étrangement sculptural avec ses tons de

translucidité et d’une tonalité très particulières.

technologique.

Il

en

revient

à

gris et de bleu; il vibre d’une énergie tout à fait particulière et le titre convient admirablement à la sévérité du

Les nombreuses taches de couleur semblent flotter

traitement pictural.

juste au-dessus de la surface du canevas, presque prêtes à s’envoler, ajoutant d’avantage à l’impression

L’élément

humain

y

est

moins

évident

bien

de désintégration et d’impermanence. Le fond

qu’indéniablement palpable malgré la transfiguration

grisâtre sert d’ancrage à l’image et évoque l’ombre

géometrique. Cette séparation visuelle crée une

fantomatique d’une forme nouvellement née. Il est à

uniformité innatendue, un paradoxe pictural offrant un

peine perceptible dans certains tableaux et complète-

délicieux dilemme visuel. Même si Rauch est sans

ment délaissé dans d’autres, provoquant une dichoto-

contredit ouverte à la mainmise de la technologie et à

mie subtile.

son avance insidieuse et rapide et qu’elle considère celle-ci comme une source d’inspiration, son art est

L’image

semble

s’évanouir

et

rejaillir

dans

clairement partisan de l’humanité et de la tradition

l’éphémère, ce domaine qui constitue sa source et

picturale.

son vestige.

Dans son hommage à "Metropolis" le film culte de Fritz Lang elle réinvente la beauté métallique du robot dans des tons délicats et selon son motif de prédilection, nous livrant ainsi la présence tragique de la captive. Rauch a créé son propre androïde dans la nouvelle serie de tableaux.Une sorte d’alter-ego futuriste qui

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Android Egg tempera on canvas mounted on masonite 48 x 40 inches 2008

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Aurora Egg tempera on canvas mounted on masonite 48 x 40 inches 2007

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Domino Effect Egg tempera on canvas mounted on masonite 48 x 40 inches 2008

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Neon Sibyl Egg tempera on canvas mounted on masonite 48 x 40 inches 2008

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Cassandra Egg tempera on canvas mounted on masonite 48 x 40 inches 2008

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Spectrum Egg tempera on canvas mounted on masonite 32 x 24 inches 2007

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Toujours n’existe pas Egg tempera on canvas mounted on masonite 32 x 22 1/2 inches 2007

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Awareness Egg tempera on canvas mounted on masonite 32 x 22 1/2 inches 2007

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Tyrone Egg tempera on canvas mounted on masonite 32 x 22 1/2 inches 2007

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Dante Egg tempera on canvas mounted on masonite 48 x 48 inches 2008

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Gravitas Egg tempera on canvas mounted on masonite 24 x 24 inches 2007

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Solaris Egg tempera on canvas mounted on masonite 24 x 24 inches 2007

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Medusa Egg tempera on canvas mounted on masonite 24 x 24 inches 2007

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Reality Check Egg tempera on canvas mounted on masonite 24 x 24 inches 2007

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Pink Dilemma Egg tempera on canvas mounted on masonite 19 1/4 x 16 1/2 inches 2004

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Blond Ambition Egg tempera on canvas mounted on masonite 19 1/4 x 16 1/2 inches 2004

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SOPHIE T. RAUCH Born in Chicoutimi, Québec, Canada in 1956. She lives and works in Québec City, Canada. / Née à Chicoutimi, Québec, Canada en 1956. Elle vit et travaille à Québec. EDUCATION / FORMATION 1990 86-88 85-86 1984 1983

Studies under / études avec le Prof. Sandro Chia, Academy of Salzburg, Austria Studies under / études avec le Prof. Franz Jenull, assistant of / assistant d’Emilio Vedova, Accademia di Belle Arti, Venice, Italy Studies under / études avec le Prof. Emilio Vedova, Accademia di Belle Arti, Venice, Italy Studies egg tempera technique with / études de la détrempe à l’oeuf avec Prof. Max Weiler, Innsbruck, Austria Studies painting under / études de la peinture avec Fritz Berger, Innsbruck, Austria

SOLO EXHIBITIONS / EXPOSITIONS SOLO 2008 2005 2003 2002 2001 2000 1999

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Han Art, Westmount, Québec, Canada Galerie Orange, Montréal, Canada Galerie Privée, St. Louis, Missouri, USA Galerie Hirn, Feldkirch, Austria Galerie Seywald, Salzburg, Austria Galerie Madeleine Lacerte, Québec, Canada Han Art, Montréal, Canada Centre d’Exposition de Val D’Or, Val D’Or, Canada Centre d’Exposition d’Amos, Amos, Canada Galerie Madeleine Lacerte, Québec, Canada Han Art, Montréal, Canada

COLLECTIVE EXHIBITIONS / EXPOSITIONS COLLECTIVES 2006 2005 2004 2003 2001 2000 1999 1997 1996 1990 1989

Miami Art Fair, Miami, Florida, USA Lacerte Art Contemporain, Québec, Canada Toronto International Art Fair, Toronto, Canada Enchantement/Disenchantement, Han Art, Montréal, Canada Quelle vie de chien, Musée de civilization de Québec, Québec, Canada Segments, Han Art, Montréal, Canada L’Humain dépossédé, Québec, Canada Portrait, Han Art, Montréal, Canada Persona, Olga Dollar Gallery, San Francisco, USA Gallery Gevik, Toronto, Canada Grand Opening, Virtual Gallery, San Francisco, USA Biennale d’Art Contemporain, Montréal, Canada Gallery Esperanza, Montréal, Canada


Dancing in the Dark Egg tempera on canvas mounted on masonite 31 1/2 x 22 1/2 inches 2004 39


PRODUCTION

Han Art TEXT / TEXTE

Dorota Kozinska TRANSLATION / TRADUCTION

Sophie T. Rauch PHOTOGRAPHY / PHOTOGRAPHIE

Andreas Rauch GRAPHIC DESIGN / GRAPHISME

Chloe Ng Aaron Zak PUBLISHED BY / PUBLIÉ PAR

Han Art (6440622 Canada Inc.) 4209 Rue Ste-Catherine Ouest, Westmount (Montréal), Québec, Canada H3Z 1P6 T: 514.876.9278 F: 514.876.1566 www.hanartgallery.com All rights reserved / Tous droits réservés © Sophie T. Rauch, Han Art Legal Deposit / Dépôt légal Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2008 Bibliothèque et Archives Canada, 2008 First Quarter 2008 / Premiere trimestre 2008 ISBN 978-2-9806996-1-0 Printed in Hong Kong / Imprimé à Hong Kong CURATOR OF THE EXHIBITION / CONSERVATEUR DE l’EXPOSITION

Andrew Lui Chloe Ng We would like to thank the Austrian Embassy in Canada for its financial support. Nous remercions l’ambassade d’ Autriche du Canada pour sa contribution financière.

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HAN

ART

● MODERNE ● CONTEMPORAIN ● PRIMITIF ●

4209 rue Ste-Catherine Ouest Westmount QC Canada H3Z 1P6 Tel: 514 876 9278 Fax: 514 876 1566 www.hanartgallery.com info@hanartgallery.com


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