MERTENS CHARLES Le chateau fĂŠodal de Beersel et ses seigneurs, Bruss~l, 1942,
158p.
· LES FASTES DU BRABANT
Le CRäteau Péobal ~e
par
Charles Mertens Êditions Historia Bruxelles 1942
CONTRASTE
Au cours de ce siècle, sous
l' impulsion
du modernisme, on a détruil dans
Bruxelles, du Nord au !v'lidi, be.aucoup de choses qui constituaient le charm.e de la cité: vieilles derneures, anciennes rues, impasses curieuses. Des artères nouvelles, sans attrait, en font une ville plus moderne peut-être, mais banale e.t sans pittoresque. Aux splendeurs décoratives du passé on substituera peut-
être des constructions énormes, d'un style· doute.ux comme on en voit partout. Or le passé artistique et historique cl'une uille constitue un attrait puissant au point de vue touristique et .une valeur à grand rendement à tous les points de vue. Détruire le passé, c' est diminuer la fortune publique. C eci prouve que sous la poussée imrnuable du progrès, notre patrimoine archéologique public et privé est en danger perm.anent, malgré la sollicUucle et la proteetion cles Autorités. 1-ie~tre.usement que, par opposition, une réaction s'est produite clans les
voisinages immédiats de la capitale : des pierres anciennes, juxtaposées, se redressent vers le ciel et font reuivre des riclwsses monumentales: chcîtecwx et habitations d'autre/ois, que le temps, par la r dtusté ou certains inconscicmts par la cléuastation, s'c>taient e//orcés cl'anéanfir peu à peu. ])es purson1
rwlilés O)'(.lnf. à juste titre. l'omour des souvenirs archéologtques clu patrimoirw natlonal. ont ressuscifé miraculeusernenl ces témoins clu pnss(~. nofammenl:
GR. t:-..·n-BIGARn. Tous droits réservés. Copyright 1942 bg Editiorts Historie. 101, rue Antoine Dansa.ett, Bruxelles.
(}ABSBEEK.
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<.mr<!rrh'r de su sáduclion la Pille qui lentement percl sn beauté. 5
Dans ce regain de vie, tout n'est point toujo.urs /ort heureux. Charle Alberl, en digne élèue cle Viollet-le-Duc, n'a-t-il pas travesti la noblesse de Goesbeek en acealant des /antaisies architecturnles a;u,x sobres con.structions d'antan? C epenclant, reconnaissons particulièrement les louables ef/orts réalisés pou.r souver ['imposant cT·ujJea.u /éodal de BEERSEl.. qui était ën ruine depuis un. siècle et qui apparaît, à ptêsent, aux yeux émerueillés, com.m.e une splenclide résurrection dans un caclre pittoresque d'architecture ancienne entouré d'eau et de verdure. Joyau des stècles de la cT·wvo.lerie brabançanne
ou la. force s'af/irmait par les
murs puissants et les ha:utes tours, BEERSEl.., en s 'imposant à nos regards, redit les pages de sept siècles de notre histoire, avec une fidélité d'autant plus grande que ceux qui lui ont rendu l' existence sant des homm.es d'initiative.. des érudits et de patients chercheurs. Tandis que l'un, ~1. PEI..G~IMS DE BzoARD lui consacra.it son expérience et s.a science de restaurateur de demeut'es historiques, l'autre, M. CHARLES MER'TENS scnutait les souvenirs du Passé, les archives et les parehemins poudreux. lnséporables clans ce travail ardu, héroïque, inespéré, leur savoir s' éclairait. précisait les souvenirs, les étapes cles siècles, fixait les dates, les époques, rétablissait l'age des pierres, des m.urs, des tours, du systèn1e défensif de la forteresse. Nulle fantaisie, cette /ois, dans ce labeur, parce que la ,conscience et la traclition étaient en jeu, et la volon.té de renclre aux créateurs et possesseurs cle ce chó.teau tout le génie artistique qui les avait guidés. .r\ujourd'hui. ces murs, ces tours qui évoquent t.a.nt de souvenirs, praelament IH1ulement cette science dont nous parlions. f)e mème, la. présente étr.u1e historique, que le leeleur lira aCJec un réel inférèf, téf'èfe J'actiPifé et réruc/ition Je cefui qui t'O 1lOUS inifier cl fa Cttrieuse et altachante rétrospectb:'e de cette noble derneure ressuscitée. 19·12.
GEoRGES DANSAERT.
Jnt~OÖUCtiOO "Tout travail historique appuyé sur une documentation solide est de la plus haute portée.. C' est à la Iumière du passé qu'une Nation prend consdence du prêsent et prêpare les voies de l'avenir." ALBERT Ie~", Roi des Belges.
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A CONNAISSANCE de l'histoire est d'une importance capitale. C',est 1' école de la sagesse et de I'expérience. C' est là que l'homme forme son jugement, qu'il acquiert cette solidité d'esprit qui distingue si avantageusement ceux qui ont fait de cette étude la science de leur vie. Notre époque a fait réaliser d'étonnants progrès aux travaux et recherches qui ont pour but de ressusciter les temps disparus, de peindre les sociétés évanouies, de nous montrer les grandes figures d'autrefois, avec leurs traits, leurs mreurs. leurs coutumes et leurs aspirations. Ces études évoquent la grandeur du passé, rappellent les vertus ancestrales et renforcent dans les cceurs épris d'idéall'amour du sol sacré. A travers les siècles, nous interrageons passionnément les aïeux dont les souvenirs et les vieilles demeures ne cessent de nQUS enchanter. Si son présent est sans éclat, BEERSEL peut se glorifier d' avoir eu un important passé par fexistence de son chäteau-fort et Ie renom de ses Seigneurs. Actuellement encore, Ie chäteau constitue, par sa curieuse architecture, son histoire et Ie röle qu'il a joué à diverses époques, un trésor inestimable. L'aban,.. don de eet édifice historique, si digne de figurer dans le patrimoine artistique de la Belgique, ne pouvait durer plus longtemps. C' est en 1928 que la "Ligue des amis du chäteau de Beersel" a commencé les travaux de déblaiement des ruines et la reconstitution des parties endommagées par Ie temps et la dévastation et, gräce à cette initiative d'intérêt nationat a ouvert ainsi le chäteau au public. Comme toute reuvre de restauration,~ celie-ei exclut d'avance toute influence importune et toute idée de contrainte; elle suppose chez Ie visiteur la spontanéité qui lui permettra, à la faveur d'une appréciation contemplative et réfléchie, d'en retîrer un enseignement utile au point de vue archéologique. B EER s E L ! au seul appel de ce nom surgit un tel cortège de souvenirs que I'historien doit les triert les classer et s·efforcer de les évoquer dans l'ordre chronologique depuis le 13e siècle. Tel est le but de cette étude. esquisse de l'histoire du chäteau de Beersel et ses seigneurs! les HELLEBEKE, STALLE, WITTHEM, s'HEERENBERO, CUSANCE. ARENBERO, MERODE, HEMRICOURT OE GRUNNE, illustres tant par 1' éclat de leurs origines et de leurs alliances que par les fastes de leurs Maisons .
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Les descendants de ces chevaliers valeureux retrouveront, en feuilletant ces pages, des noms vénérés et des souvenirs glorieux \ De plus, afin de mieux faire comprendre au lecteur la situation politique et 1' ambiance sociale tou jours nouvelle dans laquelle êvolue, au cours des siècles, l'histoire du chäteau de Beersel et de ses seigneurs, nous avons estimê intêres ... sant de rattacher leurs souvenirs à ceux des divers souverains qui ont rêgné à leur époque, puisqu'ils furent successivement de hauts dignitaires de ceux.-ci. L'intérêt du rêcit en devient ainsi plus direct, plus vif, plus comprêhensible. Les évênements se dassent mieux; c' est comme un fil conducteur qui guide à travers Ja diversitê des faits. L' exposé de eet ensemble historique nous a ainsi permis d' évoquer de curieux souvenirs des FASTES ou BRABANT, pendant la période si caractéristfque du 13e au 19e siècle. De plus, l'iUustration qui en résulte nous a permis de constituer une docu,.. mentation importante et caractéristique qui sera sans doute très appréciêe de tous ceux qui s'intéressent à notre histoire nationale. La réalisation de eet ouvrage nous a demandê beaucoup de temps, de re,.. eh erehes et d' entrevues a vee divers es personnalités qui nous ont très obligeam.-. ment aidé de leurs co:nseils et de leur érudition, notaroment : M. Georges DANSAERT, historien, qui a publié tant d'reuvres caractêristiques apprédêes par les bibliophiles. Familier des recherches, des archives; des découvertes de documents inédits, son esprit ·puise avec passion dans les souvenirs. I1 fait revivre les grands persannages avec une sûreté d'information qui est à citer en exemple, notaroment son dernier ouvrage: Guillaame de Ctoy,.., Chièvres, dit. le sage. M. Vittor ToURNEUR, Conservateur en chef de la Bibliothèque Royale de Belgigue et ses adjoints. M. Frédéric ALVIN, Conservateur honoraire, dont !'étude sur les jetons des Seigneurs de Witthem fut si Qpportune. M. Edouard LALOIRE, Archîviste de la Maison d'Arenberg, Conservateur honoraire au x Archives Générales du Royaumet à qui nous devons 1' ouvrage très bien documenté: Génêalogie de la Maison Princîère et Ducale d'ArenbergL M. Arnold ScHILLINOS, Docteur en philosophie et lettres et en droit, Archiviste paléographe aux Archives Générales du Royaume. M. Albert MARINUS, Directeur du Service de Recherches Historiques et Folkloriques du Brabant. M. Edwin GANZI rartiste peintre bien connu et auteur de rouvrage intêressant : Le Domaine Royal de Bouchout et ses cháteaux. Nous réitérons icî à ces personnalités rexpression de notre vive gratitude. Charles MERTENS. 1 L'Histoire des familles comme leurs généalogies ne contmence que du 11 ~ au 12~ siède, à: l'époque de J'organisation de la hiérarchie féodale. Avant cette époque on ne trouve ni preuves ni titres. ni ntême des noms. Ni une suite écrite pour constater les faits. Les Dynastles régnantes seules laissèrent des traces de leur existence. par l'autorité des événements et les traditions qu'on en conserva et qui furent ensulte reproduites par les manuscrits et plus tard pal"' l'impdmerle.
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la Çéobaltté - te moy€n aqe OTRE histoire nationale se divise en plusieurs périodes distinctes bien connues. Rappelons toutefois que les petits ... fils de Charlemagne se partagèrent les Etats de leur père, Louis le Débonnaire, par Ie traité de Verdun en 843. Depuis lors, la Flandre forma un fief dépendant de la courenne de F rance. Le reste de la Belgique fut incorporé dans la Lothadngie et devint dépendant de 1' Allemagne. Plusieurs fiefs importants se formèrent en Lotharîngie. Ce furent notam,.. ment: les comtés de Hainaut et de Namur, les duchés de Brabant, de Limbourg et de Luxembourg, et les principautés ecclésiastiques de Liége et de Stavelot... Malmédy. Ces pays étaient gouvernés chacun par des princes soit héréditaires, soit électifs, indépendants les uns des autres. La Belgique se morcela ainsi pendant la période historique que I' on appelle la féodalité. · La féodalité est 1' ensemble des lois et coutumes qui régîrent 1' ordre politique et social dans une partie de l'Europe, depuis Je 11 e siècle jusqu'à la fin du moyen äge. Le mot Iéodalité vient du bas latin feodum ou fief, et Ie fief est une concession qu'un vassal noble tenait d'un seigneur également noble, à charge pour lui de remplir certaines obligations : l'hommage, Ie serment de fidélité, Ie service militaire, Ie service de cour ou d'assistance dans l'administration de la justice, d'aides ou subsides, etc ... ; de la part du seigneur: l'investiture ou mise en possession du fief. Les croisades, ,grandes expêditions militaires entreprises pour la délivrance du tombeau du Christ, à Jérusalem, donnèrent une vive impulsion à l'une des plus belles institutions du moyen äge : la chevalerie. Celle,..ci, fruit de la reli..gîon et du sentiment de l'honneur, était une association de guerriers destinée à protéger les faibles contre les abus de la force, abus nés de 1'anarchie, d 'OU était sortie la féodalité elle... même. Les nobles seulst après de longues épreuves, pouvaient y entrer. Le système féodal, contre lequel les novateurs ont écrit avec tant de violence et qu'on a reconnu aujourdthui moins funeste pour Ie moyen age qu~on ne Ie supposait communément, a été une des causes les plus influentes de la création des communes dès le 11• siècle. A I' époque ou nos pères sortaient à peine de leurs forêts et cavernes et es ... sayaient de jeter les premiers fondements d'une sodété régulièref ils durent nécessairement se soumettre à Ia féodalité; mais ils trouvèrent bientöt moyen de se soustraire à c:e pouvoir. qui entrainaît toute la sodété. Ils s'associèrent par parties dans certains endroitst y apportèrent en co:m.mun les libertés qui leur étaient restées. entourèrent ces endroits de murs, de remparts et de portes mas ... sives puis s'efforcèrent d'acheter ou d'obtenir des privilèges de Ieurs maîtres.
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Bientöt les campagnes fu,.. rent désertées et toute la popuiatien se réfugia dans les communes ou elle était à I' abri des persécutions de ses maîtres ·et de l'invasion des ennemis. C' est ainsi qu'on peut s'expliquer l'ac,.. croissement rapide des popu-lations de nos communes 1 • Les campagnes, telles qu'elles sont aujourd'hui, riches et ecuvertes d 'habita... tions, ne présentaient pas alors Ie même aspect; un chäteau, un ·couvent ou une église seuls réunissaient au,.. tour d' eux quelques serfs, auxquels 1' agriculture était confiée. La prépondérance des communes fut clone telIement grande, que ·si la classe noble et Ie duc ne les eussent tenues en bride, elles auraient infailliblement pré... dominé. Le moyen äge, c' est la VNB ]OYEVSR...J!NTRÉB civilisation moyenne; c'est I' époque ou la philosophie, les sciences, les arts, ne vivent plus que de traditions; c'est·l'époque ou les lueurs de la civilisation ancienne éclairent eneere Ie monde; ou des princes ont restauré les études et ont su rendre quelque vigueur à la lumière antique près de s'éteindre. C'est une période ·pendant laquelle l'ignorance et la barbarie féodales triomphèrent pour un temps, oû les ténèbres s' étendirent sur l'Europe. ou les scienèes se réfugièrent à l'ombre des cloîtres et des églises près desqueUes se formèrent les universités et d' ou elles furent tirées par ces hommes illustres qui préparèrent et firent la Renaissance aux 15" et 16e siècles.
Les origines de Bruxelles datent de Ja création d' un poste militaire élevé au 10~' siècle, dans une ile de la Senne - l'île St~Géry .....- par Ie duc de Basse Lotharingie, en un site maréca... geux, naturellement élu en raison de ses qualités défensives. Dès Ie 11*' siède, le commerce utilisa la vieille route romaine qui unissait le Rhin à la mer et des marchands prirent coutume de s'arrêter à proximité de l'île fortifiée. Ils se fixerent là et, gràce à des travaux appropriés, créèrent un marché, origine de notre Grand'Place. La draperie acquit. dès lors. une importance telle qu'elle contribua largement à préciser les des... tinées de Ja ville. t
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te öuché öe
BQaBant au XIJJ€ s1ècle
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'ET AT qui se constitua peu à peu sous Ie nom de "Duché de Brabant" ne conserva aucune prédominance effective sur les autres provinces formées par les démembrements successifs de la Lotharingie. Bien souvent, il est vrai, les comtes de: Louvain, agissant comme lieutenants de l'Empereur, intervinrent dans les débats de ces provinces; mais en vain essayè.rent--ils de faire respecter leur suprématie comme un pouvoir durable. L' autorité impériale, dont ils étaient les représentants dans les contrées en deçà du Rhin, s'affaiblissait, d'ailleurs, au milieu des querelles sanglantes des Guelfes et des Gibelins. Activement mêlés à ces luttes marquées par tant de péripéties, les descendants de Godefroid Ie Barbu, sollicités tantöt par les protégés des papes, tantöt par leurs adversaires changèrent plus d'une fois de bannière et de suzerain. Ils profitaient des embarras du chef de !'Empire, pour agrandir leurs domaines par l'acquisition de nouveaux fiefs, ou pour soutenir des intérêts privés. A cette époque. au centre de la Belgique actuellet entre Ia Flandre et Ie pays de Liége. entre Ie Hainaut et les Pays...Bas, s'étendait le vaste "Duché de Brabant". Il comprenait les deux provinces de ce nom : la belge ou Brabant méridional et la hollandaise, qui porte toujours Ie nom de Brabant septen.. trional, avec la province d'Anvers qui les sépare. 11
Presque entièrement flamand, avec les grandes villes de Bruxelles, de Louvain, d'Anvers et de Bois,.,]e. . Duc, il avait une partie wallonne, dite le roman pays de Brabant, dont Nivelles était la ville principale. 11 faut remarquer qu 'Anvers formait un marquisat 1 à part, mais rattaché au Brabant, et que la seigneurie de Malines, y enclavée, faisait partie de la principauté de Liége. Le Brabant n'était à l'origine qu'un "comté", qu'on appelait aussi Ie comté de Louvain, et il appartenait, comme le Brabant, à la famille de Régnier au long col. En 1106, l'empereur Henri V rendit au Comte Godefroid Ie Barbu la dignité ducale, dont sa familie avait été dépouillée plus d'un siècle et demi auparavant et, depuis lors, les comtes de Louvain s'intitulèrent Ducs de Lothier et de Brabant''. Les ducs de Brabant de la lignée de Godefroïd Ie Barbu sont, en y com-prenant ce prince lui ... même, au nombre de neuf, et leurs noms se suivent dans un ordre facile à retenir: d'abord viennent les trois Godefroid ( 1095--1190), puis les trois Henri (1190,...1261), puis les trois Jean (1261 . . 1355). La série des ducs se clöt par Jeanne, fille de Jean III et femme de Wen ceslas de Luxembourg laquelle, mourant sans enfants ( 1406) institua héritiers ses parents, les princes de la "Maison de Bourgogne".
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1 On appelait "marquisats" à 1' origine, les comtés de frontière; le comté d' Anvers était considêré comme frontière du Lothiet du cöté de la mer. I
JEAN LB VICTORIEUX I•.,DU NOM, DOe DE LOTHIER, DÉ BRABANT· ET DE LIMBOURG, MARQUIS DU S. EMPIRE, COMTE DE LOV AIN, ET DE DAELHEM, $lRE DE KBR·PEN, &e•.
EAN 1"'', duc de Lotharingie et de Brabant, né en 1250 de Henri lil et d' Alix de ·Bourgogne, succéda à son~ père, bien qu'il ne fut que Ie second des enfants du dud l'aîné, Henri, étant incapable, avait été relégué dans un mo-nastère près de Dijon, par ordre d'Alix, laquelle avait été régente du duché pen... dant 7 ans, et avait reçu Ie consentement des "Etats de Brabant", en 1267 pour ce changement dans 1' ordre de la succession. C'est la première fois que Ie mot "Etats'l se rencontre dans l'histoire de Brabant. Jean épousa Marguerite de France, fille du roi Louis IX ( Saint..-Louis). Le règne de Jean 1~r est une véritable épopée. Semblable à ces paladins chantés par l'Arioste, le jeune prince était avide JuAN /"~" (t2:;o~t'2 04 ) d'aventures; taujours par voie et par che_j min, il courait les joutes et les passes d'armes, autant par respect pour les règles de la chevalerie, autant pour pro . . téger rinnceenee que pour faire briller sa valeur. Pas un tournoi n'avait lieu en France ou en Allemagne ·sans qu'on y vît la bannière du Brabançon. Les premières années de son gouvernement, quoique paisibles, offrirent à Jean 1"'' une occasion éclatante de montrer toute son énergie. Marie de Brabant, sa sreur, avait épousé Philippe le Hardi, roi de France. Cette princesse joignait à une grande beauté un esprit vif et délicat; elle avait hérité des inclinations de son père pour la poésie; comme lui, elle faisait des chansons, et comme lui aussi, elle protégeait les Trouvères de son temps. Mé!rie, qui jouissait d'une haute faveur à la cour de France, devint tout à coup victime d'une läche intrigue; elle fut injustement accusée par Ie favori du monarquè, I'infäme Pierre Labrosse, d'avoir empoisonné l'héritier du tröne, issu d'un premier lit. A cette nouvelle, Jean monte à cheval. suivi d'un seul écuyer; il pénètre sous l'habit d'un moine dans la pdson ou gémissait sa sceur, obtient Ia certitude de son innocence et vole à la cour de Philippe, pour réclamer Ie "jugement de Dieu par les armes". Il était temps, car la reine allait être brûlée à petit feu comme empoisonneuse ! Un mercenaire, qui avait vendu son épée au läche favori, osa descendre dans Ie champ clos; après un cambat acharné, il fut vaincu par Ie duc ( 1277). Alors Marie reprit sa place sur le tröne, et Pierre Labrosse, convaincu de calomnie, fut traîné au gibet. Mais bientöt les tournois ne suffisent plus au bouillant courage du duc: Jean; il lui faut de véritables combats, de lointaines expéditions. des champs de bataille ! Le titre de chevalier lui semble trop peu de chose; il ambitionne celui
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de conquérant. Que ses rêves s 'accomplissent l Les vassaux du N ord viennent de se révolter et Ie Limbourg attend un maître. Les droits sur Ie Limbourg lui avaient été vendus par Adolphe de Berg, neveu cl u dernier duc W aleran liL Le duc de Brabant se mit en devoir de disputer Ie Limbourg à Renaud, comte de Gueldre, qui .en revendiquait la pos-session. Chacun des prétendants se fit de puissant·s alliés : Ie duc s'attacha les Liégeois et la France; Ie comte eut pour auxiliaires l'archevêque de Cologne et Henri III, comte de Luxembourg. Cette longue querelle fut décidée dans les champs de Woeringen, au diocèse de Cologne, ou Ie duc remporta, Ie 5 juin 1288, une victoire complète dont Ie résultat fut la réunion du duché de Limbourg à celui de Brabant. Henri de Luxembourg y fut tué. Cette victoire valut à Jean I~''' Ie titre de ,,Victorieux"; à cette occasion ce prince remplaça son ancien cri de guerre: "Louvain au riche duc., par celui de "Limbourg à celui qui l'a conquis''. La ba taille de W oeringen, chantée par notre poète Jean Van Heelu, est demeurée célèbre parmi les grandes ren~ontres de l'äge féodal; de part et d'autre on y déploya la plus brillante valeur, et la courtoisie chevaleresque y tempéra !'horreur des scènes de carnage. Ce règne si glorieux pour Ie Brabant fut brusquement interrompu. A l'äge de 44 ans, Jean 1'''' mourut dans Ia nuit du 2 au 3 mai 1294, des suites d'une blessure reçue dans un tournoi livré à Bar. . Ie.-Duc, à l'occasion du marîage de Henri, comte de Bar, avec Eléonore d'Angleterre, fille d'Edouard I\ Jean 1(.,.• duc de Brabant, peut être considéré comme un type parfait de prince féodal. 11 en avait les qualités: la vaillance, Ie dédain du danger, !'amour des exercices du corps, la générosité. 11 avait, paraît.-il. un aspect si. terrible que son regard seul inspirait la crainte. Sa colère ne connaissait pas de hornes et sa force était grande. Son règne fut aussi une époque d'activité intellectuelle. Alors vécurent Ie célêbre trouvère Aden et, Ie poète Jean van Heel en ou van Heelu, qui a célébré dans ses vers les exploits de Jean Ier pendant la guerre du Limbourg~ Le duc Jeari était poète Iui. . même et 1'on a conservé neuf de ses poésies, com.positions imitant les pastourelles provençales. A me héroïque et fière 1 Ie duc de Brabant Jean pr resta, dans Ie souvenir de tous, Ie modèle des grands féodaux du 1311 siècle.
t Voici cernment Butkens a raconté eet accident: .,les nopces furent c:élébrées fort somptueusement; mais toute cette feste et allégresse fut changée ..en larmes par un accident pitoyable, car le malheur (qui à tout moment talenne l'homme) •• voulut que nostre duc. courant la lance avec Pierre de Beauffremont, bon et gentil chevalier, •. Ie cordon dont le maniele ou gantelet dextre du duc estoit noué se desnoua et la lance du .,chevalier .Iur, perça Ie bras. à l'extrêm~ regret du chevalier et de toute cette honorable ,.compagnie ...
IE~~· Dl CT LE P.ACIFIQUE IJ. DU NOM
DUC DE LOTHlER, DB BRABA.NT ET DE LIMBOURG 1 MARQUIS DU S. EMPIRE , C 0 ~TE .DE · L Q .. ' . VAIN~ DE DAESB_OURG,&c. EAN II,. son s~ccesseur, se trouva~t à Londre~, à la cour du roi Edouard, quand 1l appnt la mort de son pere. I1 se hata de revenir pour prendre possession de ses duchés de Lothier, de Brabant et du Limbourg, et du marquisat du Saint. . Empire. · Les Hens qu,il avait contractés avec la familie royale d'Angleterre ne furent pas sans influence sur les destinées de ses Etats. Ils Ie rnaintinrent dans une alliance politique avantageuse au point de vue commercial. Jean II était un prince intelligent, prudent et éclairé, comme Ie témoignent divers actes posés par lui ·et comme il Ie prouva, à la fin de sa vie, par la grande charte de Cortenberg, un des monuments les plus importants de notre ancien droit public. A cette époque, il y eut en Brabant un loyalisme que I' on ne rencontrait plus en Flandre. Entre les ducs et les Brabançons existait un régime constitutionnel approprié aux conditions historiques de la Belgique. Mais s'il n y eut pas d·antinomie entre Ie pouvoir du prince et celui des villes, dans le Brabant aussi surgirent des Iuttes regrettables entre les patriciens et les plébéiens . L' échevinat dans les villes était exclusivement au x maîns des u lignag es" ou
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families patriciennes. Un mécontentement sourd fermentait dans les masses populaires. Une seule pensée, la destructien des privilèges du patriciat, semblait animer les gens de métier à cette époque. · Anvers donna Ie signal des troubles, A Malines, que Ie duc tenait alors en engagère, I' écoutête du prince fut tué. A Bruxelles, les métiers nommèrent d'autres échevins et se ruèrent sur l'armée ducale et patricienne, campée à Vilvorde; mais celle,..ci les mit en déroute et les obligea à déposer les armes ( 1306). A Louvain, les mutins furent bannis ou emprisonnés. · Pour empêcher Ie retour de ces scènes tumultueuses et sanglantes, Ie duc Jean 11 convoqua les seigneurs et les députés des villes en assemblée à l'Abbaye de Cortenberg, localité située entre Bruxelles et Louvain. C'est là que, Ie 27 septembre 1312, il promulgua la.célèbre ordonnance du "Bien publk" contenant ces règlements précieux qui donnèrènt au Brabant sa première constitution et instituèrent une sorte de députation permanente des deux ordres laïques : noblesse et villes, collatérale au duc dans l'administration du duché. Mais à cette époque, Jean 11 souffrait de la gravelle. De I'avis de ses con ... seillers, il fit, en 1312, le voyage à Paris, ou ii espérait trouver des m_aîtres assez habiles pour Ie guérir. Ce déplacement lui fut funeste; son état s' empira, et de retour à Bruxelles, Ie médecin qui Ie traitait et qui avait également servi son père, déclara, avec plus de patriotisme que de tact, qu'il pouvait se considérer comme mort. En effet, il expira peu de temps après à Tervuerên, Ie 17 octobre 1312. On l'ensevelit dans Ie chceur de l'église Sainte--Gudule, ou un cénotaphe, surmonté d'un lion d'airain, a été érigé à sa mémoire. Son unique fils légitime, ägé de 13 ans, lui succéda sous Ie nom de Jean liL
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Les menestR€Ls
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'EXISTENCE des grandes dames, à cette époque appelée par les poète_s Ie "bon temps" était monotone. Les hommes se passionnaient pour la guerre, la chasse et les jeux chevaleresques. Dans leurs chäteaux, ils s'exerçaient au maniement des armes et préludaient à leurs futures expéditions par des exercices qui leur faisaient un corps robuste capable de porter leurs lourdes armures. Les femmes n 'avaient, pour varier la paisibie monotonie de leurs travaux domestiques, que Ie spectacle des écuyers et des pages qui dres .. saient les chevaux du maître ou qui exécutaient, sous les yeux de celui... ci, quelque sirnulacre de bataille. Avec les longues soirées d'hiver, venait I'ennui. Les belles chatelaines en étaient réduites, pour toute distraction, aux récits de l'aumönier qui leur contait de merveilleuses histoires, en remettant au lendemain la suite d'un chapitre commencé. Or, il n'arrivait pas toujours que l'aumönier fût un conteur amusant. C'était une bonne fortune dont aucun des. plaisirs de notre civilisation raffinée ne donnerait la mesure, quand arrivaient des ménestrels. Pendant toute la durée du séjour de ces artistes ambulants, il y avait fête au chäteau. On se pämait d'aise à leurs poèmes et à Ieurs chansons; on applau... dissait à leur talent d' exécution sur la trompe, Ie cornet, la trompette, la flûte, Ie chalumeau, la harpe, Ie luth, Ie rebec. Les ménétriers n'étaient pas seulement bien traités et bien payés partout ou ils se présentaient; ils recevaient aussi quelquefois des marques de distinction. Ceux qui étaient habiles en leur art, et qui avaient réjoui leurs hötes par des chansons plaisantes, se retiraient souvent combiés de cadeaux. On jette aujour. . d'hui des bouquets aux chanteurs et aux exécutants. L'admiration des auditeurs se traduisait alors en témoignages plus significatiEs. Il n'était pas rare qu'un seigneur chätelain se dépouillät d'une robe de prix pour en couvrir Ie ménétrier dont les chants I'avaient charmé. Les ménétriers s'appelaient aussi ménestrels. Ce nom sonne plus agréablement à 1'oreille; c' est cel ui sous Iequei on les désigne dans nos romans et dans nos opéras dont l'action se passe au moyen äge. Les ménestrels ou ménétriers nommaient un roi dont Ia juridiction s'étendait sur tous ceux de la contrée. Royauté moins paisible qu 'on ne croirait, car il fallait main-tenir la bonne harmonie entre des gens fort remuants, jaloux les uns des autres, et toujours prêts à se chercher querelle. Un roi des ménestrels était attaché à la maison -du comte de Hainaut .•. Les comtes de Flandre, qui se distinguaient par Ie luxe de leur cour, se passaient aussi la fantaisie d'un ménestrel ordinaire. On voit dans des comptes d'un voyage de Guy de Dampierre que Gillot, son ménestrel, joignait à son mérite spécial celui d'arracher les dents avec dextêritê. C'est ainsi que ces hommes pleins de ressources savaient se rendre à la fois utiles et agréables. Tandis que les ménétriers se bornaient, en général, au röle d'exécutants, les trouvères composaient eux...mêmes les chansons qu'ils allaient également col.. porter de chäteau en chäteau. A la fois poètes. musiciens et exécutants, ils avaient donc un triple mérite•
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RACE à l'organisation des gildes, des frairies et des fraternités, J'ceuvre de l'affranchissement des villes s' était étendue~ fortifiée ,et régularisée pendant Ie 12o et Ie 13c siècles. La plupart des grandes agglomérations d'habitants avaient obtenu leur érection en communes ayant des chartes, en garanties de leurs franchises judiciaires, administratives et financières 2 • Plusieurs communautés rurales et un certain nombre de villages avaient été admis à participer directement à des avantages analogues. Dans la plupart des au tres, Ie peupie s' était dégagé, au moins partiellement, des redevances et des corvées arbitraires ainsi que des charges humiliantes de la servitude. · Mais pour l'immense majorité des habitants, les conquêtes s'étaient bornées à la liberté civile; les artisans, les marchands en détail, les petits bourgeois n'avaient, généralement, encore aucune part au gouvernement des villes et du pays rural; ils n'avaient pas de droits politiques. Ces droits, la noblesse et la haute bourgeoisie les. détenaient avec un êgoïsme jalo:ux, sans vouloir rien en céder. Cette situation s'était longtemps imposée; Ie développement industrie! et commercial avait un besoin indispensable de la richesse que les grands ·seuls possédaient, et dont iJs voulaient naturellement rester maîtres de diriger 1' eroploL D 'autre part, les fonctions communàles étaient gratuites et absor~ bantes; il n'était guère possible aux gens de métier de les occuper. Mais à la fin du 13e siècle, beaucoup de négociants ou d'artisans avaient acquîs fortune ou aisance; ils avaient développê leur intelligence; ils s'étaient organisés en corporations, armées aussi bien pour la lutte que pour Ie travail. Serrés en masses compactes, ils sentaient qu'ils avaient pour eux Ie nombre et la force; ils aspirèrent à participer à la gestien des affaires de la comrou-nauté dont ils faisaient partie. Déjà au 13e siède, ils avaient poussé, en quelques endroits, leurs réclamations jusqu'à l'émeute sanglante. La fermentation allait grandissante; les petits voulaient abattre Ie monopole du pouvoir que les grands prétendaient con-server; un courant général, irrésistible, entraînait les masses vers la conquête de Ia liberté politique. Ce sera Ie grand effort du 14e siècle d'exercer une action vigoureuse en vue de la transformation de la commune aristocratique en commune démocratique. Le 12(' et 13(' siècles avaient préparé cette révolution. 2 Au début du 13e siècle, Bru.. 1 D'après J. Sosset. Manuel d'Histoire de Belgique, 1919. xelles s'affirma sérieusement comme un milieu économique de valeur: elle devient aussi une puissance politique, puisqu'elle reçoit, en 1229, une charte constitutive, qu'elle possède des magistrats, qu'elle construit un rempart, qu'elle détient un sceau et qu'elle dispose d'un beffrot C'est au 14'" siède qu'elle atteindra son plein essor économique; une nouvelle enceinte est consttuite, sur remplacement de laquelle se déploient aujourd'hui nos boulevards circulaires extérieurs.
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ES plus anciens documents, datant du 13e siècle, décrivent Beersel comme un endroit montueux, couvert de bois et de bruyères, avec de rares päturages. Quelques chaumières, groupées autour d'une chapelle, et des fermes fortifiées constituaient une agglomération .dépendant probablement de la paroisse d'Uccle. Sans doute, dans une dè ces maisons fortes, demeurait une familie plus riche et plus puissante que les autres, puisqu'un acte de 1292 fait mention de HArnoldus et Leonius, fratres de Beersele"; le second tenait en fief, du duc Jean Ier, la dîme du lieu et illa céda, en 1277, à l'abbaye de Forest; un autre frère, Jean, était maire de la prévöté de la chapelle à Bruxelles, en 1280. Le lieu de Beersel semblait propice, en ces temps oû l'artHlerie n'existait pas encore, á la construction d'un chäteau fortifié : cette vallée, coupée de prairies, présentait un fond oû il était aisé de creuser de larges fossés remplis d' eau. Le premier qui y songea semble avoir été Godefroid de Halbeke ou Hellebeke, qui tirait son nom .d' une terre veisine de Hal; il avait servi avec honneur le duc Jean II de Brabant, et obtenu, de lui, Ie droit d'avoir une garenne ou chasse gardée, ptès de sa "maison'' de Beersel; Ie terroe de ,,maison", dans un diplome relaHf à une seigneurie, indiquait d; ordinaire ttne résidence feodale importante. Cet acte· est daté de Bruxelles, 18 octobre 1300, jour de saint Luc. lnvesti de l' office de Sénéchal de Brabant, Godefroid eut à souffrir des incursions de la commune de Bruxelles, révoltée en 1306 contre le duc. Quand les bourgeois furent défaits à Vilvorde, ils durent payer, au seigneur de Beersel, Ia somme de 1,500 livres. Sa fille Elisabeth porta la seigneurie à Henri de Stalle. dont la faroiJle était alliée à celle des seigneurs de Ruysbroeck, issus d'une branche cadette de la famille ducale de Brabant. Henri. devenu seigneur de Beerset acheta encore, à Henri Vander Loebeke, la terre et fotteresse de Zittertt à Tourneppe. Parmi les apanages que les ducs de Brabant constituèrent au 13 11 siècle en faveur de leurs vassaux, la seigneurie de Beersel représentait une importance particulière par la construction d'une fotteresse sur son territoire. Cette réalisation faisait partie de la politique habile et prévoyante léguée à ses successeurs par Ie célèbre duc de Brabant : Henri le Guerroyeur ( 1190--1235) .
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En effet, pour préserver Ie duché des attaques éventuelles des Flamands et des Hennuyers, il avait suggéré la création de chäteaux fortifiés à Beersel, Zittert et Gaesbeek. Ces trois forteresses devaient constituer une barrière en demi . . cercle à leurs incursions. Pour I'époque, c'était une ligne de défense redoutable par la force de sa position, par Ie haut rang, la bravoure et la richesse de ses maîtres et par Jes vassaux que ceux . . ci pouvaient appeler sous leur bannières.
Ces .prévisions se réalisèrent lorsque Louis de Maele, comte d:, Fla?dre, envahit Ie Brabant en 1356 et dévasta la région du "Payottenland , pres de Gaesbeek, etc. 1 • Le sire de Beersel n'ayant pas reconnu son autorité, ni cédé à ses menace-s et étant resté fidèle à ses souverains, Louis de Maele fit Ie siège du chäteau de Beersel sans pouvoir vaincre sa résistance.
Louis d:ist M alain, ou de Male, póur ce qu'il fut nay à Male, qui est au Comté de Flandre, fils uni. . que de Louis dit de Créqui et de Dame Marguerite de France, suc~ céda en l'an 1346, es Comté de Flandre, Rethel et Nevers, etc., par Ie décès de sa bisayeule ma~ ternelle, aux Comtés d'Arras et de Bourgogne. Prince vraiment belliqueux et de merveilleux courage, mais un peu trop vindicatif. Ce Comte Louis a été Ie premier qui oncques forgea monnoye d' or au pays de Flan.dre et eut durant son gouverne.ment beaucoup d'affaires, non seulement et en faveur de la cou.ronne de France contre le Roi d'Angleterre Edouard III, mats aussi avec ses propres sujets de Flandre, spécialement avec les Gantois, dont fut contraint se re... tirer devers Philippe de Valois, Roy de France, lequel assembla force gens de guerre avec Louis contre lesdists Flamands. Lesquels furent défaits. Ayant ledit Comte gouverné 38 ans, fut tué en 1383 par le Duc de Berri. à cause d'une question prise sur Ie Comtê de Boulogne. Louis de Male git à Lille, à Saint~ Pietre, en la chapelle Notre..Dame. l
B.t!RONNIE DE STALLE.
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A Seigneurie de Stalle eft fous Ie re1Torr: d'Uckeie, dans le BaiUage de! Rode. Elle a autrefois apartcnu à la familie des Berthouts; & aujour· d'hui cUe apareient à celle de Hamme, il y a un Chateau & un beau jardint dont on voit Ie. plan parmis les Ch~teaux des Nobles de Brabant, du Baron lc Roy. Il y a une Chapelle dediée à Dieu en Phonneur de laS. Vierge on I'on dit la Melfe à certains jours de fêres de Ja Vi erge, Ie Chapelain eft à Ja CoUationde l'Abbaye de Vorftou Forers.Eile fut erigée en Baronnie en .fa· veur de Guiiiaume van Hamme, par Charles 11. Roi d'!fpagne Jo 2.?É Mars x686.
Jean be cossetaeR ~
Jehan, sire de Witthem, scelle l'acte analysé au nom d'OUDENHEM, 1368 : un lion et une cotice brochante, chargée des trois mouchetures d'hermine ( ou fleurs de lis complètes). Cq. couronné. Même C. L. : S. loh ...,s de Cosselar milit. (Chartes des ducs de Brabant, N° 2214). La légende de ce sceau se développe ainsi : Sigillum Johannis dicti Cosselar militis.
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E Duc de Brabant Jean II, qui s'était marié à l'äge de 19 ans, avec Marguerite d' Angleterre, avait déjà, avant ce mariage, un fils de Cathe-rine de Cosselaer, appelé "Jean de Cosselaer" d'après Ie nom de sa mère. D'autre part, ce duc, décédé en 1312, laissa un fils mineur : Jean lil de Brabant qui, à l'äge de 16 ans, dut prendre Ie pouvoir. Jean de Cosselaer que sa mère adoptive, la duchesse douairière Marguerite d'Angleterr.e appelle, en 1329, son "cher aymé varlet", en lui donnant la "Foresterie de Jodoigne", devint, par la suite, l'un des principaux chevaliers employés aux .affaires de l'Etat. A cette époque, Jean de Cossela er avait épousé Catherine de Holzit ou Holsiet, veuve du seigneur de Houthain. En 1345, Ie duc Jean lil voulant témoigner sa bienveillance à son "cher frère et chambellan", lui donna, par lettres patentes du 4 décembre, laterrede Witthem, outre Meuse, et en plus, les amendes sur les bières à Y ssche ( Overyssche). Jean de Cossela er fit construire à Y ssche une demeure, appelée : ,.Hof van Witthem" qui resta en possession de ses successeurs. 11 fut mêlé aux événements les plus importants de son époque et voici quel... ques souvenirs à ce sujet : Le 3 février 1346, une importante réunion eut lieu à Binche, entre les délégués du roi de France Philippe VI de Valois, pour traiter avec Ie duc de Brabant Jean III et Ie comte de Flandre des modalités du mariage de leurs enfants respectifs : Marguerite de Brabant et Louis de Flandre, ainsi que des questions relatives aux villes et terres de Malines et de Termonde. Jean de Cosselaer faisait partie de la délégation belge composée de clercs, chevaliers et conseillers du duc, qui appendirent au mémoire dressé à cette occasion leurs sceaux avec ceux des délégués français. En 1346, il nomma, comme ecuyer et bourgeois de Bruxelles, les échevins de cette ville. Le 5 avril 1350, il est témoin de la cession du quart de la ville de Breda à Jean de Polanen, pour la sommede 43.000 florins. Le 17 mai 1355, Jean de Cosselaer et divers chevaliers s'engagèrent, sous la foi du serment, à la stricte observation du traité conclu à Louvain, le 8 mars 1355. par les villes de Brabant et celles des autres Etats du duc, afin d'éviter les diseerdes et troubles qui pourraient se produire à la mort du duc Jean III de Brabant en cas de partage de ses Etats.
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.. ·,~~~,~:N·B DtlCH~·ssB DE LOTHlER, DB .·:J·:,·~~~:B'fii'i:l',,DE LIMBOURG, ET DE .. . ~~i~'Jrlf)~M:BO{J'll.q •. MARQUISE Dtr . :':·S~~·.... . .Ç.OMTESSJ! .DE liAYNAUT·• ·. . \:~. . 'A .Npl!:t1~:~: . ..,
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EAN lil, dernier duc de Brabant de la Maison de Louvain, mourut le 5 décembre 1355, après avoir régné 43 ans. Il avait perdu tous ses Hls; mais Ie Brabant était depuis deux siècles reconnu "fief féminin". I1 passa clone à Jeanne, fille aînée du duc et veuve de Guillaume, comte de Hainaut et de Hollande. Elle avait épousé ensuite Wen ceslas de Luxembourg. I1 avait été convenu que la seconde fille, Marguerite, mariée au comte de Flandre Louis de Maele, recevrait une dot en argent. En 1356, J eanne et Wenceslas furent solenneHement inaugurés dans les principales villes. Comme Wenceslas était étranger et que ron pouvait craindre de voir ses droits contestés ou de Ie voir lui..-même méconnaître les libertés du pays, on jugea utile de dresser, en un seul et même document, la liste des prin.cipaux privilèges communs octroyés jusque..-là au duché, en précisant les mesures qui en devaient assurer I'exécution. 23
Le Brabant eut ainsi, dès ce moment, un code écrit, une charte appelée .,Joyeuse Entrée", comportant 58 articles, consacrant à la fois d'importantes dispositions pour assurer l'intégrité du pays et de précieuses garanties de liberté individuelle. Dans tout Ie Brabant on céiébrait eneare Ie joyeux avènement des nouveaux souverains et on se réjouissait des privilèges qu'ils accordaient quand on apprit avec stupeur que Ie Comte de Flandre marchait sur Malines à la tête d'une armée, la dot promise à son épouse n'ayant pas été payée! Le Brabant fut envahi. Le 17 août 1356, l'armée flamande parut aux partes de Bruxelles; les Brabançons marchèrent à sa rencontr.e et essuyèrent à Scheut, près d'Anderlecht, une défaite compiète, qui amena la soumission de Bruxelles, Louvain, Tirlemont, Nive1les et Léau. Dans toutes ces villes, l'étendard de Fiandre fut substitué à celui de Brabant, et Louis de Maele, par Ie droit du vainqueur, s'arrogea Ie titre pompeux de Duc de Brabant, de Lothier et de Limbourg. Pendant qu'on lui enlevait son duché, Wenceslas était à Maestricht, ou, dit Butkens : "il s'amusait avec assez peu de soin, se laissant mener par Ie conseil "de jeunes gens sans expérience, plus adonnés à Ieurs plaisirs qu' à ce qui était "nécessaire pour faire la défense du pays, ce qui fut cause que bientöt il apprit "à ses dépens combien la vigilance importe à un prince." (Butkens, livre IV, page 469.) Les Flamands dévastèrent Ie Brabant et firent notaroment le siège du chäteau de Beersel qu'ils saccagèrent mais qui fut restauré en 1357. Le Brabant subissait la peine de l'imprévoyarice et de l'incurie de Wenceslas. La surprise des Brabançons avait fait tout le succès des Flamands; mais bientöt la fortune changea. Le triomphe du Comte fut aussi court que sa conquête avait été rapide. Bruxelles fut délivré par l'héroïsme d'Everard t'Serclaes et, deux mois après son arrivée dans Ie Brabant, Louis de Maele n'y possédait plus que la seule ville de Malines. Mais les hostilités reprirent. La guerre se prolongea tout l'hiv.er et n~ se termina qu'au printerups 1357, par un traité imposant à Wenceslas Ia cession de Malines et d'Anvers à la Flandre. C'était un triste début. L'abandon d'Anvers était grave, car cette ville avait toujours été considérée par les ducs de Brabant de la Maison de Louvain comme le joyau Ie plus précieux de leur couronne. Le prince luxembourgeois acheta la paix par simple fatigue de la guerre. En Brabant, l'indignation fut générale. Les gens de métier en profitèrent pour reprendre leurs griefs contre 1' exagération des impöts, Ie monopole de la conduite des affaires publiques taujours réservé aux patriciens, etc. L' émeute qui éclata à Bruxelles fut aisément domptée. 11 n'en fut pas de même à Louvain. Dans ces circonstances tragiques, Jean de Cossela er, conseiller de Jeanne et de Wen ceslas fut nommé drossard ou sénéchal de Brabant 1 et reçut en 1 Le mot .,Sênéchal" désignait un fonctionnaire qui rêunissait les attributions judiciaires et adrninistratives de randen .. Maire de Palais ... Le Sénêchal. premier des grands officiers, était cornparable à un Vice~Roi, dans certains cas.
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BA!~ONNIE
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DE B4UTEf<JF:M.
Antcrfcm, autrefoisBaltcrfem, eft une illu!l:re & an~ienne Baronuie, Îttuée · prefi.1ue entrc Louvain & Tirlcmoot dans Je Baillage de Cumrich, ou il y a un ancien Chfttcau. qui étoit autrefois un des principaux: de ce Canton Les Anciens Seigneurs de BauterJèm , .dont on trouve la genealogie au . Totn z.. des Trophées de Brabant pag. z 1 ~. étoient autrefois: du nomb~e des dixhuit premiers nobles de Brabant, que nous apelloos Barons. Dzvteus prétend que Henri de Bautedèm étoir allié des Ducs de Brabant & qu'il fut Tuteur des fils de Henri III. Cettc Seigneurie eft reftée dans cette fa ... tniUe, jufqu'à Henri de Bauterfem, Chevalier; fils de Henri, qui la vendie au Seigneur de Valkenborch ou Fauquemont, dont il avoit pris Ie part i contrc Je Duc de .Brabant; Renaud de Valkenborch fils du precedent, la revendit à GuilJaume de Dovenvoorde , Seigneur d'Oofl:crhout, dont la :fi !Ie Bcrrhc Dame de Bautcrfèrn, époufa Gerard vander Heyden, Chevalier , Drof7àrt de Brabant; mais étant mortc fans cnfans, fa freur A meiberge de Dovenvoorde qui étoit n1ariée à Jean Corlfebet·, Chevalier, Seigneur de Witthem, fils naturel de Jcan III. Duc de Brabant, Ja Seigncurie de Bauterfctn pafra à fa poficrité; enfin Marie Eiifabeth de Hohenfolr?, fille ~e Meffirc Henri de s'Hcerenberge,Baron de 1-fedel & de Marguente deWttthem, DJ.mc de B.:wtedètn & leur uniquc heriticre, vendit en 1647· cette Baronnie à Jcau- Jacques d1Ittre dit de CaO:rc, qui en abtint Ia confirmatien de Philip• pc IV~ Roi d'Efpa~ne par lettres don11ées à Madrid Ie r4. Mars x6so. Cc~ teBaronnie eet refl:cedans fa fantille ju(qu·en 1719. qu•ellc fut vendue pubh.. · quement à GuiHaume-Gilbert .... Seigneur d~ Weerdenll:eyn, d'Utrccht, pour. li fon1me de 7000. florins. · .........., " . .
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augmentation de son fief les Seigneurfes de WaltwHder, Mechelen-et Wittheml, les ducs lui donnant expressément la qua1ité de ,,cher oncle", par lettres don,.. nées Ie X de févri:er de fan MCCC. LVII, sous Ie témoignage de Thiery de Hornes, Sire de Perweys et de Craenenborg, Jacques d'Agimont, Sire de Chä ... tea u-Thierry, Gérard, Sire de Vorsèlaer, Jean de Gere, chanoine de Ste-Gudule et garde des sceaux et GuHlaume de Stakenborg. Devenu veuf, Jean de Cossela er ép.ousa Amelberge de Duivenvoorde, fille de Guillaume de Duivenvoorde, Ie puissant seigneur d'Oesterhout. Elle était héritière de Bautersem, etc. Au cours de l'année 1357, Jean de Cosselaer intervint officieHement pour régier et payer, en écus de bon or et de· juste poids, notaroment des indemnités à de nombreux chevaliers qui s: étaient dévoués, a vee .Ieurs hommes, à la cause brabançonne pendant la guerre avec la Flandre. A eet te époque, J eanne et Wen ceslas qui avaient ob ten u, à titre de prêt, une somme importante de leur "oncle" Jean de Cosselaer, et afin de dédommager celui,..ci des pertes éprouvées à leur service durant la guerre contre le comte de Flandre, lui donnèrent Ie bien appelé "den hof ter Schuren", paroisse de Duis ... bourg, avec tout ce qui en dépendait, à charge de tenir Ie dit bien en fief mouvant de leur duché de Brabant et d'y assigner Ie domaine de sa femme Amelberge. Le 4 janvier 1357, Jean de Cosselaer est nommé arbitre parJeanneet Wen,.. ceslas. 11 est leur délégué lorsque, Ie 8 mars 1358, une enquête est ouverte au sujet des revenus de la ville d'Anvers. La même année il approuva un compte de Gérard de Rover, échevin de Bois,..Je,..Duc. En 1360 et 1361, il assiste aux journées d'Aix,..Ja-Chapelle et est nommé arbitre par le seigneur de Rinsburg qui, sur sa décision, laissa tomher une créance à charge de W enceslas. ll est co--garant, en 1362, lorsque J eanne et Wen ceslas promettent de ne plus imposer de taxes au pays. , En 1364, il est l'envoyé de Wenceslas à la villede Limbourg. En 1365, il est nommé expert des frais d'entretien du chäteau de Fauquemont. Jean de Cosselaer fut Ie délégué du duc Wenceslas lorsque celui-ci, Ie 11 avril 1364, fit un accord de 10 ans avec la ville d'Aix en vue d'assurer la proteetion des marchands contre les pillards. Amelberge se déclarant veuve en 1374, son mari doit être décédé avant cette date, sans qu'on puisse préciser. l'année. Ses descendants furent : 1o Du premier mariage : Jean de Witthem qui devint seigneur de Beersel par son mariage, en 1362 (et non en 1375), avec Marie de Stalle; 2o Du second mariage : Henri de Witthem qui devint seigneur de Bautersem. Wenceslas mourut inopinément, Ie 8 décembre 1380, au chäteau de Luxem.bourg. La clouleur de J eanne fut immense. Mariée, par raison politique, a vee un 1 Aujourd'hui Witthem ou Wittem est une commune du Limbourg hollandals, du canton et à une demi-lieue S. S. E. de Galoppe, de I'arrondissement et à trois lieues de Maestrlcht.
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homme beaucoup plus jeune qu' elle, elle avait cependant trouvé Ie bonheur dans cette union. A la mort de son mari, son désespoir fut tel qu'il lui fit oublier ses devoirs de princesse. Pendant si·x mois, elle refusa obstinément de sortir de sa chambre. Mais les événements mirent un terme à ce deuil exagéré. En effet, après la mort de W enceslas. Ie duc de Gu~ldre revendiqua des terres brabançonnes. La duchesse Jeanne dut finalement st occuper de eet te question et de I' administration de ses duchés.
WENCESLAVS ET IOANNA IOANNIS lU. F•. Gravure extraite de la Kronijcke van de Hertoghen van Brabant. de L. Van Haecht Goidtsenhoven.
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EAN, premier héritier du nom de Witthem, brillant chevalier, fut, comme son père, conseiller et sénéchal de la duchesse Jeanne et du duc W enceslas. Son patrimoine comprenait les domaines de Witthem, Waltwilde.r, Mechelen ( Limbourg) , etc., et des biens dans le Brabant. Sa première épouse fut Catherine van Hoenbraeek qui lui donna deux fils : 1o Jean qui devint seigneur de Witthem, Y ssche, Hou tem, drossard de Fauquemont. Celui--ei épousa, en 1418, Marguerite de Pallant, décédée en 1438. Jean, décédé en 1449 a son gisanten l'église des Dominicains à Maestricht. zo Herman, chätelain de D.aelhem. Jean de Witthem comm.anda plusieurs fois les armées brabançonnes levées contre Ie duc de Gueldre et partieipa sans cesse aux missions, négoeiations, etc .. résultant de ses hautes fonctions. Maïs sa femme étant décédée, Jean après être resté un certain temps veuf et solitaire, pensa que Ie moment était venu de goûter un repos si chèrement payé· par tant de soueis, d'occupations offieielles, de combats. Comblé de la faveur et des témoignages de la reconnaissance du duc et de la duchesse, nanti de biens, il possédait la fortune, les honneursy la considération, mais une campagne manquait à son bonheur pour charmer son existence et partager sa vie fastueuse. A cette époque. Jean de Witthem comptait parmi les chevaliers les plus accomplis du duché. Il secondait ou remplaçait sen père, Jean de Cossela er. devenu ägé, dans diverses missions offieielles. Lors d'une chasse près de Bruxelles, il avait trouvé un accueil empressé au chäteau de Beersel, auprès du seigneur Henri de Stalle et de sa fille Marie. Depuis lors, trois ans s' étaient écoulés pendant lesquels il avait vécu dans ses domaines du Brabant et du Limbourg, et parcourant sans cesse Ie duché pour accomplir sa mission de Sénécha1, loin de la belle chatelaine de Beersel. Mais il conservait d' elle deux précieux souvenirs : une écharpe brodée de ses rnains et la promesse qu'elle n'appartiendrait jamais à un autre, tant qu*il ne lui aurait pas renvoyé cette écharpe. Trois ans de constance! c'était beaucoup même au 14e siècle. Ce ne fut clone pas sans de vives appréhensions qu'un jour de printerups de 28
1362, Jean de Witthem arriva, suivi de ses écuyers, en vue du chäteau de Beersel. Henri de Stalle ayant fait abaisser Ie pont--levis, s'avança à la rencontre du seigneur dont il avait reconnu le blason et l'ayant introduit dans la grande salie du premier étage du donjon, il s'empressa de faire venir sa fille.. Celie--ei pälit et rougit tour à tour en apercevant l'höte en compagnie duquel elle avait passé jaclis de si heureux moments. En la retrouvant plus belle que jamais, en lisant dans ses yeux tendrement fixés sur lui tout l'amour qu'il lui avait inspiré, la parole lui manqua, et il ne put que lui baiser respectueusement la main. Maïs, dans ce mouvement, son peurpoint s'entrouvrit et laissa voir S'llr sa poHrine l'écharpe de la jeune cha-telaine. Peu de temps après, on célébrait dans la chapelle du chäteau de Beersel, l'union de Jean de Witthem avec Marie de Stalle\ C'est ainsi que. la seigneurie de Beersel passa dans .la Maison de Witthem, qui ra gardée jusqu' au milieu du 17e siècle. On sait que cette Maison, en récompense des services que les Sires de Witthem avaient rendus à Ieurs souverains, devint puissante et illustre; maïs elle n'en garda pas moins, dans ses armoiries, pendant un certain temps, la barre d'i.Jlégitimité dont son chef s'était taujours montré si fier. Dès que 1' écusson des Witthem décora les parcis de ses murailles, Ie chäteau de Beersel connut une ère de joie et de gloire ! De eet te uni on de Jean de Witthem et de Marie de Stalle sont issus trois enfants: 1o Henri de Witthem, seigneur de Beersel, qui épousa : a) Catherine de Berchem; b) Marguerite d'Enghien, dame de Braine. . J'Alleud, Plancenoit, etc. zo Marguerite qui épousa Messire Etienne d'Ittre; 3 o Jacques de Witthem, décédé sans hoirs. Le 18 octobre 1370, les seigneurs ei--après apposèrent leurs sceaux sur la 20 lochrnaende 1362. Contrat .de mariage entre Jean, fils aîné de Jean, seigneur de Wittham, avec Marie, fille de Henri de Stalle, seigneur de Beersele. Le futur aura, après la mort de son père, tous les biens, que celui. . ci possédait avec dame Katherine, sa première femme, mère dudit futur, jusqu'à la mort de celle. . ci, sauf 400 petits florins de rente annuelle que ledit père a assignés en dot, autrefois, sur lesdits biens, à sa fille. Marguerite, et au mari de celle. . ci, Ie seigneur de Sombreffe ... D'autre part, Henri de Stalle laissera, après sa mort, à sa fille Marie tous les biens qu'il possé~ dait avec sa femme Marguerite, jusqu'au jour du décès de cette dernière ... Les deux pères apposent leur sceau et prient leurs chers pareuts et amis (maghen ende vrien~ den), présents : Heten Florenche van Stalle, Janne van Stalle, Godevacri Crupelant, ridderen, Janne van !Jsche (IJssche) scolastere van Brussele, meester Janne van Wambeke, canoene van Tricht (Maestricht), Janne, here van Rotselaer, Wouteren van Cockelberghe (Koekelberg), Janne van Gelimis (Glimes) Miehiel den Leeu, Diederic van den Heetvelde, Janne ende Bertelmeeus tser Arents, Wilterne van Stakenborch, Reinierede HoUandre (sic!) ende Vranken van Cosselaer, de sceller ce contrat. Fait à Bruxelles (te Brusele) dans l'hötel (in de herberghe) de Jean, seigneur de Wittham. (Acte sur parchemin, dressé, en thiois (in dietsche}, en deux exemplaires, par Franco de Loembeke {Lombeek), notaire du diocèse de Cambrai. qui y appose son « signe ». Les sceaux, appendus sur double queue, ont disparu) (Arch. de I'Etat, à Mons, Varia}. 1
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charte relative aux accises octroyées en faveur de la ville de Bruxèlles, par Ie duc de Brabant et la duchesse son épouse : Renaud, sire de Schoonvorst, Sweder ·d' Abcoude, sire de Gaesbeek, Jean van Polanen, seigneur de la Lecke, Henri de Bautersem, seigneur de Berg--op ... Zoom, Gérard de Vorselaer., Jean de Bouchout, vicomte de Bruxelles, Jean de Witthem, seigneur de Beerset , Bernard de Borgueval, Thierry de Hornes. A cette époque, une association de brigands, célèbres sous Ie nom de "Linfars", s'était formée en Allemagne et dévalisait les marchands brabançons commerçant a vee la région du Rhin. Le duc de Juliers les protégeait. Wenceslas marcha contre lui, accompagné de 8.000 Brabançons. Jean de Witthem était à la tête de la 38e route {section). Une rencontre des deux armées eut lieu à Bäsweiler, Ie 22 août 1371. Mal-heureusement, Ie sort ne fut pas favorable à Wenceslas qui fut fait prisonnier ainsi que 270 chevaliers et gentilshommes, .dont Jean de Witthem. Les autres Brabançons furent presque tous pris ou tués. La perte de cette journée fut attribuée aux Bruxellois, qui: "auteur du Duc "estoient sur les champs montés les aulcuns à cheval et Ieurs valets derrière "eulx, qui portoient flacons et houteilles de vin, troussées à leurs selles, et aussi "parmi ce: fourrages, poulets, pastez de saumon, de truites et d'anguilles, "enveloppés de belles petites tovailles {serviettes) et empeschoient la durement "ces gens la place de leurs chevaulx, tant qu'on ne se pouvait aider de nul '' costé.'' ( F roissart. ) C'est à !'occasion de cette défaite que les Bruxellois reçurent Ie surnom de "kiekefretters", ou mangeurs de poulets.
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N 1388, un tragique événement mit en émoi la région voisine de Beersel .. et tout Brabant. Le puissant seigneur de Gaesbeek, Sweder d'Abcoude, non content de voir son autorité reconnue dans tout Ie territoire qui sépare Bruxelles de Ninove, aurait voulu 1' étendre encore sur quelques localités dépendantes de la mairie de Rhode. La duchesse Jeanne se montrait disposée à les lui céder à prix d'ar... gent, mais les échevins de Bruxelles, qui craignaient de voir grandir eneere une puissance déjà redoutable, protestèrent contre toute aliénation de cette nature, en s'appuyant sur la "Joyeuse Entrée .. de Jeanne et leurs réclamations firent échouer les projets du sire de Gaesbeek. Celui... d en fut fortement irrité, et un jour, se trouvant à table, il signala aux convivesl comme son plus grand enn<!mi, le chevalier Everard T'Serclaes, qui était alors, pour la cinquième fois, prelUier échevin de Bruxelles, et qui s' était illustré en chassant les Flamands de cette vilie en 1356. La femme de Sweder, Anne de Leyningen, son fils naturel Guillaume de Clèves, alors encore fort jeune, et son bailli, le chevalier Melys Utenenghe, se rappelèrent ses paroles et résolurent la mort de T'Serclaes. 30
Prévenus qu~ des affaires l' avaient appelé à Lennick, Guillaume et Melys l' at tendirent au passage, à Vlesenbeek, et selon la tradition, à I' endreit qui a conservé de eet événement Ie nom de "Quadewegen" ou le "Mauvais chemin,., le Jeudi,..Saint, 26 mars 1388. Attaqué à !'improviste, Ie libérateur de Bruxelles fut terrassé par ces misérables qui lui coupèrent la langue et Ie pied droit. Aucun des sujets de Sweder n'aurait osé lui porter seèours; mais Ie doyen de la chrétienté à Hal, Jean de Stalle, vint à passer avec son clerc Jean Coreman; ils placèrent Ie chevalier sur leur chariot et Ie ramenèrent à Bruxelles entre 3 et 4 heures de l'après.-midi. La nouvelle de eet événement excita dans la ville un turnuite épouvantable; tout Ie peuple accourt au marché, avide de vengeance. La duchesse Jeanne elle.même se rend en häte à la maison dite l'Etoile, à cöté de l'hötel de vHle, ou elle trouve Ie m:alheureux T'Serclaes étendu. Un forfait pareil demande une prompte vengeance : à cinq heures, une armée sort de Bruxelles sous le cammandement de l'amman Nicolas d'Ursene; elle s'arrête Ie soir à Vlesenbeek, et se déploie Ie · lendemain dans la plaine qui avoisine Gaesbeek. Lorsque la nouvelle du crime lui parvint, Sweder fut, dit.-on, fort troublé et se häta de fuir ainsi que les assassins. Sa femme, qui puisait sans doute dans l'ardeur de son ressentiment Ie courage de braver la fureur populaire, et trois chefs dévoués: Jean de Lombeke,.Jean de Hellebeke et Jean Storm, restèrent chargés de Ia défense du chäteau qui, bien garni d'hommes et de vivres, pouvait offrir une longue résistance. Les Bruxellois ne voulant pas tenter une attaque inutile, se bornèrent d'abord à bloquer la forteresse, tout en dévastant les terres du baron et en destituant ses officiers. A la demande des Bruxellois, la duchesse Jeanne leur envoya Ie sénéchal J e a n I d e W i t t h e m , seigneur de Beersel, a vee 1' étendard ducal. Quelques nobles et toutes les villes du duché, sauf Bois.-le... Duc, qui devait garder la frontière du cöté de la Gueldre, leur fournirent aussi des renforts. Cependant Ie siège traîna en longueur et bientöt on apprit que Sweder et ses parents, dans l'espoir de le faire lever, réunissaient des hommes d'armes aux environs de Diest. Les assiégeants demandèrent alors aux Liégeois des mineurs pour saper les fondements du chäteau. Inquiets des suites de cette Jutte, d'autant plus funeste à l'Etat que la trêve conclue avec la Gueldre allait expirer, la Duchesse et son conseil mirent tout en ceuvre pour amener les parties à un accommodement. Sweder ayant consenti à livrer le chäteau, la duchesse lui adressa une dépêche rédigée en ces termes : 11 c\ 1:01, SW60€R o'al3COU06, S€1Qn6UR 06 (jc\€SB6€k, o€ putt€ E:t 06 StRY6t1, mon cous1n, mot )6.\nne, pat~ la qt~S.ce öe ote.u, ouchesse oe. lUX6ml3ouRq, o6 lothJ6R, oe aRaaant et oe ltmaouRq, maRqurse o'anveRs, J€ te r~equt~r~s, PRI€ et or~oonn€ oe RemettRe entRe mes mams et en c€Ues oe la vtlle oe BRUX€ll€s la mJ.tson oe. qa€SBE:e.k, pouR en otsposeR à notRe. qRé, conÇot~mément à la convention que tu c\S scellée. e.-c que. -cu m'as e.nvoyée, comme J€ te l'aV.\tS oe.mano€. C.\R cect est mon oésm et m.\ votont€. en temoJqnaqe. oe quot, fc.\t Ça11: .\ppenoRE mon sce.\u ~ux pRésen-ces. oonn€ à t€t~vuet~€11, l€ 22 c.\VRll 1388.
J€.\11116."
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L'accord dont parle la duchesse et qui avait été négocié par des amis secrets du baron, doit avoir stipulé qu' en dédommagement de la destructien de son chäteau, i1 recevrait une indemnité de 5.000 couronnes 1 • Anne de Leyningen et ses vassaux sertirent du chäteau que 1' on abattit aussitot de fond en comble. L'altière chatelaine se retira à Braine... ]e ... Chäteau et l'armée des communes se sépara Ie 30 avril 1388. Everard T'Serclaes était mort Ie dernier jour du mois précédent, et avait été. remplacé dans 1' échevinage par son neveu Jean, surnommé "in de V olderstrate" ou de la "rue des Foulons", qui prêta serment avant la fin du siège, à la vue de la forteresse. La même année, la duchesse, après s'être concertée avec les villes, m:donna à l'amman de Bruxelles de remettre Sweder en possession de ceux de, ses biens qui étaient situés dans son ressort et, quelque temps après, Sweder et sa femme se reconcilièrent avec Ie Duché de Brabant, promirent de ne jamais rien récla ... mer pour les dornmages qu'ils avaient essuyés et s'engagèrent à ne pas inquiéter ceux de leurs su jets qui s 'étaient déclarés contre eux ( 6 mars 1389). Ils vou,.. lurent, Ie mois suivant, rebätir leur chäteau, mais les députés des villes, réunis à Louvain, Ie leur défendirent formeHement. Sweder resta sa vie durant Ie conseiller de la duchesse qui lui confia plusieurs missions importantes. 11 mourut Ie 12 avril 1400. Le chäteau de Gaesbeek fut cependant reconstruit, dès avant 1404, car un acte daté du 3 août .de cette année, mentionne que la veuve de Sweder, Anne de Leyningen, ob tint la permission de l'habiter.
L
A duchesse Jeanne était en guerre avec Ie duc de Gueldre au sujet de la ville de Gavre, en Hollande. Lors des expéditions entreprises contre ce duc, c'était généralement Ie sénéchal Jean de Witthem, qui était chargé des missions les plus difficiles; maïs ce seigneur avait tout intérêt à empêcher les destructions du duc de Gueldre, puisque ses possessions de Witthem, Meche ... len et Waltwil der, étaient situées près de la Gueldre. Quelque temps après, Ie duc de Gueldre pénétra dans Ie Brabant, ineendia quelques villages et se retira dans son duché après avoir occasionné beaucoup de déprédations. A fin de prévenir de pa reilles invasions, la duchesse Jeanne leva mille cavaliers qui tinrent garnisou dans les chäteaux de Herpen, Os. Ravestein, etc. Cette petite armée était commandée par Jean de Witthem et Henri Van der Lech, seigneur de Heeswijck et de Dinter. La paix fut néan . . moins conclue l'année suivante (1389) entre Jeanneet le duc de Gueldre. L'archevêque de Cologne, Frédéric de Serwaarden et Arnold, seigneur de Middelaer, se prirent aussi de querelle avec la duchesse Jeanne. Celle.-ci, pour éviter toute surprise. convoqua tous ses Etats. 11 fut ordonné qu 'Henri de 1
Hoorn, seigneur de Perwez;; Jean, seiHneur de W esemael; Thomas, setgneur de Diest; R~noud, seigneur de Schoonvorst; Henri de Bautersem, seigneur de Bergen... op~Zoom; Jean, seigneur de Rotselaer; Henri van der Lech, seigneur de Heeswijk; Henri de Diest, seigneur de Rivière et Ie seigneur de Beersel; Jean de Witthem, sénéchal, se rendraient à Bois .. ]e.. Duc à la tête d'un contingent d'hommes armés dans Ie but de défendre cette ville et,· au besoin, les frontières. Mesure sage, car Ie duc de Gueldre déclara de nouveau la guerre au Brabant et, avec l'archevêque de Cologne, marcha sur Bois,..Je... Duc. lViais comme ils consta... tèrent que cette ville é\tait bien défendue, ils se dirigèrent vers Eindhoven oit ils furent néanmoins repoussés par Jean, duc de Megen, sans avoir abten u Ie moindre. avantage. En 1400 il est eneare question de Jean de Witthem dans l'histoire du duché de Brabant. Au cours de cette année, une guerre civile éclata à Bois--le---Duc, ville camprise dans Ie territoire du Brabant. Quelques. nobles de cette ville furent cause de cette guerre, notamment Paul de Maestricht, seigneur de Looz. Jeanne convoqua les Etats du Brabant à Hérenthals et ceux ... ci décidèrent que le seigneur de Beersel assiégerait Ie chäteau de Looz. Le chäteau fut pris et pillé. Lorsque les habitants de Bois... Je..-Duc, du rnains les partisans de Paul de Maes,.. tricht, eurent connaissance de cette nouvelle, ils chassèrent de leur ville les deux ennemis du seigneur de Looz: Henri Dickbier et Henri de Berkel. Mais eet acte ne rétablit pas la tranquillité dans la ville et, à la demande de la duchesse, Jean, seigneur de Heirnsberg vint encercler Bois,..]e.-Duc. Alors seule... ment, les habitants de eet te ville se soumirent et Jeanne leur accorda sa gräce. Un homme tel que Jean de Witthem, qui rendit tant de services à la couronne, devait évidemment être investi de fonctions honorables et nanti de privilèges importants. 11 était sénéchal, mais aussi drossard, dignité uniquement accordée à des persennes appartenant à la première noblesse du pays. Le drossard jugeait, sans appel, les affaires criminelles. Deux cents archers étaient à sa disposition. Pour le récompenser de ses services, la duchesse J eanne accorda à Jean de Witthem Ie droit de nommer des échevins à Alsemberg, Linkebeek et Beersel, dans Ie but d'y exercer la moyenne et la basse justice. Ce droit lui fut conféré par acte du 9 décembre 1391. Lorsque Jean de Witthem mourut, en 1404, les terres de Witthem, Walt-wilder et Mechelen formèrent le lot de Jean, 1' aîné des fils issus de qon premier mariage; tandis que les biens qu'il avait possédés du chef de sa seconde femme. restèrent aux enfants que Marie de Stalle lui avait donnés.
Gaesbeek, par Alphense Wauters.
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l€ XIV 6 SlèCl€
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E XIV(' SIECLE est une période mémorable dans les annales de la plupart des nations européennes, et surtout dans celles de la Belgique. Le caractère distinctif de cette époque, c' est la lutte acharnée entre 1' élément féodal et 1' élément communal. Une grande partie de l'Europe, là ou dominent les communes, tend à une organisation républicaine. lei 1' élément féodal résiste et conserve sa prédominance; ailleurs, il s' affaiblit ou succombe. Le 14~ siècle est plus grand par ses tentatives que par ses reuvres; c'est avant tout un siècle de transition. Entre la société qui disparaît et la société dont on voit poindre 1' aurore, il y a place pour des rêves généreux. Tous les principes sant alors remis en question; on aborde les plus hauts problèmes. Le 14(' siècle a essayé de recréer un monde; il a voulu transmettre aux peuples l'héritage laissé vacant par la déchéance du régime féodal, il a entrevu l'idéal de la fraternité et de la démocratie, il s'est donné pour täche d'émanciper l'artisan et de Ie transfarmer en citoyen complet; il a cherché l'indépendance, même sur Ie terrain de la foi, car la réforme politique et sociale appelle forcément après elle la réforme religieuse. Maïs ses efforts étaient prématurés. lis vinrent se briser contre une puis . . sance nouvelle: la centralisation royale; !'absolutisme doit grandir, et pour longtemps étreindre l'Europe. Au 14c siècle, la réflexion et la science affranchiront, au moins partiellement, les esprits; maïs la liberté politique, que Ie moyen äge n'avait pas laissé totalement se flétrir, est destinée à succomber dans l'atmosphère étouffante de rEtat moderne, et l'avènement, un moment espéré, de la classe qui travaille, se trouve indéfiniment retardé. Si elle aboutit à un échec, l'reuvre du 14t' siècle n'en est pas moins digne d'attention; elle présente un intérêt d'autant plus vif gue notre pays occupait alors, par la richesse, Ie premier rang en Europe; or, c'est dans les contrées dont la vie est intense, que les crises sodales sont les plus aiguës; les peuples engour..dis échappent à ces convulsions terribles. Et vraiment Ie 14.. siècle est notre époque héroïque; efforts gigantesques, dévouements généreux, catastrophes effroyables, rien n'y a manqué. Des guerres incessantes, des noms illustres, des événements qui retentissent dans rOecident entier, les peuples voisins faisant des vreux pour Ie triomphe de nos communes, les succès et les revers, les déchirements intérieurs, la lutte des partis, l'anta..gonisme des sujets et du prince, tout s'entremêle pour faire de cette période rune des plus marquantes de notre histoire 1 • 1
D'aprês L. Vanderkindere : Le siëde des Artevelde .. 1907. 34
Pat; suite de la tranguillité dont Ie Brabant jouit pendant la plus grande partie du .moyen äge et qui ne fut troublée que par les luttes ·intestines des bourgeois et les querelles des families féodales, il s'opéra d'immenses change.ments dans les mreurs ·de nos populations. L' esprit religieux changea de nature; il devint moins monacal et se manifesta davantage par des établissements de charité. Le goût des aventures militaires se perdit de 'plus en plus, sauf dans les hautes classes, ou il s'affaiblit aussi jusqu'à ce que la Cour de Bourgogne eut remis en honneur les tournois et les idées chevaleresques. La noblesse de secend ordre entra presque en entier dans la bourgeoisie de Bruxelles ou lui transmit ses biens par alliance. Cette bourgeoisie, alors toute puissante exerça une influence marquée sur les coutumes qui lui étaient hostiles et parvint jusqu' à annihiler 1' organisation féodale et 1' antique jurisprudence censale. Les fiefs amoindris par des partages, diminués eneere par les rentes dont on les grevalt constamment, n'eurent plus la même valeur qu'autrefois. Par le rnayen de lettres échevinales, lettres qu'on pouvait obtenir des échevins des grandes villes, on en enlevait la possession aux ancie!ls propriétaires, sans la partidpation de la Cour féodale. Les antiques prescriptions, sauvegarde de la puissance nobiliaire et de la grandeur des families, disparaissaient devant une cédule dont la validité était vérifiée par une déclaration d'un tribunal de beur ... geois et dont 1' exécution était assurée, au besoin, par un détachement de tireurs.
Le 1er septembre 1406, la duchesse J eanne mourut à l'äge de 84 ans, après un règne de 51 ans. Avec elle s'éteignait la plus ancienne dynastie nationale des Pays..-Bas. J eanne fut médiocrement douée, semble--t. . il, de qualités politiques. Son règne fut loin d'être glorieux et contrasta avec celui de Jean liL 11 n'en a pas moins, cependant, dans l'histoire du pays, une importance exceptionnelle. Personne, en effet, n'a plus facilité que Jeanne Ie développement de la puissancebourgui. . gnonne dans nos provinces. Venue après les Maisons de Luxembourg et de Bavière, celle de Bourgogne avait désormais pris sur elle une avance décisive : 1' avenir lui appartenait. MAUSOI.Éif:. Dl• L;\ DVCJIBSSR }ëANNR
péRJOb€ BOUR(jUJqnonne 1384 1482
L
E 19 juin 1396, l'héritière du Comté de Fiandre, Marguerite de Maele, épousait Ie duc de Bourgogne, Philippe Ie Hardi, second fils du roi de France, Jean Ie Bon. L'apparition de ce prince français sur notre scène politique ne constitua pas une menace pour 1' autonomie de nos provin ces; les ducs de Bourgogne confondirent Jeurs intérêts avec ceux de nos aïeux. ·Philippe Ie Hardi, gendre et successeur de Louis de Maele, eut dès son avènement ( 1384), des démêlés avec François Acker. . man, qui continua la lutte pendant deux ans, après la mort de Philippe Van Artevel..de, dont il avait été Ie lieutenant. Enfin Phi . . lippe.-le.-Hardi se ré..concilia avec ses su. . jets, et leur accorda une amnistie pleine et entière, ainsi que Ia confirma ti on de tous leurs privilèges. Philippe Ie Hardi seconda puissamment la duchesse de Bra-bant, Jeanne de Bour--gogne, à conserver ses Etats menacés par le duc de Gueldre, et parvint ainsi à faire reconnaître son épouse comme hérîtière de la duchesse J eanne. Il mourut, en 1404, si pauvre que sa veuve dut renoneer à sa suc... 36
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cession. Son fils Jean sans Peur lui succéda et con-firma tous les privilèges des Flamands; illeur per.mit l'us'age de la langue flamande dans tous les actes judiciaires et favo.risa leur commerce avec les Anglais. Vers cette époque, il alla au secours de son pa-rent, Jean de Bavière, prince.-évêque de Liége, qui avait été chassé par ses sujets, à cause de ses ·violences; Jean sans Peur livra aux Liégeois la ba-taille d' Othée, et leur tua 30.000 hommes. 11 fut mêlé à toutes les intrigues qui agitèrent la France pendant la dé.mence du Roi; insulté par Ie duc d'Orléans dans la personne de sa femme, il EN 1 -11 (), t\SSASSINAT DE ]EttN SANS PEUR se vengea en faisant assassiner Ie duc; mais dans une entrevue qu'il eut douze ans après, avec le dauphin, à Montereau, il fut tué de la même manière par Tanneguy Du Chätel {1419}. Le fils cadet de Philippe Ie Hardi : Antoine de Bourgogne ( règne 1405. . 1415) avait hérité du Brabant et du Limbourg, conformément au testament de la duchesse J eanne, .et gräce à son mariage avec Elisabeth de Goerlitz, héritière du duché de Luxembourg, ii avait ajouté cette importante province à ses autres possessions. Son fils Jean IV, marié à Jacqueline de Bavière, s'adjoignait par cette union, les comtés de Hainaut, de Hollande et de Zélande, ce qui constituait un ensemble de territoires comme aucun prince beige n'en avait eu jusqu'à ce moment. Mais Jean IV, faible de constitution et dépourvu de talent politique ne parvint pas à réaliser l'unification des provinces belges. I1 mourut jeune (règne: 1416--1427}. Son frère Philippe de Saint..-Pol lui succéda, mais mourut peu après sans héritier ( règne : 1427.-1430}. Ce fut l'époque oit les institutions communales atteignirent leur plus complet développement. La faiblesse du pouvoir centra!. l'indolence des princes, leur 37
indifférence pour nos intérêts, leur ignorance de nos traditions, avaient permis aux communes de se gouverner presque librement. Elles payaient les subsides, Ie reste importait peu aux princes précités. Maïs après, sous les ducs · de Bourgogne, il n'en sera plus de même. Ces princes d'origine française, à l'exemple de leurs devanciers, tireront des com ... munes Ie plus d'argent qu'ils pourront, mais comïnenceront à se montrer les ennemis systématiques de leur indépendance, qui contrariait leurs idées d'unité, de centralisation, de monarchie absolue. Dans Ie système politique quî avait régi l'Europe pendant quatre siècles, les communes avaient servi de cantrepaids à la féodalité. Bientöt il n'y aura plus de place ni pour la féodalité ni pour les communes. C'est dans ces circonstances que les Etats de Brabant réunis à Louvain, en 1430, firent choix, pour leur duc et légitime souverain, de Philippe Ie Bon, chef de la Maison de Bourgogne. Philippe le Bon, fils et successeur de Jean sans Peur, duc de Bourgogne, fut improprement appelé le bon} car il se mantra souvent dur et cruel. Il réunit sous son sceptre les principales provinces des Pays . . Bas et centralisa les institutions. Cette politique provoqua des résistances de la part des grandes villes de la Flandre. Son duché ne Ie cédait point à un royaume, par 1' étendue et la puis'"' sance; sa cour fut brillante et fastueuse. 11 se ligua avec Henri V, roi d'Angle..terre, contre Charles VII, roi de France. l'Hll.IPPH LH noN (1396~t467) L'an 1429, à !'occasion de son troisième ma-riage avec Isabelle de Portugal, il institua, à Bruges, l'ordre fameux de la Toison d'Or 1 • Philippe travailla à padfier la F rance et à chasser de ce pays les Anglais, dont il avait eu à se plaindre, réprima I' émeute de Brug es et se mantra très sévère contre les révoltés gantois après la bataille de Gavre ( 1453), prit d'assaut la ville de Dinant, dont les habi... tants avaient insulté la Maison de Bourgogne, dans la persenne du comte de Charolais, son 1
Cet ordre êtait composê de trente et un chevaliers, gentilshommes de nom et d'armes, et sans reproche. Le collier qui portait la Toison, emblème de la pros... pêrité due par la Belgigue à !'industrie de la laine, se composait de briquets, ou fusils, faisant jaillir des étincelles de leurs pierres. Le manteau de I'ordre était d'écarlate, traînant jusqu'à terre; Ie chaperon, de même couleur. Une ordonnance en quatre.-vingt... qua... torze artkies réglait tous les devoirs des membres. c·était assurément. dit un historien, le plus beau code d'honneur et de vertu chevaleresque, et aussi Ie moyen de rcndre de plus en plus docile au duc de Bourgogne teute la grande noblesse, qui l'environnait et Ie servait. Constatons aussi Ie caractère hautement rnaral de rordre et l'heureuse influence de ses chapitres sur l'ad.. ministration des ducs.
fils, la livra au pillage et fit jeter dans la Meuse 800 Dinantais, attachés dos à dos. Philippe 1e Bon mourut d'apoplexie, à Brug-es, l'an 1467, à l'äge de 72 ans, laissant la réputation d'un des plus grands, des plus valeureux et des plus heureux princes de son siècle, et, sous Ie règne de ce protecteur des arts, des lettres et du commerce, la Belgique marcha à la tête de la civilisation. Sous le régime bourguignon, des vignobles furent créês en Belgique et notam . . ment à Louvain. Toutes les collines qui entouraient cette ville ainsi que celles qui étaient renfermées dans son enceinte, formaient un vaste vignoble. Maïs il paraît que, déjà alors, les ducs de Bourgogne dépensaient beaucoup d'argent pour récolter quelques pièces de vin dur et aigre, ainsi qu'en témoigne une humbie remoutrance de la Cour, des Comptes de Philippe Ie Bon à ce sujet: Pour entret.enir et faire labourer les vignobles de mondiet seigneur de la ville
de Louvain~ il eonvient tous les ans de débourser grande somme d'argent ensemble les gages de la garde de ladiete vignoble~ le ell:veliet et autres dépenses; estimées à : /IC/1/]XX livres; tellement que les vins q.ue monseigneur en prend lui eaustent plus qu'ils vaillent; et qu'il en achèterait à bien moindre prix vin de Baune ou du Rhin. Les·· ducs de Brabant profitèrent de I' avis, affermèrent leurs vignobles et burent de meilleur vin, à grand proufit de menaige, comme eut dit Rabelais. Charles de Bourgogne, comte de Charolais appelé Ie Hardi et Ie T éméraire et fils de Philippe Ie Bon, eut, dès Ie cammencement de son règne, à Jutter contre les Liégeois, soulevés par Louis XI, et que ne put sauver Ie dévouement des 600 Franchimontois. Charles voulait farmer un royaume de ses Etats,. unir la Bourgogne à la Belgique, en acquérant les provinces intermédiaires ou voisines. 11 acheta la Gueldre, .conquit 1' Alsace, envahit la Lorraine; succès qui portèrent au comble sa hauteur et sa violence. A son retour à Bruxelles, Charles tint cour plénière pour célébrer à la fois sa victoire et la fête de N oël. Il admit, à cette occasion, tout venant en sa présence, et fit donner à manger à plus· de deux mille pauvres. Délivré des inquiétudes qui 1' avaient accablé au cammencement de son règne, il s'occupa à rehausser l'éclat de sa cour, et à étaler, dans tout son faste, 1' étendue de son pouvoir. Mais, en même temps, il songea à mettre bon ordre à ses finances et voulut faire cesser les désordres que la vieillesse et la complaisance du duc Philippe, son père, avaient tolérés dans les dernières années. Isabelle de Bourbon, femme du duc, était morte depuis plus de deux ans. Le 3 juillet 1468, Charles contracta à Damme un nouveau mariage avec Mar . . guerite d'York, sceur d'Edouard IV, roi d'Angleterre. Le même jour, la nouvelle duchesse fit son entrée à Bruges avec une magnificence inouïe. Pendant toute une semaine, ce ne furent que fêtes, tournois, joutes, banquets et entremets de plus en plus merveilleux par les ingénieux mécanismes qui les faisaient mouvoir. Le règne de Philippe Ie Bon et les premières années de celui de Charles le Téméraire, son fils, furent extraordinairement brillants. La prespère Bei.. gique était devenue une terre de ,.promission". Sans doute, Bruges avait perdu 39
son rang de métropole commerciale, mais Anvers s'apprêtait à prendre sa place. Suivant l'exemple d'une Cour luxueuse et raffinée, les hautes classes de la société me...naient une vie de fêtes et de dépenses. Jamais eneare il n'y avait eu aux Pays..-Bas autant de cérémonies publiques. Les "Chambres de rhé . . torique" organisaient des tournois littéraires et donnaient des représentations théätrales qui duraient parfois plusieurs jours ! Pareille époque était favorable à 1' épanou:s,... sement des arts. Notre pays se couvrit d'égli..ses et d 'hotels communaux en · style ogiva1 flamboyant, d'une somptuosité incomparable. N os sculpteurs firent des retabies couverts d'une floraison de figurines taillées. Enfin, Ie lSo siècle vit naître notre première et géniale école de peinture l. Mais au lieu de rattacher les territoires be] . . ges à la F rance, les ducs de Bourgogne firent tout pour s'en détacher dqvantageafindecons . . CIIARc.es u; rbtÉRAme ( 14'33"'1477) tituer une monarchie autonome à leur pro fit. De pltts, ils essayèrent d 'y réunir la Bour..gogne par des intrigues contre Louis XI, roi de France, et des guerres qui ruinèrent 1' ceuvre bourguignonne. Ces revers furent dus principalement à ( 1446"1 503) l'imprudence et à l'ambition du quatrième Mt\RGUEIUTE o'YORK duc, que l'histoire a justement appelé Charles le Téméraire. En effet, de grands revers 1' accablèrent. Vaincu à Granson et à Morat, en Suisse, l'an 1476, il pêrit l'année suivante dans une ba.taille sous les murs de Nancy. Il avait régné neuf ans et demi. Charles Ie T émêraire fut un chevalier franc et ouvert; sa rivalité avec Louis XI fut une souree de grands malheurs; son impérieux besoin de combats Ie perdit. Notre.-Dame de Bruges renferme son superbe mausolée. L'histoîre, sans doute, ne doit pas atténuer les torts du dernier duc de Bourgogne; néan.moins on peut affirmer que sa chute fut un grand malheur pour la Belgique et pour t D'après Frans Van Kalken : la Belgique, Récits du passé, 1920.
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l'Europe. Avec lui s'évanouirent l'indépendance de la ·Belgique et l'espérance 'de la voir gouvernée par une politique nationale, vraiment appropriée à ses intérêts. Ainsi que Ie dit Brantöme : ,,Je era-is qu'il ne fut jamais quatre plus grands ducs les uns après les au tres, comme furent ces quatre ,ducs de Bourgogne." En effet, Ie premier, Philippe Ie Hardi, commença à établir la puissance bourguignonne et gouverna la F rance durant plus de vingt ans. Le deuxième, Jean sans Peur, pour conserver sur Ie royaume Ie pouvoir qu'avait eu son père, commit un des crimes les plus éclatants de l'histoire; par là il forma de san..glantes factions et alluma une guerre civile en France. Succombant sous un crime semblable, sa mort livra la France aux Anglais. Philippe Ie Bon, son successeur, se vit l'arbitre entre la France et l'Angleter·re; Ie sort de la mo..narchie sembla dépendre de lui. Son règne, long et prospère, s' est signalé par Ie faste et la majesté dont commença à s'investir le pouvoir souverain, et par la perte des libertés de la Flandre, de ce pays jusq.u' alors le plus riche et Ie plus libre de l'Europe. Enfin, Ie règne de Charles Ie Téméraire offre Ie spec,J tacle continue} de sa lutte avec Louis XI, Ie triomphe de l'habileté sur la violence. La période bourguignonne a été sensationnelle, car elle a été caractérisée par la formation de notre unité nationale et d'autres faits importants. Elle se distingua aussi par un renouveau de 1' esprit chevaleresque, par la suppression des milices communales et par la création d'une armée permanente. La décadence des communes, au profit du prestige de r autorité souveraine, fut soutenue par la prédeuse collaboration de Ia chevalerie brillante et organisée de cette époque, toute différente de la chevalerie plus modeste de 1' époque féodale. Les principes restèrent les mêmes, mais les raffinements du luxe, des belles armures, des riches étoffes, des harnois superbes, remplacèrent les modestes êquipements d'autrefois. La·création par Philippe Ie Bon de l'ordre célèbre de la Toison d'Or constitua pour ces brillants chevaliers et la noblesse la consécration suprême du courage et de l'honneur.
Dès Ie milieu du 15~' siècle, Bruxelles a acquis une physionomie caractêristique. Elle s'enorgueillit désormais, non seulement du joyau de ses églises, maïs aussi de son incomparable Hotel de Ville. Vers la fin du 15" siède, alors que se déchaîne cependant la tourmeute des troubles religieux et politiques, Bruxelles conserve sa primauté parmi ses sreurs brabançonnes. Guicciardin n'hésitera pas à écrire ces lignes suggestives : Le site merveilleux de cette oill~ est posé partie .en planure et partie en montaigne; c' est pour vray un lieu digne de la demeure et tésidence d' un grand 41
monarque ... On ne saurait rien souhaiter ny de plus grandr ny de plus beau~ le tout estant accompagné de fontaines infinies et d'arbres fruictiers de toute' sorte, si que, tout cecy assemblé, rend et air très bon et très plaisant, et l'eau salutaire et agréable.
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h€0RI Ö€ Wltthem
'AINÉ des enfants de Jean de Witthem, Henri, en exécution de l'acte de partage daté du 9 septembre 1404, obti~t l~s seigneuries de Bee.rsel ( ~v:c sa forteresse), Woluwe et Hellebeke, mns1 quê de nombreux b1ens s1tues à Alsemberg, Rhode, Tourneppe, Linkebeke, Loth, Leeuw Saint--Pierre, Hal et d' au tres villages .du Hainaut .et du pays de Gaesbeek, Ie moulin Geroelst sous Uccle, des biens à Bruxelles et aux environs, à Laeken, Crainhem, Sterre-beke, Ie bois de Mesdale, etc. Maïs la plus importante de ces possessions était la Seigneurie de Beersel dont Ie territoire s' étendait entre les villages actuels de Leeuw ... Saint... Pierre et de Rhode... Saint... Genèse, à deux lieues de Bruxelles, et dont Ie nom de Beer... sel, qui signifie ,,demeure des ours", connu dès le 12" siècle, semble avoir été composé à dessein pour témoigner à travers les temps et l'histoire, de 1' aspect sauvage du site ou se dressent encore aujourd'hui les tours et remparts de son imposante forteresse. Henri de Witthem qui, outre cette demeure féodale possédait à Bruxelles un hotel somptueux, fut admis à faire partie d'une des sept families patri... dennes de la ville, appelées lignages, parmi les membres desqueUes se re... crutaient exclusivement les rnagistrats communaux. 11 entra dans Ie lignage des. Sweerts, fut nommé échevin, en 1402, et reçu homroe de Saint... Pierre à Louvain, la même année. Peu de temps après, il épousa Catherine de Berchem, fille et unique héritière de Costin, sire de Berchem et de Ranst, et devint par Ie fait seigneur de ces deux localités. Cependant, sa femme mourut sans avoir donné Ie jour à aucun héritier et les deux seigneuries firent retour à sa famiHe. Le sire de Beersel épousa alors Marguerite d'Enghien, et non Marie comme l'ont appelée certains auteurs, veuve de Godefroid de Sombreffe, laquelle, étant dame de Braine..Alleud et de Plancenoit, vint a jouter ces seigneuries à celles que possédait déjà son second mari, et Ie rendit père de trois enfants dont un fils, Henri IL Le 11 décembre 1444, Henri I de Witthem mourut, suivant d'assez près Marguerite d'Enghien, décédée Ie 29 janvier 1443, et après avoir occupé les plus hautes dignités à la cour des ducs de Brabant Jean IV, Philippe de Saint... Pol et Philippe Ie Bon.
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La Porte de Hal de l'Obbrussel en 1574, d'après la vue partoramique d'Yuttersproeyt.
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t€s J€tons ö€s WJtth€m henRJ 11 öe WJtthem
E seigneur relev_a ~eersel par relief du 19 juin 1435. Par cantrat du 23. mar~ 1438, 1l epousa Jacqueline de Glimes, fille de Jean, sire de Ghmes et de Jeanne de Bautersem, dame de Berg.-op.-Zoom et de . Gru~.1b~rghe, une des plus nobles families ·du Brabant. L ex1stence de Henri 11, sire de Beersel, fut brève car il mourut en 1454 et sa femme en 1462. Trois enfants sont issus de ce mariage · Henri qui succéda , , Jean d W'tth , cl C . , a son pere; . e 1. e·m, avoue e ouvin; J acqueline, qui épousa Philippe du Chesne setgneur de Loupoigne. · ' Par les soins de leur Hls Henri lil, un magnifique mausolée en albätre fut placé dans l'église de Beersel pour rappeler leur souvenir.
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OMME la plupart des grandes familles féodales du moyen äge, celle . de Witthem se devait à elle ... même de rappeler par des jetons sa splen... deur passée. · On connaissait à son nom une pièce de ce genre rapportée par Van Mieris et dont nous nous accuperons plus loin, mais on ignorait 1' existence du curieux jeton ci ... dessous, qui rappelle le souvenir des deux derniers seigneurs dont nous venons de parler.
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+ henRtC : 0€ : Wttth€m : bn'S : t€ffiPORè.l' : 0€ : B€RSSl'€
~"
Ecu écartelé : au premier et quatrième, de Brabant qui est de sable au lion d' or armé et lampassé de gueules; au deuxième, d'Enghien qui est gironné d'argent et de sable de dix pièces, les girons de sable chargés chacun de trois croisettes recroisettées au pied fiché d'or; au troisième, de Witthem qui est d'argent à la croix engrêlée d'azur. Rev. + m omnmus pesptce Çmem a.no on'e
(slc)
1492
Plant de marguerites à trois fleurs, entouré d' ornements. Argent.
(Colleetien de l'Etat.)
llt:.VRI ll Ulo
WlTTllli~l
1 Arriert• petit~fils de Jean de Cordekeim, Hls naturel de Jean II. duc d... Brabant, et de Isabeau de Cordekeim. "'
Tandis qu'au droit de ce précieux jeton, sont fièrement étalées les armes du seigneur de Beersel, qualifié dominus temporalis; au revers, est ingénieusement placé un plant de marguerîtes pour servir de discrète et délicate allusion au nom de Ia chatelaine Marguerite d~Enghien. Henri I de Witthem eut trois enfants dont un fils. Henri II dont la carrière 45
fut courte et qui ne nous a laissé aucun souvenir numismatique; mais son fils Henri III fit frapper, pour l'usage de ses comptes, lejoli jeton d ... dessous.
maRl€ Ö€ BOUR(jO(jfl~ '€t
maximilten (1477 ~ 1482 --1493)
l€CtOIQS : POVR : 1€ : S€lqn€VR : 0€ : B€RSS' :
Ecu écartelé : aux premier et quatrième de Brabant ( qui est de sable au Hon d 'or et lampassé de gueules); aux deuxième et troisième de Witthem ( qui est d'argent à la croix engrêlée d'azur, timbré d'un casque couronné accom.pagné de ses lambrequins et ayant pour dmier une tête d'äne. . R€V.
+
QVI : Blë : 1€Ct€t<O. : son : compt€ : BJ€n tROVV€RO.
Les initiales H et I séparées par Ie bijou de l'ordre de la Toison d'or'" sus.pendu à un briquet de Bourgogne. Au--dessóus, la date 1501. Le tout entouré d 'ornements quadrilobés. Henri lil de Witthem, que la Toison d'or comptait au nombre de ses che-valiers. avait épousé Isabelle van der Spout, dont certains auteurs ont fait lsabelle d'Espout ou de Spout, dame du fief de Ter...Spout à Y ssche, de Petit... Rreulx, de Bousval et d'Arquennest. Ainsi s' expliquent les initiales H et I que I'on voit au revers de son jeton, de même que les insignes du célèbre ordre de chevalerie créé par Philippe le Bon. Mais un fait assez singulier est l'absence sur Ia même pièce des armoiries de la chatelaine, au deuxième quartier de 1' écu de son mari, comme on peut voir celles de Marguerite d'Enghien figurer au deuxième quartier de 1' écu de Henri I de Witthem sur Ie jeton de ce personnage ( v. supra). Isabelle van der Spout portait: de sable, à trois fleurs de lis d'argent; au franc quartier de sable, bordé d'argent, chargé d'un lion d'or. 1 Isab~Ue va~ der Spout lui donna plusieurs enfants : Philippe, Elisabeth, Jeanne, Marie, Pierre et Adr1en, qm naqmrent tous au chäteau de Braine..l'Aileud, le 6 janvier 1470..71, Ie 2 février 147~..73, le 25 janvier 1474..75, Ie 8 septembre 1476, le 15 mai HSO, et Ie 4 mars 1482..83. Adr1en mo~rut Ie 27 octobre .1508~ quant à Pierre, il eut pour parraitlS Henri de Berghes, évêque de Cambrat, Ie comte de Samt.. Pol. Philippe de Luxembourg et la duchesse elle..même. Marie de Bourgogne.
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A mort de Charles Ie Téméraire ( 1477) tué au sièg.e de Nancy, fut un véritable soulagement pour ses sujets d~s P~ys ... Bas. S~ retro~vant libres, ils voulurent user sans retard de la hberte reconqmse. Des 1477, les Etats Généraux arrachèrent à Marie de Bourgogne, la jeune héritière du redou..table duc décédé si tragiquement, la célèbre charte ,conn11e sous Ie nom de ttGrand Privilège" qui annulait tout ce qu'avaient fait les princes de la Maison de Bourgogne pour unifier nos provinces et qui donnait aux Etats ainsi qu' aux villes une grande indépendance vis--à--vis des souverains. La situation était difficile: trésor vide, noblesse épuisée, pas d'armée, Ie peuple reprenant ses libertés et privilèges, Louis XI s' emparant des territoires bourguignons en Franceet essayant d'annexer Ie Hainaut et la Flandre. Marie de Bourgogne, la plus riche héritière de l'Europe, fut demandée en mariage par farchiduc Maximilien, par Ie duc de Clarence, par Ie roi de France Louis XI, pour son fils, par Ie duc de Savoie, par Ie duc de Bar et de Lorraine, auparavant duc de Calabre, et par plusieurs autres princes. Comme Louis XI ne doutait pas qu'une si riche princesse ne manquerait pas d'illustres pou.rsuivants, pour les prévenir tous, il fit établir les postes, qui depuis lors ont continué au grand avantage du commerce. Le mot "poste" vient de ce que les chevaux étaient posés d'intervalle en intervalle, pour les relais. . Lors des négociations relatives au mariage du dauphin de F rance a vee Mane de Bourgogne, les principaux ambassadeurs choisis par les Etats généraux pour cette mission étaient: les abbés de Saint. . Pierre et de Bertin, les sires de Ligne, de Maldeghem, de Dudzeele, de Beersel. de Welpen, maître Godefroid Hebbe-linc, pensionnaire de Gand et maître Godefroid Roelants, pensionnaire de Bruxelles. Le 17 août 1477, elle épousa, à Gand. Maximilien d'Autrkhe* fils de rem..pereur Frédéric lil. En 1478, après I'arrestation du chancelier Hugonet et du sirede Humhercourt qui avaient donné I' exemple et le conseil de la trahison, Made de Bourgogne
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chargea huit commissaires, choisis parmi les mandataires des .diverses provinces, d 'instruire le procès des deux acçusés avec le concours des délégués des ma gistrats de Gand. Ces commissaires étaient: Everard de la Marck, sire d'Arenberg, Pierre de· Roubaix, Philippe de Maldeghem, HENRI III DE WITTHEM.. SEIGNEUR DE BEERSEL, Jacques de Mastaing, Jacques Unterlymmingen, Jean d'Auffray, maître des requêtes, et Arnould Beuckelare. Maximilien constitua une armée et infligea une défaite à Louis XI, à Guine,.. gate, en 1479. Les territoir-es des Pays... Bas restaient ainsi acquis aux Prinçes. Malheureusement, ces beaux débuts furent attristés ensuite par la mort de Marie de Bourgogne. En mars 1482, pendant qu' elle chassait, au faucon dans la belle forêt de Wynendale, près de Thourout, elle fit une chute de cheval et expira quelques jours après, à l'äge de 25 ans. Sa jeunesse, sa beauté, ses précoces malheurs lui avaient conquis Ie creur de ses sujets, qui la regrettèrent sincèrement. Elle .vepose aujourd'hui, à cöté de son père, sous les voûtes majestueuses de l'église Notre,..Dame, à Bruges: deux mausoléès superbes, .chefs--d'reuvre d'une époque de lux~e et de JI!agnificence, recouvrent dans ·ce sanctuaire les dépouilles mortelles des deux seuls souverains de l'ancienne Belgique dont nous ayons çonservé les cendres. La dynastie bourguignonne finissait avec elle et nos provinces passaient au pouvoir de la Maison d'Autriche. Le mariage de Marie .de Bourgogne fu.t Ie principe de la désunion qui exista taujours entre l'Autriche et la Francé. Louis XV, étant à Bruges en 1745, dit, en voyant les superbes mausolées de Charles Ie T éméraire et de sa fille Marie de Bourgogne : "Voilà Ie berceau de toutes· nos guerres." La mort de Marie de Bourgogne en 1482 devait avoir pour 1' avenir de notre pays des conséquences de la plus grande importance. A la politique spécifi,.. quement bourguignonne, suivie par ses prédécesseurs, allait se susbtituer de nouvelles tendances; son mari Maximilien d'Autriche,.fils unique de l'empereur d' Allemagne, en guerre avec Louis XI depuis Ie début de son mariage, accentua son hostilité vis..-à-vis de la France et nos provinces se trouvaient sur Ie point d'être entraînées, dès cette époque, dans la lutte qui devait durer si longtemps entre les Maisons de France et d'Autriche. Mais le représentant du pays, les Etats..-Généraux veillaient; ils allaient s'efforcer de maintenir la paix. Aussi I'émancipation et l'avènement de farchiduc Philippe Ze Beau en 1494 furent . . ils accueillis avec Ie plus grand enthousiasme; I'union de toutes les pro ... vinces des Pays ...Bas se fit au tour du "prince naturel", né et éduqué au milieu de ses sujets, et dont le conseil est presque exclusivement composé de "seigneurs du sang., ou de nobles de nos provinces. Parmi ces conseillers, qui ne voient en lui que Ie successeur du duc de Bourgogne figurent Guillaume de Croy, seigneur de Chièvres 1, HENRI DE WITTHEM, seigneur de Beersel, et d'autres chevaliers de la Toison d'Or. 1
G. Dansaert : Guillaume de Croy-Chièvres, dit Ie Sage, préface dé D. Brouwers.
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MAXIMWEN o'Av'rRicus
(
1459~t 519)
La régence de MaximUien ( 14~2 ... 1~94) fut caractérisée par un terrible confht qlll ensa~- glanta la Flandre et Ie Br~bant ?endan~ _pres de dix ans. Les grandes villes democratlques, hostiles au souverain, furent totalement vain.cues. Elles avaient défendu les manapoles et les privilèges si chers aux dtés du moy~n äge. Maïs déjà, à la même ép?que ge~~a1t, dans les Pays . . Bas, la notion d une pohttque nationale moderne. Aux intérêts dynastiques qui poussaient nos souverains à décha~ner des guerres européennes, les Belges allatent opposer une politique de neutralité et un sys~ tème de paistbles rdations cammerciales avec les Etats voisins; ·aux innovations centralisa.trices ou de caractère étranger, ils allaient op..poser un programme national : .vo~e des lo!s et des impöts par les Etats provtncmux et ge... néraux; fonctionnaires indigènes, armée et corps d' officiers nationaux. Ce programme. d.é"' fendu par la noblesse et la bonne bourgemste, fut réalisé sous Ie règne de Philippe Ze Beau.
En prévision d'un voyage en Espagne, Philippe le Bea.u con~~itua, Ie 4 septembre 1501; comme suit, le "Conseil de régence des Pays..-~as : comte Engelhert de Nassau, lieutenant..-général du pays; Thomas de ~latnes, chance... lier de Bourgogne, Jean de Hornes, évêque de Liége, Cornellle de B~rghes, seigneur de Zevenbergen, Henri de Witthem, seigneur de Beersel, et Gmllaume de Croy, seigneur de Chièvres. En 1506, après la mort de son fils Philippe Ie Beau, Maximilieu délégu~ sa fille Marguerite d'Autriche pour gouverner en son nom. La ~o.uvernante f s .ac-quitta de sa mission, maïs préféra s'installer à Malines pour dtrtger les af atres du pays. d · d Ch 1 Q · t Maximilien, gendre de Charles Ie Téméraire et gran --pere e ar es-- um • nous apparaît à la fois comme un fastueux successeur des ducs de Bourgogn.e ne se et comme une e"bauche ·de l'Empereur sur les Etats de qui le soleil . I couchalt , pas 11 eut toutes les ambitions du Moyen Age et de la Renaissance. 1 menag~a Luther et rêva d'être couronné par le Pape ! 11 voulut rejeter les Turc~ e~ A:t: et accueillit les Moscovites dans la communauté européenne. li arb?raxt, a cote des armes de fEspagne, celles de Hongrie, de Bohême, de France, ~ ~ng~eter:r du Portugal et de Byzance. 11 se nommait "Ie Roi de toute la Chr.e~tente et · ~ plusieurs provinces I1 honorait les savants, les artistes et les conv1a1t surtout a I'honorer. Brillante époque •• de transition .. à raube du 15~ siècle, son règne marque, 01
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en l'histoire de l'art, Ie déclin de l'äge "gothiquetl et le premier essor de nisme septentrional.
l'italia~
Maximilieu voulut faire de l'imprimerie, d'invention récente, l'instrument de sa renommée. I1 dictait à des scribes fhistoire .de son père et Ia sienne. On conserve une vingtaine d'ouvrages dont il fut l'auteur ou l'inspirateur. Plusieurs de ces livres existent encore. On possède Ie Livr:e d'H e.ur:es composé par Maxi~ milien lui--même pour l'ordre de Chevalerie de Saint.. Georges. Le texte est imprimé; les dessins marginaux en couleurs, dans Ie fragment qui appartient · à la Bibliothèque municipale de Besançon, sant de la main de Cranach, Baldung Grien, Burgkmair. D'autres feuillets, conservés à la Bibliothèque nationale de Munich, portent les dessins de Dürer. L'on conserve à Malines un graduel grand in.-fo1io contenant sept messes de chant grégorien par iPierre de la. Rue illustré de plusieurs miniatures et Iettrines qu'il fit exécuter pour la chapelle de sa fille Marguerite.
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S'il est vrai que Maximilieu .,plaçait l'art eneare plus haut que Ia chevalerie", bien lui en prit ·car i·l doit à Dürer et à quelques autres une gloire un peu différente sans doute de celle qu'il rêva, la plus pure et la plus durable des gloires 1 •
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L'histoire nationale a jugé sévèrement Maximilien. Continuant la politique des ducs de Bourgogne, iJ acheva de miner ·les franchises ·communales et pro... vinciales, non pour préparer 1' unité administrative, maïs po1Jr établir son autorité personnelle. Cambat de lansquenets.
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1
D'après Paul Fierens : Les Trêsors de Maximilien, L'Art Vivant .. 1927.
E seigneur de Beersel qui blasonne ainsi son écu de ses armes propres, répandit sur sa maison un lustre inconnu jusque là. Il fut, pendant plus de cinquante ans, seigneur de Beersel, Braine. . I'Alleud, Plancenoit, etc., et prit part pendant trente années, avec un entier dévouement à son souverain, aux guerres et aux luttes intestines qui en agitèrent Ie règne. Le 3 février 1488, Philippe de Hornes, baron de Gaesbeek, vicomte .de Furnes, etc., arriva avec quelques troupes à Courtrai, au secours du seigneur de Heule, mais il fut battu par Ie seigneur de Liedekerke, un des chefs les plus redoutables du parti des communes. Par testament en date du 2 août 1488, il prit pour exécuteurs de sa dernière volonté : Henri de Berghes, évêque de Cambrai et Hex:ri III de Witthem. 11 mourut la même année. En 1488, Ie désaccord était complet entre Maximilieu et le pays qu'il gou . . vernait. Le prince ne respectait pas Ie traité imposé par Bruges. La plupart des villes se soulevèrent et Maximilieu fut fait prisonnier. Prenant Ia direction du mouvement, Philippe de Clèves et de Ravenstein entra à Bruxelles à Ia tête de 500 cavaliers rebelles, qui se répandirent dan'> tout le Brabant. Pendant cette guerre civile, les vi11ages des environs de Bruxelles souffrirent beaucoup des déprédations des lansquenets allemancis au service de Maximilieu et des troupes de Henri III de Witthem, seigneur de Beersel. Philippe de Clèves organisait partout ]a résistance.
Sû 51
Apprenant la trahison des Bruxellois et voyant ses chäteau:x de Beersel de Braine,..J'Alleud et de la Follie en grand dangier de périr, nous dit Moli~ett dans ses Chroniq,ues, Henri de Witthem garnit à tou.te diligence et à ses propres despens lesdites places de vivres, artillerie, compaignons de guerre et choses nécessaires à la tuition et conservation non seulement desdits cha-teaulx, mals aussi de la comté de Haynault, q.ui lorS' n'estoit en nul poinct, sentant telles divisions, commotions et estrange~ besoignes. Levant ensuite sa bannière ou brillaient Ie lion de Brabant et la croix d' azur 2 , il tint lui--même la c~n:pagne, pour 1~ duc Maximilien, à la tête d'une petite troupe de soldats qui ptllerent les domames des seigneurs ennemis et poussèrent leurs courses jusque sous les remparts de Bruxelles, ou ils répandaient la t•erreur à ce ,Point que, pour parler Ie laugage du temps, nos concitoyens d'alors sans danger de leurs vies n' osoient wyder le.urs portes sin on à grosse compaignie s. Irrités de ne pouvoir sortir de leurs murs sans être inquiétés à la fois par la garnisou de Vilvorde et par les gens du sire de Beersel, les Bruxellois ré~olurent d~ se venger de Henri de WiFthem en allant saccager et bruler son hotel dans la rue des Foulons. Après quoi, continue Molinet, ils délibérèrent avec monseigneur Philippe de Clèves, de assiéger, battre et démo,., lir, assaillir, dillapider, ardre et destryre le chasteau de Beersel, ;::.hargèrent gros engiens, artillerie, eschelles, bastons et instrtzments de g.uerre à cheval et à pieds; puis au son de tt:'lompettes, bannières déployées, se partirent en grande fureur, espérant de ptime--face d'emporter ledit chasteau. Maïs Philippe de BeerseL fils dudict seigneur, ensemble aux autres nobles gentilhommes, préa-visez, asseurez et rangiez en leurs deffenses, montrèrent bien que rien ne les doubtoient; car après plusieurs batteries, et q.ue t assaut as-pre et terrible leur dut donné se deffendirent tant vigoureusement, par proesses et nobles faicts, que les Bruxellois furent contraincts de lever leur siège.. en délaissant derrière plusieurs bastons, par nécessité de fuyr, chargèrent leurs morts et retournèrent navrez, honteux et confus dedans leur fort 4 • Trois mois après cette équipée, les Bruxellois se représentèrent devant Beersel, plus nombreux et sans do u te aussi plus aguerris 5 • nLedict chasteau, poursuit notre chroniqueur, fut alors horriblement battu de gros engiens, dillapidé, rompu, et brisé, et cassé, tellement que possible n'estoit aux assiégés qui ne ooient nulle apparence de secours de tolérer si pesant farde au sans estre vaincus. Si que après avoir souten'lt si crue[ fouldre d'assault, dont aucuns d'eux 'estoient morts sur la mur:aille, se rendirent à la volonté de leurs ennemis 1 : ' Une partie de la garnisen du chäteau fut jetée en prison, le reste et entre autres Guillaume de Ramilly, capitaine bourguignon, noble 1
Chroniques publiées par Buchon, t. III, chap. 198, dans Ia Colleefion des chron. nation. franç •• 2 Barante. Histoire des ducs de Bourgogne, édit. Reiffenberg, t. X. p. 270. · Chron. de Molrnet. chap. 198. 4 Les foui11es entreprises par Ia Ligue en 1928 firent découvrir lesclefs de voûte.de.Ia chapelle dont l'une monogr~mée P.W. (Philippe de Witthem). Cette chapel~e se trouvatt sttuée au rez~de-chaussée du bätunent démoli dans la cour, adossée à Ia tour Est. / .ns ma.ndèrent nouveaux engiens en France (Chron., de Molinet, loc.. cit.). N. B. Dès !e 14 Siède. 1artillerie à contrepoi& et à ressorts avait été remplacée par rartillerle à poudre, a feu et à boulets. ~ol. 45, p. 145..
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homme. preux et vaillant, fut publiquement pendu sur Ie marché de Bruxelles. Après la prise de Beersel, les vainqu~urs se jetèrent sur les autres domaines des Witthem, brûlèrent la forteresse de Zittert et, dit Molinet, to'lltes maisons, censes et habitations qu' ils purent sçavoir et apperchevoir à eux appartenir. Le bourg de Braine fut consumé et son chäteau pris faute de poudre à canon. ,,Mais il y eut si bonne garnison de gens, d' artillerie et de vivres en Ze chasteaa de la Follie, que quelque menasç.he, batterie, embusche ou entreprinse que l'on y scensit faire, il demeura en son entier 1 • Maïs quelques mois après, Philippe de Clèves n' étant plus souten u par la France, cessa la lutte. Bruxelles ayant capitulé dut reconnaître l'autorité de Maximilien, payer des amen des, réparer les dégàts, livrer les arm es et I' ar-tillerie. Pour dédommager Ie sire de Beersel de tous ces désastres, le roi Maximilieu lui céda successivement Ie droit de haute justice à' Braine--l'Alleud, Plancenoit, Ohain et Haute.-Noucelle, les hommages, petits eens et péages à Braine, montant ensemble à 20 florins par an; la haute justice à Beersel, Linkebeek, Rhode, Alsemberg et Tourneppe, avec toutes les juridictions moyennes et basses, rentes et redevances du duché à Terheyden, Bousdael, Broek sous Rhode, Zi:ttaert sous T·ourneppe, etc., Ie manoir de Hoylaert avec les prés, päturages, étangs, eens, rentes, tonlieux, en dépendant, pour en jouir pendant vingt--quatre ans. Quand I' épuisement et les ravages de la peste forcèrent la ville de Bruxelles à renoneer à la guerre funeste qui ruinait Ie pays, il fut stipulé dans Ie traité, fait à Malines au mois d'août 1489, qu'elle indemniserait Ie seigneur de Beersel du saccagement de son hotel, et qu' elle fonderait trois messes pour l'äme de Ramilly. L'hotel fut rebäti, puis agrandi et modifié, lorsque les seigneurs de Beersel, au cammencement du 1T' siècle, cessèrent d'y résider et Ie vendirent peur servir de mont..-de... piété. C' est eet hotel qui fit donner à la rue: dans Ia ... quelle il se trouvait le nom de "rue du Lombard u. Le 26 mai 1491, Malines fut choisie, pour Ie 6e convent du chapitre de la T~ison d'Or, par Philippe Ie Beau, qui y admit: l'empereur Frédéric, Ie roi Henri d'Angleterre, Albert, duc de Saxe, Henri de Witthem, seigneur de Beersel. Pierre de Lannoy, Jean, comte d'Egmont, Charles de Croy, prince de Chimay, Guillaume de Croy, seigneur de Chièvres, Hugues de Melem, vicomte de Gand, Jacques de Luxembourg, seigneur de Fiennes. 1 Ecaussines formait autrefois une même Seigneurie qui se partagea au 14~" siècle, entre les Lalaing et les d'Enghien. Ces deux Seigneurles sont à !'origine des deux communes actuelles, Ecaussinnes-Lalaing et d'Ecaussinnes~d'Enghien sur Ie territoire de laquelle s'élève le Cháteau dit de ,.la Follie". . Ce chäteau, destiné à la défense du gué de la ..Senette" fut assiégé à plusieurs reprtses, notrunment en 1488 par les Bruxellois; il leur résista victorieusement. Après ce siège. le cháteau reconstitué dans son style actuel passa par succession féminine. aux: Orley, Argenteau. Rubempré. I1 appartint, au 16" siède, à René de Renesse, Comte de Warfusée, connu pour ses démélés tragiques avec Ie bourgme.stre La Ruelle, de Liége. I1 pass~ ensuite aux La Barre puis au duc de Looz-Corswarem. Revenant enfin aux La B~rre ceux.. ct le léguèrent au comte de Spangen. aieul du proprlétaire actuel. Ie comte Pierre de Lu:htervelde.
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En 1513, l'empereur Maximilieu séjourna à Lille, pendant les :n,égociations diplomatiques entre la France et 1' Autriche. En septembre, il envoya un courrier porteur d'un ordre à Henri lil de -Wit. . them, seigneur de Beersel, secend chambellan du je!lne archiduc Charles, pour que son petit. . fils vienne l'y trouver avec Ie prince de Chimay ou Chièvres 1 • Afin de faire part de eet ordre et dissiper en même temps les insinuations erronées faites sur le caractère et les dispositions du futur Charles..-Quint, Ie seigneur de Beersel adressa la lettre ci.-après à la gouvernante Marguerite d'Autriche: ..Madame, par: Colin Ie veneur et autres venus freschement de de vers l' emper:eur, mon.seigneur: vostr:e neveu a esté averty que l'empereur doit estr:e d'intencion et r:ésolu de mander mondit seigneur à venir fere ung tour dever:s vous à Lille, et que à ceste fin et pour le con.duire audit voyage dogent icy estre envoyez aucuns seigneur:s, comme monsieur le prince de Chimay, monsieur de Chièvres et autres. ,..Desquelles nouvelles [edit seigneur a esté fort resjoy, et croy qu'elles lui ont. esté plai.santes le possible, car ainsi que souvent Ie déclaire, tout le plus gr:and plaisir que, lui saur:oit estr:e seroit d' estr:e en la compaignie de l' empereur et de vous, Madame, et tant plus au temps de maintenant pour entrer en congnoissance et accointance avec le roy son beau.. frère . .,Pourquoy, Madame, je vous avertis en humilité, au nom et au désir de mondit seigneur vosfre neveu, qu' il vous plaise tenir la main que le propos de l' emper:eur en ceste partie sortisse et proviengne selon que lui en a esté rapporté. ,.Madame, après les devantdites nouvelles qui ont ainsi resjoy mondit seigneur vostre neveu mon maistre, il est venu quelque chose à ma congnoissance qui m' a esté autant à déplaisir; touteffois non si très grant comme il seroit, se je ne congneuse bien au certain le vray du cas. Madame, j'ay entendu que, par moyen de quelque rapport ou devises, vous devez estre informée que mondit seigneur vostre neveu seroit si maistrieux et plain de ses voulentez qtl il n'est à gouvemer ne conduire, ou tel autre rapport de semblable substance. ,.Madame, je ne say autrement au vray se vous avez en telle sorte esté advertye, mais je ose bien presumer et dire que, si mondit seigneur vostr:e neveu feust de telle sorte ou appere, j'en auroye la congnoissance et experience autant que nul autre, mais je vous afferme, Ma.dame, en bonne vérité, que à tort et mauvaise cause ton auroit en felle manière de luy rapporfé; car il n'est nul qui ait oncques veu ne apperceu, au contraire, que en foute heure et à tous propos, !edit seigneur ne soit du tout enclin, prest et appareillé d' accomplir et satisfaire à ce qu' il entend estre au plaisir et vouloir de l' empereur et de vous, Madame. Et quant à son goitvemement autrement, je n' ay jusques à ores ve ne apperceu, ne n' a aussi autre, comme je croy, qu'il n'entende et acquiesse debonnairement à tous bons propos et avertissemens que lui sont faiz. Et certes, Madame, le tout bien considéré, je ne say si raisonnablement l'on dèust plus demander en luy qu'il y a. Pourquoi, Madame, vous supplie en humilité que ne veuillez croire ne vous arrester à telz propos, car j' espoir qu'en l' effect vous aurez experience du contraire. ,.Au plaisir Dîeu, etc... Vostre, etc. BBR.SSELLB." Escrîpf à Malines, le 16' jour de Septembre 1513.
llENRl 111 DB WITTIIE!-1, SC:lGNf:t'R
Extrait du Recueil d'Arras.
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81:F.RSEL
{Photo Giraudon, Paris)
Charles avait passé ses premières années à Malines; plus tard, il fut élevé au chäteau, à Louvain, appelé dès Iors ,.Keizersberg". Le jeune pdnce montrait plus de goût pour les exercices chevaleresques, les armes, r équitation et la chasse. que pour l' étude des Iettres. Le latin Ie rebutait, jamais il ne parvint à parler l'allemand. il savait à peine quelques mots d' espagnol Iorsqu'il partit pour la Castille, et n'était pas plus fort en italien, il apprit Ie flamand sur l'ordre de fempereur, son áieul. 11 comprit plus tard l'importance de ces études, et on lui t
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Dansaert : Guillaume de Croy...Chièvres. dit Le Sage .. 1942.
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attribue eet axiome : autant de lan.g.ues on possède, autant de fois on est homme. Charles aimait l'histoire, les mathématiques et les beaux . . arts. Sa haute capacité et la générosité de son creur se révélèrent de bonne heure aux yeux des obser... vateurs attentifs. De si hautes destinées ont été réservées au fils de Philippe Ie Beau que l'histoire s 'enquiert minutieusement des persannages qui furent appelés à déve ... Jopper ses facultés, à imprimer dans son creur .des sentiments et des prindpes destinés à réagir sur les intérêts du monde, Des bras de sa nourrice, Barbe Servels, de ses berceuses Josine de Nyeuwerve et Marguerite de Póitiers, Charles, en I' absence de sa mère, passa aux maîns de la douairière de Bourgogne, Marguerite d 'York et de son gouverneur Henri III de Witthem, seigneur de Beersel. Celui... ci, J'.un des plus puissants propriétaires du Brabant, avait porté à son apogée la grandeur de sa maison; il avait été mêlé à tous les événements survenus dans les Pays... Bas depuis la mort de Charles Ie Téméraire et zélé partï.san de Maximilien, il avait fait rude guerre aux communes flamandes et brabançonnes insurgées contre ce prince. Comme nous l'avons signalé, les Bruxellois s'étaient vengés par la destruction de son hotel à Bruxelles, par la conquête de ses chäteaux de Beersel; de Zittert, de Braine..-l'Alleud et de divers petits manairs qui couvraient ses vastes domai,.., nes. Il fut largement dédommagé de ses pertes. 11 avait été créê Chevalier de la Toison d'Or en 1491 et était devenu l'un des conseillers intimes de l'Empe ... reur et de son fils. 11 fut employé dans leurs négociations diplomatiques les plus importantes. Brillant capitaine, ayant acquis une puissante renommée, administrateur et diplomate expérimenté, ce premier gouverneur de Charles.-Quint ne manquait certes pas de supériorité, mais sous Je rapport du ·caractère, on ne l'aperçoit qu'à travers des événements sanglants. Henri III de Witthem figure dans la liste des lieutenants de l'ancienne Souveraine Cour féodale de Brabant, ainsi qualifié : ,,Seigneur de Beersele, Bausele, etc., chevalier de la Toison d'Or 1, conseiller, chambellan et lieutenant des fiefs en Brabant 2 • Quand Philippe Ie Beau se rendit pour la première fois en Castille, il fit partie du conseil des dnq grands auxquels fut confiée la régence des Etats de par.-deçà. Par suite d'héritage, d'alliance ou d'achat, il possédait assez de biens pour être considéré comme un des plus grands proprié. . taires fonders du pays. Henri III de Witthem eut l'honneur de se porter garant pour son Souverain. Void camment: En 1506, PhilippeleBeau et son épouse S1 embarquèrent pour I*Espagne. Le vent les contraria et les fit dévier vers l'Angleterre ou régnait Henri VIL Là, Philippe prit 1' engagement de donner son fils Charles en marlage à la fille de Henri VII et il consentit éventuellement un dédit de 250.000 couronnes-or. Le paiement de 50.000 ecuronnes dut être garanti·t par 15 de ses plus puissants gentilhommes, et 12 de ses principales villes. Henri III l
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de Witthem éta.it un de ces 15 gentilshommes. Plus ta~r~ dans. Ie traité. de p~ix de Cambrai, iJ fut stipulé que la F rance payerait ce dedtt, mats celle..-ct ~e s en acquitta jamais. f I' , -t· d Henri 111 de Witthem mourut Ie 17 septembre 15J5, et ut enseve 1 a co e e a femme Isabelle van der Spout dans 1' église de Beersel.. . s H . lil de Witthem paraissait être un seigneur très pteux. Plusteurs fon~a ... tionsen~~ sa part au profit de l'église de Beersel en témoi~n~nt;, ~n ser~1ce annuel à sa mémoire est célébré à Beersel. Il fit do~ ausst a 1eghse Samt"' Martin, à Hal, de la doche repraduite au début de ce hvre. EPITAPHE GRAVEE SUR LA PIERRE TOMBALE DE HENRI 111 DE WITTHEM Cy dessoubs gist Henry de Witthem, .Seig~eur De Beersele, en son temps bon. chevaher ~ honneur,. Lui fut de Bautersem seigneur JU~ques enfu~ De Braine et Overijssche, advoue de Couvm. De Plancenoit, Schoutrine et R,uysbro~ck aussy Seigneur de Petit--Reux, Dieu 1en avalt ~arty. Chambellan fut second du Roy, de la To~son Chevalier très prudent gouvernant la matson. Après que Ie dit Roy Philippe alla. vers C:astdle, Lui laissant son trésor, son noble hls et fllle. Desquels fut gouverneur et chamb~llan pre~~er Dont chacun se loua jusques à momdre offlcter Tellerneut gouverna Ie jeune prince et dames Qu'il doit avoir loyer avec les saintes ämes. d Le dix--se tième de septembre, son äme à Dieu rec?mman a .. L' an mil ~inq cent et quinze, à cinq heures du matm de ce stede trespassa. Dame Isabeau Despeut sa compagne et espouse Gist apres luy qui fut dame très vertueuse . Q i tres assa 'Ie dixième du mois de Juin, à dix heures de~an~ mtdy D~ l'an ~il cinq cent et trois, Dieu ait de benoiste ame mtseneorde et mercy.
Reiffenberg, Histoire de tordrc de la Toison d'or, 204. Butkens.. Supplém. aux Trophécs du Brabant. liv. VII, p. 219.
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possesstons b'hen~l
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111
be Wltthem
OUR permettre au lecteur d'appréder eombien les seigneurs de Beersel
étaient riches ~et puissants, nous allons énumérer les possessions qu'Henri III légua à ses enfants : · 1o Le domaine de Beersel qui s'étendait sur le territoire de Beersel, Rhode, Alsemberg, Tourneppe et Linkebeek, avee Ie droit de haute, moyenne et basse justice; Ie droit de main... morte; Ie droit de pêehe dans la Senne à Beersel; une ehasse gardée limitée par la Senne, Ie domaine de Zittert, Ie ruisseau arrosant Alsemberg et Rhode, la Forêt de Soignes et Drogenboseh; un grand nombre de fiefs, de ·eens et de rentes; la forteresse de Beersel; la haute tutelle de I' église d'Alsemberg; les seigneuries foncières de Roesdale ... sous...Alsemberg, avee Ie droit d'y nommer un garde ... ehasse de la forêt de Soignes (bien aequis ·de Catherine de Nivelles en l'an 1486); Boesdate et Tenboseh... sous... Rhode, ( eette dernière seigneurie était un fief de la ehatellenie de Bruxelles aequis en 1480 de Jaequeline de Glimes); I' Hof op den Roseh, également à Rhode; I' Hof van Zittert, à T ourneppe; Ie moulin de Sollemberg à Huyssinghen. On voit clone que Ie domaine de Beersel était très étendu. Ce domaine possé... dait aussi <:ertains privilèges : c'est ainsi que les jugements rendus par les échevins du domaine de Beersel n'étaient pas portés devant un haut tribunal ordinaire, mais bien devant la Cour féodale suprême du Brabant. Un autre privilège consistait dans Ie pai·ement au seigneur d'un droit par tout paysan contractant mariage. 2° La seigneurie de Ruysbroeclc. Cette seigneu.rie était Ie patrimoine de Marie Taye, deseendante de seigneurs puissants qui ont exereé plusieurs digni.tés à Bruxelles. 3° Le domaine de Braine.-tAlleud avee la basse, la moyenne et la haute justice à Braine, Plancenoit, Ohain ·et Haute... Noucelle; Ie droit d'accise sur les bières et les vins, les bouchers, les boulangers, les cordonniers, etc.; à Braine, Ie droit de pêche et de chasse; Ie manoir de Braine; la tutelle de I' église paroissiale; l'höpital et la maison des pauvres; .divers moulins bannerets; Ie patronage de la seigneurie de Noucelle qui appartenait au ehapitre de Ste.. Gertrude à Nivelles; divers droits de seigneur foncier, entre au tres le droit de Manil ( acquis de Jean •t Serclaes en 1483); plusieurs fiefs, etc. 4o Le domaine d'Overyssche qui se eomposait de plusieurs parties distinctes telles que : la seigneurie ·de Witthem sous Y ssche, patrimoine des seigneurs de Witthem de la branche la plus ancienne, qui s· éteignit au cammencement du 16.- siècle; la seigneurie de Spout. patrimoine d'Isabelle de Ter Spout ou Van..derspout, femme de Henri III de Beersel; ravouerie d·Yssche achetée à Marie dtOisy; le domaine de Molenpas acheté en 1498; Ie patrimoine de Y ssche acheté 58
en '1497, etc. Plus tard, les seigneuries de Witthem et de Spout e~ l'avouerie furent réunies en un seul fief; en 1501, le seigneur de Beersel y obttn: la haute . justice, 5o La baronnie de Ba,uter:sem. 6° Le domaine de Petit,.-Ro~ulx lez Nive:lles avec des droits très étendus: les seigneuries de Bousval et d' Arquennes. Ces biens appartenaient à lsabelle de Spout. 7o L' avouerie de Couvin.
Vue partfelle du chäteau d'Overyssche. ancien fief des Witthem,. dont le blason ~ubsiste sur la tour.
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maR(jU€Rit€ ö'autRtche 1480-1530
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PRlNClPAU'I'E' D'OPEI?.Y~SCfJB;:
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tl'c de ViUe & qui Ce ven te d avoir v·ö .nuitrt:lé fi.a;v-ä:at JtJjtt Lif!è:~ , Autrofols Ua· voit vohc~·aux ·~tars .~e Bt·nf;lant, ~ mettoi~Jo,tl .. · . aux Diplomes, c'~tó,'l~ L~Jigu... J'c d'un Evêque aoputé furIe Soled • & lil' . Iongtems Ie pnrrunou1.~ de la f:tmille d'lLfche, i1 e~ paae.par · de Witthern, &pat·le même droit il a été p;!î>rté pat n)~u·· ·f:loroe~J le 1\oi (;bJ~tlcs U.l''e· 1
r.igea en PHncipaur.é f«u~ · •.· lten de Ho.rnes, grand
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. , ..:;' .. . . , .• •. : Le dtt Meffire Eugene· . .. . ~arte·Jenne: rvfax.tmlltenue cle Croy, ils Iaifiê.rent un Iils, qui ·. . , ·..... / . · . · ·. , Meffire Pb Hippe Emanuel Briaee de Horn.es & d;ICque, grrutd Vem:eur hcreditiî· re de !'Empire, Grand d' .Efpàgne de la prenuere da1lè, Gouverneur & Ca.pitaine general de la Provittee de Gueldt(!s & de Zutphen, .Comte. de Ba.ffigny.! d'H.autc.. kercke & de B.lilleu1, BarQn de Boxtel, Locre & de Lefdin, Pair de ::S·t. Mnrtin, Gauchinlegal, &c. Sej~neur de Leltrem, PJeranont, Etèrelles &c. ll epauîa Dame Marie-Antoinette de Ltgrte, lts ont Jaitfé an)iJs,qui fuir. . ·• Meilire Maximilieu Emanuel Prince de Hornes & d'lfque, . qui a berité les .mêmes Titrcs. 11 a époufé Mylady M3rie Brucè, née Comtcilè d~ Ailles.bury. ·11 pof.. fedc au}ourd'hui cette Prindpauté. .Qn y voit un très·beau Chit'eau; ótt trouveunè partie de la Genealogie de l'llluftte Maifon de Hornes au- Ton1e I.,, dçs Tropbées. d~ Brabant par Butkeus. ~ ·
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ETTE princesse est une des plus grandes ph ysionomies de ce prodigieux 16e siècle, ou tout, dans notre patrie, fut grand, les hommes et le.:., choses, les ·chefs et les peu"' pies, ou I' esprit humain, vi ... vi·fié par 1' Hu manisme, SI exalta à r éclosion des idées, des formes et des mots nouveaux. Elle naquit à Bruxelles, Ie 10 janvier 1480, de 1' archiduc, depuis empe"' reur Mamixilien Ie\ et de la duchesse Marie de Bour... ·gogne~ Par Ie traitê d' Arras ( 23 déc·embre 1482), les Gantois la livrèrent, avec les seigneuries de 1'Auxerrois, du Mäconnais et du C~arol~is, à C?~rle~, dauphin de France, fils .de Louis XI. La cérémonie de ses ftançatlles fut celebree à Amboise, Ie 23 juin 1483 avec une grande solennitê. Cependant Charles VIII, arrivé au tröm~, informê que Maximilien, veuf de Made de Bourgogne, avait demandé la main d 'Anne, héritiêre ·du duché de Bretagne, et ne voulant pas perdre I'occasion de réunir eet te beile provinc: à la courenne de France, épousa lui ...même Anne, en 1491, et renvoya Marguer1te. Cinq ans plus tard, en 1':1:96, des négociations s'ouvrirent entre Ferdinand Ie Catholique et Maximilien, et Marguerite fut fiancée à l'infant d'Espagne, don Juan; le vaisseau qu·ene montait, pour se rendre auprès de son nouvel époux, fut accueilli dans la traversée par une violente tempête. Ce fut, dit-on. dans. eet instant terrible que la jeune princesse composa l'épitaphe si connuet dans laquelle elle plaisantait son double mariage. Mais la tempête se calma, Ie vais ... seau atriva à destination~ et Ie marlage fut célébré~
L'infant mourut au bout de quelques mois, et Marguerite épousa, en 1501, Philibert le Beau, duc de Savoie, qu'elleeut eneare la clouleur de perdre, après quatre ans de I' uni on la plus heureuse. V euve pour la seconde fois, sans enfants et ägée seulement de vingt et un ans, elle résolut de ne plus farmer de nouveaux .. liens. Ce fut alors qu' elle prit pour devise ces mots : Portune infortune fort une. Après Ia mort de Philippe Je Beau, archiduc d'Autriche et frère de notre prin... cesse, lVfax·im·ilien fut reconnu, en 1506, tuteur du jeune Charles... Quint, son petit ... fils : 1' éloignement ou il se trouvait des provinces q'll'il était appelé à régir Ie détermina à nommer Marguerite gouvernante des Pays~Bas. 11 ne pouvait pas faire choix .d'une tête plus active, plus forte et plus brillante à la fois. Le génie de l'archiduchesse était également propre aux plaisirs et aux affaires. Joignant aux ta1ents d'un homme et au creur tendre et dévoué d'une femme, les excellentes qualités de l'esprit et du creur, cette princesse prit une large part aux affaires de son temps, ·combattit la politiqtJe de Louis XI, se ligua avec Henri VIII contre François pr, négocia, en 1529, avec Louise de Savoie, mère de ce dernier prince, la fameuse Paix des Dames, et ·ceignit sa tête d'une auréole de gloire, Sa cour de Malines fut brillante; protectrice des arts et de rïndustrie, elle fut pour les Pays... Bas ce que François Ier fut pour Ia France. Marguerite d' Autriche, une des plus grandes physionomies du 16e siède, mourut à Malines, à l'äge de 50 ans, l'an 1530, emportant les regrets du peuple et de la cour.
les quanOs-veneuRs 1
Depuis des temp.s bien reculés, plus de six siècles, les ducs .de Brabant avaient compris que dans I'intérêt de leurs chasses, dont ils ne pouvaient persenneHement surveiller tous les détails multiples, îl fallait déléguer leurs pouvoirs à une personnalité qui, dans toutes les circonstances relatives à Ja vènerie, prendrait leur place. Ce fut aussitöt et du fait même de son objet, une des positions les plus élevées qui, pendant de nombreuses années, se vit dévolue fréquemment à ceux qui les touchaient de plus près, leurs enfants nés du cöté de r épée. A ces .. MaîtreswVeneurs", ainsi qu'on les appelaft à l'origine, succédèrent des seigneurs portant Ies noms les plus illustres de l'ancienne noblesse brabançonne, qui, dès la fin du 15~ siède, furent qualifiés du titre de .,Grands~Veneurs", Cent ans plus tard, la tradition du choix prinder cesse pour faire place au principe d'apanage héréditaire, et pendant prês de deux siècles une seule et même familie remplit la charge, parti~ culiètement honorifique, de maître des chasses souveraines.
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D'après G. Dansaert: ..Les Grans..Veneurs du Brabant".
PéRIOb€
austRo-espaqnole
chaRles~qutnt
L
'CEUVRE de PhilippeleBon fut reprise et continuée par Charles..-Quint, né à Gand en 1500, petit... fils de Maximilien, émancipé en 1515 et devenu en... suite roi d'Espagne et empereur d'Autriche. Ce fut un souverain très populaire, prudent, ne heur... tant pas ses sujets et leur esprit d 'indépendance. Sa vie fut dominée par des guerres contre la France, les Turcs, les Protes ... - tants, la ville de Gand et par l'organisation des territoires des Pays--Bas qu'il avait groupés en 17 provinces sous le nom de ttCerde de Bourgogne'\ soustrait aux lois de I' Empire mais protégé par celui ... ci ( Transaction d 'Augsbourg,.. 1548). 11 fit affirmer par la "Pragmatique sanction" de 1549 que ce eerde constituait un ensemble impartageable et indivisible, attribuable au même héritier. En 1549, Charles...Quint, entouré d'un brillant cortège de la noblesse euro .. péenne, fit à Binche, à la noblesse des Pays..-Bas, la présentation de son fils, le futur Philippe II. C' est là, dans cette petite ville, .dans ce coin perdu de ses immenses Etats. que l'Empereur vint présider à cette mémorable mise en scène du prologue de son abdication. Le théätre, il est vrai, était fort restreint : il n'y avait là qufun chäteau, cons... truit par le célèbre Jacques du Brreucq, une merveille de somptuosité artistique. mais qui, en sotnme. n'avait pas les d~mensions d'un palais. Il avait été bäti pour Marie de Hongrie, sreur de Charles...Quint. gouvernante des Pays..Bas. c·est elle qui recevait rEmpereur et ses hötes et qui leur offrait les fêtes, ces
fameuses fêtes de Binche : tournois, ban . . quets, pièces chevaleresques, bals, etc ... Les magnifkences que 1'on y déploya pen-dant plusieurs jours eurent u11 tel retentisse . . ment que, longtemps après, les historiens par,.. 1aient et écrivaient eneare concernant ~Jas fiestas di Bains" avec tout !'enthousiasme d'une tradition taujours vivace 1 • Et cepen-dant, sous ce luxe, ce plaisir, cette parade, couvait déjà une révolution l Quelle mine de souvenirs, quels étranges rapprochements dans Ie récit des tournois, des banquets et des danses l Dans une pièce chevaleresque, Ie héros de ces fêtes, Philippe, porte Ie nom de "Beau Ténébreux"; dans le tournoi, i1 a pour par. . NARm 08 HoNcRm rain Ie duc d'Albe, son futur exécuteur des hautes ceuvres; au milieu d'une danse, il offre un diamant à la princesse d'Epinoy, dont, plus tard, la belle..-fille Christine de 2 Lalaing défendra Tournai contre les Espagnols. Lamoral d'Egmont, Ie plus brillant des chevaliers, remperte Ie prix du combat à la hache, lui que la hache doit frapper un jour; Ie comte qe Hornes, Ie malheureux baron de Montigny et Ie marquis de Berghes, ces nobles martyrs, y figurent dans un même quadrille avec Philippe de Noircarmes, le futur membre du ,,Conseil du Sang". Guillaume d'Orange ( Le Taciturne), le grand patriote, s'y mesur·e déjà avec Pierre . . Ernest de Mansfelt, qu'il cambattra sur Ie champ de bataille. Là cammencent à se montrer les deux Perrenot, Chantonay et Champagney, qui s'élèvent gräce à leur frère Granvelle. Là aussi, parmi les Espagnols, se rencontrent, en nombre, les capitans qui viendront, avec Ferdinand Alvarez .. de Tolède et ses succes... seurs, exercer d'horribles missions! Et, parmi les nobles du pays, quel choix: Croy, Lalaing, Ligue, Arenberg, Aerschot, Boussu, Merode, Trazegnies, Beaufort, Lannoy, Marnix, Witthem, etc. La première moitié du 16" siècle avait été remplie du nam de Charles--Quin.t et du bruit de ses guerres, sans cesse entretenues par sa politique ambitieuse et par f état général des esprits. Depuis Charlemagne, ce prince avait été, sans contredit, Ie plus puissant souverain de l'Europe. Empereur d' Allemagne, roi 1
Litera del la .gloriosa et trionfante entrada del serenissimo prencipe di Spagna in B.ins citta di Flandra M. D. XLIX. 2 Christine de La1aing, de Ia familie des Montmorency, êpousa, en 1572 Pierre de Melun prince d'Epinoy. Une armêe espagnole, forte de 16.000 hommes, 5.000 c:h~vaux et une nom~ breuse a~tillerie, sous les ordres du prince de Parme, vint, I'an 1581, assiéger Tournai, pendant 1 absence du gouverneur de cette ville. Christine prend la résolution de résister à la place de son époux, appel!e aux armes les bourgeois, qui se joignent à la garnison, et Iutte pen?ant deux mois, avec le plus grand courage et la plus grande énergle. Forcée enfin de capttuler, ~hristine obtint de se r;tirer à Gand avec ses troupes années et enseignes déployées. Cette hérc:>Ique prlncesse mourut l année suivante à Anvers, lafssant une mémoire vénérée parmi le peuple dont elle avait défendu les libertés.
d'Espagne, de Naples et de Sîcile, duc de Milan, seigneur des Pays .. Bas et des Indes, son autorité réunissait de vastes domaines et s' étendait sur une partie du continent américain. Maïs parvenu, au milieu des infirmités et des souffrances atroces de la goutte dont il était affecté depuis sa jeunesse, au désabusement d'une vieillesse pré,.., maturée, il prit I'héroïque résolution de terminer son règne extraordinaire par un acte plus extraordinaire encore. Ses deruiers revers devant Metz et à la ba taille de Renty 1' avertissaient de 1'affaiblissement de ses facultés et du déclin de sa gloire. Ce profond sentiment lui arrachait parfois des aveux qui témoignaient de la situation de son äme et en même temps d'un restede grandeur. On le voit bien; s'écriait..-il après la bataille de Renty, gagnée sur lui par Henri •On Ie voit bien; la fortune est femme; les jeanJes gens lui plaisent; elle n>aime pas les vieillards. Déj.à il avait annoncé plusieurs fois une intention digne d'un grand roi et d'un grand caractère, ·Celle de s'éloigner de la scène du monde sur laquelle il avait rempli si fongtemps Ie röle le plus marquant. Ah I disait ... il a vee amertume, je vois bien que je n'ai plus d'hommes. Il fa.ut que je dise adieu à l'empire; à toutes mes entreprises~ au monde, pour me confiner dans quelque monastère; car je suis vendu ou du moins aussi mal servi qu>,un prince saurait l' être, et · avant trois ans je me rendraî cordelier. Charles... Quint regrettait ses andens conseillers : Henri de Witthem, seigneur de Beerset mort en 1515 et surtout Guillaume de Croy...Chièvres, dit Ie Sage, décédé en 1521. Son abdication ne pouvait être inspirée par un sentiment de crainte. lnfati,., gable dans les fonctions de la royauté, il ne §emblait occupé que du bonheur de ses peuples; et c' est a vee justice que les Espagnols Ie regardent comme le plus grand monarque qu'ils aient jamais eu. Cette grandeur apparut dans tout son éclat lors de la fameuse assemblée · tenue à Bruxelles, le 25 octobre 1555, ett dans laquelle il résigna les provinces des Pays... Bas à Philippe son fils, et, quelques semaines après, la courenne d 'Espagne a vee töutes ses dépendances. L'empereur Charles, avec l'ascendant de sa haute réputation, avait foulé aux pieds les anciennes coutumes et les privilèges des villes des Pays,..Bas, privilèges qu'il avait juré de respecter. Vainement les Etats de Hollande protestèrent souvent contre ces abus. Bientöt s'y joignit la persécution religxeuse, si contraire au caractère et aux intérêts d'un peuple industrieu:x et commerçant, et qui voyait, avec effroi, apparaître l'inquisition espagnole. C'est en laissant ces souvenirs que Charles s'embarqua Ie 17 septembre 1556. dans un port zélandais et qu'il arriva, après onze jours de navigation, à Laredo, en Biscaye. Là, mettant pied à terre, il se prosterna sur Ie rivage, et baisa la terre en s'écriant : 0 mère commune des hommes,. nu je suis sorti du sein de ma mère~ nu je oeux y ren.trer. Porté à Burg os, tantöt dans une chaise à porteurs, tantöt dans une litière, à cause de ses souffrances, il fut obligé de s'arrêter plusieurs jours dans cette ville, ne pouvant congédier ses serviteurs, faute de rargent
n.
nécessaire pour acquitter leurs gages, à cause, paraît,.il, de Ia négligence de Philippe, qui n'avait point eneare payé la moitié de la modique pension promise à son père, de qui il tenait tout. Enfin, i.J arriva à Valladolid, ou il prit <:ongé de ses deux sreurs: Eléonore, veuve de François Ier, et Marie, veuve de Louis 11, " roi de Hongrie, qui J'avaient ac<:ompagné dans son voyage, et qui solHcitèrent vainement de partager sa solitude. 11 fixa sa résidence au monastère de Saint..Just et Ie 24 février 1556 il prit possession, avec quelques domestiques, d'un petit pavillon qu 'il avait fait construire, à <:et effet, dans eet endroit retiré. Deux ans plus ta.r.d, après un sirnulacre d'obsèques, il fut saisi de la fièvre, ne put résister et expira le 21 septembre 1558, ägé de 58 ans 6 mois et 25 jours.
A cette époque, les Pays,..Bas comptaient dix.-sept provinces, qui constituaient autant d'états indépendants~ dont chacun avait ses lois et ses coutumes. Ces provinces formaient alors la contrée la plus opulente de l'Europe. Ce beau et rkhe territoire contenait deu:x: cent huit villes murées, cent cinquante bourgs ou villes ouvertes, et six mille trois cents villages à docher, Gand et Liége comptaient plus de cent mille habitants; Bruxelles, résidence de la cour, en avait soixante.. dix à soixante..quinze mille. Anvers renfermait plus de mille maisons étrangères, et sa population variait entre cent cinquante et deu:x: cent mille ämes. L'industrie principale du pays était la draperie, qui prospérait sm:tout en FJandre. Les forges de Liége étaient regardées comme les prèmières du monde. Le centre du commerce était à Anvers, depuis la décadence de Bruges, Ie grand entrepöt du moyen äge. L'époque de la plus haute prq_spérité de la ville d'Anvers est comprise ~ntre les années 1550 et 1560. On y faisait plus d'affaires en un mois qu'il ne s'en négociait en deux années à Venise, Il y avait de tristes otnbres à ce tableau. La bourgeoisie avait perdu quelque chose de son énergie primitive. L'amour de la chose publique s'êteignait insensiblement au cceur des popu~ lations, amollies par le luxe. Le róle des états généraux se bornait pour ainsi dire à consentir aux subsides, ou à les refuser. Les troupes n'étant plus fournies par les provinces, l'esprit mercenaire des soldats les rendait indifférents à la cause qu'i!s soutenaient; à 1'ex ception des bandes d'ordonnance qui se ruontaient à trois mille hommes, il n'y avait plus d'armée nationale. La navigation elle-même êchappait en quelque sorte aux Brabançons et aux Flamands, pour passer aux Hollandais, aux Zélandais et aux Frïsons. Presque tous les nobles, à cette époque, se trouvaient dans un êtat de gêne et de détresse. Une lettre de Guillaume de Nassau nous montre que ses honoraires comme général en chef de l'armée de Charles-Quint, en 1555, s'élevaient à trois cents florins par mois, taudis qu'il en <lépensait trois mille cinq cents. Aussi ce prince, que I'on surnommait le rkhe, fut~il lui...ruême obéré après la guerre contre la France.
les pays-sas Vers 1580. une estampe allégorique représentant la situation anarchique des Pays..Bas avait été publiée dans .. De Boer en Het tema, Groote Platenatlas... Les Pays..Bas sont représentés par une vache qu'un Français (Ie duc d'Anjou) s'efforce d'emmener. que l'archiduc Matbias tient par les cornes, qu'un Anglais (Leicester) trait et que le roi d'Espagne s'efforce de retenir par la queue.
phtltppe öe wttthem
HILIPPE DE WITTHEM, fils aîné de Henri lil de Witthem, é~ousa, 1491 Anne de Hallewyn. I1 avait obtenu, du vivant de son pere, la ~n . ' du cha~teau de Beersel qu'il si vaillamment JOUissance , . avait . 1491 défendu lors du siè e de 1489, par les Bruxellois, et qu d ftt restaurer en · . Ce Jevait être, en Brabant, à la fin du 15' siècle, un personnage g!?rteu': que Ie nouveau Seigneur de Beersel. Le chäteau venait d' être reconstrU1t a?r~~ Ie siè e terrible dont il avait tant souHert et ce ch~valier p~uvait,. avec une le?ttime contempler la vaste organlsation défens!Ve dont d la P?ssessmn. Ri~n cette fois n'avait été négligé pour permettre de restste~ a u? ~ouve_1 ut 'En effet 1~ chäteau, depuis la tour d'entrée jusqu'au donJon, eta1: dote assa . , pouvoir riposter éventue11emen t , a vee des canons ' au hr des d' artillerie a fin de Bvuxd1ois s'ils revenaient attaquer la forteresse. Dans ce but Ie rempart reconstitué avait été renforcé par ·des contreforts_ et ·' es d' artillerie . . placees des meurtrières' cintrées laissaient passer d"tmposant es ptec dans la cour et Je donjon. Ces meurtrières, grande nouveauté, ~ontrastatent avec les archères du 13c siècle restées intactes du cöté oues~ d.u chatea~. · Les arsenaux du rez.-de.-chaussée et d es étages supeneurs ava1ent été abon~ damment pourvus d' engins et de projectiles. .. , Maïs toutes ces précautions furent inutiles, car Ie chäteau ne fut plus, asstege. En 1515, Philippe de Witthem hérita de tout es les terres de son pere, sauf les seigneuries de Petit..-Rreulx. . Iez.-Nivelles, Arquennes et Bousval que sa sreur Isabeau apporta comme dot à Bernard d'Orley. Philippe fut amman de Bruxelles, ·de 1489 à 1506 1 • Son successeur fut Ie . , chevalier Jean de Coutereau, seigneur ?e P~nsseux :~ d'Assche. En 1494, Philippe était panetier de I archtduc Phtltppe, pour l.es sn~ ~rem1ers mois de 1'année. Les panetiers étaient des officiers du Souver~1~ spectalerr:en: <:har és de surveiller la distribution du pain à la cour. Ils etatent s~umts a d'un grand panetier. Jean de: Brégile:s. -;xerçait grand panetier. Après la mort de son père, Phthppe devtnt tres pUlssant a a T d f t cour de Charles..-Quint. A · e de Hallewyn mourut en 1521 et Philippe en 1523. ous eux ure~ · hu:s dans l'église de Braine-l'Alleud. On conçoit aisément qu•on leur att
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He~tè
av_:u~
l'aut~rité
~lors ~es f~nctton~ ~e
:nUne statue en bronze doré Je repré.sente dans la salie gothique de l'Hötel de Ville de Bruxelles. '10
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érigé un mausolée qui fut longtemps devant 1· h ', . tombale subsiste encore~ mais elle est actuell e c reur ~de .1 e~llse. La pierre d Ph~m. ent placee verticalement dans Ie couloir dtentrée à gauche Le . 1 lppe et d'A . • · s tmages e b' d u:_tes. Signalans en passant que ·Ie bord de la daJl nne sont ten repro,.. e, porte Jeanne et non Anne ~ ,JVtademoiselle Jehenne de Hallew L yn, son espeuse. ' es descendants de Philippe furent . · ' Henri IV de Witth Bautersem; em~ seigneur de Beersel, Braine ... J'Alleud, et baron de
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h€0RI IV
Philippe de W itthem qui t 1 b. d 'Y Georges de Witthem, seig~;~r ~s ~ens b ssche et :nourut sans enfants; Philippe, seigneur d 'Yssche Butk e , u~s ro~clk et a pres Ia mort de son frère · ens ecr1t qu i ~t ·t · ··. d'A N erfrue, patron de Couvin, seigneur de Nymes ~~~1 seAignbelur Frq~ennes et ' y, ·u en et ra1sne.
be WJtthem
ONSEILLER et chambellan du duc,il succéda,en 1524,à son père comme amman de Bruxelles. 11 exerça cette dignité jusqu'au 3 février 1533. Son activité se manifesta pendant un soulèvement des Bruxellois en 1532 provoqué par le prix élevé des grains et quelques règlements sur la vente de ces produits. Le 5 août, les Bruxellois assaillirent le magasin à grains du Malinois Jean Morre qui était connu comme un accapareur, et Ie détruisirent · entièrement. Quelques autres maisons, par exemple, celle de Maître Berthout, houlanger de Marie de Hongrie, subirent Ie même sort. Les rnagistrats se réu . . ~ nirent et chargèrent Jean de w aalhem, lieutenant de rámman, de disperser la foule, mais il ne put y réussir. Alors les ma gistrats craignant que les campagnards ne se joignent aux révoltés firent fermer les partes. Ces événements se dérou-lèrent alors que Marie de Hongrie était à la chasse. A son retour, ayant appris ce qui s' était passé, elle manifesta son mécontentement. La rebellion n'en continua pas moins pendant toute la nuit. Le lendemain. la gouvernante convoqua le conseilt les torporations et les métiers. Alors l'amman, Henri de Witthem, marcha contre les fauteurs de désordre et les dispersa. 14 ou 15 des plus violents furent enfermés à l'hötel de ville. L' émeute se serait bientöt calmée, si Marie n'avait pas demandé d'agir à son gré avec les prisonniers. Le peuple s'y opposa; il s'empara de l'hötel de ville et, si le seigneur de Beersel ne s'était pas soustrait à la vengeance des émeutiers, il raurait payé cher. Les rnagistrats aussi par... vinrent à s'é:chapper furtivement. Malgré cela, la révolte ne se caima pas et plus tard quelques Bruxellois furent décapités à rintervention de r amman. Ce fut seulement lorsque Charles-Quint
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Pierre tombale de Philippe de Witthem et d·An d H U dans tégli$e de Braine-tAlleud. ne e a ewyn
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intervint que tout rentra dans l'ordre. Peu de temps après, Henri de Witthem démissionna comme amman de la ville. En I 543, Ie seigneur de Beersel succéda à Adolphe V andernoot en quaHté de :ieute~ant de la suprême Cour féodale du Brabant. I1 conserva cette dignitê JUsqua sa mort. Henri eut un différend avec le fisc. On l'accusa de percevoir à Beersel les
ame~des et Ie droit de congé. Maïs il fut établi que cette aceusatien
11' était pas fondée. Par octroi du 28 mai I 549, il fut autorisé à élever une nouvelle potence. Henri IV de Witthem a été conseiller et chambellan de Charles,.,Quint. 11 mourut en I554 alors qu'il gouvernait le comté de Namur en !'absence du bailli en chef, le comte de Mansfeld. Sa femme Jeanne de Lannoy, ne lui donna qu'un enfant, Maximilien.
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OMME son père, ce seigneur était Beutenant des fiefs du Brabant. 11 épousa Gillette de Hallewyn, dame de Sebourcq, qui lui donna quatre enfants: Jean, dernier des Witthem de Beersel, qui hérita de la plupart des proprié!té~ de son père;
Anne, dame de Lannoy, qui épousa Jacques d'Ognies, seigneur d'Ittre; Jeanne; . , . ~ Marguerite qui devint chanomesse a Ntvelles. . , Maximilien de Witthem mourut en 1557, peu de temps après son pere. Jean de Coutereau, baron de Ja uche, lui succéda dans la dignité de lieutenant des fiefs du Brabant.
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HILIPPE II, fils de Charles--Quint, naguit en 1527. Avec lui commence pour Ia Belgique, jusqu'alors si opulente et si heureuse, une pédode funeste. En 1559, après les victoires de Saint...Quentin et de Gravelines,otl s'illustra le comte d'Egmont, il contraignit à un nouveau traité- Henri 11, roi de France, qui avait violé le traité conclu avec Charles-Quint. Bientöt après, il résolut de retouroer se fixer en Espagne et noroma gouvernante des Pays--Bas, la duchesse de Parme, Marguerite, à laquelle il recommanda PlllW PH Ir, no1 v'w;Mc:vn (t :>:J.'7~t5<JB) la stricte exécution des édits de sou père con..tre la Réforme. Guillaume de Nassau songe alors à anéantir la puissance espagnole dans sou pays. Une ligue appelée le "Compromis des Nobles" fut constituée, après des pourparlers à Spa, Breda, Bruxelles, par elivers seigneurs, dont ]EAN DE WIT,.. THEM, si:I:e de Beersel. Un acte d'union fut rédigé pour revendiquer la liberté religieuse et Ie maintien des privilèges du pays; eet acte célèbre se couvrit rapidement de signatures. Le 5 avri1 1566, environ 400 confédérés se rendirent au palais NMWJ'HRTTE vs PARz.Js (t S22·t 86) 5 de Bruxelles pour présenter à la gouvernante une requête demandant la suspension des édits contre les protestants jusqu'à la réunion des Etats généraux qui seraient priés de les reviser. 1
présence humiliante et onéreuse des troupes espagnoles en garnisou partout dans le p~ys. Philippe Il décida finalement de les retuer en 1561. . , Les nobles se plaignaient d' être évmces par des étrangers, notaroment Ie cardinal ?ran..velle, de leur influence dans les Conseils du Roi. Ch 1 Q . t D'autre part, les édits de ar es-- ~m pour réprimer la Réforme créaient une aglta,.... tion perpétuelle dans Ie pays, maïs Philippe II les rnaintint ( 1565) · Marguerite, impuissante à réprimer Ie. :nat est remplacée par le duc d'Albe, que Phihppe investit de toute son autorité. Ce soldat, cru~l et impitoyable, fait arrêter, condamner et exe-cuter les comtes d'Egmont et de H?rnes ( 1568); pUÏS il est rappelé et rempl~~e ~ar Requesens, sous lequel a lieu la Pacrfzcatwn
F. ALVARlîZ DE TOLBD8, DUC v'ALB8
(15o8-1582)
de Gand ( 157 6); ceJ.ui... ci a pour successeur , · rès des lu ttes habileDon Juan d'Autriche :te~~~ Alexa d;; ra;~:~itq~~n~Pla Belgique l'autorité ment dirigées et la pnse nv~fs . tr Elisabeth reine d' Angleterre, espagnole. L'an 1588, pf!lipf.t . éi~:~rc;.:d: que détr~isirent la tempête et la redoutable flotte app~ ee , nvz~~~ . éri e; les Pays.-Bas en souveraineté la flotte anglo-hollandmse; 1 an ' 11 g année à J'äge de d f'11 1 1 abelle et meurt 1a meme • . particulière en faveu~ _ e_ sa. e ; ~ a la Belgique reprendre haleine 72 ans, après en avou regne 43. a ~or 1aiss sous l'administration modérée des archtducs.
0 5 8
On rapporte qu'au cours de cette audience, Ie comte de Berlaimont aurait dit à la prin... cesse émue et inquiète : Ne craignez rien Madame, ce ne sont que des ngueux''. Ce propos désobligeant fut entendu et les li... gueurs adoptèrent cette épithète. La gouvernante Marguetite promit d'appuyer la requête et envoya deux gentilshom ... mes en Espagne, peur faire connaître au roi Philippe U 1' exacte situation dans la queUe se débattait Ie pays. Les Beiges protestaient aussi contre Ja
74 lU:lW !11' lO!I!If
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L'acceptation de cette fonction de grand. . veneur démontre que Jean de Wit,.. thern adhérait entièrement, tout au rnoins dans les débuts, à la cause de la liberté, en 1' occurrence celle de Guillaume le Taciturne. Lorsque la soldatesque espagnole s 'eropara d' Anvers et y cornrnit les mêfaits connus sous Ie norn de Furie espagnole ( 1576), Jean de Witthern, colonel des enseignes en mêrne temps que le cornte Philippe d'Egrnont, fut un des chefs qui essayèrent, rnais en vain; de protéger la ville. Chose étrange, et tandi·s que le 13 avril de cette année il se .trouvait parrui les principau:x seigneurs à la réunion des Etats . . Généraux tenue en la maison de ville de Bruxelles, Jean de Witthern ne continua pas à rester dans le parti des Gueux; il abandonna ses anciens amis. A cette époque, Philippe II aurait voulu unir Marguerite de Merode, marquise de Berg,.,op.. Zoorn, au comte d'Arenberg. D'autre part, l'archiduc Ferdinand, frère de Maximilieu II, convoitait ce riche parti pour son fils Charles d' Autriche. Voici Ie texte d'une curîeuse lettrede don Juan d'Autriche au roi Philippe II à ce sujet:
Mcffi re Jean de Witrhem B d B {; ·· de' . AHèmberghe' Braine 'seb~~~o- ;c ~ter dn~ Seigneur de Beerfel' Rbo" Brabant' par aéte donné p;r les P~elat~ &~ e~u~ur du Pa~s & Duché d~, reprefentants les Etats G~uerau:x de !a D 'h , edputeBs dbes Prov:rnces ,& villes' lf77· · · uc e e ra ant du 14" Decembrc
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Jean IJ be WJtthem
J
ECAN II DE WITTHEM descendait clone 1' . osselaer, fils naturel de Jean IJ d d B en ·lgne directe de Jean de ~. Ce fut un des gentilshommes les 'Ju uc .e rabant. ~p?que ou partout, en Europe, éc1atafents1~:Issants de son temps.Vivant à cette I~ JOua .un röle important dans les troubl duerelles et les guerres de religion, signa notaroment 1aLcte dUnion appelê ,.Compromis des N e~I ~~ Pays-~a.s. orsque, en 1576, après la mort de R o es et partiClpa a celui~ci. aux rnains des Etats ceux ,..· ~ ..equesens, le gouvernement était passé . . . • - ...I. representes par 1 "I vmces et des. villes avaient n é 1 • J es pre ats et d.ép.utês des pro~ omm e Sire ean d w· h B ra bant. par acte du 14 déc b , e Itt em grand-veneur de Philippe de GhiHenghien sei;:::ure d15~7. C est en cette qualité qu'il désigna fonctions de lieutenant de. la . r e r?melle et de Glabais, pour remplir les matson et venetie d B · f Jean van der Noot et Philippe d e D ongelberghe.e Oits ort; 1es gruyers furent
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Sire, "Le Baron de Polwiler,. lorsque f étais à Louvain, m' écrivit une lettre par laquelle il m' a ver,.. tissait que l'archiduc Ferdinand, son maître, lui avait écrit de sa propre main qu'il désirait que lui, de Polwiler, négociiit le mariage de son fils Charles avec la fille du seigneur de Merode et de Petersheim, et que, pour obéir au cammandement de son maître, il avait envoyé ttn gentilhomme au seigneur de Merode, afin de savoir son intention; que ledit seigneur ten avait remercié, disant qu' il en communiquerait a vee les parents de sa fille, et qu' ensuite îl donnerait réponse. nLe dit baron ajoutait que, quoiqu'il y en eut beaucoup qui sollicitassent la main de la demoiselle de Merode, il me priait de favoriser ceux de mon propre sang, préférablement aux autres. Je lui répondis qu'il attendit la réponse du seigneur de Merode, qrlensuife je verrais ce que je pourrais faire. "Non content de cela, Iedit baron m'a écrit de nouveau que, comme je suis en cette ville, et qae les parents de ladite dame ne tarderont pas à venir me voir, il me priait de bien vouloir tenir la main à la condusion du mariage avec le fils de son maître. uAyant considéré et pesé cette affaire, ayant réfléchi aassi que Votre Majesté m'a écrit que je favorisasse le mariage de ladite demoiselle avec le comte d'Arenberg, leqael, ni sa mère, ne le goûte beaucoup, à cause des grandes charges qu' il y a sar les biens dtt défunt marquis de Bergaes, dont ladite fille. du seigneur de Merode est héritière, et m' étant informé de ce qai se poarrait faire à eet égard, on m' a mis devant les yeux les maax qu' ont caasés à ces pays les alliances des princes étrangers, poar être venus à hérîter, dtt chef de leurs femmes, de grands biens en ces provinces, et à avoir autor:ité dans les Etats .,]'ai été conseillé, par ce motif, de ne pas favoriser les vues de l'archiduc, et de m'en excuser par quelque bon moyen., nle réponds, en conséquence, audit de Polwiler, que Votre Majesté m'a lié les mains, en m'écrivant poar un autre, dont il avait été qaestion aaparavant, et qa'il me déplaît de ne pOU* voir, par cette raison. m'employer selon les désirs de son maître. "De quoi il m' a para convenabie de donnet avis à Votre Majesté, afin qae, si I' on s'adresse à elle, elle sache ce qai s' est passé et réponde de même, me remettant toutefois à la bonne volonté de Votre Majesté." De Bruxelles, le 10 jain 1577. DON JUAN.
Mais parmi tous les prétendants qui sollîcitaient sa :main, Margueritè de Merode pré:féra Jean li de Witthern, seigneur de Beersel. qui, en 1578, s*unit à Marguerite qui avait hérité: de sa mère, Menda de Glimes ... Brabant; les terres de Walhain et de Braine...r Alleud, et de son oncle Jean, Ie Marquisat de Berg--
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op ... Zoom. Ces terres jointes à la fortune paternelle faisaient considérer Mar... guer-ite comme la plus riche héritière de son temps. On estirnait ses revenus à 100.000 thalers. Cette union avait doublé les immenses richesses des seigneurs de Beersel. •. D'après Ie cantrat de mariage des deux époux, qui fut rninuté par 1' écoutète et les échevins de Petersbern Je 12 décembre 1577, et appuyé par les conjoints Ie 5 février 1578, Ie revenu du seigneur de Beersel s'élevait à 16 ou 17.000 flo . . rins; quant à Marguerite, outre les biens. de Ia famille de Berghes dont elle entra en possession, elle devait succéder aux bîens de son père, sauf aux terres de Merode et de Petershem, que celui... ci entendait laisser à son fils Philippe, issu d'une seconde union. Les noces furent célébrées en grande pompe à Bruxelles; tous les gentilshommes éminents, les généraux de 1'armée des Etats, parmi lesquels Ie comte de Lalaing, chätelain de Gand, y assis.taient. EI1es avaient lieu précîsément au moment ou don Juan d'Autriche, Ie nouveau gou . . verneur', battait farmée des Etats à Gembloux. le 31 janvier 1578; aussi, un auteur .fait... il remarquer que ces noces furent, dans une certaine 1llesure, la cause de la défaite; la plupart des colonels s'étant rendus à Bruxelles pour prendre part aux fêtes nuptiales, ou, écrit un contemporain : "ils triomphaient, çà et là, en grandissimes banquets", Le 11 août 1578, Jean se rendit auprès du colJège communal de Bruxelles en compagnie des seigneurs de Champagny, de Hèze et de' Bassigny pour réclamer l'interdiction des prêches calvinistes. Cette démarche devait Ie rendre hostile aux yeux des fédérés. Possédant entre Bréda et Berg...op ... Zoorn Ie chäteau de Wouwe, 11 s'y réEugia et dernettra isolé jusqu'en 1581, année ou ii se posa ouvertement en adversaire du Taciturne. Les protestants lui firent payer chèrement cette volte. . face. En 1581, le pensionnaire van der Haghen, déiégué près des Etats ... Généraux, fut destitué pour avoir rendu visite au seigneur de Witthem. Pendant le siège de Bruxelles par Alexandre Harnèse, les soldats de la garnison se soulevèrent et exigèrent, à main armée, Ie paiement arriéré de leur solde. N'obtenant pas satisfaction, ils s~emparèrent du Palais, de la Maison du Roi et des dernettres des sires de Beersel et d'Egmont (22 octobre 1585). Jean de Witthern resta partisan des Espagnols jusqu'à sa mort, survenue en 1591. Avec lui s'éteignait Ie dernier descendant mäle d'une des plus puissantes maisons du duché de Brabant, et ses biens passèrent aux trois filles issues de son mariage avec Marguerite de Merode : 1o Marie... Mencie; zo Marguerite; 3(1 Ernestine. Illustre par son origine. illustre par ses alliancesf i1lustre par ses hauts faits, Ia Maison de Witthem fut un des types les plus remarquahles de la noblesse guerrière. Son histoire est cellede la féoda1ité; c'est cellede la noblesse dans les diverses transfortnations que les äges y ont apportées; elle se Iie êtreitement à I'histoire des ducs de Brabant. des ducs de Bourgogne, de la Maison d'Autriche, à I'histoire des Pays..Bas sous ses diverses dominations.
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sept~~ontaJn~s chateau ~€ B€€RS€l 1585 ..1606
QUELQUE di~tance ?'Alsembergeek~~:e~~:..~:~:~~~~:;:d::e:s~ des Sept---Fontaotnes, dependance d ' .' 11 xt'stait déJ'à un b . d''t s d ou son nom. e isolé, couvert de ms et e ang 1~ nom de die cluse van de Zeven ermitage, en ·1380, connu sous k h 1 . à l'église d'Ander... borren; lorsque Gilles de Breegeyc ' cl.. apde atn t •t 11 s'y installa . d onde Ie choisit pour teu . e re rat e. lecht, voulant se retlrer. ~ m ~t t a randit r ermitage existant. avec sept amis, construtslt des hu. es. e g é lise et un monastère ayant été Plus tard, à la suite de do~~ ~rmcters, .une, ~ous la juridiction de l'abbaye édifiés, la communauté fut engee en prteure,
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de Forest. . b cou de visiteurs princiers. En 1457, Le prieuré de Sept.-Fontatnes reç.ut eau p ès une querelle ave.c son fils . t otamment s y reposer apr 1 B Philippe e on vm n f I b 11 de Portugal : ils les avait quittés en ~~ e proie à un vif courroux; mais il s'y Charles Ie Téméraire et sadem~e désaccord et s' était élancé ans . a ~~e en
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perdit. ll finit par écho,uer au p~teure : araît---il; cette fois, la mère ayant pris Bon leur avait cédé la place pour Le père et Ie fils ~e s entenf~tler;-h~l~er:, violemment Ie partl de son l s, ~t d~PSoi nes.H et s'y égarer. . gd s époques glorieuses, notaroment aller calroer ses nerfs .dans la fore Le eauvent de Sept.-Fontaines a ~~nn~ e nnages illustres, entre autres aux 15e et 16~ siècles. 11 reçut la VlSlte e perso
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Charles.-Quint et Charles II d'Angleterre. Ch les ... Quint séjournant fréquem ... -Dès sa tendre jeunesse, nous retrouvons ar
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Sept.-Fontaines. . Ph·J· II venant de Gand, accompagnés d'une En 1540, Charles-QUI:'"t et .' lppe a visite du convent. Ils amenaient avec escorte nombreuse et, bnlla~te, f~ftntd1 toutes sortes. Les hötes illustres prirent eux 125 mulets charges de Vlct~at es e t La suite royale passa la nuit dans le 1eurs repas dans le réfectoire ud co~;en ~ l'Empereur donna une forte somme cloître et Ie matin, au momentF u :par 'C t argent devait servir à 1' érectîon de pièces d' or au prieur Jean reynters. e 582 Les rooines étant sans abri se dispersèrent des batiments cen~raux. . , Le eauvent fut tncendt: en 1 : • . h'""t u de BEERSEL, ou ils restèrent d'abord puis finirent p.ar etre recuet11ts au c: a ea pendant plus de vingt ans, de 1585 à 16062. Wauters, Histoire des environs de Brudxe~les, \ IIJ:entrée du chäteau. la niche trilobée dans Ce sont eux qui firent placer au...dessus e a por e laquelle il y avait un Saint..Augustin. 1
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territoire que ,,c'est peur le bien et repos desdits pays, et que c'est le vrai ,,chemin pour parvenir à une bonne et solide paix, et se délivrer d'une ennuyeuse "guerre, de laquelle ils ont été travaillés par un si long espace d'années; et "considérant, ce qu'à tous est notoire, que le plus grand bonheur est de se trouver régi et gouverné à la présence de son prince et seigneur naturel." Albert, qui avait pris les ordres ecdésiastiques, pour se marier ebtint des dis..penses du Saint. . Siège. Isabelle accompagna son époux à l'armée dans ses guerres contre les Hollandais; pendant Ie fameux siège ·d'Ostende, elle fit serment, dit.-on, de ne changer de linge qu'après la prise de cette place: maïs Ostende ayant tenu trois ans, tro.is :tnois et trois jours, Ie linge que portait cette princesse avait pris une nuance fauve à laquelle on donna Ie nom de eauleur lsabelle. Après la mort d'Albert, laquelle eut lieu en 1621, Isabelle gouv.erna seule pendant douze ans. Son union resta sans postérité; et si I' on doit s'en rapporter aux documents historiques nouvellement ·mis au jour, cette absence de postérité, prévue par le roi d'Espagne dans Ie traité réglant la cession des Pays . . Bas, aurait été une certitude acquise préalablement par Philippe lors des stipulations de réversion à la courenne au cas ou Albert et lsabelle décéderaient sans laisser d'enfants de leur mariage. La douceur, 1a prudence, l'équité, la piété d'Isabelle, l'ont rendue chère au peuple belg.e, et son nom n'a pas cessé d'être en vénération chez la nation qu'elle a rendue heureuse. Par une conduite à la fois ferme et modérée, elle sut concilier ce qu'elle devait à l'Espagne avec ce qu' elle devait au pays dont elle était appelée à régler les destinées. L'archiduc possédait les grandes qualités qui font les bons souverains; et l'archiduchesse ne lui cédait.en rien sous ce rapport. La Belgique prospéra sous leur gouverne. . ment. L' "Edit Général", loi respectée à juste titre, fut fouvrage de ce règne, sous lequel la jurisprudence fut réglée. Les sciences, les lettres et les arts fleurirent à l'envi et I' on compta dans la Belgique plusieurs hommes fameux par. leur érudition : Juste Lipse, du haut de sa chaire, donnait des leçons de philosophie à Albert et à Isabelle, et Rubens, des leçons de peinture au monde. .Ce fut une époque exceptionnelle dans l'histoire de la civilisation moderne. L'humanité semblait sortir d'un long sommeil, toutes les intelligences enfantaient de grandes choses. Les grands hommes de guerre coudoyaient les grands artis~ tes, de vaillantes épées brillaient à cöté d'illustres pinceaux. De grandes découvertes s' étaient accomplies dans Ie monde de la science : !'astronomie, la physique, s'étaient enrichies de faits nouveaux qui jetaient des faisceaux de lumière dans Ie chaos des idées du temps; Ie vieux monde s'en allait, et pour la première fois fhumanité se trouvait face à face avec les êter-nelles vérités qu'elle avait si longtemps cherchées en vain par les ténèb.res de la scolastique et d'une science fanatique. L'importance de l'imptimerie, en pleine évolution, se manifestait puissamment à cette époque de lutte incessante et de rénovation générale: religion. philoso . . phie, littérature. politique, trouvaient dans la presse des tnoyens inédits de diffusion et de défense. 11
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tes aRchrbucs atBeRt et rsaBeUe 1598-1621 SABELLE D'AUTRICHE, née en 1566 f"ll ,. ~ . .. d'Espagne, et d'Elisabeth de France fut d'a~o;d ~~e~ ~e Philippe II, roi . estgnee ~ar so~ père, au mépris de la Ioi saliquel pour succéder à branche de Valais : Isabelle revendi uait . ~enrt dernxer pnnce de la au préJ'udice du rot' de N Hq sa qua tté de nxece de ce roi de France . avarre ( enri IV) hé 't' ' Quand Phil' II d .. • rx ter par 1a 1xgne masculine . tppe ut renoneer a cette p "te t · .1 d · pour épouse à Albert. archiduc d'Aut . h r~. ~·ia~ xI' onna. en 1598, Isabelle 1 rxc e, s e e:tnpereur Maximilien IL et lui constitua en dot ave"" le • '" consentement des "t t la . Pays-Bas et la F.ranche... Comté PhT .. d' I' e ~ s, . souveratneté des 1 tppe • tt à occasiOn de cette cession de
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A noblesse joua un grand rö1e au 16e siècle. A cette époque, elle reprend 1' ascendant que la politique des rois lui avait fait perdre depuis le moyen äge. Un revirement se produisit: les souverains ont besoin d' elle; à leur tour, ils sont affaiblis. La guerre est devenue en Europe un mal endémique. 11 faut, pour soutenir Je fardeau onéreux des troupes mercenaires, Ie secours des grands vassaux, de leur fortune, de leur influence et pour payer Ieurs services, faute d'argent, les cambier d'honneurs et de titres, fermer les yeux sur les libertês qu'ils s'accordent. L'organisation militaire, si dêfectueuse, est Ia principale. cause de cette puis.sance renaissante. Les soldats se vendent au plus offrant; il faut, pour tirer parti de pareilles troupes, les encadrer cl 'officiers de choix : la noblesse les fournira. Elle devient, par cela même, Ie plus sûr appui du souverain et elle comprend les avantages de cette situation. Et cependant ce monde batailleur et hautain est loin de ressembler à ces barbares dont ils ont repris certains cótés des mreurs. Ces gentilshommes sant charmants. Avec la cuirasse ensanglantêe, ils ont dêposé la violence et, sous Ie velours et la dentelle, ce ne sant plus que de spirituels causeurs, d'aimables érudits, des amateurs délicats de beaux arts. Ils jouent du Iuth, ils camposent des sonnets, ils discutent un mot, une idée avec toutes les subtilitês du sentiment, de la politesse raffinée. Ils sant grands chercheurs de curiosités, de raretés, de belles choses. Ils ont des salons et des galeries dont iJs se font gloire; 1eurs hotels sont remplis de somptueuses tapisseries, de tableaux, de sculptures, de meubles de grand prix. Le développement de !'art en Belgique, à cette époque, montre combien généreux étaient alors les mécènes et quel élan ils lui donnèrent en dépit des circonstances difficiles ou se trouvait le pays. Les sciences sant également estimées. Les arcbiclues Albert et Isabelle les protègent et s'y intéressent autant que leurs grands vassaux. On se fait un honneur d ·assist er aux concours organisês par les Jésuites, aux leçons de Juste Lipse, aux expériences scientifiques. Les relations mondaines s' affinent; on se réunit souvent, on donne des hals, des goûters, des fêtes aussi splendides que bien ordonnées. Avec rarrivée d'Isabeiie, en 1599, aux Pays ...Bas, Bruxelles devient un c:entre brillant et animé, comme jamais la Belgique n'en avait possédé encore. 1
Ia ..comtesse de o·après Bruxelles 1904. Marie de VilJennont: }e duc et la duchesse de Bournonville et la cour
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~ vie d'Albert et Isabelle se partageait dans les trois belles résidences de Martemont, de Tervueren et du palais de Bruxelles. Tervueren leur plaisait à cause de sa proximité de Bruxelles et de ses belles chasses. Isabelle préférait cepen~ant ~ariemont, dont les beaux ombrages, les eaux vives, le chäteau grandtose .lm rappel~ient peut,...être davantage les belles résidences d'Espagne. Toutefots .les obh~ati?n~ du gouvernement les rappelaient plus eneare à Bruxelles qm ~evena1t amst la capitale de la Belgique. , Autour d~s Jeunes souverains envoyés par fEspagne peur ramener en Bel,.. gtque Ia patx et la prospérité, se groupe tout de suite une cour formée de Ia noblesse du ~p~~s ~urtout, p~eine d'espérance en l'avenir du nouveau règne, fermement dectdee a donner a la dynastie qui se fonde, une absolue fidélité. Albert avait ~un ~oût très v~f p~ur Ia l~cture et pour I' étude, spécia1ement pour celle des mathemattques. n atmait la pelnture, et ·il avait enrichi d'ceuvres d'art s~s palai~ de !3rux~lles,. de Tervueren et de Mariemont. - Ces princes étaient dun ac~e~ tres facde; lls prenaient part aux fêtes populaires, se mêlaient à Ja bourgems1e1 .et on vit lsabelle abattre l'oiseau dans un concours d'arbalétriers du Grand ... Serment à Bruxelles. Quoiq~e Ia modestie et la piété ne cessassent pas de tégner dans la conduite ~es archtducs,. leur cour majestueuse et brilJante rappelait parfois les beaux JOurs de Ia matsen de Bourgogne. Isabe11e, supérieure à son mari pour l'intelli-gen~: et le caractère, était aussi beaucoup plus aimée que l'archiduc, dont Jes mant:res grav~s. :t~ réservée~ rapp.eJaient un peu trap Philippe II. Helas, la sterthte du martage ·d Albert et d'Isabelle fut le motif pour 1 · , . , a cour d 'Espagne, d e reprendre 1anc1enn.e et maJadroite politique. A la mort d 'Albert ( 1621 ) l' archiduchesse Isabelle ne fut plus pour sen n~v:u ~hilîppe IV, roi d'Espagne, qu'une gouvernante, dont chaque jour iJ dtmmualt les pouvoirs. . C'est alors ~ue les grands seigneurs des Pays... Bas, frustrés ·dans leur patrio ... tique espoir d une Belgique libre, se voyant humiliés et {lbaissés journeHement par les nobles e~pagnols redevenus possesseurs de toutes les places, manifestè-- . rent une mauvatse humeur et une impatience toute naturelle. L'hïstoire de cette Jutte entre le devoir et les aspirations à l'indépendance est . une époque tragique de nos annales. .Exaspérés par 1'ineptie et I' arrogance des EspagnoJs, plusieurs grands setgneurs beige~ se !aissère~t all~r à un complot peur secouer Ie joug de l'Es ... P~~ne et pour e~abhr une republxque catholique. Le complot avorta et c'est au mtheu de ces tnstes conjonctures que la noble archiduchesse expira en 1633, ~mportant dans la tombe l'avenir et les espérances des Belges. Elle fut inhumée a Bruxelles, dans réglise de Sainte.. Gudule, auprès de son époux. La fill.e de ~hilippe II eut désiré être ensevelie avec les mêmes honneurs que son mart, ma1s ce vceu ne put être exaucê, les frais des funéraifles d'Albert ayant été si énormes que Ie Trésor, après 12 ans, n'était pas eneare parvenu à les couvrir integralement A.insi se termina ~ans éclat un règne souvent représenté comme un des plus glorxeux de notre htstoire.
Entrez clone seurement dans Brabant la province Joyeuse d'embrasser la Princesse et sou Prince.
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OYEUSE--ENTREE ! cri de fête et de liberté; évocation de la pompe des cours, du luxe des seigneurs et bourgeois, des bombances et ripailles popu ... laires; souvenirs, à la fois, d'äpres efforts, cambats meurtrîers, résistances opiniàtres, assauts ardents et d'abandons forcés, reetil du despotisme, conces ... sions pénibles, défaites du pouvoir persounel vaincu par la coalition du nombre. Le peuple festoie en l'honneur d'un nouveau prince qui lui vient et s'impose; il rit pour assurer sa confiance; il attend nerveusement la confirma tien, 1' ex ten"" tion ou l'observance de franchises. Ne les a..-t.. il pas gagnées, une par une, à travers des siècles trap lents? Peur elles coulèrent la sueur des fronts et Ie meilleur du sang. Pour elles s'usèrent les farces et se vidèrent les escarcelles. Sans doute, il renouvellera, en échange, des serments de fidélité, mais il s'épa,.. nouit à l'espoir d*un sort plus doux, d'une paix longue, d'une proteetion persévérante qui faciliteront la rémunération et les débouchés du travail. Emu, il chante; conquis par l'impression du moment, il jubile et acclame. I1 boira et mangera boissons et victuailles; il participera, quelques jours, à la vie facile . De bruit, clameurs, couleurs et vins, par la vue, Ie goût et l'ouïe, il s'enivrera à cette étape qui Ie fascine comme un mirage et repartira, aux lendemains, avec vaillance, Ie long des chemins de la vie. "Joyeuse... entrée"! accouplement prestigieux de mots à !'allure débonnaire d'urte médaille. L'avers est. triorophal avec ses fleurs et cortèges, le cliquetis des sabres, r éclat des mousquets et des bombardes, r élégance des cours et des chäteaux, la majesté des églises et des pontifes, la poussée enthousiaste des foules, l'hospitalité ostentatoire des bourgeois dodus, I'importance des artistes maîtres ès ...métiers, l'autorité solennelle des magistrats, rorgueil des villes, 1' abondance de leurs trésors, greniers et celliers. Le revers rappelle fermement r amour effréné de l'humanité pour la liberté, les mystères de la diplomatie gouvernementale, la trêve momentanée entre les pouvoirs souverain et commu... nat rhommage à un grand de la terre dont on attend du bien. u}oyeuse. . entrée.,! terroe politique et réjouissant, puisqu'il signifie la consti,.. tution octroyée par un prince ou confirmée par lui à son avènement, à son entrêe dans ses Etats, et les cérémonies qui entouraient ses engagements solennels, puisqu'il indique l'ensemble des privilèges qui permettrant à ses 1
D'après A. Th. Rouvez .. Soit: .. Noët 1909.
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sujets ou aux bourgeois d'une citê de tl·availler plus librement, de gagner plus aisément leur vie, de se développer et enrichir plus rapidement et auss11es tëtes et guindailles qui entouraient la reconnaissance de ces avantages. Voici Ie protoeale général d'une joyeuse entrée dans les Pays... Bas: Le prince gagnait, avec sa .cour, la capitale de ses Etats et s'arrêtait aux partes de la ville, ou venaient Ie saluerJ au milieu d'un concours immense de population, Ie clergé, les officiers et le rnagistrat de la commune. Parfois une estrade décorative était imposée pour cette réception, souvent une chapelle, une abbaye érigée aux portes de la cité devenaient traditionnellement Ie lieu de rendez.-vous. Après Ie baisement du crucifix, 1' évêque haranguait le prince au nom du clergé; les maïeurs déposaient entre ses ma-ins la verge rouge de justice, emblème de leurs charges; le premier bourgmestre lui oHrait les defs de la ville et Je grand pensionnaire prononçait un discours au nom de toutes les magistratures locales. Le Prince remerciait et rendait à chacun les insignes de 1 ses pouvoirs. Il ·entrait ensuite dans I' enceinte de la ville au milieu des fanfares> des salves de mousqueterie, des cris de fêtes, entouré du mag,istrat, de la cour, de ses conseils, des membres des Etats ... Généraux, qui dans Ie Brabant suivaient à cheval. Le prince marchait parfois sous un baldaquin, les échevins qui por..taient celui--ei étaient, par Ie fait même, ·ennoblis. Sa première dêmarche était réservée à r église principale; il était conduit processionnellement au chreur OU, après les prières et ·cérémonies religieuses, le prince jurait de défendre les libertés et privilèges des églises de son pays. Le cortège se reformait pour se rendre sur la place publique, ou s' alignait la façade de I'hötel de ville. 11 prenait piace sur une estrade; son chancelier déclarait que Ie prince allait jurer sa joyeuse entrêe et, comme rien n'est fort nouveau dans les villes flamandes, il lisait Ie texte flamand, le traduisait en français, ainsi qu'il est fait pour nos lois contemporaines. Le prince répétait le texte. II prêtait Ie serment aux barons, nobles. villes et franchises de oleur être bon et léal seigneur, de ne pas les traiter arbitrairement ni par voies qe fait, mais en droit et en justice et d'après leurs privilègesl'. Dans le Brabant, on Ie revêtait ensuite d'un manteau cramoisi, fourré d'her-mine, et du chaperon ducal. Les Etats prêtaient Ie serment de fidélité, les fan ... fares éclataient, les acdamations partaient en fusée et la fou1e criait à tue.. tête: uVive le Prince! Vive Ie Duc! Vive le Roi !" La ,.joyeuse entrée" politique était terminée, il restait eneare la "joyeuse entrée" festoyante. Les discours se succédaient, les odes en vers latins, fiamands et français étaient lus. Les savants et hommes de lettres locaux imposaient leurs dithyrambes et les chambres de rhêtorique sévissaient; des allégories dramati.. ques se déroulaient longuement. Le prince assistait à tout et devait être fort fatigué 1orsqu'après de savantes pérêgrinations dans les quartiers de la ville, il arrivait aux portes de son palais. Stil voulait s'y reposer, les pétarades des mousquets. les bombes, les feux d'artifice, les sonneries de trompettes ne lui permettaient guère de goûter d'un sommeil têparateur. Pour les joyeuses entrées le peuple, épris de fêtes luxueuses; s'entendait avec la noblesse et le clergé. Les chevaliers s'attifaient de costumes riches et s'en... 86
E · .. Belgique en 1599. A cette occasion, L'Infante Isabelle fit sa ,.Joyeuse ntreÏqu!~ vers et dessina en tête le portrait de François de Mont~orency ~ue t quelques hommes à sa suite. Ci...dessus la princesse, mentee sur sl~ ;:;,r~d~~·ti;n de ce
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touraient de pages coquets, d'hommes d'armes, de porteurs de torches. Le clergé sortait des églises ses trésors artistiques, ses ornements somptueux. Le peuple parait les rues de tapis et d' étoffes soyeuses; les façades des maisons se couvraient de banderolles de couleur, de feuilles d'or et d'argent que les rayons du soleil enflammaient. lei des fleurs jonchaient Ie sol, là des forêts artificielles formaient parure; des chars allégoriques parcouraient les rues, des arcs de triomphe s'élevaient à chaque carrefour et les plus grands artistes, tel Rubens, coopéraient à 1' ornementation de la ville. Des fontaines laissaient couler dans leurs vasques Ie vin et !'hydromel que Ie peuple venait boire; des banquets s'organisaient dans chaque quartier sur la voie publique. L'un d'eux, à Louvain, demanda 300 cuisiniers, 60 panetiers, 80 échansons. Le soir, les illuminations continuaient la fête : à Bruxelles l'hötel de ville flamboyait jusqu' à la statue qui Ie couronne. Le prince passait sous tous les arcs de triomphe, y écoutait l'ode du quartier, s'arrêtait aux estrades avec tableaux vivants qui les reliaient, entendait ainsi des persannages mythologiques qui proclamaient sa gloire et présentaient sous la forme poétique tantöt des sollicitations, tantöt des désirs, tantöt des plaintes ou satires. C' était Ie franc parler du peuple ! Les conseillers du souverain écoutaient des deux oreilles pour bien renseigner leur maître sur 1' état des esprits et en tirer profit dans l'avenir. Le peuple buvait, ripaillait, festoyait dix jours durant. Il rötissait des oi~~~, des porcs, des chapons, des perdrix et des peulets en pleine rue aux feux de joie; la continuité du bruit était assurée par les armes, les trompettes, les tam,.. bours, les fanfares, les cris, les cantates et les feux d'artifice dans la nuit tenaient éveillés les bonnes gens habitués aux ordres impératifs du couvre..-feu. ;Tout cela coûtait gros: la dépense de la joyeuse entrée de Philippe le Bon à Louvain se monta à 60,000 mark. Mais Ie peuple y allait de tout creur et offrait eneere des cadeaux au prince: les archiducs Albert et Isabelle reçurent de la ville de Mons six pièces de vin. A partir de Philippe IV les cérémonies de joyeuses entréc:_s furent simplifiées aux Pays ... Bas. L'inauguration des archiducs Albert et Isabelle fut l'une des rlernières oit se déploya la pompe traditionnelle. Les archiducs furent reçus solenneHement à Bruxelles le 5 septembre 1599; du mois de septembre de Ia même année au mois de mars 1600 ils visitèrent les villes de Louvain, Malines, Termonde, Gand, Courtrai, Lille, Douai, Arras, Cambrai, Valenciennes, Mons, Binche et Bois ... Je...Duc. Résumer ici, même en court aperçu, les fêtes qui signalèrent la joyeuse entrée dans chacune de ces villes est impossible. V oici cependant quelques détails. A Bruxelles, les rnagistrats attendirent les archiducs et leur cour à la porte de Louvain, vers 1 heure de faprès ...midi. 11 était 3 heures lorsque les souverains reçurent les congratulations d'usage et entendirent un discours latin du pen ... sionnaire de la ville. Dans la rue de Louvain ils passèrent sous un are de triomphe; près du jardin du prince des persannages allégoriques occupaient un théätre et chantaient une cantate en l'honneur des archiducs; il en était de même à un petit théätre érigé au cimetière de Sainte.. Gudule. A réglise collégiale rarchevêque de Malines reçut les princes et les complimenta. Sur tout le par-88
rtège s' élevaient des arcs de triomphe avec figures allégori~ues B p t d 1·nscript10ns artou es laudatives et des chronogrammes. En vo1c1 un:
cours du Co
rep~ésentant riotamment les provinces d:s. Pays-- as.
LUX IsabeLLa tlbl BrUXeLLre ALBerte r~fULslt , QUinto septeMbrls BeLglqUa Lretltla. · ' t ~ d l'hötel de ville était magnifiquement ornée; après avoir parco~ru d · urent se retlrer L en ree e la ville, entendu cantates, odes, poésies, iscours, 1es prlnces p en leur palais et chacun s'en fut à la fête. · 1 rofusion des arcs de .d · A Anvers la réception fut splendl e, surtout par ~ p d h t I' abon,... triomphe, la richesse des théätres (plus de 30), la hardlesse es c ars e dance des illuminations. V oici un échantillon de la poésie française débitée à Lille : Que veulent tous ces lys dont 1' ar gent radieux . ? Nous faict vair en biver un printemps grac1eux · Prince, c' est votre avril qui l'hiver mesroe efface, Et l'éternel printemps dont fleurit votre race.
Comme les lys du del à la France donnez Jadis de vostre mère ont le front entournez Ainsy, Princesse, ainsy souffrez que la couronne Du lys de vos lylois Ie chef vous environne.
Les siècles nous séparent de ces temps de luxe. La coutume des joyeuses"' entrées et des fêtes allégoriques ne s' est pas pe.rdue. . . aille et liesse''. Alors et aujourd'hui, ce sont taujours "~~umenes, sonnerles, rlp Nous restons nous,....mêmes, de corps et dame.
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ARIE... MENCIE, fille aînée de Jean II de Witthem, devint marquise de Berg . . op--Zoom, comtesse de Walhain, dame ·de Perwez, GheeL Wavre, Braine.-I'Alleud, Beersel. etc. C'était un parti riche. Aussi fut ... elle demandée en mariage par un des plus puissants gentilshommes de l'époque, Herman, comte de 's Heerenberg, gouverneur du Duché de Gueldre, né Ie 2 août 1558. La souveraineté de 's Heerenberg est célèbre aux Pays . . Bas oû l'on rencontre de glorieux souvenirs de la puissance des ancêtres de cette famille. A Leyde c'est le chäteau des Burgraves, dont !'origine se perd dans la nuit des temps et se confond avec celle de ses andens possesseurs. En Gueldre, ce ne sont que donjons et manoirs, dépendant autrefois du ,.Comté-Souverain de 's Hee.. renberg", dont un descendant des Wassenaer.-Polanen hérita au 15"' siècle. Dans le Brabant septentrional, à Bréda, ce sont les magnifiques tombes des Polanen et des Nassau, qui rappeilent l'extraction de la famille de Breda des anciens barons de la cité, et en même temps son alliance avec la Maison Royale d'Orange-Nassau. II n'est, pour ainsi dire pas de livre traitant de l'histoire des Pays... Bas, ou l'en ne voit figurer à une page glorieuse un de ces noms: Was ... senaer, Polanen, 's Reerenberg 1 • Herman était comte de Berg, sire de Wisch. de Homoet. de Bylant. de Spalbeek. chevalier de la Toison d'Or. De son mariage~ en 1602. avec Marie... Mende de Witthem, naquit une fille unique: Marie-Elisabeth. Herman mourut à Spa. oit il était allê faire inutilement une cure. Ie 12 août 1611. 1 's Hetrenberg ou .. des hetren berg.. signifie ..montagne des seigneurs... Certains membres de cette familie ont été appelés : Comte de Berg ou vandenberg.
90 91
Après un, an de veuvage, Marie... Menci.e contracta mariage avec Guillaum.e de Melun, prince d'Epinoy, connétable de Flandre, grand Bailli du Hainaut, riche héri.chevalier de la Toison d'Or. La jeune veuve apportait à son m.ari tage de Berg.-op... Zoom. Mais la satisfaction donnée par cette union à la familie de Melun ne fut que passagère, car Marie. . . Mencie mourut en couches un an après (1613). .
tes cusance
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Toutefois, comme en ce temps ou Ia guerre fauchait les gentilshommes, on tenait à assurer Ia continuité de sa lignée avant toute autre considération, Guillaume de Melun chercha une autre femme et la trouva par une union avec Ernestine, princesse--cor.atesse d'Arenherg, dite JtMademoiselle d'Arschof', née à Bruxelles, Ie 31 octobre 1589. Le mariage eut lieu dans la chapelle de la cour de Bruxelles, Ie 13 novembre 1615. Vingt ans après Ie Prince d'Epinoy mourut. Ernestine d'Arenherg décéda en 1653. Marie. . Elisabeth, fille de Marie.-Mencie et du comte Herman, seule héritière de ses parents, devint ainsi dame de Beersel, sous la tutelle de ses oncles Fré~ déric et Henri. Elle épousa, en 1615, son cousin germain, Ie comte Albert 's Heerenberg. C'est à cette époque que des travaux d'embellissement furent effectués aux pignons et toitures des trois tours du chäteau de Beersel, dans Ie styie du 17e siècle, ainsi que Ie rappelle la date de 1 6 1 7 , en fer forgé, p1acée sur Ie pignon de la tour d'entrée. Marie..-Elisabeth m.ourut, sans prospérité, en 1633. Après un long procès de famille, tous ses biens échurent finalement à sa tante Ernestine de Witthem. Albert se remaria avec Madeleine . comtesse de Champlitte, dont il eut deux enfants. Il mourut en 1675.
€QO€Sttn€ öe wttthem f"ll dette de Jean ll, hérita du mar,.. RNESTINE DE WITTHEM,. 1 de ~erwez des seigneuries de Boesin--q uisat de Sebourg, de la baro~me e e , Elle choisit pour époux. un H et d autres encor . gen, Escandeuvre, ove C . baron de Beauvoir. Bourguignon : Claude,..François de ~san~eClériade, Jean, Béatrice, Madeleine Cinq enfants naquirent de ce manage. .
E
et Diele. ' cl' 1 haut tous les biens appartenant à Marle,.. Comme nous 1 avons tt pus , E' t' ~ ~ mort a rnes tne. Elisabeth, passerent, a pres sa . ~ dans 1' église Sainte.-Gudule, a. Bruxe1.. Celle..-d mourut en 1649 et fut m umee
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Witthe~,
les. Voîci son épitaphe :
. ame madame Ernestine de Cy est la sépulture de haute et p~ssa~;equ1se d~ Bergues, comtesse de WBalh~m, . nt baronne de Beauvots, en son vtva t dm me de p erwez, Cusance • Wavre, . 49rame.. vicomtesse de Sebourg, barlonnell: tr:passa à Bruxelles, le 24 janvler 16 . 1' Alleud, Beersel, etc., aque
c maRGU€Rit€ Ö€ Wltthem
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I Marguerite de Witthem, ni ses descendants ne possédèrent effective... ment Ie chäteau de Beersel. Après la mort de son père, la baronnie de Bautersem lui échut comme héritage. Elle était mariée à Henri de ~s Heerenberg, baron de Hedel. seigneur de SteEfensweert et d'Ulft. De cette union naquirent deux enfants : Gui11aume..-Oswald. qui mourut très jeune. Isabelle, qui s'allia en 1641 à Frédéric~ comte de Hohenzo1Iern~
' . - titre d'héritage, les seigneuries d~ Bee~sel, Béatrice, fille cl Ernestlne, reçut a E 1635 elle devint 1' épouse d Bugene-de Braine--l'Alleud et d'autres en~ore. nd V'l,leneuve Chantonay, Granvelle, C e t ' Léopold, comte de an t ecroy, setgneur d de Nicelas Perrenot, seigneur d e G.ran,.. etc. Ce elievalier était un desce~ a~ t de Granvelle, bien connu dans veile, neveu du Cardinal Antome erreno l'histoire de notre pays. a rès son mariage. Mais Eugène... Léopold mourut p:u pa en secondes noces, Charles IV, duc En 1637, Béatrice de Cusanc:lepdous •l'h'stoire .de Francede l'époque. 1 . · un grandroe · de Vau..de Lorratne, qUl· JOUa L . .ansun fils: Charles--Henn,· prmce Béatrice 1 donna au duc de orral:ne .. . agnole et une fille : Anne, com ... ~ , 1 de cavalerie dans armee esp demont, genera L· 1 b nne tesse. et plus tard princesse de IS~~ ..o r. Charles IV, duc de Lorraine, et sa Le 16 J'uin 1649, BEERSEL fut ce .e pHa . tt sreur du duc. Toutefois, les à Mane..- enr1e e. ~ , 1 d C femtne Béatrice e ~sance Walhain, Gheel. etc., resterent a a dotnaines de Braine... l Alleud, Wavre, t
Maison de Lorraine. 92
l
h 1 U e cause célèbre au 17,.
. Au sujet de Béatnce, consult".. r .· Ph . Maréc a • " n
!>h~cle". 93
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u.~~:,:~ ~arie &.e1j>. ]et1t1U~erJet.,; · mmge tils de· Godeûoy~ 1470·.. . . ..
!)~ 1• IMJ. - Fredric Sire de 'o/ittheru Iean Sire ·de Wit~ l'v.!aroîch~tl hered~raire qe tllem,Hollt\(en., ':Val~ Ltmböurë·. vèndJt 'Wit• wib·è Machelen· &c them eu 1 au \466. à Tbie.w DroÏfard deFau, rydefallantfo~lonole S•. mant. efp.r41 g, Mar. . / de \:Vt.lde·u.berg. tl cfp..A.·ugar~te de PaUant fille »~. Rogmans Dama ® ae Wetuier il mou~ BrJ~açrden_, fureutçlcpu1s rut ~443· gif! a.u.X. f~t.. fepard.:S pru: Juges 1488•. ·.··.. ·. . . .· ·.:.·.·.·..'. <.i.,fi.f:;~.~ copms à Maeiliicht. r d' . • . .. ' )'· •l;i\',)';;Y ~~ · · ean .· ~. Wltthem &tref· . ''·'~ ç'l Herman de Witthem d'Ifiche èfP. Ienlle .B~·cx . . ' . . , ·.. " ~} :4 WITT HEM. Clmtlelain de Dael.. ~utaptes.cfp. Wil14lume .Ieatl®Witthem~. :. ;....1 rDr~ r .lir!t. hc.•m 1438• t Serclas 1489. ., · , '·' ,, :Î Fille, Wemier de Wittltemefp. fWar;ie Seoefd1a! de Ma..rlc tillc de Li(!bcrt d~ll/.lll~.r cDGulpettCiiwÇe . Brabant crp. 1, Hulsberge. · lll e · aethçm lliQlf ·• 1 fH'• · • Catharine Hoé · · ·· vnr1 HocnsMarie de Witthetn efp. · btocc fille de Amou de· Goor S. de · • Herman 2..cfp. t:Ieel~ · . . r 37S'· Marie de ..,. B'ettry de Wit StaHeDamede FtlleDamc. de Nedt)rb<i. deBecrtelè, ·Beerfere, Hel~ D~t ~ /ill. ven, Ruysbrouck.; ~c IEAN DlCT VAN CoassE~ lebeke, Wo- Henry de Witthem [ . l.ièr lil~· .l~Q~~ LAl!R îils Bat1:ard de Jean luwe , Ruys- S.deBeerfele efp. r. Margarete <Ie Wittbem :&utet~nt.IfÜ:. U. Duc de Brabant fut 8. brouck, &c. i1 Catharine Dame dé 1198. "o .May Henry béian de Je SFQtW e de Witthem; W11ilwjJrc; vivoit encor Berché, RanQ,&e. 2 • dëheffaert de Merode S. d•Arkenues, ptdc.;Re~ . Machelcm, «c. efp. J, Ca- ~398. efp. r'f06. JY,làrgarete eHeJ:nctsba<:h. floufeYäl, JfJllh~ «ûl tb«dne de Holfict. l. A- Margarete de d'Engien, Havrcch · mour•ut ~ , melberge de Duvetwotde \Vir:t'hem ~rp./Dame de Bratno-at!tDu'J../i!l. ., gflfentà folo. fiHe du 51re d'Oillerbout, Ic:tnS.deSom- Ieu, Piacenoft,&c.il Henry'de Witthem S. de · il vivoirencort:3581 l370· breffe. treipallà 144+ ettc Becrfele, Braîne, Ruys· Elle e.ijl, apr~ .Ûl mort. . , I44.f· glffent à)X:(!r- broee,l)lnceuoit1 &c.e!p. .·. At:nou <ie Mehn Chalte- Du 't. MI. fele. 1438. IacqueJiae de Gli- lenn .Advoné de Q!;vu, lain dl! Tervetaren Chlr, Henry deWit. mesfillcdql®n&deleL1- I46f. av:cquiellevivelt 13So. tllem Sire de Jy.fargar~te efp. EC. ne de Bantershem Dn.tne llót(l png. 369· f!autershem , ~~eoneStred~lttte. de. ~erges. & de Grfmb.er· Gallel , &c. ge d mourur I.tff4- eHè I3~f.e(p.Mnr- acqucs. · ltfÓl.gl.tfentàBecrfele., ltt~queli.na de W'$Jh ga.nce de Mei~ · e!P. Philippe dtrOW~ dcrt , -cllc cîp. Infpatïnede Witthem erp. SlredeLoupol~,_ :~.. Willaumede r;~;:ro. PbiHppe Hinckae:rt Ranf! fils de Vrcomte de le .Ft!t.re &.
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U 17(' siècle, à Bruxelles, les hotels des grandes familles étalaient ~n~ magnificenc_e qui semblerait presque fabuleuse si les preuves n'en eta1ent~ accuroulees dans tous les récits. C'est ainsi que nous voyons Ie rnareehal de Merode mettre en réquisition cinq cents chariots pour tra~~ porter ses meubles en W estphalie. Le faste des équipages était re~arquable; I eclat des appartements y répondait, et les fêtes, ou se réunissalt la haute société, Ie cédait à peine à celles des cours. Le jeu, ce luxe sans gran~eur et sans prestige, étai·t favorisé par la mode et par l'exemple des princes. A~ss.I les tables se couvraient--elles d' or, que le hasard ou que1que fois l'adresse f~·1sa1en_t passe: au plus heureux ou au plus habile. Bruxelles renfermait huit ou d1x matsons VIVant sur ce pied de splendeur, et une foule d'autres du second e: du troisiè:Ue ordre, et ,c'étaient ce.s families seigneuriales qui donnaient à Ia vdl~, malgre to~s ~es desastres qu e1le avait essuyés, la physionomié d'une cap1.t~le. Les memotres de .cette époque Ia camparent aux quartiers de Paris habite~ par la ~oblesse, et s aceordent à louer les agréments qu' elle offrait. ~ms les mmsons de la bourgeoisie avaient peu d'apparence, et ne valaient P.as a beaucoup près celles de Gand ou d'Anvers. Telle .est du moins l'impres.Sl?n .que nous ont laissée les voyageurs de ce temps, et nous les trouvons eneare decntes avec quelque mépris par un auteur de r époque suivante. . . t;La plupart, dit...H, sant obscures et humides; plusieurs enduites au dehors d une couch:_ de blanc ou de rouge, à la façon des auberges de villages. D'ail-Ieurs les fe~etres :n sont si petites, les vitrages à losanges si garnis de plombt I:s _volets SI charges de ferrailles, les barres de fer si prodiguées partout, qu'ex.. ter1eurement e11es ressemblent à des prisons, et sont à peu près telles au dedans 1 •
Cepen~a~t 1~ po?ulatio~ de Bruxelles était restée considérable. Les témoigna-ge~ des ecr~vams ~ ce SUJet sant unanimes, et l'on vit en 1654, à l'entrée du prxnce Ferdmand d Espagne, huit mille bourgeois qui formaient la milice urbaine se porter à sa :encontre en équipage de guerre, et 1e saluer de plusieurs salve~ de mousqueter1e dont la précîsion merveiHeuse eût fait honneur à de vieux soldats. . Au
n:ilie~ ,m~me des .désastres de la guerre qui épuisait la Belgique. quelques
tn~ustrxes . s etatent matntenues dans la capitale et surtout celle des armuriers qUI .forma1ent al~rs Ie métier principal. Nulle part on ne savait mieux fourbir et ctseier une cu1rasse ou un casque, et Henri IV lui-même, quoique 1'ennemi
Je plus redoutable de la puissance espagnole. portait une armure achetée à
Bruxelles. 1
Cantillon: Délkes du Brabant, t. Il. p. 35.
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Les tapisseries de cette ville, ses camelots, ses dentelles, étaient eneare recherchés dans teute l'Europe. Elle trouvait aussi une autre souree de ri.chesses dans la circulation qes sommes qu'y envoyait l'Espagne, et qui dans le cours d'un siècle s' élevèrent à près de deux milHards de notre monnaie. Quoique eet argent fut des..tiné aux dépenses de la guerre, la cour et les généraux en absorbaient la plus grande par-tie, et il alimentait leur faste, ce dont Ie com-merce tirait profit. Maïs la classe bourgeoise, quoique généralement aisée, était méconnue par le gouver-nement et par les seigneurs. Ses vieux privi'"' lèges, tombés en désuétude, étaient presque ~<."SL----~-~-- ... -- · -··'·· oubliés, et la tour ou se trouvait Ie dépöt des MAXIMIUBN ... HMMANun, nuc oB BAYIÈRB chartes de la ville étant venue à S écrouler en 1696, la découverte de ces pièces antiques faillit causer des troubles, tant le peuple s'émut du contraste qu'offrait sa situa... tion présente avec sa liberté passée. Maïs Maximilien~Emmanuel de Bavièr.e" alors gouverneur général des Pays--Bas catholiques 1 , fit entrer des troupes dans la ville, exila les plus hardis, et prescrivit Ie recueil de chartes qu'ils avaient fait imprimer sous le nom de "Lustte de Brabant''. Il n'en fallut pas davantage pour faire tout rentrer dans le silence. Aujourd'hui que nos mreurs et nos institutions ont évolué, nous avons peine à nous représenter Bruxelles avec la physionomie espagnole que lui avait donnée à la longue eet abaissement des classes moyennes. Qu' on se figuret par un jour de fête, les bailles eauvertes de promeneurs qui attendent la fin de la messe à 1* église du Coudenberg et la sortie des dames. Ce sont des gentilshommes belges et des officiers espagnols, i-taliens ou allemands, dont les habits brodés et les chapeaux gàrnis de plumes semblent reluire aux rayons du soleîl. Ils se moutrent entre eux avec un sourire de mépris quelques bourgeois du Serment et de l'arquebuse revêtus d'un uniforme aux couleurs de Bavière, que l'archiduc leur a fait distribuer et qu'ils portent avec un orgueil puéril. Tout à coup des groupes se farment et quelque agitation se manifeste : Ie marquis de W esterloc est ven u faire appel à la noblesse pour soutenir madame la princesse de Vaudemonti à laquelle 1' tHecteur ne veut pas permettre de con.. server en sa présence Ie carreau de velours rouge sur lequel elle est agenouillée. Les officiers allemands hésitent; les Espagnols et les Italiens se joignent de la meilleure gráce aux Belges et entrent avec eux dans l'église. prêts à tirer l'épée contre les gardes bavaroises si l'on essayait d'employer Ia force. Maïs bientöt les gardes sortent. et r on apprend que le gouverneur renonce à entendre la messe plutot que de souffrir Ie carreau rouge de madame de Vaudemont. C'est 1
1
Gouve.meur général de 1692 à: 1714. 97
un triomphe qui fera du bruit dans la ville, et une affai•re qui aura du retentis'"' sement à Ia cour d'Espagne. Les vainqueurs sartent modestement du temple. Madame la princesse est eneare trap émue pour adresser ses remercîments à ses braves défenseurs; mais la nouvelle se répand déjà parmi Ie beau monde, et la journée ne se passera pas sans qu'elle soit rendue publique. En effet, la fierté de 1' électeur a déjà inspiré trap de mécontentement au x principales families, pour que chacun ne se réjouisse pas de vair enfin ses pré. . tentions si vivement rabattues. On se rappelle que la princesse son épouse, a fait tenir debout devant elle les plus grandes dames des Pays . . Bas, qui, depuis cette époque, ont renoncé à la vair. La satisfaction est générale et Ie soir toute la noblesse se rend à I'Allée... Verte, qui est Ie plus bel ornement et pour ainsi dire Ie Cours de Bruxelles. Dans cette large avenue, les dames se promènent d'un cöté, Jes hommes de l'autre, avec toute la gravité de l'étiquette cas,.. ti liane. Le marquis de W esterloc est ven u aussi et tous les yeux sant fixés sur lui. On l'admire d'autant plus, qu'il connaissait à peine la princesse de Vaudemont dont i1 a fait respecter Jes privilèges, et I'on répète tout ha ut la verte réprimande qu'il a adressée dans l'église même au prince de Hornes, qui prétendait soutenir l' électeur. C'eut été un grand bonheur pour les Bruxellois de n'assister jamais à des scènes plus sanglantes que celle dont nous venons d'emprunter l'esquisse aux mémoires de 1' époque. Mais sous le gouvernement de ce même électeur de Bavière, une grande catastrophe vint frapper la ville. On sait que Ia guerre de la Ligue d'Augsbourg devait marquer Ie début des revers de Louis XIV. En 1686, une alliance avait été scellée entre les princes allemancis unis contre la France, alliance à laquelle adhéra Guillaume 111, en 1689, une fois devenu roi d 'Angeterre. A la suite de diverses péripéties, Ie maréchal de Luxembourg remportait la victoire de Fleurus sur Guillaume liL Il Ie battit eneare à Steenkerke et à Neerwinden, puis il s'empara de Namur. C'est alors que Guillaume 111 mit Ie siège devant cette ville. Quant au maréchal de Villeroy, dans Ie dessein d'amener Guillaume à renon. . eer au siège de la citadelle namuroise, en lui coupant la retraite ou, tout au moins, en rendant ses communications avec l'arrière difficiles, il bombarda Bruxelles en 1695. Le cataclysme qui s'abattit alors sur Ia ville n'apporta aucun résultat stratégi.. que, maïs ruina Ie centre de notre dté. Cet événement eut lieu les 13 et 14 août. Le creur de la ville était réduit en cendres : 3.830 maisons avaient été brûlées et 460 endommagées. La gravité du désastre s 'explique, à Ia fois, par la vétusté de nombreux immeubles - la plupart en bois - et par Ieur concentratien excessive, due à rabsence d urbanisation.
L'Hötel de Ville. ne fut pas détruit, eneare qu 'il ~it été .f,ortement attei~t : les murs subsistèrent, maïs les toitures s' effondrèrent toeendtees et les archlVeS de la commune disparurent presqu~ complètement. Gräce à la sollicitude du .mag-istrat communal, quatre annees. suffuent pour ' faire disparaître les prindpales traces du bombardement. . e •, 11 fa ut rendre hommage à la prévoyance municipale de la ftn ~u stee1~· C' est à elle que Bruxelles est redevable, pour une large mesur·e, d avm~ acqms la gloire universelle de passéder une Grand'Place admirablement refatte. L'hötel de ville s'agrandit considérablement, après le bombardeme~t de 1695. Les bätiments qui furent alors construits répondent au style ~oms. XIV et: parmi eux, il fa ut signaler celui qui s' étend :e long de la rue de 1 Amtgo et qm constitue 1' arrière...corps de 1' édifice tout entter · . e " Sur 1' emplacement de celui... ci se trouvait, deputs Ie 14 stede:, la seconde Halle au Drap, la halle primitive ayant occupé un bätiment ~errtere la Halle au Pain la Maison du Roi actuelle. · d'aou~ t 16·95 avait détruit la seconde ' 1ysme d u mots _ , Halle au . Drap. L e catac Or, dès le lendemain du désastre, la ville ayant. renonc~ a rec~nstrm.re cette halle, devenue inutile en raison de la décadence de 1 industrle drapte:e, latssa ~ux Etats de Brabant la täche d'y édifier une vaste constructi~n, do~t ds ?ourratent disposer pour leur administration, leur greffe et ou ils tl~ndrate~t ~eanc.e. d Ce fut Corneille Van Nerven qui présida, comme architecte, a 1 erecbon u bätiment et qui Ie joignit à l'hötel de ville par Ie truchement des deux flancs #
•
1!
de la cour. b t d ~ La première pierre fut placée par Charles Van den Berghe, ourgmes re es li na es Ie 19 mars 1706 .et Ie tout fut achevé en 1717. . gLo;sq~· on examine, de la rue de I' Amigo, la façade arrière de l'hö:el de ,vtlle, on aperçoit, au... dessus du portail d' entrée, un ~alcon ~n fer forge, orne des armes de Brabant, circonstance qui rappelle 1 occupatlOn, par les Etats du Brabant, de cette partie de l'hötel de ville 1 •
t
98
1 D'après Charles Pergameni, archiviste en chef de la ville de Bruxelles: Notlee relative à l'hotel de ville de Bruxelles.
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uêqne öe maRt€-thénêse 1740--1780
F
IL~E
.de I'empereur Charles VI, elle avalt ~ue 23 ans, lorsque, en 1740, se trouverent réunis sous son sceptre Jes Etats . h. e. U ne tous f 1 • de Ia maison d'A ut nc ?u e d_e .pretendants vinrent lui disputer son nche ~e~ttage au moment ou tout étaü danger: des _mmtstres sans énergie, Jes Hongrois :ré-voltes, les Saxons en Bohê 1 B . ~fl1RlB-TUÊRl~S8 ( ) aUX p t d v· me, es avarOIS 1 7t7-t78o o:r es. e ~enne et laFrance Jes excitant court aux Hong:rois po:rtant da tous.b Mane-- T~erèse ne désespère point; elle t b' ' . ns ses ras son ftls Joseph - . d . rouve Ientöt des ressources ines érées. Elle , age e SlX mois, et . ndomme au gouvernement des Pays ... Bas son beau... frère Charles de Lp Be1ges, encourage 'l'agricuJture Jeorrame, et ' e . concert av ec IUI,. se d.evoue aux écoles, fonde des académies et' f .st darts, les ,sctences et 1'industrie, établit des B 1. ' at e son regne une é h e gique a conservé Je souvenir L 29 b poque eureuse dont Ia mou:rut à l'age de 64 ans ap , . e 1 no~em re 1780, cette célèbre impératrice de ses sujets. ' res un ong regne, respectée de l'Europe et adorée 11
CIIARLBS DE LORR:l.INE
Charles de Lorraine, frère de 1' em · l~'r pereur rançois , naquit en 1712. 11 fut brave dans les cambats et sage dans les conseils. Nommé p~r sa belle-sreur, 1'impératrice Marie..-Thé.. ~es~, au gouvernement des Pays..Bas, en 1749 t1 ftt, pendant trente années. Ie bonheur de~ Belges...Sous .son administration, les Iois furent res~ectees, I instructien développée, les arts ~evmrent florissants, la capitale fut embeHie et 1abondance régna dans le pays tout entier . Charles de Lorraine mourut a~ Tervu 1780 1 eren, en , a même année que Marie ... T· h, .. • ereset rrmcesse à 1aquelle son nom est associé dans ous les creut•s. Sa statue ornet depuis 1855 Ia place du Musée, à Bruxelles. ' F
(t';"t:2-J-;8o}
JOSEPII ll
(174H 790)
]oseph 11 }oseph II, fils de l'empereur François rr, de Lorraine, et de Marie..Thérèse d'Autricher naquit en 1741. Esprit éclairé et libéral, il commença son règne par des actes qui lui concilièrent la sympathie de ses peuples; mais, ayant ensuite conçu le projet d'une réorganisation générale ·~ans ses Etats, il voulut avec trop peu de ménagements, modifier les lois, Ie gouvernement, les mre:UrS belges et s,!lpprimer les anciens privilèges. I1 établit un séminaire général abolit les tribunaux et les conseils. Ces innovations, mal apprédées, excitèrent un mécontentement qui donna lieu à Ia résistance et à l'insurrection. Les patriotes formèrent un comité à Bréda et rassemblèrent quelques milHers de volontaires sous le cernmandement de Van der Meersch, de Menin. Ce vieil officier, plein d 'expérience et de valeur, s' avança alors contre les Autrichiens, abtint partout des succès et, au cammencement de l'année 1790, l'indépendance des Etats . . Belgiques..-Unis fut proclamée. L'affranchissement de la Belgique porta un coup mortel à Joseph II, qui mourut la même année, laissant l' empire à son frère Léopold II. Celui... ci engagea vairrement les Belges à re:ntrer dans l'obéissance. Mais leurs deux chefs~ Vonck et Van der Noot, n'ayant pu s'en..tendre, la division se mit parmi les patriotes.. Pendant ce temps, I'armée impé.. riale, forte de 40.000 hommes. s'avança en Belgique sans trouver de résistance. Léopold II recouvra se:s possessions et eut la sagesse d'accorder une amnistie générale, afin de se rendre agréable aux Belges.
100 101
la matson pRtnctèR€ et öucale ö'aR60B€R(j
les ö'aRenseRq
Armoiries des Princes~Comtes d' Arenberg.
M
ARIE-HENRIETTE DECUSANCE Varambon, comte:sse de Cham l'tt 1 ET DE VERGY, marquise de tière des Baronnies de Perwe:z ~ Roche, dame de Beersel, héri..en 1660 : Charle:s-Eugène p i e ~ aucogney, née en 1624, épousa , r nce-comte pUls deux:iè d d'A d 'A rsc h ot et de Croy {1633-168! ). ' me uc renberg, duc Beersel passa ainsi dans la famille d 'A b Ap ' M · H ren erg. res , ane- enriette, une de ses filles M . , , duchesse d Arenberg, née en 1666 unie en. ' , ane...!herese, princesse et mont, devint propriétaire du chäte~u Ell l'h1~~7 a Loms-Ernest, comte d'Eg... 'Le domaine de Beersel échut ensui~e ne: Ita et par~t s'y plaire beaucoup. d Arenberg: Léopold--Philippe 4e d d'A ~u de la pnncesse Marie. . Thérèse grand-b~i11i du Hainaut. chevalier de~~ Toi;en e.rgl duc d'Arschot et de Croy, grand d Espa~ne de 1re dasse ( 1690-1754) .on d Or, feld.-maréchal de l'Empire, Un souventr de ce duc est ra elé r· . . . . clochette de la chapelle du chät pp d pBr tnscrtptwn Cl-après gravée sur Ia de Beersel : eau e eersel, clochette transférée à 1' église
p: :
a:
In honorem Dei ac Beate Mariae v· .. ducis in arce Bercellannà me fieri ~~~n~~t et td usum. Leopoldi Arembergae can reg. 7 [on. cap. castralis cumt ~ Á susce;;tt !fubertus VeUemans Me fecit Jan Van EZ:r. arra FT:ançois, 1742.
Traduction: En l'hpnneur de Dieu .et de la Sainte Vi . ~uc d Arenberg, en la fotteresse d; B~re~~ef"'~:te et ~ l'usage de Léopold, cette cloche. Parrains : Hubert V 11 ' on ~ a chargé de couler Fontaines, chapelain du cháteau e emans, chanOine régulier de SeptPondeur : J~n ~an tZ:~Mal"le François, 1742.
Le duc Léopold mourut au thäteau d •H.. 1 Beersel passa à Charles 5.. d d'A ever e Ie 4 mars 1754. Louis.. Engelhert 6f' <luc d 'A~ b uc renberg ( 1721 . . 1778), puis à son fHs .. • ren erg. né à Bruxelles 1750 gl e a 1a suilt: ,.r Ull accident de eh , en , surnommé 1'aveu ... asse survenu au pare d'Enghien en 1755 #
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A familie d'Arenberg est du petit nombre de celles qui ont conservé longtemps leur opulence et leur éclat. Le duché dont elle a pris le nom, situé non loin du Rhin, était une des anciennes seigneuries de !'Empire; après avoir été longtemps possédé par les seigneurs premiers du nom d'Arenberg, il échut par succession à ces sires de la Marck, si fameux: dans notre histoire, et qui donnèrent tour à tour des ducs au pays de Juliers, des évêques à la cité de Liége, et des maîtres redoutables aux forteresses de 1' Ardenne. La branche de cette famille qui avait pour apanage le domaine d' Arenberg s' éteignit sous le règne de Charles . . Quint, et son unique héritière, Marguerite de la Marck d'Arenberg, porta Ie titre et les armes de ses ancêtres à Jean de Ligne, seigneur de Barbançon, dont elle était l'épouse. Telle fut !'origine de la Maison actuelle dont la grandeur s'accrut ensuite avec une extrême rapidité. Jean de Ligne, connu dans l'histoire sous Ie nom de comte d'Arenberg, périt en 1568, dans un cambat contre le frère du prince d'Orange, Louis de Nassau, Sa veuve obtint pour elle et pour son fils Charles, le rang de prince et la fortune de ce dernier se trouva bientöt doublée par la mort, en 1612, de Charles, duc de Croy et d'Arschot, dontil avait épousê la sreur. Le prince Charles recueillit alors l'împortante succession de la branche aînée des Croy et fut ainsi en possession d'immenses domaines. Toutefois l'héritier de tant de richesses, Philippe, prince... comte d'Arenberg, plus connu sous le titre de duc d'Arschott se trouva dans une position aussi difficile que brillante. C' était r époque oit la puissance espagnole touchait à son déclint et Ie joug qu' elle imposait à la Belgique semblait devenir plus pesant à mesure qu'il était entouré de moins de gloire. Le duc. après avoir longtemps servi de chef à la noblesse beige, se laissa aller vers la fin du règne de la gou~ vernante. rarchiduchesse Isabelle, au dessein OU plutot à respoir confus d'af .. franchir son pays de la demination étrangère. Maïs peu fait peur devenir räme d'un complot politique, il ne tarda pas à reeuier devant les conséquences de ce
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grand projet et finit par se confier sans réserve à Ia Joyauté de la gouvernante, qui se contenta de sa parale de prince et ne fit aucune recherche contre ses partisans, Mais après la mort d'Isahelle, Philippe d'Arenberg s'étant rendu à Madrid, comme député des Etats, Ie roi Philippe IV voulut obtenir de lui des aveux circonstanciés. Le seigneur beige comprenant son dessein, ne put se résoudre à trahir par des révélations ceux dontil avait un moment partagé les espé.tances et i] expia ce scrupule honorab1e par une détention qui ne finit qu'avec sa vie, à Madrid, le 25 septembre 1640. Quoique cette disgräce ne fut point suivie ·pour la Maison d'Arenberg d'une 1ongue défaveur, cependant les princes de cette famille ne prirent plus, au 17c siècle, qu'une faible part aux affaires puhliques, dirigées presque uniquement par des gouverneurs espagnols. Après la guerre de la success-ion d'Espagne, la Belgique fut cédée à l'Autriche, sous Ie règne de l'empereur d'Allemagne Charles VI. Le traité d'Utrecht ( 1713) lui assura Ja possession de nos provinces qu'il accepta défi .. nitivement en 1714, par le traité de Rastadt, en son nom persounel et par celui de Baden en 1715, au nom de !'Empire. . A cette époque, les d'Arenberg qui choisirent Ja carrière militaire servirent de préférence dans les armées impériales de l'Autriche; i1 y en eut deux qui périrent lors de la guerre contre les Turcs, au 17e siècle. Mais à ces morts héroïques succéda de nouveau une alliance brilJante. Les derniers comtes d'Egmont s'étaient éteints sans laisser d'enfants, et leur fortune colossale avait passé tout entière à un prince Pignatelli, époux de leur sreur. Léopold d'Arenberg épousa, en 1711, une parente du prince napolitain et acquit peu après l'hötel qui porta Iongtemps Ie nom d'Arenberg et qui s'appelle auJourd'hui .,Palais d'Egmonf' depuis sa cession à la ville' de Bruxelles, après la guerre 1914... 1918. "Les annales de Ia familie d'Arenberg 1 constituent un élément assentiel de I'histoire des Pays~Bas catholiques au cours des terups modernes. Nomb.re de membres issus de cette illustre Maison y ont exercé, depuis le 16~ siècle, une influence marquante dans les domaines les plus var:iés d'ordre politique, militaire et religieux. D'autres ont joué un röle considérable dans Ia vie artistique nationale, par la proteetion éclairée qu'ils ont accordée aux peintres, aux scu1p . . teurs, aux haut ...Jissiers, aux artistes de tout genre. "Le 18~.~ siècle, particulièrement, marque dans l'histoire de la Maison d'Aren ... berg une époque de splendeur. En <:ela aussi la destinée de cette famille se confond avec celle de la Belgîque. On sait, en effet, que le régime autrîchien forme une des pages les plus marquantes de notre histoire nationale. ,,Nos provinces, trop souvent champ de batai1le de l'Europe; connurent alors une période de paix à peu près ininterrompue. Le commerce et l'industrie repri..rent une ampleur qu'ils n·avaient plus connue depuis longtemps, spécialement sous le règne de Marie'"'Thêrèse et de son .représentant Charles de Lorraine. 1
Nous eropruntons la plupart des renseignements qui sulvent à la remarquable pubHeation d'Edouard Laloire: .. Généalogie de la Maison Princière et Ducale d'Arenberg". BruxeJles; 1940. i04
.. . d circonstances favorables que l'influen~e "C' est au mlheu ..de ce, concours e manifesta avec éclat pendant trois gêne ... des che·fs de la Matson d Aren~~rlg se t aspects essentiels qui caractérisent rations successives. Signalans lCl e.s qua re cette période de l'h~stoire d~a f~~~le :b " est devenu la règle générale peur ui o Le port du titre de tt uc 1 ~en .erg 1 de'st'gne dans les ·actes officiels. C'est par ut qu on es · . f d 1 M · les che s e a atson. , . cl Cro " n, est plus que complémentaue. La qualification de ,,Duc cl Arschot et e ~ Charles VI Mar·ie...Thérèse et u2o.La faveur la plus marquée d~s souvterdmnls s représe~ta. nts à Bruxelles : cl 'b t de son regne e e eur h II même , au Marte..-E e ·~ 1'~sab et h , Ch ar 1es de Lorraine et de leurs ministres, EugèneJosep de Savoie, demeure acquise aux ducs d ~renbe~?· nt Sans faire état du collier de la 18e siècle honorés comme Cette bienveillance se mam esta IVersfeme t , ,. • cl 1 d d'Arenberg uren , au • Toison cl Or . ont es ucs M . de uis Charles..-Quint, signalans que l'avaient été tous les chefs de leur ~son d~onneur en vrais chevaliers de la plusieurs d'Arenberg moururent au c amp . Toison d'Or. . t t' n à leurs délégués à Bruxelles, signi.."Les souverains, dans leurs ms ruc 1~ st' de conserver aux ducs d'Arenberg fièrent, de la façon la plus nette7, 19eur vo on e le Charles de Lorraine insista sur .. -, · ente En 1 7 par exemp • h . . une posttien preemln . 1 M . on d'Arenberg" si ric e, st puts-la nécessité de garder aux Pays--- as a " altsF . d t t cl relations avec a rance. sante et dtsposant e an e . ~ t , être avant tout des militaires. u3o Les ducs d':Arenberg cdontln18ueer~r: 1: en outre, continuèrent la tradition stee ' .. 4 o L ducs d Arenberg u n es · 1' · 1 urs ancetres d'hommes d'Etat que leur avatent eguee e Ate des P~ys..-Bas par les armées let de tout 1' ordre politique La révolution française de 17891 , la conqute " . , t Ie bou eversemen comp •. 1. delaRepub tqueprovtnces. am~nerenLes cl ucs d'Arenberg n'échappèrent pas à ltnfortune et social de nos
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commune," . d' 1 énéral Dumouriez envahit la Belgi. . Une armée françatse comm~n ~e par e ~utrichiens à Jemappes. La Belgique que en 1792 et remporta une vltctAmre ~uhr.les eprirent Ie pays gräce à la victoire . M · 1793 es utrtc 1ens r f fut Neerwinden. conqutse~ ats de Ils en furent battus· cepen cl an t a, Bleurus et la Belgique ut reume »
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à la France. f . ahirent notre territoire, ils trouvèrent Lorsque les révoluti?nna!re~ ~a:ça~tl~n:e était divisée. Les uns se fiant aux la Belgique désemparee. L optmo p. tql''llust'on que celui..ci leur apporterait, . d 1' h ·sseur caressaten 1 • déclaratmns •e en;a I , • • ar I' évolution des idées: les autres opp.oses avee la Iiberte, l~s reformes. extge~ pla Maison cl' Autriche qui avait admts le à toute innovatmn et .partlsa~s . e . . f 'ent de s'associer aux réformes rétablissement des anciennes tnstttutmns re usat
. à subir les horreurs de la révolution par Ia espérées. Malheureusement la Belgtqube eut d équisitions des contributions de destructien des églises, des ab ayest par es r ' guerre. la ~onscr!ption mili:aire, ~;A~semblée constituante, Ie 4 août 1789. tut Le systeme fe~dal abo ter par b 1795 lorsque la Convention annexa notre supprimé en Belglque. le 1 octo re , 105
pays à la France. C' est ainsi que les dernières prérogatives fêodales qui subsis.taient encore furent supprimées : banalités, tailles, corvées, dîmes, droits de chasse, droit d'ainesse, etc ... Tous les principes nouveaux instaurés en France furent appliqués à la Belgique. Le duc Louis ... Engelbert, devenu aveugle à la suite d,un accident de chasse, comme nous l'avons signalé, héritier d'un nom et d'un rang -illustres, eut eneare à subir tous les désastres auxquels finvasion Française livra bientöt la noblesse proscrite. Successivement dêpouillé de tous ses biens, et réduit à fuir d'asile en asile ·devant les drapeaux victorieux des républicains, il se retira enfin à Vienne, ne conservant auprès de lui que Ie petit nombre de serviteurs nécessaires aux hesoins de sa famille et de sa cruelle infirmité. A ces rigueurs de l'infortune, il opposa une grandeur d'äme admirable. On ne l'entendit point se plaindre; on ne Ie vit point découragé. Une seule fois quel~ que émotion éclata sur ses traits et dans son langage. Comme ses pertes étaient connues, d'avides spéculateurs avaient cru qu'il se déferait avec empressement d'une tête antique de Laocoon, chef. . d'reuvre de la sculpture grecque, qui faisait partie du cabinet de son père, et qu'il était parvenu à sauver. Ils lui firent proposer pour ce moreeau précieux une somme considérable; mais ils jugeaient mal les sentimeuts du nob1e exilé, intapabie de trahir ni ses souvenirs de fami11e, ni ce culte de J'art que tous les siens avaient professé. "Avant de livrer man Laocoon, répondit..-ii avec dédain, je saurai toucher à la belle étoile." Heu..reusement son courage et sa résignation ne furent pas mis à cette dernière épreuve. Après les arages de la révolution, Ie duc rentra en possession de ses biens et de son hötel à Bruxelles. "En 1801, par une stipuiatien du traité de Lunéville, l'ancien duché d'Aren . . berg et les domaines situés sur la rive gauche du Rhin furent confisqués aux d'Arenberg par la France. Ainsi .disparut l'ancien duché d'Arenberg que les Seigneurs de ce nom avaient administré pendant plusieurs siècles._ nLe traité de Vienne de 1815 supprima la souveraineté des ducs d'Arenberg et en fit des princes médiatisés. ,.Le duc Louis ... Engelhert passa ses dernières années en Belgique et mourut à Bruxelles en 1820. .. L' époque contemporaine a vu, e11e aussi, se succéder trois générations de chefs de la Maison ducale d'Arenberg; Ie chef actuel est Je duc Engelhert Marie qui a êpousé la princesse Hedwige de Ligne, resserrant, après trois siècles, les Hens familiaux de sa Maison avec celle dont elle était issue. "Ils ont suivi les magnifiques exemples qui firent jaclis des ducs d'Arenberg des bienfaiteurs insignes de Ia population. La proteetion judicieuse qu 'ils ont accordée à tant d'artistes, leur générositê inépuisable, leur souci constant de soulager toutes les misères. le patronage qu'i1s ont e:xercé inlassablement au profit des reuvres de charité et d'enseignement, ont fait d'eux les dignes héri... tiers des grandes traditions de la Maison dont nous venons d' esquisser l'histoire."
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J
A u 18 e et au déhut du 19c siècle, Ie chäteau de Beersel était d?~c la propriété ·~ . . 11 . ·. 1' occupa que peu ou pmn . de la familie d'Arenberg, mals cede,..cl ne 1 chäteau elle Ie mit successive--Toutefoîs afîn d'entretenir et e conserver e f' , d d ·gnes de con mnce. ' ment à la disposition e personnesl ~ . nee au capitaine V ellemans, qui se Vers 1740, elle en abandonna a JOUtssa' . ar an de 1 entretentr. 200 fl · chargea, moyennant o.rms { F ' . Blanchet y séjourna longtemps. Un prêtre, n~mmé C~ns:o~ f'e;err:çf~s chapelleni~ Sainte...-Anne, il habitait Appelé Ie 12_ aout 1755, a ben: ~ieille servante passait pour sorcière, et pl_us encore Ie chateau en 1787. S b 1 lets d'une fenêtre mal fermee, d'une fois les paysans, en t en dant attre es vo · 1 S bbat t d ette femme pour. e a · d, ont cru assister au epar e c , hl' h-teau. de Beersel une manufacture , 1' on eu t eta 1 a u c a , 1'Ir, 8 Vers 181 , apres que 1 ue on commença à Ie d emo de toiles de co ton dont 1' exi~tence nle fut pas o:~ss~nt paru trop coûteux, soit • . . b' t""t smt que es travaux . , mais on s arreta ten o , . h . t rme de son existe~ce, se. solt emu . E ng.e lbert ' qut touc att. au e · préparé la ruine d e I',ed'1f'1ce. que le duc Lou1s,.. , des réclamations du public. On n en avatt pas moms
l
Armoiries des Ducs d' Arenberg.
.. de nobles seigneurs, de gentes dames; Au chäteau de Beersel vecurent t d s tours des prisonniers gémirent , f' t 1 guet au somme e ' ff des gens darmes lren e . d b ts des massacres, des sou ran. . dans les oubliettes; il y eut des luttde~, eps c?m pare''s les périodes troublées, des ; d d ineen tes. uts a ces, du sang repan u.. es nt Ie calme religieux, les prières, 1a contemfêtes, des festins. Ensu~te, I~ c~~~:ndon et J'oub!L Les seigneurs et les ,dam~s plation. Enfin le travatl: pUls a doute souvent pleine de rêvest d espou: qui vécurent là une extstence. sans. l t s Mais ce qui fut leur demeure d'avenir et d'amour, sont morts deputs ong emp . pendant des siècles subsiste encore.
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le chiteau asanbonné
URANT un siècle, les touristes allèrent contempler ces ruines imposantes pour donner libre cours à leurs rêveries romantiques. Des artistes dessinèrent le chäteau à diverses époques et laissèrent des souvenirs que nous reproduisons .dans ce chapitre. , D'autre part, des articles intéressants parurent dans la presse et les revues pour décrire 1' état du chäteau et en déplorer 1' abandon. Voici les principaux articles que nous avons pu réunir à ce sujet :
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Fier chäteau 1 0 murs I ö créneaux, ö taurelles ! Remparts écroulés, fossés comblés, Lourds faisceaux crevassés, Sombres souterrains Tours-ou combattaient nos aïeux I Séjour de joie et de souffrance . : Réduits d' amour ' ares de vt' cto1res, V ous qu.i témoignez de nos gloires, Murs vollés de tant de mystères, Arceaux tombés, voûtes brisées, 0 débris, ö ruines ... V es ti ges des races passées Restes qu'on aime et qu'on vénère ...
l€ eh!t€~U b€ B€€QS€l' .,Dans J'un des coins les plus obscurs de la chapelle du Saint-Sacrement des miracles à Sainte. . Gudule, en avant du banc de communion, on lit sur une pierre à .demi,...usée par le temps et les pas des fidèles : "Cy est la sépulture de haute et puissante dame, madame Ernestined·e Witthem, en son vivant baronne de Beauvois, ~arquise de Bergues, comtesse de W alhain, vicomtesse de Sebourg, baronne et dame de Péruwelz, Cusance, Wavre, Braine,...Lalleud, Beersel, etc., laquelle trépassa à Bruxelles Ie 24 de janvier de J'an 1649." - Avec elle s'éteigna!t une race noble et antique, issue en ligne directe de Jean de Cosselaer, fils naturel de Jean Il, duc de Brabant, que le duc Jean lil créa seigneur de Witthem par lettres patentes du 4 décembre 1345. ,.Lorsque 1' on suit la route qui, de I' abbaye de Forest, mène, en serpentant à travers les prairies, au village de Droogenbosch, la plus jolie route des environs de Bruxelles sans contredit, si Ie ruisseau qu' elle cotoye n' était pas, gräce aux teinturedes d'indiennes établies sur ses bords, perpétuellement imprégné d'une épouvantable senteur de garance, capable de faire reeuier les plus intrépides promeneurs, !'on aperçoit au loin, vers la droite, un coteau boisé, d'oii s'élance une forme arrondie, longue et effilée, ceinte à sa naissance d'un ample collier de feuillage, et rappelant à I' ceil ces garnitures en papier frisé, qui servent à cacher le point de jonction de la bougie et du chandelier. Cette lorroe n'est à vrai dire que l'humble doeher d'une pauvre et chétive église de village, avec ses ardoises grises et son coq en cuivre doré, des nids de joyeuses hirondelles aux lucarnes, et de beaux pigeons blancs qui s' entrebecquetent en roucoulant au soleil sur les combles, puls s' envoient quand la petite cloche lêlée tinte 1'angelus ou le coup de midi; mals, cette église est l'église de Beersel. Là dorment dans la paix depuis cinq siècles les maîtres du manoir que vous voyez au fond de la vallée, les ancêtres de cette Ernestine, ensevelie sous les larges dalles de la cathédrale bruxelloise, auxquels la terre de Beersel fut apportée en dot par Marie de Stalle, dame .de Beersel et de Ruysbroek, qui épousa, l'an 1375, Jean de Witthem, Hls de Jean de Cosselaer.
Le Chaff.'Btt de- Beersel en 1830
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D'après rObservsteur .. 1836.
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tiEntre Ie vieux chäteau qui tombe et la pierre sépulcrale ·qui s'use, entre ces deux dates, 1375 et 1649, entre ces deux noms de femmes, Ernestine de Wit..them et Marie de Stalle, il y a toute une longue histoire des seigneurs de Beersel, vivant loin de la cour de Bruxelles pendant la paix, mais taujours les premi,ers à appuyer de leur épée, aux jours de dangers et de guerres, les princes du Brabant, leurs suzerains et leurs parents à la fois.
"Le chäteau de Beersel, qui est on ne peut plus singulièrement situé sous Ie rapport stratégique, occupe exactement le fond d'une vallée oû l'on arrive en. traversant Ie hameau par un chemin en pente assez rapide, ombragé çà et là par des arbres touffus. On dirait, à le voir ainsi dominé de toutes parts, bien plus un oratoire destiné aux pieuses méditations de quelque corporatien reli-gieuse, qu'un lieu bäti pour la guerre et les habitudes turbulentes de îa noblesse féodalei aussi, parmi les faits historiques qui s'y rattachent, ce qui surprend Ie moins, c'est Ie séjour de vingt années qu'y firent les meines de Sept Fon-taines, dont Ie prieuré avait été ruiné par les calvinistes vers la fin du 16c siècle. Sa figure est celle d'un triangle ayant pour base vers Bruxelles un are elliptique, ses angles sont marqués par trois tours semi. . circulaires qu'unit un ID}lr fort épaîs, ha ut de la moîtié de 1' élévation totale, et épaulé par d' énormes éperons. Chacune d' elles forme un corps de log is rerifermant un rez . . de. . chaussée voûté, et deux étages composés d'une seule pièce; un escalier ménagé dans l'épaisseur des rourailles mêmes, règne du bas jusques aux combles. Jaclis ces trois tours supportaient un toit de forme conique, tandis que la face inférieure était flan ... quée de deux donjons ou guérites en saillie qui terminaient les arêtes du mur. Tout cela a disparu aujourd'hui ainsi que les plafonds des appartements non voûtés. "Un pont de bois solidement appuyé sur des assises en maçonnerie traverse Ie fossé qui embrasse toutes ces constructions, et vous introduit dami le chäteau par un guichet pratiqué au vantail de la porte d' entrée. A peine avez..-vous fait quelques pas sous Ie vestibule que déjà toute la vie privée de nos ancêtres se déroule plus claire et plus intelligible que ne pourraient vous la faire compren~ dre jamais la lecture et l'étude des histoires écrites. lei, l'histoire est prise sur le fait, le passé est sculpté tout entierdans la pierre, et ce qui n'était qu'hypothèse et conjecture de !'esprit a pris une forme palpable et matérielle, tant les ruines, malgré l'état d'abandon oû elles se trouvent, ont conservé jusqu'à nos jours Ie cachet de leur antique destination. 11 semble que la main seule d'un nouvel Asmodée ait pris soin d' en lever les toits et les plafonds de ce manoir pour rendre plus faciles à découvrir les mystères qu'il renferme dans son sein. A droite du vestibule d' entrée, un escalier caché dans la muraille, comme les vieux romans de chevalerie en mentionnent, conduit à une vaste salie oû sa cage forme une endave carrée assez désagréable à 1'ceil. Cette place est éclairée par une vaste fenêtre cintrée donnant sur la cour, ayant à cöté d 'elle la cheminée, puis un dégagement sur le mur circulaire unissant cette tour au corps de logis du fond. 110
d f -t s dont la plus grandet Le fond d·e lad sa ~1e c?nt~:tc:~~c:: e::~ar~:~é:e ~n deux sortes dl ogives placée au..-dessus e entree ' . d'égale dimeosion par un croisillo~ ~a.ç~nned. ··er dont i1 a la hauteur, avec d · t qu'une repebtton u prem1 , "Le secon etage nes êtres sont toutes carrées et régulières. c~tte seule différence, que les fen 1 d x escalt'ers se trouve· un second ' - d 1' figuré par es eu · • 1 "Dans espeoe e pa ter à la tour de droite. Toutes ces rourailles suppo:,... dégagement sur le mur menant . t de alerie basse et couverte, percee taient ancienneroent un ~a~~ec~~l;sd:o:o:mun~cation entre les diverses. parti·es de meurtrières pour servu a a d' . défendaient 1' abord du fossé. t aces de cette bätise aujourdlhui du chäteau et dl abri au x hommes arm es "L~ on distingue fort visiblement eneare es r , 0
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totalement détruite. d . lle que nous venons de décrire, "La tour de d.roi~e était sans outeh~;m~es~estructure, à peu près identiquet destinée à l'habltabon de~ gens du ~a~l:~u~ne ièce voûtée au rez..-de.-chaussée; n'offre rien non plus de bt~n rem~rq 1 , rro~ie de l'escalier, ayant aussi ses à I' étage, une salle tronquee par. ~nc ~~ve a rs la campagne sa cheminée et sa ement ~u second, sauf une deux partes extérieures, ses trms .ene res_ ve fenêtre vers la cour intérieure; enhn Ie meme ;rrang . dans un but que I' on niche carrée, réservée au--dessus de la porte u premter, · . ·1 · ce qu' elle renferm·e. . ne peut d evmer . vol a t 1 ha-teau de Beersel placee en . , d t . tours qui camposen e c "La derntere es rots . uable et Ia mieux conservee. 1 fac·e de l'entrée, est sans contredlt la pus re~a~; bas· tout près dans la court Les cuisines et leurs dépendances en occtupenx so·uter;ains· dans la cuisine l'on . . ènent aux caves e au ' d I sont les esca1ters qul m . d tat'lle sculptés aux armes e a ~ es chenets en pterre e • . voit encore d eux enorm . tt h les objets nécessaires au servtce. mai.son, ~insi q~: des pa~ms ~fu~J'c~ät:~ue:vec ses partes régulièr.ement jetées Au premter, votctla gran e sa e , . ent en regard les unes des autres, aux angles, ses fenêtres disposées lsymf etrtquetmla dt'mension· plus d' escaliers qui . . d'ff' ' . t er entes par a orme e 1' cht'tecte a pris des pre-q umque tou)ours ., I' rtement· on sent que ar viennent empteter sur appa. . 1 tt vieille chambre peinte .en bleu cautions d' élégance toute speclta e. 1 ans _ct~ eparmi tout 1' édifice le moyen äge t •aunes a seu e vou ee ' , . avec d es enca d remen s 1 ' . ~ , du blason seigneurial ou le soli est vivant. Voilà la vaste ·che~~lll~ee f sur~onte;le que son héraut lui faisait, et Ie maître du logis se chauffatt . e eu e p~tl .' comme Froissard nous dépeint causait familièrement à ses ge~s e~:e:ag:~r:. ~lus loin en face, à cette haute messire Jean Chandos la vet Ie f bancs en pierre pratiqués dans _ . d' b kon en er sur ces fenetre munte un a ' , . 1 d e de Beersel avec ses femmes et 1' embrasure, venait sans do ute s assemr a bamd des fossés du chäteau, par un · d nser ses vassaux au or son page, pour volr a ·n .e de nervures soigneusement mouI,ees, jour de fête. Toute la voute est ~1 on;~ t rsection des ornements découpés en qui se croisent entre elles; au~ potntsl . ~n e e Ie t~mps et l'humidité ont rendu relief offrent à l'ceil des armmrtes co ortees, qu méconnaissables. I
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D
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"Comme nous l'avons déjà annoncé b~ . , . cour à la gauche de cette dern'" t ' un atunent etatt jadis élevé dans la tere our; on peut J'ug d l' occupait par quelques marches 't , . . er e emp1acement qu'il SI uees au tters du mu . . corps de 1ogis d'entrée. D'autres construction , r. qut U~It cette partie au sans doute adossées çà et là d' s ~ une mOJndre lmpartance étaient f -t d' au mur encemte ou 1' . d, ene res lsposées sans ordre ain . d . ' on ecouvre quelques dans la pierre; Ia croix faisait pa~~· qude es Jaursdformés par une croix découpée E , , B te es armes e Witthem " n resume, eersel est un précieu b.. d' . . vraiment déplorable de voir b d x lJO~ . archttecture gothique, qu 'iJ est saisons:' a an onner atnst aux injures du temps et des 1836.
M.A.O.
Victar Joly qui visita le chàteau en 1844, résuma comme suit ses impressions dans J'.ouvrage "La Belgique Monumentale" :
"Beersel, situé dans un valion charmant et au bas d'un coteau eouvert de platanes, offre une des ruines les plus pittoresques qui se puissent vair. Adossées à un cateau boisé, les tours colossales dont les murs semblent braver le temps, se dessinent sur la verdure du ta:illis. Au devant du chäteau s'étendent de vastes prairies sur lesquelles la Senne se découpe camroe un vaste ruban d'argent bruni. Les fossés du chäteau, actuellement à sec, servent de päturage communal. Les tours, dépouillées de leurs toitures et eauvertes de plantes vivaces, n' ont pas eneare tout à fait perdu leur physionamie formidable. L'intérieur du chäteau est dans un délabrement qui fait peine à voir. Les planchers, suspendus par un bout ou écroulés, laissent vair la voûte du del comme à travers l'orifice d'un puits. Une salle de la tour de gauche est encore habitable, en ce· sens qu' elle est la seule ou l'on soit à !'abri de la pluie. Cette salle, jaclis revêtus d'une hoi ... serie de chêne, peinte en outremer vif et parsemée d'étoiles d'or, est d'une architecture hardie et grandiose. Des nervures puissantes et légères à la fois s'élancent au sommet de la voûte, ou elles vont se réunir dans une clef de pierre fort ingénieusement ouvrée. Des remparts de trente..-cinq pieds de hauteur courent d'une tour à l'autre, et laissent eneare voir quelle était jaclis la force de la place. Mais c'est surtout dans Ie silence et Ie repos des belles nuits d'été, lorsque la lune jette sa mystérieuse lueur sur Ie chäteau en ·ruine, qu'il déploie toute sa ma jesté. Alors du sein de ces tours ébréchées par Ie temps et les mangon..neaux, et sur le sommet desqueUes s'agite un panache de verdure, on croit voir glisser les ombres des seigneurs de Witthem, agitant leur bannière d'argent à la croix d'azur. Les soupirs de la brise donneut une voix à chaque pierre, et éveillent mille bruits étranges dans les escaliers sombres des tours. Parfois Ie vent, s' engouffrant a vee force à travers les croisées, secoue Ie chäteau comme s'il allait être arraché de bes fondements. 11 y a dans la contemplation de cette grande ruine d'autrefois, un sentiment plein de mélancolie qu'on ne peut définir. Le chäteau de Beersel appartient aujourd'hui à la Maison d'Arenberg. On s'attriste de voir tomher chaque jourune pierrede plus de cette belle ruine, qu'il serait facile de rendre habitable en lui conservant sa physionomie sévère:'
Le Chàtcau dr Bc<>rs.el en 1840 d'après une /'tfhographic de H. Borremlms 112
113
Au cours de ce voyage, J'illustre poête alla aussïvoir les ruines de l'Abbaye de
vtctoR huqo au eh!teau be BeeRsel
B
Lors d'un voyage en Belgique en 1 7 eersel et y laissa cette inscriptio~ : 8 7, Victor Hugo visita le chàteau de I1 gît là dans le val, le manoir soll"t . L · d atre, e mom re bruit s'est tu Et chaque heure du . s~us ses sombres arccaux, JOUr VOlt tomher une pierre de ses sombres créneauv · •·salles L e corbeau s 'est 1ogé dans ses antiques ~~ l~h~udte. y redit sa plainte tous les soirs, • nn d herbe croît entre les froides dalles de ses vastes couloirs.
Villers. Dans cette enceinte, oii .tout ce qui est dû à la xnain de J'hoxnxne est atteint de vétusté et de désolation, la nature, qui seule ne vieillit pas, est tonjours luxtuiante de sève et de verdeur: Ie Herre et la ronce étendent leurs longnes tiges sur les xnurs et les décoxnbres et sexnblent les protéger contre une- des truc• tion coxnplèle. Etrange et incessante union qu'on retrouve partout entre ia xnort et Rien la vie ne 1 xnanquerait à l'ixnpression -xnélancolique et solennelle qu'inspire la vue des ruines de Villers, si aux souvenirs qui s'y rattachent les touristes n'avaient la manie. là et ailleurs, de joindre les leurs en inscrivant des noxns, dates, etc., sur Le poête éxnules et murs. indigné traça sur un xnur du logis abbatial cette inscription célèbre aujourd'hui effacée : Veni, Vidi, Flevi 0 fats I sots parvenus I 0 pitoyable engeance Qui promenez ici votre sotte ignorance Et votre vanité. Cessez de conspuer cette admirable ruïne En y bavant vos noms, qui, comme une vermine, Souillent leur majesté. Victor HUGO.
enVOI Tu n'es plus tout à fait ce manoir solitaire, BEERSEL, que Ie poête exilé parmi nous, Nous décrit comme un morne et ténébreux repaire Hanté des seuls hibous ! Si ton site a gardé son charme romantique, Tes salles et ta cour sont bourdonnants, l'été, D'un peuple bigarré, curieux, sympathique ... Et ces jours--là on croit BEERSEL ressuscité 1 H.T. (1934)
..t:"r. .
Le Chltteau de Beersel au clair de 114
tune en 1877•. (Dessin de Puttaert.)
115
..
te ch!teau be seeasel atphonse wauteus {1850)
L existe dans les environs de Bruxelles un chàteati qui, depuis longtemps, a une réputation populaire que bien peu de monu111ents partagent avec lui. Il la doit d' abord à la beauté de ses ruin es, puis à sa situation qui n' est qu' à une distance modérée de Bruxelles. L' amateur de vieux manoirs, l'homme plus positif, désireux de profiter d'un beau jour, et l'indillérent, qui ne voit dans cette promenade qu'un sacrifice à la mode, courent également v.isiter les débris des tours massives de la forteresse des Witthem, ses murs veufs de créneaux, de couleuvrines, d'arquebuses, ses salles abandonnées et sa vaste cour si animée jadis, aujourd'hui converte d'herbes et de débris. Plus de lêtes, plus de chasses, plus de cotnbats dans ces lieux solitaires; depnis longterups les maîtres ont quitté cette demeure guerrière; les plaisirs ont fui avec eux, et ces constructions altiè..res que 1' artillerie aurait bientöt écrasées, ont perdu leur importance comme fortification; tout a changé, et robjet de terreur est devenu un objet de dédain pour les uns, de curiosité pour les autres, protégé seulement par la religion des
I Le Chateau féodal de Beersel (Brabant), en 1880· (De ssm . d e p uttaert.)
Vers 1880, Van Bemmel d Bruxelles, insérait c~ chapitr~ : ans son ouvrage concernant les environs de .. Au village de Beersel
·
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ch~ussée d'Alsemberg, u~ !~~:p:~:~~r tout à coup lorsqu'en a traversé la :ttlre les tonrisles amateurs de sites t ~ux vents et aux oiseaux de nuit e ~plende~r, une importante assez c:~7·a~tlques. IJ a dû avoir, en son tem s
c:~rabl~.
ma~-
{ualt pas d. une certaine originalité. Le La donnée générale ne orme masstve et puissante: c'est u h qut r:garde le nord a surtout une tenue par 'd es contre . . f orts, qui relienelesaute. muradle pe rcee , d' em brasures, sou... . d entrée est pratique' d prmclpales tours et le corps de 1 . La perte Jes "t' 0 . e ans une gross t • f ogis. 1' co es. n y arrive aujourd'hui par un e our a ace carrée, arrondie sur so lVes, reposant sur des piles en ma. n P.ont en planches, avec garde. . fous en en p:airies. Quelques légendes. u •~: nert~. Les ~ossés, à sec, ont été convertis parattre, hantent les coins humid~s et ]~ubd~e pebu a peu. et qui finirent par dis ... neaux. . . s ecom res de eet ancien m'd d e tyran ... e VIllage est pittoresque e t comme au hasard · té et ."dC ans ses d eux vallons. L'église e .. Je sur 1e haut d·une colline samt Lambert. On en doit la co s~ au pomt culminant; elle est dédi • à seigneur de Beersel." nstructiOn, au ts• siède, à Henri de
Witt~:m.
116
souvenirs . C' est une promenade charmante que Ie chemin de Bruxelles à Forest, soit qu' on gagne ce village par le sommet de la colline, au travers des bois ou se cache le célèbre cabaret de la Tanière du Renard (Vossegat L soit qu' on suive à mi... cöté la chaussée, soit qu' on deseen de vers la Senne. Partout on aperçoit un vaste horizon, d'immenses prairies: sur Ie cöté, des campagnes et des ombra... ges; derrière soi, la ville qui se dérobe enfin au regard. Au ... delà de Forest, on remonte un ruisseau jusqu'à Droogenbosch. Là s'élevait aussi un vaste chàteau, patrimoine de la familie d'Arenberg, mals i1 ne reste plus d'autre vestige qu'un pare très vaste, entouré de murs, de cette demeure oU naquit, en 1724:, CharlesChrétien, duc de Sultzbach, électeur palatin en 1742, et duc de Bavière en 1777. De Draogenbosch on se rend à Beersel par un chemin montueux, tantöt pro... fondément encaissé, tantöt bordé d'arbres: parfois on trouve une percée, et l'reil. s'élançant à perte de vue, plane sur un pays immense, couvert de villages, de vergers, de bois. de prairies. Toutefois, ce chemin n'est plus recherché aujourd'hui. Depnis que Ie chemin de fer a êtendu un de ses bras vers Ie Hainaut, le grand nombre des promeneurs aiment mieux descendre à Loth. et de là. par un chemin sinueux et ombragé, on est en un instant au pied du chàteau. 117
L'intérêt attaché aux vieux souvenirs de la féodalité fait quelquefois exagérer la durée de leur existence. Mais que dire d'un écrivain, vivant au cammence-ment de notre siècle, qui fait rementer Ie chäteau aux temps antérieurs à l'exis"" tence de Bruxelles comme ville, c'est... à ... dire avant le 11 e siècle. Qu'on attribue une antiquité aussi reculée à Grimberghe, Trasignies, Belceil, Beaufort et à d'autres résidences de premier ordre, cela est concevable; mais pour Beersel, c'est donner une preuve d'ignorance. La liste des seigneurs de Beersel ne remonte. pas au ... delà du 13e siède, et les ruines actuelles ·sont du 16e, comme Ie prouvent évidemment 1' appareil presque en en tier en briques et la ruïne de 1' édifice, après Ie siège qu'il soutint en 1490. D'un autre cöté, les voûtes gothi--ques de plusieurs .appartements ne permettent pas de rejeter sa construction postérieurement au règne de Charles-Quint. Ainsi, ce manoir date d'une des plus belle~ .é?oqu~s de I'hist~ire de la Belgique, du temps ou un Gantois régnait s~r la mmbe de 1 Europe. C est un souvenir de cette arîstocratie puissante, qui depensa son sang et ses trésors à soutenir les guerres des ducs de Bourgogne et de la maison d'Autriche et que décima plus tard la terrible révolution de la Réforme. Identifié en quelque sorte avec ·la famille qui lui a donné ses plus beaux jours, le chàteau est resté jusqu'au temps actuel tel qu'il était quand Ie dernier rejeton de la familie de Witthem deseendit dans la tombe. Il est resté debout pour témoigner de fexistence, de la puissance et des richesses dtune race oubliée. · Le chäteau de Beersel est situé dans une vallée, que domine au nord une cöte r~pide, boisée e~ sillonnée par un large chemin qui conduit à l'église. Au sud, setendent au lmn des prairiest coupées par des haies, des bois, des champs. J?an~ c~tte p~sition, I'antique f~rteresse pouvait fort aisément être écrasée par 1arttllene, mats ses fondateurs n avaient pas à redouter ce moyen de destruction. Pour se défendre du bélier, de la baliste, des traits de 1' are et de I' arbalète, il leur f~llait d'immense~. . fossés protégeant leurs tours. Or, ils n'auraient pu se garantlr de cette man1ere sur les hauteurs; ils ont clone dû ctescendre dans Ie bas.-fond et jeter, au milieu d'un étang, Jeurs masses de pierres. I1 en fut de même, à peu d' ex ception près, dans toute la partie peu montueuse de la Belgi,.. que. Pour réfugier leur aire au sommet d'une colline, les barons voulaient que celle.-ci fut très élevée et de difficile accès. Ainsi Poilvache, Crêve creur, Beau... fort, se reposaient du soin de leur sécurité sur 1' escarpement des flan es des ~onta~nes oû ces castels étaient assis. et au jour du danger, i1 fallait un bras b1en Vlgoureux pour Janeer un trait jusqu'à la bannière armoriée, arborée sur le courennement de leurs orgueilleuses tourelles. . ~es foss~s de _B:ersel so.nt convertis en prairies; un ruîsseau quî les alirnentait Jad1s, les stllonne aujourd hui. Un pont de bois, qui repose sur des assises de maçonnerie, conduit à Ia porte d'entrée. Celle.-ci est recouverte par une tour massive, reliée à deux autres tours par des murs. Tout Ie chateau est bäti en briques. sauf les fondements, Ia partie inférieure des rourailles et des tours, Ie courennement de celies .. ci et les chaînes de pierres qui ornent leurs angles. Les tours offrent une face piane vers l'intériem:. semi-circulaire à rextérieur. Elles étaient jaclis surmontées d ·un courennement saillant, percé de meurtrières. par 118
.)
lesqueUes on pouvait accabler de traits et de balles ceux qui auraient tenté de forcer la porte ou de battre le mur; ce couronnement, à moité ~é~ruit et qu_i diminue de jour en jour, supportait un toit très élevé, de forme co~tque, perce de lucarnes et orné vers l'intérieur de deux petites tourelles. L~ tmt de la tour du fond supportait une ~spèce de lanterne qui, s' élevant de beaucoup au... dessus des plus hautes ouvertures, servait sans doute de vigü; et de ham~e pou: la bannière baroniale, écartelée, de 1' écu de Brabant et d un champ d azur a la croix d'argent. Tout cela a disparu. Les murs qui reliaient les tours, ~tai~nt surmontés d'une galerie couverte, servant à la fois de moyen de comrnun1cat10n et de point de défense; cette galerie n' existe plus, et on ne voit que très, peu de vestiges des bätiments ou c~;rps de logis qui se. trouvaient à gauche, pre~ de la tour de fond, et d' autre part entre la tour d entrée et la tour de drmte. Le premier, assez élevé, était recouvert par un gran? toit à. ~ngles saillants e~ rentrants, o:rné de hautes cheminées, semblables a des ptlt~rs sans base, n1 chapiteau, et protégé à un angle par une tourelle ronde, d?nt Ie so~~et venait au niveau du courennement des tours. Il est probable qu il Y avatt a Beersel une chapelle castrale~ maïs on n'en a trouvé, que je sache, nulle trace et nul document n· en fait men ti on. La première tour ou tour d'entrée renfermait au rez ... de . . chau.ssée une salie voûtée; à r étage deux salles superposées, auxquelles on se r.endait pa~ u~ esc.a-lier, pratiqué dans 1' épaisseur des murs: la destructien du tmt a am~ne ~1en v1te celle des plafonds, et les deuf appartements ne farment plus qu un 1mmense réduit, livré aux ravages du temps. Les fenêtres inférieures sont de ~orme et ~e grandeur différentes; les supérieures sant toutes carrées. Par une 1ssue prat!,.. quée près du palier que ferme 1' escalier entre ~es deux étages, on se ~en_d, par la muraille, à la tour de droite qui est teute paretlle. Celle du fond est d1fferente. Au bas sont la cuisine, d' au tres dépendances et 1' entrée qui conduit aux caves. Dans la cuisine, on voit eneare 1' immense cheminée ou 1' on rötissai: d' ~norn:~s pièces de breuf, de mouten et une quantité de volailles,. pour rass~s1er 1 appetlt robuste des maîtres du manoir et de leur nombreuse sUlte. Deux enermes che. . nets, en pierre de taille, sculptés aux armes de la maison, sant encore là pour attester la quantité de bois qu'il fallait peur alimenter la flamme du foyer. Les caves. qui sont très vastest servaient aussi de pr~son, comme le. prouven~ les chaînes qu'on y a trouvées, scellées au mur. ~lus dun serf, plus ~ un audac1.eux braconnier, maint pillard dont les exploits n avaient pas respecte les doma1nes du chätelain~ y ont sans doute expié par une longue détention et des tortures atroces, }eurs délits ou ]eurs crimes. A 1' êtage de la tour était une seule salie, qui selon toutes les apparences servait de salon. Elle e:t recouverte .par u_ne voûte, dont les parois~ peintes en bleu av~c encad~ernents Jaun~s: sont slllonnees par des nervures offrant à leurs points d intersecbon d~s armotnes que. Ie te~ps a rendu méconnaissables; une vaste cheminêe, surmontee du blason setgneur:al, occupe un des cötés; une des fenêtrest donnan~ sur la c?ur. est ~rnée .. d un balcon en fer, et dans sa profondeur~ qui forma1t au bes01n un cab1net a elle seule, on a placé des bancs de pierre. C'était ici qu'on déposait. sans d?ute les armures et les drapeaux conquis dans les batailles, et les dépoUtlles moms san... 119
glantes, enlevées à la chasse; ces nohles témoignages de 1' activité et du courage des seigneurs occupaient alors dans les salles d'apparat la place qu'on réserve aujourd'hui pour les mille produits d'une industrie somptueuse. Les murs du chäteau portent les traces des attaques qu'il soutint autrefois. Un boulet, sans doute l'un de ceux que lui lança !'artillerie bruxelloise est incrusté dans la muraille. Quelles furent les causes de la destructien du chäteau par les habitants de la capitale, c'est ce que nous allons raconter, en rappelant camment ce manoir parvint à la famille de Witthem; camment cette maison, grandissant taujours et s'enrichissant de plus en plus, s'éteignit enfin au comble de sa grandeur, et cernment Ie chäteau vit à la fois s 'éteindre ses anciens maîtres et s'éclipser sa gloire. Plus que bien d'autres résidences, il peut invoquer en sa faveur Ie passé, car il a eu beaucoup de mauvais jours; ses fossés ont été teints de sang, la sape s'est attachée à sa base, le bélier et Ie canon ont battu ses flancs. et bien des valeureux guerriers, dont Ie nom même a été enseveli dans f oubli, ont combattu pour conquérir ses muts comme peur les défendre. Depuis que la famille de Witthem s,est éteinte après trois siècles d'existence, Ie chäteau est resté inhabité. Un jour cette solitude s' est animée, et Ie manoir féo~al s' est ~éveillé établissement industrie!, mais cette métamorphose n' a guère dure, et Ie sllence a de nouveau repris son empire dans ce lieu désert. En 1818, la main de la dévastation s' est étendue sur lui, mais r reuvre de destructien s' est arrêtée, et Ie chäteau qui, auparavant était eneere assez bi en conservé, est sorti de la lutte, à moitié détruit. Il y a quelque chose de solennel et de mélan ... colique dans ce paysage solitaire, dans ces vastes ruines, dans ces tours qui semblent encore élever vers Ie ciel Ieurs têtes altières, comme pour attester leur antique splendeur. 11 semble, lorsqu'on les parcourt, qu'on se reporte à ces temps reculés, à ces époques de dissensions intestines, de mreurs tranchées, de vrai enthousiasme et de coutumes bizarres et cruelles. Rien n 'y étonnerait moins que la vue d'un chevalier abandonnant ces lieux dévastés, ou d'un lansquenet,' furetant dans les dêbris pour y trouver quelque trésor oublié: Là tout est véné..rable, et nulle main profane n'a défigurê les constructions massives du 168 siècle, par de prétendues restaurations. , Aband.onnant,. ces lieux historiques, on arrîve bientöt à 1' église. lei, ce qui s offre d abord a la vue, vous rappelle de nouveau Ie souvenir des seigneurs. Ce sont deux Bons en pierre, placés à I' entrée du chnetière. La modeste église du village de Beersel est située sur une hauteur, au milieu d'un groupe de mai ... sens peu nombreuses. Elle est dédiée à saint Lambert et bätie en pierres de taille de grande dimension, dans le style du siècle dernier; la tour seule remonte au moyen äge, comme rinclique la fenêtre en ogive qui orne sa partie antérieure. L'intérieur de 1' édifice n' offre rien de remarquable que les statues de Henri de Witthem et de sa femme. Le chreur est très petit et la nef aussi large que Iongue. La population de Beersel qui, dans Ie 15e siècle, ne dépassait pas 250 ämes et dans Ie 16" siècle 400t monte aujourd'hui à 1.050 habitants, dont 160 babitent le centre de la paroisse: 240 Neer--Beersel, près Calvoet; 50 une partie de Cal.. voet; 320 Nerinck# et 280 Laer. . Heyde. Il s'y trouve une maison de campagne, située près de la chaussée dtA1semberg. appelée d'Weerbosch~ ancienneroent 120
propriété de I' abbaye de Dîlîgem, passée au 16e siècle à la famille de Van der Haeghen, puis aux Richardot et achetée, en 1596, par les Jésuites de Bruxelles pour la somme de 11.483 livres d'Artois. C'est aujourd'hui un bien appartenant à M. de Roest d'Alkemade. Il y avait eneere à Beersel une ferme dite de , Nieuw,enhove, tenue en fief du duc de Brabant, et une autre ~appeiée Honge ... veyen, qu'une reine de Hongrie avait, dit. . on, donnée à l'église d'Alsemberg. Il n'y a à Beersel d'autre industrie que la préparation du fromage; il n'y a aucune usine ou fabrique, pas même de moulin. Vers Ie milieu du siècle dernier, Ie duc d' Arenberg avait demandé et obtenu 1' autorisation d' ériger un moulin à eau, mais Ie ruisseau n' étant pas assez fort pour faire mouvoir la roue, Ie duc bätit, sur Ie plateau à 1' est de 1' église, un moulin à vent qui ne subsiste plus. Dans les deruiers temps la seigneurie de Beersel avait perdu une partie de ses prérogatives. La haute justiçe à Linkebeke, Rhode, Alsember·g et Tourneppe, fut rachetée par Ie domaine et revendue ensuite, en partie, au conseiller de Brabant, Van de Winckele qui devint ainsi en 1648 seigneur' des trois premiers villages, depuis possédés par la familie de Naus et celle des barons de Provins; et en partie à Henri de Varick, margrave d'Anvers, seigneur de Huyringhen, et en 1626, par engagère, de Tourneppe. Quant aux petites seigneuries eensales de Boesdale, Ten... Broeck, etc., elles sont restées aux maîtres du chäteau. Le 15 juillet 1762, Ie duc d' Arenberg céda à 1' église la chapelle seigneuriale et autorisa la fabrique à faire disparaître la belle tombe de Henri de Witthem, qui avait 5 pieds de haut, 12 de long et 6 de large; seulement on dut en conser. . ver la représentation dans l'église. C'est alors que furent placées, près de la tour, en face de 1' au tel de la Vier ge, les deux statues en pierre, accompagnées de deux niches gothiques et de quatre écussons par lesquelles on a prétendu remplacer un mausolée du 16e siècle. Des vitraux ornés d'armoiries disparurent aussi à cette époque 1 •
t Ces détails sont empruntés à un manuscrit de la Bibiiothèque Royale. intitulé .,Mêmoire tou.. chant la très illustre familie de Witthem". L'auteur qu.i paralt être Ie cu.ré auquel Beersel obéissait. en 1763~ Egide De Coninck, a consulté, entre autres sources, l'Histoire de la terre et vicomté de Sebourg. ensemble la généalogie de la très illustre familie de Berghe et Witthem. par Pterre Le Boucq, imprimée à Bruxelles, chez Mommaert, en 1647. Voyez aussi te ..Guide fidële", page 146. M. Jacques Gautier a donné dans le ..Messager des Sciences historiqul:'s", année 1840. page 384. un dessin lithographié des statues que l'on volt dans l'église.
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Bxtrait d'un artiele de Hubert Henry dans "Le Folklore Btabançon", n° 101 . .., Avril 1938.
D: tous les. chäteaux..-forts dont les vestiges couvrent eneare Ie sol de Ia Belgtque, ce1Ul de Beersel se classe parmi les mieux conservés. Il fut habité- en partie du rnains- jusqu'en 1818.
,Chateau de Beersel, vers Ie milieu du 19° siècle, d' après un desszn appartenant à M. Ch. Goens. ( Photo A. Chaclier, Etterbeek.)
Beersel a joué uri röle important dans l'histoire de la contrée, à cause des seigneurs qui -1' ont possédé, et principalement de messire Henri de Witthem dont Ie mausolée se trouve dans l'église du village. Son cercueil ne fut découvert qu· en 1732, ainsi que cel ui de s~ femme, dans les drconstances que voici! la foudre tombée sur l'église du bourg, en 1730, avait abattu la tour, qui était très élevée, et incendié 1' édifice presqu' entièrement. Ce fut à !'occasion des .travaux de reconstruction que l'on rencontra Ie caveau contenant les restes des seigneurs. Les dessins d,..contre, dus à un artiste anonyme, reproduisent certains aspects du chäteau.-fort de Beersel en 1835. I1 était déjà fort dévasté à cette époque. M. Albert Marinus, possesseur de ces intéressants dessins, a eu l'amabilité de les offrir pour illustrer ces quelques notes consacrées à 1' ancien domaine féodal. Les gens de Beersel avaient Ie sobriquet Boterstooters, parce que leur princi-pale ressource consistait dans la vente du beurre. Le village avait sa "Société", sa "Gilde". La gilde St--Sébastien de Beersel était une société de tir à 1' are, sport fort pratiqué en la contrée, eneare aujourd'hui. L' oiseau à abattre se trouvait ordinairement placé sur une perche elle.-même fixée, on ne sait trop pourquoi, sur le doeher de 1' église. Or, la gilde se vit un jour refuser par Ie curé 1' autorisation de procéder à un nouveau tir, parce qu' elle ne payait point les réparations nécessitées par les dégats faits précédemment à la toiture, ce qui allait à 1' encontre de toute justice, assurément. On résolut de se passer de permission, pour la kermesse suivante. Lors, le Président s'étant procuré les clefs de l'église, s'en fut hisser sur la tour la perche et 1' oiseau. On s'imagine bien Ie conflit qui en résulta.
Ce n:anoir., dont les murs ont plus de deux mètres d' épaisseur, aurait rnains
n;ss~ntlles r1gueurs du temps, si ron ne s'était avisé, en cette même année 1818,
d y Instalier une manufacture de toiles. Parfaitement ... ~' entreprise. n'ay~nt pas réussi, les crétins - car il n'y a pas de terme plus addeq~at --:-- qu1 ~va1ent eu cette mirifique idée, ne trouvèrent rien de mieux que e demohr Ie chateau . ...H:ureusement soi~ que les travaux eussent paru trop coûteux, soit que l'on s ~mut des ~r?testat1ons des archéologues, la démolition fut arrêtée.. Maïs la ru;ne "~: la v1e;lle et solide forteresse était préparée : en e.ffet, les toitures ayant éte deJa e~levees, la pluie, la neige et le vent se firent un plaisir d'achever ce que la bêt1se des hommes avait commencé. ~e chäteau est :naint~nant en bonne voie de restauratien et dans peu de lunes, esperens-en .la genéros1té des protecteurs de nos antiquités architecturales. il sera reconshtué tel que nos ancêtres 1'ont connu au 15* siècle. t22
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La grande salie du chateau de Beersel en 1835. Dessin d'un auteur inconnu. (Collections du Service folklorique du Brabant.)
Le document ci..-dessus a une grande valeur car il permet de voir camment étaient fermées les quatre fenêtres de la belle salle gothique qui se trouve au premier étage de la 3~' tour (donjon) du chäteau. La voûte de cette salie était peinte en bleu avec des encadrements jaunes et des fleurs de néflîer dorées ( emblême des d' Arenberg). Une voûte analogue existe eneere actuellement au chäteau d'Heverlé. Les parcis des murs étaient teintées de trois couleurs : rouge, gris et jaune dont les traces subsistent. La cheminée était ornée du blason seigneurial ainsi que la voûte.
1ntérieur des ruines du chateau de Beersel en 1835. Dessin d'un auteur inconnu. (Collection du Service folklorique du Brabant.)
Cette vue très intéressante représente 1' état du corps de log is de la cour, il y a un siècle. Ce document est précieux car il donne des précisions sur l'architecture inté..rieure de ce bätiment disparu aujourd'hui par suite des dévastations qu'il eut à subir. Ce dessin sera très utile en cas de reconstruction de cette partie du chäteau.
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Armoiries de Merode et d' Arenbetg.
ma1son Oe menoOe · E cha:eau ~~ Beersel ~n .:uine resta propriété de la Maison d'Arenberg jusqu au m1heu du 19 s1ecle. . La princesse Marie..-Nicolette d'Arenberg, née au chäteau de Maffhers {Seine...et-Oise) en 1830 ( décédée à W esterloc en 1905) en épousant à Paris en 1849. Ie comte Charles de Merode, marquis de Westerloo (1824..-1892), transmit Je chäteau de Beersel à la famille de Metode. La familie de Merode est originaire de la Rhénanie, oû se trouve 1'ancien .chäteau de Merode ( 12" siècle). Des documents authentiques font rem on ter son ascendance aux rois d 'Aragon. . Une branche de cette famille vint se fixer en nos provinces au 14e siêcle; W esterloo devint sa propriété à la fin du 15" siècle. Ses titres : uBourgeois d'honneur.. ( Edelbürger) de la ville de Cologne a~x 13" et 14• siècles; barons du Saint Empire dès Ie 14E' siècle; - comtes du Sa1nt Empire, marquis de W esterloo, prlnces de Rubempré et de Grimberghe, princes de Merode en 1930, etc.
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Statue dans le c::háteau de Beersel .. 1835 Dessin d'un auteur inc:onnu. (Collection du Service folklorique du Brabant.)
Ce dessin. fait à cette époque. représente une curieuse statue qui devait se trouver dans Ia salle du rez ... de-chaussée de la 3fif tour du chäteau de Beersel. Elle semble représenter un ancien seigneur du chateau et a disparu depuis lors.
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Parmi les seigneurs de Merode qui se distinguèrent dans les domaines tant militaires que politiques, nous citerons deux grandes figures : Ie comte Jean..Philippe--Eugène de Merode, marquis de Westerloo (1674 ... 1732), grand d'Es-pagne de 1re classe, chevalier de I'Ordre de la Toison d'Or, fe}d .. maréchal, capitaine de la compagnie des trabans . . gardes, du corps de l'Empereuri et Ie comte Frédéric de Merode, tombé glorieusement, en novembre 1830, pour l'indépendance de la Belgique. Mentionnons encore parmi ses alliances les familles d'Egmont, Holstein, Pignatelli, Nassau . . Hadamar, Gand--Vilain, Arenberg, Grammont, Montalem . . hert, Rochechouart... Mortemart, Lévis..-Mirepoix, La Rochefoucauld, Croy, Bauffremont, Clt:rrnont..-Tonnerre, Laguiche, etc. ,
la RestauRatJon Ou chateau .,
Lë Cháteau de Beersel en 1928, au début des travaux de restauration.
Armoiries H emricourt de Grunne...M erode.
En mai 1920, Ia comtesse Henriette de Merode, propriétaire du chateau de Beersel. épousa le comte Guîllaume de Hemdcourt de Grunne, dont la familie, qui remonte au 12" siècle et qui est originaire de la Principauté de Liége, reçut Ie titre de comte de Grunne et du Saint.-Empire en 1747. Désireux de collaborer à la restauratien de ce chateau, Ie comte et la comtesse Guillaume de Hentricourt de Grunne ont bien voulu. en 1928, en faire donation à. la Ligue des Amis du Chateau de Beers·el.
Le chateau de Beersel, survivat:..t du passé, constitue, par sa curieuse architec-ture, son histoire et le röle qu'il a joué à diverses époques, un trésor inestimable. L' abandon de eet édifice historique. si digne de figurer dans Ie patrimoine artistique du pays, ne pouvait durer plus longtemps. Aussi le comte et la Comtesse Guillaume DE HEMRICOURT DE GRUNNE, propriétaires du chàteau de Beersel, désireux de collaborer à la restauration de ce monument. ont bien voulu consentir à en faire donation à la Ligue des Amis du Chateau de Beersel, Association sans but lucratif, créée en 1928t spéciale.ment pour accomplir cette reuvre d'intérêt national. à l'initiative d'un groupe fondateur composé de : MM. Raymond PELGRIMS r>E BIGARD, François VAN HAELEN. Charles MERTENS, baron Marcel nE SCHAETZEN. 129
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M. Raymond PELGRIMS DE BIGARD est !'auteur de la restauratien du chäteau. I1 sauva de la ruïne un des plus beaux documents de l'architecture médiévale du 13e siècle. 11 s'était tracé comme programme de respecter scrupu ... leusement tout ce qui .existait, de réparer et de reconstituer a vee des matériaux de 1' époque, les parties endommagées ou détruites en se rapportant aux ancien,.. nes estampes des 17e et 18e siècles relatives au chàteau et notaroment à celle si précise qui Ie représente en 1696. Les travaux de restauratien furent commencés le 10 mars 1928. 11 était temps, car chaque jour de retard amenait une destructien de plus et un souvenir du chäteau s'en allait avec la pierre sur laquelle iJ était écrit.
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R.éception des délégués du ,_National Trust" anglais, en 1939, au Chäteau de Beersel.
Le ~~National Tr.ust of places of historie interest ar natura! beauty" est. un organisme très important s'occupant de la sauvegarde des chateaux, domames et sites d'Angleterre.
Le Chateau de Beersel en 1938. 131
Depuis 1939, le chäteau est presque entièrement restauré, tel qu'il était au 17e siècle. 11 ne reste plus à rétablir que Ie bätiment d'habitation dans la cour et la courtine du cöté Est.. Deux grandes époques apparaissent dominant es dans l' architecture de ce chàteau : la première comprend un siècle de l'äge féodal : Ie 13 6 oit trois choses semblent caractériser principalement 1'architecture militaire : la prédominance de la forme cylindrique pour les donjons et les tours, surtout dans les pays de plaine; l'emploi presque général des mächicoulis, et la substitution de l'ogive au plein . . cintre pour les arcs de porte; la seconde comprend les caractéristiques du style du 17e siècle pour Jes superstructures des trois tours qui furent res,.. taurées et embellies en 1617. Cette date fut formée par les fers d'ancrage du pignon du toit de la tour d' entrée. Ce fut en 1933 que M. PELGRIMS DE BIGARD construisit la petite auberge breughelienne, à I' entrée du domaine. La vogue de cette ,,Auberge du Cheva..lier" n'a cessé d'augmenter depuis sa création. Le chäteau féodal de Beersel, évocateur de tant de souvenirs dramatiques, est ouvert au public, tous les jours de 1' année, du ma tin au soir.
Pierre commémorative.
Dans la cour du chäteau , Ia "Ligue des Amis du Chäteau de Beersel" a fait placer la pierre commémorative repraduite ci..-dessus et sur laquelle est gravée cette inscription: "Le chäteau féodal de Beersel, résidence des Sires de Witthem, passa, dès ,Je 1 siècle, par héritage à la Maison d'Arenberg et par celle. . ci à la Maison "de M erode. ~ Le comte Guillaume de Hemdcourt de Grunne et la comtesse de Hemdcourt "d~ Grunne, née comtesse de Merode, désireux de collaborer à la restauratien ,de ce monument historique en ont fait don à la "Ligue des Amis du Chäteau ' de Beersel" assodation fondée en vue de la réalisation de cette ceuvre d·intérêt ::national. L~ restauratien en a été entreprise Ie 10 mars 1928."
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Lc Chlttesu de- Beersel en 1942.
(Photo Paul Becker.}
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OescRJPtton Ou chàteau Oe BeeRsel
Plan du Chateau de Beersel.
Actuellement, quand on se prêsente devant ce chàteau du 13~ siècle, on est tout d·abord frappé de raspeet majestueux de ces trois tours cylindriques rougeätres. bordées de pierres grises, patinées, surmontées d~ toits, d'échauguettes, de la vigie, ainsi que des hautes courtines qui les réunissent. En voyant l'étang qui l'entoure, on comprend tout de suite que Ie choix de l'emplacement de ce chäteau .. fort de plaine a été fixé par Ie désir du chätelain de tenir rennemi à distance par une grande surface d'eau, à défaut d'un roeher escarpé comme ceux sur lesquels furent élevés les chäteaux des Ardennes. 134
Le pont fixe a été reconstitué d'après Ie dispositif d'autref-ois : entrée en maçonnerie avec les couvertures de pierres bombées retrouvées dans les fouilles; les pilotis du pont de bois, longerons, traverses," etc., taillés comme les bois .pétrifiés extraits de l'étang. , Le pont.-levis, rétabli, fonctionne comme au moyen äge. Les .axes des bobines en fer sur lesquelles s' enroulaient les chaines de ce pont avaient encore leurs clavettes. La crapaudine qui recevait 1' essieu ( 1' axe) du pont. . levis était eneere en place. La remarquable porte d'entrée, bardée de larnes de fer, avec sa poterne, sub... sistait encore heureusement et fonctionne à nouveau. Dans la voûte du grand couloir d'entrée, on aperçoit un vaste machkoulis, qui servait à défendre Ie passage d'entrée si l'ennemi parvenait à forcer l'accès du chäteau. A 1' entrée de la cour, à ga uche, existe une prison : oubliette .. On y accède par une ouverture carrée, seule issue pour y descendre les prisonniers. Cette prison se campose de deux salles voûtées. Dans l'une de celles.-ci, on remarque une latrine à l'usage du prisonnier. Dans la première tour, au premier étage, se trouve la salie de la herse, oit l'on voit eneare une grande pierre avec des tenons qui fixaient le treuil de la herse au sol; au-dessus subsiste une poutre en bois avec la poulie de la herse et les deux crochets de soutien. La deuxième tour servait de logement aux hommes de garde et de dépöt pour les moyens de défense. Dans la troisième tour (donjon) au rez-de-chaussée, les murs de forte épais-seur sont perc.és de trois archères qui ont été modifiées en 1491, après la réédification de cette partie du chäteau sac.cagé par les Bruxellois en 1489. L' ou..verture centrale a été arrendie pour laisser passer 1' embouchure des bombardes ou couleuvrines qui pivotaient au moyen d'un axe dans Je trou d'une barre de fer fixée dans chaque meurtrière. Des canons de cette époque existent au Musée de la Porte de Hal. Un escalier a vis dessert les quatre étagès de chaque tour. Toutes les issues étaient garnies de portes fortement ferrées. Le premier étage de la troisième tour était coqvert d'une voûte gothique qui s' était écroulée. Elle a été rec:onstituée au moyen de matériaux anciens et des deux clefs de voûtes aux armes de Henri III de Witthem et de son Hls Philippe, toutes pierres authentîques retrouvées au cóurs des fouiiies. C'est ce dernier qui avait fait établir cette voûte après Ie siège que Ie chäteau dut subir en 1489. Les parois de cette~salle étaient revêtus, à la base, d'une hoiserie en chêne; les murs tHaient peints en panneaux teintés de trois couleurs dont des traces subsistent. La voûte dont la clef portait Ie monogramme P.W. (Philippe de Witthem) permet d'établir que la construction remonte à la fin du 15~ siède. Les cintres des murs de rempart ont été bouc:hés également à cette époque et percés de fen êtres~ 1.35
Cette voûte était peinte en bleu päle et parsemée de rosaces d'or, emblèmè des cl' Arenberg : fleurs de néflier, comme celle du chäteau d'Héverlé. Le chäteau est abondamment pourvu de machicoulis, invention du 13 6 siècle, permettant de. se passer de hourds en charpente, nécessaires jusqu' à cette époque pour tuer les assaillants s'avançant jusqu'à la base des tours et cour~ rines pour les saper ou y monter avec des échelles. Avant l'invention de la poudre, des bombardes et couleuvrines, une garnison aguerrie pouvait Jutter avec des chances de succès jusque dans ses dernières défenses. Si I' ennemi entrait au chäteau par escalade ou par une brêche, la garnisou ne se rendait pas; car alors, celle. . ci enfermée dans les tours qui étaient autant de réduits indépendants, pouvait se défendre encore; il fallait forcer des partes barricadées. Prenait . . on Ie rez . . de. . chaussée d'une tour, les étages su . . périeurs conservaient les rnayens de reprendre l'offensive et d'écraser l'ennemi. Chaque tour ayant au dernier étage son arsenal bien équipé, pourvu d'un puis . . sant système défensif, permettait de résister aux attaques. Tout était calculé pour une lutte possible pied à pied, corps à corps. Les machines de jet, catapultes, les engins dont les assaillants disposaient aux 13(' et 14 6 siècles pour battre du dehors les niurailles, ne pouvaient produire qu'un effet médiocre vu la solidité des murs. Restait la sape, la mine, Ie bélier et autres engins qui obligeaient rassaillant à se glisser au pied même des dé . . fenses, protégées de loin par Ie tir des archères et de près par les houiets de pierre lancés verticalement par les machicoulis.
· Fenêtre de la salle de justice au rez. . de ... chaussée de la 3" tour:.
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V ers extérieur les fenètres sont de petites dimensions et gatnies de gros volets en chêne. n'est que du cöté de la cour que des fenêtres à meneaux,. plus grandes, éclairaient les places.
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Vue du Chateau de Beersel tel qu'il éta.it au 17" siècle. ll ne subsiste pas de document donna.nt l'état du dtáteau à unt:- t?poquE' antétieure. (Gravure d'Harrt:-wyn, dans les ..Castella.. de ]. Lr' Roy. 1696. C't dan!~ les ..Délices du Brabant" dc> Cantillon.)
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Souvenir impressionnant de la féodalité, des puissantes prérogativ~s de ses maîtres, ce chäteau délaissé garde un charme impressionnant dans sa solitude hautaine . .) Dans 1' ambiance mystérieuse qui y règne, on perçoit mieux l'Hi:;toire évo..quant les souvenirs du passé. On songe aux coutumes de la chevalerie, aux fêtes, aux cérémonies, aux joutes, aux tournois, aux chasses, aux cambats qui ont illustré. la célèbre forteresse. Le chäteau de Beersel constitue un ensemble rare et complet d'une forteresse du 13e siècle et constitue un monument historique précieux par sa valeur et ses souvenirs. Le chäteau, son étang et son pare ferment un groupe imposant d'une allure si particulière qu'on ne peut Ie confondre avec aucun autre ni l'oublier quand
Fenêtre vers la cour de la sallé de la herse au ] 81' étage de la tour: d'entrée.
, Le mi!léstme: 1 6.1 7 .en fer forgé, sur le pignon de la tour d'entrée, résulte d une decouverte fmte d après une précieuse aquarelle criginale de Paul Vitz,.. humb, conservée au Cabinet des Estampes de la Bibliothèque Royale. Cette date rappelle la reconstruction des trois pignons et des toitures des tours dans Ie style du 1T' siècle, plus décoratif que celui du 13(' siècle. , ,A l'~ntérieur. de la vaste enceinte délimitée par les tours et les courtines, s eleva1ent plus1eurs constructions élevées au 15e siècle par Philippè de Wit. . them, une grande maison d'habitation adossée à la troisième tour, des remises pour les valets, chevaux et voitures. Dans Ie coin, à droite, contre Ie donjon, se trouvait une chapelle. La croix en fer de celle. . d a été placée sur l'église de Droogenbosch.
on 1' a vu une fois. Quel cadre enchanteur pour les études de l'historien ou de .J' archéologue, pour les rêveries et inspirations de 1' artiste, pour la curiosité du tauriste ! Q·ue ce soit le matîn, quand les premiers feux du soleil dorent ses tours et tourelles, que ce soit au milieu du jour oil une luminosité plus grande fait res,.. sortir tous ses détails d'architecture, que ce soit le soir quand iÎ s'estompe majestueusement dans Ie décor d'un del pourpre, que ce soit le soir encore, au clair de lune, lorsque sa masse sombre et mystérieuse se dessine plus étrange dans le eiel argenté, ce chäteau mérite qu' on r admire et qu' on étudie son his ... toire et son architecture si caractéristique. Aussi, le chäteau fort de Beersel, au prestigieux passé, que sept siècles ont peuplé de souvenirs et de légendes attire... t ...il chaque année, depuis sa restau ... ration, la foule des visiteurs. Sombre, plein d'évocations, d'aventures, de batailles, d'orgueil, de grandeurs, de ruines, de sang, de drames, de souffrances, de joies, de surprises et d'im... prévu, le Passé offre là aux curieux, aux chercheurs, aux érudits, aux histo,.. riens, aux archéologues, ses réseaux complexes, magkien dominant Ie Présent de sa puissanceJmmuable.
Du besoin du passé notre ame est poursuivie. Et sur les pas du temps l' hom me aime 8. revenir. ll faut aux jours présents de la plus belle vie l' Es pérance et Ie Souvenir!
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Les mausotées bes sel(jneuRs be Wltthem, 3. seeRsel
Le Ch!!tesu de Beersel au soleil couchatzt.
(Photo Paul Becker.)
L' église de Beersel fut incendiée en 1730. Les pierres des sculptures sautèrent sous l'action du feu et les débris furent rernisés dans la cure. Plns tard, les statues en albätre (Henri II et sa fenune) furent reconstituées et placéesy verticalement. dans une niche de l'église modifiée en 1762. En 1927. une imposante cérémonie eut lieu, dans 1' église de Beerset pour
céléhrer le rétablissement des deu b . de son épouse Jacqueline de Glim x ~au~ ma~solées de Henri 11 de Witthem Isabelle ~espont ou Despout. es, e ent! III de Witthem et de sa femm:
ta téq€nb€ b€S ÇauconnJ€QS
~es pterres tambales venaient d'~t . asstses et remises solenneHement à rFe bre~taured~~ e~ placées sur de nouvelles a nque eg hse.
1:
Mausolée de Henri Il de W'tth L •~ 1' t em et de Jacqueline de Glimes eg tse ayant été agrandie au déb t d .. . . Van Haelen, qui s'intéressait à I u .e ce stede, Ie mécène François ses frais, par Ie sculpteur Ledel 1a rdestaurabon du chäteau, fit reconstituer à L'·mscnption · · ci...après fut gra , . es eux I mausol'ees des setgneurs précités. ' vee sur es soubassements .
Quel
Familia Van "' T'Immermans . Haelen .
.
. me posterltatt servavit anno 1927 ques annees plus tard afin d,. 't . cription latine ci--dessus fut re' 1 . evt er toute erreur d'interprétation l'ins ... le coAt•e d rott . d es soubassementsmpacee par une in scnp . t'ton nouvelle gravée ' sur ~ Restauravit Familia Van Haelen "' T'Immermans
La chasse au faucon était le plus joli plaisir des chätelains de Beersel en Brabant. Leur cháteau, longtemps abandonné, renaît présentement. A 1' époque de sa splendeur, ses hötes invitaient volontiers les seigneurs d'alentour à .des randonnées; par les prés, par les mares et par les bois, à des longues courses équestres, suivant le vol des oiseaux décapuchonnés. Car on leur mettait sur la· tête, à ces ápres faucons chasseurs, quelques heures avant r envoi, des capuces de couleurs vives et des sonnailles d' ar gent clair; celles--ei a fin d' entendre leur voyage aérien à la poursuite des grands oiseaux des marécages. Or la chasse de cette fête de Páques s'annonçait particulièrement fastueuse. Les plus hautains seigneurs de Brabant et de Flandre devaient y figurer sur leurs destriers légers et les gentes dames, aux hennins pointus comme les flèches des cathédrales, y figuraient en grand nombre. Le sire de Beersel possédait les meilleurs faucons du pays. Dans toutes les terres brabançonnes on les connaissait pour leur coup d' reil vif, leurs vols inlas-sables, leur parfait dressage. Henri de Witthem était content de son bon fau,.. connier, et celui...ci demeurait fier de ses élèves emplumés. Grands amateurs de carnage, ses oiseaux restaient sans pareils à la poursuite, dans les airs, des cigognes, des ramiers, des hérons et des canards sauvages. Ces lourds volatiles ne pouvaient supporter longtemps Ie vol sans relais. Or les faucons dressés par le fauconnier de Beersel ne leur accordaient aucun répit. Les dames de Beersel, la chatelaine et sa fille, raffolaient d'un des oiseaux, que ses prouesse~s avaient rendu célèbre entre tous. C' est elles... mêmes qui, de leurs beaux doigts fuselés, avaient confectionné le mantel jaune et vert, ainsi que le capuce, à crête violette, de 1' oiseau préféré. Elles se plaisaient à le garder, chacune et tour à tour sur le poing gauche, tandis que de leur dextre fine elles lissaient les plumes soyeuses à faide d'un baton d'ivoire. Et le faucon ainsi choyé semblait apprécier beaucoup pareille faveur 1 Or, la veille de la chasse fameuse oû il devait faire merveille et prouver à tous les chasseurs qu'il n~ était pas meilleur éleveur de faucons que le fauconnier de Beersel, Ie jeune Hls de ce grand dresseur d' oiseaux de vénerie, ouvrit la cage du faucon célèbre et celui .. ci, sans capuce ni sonnailles, disparut très haut dans razur L.. Le père fut affolé. Sa vie était en jeu s'il ne re:trouvait pas Ie fancon préféré! Son maître apprit le malheur irritant. La grande chasse du lendemain se trouvait soudain compromise, car Ie faucon, sourd aux appels désespérés du fauconnier, des serviteurs et des hommes d'armes. demeurait implacablement
FRANÇOIS VANHAELEN
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invisible. U était bel et bien perdu 1
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Le chätelain, sourdement furieux, sentait monter en lui tous les levains de la colère. Il menaça Ie fauconnier de son glaive et de la corde. La nuit fut pour ce malheureux, et pour tous les hötes de Beersel, une nuit agitée, une nuit blanche. Cependant les nobles chevaucheurs invités au chäteau arrivaient de tous cötés, hors des fourrés d'alentour. On les reçut fort bien. Car les deux chatelaines, la mère et Ia fille, ignoraient encore Ia dispari ti on fatale de I' oiseau. Quant au pauvre fauconnier, il en perdit le boire et Ie manger. Maïs il pré"' férait braver la mort que de trahir son fils imprudent, ce fils qui était la cause innocente de son grand malheur. Alors Ie seigneur s'approcha du fauconnier éploré, il Ie fit jeter en prison dans Ie recoin le plus sinistre du chä(eau et illui promit bien que, la chasse terminée, il le ferait passer de vie à trépas, sans tarder. Or à ce moment le bon fauconnier sans reproche invoqua dans son creur Notre.-Dame de Hat la noire madone, aux lourds boulets, et il entendit à l'ins ... tant son fils lui crier, devant sa prison : "Le faucon est revenu ! Le faucon est revenu!" En effet, libéré par Ie seigneur confus, lui qui le soupçonnait d'avoir étê vendu à ses rivaux de chasse, Ie bon fauconnier tout en larmes, vit, sur Ie poing menu de la demoiselle du manoir, Ie bel aiseau chasseur, réapparu soudain, à !'instant même ou, éperdu, il avait lancé vers la vierge de Hal le clair espoir de sa prière l
l€S SORCJèR€S Ö€ B€€RS€ll
Comme tout vieux chäteau, comme toutes ruïnes, la forteresse de Beersel inspirait taujours aux paysans, certaines craintes, s~rtout quand les ombres de la nuit envahissaient peu à peu la campagne et rendaient ses rourailles plus imprécises et plus farouches. Le souvenir des quelques cambats qui I' illustrèrent, des prisonniers, dont les anneaux scellés dans la muraille et dont les oubliettes subsistent e:p.core, tous ces détails grossis par l'imagination et auxquels vinrent se mêler des histoires nocturnes de sorcières et de fantömes, entouraient les ruines et leur prairie isolée au bas de la colline sylvestre, d'une sorte d'auréole superstitieuse. Les vieux paysans indiqueront eneare au passant Ie carrefour des chemins des sables, planté de trois gros peupliers et qui est Ie lieu du Sabbat de Beersel, ou les sorcières, par voie céleste, viennent ~~ réunir Ie soir et preparer leurs filtres et leurs embûches, sous les trois peupliers pointus surmontés d'une in'"' dispensabie lune. Une babitante du chäteau fut d'ail1eurs, jadis, formellement accusée de sorcellerie. Un prêtre, Christophe..-François Blanchet, fut appelé Ie 12 août 1755, à bénéficier de la Chapellerie Sainte... Anne. 11 habita Ie chä.teau jusqu'à I'époque de la Révolution. I1 avait a vee lui sa vieîlle servan te, brave femme, mais cl' aspect revêche et pointu, à laquelle Ia rumeur populaire prêtait des pratiques de sorcellerie. Qu'on se figure une nuit d'hiver, un rustaud qui passe, battu par Ie vent et la pluie, entendant les vieilles partes du chàteau gémir, voyant passer une o:nbre ou un lumignon sitöt éteint, frölé au surplus par un vol de c~auve--souns .ou d'oiseau de nuit, il n'en faut pas plus pour expliquer les assert10ns de certmns villageais de Beersel, qui juraient avoir vu la vieille servante s'élever d'une tour du chäteau dans les airs et se diriger en droite l~gne, montée sur Ie traditionnel manche à balai, vers le lieu du Sabbat, vers le carrefour des chemins des sables. Les maraîchers, lorsque leurs chevaux ne parvenaient point à tirer leurs Jourdes charges dans un raidillon fameux, n'attribuaient..-ils point, il y a queJ... ques années, Ieurs malheurs, aux artific.es de la mère du garde ·du chäteau? Toutes ces anciennes histoires, il en était d'autres, ont disparu presque com..p1ètement avec la mort des vieilles choses et des vieilles gens, des prairies, des lieux solitaîres, des masures, avec l'édification d'un village quasi neuf; et Ia restauratien de la demeure des Witthem substituera eneare à r évocation des ruines romantiques et mystérieuses celle d'une architecture nette et harmonieuse, qui effacera définitivement les ombres légendaires. 1
D'après Henri Dutoict.
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BRatne l' atleuö, ~~e~ öes wttthem
Lors de la conquête de notre pays par les Germains, vers le milieu du 4e siècle, Jes vainqueurs se partagèrent par la voie du sort les terres des vaincus; celles qui étaient exemptes de toutes charges ou redevances prirent Je nom d'alleux ou terres allodiales ( du celtique: all~ tout et de le.ud, loos, lot, sort); les autres furent appelées bénéfices, dans Ie principe et.plus tard fiefs. Les propriétaires d 'alleux étaient des hommes libres; ils ne devaient ni la foi ni l'hommage, contrairement aux vassaux ou détenteurs de fiefs qui étaient d~ simples usufruitiers. Braine-·-1'Alleud était une terre alliodiale, qui devint un domaine libre des ducs de Brabant. Au 15e siècle, ce fief devint l'apanage des Sires de Witthem, seigneurs de Beersel, etc .... .. Le dénombrement présenté à la Cour féodale, Ie 10 septembre 1440, montre ltmportance que la seigneurie de Braine avait alors. Elle comprenait : une cour féodale, à laquelle ressortissaient 45 hommages, dont 17 pleins..-fiefs, une juri... diction ayant toute justice, sauf la haute; etc., etc.
.. . Chàtesu de Brsine..tAlleud .. D'sprès f. Le Rou. Ce. chäteau appsrtmt successit.tement aux Bsrbençon. de Faingneulk. aux de V gler. aux
Wt'tthe'!'· aux de !3ergwop--Zoom. aux de Cusance. A la fin du 11- .siêcle.. il appsrtenalt il
Françot$ de Lorrame. prmce de Lislebonne, qui Ie ten.ait de sa femme. Après la réuolution. de 1789. if fut réduit en cendres.
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Outre Plancenoit, qui y fut réuni de nouveau vers 1' an 1350, après en avoir été séparé pendant quelque temps, la seigneurie de Braine engloba successive'"' ment de nombreuses acquisitions, surtout du temps des Witthem, qui y pos.;édaient Ie chäteau représenté par la gravure ci . . après. · Cette demeure historique évoque un peu, par !'assemblage hétéroclite de ses bätiments, l'ancien chäteau de Tervueren également détruit. De la route on arrivait sous la poterne en francbissant un pont massif à quatre arches, précédé .d'une grille de fer fixée entre deux montants de pierre cylindriques. Le principal corps de log is, sobre ~aison à cinq fen êtres, s' éten... dait entre deux tours à toit pointu, l'une ronde, l'autre carrée, qui s'appuyent aux pignons à redans. A ga uche du pont, plongeant dans 1' eau, on remarque quatre constructions, soudées les unes aux autres, mais dîfféremment orientées et de hauteurs inégales. Des lucarnes éclairent leurs combles ramassés. Seule... lement deux grandes fenêtres à croisillons ornent la plus petite; et l' extrême partie supérieure de la plus longue. Toutes prennent leur lumière sur la cour d;honneur qu' on devine vaste et irrégulière, devant quatre au tres constructions aux pignons dentelés surmontés d' épis. L' eau entoure Ie chäteau de toutes parts. A droite du chäteau, dans le charme d'une antithèse exquise, nous .décou . . vrons un paysage que Ie vieux Breughel ou Teniers le Jeune eussent pris a vee enthousiasme pour cadre à une de leurs reuvres. Séparée de 1' étang par un clair chemin de terre, entourée d'une palissade doublée d'une haie, se dresse une demeure rustique; Ie toit de chaume deseend en pente arrondie jusque près du sol; une porte à claire...voie, à l'angle de la façade en planches, s'ouvre à deux pas d'une barrière. Derrière les arbustes on aperçoit au troisième pla~, t:s autres bätiments de cette métairie. De chaque cöté, entretenant dans le Jardtn une ombre constante, paussent deux chênes majestueux, aux ramures puis . . santes. Tout au fond on distingue un massif forestier dans la distance vapo,... reuse. Passé Ie site, la grand' route, au delà de la barrière, oblique à gauche, puis fait une courbe nouvelle à droite, dans la direction du bourg. dont les habitations et r église découpent leur légère silhouette sur I' horizon. C' est ainsi que Harrewyn, par une gravure originale du 176 siècle, nous rappelle la contrée, dont le pittoresque est infiniment délicieux et séduisant. Le seigneur du chäteau avait Ie droit de faire paître deux chevaux dans la forêt de Soignes et d'y couper des chênes destinés à réparer les ponts et les moulins de la paroisse de Braine 1 • Dans son "Histoire d' Autriche", Pontus Heuterus rapporte qu' en 1488, Henri de Witthem, amman de Bruxelles, au bruit d'une révolte des habitants de Bruxelles. qui s' étaient déclarés pour les Flamands, pourvut de munitions de guerre et de bouches ses chateaux de Braine..J'Alleud1 de Beersel et de la Fo1lie; qu'il y mit des jeunes gens résolus et capables par leur courage de les défendre contre les attaques des séditieux; que ces garnisans harcelèrent telIement les Bruxellois, qu'ils n·asaient sortir des portes de leur ville sans être bien escortés; que néanmoins ils s·avancèrent en nombre vers Beersel dans la résolution d•y entrer après en avoir renversé les murailles :mais que Philippe t
Sander Pierron .. Histoire de la Forêt de Soignes .. 1905.
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d.e, Witthem, fils de Henril les repoussa avec tant de courage, qu'ils se re.hrerent, emportant avec eux leurs tués et blessés; mais qu'en 1489, Iors d'un nouveau siège, Philippe fut contraint de capitüler pour ce chäteau et celui de B.raine--l'Alleud, à 1_'exception de la Follie 1 forteresse du Hainaut, que ni la force, DI les promesses, 111 les menaces ne purent engager à se rendre. Ce récit concorde avec l'extrait des "Chroniques de Molinet'', inséré d'autre part. Le ~häteau de Braine..-l'Alleud appartint successivement aux Barbençon, de Famgneulle, a~x de Vyler, aux Witthem, aux de Berg ... 0 p,..,Zoom, aux de C.usance. A la .ftn du 17e siècle, il appartena:it à François de Lorraine, prince de Ltslebonne, qut Ie tenait de sa femme. En 1783, il était encore intact, mais après la Révolution de 1789, il fut réduit ~n .ce~~res par les envahisseurs français. I1 n'en reste plus que des vestig es 1nstgn1ftants. . On voit ~ussi dans la s'alle du conseil de l'Hötel de ville, inauguré en 1891, de style ogtval, une frise héraldique reproduisant les armoiries des familles nobles qui ont possédé Ie fief de Braine... rAlleud. On y remarque les biasons des ~eigneurs d'Enghien et de Witthem, des ducs de Lorraine et des Rohan ... Soub1se. La r~e qui deseend de la Grand' P1ace à la "Chiennerie" a été dénommée rue du Ch~teau, en souvenir du chäteau que les seigneurs de Braine avaient fait constr~Ire au pas ~~ ~ette :~e. Ce.tt~ imposante construction s'étendait Ie long du ~atn, ;ers 1e mtdl, JUsqua proxtmlté de la filature Vanham; et à rest jusqu'à la hgne d arbres bordant la prairie. L'endroit appelé "Chiennerie'' servait autrefois de logement aux chiens de chasse du seigneur. , Plu~ieu~s seigneurs de Braine du nom de Witthem ont reçu leur sépulture a Bratne... J Alleud. ~ Au mil~eu du. chreur de 1' église et reposant sur quatre petits lions en pierre, se trouvatt la p1erre tumulaire de Philippe de Witthem, mort en 1523 et de sa fem~e Jea~ne de Hallewyn. décédée en 1521. Cette pierre qui est ornée de la representa.tl~n en grandeur naturelle des deux persannages précités et dont la valeur arttsttque est hautement appréciée des connaisseurs est placée debout, actuellement, sous Ie jubé,. cöté gauche, près de ]' entrée 1.
OV€RYSSCh€, ÇJ€Ç 0€S Wltth€m
L
E. village, Ie bourg plutot d'Overyssche est bien connu de tous les touristes; les automobilistes et les motocyclistes n'abordent qu'avee prudenee la double boucle qu'y décrit la chaussée de Bruxelles à Wavre et Namur et les cyclistes redoutent particulièrement la dure montée qu'ils doivent escalader en venant de Wavre vers Bruxelles, autour de la jolie église gothique. Ils ont tous remarqué, dans Ie fond du V al de I'Y ssche, la longue et élégante façade d'un beau chäteau, précédé d'un grand pare. tournée vers Ie sud--ouest, elle se présente bien dégagée à la vue des voyageurs qui arrivent de "'wávre. La route longe le mur de ce pare. 11 semble même que, pour l'établir, il fallut quelque peu empiéter et sur la propriété et sur le chäteau lui--même. Les anciennes des'"' criptions mentionneut que Ie manoir possédait une aile droite faisant saillie sur la façade actuelle et délimitant la cour d'honneur. Or, aujourd'hui, il y a bien peu de distance entre la route et 1' extrémité de la façade, On est clone en droit de se demander si, en 1768, quand la Ville de Bruxelles fit continuer la route au delà de Notre,..,Dame--au.-Bois et jusqu'à Wavre, il ne fallut pas, pour passer dans Overyssche, abattre cette aile gênante. Un examen des lieux prouve, en tffet, qu'il était presque impossible de tracer ailleurs la courbe par laquelle la chaussée deseend et sort du bourg. Les documents d'archives apprennent d'ailleurs que Ie propriétaire du chäteau, à eet te époque, Ie prince Philippe... Joseph de Salm--Salm, condut a vee la Ville de Bruxelles une convention par laquelle il cédait, moyennant quelque compen-sation, l'assiette de la nouvelle route. Dans Ie mur du pare, en bordure de la chaussée, on voit eneare une belle fontaine formée. d' une large dalle, laquelle porte les arm es de trois families différentes. Or, Alphonse W auters écrivait, vers 1850, que cette fontaine a été reconstruite à la fin du 18e siècle, à I' emplacement d'une autre qui existait déjà au 15~ siècle avec les armoiries des sires de Witthem. La reeonstruction signalée par l'historien des environs de Bruxelles aurait coïncidé avec la construction de la route; pour établir celle.-d, il aurait fallu déplacer la fontaine vers le nord. La souree qui 1' alimente se trouve indubitablement dans Ie pare du chäteau.
Le chäteau d'Overyssche se compose, aujourd'hui, d'une longue construction à un seul étage; le rez--de..chaussée est surélevé. au point que des partes et des fenêtres peuvent édairer Ie sous...sol; celui... ci est séparé du terrain avoisinant par une sorte de fossé muré. qui. sans doute. est un reste des anciennes douves. 1
Cette pierre est repreduite au chapitre de Philippe de Witthern. page 68.
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1 o·aprês 0. Petitjean .. Rewe du Touring..Club de Belgique .. 1.. 12.. 1932. Le Chäteau des .. Comtes de Hornes. à Overyssche.
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Un escalier évasé par le bas et muni d'une belle rampe en pierre donne accès à une petite terrasse sur laquelle s'ouvre la porte d'entrée du chäteau.
Sous ce perron, un escalier permet de se rendre dans le sous . . sol. A dtoite de la porte..-fenêtre du perron, se trouvent cinq fenêtres; à gauche, il y en á buit. A 1' étage, une fenêtre identique correspond à chaque croîsée du rez-de..-chaus ... sée. La façade n'est pas rectiligne; elle dessine un angle très obtus, dont Ie sommet se trouve entre la quatrième et la cinquième fenêtre, en comptant à partir de la tour. A I' e:xtrémité ga uche, se trouve une tour octogonale, en partie engagée dans la façade et porte Ie blason des sires de Witthem. Elle est ornée de chaînes d'angle et de eerdons en pierre blanche. Aucune fenêtre ne s'ouvre dans la tour. Celle...ci dépasse notabiement en hauteur Ie mur de façade. Des lucarnes sont percées dans son dernier étage. Elle est couronnée d'une toiture pyramidale surmontée d'un bulbe. Toutes les fenêtres de façade sont munies de cantrevents lamellés. La toîture porte cinq Iucarnes, à fronton triangulaire. Sur Ie faîte, entre les cheminées, sous un clocheton, se voit encore Ia cloche du manoir. Par delà la tour, à sa gauche clone, se trouve une construction de même hauteur que Ie bätiment principal: I' étage en est percé de fenêtres à meneaux alternant avec des lucarnes étroites et hautes. Deux contreforts à glacis, dont la raison d'être ne se comprend pas bien, ornent plutót qu'ils ne soutienneut la façade. Entre ces contreforts, se t.touvent, au rez-de... chaussée, deux belles fenêtres rectangulaires, à eneadrement et meneaux de pierre blanche; les chassis à petits carreaux sont anciens. Par delà les contreforts, s'ouvre une perte basse et, plus Ioin, un petit portail. A hauteur de corniche et juste au milieu des con... treforts, un minuscule pignon à gradins surmonte une porte en plein cintre. Cette partie du chäteau, aujourd'hui abandonnée, abritait, avant l'époque de l'automobile, l'écurie et les greniers à fourrages. Par l'harmonie de sa ~façade, elle s'incorpore admirablement à I' ensemble, et il suffirait d' en approprier l'inté... rieur pour en faire une aile superbe. Les façades latérales sont sobrement construites. Aucune fenêtre ne décore celle de droite, ce qui confirmerait notre hypothèse. qu'une aile aurait été démolie ici et qu'un simple mur aurait bouché la brèche ouverte par cette démolition. On trouve une autre confirmatien dans Ie fait qu'en retrait et en prolonge..ment de cette façade latérale droite, existe une aile en briques à contreforts, contenant les cuisines, office et les locaux du persennel domestique. Quand on en fait Ie tour, on at teint la façade arrière et 1'on constate que 1' aile est bätie sur remplacement et même au delà de randen fossé des fortifications, lequel court encore le long de Ia façade postérieure. La disposition intérieure du chäteau est conforme aux usages du 11~ siède, époque dont il semble dater. sauf la tour qui pourrait remouter au 16<> ainsi que les anciennes écuries. La porte..-fenêtre donne. en haut du perron, accès dans une vaste antichambre, aujourd'hui encore ornée de meubles d'époque; on accède aux diverses pièces, soit en passant de rune à l'autre, soit par un
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corridor qui court Ie long de la façade postérieure. 11 n'y a ainsi qu'une seule pièce en profondeur, sur toute la longueur du chäteau.
Le pare qui entoure cette vieille et aimable demeure aristocratique est d'un charme prenant. Situé, nous Favons ·dit, à flanc de ce raidillon sur Ie prolong~.. ment duquel Ie bourg d'Overyssche est massé, il fait face au s~d,..:s~ en. plet~ soleil clone. La partie supérieure en est occupée par un ver.ger ou munssment a profusion, à fin septembre dernier, les poromes et les poires. Quelques .arbres majestueux, entre autres un charme trois fois c.entenaire, y rép~ndent 1 o:nb~; et la fraîcheur. Des files de chätaigniers, dont 1une est une anct~nne "dreve , bordent les chemins. A 1' extrémité nord de ce pare de onze hectares, les eau x, qui se sont infiltrées apparemment dans la grande forêt de Soignes, sourdent du .coteau et viennent s' épandre, en un superbe étang au--dessus duquel les chätaigniers penebent leurs longues branches. Un élégant pavillon de chasse, de style gothique, surmonté d'une tourelle octogonale, s' élève au bord de cette pièce d' eau. Celle... ci se déverse dans l'Yssche, qui coule un peu plus bas, à la lisière crientale du pare.
Ce manoir- qui fut, aux siècles troublés et peu sûrs, un chäteau fort, ainsi que le prouvent ses substructions - était, jadis, l'habitation des seigneurs d'Overyssche. Cette localité est ancienne puisque, déjà, on la trouve citée sous Ie nom lsca, dans une charte de 832. On a d'ailleurs trouvé, dans le val d'Y ssche, un autel votif latin et païen des environs de l'an 350. On sait que le territoire d'Overyssche constituait, au 12e siècle, une seigneu . . rie d'un caractère spécial, appelée Beirie. Le seigneur, Ie "Ber" d'Y ssche est--ce une corruption dubas--latin baro ou barus? - tenait Overyssche en fief du duché de Brabant. La lignée des Bers se rnaintint jusqu'à Ia fin du 15" siècle. A cette époque, la dernière héritière, Marie d'Oisy, ayant épousé Louis d'Enghien, vendit la beirie à Henri lil de Witthem, seigneur de Beersel et l'un des plus puissants vassaux du duc de Brabant. La maison des Witthem d'Yssche eut comme dernière héritière Honorine, qui épousa Ie comte Gérard de Hornes et fit clone passer, en 1578, la seigneurie et le chäteau d'Overyssche dans l'illustre maison de Hornest. Quatre descendants de Gérard de Hornes et d'Honorine de Witthem se succédèrent comme seigneurs d'Overyssche, pendant les 176 et 18e siècles. lis y sont tous inhumé~ dans la <:rypte de r église, a vee leurs épouses et ceux de leurs enfants qut moururent jeunes. l Le comte de Hon1es, décapité a vee le comte d'Egmont, sous le duc 4'Albe. était ':n Mant~ morency qui avait relevé le titre camtal de Hornes comme ~éritier d un parent lomtain. Il n'appartenait donc pas à la maison de Homes.
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Le prince de Hornes ayant épousé, .à Namur.. la fille du prince de Gavre d'Ayseau, la noblesse du pays à quarante lieues à la ronde se rendit aux fêtes du mariage qui se fit au chäteau d'Overyssche. Les princes Claude et Ferdi-nand de Ligne, s'y trouvèrent. Les habitants de Ja paroisse, s'étant organisés en compagnies allèrent au devant des époux, les uns vêtus à la turque, d'autres à la hongroise. Les fêtes de ce ·rnaria ge durèrent huit jours. Les dernier des de Hornes, Maximilien--Emmanuel, fut, en 1736, créé, par l'empereur Charles VI, prince du Saint--Empire et chevalier de la Toison d'Or. Il s'était distîngué en guerroyant contre les Turcs. Plus tard, au service de Marie-Thérèse, il prit part aux longues guerres qui ensanglantèrent Ie règne de cette impératrice. Il mourut, en 1763, ne laissant que des filles. L'une de celle.-ci, Marie... Thérèse de Hornes, apporta Overyssche en dot au prince Phi-lippe de Salm... Salm Kyrbourg. Le fils et héritier de ce dernier, Ie prince Fré-déric...Jean-·Othon, colanel au service de la France sous Louis XVI, fut, en raison de son titre, arrêté sous la Terreur et guillotiné, Je 25 juin 1794, un mois avant la chute de Robespierre. ll avait 49 ans. Le domaine et Ie chäteau d'Overyssche furent confisqués comme biens natio ... naux par la République française. On sait que, sous !'Empire, Napoléon Jer affecta, à chaque sénateur, une résidence princière dans sa circonscription. Le chäteau d'Overyssche fut attribué à la Sénatorerie de Bruxelles. Le premier sénateur de cette circonscription fut Joseph Bonaparte, Ie futur roi de NapJes, puis d'Espagne. Ce frère de l'empereur jouit clone du majorat sênatorial d'Ove-ryssche et y résida par intermittence, en attendant son élévation au tröne de Naples. Les héritiers des princes de Salm-Salm récupêrèrent Ie domaine en 1814, sous Ie régime hollandais. Mais Ie prince F rédéric--J ean--Othon de Salm... Salm, guillotiné à Paris, avait mené en France une vie fastueuse; il était mort endetté. Ses créanciers obtinrent, en 1817, que les biens de cette familie, situés à Overyssche fussent vendus. En 1826, Je domaine, comprenant, outre Ie chäteau et Ie pare de onze hectares, environ cent hectares de terres, fut acquis par Maurice de Le Hoye, alors juge au tribunal de Nivelles. 11 appartient actuelle ... ment à M. Louis Braffort, avocat, à Bruxelles. Comme on le voit, Ie chäteau d'Overyssche, a des lettres de noblesses. Son histoire est intimement liée à celle du Brabant et même du pays.
Juste ..Lipse naguit à Overryssche, en 1547. II commença ses êtudes dès l'äge Ie plus tendre; à 12 ans il faisait des discours latins. et à 16 il terminait sa philosophie et suivait un cours de physique. II entrait dans sa dix..-neuvième année lorsque le cardinal de Granvelle en fit son secrétaire pour sa correspon.. dance latine. Juste partit alors pour I'ltalie, visita AUemagne. se lia a vee les savants les plus distingués, professa avec succès, à Iêna" à Cologne. à Leyde~ et revint en 1593 enseigner J'histoire ancienne à l'université de Louvain. oû il avait
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pris Ie grade de licencié en droit, l'an 1576. Les arcbiclues Albert et Isabelle furent émerveillés d'entendre ce talent prodigieux. ) Historien, critique, antiquaire et philologue, Juste..-Lipse, unes des gloires de son siècle, mourut en 1606, laissant des ouvrages importants et précieux. Ses concitoyens lui ont inauguré un buste en bronze en 1883.
Fontaine avec les armoirles des sires de Witthem, qui se trouvait contre le mur du pare du chtlteau d'Overyssche. A la fin du 18' siècle, elle fut remplacée par celle qui subsiste encOt·e actttellement à eet endroit.
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J00€X 0€S (jRaVUR€S
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t'hJStOJ~€ C' est un théatre~ un spectacle nouveau~ Ou tous les morts,. sortant de leur tombeau, V ienn.ent encore sur une scène illustre Se présenter à nous dans leur vrai lustre, Et du public, dépouillé d' intérêt, Humbles acteurs, attendre leur arrêt. Là, retraçant leur:s faiblesses passées,. Leurs actions, leurs discours~ leurs pensées, A chaque Etat ils reviennent dieter c~ qu'il faut fuir, ce qu'il faut imiter; Ce que chacun, suivant ce qu'il peut être, Doit pratiquer, vair, recherchet, .connaître. Et leur exemple, en diverses façons. Donnant à tous les plus nobles leçons, R.ois, magistrats. législateurs suprêmes,. Pr:inces, guerriers, simples citoyens mêmes, Dans ce sincère et fidèle miroir.. Peuvent apprendre à lire leur devoir.
Cloche offerte par Henri 111 de Witthem à l'église de Hal Une joyeuse. . entrée . . . . . . . . . · Sc eau et contre. . sceau de Jean pr, duc de Brabant Armoiries de Jean Ier, duc de Brabant . Jean rr, duc de Brabant . . . . . Armoiries de Jean 11, duc de Brabant . Sceau et contre... sceau des ducs de Brabant . Armoiries .de la Baronnie de Stalle . Louis de Maele, comte de Flandre Ecusson de Jean de Cossela er . . . . . Armoiries de Jeanne, duchesse de Brabant Armoiries de la Baronnie de Bautersem . Jeanneet Wenceslas . . . Ecussion de Jean de Witthem Mausolée de la duchesse Jeanne . Jean sans Peur . . . · . . . Assassinat de Jean sans Peur Philippe Ie Bon . Charles le T éméraire . Marguerite d 'Yorlt . La Porte de Hal . . . Ecusson de Henri de Witthem . Henri 11 de Witthem . Jetons des Witthem Jetons des Witthem Marie de Bourgogne • Maximilieu d' Autriche . Combat de lansquenets . . . . Ecusson de Henri lil de Witthem Henri III de Witthem . Chäteau d'Overyssche . . . • Armoiries d•Overyssche (principauté) Marguerite d'Autriche . Charles--Quint . • . Marie de Hongrie • . . • . . Ecusson de Philippe de Witthem . . Pierre tombale de Philippe de Witthem .
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J. B. RoussEAU.
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Ecusson de Henri IV de Witthem . Henri IV de Witthem Jeanne de Lannoy . . Maximilieu de Witthem . Gillette de Hallewyn . Philippe II . . . . Marguerite de Parme . Duc d'Albe . . . . . . Armoiries de Berg op Zoom . Armoiries de Jean II de Witthem . Albert et Isabelle . . . . . Ancien Palais des Ducs de Brabant à Bruxelles . Joyeuse-entrée de !'Infante Isabelle . Forêt de Soignes et fiefs des Witthem . Armoiries des 's Heerenberg . Armoiries des Cusance Généalogie des Witthem . Maximilien . . Emmanuel, duc de Bavière . Marie..-Thérèse . Charles de Lorraine Joseph 1I . . . . . . . . . . . Armoiries des princes . . comtes d'Arenberg . Armoiries de la Maison dI Arenberg Armoiries des ducs d 'Arenberg Chäteau de Beersel en 1830 . Chäteau de Beersel en 1840 . Chäteau de Beersel en 1877 . Chäteau de Beersel en hiver . . . La grande salle du chäteau ( 1835) Intérieur des ruines ( 1835) . . Statue dans le chäteau ( 1835) . . Armoiries de Merode et dI Arenberg . . Armoiries Hemdcourt de Grunne. . Merode Chäteau de Beersel en 1928 . Chäteau de Beersel en 1938 . Réception au chäteau en 1939 . Chäteau de Beersel en 1942 . Pierre commémorative . Plan du chäteau • . • . . Vue du chäteau au 17" siècle . Fenêtre de la salie de justice . . . Fenêtre de la salle de Ia herse . • . Chäteau de Beersel au soleil touchant . . Mausolée de Henri II et de sa femme . Françoîs Van Haelen . . . . . . Cloche de Henri III de Witthem . Chateau de Braine..-I'Alleud . . . . . Fontaine à Overyssche
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Préface Introduetion . . . . . . La F éodaltié, Ie Moyen A ge . . . Le Duché de Brabant au 13e siècle . J~ean rr, duc de Brabant . Jean II, duc de Brabant . Les ménestrels Le 13c siècle . . . . Godefroid de Hellebeke. . Henri de Stalle • Louis de Maele . . . . Jean de Cosselaer . . Jeanne, duchesse de Brabant . Baronnie de Bautersem. Jean de Witthem Le 14" siècle . . Période Bourguignonne Philippe le Hardi. Jean sans Peur . Philippe Ie Bon . . Charles le T éméraire . Henri I de Witthem . Henri 11 de Witthem Les jetons des Witthem . . . • Marie de Bourgogne et Maximilieu Henri Hl de Witthem • . . . . Possessions d·Henri lil de Witthem Prindpauté d'Overyssche . • . . Marguerite d'Autriche . Période austro ..espagnole . . . . Charles...Quint . • . Philippe de Witthem • Henri IV de Witthem • Maximilieu de Witthem Philippe II • • . • . Jean II de Witthem ~ • " .. • Les religieux de Sept... Fontaines •
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Les arcbiclues Albert et lsabe1le . Le 16!' siècle . . . Les "Joyeuses~Entrées" Les 's Herrenberg . . . Marie ... Mencie de Witthem Marguerite de Witthem Les Cusance . . . Ernestine de Witthem . Généalogie des Witthem Le 17c siècle . . . . Règne de Marie-Thérèse Charles de Lorraine . Joseph II . . . . . . . Les cl' Arenberg . . La Maison princière et ducale d'Arenberg . Le chäteau abandonné . . . Victor Hugo au chäteau de Beersel . . . Maison de Merode . La restauration du chäteau . . Description du chäteau . . . . . . . . . Les mausolées des Seigneurs de Witthem à Beersel . La légende des fauconniers . . Les sorcières de Beersel . . Braine...J'Alleud, fief des Witthem . Overyssche, fief des Witthem . L'histoire . . • . . .
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DES PRESSES DE H. WELLENS & W. GODENNE RUE DE ROUMANIE. 45 . BRUXELLES
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