2002 Charpentier- Archéologie de la cote des ichtyophages coquilles, squales et cétacés du site I

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YINCENT

CHARPENTIER

ARCHÉOLOGIE DE LA COTE DES ICHTYOPHAGES COQUILLES, SQUALES ET CÉTACÉS DU SITE Iye-me MILLÉNAIRES DE RA'S AL-JINZ

Depuis au moins le VIe millénaire, les populations établies le long des c6tes de la péninsule Arabique vivent de l'exploitation intensive des ressources marines. Entre mer d'Oman et mer d'Arabie, les travaux effectués depuis 1985 sur une centaine de sites préhistoriques fouillés ou prospectés dans la région de Ra's aI-JinzlRa's al-Hadd confirment totalement cette orientation marine I. Dans les batiments fouillés de Ra's al-Jinz RJ-2, dont l'occupation date de la deuxième moitié du me millénaire, 95% de la faune du site est en relation directe avec l'océan, les poissons représentant à eux seuls plus de 66% de cet ensemble2. Hormis les activités de peche, les produits issus de la mer ont joué un r6le non négligeable dans l'économie de ces populations, en particulier la nacre et la coquille mais aussi les matières osseuses. NACRE DE PINCTADA MARGARITIFERA

L.

La nacre de Pinctada margaritifera L. a été utilisée très t6t dans la production d'hameçons comme d'éléments de parure (anneaux et disques perforés). Le travail de la nacre est bien attesté dès les ye-Iye millénaires sur les c6tes d'Oman, notamment dans le Ja'aIan et dans les sites de Ra's al-Harnra où la nacre sert à la fabrication d'hameçons et de pendeloques en forme de feuilles de laurier3. Au milieu du Iye millénaire, pendant la

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Missionfranco-italiennedirigéepar S. Cleuziouet M.Tosi.

2 BOKONYI

1992.

3 DURANTE & TOSI 1977; CHARPENTIER

& MÉRY 1997; CHARPENTIER

et al. 1998.

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Fig. l - Carte des sites cotiers mentionnĂŠs dans le texte (dessin H. David).

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période I de RJ-2, les hameçons (simples) sont faits en nacre exdusivement, l'apparition du cuivre au début du me millénaire paraissant remplacer définitivement la coquille. Au cours de la deuxième moitié du Ille millénaire, de nombreux anneaux et quelques disques finement perforés sont à RJ-2 extraits de la P. margaritifera L. D'après la morphologie et les microstructures de la nacre, il apparalt que les hUltres perlières exploitées étaient toujours de très grandes dimensions; une grande valve d'hultre intacte a d'ailleurs été découverte dans un batiment (LDVI5) durant la campagne 1993-94 (Fig. 2 n° 1). Dans les ateliers de RJ-2, l'hultre est toujours travaillée en petite quantité (moins de lO anneaux à la fois), seule ou associée à un autre coquillage: les Conidaé. L'essai de repositionnement des anneaux trouvés en cours d'élaboration sur les valves (male et femelle) d'une P. margaritifera L. actuelle a montré qu'ils étaient découpés de préférence dans la partie la plus épaisse de l'hultre, généralement près du ligament (Fig. 3). Les deux valves d'une mème hUltresemblent avoir été utilisées le plus souvent dans un mème atelier, chaque valve produisant plusieurs anneaux. Cela dit, plusieurs hUltres ont été retrouvées ensemble dans certains ateliers (str. 23/us. 7542 par exemple), une seule valve au contraire dans d'autres (Fig. 3 nOs2-4). LES BRACELETS COMPOSITES FASC/OLARIA TRAPEZIUM L. ET AUTRES COQUILLES

Le long des cotes d'Oman, les éléments de bracelets sont fréquents dans les sépultures et dans les habitats du IVe millénaire, voire du tout début du me millénaire. Ils sont aussi décelés, et cela dès le Ve millénaire5 dans la sépulture collective UAQ-2 de 'l'émirat d'Umm al Qaiwain6 et peut-ètre dans un des sites de Jazirat al-Hamra dans l'Emirat de Ra's alKhaimah7. Ce sont des plaques perforées, soit d'un trou à chaque angle, soit de deux trous à mi-Iargeur, voire parfois de trois, et devant ètre

4 CHARPENTIER 1994. 5 Les récentes prospections du système fluviatile du jawf Hadramawt (Y émen) ont révélé dans un site de la région d'al-'Abr (ABR -1, l5°54'828N; 46°49'461E) une plaque de gastéropode marino perforée de deux trous et similaire à celles mises au jour en Arabie orientale,

CLEUZIOU & INIZAN, n.d., p. 5.

6 Communication

personnelle

C. PhiJJips.

7 BOUCHARLAT et al. 1991, p. 70.

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Fig. 2 - l) Valve de Pinctada margaritifera L. LVD.15. 2) LWK. 1. 3) LWN. 6. 4) LQY. 21. 5) LVE. 27. 6) LRV.8134. 7) LQT. 7. 8) LYP-Q. 8402. 9) LXT. 8440. (Dessins H. David). 76


attachées ensemble par des liens. Dans la nécropole de RH-5 ces plaques sont nombreuses et caractéristiques des sépultures féminines8, elles sont également attestées dans les tombes 101, 111 et 117 de RH-109, à Ra's alJinz, dans le caim 1 de RJ-610 attribuable à la période Hafit, et dans les niveaux de la période I de RJ-2 ainsi qu'à Ra's al-Hadd (HD-5), Suwayh (SWY-2, SWY-4), al-Haddah (BJD-l) et Khor Milh (KM-1) dans la mangrove de QuriyatIl. L'ensemble de ces découvertes permet de reconstituer les techniques de fabrication de ces plaques. Toutes celles trouvées dans le Ja'alan sont de petites dimensions comparées aux grandes plaques de RH-S. Cette différence provient du choix méme des coquillages dans lesquels sont faits ces bracelets: Fasciolaria trapezium L. pour les objets de Ra's al-Hamra RH-512, surtout des Conidae (Conus tessulatus B.)13 ou Strombidae (Strombus decorus decorus R.) pour le matériel découvert dans le Ja'alan. Les bracelets sont fabriqués dans l'épaule et dans la panse de ces gros coquillages (Fig. 4). Deux profondes incisions sont effectuées par rainurage, l'une sous l'épaule, l'autre nettement au dessous, une simple percussion ou flexion permettant de séparer la pièce. Qu'elles soient achevées ou en cours de réalisation, toutes les plaques sorties de l' épaule de la coquille n' ont de traces de rainurage qu' à la base (Fig. 5 nOs 1-2), alors que celles issues de panse présentent deux incisions, l'une au sommet et l'une autre à la base. Sur les sites de RJ-2, HD-5 et SWY-2, les éléments de bracelets en cours de fabrication étaient généralement séparés par percussion: deux cassures longitudinales, perpendiculaires aux rainures, sont visibles sur les pièces. Seules les plaques faites dans des épaules de coquillage étaient ensuite martelées par percussion violente (Fig. 5 n° 3) afin d'éliminer l'apex subsistant. Ces objets étaient alors perforés bipolairement et polis, parfois finement incisés le long des bords de séries de courtes lignes radiées et opposées - un décor (Fig. 5 n° 3) qui n'est pas sans rappeler celui des plaques de RH-514mais aussi ceux des pendeloques en forme de feuille de laurier de RH-415. 8 COPPA et al. 1985; BIAGI & SALVATORI1986, p. 10. 9 SANTlNI1987, 184, Fig. 8 nOs4, 9, n° 3; SALVATORIn.d., p. 15. IOSANTlNI, n.d. 1992. Il PHILLlPS & WILKINSON 1979; CHARPENTIER et al. 1997; UERPMANN 1992, Fig. 33a. 12BIAGI etal. 1984, p. 87. 13L'exemplaire de HD-5 porte encore un motif rectangulaire de couleur orange (Fig. 5 n° 2). 14 COPPA et al. 1985, Fig. 1. 15 DURANTE & TosI

1977, Fig. 9.

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Fig. 3 - Repositionnement des disques de RJ-2 sur les deux valves (male et femelle) d'une Pinctada margaritifera L. I) Atelier de l'u.s. 7522. 2) atelier de l'u.s. 7520. 3) Disques issus de plusieurs ateliers de Ra's al-Jins RJ-2. 4) Disques de l'atelier de l'u.s. 7542 structure 23. (Dessins H. David).


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Fig. 4 - Bracelets issus des panses et des épaules de coquilIes.

Plusieurs Fascio/aria trapezium L. entiers ont été mis au jour à RJ-2 dàns les niveaux de la période II; d'autres sites tels HD-I, HD-5, ou KHJ-I, KHJ-2, près du Khawr al-Hajar en possèdent également. En revanche, Lambis truncata sabea K est rare dans les sites du Ja'alan et n'est présent que sous la forme d'un petit fragment dans le niveau 2 de la pièce I de RJ-2.

LES ANNEAUX EN CONUS SP.

Seul un anneau en Conidae a été découvert dans le "néolithique" du Najd, près de RiyadhI6, aucun site attribué au IVe millénaire n'ayant jusqu'à présent livré d'anneaux de ce type sur les cotes de la péninsule 16 ZARINS et al. 1982, p. 32, Fig. 49b.

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Fig. 5 - Éléments de bracelet composites non perforés issuesd'épaules: l) Suwayh '(SWY-2), 2) Ra's al-Hadd (HD-5). Éléments perforés ou non issus de panses: 3) Ra's al-Jins (RJ-2). 4-5) Suwayh (SWY-4), 6) (SWY-2). 7-8) (SWY-4). (Dessins H. David).

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Fig. 6 - Outillage lithique de RJ-2. 1) Retouchoir (QJP. 351), 2-3) Outils composites: retouchoirs/macro-perçoirs (QJQ. 98, 3 et QJA. s). (Dessins G. A1merigogna).

d'Arabie. Dès les tout débuts de l'Àge du Bronze, cette production semble bien présente et s'achève aux premiers siècles de notre ère. Nous ne reviendrons pas ici sur la description de l' outillage employé, macroperçoirs et retouchoirs (Fig. 6), ni sur les processus techniques et les chalnes opératoires (Fig. 7 nOs4-8) qui ont été décrits dans une publication récente 17.

Tous les sites du Ja'alan exploitent principalement les Conidae au détriment des Strombidae, qu'il s'agisse de Ra's al-Hadd HD-6 au tout début du me millénaire, ou bien de RJ-2, RJ-3, RJ-4 et HD1, HD-5 et RW-2 pendant la deuxième moitié du me millénaire. En revanche, certaines structures Wadi Suq de RJ-1 sont jonchées en surface de Strombus decorus persicus intacts ou en cours de travail (Fig. 7 nOS2-3). Cette différence n'est toutefois pas systématique puisque seuls des Conus sp. ont été découverts dans l'atelier de la structure V de RJ-118.

17 CHARPENTIER

1988; 1994.

18 BIAGI et al. 1989, p. 23-30.

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Fig. 7 . Conidae de RJ-2 et Strorpbidae de RJ-1 à différents stades de la chaine opératoire. 1) Conus sp. entier. 2-3) Strombus decorus persicus de RJ-l. 4) 752 room III (47). 5) 408. QDE. 6) LVI.2. 7) LWA. 5. 8) LVI.3/DA 12447. (Dessins H. David).

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PROVENANCE

DES COQUILLES

P.Margaritifera L. et P. radiata L. sont des espèces très communes, de la mer Rouge au golfe Persique. Les huitres immatures sont abondantes sous forme de colonies dans les eaux peu profondes des criques. Paciles à collecter dans l'eau, elles sont souvent rejetées sur la grève par la mero Devenues adultes, les huitres migrent et s'implantent en eau profonde sous forme de bancsl9: elles sont alors difficilement accessibles et seul un petit nombre d'entre elles est rejeté sur les plages. Au me millénaire, la collecte le long des grèves d'huitres matures est incontestable puisque des nacres travaillées portent les traces d'organismes perforateurs dans les niveaux de la période IL Toutefois, les huitres matures étant seules susceptibles de foumir la nacre épaisse nécessaire à la réalisation d'anneaux, il est possible qu'une partie des P.margaritiferaL. de RJ-2 ait été acquisesur les bancs les moins profonds de l'océan. Ce type de peche existait certainement dès le Ve millénaire puisque des perles ont été découvertes dans des sites de cette époque sur la cote des Émirats. Des perles ont été également trouvées dans des sites du IVe et du Ille millénaires, dans les sépultures de Ra's al-Harnra (RH-5 et RH-IO) et dans l'habitat de Ra's al-Hadd HD-62o. Parmi les gastéropodes, Strombidae et Conidae sont extremement courants en Oman et faciles à collecter - les uns dans le sable, les autres fixés au rocher ou à proximité, à demi ensablés. IIs pouvaient etre ramassés aux environs immédiats de Ra's al-Jinz. Aucune coquille de Fascio/aria trapezium L. n'est actuellement rejetée sur la plage de Ra's al-Jinz en raison de la bathymétrie locale (et dans une moindre mesure, de la protection du cap), et il en était probablement de meme au Ille millénaire. Certains exemplaires de Fascio/aria trapezium L. présentent toutefois des traces d'organismes perforateurs, ce qui montre qu'ils ont été ramassés sur des plages; or les coquiUes de Fascio/aria trapezium L., de Lambis truncata sebae K. et de Bursac bardeyi J.21 existent sur les longues grèves de Ra's ar-Ru'ays à plus de 20 km au sud, sur les plages de Ra's al-Hadd, à moins de lO km, et beaucoup plus au nord, sur la plage de Shiya. Lambis Truncata sabea K. prédomine au sein de l'échantillonnage de 70 conches recueillies lors de prospections

19 SMYTHE 1982, p. 53. 20 COPPA et al. 1985, p. 99; READE n.d.

21 La plage quaternaire fossile de Shiya, surélevée de quelques mètres, contient de nombreuses conches, dont Fasciolaria trapezium L. et Lambis truncata sabea K. 83


effectuées en ces lieux sur plusieurs kilomètres. Chicorus ramosus L. n'est attesté ni sur les plages de la région ni dans le matériel archéologique. Cette conche qui a été largement exploitée dans les ateliers de la civilisation de l ,Indus est en revanche présente en grande quantité sur le site de la fin du IW millénaire de Bimma (BM-3)22 à plus de 100 km au nord-ouest de Ra's al-Hadd.

DES BALEINES...

L'affluence des baleines en mers d' Oman et d' Arabie a éveillé l'imagination de nombreux navigateurs arabes. Ainsi, la Relation de la Chine et de l'lnde et le Voyage de Sinbad le marin consacrent l'un et l'autre leur premier chapitre à ce mammifère marin, et selon S. FarskaP3, un petit poisson tueur de cétacés serait à l'origine de leur rejet sur les plages. Si de nos jours il est fréquent de retrouver des vertèbres et chevrons de cétacés sur les grèves de Ruwais, cela est plus rare à Ra's alHadd, et tout à fait exclu à Ra's al-Jinz. Sur la cote des Ichtyophages, les ossements de cétacés - systématiquement collectés - ont souvent été employés comme matériau d'architecture. Néarque, Diodore et Pline signalent l'utilisation de machoires en guise de battants de porte24, tandis que Ibn Battuta et Abu Zayd décrivent des habitations médiévales en os de baleine au Makran et au Dhofa~5. Enfin, Néarque, puis Strabon évoquent tous deux l' emploi, chez les Ichtyophages, de vertèbres de cétacés à usage d' outils, en l' occurrence des mortiers pour broyer le poisson séché26. Le site d'Umm an-Nar, sur la cote du golfe Persique, avait en son temjJs livré de nombreux fragments de baleines, dont des vertèbres, un élément de machoire et une épiphyse de Baleinoptera Sp.27.À Ra's al-Jinz RJ-2, dauphins (Delphinus delphis L.) et cétacés sont désor~ais attestés28 dans les batiments des périodes Il-III (2500-2000): une épiphyse 22 Sont aussi présents Fasciolaria trapezium L. et Lambis truncata sabea K. 23 ANONYME 851, p. 34. 24 ARRIEN XXIX-X; LONGO 1987, p. 16; Yoir aussi les voyageurs modemes comme TOMASCHECK 1890, p.IO-11. 25 Ibn BATIÙTA 1355, p. 106; THOMASCHEK 1890, p. 35. 26 LONGO 1987, p. 16. 27 HOCH 1979, p. 621-3; HOCH 1995. 28 Un autre mammifère, le dugong (Dugong Dugong) est absent des rives du la'alan. Il est cependant l'objet d'une chasse spécialisée dès le Iye millénaire le long de la còte des Émirats

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arabes

(PRIEUR & GUÉRIN 1991).


vertébrale de gros cétacé dans le batiment I (Room 5 uso 12jZH116, n° 170), deux autres disques vertébraux (dont l'un entier Fig. 8) dans la structure 23 du batiment VII (us. 7550ILVD34). L'épiphyse complète du batiment VII (longue de 22 cm et large de 16 cm) provient de la troisième vertèbre dorsale d'une Baleinoptera edeni immature de 13 m de long29. Cette épiphyse a des bords nettement érodés, mais surtout quatre perforations (une conique, une cylindrique, les deux demières étant trap érodées) et deux cupules de moindres dimensions. L'autre épiphyse retrouvée dans le batiment, bien trop fragmentaire pour permettre une détermination d'espèce, comporte une cupule. Sur les deux épiphyses, cupules et perforations ont été faites sur la face alvéolaire, dont la matière est tendre, de très faible densité, très grasse30 mais surtout fibreuse (comme le bois et la come) et moins compacte que la matière dont est faite la face articulaire. Les perforations, de diamètres très variables (28 mm, 34 mm), ont été effectuées à l'aide d'outils à pointe mousse, l'emploi d'outils lithiques est donc probablement à exclure. La fonction de ces disques perforés est pour l'instant inconnue, bien qu'en raison de leur morphologie et de la présence de cupu1es, ils rappellent les "planchettes" qui produisent du feu par friction avec un foret à archet. Cette technique est bien attestée en Arabie ou en Égypte31, mais il est improbable que les épiphyses travaillées à RJ-2 aient été destinées à cette fonction, puisque contrairement au palmier dattier largement employé à cet effet, l' os est impropre à la production du feu32.De plus, les disques vertébraux de RJ-2 n'ont pas été utilisés comme supports pour l'abrasion d'objets puisqu'on ne décèle aucune trace d'usure en périphérie des perforations. Les habitants de Ra's al-Jinz ont, durant les périodes II et m de RJ-2, systématiquement collecté des épiphyses vertébrales de cétacés. Ajoutons que de nos jours, en Arabie, certaines matières osseusestels l'os de seiche ou l' andouiller sont réduits en poudre et font partie de la pharmacopée traditionnelle, une fonction qu'il nous est difficile de confirmer pour nos os de baleine du me millénaire.

29 Identification faite par le Or. Oaniel Robineau, du Laboratoire d'Anatomie Comparée du Muséum National d'Histoire Naturelle de Paris, en référence à un exemplaire identique conservé au British Museum. 30 O'après Pline, les Ichtyophages récupéraient l'huile des baleines échouées, notamment celle issue de la moelle. 31 COLLINA-GIRARD 1993. 32 Communication personnelle J. Collina-Girard.

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Fig. 8a - Épiphyse perforée de Baleinoptera edeni (Cliché Joint Hadd Project).

Fig. 8b - La tribu des Bani bou Ali est traditionnellement spécialisée dans la pèche au petit squale (MILES 1919). Les poissons sont séchés sur des cadres. Village de al-Haddah, janvier 1989 (cliché V.Charpentier). 86


ET

DES

REQUINS...

Traditionnellement, la peche aux squales est une activité notable chez les populations bédouines cotières33. D'après Ibn Battùta34, elle était le seul moyen d'existence des populations Dhofari de Bandar Hasik, et B. Thomas décrivant la tribu des Bautahara, entre Ra's Sharbatat et Ra's NùS35,la montre spécialisée dans la peche aux requins. Pechés à la ligne ou au filet, mais aussi chassés au harpon le long des cotes de Socotra et de l'Hadramaùr36, les requins restent aujourd'hui une ressource lucrative en Arabie. Du Musandam au Dhofar, leur chair est traditionnellement séchée au soleil ou salée37 pour etre ensuite acheminée vers les oasis de l'intérieur38 ou expédiée vers Zanzibar et Mukalla39,alors que la vente des ailerons de requins s'intègre aujourd'hui dans un réseau commerciaI intemational. L'huile de foie de requin (al-slfah haqq al-lukham) est extraite sur le lieu d'accostage des bateaux de peche, les hUrfs4o,en Arabie méridionale comme dans le Ja'alan. Au début de notre ère, selon Pline, les dromadaires étaient enduits de cette huile afin de faire fuir les taons41.En Oman, l'huile de requin est mélangée à de la chaux issue de coquilles marines calcinées afin de calfater les bateaux de bois et de prévenir toute attaque de xylophages42; dans l'archipel des Maldives elle est associée à 33 Les populations du Ja'alan sont traditionellement spécialisées dans la peche aux petits squales MILES 1919. Les requins sont fréquents à Ra's al Jinz. À environ un mile au large, entre Ra's al Jinz et Ra's al-Hadd, un banc est connu pour la' capture de "gros", BRITlSH NAVY 1967, p. 43. 34 Ibn BATIOTA 1355, p. 105-106. 35THOMAS 1929a, p. 526. 36 SERJEANT 1992, p. 175. 37 Au IVe siècle avo J.-c. et d'après Néarque, la chair des gros poissons était broyée, transformée en farine puis en pain, ARRIEN XXVIII. I; LONGO 1987, p. 13. 370MAR 1912; Cox 1925, p. 299; COSTA 1988, p. 6; CHARPENTIER 1996. 39THOMAS 1929b, p. 191. 40 SERJEANT 1992, p. 175. 41 PUNE XXXII: IO; NALESINI n.d., p.148. 42 LANCASTER & LANCASTER 1992, p. 361. Il en va de meme à l'embouchure de l'lndus: "Les vers d'eau salée (Torédo navalis) produisent les plus grands dégats dans les carènes des hateaux {...J. Dans le court espace de six semaines ils traversent une planche de teck de 1 centimètre d'épaisseur. Aussi les pécheurs qui connaissent ce danger halent leurs hateaux à sec tous les dix jours, pour enduire leur carène d' huile de poisson qu'ils considèrent comme un bon préservat(f' TAYLOR 1868, p. 352-353. En 1762, Abhraham Hyacinte Anquetil Duperron donne aussi une très belle description d\.l chantier naval de Surate et de l'emploi par les charpentiers de marine d'une colle à calfat à partir de la vessie du corvin (Corniva nigra), ANQUETIL DUPERRON 1762, p. 522-523.

87


de la noix de Colophyllum inophyllum43. De l'Afrique Orientale à l'Indonésié4 la graissed'autres animaux (marins ou terrestres) peut étre mélangée à de la chaux pour le méme usage, notamment la graisse de baleine et de chameau àgé45.À Ra's al-Jinz RJ-2, où des pains de bitume servaient au calfatage pendant la seconde moitié du IIIe millénaire, aucun mélange de ce type n'a encore à ce jour été mis en évidence. En revanche, un texte administratif de Girsu (CT 7-31) daté d'UrIII, signale l'emploi de 595litres d'huile de poisson dans la construction de bateaux de Magan46 À RJ-2, six types de dents de squales ont été reconnus47.Des dents de requin biperforées à la racine sont fréquentes dans les cairns I et 4 de RJ648ou de Ra's al-Harnra RH-549,et des imitations sont réalisées dans de la nacre50, tandis qu'à Umm an-Nar d'autres dents ont été transformées en parures. Dix-sept dents latérales de rostres de requins-scie (Spritis sp.) ont été mises au jour à RJ-2 dans différentes unités stratigraphiques notamment dans la pièce XVII du bàtiment I (Fig. 9 nOs1-3). Les requins du genre spritis ne sont pas rares en mer d'Oman, en mer Rouge51dans le golfe Persique (Fig. 9 nOs4-5), et sont également attestés à l'Àge du

43 Colophyllum inophyllum (Fun en langue vernaculaire) est une essence rare aux Maldives, MANGUIN n.d., p. 5. 44 Cette technique est employée dans l'ile de Mombassa (Kenya). En Inde méridionale, on utilise l'étoupe de coco, des tresses de coton, un mélange de poix, d'huile de palme et de résine. cette substance (kunthurukan en tamoul) est mixée à chaud à de l'huile de poisson. Le produit semi-liquide est appliqué sur le n;ivire, puis martelé au mallet pour lui donner une consistance plastique, HAWKINS 1981, p. 116. Au Yémen cette mixture de graisse et de chaux (Shahamu ou Chuman) est posée à la main, encore chaude, sous la carène des navires. Elle sèche en 24 heures. L'opération est renouvelée tous les six mois. Dans cette région la graisse de breuf est de plus en plus utilisée, tandis qu'à Koweit certaines graisses végétales sont employées, ibid., p. 86-87. 45 Ibn Jubayr signale que celle du squale est de loin la meilleure, HOURANI 1951, p.98. 46 CLEUZIOU & TOSI 1994. On notera que l'emploi de bitume destiné au calfatage d'embarcations perdure tardivement dans le Golfe. En Iran un petit filon a été exploité à cette fin dans la plaine de Bouchire, jusqu'à la deuxième moitié du XIX. siècle. Des forages réalisés en 1884 pour le compte du gouvernement persan ne mirent pas en évidence la présence d'une nappe importante CURZON 1892, p. 186. 47 BOKONYl 1992, p. 48. 48 SANTINI 1988, p. 34, n.d. 49 BIAGI & SALVATORI1986, Fig. Il. 50 ibid: Fig. IO; COPPA et al. 1985, Pl. 3.

51 En mer Rouge les rostres de requins-scie sont fichés sur les tombes et jouent donc un rale important dans l'imaginaire des populations catières du Yémen, NALESIN1, n.d. p. 118. 88


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Fig. 9 - Dents de Spristidae brutes et travaillées de Ra's al-Jins et d'Umm an-Nar. I) RJ-2 DA 10107 (u.s. 851, room XVII). 2) RJ-2 DA 9978 (u.s. 383, room XVII). 3) RJ-2 DA 9977 (u.s. 707, room XVII). (Dessins H. David). 4-5) Umm an-Nar, room 54 & 55 (d'après FRIFELT 1995, p. 223).

Bronze dans les sites d'Umm an-Nar52, de Failaka53, de Qala'at alBahrain54, enfin des dents de spritidés ont été identifiées à Ra's alHarnra55. Certaines dents de RJ-2 sont brutes, d'autres présentent des 52 HOCH 1979, p. 630, Fig. Il n° 13; FRIFELT 1995, p. 330. 53 DESSE & DESSE-BERSET

1990, p. 63.

54 Van NEER & UERPMANN

1994, p. 450.

55 Communication

personnelle

M. TosI.

89


doubles encoches grossières, d'autres encore sont finement travaillées: leur gouttière latérale naturelle en dentine a été éliminée par abrasion, et la racine en spongiosa amincie en vue d'une fixation ou d'un

emmanchement. Si la fonction de ces objets - ardillon de croc de pèche, poinçon ou autre? - est encore indéterminée, l'utilisation de ce matériau doit probablement trouver son origine dans l' outillage des cultures du Iye millénaire, une époque où les outils en matières animales n'avaient pas encore été supplantés par ceux en métal. L'emploi de dents de requins à la période II de RJ-2 et à Umm an-Nar tendrait a montrer qu'une partie des outils composant l'équipement de pèche préhistorique perdure au cours de l'Àge du Bronze.

DES

MILIEUX

ET LEURS

RESSOURCES

De nos jours, les bédouins du Ja'alan divisent leur environnement naturel en cinq catégories principales: labal (collines et montagnes), wddf (cours d'eau et plaines), sahel (plages et rivages) khor (lagons)et bahr (la mer)S6. Chaque biotope foumit à l'homme ses ressources propres et les découvertes faites à Ra's al-Jinz RJ-2 montrent que les mèmes ressources étaient exploitées au IIle millénaire: os de tortue et de cétacés, carapaces de crabes, poissons. (thonidés en particulier), coquillages (Conidae, Mytilidae, Pteriidae, etc.). Bahr et sahel Il y a encore quelques années, les tortues (Chelonia midas)S7 étaient chassées, en mer ou sur les plages. À Ra's al-Jinz, leurs a:ufs sont toujours collectés au sommet de la grève, à l' endroit où les tortues nidifient. Les crabes (Potamon sp.) et les coquillages sont ramassés dans la partie active de la plage. La pèche à pied du petit poisson (sardine) est faite à l'épervier, à proximité du rivage, et la pèche à la ligne est pratiquée du sommet du cap de Ra's al-Jinz, haut de 34 m. À la base de ce plateau, les Mytilidae sont également d'un accès facile. À RJ-2, grands hameçons, poids de filet, grands poissons et petits mammifères marins ont été retrouvés ensemble et témoignent de la

pratiquede la pèche au large au me millénaire- pèche à la ligne ou au 56 LANCASTER 57

l'alimentation

90

& LANcAsTER

1992, p. 343.

La consommationdes tortues constitue un des rares apports en graisse dans des popu1ations cotières: son rale est donc important.


filet. Ossements de cétacés et coquiIIages devaient etre coIlectés dans un territoire plus vaste que les environs proches de Ra's al-Jinz: P. margaritifera L. pour la fabrication des hameçons (à la Période I) et des anneaux durant les périodes Il-III; Fasciolaria trapezium L. bruts, acheminés vers le sous-continent indien en contrepartie de produits de l'Indus. Chasse, élevage ou acquisition de matières premières, l' ensemble des données recueiIIies à RJ-2 établit qu'au IIIe miIIénaire, l'exploitation des ressources du territoire terrestre était limitée aux abords memes du site. Jabal Les activités de prédation terrestres ne jouaient qu'un rale minime dans l'économie des populations de Ra's al-Jinz. Quatre espèces animales seulement étaient chassées dans le Jabal Saffan, à quelques centaines de mètres du site: le loup (Canis lupus L.), la gazelle (Gazella sp.), peut-etre la chèvre bezoar (Capra aegagrus erxt)58, mais aussi le léopard (Panthera pardus nirm). La panoplie de chasse retrouvée est extremement réduite à RJ-2 (quelques projectiles, dont une pointe de flèche en silex à la période I, une autre en cuivre pour les périodes Il-IV) par rapport à l'importante quantité d 'hameçons et de poids de filet. Territoire de chasse, la partie centrale du Jabal Saffan doit etre considérée comme un espace sauvage, véritable réserve naturelle faiblement anthropisée. En revanche, l'ensemble des pentes qui forment la périphérie du Jabal constituait la source d'approvisionnement excIusive de l'industrie lithique des niveaux de la période II de RJ-2 (99,75%), comme de nombreux autres sites d'époques Umm an-Nar ou Wadi Suq (RJ-3, RJ-l, RJ-21). Wadi La plaine fournissait l'élément indispensable à la vie: l'eau, généralement très saIinisée59.Elle procurait aussi le bois de chauffe (des charbons de bois d'Acacia sp., Tamarix sp. et Ziziphus sp. ont été identifiés à RJ-2)60. Les animaux domestiques constituent moins de 3% de la faune recueiIIie à RJ-261.Traditionnellement dans les villages catiers du Ja'alan, le cheptel 58 BOKONYI 1992. 59

À l'heure actuelle, l'eau de pluie collectée par les wadis est captée artificiellement

dans un bassin naturel situé à 3 km du site de RJ-2, à al-Jinz ash-shamali. 60 NISBET 1990, p. 31-32. 61 BOKONYI

1992, p. 46.

91


est réduit62. D'après le recensement de Lorimer (1908-1915), nous pouvons estimer qu' en 1908 chèvres et moutons étaient sept fois moins nombreux à al-Hadd (à lO km de RJ-2) qu'au viUage de Kamil63 (à 75 km au sud-ouest de RJ-2, dans la Sharqiyah) et trente fois moindre que dans la palmeraie de Didu, près de Kamil. On peut donc évaluer à 0,15 le nombre de chèvres par habitation, au début du siècle, au viUage de al-Hadd! Vaches et moutons, mais surtout chèvres64 - dont le lait supplée l' eau à l'heure actuelle65 - ne se suffisent pas du maigre couvert végétal de la plaine: ces dernières ont besoin d'un apport de nourriture qu'elles trouvent dans la consommation de sardines séchées66. Traditionnelle dans ces contrées67, cette pratique courante en Arabie au XIIle siècle de notre ère68 est attestée par Néarque dès le IVe siècle avoJ.-C. au Makran69, et il en était peut-etre de meme à Ra's alJinz pendant la seconde moitié du me miUénaire. Entre terre et mer, la mangrove (khor) n'était pratiquement pas exploitée par les populations du me millénaire de Ra's al-Jinz. Elle est actuellement située à lO km de RJ-2.

CONCLUSION

Que Ra's al-Hadd ait été ou non le "promontoire du Corodanum" de Ptolémée70,la cote orientalede l'Arabie a bien été habitée par des "mangeurs

62De nos jours, certaines habitations ont au minimum cinq chèvres, la moyenne étant de 15 chèvres par famille, LANCASTER & LANCASTER1992,p. 361 63La tribu EI-hism, liguée avec la grande tribu des Bani bu' Ali, contròlait six villages dans le la 'alan dont al-Kamil, MILES188i. 64 Partis de Socotra à la conquète du royaume d'Ormuz, les six navires d'Alfonso de Albuquerque firent reHìcheà Qalhat du 22 au 24 aoiìt 1507. Dans leurs tractations avec le Shayh de Qalhat. les portuguais n'obtinrent en guise de ravitaillement que des dattes gàtées, du riz et trente moutons. En revanche aucune chèvre - dont le ròle est essentiel dans la production du lait - ne fut échangée, alors qu'elles devaient composer l'essentiel des troupeaux d'ovicapridés de cette cité. 65 LANCASTER & LANCASTER 1990. 66 OVINGTON 1689; NIEBUHR 1774; HENRY an VII, p. 233; ROSEN 1930. Les sardines sont aussi utilisées en guise d'engrais, A Koweit, la consommation de sardines séchées est censée augmenter la quantité de lait des vaches. Pour les memes raisons, les femmes enceintes consomment de la soupe de poisson, DICKSON 1949, p. 160. 67THOMAS 1929b, p. 197; 1932, pp. 13,79. 68 POLO 1298, p. 497, BARBOSA 1886, p. 49, HIMYARI 1984, p. 339. 69ARRIEN XXlx-l3, LONGO 1987. p. 14. 70 GROOM 1994.

92


de poissons" plusieurs millénaires avant que le Periplus Maris Erythraei ne l'atteste, aux premiers siècles de notre ère71.Si les textes antiques opposent souvent les populations catières (lchthyophagoi) aux éleveurs de l'intérieur des terres (Trogodytes),certains indiquent néanmoins que les lchthyophagoi faisaient,au début de notre ère, partie de la société des Trogodytes72. De nos jours, pecheurs et pasteurs du Ja'alan forment un groupe homogène (mais multiforme dans ses modes de vie), uni par de nombreux liens de parenté et divers types d'alliances, tout aussi étroites. Les habitants de Ra's al-Jinz séjoument en hiver le long des cates et cultivent durant l' été jardins et palmiers de l' oasis de Bilad Bani bu Hassan, à une centaine de kilomètres de là73.La part du poisson dans l' alimentation de ces populations catières est évidemment prépondérante (meme en été à Bilad Bani bu Hassan); celle des populations vivant dans l'intérieur de l'Oman n'est pas négligeable, meme si elle est moindre. Des dattes, des objets en cuivre et quelques céramiques découvertes à RJ-274témoignent des relations que les populations catières entretinrent au IW millénaire avec les oasis de l'intérieur. Le long de la cate du Ja'alan, des communautés de pecheurs étaient vraisemblablement implantées de manière saisonnière dès le néolithique, puisqu'elles y vivaient des ressources marines qui n'étaient pas exploitables en toutes saisons75 malgré l' existence, depuis le Miocène ancien, d'un upwelling76le long de la cate de l' Arabie orientale77.

71 Sur cette question, comme sur l'étude des sources antiques, on se référera aux travaux en cours de NALESINI n.d. 72 PUNE 6.176, CASSON 1989, p. 98; NALESINI n.d. 73 THOMAS 1929b, p. 197; LANcAsTER & LANCASTER 1990. 74 MÉRY 1991. 75 L'hiver est très propice à la peche, DIODORE III 16, 4; AGATARCHIDE 35, 83; OPPIEN Halieutika I cités par NALESINI n.d., p. 120. Durant l'été la mer d'Arabie est particulièrement dangereuse en raison de la mousson du sud-ouest, BRITISH NAVY 1967, p. 10-11; TAYLOR& SMYTHE 1985, p. 39. La peche en mer et le cabotage ne sont alors plus possibles, THOMAS 1929b, p. 195. 76 L'upwelling d'Arabie orientale doit son existence aux fosses marines qui longent le plateau continental. Sous l'action du vent (la mousson du sud-ouest), les remontées d'eaux froides issues de ces fosses sont très riches en éléments nutritifs, d'où la surabondance de poissons à certaines périodes: voie de migration saisonnière de nombreuses espèces, d'immenses bancs de sardines remontent chaque année les cotes de l'Oman. Ce phénomène avait, déjà en son temps, étonné Marco Polo: "sachez que les poissons que mangent les hétes (en Oman) sontfort petits, et se prennent en avril et en mars, en avril et en mai, en si grandes quantités que c'est merveille". 77 CURRIE et al. 1973, p. 37-53;

TAYLOR & SMYTHE 1985, p. 39.

93


Les auteurs antiques ont nommé les populations cotières de l' Afrique orientale, de l'Arabie et du Makran d'après leur régime alimentaire dominant (ichtyophagie, chélonophagie 78.. .). À les étudier de plus près, ces textes nous livrent d'autres informations, que les découvertes faites à Ra's al-Jinz RJ-2 confirment partiellement: l'exploitation des ressources marines ne se limitait pas à l' acquisition de nourriture, puisque des outils (comme les hameçons, les dents de requins et les épiphyses de baleines...) étaient utilisés dans l 'habitat, et que Clesbiens manufacturés destinés aux échanges (anneaux en coquille) étaient produits sur pIace. Les pecheurs de l'Age du Bronze utilisaient l' essentiel des ressources marines disponibles à Ra's al-Jinz et dans sa région. Ces quelques pages sont nées, à Ra's al-Jinz, de discussions avec Sandor B6k6n>"i t, auquel je voudrais ici rendre hommage. REMERCIEMENTS

Nous remercions le Or. Ali bin Bakhit al Shanfari, Directeur des Antiquités, Ministère du Patrimoine National et de la Culture, Serge Cleuziou et Maurizio Tosi qui dirigent le Joint Hadd Project, projet international comprenant notamment l'IsIAO (Rome), l'Université de Bologne, l'UMR 7041 du CNRS (Nanterre); Daniel Robineau du Laboratoire d'Anatomie Comparée du Muséum National d'Histoire Naturelle (Paris) et Axelle Rougeulle (CNRS) pour leursprécieuses informations, Hélène David pour ses dessins.

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99


SERIE

ORIENTALE

R O M.A

XCIII

ESSAYS ON TRE LATE PREHISTORY OF TRE ARABIAN PENINSULA Edited by SERGE CLEUZIOU, MAURIZIO TOSI and JURIS ZARINS

Text arrangements

by VICT9RIA

DE CASTÉJA

",

ROMA ISTITUTO ITALIANO PER L'AFRICA

2002

E L'ORIENTE

.


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