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PASSIONNÉ JUSQU’AU BOUT DES ERGOTS !

SERGE GROSSET, ÉLEVEUR ET JOCKEY

■ VISU : Depuis quand élevez-vous des coqs et comment éleve-t-on un bon coq ?

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J’élève des coqs de combat depuis une dizaine d’années. J’en ai à peu près une trentaine. Actuellement, c’est la pleine période des combats parce qu’après l’été, les coqs vont faire les plumes. Pour avoir un bon coq, il faut acheter, mais le plus compliqué est de trouver la bonne souche : un croisement avec un ancien champion, mais ce qui compte le plus là-dedans c’est la poule ! Tu peux avoir un coq d’un très grand champion, mais si t’as pas une bonne qualité de poule, t’auras rien !

On commence à entraîner le coq à 8 mois et s’il est bon, à 10 mois, il peut faire son premier combat. Un minimum de 3 entraînements est nécessaire. Premier entraînement dure environ de 10 minutes, 2e 20 min, 3e 30 minutes avec les autres et en bouchonnant (ndlr : en protégeant), les ergots pour ne pas abîmer les yeux.

■ Vous mettez vraiment un petit peu de rhum, ou des graines de zamal dans l’alimentation du coq ?

C’est un mythe. C’est faux ! Aux poussins, on donne du rabateau. On nourrit les coqs de maïs, des herbes, de l’oignon pour le souffle, du cresson, du zambrevat…

■ Comment se fait-il qu’il soit si hargneux ?

C’est le croisement qui fait ça ! Y’a des croisements. Y’a les hybrides qui sont tapeurs mais pas encaisseurs et puis, nana le kok l’espès, la race La Réunion, tu peux le cogner pendant 2 heures, il va avancer tout l’temps ! Le kok l’espès y fait son combat même s’il est perdant, il meurt dans le rond. Les hydrides viennent de Thaïlande, ils cognent mais courent quand y gagn’ galop. Beaucoup de gens font venir des coqs de Thaïlande pour reproduire, avec un suivi vétérinaire et tout ça là même dans l’avion. Mais le kok péi lé plus fort que le coq Thaïlande !

Des Grosses Sommes

■ Un autre site commence à faire parler de lui, celui de l’Eperon dans les Hauts de Saint-Paul où ces dernières semaines, des sommes colossales auraient été jouées, mais la discrétion y est plus que jamais de mise notamment pour les photos.

■ Combien vaut un coq ? Anciennement, pour tirer un coq de race, il fallait compter 20 000 francs. Aujourd’hui, c’est 3 000 . Anciennement à La Réunion n’avait que des coqs valeureux. Maintenant quand le band’ zybrides qui cognent, qui cognent, y voit que l’espèce devant i tiens avec la solidité pendant 1h, 1h15, 1h30, le coq extérieur lui quitte le rond et il donc perdant.

On n’a pas le droit de quitter plus de trois fois le rond s’il veut plus faire le combat. S’il touche la ligne extérieure, rafraîchissement une minute pour les deux coqs. Mais un coq qui veut plus faire le combat, lu quitte le rond, li court, li part.

■ Quel a été votre meilleur coq ?

Ça remonte à 5ans et c’était un coq cendré.

■ On fait donc quand même beaucoup d’argent avec le batay kok ?

Non c’est avant tout pour le loisir et pour l’ambiance. C’est une tradition. Ou vive des sensations comme dans cinéma. Quand je suis jockey et que j’observe du rond là, tu vois les autres qui sautent chaque fois qui donne des coups d’ergots, quand l’autre adversaire i redonne, son équipe saute là, c’est vraiment l’ambiance.

ON CRIE AU LOUP !

■ Les associations protectrices des animaux considèrent cette pratique cruelle et barbare. Les éleveurs et jockeys rétorquent que si vous mettez deux coqs dans une basse-cour, ils se battront quand même. Les opposants n’apprécient vraiment pas.

C’est le vendeur et éleveur de plus de 100 coqs qui gagne de l’argent. C’est lui qui soigne et qui a de bons éléments tandis que nous, les amateurs, nous devient pas riche. Si mon coq gagne mais après, je parie sur le prochain combat et qu’il perd, au final, on n’a rien gagné. L’important, c’est le plaisir.

■ Qu’avez-vous fait des vieux coqs en fin de vie ou de carrière ?

En général, on vend pour la reproduction. D’autres éleveurs les achètent pour changer ou améliorer la race. Rien n’est garanti. On fait aussi attention à la consanguinité.

■ Mais normalement un jockey ne mange pas son coq ?

C’est ce qu’on dit, mais moi-même un bon carry coq mi crache pas dessus. S’il a eu 8, 9, 10 combats, je préfère laisser le coq pour la reproduction que de le manger.

■ Pourquoi, selon vous, c’est autorisé à La Réunion ?

Je dirais plutôt que c’est toléré à La Réunion. Y a des grands gallodromes et après c’est dans la tradition y a des petits quartiers des gens du quartier avec des paris, par exemple, sur un coq. Il faut que les deux coqs aient les mêmes armes.

■ Comment se déroulent les batailles ?

Il y a des combats avec des ergots et d’autres sans ou presque pas. Avant de rentrer dans le rond, on lime au maximum. On fait bien pointu parce que l’adversaire ne fera pas de cadeau. Mais le combat c’est aussi au petit bonheur la chance. Un coq peut très bien perdre au bout de deux ou trois secondes.

ET LE VAINCU EST…

■ Est vaincu celui qui s’enfuit 3 fois hors du ring, qui crie, qui ne peut plus se relever, ou qui meurt.

Sans l’une de ces 3 conditions, le match est nul et les paris envolés. Un arbitre est garant de ces règles.

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