Hétéroclite n°91

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n°91 Lyon / Saint-Étienne / Grenoble_ été 2014



Sommaire

Édito

_Culture_

«À Stonewall, en première ligne, il y avait des putes, des trans, des travestis.»

Gros plan culture / Pages 4 & 5 D’Alizée à Lana Del Rey en passant par Christine and the Queens et Die Antwoord, notre sélection des albums à écouter sur la plage. Musique / Page 6 Eustache McQueer et son complice Virilio développent un projet musical et performatif dans lequel il est question de genres. Panorama culturel / Page 8 Musicaux ou cinéphiles, les festivals à ne pas rater cet été. Danse / Page 9 La chorégraphe et danseuse québécoise Louise Lecavalier présente sa dernière création, So blue, au festival des 7 collines. Cinéma / Page 10 Portrait de la réalisatrice canadienne Patricia Rozema à l’occasion de la sortie en DVD de deux de ses films. Littérature / Page 11 À l’occasion du 80e Congrès mondial des bibliothèques et de l’information, entretien avec Raphaëlle Bats et Thomas Chaimbault, membres fondateurs de Légothèque. Sélection / Page 12 À lire : Les Feux de Saint-Elme de Daniel Cordier, Dans la vie noire et blanche de Robert Mapplethorpe de Judith Benhamou-Huet et Sexualité de Jeffrey Weeks. Feux croisés / Page 13 Michel Larivière s’évertue à rendre enfin visible l’homo- ou la bisexualité des grandes figures historiques dans son dernier ouvrage, Les Amours masculines de nos grands hommes.

(Edwige Marty, présidente de la Lesbian and Gay Pride de Lyon, lors du discours inaugural de la Quinzaine des Cultures LGBT, vendredi 6 juin 2014)

_Vagabondages_ En plein milieu / Page 14 Les plus belles terrasses des bars gays, lesbiens et friendly lyonnais. Sport / Page 15 En ces temps de Coupe du monde, le football féminin mériterait une plus ample médiatisation.

Image de couverture : Cédric Roulliat www.cedricroulliat.com / www.facebook.com/c.roulliat Modèles : élodie, Tony, Alex. Merci à Joël. Cédric Roulliat est représenté par la galerie Collection of Design, 17 rue des Remparts d’Ainay-Lyon 2 / contact@collectionofdesign.com www.collectionofdesign.com

SARL au capital de 1002€ RCS : 48941724600019 16 rue du Garet 69001 Lyon Tél. : 04.72.00.10.27 Fax : 04.72.00.08.60 www.heteroclite.org Mensuel gratuit Numéro quatre-vingt-onze Été 2014 20 000 exemplaires en libre service, chaque premier mercredi du mois à Lyon, Grenoble et Saint-étienne

Agenda agenda@heteroclite.org Publicité pub@heteroclite.org Rédaction redaction@heteroclite.org Directrice de la publication Dorotée Aznar Rédacteur en chef Romain Vallet Ont participé à ce numéro Renan Benyamina, élise Capogna, Laurence Fontelaye, Antoine Idier, Didier Roth-Bettoni, Guillaume Wohlbang Maquette Nolwenn Bonfré Infographie Morgan Castillo Webmaster Frédéric Gechter Comptabilité Oissila Touiouel Diffusion Diffusion Active

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e 14 juin dernier, la Marche des Fiertés LGBT de Lyon était la première dans l’Histoire du mouvement LGBT français à accueillir un char de travailleurs et travailleuses du sexe, sous l’égide de l’association Cabiria (qui effectue depuis des années un travail de terrain indispensable et reconnu auprès des personnes concernées) et du Syndicat du travail sexuel (STRASS). Leur présence et le refus du projet de loi sur «la lutte contre le système prostitutionnel» porté par le mot d’ordre de la Marche ont créé une vive controverse. On peut comprendre, à défaut de les partager, les craintes des associations, partis politiques ou simples citoyen-ne-s abolitionnistes qui sont pour la plupart animés par un souci sincère d’égalité entre les sexes. On peut aussi regretter la violence des propos que se sont échangés, quinze jours durant, la Lesbian and Gay Pride (LGP) de Lyon et Osez le féminisme ! 69 par communiqués de presse et statuts Facebook interposés : ceux-ci n’ont guère contribué à faire émerger un débat constructif. Mais si l’on considère, comme bon nombre d’organisations internationales (l’Organisation mondiale de la santé, Médecins du monde…) ou nationales (la Commission consultative nationale des droits de l’Homme), d’associations de lutte contre le sida (AIDES, Act Up-Paris…), féministes (le Planning familial) ou de défense des droits humains (la Ligue des droits de l’Homme), que la pénalisation des clients ne fera que rejeter un peu plus les personnes prostituées dans la clandestinité et les exposer à davantage de risques de contamination par le VIH et les autres IST, alors la solidarité avec celles d’entre elles qui luttent contre ce projet de loi est un impératif. Comme les personnes LGBT, les personnes prostituées sont victimes de violences et font l’objet d’une stigmatisation sociale en raison de leur activité sexuelle. Par ailleurs, les discriminations dont souffrent encore les personnes LGBT peuvent conduire certaines d’entre elles à la précarité (à la perte d’un toit ou d’un emploi, par exemple), ne leur laissant parfois d’autre choix que la prostitution ; c’est sans doute une des raisons de leur surreprésentation parmi les travailleurs et travailleuses du sexe. C’est pourquoi la présence de ces derniers dans les cortèges LGBT devrait être une évidence depuis longtemps, même pour ceux qui réclament “l’abolition“ de la prostitution et/ou la pénalisation des clients. Certains ont regretté que le mot d’ordre choisi cette année ait “divisé“ le tissu associatif LGBT et féministe local ; une “division“ toute relative au demeurant, puisque sur la quarantaine de signataires de l’appel d’Osez le féminisme ! 69 à se désolidariser de la Marche des Fiertés de Lyon, seuls trois avaient participé à son organisation les années précédentes tandis que l’écrasante majorité des associations membres du conseil d’administration de la LGP se montraient solidaires du mot d’ordre retenu. Mais il est des controverses qui sont parfois salutaires : sachons plutôt gré à la LGP de Lyon d’avoir organisé cette année, loin des slogans mous du genou et des revendications consensuelles que certains voudraient lui voir adopter, la Marche des Fiertés LGBT la plus politique de France. _Romain Vallet_

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_Culture__gros plan culture_

Lana Del Rey

Cet été, exit l’électro subtile et les groupes indés : on veut du mainstream, de la pop, de la Californie et l’amour dans des 205 GTI. Sélection de quelques albums estivaux qui devraient faire l’affaire. été n’est certainement pas la meilleure saison pour dénicher des perles musicales underground. À l’inverse, si vous vous êtes perdus dans les mojitos, un tube net et carré possède l’extraordinaire pouvoir de vous remettre les pieds sur terre (en l’occurrence sur le dancefloor) tout en vous faisant perdre la tête. Sa tête, Alizée ne devait pas toute l’avoir lorsqu’elle est passée du brun au blond : visiblement lasse de compter pour des prunes, elle s’est peroxydée les cheveux (au grand dam de ses admirateurs, qui hurlent au sacrilège) à l’occasion de la sortie de son nouvel album, Blonde. Le tube éponyme, aussi inintéressant qu’efficace (que lui demander de plus ?) nous gâte de son refrain agressif et répétitif : «le monde est aux blondes, méfie-toi des blondes décolorées». Impossible d’assumer un tel morceau dans notre propre playlist de l’été, bien sûr ; mais on sera ravi de danser dessus en soirée si quelqu’un d’autre le diffuse pour nous... Héloïse Letissier, alias Christine and the Queens, est toujours brune et ce qu’elle a à nous dire est autrement plus intéressant

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qu’une causette sur les colorations capillaires. Télés, radios, presse : on ne parle que d’elle en ce moment et c’est pleinement mérité. Après plusieurs EPs et des morceaux par-ci par-là, la reine Christine a enfin sorti son premier album. Chaleur humaine est incontestablement un très beau disque pop. Parce qu’il passe de l’anglais au français au sein d’un même morceau, sans complexe et avec classe. Parce qu’il est humble : le chant ne se contente pas de montrer toute son étendue, il sait aussi rester en retenue et se faire parfois drôle. Et puis, le fantomatique titre Science fiction est parfait pour une soirée, à l’instar du morceau Ugly-Pretty, sur lequel on se retrouve à danser, vacillant et mélancolique, avec au cœur un sentiment que l’on n’avait pas ressenti depuis Missing d’Everything But The Girl. Et quelle habileté dans la reprise des Paradis perdus de Christophe, pourtant maintes fois chantés par d’autres ! La plus-value de Christine and the Queens ? Remplacer le refrain d’origine par celui de Heartless de Kanye West. Quelle liberté si belle à écouter !

Lâchez les chiens Les Sud-Africains de Die Antwoord, quant à eux, n’ont plus besoin de faire leurs preuves depuis longtemps. Ils sont de retour avec un troisième album (Donker Mag) et seize titres tous plus trash les uns que les autres. En témoigne le morceau Pitbull Terrier, reprise façon hip-hop et techno d’un titre du film Chat noir, chat blanc d’Emir Kusturica. Le clip est aussi violent qu’esthétique et, à l’image d’un pitbull, attrape son spectateur et ne le lâche pas, provocant attraction et répulsion. Le gros son très brut et simpliste et la hardtech ethnique emportée par un flow polyglotte et bluffant sont depuis 2008 la marque de fabrique de Die Antwoord. Leur son est ainsi finalement très proche de celui de la makina espagnole écoutée à volume maximum dans des 205 GTI. Et c’est pourquoi Donker Mag est l’album de l’été : il nous donnera des envies de pelotage sur des banquettes arrière par des individus portant gourmette et débardeur blanc… Pour calmer nos ardeurs quand viendra la fin de l’été, on pourra toujours compter sur

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Un été peroxydé


_Icônes, prises de risque et grande classe_ Les Nuits de Fourvière font la part belle cette année à deux grandes icônes gays. La première (par ordre de préférence et non de date) a sorti fin 2013 un album que l’on n’attendait pas. Avec Les Chansons de l’innocence retrouvée, Étienne Daho a prouvé qu’il n’était pas le chanteur d’une autre époque, celui que l’on aime encore mais de qui on n’écoute plus que les vieux disques. Ce qui est hélas le cas de notre deuxième icône gay : Elton John présentera le 16 juillet son trentième album solo, The Diving Board, qui, avouons-le, est un petit peu passé inaperçu lors de sa sortie en septembre dernier. Ce qui ne nous empêchera pas d’aller le voir pour écouter en live ses tubes Crocodile Rock et (pour les plus monarchistes) Candle In The Wind… Le 4 juillet, Émilie Simon sera une nouvelle fois sur la scène du Théâtre antique. Son titre Menteur et le clip qui l’accompagne sont à la hauteur de son sixième album solo, Mue : plutôt formidables ! Comme à son habitude, elle s’y balade sur beaucoup de registres avec élégance et des faux-airs de Kate Bush. Raison supplémentaire de la voir sur scène : en concert, émilie Simon est vraiment une pro, à la fois touchante et drôle. Deux autres artistes programmés aux Nuits de Fourvière cette année prennent de gros risques. Le premier, le faiseur de tubes Asaf Avidan, délivrera un concert... en solo et en acoustique ! Quant à l’ex-chanteur de Blur, Damon Albarn, il défendra son premier album solo, le très intimiste Everyday Robots, devant un public qui risque fort de lui réclamer Girls & Boys... Enfin, si vous souhaitez assister aux concerts de grande classe de cette édition 2014 (The National, Portishead, The Divine Comedy, Pixies…), dépêchez-vous : soit ils sont déjà complets (et là, il faudra faire jouer votre réseau pour avoir des places…), soit ils ne vont pas tarder à l’être !

Le Petit Bulletin et l’Institut Lumière présentent

Nouveau rendez-vous au Cinéma Lumière, présenté par le critique de cinéma Christophe Chabert, du Petit Bulletin.

Jeudi 10 juillet à 20h

(1988) Dans la veine de son cinéma décomplexé et exubérant ! www.institut-lumiere.org

Nuits de Fourvière, jusqu’au 2 août à l’Amphithéâtre gallo-romain, 1 rue Cléberg-Lyon 5 / 04.72.32.00.00 www.nuitsdefourviere.com

le nouvel album de Lana Del Rey. Ultraviolence est un deuxième disque réussi grâce, en partie, à la collaboration de Dan Auerbach (guitariste des Black Keys) qui apporte avec lui sa fièvre, le soleil de la West Coast et l’envie de boire une margarita face au Pacifique en écoutant chanter Lana. L’ultra-violence dont il est question ici, c’est celle du cauchemar américain, des succès fulgurants et des chutes vertigineuses qui s’ensuivent, de la recherche de la gloire à tout prix et de la dépendance amoureuse. Cordes orchestrales, tempo lent et lancinant : tout dans cet album est cohérent, bien plus que dans Born to die qui s’éparpillait beaucoup (notamment lorsque le chant empruntait les chemins hasardeux du hip-hop de gangsters !). La torpeur californienne, la réverbe, les guitares saturées et les balades tristes sont beaucoup plus raccord avec ce que Lana Del Rey paraît être : une Américaine vintage, lolita déjà botoxée, sans âge et superficielle. Soit tout ce que l’on aimerait être pour cet été 2014...

À écouter _Blonde_ d’Alizée (Sony Music) _Chaleur humaine_ de Christine and the Queens (Because Music) _Donker Mag_ de Die Antwoord (Zef Records) _Ultraviolence_ de Lana Del Rey (Polydor)

_Guillaume Wohlbang_

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© Petter Viasselfebb

_Culture__musique_

Ambiance moite et sexy Partying deep deep into the night On the dancefloor no one takes care You’re moovin’ free and metrosexualy But behind there’s some shadows looking […] Don't touch the straight, because he’s my friend! DILF, because he’s married! Straight, because he's my friend! Forget the DILF! Paroles de la chanson Don’t touch the straight d’Eustache McQueer

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Queer à feu vif

Eustache McQueer et Virilio, échappés du collectif Tudansesmonchou, présentent leur nouveau projet artistique à la frontière des genres, entre musique et performance. ous pensions rencontrer Joël Defrance mais c’est sous l’alias d’Eustache McQueer qu’il est venu au rendez-vous, flanqué d’un pantalon en cuir violet et de son acolyte Virilio. Pour l’interview, Eustache refuse le canapé central, «trop freudien». Il n’empêche : dans cette nouvelle formation, c’est bel et bien lui qui occupe le devant de la scène. Virilio, lui, découvre le monde, notre monde, celui d’Eustache, retranché derrière ses machines. C’est de là qu’il le questionne de sa voix fluette, contrebalancée par son physique viril. Eustache nous raconte leur rencontre. «Je suis parti sur la planète Mars pour comprendre comment elle fonctionnait. J’y ai rencontré le prince Virilio dans son palais et je lui ai parlé de la vie sur Terre. Comme il était intrigué, nous sommes venus ici et depuis, Virilio tente de comprendre pourquoi la sexualité est une telle préoccupation sur notre planète». On l’aura compris, la naïveté du Martien sert à mieux éclairer notre monde compliqué et très sexuel où les barrières entre les genres foutent le camp peu à peu. Leurs concerts, jusqu’à présent donnés principalement en Suisse où Joël réside actuellement, sont l’occasion d’aborder les questions du queer et du genre, mais aussi les problématiques personnelles d’Eustache. «C’est comme un journal intime : je parle de mon rapport à la bouffe, à la sexualité, à l’homosexualité, mais aussi de politique. Dans notre live, il n’y a pas de partie clairement militante, on ne dit pas «cette chanson est contre les attaques transphobes». Mais tout passe par l’ironie et l’humour».

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Quiproquos et performances Le titre Don’t Touch The Straight décrit ainsi l’incompréhension de Virilio face aux hétérosexuels qui se font draguer par des homo- ou des bisexuels : il s’imagine que les premiers sont en danger de mort sur Terre ! Les quiproquos entre Virilio et Eustache donnent lieu par conséquent à de longues discussions entre chaque morceau. Mais fort heureusement, leurs sets ne ressemblent pas à des tables rondes trop théoriques ! Ils sont avant tout musicaux, très performatifs et relèvent pour une grande part de l’expérimentation. Eustache s’amuse aussi avec le public, rendant ainsi leurs shows très participatifs. «Parfois, j’offre des robes et des pompons à deux personnes pour qu’elles viennent danser avec nous sur scène. Cela donne au concert un côté cheap revendiqué. Nos habits et nos accessoires, on les achète dans des magasins pour petites filles. C’est à la fois subversif et esthétique !». Onze chansons sont actuellement en mixage, ce qui laisse espérer un premier album prochainement. Et peut-être un retour en France ? «On a envie de faire des concerts à Lyon. On a déjà un réseau et il y a plein de salles que je trouve chouettes. Les Lyonnais nous attendent ! Ils ne le savent pas encore, mais on arrive !». Nous sommes prêts ! _Guillaume Wohlbang_

www.eustachemcqueer.com


Chez Richard

www.restaurantchezrichard.fr

Ici, tout est fait maison. Le midi, vous pourrez déjeuner dans le petit patio privé à l’arrière du restaurant, à l’abri du bruit. Dès l’heure de l’apéro, venez partager une assiette de charcuterie, du fro-mage, du saumon fumé, du foie gras, des tapas, du tartare de bœuf aux couteaux, des frites maison, des bruschettas, des salades, etc. Le restaurant organise des expositions photographiques tous les deux mois. OUVERT : DU MARDI AU JEUDI DE 9H À 22H ET DU VENDREDI AU SAMEDI DE 9H À 1H MIDI : FORMULES DE 15€ À 17,50€ / PLAT DU JOUR 10,50€ SOIR : PLANCHES DE TAPAS DE 5€ À 16€

3 avenue Berthelot - Lyon 7e

04 78 72 00 66

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_Culture__festivals de l’été en Rhône-Alpes par_ _Élise Capogna_

_2 > 5 juillet_ Musiques en stock

_Jusqu’au 12 juillet_ Jazz à Vienne

Où : place d’Ainay-Lyon 2 Notre coup de cœur : surréaliste et dérangeant, Finsterworld dépeint la vie apparemment ordinaire d’une ville allemande imaginaire où se dévoile peu à peu une cruauté malsaine. www.goethe.de/lyon

Où : Cluses (Haute-Savoie) Notre coup de cœur : on adore le timbre puissant d’Anna Calvi, volcanique et riche en émotions. La chanteuse anglaise est envoûtante sur scène où elle se mue en une véritable diva. www.musiques-en-stock.com

Où : Vienne (Isère) Notre coup de cœur : parmi les pointures qui se produisent à Vienne, c’est l’ex-chanteur de Led Zeppelin, Robert Plant, et son curieux septet qui attirent particulièrement notre attention. www.jazzavienne.com

_18 > 20 juillet_ Guitare en scène

_21 > 26 juillet_ Cabaret Frappé

Où : Aix les Bains (Savoie) Notre coup de cœur : originaire de Memphis, Valérie June chante un blues sans âge sans oublier d’y apporter un souffle nouveau. Un timbre grave et des textes poignants. www.musilac.com

Où : Saint-Julien-en-Genevois (Haute-Savoie) Notre coup de cœur : Ana Popovic côtoie les plus grands. Souvent comparée à Jimi Hendrix, cette incroyable musicienne marie audace et talent. Une performance énergique et puissante. www.guitare-en-scene.com

Où : Grenoble (Isère) Notre coup de cœur : l’association entre le groupe folk Moriarty et Christine Salem, chanteuse maloya, est placée sous le signe de l’amitié. Une expérience scénique réussie. www.cabaret-frappe.com

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_11 > 13 juillet_ Musilac

_23 > 24 août_ Woodstower

Où : Habère-Poche (Haute-Savoie) Notre coup de cœur : le groupe d’électro-rock Taïni & Strongs revendique des influences variées. éclectique et fougueux, il oscille habilement entre pop légère et rock débridé. www.rocknpoche.com

Où : le long du Rhône (à Lyon du 1er au 3 août) Notre coup de cœur : le court Si j’étais un homme propose une réflexion intelligente sur le genre, servie par un dessin épuré. Un propos réfléchi sans être pompeux. www.cinefil.com

Où : Miribel Jonage (Ain) Notre coup de cœur : les Québécois de Misteur Valaire mixent avec doigté et précision. Déjantés et généreux sur scène, ils nous séduisent par leur son et par leur énergie. www.woodstower.com

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_20 juillet > 3 août_ Cinéfil

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_1er > 2 août_ Rock’n’Poche

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© Oli Powell

© Oli Powell

_Jusqu’au 3 juillet_ Lyola !


_danse_

Louise Lecavalier dans So Blue

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SUZANNE VEGA MORIARTY LES 7 DOIGTS DE LA MAIN ANNA CALVI Les collines ont des yeux bleus i le Festival des 7 collines est né, comme son nom l’indique, au creux des vallons stéphanois, il multiplie depuis quelques années les invitations à des artistes du monde entier. Le Canada, et en particulier le Québec, fournit une bonne part du contingent, notamment et logiquement dans le domaine du cirque, dont la Belle-Province est un fleuron grâce à l’école nationale du cirque de Montréal. Les compagnies Et des hommes et des femmes et Les 7 doigts de la main se sont ainsi formées sur ses bancs et ses pistes, proposant aujourd’hui un cirque spectaculaire, contemporain et poétique sur les traces du Cirque du soleil. Côté danse, c’est Louise Lecavalier qui traverse l’Atlantique pour présenter sa pièce So Blue, un travail sur la transe, expressif et survolté, dans un environnement froid, graphique et structuré. Figure essentielle de la danse au Canada, Louise Lecavalier surprend par la démesure de son engagement et par la variété des cordes sur lesquelles elle tire : abstraction et théâtralité, codes de danses urbaines et sauvagerie primitive, ironie et gravité. Si le besoin se fait sentir de ralentir le rythme cardiaque après cette expérience frénétique, une solution pourrait bien être d’aller voir le solo du jeune Hugo Mega dans le cadre de la soirée éclats de cirque. Le jeune spécialiste du tissu aérien, formé à l’école supérieure des arts du cirque de Bruxelles, commence par s’extraire d’une chrysalide, tube de fibre qu’il est difficile de ne pas voir comme un préservatif géant. Puis il évolue, certes sur quelques mètres à la verticale, mais dans une multitude de directions et dans un espace infini. Son tissu est davantage qu’un agrès : une prothèse, une peau, un environnement. Ces deux artistes aux antipodes, l’une électrique, l’autre suspendu, donnent une bonne idée de la diversité des formes présentes au Festival des 7 collines. Parmi lesquelles il faut aussi citer, au rayon musique, les concerts attendus d’Anna Calvi et, lors de la soirée de clôture, de Suzanne Vega, Christine Salem et Moriarty.

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_Renan Benyamina_

Festival des 7 collines, du 2 au 11 juillet www.festivaldes7collines.com

20e édition

SAINT-ÉTIENNE 2 - 11 juillet 2014 FESTIVAL DES 7 COLLINES www.festivaldes7collines.com - 04 77 32 54 13


When Night is Falling

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_Culture__cinéma_

Who’s that girl ?

Amor latino Autre petit bijou du cinéma lesbien sorti en DVD chez le même éditeur, Mosquita y Mari est un premier longmétrage dont le scénario a été plébiscité par de nombreux festivals de films. Sa réalisatrice, Aurora Guerrero, est une Américaine d’origine mexicaine. Née en Californie, elle y a passé toute son enfance et fait des études d’art et de psychologie. Dans Mosquita y Mari, elle s’est inspirée de sa propre jeunesse pour dépeindre, avec quelques plans silencieux et une lumière chaude travaillée avec soin, une histoire d’amour et d’amitié entre deux jeunes filles. Mosquita y Mari d’Aurora Guerrero (Outplay)

La sortie en DVD de deux films de Patricia Rozema permet de redécouvrir cette réalisatrice canadienne, l’une des plus importantes du cinéma lesbien. ui en France connaît Patricia Rozema, dont Outplay édite opportunément deux films (Le Chant des sirènes et When Night is Falling) en DVD ? Née en 1958 à Kingston, en Ontario, dans une famille d’immigrants hollandais, la future réalisatrice est élevée dans la tradition calviniste. Ses parents la tiennent à l’écart des influences extérieures telles que la télévision et c’est seulement à l’âge de seize ans qu’elle découvre le cinéma. Durant son enfance, elle est entourée de femmes fortes dont elle fera le sujet de prédilection de ses futurs courts et longs-métrages. Après des études de philosophie et de littérature anglaise, elle devient journaliste pour la chaîne de télévision canadienne CBC. En 1987, elle réalise son premier long-métrage, Le Chant des sirènes (I’ve Heard The Mermaids Singing). On y voit Polly, une jeune femme introvertie, se prendre d’admiration puis de passion pour sa nouvelle patronne, directrice d’une galerie d’art contemporain. Vingt-sept ans plus tard, le film a vieilli mais il reste une œuvre majeure dans la filmographie de Rozema, car c’est avec lui qu’elle pose les fondements de son univers cinématographique mêlant personnages excentriques, onirisme et sensibilité.

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Excentricité et merveilleux Huit ans plus tard, Rozema livre son troisième film, When Night is Falling, le plus connu du public lesbien et un des plus beaux du cinéma homosexuel. Camille, jeune professeure dans une université protestante, P 10_Hétéroclite n°91_ été 2014

fiancée à son collègue Martin, rencontre par hasard Petra, une artiste de cirque qui n’a pas froid aux yeux et qui va bousculer toutes ses certitudes. Sorti en salles en 1995 dans quarante-deux pays, classé dans le Top 10 du box-office allemand pendant six semaines, lauréat de six festivals internationaux, c’est à ce jour son film le plus primé. Ouvertement lesbienne, Rozema traite enfin frontalement d’homosexualité et, comme un clin d’œil à son enfance rigoriste, montre que les opposés peuvent se compléter. Film sur la foi et la découverte du désir, When Night is Falling permet à la réalisatrice de consolider un univers cinématographique de plus en plus riche. Ses films suivants sont plus généralistes mais portent toujours la marque de son excentricité. Qu’il s’agisse de l’adaptation de Mansfield Park (le roman le plus controversé de Jane Austen) ou de celle d’Happy Days (pièce de Samuel Beckett), Rozema laisse toujours poindre le merveilleux dans ses œuvres. Dernièrement plus présente sur les plateaux de télévision en tant que réalisatrice pour des séries (notamment pour la chaîne américaine HBO), elle n’en demeure pas moins l’une des femmes cinéastes les plus intéressantes d’aujourd’hui, dans un univers professionnel encore très largement dominé par ses collègues masculins. _Laurence Fontelaye_

www.patriciarozema.com


_littérature_

« Des espaces où se crée la liberté » Depuis deux ans, le groupe Légothèque s’empare des problématiques de la construction de soi et de la lutte contre les stéréotypes dans les bibliothèques. Ses membres comptent aussi parmi les initiateurs, au sein de la fédération internationale des associations de bibliothèques (IFLA), d’un groupe de réflexion sur les services aux publics LGBTQ, dont le lancement aura lieu à Lyon, à l’occasion du 80e congrès de l’IFLA. Entretien avec Raphaëlle Bats et Thomas Chaimbault, membres fondateurs de Légothèque.

Propos recueillis par _Renan Benyamina_ Quelles ont été les circonstances de la création de la commission Légothèque ?

Raphaëlle Bats : Tout a commencé en 2011 alors que je participais au congrès de l’Association des bibliothécaires américains (ALA). Pour le discours inaugural, un éditorialiste est intervenu sur l’importance de poursuivre la lutte contre l’homophobie et sur la responsabilité des bibliothèques en la matière. Cette prise de parole a constitué un véritable choc pour moi, faisant écho à ma conviction que les bibliothèques sont, plus que de simples espaces libres, des espaces où se crée positivement la liberté. De fil en aiguille, en partageant mon enthousiasme avec des collègues, est née l’idée d’un groupe LGBT à l’Association des bibliothécaires de France (ABF), auquel auraient pu succéder un groupe féministe et un groupe antiraciste. Nous avons fini par reformuler ce projet de manière à embrasser les différents enjeux de l’inclusion, en désamorçant, du même coup, certaines critiques prévisibles. Légothèque est ainsi née en janvier 2012, avec pour objectif de défendre un modèle de bibliothèque inclusive, engagée dans la lutte contre les stéréotypes. Quelles sont les actions de Légothèque ?

Thomas Chaimbault : Constatant qu’il n’existait aucune donnée sur les questions d’inclusion dans les bibliothèques, nous avons immédiatement amorcé un travail de veille. Nous avons mis en place un blog, créé un compte Twitter, puis une veille Diigo. Alors que nous avions, au commencement, surtout des exemples d’actions menées à l’étranger, nous recensons aujourd’hui de nombreuses manifestations et bibliographies réalisées par les bibliothèques françaises sur les thématiques du genre, de l’homosexualité, de l’éga-

lité hommes-femmes, des stéréotypes, du multiculturalisme, etc. Une autre part importante de l’activité consiste à organiser des conférences, à participer à des journées d’étude et à des colloques. Nous souhaitons aussi soutenir les collègues en leur fournissant des ressources. À l’occasion de la polémique sur le livre Tous à poil, nous avons par exemple été chargés de rédiger le communiqué de l’ABF et avons fourni des outils à l’attention des professionnels afin qu’ils puissent répondre à leurs usagers ou à leurs élus en cas de problème. Vous participerez, au mois d’août à Lyon, au congrès international des bibliothécaires, où un groupe de service aux publics LGBTQ sera présent pour la première fois. Comment ce groupe s’est-il constitué ?

R. B. : Depuis quelques années, des bibliothécaires LGBT se réunissent pendant le congrès international des bibliothécaires organisé par l’IFLA. L’idée a peu à peu germé d’un groupe de travail spécifique. L’accueil a été tout de suite très favorable : la première question qui nous a été posée par les instances de l’IFLA a été : «un groupe LGBT, très bien, mais pourquoi pas LGBTQ ?». Nous nous sommes mis d’accord sur le fait qu’il ne s’agissait pas à proprement parler d’un groupe de bibliothécaires LGBT mais d’un groupe de service pour les publics LGBT. Il nous fallait réunir un certain nombre de signatures pour créer le groupe. Nous avons donc écumé le dernier congrès. Malgré les réserves émises par des collègues issus généralement de pays où l’homosexualité n’est pas acceptée ou bien illégale, le groupe a été constitué et se réunira pour la première fois à Lyon au mois d’août. www.legothequeabf.wordpress.com _Hétéroclite n°91_été 2014_P 11


_Culture__sélection livres_

Daniel Cordier

Un amour de jeunesse vec Alias Caracalla, publié en 2009, Daniel Cordier était l’auteur d’un très beau récit initiatique. Il y racontait comment, adolescent antisémite, nationaliste et royaliste en 1939, il était devenu un homme de gauche passionné d’art au contact de Jean Moulin, dont il avait été le secrétaire dans la Résistance avant d’en être le biographe. Les Feux de Saint-Elme relate un autre apprentissage : celui de la sexualité et de l’homosexualité, que Cordier avait peu évoquées jusque là, bien que son homosexualité ait nourri les spéculations à propos des goûts de Moulin. L’écrivain se dépeint comme un jeune homme exalté qui, au milieu des années 1930, découvre l’amour dans la saga Les Thibault de Roger Martin du Gard et dans La Bohême de Puccini. Il lit aussi André Gide en raison de sa réputation sulfureuse et Céline, dont l’argot sexuel lui échappe cependant. Au collège de Saint-Elme, le jeune bourgeois s’éprend avec fièvre de ses camarades pensionnaires, mais réprime ses désirs sous l’effet de la morale religieuse. Les trente dernières pages sont les plus captivantes de ce récit bien écrit mais relativement classique. Dans les années 1990, Cordier, devenu septuagénaire, entreprend de retrouver un de ses amours de jeunesse. David Cohen est le «regret de [s]a vie», auquel l’ancien résistant n’a cessé de penser : «il n’y a que lui qui aurait pu me satisfaire physiquement et surtout qui me plaisait», écrivait-il déjà en 1949. Mais la désillusion est aussi forte que la passion. Si l’amour de Cordier est resté intact, l’aimé a bien changé ; et l’ancien résistant ne retrouve aucun des traits qui s’étaient figés dans sa mémoire. Il est obligé de constater : «toute ma relation passée avec lui est imaginaire. (…) Que l’imagination est impuissante contre la vie !» La confrontation entre le souvenir et la réalité, entre le passé et le présent, est cruelle. Sans doute parce que nous le savons aussi, cela rend Les Feux de Saint-Elme très touchant, et son auteur très attachant.

A

_Antoine Idier_

Les Feux de Saint-Elme de Daniel Cordier (éditions Gallimard) P 12_Hétéroclite n°91_ été 2014

© Catherine Hélie Gallimard

Biographie Judith Benhamou-Huet Dans la vie noire et blanche de Robert Mapplethorpe Éditions Grasset Robert Mapplethorpe est né en 1946 dans l’état de New York et a grandi dans une banlieue résidentielle américaine avec, pour seul horizon, une église que fréquentaient assidûment ses parents. Toute sa vie, le photographe se sentira en décalage avec sa famille et conservera en lui cette ambivalence et des contradictions que souligne le choix du noir et blanc dans la quasi-totalité de ses œuvres. Distinguer le bien du mal, mais aussi jouer avec : tel était le leitmotiv de l’artiste. Mapplethorpe, control freak à l’allure de rock star, ne s’autorisait aucune improvisation dans ses photos, qu’elles représentent des fleurs, des portraits ou des pénis en érection. Mettre en scène ses pratiques sadomasochistes, oui. Photographier l’instantané de ses proches à l’instar d’une Nan Goldin, non. Il a connu, aimé, photographié (et parfois les trois à la fois) les artistes plus célèbres de son époque (Patti Smith, Andy Warhol, Debbie Harry, William Burroughs, David Hockney…), auxquels il faut ajouter de nombreux amants anonymes de passage. Judith Benhamou-Huet nous invite à découvrir l’univers tortueux de Mapplethorpe à travers des témoignages riches et émouvants. Lorsqu’il meurt du sida en 1989 à l’âge de quarante-deux ans, ce petit diable à la gueule d’ange laisse derrière lui trente ans de portraits, d’autoportraits, de nus masculins et féminins, de photos de fleurs et de statues. Il est aujourd’hui considéré comme l’un des photographes les plus influents du XXe siècle. _Laurence Fontelaye_

Essai Jeffrey Weeks Sexualité Presses universitaire de Lyon Les Presses universitaires de Lyon ont eu la bonne idée de traduire Sexuality de Jeffrey Weeks. Déjà à sa troisième édition en anglais (la première date de 1986), le livre est un classique des recherches en sciences sociales sur la sexualité. C’est le premier ouvrage traduit en français du sociologue britannique, auteur d’une œuvre importante. Il rappelle avant tout que la «sexualité» est un «concept intrinsèquement problématique» : elle est «le produit de facteurs sociaux et historiques», un «ensemble fictionnel cohérent qui autrefois n’existait pas et qui, dans l’avenir, n’existera peut-être plus». Sexualité est ainsi une stimulante introduction à un ensemble de recherches sur la manière dont la sexualité est organisée, définie et sans cesse retravaillée par des catégories, des identités, des rapports de pouvoir et des luttes. _A. I._


_feux croisés_

L’ Appartement 16 présente

Solitude(s)

E X P O S I T I O N P H OTO G R A P H I Q U E CHRISTOPHE POUGET DR

Paul Verlaine et son amant Arthur Rimbaud (détail du tableau Un coin de table d’Henri Fantin-Latour)

L’obstiné

Du 12 juin au 31 juillet 2014 Vernissage le 12 juin de 19h30 à 22h00 www.christophepouget.com

ichel Larivière a collaboré à Têtu et on peut dire que le titre de ce magazine lui va comme un gant. Têtu, obstiné, jamais lassé de forcer toujours la même porte : c’est ainsi qu’il conçoit son métier d’historien fermement décidé à faire dire à l’Histoire officielle ce qu’elle sait si bien cacher, à savoir l’homosexualité des personnalités publiques les plus diverses, militaires, artistes, écrivains ou chefs d’état. Ce grand silence, sans cesse repris par les manuels scolaires si diserts sur les maîtresses des uns ou des autres (ah Agnès Sorel ! oh la Du Barry ! eh Juliette Drouet !) et si muets sur les amants des héros (RimbaudVerlaine, allons donc ! Alexandre et éphestion, passez votre chemin !), c’est ce que cherche, livre après livre, à briser Michel Larivière. Et le combat est rude car, malgré les encouragements timides de quelques politiques, la chape de plomb est solide et les historiens peu décidés à corriger ce déni dont on sait les conséquences : absence de modèles valorisants, non-inscription des homosexuels dans l’histoire commune, perpétuation des préjugés, etc. Alors ? Alors, Larivière redouble d’efforts. Dix-sept ans après un Dictionnaire des homosexuels et bisexuels célèbres qui dressait une impressionnante liste dont l’effet de masse faisait sens à lui seul, il récidive avec Les Amours masculines de nos grands hommes qui, après quelques pages d’introduction posant avec intelligence les données du problème, passe en revue, avec la précision et la documentation impeccables et incontestables qui sont la marque permanente de l’auteur, près de soixante-dix destins célèbres, revus sous le prisme d’une homo- ou bisexualité habituellement si soigneusement contournées. Les spécialistes n’auront pas de grandes surprises ici, à part peut-être – et c’est tout le prix des ouvrages savants mais tellement tournés vers le grand public de Michel Larivière – cette incroyable impression d’accumulation (car l’auteur ajoute un interminable et fascinant listing à ses portraits !) qui ne peut que renforcer notre fierté d’être ce que nous sommes. Comme disait Robert Badinter, dont Larivière est le digne disciple : «il n’est que temps de prendre conscience de tout ce que la France doit aux homosexuels, comme à tous ses autres citoyens, dans tant de domaines».

M

APPARTEMENT 16 16 rue des Archers / 69002 Lyon www.appartement16.com

_Didier Roth-Bettoni_

Les Amours masculines de nos grands hommes de Michel Larivière (éditions La Musardine) _Hétéroclite n°91_été 2014_P 13


_Vagabondages__barathon_

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Les dimanches 27 juillet, 31 août et 28 septembre, le XS se transforme en guinguette et accueille un bal musette au son d’un accordéon ! Il organise aussi une soirée “aquatique“ le 5 juillet ainsi que des réjouissances pour les célébrations du 14 juillet et du 15 août. 19 rue Claudia-Lyon 2 / 09.62.16.69.92

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Avec l’été, voici revenu le temps des longs apéros ensoleillés entre amis. Oui, mais où boire un verre ? Tour d’horizon des terrasses et animations estivales des bars gays, lesbiens et friendly lyonnais.

_Le XS Bar_

L’aîné des bars gays lyonnais arbore depuis peu une nouvelle terrasse aux teintes pastels. Le 19 juillet, il accueillera le before de la Bearsbox avant une soirée piscine en août. Tous les soirs jusqu’à 21h, la pinte est au prix de la demi. 22 rue Gentil-Lyon 2 / 04.78.37.42.26 www.facebook.com/bar.laruche

_Le Chabada_

Durant tout l’été, le demi-litre de cocktail est à 10€ et le litre et demi à 25€ au L Bar. Chaque dimanche, émilie propose à ses client(e)s un barbecue festif. On peut aussi défier ses amis lors des concours de Wii ! 19 rue du Garet-Lyon 1 / 04.78.27.83.18 www.facebook.com/LBarLyon

Chaque jeudi, vendredi et samedi, le Cap Opéra s’associe au Crazy pour des afterworks animés par Alex et Yohann. Outre le barbecue du jeudi soir (suivi d’un karaoké), les temps forts de l’été seront les soirées du 14 juillet et du 15 août. 2 place Louis Pradel-Lyon 1 www.facebook.com/capoperae

Ce bar gay-friendly qui a ouvert fin septembre 2013 propose une petite restauration les midis du lundi au vendredi ainsi qu’un apéro tous les soirs. Sa terrasse n’est certes pas très grande, mais sa carte contient en revanche une large sélection de bons vins qui ravira les amateurs. 3 rue Mercière-Lyon 2 / 04.78.42.87.54

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_Cap Opéra_

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_L Bar_

_LiveStation – DIY_

Barbecue le jeudi, Dj’s le samedi et retransmission des matchs de la Coupe du monde : c’est la recette du Matinée pour bien passer l’été. Coté cocktails, le bar s’est fait une spécialité des mojitos aux fruits frais (fraise, framboise…) 2 rue Bellecordière-Lyon 2 / 04.72.56.06.06 www.facebook.com/matinee.bar

Tournoi de ping-pong, brunch le week-end, blind-test dominical : avec un événement par soir du mercredi au dimanche, il se passe toujours quelque chose au Live ! Sa spécialité de l’été ? La pierrade à déguster entre amis. 14 rue de Bonald-Lyon 7 / 04.26.01.87.39 www.livestationdiy.com

P 14_Hétéroclite n°91_ été 2014

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_Matinée Bar_

Toujours très animée le soir, la Chapelle est aussi une bonne adresse où croquer une salade le midi. Chaque 14 juillet, son immense terrasse (récemment refaite à neuf) offre une vue imprenable sur les feux d’artifice tirés au-dessus de de Fourvière à l’occasion de la Fête nationale. 8 quai des Célestins-Lyon 2 / 04.72.56.11.92

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_Chapelle Café_

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Barathon

_La Ruche_


_sport_ l’heure de la Coupe du monde de football, ceux que nous voyons courir sur les terrains sont tous des hommes. Les équipes nationales féminines ont pourtant également leur compétition. Créée en 1991 seulement, la Coupe du monde de foot féminin se déroule elle aussi tous les quatre ans, l’année suivant son pendant masculin. Ainsi, en 2015, les équipes féminines défendront leur maillot au Canada. Et on peut déjà parier que les médias, cette fois-ci, ne seront pas du voyage, ou alors se feront plus discrets. Le foot version filles ne mérite-t-il pas plus de reconnaissance ? Parlons plus particulièrement de l’OL féminin. Créée en 1970 et d’abord rattachée au Football Club de Lyon, l’équipe connaît une première période de gloire dans les années 90 en remportant quatre championnats de France entre 1990 et 1998. Son intégration à l’Olympique Lyonnais en 2004 la place sous les feux des projecteurs, même si cette visibilité reste toute relative compte tenu de l’impressionnant palmarès de nos «fenottes» (le surnom officiel des joueuses, le terme “fenotte“ désignant dans le jargon lyonnais une femme gentille et aimable) : six fois vainqueurs de la Coupe de France entre 2003 et 2014, douze fois Championnes de France en vingt-trois ans (dont huit fois consécutives) et deux fois vainqueurs de la Ligue des Champions de l’UEFA. À rendre jalouses les plus grandes équipes de foot masculines ! Et le tout avec des scores invraisemblables tels que 7-0, 11-2 ou même un 18-0 cette saison en Coupe de France. Dès lors, la question se pose inévitablement : le niveau est-il toujours au rendez-vous dans le championnat de la première division ? Du côté des garçons, il paraît en effet impossible de voir la première équipe écraser 10 à 1 même la dernière. C’est certain, le foot féminin n’a donc pas encore tout donné. Un coup de pouce des médias pourrait-il l’y aider ?

Cramponne-toi À chérie !

L’équipe de France de football féminin en octobre 2013

S SMS+PENICVOIE

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_Laurence Fontelaye_

www.olweb.fr

GAYAU

62424 0,50 EURO PAR ENVOI + PRIX < MF KEK

08 90 71 15 15 RC 328 223 466 - Photo : © Andrei Vishnyakov - Fotolia

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_Hétéroclite n°91_été 2014_P 15


La bouche aussi est un organe sexuel Pensez aux dépISTages Si vous aimez sucer et être sucé, les Infections Sexuellement Transmissibles vous concernent aussi. Pensez à votre santé et à celle de vos partenaires et faites des dépistages au minimum une fois par an. Pl u s d ’ i n f o s s u r p re n d s - m o i . f r


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