HCFR L'Hebdo N°86

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#86 Edition du 23 Mai 2014

Welcome to New York X Men: Days of Future Past Match retour Stars 80 Larmes de joie Barking Dogs Never Bite The Offence La guitare de diamants The External World Nous ne serons plus jamais seuls L’Art français de la guerre La Malédiction Hilliker Habibi - Craig Thompson In A Soulful Mood - Charlie Parker Lulu - Lou Reed et Metallica Orc Wars Les cendres du temps Zulu Cabin Fever - La Trilogie


Edition du 23 Mai 2014 Numéro 86 REDAC' CHEF Fabi

REDACTEURS Djee Guyness -IgoRJMV Le Loup Céleste SnipizZ Takeshi29 Ze Big Nowhere

CONCEPTION ET MISE EN PAGE Laric Fabi

Syntaxeror

SOUTIEN ET PUBLICATION Syntaxeror Pixelounge

CORRECTIONS Fabi Frahlt Edité par l’association HomeCinema FRancophone (HCFR) association loi 1901 (JO 13/04/2002) siège social : 21, rue de Fécamp 75012 PARIS SIREN : 444 601 892 00029

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SOMMAIRE A l’affiche Djee - Abel Ferrara - Welcome to New York

SnipizZ - Bryan Singer - X Men: Days of Future Past

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X-Men: Days of Future Past - Jean-Marie Bigard - Adieu au Langage Maps To The Stars - Blackout Total - Deux jours, une nuit

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7ème ART Gothic - Peter Segal - Match Retour

Ze Big Nowhere - Frédéric Forestier et Thomas Langmann - Stars 80 JMV - Mario Monicelli - Larmes de joie Ze Big Nowhere - Bong Joon-Ho - Barking Dogs Never Bite Djee - Sidney Lumet - The Offence

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COURT-MÉTRAGE takeshi29 - Frank Beauvais - La guitare de diamants takeshi29 - David O’Reilly - The External World takeshi29 - Yann Gonzalez - Nous ne serons plus jamais seuls

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A LIRE Guyness - Alexis Jenni - L’Art français de la guerre Guyness - James Ellroy - La Malédiction Hilliker

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BANDES DESSINEES Guyness - Craig Thompson - Habibi

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MUSIQUE JMV - Charlie Parker (Compilation) - In A Soulful Mood -IgoR- Lou Reed et Metallica - Lulu (2011)

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BLU-RAY Le Loup céleste - Orc Wars Le Loup céleste - Les cendres du temps Le Loup céleste - Zulu Le Loup céleste - Cabin Fever - La Trilogie

Cabin Fever - Spring Fever - Patient Zero

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A l’affiche Djee

Welcome to New York Abel Ferrara

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evereaux est un homme puissant. Un homme qui manipule au quotidien des milliards de dollars. Un homme qui contrôle la destinée économique des nations. Un homme gouverné par un irrépressible et vorace appétit sexuel. Un homme qui rêve de sauver le monde et qui ne peut se sauver lui-même. Un homme terrifié. Un homme perdu. Regardez-le tomber. Date de sortie : 17 mai 2014 en VàD (2h0min) Réalisé par : Abel Ferrara Avec : Gérard Depardieu, Jacqueline Bisset, Drena De Niro Genre : Drame Nationalité : Américain

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«Satire d’un satyre» Je mets un casque quand je fais de la moto, une cagoule quand il pince un peu. Comme le disent régulièrement mon boucher et l’ami Rocco : « Oh mais ma ‘tite dame, figurez-vous qu’y a un peu plus. J’vous l’mets quand même ? ». En déballant beaucoup d’eux-mêmes, de leurs vies, de leurs fantasmes, et en s’éloignant d’un sujet « tremblement de terre » qui a retourné le monde civilisé et qui aurait demandé plus de sérieux, Abel et Gérard s’amusent à choquer le monde avec les derniers soubresauts de leur talent. Le patron du FMI, la mine déconfite, Dominique Grosse-Canne, en t-shirt dégueulasse, des pinces aux mains, traité comme une raclure de la pire espèce. Un choc. Le futur président de la France traîné dans la boue par les Amerloques, balancé 24 heures sur 24 sur tous les écrans du monde,

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devenant le fond de commerce des chaînes info qui n’en demandaient pas tant. C’est sans doute parce qu’ils pensaient qu’on connaissait tous l’histoire qu’ Abel et Gégé caricaturent à tout-va, l’un s’étalant de tout son long, l’autre filmant ça sans sourciller, comme un pote te filmerait un soir de beuverie et que tu gueules comme un âne, peut être pas méchamment à la base, mais le résultat est là. Embarrassant. D’un film qui devait sentir le souffre, les compères nous infligent un objet souffreteux, où la forme télévisuelle, sans éclat, égale le fond, minable et qui sent l’envie de remplir leurs poches de billets verts en s’éloignant consciencieusement de toute forme d’art, sans trop se fouler. Car, comme tu le sais, le cinéma nous offre parfois des œuvres d’art, ici, on est clairement devant une œuvre d’air. Obélix joue DSK, avec sa bistousquette-clitoris, embarrassant dans le moindre de ses grognements, éructant plus qu’il ne joue. Ferrara qui n’a jamais été une Ferrari, tous-

sote son non-cinéma, à charge , s’ingéniant à filmer le porc qui décharge. Les mec font joujou avec leurs démons : le sexe, la misogynie, la drogue, le pouvoir et NY. Saupoudré d’une filet d’antisémitisme de comptoir, c’est aussi fin qu’un pichet de La Villageoise. Et ça ne raconte rien. Tu sais dès la séquence pré-générique qu’ils partent dans la mauvaise direction et qu’ils t’embarquent dans leur galère. Il y a ce monologue pré-générique où Depardieu t’explique pourquoi il a fait le film. Il déteste DSK mais surtout, surtout, les mecs qui n’arrivent à prendre du plaisir qu’en 6 minutes. Un Depardieu éclatant d’intelligence, pointant avec pertinence le principal problème de son film. Des dialogues, un scénario et tout le tralalala, réglés eux aussi, en 6 petites minutes. Un non-film.

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A l’affiche SnipizZ

X Men: Days of Future Past Bryan Singer

L

es X-Men envoient Wolverine dans le passé pour changer un événement historique majeur, qui pourrait impacter mondialement humains et mutants

Date de sortie : 21 mai 2014 (2h 12min) Réalisé par : Bryan Singer (X-Men 1 & 2, Superman Returns, Walkyrie, Jack le chasseur de géants) Avec : Hugh Jackman, James McAvoy, Patrick Stewart, Michael Fassbender, Ian McKellen, Jennifer Lawrence, Peter Dinklage, Halle Berry, Omar Sy, Ellen Page, Nicholas Hoult, Shawn Ashmore, Daniel Cudmore, Lucas Till et Anna Paquin Scénario : Simon Kinberg Distributeur : Twentieth Century Fox France - Budget : 250 000 000 $

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Très attendu depuis longtemps, ce «X-men Days of Future Past» nous promettait en effet la réunion des X-men actuels, tirés de la première trilogie, avec les X-men du passé, tirés d’»X-men Le Commencement», avec comme liant Wolverine, le plus célèbre de nos amis X-men. Le casting est forcément impressionnant, puisque en plus du personnage de Logan interprété par Hugh Jackman, on retrouve James McAvoy et Patrick Stewart (les deux Charles Xavier), Michael Fassbender et Ian McKellen (les deux Magneto), Jennifer Lawrence (Mystique), Halle Berry (Tornade), Ellen Page (Shadowcat), Nicholas Hoult (Le Fauve), Shawn Ashmore (Iceberg), Daniel Cudmore (Colossus), Lucas Till (Havok) et Anna Paquin (Malicia). Outre les personnages de la saga de retour, de nouveaux protagonistes font leur apparition, notamment Omar Sy, dans un petit rôle au final mais qui a de la gueule, et l’antagoniste interprété par Peter Dinklage. Forcément, autant de personnages nécessite une attention particulière au scénario et à la réalisation, pour ne pas perdre le spectateur. Et force est de constater que tant d’un côté que de

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l’autre, ça fonctionne à merveille. L’histoire écrite par Simon Kinberg, le scénariste d’»X-men le Commencement» et d»’Elysium», est inspirée des comics «Days of Future Past» de Chris Claremont et John Byrne. Il arrive à faire un mélange judicieux entre la continuité des films et des comics originels. On retiendra tout particulièrement les très nombreuses références à l’univers des films et des comics X-men, ce qui fera plaisir à tous les fans. A la réalisation, Bryan Singer est de retour, lui qui avait parfaitement mis en scène les deux premiers volets, relançant par là même au cinéma les films de super-héros. Il fait ici preuve d’une maîtrise et d’une justesse absolues.

des personnages. Tout le monde y trouve une place suffisante, sans qu’il y ai un personnage dominant. Singer montre ici sa parfaite maîtrise des films à multiples personnages, au passage bien travaillés et approfondis.

En effet, il est difficile de mélanger dans un même film deux périodes différentes et autant de personnages. Pourtant, ici, ça fonctionne à merveille. Alors que l’éradication des mutants fait rage dans le futur, Wolverine est renvoyé dans le passé pour convaincre les protagonistes de cette époque de changer le cours de l’histoire. La majorité du film se déroule donc dans cette période. Mais cela ne nous empêche pas de bien comprendre les problèmes du futur. Ce qui impressionne le plus, c’est l’équilibre appliqué à l’utilisation

Bref, vous l’aurez compris, ce film est une véritable réussite, qui, même s’il passe après «Avengers», tire son épingle du jeu et montre une nouvelle fois qu’on peut faire du grand spectacle intelligent, cohérent et spectaculaire. Une suite est en préparation, dont nous avons un petit aperçu post-générique. Et autant vous dire que je l’attends de pied ferme.

Outre cela, on assiste clairement à une démonstration technologique avec des CGI quasi-invisibles, notamment dans la scène se déroulant au ralenti avec Vif-Argent. L’humour a une place importante dans le récit, rajoutant une véritable plus-value au film. Un vrai spectacle qui mérite d’être vu sur grand écran avec un son digne de ce nom. A coup sûr, un achat obligatoire en Bluray, dans quelques mois !

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X-Men: Days of Future Past Date de sortie : Mercredi : 21 Mai 2014 (2h 12mn ) Réalisé par : Bryan Singer Avec: Hugh Jackman, James McAvoy, Michael Fassbender, Jennifer Lawrence, Patrick Stewart Film américain Genre : Action Les X-Men envoient Wolverine dans le passé pour changer un événement historique majeur, qui pourrait impacter mondialement humains et mutants

Spectacle de Jean-Marie Bigard Date de sortie : Vendredi 23 Mai 2014 (2h 0mn ) Avec : Jean-Marie Bigard Film français Genre : Show Pour la première fois et à l’occasion de ses 60 ans, Jean Marie Bigard a accepté au travers d’un spectacle ‘’à usage unique’’, ‘’Bigard Fête ses 60 Ans au Grand Rex’’ de ‘’ bourrer ‘’ les cinémas de France et de Navarre avec sa bande de copains dont notamment Laurent Baffie.L’occasion pour l’humoriste, cher au cœur des Français, de compiler en 2 heures (pas facile,,,) ses plus grands sketches, de la ‘’ Chauve-Souris ’’ au ‘’ Lâcher de S* ‘’ en passant par ‘’l’Exorciste’’…Un grand moment d’humour et d’amour, en direct dans tous les cinémas depuis la salle mythique du Grand Rex…

Adieu au Langage Date de sortie : Mercredi 21 Mai 2014 (1h 10mn ) Réalisé par : Jean-Luc Godard Avec : Héloïse Godet, Zoé Bruneau, Kamel Abdelli, Richard Chevalier, Jessica Erickson Film suisse Genre : Drame Ce film est présenté en compétition au Festival de Cannes 2014. «Le propos est simple. Une femme mariée et un homme libre se rencontren. Ils s’aiment, se disputent, les coups pleuvent. Un chien erre entre ville et campagne. Les saisons passent. L’homme et la femme se retrouvent. Le chien se trouve entre eux. L’autre est dans l’un. L’un est dans l’autre. Et ce sont les trois personnes. L’ancien mari fait tout exploser. Un deuxième film commence. Le même que le premier. Et pourtant pas. De l’espèce humaine on passe à la métaphore. Ca finira par des aboiements. Et des cris de bébé.»

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Maps To The Stars Date de sortie : Mercredi 21 Mai 2014 (1h 51mn ) Réalisé par : David Cronenberg Avec : Julianne Moore, Mia Wasikowska , Olivia Williams, Sarah Gadon, John Cusack Film canadien Genre : Drame A Hollywood, la ville des rêves, se télescopent les étoiles : Benjie, 13 ans et déjà star; son père, Sanford Weiss, auteur à succès et coach des célébrités; sa cliente, la belle Havana Segrand, qu’il aide à se réaliser en tant que femme et actrice. La capitale du Cinéma promet aussi le bonheur sur pellicule et papier glacé à ceux qui tentent de rejoindre les étoiles: Agatha, une jeune fille devenue, à peine débarquée, l’assistante d’Havana et le séduisant chauffeur de limousine avec lequel elle se lie, Jerome Fontana, qui aspire à la célébrité. Mais alors, pourquoi dit-on qu’Hollywood est la ville des vices et des névroses, des incestes et des jalousies ? La ville des rêves fait revivre les fantômes et promet surtout le déchainement des pulsions et l’odeur du sang.

Blackout Total Date de sortie : Mercredi 21 Mai 2014 (1h 35mn ) Réalisé par : Steven Brill Avec : Elizabeth Banks, James Marsden, Gillian Jacobs, Sarah Wright, Ethan Suplee Film américain Genre : Comédie Meghan, présentatrice télé d’une trentaine d’années, a passé une sale journée. Non seulement elle vient de se faire larguer par son fiancé, mais elle n’a pas obtenu la promotion qu’elle convoitait… Pour lui remonter le moral, ses copines l’emmènent faire la fête toute la nuit. Mais le lendemain matin, elle se réveille dans le lit d’un parfait inconnu, sans argent, ni téléphone portable. Alors qu’elle parvient tout de même à consulter sa messagerie vocale, elle apprend qu’elle est de nouveau en lice pour décrocher le boulot de ses rêves. Arrivera-t-elle à temps à la chaîne de télé pour passer une audition ? Rien n’est moins sûr…

Deux jours, une nuit Date de sortie : Mercredi 21 Mai 2014 (1h 35mn ) Réalisé par : Jean-Pierre Dardenne, Luc Dardenne Avec : Marion Cotillard, Fabrizio Rongione, Pili Groyne, Simon Caudry, Catherine Salée Film français Genre : Drame Ce film est présenté en compétition au Festival de Cannes 2014. Sandra, aidée par son mari, n’a qu’un week-end pour aller voir ses collègues et les convaincre de renoncer à leur prime pour qu’elle puisse garder son travail.

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7eme Art Gothic

Match Retour Peter Segal

H

enry «Razor» Sharp et Billy «The Kid» McDonnen sont deux boxeurs de Pittsburgh propulsés sous le feu des projecteurs grâce à leur rivalité ancestrale. Chacun a eu l’occasion de battre son adversaire à l’époque de sa gloire, mais en 1983, alors qu’ils s’apprêtaient à disputer un troisième match décisif, Razor a soudain annoncé qu’il arrêtait la boxe : sans explication, il a ainsi brutalement mis fin à leur carrière à tous les deux. Trente ans plus tard, le promoteur de boxe Dante Slate Jr., y voyant une occasion de gagner beaucoup d’argent, leur fait une offre irrésistible : monter sur le ring pour obtenir leur revanche une bonne fois pour toutes. Date de sortie : 22 janvier 2014 (1h53min) Réalisé par : Peter Segal Avec : Sylvester Stallone, Robert De Niro, Kevin Hart Genre : Comédie Nationalité : Américain

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Grudge Dread VS Raging Boule «ou comment un Stallone marqué par les affres du temps nous sert de nouveau Rocky, et De Niro un LaMotta bedonnant, le tout sans en faire mention dans le titre» PUNCH-DRUNK GLOVE Pour être tout à fait honnête, et aussi étonnant que cela puisse paraître, j’en ressors plutôt satisfait. A plus forte raison après avoir pris connaissance de la filmographie du réalisateur ! Car si les précédentes oeuvres de Peter étaient au mieux dispensables, cette fois il n’est pas Segal à lui-même. «Grudge Match» est léger, bourré de références à la filmographie respective des deux têtes d’affiche, plutôt bien insérées d’ailleurs. Et ça prend pas la tête. Sly et De Niro sont touchants et c’est la première chose que je retiens. L’erreur serait d’essayer d’intellectualiser «Grudge Match». A ce jeu-là, c’est la défaite par KO technique assurée. L’histoire est on ne peut plus prévisible, les rebondissements arrivent assez maladroitement et se succèdent sans créer la moindre surprise. B.J. & SLY & BOB CONTRE-ATTAQUENT Les acteurs, eux, s’amusent et ne se prennent pas au sérieux. Sylvestre et Robert s’envoient des vannes et se foutent sur la gueule sur et en dehors du ring. Quelques situations prêtent à rire, cela dit, ce seul ingrédient aurait pu rendre le tout assez poussif et ennuyeux. Heureusement, les deux mastodontes sont aidés par une paire de seconds rôles sympathiques, à savoir un Jon «BJ» (vous saurez pourquoi en regardant le film) Bernthal sobre, un Alan Arkin savoureux en mode ancêtre (ridé le Lightning diront certains) ou encore une Kim «Sally couche-toi là, encore une fois» Basinger qui fait ce qu’elle a à faire et le fait bien. La seule palme du mauvais acteur (j’allais écrire mouton noir mais ça aurait pu être mal pris...flûte je l’ai tapé quand même !) reviendrait à Kevin Hart et son personnage de Dante Slate Jr, un peu lourdingue à la longue. «Match Retour» constitue donc un honnête divertissement, ponctué de quelques fulgurances, qui je l’espère, empêcheront le spectateur de se faire la belle.

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7eme Art Ze Big Nowhere

Stars 80

Frédéric Forestier et Thomas Langmann

A

fin de régler leurs problèmes financiers, Vincent et Antoine ont l’idée de faire remonter sur scène les Stars oubliées des années 80. La tournée de concerts va débuter dans la galère avant de cartonner en Province et de triompher au Stade de France ! Date de sortie : 24 octobre 2012 (1h50min) Réalisé par : Frédéric Forestier, Thomas Langmann Avec : Richard Anconina, Patrick Timsit, Bruno Lochet Genre : Comédie Nationalité : Français

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A la maison de retraite des Lilas ... Vincent et Antoine, dirigeants d’une petite boîte d’évenementiel spécialisée dans le sosie, ferment boutique pour cause de comportements ridicules de leurs pseudo-stars aussi connes et prétentieuses que les vrais. Les voilà sans le sou et les banques au cul. Mais en rangeant de vieux 45 tours, nos deux gaillards vont avoir l’idée de génie : retrouver les légendes bancales des eighties et les refoutrent ensemble sur scène, histoire de se renflouer un peu. Voilà un postulat simple, tiré d’une histoire vraie. Mais là où le coup des réalisateurs Frédéric Forestier et Thomas Langmann est vraiment génial, c’est qu’ils ont employé de véritables sosies pour interpréter les rôles principaux. Idée lumineuse permettant d’économiser un max de blé et de laisser se reposer paisiblement dans leurs maisons de retraite nos amis Anconina, Timsit, et toute la clique de chanteurs ratés made in «Top 50». Jean-Michel Lemou, ancien cantonnier, campe un Richard Anconina plus vrai que nature. Jeu pitoyable, rythme inexistant, l’expressivité d’une Catherine Deneuve sortant de chez son chirurgien esthétique après sa onzième injection de botox autour des yeux. Anconina peut dormir tranquillement dans son lit médicalisé, la relève est assurée. Jean-Claude Navrant, bou-

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cher-charcutier près du Mans en retraite, interprète Patrick Timsit. La ressemblance est ahurissante. Un jeu irritant et surexcité qui parviendrait à énerver en moins de deux n’importe quel moine Shaolin. Un cabotinage abominable à faire passer Jim Carrey pour Michel Bouquet. L’ami Timsit peut continuer de discuter avec son pistolet urinaire à la maison de retraite des Lilas, Jean-Claude se charge du boulot. Des dialogues insipides et débilitants magnifiés par nos deux sosies au sommet de leur art. Un travail remarquable de mimétisme. Cette façon pour Jean-Michel de débiter ces dialogues avec cette voix lasse et cette intonation si particulière que l’on ne retrouve que dans les recalés du casting de «Plus belle la vie». Le travail énorme de Jean-Claude pour déblatérer ces blagues éculés avec l’enthousiasme d’un Gad ElMaleh dans ses pubs «LCL». Nos deux héros ne sont pas les seuls à féliciter, Oooh non !! Les stars des années 80, ces chanteurs engagés pour la survie de leur brushing et pour la conservation des vestes à épaulettes démesurées aussi font le job. Et pas qu’un peu ! En effet, les résidents de la maison de retraite des Lilas où vivent Timsit et Anconina, ont prêtés leur concours pour interpréter la pléiade de stars fanées des années 80. Gaston et Jacqueline, 62 ans de

mariage et cinq dents à eux deux, forment le duo qui a enchanté les eighties : Peter et Sloane. Jean-Luc Lahaye est interprété par Mimile qui ira jusqu’au bout de sa passion pour Jean-Luc en détournant quelques mineures et en dealant dans l’enceinte même de la maison de retraite des litres de couleur «noir corbeau» pour les cheveux. Le duel, hélas mortel, entre René et Joseph pour interpréter Patrick Hernandez et pouvoir ainsi profiter de sa canne légendaire. Paix à leurs âmes. Maurice Leglaire dit «Papy juteux» pour cause de consommation abondante de couches culottes, et dont une cataracte très prononcée prédestinait pour le rôle de Gilbert Montagné. Tout le monde a mis la main à la pâte.Une oeuvre collective faite «maison», comme ces petits ateliers de poteries ou de peinture sur cailloux. Ces oeuvres communes tellement réjouissantes. C’est une vraie bande de joyeux lurons fleurant bon l’urine et la soupe de poireaux qui viennent emporter ce film, faisant de ce long métrage le plus grand succès de toute l’histoire de la maison de retraite des Lilas. Thomas Langmann a d’ores et dèja sa place attitrée dans la salle télé des Lilas. Tout devant. Juste à côté de «Papy Juteux». Encore bravo.

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7eme Art JMV

Larmes de joie

Mario Monicelli

G

ioia Fabbricotti surnommée Tortorella, une figurante de Cinecittà qui, pour gagner sa vie, s’échine dans de petits rôles en rêvant de devenir une diva, refuse pour le réveillon de fin d’année la compagnie d’Umberto Pennazuto, un ancien acteur surnommé Infortunio pour sa capacité à provoquer de faux accidents et à escroquer les assurances. Infortunio a promis à son ami Lello, un pickpocket, de l’aider pendant la nuit de la Saint Sylvestre pour tenter quelques coups. Les trois personnages se rencontrent par hasard et Tortorella – qui a été abandonnée par les amis avec qui elle devait réveillonner – oblige les deux hommes à l’accompagner à un bal masqué.

Date de sortie : 1960 (1h46min) Réalisé par : Mario Monicelli Avec : Anna Magnani, Totò, Ben Gazzara Genre : Comédie dramatique Nationalité : Italien

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“A proposito di politica, ci sarebbe qualche cosarellina da mangiare ?” (Totò) Je n’ai pas pris l’immense comédien italien Totò comme avatar sur le net tout à fait sans raison. Son humour étant absolument impossible à traduire, il est resté très méconnu hors d’Italie, aussi quelle joie pour moi, “gioia, risate di goia”, de voir un grand film de Mario Monicelli ressortir en salle en vo, parfaitement restauré et recevoir enfin la reconnaissance qu’il eût méritée dès sa sortie en 1960. C’est la première fois que le couple détonnant Anna Magnani/Totò se trouve réuni au cinéma. Ils se connaissaient bien puisque jadis ils faisaient ensemble la première partie “music hall” des films,” l’avanspettacolo”, dans les cinémas populaires (on voit ça dans le premier Fellini), inimitable music-hall à l’italienne dont on peut voir un numéro ici, admirablement filmé par Monicelli. Le scénario est en partie de la grande Suso Cecchi d’Amico, l’amie de Visconti, et respecte parfaitement les règles de la commedia dell’arte : les comédiens disposent d’un canevas et on laisse libre-court à l’improvisation. Et quel festival : alors que l’action est censée se passer à Rome, Totò ne peut s’empêcher de sortir quelques vannes dans son cher dialecte napolitano-totoesque (ce mec est en plus le créateur d’une langue particulière). Si comme en jazz, on considère que c’est un concours d’improvisations, la gagnante est sans conteste Anna Magnani dont la vitalité et l’humanité crèvent l’écran. Sa présence écrasante énerva quelque peu Monicelli sur le moment : il voulait faire un film politique et social qui appelle à la révolte et voilà que la Magnani refuse tout pathos dans son jeu: cette femme abusée par un jeune bellâtre (l’excellent Ben Gazzara), injustement condamnée à la prison par une société inique, ne songe même pas à se plaindre : quand elle quitte la paille humide du cachot, la vie reprend, en sa misère et sa splendeur. Tu veux faire un film engagé et tu te retrouves avec une merveilleuse comédie amère et désenchantée ! Je soupçonne la Magnani d’avoir fait sienne la philosophie politique de mon maître napolitain : “A propos de politique, y aurait pas une petite bricole à manger ?” et celle-ci : “Siccome sono democratico, comando io.” “Etant donné que je suis démocrate, c’est moi qui commande !”

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7eme Art Ze Big Nowhere

Barking Dogs Never Bite Bong Joon-Ho

Y

un-ju, professeur à l’université, vit une existence sans encombre avec sa compagne, qui attend un enfant. Mais les aboiements répétés d’un chien du voisinage commencent à le rendre fou...

Date de sortie : 19 février 2000 (1h46min) Réalisé par : Joon-ho Bong Avec : Sung-jae Lee, Doona Bae, Hie-bong Byeon Genre : Comédie Nationalité : Sud-Coréen

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Journal intime d’un chien de banlieue Bonne journée!!! De toutes façons, je ne l’ai jamais vraiment aimé cet immeuble. Il m’a toujours dérangé. Ces dizaines de portes les unes à côté des autres, qui se ressemblent comme deux gouttes d’eau. Des portes en haut, en bas, devant, derrière, et toutes identiques. Malgré ma connaissance des lieux et mon flair infaillible, il m’arrive encore de me perdre dans ces couloirs étroits et de gratter à la mauvaise porte. Ça fait un petit moment que j’use mes pattes dans les parages et je dois bien avouer que la situation se dégrade depuis quelques temps dans ma tour de Babel. Les maîtres ont l’air moins heureux, plus soucieux. Je les vois, ces images dans la télévision. Ces usines qui ferment, ces maîtres qui ne travaillent plus, qui passent leur temps devant la boîte à images. Ils s’amusent moins avec nous, beaucoup moins. Je le vois bien, moi, que c’est tendu dans le coin. Je me balade toujours dans les couloirs, dans les caves, dans les jardins. Je vois tout et c’est pas bien net, dans mon HLM. Je commence à surveiller mes arrières. Un vieux pote à moi, un peu gueulard c’est vrai mais qui n’hésitait pas à partager son os ou te filer une part de sa pâtée s’est fait enlever. Comme ça, en pleine après-midi ! Et je sais qui a fait le coup !! Un jeune maître, pas méchant pour un sou pourtant. Récemment diplômé et toujours chômeur.

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Une femme enceinte qui lui met la pression et hop ! Il s’en prend à nous. Comme si c’était de notre faute. C’est ensuite le tour d’une connaissance, à la colle avec une vieille folle, qui sera jetée dans les airs sans ménagement. Une attaque en règle contre notre race !! Puis c’est pas tout. Le gardien de l’immeuble, notre gardien, qui se fait des ragoûts avec mes potes de réverbère. Tout seul dans sa cave mijotant les cuisses et les râbles des collègues. Il y a aussi le fantôme de la tour de Babel, prétendument mort mais surement revenu des enfers pour “génocider” la race canine. Un fou furieux ! Mais une jeune et jolie maîtresse a décidé de nous venir en aide. Elle est pas futefute mais par les temps qui courent, ça fait chaud au coeur d’avoir une “deux-jambes” de notre côté. C’est quand Soon-Ja est arrivée. La belle Soon-Ja avec son joli petit museau taquin et ses belles boucles blanches. C’est quand elle est arrivée dans la vie de notre jeune diplômé “canicide” que tout s’est accéléré. C’est quand Soon-Ja a été enlevée que notre microcosme banlieusard s’est mis à trembler. Les masques tombent. Ma tour de Babel s’ébranle et prend vie. Je vois tout de là ou je suis, tout ce petit monde s’agiter comme un théâtre de marionnettes, comme ces films des années vingt où la parole était superflue. Je vois ma jolie Soon-Ja ballottée de part et d’autre, trimbalée dans un sac, battue et menacée de mort. Mon petit monde

tourne plus vite et dans l’autre sens. Cette histoire sordide se transforme en comédie grinçante. Les rôles s’inversent. Notre jeune maître à la recherche de SoonJa ! Lui qui prenait un malin plaisir à nous jeter par les fenêtres. Le v’là piteux et les yeux baissés comme un gamin qui vient de se faire engueuler. Une belle revanche pour nous. Malgré tout, malgré des jeunes perdus entre précarité et débrouille, des vieux errants dans les jardins, tristes comme la pluie, des paumés qui veulent bouffer les jolies cuisses de ma Soon, malgré tout ça, ma douce a survécu, sauvée in-extremis du couteau acéré du fantôme de l’immeuble. La vie a repris son cours. Tout est rentré dans l’ordre. Le calme est revenu dans les couloirs étroits de ma tour de Babel. La tristesse aussi est revenue occuper les après-midi de nos vieux et les espoirs de nos gamins. Juste une tranche de vie. Une drôle d’aventure qui vient briser le quotidien. Un petit imprévu désagréable qui se transforme en parenthèse enchantée. Une parenthèse enchantée ouverte depuis que nos regards se sont croisés. Une parenthèse qui ne s’est toujours pas refermée et qui ne se refermera jamais tant que ma Soon-Ja sera à mes côtés. Finalement ? Elle est pas belle, ma vie de chien ?!

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7eme Art Djee

The Offence

Sidney Lumet

L

’inspecteur Johnson officie dans la police britannique depuis plus de vingt ans. Tous les meurtres et autres enquêtes dont il s’est occupé l’ont profondément marqués. Cette douleur intérieure qu’il a gardé en lui durant toutes ces années surgit au grand jour lorsqu’il met la main sur Baxter dont il est persuadé qu’il est l’auteur d’une série d’agressions sur des petites filles... Date de sortie : 11 janvier 1972 (1h50min) Réalisé par : Sidney Lumet Avec : Sean Connery, Trevor Howard, Vivien Merchant Genre : Drame , Policier , Thriller Nationalité : Américain , britannique

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«Un volcan» En vérité, Lumet est un cinéaste que je redécouvre. Et « The Offence » m’a séché comme un uppercut à la pointe du menton, alors que je ne m’y attendais pas, que j’avançais, jovial. J’ai les yeux plein d’étoiles, la langue comme un bout de carton, j’ai mal, je me frotte la tête. Je suis sonné. Le monsieur convoque d’entrée Sam Peckinpah (je sais, ça tourne à l’obsession) dans un flash-forward stylisé, au ralenti, où sourd la tension, l’angoisse. On sait qu’on a déjà atteint le point de non-retour. Dans une banlieue anglaise, une bête tourne inlassablement autour des enfants. La police est sur les dents. L’humidité, ce ciel lourd de nuages qui dégueulent, de l’épaisseur, du gris et ce point blanc, cette petite jupe plissée qui s’éloigne sur un chemin de terre. Dans un portrait de flic comme il sait si bien les faire, Lumet nous parle culpabilité et responsabilité. Il fouille des territoires sombres, en

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bon explorateur insatiable, passe la frontière entre le bien et le mal. La violence de certaines scènes qui ne sont que dialogues est incroyable. Comme si on mettait des mots sur un truc que t’as jamais formulé mais que tu as toujours pensé. Il y a cette scène, ce retour à la maison de Sean qui parle enfin à sa femme de certains de ses tourments en vidant, proprement, une bouteille de whisky. Et cette phrase... « Si tu pouvais prendre mon esprit entre tes mains, si tu pouvais apporter le silence et la paix. Si seulement tu pouvais... » Et le double affrontement, Connery/Bannen puis, Howard/Conney, quand le chasseur fond sur sa proie, puis devient chassé, tourmenté à son tour. C’est joué par des grands, d’accord, mais c’est filmé avec tellement de classe, de retenue, qu’on ne peut qu’être emporté. Adapté d’une pièce de théâtre, le film est maîtrisé, stylisé sans excès, sans manières. Ici tout est matière : le ciel, le sol, les hommes, les cauchemars. La lumière ne passe pas.

La construction, d’une intelligence rare, te fait prendre fait et cause pour ce flic qui doit faire avec ses démons, ses obsessions toujours plus douloureuses. Le parallèle avec « L’étrangleur de Boston » de Richard Fleischer saute aux yeux, même si le Lumet bifurque vers un troisième acte totalement nihiliste. Sean Connery est un volcan, calme mais terriblement menaçant, explosant sans prévenir et d’une justesse rare. Je ne l’ai jamais vu comme ça. Il est tellement loin de Bond, de ce qu’il propose d’habitude. Il ne sourira pas, tu ne verras pas son sourcil se relever. Il les fronce. Et t’expose une facette que je ne connaissais pas. Toi, peut-être, mais pas moi. Bon du rose maintenant, de la joie parce que là, si j’avais une branche assez solide sous la main, et si je savais faire un nœud coulant, je me ferais bien une jolie cravate. Je ne vous remercie pas, messieurs.

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La guitare de diamants Frank Beauvais

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enry, un chanteur folk américain d’une trentaine d’années, débarque dans un petit village isolé. Il fait la connaissance de Cécile, une jeune chanteuse amateur.

Date de sortie : 2009 (35 min) Réalisé par : Frank Beauvais Avec : Mathieu Bauer, Manuela Peschmann, Léo Massy Genre : Romance , Musical Nationalité : Français

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On vient de m’offrir une rivière de diamants. Que du bonheur mes amis, que du bonheur !!!! Frank Beauvais est rentré dans mon cerveau (malade), il y a découvert 2-3 choses que j’aime particulièrement dans la vie, et paf le chien, il en a fait un film. Si j’avais cru qu’un jour je tomberais sur un de mes musiciens préférés, le génial folkeux Matt Baueur, dans un film, qu’il y jouerait le rôle principal, que ce film serait presque entièrement dédié à sa musique, que les valeurs auxquelles je m’accroche désespérément, comme un vieux con dépassé, la simplicité, les petits bonheurs (boire un verre de vin dans son jardin un soir d’été), serviraient de toile de fond à ce même film... Voilà pourquoi ma soif de cinéma ne sera jamais rassasiée, parce que, par moments, rares bien entendu, un film rejoint un rêve. Alors si comme moi, vous aimez par-dessous la vie sans artifice, les instants où face à la nature il vous semble que le temps s’arrête, débrouillez-vous pour voir cette petite merveille.

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The External World

David O’Reilly

Un jeune homme tente d’apprendre à jouer au piano... Date de sortie : 2011 (17 min) Réalisé par : David O’Reilly Avec : acteurs inconnus Genre : Comédie dramatique Nationalité : Allemand

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Will you be external or not external ? On connait l’éternel débat de la provocation dans le domaine de l’art, de sa gratuité ou non, de sa vacuité ou non. Il est évident que le travail de David O’Reilly ne saurait échapper à ce questionnement, du moins si on se contente de lister ce qu’il se permet de nous mettre sous le nez durant 17 minutes. Du suicide, de la maltraitance, de la scatologie, une bonne dose de sexe, et j’en passe. On s’attend à voir à la fin du générique «Tous les animaux et les être humains ont scrupuleusement été maltraités durant le tournage de ce film», tant O’Reilly prend un malin plaisir à briser, couper, exploser tout ce qui lui passe sous le crayon. Mais à l’image de Osman Cerfon et ses «Chroniques de la poisse», plus que de s’adresser au voyeur qui est en chacun de nous, il veut parler au penseur qui devrait être en chacun de nous. «The External world» est totalement fou dans sa structure (ou plutôt dans sa déstructure) et O’Reily nous décrit donc ce monde où l’homme n’aura finalement jamais trouvé sa place, où sa seule finalité réelle est la destruction. Le constat est amer et l’humour noir, présent à chaque instant, ne vient qu’appuyer là où ça fait mal : l’humain est fondamentalement mauvais, et ce depuis que le monde est monde.

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Nous ne serons plus jamais seuls

Yann Gonzalez

U

ne fête une nuit. Des adolescents dansent et s’aiment comme si c’était la première et la dernière fois.

Date de sortie : 2012 (10 min) Réalisé par : Yann Gonzalez Avec : Claire Ballu, Megan Northam, Guilhem Logerot Genre : Drame Nationalité : Français 24

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Vivre chaque instant comme si c’était le dernier... Les films sur l’adolescence sont légion mais trop nombreux sont ceux qui se veulent trop explicatifs, voire moralisateurs. Ici, c’est uniquement par le talent de la mise en scène et le montage que passent les émotions. Un noir et blanc magnifique, une utilisation du Super 8 qui fait merveille, une bande-son ravageuse remplaçant tout dialogue sont autant de points qui correspondent à ce qu’est un adolescent : tantôt mutique, tantôt de bruit et de fureur, amoureux, malheureux, charnel, excessif... En à peine dix minutes, Yann Gonzalez capture à la perfection ce monde étrange et incompris, et signe au-delà de cette remarquable observation anthropologique un très grand film.résent à chaque instant, ne vient qu’appuyer là où ça fait mal : l’humain est fondamentalement mauvais, et ce depuis que le monde est monde.

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A LIRE Guyness

L’Art français de la guerre

Alexis Jenni

L’étendard français de l’amer.

jour, on voit encore l’emballage d’origine. Faire un grand livre requiert des idées fortes et un vrai L’emballage protège, style. mais vivre emballé Parfois, quelques extraits en disent bien plus que de n’est pas une vie.» longs discours. Quelques phrases que j’ai beaucoup aimées, à titre «La guerre est simple. bien humblement personnel. Tu sais pourquoi la guerre est éternelle «Dans la guerre, elle au moins était à sa place car elle ? Parce qu’elle est la n’en avait pas changé; pour elle, l’ennemi était bien le forme la plus simple mari.» de la réalité. Tout le monde veut la guerre, «Tous les problèmes qu’avait posés la guerre précé- pour simplifier.» dente furent méthodiquement résolus. En 1939 la France était prête à affronter dans d’excellentes condi- «Et quand un homme tions les batailles de 1915.» qui possède la force est animé d’idées d’enfants, il fait d’effroyables ravages» «Le dimanche matin elle pleura encore au réveil puis durcit comme un béton qui prend. Le dimanche dans Maintenant cette question: comment peut-on publier l’après-midi je m’en allais. Le lundi matin je vivais une un premier livre, de cette envergure, à pas loin de 50 autre vie.» ans ? Combien d’autres en a-t-il dans ses cartons ? Je ne peux pas croire qu’il s’agisse d’un premier essai. «Mais dommage, car dans votre vie il n’est rien qui ait pu servir de forge. Vous êtes intact comme au premier

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A LIRE Guyness

La Malédiction Hilliker James Ellroy

La bénediction Ellroy Une des facettes (possibles) du grand écrivain est de faire un (vrai) livre à partir du sujet le plus ténu. C’est une des premières réflexions qu’inspire la lecture de «la malédiction Hilliker». Ellroy à travers ses femmes ? Pourquoi pas. Mais aussi et surtout pourquoi ? Satisfaire un égo (notoirement) surdimensionné ? Ressasser encore une fois la mort de cette mère déjà évoquée à travers «ma part d’ombre» et présente en filigrane tout au long de son oeuvre ? Il y a un peu de ça (la malédiction, c’est bien celle qu’il s’inflige, pour avoir souhaité la mort de sa mère - qui est survenue- alors qu’il n’était encore qu’un gamin de 10 ou 11 ans) mais bien plus encore. La quatrième de couverture évoque, en parlant de ce livre, «un indispensable mode d’emploi littéraire pour qui s’intéresse à l’oeuvre d’Ellroy». De ce point de vue, chaque amateur du grand James y trouvera une dose unique, une clef d’entrée encore plus directe que tout ce qu’il avait pu trouver jusque là. Car Ellroy dit tout, avec cette acuité et cette lucidité terrifiantes sur ce que sont sa vie, ses obsessions, ses folies. Numèro 86 - HCFR l’Hebdo

A travers les femmes successives pour lesquelles il développe tour à tour une fixation totale et maladive, on comprend le choix de certains sujets pour ses livres, les motivations, la volonté absolue de plaire, séduire l’une ou l’autre de ces compagnes. La façon dont Ellroy parvient à être à ce point lucide sur ses propres névroses est bien aussi une sorte d’énigme qui explique son style inimitable et ses romans si particuliers. Car le bougre ne s’arrête pas à ses dérèglements psychiques, il ne cesse d’insister sur son côté ****** de droite croyant, puisqu’il est presque à chaque fois attiré par des femmes qui sont exactement l’inverse.

On peut donc y lire des choses comme «Nos frasques sexuelles antérieures étaient des auditions pour nous préparer à une monogamie incandescente» en début de relation pour, quelques pages plus loin, découvrir, à propos de la même relation «La claustration entraîne le refoulement. Le refoulement couve et finit par exploser. Helen m’avait procuré du temps. Ce temps me permit de devenir fou à une allure modérée et hautement productive».

Et cela découle sur l’autre très grand intérêt de ce livre: les relations amoureuses d’un homme et d’une femme à travers le filtre Ellroyien. Même ce qui peut se révéler de l’ordre du banal atteint parfois des sommets de surréalisme ou au contraire peut être le résultat de la plus grande introspection. Et c’est le propre du grand écrivain (nous revenons en cela à notre postulat de départ) que de faire apparaître nos propres vicissitudes ou turpitudes sous un jour neuf, nos propres compromis quotidiens se trouvant alors rehaussés à la hauteur des fulgurances du maître.

Et, en guise d’épitaphe artistique (mais ce n’est pas la fin pour autant de son oeuvre): «Communiquer avec elles dans une chambre obscure m’a donné un univers à recréer par l’écriture. Désirer ce que je ne peux pas avoir me somme de créer des oeuvres d’art ambitieuses à titre de compensation». Tout l’univers d’Ellroy, son moteur propre, est là.

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BANDES DESSINEES Guyness

Habibi

Craig Thompson

«Baba d’Habibi»

forme de légende. Ça permet même de s’instruire.

Vache ! Ça, c’est du pavé ! A la lecture de ces 660 pages, on reste confondu devant l’ampleur du boulot. Que ce ce soit en terme d’érudition ou de travail de dessin déployé, quelle qualité! Alors bien sûr, boulot qualité, tout ça tout ça, ça ne suffit pas forcément à emporter le morceau. Au contraire, cela pourrait être synonyme de besogneux. Mais on n’est pas là. Du tout.

Et au niveau dessin, composition des planches, narration... Quel festin ! Il est quand même hyper rare que je prête autant d’attention à la beauté générale d’une page. C’est bien simple, a chaque fois que je tournais l’une d’entre elles, les premières secondes suivantes étaient systématiquement occupées à regarder l’ensemble et me repaître de sa beauté.

L’énorme connaissance religieuse déployée ici est au service de l’histoire, et présentée d’une telle façon qu’un athée-commemanche-de-pioche-et-peu-enclin-à-la-tolérance-envers-les-fanatiques-de-tous-poils que je suis n’en soit à aucun moment indisposé. C’est même l’inverse: c’est le seul contexte qui me permette de m’empiffrer de toute cette matière testamentaire: sous

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Reste l’histoire. Une fois l’émerveillement visuel de la lecture passé, on soupèse, on fait le bilan et on doit bien admettre que c’est peut-être l’élément le moins fort de l’ensemble, même si l’interaction entre le récit et les légendes est très réussi. Me resteront quelques dessins inoubliables, comme cette silhouette féminine nue emplie de caractères arabes. Splendide. www.homecinema-fr.com - Mai 2014


MUSIQUE JMV

In A Soulful Mood

Compilation de Charlie Parker

El perseguidor : Bird lives. Dans l’un de ses rares moments de modestie (mais au fond pourquoi eût-il été modeste ?), Miles Davis déclara que, foin des théories, pour décrire le jazz, il suffisait de prononcer deux noms : «Louis Armstrong» et «Charlie Parker». Louis, on y reviendra, Bird, on va en causer tout de suite. En 1946, Parker, à la suite de petits ennuis avec la maréchaussée newyorkaise, est contraint de gagner la côte ouest et Santa Monica où il rencontre le jeune producteur Ross Russell, aussi désargenté que lui, mais qui parvient tout de même à lui faire enregistrer pour son petit label Dial une série d’albums parmi les plus beaux de sa courte carrière. Cette anthologie, au titre bien choisi «In a soulful mood» puisque du «soul» y en a et pas qu’un peu, présente les meilleurs moments de cette période «Dial». Les meilleurs et les plus douloureux aussi. Le 28 mars 1946, première session en septet avec Miles et Dodo Marmarosa, excusez du peu ! Magnifique, c’est bien parti chez Dial. Le 29 juillet 1946, c’est une autre paire de manches. Sans un flèche, Bird achète de la came daubée dont les effets ne tardent pas à se faire sentir : dès le 5° morceau «Loverman», il perd les pédales et tombe dans un état de confusion mentale qui va l’expédier pour 6 mois à l’hôpital psychiatrique de Camarillo (il composera par la suite le très beau thème : «Relaxin’ at Camarillo», pas rancunier l’oiseau !) De ce naufrage supposé, Russel a conservé et publié deux prises : «Loverman» et «The Gypsy». Publication que Bird reprochera amèrement à Russell jusqu’à sa mort. Et ces deux prises figurent parmi mes préférées (il est vrai que Parker est l’un des rares artistes dont j’aime absolument tout). «Loverman» : Bird foire son entrée , démarrant deux mesures trop tard, il joue à deux à l’heure, lui, le spécialiste des tempi de folie, l’impro n’a guère d’originalité, le quintet n’est pas son meilleur, hormis l’exceptionnel trompettiste Howard McGhee injustement oublié aujourd’hui. Que des défauts, mais quel sentiment, quelle Numèro 86 - HCFR l’Hebdo

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émotion, quel moment de blues non feint, joué par un artiste en train de s’éloigner vers des rives dont on ne revient souvent pas. Cette beauté déchirante, un autre artiste de haut vol, amateur lui de tango et milonga, le grand écrivain argentin Julio Cortázar a su la ressentir et, mieux, la retranscrire par les moyens de son art dans son extraordinaire nouvelle «El Perseguidor», titre traduit en français par «L’homme à l’affût», traduction approximative, mais excellente puisque le titre espagnol n’a pas d’équivalent en français. Cortázar met en scène un nommé Johnny musicien de jazz de son état, qui vit dans une piaule sordide rue Lagrange (la transposition à Paris peut faire penser aussi à Bud Powell qui partageait sans doute le même univers mental que Bird ou Monk). Ce Johnny a quelques petits problèmes avec la réalité, en particulier avec les repères temporels. Avec un naturel déconcertant, Johnny prend hier pour demain, aujourd’hui pour hier et inversement, je ne sais pas si je suis clair. Une narration éclatée traduit l’éclatement psychique du personnage. Et rarement, écrivain aura réussi à faire ressentir avec une telle intensité, une telle splendeur tragique l’angoisse, la mélancolie, la folie et aussi la joie qui collent à nos vies à tous...

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MUSIQUE -IgoR-

Lulu (2011)

Lou Reed et Metallica «Pas de bras, pas de chocolat» Après s’être modestement auto-proclamés «plus grand groupe de hardrock de tous les temps» (http://www. youtube.com/watch?v=krsogBxVKpo 1’55»), que restait-il à prouver pour Metallica? A priori pas grand chose. Pourtant, l’auditeur attentif aura noté une totale absence d’inspiration chez les four horsemen depuis plus de dix ans, ainsi qu’un vide artistique absolu. Jusqu’alors bien installés sur leurs trônes dorés, ils n’avaient guère à s’en faire, l’avenir était assuré. Un album minable tous les cinq ans, quelques concerts anémiques pour arrondir les fins de mois. La belle vie en somme. Mais la crise est arrivée là-dessus. Le public est devenu plus exigeant. Voilà nos amis sur le point d’être démasqués, l’odieuse supercherie de leur production musicale risquant à tout moment d’éclater au grand jour. Que fait-on dans un cas pareil? On se tourne vers le spécialiste en la matière bien évidemment. Terrorisés et penauds, les quatre vieilles gloires s’en vont frapper à la porte du sieur Lou Reed, maître incontesté du foutage de gueule audacieux, unanimement reconnu depuis Metal

Machine Music. C’est qu’il en faut du talent et du charisme pour faire passer une si énorme pilule. Lou Reed et Metallica partagent une seule chose. Un passé musical remarquable. Pour le reste, aucun lien. Pas grave. Car le principal ingrédient de la potion magique qui transforme une lamentable daube en chef d’œuvre incontesté, c’est précisément cette aura propre au grand artiste. Là-dite aura, savamment distillée au travers d’interviews et autres apparitions publiques, agrémentée d’une bonne dose de confiance en soi, amène le simple mortel à douter. «Mince alors, je suis simplement trop ignare pour COMPRENDRE cet album». «Non, je me suis trompé, pauvre inculte que je suis, ce

disque n’est pas une incroyable purge mais bel et bien la manifestation d’un génie qui m’est inaccessible». Ça a plutôt bien fonctionné avec Metal Machine Music. Ainsi donc, Lulu voit le jour en ce triste jour du 13 juillet 2011. L’alchimie a-t-elle opéré? Les deux géants sur le déclin sont-ils parvenus à unir leurs forces et oublier leurs différences pour un dernier baroud d’honneur? Le doute subsiste jusqu’au bout, la faute à cette fameuse aura artistique. On finit par y croire. Non. La réponse est définitivement non.

Lou Reed et Metallica n’ont plus rien à dire séparément et encore moins ensemble. La greffe n’a pas pris et cette union contre nature n’a rien produit de bon. Il y aura bien sûr des crédules pour crier au génie et peut-être même quelques doux rêveurs pour l’acheter. C’est là toute la magie de Lou Reed. Ainsi, la seule chose à saluer est bien le culot de ces cinq énergumènes, car apposer son nom sur un album aussi minable, il fallait oser!

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Blu-ray

Le Loup Celeste

Orc Wars

Kohl Glass

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ne armée d’Orcs est envoyée dans notre monde pour l’envahir. Un ancien militaire est désigné malgré lui comme étant LE tueur d’Orcs et l’unique sauveur de l’humanité. L’affrontement ultime peut commencer... Année : 2013 Durée : 93 min Réalisateur : Kohl Glass Acteurs : Rusty Joiner, Masiela Lusha, Wesley John

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Les maquillages et prothèses corrects des Orcs ainsi que l’animation et l’intégration satisfaisantes du Dragon ne parviennent pas à sauver du (gros) naufrage ce navet d’héroic fantasy, où la mise en scène sans intérêt, le montage confus, le scénario affligeant, les dialogues débiles, les situations crétines et les acteurs incompétents feront fuir les spectateurs.

Le Blu-ray Image Cette toute petite production a été tournée à l’aide d’une Red Scarlet X et cela se voit à l’écran. Les images sont ainsi très souvent lumineuses, définies, piquées, colorées et contrastées mais de trop nombreux plans souffrent de fourmillements et/ou de colour banding. Audio Des pistes sonores convenables qui retranscrivent sans problème le mixage plus que limité du film. La clarté est donc présente mais pour profiter d’une véritable puissance (le bruit des armes s’apparente à un pétard mouillé), d’une spatialisation étudiée (c’est brouillon ici), d’ambiances soignées sur les surrounds et de basses percutantes il faudra se tourner vers d’autres œuvres.

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Fiche technique Le film : Blu-ray : Format vidéo 1080i25 (AVC) / [1.77] Pistes sonores Anglais DTS-HD Master Audio 5.1 Français (VFF) DTS-HD Master Audio 5.1 Sous-titres Français Région : B (France) Éditeur : M6 Vidéo Date de sortie : 02 janvier 2014

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Blu-ray

Le Loup Celeste

Les cendres du temps - Redux

Wong Kar-Wai

O

uyang Feng vit dans le désert de l’Ouest depuis quelques années. Originaire de la Montagne du Chameau Blanc, il a quitté son village natal lorsque la femme qu’il aimait a préféré épouser son frère. Loin de chercher la gloire, il a fini par devenir un intermédiaire. Quand quelqu’un vient le voir dans le but d’éliminer celui ou celle qui lui a causé du tort, il le met en contact avec un tueur... Année : 2008 Durée : 93 min Réalisateur : Wong Kar-Wai Acteurs : Leslie Cheung, Brigitte Lin, Tony Leung Chiu Wai, Tony Leung Ka Fai, Maggie Cheung

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En se basant sur deux célèbres romans de Jin Yong (“La Légende du Héros Chasseur d’Aigles” et “L’Épée céleste et le sabre du dragon”), Wong Kar-Wai livre un wu xia pian atypique au casting d’exception, où les passages intimistes côtoient ceux plus épiques (le combat désespéré du sabreur malvoyant qui cherche à capter les rayons du soleil pour se défendre) au milieu d’une intrigue parcellée mais envoûtante qui fait intervenir des personnages dignes des codes du genre, et où la prodigieuse mise en scène cherche le ressenti des émotions plutôt que la clarté de l’action. Ce chef-d’œuvre du wu xia pian qui revisite le genre à la façon des westerns du grand Sergio Leone est de ce fait à ranger précieusement juste à côté de l’immense “The Blade”.

Le Blu-ray Image

Fiche technique

Passant de l’extrêmement granuleuse (non il ne neige pas !) aux couleurs saturées, du ralenti rémanent à une belle netteté, de définie à floue, d’une texture à l’autre, et avec ses plans bruités et/ou rayés, noter de façon objective l’image de ce film est assez difficile, mais il faut bien reconnaitre que ce transfert à la compression solide restitue à la poussière près le travail du chef op Christopher Doyle qui était tout simplement massacré par le DVD.

Le film : Blu-ray :

Audio

Sous-titres Français

Des pistes sonores harmonieuses et riches en ambiances (le vent, la pluie), effets (le choc des lames) et musiques, qui parviennent à nous immerger au cœur du récit surtout concernant l’étonnante présence, presque irréelle, des différentes voix-off.

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Format vidéo 1080p24 (AVC) / [1.85] Pistes sonores Cantonais DTS-HD Master Audio 5.1 Français (VFF) DTS-HD Master Audio 5.1

Région : B (France) Éditeur : ARP Sélection Date de sortie : 12 novembre 2013 (au sein du coffret «La Révolution Wong Kar-Wai»)

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Blu-ray

Le Loup Celeste

Zulu

Jérôme Salle

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ans une Afrique du Sud encore hantée par l’apartheid, deux policiers, un noir et un blanc, pourchassent le meurtrier sauvage d’une jeune adolescente. Des Townships de Capetown aux luxueuses villas du bord de mer, cette enquête va bouleverser la vie des deux hommes et les contraindre à affronter leurs démons intérieurs... Année : 2013 Durée : 107 min Réalisateur : Jérôme Salle Acteurs : Orlando Bloom, Forest Whitaker, Inge Beckmann, Tinarie van Wyk Loots, R. Van Den Bergh

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Adapté du best-seller de Caryl Férey, “Zulu” est un intense polar âpre hanté par les fantômes de l’Apartheid qui nous transporte dans les coins les plus lugubres de l’Afrique du Sud afin d’élucider, aux côtés de deux personnages psychologiquement fouillés portés par des acteurs au sommet, une enquête policière tortueuse mais rondement menée que la mise en scène élégante et parfois frénétique (lors des scènes d’action) de Jérôme Salle parvient à cadrer sans artifice inutile. Un gros coup de cœur.

Le Blu-ray Image

Fiche technique

Les quelques petites saccades et le piqué moins ciselé lors des mouvements rapides (le codec VC-1 a ses limites) ne sauraient entacher ce transfert HD magnifique. Le rendu légèrement granuleux confère à l’image une texture vivante, la définition est de haute volée, les détails abondent aux quatre coins du cadre, la profondeur de champ est à couper le souffle (la séquence finale dans le désert), la palette colorimétrique est foisonnante, les contrastes sont tranchants et les noirs sont d’une belle intensité.

Le film : Blu-ray :

Audio

Sous-titres Français imposés sur la VO Français pour malentendants

Des pistes sonores spectaculaires où les voix solides, l’excellente spatialisation des nombreux effets sonores, le mixage harmonieux du score d’Alexandre Desplat et l’utilisation pertinente des basses en mettent tout simplement plein les oreilles. Numèro 86 - HCFR l’Hebdo

Format vidéo 1080p24 (VC-1) / [2.40] Pistes sonores Anglais DTS-HD Master Audio 5.1 Français (VFF) DTS-HD Master Audio 5.1 Français (AD) Dolby Digital 2.0

Région : B (France) Éditeur : Pathé Date de sortie : 18 avril 2014

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Le Loup Celeste

Cabin Fever - (La Trilogie 3D)

Eli Roth

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rois jeunes hommes et deux jeunes filles ont loué une cabane dans la forêt pour y fêter la fin de leurs études et profiter des derniers jours de liberté avant d’entrer dans le monde du travail. Mais la fiesta tourne au cauchemar quand un ermite infecté par un mystérieux virus fait son apparition... Année : 2002 Durée : 92 min Réalisateur : Eli Roth Acteurs : Rider Strong, Jordan Ladd, James DeBello, Cerina Vincent

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Cette toute petite production horrifique (le premier long-métrage d’Eli Roth) qui rend un hommage sincère à “Evil Dead” et qui s’était fait remarquer par les critiques lors de sa sortie pour ses effets crasseux loin d’être frileux, pour l’omniprésence de son humour noir et pour ses nombreux détournements des stéréotypes du genre, reste encore aujourd’hui une sacrée péloche bis où l’on prend un véritable plaisir à voir les transformations physiques mais aussi psychologiques causées par un effroyable virus sur des “héros” tous plus individualistes les uns que les autres. Culte !

Le Blu-ray Image

Malgré un piqué qui baisse sensiblement lors des scènes sombres et certains plans flous, le présent transfert HD est de bonne facture et permet de profiter de détails d’une finesse évidente, de couleurs chaudes et de noirs bien profonds.

Audio

Fiche technique Le film : Blu-ray : 3D : Format vidéo 1080p24 (MVC) / [2.35]

Si les dialogues ne sont pas toujours parfaitement compréhensibles, la VO 7.1 bénéficie néanmoins d’un bon relief et ne manque assurément pas de coffre que ce soit dans la retranscription des ambiances de la forêt ou dans la diffusion de la musique efficacement stridente.

Pistes sonores Anglais DTS-HD Master Audio 7.1 Allemand DTS-HD Master Audio 7.1

3D

Sous-titres Allemand

Une conversion allemande avec tout ce que cela implique. La fenêtre de profondeur est donc minime, la sensation de volume est inexistante et les débordements/jaillissements sont manquants. La seule petite chose «positive» est qu’il n’y a aucune incohérence dans la spatialisation contrairement aux conversions automatiques de certains diffuseurs vidéo. Il n’empêche que le résultat reste minable. Numèro 86 - HCFR l’Hebdo

Région : B (Allemagne) Éditeur : Tiberius Film Date de sortie : 06 février 2014

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Blu-ray

Le Loup Celeste

Cabin Fever - Spring Fever - (3D)

Ti West

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e bal de promo d’un lycée tourne au cauchemar lorsqu’un terrible virus dévoreur de chairs s’y propage...

Année : 2009 Durée : 86 min Réalisateur : Ti West Acteurs : Noah Segan, Alexi Wasser, Rusty Kelley

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Cette suite encore plus gore, fun et décomplexée, est en quelque sorte un teen movie horrifique très divertissant traversé d’un second degré gratiné aussi ravageur que son virus anthropophage vedette, dont les effets ultra-craspecs explosent lors d’un carnage final hyper-sanguinolent qui n’est pas sans évoquer le cultissime “Carrie”.

Le Blu-ray Image

Sympathique mais loin d’être transcendant à cause d’un encodage parfois malmené, d’une définition imprévisible et de plans un peu flous. Reste que le piqué plutôt fin, les couleurs éclatantes et la gestion sans faille des noirs ne font pas que de la figuration.

Audio

Fiche technique Le film : Blu-ray : 3D : Format vidéo 1080p24 (MVC) / [2.35]

Malgré des voix qui semblent comme assourdies par moment la VO 7.1, où les basses sont de la fête, se régale à nous écœurer joyeusement avec une très bonne spatialisation qui aime à étaler ses effets vraiment peu ragoûtants (vomissements, cris) sur toutes les enceintes.

Pistes sonores Anglais DTS-HD Master Audio 7.1 Allemand DTS-HD Master Audio 7.1

3D

Sous-titres Allemand

Une conversion allemande avec tout ce que cela implique. La fenêtre de profondeur est donc minime, la sensation de volume est inexistante et les débordements/jaillissements sont manquants. La seule petite chose «positive» est qu’il n’y a aucune incohérence dans la spatialisation contrairement aux conversions automatiques de certains diffuseurs vidéo. Il n’empêche que le résultat reste minable. Numèro 86 - HCFR l’Hebdo

Région : B (Allemagne) Éditeur : Tiberius Film Date de sortie : 06 février 2014

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Blu-ray

Le Loup Celeste

Cabin Fever - Patient Zero - (3D) Kaare Andrews

A

ux Caraïbes, lors d’un enterrement de vie de garçon, un bateau de croisière accoste sur une île déserte. Un virus mortel fait alors son apparition, et les plaisanciers sont contraints de trouver un moyen de survie avant que cet étrange maladie ne ronge leur chair et les extermine tous... Année : 2014 Durée : 95 min Réalisateur : Kaare Andrews Acteurs : Ryan Donowho, Brando Eaton, Jillian Murray, Sean Astin 42

www.homecinema-fr.com - Mai 2014


Si le gore est toujours aussi présent (un crêpage de chignons féminin qui tourne à la boucherie), que la mise en scène est plus recherchée que par le passé (les deux génériques) et que la partie concernant la détention du patient zéro apporte un peu de fraicheur à la saga, cette première partie d’une préquelle qui devrait se terminer avec le prochain “Cabin Fever : Outbreak” loupe pourtant le coche à cause d’un scénario bourré d’absurdités qui se la joue slasher de base, de personnages unidimensionnels et d’un humour noir qui ne fonctionne absolument pas. Il fallait moins se prendre au sérieux !

Le Blu-ray Image

Fiche technique

De loin le meilleur transfert HD des trois, le plus récent aussi, avec une définition aiguisée, un piqué redoutable, une palette colorimétrique affriolante, des contrastes percutants et des noirs abyssaux.

Le film : Blu-ray : 3D :

Audio

Format vidéo 1080p24 (MVC) / [2.35]

Une VO 7.1 plus robuste et puissante que celles des deux premiers opus (la dynamique et les basses sont un bon cran au-dessus) avec aussi des voix mieux mixées, mais le mixage reste plus classique que celui du deux dans la diffusion de ses effets. Si les canaux surrounds sont sollicités en permanence, ce n’est plus pour déployer un maximum de sons dégoutants mais plutôt pour diffuser les ambiances réalistes de la jungle et aérer de façon optimale le score inquiétant du film.

3D

Une conversion allemande avec tout ce que cela implique. La fenêtre de profondeur est donc minime, la sensation de volume est inexistante et les débordements/jaillissements sont manquants. Le résultat reste minable.

Numèro 86 - HCFR l’Hebdo

Pistes sonores Anglais DTS-HD Master Audio 7.1 Allemand DTS-HD Master Audio 7.1 Sous-titres Allemand Région : B (Allemagne) Éditeur : Tiberius Film Date de sortie : 06 février 2014

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La Semaine Prochaine

L’actualité des sorties cinéma ...

De nouvelles critiques musicales, littéraires ou 7ème Art... Mais aussi des surprises, des coups de coeur et encore plus de tests Blu-ray (2D et 3D). Rendez-vous le vendredi 30 mai 2014 pour

L’HEBDO n°87

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www.homecinema-fr.com - Mai 2014



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