HCFR l'Hebdo N°107

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Edition du 23 Janvier 2015

Invincible Loin des hommes Boyhood We are four lions Dérapage contrôlé Le Massacre des morts-vivants L’Odyssée Charlie Hebdo Truelove’s Gutter Colt 45 The Scribbler Hercule


Edition du 23 Janvier 2015 Numéro 107 REDAC' CHEF Fabi

REDACTEURS Djee Guyness Fabi Igor Le Loup Céleste Pheroe Pphf Pravda Sergent Pepper takeshi29 Ze Big Nowhere

MISE EN PAGE Laric

CORRECTIONS Fabi

SOUTIEN ET PUBLICATION Laric - Syntaxeror

Edité par l’association HomeCinema FRancophone (HCFR) association loi 1901 (JO 13/04/2002) siège social : 21, rue de Fécamp 75012 PARIS SIREN : 444 601 892 00029

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SOMMAIRE A l’affiche Igor - Angelina Jolie - Invincible Guyness - David Oelhoffen - Loin des hommes Discount, Rendez-vous à Atlit, Disparue en hiver 108 Rois-Démons, Foxcatcher, Someone You Love Léa, un ange dans ma maison, Une merveilleuse histoire du temps, Marussia Cops - Les Forces du désordre, Taken 3, Charlie Mortdecai

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7ème ART Sergent Pepper - Richard Linklater - Boyhood takeshi29 - Chris morris - We are four lions Djee - James William Guercio - Dérapage contrôlé Pravda - Jorge Grau - Le Massacre des morts-vivants

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A LIRE Ze Big Nowhere - Homère - L’Odyssée Pphf - Collectif - Charlie Hebdo

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MUSIQUE Pheroe - Richard Hawley - Truelove’s Gutter

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BLU-RAY Le Loup céleste - Fabrice Du Welz - Colt 45

Le Loup céleste - John Suits - The Scribbler

Le Loup céleste - Brett Ratner - Hercule [3D]

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A l’affiche Igor

Invincible

Angelina Jolie

L

’incroyable destin du coureur olympique et héros de la Seconde Guerre mondiale Louis «Louie» Zamperini dont l’avion s’est écrasé en mer en 1942, tuant huit membres de l’équipage et laissant les trois rescapés sur un canot de sauvetage où deux d’entre eux survécurent 47 jours durant, avant d’être capturés par la marine japonaise et envoyés dans un camp de prisonniers de guerre. Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs

Date de sortie : 7 janvier 2015 (2h17min) Réalisé par : Angelina Jolie Avec : Jack O’Connell, Domhnall Gleeson, Garrett Hedlund Genre : Guerre , Biopic , Drame Nationalité : Américain

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Oiseau de malheur Les hommes sont jeunes, le teint lisse, le regard fougueux, apparemment insouciants de l’enjeu (leur vie). C’est aussitôt «Das Boot» qui vient à l’esprit, précisément l’échange poignant, prémonitoire et lourd de sens entre le commandant et le gratte-papier invité à bord. «Attendez le retour pour les prendre en photo ; pourquoi? ; car au retour ils auront de la barbe.» Qu’ils sont jeunes alors ces marins, insouciante chair à canon. Et si la barbe de Jack O’Connell ne pousse étrangement pas (un bouc millimétré taillé au poil près, du plus bel effet), pas plus que son brushing ne se froisse, pendant les quarante-cinq jours de sa dérive maritime, il faut admettre que l’acteur d’expression, intimistes et introspectifs. étoffe son personnage tout au long de la pellicule et lui offre une contenance Ils redresseront ainsi, enfin, la barre. Un que les scènes introductives ne silence, un refus d’expression, O’Connell, sans un mot, s’exprime véritablement et sauve miraculeusement une pellicule que la capture à main nue d’un requin avait condamnée au discrédit sans autre forme de procès. Il est possible à nouveau d’apprécier les subtils cadrages d’Angelina Jolie, les mises en lumière réussies et ces hommes, toujours ces hommes, vecteurs de l’humanisme profond de la réalisatrice, laissaient présager. Il apparaît alors que porteurs de son message. la première moitié du film, exaspérante au possible, souffre d’une direction d’acteur catastrophique. Souhaitant à tout prix mettre dans leurs bouches innocentes la panoplie complète des citations héroïques hollywoodiennes de bande-annonce, Angelina Jolie impose à sa pauvre troupe le challenge insurmontable de rendre crédible des dialogues insipides, pire!, de leur offrir une portée humaine et émotionnelle. Tâche audacieuse dans laquelle ils échouent lamentablement. Il fallait s’y attendre.

Le rythme est étrange. Passionnant s’il en est mais troublant assurément. Saccadé, entrecoupé de brèves scènes d’action. Ces dernières, indispensables et fort bien menées, ne sont cependant que transitions, introductions ou conclusions. Le corps du récit est humain, d’où l’étrange sensation de non-rythme qui se dégage peu à peu. D’aucuns resteront sur le carreau, dépassés ou lassés par ce fractionné permanent. De la vie d’athlète de

Zamperini on ne saura que peu de choses. Bâclée ou volontairement occultée, la tranche de vie est vite expédiée pour se concentrer sur la survie du bonhomme, pour insister sur la tragédie humaine qu’est la guerre, au plus près des hommes, loin des décisions, des stratèges. C’est l’élément de Jolie, elle y instille une belle sensibilité et un regard différent. Unbroken fait les frais d’une mise en jambes calamiteuse, hors de propos, exagérée en tout point. Surjouée, dénuée de toute crédibilité, la première heure annonce le pire. Heureusement, comme habité par la maturité grandissante de son personnage, O’Connell abandonne peu à peu les mièvres tirades pour un sombre jeu de regard, fascinant. Angelina Jolie démontre une réelle identité visuelle et un véritable talent derrière la caméra mais l’arrière goût de gâchis subsiste. Il eut été possible d’extraire tellement plus de ce canevas. N’en ressort qu’une oeuvre boiteuse, mitigée, un grand dommage.

Pourtant l’actrice reconvertie filme les Hommes avec un remarquable talent, malgré une légère tendance à abuser des prises de vue en contre-plongée (victime encore une fois de son obsession à héroïser ses protagonistes). Elle fouille avec un amour certain les visages, creuse les consciences et offre à ses acteurs de véritables espaces Numèro 107 - HCFR l’Hebdo

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A l’affiche Guyness

Loin des hommes David Oelhoffen

1954

. Alors que la rébellion gronde dans la vallée, deux hommes, que tout oppose, sont contraints de fuir à travers les crêtes de l’Atlas algérien. Au coeur d’un hiver glacial, Daru, instituteur reclus, doit escorter Mohamed, un paysan accusé du meurtre de son cousin. Poursuivis par des villageois réclamant la loi du sang et par des colons revanchards, les deux hommes se révoltent. Ensemble, ils vont lutter pour retrouver leur liberté.

Date de sortie : 14 janvier 2015 (1h41min) Réalisé par : David Oelhoffen Avec : Viggo Mortensen, Reda Kateb, Djemel Barek Genre : Drame Nationalité : Français

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contre son gré par la gendarmerie pour accompagner un prisonnier autochtone jusqu’à son lieu de condamnation. Une trajectoire simple et sans rebondissement stupéfiant. Un récit relativement peu édifiant, dans lequel le spectateur devra faire une partie du travail. Quels échos de l’Afrique du nord en 1954 résonnent encore à une époque où les notions de terrorisme, d’attentats, d’amis devenus ennemis et de camp à choisir prennent une telle importance dans le discours ambiant ? L’Atlas buissonnière

langues qui n’ont aucun rapport avec les deux qui seront utiles ici. Pendant la plus grande partie du Pire, il semblait assez facile d’adapter film, je me suis demandé si nous le script à l’origine réelle de l’acteur. aurions une explication au fait que Non plus. l’instit, campé avec ferveur par Viggo Mortensen, parlait aussi mal le français. Quand vient le moment qui pourrait nous donner la clef, c’est la déception. Le gars est d’origine espagnole mais né sur place. Ce détail permet de s’interroger sur les arcanes étranges et les méandres insondables de la production Il s’agit du seul écueil que rencontre cinématographique contemporaine. la narration de ce film aux décors Quoi de mieux, se sont sans doute révélateurs: arides, sans refuge dit les producteurs, pour incarner évident, mais superbes pour qui sait un instituteur français d’origine profiter de ses moments volés. espagnole (donc) que de choisir un acteur dano-américain (père danois, Quelle est a place de la classe dans mère américaine) né à New York, qui l’Atlas ? a vécu au Venezuela, au Danemark, en Argentine et aux Etats-unis ? C’est Pas étonnant que David Oelhoffen à dire, à bien y regarder, un gars au ait fait appel à Nick Cave et Warren talent certes intense (qui a débuté Ellis pour l’illustration sonore de son dans Witness, le saviez-vous ?), film. La encore, le parallèle avec les mais qui maitrise parfaitement trois qualités du film est évident: discrète et sans fioriture inutile, un travail millimétré mais discret qui laissera l’adepte de décibels démonstratifs sur la touche. C’est vrai, le récit, adapté d’une nouvelle de Camus n’est pas particulièrement glamour. Au début des évènements qui allaient conduire à la guerre d’Algérie, un instituteur est réquisitionné Numèro 107 - HCFR l’Hebdo

Que signifie la complicité naissante prévisible entre les deux voyageurs ? Quelle place est laissée à la confrontations de ces deux âmes, vite débarrassées des artifices de leurs cultures ?

A l’image de cette très belle idée de scène où les deux hommes se réfugient à l’intérieur d’un bâtisse sans toiture quand une pluie glaciale et diluvienne les accable, les moments de chaleur et de réconforts sont fugaces mais essentiels, la complicité tendue sur l’essentiel («tu n’as jamais connu de femmes ?») et la conclusion froide comme un soleil d’hiver dans l’Atlas. Seul l’alpiniste habitué à l’aridité de la pente, peut-être, saura y trouver un plaisir mérité.

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Discount Date de sortie : Mercredi 21 Janvier 2015 (1h 45mn ) Réalisé par Louis-Julien Petit Avec Olivier Barthelemy, Corinne Masiero, Pascal Demolon, Sarah Suco, M’Barek Belkouk Film français Genre Comédie Pour lutter contre la mise en place de caisses automatiques qui menace leurs emplois, les employés d’un Hard Discount créent clandestinement leur propre « Discount alternatif », en récupérant des produits qui auraient dû être gaspillés…

Rendez-vous à Atlit Date de sortie : Mercredi 21 Janvier 2015 (1h 31mn ) Réalisé par Shirel Amitaï Avec Géraldine Nakache, Judith Chemla, Yaël Abecassis, Arsinee Khanjian, Pippo Delbono Film français Genre Comédie dramatique Israël, 1995, la paix est enfin tangible. Dans la petite ville d’Atlit, Cali retrouve ses deux sœurs, Darel et Asia, pour vendre la maison héritée de leurs parents. Entre complicité et fous rires réapparaissent les doutes et les vieilles querelles, ainsi que d’étranges convives qui sèment un joyeux bordel. Le 4 novembre, Yitzhak Rabin est assassiné, le processus de paix est anéanti mais les trois sœurs refusent d’abandonner l’espoir.

Disparue en hiver Date de sortie : Mercredi 21 Janvier 2015 (1h 40mn ) Réalisé par Christophe Lamotte Avec Kad Merad, Géraldine Pailhas, Lola Creton, Pierre Perrier, Francis Renaud Film français Genre Thriller Daniel est un ex-policier reconverti dans le recouvrement de dettes. La cinquantaine solide, il effectue son «sale boulot» sans émotion, ni affect… Un jour d’hiver, sur le parking d’un routier, il se fait aborder par Laura, une fille de 18 ans qui lui demande de la raccompagner. Il accepte. En chemin, elle lui propose «ses services» contre de l’argent. Furieux, Daniel l’éjecte de sa voiture. Le remords et la violence de sa réaction le poussent à faire demi-tour et à revenir sur ses pas, mais Laura a disparu…

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108 Rois-Démons Date de sortie : Mercredi 21 Janvier 2015 (1h 44mn ) Réalisé par Pascal Morelli Avec Sylvain Mounier, Melissa Cornu, Hugues Hausman, Sylvain Mounier, Claire Gilbertas Film français Genre Animation Empire de Chine. XIIème siècle. Les Rois-Démons terrorisent tout le pays. Pour vaincre ces monstres, il faudrait avoir le courage de cent tigres, la force de mille buffles, la ruse d’autant de serpents... et une chance de pendu. Le jeune prince Duan n’a que ses illusions romanesques et de l’embonpoint. Zhang-le-Parfait n’a que son bâton de moine et tout un tas de proverbes incompréhensibles. La petite mendiante Pei Pei n’a que son bagoût et son grand appétit. Mais surtout, le prince Duan, le vieux moine et la petite mendiante ne savaient pas qu’il était impossible de vaincre les Rois-Démons. Alors ils l’ont fait !

Foxcatcher Date de sortie : Mercredi 21 Janvier 2015 (2h 14mn ) Réalisé par Bennett Miller Avec Channing Tatum, Steve Carell, Mark Ruffalo, Sienna Miller, Vanessa Redgrave Film américain Genre Drame Inspiré d’une histoire vraie, Foxcatcher raconte l’histoire tragique et fascinante de la relation improbable entre un milliardaire excentrique et deux champions de lutte.Lorsque le médaillé d’or olympique Mark Schultz est invité par le riche héritier John du Pont à emménager dans sa magnifique propriété familiale pour aider à mettre en place un camp d’entraînement haut de gamme, dans l’optique des JO de Séoul de 1988, Schultz saute sur l’occasion : il espère pouvoir concentrer toute son attention sur son entraînement et ne plus souffrir d’être constamment éclipsé par son frère, Dave.

Someone You Love Date de sortie : Mercredi 21 Janvier 2015 (1h 35mn ) Réalisé par Pernille Fischer Christensen Avec Mikael Persbrandt, Trine Dyrholm, Eve Best, Birgitte Hjort Sørensen, Sofus Rønnov Film danois Genre Drame Après des années à Los Angeles, Thomas Jacob, célèbre chanteur au parcours chaotique, revient enregistrer son nouvel album au Danemark. Sa fille Julie, qu’il n’a pas vue depuis des années, en profite pour réapparaitre dans sa vie et lui présenter son petit-fils Noah. Thomas s’est détourné de sa famille et c’est bien malgré lui qu’il doit s’occuper du jeune garçon. Sa relation avec son petit-fils évolue et il est bientôt confronté à un choix qui pourrait bouleverser sa vie. Numèro 107 - HCFR l’Hebdo

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Léa, un ange dans ma maison Date de sortie : Mercredi 21 Janvier 2015 (1h 26mn ) Réalisé par Jacques-Hervé Fichet Avec Stephan Petit, Jacques-Hervé Fichet, Lou-Émilie Alves, Pierrette Litras, Roger Grosrey Film français Genre Thriller Un scientifique, Cal Zimmerman, est interrogé au sujet d’une expérience qu’il aurait menée deux ans auparavant. À cette époque, Abel, un homme fortement investi dans sa carrière au service d’un laboratoire de recherche scientifique, perd subitement sa femme et sa fille unique. Il traverse une période sombre de deuil et de solitude quand sa vie se voit bousculée par l’arrivée d’une enfant à l’image de sa fille. Bouleversé, il refuse de perdre la raison et affronte cette présence, apprenant à faire connaissance avec elle.

Une merveilleuse histoire du temps Date de sortie : Mercredi 21 Janvier 2015 (2h 3mn ) Réalisé par James Marsh Avec Eddie Redmayne, Felicity Jones, Tom Prior, Sophie Perry, Finlay Wright Stephens Film britannique Genre Biopic 1963, en Angleterre, Stephen, brillant étudiant en Cosmologie à l’Université de Cambridge, entend bien donner une réponse simple et efficace au mystère de la création de l’univers. De nouveaux horizons s’ouvrent quand il tombe amoureux d’une étudiante en art, Jane Wilde. Mais le jeune homme, alors dans la fleur de l’âge, se heurte à un diagnostic implacable : une dystrophie neuromusculaire plus connue sous le nom de maladie de Charcot va s’attaquer à ses membres, sa motricité, et son élocution, et finira par le tuer en l’espace de deux ans.

Marussia Date de sortie : Mercredi 21 Janvier 2015 (1h 22mn ) Réalisé par Eva Pervolovici Avec Dinara Droukarova, Marie-Isabelle Stheynman, Sharunas Bartas, Dounia Sichov, George Babluani Drame français Lucia, une maman russe de 35 ans, et Marussia, sa petite fille de six ans, errent dans les rues de Paris, valises en main. Elles cherchent chaque nuit un endroit où dormir au gré des rencontres et du hasard. Malgré l’incertitude et le regard désapprobateur de leurs compatriotes, la mère et la fille partagent de tendres moments. Est-ce assez pour tenir ? Un beau conte urbain vu à hauteur d’enfant, qui sait voir et trouver les merveilles dans le trivial, mais aussi regarder la réalité en face.

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Cops - Les Forces du désordre Date de sortie : Mercredi 21 Janvier 2015 (1h 45mn ) Réalisé par Luke Greenfield Avec Jake Johnson, Damon Wayans Jr., Rob Riggle, Nina Dobrev, James d’Arcy Film américain Genre Comédie Lorsque deux amis se déguisent en policiers pour une soirée, ils deviennent rapidement la nouvelle sensation du quartier et prennent goût à leur nouveau pouvoir. Mais lorsque ces nouveaux « héros » se retrouvent mêlés à un véritable réseau de truands et de détectives corrompus, ils vont devoir mettre de côté leur fausse plaque et agir en « vrais » flics !

Taken 3 Date de sortie : Mercredi 21 Janvier 2015 (1h 43mn ) Réalisé par Olivier Megaton Avec Liam Neeson, Forest Whitaker, Famke Janssen, Maggie Grace, Dougray Scott Film français Genre Action L’ex-agent spécial Bryan Mills voit son retour à une vie tranquille bouleversé lorsqu’il est accusé à tort du meurtre de son ex-femme, chez lui, à Los Angeles. En fuite et traqué par l’inspecteur Dotzler, Mills va devoir employer ses compétences particulières une dernière fois pour trouver le véritable coupable, prouver son innocence et protéger la seule personne qui compte désormais pour lui – sa fille.

Charlie Mortdecai Date de sortie : Mercredi 21 Janvier 2015 (1h 46mn ) Réalisé par David Koepp Avec Johnny Depp, Gwyneth Paltrow, Ewan McGregor, Paul Bettany, Olivia Munn Film américain Genre Comédie L’historien d’art excentrique et très honorable Charlie Mortdecai, part à la recherche d’un tableau, volé par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale, et qui serait la clef de la cachette de l’or du IIIe Reich. Numèro 107 - HCFR l’Hebdo

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7eme Art takeshi29

We are four lions (2010)

Chris morris

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nimé par des envies de grandeur, Omar est déterminé à devenir un soldat du djihad en Angleterre. Avec ses amis, il décide de monter le coup décisif qui fera parler d’eux et de leur cause. Problème : il leur manque le mode d’emploi.

Date de sortie : 8 décembre 2010 (1h41min) Réalisé par : Chris Morris Avec : Riz Ahmed, Arsher Ali, Nigel Lindsay Genre : Comédie dramatique Nationalité : Français , britannique

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Si vous trouvez Borat trop gentil et les djihadistes trop cons... Là une envie me vient, celle de mettre en avant ce film afin de rendre une nouvelle fois hommage aux coquins de Charlie qui là-haut devraient bien se marrer en regardant ces lions aux petites pattes trop abrutis pour accomplir leur mission : devenir des djihadistes. Et penser aux fondamentalistes religieux du monde entier fous de rage devant ce truc me remplit de bonheur. A la fois tristement et furieusement d’actualité... «Les cons ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît « : ce merveilleux adage de Michel Audiard semble ici avoir été repris à son compte par le réalisateur Chris Morris pour la création de ses personnages d’une bêtise insondable.

croyable, sans même juger de sa qualité. Incroyable au sens premier du terme tant il va loin dans son aspect dérangeant et politiquement incorrect. Il a fait scandale en Grande-Bretagne, son réalisateur ayant même été élu «homme le plus détesté du pays» en 2010.

termédiaire d’un plan, nous rappelle à une certaine prise de conscience) d’être plus questionné par ce film que par bien des discours.

Pour donner un point de comparaison je dirais que «Borat» ressemblerait presque à du Dany Boon en terme de subversion comparé à cet OFNI hallucinant. Pour conclure, je vais quand même Du plaisir et de la réflexion, du vrai cidonner un avis en tant que spectateur néma en somme. : je me suis totalement régalé, j’ai ri, Dans un premier temps, on peut dire même énormément ri, ce qui ne m’a que ce film est tout simplement in- pas empêché (car Chris Morris, par l’in-

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7eme Art Djee

Dérapage contrôlé (1973) James William Guercio

L

’Amérique des années 70. John Wintergreen, motard dans la police, sillonne les routes de l’Arizona avec son équipier Zipper. Frustré de n’avoir qu’à distribuer des contraventions ou fouiller les véhicules des hippies, il a pour ambition de devenir le meilleur limier de la police criminelle. Lorsqu’un jour il découvre un meurtre maquillé en suicide, il ne doute pas qu’il tient là la chance de sa vie. Effectivement, ses conclusions lui valent de l’avancement. Il devient le chauffeur du shérif, le grand Harve Poole. Ce dernier lui apprend les rudiments du métier. Mais son esprit critique, qu’il exerce sur les méthodes de travail de son mentor ainsi que son excès de zèle, vont entraîner John très loin... Date de sortie : 04 octobre 1973 (1H54min) Réalisé par : James William Guercio Avec : Robert Blake , Billy Green Bush , Mitch Ryan ... Genre : policier, drame, mystère Nationalité : Film américain

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Little Big Man

Revenir où Ford, John, celui qui n’avait qu’un œil, mais le bon, a vouSe réveiller au beau milieu des anlu tout commencer. nées 70 avec un coup de masse sur la caboche. Voir Monument Valley, ou son fantôme, se dessiner au loin, immense Le patchouli, les cheveux longs, et toujours là, comme une proc’est dégueulasse. Les fleurs, ça pue. messe inaccessible. Et puis, flûte, on n’a pas le droit au bonheur, on n’est pas programmés Et puis l’Homme, parasite éterpour. nel, couille dans le potage par exC’est juste une lueur, plutôt floue, cellence, comme une cicatrice de qui s’éteint quand on s’approche de goudron fumant, sous un soleil de trop près. plomb, qui déchire la pureté du déQuand ça te tombe sur le coin de la sert en deux. gueule sans que t’aies rien demanComme un grain de sable. dé, ça devient une évidence qui danse sous tes yeux. Aux paysages de l’Amérique des pionniers fantasmés, Guercio ajoute un souffle mélancolique, filme son western sur pneumatiques et oppose à sa chronique le voile poisseux de la fin des illusions, celles qui collaient avant, comme du papier tue-mouche et qui maintenant, craquèlent l’idéal moral, le fissurent méthodiquement. Mais ça fait mal d’abord, ça donne des dents en sapin, une langue lourde, en cèdre rouge probablement, et une vraie haleine de scierie. (Et non pas de Syrien). Le pouvoir des fleurs, Woodstock et sa vague de conneries adjacentes, faudrait être sourd, poser ses mains en remparts, pour pas voir le chaos. Il fallait un anti-Easy Rider, réactionnaire sans doute, pour situer un semblant de vérité, juste entre les Un bout de ficelle, deux nœuds deux. coulants, un sur le gros orteil, l’autre Ou juste pour déféquer dans la sur la gâchette d’un double canon, bouche de cette idéologie hirsute posé pile, sur le palpitant. et bruyante, devenue majoritaire. Une manière de chanter la liberté Le héros, c’est l’officier Wintergreen, mais en restant du bon côté de la motard de la police. loi.

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Lors du générique, il s’équipe, en gros plans, comme un chevalier des temps modernes. Un blouson de cuir noir en cotte de mailles, le casque de moto en heaume, son revolver, un Colt Python 357, gainé dans un sombre holster, telle l’épée du héraut sans peurs et sans reproches. Coyote motorisé, aux capacités intellectuelles limitées, et qui pourtant ou, plutôt, du coup, rêve de ranger sa Harley pour intégrer la brigade criminelle. Un meurtre maquillé en suicide lui donnera l’occasion de chevaucher sa chimère. Premier et unique film de James William Guercio, surtout connu pour son travail de musicien et producteur dans la pop américaine, «Electra Glide In Blue» est une œuvre ambiguë, le portrait d’un flic de base, rigide comme un priapique et pas plus grand qu’Alan Ladd. Un film sur l’homme, à la beauté éclatante et à l’idéologie un brin extrême , éclairant le triste abysse entre les générations et jetant un voile gris sur un présent déjà plié par les mutations sociales, au bord du fossé de l’apocalypse qui s’annonce.

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7eme Art Sergent Pepper

Boyhood (2014) Richard Linklater

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haque année, durant 12 ans, le réalisateur Richard Linklater a réuni les mêmes comédiens pour un film unique sur la famille et le temps qui passe. On y suit le jeune Mason de l’âge de six ans jusqu’à sa majorité, vivant avec sa sœur et sa mère, séparée de son père. Les déménagements, les amis, les rentrées des classes, les premiers émois, les petits riens et les grandes décisions qui rythment sa jeunesse et le préparent à devenir adulte... Date de sortie : 23 juillet 2014 (2h45min) Réalisé : par Richard Linklater Avec : Ellar Coltrane, Patricia Arquette, Ethan Hawke Genre : Drame Nationalité : Film américain

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Un rêve : l’histoire du temps. Boyhood fait partie de ces films à concept qui prennent un risque majeur : se faire écraser par lui en s’effaçant derrière cette seule originalité. Suivre pendant 12 ans les mêmes comédiens pour les voir grandir à l’écran est une belle idée, totalement en cohérence avec le travail que fait depuis toujours Linklater sur le temps. Reste à savoir ce qui le différenciera d’un documentaire.

C’est là que se concentrent les principaux reproches qu’on peut faire au film. Soucieux d’exhiber sa construction originale, il n’évite pas bien des lourdeurs, virgules ponctuant son odyssée tranquille. Pour marquer le progrès, donc, un artifice capillaire dont on affuble Madame et sa progéniture de façon trop systématique, tout comme le recours aux objets technologiques qui évoluent au fil des années, du Mac au tchat vidéo en passant par Facebook. C’est loin d’être passionnant, et ce n’est pas ça qui nous convaincra du bien fondé d’un film de fiction sur le sujet. Pour ce qui est de cette dimension, justement, tout ne fonctionne pas de la même façon : les mésaventures conjugales de la mère occasionnent des scènes peu convaincantes, et l’utilisation de la musique occasionne quelques clips un brin vains, qui alimentent l’idée d’un certain remplissage, le réalisateur s’étant dit que pour marquer son projet, celui-ci devait forcément flirter avec les 3 heures…

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C’est sur le fond réel du film que se concentre une contradiction dans laquelle il s’embourbe un moment avant d’en sortir probablement vainqueur. Boyhood n’a pas d’autre ambition que de restituer la vie quotidienne et de donner le sentiment de voir le temps passer, de l’enfance à la post adolescence. C’est un risque louable, et qui ne satisfait pas toujours. Certaines scènes ne fonctionnent pas vraiment, et on a le sentiment de voir se remplir un cahier des charges de ce qu’il faut montrer pour atteindre l’exhaustivité prévue. Le divorce, la famille recomposée, le rapport du jeune homme à la sexualité, à l’amour, au père, le lycée, l’alcool, la drogue, la fac, catalogue à la fois banal et réaliste, qui peut virer au listing sans âme. Mais, paradoxalement, c’est bien dans ce traitement finalement assez radical que se situe ce qui permet au film d’acquérir une véritable souffle. Car si elles ne sont pas toutes réussies, d’autres scènes font mouche, particulièrement celles avec Ethan Hawke : son rôle de père immature, ses exigences de conversations avec ses enfants et son épanouissement figurent parmi les

tées parfois à l’excès, le bond temporel qui peut suivre concrétise de façon assez prégnante l’expression « je n’ai pas vu le temps passer ». L’impression mitigée que laisse ce déroulement d’une banalité à la fois authentique et un peu vaine s’enrichit donc progressivement d’une charge émotionnelle et d’une complicité grandissante avec ces personnages qu’on a vu grandir ou vieillir. Et c’est dans ces derniers instants que Linklater a l’habileté de questionner la légitimité de son projet. Face aux leçons en demi-teinte que sa vie et son père lui offrent, Mason pose la véritable question : “So what’s the point ? ”, tandis que sa mère, dramatisant le bilan de son rôle de parent, conclut : “I just thought there would be more.” Vaguement désabusés, impuissants face au temps, les personnages nous renvoient à notre propre fragilité, mais n’en décrédibilisent pas pour autant le projet du cinéaste. La dernière séquence, une des belles randonnées du film, voit s’établir un nouvel échange entre Mason et une jeune fille, qui définit le rapport du metteur en scène au temps : “It’s always right now, you know ?” “The moment seizes us”, disent-ils, sous l’influence de plusieurs drogues, celle qu’ils ont ingérée et celle de leur jeunesse insolente.

beaux moments du récit. Autour de lui davantage que de Patricia Arquette se construisent les instants authentiques, ce cristal sans pathos auquel aspire Linklater. Son comédien en devenir s’en sort la plupart du temps, notamment par un caractère renfrogné qui lui permet de ne pas avoir à trop jouer, mais Cette tentative de circonscrire les qui colore aussi ces instants d’une pu- béances du temps en donnant toute son ampleur à l’instant, voilà le projet deur bienvenue. de Linklater. Sur ce plan, son film est L’intérêt réel du voyage dans le temps réussi. La question, qui reste ouverte surgit donc sur la dynamique même pour moi, est de savoir s’il aurait pu atdu récit : gérant ses ellipses avec une teindre cette lueur en se passant des brutalité volontaire, sautant les années clartés blafardes qui semblent encomsans jamais l’annoncer par un artifice brer le film dans son ensemble. de mise en scène, le cinéaste nous met aux abois. Alors qu’on ronronne au rythme de scènes quotidiennes dila-

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7eme Art Pravda

Le Massacre des morts-vivants (1974) Jorge Grau

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eorge et Edna font connaissance après un accident de la route ayant détruit la moto du jeune homme. Edna lui propose alors de l’amener jusqu’à la ville la plus proche. Une fois arrivés, Edna se fait sauvagement attaquer par un inconnu et qui disparaît aussitôt. Point très inquiétant, l’agresseur serait un petit délinquant mort il y a déjà pas mal de temps... Date de sortie : 1974 (1h33min) Réalisé par : Jorge Grau Avec : Cristina Galbó, Ray Lovelock, Arthur Kennedy Genre : Epouvante-horreur , Science fiction Nationalité : Italien , espagnol

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Le retour des tripes, assez ! Je dois avouer qu’en voyant le titre, ça m’avait l’air d’un bon bousin, puis en lisant le résumé, quelques débuts d’avis, en découvrant que l’héroïne est rousse... Allez, banco. Grand bien m’en a pris. «Le massacre des morts-vivants» ne possède finalement que son titre de ridicule et si l’on passe outre, on risque de passer un fort bon moment, à condition d’aimer les tripes. Et la casquette gavroche du héros. Cette ambiance bucolique et sympathique est quelque peu entachée par un buté inspecteur de police, qui enquêtant sur les premiers meurtres, ne croit bien évidemment pas à une histoire de morts-vivant ressuscités par ce qu’il doit prendre pour du papier tue-mouche perfectionné. Lui suspecte plutôt George et Edna de ces exactions. Bah oui : Nous voilà donc en pleine campagne ils viennent de la ville, lui a les cheanglaise, où un jeune citadin et son veux longs... sûrement des hippies couvre-chef pré-cité (George), après satanistes et drogués ! C’est qu’on la avoir fait la rencontre fortuite d’une lui fait pas à l’inspecteur Barnaby !(3) jeune citadine pré-pré-citée (Edna. Voilà, l’histoire est posée, elle ne Mais si, la rousse. Suivez, bon sang brille pas par son originalité ni les de bois !) va devoir sauver sa peau personnages par leur profondeur. et échapper à une horde... bon, à Le héros est rebelle parce qu’il une demie-douzaine de zombies. (1) On comprend dès le départ que tout est la faute du gouvernement qui n’a rien trouvé de mieux qu’inventer une machine à ultra-sons qui tue tous les insectes à cinq kilomètres à la ronde. Alors c’est pas bien et pas écolo, mais c’est pour le plus grand bien de la production locale de cidre, donc on peut comprendre. C’est bon le cidre. Le n’aime pas les flics, le flic est un sabémol étant que la machine influe laud parce qu’il est flic et l’héroïne également sur les systèmes nerveux est bébête et préfère crier et gémir des morts ayant rendu l’âme récem- lorsqu’elle est attaquée plutôt que ment et les ramène à la vie. Enfin la de fuir car c’est une fille. Là. mort-vie. (2) Mais au-delà de ça, le scénario, simple, certes, tient parfaitement la route et est bien construit ce qui fait que le film fonctionne. Et ces personnages assez clichés sont tous tenus par de bons acteurs, crédibles. Le vrai point fort du film, c’est son ambiance. Dès le début, alors que rien ne s’est encore passé, un certain Numèro 107 - HCFR l’Hebdo

malaise s’installe et par la suite, lorsqu’il faudra faire monter la tension, créer l’angoisse, le réalisateur Jorge Grau ne faillira point. Il nous sert ici l’archétype du zombie : (très) lent, l’air con comme un manche à balai et surtout que rien ne semble pouvoir arrêter. Il y a quelque chose de terrifiant dans cette lenteur, comme si la mort était si inéluctable qu’il ne sert à rien de se presser. Toutes les scènes où ils entrent en jeu fonctionnent parfaitement. Dernier point positif, le soin apporté à la mise en scène. La photographie, bien que sobre est tout de même très soignée ce qui, il faut bien l’avouer, n’est pas toujours le cas dans des films de ce genre. Ce film est tombé injustement dans l’oubli en fait, si vous aimez les zombies (ou le tweed) vous devriez le voir, c’est une bonne surprise. (4) (1) Scuzez mais ce n’est que le début de l’invasion donc il leur faut un peu de temps pour étoffer leurs rangs. Ce ne sont pas des lapins. (lapin... zombie... je crois que je tiens un scénario béton) (2) Bref, tout le monde a déjà vu un zombie donc voit parfaitement de quoi je parle. Parle pour ne rien dire du coup. Bref². (3) En fait, le dit inspecteur n’a rien à voir avec Barnaby, car bien que mes connaissances sur le fleuron de la police britannique soient je l’avoue, assez limitées, il ne paraît pas homme à balancer des taloches à vous décoller les molaires aux suspects qui l’irritent. Je souhaitais juste par cette allusion «so cup of tea» vous rappelez l’ambiance campagne anglaise, prés vert et Austin mini, tweed de partout, etc. (4) La vraie surprise c’est... il ne pleut pas une seule fois ! ON NOUS MENT.

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A LIRE Ze Big Nowhere

Ulysse beau barbu, doré et huilé comme un beignet oublié sur une plage du Cap d’Agde, est retenu prisonnier sur l’île de la nymphe Calypso. Celle-ci, très friande de beignet dégoulinant et adepte des boîtes échangistes capagathoises compte bien se le pécho, le barbu aux yeux de braise. Notre Lylysse se fait chier sévère sur l’île de l’autre chaudasse de Calypso. Il pense aux siens. Son île d’Ithaque où il est le boss, son fils Télémaque, jeune puceau priapique et sa blondasse à grosses loches: la belle Pénélope. Les Dieux ne voient pas d’objections à rendre le joli cul du barbu à sa bonne vieille Ithaque, mais cette vieille raclure de Poséidon ne le voit pas de cet oeil. Cet oeil que Lylysse a crevé à son cyclope de fils, ce crétin de Polyphème. Profitant des nombreuses beuveries de Popo la morue, les Dieux lui permettent de se faire la malle au nez et à la barbe de ce vieux filet de maquereau au vin blanc de Poséidon.

“ L’Odyssée “ pour les nuls (Comme il l’appelle dans l’intimité), bouffant et picolant comme des militants UMP invités à une université d’été. Athéna se transforme en Mentès, un des nombreux peloteurs de Péné (Qu’ils surnomment aimablement «Double Péné») et conseille à Télémaque de se barrer au plus vite prendre des nouvelles de son daron et tenter d’assembler les Achéens pour virer la bande de pique-assiettes qui squattent sa casbah.

Télémaque réunit les prétendants et leur demande d’aller se faire emmancher ailleurs. Le chef des pique-assiettes Antinoos lui répond d’aller se faire fourrer chez les Grecs comme ça il n’aurait pas un grand voyage à faire. Dépité le puceau implore Athéna, qui lui apparaît sous les traits de Mentor, et le convainc de se tirer au plus vite et d’envoyer se faire foutre les fans du fion de sa mère. Il chourave un navire et s’arrache comme Au même moment Athéna déesse de la un vulgaire Jérome Cahuzac. guerre et des élastiques de slibards déboule à Ithaque et voit la pauvre Pénélope Le lendemain, Télémaque débarque à Pyet ses deux jumeaux de deux kilos chacun, los et rencontre Nestor qui lui raconte les assaillies par les prétendants de Lylysse, ab- exploits des héros de cette guerre de Troie sent depuis vingt piges, tentant d’attraper qui a bien eu lieu. Mais pas de nouvelles les deux gros trophées de la gonzesse du d’Ulysse. barbu. Nénesse propose à l’ado boutonneux d’alCes enfoirés de prétendants se sont in- ler voir du côté de Sparte si l’autre con de crustés dans le palais de Lylysse et Péné Ménélas l’aurait pas croisé dans une baroufle quelconque. Télémaque grimpe sur un char et s’envole pour Sparte.

fabuleusement bien nichonnée Péné apprennent que le fils prodigue est parti à la recherche de son père et décident de lui tendre un piège. Le lendemain Athéna rentré au bercail demande une fois de plus à Zeus de lâcher un peu les burnes de Lylysse et de le renvoyer tenter de sauver le 95 D de sa Péné. Zeus est d’accord et dépêche Hermès pour aller annoncer la nouvelle à Calypso. Un peu blasé de laisser partir le beau barbu et de s’être fait ratisser la gueule durant des lustres, Calypso accepte à contre-coeur et conseille à Lylysse de se construire un radeau. Après cinq jours de construction de son rafiot de fortune, notre Frédéric Beigbeder avec des couilles s’arrache de cette île maudite en montrant au loin à Calypso un morceau du rôti pour douze personnes qu’il planquait dans son falzar et qu’elle a perdu à tout jamais. C’est au bout de dix-huit jours de navigation en père peinard comme disait Tonton Georges que cette vieille morue de Poséidon décide de foutre son merdier en lui balançant sur le coin de la gueule une tempête digne d’un repas entre amis chez les bouffeurs de gazon d’EELV. Rafiot détruit, Lylysse dérive durant deux jours avant d’atteindre, tant bien que mal, les côtes abruptes de Phéacie.

Arrivé à Sparte, il est reçu par Hélène et Ménélas qui le font bouffer comme quatre et lui racontent ces merveilleuses anecdotes sur la guerre de Troie à base de jambes coupées, d’oeil crevé et autres testicouilles balancés aux chiens. Après avoir vomi sur le tapis en peau d’ennemi vaincu, il entend au milieu de la logorrhée «Ménélienne» entre Agamemnon le frangin assassiné, des mecs pelés vifs et quelques viols à la chaîne digne d’une prod’ Jackie et Michel, il entend le nom d’Ulysse. Il serait vivant ce grand con ! Quelque part sur une île. Il y croit pas le môme ! Enfin !! Mais pendant ce temps, à Ithaque, les pique-assiettes accrochés au soutif de la Athéna se rend au palais d’Alcinoos roi de

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Phéacie et envoie un rêve à sa fille Nausicaa lui demandant d’aller voir voir sur la plage si elle y est et ainsi pouvoir faire la rencontre de Lylysse. Au petit matin le petit abricot se casse à la playa avec ses servantes pour tremper leurs jolis petits culs. Mais tout à coup sortant de derrière un fourré tel un voyeur de plages, nu, crade et en érection: Lylysse la barbouze. Seule Nausicaa a le courage de rester car seule Nausicaa a pu entrevoir le calamar géant qui reposait peinard entre les jambons du roi d’Ithaque. Elle l’aide, le soigne, le lave, s’attardant dans les recoins et l’amène au palais. Lylysse est reçu comme il se doit. Il picole, il baffre comme un porc mais ne révèle pas son nom pour l’instant. Le jour suivant, Alcinoos invite Lylysse à un banquet en son honneur. Il écoute un aède chanter sa querelle avec Chichille durant la guerre de Troie et laisse échapper quelques larmes que seul Alcinoos perçoit. Celui-ci organise des jeux improvisés et invite Lylysse a y participer. Celui-ci n’ose pas trop mais une fois qu’il a filé la branlée à tous les athlètes de Phéacie, il demande qui est le patron ?! Hein ?! Le repas reprend et l’aède tel le Francis Lalanne et ses cuissardes en peau de couilles revient pleurer les exploits des héros Troyens refoutant la larmiche à Lylysse. Intrigué, le roi demande à son hôte de révéler son identité. C’est ici que Lylysse débute le récit de son périple. Il s’arrache de Troie avec ses compagnons et commence à galérer sévère pendant un bon moment avant de se croire sauver en arrivant sur l’île des Cyclopes où ils sont faits prisonniers par Polyphème, le fiston «naquenoeil» de l’autre sardine en boîte de Poséidon. Poly d’entrée de jeu et pour calmer la compagnie, en bouffe quelques uns. Mais Lylysse qui avait planqué un peu de «jaja», fait picoler Poly et pendant que l’autre soulard de cyclope en écrase bien pépère, Lylysse lui crève son unique oeil tel le Rocco Siffredi perçant l’oeil de derrière d’une Clara Morgane tétanisée. Puis déguisés en moutons, ils déboulent sur la plage, grimpent dans leur rafiot et se font la malle en faisant un gros fuck à Poly. Le cyclope vénère de chez vénère demande à papa Popo de punir ces enfoirés au plus Numèro 107 - HCFR l’Hebdo

vite, de faire que Lylysse galère un max Les voilà déboulant chez Circée, qui offre avant de pouvoir retourner dans sa femme sa boisson empoisonnée à Lylysse qui ne et qu’il soit privé de ses compagnons. bronche pas d’une couille. Impressionné par la force du barbu et son impassibiliLylysse et ses potos débarque plus tard sur té alors qu’elle était en train de lui masser l’île de bronze d’Eole, le gardien des vents, amoureusement les testiboules, elle déqui pourtant n’est pas pétomane. sensorcelle ses compagnons et leur offre à Il se fait offrir une outre contenant les vents bouffer. mauvais à ne pas confondre avec la salle télé d’une maison de retraite, pour pouvoir Ils restent un an chez Circée. Pas pressés, rentrer at home. les mecs ! Nos amis reprennent la mer, mais ses connards de compagnons pensant que Ils se cassent et arrivent chez les Cimmél’outre contient divers trésors, l’ouvre et riens. ni une ni deux les revoilà chez Eole, qui Là s’ensuit des hallus bien balèzes où Lylyspensant qu’on se fout de sa gueule, les vire se cause avec le fantôme de sa daronne lui à coups de savates dans le derche. disant que Péné est resté fidèle malgré la trentaine de zboubs qui lui passait sous le Après avoir laissé quelques compagnons pif tout les jours. se faire bouffer sur une île de géants can- Il voit aussi ses vieux potes de régiment: nibales. Chichille, Gaga, Patrocle ou Ajax «WC» le Il arrive sur l’île d’Aiaié, où crèche l’en- renifleur de chiottes. chanteresse Circé. Quelques compagnons Il voit aussi les enfers: Tantale affamé et aspartent en éclaireurs et découvrent la soiffé, Sisyphe et son rocher à la con, Minos, piaule de Circée avec des bêtes sauvages Nadine Morano et Mimy Mathy. un peu partout aussi douces que des agneaux. Sortis de chez les Cimmériens. Ils retournent Elle leur offre à bouffer et fout une drogue chez Circée où celle-ci leur file quelques dans la boustifaille qui les transforme en tuyaux pour échapper aux sirènes et éviter porcs (Idée que reprendront bien des an- de se faire défoncer par les deux écueils de nées plus tard les patrons de Mc Do). Un leur race: Charybde et Scylla. survivant se casse en vitesse alerter Ulysse Après la petite pétée traditionnelle que qui se met aussitôt en chemin. Lylysse offre à Circée, c’est le départ. Il croise Hermés qui lui file une plante qui Il passe sans encombres les Sirènes grâce annule les sorts de l’autre salope de Circée, aux conseils de Circée. Il bouche les oreilles tandis que Lylysse sort ses trois feuilles de ses marins avec de la cire et s’attache pour se la rouler, Hermès lui explique que au mât de son bateau pour pouvoir les celle-là ne se fume pas. entendre, espérant secrètement qu’elles

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viennent elles aussi s’attacher à son mât. Ils arrivent ensuite à hauteur des deux ordures de Charybde et Scylla : ils évitent Charybde, mais ne peuvent éviter Scylla, qui chourave et bouffe six marins avec l’appétit d’une Roselyne Bachelot tremblante, figée devant un pli de saucisse sèche. Sauvés de justesse, ils échouent sur l’île du Soleil où Lylysse avertit ses hommes de ne pas chasser sinon ça va chier pour leur gueule. Ses compagnons qui s’en branlent total se fourrent du gibier plein la besace durant six jours. Le septième jour, ils reprennent la mer mais sont foudroyés direct par le big boss: Zeus himself. Seul Lylysse, qui n’a rien becquetté, survit au coup de nerf de tonton Zeus et échappe de peu à Charybde. Tel Sasha Grey, le voilà bien accroché à une poutre de belle dimension, dérivant durant dix jours, puis s’échouant sur l’île de la callipyge Calypso où il passe sept ans prisonnier de la nymphe nymphomane. Lylysse vient de terminer son récit. Alcinoos lui promet de le faire rentrer à Ithaque. C’est chose faite dès le lendemain. Il se déguise en mendiant ou en Zaz au choix et file au palais pour foutre son pieds dans les roufles aux prétendants de mes deux. Il est accueilli par son fidèle porcher Eumée qui est un peu comme Cyril Hanouna, il veille sur une bande de bestioles connes et un peu crades. Eumée ne le reconnaît pas et pleure son maître perdu. Pendant ce temps Athéna se pose dans les rêves de Télémaque entre Les nibards de Kate Upton, le fessier de Kim Kardashian et le dentier de Roger Hanin, et lui conseille de rentrer à Ithaque et d’aller voir Eumée. Le lendemain Télémaque est de retour sur l’île et se rend chez Eumée.

Il ne reconnait pas son père, jusqu’à ce que celui-ci lui montre la tache de naissance que tous deux possèdent sous leurs testiburnes. C’est l’effusion.

Antinoos et ses connards refusent et annoncent qu’ils se casseront de la casbah quand Péné choisira l’un d’eux comme époux et unique bénéficiaire du panier regorgeant de nichons et de fesses bien Le père et le fils commencent les prépara- rondes qui va avec. tifs de leur vengeance pour virer les prétendants du décolleté opulent de Péné. Lylysse et son fils piquent les armes du paIls envoient Eumée prévenir le palais que lais et les planquent en lieu sûr. Télémaque est de retour et foutent la pres- Il va voir Péné qui ne le reconnait pas. Elle sion aux pique-assiettes. lui explique qu’elle ne souhaite pas se maLe jour suivant, Télémaque part pour la ville rier et que tout les soirs elle défait le linceul où sa mère le reçoit et le presse de ques- qu’elle tisse durant le jour pour ne pas avoir tions à propos de son barbu ( Ulysse hein à prendre de décision. ! Pas son entrejambe.), mais Télémaque Péné annonce ensuite qu’elle épousera garde le secret. celui qui sera capable de bander l’arc de Dans l’après-midi, Ulysse et Eumée partent son époux et de traverser douze haches pour la ville, toujours déguisé en loqueteux alignées avec une seule flèche, comme le et arrivent au palais. faisait Lylysse. Ils entrent et sont invités par Télémaque à venir casser la graine. Le lendemain Péné fait préparer l’arc et les Les prétendants et leur chef Antinoos se flèches de son barbu et annonce à ses préfoutent de la gueule de Lylysse le pouilleux tendants qu’elle épousera celui qui bandeet lui fracasse un tabouret sur la tronche, ra le plus son gros arc. comme ça, pour déconner. Les cons se jettent sur l’arc mais aucun d’eux n’est en mesure de pouvoir bander Péné qui commence à en avoir plein le cul correctement. du bordel chez elle, descend et demande Ulysse annonce qu’il veut tenter le coup. aux connards, mendiants et autres por- Antinoos se fout de sa gueule et ce pour la chers de se casser au plus vite. dernière fois. En effet Lylysse prend son arc et commence à bander comme un fou, dégommant un à un ces saloperies de pique-assiettes. C’est la boucherie ! Le soir, Lylysse rejoint Péné qui doute encore. Celle-ci lui ment sur la fabrication de leur lit pour le piéger, mais Lylysse qui est champion du monde niveau plumard, explique à Péné les caractéristiques bien particulières du page. Celle-ci est enfin certaine d’avoir retrouvé son Lylysse. Le reste de la soirée est trop dégueulasse pour être raconté.. FIN ( et j’ai synthétisé...)

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Les podcasts HCFR, A écouter ! Depuis octobre 2013, HCFR vous propose des émissions podcastées sur les thèmes du cinéma, du jeu-vidéo & des technologies du Home-cinéma et de la HiFi. C’est avec une grande joie que nous abordons cette seconde saison de podcasts, avec un beau programme à la clef. Si vous ne connaissiez pas l’existence de ces émissions audio web-diffusées, alors il faut absolument que vous y jetiez une oreille. Lancées il y a un an, nous cumulons plus de 21h de programmes et 10 000 écoutes. Avec Xavier, nous lançons donc la saison 2 d’HCFR le Podcast Cinéma, émission dédiée, comme son nom l’indique, au 7ème Art. Après six premiers épisodes, nous souhaitons vous proposer toujours plus de contenu avec cette année de nouveaux thèmes et plein d’invités. Le premier épisode de cette seconde saison était l’occasion de faire le bilan des films sortis au cinéma cet été. Nous vous proposerons en novembre prochain une émission spéciale films comics. Pour ce qui est du Podcast Jeux-vidéo, après deux premiers épisodes d’actualité dédiés à l’E3 et la gamescom, nous avons travaillé avec BennJ et JulianF le concept de l’émission et nous vous proposerons désormais un épisode tous les mois. Actualité, tests de matériels divers et de jeux, dossiers et débats seront de la partie. Enfin, dans la continuité du Podcast Tech, nous allons avec Patrice (Laric) vous proposer une émission sur les installations dédiées fin-novembre. Nous enchaînerons avec un épisode sur la HiFi avec Stéphane (StephHifi) où nous débattrons d’un sujet déterminé avec différents invités. Pour conclure cette fin d’année, nous vous proposerons une émission spéciale, hors-série, entièrement dédiée au dématérialisé, qui conclura l’année 2014 des Podcasts d’HCFR. Bref, un beau programme en perspective, que nous tenions à vous présenter. Merci pour votre fidélité et à très vite ! Pour écouter nos émission, flashez le QR Code ci-dessus ou rendez-vous sur http://www. homecinema-fr.com/podcast/ SnipizZ


A LIRE Pphf

Charlie Hebdo (2014)

Collectif

Je me souviens Ecrire pour soi et pour évacuer. En évitant la rage non maîtrisée, ou la compassion mièvre (pire), ou la commémoration institutionnelle (encore pire) – celle qui transforme le révolté sacrilège en enfant de marie on se souvient de Coluche, sanctifié (et récupéré évidemment) par la grâce des restaus du cœur. Tenter l’écriture, en se rappelant l’année passée avec eux, il y a longtemps, pour une tentative de collaboration (Mais Choron déjà ne pouvait plus payer), dans l’appartement, deux petites pièces et trois belles fenêtres, juste au-dessus du journal à l’époque de la rue des Trois portes. Ce pourrait être un «à la manière» de Georges Pérec. Et qui n’excluera pas, cela va sans dire, les énormités. Je me souviens (mais c’était encore bien avant) de la première mort du journal – qui par la force du décès a provoqué en fait la naissance de Charlie, la couverture en forme de faire-part – Bal tragique à Colombey : un mort, la censure pas tout à fait immédiate, et la renaissance sous le même format, une semaine après. Hara Kiri désormais s’appelle Charlie. Je me souviens des sorties de Choron,

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à Dodin Bouffant, le grand restaurant du coin, à deux pas de la Place Maubert ; Choron entouré de sa bande, et d’autres, champagne dégoulinant, Choron avec son fume-cigarettes en or, vêtu de son fume cigarettes, d’un slip et de socquettes et partant dans le grande salle au milieu des clients un peu surpris et poursuivi par les loufiats – « non, non, Monsieur Bernier, il ne faut pas faire ça … » Je me souviens de tous les numéros censurés, tous ces procès qui n’arrivaient pas à tuer le journal mais qui finissaient quant même par lui coûter très cher ; le jour où ils avaient (c’était pour le mensuel) concocté la couverture – «En France, on n’a pas de pétrole mais on a des idées. Giscard vend sa femme aux émirs». Ils avaient fait un montage photo, très réussi, avec une copine et la tête d’Anne Aymone Giscard, à poil et installée sur un petit tonneau, façon l’Ange bleu, et l’émir de pacotille, Jean Fuchs, le gros de la bande qui disait dans la bulle : «elle est maigre, un demi baril». Retrait immédiat dans les kiosques. Blanchi avant réimpression. Avec Dalida aussi, procès – la photo qui assurait la promotion de son concert la montrait de face, assise, longues jambes écartées, queue de pie, et brandissant devant, au centre, à la

place névralgique, un chapeau melon de parade. Choron dénonçait le vulgaire par le plus vulgaire, joli principe. Alors il a fait un photomontage en enlevant le chapeau. Procès. Je me souviens de Cavanna, qui avait déjà un pied en littérature, son amour de la langue, et les Ritals dans un coin de la tête. Je me souviens de la grande cour intérieure qui jouxtait les locaux du journal, du minuscule logement occupé par la concierge, une caricature, du compagnon de la concierge qui avait inspiré à Reiser le personnage de Bison bourré et son grand slip. Je me souviens de Jean-Marie Gourio, le « fils spirituel » de Choron, qui à l’époque jouait, plutôt bien, au flipper, était très maigre (si, si …), écumait les bistrots, en quête de bière et de poésie des comptoirs. Je me souviens du premier concert de Choron à l’Olympia, en première partie du groupe Odeurs. C’étaient Gourio et Berroyer qui avaient réussi à le convaincre. Il n’était pas musicien du tout, tétanisé – mais il y était allé et il avait même réussi à chanter en mesure. Et ses textes étaient bons – un tango «me serre pas trop je sens tes os», la «Javice», la java de tous les vices, et 40° à l’ombre – 40° à l’ombre Et il n’y a pas d’ombre La scène se passe en Afrique entre deux nègres sympathiques et un enfant étique … 40° à l’ombre et il n’y a pas d’ombre. Autour de lui, il y avait Berroyer à la guitare, Jean-Pierre Gaillet, aux clawww.homecinema-fr.com - Janvier 2015


viers (immense pianiste qui refaisait l’Olympia, 15 ans après les Lionceaux) et Gourio qui avait appris la batterie pour l’occasion. Je me souviens de Jackie Berroyer, qui humait l’air, pupilles dilatées mais toujours aux aguets, qui attrapait tout, nourrissait constamment sa culture de la culture de la rue – musicologue, romancier (en fait il avait inventé un genre, quelque part entre le roman, l’autobiographie et l’essai), scénariste, musicien, philosophe plus tard pour Canal, et même acteur, excellent, la cinquantaine passée. Je me souviens du premier appartement de Berroyer à Paris, Boulevard Ney, une espèce d’auberge minuscule ouverte aux amis égarés, dont toutes les pièces étaient jonchées de vinyls, de Miles Davis aux Pretenders, en passant par Brassens et Ferré. Je me souviens d’un repas, d’un essai de repas à Montmartre, chez Ginette, le meilleur couscous de Paris, autour

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de Berroyer et Gaillet, – où un rire collectif (dont on taira l’origine) impossible à conjurer, avait rendu impossible la passation de la commande devant un serveur médusé. Je me souviens de toutes les silhouettes croisées, tous les amis, des plus célèbres aux anonymes, Gébé et son incroyable gentillesse, Schlingo, Muhlstein, Carali, Sylvie Caster (c’est vrai qu’il n’y avait pas beaucoup de femmes), Blandine, Mano Solo, en punk adolescent déjà écartelé, déjà mort. Je me souviens (même si j’étais loin alors) de la seconde mort du journal et du scandale de Droit de réponse. Choron, retenu par les autres (pour l’empêcher de tomber ?) index dressé face aux lycéens (« Ce sont des petits merdeux »), Gainsbourg, à côté du micro borborygmant « enculés », soufflant dans un ballon phallique émettant des couinements déchirants avant de se redresser et d’éructer – « les paras

à Strasbourg, je les ai mis au pas … » avant de s’écrouler à nouveau, et Siné, plus que radical, faisant le coup de poing contre ADG et les journalistes de Minute. Cabu avait déjà créé tout son bestiaire, Mon beauf, le Grand Duduche, Madame Pompidou et le punk désespéré (Mano Solo évidemment). Cabu, lunaire et l’œil toujours en éveil, ensoleillé. Wolinski flottait toujours entre cul et politique et ceux qui pensent encore qu’il ne savait pas dessiner doivent pouvoir se procurer sa très belle adaptation en BD de la Reine des pommes. Et après l’intermède Val (qu’on n’évoquera pas), Charb, en tirant le journal vers le politique, vers les camarades plutôt que vers les copains, mais l’innocence demeurait chez les vieux garnements, avait réussi à retrouver l’esprit des origines – définitivement sacrilège

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MUSIQUE Pheroe

Truelove’s Gutter (2009) Richard Hawley

Lover the rainbow Dieu lui-même l’écoute en boucle. Pleurant sa race, éreinté par tant de beauté. Comment se relever d’un album pareil ? Comment passer à autre chose ? Essaye donc de vivre comme si tu n’avais jamais entendu ça. Si j’étais Dieu, moi aussi j’aurais les yeux rouges, le coeur en vrac, l’âme en lambeaux. Je me ferais un café, une clope, et je me repasserais Truelove’s Gutter. Ce disque magistral n’a pas fini de tourner sur la platine du Tout-Puissant. La tristesse qui en émane est hautement contagieuse. Richard Hawley, lover looser, met en musique la survivance de l’âme après l’amour, en huit chansons seulement, pas une de plus. Mais des chansons bouleversantes. Un vrai choc. Ou comment redonner toute sa teneur à la mélancolie des amours défaits, sans jamais verser dans la sensiblerie bon marché ou l’effusion à deux balles. Des mélodies d’un classicisme implacable, immédiat, à la fois poignantes et pudiques, simples mais salement pas un pleurnichard. Il n’ignore pas efficaces. Car le gars Richard n’est qu’avec la peine amoureuse, l’humilité seule est pertinente. Jamais, par exemple, il n’abuse des tonalités mineures, si propices aux émotions faciles. Il réussit à rendre tristes des enchaînements d’accords majeurs (un exploit). L’air de rien, ce mec a pondu l’un des plus grands disques des années 2000. Peut-être le plus beau.

d’un Chet Baker — ne s’adresse pas aux midinettes. Une voix virile, ventrale, viscérale. Lourde de vérités, à graver sur vinyle, destination l’éternité. Son chant vient se poser sur des nappes de guitares cristallines teintées de reverb vintage (proches du Wilco de Sky Blue Sky, sorti deux ans plus tôt). Cet homme a tous les talents. Ancien guitariste de Pulp — lassé peut-être de faire le toutou pour Cocker —, il délaisse la brit Sa voix grave de crooner désabu- pop pour le rétro fifties, classieux sé — pas loin parfois, dans la non- et upper style. Ouais mon gars, chalance de ses inflexions, de celle lunettes noires, cuir et gomina,

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comme un Vince Taylor du XXIème siècle, comme un Elvis enfin digne. Le romantisme légendaire, assumé et transcendé, au-delà des stéréotypes. Et sur ce noir immaculé, il porte la guitare rouge des origines : la Gibson ES335, une sanguine, la même que Chuck Berry (mais avec un vibrato Bigsby). L’usage de toutes ces références millésimées ne relève pourtant pas de la simple citation. Le rapport au passé est celui d’un héritage vivant. Pas de jeu non plus avec un quelconque second degré, ses ballades sont à prendre telles quelles, en plein

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ventre. Hawley ne joue pas, il est tout entier à son affaire. Bref, une dégaine old school, certes, mais au service de chansons atemporelles. Ça commence par une ritournelle fragile : As the Dawn Breaks. Comme une berceuse, pleine de douceur, mais pour les grandes personnes, une petite mélodie mélancolique avant de fermer les yeux. Puis Hawley déploie la palette entière des émotions dans le même mood. Un arc-en-ciel de tristesse. Il y a des chansons épiques (Soldier On, Don’t You Cry), d’autres simplement écrasantes (For Your Lover Give Some Time), certaines qui feraient presque naître l’espoir (Open Up Your Door). Quant aux paroles, elles sont toujours sibyllines, suggestives plus qu’explicatives, musicales en fait. Pas la peine de baratiner, tout est admirable. Vraiment.

Lester Bangs n’avait sans doute pas tort lorsqu’il soutenait qu’on ne devrait jamais rencontrer les artistes que l’on admire, par crainte de découvrir leur banalité, voire leur médiocrité. A une époque où la possibilité d’admirer qui que ce soit se raréfie dangereusement, le cas Hawley est tout ce qu’il y a de précieux. Alors Richard, désolé, t’es sûrement un mec bien, mais on ne souhaite pas te rencontrer. On veut être sûr de pouvoir t’admirer encore longtemps.

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Blu-ray

Le Loup Celeste

Colt 45

Fabrice Du Welz

A

rmurier et instructeur de tir à la Police Nationale, Vincent Milès est expert en tir de combat. À seulement 25 ans, ses compétences sont enviées par les élites du monde entier. Son destin bascule le jour où il fait la connaissance de Milo Cardena, un flic trouble, qui va l’entraîner dans une incontrôlable spirale de violence... Nationalité : Français, Belge Genre : Polar, Thriller, Action Année : 2014 Durée : 85 min Réalisateur : Fabrice Du Welz Acteurs : Ymanol Perset, Gérard Lanvin, JoeyStarr, Alice Taglioni, Simon Abkarian

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Malgré une production houleuse et douloureuse, ce polar hard-boiled sombre et anxiogène qui nous plonge en pleine guerre policière à la façon des films d’Olivier Mar-

chal, est un thriller d’action mené tambour battant à la violence saisissante où les grandes gueules du genre, comme Gérard Lanvin (“96 heures” et “Les Lyonnais”) et

Le Blu-ray Image Précises, détaillées et contrastées lorsqu’elles sont bien éclairées, les images deviennent bien moins tranchantes sous un faible éclairage (à deux ou trois exceptions près) avec une précision moindre, des contrastes en dents de scie et des noirs peu profonds. De jour comme de nuit la palette colorimétrique reproduit néanmoins fidèlement la photographie soignée de Benoît Debie. Audio Une piste multicanale particulièrement rendre-dedans qui possède une dynamique rageuse, use d’une spatialisation riche mais pas toujours cohérente, délivre des effets percutants sur tous les canaux et aère puissamment le score étonnant de Benjamin Shielden. Numèro 107 - HCFR l’Hebdo

JoeyStarr (“Polisse” et “La Marque des anges”), gravitent autour de la révélation Ymanol Perset qui crève l’écran. “Colt 45” est donc un polar musclé et nerveux.

Fiche technique Format vidéo 1080p24 (AVC) / [2.35] Pistes sonores Français DTS-HD Master Audio 5.1 Français DTS-HD Master Audio 2.0 Français (AD) DTS-HD Master Audio 2.0 Sous-titres Français pour malentendants Région : B (France) Éditeur : Warner Bros. Date de sortie : 02 janvier 2015

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Blu-ray

Le Loup Celeste

The Scribbler

John Suits

A

ntichambre de l’enfer sur terre, la Tour Juniper regroupe une variété de sociopathes et dégénérés mentaux. Un enfer dans lequel vit Suki, une jeune femme qui tente de vaincre sa maladie mentale à l’aide d’un nouveau traitement dont elle ne contrôle pas tous les effets... Nationalité : Américain Genre : Thriller, Fantastique Année : 2014 Durée : 88 min Réalisateur : John Suits Acteurs : Katie Cassidy, Garret Dillahunt, Michelle Trachtenberg, Eliza Dushku, Gina Gershon

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Scénarisé par Daniel Schaffer, le créateur du comic book éponyme, “The Scribbler” est un thriller psychologico-fantastique bien rythmé au concept audacieux et à l’ambiance glauque où son héroïne, tiraillée par ses différentes personnalités, se voit dans l’obligation de fréquenter une galerie

de personnages tous plus barrés les uns que les autres au sein d’une intrigue étrange et correctement menée. Même si son manque de moyen se ressent, ce DTV est un inédit atypique que mérite d’être découvert.

Le Blu-ray Image

Un transfert HD propre, net et détaillé avec des couleurs maladives (verts et jaunes) pleinement restituées, des contrastes habiles et des noirs (de jais) profonds.

Audio

Essentielles dans la narration (les hallucinations auditives de Suki), ces pistes sonores font bon usage du système 5.1 malgré un budget que l’on devine serré. La gamme dynamique est large, les dialogues sont bien reproduits, le conflit interne de Suki est matérialisé par des voix qui tourbillonnent d’une enceinte à l’autre, les effets sont localisés avec soin, chaque environnement (l’appartement, les couloirs, la cage d’escalier, l’ascenseur) possède une ambiance distinctive, le score d’Alec Puro est atmosphérique à souhait et les basses sont décentes. Numèro 107 - HCFR l’Hebdo

Fiche technique Format vidéo 1080i25 (AVC) / [2.35] Pistes sonores Anglais DTS-HD Master Audio 5.1 Français (VFF) DTS-HD Master Audio 5.1 Sous-titres Français imposés sur la VO Région : B (France) Éditeur : Pathé Date de sortie : 17 décembre 2014

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Blu-ray

Le Loup Celeste

Hercule [3D]

Brett Ratner

M

i-homme mi-légende, Hercule prend la tête d’un groupe de mercenaires pour mettre un terme à la sanglante guerre civile qui sévit au royaume de Thrace et replacer le roi légitime sur le trône. Âme tourmentée depuis la naissance, Hercule a la force d’un dieu mais ressent aussi les peines et les souffrances d’un mortel. Sa puissance légendaire sera mise à l’épreuve par des forces obscures...

Titre original : “Hercules” Nationalité : Américain Genre : Péplum, Aventure, Action, Fantastique Année : 2014 Durée : 98 min (version cinéma) / 101 min (version longue) Réalisateur : Brett Ratner Acteurs : Dwayne Johnson, Ian McShane, John Hurt, Rufus Sewell, Ingrid Bolsø Berdal

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Plus proche du film d’aventure sans prétention que du néo-péplum mythologique, “Hercule” est un divertissement pur jus à la réalisation soignée qui mêle de façon efficace les situations comiques aux scènes de

bataille spectaculaires, au cœur d’un scénario qui démystifie intelligemment son héros pour faire entrer en collision la légende (les 12 travaux) avec les faits (un mercenaire bien entouré). Distrayant !

Le Blu-ray Image Entre la finesse des détails, la richesse des textures, la densité de la palette colorimétrique, l’excellente gestion des contrastes et la justesse des noirs, il est très difficile de prendre en défaut ce transfert HD aux qualités évidentes. Audio La VO qui se montre cristalline, vive et immersive est ultra-dynamique, spatialisée avec grand soin, riche en effets surround et démonstrative du côté des basses. À côté d’elle, la VF non HD semble terriblement éteinte parce que la dynamique est moins enjouée, la spatialisation plus étriquée et les basses atrophiées. La 3D Une conversion globalement très satisfaisante malgré une fenêtre de profondeur qui est la moitié du temps décevante car bien moins travaillée que les 50 % restantes. Il suffit d’ailleurs de comparer l’intensité des plans larges/aériens au rendu moyen des plans rapprochés, qui souffrent soit d’arrière-plans floutés soit de volumes tassés, pour s’en convaincre. Mais l’abondance des débordements (visages, bustes, décors) ainsi que la régularité des jaillissements (armes et effets climatiques), dont plusieurs énormes projections avants (flèches, loup) et arrières (flèches), assurent le spectacle. Numèro 107 - HCFR l’Hebdo

Fiche technique Format vidéo 1080p24 (MVC) / [2.40] Pistes sonores Anglais DTS-HD Master Audio 7.1 Français (VFF) Dolby Digital 5.1 Sous-titres Anglais et Français Anglais pour malentendants Région : B (France) Éditeur : Paramount Pictures Date de sortie : 14 janvier 2015

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La Semaine Prochaine

L’Hebdo L’actualité des sorties cinéma ...

De nouvelles critiques sur le 7ème Art, la musique ou des livres... Mais aussi des surprises, des coups de coeur et encore plus d’articles divers. Rendez-vous le 30 janvier 2015 pour...

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En plus du site web et surtout de ses forums, HCFR s’est diversifié grâce au travail de Fabi et son équipe avec la mise en place du magazine HCFR l’Hebdo Depuis 2013, SnipizZ, avec la participation de nombreux invités, vous propose des émissions audio podcastées sur les thèmes du cinéma, du jeu-vidéo & des technologies du Home-cinéma et de la HiFi.


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