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Edition du 13 Février 2015
Les Nouveaux Sauvages Dossier spécial - Gerardmer 2015 Le Juge Pour une poignée de dollars ...Et pour quelques dollars de plus Le Bon, la Brute et le Truand Vive les femmes ! Shéhérazade et le Délice Casher Slash - La maladie de la chair Woodstock - The Toms - Overkill Special ID - Ninja II : Shadow of a Tear
Edition du 13 Février 2015 Numéro 109 REDAC' CHEF Fabi
REDACTEURS
Djee Guyness Igor Lazein Le Loup Céleste Pheroe Pphf Saint-John Poivrot d’Arvor Sergent Pepper takeshi29 Ze Big Nowhere
MISE EN PAGE Laric
CORRECTIONS Fabi
SOUTIEN ET PUBLICATION Laric - Syntaxeror
Edité par l’association HomeCinema FRancophone (HCFR) association loi 1901 (JO 13/04/2002) siège social : 21, rue de Fécamp 75012 PARIS SIREN : 444 601 892 00029
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SOMMAIRE A L’AFFICHE Sergent Pepper - Damián Szifron - Les Nouveaux Sauvages
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DOSSIER SPÉCIAL Le Loup céleste - Festival de Gérardmer 2015
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SORTIES DE LA SEMAINE Papa ou maman, La Grande aventure de Maya l’abeille, Gus petit oiseau, grand voyage Les Nouvelles aventures de Gros-Pois et Petit-point, Kertu, Les Moomins sur la Riviera Le Prix à payer, La Nuit au musée : Le Secret des Pharaons, Frank Félix et Meira, Jupiter : Le destin de l’Univers, Les Jours d’avant It Follows, Amour Fou, Les Jours venus
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7ème ART Guyness - David Dobkin - Le Juge (2014) Djee - Sergio Leone - Pour une poignée de dollars Djee - Sergio Leone - ...Et pour quelques dollars de plus Djee - Sergio Leone - Le Bon, la Brute et le Truand Pphf - Claude Confortès - Vive les femmes !
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COURT METRAGE takeshi29 - Agnès Caffin - Shéhérazade et le Délice Casher (2010)
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A LIRE Lazein - Slash - Slash (2007)
Igor - Bernard Noël - La maladie de la chair (1995)
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MUSIQUE Ze Big Nowhere - Michael Wadleigh - Woodstock (1970) Saint-John Poivrot d’Arvor - The Toms - The Toms (1979) Pheroe - Motörhead - Overkill (1979)
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BLU-RAY Le Loup céleste - Clarence Fok - Special ID
Le Loup céleste - Isaac Florentine - Ninja II : Shadow of a Tear
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A l’affiche
Sergent Pepper
Les Nouveaux Sauvages
Damián Szifron
L
’inégalité, l’injustice et l’exigence auxquelles nous expose le monde où l’on vit provoquent du stress et des dépressions chez beaucoup de gens. Certains craquent. «Les Nouveaux sauvages» est un film sur eux. Vulnérables face à une réalité qui soudain change et devient imprévisible, les héros des Nouveaux sauvages franchissent l’étroite frontière qui sépare la civilisation de la barbarie. Une trahison amour, le retour d’un passé refoulé, la violence enfermée dans un détail quotidien, sont autant de prétextes qui les entraînent dans un vertige où ils perdent les pédales et éprouvent l’indéniable plaisir du pétage de plombs. Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
Date de sortie : 14 janvier 2015 (2h2min) Réalisé par : Damián Szifron Avec : Ricardo Darín, Oscar Martinez, Leonardo Sbaraglia Genre : Thriller , Comédie , Drame Nationalité : Argentin , espagnol
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Un Risi dérisoire. Le principe du film à sketches a bien des mérites, dont celui d’apporter divers éclairages sur un thème commun, renouvelant notamment l’intérêt du spectateur. «Les nouveaux sauvages», que certains ont voulu comparer avec son illustre et inégalable ancêtre, «Les Monstres» de Risi, offre ainsi des variations sur la crise, offrant à chaque protagoniste l’occasion de péter les plombs. Bien plus gratuit dans sa vision de la méchanceté humaine, bien moins élaboré dans la causticité de son discours, le film est souvent d’une grande facilité, enfonçant avec un dilettantisme assumé les portes ouvertes : contre les contraventions, la corruption chez les nantis, ou sabotant le cérémonial du mariage. L’intérêt n’est donc pas là. On le trouvera dans le premier et le troisième sketch. Par l’efficacité concise du premier, où les coïncidences d’une conversation banale dans un avion révèle la jubilatoire machination d’un jeu de massacre à grande échelle, mais surtout par l’inventivité du troisième, parodie du Duel de Spielberg offrant toutes les variations possibles autour d’un affrontement aussi grotesque
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que méchant. Deux voitures, un pont, deux fous furieux, cent possibilités : tout l’intérêt du format court se déploie dans ce segment et justifie apparemment le projet général. Las, le deuxième sketch, déjà bien dispensable, nous avait avertis d’un possible essoufflement que toute la deuxième moitié du film confirmera. Beaucoup trop longs, bien souvent incapables de conclure avec pertinence, dotés d’une «morale» assez déconcertante (pour le «bombito» retrouvant femme et enfant en prison, pour les amants maudits qui forniquent au lieu de s’entre-tuer) les autres récits peinent à convaincre. La
caricature des situations, finalement de circonstance, n’a d’égale que la mise en scène, vraiment maladroite, donnant le sentiment d’être conduite par un adolescent persuadé qu’il faut inventer des effets pour se poser en cinéaste : et que je te mets la caméra dans la soute à bagage, depuis un distributeur de billets, un coffre, une bouche d’égout, etc. etc. «Les Nouveaux Sauvages» n’est donc ni original, ni particulièrement mémorable dans sa forme, et s’il occasionne quelques rires méchants, sa causticité poseuse a beaucoup du pétard mouillé.
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A l’affiche
Le Loup céleste
Festival de Gérardmer 2015
La 22ème édition du Festival International du Film Fantastique de Gérardmer s’est déroulée du mercredi 28 janvier au dimanche 1er février 2015 sous d’intenses épisodes neigeux, mais l’équipe rédactionnelle s’est tout de même rendue sur place pour profiter de l’évènement. Et nous avons eu raison de braver les éléments déchainés de mère nature car la (très bonne) sélection de cette année valait assurément le déplacement. Voici d’ailleurs nos impressions sur les dix longsmétrages que nous avons eu la chance de visionner 6
The Voices
(États-Unis, Allemagne & France) de Marjane Satrapi Visionné le vendredi 30 janvier à 22h30 au cinéma du Casino. (Compétition)
À son travail, Jerry est amoureux de la comptable. Il fait ses confidences à ses animaux de compagnie dotés de la parole : son chat qui le pousse à commettre des meurtres, et son chien plutôt affable... • Notre avis : Déjantée et trash, “The Voices” est une comédie horrifique proche de l’absurde à la mise en scène pop (les couleurs chatoyantes), au pitch www.homecinema-fr.com - Février 2015
ravageur, aux répliques jubilatoires (les discours ultra-cyniques de M. Moustache et les leçons de morale de Bosco le chien), aux scènes oniriques enjouées (le monde vu par son héros), aux passages morbides dérangeants (la réalité sans filtre hallucinogène) et à la prestation complètement azimutée de Ryan Reynolds, qui n’oublie pas de glisser une métaphore plutôt subtile sur les conditions de vie des marginaux. Une surprise épatante !
Exists (États-Unis) de Eduardo Sánchez Visionné le samedi 31 janvier à 09h30 à la MCL. (Hors compétition) Le synopsis : Cinq amis partent pour une virée dans une réserve naturelle du Texas. Le soir, ils rejoignent la cabane abandonnée de l’oncle de l’un Numèro 109 - HCFR l’Hebdo
d‘entre eux. Quelque chose semble avoir fait fuir les derniers habitants du coin. Rattrapés par la nuit et coupés du monde, ils se retrouvent confrontés à un mal mystérieux qui hante la forêt...
Cub (Welp)
(Belgique) de Jonas Govaerts Visionné le samedi 31 janvier à 11h30 au Paradiso. (Compétition)
Comme chaque été, le jeune Sam, âgé de douze ans et débordant d’imagination, part en camp de scouts dans la forêt. Il se rend vite compte que quelque chose ne tourne pas rond quand il y découvre une mystérieuse cabane visiblement habitée par Kai, un enfant sauvage. Sam croit bon d’en avertir ses guides, mais ceuxci ne le prennent pas au sérieux, interprétant son récit comme l’une de ses habituelles élucubrations. Et pourtant… Le jeune garçon de la cabane s’avère en plus aider un dangereux psychopathe, lequel va redoubler d’ingéniosité pour décimer les louveteaux de la troupe. Un par un...
• Notre avis : Le coréalisateur du film culte “Le Projet Blair Witch” fait son grand retour dans le genre avec ce found-footage forestier qui met en vedette horrifique le sasquatch. La technique des vraies-fausses images obtenues en caméra subjective est maîtrisée, la tension est omniprésente et la peur, qui est judicieusement suggérée durant les 3/4 de la bobine, vient finalement à nous lors d’une dernière ligne droite crispante. Cette incursion dans les profondeurs d’une forêt habitée par le mythique Bigfoot risque de vous détourner des randonnées dans les • Notre avis : bois. Sous l’œil d’une caméra habile (l’usage magnifique du scope), une bande de scouts flamands va devoir faire face à un croquemitaine dans ce slasher forestier d’abord ludique puis inquiétant. La photographie est léchée, les jeunes comédiens sont excellents, le final est graphique à souhait, les clins d’œil horrifiques sont plaisants (le lieu de l’action se trouve non loin de Castelroque qui est une référence évidente à la ville imaginaire Castle Rock créée par Stephen King) et la métaphore sur les traumatismes de l’enfance est judicieuse. Bien plus sombre et radicale qu’attendue, cette fiction est une belle découverte. 7
These Final Hours (Australie) de Zach Hilditch Visionné le samedi 31 janvier à 22h00 au Paradiso. (Compétition) Le synopsis : Douze heures avant que la vie sur Terre ne soit accidentellement et définitivement éradiquée, James traverse une ville où le crime règne en maître pour se rendre à la Fête Ultime, celle de la fin du monde. En chemin, il sauve presque à contrecœur la vie d’une fillette prénommée Rose, qui recherche désespérément son père. Désormais investi d’une nouvelle obscures d’une antique planche de responsabilité, James est alors jeu de spiritisme, un groupe d’amis contraint de revoir les priorités qui Out of the Dark se voient confrontés à leurs peurs sont les siennes tandis qu’approche (États-Unis, Colombie & Espagne) les plus terribles... l’échéance fatale... de Lluis Quilez Visionné le samedi 31 janvier à • Notre avis : • Notre avis : 14h30 à la MCL. (Hors compétition) Produit par Michael Bay et Jason Rude et déchirant, “These Final Blum (le producteur de “Paranormal Hours” est un excellent drame Un jeune couple américain, Paul Activity”) pour le compte de la post-apocalyptique à la mise en et Sarah Harriman, emménage société Hasbro Films, “Ouija” est scène soignée (un sens inné du en Colombie avec leur petite un teen-movie d’épouvante au cadre Scope), à la photographie fille, Hannah, afin de reprendre scénario classique, aux personnages lumineuse, au montage énergique, l’entreprise familiale dirigée par clichés (les teenagers crédules) au scénario solide, aux acteurs le père de Sarah. Mais très vite, et aux jump-scares trop faciles, justes (Nathan Philips incarne d’étranges phénomènes vont mais le savoir-faire hollywoodien parfaitement cette brute de se produire dans leur nouvelle fonctionne à plein régime lorsqu’il héros qui gagne en humanité maison... est question de faire sursauter ou lorsque le monde l’entourant la d’en mettre plein les yeux côté effets perd violemment), aux références • Notre avis : spéciaux. Simple mais efficace ! “madmaxiennes” bien senties, à la Cette ghost story écologique au partition dévastatrice signée Cornel folklore local dépaysant, tournée Wilczek et au final chargé d’émotion. en Colombie par un réalisateur Une œuvre apocalyptique espagnol avec un casting singulière ! international, est plutôt quelconque et trop calibrée pour le grand It Follows public mais les enfants maudits qui (États-Unis) de David Robert Mitchell hantent les lieux font froid dans le Visionné le dimanche 1er février à dos, les rebondissements tiennent 09h00 au Paradiso. (Compétition) en haleine et le climax assure le spectacle. Après une expérience sexuelle apparemment anodine, Jay se retrouve confrontée à d’étranges Ouija visions et à l’inextricable impression (États-Unis) de Stiles White que quelqu’un, ou quelque chose, Visionné le samedi 31 janvier à 18h00 la suit. Face à cette malédiction, au Paradiso. (Hors compétition) Jay et ses amis doivent trouver une échappatoire aux horreurs qui ne Après avoir réveillé les forces semblent jamais loin derrière... 8
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• Notre avis : Cette œuvre d’épouvante viscérale à l’ambiance melancolico-poétique marquante, qui s’intéresse au passage à l’âge adulte avec ses doutes et porte l’ADN du style “carpenterien” (cf “Halloween”), fait monter la pression en continu et offre de beaux moments de frissons lorsque son entité maléfique, métaphore des MST et plus particulièrement du Sida, se met à poursuivre lentement mais inexorablement ses victimes. Ajoutez à cela une mise en scène au naturalisme contemplatif que ne renierait pas Terrence Malick (les somptueux plans de la banlieue pavillonnaire américaine typique) ainsi qu’un score électro aussi planant qu’entêtant et vous obtenez une perle du cinéma fantastique.
zombies affamés. Pour réussir à rester en vie, les jeunes vont devoir affronter ces animaux d’une nouvelle espèce...
en une bande de superhéros hightech, Hiro va tout faire pour sauver la ville et sa population de l’infâme Yokai...
• Notre avis : Cette comédie d’horreur old school (à la façon des productions Troma) aux effets spéciaux cheaps (les peluches castors en animatronics sont marrantes), aux protagonistes timbrés, au scénario qui joue avec les poncifs inhérents au genre, aux dialogues joyeusement grossiers et à l’humour noir méchant, est une série Z déjantée qui a les dents longues. Un nanar parfaitement assumé (en est-ce un du coup ?) qui ravira les adeptes de pellicules “autres”.
• Notre avis : À la croisée des univers de Disney, de Marvel et de l’animation japonaise, “Les Nouveaux Héros” est une aventure à la fois passionnante, rythmée, émouvante et enjouée. Pleine d’action et de bons sentiments, elle est peuplée de personnages attachants (le robot infirmier Baymax), profite d’une intrigue sans temps mort, est visuellement bluffante (la modélisation de la mégalopole futuriste de San Fransokyo ou encore l’animation de haut vol) mais souffre d’un trop-plein de références (les scènes de voltige sont copiées sur “Dragons” et le moyen de locomotion du méchant évoque celui de Lord Business dans “La Grande Aventure Lego”). Il n’empêche que ce « Classique d’animation » des studios Disney est une franche réussite qui réjouira les hommes, qu’ils soient jeunes garçons ou pères de famille.
Les Nouveaux Héros (Big Hero 6) (États-Unis) de Don Hall et Chris Zombeavers Williams (États-Unis) de Les-Nouveaux- Visionné le dimanche 1er février Héros-Affiche-France-Jour Jordan à 14h00 à l’espace LAC. (Hors Rubin compétition) Visionné le dimanche 1er février à 11h00 au Paradiso. (La nuit décalée Un petit génie de la robotique - Bon appétit !) nommé Hiro Hamada découvre qu’un complot criminel menace de Un groupe d’adolescents, partis détruire la ville de San Fransokyo. pour un week-end de débauche Avec l’aide de son plus proche ami, Honeymoon au bord d’une rivière, se retrouve Baymax le robot infirmier, et de ses (États-Unis) de Leigh Janiak confronté à une horde de castors- compagnons qu’il va transformer Visionné le dimanche 1er février à Numèro 109 - HCFR l’Hebdo
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Satrapi (États-Unis, Allemagne & France) et Ex Machina de Alex Garland (États-Unis & Royaume• Notre avis : Cette lune de miel qui vire au Unis) cauchemar, portée par le jeu nuancé de la comédienne Rose Leslie (Ygrit Prix du Public : The Voices de Marjane dans la série “Game of Thrones”), est Satrapi (États-Unis, Allemagne & une production science-fictionnelle France) indépendante qui brille par un Prix de la critique : It Follows de scénario mystérieux, une ambiance David Robert Mitchell (États-Unis) malaisante et des scènes ragoutantes sur la fin. Était- Prix du Jury jeune : Goodnight ce une bonne idée de passer sa lune Mommy de Veronika Franz et de miel sur les bords d’un lac isolé Severin Fiala (Autriche) au fond des bois ? Je ne crois pas non ! Meilleure musique originale : These Final Hours de Zach Hilditch (Australie) ----------------------------------------------Et voici finalement le palmarès Prix du Jury Syfy : Goodnight dévoilé par Christophe Gans, Mommy de Veronika Franz et le président du jury (composé Severin Fiala (Autriche) d’Alexandre Aja, Marie Krémer, Grand Prix du court métrage : Grégory Levasseur, Franck Habana de Edouard Salier (France) Khalfoun, Alysson Paradis, Rob et Christa Théret) de cette 22ème En bonus, retrouvez ci-dessous les édition : critiques de deux autres films qui Grand Prix : It Follows de David étaient projetés lors de cette 22ème édition et que nous avions déjà eu Robert Mitchell (États-Unis) l’occasion de visionner par le passé : Prix du Jury : The Voices de Marjane simple somnambulisme...
16h30 à la MCL. Compétition Juste après leur mariage, Paul et Béa arrivent sur les bords d’un lac isolé pour y passer leur lune de miel. Peu de temps après, Paul surprend Béa déambulant au beau milieu de la nuit et en pleine forêt, seule et totalement désorientée. Le comportement distant et de plus en plus étrange de sa jeune épouse incite Paul à penser que ce qui semble lui être arrivé au fond des bois ne relève pas seulement du
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et recèle de nombreuses séquences traumatisantes (l’ampoule) dont la terrible scène finale devrait heurter psychologiquement un grand nombre de spectateurs. Machiavélique, déroutante et anxiogène, “Oculus” est une belle réussite dans le genre.
The Mirror (Oculus) (États-Unis) de Mike Flanagan Blu-ray Disc canadien testé le 05 octobre 2014. (Film de clôture)
• Notre avis : Portée par le jeu affirmé du jeune Brenton Thwaites et dotée d’un suspense intriguant, d’une ambiance étrange et d’une musique hypnotisante, cette œuvre de science-fiction indépendante, visuellement splendide et narrativement faussement minimaliste, est un thriller extrêmement rigoureux qui use d’un script passionnant en forme d’énigme sophistiquée pour renforcer la puissance à la fois graphique et émotionnelle d’une révélation finale déroutante. Une découverte épatante !
Après avoir passé dix ans en institut psychiatrique, Tim Russell, la petite vingtaine, retrouve la liberté. Alors qu’il souhaite tirer un trait sur la mort violente de ses parents – le traumatisme à la source de son internement –, sa sœur Kaylie lui rappelle qu’ils s’étaient autrefois promis d’enquêter sur les causes mystérieuses de ce drame. Elle achète alors le miroir qui, selon elle, aurait précipité leurs parents dans une démence des plus diaboliques... • Notre avis : Ce thriller d’épouvante horrifique, qui s’attaque au sous-genre du film de miroir possédé, évite soigneusement la surabondance de jump scares, prend le temps de poser son intrigue hypnotique par un adroit « jeu de miroir » et d’installer son atmosphère angoissante, forme une structure narrative originale qui dévoile au compte-goutte toute l’abomination de la situation grâce à un montage habile mêlant le passé et le présent, Numèro 109 - HCFR l’Hebdo
États-Unis en compagnie d’Haley, la petite-amie de Nic, un génie de l’informatique réussit à les attirer dans une zone étrangement isolée… [Brutal fondu au noir.] Lorsque Nic reprend connaissance, il doit s’engager, seul et déboussolé, dans une lutte contre des forces qui semblent désormais le dépasser...
The Signal (États-Unis) de William Eubank Blu-ray Disc américain testé le 21 novembre 2014. (Compétition) Nic et Jonah sont deux étudiants de première année du MIT, l’un comme l’autre passionnés de piratage. Lors de leur traversée du sud-ouest des
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Papa ou maman Date de sortie : Mercredi 04 Février 2015 (1h 25mn ) Réalisé par : Martin Bourboulon Avec : Marina Foïs, Laurent Lafitte, Alexandre Desrousseaux, Anna Lemarchand, Achille Potier Film : français Genre : Comédie Florence et Vincent Leroy ont tout réussi. Leurs métiers, leur mariage, leurs enfants. Et aujourd’hui, c’est leur divorce qu’ils veulent réussir. Mais quand ils reçoivent simultanément la promotion dont ils ont toujours rêvée, leur vie de couple vire au cauchemar. Dès lors, plus de quartier, les ex-époux modèles se déclarent la guerre : et ils vont tout faire pour NE PAS avoir la garde des enfants.
La Grande aventure de Maya l’abeille Date de sortie : Mercredi 04 Février 2015 (1h 25mn ) Réalisé par : Alexs Stadermann Avec : Beate Gerlach, Stefan Krause, Roland Hemmo Film : allemand Genre : Animation Dans l’univers bien ordonné des abeilles, la petite Maya a bien du mal à trouver sa place, et ses tentatives aussi drôles que maladroites pour s’intégrer lui attirent les foudres de la sévère Buzzlina, conseillère de la Reine. Accompagnée de Willy, son meilleur ami, Maya s’envole pour une aventure exaltante.
Gus petit oiseau, grand voyage Date de sortie : Mercredi 04 Février 2015 (1h 30mn ) Réalisé par : Christian De Vita Avec : Arthur Dupont, Sara Forestier, Bruno Salomone, Pierre Richard, Isabelle Renauld Film : français Genre : Animation A l’heure du départ pour la grande migration, Darius, le doyen de la volée est blessé, il va devoir confier tous ses secrets et le nouvel itinéraire du voyage au premier oiseau venu. Et cet oiseau… c’est notre héros, exalté à l’idée de découvrir enfin le monde… mais pas du tout migrateur! 12
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Les Nouvelles aventures de Gros-Pois et Petit-point
Date de sortie : Mercredi 04 Février 2015 (0h 43mn ) Réalisé par : Lotta Geffenblad, Uzi Geffenblad Film : suédois Genre : Animation La suite des aventures de Gros-pois et Petit-point.
Kertu Date de sortie : Mercredi 04 Février 2015 (1h 38mn ) Réalisé par : Ilmar Raag Avec : Mait Malmsten, Ursula Ratasepp, Külliki Saldre, Leila Säälik, Juris Lumiste Film : estonien Genre : Drame Sur la petite île de Sareema en Estonie, Kertu, 30 ans, vit chez ses parents sous l’emprise d’un père despotique. Lors d’une fête de village, elle se rapproche de Villu, un homme à la dérive. Cette rencontre va bouleverser sa vie…
Les Moomins sur la Riviera Date de sortie : Mercredi 04 Février 2015 (1h 17mn ) Réalisé par : Xavier Picard Avec : Irina Björklund, Beata Harju Film : français Genre : Animation L’idyllique vallée des Moomins vit des jours paisibles. Mais il ne faut pas se fier aux apparences. L’intrusion d’une bande de pirates dont le navire s’est abîmé sur des récifs va bouleverser la vie tranquille des Moomins et leur donner soif d’aventure. Accompagnés de Snorkmaiden et de Little My, les Moomins embarquent à bord d’un petit bateau à voiles. Victimes d’une violente tempête, ils s’échouent sur une île déserte avant de rejoindre la Côte d’Azur. Suite à un malentendu, la plus belle suite du Grand-Hôtel leur est allouée. Comme des poissons hors de l’eau, Numèro 109 - HCFR l’Hebdo
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Le Prix à payer Date de sortie : Mercredi 04 Février 2015 (1h 33mn ) Réalisé par : Harold Crooks Film : canadien Genre : Documentaire L’évasion fiscale à grande échelle, telle que les géants de la nouvelle économie la pratiquent, creuse l’écart des revenus entre les privilégiés et le reste du monde, appauvrit les classes moyennes, et affaiblit les fondations de nos sociétés. Et si le prix à payer était la mort des démocraties ?
La Nuit au musée : Le Secret des Pharaons Date de sortie : Mercredi 04 Février 2015 (1h 37mn ) Réalisé par : Shawn Levy Avec : Ben Stiller, Robin Williams, Owen Wilson, Steve Coogan, Ricky Gervais Film : américain Genre : Comédie Ben Stiller réendosse le rôle de Larry, le gardien de musée le plus survolté, dans le dernier volet de la saga La Nuit au Musée. Il quitte New York pour Londres où il va vivre sa plus grande aventure. Accompagné de ses amis le Président Roosevelt, Attila, le Romain Octavius, Jedediah et le pharaon Ahkmenrah, ainsi que de nouveaux personnages délirants, il va tenter de sauver la magie avant qu’elle ne disparaisse à tout jamais.
Frank Date de sortie : Mercredi 04 Février 2015 (1h 35mn ) Réalisé par : Lenny Abrahamson Avec : Domhnall Gleeson, Maggie Gyllenhaal, Scoot McNairy, Michael Fassbender, François Civil Film : britannique Genre : Comédie Jeune musicien rêvant d’être une rock star, Jon croise le chemin d’un groupe de pop avant-gardiste à la recherche d’un nouveau clavier. Il devient vite le protégé de Frank, leur leader, aussi fascinant que mystérieux : ce génie musical vit dissimulé en permanence sous une grande tête en papier mâché. Entre phases de doute et éclats de créativité, rapports fusionnels et crises de confiance, l’enregistrement du premier album du groupe et les concerts les conduiront dans une véritable aventure humaine de l’Irlande jusqu’au Texas !
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Félix et Meira Date de sortie : Mercredi 04 Février 2015 (1h 45mn ) Réalisé par : Maxime Giroux Avec : Hadas Yaron, Martin Dubreuil, Luzer Twersky, Anne-Elisabeth Bossé, Benoît Girard Film : canadien Genre : Drame Tout oppose Félix et Meira. Lui mène une vie sans responsabilité ni attache. Son seul souci, dilapider l’héritage familial. Elle est une jeune femme juive hassidique, mariée et mère d’un enfant, s’ennuyant dans sa communauté. Rien ne les destinait à se rencontrer, encore moins à tomber amoureux.
Jupiter : Le destin de l’Univers Date de sortie : Mercredi 04 Février 2015 (2h 7mn ) Réalisé par : Andy Wachowski, Lana Wachowski Avec : Channing Tatum, Mila Kunis, Sean Bean, Eddie Redmayne, Douglas Booth Film : américain Genre : Science fiction Née sous un ciel étoilé, Jupiter Jones est promise à un destin hors du commun. Devenue adulte, elle a la tête dans les étoiles, mais enchaîne les coups durs et n’a d’autre perspective que de gagner sa vie en nettoyant des toilettes. Ce n’est que lorsque Caine, ancien chasseur militaire génétiquement modifié, débarque sur Terre pour retrouver sa trace que Jupiter commence à entrevoir le destin qui l’attend depuis toujours : grâce à son empreinte génétique, elle doit bénéficier d’un héritage extraordinaire qui pourrait bien bouleverser l’équilibre du cosmos…
Les Jours d’avant Date de sortie : Mercredi 04 Février 2015 (0h 47mn ) Réalisé par : Karim Moussaoui Avec : Mehdi Ramdani, Souhila Mallem, Mohammed Ghouli, Meriem Medjkrane, Chawki Amari Film : français Genre : Drame Dans une cité du sud d’Alger, au milieu des années 90, Djaber et Yamina sont voisins, mais ne se connaissent pas. Pour l’un comme pour l’autre, il est si difficile de se rencontrer entre filles et garçons, qu’ils ont presque cessé d’en rêver. En quelques jours pourtant, ce qui n’était jusque-là qu’une violence sourde et lointaine éclate devant eux, modifiant à jamais leurs destins... Numèro 109 - HCFR l’Hebdo
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It Follows Date de sortie : Mercredi 04 Février 2015 (1h 40mn ) Réalisé par : David Robert Mitchell Avec : Maika Monroe, Keir Gilchrist, Daniel Zovatto, Jake Weary, Olivia Luccardi Film : américain Genre : Epouvante-horreur Après une expérience sexuelle apparemment anodine, Jay se retrouve confrontée à d’étranges visions et l’inextricable impression que quelqu’un, ou quelque chose, la suit. Abasourdis, Jay et ses amis doivent trouver une échappatoire à la menace qui semble les rattraper...
Amour Fou Date de sortie : Mercredi 04 Février 2015 (1h 36mn ) Réalisé par : Jessica Hausner Avec : Birte Schnoeink, Christian Friedel, Stephan Grossmann, Sandra Hüller, Holger Handtke Film : autrichien Genre : Drame Berlin, à l’époque romantique. Le jeune poète tragique Heinrich souhaite dépasser le côté inéluctable de la mort grâce à l’amour : il tente de convaincre sa cousine Marie, qui lui est proche, de contrer le destin en déterminant ensemble leur suicide, mais Marie, malgré son insistance, reste sceptique. Heinrich est déprimé par le manque de sensibilité de sa cousine, alors qu’Henriette, une jeune épouse qu’Heinrich avait également approchée, semble soudainement tentée par la proposition lorsqu’elle apprend qu’elle est atteinte d’une maladie incurable. Une «comédie romantique» librement inspirée du suicide du poète Heinrich von Kleist, 1811.
Les Jours venus Date de sortie : Mercredi 04 Février 2015 (1h 30mn ) Réalisé par : Romain Goupil Avec : Valeria Bruni Tedeschi, Marina Hands, Noémie Lvovsky, Jackie Berroyer, Romain Goupil Comédie dramatique française Le jour venu où vos enfants regardent votre passé comme si vous aviez fait Verdun. Le jour venu où une lettre administrative interroge votre âge et votre statut et vous pousse vers la retraite. Le jour venu où votre dernière idée de scénario ne se transforme pas en film. Le jour venu où votre nouvelle banquière vous convoque impérativement. Le jour venu où vous vous souvenez de votre rencontre avec Elle pendant la guerre à Sarajevo. Le jour venu où vous commencez toutes vos phrases par « avant ». Le jour venu où tout votre temps se décompte, les enfants grandissent, vos parents faiblissent. Le jour venu où vous rencontrez une jeune femme qui aime les vieux : les vieux mariés.
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Les podcasts HCFR, A écouter ! Depuis octobre 2013, HCFR vous propose des émissions podcastées sur les thèmes du cinéma, du jeu-vidéo & des technologies du Home-cinéma et de la HiFi. C’est avec une grande joie que nous abordons cette seconde saison de podcasts, avec un beau programme à la clef. Si vous ne connaissiez pas l’existence de ces émissions audio web-diffusées, alors il faut absolument que vous y jetiez une oreille. Lancées il y a un an, nous cumulons plus de 21h de programmes et 10 000 écoutes. Avec Xavier, nous lançons donc la saison 2 d’HCFR le Podcast Cinéma, émission dédiée, comme son nom l’indique, au 7ème Art. Après six premiers épisodes, nous souhaitons vous proposer toujours plus de contenu avec cette année de nouveaux thèmes et plein d’invités. Le premier épisode de cette seconde saison était l’occasion de faire le bilan des films sortis au cinéma cet été. Nous vous proposerons en novembre prochain une émission spéciale films comics. Pour ce qui est du Podcast Jeux-vidéo, après deux premiers épisodes d’actualité dédiés à l’E3 et la gamescom, nous avons travaillé avec BennJ et JulianF le concept de l’émission et nous vous proposerons désormais un épisode tous les mois. Actualité, tests de matériels divers et de jeux, dossiers et débats seront de la partie. Enfin, dans la continuité du Podcast Tech, nous allons avec Patrice (Laric) vous proposer une émission sur les installations dédiées fin-novembre. Nous enchaînerons avec un épisode sur la HiFi avec Stéphane (StephHifi) où nous débattrons d’un sujet déterminé avec différents invités. Pour conclure cette fin d’année, nous vous proposerons une émission spéciale, hors-série, entièrement dédiée au dématérialisé, qui conclura l’année 2014 des Podcasts d’HCFR. Bref, un beau programme en perspective, que nous tenions à vous présenter. Merci pour votre fidélité et à très vite ! Pour écouter nos émissions, flashez le QR Code ci-dessus ou rendez-vous sur http://www. homecinema-fr.com/podcast/ SnipizZ
7eme Art Guyness
Le Juge (2014)
David Dobkin
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ils de magistrat, Hank Palmer, grand avocat, revient dans la petite ville de son enfance, où son père, qu’il n’a pas revu depuis longtemps, est soupçonné de meurtre. Il décide alors de mener l’enquête pour découvrir la vérité et, chemin faisant, renoue avec sa famille avec laquelle il avait pris ses distances … Date de sortie : 22 octobre 2014 (2h21min) Réalisé par : David Dobkin Avec : Robert Downey Jr., Robert Duvall, Billy Bob Thornton Genre : Drame Nationalité : Américain
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Le père, le fils et le simple d’esprit
(Témoin de la défense:) Au nom d’une paire Ce que j’ai vécu avec mon père fut si compliqué, fait de tant d’incompréhensions absolues, de tensions, de défis ou d’oublis réciproques que, lorsque ce dernier quitta ce bas-monde, je me montrai incapable d’éprouver la moindre émotion, m’obligeant à me demander qui de nous deux était le véritable monstre. Un truc assez fort, vous en conviendrez.
- Dans ces conditions, un film traitant du conflit violent et ancien entre un père et un fils peut-il infléchir votre appréciation sur la qualité de l’ensemble ? - C’est fort possible.
Numèro 109 - HCFR l’Hebdo
- Je n’ai pas d’autres questions, votre honneur. (Témoin de l’accusation:) L’avocat du fiable Quand un film annonce la couleur dès ses premières secondes (en gros, on en devine très clairement la fin au bout de 10 minutes), il faut que la façon dont il progresse soit sacrément réussie. Ce qui est quand même presque le cas ici. rire si communicatif, sont à la hauteur des deux superbes cabots. Cet avocat brillant et cynique qui revient dans son village natal pour Autre point positif, le récit laisse en y enterrer sa mère et doit venir au suspens suffisamment de choses secours de son père, juge local in- pour ne pas l’enfermer dans un carflexible depuis 42 ans, amateur de can asphyxiant. La salle d’audience lourdes peines (un père peinard, en reste aérée. quelques sortes), avec qui il avait rompu tous les ponts depuis ses - Les qualités que vous soulevez sufétudes, ne laisse pas de place à l’im- fisent-elles à expliquer la clémence prévu: nous sommes en terrain ex- dont vous semblez coupable à protrêmement balisé et prévisible. pos de ce film ? - C’est probable. La qualité d’écriture de certaines - Je n’ai pas d’autres questions, votre scènes, la qualité d’interprétation honneur. des deux Robert (Downey Jr., Duvall) tiennent le film à bout de bras. Les auditions sont donc terminées. Les deux frères (Vincent d’Onofrio, Je vous laisse, juge. touchant), dont un handicapé (le simple d’esprit du titre), et la fille, au
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7eme Art Djee
Pour une poignée de dollars (1964) Sergio Leone
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eux bandes rivales, les Baxter, trafiquants d’armes, et les Rojo, qui font de la contrebande d’alcool, se disputent la suprématie et la domination de la ville de San Miguel, au sud de la frontière américano-mexicaine. Un étranger, vêtu d’un poncho, arrive à dos de mulet dans cette petite ville et s’immisce entre les deux bandes. Proposant d’abord ses services aux Rojo, l’étranger va très vite tirer profit des deux camps à la fois, à la grande joie du fabricant de cercueils Piripero. Date de sortie : 1 mars 1966 (1h35min) Réalisé par : Sergio Leone Avec : Marianne Koch, Wolfgang Lukschy, Sieghardt Rupp Genre : Western Nationalité : Italien , espagnol , allemand
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Le Bon.
ne seront pas étrangers à la facture visuelle unique, au rythme contemC’est en 1946 que le jeune Leone platif où même le temps n’a plus entre dans l’industrie cinématoson mot à dire et à la charge émographique. Par la petite porte mais tionnelle de ses œuvres à venir. dans un grand film. Il devient assistant bénévole sur «Le voleur de biEnnio Morricone et Sergio Leone cyclette» de Vittorio De Sica. Il joue étaient camarades de classe. même un petit rôle dans le film, Il faut maintenant un navire pour celui d’un prêtre muet. Une expécet équipage. rience qui, après les quelques apparitions qu’il aura faites pour son En 1964, traumatisé par le «Yojimréalisateur de père, Vincenzo Leone, bo» d’Akira Kurosawa, il en tourne le convainc que sa place n’est pas sa version pour quelques poignées devant la caméra. de lires entre l’Espagne et l’Italie. Le film sortira au Japon sous le titre «Le Il fait son apprentissage comme retour de Yojimbo» suite au procès assistant réalisateur sur plusieurs gagné par le réalisateur japonais à dizaines de films dont quelques qui faut pas chercher des noises. grosses productions américaines tournées dans la botte à l’époque. Un homme sans nom mais avec un Comme «Quo Vadis» ou «Ben Hur ». poncho arrive dans un village déC’est pendant cette période qu’il chiré par deux clans. rencontre pléthore de ses futurs collaborateurs. Le scénariste LuHistoire simple, prétexte à un conte ciano Vincenzoni, le monteur Nino brutal «Pour une poignée de dolBaragli et surtout le directeur de la lars» sera un succès inespéré au photographie Tonino Delli Colli, qui box-office. Marqué par un style visuel suintant, s’attachant à des détails sordides en les filmant en gros plan et quelques panoramiques abracadabrantesques, Leone ne réinvente pas le western américain, il le prolonge.
et nous fait contempler les derniers soubresauts d’un genre qu’il embellit d’un sens baroque de la réalité. Ses héros sont des crapules qui doivent plus à la Commedia dell’arte qu’à John Ford ou Anthony Mann. Le héros Léonien sera un parasite qui profite de la situation. Poussiéreux, avare en paroles, il aime le pognon mais déteste l’injustice. Il filmera les paysages propres au genre, mais ils seront désespérément vides ou il les mangera en collant la tronche d’un margoulin dégoulinant de sueur et de crasse mêlées au premier plan. Artiste nostalgique, cinéphile maniériste, Sergio Leone redonne au genre une vitalité, un angle populaire tout en respectant le mythe. Mythe qui l’intéresse davantage, à l’instar de borgne Ford, que le «vrai» Ouest et son lot de tourments psychologiques qui phagocytent un genre moribond. Le 30 avril 1989, à Rome, une crise cardiaque emporte Leone. Il regardait à la télévision le film de Robert Wise : «Je veux vivre!».
Mais il invente Clint Eastwood. Il transforme la grammaire filmique Numèro 108 - HCFR l’Hebdo
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7eme Art Djee
...Et pour quelques dollars de plus (1965) Sergio Leone
«L’indien», bandit cruel et fou, s’est évadé de prison. Il se prépare à attaquer la banque d’El Paso, la mieux gardée de tout l’Ouest, avec une quinzaine d’autres malfaiteurs. Le « Manchot» et le Colonel Douglas Mortimer, deux chasseurs de primes concurrents, décident, après une confrontation tendue, de faire finalement équipe pour arrêter les bandits. Mais leurs motivations ne sont pas forcément les mêmes... Date de sortie : octobre 1966 (2h10min) Réalisé par : Sergio Leone Avec : Clint Eastwood, Lee Van Cleef, Gian Maria Volonte Genre : Western , Action Nationalité : Espagnol , ouest-allemand , italien
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Sixty-Seconds To What Sergio Leone grandit Viale Glorioso, à Rome, dans les années 30. À l’âge de 19 ans, il écrit son premier scénario, une histoire de rite de passage autobiographique auquel il donne le nom de la rue de son enfance. Au milieu des années 60, après «Pour une poignée de dollars», il envisage d’en faire son prochain film. Une œuvre personnelle, avec des bambins partout, sa fresque serait sombre et intimiste. Pourtant, il renonce. «I Vitelloni» de Frederico Fellini, sur un sujet proche mais plus léger, sera l’excuse qu’il servira à qui veut l’entendre. Leone lui, évoquait les pupi siciliani (marionnettes siciliennes), les jeux d’enfants dans les ruelles romaines, les bd américaines clandestines qu’il dévorait et les après-midi passés au cinéma de quartier, devant des Buster Keaton, des Chaplin, «La Chevauché fantastique» de John Ford ou «La piste de Santa Fé» de Curtiz.. Même s’il ne le réalisera jamais, ce qui devait être une histoire d’amour avec le cinéma, il lui contera fleurette dans tous ses films et parsèmera toutes ses œuvres des réminiscences de son enfance. Le concours de «celui qui pisse le plus loin»en préambule d’ «Il était une fois la révolution» pour ne citer que ça. Numèro 108 - HCFR l’Hebdo
Tu ne m’empêcheras pas de penser que le succès inespéré de son western, la perspective d’explorer plus avant ce genre qu’il contribue à réinventer et, surtout, les montagnes de dollars qui se dessinent à l’horizon à l’idée d’une suite, sont des excuses plus acceptables. Or, il ne tournera pas de suite. Seul le titre original, «The Bounty Killers», sera transformé pour entretenir la filiation. En combinant mythe et réalité, Leone avait approché un territoire qu’ils sont peu à fouler du pied. La lisière du rêve. Sa générosité, sa truculence, son sens du cadre ont pu y exploser à la face du monde et devenir la référence d’un cinéma populaire à l’européenne. Il sait que le monde n’a encore rien vu. Les coudées franches, assis sur un budget confortable, il prend presque les mêmes et remet le couvert. Clint n’est plus cet acteur américain de série télé qui ressemble au Django de Corbucci, Eastwood est devenu une star. «Et pour quelques dollars de plus» enclenche son iconisation. Il est le Manchot, un chasseur de prime, personnage plus épais que le précédent qui n’était qu’une sorte de spectre. Plus drôle, aussi. Gian Maria Volonté, fiévreux, suintant, dégoulinant, est l’Indien. Qu’il
crache son mépris ou laisse éclater son rire exubérant, il est de retour pour un rôle de méchant dégueulasse, tourmenté par ses actes passés, que la mélodie de sa montre boîte à musique fait rejaillir comme une malédiction. Lee Van Cleef est le Colonel Mortimer, chasseur de prime lui aussi. Et il éclabousse tout ça de sa classe malsaine. Le regard perçant, il est impitoyable et habité d’une mission plus noble que le tiroir caisse. Il faut le voir craquer son allumette sur la bosse de Klaus Kinski au moins une fois par an. Enfin moi, c’est ce que je fais. Divertissement au souffle baroque dévastateur, Leone emprunte quelques éléments aux films qu’il aime, le Vera Cruz d’Aldricht notamment. Quand on voit Mortimer s’en aller solitaire, abandonnant son butin à son rival plus jeune, difficile de ne pas penser à Gary Cooper et à Burt Lancaster. Morricone compose comme s’il faisait chanter des anges, à base de sifflotements, et les images sont tellement granuleuses (D.Dallamano) que t’es obligé de tousser. Un film prophétique qui annonce un chef d’œuvre à venir. Le monde n’a encore rien vu. (T’inquiète, le monde, ça vient)
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7eme Art Djee
Le Bon, la Brute et le Truand (1966) Sergio Leone
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endant la Guerre de Sécession, trois hommes, préférant s’intéresser à leur profit personnel, se lancent à la recherche d’un coffre contenant 200 000 dollars en pièces d’or volés à l’armée sudiste. Tuco sait que le trésor se trouve dans un cimetière, tandis que Joe connaît le nom inscrit sur la pierre tombale qui sert de cache. Chacun a besoin de l’autre. Mais un troisième homme entre dans la course : Setenza, une brute qui n’hésite pas à massacrer femmes et enfants pour parvenir à ses fins.
Date de sortie : 8 mars 1968 (3h0min) Réalisé par : Sergio Leone Avec : Clint Eastwood, Eli Wallach, Lee Van Cleef Genre : Western Nationalité : Espagnol , italien
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Le Fion, la Flûte et le Gluant.
qui l’Enfer de la guerre est un terrain de jeu, un Paradis. Un silence ecclésiastique sur un ciel Leone filme un opéra, un carnaval qui écrase tout. de cadavres où la barbaque porte Un silence paisible comme une nonne, soudain violé par le coyote de Morricone. Une farandole truculente et macabre, un truc un peu lent mais tellement grand où trois filous cherchent un trésor en or pendant la Guerre de Sécession. Un blond cynique, fils de pute par excellence, un vautour tenace avec encore ses flingues au ceinturon, où des plaies à la place des yeux et un elle boucane, Santiags biseautées bronzé qui transpire le vice et les viaux pieds, en pointillés, et sème cissitudes. sur sa route les futurs locataires de Que le Nord et le Sud se déchirent, boîtes en sapin. ils n’en ont rien à foutre, tout ce qui Il invente l’oasis, le mirage. les intéresse, c’est le roro. Des RaOù l’on croit pouvoir boire par les cailles Magnifiques en ménage à yeux, hypnotisés, et s’abreuver, trois qui coince par ci, par-là, et pour étancher cette soif qui taraude à tant de beauté déposée sur la toile. Poète de la poussière et la boue, il farde sa vérité, son fantasme, d’une violence qui suinte et dégouline, baroque, captivante jusqu’à l’ivresse, Numèro 109 - HCFR l’Hebdo
l’excès, et son extase apnéique ultime, la jouissance : l’éjaculation cinématographique. Leone joue avec le temps comme s’il avait les clés. Il pince entre ses doigts boudinés l’élastique. Il tire dessus jusqu’à le faire blanchir, jusqu’au point de rupture. Tu passerais ta langue sur le caoutchouc, il en aurait changé le goût. Il sublime son rêve de l’Amérique, chorégraphiant en sarabandes circulaires les trajectoires de ces spectres putréfiés. Il plombe son récit de sueur et de sang, peint des paysages panoramiques où l’Homme est tout, et rien. Où juste une poignée d’entre eux, trois sortes de demi-dieux, se dressent, jambes écartées et bastons de regards, de mascarades en coups de pute, jusqu’à la confrontation finale, aux portes de l’au-delà. Juste avant, à nouveau, le silence.
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7eme Art Pphf
Vive les femmes ! (1983) Claude Confortès
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ob, séducteur impénitent, et Mammouth, son voisin solitaire et encombrant, partent en vacances dans le Midi. Ils y retrouvent Viviane, une prof de dessin, et sa copine Ginette. Bob et Ginette ne tardent pas à entretenir une liaison... Date de sortie : 23 novembre 2007 - en DVD (1h27min) Réalisé par : Claude Confortès Avec : Roland Giraud, Maurice Risch, Catherine Leprince Genre : Comédie Nationalité : Français
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Vive Reiser !
l’œuvre de Reiser est absolument impossible à adapter au cinéma. Et l’intérêt majeur de cette « tentative » est précisément de permettre une réflexion, certes modeste, sur la transposition, sur l’adaptation au cinéma d’une autre œuvre artistique – et d’évoquer, pour le cas présent, la supériorité de l’image fixe sur l’image mobile. L’œuvre de Reiser tourne au rouleau compresseur ou au jeu de massacre. Il pousse à l’extrême l’idée de l’humour bête et méchant, au-delà de l’humour noir, et sa déclinaison préconisée par le professeur Choron, grand sage – dénoncer le vulgaire par le plus vulgaire. Et tellement plus vulgaire qu’on finit par échapper à toute vulgarité.
Idée dans doute contestable que celle de choisir un nanar définitif pour évoquer à nouveau (mais de façon très oblique, délibérément) l’ombre de Charlie, à l’abri de l’ombre, immense, de Reiser. Cela dit, Claude Confortes faisait partie de la famille, passait régulièrement aux locaux de la rue des Trois portes – et le film n’est pas simplement une affaire de droits d’auteur ou d’adaptation, en témoignent les caméos très amicaux de Cavanna, Gébé et Wolinski, la présence dans le casting de Michèle Bernier (qui à l’époque était surtout la fille de Choron) et plus encore l’implication de Reiser dans l’adaptation et les dialogues. Et il y a Reiser. Et le dessin de Reiser – apparemment bâclé, un gribouillage, quelques traits, des personnages que l’on reconnaît difficilement d’une vignette à l’autre (mais on les reconnaît bien sûr) : le dessin de Reiser est expressionniste, hyper expressionniste, très au-delà de la caricature, presque stylisé, en noir et blanc évidemment. Et il ne représente jamais des personnages identifiables, connus, jamais des politiques (il est vrai qu’à l’époque le journal était beaucoup Alors pourquoi le film est-il aussi mau- moins politisé dans ce sens-là). Les pervais ? sonnages de Reiser, tellement travaillés Ce n’est pas essentiellement lié au en fait, représentent des gens «orditravail de Claude Confortes, qui était naires», même pas, plutôt des «spécid’abord un metteur en scène de théâtre mens» d’humanité, des idées (aussi exet qui n’a d’ailleurs jamais tourné que cessives que réalistes) de nous-mêmes, trois fois pour le cinéma – et toujours à et l’on pressent déjà qu’ils ne peuvent partir d’adaptations des grands auteurs pas être «incarnés» par des acteurs. du Square – Wolinski, Pichard ou Reiser. Car Reiser représente une humanité Mais il est vrai que ces films tendent lar- déchue, soumise à une solitude désesgement vers les œuvres de Max Pecas, pérée (Gros Dégueulasse, son personde Philippe Clair ou de Michel Lang … nage le plus emblématique, qui finit Cela ne tient pas non plus à la technique par s’ouvrir les veines avec le couvercle de la transposition, car des techniciens d’une boîte de cassoulet), à la violence assez remarquables travaillaient autour extrême de la société et à sa propre viodu réalisateur, Ricardo Berta à la photo- lence. graphie, Alexandre Trauner aux décors Il dessine un univers cruel, sale, im… monde, choquant, scatologique mais En réalité le problème vient du fait que si excessif et si maîtrisé dans sa dimension scandaleuse qu’il en libère une poésie insolite. Les textes de Reiser, ses dialogues sont faits pour être lus – pas pour être dits. Ce sont d’abord des coups de poing dans la gueule, qui provoquent le rire (un rire noir, ou blême, pas un rire gras), puis après le rire, et presque sournoisement, la réflexion. Numèro 109 - HCFR l’Hebdo
Vive les femmes, décliné par Reiser, est une œuvre glauque et poétique. Vive les femmes, adapté par Confortès est une œuvre vulgaire et kitsch. D’une vulgarité totale – on n’aura gardé au bout du compte que les blagues sexuelles présentées de la façon la plus lourdingue, transformé les dialogues provocateurs et cruels en tirades boulevardières (et, très paradoxalement, sans les modifier – par le seul fait de les dire), «incarné» les personnages totalement symboliques avec des acteurs qui rament pour jouer (faux, évidemment) et dire des dialogues impossibles à dire, remplacé le noir et blanc universel par des costumes bariolés dignes d’Au théâtre ce soir. On restera indulgent – pour les efforts des comédiens, leur abattage, Maurice Risch condamné au rôle impossible de Gros Dégueulasse, Michèle Bernier (avant, et topless), Catherine Leprince, qui paye énormément de sa personne, Maurice baquet …, pour la reprise de séquences et de dialogues cultes, même si c’est très raté – le dragueur des plages à la méthode infaillible, «dites, vous voulez pas tirer un p’tit coup avec moi… ? », le noël festif réunissant toute la compagnie, le strip-tease humanitaire, la culotte de Pauline échouant au pied de l’immeuble et aux pieds d’un aveugle qui la rapportera évidemment à sa propriétaire… Et pour l’ombre de Reiser.
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COURT METRAGE takeshi29
Shéhérazade et le Délice Casher (2010) Agnès Caffin
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ésespérée de trouver un boulot, Shéhérazade, jeune palestinienne sans papiers, se présente rue des Rosiers suite à une annonce : “ Le restaurant de luxe “Délice casher” recherche un aide cuisinier juif. S’adresser à Esther...” Date de sortie : inconnue (20 min) Réalisé par : Agnès Caffin Avec : Fanny Ardant, Nailia Harzoune, Jacky Nercessian Genre : Comédie , Famille Nationalité : Français
A quoi casher que Shéhérazade elle se frottés et l’immense majorité, qui par décarcasse ? trop de manichéisme, qui par un traitement au minimum maladroit car Agnès Caffin a indéniablement une trop partisan, s’y sont piqués. grande qualité : ne pas se prendre pour ce qu’elle n’est pas. Ainsi, après J’ai donc commencé ce film avec les avoir abordé la comédie romantique pires craintes et en suis sorti plutôt par un biais original dans «Le Cour- soulagé et charmé. La réalisatrice n’a rier du parc», elle s’attaque cette fois certes pas de l’or entre les mains, et à un sujet pour le moins glissant, ce- elle semble en être consciente, ce qui lui du conflit israélo-palestinien, sujet donne à son cinéma un vrai parfum de propice aux vautrages en tous genres. modestie et de générosité. Elle a claiÉnormément de réalisateurs s’y sont rement le sens de la poésie et propose
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ici un joli récit doux-amer, ne cédant pas aux sirènes de la fable niaiseuse, trop souvent pratiquée par ceux qui décident de s’attaquer à un sujet lourd. Et il y a ce bonheur, chacune de ses apparitions à l’écran étant définitivement un instant sublime, de voir l’une des plus grandes actrices contemporaines : Fanny Ardant.
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A LIRE Lazein
Slash (2007)
Slash
Use Your Destruction Depuis 25 ans, Slash m’accompagne quotidiennement, il s’est confortablement greffé quelque part dans mes oreilles, mon cerveau et mon coeur.
Slash nous invite au Panthéon du Rock n’ Roll. En nous tenant par l’épaule, il nous dévoile la genèse de la création de Guns n’ Roses, cette alchimie de 5 entités qui formeront ce groupe hors-normes en relatant leurs galères, leurs séances de shoot à l’héroïne, leurs overdoses, leurs engueulades, leurs gueules de bois, leurs désintox’ ratées, leurs anecdotes les plus salaces... Mais surtout les secrets de la création et de l’enregistrement d’un des albums les plus aboutis de l’Histoire du Rock : «Appetite For Destruction» !
Né Saul Hudson en 1965 à Stoke, Angleterre, ce métisse qui incarne le dernier des guitar hero nous convie dans les backstage de sa carrière et de sa vie. Il relate son enfance instable faite de déménagements incessants, de parents rapidement séparés, insouciants, volages, excentriques, menant une vie L’inspiration de ce chef d’oeuvre qui aura mis deux ans à décoller dans de bohème... les charts, a pour carburant, comme Féru de BMX, de skate et de Metal, souvent, une consommation excesSlash s’est forgé dans la margina- sive et inconcevable de drogues lité. Un mode de vie qui a inexora- dures. blement mené cet adolescent, incompatible à la scolarité, vers des Slash nous trimballe tout le long matières plus stupéfiantes (pour des tournées du groupe en nous l’anecdote, il eut comme camarade confiant moult anecdotes (Slash à deux doigts d’intégrer Megadeth !), lycéen Lenny Kravitz). des confidences liées à «Lies» (ses faux morceaux «live»), les sessions et la tournée megalo-mondiale de «Use Your Illusion».
conteste les plus phénoménales de toute sa carrière mais aussi les plus déprimantes lors des dernières ! La majeure partie de sa vie vouée à la dépravation et surtout à sa passion pour le Rock n’ Roll lui coûte d’être porteur d’un pacemaker depuis une quinzaine d’années. La bio s’interrompt en 2007, alors que Scott Weiland est encore le chanteur de Velvet Revolver, un autre leader dévoré par ses démons et à propos duquel Slash pourrait Petit bémol et certainement par s’étendre lors d’un éventuel second crainte de représailles judiciaires, volet de ses aventures. Axl Rose est abordé avec des pincettes. Slash se justifie en insistant A bientôt un demi-siècle, marié, à chaque fois qu’il ne s’agit que de papa de trois enfants, Slash certison point de vue. Il dépeint l’obs- fie être clean de toute addiction cure personnalité du chanteur que depuis quelques années, exceptée l’on connait déjà : parano, schizo- celle communicative de nous transphrène, manipulateur... fuser sa passion pour la musique. Long live Slash !!! Les 3/4 de sa biographie sont consacrés aux dix années passées au ser- h t t p : / / w w w. d e e z e r. vice des Gunners mais ce sont sans com/fr/playlist/256937521
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A LIRE
La maladie de la chair (1995)
Igor
Bernard Noël Monologue du Vous
On se sent soudain tout petit. Minus. Quand Bernard Noël entreprend d’aligner les mots en une folle farandole dérangée. On se dit qu’écrire n’est pas affaire de choix, qu’apposer mot sur mot, terme après terme, résonance brute du verbe apprivoisé, que ce miracle doit bien son occurrence à quelque coup de pouce divin, un coup de main d’autre part. On se sent d’un coup maladif, un brin débile, fébrile. Quand Bernard Noël se lance et nous lance dans son monologue du Vous. Gageure insurmontable croyons-nous que ce monologue pluriel au double défi biographique. Double en effet car s’appuyant sur un vécu terrible, irréel. L’enfance brisée de Georges Bataille entre les lignes de Noël et leurs sonorités diablement autobiographiques. Autobiographe d’autrui, un peu de chacun en l’autre. Pendant que l’un dépérit intérieurement, victime prénatale de parents
amoraux, l’autre s’exalte, s’emporte sans retenue, à en perdre le fil d’un récit jusqu’alors sérieusement borné, bannissant la rigueur historique au profit d’une plongée terrifiante dans les vices partagés. Absolument pluriel bien sûr, tant et si bien qu’il n’y a qu’à laisser agir le puissant élixir verbial, qu’à s’y abandonner un temps, même si le dégoût du vulgaire nous enjoint à fuir ces pages, même si la crudité crasse se fait torture. Car la multiplicité créative de l’œuvre fascine autant qu’elle effraie. Par sa forme autant que son fond, elle effraie. Par l’implication vraie qu’elle implique, elle restreint. Par la réflexion qu’elle amène, elle rebute. Par les noirs chemins qu’elle déploie, elle subjugue. On se sent pourtant moins seul avec ces mots. Auprès de ces Vous si possessifs. Ces Vous qui vous prennent aux tripes, qui vous prennent à leur piège participatif. Vous êtes l’antihéros, le fou morbide. Vous êtes le réceptacle à sensations, le creuset à fantasmes déviants. Vous êtes l’enfant qu’on abandonne et torture, le père criminel puis victime, l’empathie du petit, la mère pieuse et sournoise, la terrible malfaisance humaine, la vengeance perverse, la chaise solitaire et les lourds rideaux. Vous êtes la chair partagée.
alors qu’aucun mot n’est perdu pour Noël, que la plus interminable logorrhée, apparemment purgative, fut un travail acharné, un artisanat savant, ancestral. On saisit alors les fondements de cette autre religion, ce culte bizarre des mots où tout est prétexte à émouvoir, à créer un avenir depuis un passé néfaste, à détruire le connu pour offrir l’inconnu.
On se sent finalement épuisé, dépassé par l’écrasante maîtrise d’un auteur d’apparence si douce. Quand Bernard Noël parle – et il parle peu sans sa plume, il pèse chaque injonction longuement, en quête perpétuelle de vérité froide – le silence se fait car chaque intervention semble être testamentaire. On comprend Numèro 109 - HCFR l’Hebdo
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MUSIQUE Ze Big Nowhere
Woodstock (1970) Michael Wadleigh
Le champ des possibles 15 Août 1969. Au loin le fracas assourdissant de milliers de semelles frappant le sol. Un nuage de poussière s’élève au fond de la plaine, roule, se déforme et devient menaçant. C’est l’avancée inexorable d’une partie du monde, un monde débraillé, chevelu. Un bout d’humanité désabusée perdant sur ce chemin poussiéreux la carte magique permettant de retrouver l’ «American Way of Life» . Le rendez-vous des rêveurs, de ces doux utopistes qui jetaient des fleurs au ciel, les yeux plein d’amour, alors que de l’autre côté de leur monde c’est l’acier qui tombait, brûlant, hur- des joints plein la cartouchière. Voilà ce flot, cette marée humaine qui lant, de ce même ciel immaculé. se déverse dans le champ du fermier C’est une armée qui gronde sur la Max Yasgur. Un champ de blé transroute de Bethel près de Woodstock, formé en champ de bataille. une armée bancale, bringuebalante Des tonnes de Hippies qui fondent qui débarque sur ce petit coin de littéralement sur cette petite ville de cambrousse dans un brouillard can- l’État de New York, arrivant par centaines, par milliers, un sac sur le dos nabique épais. Une armée grouillante qui avance et rien dans les poches. en rang serré, équipée d’armures en Sans le savoir, une génération s’est peau de mouton et de casques en donné rendez-vous dans ce champ fleurs tressées. Des militaires aux yeux de blé pour une communion sans perdus dans le vague, avec un bang précédent. en bandoulière comme seule arme et Rien n’arrête la marche de ces militaires aux yeux rouges, rien ne résiste au «Flower Power», ni les kilomètres avalés pour participer à la grand messe psychédélique, ni les barrières, ces grillages délimitant l’enclos du festival, qui cèdent sous le nombre des participants et le poids de l’histoire en marche. Ces milliers de personnes venues communier dans la paix, se serrant les unes contre les autres pour écouter la bonne parole. 32
Toutes ces brebis s’agglutinant autour de cet autel de bois, cette scène perdue au milieu de l’humanité, comme un radeau fragile au milieu d’un océan déchaîné. Un autel dressé à la contre-culture et célébrant dans une messe électrique le nouveau Messie Psychédélique: le divin Flower Power. C’est Richie Havens qui vient le premier annoncer la bonne parole aux brebis épuisées, avachies après leur long voyage dans ce champ encore vert. Havens, sa guitare sèche et son jeu si particulier ouvre la messe avec son hymne à la liberté, son «Freedom» qui donne le «La» à «Trois jours de paix et de musique». https://www.youtube. com/watch?v=rynxqdNMry4 Arlo Guthrie, Joan Baez et Ravi Shankar entre autres viennent illuminer ce premier jour de festival, finissant d’apaiser les peurs et les doutes de ces missionnaires, qui s’aperçoivent finalement qu’ils ne se sont pas trompés de chemin. www.homecinema-fr.com - Février 2015
Le lendemain, la marée humaine ne cesse de rouler, d’enfler, d’envahir dans un éclat de rire insouciant ce pauvre champ. Tout vole en éclats: Barrières, guichets, vêtements, sobriété... Le festival dévore ce bout de terre; tel une gangrène Woodstock se propage, transforme l’herbe en boue, s’étend à l’infini. Le flower Power vient d’accoucher d’un ogre affamé et pacifiste. Il faut nourrir cet ogre rigolard et défoncé, calmer ce géant imprévisible qui d’une seule main pourrait détruire ce frêle autel de bois planté dans sa main comme une vulgaire écharde. C’est Quill et Country Joe McDonald qui viennent nourrir le monstre, donner la première cuillère. Carlos Santana et sa guitare Inca débarque sur scène avec ses Indiens musiciens et tels ses glorieux ancêtres vient offrir le sacrifice de son âme
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au Titan Hippie insatiable. https:// www.youtube.com/watch?v=xBG6IaSQCpU S’ensuit par la suite un défilé majestueux, des artistes possédés venant rendre l’hommage musical au géant. Les plus grands viennent se prosterner aux pieds de l’immense statue de glaise: The Grateful Dead, Creedence Clearwater Revival, Sly and the family stone... Canned Heat crachant leur Blues râpeux à la gueule de ces Hippies comateux. https://www.youtube.com/ watch?v=3doBiU6nN0k Janis Joplin envoûtée pleurant son «Ball and chain» et touchant l’espace d’un instant le plus haut des cieux https://www.youtube.com/ watch?v=h66qXAK-q3o La sublime Grace Slick et son Jefferson Airplane, groupe mythique de la mouvance du San Francisco Sound, continue de combler de présents le Dieu Woodstock et jette à ses pieds comme offrande le très Pop» Somebody to love « et l’hymne fou «White Rabbit» https://www.youtube.com/ watch?v=v_gg6JNLtXI C’est les Who qui clôturent ce samedi mythique. C’est une «My Generation» trempé dans le LSD (comme celui que l’on aurait versé dans la tasse
de thé de Pete Townsend avant le concert et sans qu’il le sache. L’horreur !) qui résonne aux oreilles elles aussi acidifiées de ces auditeurs chevelus. https://www.youtube.com/ watch?v=F03a-EYvifU Dimanche. Les fidèles de cette messe, de ce Sabbat psychédélique ont complètement investi ce champ sacré; vivant nus comme les premiers hommes, dormant à même le sol comme le premier jour de la création.
C’est un monde qui naît, un nouveau continent que ces conquistadors aux yeux rouges découvrent et colonisent le temps d’un week-end. The Band, Country Joe & The Fish et le fabuleux Bluesman albinos Johnny Winter se relayent pour contenter l’appétit de l’ogre.
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Joe Cocker l’apprenti plombier monte sur scène dans un état second et livre au monde sa reprise spasmodique de «With A Little Help From My Friends» bénie des Dieux, dont Lennon himself dira qu’elle est au dessus de la version originale des p’tits gars de Liverpool. https://www.youtube.com/ watch?v=bRzKUVjHkGk C’est Ten Years After qui terminera tard dans la nuit ce dimanche fou en réveillant cette horde de Beatniks carbonisés par ces kilos de came. C’est au son de «Going home» (...by helicopter), au son de ce boogie survitaminé que la gratte d’Alvin Lee comme une seringue d’adrénaline en plein coeur, réanimera ces corps mous et hallucinés. https://www.youtube.com/ watch?v=bW5M5xljdCI un nuage de Marie-jeanne qu’il apLe festival qui devait se terminer di- paraît: Le fils du vaudou, l’envoûtant manche, se poursuit jusqu’à ce lundi «Voodoo Child», Jimi Hendrix. Dans un tumulte de sons, c’est le bruit 18 août 1969. et la fureur qu’il fait pleuvoir sur cette cathédrale en plein air. C’est l’histoire des Etats-Unis qu’il crée avec son «Star Spangled Banner». L’hymne National perdu dans les stridences, les cris et les sirènes d’urgence comme les Etats-Unis se perdent dans la guerre, la violence et la corruption. La bête avait encore faim et personne Hendrix en quelques notes résume ne voulait terminer ce moment ma- le mal-être d’une Amérique perdue, cassée, tentant par tous les moyens gique, historique. C’est donc en beauté qu’il fallait ter- de sortir la tête de l’eau; d’oublier, en miner cette messe, autour d’un Mes- rêvant de fleurs et de petits oiseaux sie qu’il fallait communier. A force de ou en plongeant dans la drogue l’invoquer dans un déluge de LSD, au comme l’on plonge dans le coma, ce milieu des fumées d’opium, c’est dans monde nauséabond.
C’est Jimi Hendrix qui sonnera le retour à la réalité de ces quelques jours de bonheur et d’utopies. C’est Jimi Hendrix qui annoncera la fin de la messe. Le « Ite Missa Est». https://www.youtube.com/watch?v=jf_H52BlpbA Woodstock s’achève sur un retour désenchanté à la réalité. Ces quelques jours qui semblèrent une éternité pour les participants, une éternité de paix et d’amour, déconnectés du monde et du temps. Une seconde, un battement de cil heureux dans la lente marche violente de l’histoire. Woodstock fut le point culminant de cette contre-culture née dans les années 60, l’apothéose d’un rêve de liberté. Woodstock clôt les sixties dans un rêve de paix et une douce utopie libertaire comme l’on ferme ses yeux sur de jolies pensées avant de s’endormir. Et comme ces sommeils que l’on force à coups de jolies choses ou que l’on s’assène à coups de bouteilles d’alcool, cela ne vaut que le temps de l’inconscience. Le lendemain rien n’a changé. Les tempes sont douloureuses et la langue pâteuse. La tête cogne un peu. On a du mal à se lever, à repartir. C’est la gueule de bois.
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MUSIQUE Saint-John Poivrot d’Arvor
The Toms (1979)
The Toms
Pop de jouvence* C’était l’année 1979, c’était le bord des seventies. Le punk venait juste de dégobiller toute sa rage à la face du monde et s’apprêtait à en découdre encore durant la décennie à venir, bien décidé à tout faire valser sur son crasseux passage pour bien longtemps. Déjà l’on pouvait sentir frissonnant, le souffle glacé de la coldwave parvenir des docks mancuniens, ou encore les beats synthétiques d’une new wave encore au berceau. L’ère glaciaire annoncée par Ian Curtis était en marche, lui-même n y survivrait d’ailleurs pas. Les bigarrures d’antan firent bientôt place aux mines blafardes d’une génération désenchantée, déferlant comme une seule vague sur les rêves refroidis de candides générations. Ce fut le coup de grâce définitif. L’optimisme n’était plus de mise ; le temps plus à mettre un hippie dehors. Les sixties devaient leur paraître bien lointains à tous ces gens gris, à l’aube des années quatre vingt. Seul dans son studio domestique, insoucieux de l’air du temps et des modes, Tommy Marolda résistait pourtant dans son coin. Trop peu de gens le surent hier et trop peu de gens le savent aujourd’hui, mais Tommy possédait une belle partie des merveilleuses sixties dans sa tête, celle des débuts, pour lui tout seul. Il était de ceux qui pouvaient les faire revivre à volonté. Et son unique moyen d’évangélisation fut alors de créer The Toms, groupe dont il fut le seul membre, le seul penseur et le seul exécuteur. Et son fait d’arme fut alors de composer «The Toms», son très finement nommé premier album, qu’il enregistra
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en trois jours seulement. Naturellement l’album bida dans des proportions dramatiques. Il ne fallait pas non plus s’attendre à des sommets de popularité pour un type invoquant le soleil en pleine âge de glace, quand bien même celui-ci ne manquait ni de talent ni de panache. Pareille mésaventure arrivera par la suite à d’autres joyeux inconscients du même acabit d’ailleurs, au premier rang desquels Orange Juice et son merveilleux «You Can’t Hide Your Love Forever», que je vous conseille également pour l’occasion. Mais il en est ainsi, on ne lutte pas contre le courant, à moins d’être un saumon. Avec son damier rouge et blanc en guise de pochette, The Toms ressemble à s y méprendre à une nappe de pique-nique. Cela évoque le printemps, cela évoque l’été. Une brise tiède vient gentiment jouer dans nos cheveux et l’on se sent bien, et l’on se sent heureux d’être content. Et vice et versa. Car c’est véritablement de l’insouciance gravée sur sillon, ce petit disque, de l’euphorie, de l’antidote, du contrepoison. De la morosité qui se fait la malle fissa, au moment même où résonnent les premiers accords chaleureux du pépère. La recette est pourtant simple et éculée : un couplet fort aguicheur auquel succède un refrain obsédant, et le tour est joué. Tommy s’en amuse même sur le titre «Hook», sur lequel il explique au sein même d’un refrain accrocheur, le secret pour justement obtenir un refrain accrocheur. Toutes les chansons contenues sur ce disque utilisent ce même procédé archi-connu, mais jamais lassant pour autant. Et ce sont les échos de la Beatlemania qui nous parviennent en ligne direct au travers de compositions telles que «Other Boys Do», «You Must Have Crossed My Mind», «The Bear» ou encore «Door», rappelant au monde ce début des années 60 oublié, avec son cortège de bleuettes catchy aux thèmes légers, son exaltation juvénile et sa foi inébranlable en des jours meilleurs. On pourrait considérer The Toms comme une sorte de «Hard Day’s Night» passé à la moulinette powerpop si l’on osait, le genre de truc gonflé de bonnes vibrations et débordant d’un enthousiasme communicatif propre à faire danser un mormon.
Cerise sur le gâteau et pour ne rien gâcher, le disque fut réédité deux fois par la suite, le tout agrémenté de nombreux bonus. Et pas n’importe quels bonus. Des chansons d’une qualité similaire pour la quasi totalité d’entre elles, et d’un égal pouvoir d’envoûtement. Parmi celles-ci je ne peux m’empêcher de placer une ultime bafouille enflammée sur le compte du tubesque «High On Your Love» ou de l’excellente «Outkast» mais surtout, surtout, je ne peux passer sous silence mon titre préféré entre tous, mon chouchou définitif : le sublime «She Can’t Tell A Lie», que je ne peux malheureusement pas vous faire partager au bas de cette critique car elle est introuvable sur YouTube, mais dont je vous recommande vivement l’écoute sur Deezer ou Spotify. Dans un monde bien fait, The Toms aurait cartonné c’est certain, se serait vendu à quelques millions d’exemplaires à travers le monde et plusieurs de ses titres seraient aujourd’hui considérés comme des standards de la pop. Peut-être même seraient elles apprises à la flûte, ces chansons, par des gamins braillards lors des cours de musique. Je serais alors devenu président de la république pour ma part, Nadine Morano vendrait du poiscaille sur les marchés le dimanche, et Djee VanCleef aurait encore en sa possession quelques cheveux sur la partie sommitale. Quel monde fabuleux alors ce serait ! Sauf que le monde est mal fait, que le disque passa inaperçu, que sa ré-édition passa inaperçue, et que la ré-édition de la ré-édition passa inaperçue également, condamnant Tommy et The Toms à un anonymat aussi injuste qu’injustifié depuis maintenant quatre décennies.
Hook : https://www.youtube.com/watch?v=mm2dGpbgaWk Think About Me : https://www.youtube.com/ watch?v=NMskCW8tQhs * Dans un monde bien fait, j’avouerais avoir volé le titre à Pheroe. www.homecinema-fr.com - Février 2015
MUSIQUE Pheroe
Overkill (1979)
Motörhead
Lemmy ou De l’éducation Hé petit, tu aimes les disques de Motörhead ? Ne répond pas bêtement oui. Tu sais qu’aimer Motörhead suffit à faire la différence entre les vrais hommes et les petits garçons ? As-tu sérieusement écouté cette musique, c’est-à-dire à fond les potards ? Il y a des disques qu’on ne devrait jamais accepter d’entendre en dessous d’un certain volume. Celui-là en fait partie. Va falloir être à la hauteur, petit. Sache que ce disque a clairement été conçu pour te découenner le système auditif jusqu’aux tréfonds, pour te désosser les conduits tympaniques, te pulvériser les pavillons, te retourner les orifices. Une musique qui ne va pas simplement te tuer, mais te over tuer. D’ailleurs, c’est le nom de l’album, Overkill. Dès le premier morceau, bang, prend toi ça : intronisation de la double pédale de grosse caisse dans ta face. Autant dire qu’un troupeau de bisons en rut va te passer sur le bide au pas de charge, et même refaire un passage au cas où tu n’aurais pas pigé. Tu vas regretter d’être venu. Imprudent garçon. Ça te fait marrer quand papa débite
des conneries badass au kilomètre ? Recule malheureux ! Recule ! Ne senstu pas les lourdes vapeurs hormonales qui s’échappent de cette masse sonore, brutale, animale ? N’as-tu pas compris comment la bête pourrait très concrètement les exprimer à ton encontre ? On ne se frotte pas impunément à tant de bestialité. Motörhead, moteur à hormones... Pas les hormones de ta verte jeunesse, qui s’emballent à tout propos, mais celles des hommes mûrs et sûrs d’eux-mêmes. On dit souvent que le rock ‘n’ roll est affaire d’adolescence, mais regarde bien Lemmy : c’est un homme. Quand il avait ton âge, Lemmy était déjà un homme. Il l’a toujours été. Lemmy is the man, petit. Maintenant suffit. Papa pourrait bavasser des plombes sur ce personnage bigger than life doté de tous
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les attributs d’une virilité qui semble te faire défaut. Mais écoute ça : Lemmy n’est peut-être pas ce que tu crois. Oh tu peux te carrer les dix doigts des deux mains dans les oreilles pour ne pas entendre — tiens, fourres-y aussi les doigts de pieds pendant que tu y es —, il est temps d’arrêter les affabulations. Les vrais fans ne s’y trompent pas. Aussi étonnant que cela puisse paraître en première analyse, il n’est pas interdit de voir en Lemmy Kilmister une figure nuancée de l’identité masculine. Derrière les perfectos et les ceintures cloutées, derrière la pilosité du grizzly, se cache un être plus fin que tu n’imagines. Un mec qui réussit à combiner le caractère robuste du mâle primitif avec les inclinations bienveillantes de l’homme moderne. Paraît même que Lemmy est féministe. Lemmy féministe ? Mouais... Enfin, www.homecinema-fr.com - Février 2015
parfois. Disons qu’il fait preuve d’une certaine sensibilité à la cause des femmes. Sans doute a-t-il quelque peu collectionné les groupies — comme les objets nazis dont il n’a jamais caché son goût pour l’esthétisme (pas pour l’idéologie, hein, ‘tention). Mais l’ami Lemmy n’est pas un mimile, n’en déplaise à Rousseau. Jamais avare pour apporter son soutien
et défendre les copines quand cela s’avérait nécessaire (Girlschool, Nina Hagen, Rita Ford, L7, Skunk Anansie, etc.). N’oublie pas qu’il fut élevé par Numèro 109 - HCFR l’Hebdo
sa mère et sa grand-mère, son père l’ayant abandonné trois mois après sa naissance. Un père qui était pasteur... Imagine s’il avait suivi la voie paternelle. Révérend Lemmy. Un révérend hardcore, pour sûr. Mais oyez, jeunes gens, écoutez-le professer le bon vicaire de sa voix hard... Bref, un modèle pour la jeunesse, ce Lemmy.
guitare hero — peut-être même plus cool encore. Se mettre au service du groupe tout en le propulsant à l’avant scène. Seul un vrai boss sait faire ça.
Stylistiquement, tu noteras que Motörhead réussit, avec ce deuxième disque, une authentique synthèse entre plusieurs genres fondamentaux : metal, punk, hard. Et même blues. Pourquoi Lemmy est-il un musicien Car, contrairement aux autres groupes si important ? Voilà la vraie question, de la New Wave of British Heavy Mepetit. C’est là que réside toute la sub- tal, auxquels on l’associe généraletilité du personnage. Eh bien d’abord ment (Judas Priest, Iron Maiden...), il parce qu’il est au four et au moulin, à y a encore une touche de blues dans la basse et au chant simultanément, Motörhead. Pas dans les morceaux et et qu’il incarne ainsi une sorte de pa- leurs structures, certes, pas dans leurs radigme ultime de l’héroïsme rock ‘n’ rythmes ou leurs harmonies, mais roll. Pas simple d’être à la fois accompagnateur et leader, d’assumer l’assise rythmique du bassiste et le charisme hypnotique du chanteur. De Phil Lynott (Thin Lizzy) à Tom Araya (Slayer), et avant eux Jack Bruce (Cream), la combinaison basse-chant représente le nec plus ultra de la coolitude scénique. Aussi cool que le chanteur
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dans la voix de Lemmy lui-même. Bon sang, cette voix, reconnaissable entre mille, de la pure rocaille imbibée de speed et de Jack Daniel’s. Quelque chose de presque roots dans la cassure et l’éraillement — comme si l’esprit de Howlin’ Wolf hantait les lieux. Tu remarqueras au passage la référence très nette à Hendrix dans la partie de guitare du dernier morceau de la face B, Limb for Limb (Hendrix dont il fut le roadie et qu’il admirait). En musique comme en philosophie, rien de plus difficile à réussir qu’une bonne synthèse. Le problème est toujours le même : éviter que la synthèse ne tourne court et vire en eau de boudin, les éléments se juxtaposant sans s’unir réellement. Mais là, ça fonctionne à plein régime. Le tempo est punk, les riffs sont metal, la voix est hard (teintée de blues, donc). Punk, metal, hard. La formule magique, l’union sacrée, la sainte trinité. Motörhead sonne le grand rappel des troupes, l’union de toutes les
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tendances du rock extrême, et tout le monde rapplique. C’est probablement la vraie raison de sa longévité et de la fidélité indéfectible des fans de tout bord.
Ce retour à l’essentiel est encore renforcé par la formation du power trio. Une batterie, une basse, une guitare. Dont un chanteur, bien sûr. Motörhead obéit à ce principe de base. Cette règle d’or. Cet axiome du rock. Tiens,
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même les groupes à quatre musiciens sonnent power trio — écoute Led Zep, c’est du power trio à quatre. Voilà pourquoi chaque morceau de Overkill est comme un commandement. Dix morceaux, dix commandements. Tu ne joueras point de solo de guitare de plus de vingt secondes. Tu ne joueras point de ballades. Tu ne baisseras jamais le volume en dessous du maximum. Tu ne feras aucune concession sur le tempo. Etc. La preuve, après
le premier titre phénoménal, on enchaîne direct sur Stay Clean, nouvelle rafale de décibels, toute aussi puissante. Puis Pay Your Price, idem. I’ll Be Your Sister, une tuerie. Capricorn, épique. La face B démarre pied au plancher avec No Class, comme du ZZ Top hystérique et amphétaminique. Et ça continue — ça n’arrête jamais — avec Damage Case, pour les coureurs de fond. Juste une légère baisse d’inspi-
ration (mais pas une baisse de vitesse) le temps de deux morceaux. On finit par Limb From Limb, aux relents hendrixiens, donc, si t’as bien suivi, petit. Les solos de « Fast » Eddie Clark sont exclusivement bâtis sur la gamme pentatonique, pas de gammes majeures, ni de gammes mineures (mineure harmonique ou mineure mélodique), comme ce sera le cas dans le metal plus tardif. Des solos qui ne sont d’ailleurs pas sans évoquer ceux de Jimi. Au final, un disque magistral qui ouvre une tétralogie historique, avec Bomber (79), Ace of Spades (80), le point culminant étant atteint dans le monument Live, No Sleep ‘Til Hammersmith (81). Tous ces disques illustrent la synthèse dont Motörhead a le secret. Une formule universelle, l’air de rien. Bon, t’as compris la leçon, petit ? Maintenant va ranger ta chambre et baisse un peu ta musique. « Hey papa, if it’s too loud you’re too old ». (... petit con...)
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Blu-ray
Le Loup Celeste
Special ID
Clarence Fok
C
hen est un flic infiltré dans le plus brutal des gangs chinois. Le boss Xiang s’est donné pour objectif principal de nettoyer son organisation de toutes les taupes du gouvernement. Tandis que ses camarades infiltrés disparaissent les uns après les autres, Chen craint d’être le prochain. Il doit donc tenter l’impossible pour faire tomber l’organisation et récupérer sa vie et son identité avant qu’il ne soit trop tard... Titre original : “Te shu shen fen” Nationalité : Chinois Genre : Polar, Action, Arts martiaux Année : 2013 Durée : 99 min Réalisateur : Clarence Fok Acteurs : Donnie Yen, Tian Jing, Andy On, Ronald Cheng, Collin Chou
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Il aura fallu attendre 6 ans pour revoir Donnie Yen dans un polar martial (cf “Flashpoint”) mais son retour dans le genre se fait malheureusement par la petite porte. Alors certes les nombreuses scènes d’action sont brutales
(MMA style) et le double climax final (la course poursuite en voiture et le face-à-face Donnie Yen/Andy On) redoutable, mais les défauts trop visibles (scénario simpliste sans originalité, dialogues ridicules, passages comiques
Le Blu-ray Image Un transfert HD vraiment fantastique dont la clarté cristalline de l’image, la finesse des détails, la grande précision des arrière-plans, la palette colorimétrique froide, les contrastes éclatants et la richesse des noirs en mettent plein la vue. Audio Étonnamment sobres quoique sans véritable défaut, ces pistes sonores possèdent une gamme dynamique large, une belle ouverture frontale et des effets bien sentis malgré une exploitation bien trop sage (quelques ambiances et coups de feu) des surrounds.
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à côté de la plaque, personnages inintéressants et direction d’acteurs très moyenne) font que l’ennui guette entre les passages mouvementées. Une déception à la hauteur de l’attente !
Fiche technique Format vidéo 1080p24 (AVC) / [2.35] Pistes sonores Mandarin DTS-HD Master Audio 5.1 Anglais DTS 5.1 Sous-titres Anglais Anglais pour malentendants Région : B (Royaume-Uni) Éditeur : Universal Pictures Date de sortie : 28 juillet 2014
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Blu-ray
Le Loup Celeste
Ninja II : Shadow of a Tear Isaac Florentine
N
e faire confiance à personne : c’est le code de survie de Casey Bowman après la perte tragique et sauvage de sa femme portant son enfant. Un seul indice : une série de victimes avec les mêmes marques de strangulation au fil barbelé très reconnaissable. Sa cible : un sinistre baron de la drogue appelé Goro, qui inonde les rue de méthamphétamine mortelle fabriquée dans la jungle birmane... Nationalité : Américain Genre : Arts martiaux, Action Année : 2013 Durée : 95 min Réalisateur : Isaac Florentine Acteurs : Scott Adkins, Kane Kosugi, Mika Hijii, Shun Sugata
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Cette série B d’action à l’ancienne (les films de genre des années 80-90) que l’on doit à la team de choc Florentine-Adkins, est un film d’arts martiaux au scénario linéaire et aux personnages stéréotypés mais finalement peu importe, car les très nombreux affron-
tements sont parfaitement chorégraphiés et mis en scène par un Isaac Florentine qui sait comment mettre en valeur les qualités athlétiques de Scott Adkins. Les amateurs du genre passeront un très bon moment !
Le Blu-ray Image
Un quasi sans-faute (un peu de solarisation lors de l’avant-dernière scène d’action se déroulant de nuit) du côté de ce transfert HD dont les images captées avec des caméras Red (One et Epic) sont remarquablement reproduites. La définition est exemplaire, la finesse des détails est épatante, la profondeur de champ est excellente, les couleurs sont riches, les contrastes sont tranchants et les noirs prégnants.
Audio
Ces pistes sonores efficaces et rentre-dedans ne sont pas d’une grande finesse mais la clarté des voix (un peu trop mises en avant sur la VF), la dynamique frontale, la générosité des effets, l’opulence de la scène arrière et la puissance des basses envoient les watts ! Numèro 109 - HCFR l’Hebdo
Fiche technique Format vidéo 1080p24 (AVC) / [1.85] Pistes sonores Anglais DTS-HD Master Audio 5.1 Français (VFF) DTS-HD Master Audio 5.1 Sous-titres Français Région : B (France) Éditeur : Metropolitan Vidéo Date de sortie : 19 février 2014
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La Semaine Prochaine
L’Hebdo L’actualité des sorties cinéma ...
De nouvelles critiques sur le 7ème Art, la musique ou des livres... Mais aussi des surprises, des coups de coeur et encore plus d’articles divers. Rendez-vous le 20 février 2015 pour...
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En plus du site web et surtout de ses forums, HCFR s’est diversifié grâce au travail de Fabi et son équipe avec la mise en place du magazine HCFR l’Hebdo Depuis 2013, SnipizZ, avec la participation de nombreux invités, vous propose des émissions audio podcastées sur les thèmes du cinéma, du jeu-vidéo & des technologies du Home-cinéma et de la HiFi.