HCFR l'Hebdo N°111

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Edition du 6 Mars 2015

The Foxcatcher Il est difficile d’être un dieu Need for Speed (2014) St. Vincent (2014) Local Hero (1983) In Their Skin (2012) Feuilles d’herbe (1855) It Serve You Right to Suffer (1966) Feelin’ Bitchy (1977) Appetite for Democracy 3D: Live at the Hard Rock Casino - Las Vegas (Live) (2014) Cliché Hot (2008) The Guest 28 jours plus tard 28 semaines plus tard [3D] Kite


Edition du 6 Mars 2015 Numéro 111 REDAC' CHEF Fabi

REDACTEURS

Djee Guyness Igor Lazein Le Loup Céleste Pheroe Pphf Pravda Saint-John Poivrot d’Arvor Sergent Pepper Ze Big Nowhere

MISE EN PAGE Laric

CORRECTIONS Fabi

SOUTIEN ET PUBLICATION Laric - Syntaxeror

Edité par l’association HomeCinema FRancophone (HCFR) association loi 1901 (JO 13/04/2002) siège social : 21, rue de Fécamp 75012 PARIS SIREN : 444 601 892 00029

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SOMMAIRE A L’AFFICHE Guyness - Bennett Miller - The Foxcatcher

Guyness - Alexei Guerman - Il est difficile d’être un dieu

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SORTIES DE LA SEMAINE Annie, Le Dernier loup, Birdman Les Chevaliers du Zodiaque - La Légende du Sanctuaire Projet Almanac, A 14 ans, Loin de mon père, Red Army, Inupiluk Hungry Hearts, La Duchesse de Varsovie, Tracers

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7ème ART Djee - Scott Waugh - Need for Speed (2014) Sergent Pepper - Theodore Melfi - St. Vincent (2014) Pphf - Bill Forsyth - Local Hero (1983) Pravda - Jeremy Power Regimbal - In Their Skin (2012)

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A LIRE Igor - Walt Whitman - Feuilles d’herbe (1855)

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MUSIQUE Ze Big Nowhere - John Lee Hooker - It Serve You Right to Suffer (1966) Pheroe - Millie Jackson - Feelin’ Bitchy (1977) Lazein - Live de Guns N’ Roses - Appetite for Democracy 3D: Live at the

Hard Rock Casino - Las Vegas (Live) (2014) Saint-John Poivrot d’Arvor - Radio Radio - Cliché Hot (2008)

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BLU-RAY Le Loup céleste - Adam Wingard - The Guest

Le Loup céleste - Danny Boyle - 28 jours plus tard

Le Loup céleste - Juan Carlos Fresnadillo - 28 semaines plus tard Le Loup céleste - Ralph Ziman - [3D] Kite

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A l’affiche Guyness

The Foxcatcher

Bennett Miller

I

nspiré d’une histoire vraie, Foxcatcher raconte l’histoire tragique et fascinante de la relation improbable entre un milliardaire excentrique et deux champions de lutte. Lorsque le médaillé d’or olympique Mark Schultz est invité par le riche héritier John du Pont à emménager dans sa magnifique propriété familiale pour aider à mettre en place un camp d’entraînement haut de gamme, dans l’optique des JO de Séoul de 1988, Schultz saute sur l’occasion : il espère pouvoir concentrer toute son attention sur son entraînement et ne plus souffrir d’être constamment éclipsé par son frère, Dave. Obnubilé par d’obscurs besoins, du Pont entend bien profiter de son soutien à Schultz et de son opportunité de «coacher» des lutteurs de réputation mondiale pour obtenir – enfin – le respect de ses pairs et, surtout, de sa mère qui le juge très durement. Flatté d’être l’objet de tant d’attentions de la part de du Pont, et ébloui par l’opulence de son monde, Mark voit chez son bienfaiteur un père de substitution, dont il recherche constamment l’approbation. S’il se montre d’abord encourageant, du Pont, profondément cyclothymique, change d’attitude et pousse Mark à adopter des habitudes malsaines qui risquent de nuire à son entraînement. Le comportement excentrique du milliardaire et son goût pour la manipulation ne tardent pas à entamer la confiance en soi du sportif, déjà fragile. Entretemps, du Pont s’intéresse de plus en plus à Dave, qui dégage une assurance dont manquent lui et Mark, et il est bien conscient qu’il s’agit d’une qualité que même sa fortune ne saurait acheter. Entre la paranoïa croissante de du Pont et son éloignement des deux frères, les trois hommes semblent se précipiter vers une fin tragique que personne n’aurait pu prévoir…

Date de sortie : 21 janvier 2015 (2h15min) Réalisé par : Bennett Miller Avec : Channing Tatum, Steve Carell, Mark Ruffalo Genre : Drame , Biopic Nationalité : Américain

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Foxy laidit Foxcatcher est malin: il va pouvoir entrer directement sur le podium des meilleurs oeuvres récentes dans la catégorie «histoire vraie édifiante à base d’acteur grimé à contre-emploi», directement aux côtés de J. Edgar et American Bluff. Et comme pour ses petits camarades, on se demande pendant presque tout le film quelle est la réelle valeur ajoutée de ce maquillage, en terme de crédibilité.

pollue passablement l’expérience du spectateur pointilleux que je peux être, vous en conviendrez. (enfin... vous conviendrez que ça pollue, pas que je suis pointilleux, j’espère) Le fait est que l’on met un moment à saisir ou se rencontrera le nœud gordien de l’affaire. Dans l’incapacité du primate Mark Schultz a franchir un pallier malgré les conditions matérielles dignes d’un jeune footballer professionnel de 2015 ? Dans l’affrontement naissant avec son profil-bas de frère (Ruffalo, qui enfile les belles performances comme des perles) qui parvient à enchaîner, lui, plus de trois phrases sujet-verbecomplément ?

Allons enfants de l’apathie Steve Carell est irréprochable, c’est vrai. Mais avec la façon qui est la sienne de traverser le film avec la tête relevée, John du Pont m’a donné en permanence l’impression qu’il tentait d’y voir quelque chose par dessus sa prothèse nasale, ce qui Et pour le reste, il y a master Carell L’enjeu dramatique trouvera donc finalement en d’autres terres son climax. Mais, si on en revient sur le terrain vague de la comparaison (qui n’est pas raison, me hurle un lecteur, labas, en bas à droite, et il est foutrement pertinent), il ne trouvera pas la force d’un «most violent year», par exemple, par la simplicité de son message final. Certes, l’argent ne peut pas tout Numèro 111 - HCFR l’Hebdo

acheter, ni l’amour ou la considération d’une mère, ni le rôle de gourou et encore celui de coach talentueux, mais l’ignorions-nous jusque là?

La dure lutte, c’est combien ? Comme tout bon film qui plonge son objectif dans un milieu atypique, nous découvrons, stupéfaits, quelques particularités étonnantes sur le milieu des lutteurs, comme leur incroyable capacité à se retourner en un clin d’œil. Pas tous les jours que tu rencontres un type dont l’attitude la plus potentiellement dangereuse consiste à te tourner le dos. Mais quitte à faire dans le retournement, j’aurai préféré qu’il soit de situation.

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A l’affiche Guyness

Il est difficile d’être un dieu Alexei Guerman

U

n groupe de scientifiques est envoyé sur Arkanar, une planète placée sous le joug d’un régime tyrannique à une époque qui ressemble étrangement au Moyen-Âge. Tandis que les intellectuels et les artistes sont persécutés, les chercheurs ont pour mot d’ordre de ne pas infléchir le cours politique et historique des événements. Le mystérieux Don Rumata à qui le peuple prête des facultés divines, va déclencher une guerre pour sauver quelques hommes du sort qui leur est réservé…

Date de sortie : 11 février 2015 (2h50min) Réalisé par : Alexei Guerman Avec : Leonid Yarmolnik, Aleksandr Chutko, Yuriy Tsurilo Genre : Science fiction Nationalité : Russe

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Rôles de décomposition C’est toujours pareil. Octroyer un réel et sincère satisfecit à un film russe scatophile médiévalSF imbitable de 2h50 alors que, dans le même temps, on conspue (par exemple) la comédie franchouillarde populeuse, est largement suffisant pour passer pour le parfait petit connard snobinard branchouille qui se la raconte. Et pourtant. Putréfactions rivales Pourtant, même si ces qualificatifs peuvent parfaitement s’appliquer à l’auteur de ces lignes, «il est difficile d’être un dieu» mérite objectivement une place à part sur notre étagère à chef-d’œuvre. D’ailleurs, peu de films peuvent se targuer de mériter à ce point le simple qualificatif d’oeuvre, tout court. Création presque hors-sol (qualificatif oxymorique quand on a vu le film, rien ne peut être plus proche de la terre que ce (très-) long-métrage) d’un démiurge malade à la gestation interminable, le résultat stupéfie, édifie, interdit. D’abord envisagée à la fin des années 60, cette adaptation, sans aucun doute beaucoup plus folle telle qu’elle apparait ici que celle prévue à l’époque, mettra donc au total près de 40 ans à cheminer dans l’esprit perdu de Aleksey German. Et près de 15 pour la production de cette version, finalement sortie après la mort de son auteur. Le mot «adaptation» est surement très largement exagéré. German se sert du prétexte du roman pour nourrir sa frénésie d’excès. Cinq ou six voix-off pour poser un cadre sciencefictionnesque qui ne servira finalement qu’à une seule chose: ajouter une couche d’étrange sur la tranche de bizarre. Parce que, de ces commentaires sibyllins, aucune aide ne permettra au spectateur de comprendre les enjeux de ces dialogues abscons, de ce fatras

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visuel constant, de ces surenchères Sans arrêt, les habitants d’Arkanar (car obscènes. ça ne peut pas être des acteurs, leurs performances seraient trop extrêmes) Écoulements à bile. regardent l’objectif, le repoussent, y font des grimaces, y exposent des Pourtant, terriblement sincères sont pattes d’oies au premier plan, se tous ceux qui ont goûté à cette poussent du coude pour pointer d’un expérience ne ressemblant à aucune menton amusé l’observateur abasourdi autre et l’ont aimé. Ils ont sans doute que nous sommes devenus. été, comme moi, totalement fascinés. Épanchements sur une jambe de bois

Fascinés par une photographie magnifique, par un monde à la fois totalement étranger mais sans doute plus proche que tout ce que l’on aura pu imaginer sur un moyen-âge fétide et torturé, malade et scatologique, ou par une attente constante de la frénésie suivante. Beaucoup ont parlé de la rencontre entre Bosch, Bruegel, Rabelais et les Monty Pythons, et c’est sans doute encore réducteur. Dans cet univers où tout, constamment, coule en permanence (pluie, urine, selles, boyaux, paroles, sang, boue, morve, larmes, brouets, vomi), une idée, plus que toutes les autres, captive. German détourne assez simplement le principe du found-footage pour donner à son reportage hallucinant en planète inconnue une ultime aura surnaturelle. En permanence la caméra se cogne au limites du cadre imposé par les intérieurs asphyxiants du récit.

Subjugués, nous devenons avides de paradoxes: plus le film s’étend en longueur, moins nous souhaitons qu’il s’achève. Plus il devient écœurant, moins nous voulons qu’il se bride. Plus il se noie, moins nous voulons respirer. De victimes nous devenons complices, avant de brûler de devenir bourreaux. Et pouvoir à notre tour plonger notre lance aiguisée dans une chair flasque et ressentir enfin une émotion vive dans cet univers vicié et sidéré.

Tout cela est bien beau (enfin, façon de parler…) mais je n’aurai pas attendu plus de vingt-quatre heures pour me jeter sur la version romancée d’Arkadi et Boris Strougatski. J’aimerais quand même savoir de quoi parle cette histoire.

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Annie Date de sortie : Mercredi 25 Février 2015 (1h 57mn ) Réalisé par Will Gluck Avec Jamie Foxx, Quvenzhané Wallis, Rose Byrne, Bobby Cannavale, Adewale Akinnuoye-Agbaje Comédie musicale américaine

Alors qu’elle était bébé, les parents de la petite Annie l’ont laissée en promettant de revenir la chercher un jour. Depuis, Annie garde espoir, même si la vie dans le foyer d’accueil de la méchante Miss Hannigan est loin d’être facile. Sa rencontre avec Will Stacks, homme d’affaires impitoyable et candidat aux élections municipales à New York, va tout changer. Sur les conseils de Grace, sa brillante vice-présidente, et de Guy, son directeur de campagne prêt à tout, Stacks recueille Annie d’abord parce que c’est un excellent argument électoral… Stacks se voit comme le bienfaiteur et l’ange gardien de la fillette, mais grâce à son assurance et à son inébranlable optimisme, Annie pourrait bien inverser les rôles…

Le Dernier loup Date de sortie : Mercredi 25 Février 2015 (1h 55mn ) Réalisé par Jean-Jacques Annaud Avec Feng Shaofeng, Shawn Dou, Ankhnyam Ragchaa, Yin Zhusheng, Basen Zhabu Aventure français 1969. Chen Zhen, un jeune étudiant originaire de Pékin, est envoyé en Mongolie-Intérieure afin d’éduquer une tribu de bergers nomades. Mais c’est véritablement Chen qui a beaucoup à apprendre – sur la vie dans cette contrée infinie, hostile et vertigineuse, sur la notion de communauté, de liberté et de responsabilité, et sur la créature la plus crainte et vénérée des steppes – le loup. Séduit par le lien complexe et quasi mystique entre ces créatures sacrées et les bergers, il capture un louveteau afin de l’apprivoiser. Mais la relation naissante entre l’homme et l’animal – ainsi que le mode de vie traditionnel de la tribu, et l’avenir de la terre elle-même – est menacée lorsqu’un représentant régional de l’autorité centrale décide par tous les moyens d’éliminer les loups de cette région.

Birdman Date de sortie : Mercredi 25 Février 2015 (1h 59mn ) Réalisé par Alejandro González Iñárritu Avec Michael Keaton, Zach Galifianakis, Edward Norton, Andrea Riseborough, Amy Ryan Film américain Genre Comédie À l’époque où il incarnait un célèbre super-héros, Riggan Thomson était mondialement connu. Mais de cette célébrité il ne reste plus grand-chose, et il tente aujourd’hui de monter une pièce de théâtre à Broadway dans l’espoir de renouer avec sa gloire perdue. Durant les quelques jours qui précèdent la première, il va devoir tout affronter : sa famille et ses proches, son passé, ses rêves et son ego… S’il s’en sort, le rideau a une chance de s’ouvrir...

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Les Chevaliers du Zodiaque La Légende du Sanctuaire Date de sortie : Mercredi 25 Février 2015 (1h 33mn ) Réalisé par Keichi Sato Avec Nobuhiko Okamoto, Kenji Nojima, Rikiya Koyama, Mitsuaki Madono, Daisuke Namikawa Animation japonais Au commencement, il y avait une Déesse chargée de protéger la Terre, Athéna. Gardienne de l’équilibre, elle fut cachée des Forces du Mal.Quand sa vie est menacée, Seiya et les Chevaliers de Bronze endossent leurs armures. Ce sont les Protecteurs d’Athéna, les Chevaliers du Zodiaque. Pour sauver leur Déesse et l’avenir de la Terre, ils vont devoir atteindre le Sanctuaire du Grand Pope et y affronter sa légendaire armée des 12 Chevaliers d’Or. La plus grande bataille des Chevaliers du Zodiaque débute aujourd’hui.

Projet Almanac Date de sortie : Mercredi 25 Février 2015 (1h 47mn ) Réalisé par Dean Israelite Avec Jonny Weston, Sofia Black D’Elia, Michelle DeFraites, Allen Evangelista, Virginia Gardner Film américain Genre Science fiction Et si vous aviez une seconde chance… Que feriez-vous ? Que changeriez-vous ? Jusqu’où iriez-vous ? Quatre adolescents font une découverte qui va changer leur vie : une machine aux possibilités infinies… mais aux conséquences parfois irréversibles. Serez-vous prêts à vivre et revivre l’expérience de votre vie ?

A 14 ans Date de sortie : Mercredi 25 Février 2015 (1h 30mn ) Réalisé par Hélène Zimmer Avec Athalia Routier, Galatea Bellugi, Najaa Bensaid, Kevin Château, Louis Jacq Film français Genre Drame C’est la rentrée. Sarah, Jade et Louise se retrouvent pour une dernière année au collège. Entre euphorie, rivalités, révoltes et séduction, elles affrontent les tourments de l’adolescence pour trouver leur place. Numèro 111 - HCFR l’Hebdo

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Loin de mon père Date de sortie : Mercredi 25 Février 2015 (1h 40mn ) Réalisé par Keren Yedaya Avec Maayan Turjeman, Tzahi Grad, Yaël Abecassis, Tal Ben Bina Film israélien Genre Drame Moshe et Tami sont en couple. Moshe a cinquante ans, Tami est à peine entrée dans la vingtaine. Ils vivent une relation cruelle dont Tami ne semble pas pouvoir se libérer. Tami et Moshe sont père et fille.

Red Army Date de sortie : Mercredi 25 Février 2015 (1h 25mn ) Réalisé par Gabe Polsky Avec Scotty Bowman, Slavia Fetisov, Viacheslav «Slava» Fetisov, Anatoli Karpov, Alexei K. Documentaire américain

Porté par Werner Herzog et le producteur Jerry Weintraub primé aux Emmy Awards, le documentaire RED ARMY retrace le destin croisé de l’Union Soviétique et de l’équipe de hockey sur glace surnommée « l’Armée Rouge » : une dynastie unique dans l’histoire du sport. L’ancien capitaine de l’équipe Slava Fetisov revient sur son parcours hors du commun : d’abord adulé en héros national, il sera bientôt condamné comme ennemi politique. La « Red Army » est au coeur de l’histoire sociale, culturelle et politique de son pays : comme l’URSS, elle connaît la grandeur puis la décadence, avant d’être secouée par les bouleversements de la Russie contemporaine. Red Army raconte l’histoire extraordinaire de la Guerre Froide menée sur la glace, et la vie d’un homme qui a tenu tête au système soviétique.

Inupiluk Date de sortie : Mercredi 25 Février 2015 (0h 32mn ) Réalisé par Sébastien Betbeder Avec Thomas Blanchard, Thomas Scimeca, Ole Eliassen, Adam Eskildsen, Gaëtan Vourc’h Film français Genre Drame Ce soir, comme deux, trois ou quatre fois par semaine, Thomas rejoint Thomas au café, là où ils ont leurs habitudes. Mais l’esprit de Thomas est ailleurs, à l’autre bout du monde, dans les plaines enneigées du Groenland où vit son père.

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Hungry Hearts Date de sortie : Mercredi 25 Février 2015 (1h 53mn ) Réalisé par Saverio Costanzo Avec Adam Driver, Alba Rohrwacher, Roberta Maxwell, Al Roffe, Geisha Otero Film italien Genre Drame Jude est Américain, Mina Italienne. Ils se rencontrent à New York, tombent fous amoureux et se marient. Lorsque Mina tombe enceinte, une nouvelle vie s’offre à eux. Mais l’arrivée du bébé bouleverse leur relation. Mina, persuadée que son enfant est unique, le protège de façon obsessionnelle du monde extérieur. Jude, par amour, respecte sa position jusqu’à ce qu’il comprenne que Mina commence à perdre contact avec la réalité.

La Duchesse de Varsovie Date de sortie : Mercredi 25 Février 2015 (1h 26mn ) Réalisé par Joseph Morder Avec Alexandra Stewart, Andy Gillet, Rosette, Françoise Michaud, Wojtek Kulpinski Film français Genre Comédie dramatique Valentin est un jeune peintre qui vit dans le monde imaginaire de ses tableaux. Lorsqu’il retrouve sa grand-mère Nina, une émigrée juive polonaise dont il se sent très proche, il lui confie son manque d’inspiration et sa solitude. Au fil de ces quelques jours passés ensemble dans un Paris rêvé, Valentin exprime de plus en plus le besoin de connaitre le passé que Nina a toujours cherché à dissimuler...

Tracers Date de sortie : Mercredi 25 Février 2015 (1h 33mn ) Réalisé par Daniel Benmayor Avec Taylor Lautner, Marie Avgeropoulos, Adam Rayner, Rafi Gavron, Josh Yadon Action américain Simple coursier, Cam a du mal à joindre les deux bouts et croule sous les dettes. Un jour, il renverse à vélo Nikki. Il tombe instantanément sous le charme de cette fille séduisante et complexe. Nikki fait partie d’un gang des rues qui pratique le parkour. Mais au-delà des aptitudes athlétiques et des prouesses, le gang a d’autres activités parfaitement illégales. Fasciné par la jeune femme, Cam la suit bientôt dans son monde de dangers. Le parkour va l’entraîner vers des territoires où il ne s’était jamais aventuré, et Cam va bientôt décrocher un job qui peut lui rapporter gros en bossant pour le chef du gang, Miller. Mais les limites sont de plus en plus floues… S’il ne veut pas y laisser sa peau, Cam va devoir trouver comment se sortir de cet univers inimaginable et inattendu.

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7eme Art Djee

Need for Speed (2014)

Scott Waugh

T

obey Marshall et Dino Brewster partagent la passion des bolides et des courses, mais pas de la même façon… Parce qu’il a fait confiance à Dino, Tobey s’est retrouvé derrière les barreaux. Lorsqu’il sort enfin, il ne rêve que de vengeance. La course des courses, la De Leon – légendaire épreuve automobile clandestine – va lui en donner l’occasion. Mais pour courir, Tobey va devoir échapper aux flics qui lui collent aux roues, tout en évitant le chasseur de primes que Dino a lancé à ses trousses. Pas question de freiner…

Date de sortie : 16 avril 2014 (2h11min) Réalisé par : Scott Waugh Avec : Aaron Paul, Dominic Cooper, Imogen Poots Genre : Action Nationalité : Américain

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Vroum ! En préambule, j’ai envie de dire Vroum. Alors je le dis. Vroum. Ça suffirait presque, mais, je vais développer si t’as 5 minutes. Ce soir-là, c’était un samedi soir et j’étais triste comme un Marseillais. Je me sentais tout vieux, comme si j’étais la couille gauche de Jean d’Ormesson, qui porte à droite comme chacun sait. Je ruminais comme un Zeubignomewhere, je ne sais pas si je t’ai déjà parlé de ce pote à moi, qui ne trouve pas sa paille pour s’enfiler sa bouillie du soir, sous son plaid élimé qu’il se refuse à changer vu qu’un sou est un sou, alors qu’il peine à réchauffer ce corps de lâche que Dieu lui a donné et peste car il sait qu’il va rater le début de «Questions pour un Champion». Et il a envie de pleurer, boursouflé par son mauvais vin quotidien. J’étais mal donc, pas vif, pas pertinent, y’avait comme un truc qui passait pas, j’étais proche du trépas. Je le sentais comme une évidence, fallait faire quelque chose. Comme le jour où j’ai mis deux baffes à mon beau-frère pharmacien qui tentait de m’expliquer qu’un suppositoire, ça se met dans l’autre sens qu’on croit, tout en se foutant de ma gueule. Parce que c’est mécanique, tout ça. Putain de pièce rapportée qui te prend pour un jambon, ouvertement, alors que toi, tu le respectes bien qu’il porte la raie sur le côté, des costards quoi, au 21ème siècle et qu’il vienne de Reims.

Alors, comme, même dans la faiblesse qui toi, te tuerait, moi, j’ai toujours cette force qui fait les héros, tu sais, celui qui voit la brèche, la lumière quand la sombritude te noie, qui fait un pont de son corps pour que tu traverses sans risque, qui sait que si tu préfères le beurre doux, c’est que t’es pas un être humain digne de ce nom, je me suis dit : «Didon, gros con, tu devrais te mater un film de jeune».

qu’il y a, potentiellement, des films pour les vieux, pour les cons, pour les femmes, pour les moches, pour les Polonais, pour les ladyboys, pour les chauves, pour les chiens, pour ceux qui aiment tremper du camembert dans leur café, pour les myopes, pour ceux qui font des petits projectiles avec leurs crottes de nez pour les envoyer sur leur pauvre fille qui essaie de faire ses devoirs, pour les presse-bites, pour les gays, pour les abrutis, pour Marine LePen, pour les gens qui ont les dents du bonheur ou ceux qui se grattent les couilles dans le sens des aiguilles d’une montre. Bref, tu vois un peu la conne de conscience qu’un

mec comme moi est obligé de se trimbaler alors qu’il n’a tué personne, qu’il se lave les dents 19 fois par jour et qui n’oublie jamais qu’il ne faut pas se jeter à l’eau si on ne sait pas nager et qu’on n’a pas pied. Le mec net, quoi, toujours sur la brèche, faut ça pour faire la route. Cela étant, j’avais toujours cette boule au ventre en insérant le disque de Need For Speed, le bien nommé film de jeune sur lequel je jetai mon dévolu, dans mon lecteur, avec cette délicatesse légendaire que je distille à tout ce qui ressemble à une rondelle pourvu qu’elle brille, et ce, presque en gémissant tellement j’étais maussade. Pas maussade au point de m’installer en Israël, mais pas loin. Ça passait toujours pas. Il me fallait du revigorant, de la coke en film, un truc pour faire gigoter cette pauvre carcasse déjà essoufflée alors que sa route n’est pas finie, j’espère. Il me fallait du splendide. Et franchement, c’est beau. On n’est pas loin du pur chef d’œuvre. Déjà y a le mec de Breaking Bad. Non, pas lui, l’autre. Il fait super bien le mec qui parle pas ou alors juste pour dire l’essentiel. Pour ainsi dire, pas grand-chose. L’homme dans toute sa splendeur. Après, il y a Michael Keaton qui n’en finit pas de renaître en fait. Le mec, tu lui mets une webcam et il te fait un One Man Show qui, à lui seul, vaut le coup d’œil.

Un film de jeune, dans le jargon de ma connasse de conscience, je ne sais pas trop ce que ça veut dire. Ça ressemble même Ce film m’a bouleversé, il m’a beaucoup à s’y méprendre à une imbécillité mais ça touché. La victoire du prolétariat, ça m’a fait réfléchir. Ça voudrait dire, si je suis bien, parlé plus fort qu’une Carla Bruni à l’oreille. Numèro 111 - HCFR l’Hebdo

J’ai trouvé ça tellement intelligent de déposer ça, ce message, pour que ça rentre dans les crânes des morveux qui ne savent déjà pas marcher correctement, et qui bavent, en contemplant des mecs qui conduisent des caisses, (enfin quand je dis conduire, tu m’as compris), qu’eux, ne verront sans doute jamais autrement qu’en photo. C’est du lourd. Tu vois, la propagande se niche parfois dans les trous de balle qui font les bouses ! Et j’ai entendu cette petite voix qui m’a dit « Mais tu ne vas pas mettre 10 quand même ?!? » Et là, la révélation. Ce poids, cette lourdeur, cette mélancolie qui s’explique, prélude à son envol prochain et à ma forme retrouvée qui s’annonce.

C’était un soir de pleine lune, il faisait froid et je venais de voir une merde à laquelle sans la moindre hésitation j’avais collé un 10. Ou un 9. Et là, l’éminent guyness, sûrement en maraude, tel l’écureuil sur sa branche, m’asséna une phrase qu’il a sans doute oubliée aujourd’hui, alors que c’est elle qui me taraude encore, des mois après. «Tu te rends bien compte que si tu mets encore 10 à une bouse tu vas perdre toute crédibilité ?» Le coup bas. L’agression. Le guyness dans ce qu’il a de plus minable et blessant, lui qui parfois sait être si fin. Lui, l’écureuil, parlant au loup de crédibilité. Alors que le loup déchire sa viande à même le sol, de ses canines sur pivot, car c’est un animal, sauvage, insoumis et libre, comme le vent. C’est pas un rat roux qui passe son temps à astiquer son gland. Le loup c’est crédible. C’est ça qui passait pas en fait. Bon, si je mets 6, c’est parce que je suis un peu lâche comme loup. Mais ça vaut 10.

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7eme Art Sergent Pepper

St. Vincent (2014) Theodore Melfi

U

n garçon de 12 ans, dont les parents viennent de divorcer, reste seul toute la journée. Il se lie alors d’amitié avec son voisin, un retraité décadent, hédoniste et misanthrope dont la vie ne tourne qu’autour de l’alcool, du jeu et des prostituées. Date de sortie : 24 octobre 2014 - en DVD (1h43min) Réalisé par : Theodore Melfi Avec : Bill Murray, Melissa McCarthy, Jaeden Lieberher Genre : Comédie Nationalité : Américain

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Papy (Jack) Daniels St. Vincent est, à plus d’un titre, une énigme. Qu’un film aussi sympathique, porté par un casting prestigieux soit condamné à la DTV quand un tel de flot de purin inonde hebdomadairement nos salles en est la première raison. Qu’une petite chose aussi peu originale, avec applaudissements tirelarmes à la fin, transformation des bougons en gentils et des brutes en amis, musique pop et feel good puisse atteindre à ce point sa cible, semble a priori inexplicable. Tentons tout de même. La première raison qui ne surprendra pas grand monde tient dans son comédien principal, un Bill Murray qu’on ne va plus qualifier comme

Numèro 111 - HCFR l’Hebdo

au sommet de son art, puisqu’il n’en descend que rarement. Patibulaire, détestable, cynique, son personnage en perdition est rendu d’autant plus efficace qu’il est serti de répliques au cordeau, qu’il s’agisse de casser ses voisins ou d’accueillir les télévendeurs. Loser intégral, tentant de revendre laxatifs sous le manteau ou de clô- le film déploie la traditionnelle returer un compte à découvert, parta- lation entre le vieil homme et l’enfant, n’épargnant ni les sommaires musicaux, ni les incursions du pathétique (passé militaire, femme en maison de repos, etc.), mais en faisant mouche à chaque fois. Un petit miracle qui tient à la façon dont un gamin peut tondre une pelouse sans herbe, un grabataire tenter de reconquérir son langage par ses geant sa vie entre une pute low cost saillies acerbes ou une prostituée en état de grossesse avancée (Nao- devenir femme d’intérieur. mi Watts qui prend ici, avec jubila- N’en rajoutons pas. C’est drôle, c’est tion, les risques qu’on ne lui permet- frais, ça ne renouvelle rien, c’est toutait pas dans Birdman…) et un chat chant. qui n’aime pas les gens qui se font aimer par les animaux, le voici donc En ces temps de remise en question face à l’incapacité des films contemaffublé d’un gamin à babysitter. Dans une atmosphère proche de porains à réellement m’émouvoir, Paper Moon, sur un traitement que me voici personnellement rassuré. ne renierait pas Alexander Payne, 15


7eme Art Pphf

Local Hero (1983) Bill Forsyth

U

ne multinationale décide d’implanter un complexe pétrolier dans un petit village de pêcheurs du Nord de l’Ecosse. Les tractations que mènent technocrates et villageois prennent une tournure bien surprenante. Date de sortie : 14 mars 1984 (1h51min) Réalisé par : Bill Forsyth Avec : John M. Jackson, Dan Ammerman, Tam Dean Burn Genre : Comédie dramatique Nationalité : Britannique

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Cheerio Local Hero est une ode à l’Ecosse. Avec brume à couper au couteau envahissant les hautes terres et dissimulant les petits lapins, avec maisons de pêcheurs alignées mais toutes dissemblables, avec pub et litres de whisky (garanti 42 years old) et kilolitres de pintes, avec fiddle et violoneux fous, avec autochtones chaleureux, généreux, et aussi chaleureusement pingres quand il s’agit de récupérer un magot, avec accent à couper au couteau et roulements de R plus que roulés («differrrrrent»), avec colonie de dénommés Mac (et parmi eux, un révérend africain et un juif new-yorkais, délégué par sa compagnie pétrolière et qui finira plus écossais que les Ecossais), et aussi une plage magnifique, pleine de coquillages et de crustacés, et de phoques, presque méditerranéenne sous ces latitudes nordiques … (Je me souviens effectivement, encore plus au Nord, dans l’archipel des Shetlands, au sud de l’île principale, d’une plage magnifique, un paradis solaire à l’été polynésien, l’effet Gulf Stream peut-être, la preuve que le soleil passe au nord, avec des phoques à proximité, des myriades d’oiseaux marins, et à la tombée de la nuit, en regardant bien, des hiboux blancs.) Il y a aussi des pluies d’étoiles filantes, des aurores boréales – et c’est beau. Mais Local Hero, c’est surtout un récit, aus-

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si drôle, irrésistiblement, qu’intelligent. Et presque surréaliste, qu’on en juge, Une compagnie pétrolière, une multinationale, en quête d’un terminal situé au cœur de l’Ecosse, Un logeur, à la fois patron de pub, avocat, homme d’affaires (et plus qu’intéressé), Un lapin, et plus tard (hélas), un civet de lapin, Un couple de logeurs forniquant comme des lapins, Le phare rouge d’un hélicoptère transperçant la nuit septentrionale, Une sirène aux doigts palmés, capable de rallier à la nage les Bahamas depuis une plage écossaise, Un grand échalas dégingandé en amoureux transi, Un magnat du pétrole bien plus intéressé par les comètes, les pluies d’étoiles filantes et les aurores polaires que par les investissements de sa propre compagnie, Un psychanalyste tentant de promouvoir (non sans risque) la thérapie par l’insulte, Des collectes de pièces pour arroser la cabine téléphonique et permettre les conversations à destination de New York, Une petite cabine téléphonique d’un rouge minium, en plein centre de la toile marine écossaise (on peut songer à la touche rouge, finalement transformée en bouée et ajoutée par Turner sur une de ces marines, pour un choc de couleurs, bien après la toile de Turner mais bien avant le film de Mike Leigh), Un préposé (improvisé) à la cabine, Un motocycliste casqué fonçant régulièrement sur les piétons (sans les voir ?) Une punkette très rurale, Tous les habitants du village sortant de l’église, et sortant, et sortant (comme un gag des Marx Brothers), ou regroupés, de front, sur la plage (et là on est plutôt dans le film de zombies – mais très innocents) Un chalutier russe, arrivant de Mourmansk, et sortant du chalutier russe, un marin truculent, sosie soviétique et épais de Daniel Prévost, homme d’affaires aussi (et très in-

téressé), et amoureux de l’Ecosse … (Je me souviens aussi, plus au Nord, du côté des Shetlands et dans les années 80, que les chalutiers russes croisaient dans les parages, pour cause de pêche ou d’autres stratégies, que les marins, souvent des étudiants en service civil, lorsqu’ils descendaient sur la terre ferme, à Lerwick, terre du sperme alcoolique, ne suçaient pas de la glace. Ils avaient même une technique, proprement sidérante, pour laper d’un coup de langue, la totalité d’une flasque de whisky, garanti 42 ans d’âge.) Il y a aussi un Robinson, un ermite (mais plutôt avenant) qui vit dans une cahute sur la plage, où l’on n’entre et d’où l’on ne sort que par son unique fenêtre, qui se nourrit des trésors rapportés par la mer et qui a hérité depuis la nuit des temps d’un fief inestimable – ce sera, pour les pétroliers, le très méchant et très définitif grain de sable. Le message écologique est introduit avec tant de finesse, de légèreté et de nuance, jusque dans le cynisme qu’il passe très facilement ; du reste tous, ou presque, sont même d’accord pour remplacer la baie magnifique par une raffinerie , et pour les meilleures raisons du monde : la multinationale pour son expansion, les villageois, pour le boom immobilier et le pactole, les hommes d’affaires pour leurs affaires … Mais le pire n’est jamais tout à fait certain . (Mais il n’est pas loin, sans doute. En Ecosse, et encore plus au nord, du côté des Shetlands, au début des années 80, la découverte du pétrole en Mer du Nord, l’installation des premières plateformes, puis les terminaux, les ports, les pipelines – tout cela allait ruiner, inexorablement, un écrin paradisiaque …) Bref, tout le monde aura compris – j’aime l’Ecosse.

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7eme Art Pravda

In Their Skin (2012) Jeremy Power Regimbal

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près la mort accidentelle de leur fille de 6 ans, la famille Hughes quitte pour un temps sa vie urbaine et frénétique pour trouver le calme et le recueillement dans une maison de campagne, au milieu de nulle part. À leur arrivée, ils font la connaissance de leurs nouveaux voisins qu’ils décident d’inviter à dîner. Mais petit à petit, la soirée va se transformer en cauchemar éveillé car cette famille n’est pas tout à fait comme les autres… Date de sortie : 21 avril 2012 (1h36min) Réalisé par : Jeremy Power Regimbal Avec : Selma Blair, Joshua Close, James d’Arcy Genre : Thriller , Epouvante-horreur Nationalité : Canadien

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Au final, qu’ est-il arrivé au clebs ?? J’ai envie de dire : c’est bien fait pour vot’ gueule ! J’m’explique. Moi, si, un matin très tôt, alors que je suis peinarde en vacances dans ma maison de campagne au fin fond des bois (1), on me réveille en faisant du boucan sous mes fenêtres, vous pouvez être sûrs que je ne vais pas inviter les trois nuisances sonores sur pattes à dîner le soir même à ma table. Encore moins après qu’ils m’aient ouvertement pris pour un jambon de six mois d’affinage en me mentant éhontément sur la raison de leur présence dans mon immense jardin (2) et sur l’âge de leur fils. Pis ça n’aurait pas traîné jusqu’au moment où l’on commence à se dire que Madame n’a pas l’air finie (effectivement, elle est obsédée par ses plants de salades)... Longtemps que je leur aurais indiqué la sortie à coup de pantoufle dans la binette ! Mais il n’est pas comme ça, Mark, il est sociable, Mark. Alors il les invite à souper. Je me dis qu’après tout il n’est jamais

trop tard pour bien faire, et au moment où, le soir venu, nos trois envahissants voisins rentrent dans la maison comme si elle était la leur (3) il est encore temps de mettre le hola. Ou encore quand ils vous posent plus de questions indiscrètes que l’inspecteur Columbo au sommet de sa forme. Mais nan. Mark et sa femme Mary, alors que l’on sent pourtant qu’ils n’ont pas du tout envie de faire ami-ami, sont sociables et bien élevés. Et voilà qu’ils se retrouvent dans un mauvais remake de Funny Games (4). C’est ballot ! Mauvais c’est relatif en fait, disons qu’en comparaison d’avec Funny Games, In Their Skin ne la tient pas trop (5). La comparaison. Je ne sais pas si je me fais bien comprendre. Faut pas penser à Funny Games finalement et alors on se dit que c’est pas le meilleur thriller qu’on ai vu ces dernières années mais que ce long-métrage, le premier de son réalisateur a quelques atouts pour lui comme une capacité à créer une ambiance pesante grâce notamment à une lenteur bien gérée, une esthétique qui colle bien aux circonstances et un casting féminin convaincant (je suis un peu plus réservée quant à ces messieurs, Josh Close étant plutôt absent et James D’Arcy, à l’inverse, en faisant souvent trop). A plusieurs reprises, notre gentille famille pourraient se sauver si seulement ils n’étaient pas aussi sociables (6). A croire que comme disait Jean-Pierre Claris de Florian (7) «Pour vivre heureux, vivons cachés».

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J’rajouterais que vous vous devez de résister et de laisser votre porte close même face à une offre aussi alléchante que des salades gratuites, parce que preuve en est que l’on n’est pas à l’abri d’un psychopathe (8)

(1) Bah quoi... On peut rêver. (2) Se référer au (1) (3) Comprendre par là que vous pourriez bien être en petite tenue dans le salon ou en train de ramasser la tarte malencontreusement tombée sur le sol pour la servir en fin de dîner ni vu ni connu... ben tintin ! (4) Je ne préciserais pas que j’ai eu le bon goût de regarder le Funny Games de Haneke et l’encore meilleur de ne pas voir le remake US, ce serait d’un snob. (5) Ah c’est chiant de devoir descendre en fin de page pour chaque annotation, hein ? (6) Oui, c’est ainsi que je nomme le fait de ne pas vouloir mettre une balle dans le buffet de quelqu’un qui vous à méchamment salopé votre week-end. (7) Citer des noms à particule, ça le fait toujours. (8) Ou pire : des témoins de Jéhovah.

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A LIRE Igor

Feuilles d’herbe (1855)

Walt Whitman

Mannahatta Il y a Walt Whitman qui pose les mots sur une feuille en rêvant. Qui les dispose avec soin, qui griffonne, efface, barre, reprend. En rêvant. Le rêveur de Manhattan et de l’Amérique à pieds nus. Et moi cent cinquante années plus tard qui lit les mots du poète d’un œil absent, la tête en l’air, rêveur perdu dans les rêves d’autre chose qui est ailleurs et j’en perds le fil. Alors il y avait Walt Whitman qui offrait tout son corps et son amour à la musique de ses mots. Le vagabond américain par tous les coins et tous les âges chantait la gloire de son pays. Plus largement l’immensité grandiose de l’humanité vénérée plus ardemment qu’un Dieu. Si loin était un Dieu jamais renié. Aimé comme on aime l’autre. Aimé comme Whitman aime le monde qui l’accueille. Moi cent cinquante et une année

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plus tard ouvrant au hasard les pages d’un recueil épais comme un bottin, l’infini chant des terres arides de l’Amérique, des villes natives, de l’essor fabuleux de l’île urbaine. Et mon cœur soudain qui bat divinement mieux. Il y a Walt Whitman qui jette avec véhémence les termes sur le papier vierge, qui le saccage à ravir avant d’ordonner miraculeusement cet univers natif, à la gloire de sa cité qui pousse pousse pousse le ciel. Naissent et s’imposent les images suggestives de l’ébullition de l’être. Rêvait un poète au pouvoir de projection absolu, créateur de vie palpable, immortelle. Car cent cinquante et une année plus tard, bien après le passage du voyageur, je côtoie les citadins embarqués sur le bac et suis couvert de l’ombre du grand pont de Mannahatta. Alignés sur ces pages anodines sont les plus grands chants de l’Amérique et la croyance des hommes bons et beaux. Entre ces lignes à la verve démente niche l’essence de l’homme qui croit en l’homme, le prophète célébrant camarades et inconnus sans distinction. Il y a un solitaire en balade, ses mots qui sont un fleuve intangible, qui sur leur passage entraînent qui-

conque y trempe les doigts curieux. Il y a l’œuvre sauvage du passionné amoureux. L’utopie tangible, crédible d’un monde vrai et de vrais gens qui tous épanouissent la grande épopée du peuple humain. Il y a une lecture du revenir, une forme d’addiction qui amène l’étrange question : ne plus lire que ces textes emplis de vérité, encore et encore, à quoi bon chercher ailleurs quand tant de vies ont été dissimulées ici, offertes à qui saura chercher avec amour ? Il faut une vie pour lire Whitman.

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MUSIQUE Ze Big Nowhere

It Serve You Right to Suffer (1966)

John Lee Hooker

The soul of a man Il n’y a rien. Ou presque rien. Une guitare. Une guitare rugueuse, balafrée. Comme le prolongement de l’âme. L’âme perdue du Mississippi enfermée dans cette caisse de bois, bourdonnante, grésillante. Prisonnière derrière ces six cordes comme derrière les barreaux d’une cellule. Cette âme qu’il faut libérer, laisser sortir de sa cage de bois par tous les moyens. L’urgence d’un peuple à évacuer la peur et la honte; cracher son émancipation à la face du monde. Ouvrir les portes de la prison et laisser s’échapper l’étincelle qui rallumera l’espoir, qui redonnera la vie au peuple esclave. Permettre à cette respiration qu’est le Blues, enchaîné dans les yeux baissés de la nation Noire, de ranimer un futur désespéré. Une guitare moteur de l’affranchissement lorsque l’âme prisonnière s’en est enfuie, lorsqu’elle a repris sa place au fond des yeux du Bluesman. La guitare comme échappatoire, comme moyen d’exister,

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comme arme pour résister. Une voix. Un torrent charriant ses cailloux, dégringolant avec fracas dans le calme de la plaine. Quelque chose d’éternel et d’inexorable. Un éclat de rire dans une vallée de larmes. Une voix comme un habit usé, le costume élimé de l’âme tout juste libérée de sa prison. Le manteau humble et magnifique qui habille cette âme encore fragile, qui la protège dorénavant de l’extérieur, qui lui tient chaud. Cette voix naissante, toute neuve et pourtant déjà si abîmée. Cette voix profonde qui vient s’insinuer sous

ta peau, qui vient réchauffer ta carcasse comme un vieux whisky. Puis vient le jour où le bois se mêle à la chair, où l’âme se pose sur la voix. Cette sorcellerie, cette magie noire qui fait parler le bois, qui rend l’âme enfin visible aux yeux de tous. L’alchimie improbable qui transforme la douleur en musique, la fatalité en espérance, et le fer en or. Une fleur sur du béton. Juste une fleur sur du béton. h t t p s : / / w w w. yo u t u b e. co m / watch?v=IibBmvF_Tv4

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MUSIQUE Pheroe

Feelin’ Bitchy (1977)

Millie Jackson

Millie on air Inutile de chercher, il n’y en a pas au-dessus d’elle. Durant toutes les années 70, grâce à une dizaine d’albums aussi vitaux que viscéraux, Millie Jackson devient la reine incontestée d’une soul racée hautement inflammable. Le genre de chanteuse qui vous retourne l’âme, le cœur et la queue. En moins de deux. Les petites copieuses du R&B peuvent aller se rhabiller, arrêter leurs gesticulations et ranger leur attirail. Au placard direct. Leurs simulacres érotiques n’émeuvent plus personne — à part peut-être de vieux mormons à la ramasse découvrant sur le tard les mœurs confuses de notre société moderne (et ses représentations faussement émancipées mais réellement aseptisées de la chose sexuelle). En musique, bien sûr, ce n’est pas dans l’image que l’essentiel se joue, ni dans ces clips racoleurs à l’esthétique trop codifiée pour susciter un vrai frisson. C’est dans la voix. Soyons sérieux : si, sur la jauge du sex appeal vocal, les pseudos bad girls actuelles atteignent péniblement le 1, Millie Jackson nous pète un 10 tranquille. Que dis-je, elle jumpe le niveau, explose le mojo, fait gicler la jauge. Et

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purge tout le système. Déjà à l’époque, elle dépassait la concurrence. Qui avait une autre allure qu’aujourd’hui : Aretha, Nina, Diana, Tina... De grandes chanteuses, certes, mais Millie était plus fun. Millie mettait dans le mille. C’était LA femme, le modèle définitif, la matrice originelle. La Vénus unique. Tout est dans sa voix. Il suffit de l’écouter chanter. Huit disques studios à son actif, rien qu’entre 72 et 77. La moitié sont excellents (notamment les fameux concept albums Caught Up et Still Caught Up), les quatre autres sont juste très bons. En 77, elle sort Feelin’ Bitchy, un titre parfait dans son genre et une pochette qui ne l’est pas moins — on y reviendra. Tout au long des 70’s, elle peaufine ce style âpre et râpeux qui est sa marque de fabrique. Dans ses paroles, elle joue la carte du double sens. Lovely and dirty talkin’, mais toujours avec une élégance farouche qui l’absout de toute vulgarité. Comme une ultime pudeur, pour mieux masquer des sentiments trop forts ou trop violents. Car l’amour est partout

présent, s’élevant jusqu’à l’indécence, jusqu’à l’incandescence, jusqu’à la brûlure. Des braises plein la bouche. Une voix chauffée à blanc. Du hard love en fusion, si grand et si intense qu’il en augmente la prose. Millie est une lady, une déesse, une lionne. Évitons de bavasser des salaceries à son sujet. Elle seule a le droit de le faire. On s’écarte, on dégage, on laisse passer la dame. On respecte. Et gare à vos regards, pas touche à Millie. En apparence, il semble qu’elle vende sa libido, comme pourrait le laisser croire la pochette gentiment sulfureuse de ce disque délicat, mais on devine avec quelle monnaie elle veut être payée — une monnaie qui s’appelle love. De fait, toutes les chansons sont des chansons d’amour (heureux ou malheureux). Échange sexe contre cœur : le schéma de base d’à peu près 100% des tubes R&B des trente dernières années. Sauf que là, c’est de l’authentique, pas du frelaté. C’est la source, la référence absolue. Mine de rien, sa musique marque le passage du rythm and blues des sixties au R&B www.homecinema-fr.com - Mars 2015


des décennies suivantes. Et ça fonctionne grave, la faute à ce feu dans la voix. Une voix d’érotomane implorante, d’amoureuse éperdue, débordante de volupté. A la fois la plus hot et la plus love. Les désirs à vif, le cœur à découvert, s’écorchant la gorge avec une sensualité déchirante. Impossible de ne pas succomber. Il n’y a que deux sortes d’hommes, ceux qui l’aiment et ceux qui ne la connaissent pas. Superbe album que ce Feelin’ Bitchy. Même s’il n’est pas le meilleur, il reste très représentatif du style vocal de cette période. Moins délurée que Betty Davis mais plus érotique que Tina Turner, Millie chante comme si elle était toute nue. Vulnérable mais sûre d’elle-même, avec cet air d’exquise provocation qui la caractérise. Les chansons s’enchaînent, toutes plus tubesques les unes que les autres. Par ici les dollars et les petits millions, mais sans jamais sombrer dans la facilité commerciale. La preuve avec le premier morceau, All the Way Lover, plus de 10 minutes de chanter-parler, en alternance ou simultanément — une vraie gageure. Morceau épique qui Numèro 111 - HCFR l’Hebdo

transpire la soul vintage, avec rasades de violons et cuivres rougeoyants. Puis, après le funk proto-disco Lovin’ Your Good Thing Away (hum), on s’envoie la sublime ballade, Angel In Your Arms, et son irrésistible montée en puissance. A Little Taste of Outside Love est une merveille de groove mélodique. Arrive la bombe You Created a Monster, qui emporte tout sur son passage. Imparable. Les diabétiques éviteront les trois sucreries qui clôturent l’album. Ça fond directement sous la langue et ça irrigue le réseau sanguin de la tête aux pieds. En résumé : mon Dieu ! mon Dieu ! mon Dieu ! Trois fois. Évidemment trois fois, pas moins pour la diva. Encore et toujours cette voix qui racle aux bons endroits. Qui frotte juste là où il faut. Comment est-ce possible de chanter comme ça ? Frémir, gémir, râler, hurler de cette manière. Elle lui fait quoi au micro ? Et au pied de micro ? On les change entre chaque chanson ? Comment voulez-vous qu’on reste calme ? Comment voulez-vous qu’on se tienne tranquille ? S’endormir maintenant ? ... Pitié. Laissez-moi vous parler d’elle.

Vous parler du sweet et du smooth, du smile entre ses lèvres. De cette absolue groovitude dans le miaulement, de cette infinie sexitude dans le susurrement. Dans le feulement. Je tétanise, je tachycardise, j’apoplexise. Je convulse. «Ses yeux sont comme des colombes. Ses deux seins sont comme deux faons, comme les jumeaux d’une gazelle, qui paissent au milieu des lis». Etc. Millie Jackson est une vieille dame aujourd’hui. Il y a quelques temps elle animait une émission de radio. Elle parlait de musique et passait les disques qu’elle aime. Ça ne m’aurait pas tellement gêné de vieillir à ses côtés. Eloignez les enfants, elle en fait des tonnes : https://www.youtube.com/watch?v=JEwuJpgsBu4 Les filles, votre mec vous gave ? Il y a une solution : https://w w w.youtube.com/ watch?v=Z6-lE6seydA

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MUSIQUE Lazein

Appetite for Democracy Live at the Hard Rock Casino - Las Vegas (2014) Live de Guns N’ Roses

«W.A.R. ! What is it good for ? Absolutely nothing !» Après avoir mis le monde à genou, à coups de tournées mondiales napoléoniennes triomphales, W. Axl Rose, ex général du groupe «le plus dangereux du monde» se fane. Triste conséquence d’avoir laissé rouiller ses canons et s’auto-mutiler de ses pétales une à une. Malgré les boutures de 3 mercenaires opérées au poste de tireurs d’élite-6 coups (DJ Ashba, Ron «Bumblefoot» Thal et Richard Fortus) irréprochables de maitrise, ses mercenaires sont immuablement illégitimes et dépourvus de l’âme originelle. Personne n’est dupe dans cette entreprise tant les soli de Slash sont reproduits à l’identique. DJ Ashba pousse le mimétisme à fond jusqu’à arborer en permanence un chapeau haut de forme tout en singeant les postures de son illustre prédécesseur. Outre, Tommy Stinson à la basse en simili-punk reprenant le rôle crée par Duff, Frank Ferrer ne relève en rien la sauce derrière ses fûts avec

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un son trop feutré et des intros mollassonnes notamment lors de «Mr Brownstone», «Rocket Queen» ou à placer du rimshot sur «Don’t Cry»... Ce live de 2h40 est une trace de l’un des innombrables shows donnés à Las Vegas ces dernières années par la franchise Guns n’ Roses by Axl Rose. La setlist oscille entre les deux tiers d»Appetite For Destruction», un tiers de «Chinese Democracy», un quart de «Use Your Illusion» et deux pincées de «Lies». Malheureusement, 20-25 piges après, Axl Rose persiste à réitérer les défauts inhérents des gigs de Guns en plombant le concert de nombreuses reprises : «Live & Let Die», «No Quarter» de Led Zep, «Another Brick In The Wall», «The Seeker» des Who et «Knockin’ On Heaven’s Door» plus proche de l’originale, donc encore plus chiante

mais toujours aussi putain d’looo ooooooooooooooooooooooooon gue !!! Sans compter les auto-promos de chacun des artisans de son entreprise où bassiste, gratteux et même son valet Dizzy Reed y vont de leurs oeuvres perso ou de jams instrumentales pour meubler les moments où son altesse Axl Rose s’absentent pour se ressourcer en oxygène ou faire sa compta ! Dès l’entame puis tout au long de «Welcome To The Jungle» (soit le deuxième titre !), Axl Rose est déjà à bout de souffle ! Il a dû en chier Pépère à souffler ses 53 bougies le 6 février dernier ! Celui qui naguère avait une voix aussi éraillée et puissante qu’un hurlement de chat en furie et qui ondulait comme un serpent sur scène, n’est plus que l’ombre de son ombre. Pour preuve, la longue www.homecinema-fr.com - Mars 2015


crise d’asthme de 9 minutes qui l’étrangle sur «Estranged» fait peine à ouïr. Itou de ce qu’il inflige à ses pauvres cordes vocales atrophiées sur la seconde partie de «Rocket Queen». Le déjà pénible «This I Love» ainsi que «Catcher In The Rye» sont des massacres auditifs et «Sweet Child O’ Mine» est interprétée à la limite de l’apoplexie ! Toutefois, mais à de trop rares occasions, Axl Rose parvient à domp-

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ter son gosier aphone et cracher quelque chose de correct lors de «Live & Let Die», «You Could Be Mine», «Civil War» ou «Nightrain». J’ai mal à mon Guns. Mal de voir et entendre ce que la bannière «Guns n’ Roses» est devenue sous l’égide despotique d’un Axl Rose embourbé dans sa mégalomanie paranoïaque et incurable à l’instar d’une Prince ou d’un Madonna.

Avide de destruction, Captain Rose continuera, coûte que coûte à voguer à bord de son embarcation décharnée, faisant escale tous les 10 ans pour un album prétexte à des concerts d’un autre temps. Par fidélité, je continuerai à le suivre du coin de l’oeil et du bord de l’oreille tout en suivant plus assidument les rats à qui il a fait quitter le navire !

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MUSIQUE Saint-John Poivrot d’Arvor

Cliché Hot (2008) Radio Radio

Label Province Vous le croirez ou pas, mais tout popeux que je suis, il m’arrive pourtant d’écouter du hip-hop quelquefois, en cachette, les soirs de pleine lune. Alors je me transforme, l’esprit éthéré du grand Benny B (les vrais savent) vient prendre possession de mon corps et l’envie soudaine me prend alors de crier : «Colère» à la face du monde et de la société. Alors je deviens un voyou, une canaille, un chenapan. Une envie irrépressible me prend de coïter la police, cette vilaine, et de sonner à toutes les portes se trouvant sur mon divin passage, avant de finalement me disperser dans la nuit, telle une ombre, ravi du tour subversif que je viendrais de jouer aux rond-de-cuir et aux nantis de tous bords. Tout ça pour dire, en définitive, que j’aime assez le hip-hop mes petits négros. (Ceci n’est pas une expression raciste, veuillez ranger vos feedbacks bien gentiment) Mais ce que j’aime le plus avec le raphiphop, c’est sa capacité à fusionner avec les autres styles de musique, que ce soit le rock, le jazz

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ou les musiques électroniques. Car c’est souvent l’occasion de très belles réussites et de bien belles découvertes. Et justement, le groupe Radio Radio pratique avec bonheur ce genre de fusion, en l’occurrence entre le rap et l’électro. Comment ? Vous dites ? Qui c’est que ce groupe de branques encore que tu nous présentes là cher SaintJohn ? La question est pertinente, et je m’en va vous z’y répondre prestement. Radio Radio est formé de quatre

zouaves originaire du Canada, et dont la grande particularité est de chanter en français acadien et en chiac. En gros, une sorte de franglais prononcé avec un fort accent de péquenot, sans vouloir offenser personne. Bandant non ? Le tout asséné sur des beats électro aussi basiques qu’entraînants. Erectionnant non ? Non ?! Pour les textes, cherchez pas du profond, cherchez pas du céleste, vous n’en trouverez pas le début

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d’un commencement. C’est juste de la galéjade, de l’entertainment, des textes avec pas mal de second degré et d’enthousiasme, jetés en pâture comme des confetti lors d’un carnaval. C’est festif, ça donne envie de reprendre à tue-tête les refrains d’une efficacité redoutable qui s’y trouvent, qu’ils parlent de jacuzzi, de bingo, de clichés, de ch’min d’terre en masse pour rouler le dimanche, ou de bien d’autres choses encore, que je ne comprends sans doute pas encore, ou si peu. Parce que je préfére vous préNumèro 111 - HCFR l’Hebdo

venir toussuite maintenant, vous comprendrez rien au début. C’est dit. Mais c’est normal. Capotez pas. Vous arriverez quand même à choper deux trois mots par ci par là, et puis vous en ferez petit à petit des petits paquets de phrasounettes bizarres. Et vous serez contents. Vous avez intérêt.

avant que je vous en câlisse une sur le coin d’la yeule, hé maudits ! C’est tant pis pour vous. J’passais juste en passant pour dire ça.

Jacuzzi : h t t p s : / / w w w. yo u t u b e. c o m / watch?v=iqn0DlN_4Qo

Comment ? Vous dites ? Ça a tout l’air d’être d’la grosse marde, mon Vuca Vuca : truc ? h t t p s : / / w w w. yo u t u b e. c o m / Bé allez donc péter dans les fleurs, watch?v=qLtM9OnR0Ic hé sagouins ! Pis crissez vôt’ camp 27


Blu-ray

Le Loup Celeste

The Guest

Adam Wingard

U

n soldat qui s’investit auprès de la famille d’un ancien camarade tombé au combat, va devenir peu à peu un danger lorsque les dangereux secrets de son passé vont brusquement refaire surface...

Nationalité : Américain Genre : Thriller, Action Année : 2014 Durée : 101 min Réalisateur : Adam Wingard Acteurs : Dan Stevens, Maika Monroe, Brendan Meyer, Lance Reddick, Leland Orser

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Jouissif de bout en bout, “The Guest” est un thriller psychologique qui réinvente le genre en évoluant hors des sentiers battus pour prendre les spectateurs au dépourvu, et en installant un climat de tension permanent autour de la personnalité particulière-

ment complexe de son personnage central aussi charmant que timbré. Ajouté à cela un vrai sens de la mise en scène, une performance d’acteur inoubliable (le machiavélique et plutôt cool Dan Stevens), un récit faisant monter la pression avec brio, des

Le Blu-ray Image Un transfert HD de tueur à la définition appropriée, aux détails exigeants, aux textures fines, aux couleurs chaleureusement saturées, aux contrastes athlétiques et aux noirs menaçants. Audio Immersive et captivante, cette piste sonore aussi rusée et efficace que l’invité du film délivre des dialogues intelligibles, des ambiances pointues à l’avant comme à l’arrière et des basses puissantes lors du troisième acte, et diffuse avec énormément de présence une bande originale aux titres électro/new wave angoissants.

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scènes mémorables (le final complètement barré) et une musique électro typée 80’s inquiétante, et vous obtenez une œuvre diabolique des plus accrocheuses.

Fiche technique Format vidéo 1080p24 (AVC) / [2.40] Pistes sonores Anglais DTS-HD Master Audio 5.1 Sous-titres Français Anglais pour malentendants Région : A, B, C (États-Unis) Éditeur : Universal Pictures Date de sortie : 06 janvier 2015

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Blu-ray

Le Loup Celeste

28 jours plus tard

Danny Boyle

U

n commando de la Protection Animale fait irruption dans un laboratoire top secret pour délivrer des dizaines de chimpanzés soumis à de terribles expériences. Mais aussitôt libérés, les primates, contaminés par un mystérieux virus, bondissent sur leurs « sauveurs » et les massacrent. 28 jours plus tard, le mal s’est répandu à une vitesse fulgurante à travers le pays, et Londres n’est plus qu’une ville fantôme. Les rares rescapés se terrent pour échapper aux « contaminés » assoiffés de violence. C’est dans ce contexte que Jim, un coursier, sort d’un profond coma... Titre original : “28 Days Later...” Nationalité : Britannique Genre : Horreur, Fantastique Année : 2002 Durée : 113 min Réalisateur : Danny Boyle Acteurs : Cillian Murphy, Naomie Harris, Brendan Gleeson, Christopher Eccleston

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En renouvelant le zombie movie en lâchant ses infectés sprinters dans un Londres post-apocalyptique empoigné en DV pour un aspect

documentaire particulièrement scènes violentes, où l’intensité du réaliste, Danny Boyle a accouché jeu de Cillian Murphy fait des éclad’un film d’horreur oppressant boussures. Une pépite du genre ! à l’ambiance désespérée et aux

Le Blu-ray Image

S’il reproduit fidèlement ou presque (l’usage d’edge enhancement était-il vraiment nécessaire ?) les volontés du réalisateur, ce transfert HD ne peut améliorer les images captées dans 95% des cas (les 5% restantes ont été tournées en 35mm sur Arriflex) en mini-DV avec une canon XL1S. Les contours ne sont pas nets, les textures sont imprécises, les plans larges sont à l’ouest, le grain vidéo s’apparente souvent à de la bouillie, les couleurs sont baveuses et les contrastes sont limités. C’est donc très rarement beau (seul le final s’apparente à de la HD) mais les volontés artistiques sont respectées. Difficile pourtant de mieux noter cette section !

Audio

Fiche technique Format vidéo 1080p24 (AVC) / [1.85] Pistes sonores Anglais DTS-HD Master Audio 5.1 Français (VFF) DTS 5.1 Sous-titres Français Anglais pour malentendants

L’atmosphère de l’œuvre qui alterne silence et chaos est restituée avec jus- Région : B (France) tesse grâce à une dynamique redoutable entre les scènes dialoguées, où les Éditeur : 20th Century Fox Date de sortie : 05 janvier 2011 voix se détachent bien, et les passages musclées, où les effets surround se réveillent et les basses grondent. Numèro 111 - HCFR l’Hebdo

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Blu-ray

Le Loup Celeste

28 semaines plus tard

Juan Carlos Fresnadillo

I

l y a six mois, un terrible virus a décimé l’Angleterre et a transformé presque toute la population en monstres sanguinaires. Les forces américaines d’occupation ayant déclaré que l’infection a été définitivement vaincue, la reconstruction du pays peut maintenant commencer. Don a survécu à ces atroces événements, mais il n’a pas réussi à sauver sa femme et la culpabilité le ronge. Mais tout n’est pas terminé...

Titre original : “28 Weeks Later” Nationalité : Britannique, Espagnol Genre : Horreur, Fantastique Année : 2007 Durée : 100 min Réalisateur : Juan Carlos Fresnadillo Acteurs : Robert Carlyle, Rose Byrne, Jeremy Renner, Imogen Potts, Idris Elba

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Cette suite enragée et d’une noirceur absolue qui conserve le ton nihiliste et l’intensité du premier opus, est une éprouvante plongée

dans l’apocalypse qui va encore plus loin dans la terreur (flippant du début à la fin) et la sauvagerie (du gore graphique) tout en critiquant

ouvertement la politique interventionniste des États-Unis. Un monument du genre n’offrant aucun répit aux spectateurs !

Le Blu-ray Image

Ce transfert HD respecte les volontés esthétiques de l’œuvre à la lettre (mélange de 16mm et de 35mm) sans rien gommer de la granulosité des scènes sombres et de la fluctuation de la définition. À-côté de cela le piqué est accrocheur, les couleurs sont vivantes et les contrastes puissants.

Audio

Des pistes sonores folles furieuses à l’intensité acoustique ravageuse. Les voix sont bien rendues, la spatialisation est juste dantesque, la vivacité de la dynamique fait sursauter, la scène arrière fait surgir les effets avec force et précision, et les basses sont titanesques. Numèro 111 - HCFR l’Hebdo

Fiche technique Format vidéo 1080p24 (AVC) / [1.85] Pistes sonores Anglais DTS-HD Master Audio 5.1 Français (VFF) DTS 5.1 Sous-titres Anglais et Français Région : B (France) Éditeur : 20th Century Fox Date de sortie : 1 Septembre 2010

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Blu-ray

Le Loup Celeste

[3D] Kite

Ralph Ziman

D

ans une ville gangrenée par la corruption, où les policiers trempent dans le trafic de jeunes filles, une adolescente orpheline prénommée Sawa décide de retrouver et traquer les assassins de ses parents avec l’aide de l’ex-partenaire de son père, Karl Aker... Nationalité : Américain, Mexicain Genre : Action, Drame Année : 2014 Durée : 90 min Réalisateur : Ralph Ziman Acteurs : India Eisley, Samuel L. Jackson, Callan McAuliffe

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Adapté de l’OAV hentai “Domination Nakite” de Yasuomi Umetsu, cet actionner sexy dopé aux amphets qui édulcore l’œuvre originale en gommant le politiquement incorrect et les scènes pornographiques

explicites, est un vigilante movie brutal et ultra-stylisé au scénario peu complexe mais assez bien construit, où la jeune et jolie India Eisley affiche beaucoup de conviction pour truffer de plomb ou fra-

casser avec frénésie ses adversaires lors de séquences d’action complètement furieuses. Une bonne série B décérébrée qui tache !

Image

Captées en 5K à l’aide de caméras Red Epic, les images généralement fantastiques du film sont reproduites à la quasi-perfection (de petites traces de compression dans les arrière-plans) par ce transfert HD. La définition est acérée, le piqué est prodigieux, les couleurs délibérément délavées avec des teintes flashy (les perruques et vêtements rouges, roses ou jaunes de Sawa) sont resplendissantes, les contrastes sont agressifs, les noirs sont très profonds et le grain de certaines Fiche technique séquences est bien dosé.

Audio

Une VO excellente dans tous les domaines (piste allemande non testée) qui délivre un arsenal acoustique impressionnant. Les voix ont un rendu naturel, la spatialisation est enveloppante, la dynamique est tonitruante, la directionnalité des effets est hyper-précise, la scène arrière est largement exploitée, la musique remplit la pièce avec beaucoup de présence et les basses pulses à mort. C’est du lourd !

3D

Il suffit d’activer la conversion 3D de votre diffuseur vidéo sur la version 2D pour avoir le même résultat ! Numèro 111 - HCFR l’Hebdo

Format vidéo 1080p24 (MVC) / [2.39] Pistes sonores Anglais DTS-HD Master Audio 7.1 Allemand DTS-HD Master Audio 7.1 Sous-titres Allemand Région : B (Allemagne) Éditeur : Tiberius Film Date de sortie : 02 octobre 2014

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La Semaine Prochaine

L’Hebdo L’actualité des sorties cinéma ...

De nouvelles critiques sur le 7ème Art, la musique ou des livres... Mais aussi des surprises, des coups de coeur et encore plus d’articles divers. Rendez-vous le 13 mars 2015 pour...

L’HEBDO 112

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En plus du site web et surtout de ses forums, HCFR s’est diversifié grâce au travail de Fabi et son équipe avec la mise en place du magazine HCFR l’Hebdo Depuis 2013, SnipizZ, avec la participation de nombreux invités, vous propose des émissions audio podcastées sur les thèmes du cinéma, du jeu-vidéo & des technologies du Home-cinéma et de la HiFi.


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