99e année – Été 2019
OSER 75 ans d’innovations CHAMOUCHOUANE– BOUT-DE-L’ÎLE Une grande réalisation d’équipe ÉLECTRIFICATION DES TRANSPORTS Nos stratégies de recharge
75 ans — Quatre générations
Originaire d’Haïti, Chrismène Nelson Michel, de la génération Y, est au Canada depuis une décennie et à Hydro-Québec depuis huit ans. Elle est représentante – Soutien clientèle, Centre contacts clients à Gatineau. À la page 47, elle partage son vécu d’électromobiliste.
75 ans — Quatre générations
Hugo Soucy est étudiant à l’université en génie électrique et représente la génération Z. Fasciné par l’électricité, mais aussi par les véhicules, ses stages successifs dans l’équipe Électrification des transports lui permettent de concilier les deux. Lisez, page 45, son point de vue sur l’acquisition d’un véhicule électrique.
75 ans — Quatre générations
Rhéaume Veilleux, baby-boomer, retraité depuis 2008, a été embauché en 1979. Il a travaillé à l’IREQ pendant onze ans, au laboratoire Grande puissance et à des postes de gestion. Il a aussi dirigé des équipes à HQT, entre autres comme directeur – Expertise et support technique de transport. À la page 25, il évoque l’essor extraordinaire de nos technologies en transport.
75 ans — Quatre générations
À Hydro-Québec depuis 1984, Jean Lauzon, baby-boomer, a toujours travaillé dans le domaine de la distribution, d’abord en planification du réseau, puis en encadrement et appareillage. Il est chef – Encadrements des appareillages électriques depuis 2013. Retrouvez-le à la page 28. Il parle de l’évolution des méthodes de travail en distribution.
75 ans — Quatre générations
Caroline Pion, de la génération X, travaille à Hydro-Québec depuis 20 ans. Ingénieure – Conception des aménagements de production, hydraulique et géotechnique à HQIESP, elle fait partie de l’équipe Hydrologie depuis ses débuts dans l’entreprise. Plongez dans notre histoire de la production à la page 15.
HP Été 2019
D’une génération à l’autre L’histoire d’Hydro-Québec a été façonnée par les générations d’hommes et de femmes qui l’ont fait grandir et dont l’ingéniosité n’a d’égale que leur fierté. Cinq Hydro-Québécois nous disent ce qui, selon eux, a marqué leur génération parmi toutes les réalisations, les innovations et les grands moments qui ont ponctué le parcours de l’entreprise. 1. « L’arrivée des compteurs communicants en 2013 constitue un tournant pour l’entreprise, mais aussi pour ses clients. Ce changement a suscité des craintes et des réticences, ce qui a généré de très nombreux appels aux Services à la clientèle. Nos clients souhaitaient surtout qu’on les rassure sur la sécurité de cette technologie. »
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2. « Un des projets marquants auxquels j’ai participé est l’automatisation du réseau de distribution souterrain de Montréal, en 2003, précurseure de la télécommande du réseau aérien. Nous visons maintenant à remplacer le réseau de télécommunications à fibre optique par un réseau cellulaire qui permettra d’automatiser le réseau souterrain à plus grande échelle. » — Jean Lauzon
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3. « La construction du complexe de l’Eastmain-Sarcelle-Rupert à la Baie-James a assurément impressionné ma génération d’ingénieurs. Je me suis occupée du volet hydrologie, de la conception jusqu’à la première année d’exploitation des ouvrages. La réalisation de la dérivation partielle de la rivière Rupert a donné lieu à plusieurs chantiers dans un territoire immense. Le maintien des débits réservés était un enjeu important. » — Caroline Pion 4. « Les gens de ma génération ne le savent probablement pas encore, mais l’arrivée du Circuit électrique est l’événement qui, quand on regardera le passé, aura eu le plus gros impact sur notre quotidien du futur. » — Hugo Soucy 5. « L’un des événements ayant marqué ma génération est sans aucun doute le grand verglas de 1998. Je me souviens de la solidarité qui unissait les employés et de la détermination des équipes à rétablir le service en travaillant de longues heures dans des conditions très difficiles. Ce fut un moment de grande fierté. » — Rhéaume Veilleux
Luc Lavergne
— Chrismène Nelson Michel
HydroPresse – Magazine des employés et retraités d’Hydro-Québec VICE-PRÉSIDENCE – COMMUNICATIONS, AFFAIRES GOUVERNEMENTALES ET AUTOCHTONES
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Projet à 735 kV de la Chamouchouane–Bout-de-l’Île La mise en service de notre dernière ligne à 735 kV est l’aboutissement d’un projet de longue haleine, exigeant et marquant à plusieurs égards.
CALENDRIER
Voici des événements qui se seront déroulés de mai à août 2019.
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ENTREVUE
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Éric Martel Les impressions du pdg sur Hydro-Québec qui célèbre ses 75 ans cette année.
GROS PLAN
Tina Houle En 2017, le parcours professionnel de Tina, d’origine autochtone du côté maternel, a bifurqué vers un métier non traditionnel, celui de mécanicienne d’appareillage en centrale.
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Électrification des transports La recharge rapide des véhicules électriques est la clé de l’essor de l’électromobilité au Québec. Avec le Circuit électrique, Hydro pave la voie.
8–30 Oser
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L’APERÇU
Notre culture de la SST Le Plan d’action d’entreprise en santé et en sécurité du travail 2017-2020 a été lancé en 2017. En quelques données, voyons si la perception des employés et des gestionnaires a changé.
75 ans d’innovations : une histoire à raconter. Voici notre Hydro-Québec, une entreprise créative, audacieuse et passionnée, à l’image des employés qui l’ont fait évoluer.
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À‑PROPOS
HP était curieux de connaître votre préféré, parmi tous les bâtiments et ouvrages d’Hydro-Québec. Voici les coups de cœur de quelques collègues.
RECTO VERSO
Où sommes-nous ?
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Mai Dans le cadre du déploiement
PAR SYLVIE BONNEAU
régional de l’approche de gestion en santé et sécurité du travail, les équipes de transformation et les partenaires des régions Laurentides, Maisonneuve–Rive-Sud et Mauricie réalisent les ateliers de démarrage. L’objectif : mettre en place un plan de transformation représentatif des besoins de chaque région.
6 mai Publication du Rapport sur le développement durable 2018. Ses sept chapitres portent sur autant de défis à relever, une formule adoptée après consultation des parties prenantes. Aussi dans ses pages : nos progrès face aux objectifs du Pacte mondial des Nations Unies auquel nous avons adhéré de nouveau en 2018.
6 mai Aux installations de Gentilly-2, amorce de l’avant-dernière campagne de transfert du combustible irradié de la piscine vers les enceintes de stockage CANSTOR. Cette étape devrait être terminée autour du 20 juillet.
Fin mai Mise en service de la ligne à 735 kV qui relie le poste de la Chamouchouane, au Lac-Saint-Jean, et la boucle métropolitaine de Montréal. En ce qui concerne le nouveau poste Judith-Jasmin à 735-120-25 kV, à Terrebonne, sa mise en service complète s’amorcera avec celle d’une première artère à 25 kV, prévue le 15 juin.
27 mai Début de la 1
re Semaine nationale du véhicule électrique, organisée par Équiterre et ses partenaires, dont Hydro. Au menu : des essais routiers pour sensibiliser les Québécois à l’électromobilité et la promotion du site www.roulonselectrique.ca, un incontournable pour tout ce qu’il faut savoir à ce sujet.
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Juin Déploiement simultané dans les cinq directions – Production du PEO, un modèle de planification, d’estimation et d’ordonnancement des activités de maintenance. Centrée sur l’efficacité opérationnelle, cette approche vise à améliorer et à uniformiser les pratiques et représente un virage important.
Mai et juin Jusqu’au 27 juin, les 75 ans d’Hydro-Québec sont à l’honneur. Les 75 jours de festivités ont été lancés le 14 avril auprès de témoins privilégiés de notre histoire, notamment d’anciens premiers ministres et d’anciens dirigeants. Ces derniers ont également participé à des conférences-midi pour les employés. Portes ouvertes pour les retraités, capsules vidéo donnant la parole aux Hydro‑Québécois, textes à saveur historique dans nos outils de communication… Bonne fête Hydro !
24 juin Lancement du programme de visites grand public de la centrale de la Romaine-1. C’est l’occasion de découvrir une installation récente (2015), bien intégrée au paysage exceptionnel de l’endroit. Durée : 2 h 30. Pour plus de détails, voir le dos du magazine.
11 juillet Tournoi de golf annuel du Club de récréation de la région de Montréal. Sa première activité, les quilles, a été mise sur pied il y a 96 ans ! C’est un doyen des clubs sociaux en Amérique du Nord.
Août Début prévu de la construction de la ligne de raccordement du futur poste des Patriotes à 315-25 kV, à Saint-Eustache. Ce nouveau poste permettra de faire face à la croissance soutenue de la demande énergétique dans la région.
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Jean-François Lemire
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Entrevue
Éric Martel
Audace. Innovation. Confiance. Passion. Les mots résonnent avec autant de fierté que lorsqu’ils ont été prononcés pour souligner un nouvel exploit. Bersimis-1, Carillon, Manic-Outardes, le transport à 735 kV, le complexe La Grande, la capacité de se relever après une tempête. Ma chère Hydro... Notre pdg Éric Martel livre ses impressions sur l’entreprise qui célèbre ses 75 ans cette année.
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Par Sylvain Perreault
HP : Avant de prendre les commandes d’Hydro-Québec en 2015, quelle était votre perception de l’entreprise ? ÉM : Je suis né à la fin des années 1960. Quand j’étais au primaire, dans les années 1970, on entendait beaucoup parler d’Hydro-Québec. On connaissait tous quelqu’un qui travaillait à la Baie‑James, de près ou de loin. L’activité de l’entreprise était assez présente dans nos vies, beaucoup plus qu’aujourd’hui. Le complexe La Grande était un projet audacieux. Il avait aussi une valeur identitaire pour les Québécois qui se reconnaissaient dans cette aventure-là. C’était mobilisateur. À l’université, lorsque j’ai suivi mon cours en génie électrique, entre 1987 et 1991, on nous parlait de la conception des lignes de transport. Hydro était une référence. J’ai alors réalisé le rayonnement que l’entreprise pouvait avoir à l’extérieur du Québec, sur la scène internationale. HP : Qu’est-ce qui vous impressionne le plus avec cette entreprise ? ÉM : Les avancées technologiques qu’elle met au service de la société. Je dis tout le temps qu’Hydro-Québec s’est construite sur l’innovation et l’audace. Je trouve ça tellement audacieux ce qui a été réalisé. Je pense à La Grande-2, la plus grande centrale souterraine du monde, et au premier réseau multiterminal à courant continu. Des premières ! Petit à petit, nous avons gagné en confiance. Ça s’est fait graduellement. Il y a eu une prise de conscience de ce que nous étions capables de faire. Innover fait maintenant partie de l’ADN de l’entreprise.
HP : À travers vos déplacements et vos rencontres, comment voyez-vous l’Hydro-Québécoise et l’Hydro-Québécois d’aujourd’hui ? ÉM : Les employés sont très fiers de leur entreprise. Ce sont des gens passionnés par leur métier. Hydro peut compter sur un savoir riche et diversifié. Évidemment, il y a nos métiers de base. Mais nous comptons aussi dans nos rangs des spécialistes de divers domaines : des archéologues, des courtiers en énergie, des experts qui gèrent un régime de retraite et bien d’autres. Ce savoir-là est assez unique. HP : Qu’est-ce que les jeunes employés qui arrivent dans l’entreprise devraient savoir de l’histoire qui les précède ? ÉM : Je suis féru d’histoire et je trouve important de savoir d’où l’on vient et comment on a construit cette organisation-là. Quels sont les piliers de notre culture. Car ces assises solides que nous nous sommes données nous aideront à faire face aux défis à venir. Pendant les années 1960 et 1970, le défi était de répondre à la demande en électricité qui augmentait à un rythme d’environ 7 % par année en construisant de nouvelles centrales. Mais depuis 2007, les besoins stagnent. Le contexte se transforme : révolution énergétique, numérisation des installations, autoproduction... Notre modèle d’affaires est bouleversé ainsi que nos façons de faire. Nous devons nous repositionner et nous adapter. Encore une fois, l’audace et l’innovation technologique seront nos meilleures alliées. 7
HP : Malgré son âge respectable, Hydro ne peut se reposer sur ses lauriers. Avoir 75 ans en 2019, c’est exigeant ? ÉM : Plusieurs entreprises de notre domaine ont 75 ans. Hydro-Québec est unique et profite d’une position enviable. Merci à nos prédécesseurs qui ont fait le choix de l’hydroélectricité. Nous possédons un actif extraordinaire. Cependant, cet héritage vieillit et il faut s’en occuper. De grands projets de réfection de notre parc de production sont en préparation. On doit également moderniser notre réseau de transport. Le rythme des changements est soutenu, et nos équipes de projet doivent faire face à des défis majeurs. De plus, nous devons considérer les changements climatiques dans nos décisions. Quels seront leurs impacts sur nos actifs et nos opérations ? Devronsnous construire nos installations différemment ? C’est pourquoi nous avons entériné la création d’un comité sur l’adaptation aux changements climatiques. Les experts de différents domaines seront mis à contribution pour déterminer les mesures d’adaptation à mettre en œuvre dans chaque unité d’affaires. HP : Ma chère Hydro... Quel est votre souhait le plus cher pour l’entreprise ? ÉM : Je veux qu’elle continue à contribuer de façon importante à la vitalité du Québec comme elle le fait depuis longtemps. Hydro-Québec est un symbole de fierté et d’affirmation de toute une nation. Je souhaite que ça continue. Que l’entreprise soit un agent de changement qui permette aux Québécois de rêver à de grands projets. J’aimerais que, dans 20 ou 30 ans, les gens disent Wow ! nos prédécesseurs ont réalisé de belles choses. Ils ont fait du bon travail.
© Archives d’Hydro-Québec
1947. Monteurs de lignes de la Shawinigan Water and Power Company affairés à des travaux d’électrification rurale.
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PAR SYLVIE BONNEAU, JULIE MALO, SYLVAIN PERREAULT ET NATALY RAINVILLE
Oser
75 ans d’innovations
Le parcours d’Hydro-Québec est marqué par la créativité, l’audace et la passion de ceux et celles qui ont contribué à son développement. Depuis 75 ans, on innove en matière de conception, de production, de transport et de distribution, on construit avec le souci du détail et on s’ingénie à livrer un service de qualité. On rêve puis on invente, on réinvente et on rêve à nouveau. Il est impossible de dresser la liste de tout ce qui a contribué à faire d’Hydro-Québec le leader mondial qu’elle est devenue. Notre dossier vous présente donc une sélection des innovations, des réalisations et des événements parmi les plus remarquables de notre histoire, à travers le regard d’employés et des souvenirs tirés de nos archives.
Hydro-Québec
Production
Actifs
Transport
Distribution
p.10
p.15
p. 21
p. 22
p. 26
Une longue suite d’innovations
Une histoire 99,8 % renouvelable
Une évolution continue
Un milieu hypercréatif
Une infinité de petits gestes
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Hydro-Québec a 75 ans
Une longue suite d’innovations — Par Sylvie Bonneau
Toujours faire mieux, aller plus loin... La volonté constante de se surpasser a conduit Hydro-Québec sur les sentiers de l’innovation. Faisons quelques pas dans ces sentiers parsemés d’idées avant-gardistes, sources de mégawatts et de fierté. 14 AVRIL 1944 – NATIONALISATION, PHASE I L’aventure de l’électricité a tenté plusieurs acteurs économiques au tournant du XXe siècle. Certaines entreprises ont mieux que d’autres tiré leur épingle du jeu, comme la Montreal Light, Heat and Power Co. (MLHPC), devenue un puissant monopole. Mais ses pratiques sont abusives. Le 14 avril 1944, la MLHPC et ses filiales sont expropriées et la Commission hydroélectrique de Québec en prend possession. C’est de cette manière qu’Hydro-Québec (nom abrégé de la Commission) a commencé son existence. En prenant possession de l’une des plus importantes entreprises d’électricité du Canada. DES PREMIÈRES QUI FONT ÉCOLE De la MLHPC, Hydro a hérité de quatre centrales en exploitation, situées autour de Montréal. Celles-ci ne suffiront pas à soutenir la croissance fulgurante de la demande d’électricité de l’après-guerre, malgré l’achat de la centrale de Rapide-7 en 1950 et le projet de construire la centrale de Rapide-2, en Abitibi-Témiscamingue. Sur la Côte-Nord, le potentiel de la rivière Betsiamites fait de l’œil à l’entreprise qui, en 1953, décide d’y bâtir les centrales Bersimis-1 et Bersimis-2. À ces installations sont associés nos premiers chantiers en région éloignée et les premières lignes à 315 kV de l’Amérique du Nord. Annoncé à l’automne 1959, l’aménagement des rivières Manicouagan et aux Outardes sera le plus ambitieux projet hydroélectrique conçu jusque-là au Canada. Il a été le théâtre de premières mondiales, comme le transport à 735 kV, un niveau de tension encore jamais utilisé, et le barrage Daniel‑Johnson, le plus grand barrage à voûtes multiples du monde. C’est aussi en 1959 qu’est lancée la construction de la centrale de Carillon sur le cours inférieur de la rivière des Outaouais. Autre primeur : la direction des travaux est confiée à des ingénieurs canadiens-français. 1965. Finalisation de la construction de la première ligne à 735 kV.
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1962
Le siège social d’Hydro-Québec déménage dans l’actuel édifice Jean-Lesage, boul. René-Lévesque.
Jusque-là, il était hébergé dans le Power Building, rue Craig (aujourd’hui rue Saint-Antoine), de l’ancienne MLHPC.
1964
Pour franciser Hydro-Québec, des mesures sont prises, comme l’accès aux francophones à des fonctions stratégiques
LA VISION DE RENÉ LÉVESQUE Le 12 février 1962, le ministre des Richesses naturelles René Lévesque prononce le discours inaugural de la Semaine nationale de l’électricité. Il dénonce les écarts tarifaires et le manque d’électricité qui freinent le développement de certaines régions. Il qualifie la situation de l’électricité au Québec de « fouillis invraisemblable et coûteux ». Il soutient que l’électricité doit être nationalisée et que cela doit être réalisé par Hydro-Québec. Et pourquoi pas ? En 1962, Hydro est devenue une grande organisation. Elle a su répondre efficacement aux besoins croissants d’énergie, tant à Montréal que dans les régions où les autres entreprises d’électricité brillaient par leur absence, comme la Gaspésie, Chibougamau, l’ouest du Québec et la Côte-Nord.
et l’offre de cours de français au personnel anglophone.
Intérieur du Power Building. Hydro-Québec y a eu son siège social jusqu’en 1962.
© Archives d’Hydro-Québec
Le premier ministre Jean Lesage annonce la tenue d’élections le 14 novembre. Il demandera à l’électorat de lui donner un mandat afin d’autoriser Hydro à acquérir les onze distributeurs privés du Québec. Il est réélu.
René Lévesque, le 12 février 1962, prononçant le discours inaugural de la Semaine nationale de l’électricité.
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1965
Hydro-Québec crée un nouveau logo, qu’elle utilise encore aujourd’hui.
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1972
Hydro adopte une politique d’achat de produits faits au Québec, afin de stimuler l’économie d’ici.
Dès 1961, elle avait commencé à privilégier l’achat de biens et de services auprès de fournisseurs québécois.
1973
1975
Création de la direction Environnement. Celle-ci a précédé l’implantation du ministère québécois du même nom (1979).
Signature de la Convention de la Baie James et du Nord québécois.
1981
Hydro devient une société par actions, avec pour seul actionnaire le gouvernement du Québec.
En outre, elle voit sa mission s’élargir et peut instaurer des programmes en économies d’énergie.
Jean-Claude Lessard, président d’Hydro-Québec, en conférence de presse le 3 mai 1963. Il annonce la nomination des administrateurs délégués des nouvelles filiales de l’entreprise.
Inauguration de l’IREQ par Robert Bourassa, premier ministre, et Roland Giroux, président d’Hydro-Québec. À gauche : Lionel Boulet, instigateur du projet et premier directeur de l’IREQ, lui a donné une renommée internationale.
1ER MAI 1963 – NATIONALISATION, PHASE II La promesse électorale de Jean Lesage se concrétise le 1er mai 1963 avec l’acquisition par Hydro-Québec des onze distributeurs privés. D’un seul coup, le nombre de ses clients va plus que doubler, de même que son effectif. À ses neuf centrales s’ajoutent 41 autres installations de production. Sa puissance installée augmente de plus de 2 000 MW. Et en plus des onze distributeurs privés, elle acquerra quelques mois plus tard 45 des 46 coopératives d’électricité du Québec ainsi qu’une série de réseaux privés et municipaux.
UN CENTRE DE RECHERCHE DE CALIBRE MONDIAL L’Institut de recherche d’Hydro-Québec inaugure ses bâtiments en 1970, à Varennes ; Hydro est la seule entreprise d’électricité sur le continent à posséder un centre de recherche d’une aussi grande importance. L’IREQ garde l’entreprise à la fine pointe de la technologie et la soutient dans toutes ses activités et dans son évolution. Depuis sa création, son personnel a obtenu quelque 1 100 brevets et publié des milliers d’articles scientifiques. Ses inventions rayonnent à l’échelle internationale. L’IREQ consacre en moyenne 110 M$ par année à des projets d’innovation. Inauguré en 1987, à Shawinigan, le Laboratoire des technologies électrochimiques et des électrotechnologies est rattaché à l’IREQ. En 2002, il prendra le nom de Laboratoire des technologies de l’énergie.
Il y a environ 80 entreprises à intégrer, ce qui est très complexe et sans précédent en Amérique du Nord. Il faut former une seule et grande organisation avec ces entités disséminées aux quatre coins du Québec, harmoniser les tarifs et les normes techniques des réseaux, mais aussi des méthodes de travail et des pratiques d’affaires fort différentes. 12
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1987
Adoption d’une politique d’information et de communication. Celle-ci vise la prise en compte des
préoccupations des publics externes et favorise l’expression de leurs attentes et opinions.
1996
Le gouvernement du Québec crée la Régie de l’énergie, responsable de l’encadrement réglementaire
du transport et de la distribution de l’électricité au Québec.
1998
En janvier, Hydro subit les contrecoups d’une tempête de verglas sans précédent.
Ses réseaux de transport et de distribution sont lourdement endommagés.
IL Y A 45 ANS, LE VÉHICULE ÉLECTRIQUE En 1986, au Marathon international de Montréal, deux fourgonnettes aux couleurs d’Hydro – des véhicules électriques – précédaient les coureurs. L’entreprise les avait acquises pour les tester. Dès 1974, elle avait mis sur pied un comité chargé d’évaluer l’impact sur le comportement du réseau de l’utilisation éventuelle de véhicules électriques.
© Archives d’Hydro-Québec
De nos jours, Hydro est un acteur clé à l’échelle mondiale dans l’avancée technologique des matériaux de batterie. Son Centre d’excellence en électrification des transports et en stockage d’énergie, créé en 2018, témoigne de ce dynamisme. L’entreprise a aussi fait sa marque en motorisation électrique avec sa filiale TM4. Robert Bourassa, surnommé le « père de la Baie-James ».
LE PROJET DE ROBERT BOURASSA Le 30 avril 1971, le premier ministre Robert Bourassa lance le « projet du siècle », soit l’aménagement du potentiel hydroélectrique du territoire de la Baie-James. On a construit le complexe La Grande en deux phases : 1973-1985 et 1987-1996. On y retrouve la plus grande centrale souterraine du monde, soit La Grande-2 (aujourd’hui Robert-Bourassa). La Société d’énergie de la Baie James, qui devient une filiale d’Hydro en 1978, a assuré la gérance du chantier du complexe La Grande, le plus étendu de la planète. Ses huit centrales hydroélectriques fournissent aujourd’hui près de 50 % de l’électricité produite par Hydro. Grâce à nos projets, la Baie-James est l’un des territoires les mieux connus du monde sur le plan environnemental. C’est là que nous avons mené nos premières études d’impact.
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L’EXPERTISE QUI S’EXPORTE En 1978, la Loi qui a donné naissance à Hydro-Québec est modifiée. Un conseil d’administration remplace la Commission. Par ailleurs, notre expertise est sollicitée par de nombreux pays. Nous créons Hydro-Québec International pour exporter notre savoir-faire et pour faire connaître le génie-conseil québécois à l’étranger. Nous sommes ouverts sur le monde, mais aussi à des changements à l’interne, en ce qui concerne l’emploi au féminin. Première opératrice de centrale, première inspectrice de chantier, première gérante de secteur... Au début des années 1980, les femmes commencent à accéder à des postes plus diversifiés et de plus haut niveau.
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2003
Premier Rapport sur le développement durable. Il présente, pour la première fois, une vision d’ensemble de notre engagement
à promouvoir un développement harmonieux sur les plans environnemental, social et économique.
2012
Hydro et des partenaires lancent le Circuit électrique, premier réseau de recharge public au Canada. Signature en 2002 de l’entente surnommée la Paix des Braves par le premier ministre du Québec, Bernard Landry, et le Grand Chef du Grand Conseil des Cris de la Baie-James, Ted Moses.
En 2001 a lieu la séparation fonctionnelle d’autres unités d’affaires avec la création de trois nouvelles divisions : Hydro-Québec Distribution, Hydro-Québec Production et Hydro-Québec Ingénierie, approvisionnement et construction. Cette dernière sera remplacée par Hydro-Québec Équipement en 2002. HQP devra fournir à HQD un volume d’électricité patrimoniale fixé à 165 TWh. Pour les demandes excédant ce volume, HQD pourra conclure des contrats d’approvisionnement avec des fournisseurs, par appels d’offres.
UNE ENTREPRISE EN CROISSANCE Employés
± 1 400 4 600
Nationalisation – Phase I
1944 1962 1963 2018
LE POTENTIEL DU VENT Dans son Plan stratégique 2002-2006, Hydro s’engage à appuyer le développement du potentiel éolien au Québec par un programme d’achat ciblé. Au cours des années suivantes, elle lancera des appels d’offres pour l’achat de cette forme d’énergie renouvelable.
Clients
290 000
Un retour à la Baie-James se prépare aussi en 2002, avec la signature d’une entente historique surnommée la Paix des Braves entre le gouvernement du Québec et le Grand Conseil des Cris de la Baie-James. Cette entente permettra la réalisation du complexe de l’Eastmain-Sarcelle-Rupert.
589 291
Nationalisation – Phase II
10 862 19 904
Paul Brindamour
DE L’ÉNERGIE À REVENDRE ET À ACHETER En 1997, le marché de l’électricité en Amérique du Nord s’ouvre à la concurrence. Hydro entend saisir de nouvelles occasions d’affaires et participer encore plus activement à l’enrichissement collectif des Québécois. Pour ce faire, elle crée la division Hydro-Québec TransÉnergie dans le but d’assurer un accès non discriminatoire à son réseau de transport d’électricité.
1 387 974
AUJOURD’HUI Le projet à 735 kV de la Chamouchouane– Bout-de-l’Île se termine, et la construction du complexe de la Romaine suit son cours. Nous prenons également soin de nos installations et équipements vieillissants, avec de nombreux projets de réfection. Et puis, nous préparons l’avenir. À 75 ans, Hydro aborde la transition énergétique avec confiance, forte de son expérience et pleine d’idées géniales. L’innovation est plus que jamais au goût du jour. Un rayon que l’on connaît !
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© Archives d’Hydro-Québec
Vers 1928. Près des chutes de Shawinigan, des cinéastes tournent le film Shawinigan Power qui veut montrer comment l’hydroélectricité est utile et nécessaire au développement du Québec. Dès 1890, on reconnaîtra le potentiel de la rivière Saint-Maurice.
Le parc de production
Une histoire 99,8 % renouvelable — Par Sylvain Perreault
Tirer de électricité du mouvement de l’eau ne tient pas du miracle. Les explorateurs ont ouvert la voie à ceux et celles qui façonnent la matière et apprivoisent la force de l’eau pour que jaillisse dans la nuit la lumière. Voici quelques fragments d’une histoire qui se renouvelle depuis plus de 75 ans. Autres temps, même énergie.
HAUTEUR DE CHUTE TU RECHERCHERAS Dans leur quête de mégawatts, les concepteurs de centrales ont toujours été guidés par certains commandements. Le premier : un site doit présenter une hauteur de chute intéressante. La puissance d’une centrale y est intimement liée. « La hauteur de chute et le débit d’eau : la physique n’a pas changé, fait remarquer Alain Chamberland, chef – Développement des projets de production, HQIESP. Pendant plus de 20 ans, j’ai participé à des projets de réfection de centrales, dont certaines avaient près de 100 ans. Lors des études, nous constations que nos prédécesseurs avaient trouvé le meilleur site pour installer la centrale. Je suis toujours impressionné par la qualité du travail effectué, même avec le peu d’outils dont ils disposaient, que ce soit pour la conception ou pour la construction. Je suis fier des gens qui ont réalisé ces ouvrages de qualité avec les moyens de l’époque. Je suis aussi fier de voir mes contemporains faire le travail avec des outils à la fine pointe de la technologie. »
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VISION, CONSTRUCTION, ÉMOTION Michael Labelle, directeur – Ingénierie de production, HQIESP, a vécu sa première expérience avec la SEBJ, en 1974, comme consultant pour une firme d’ingénierie. Peu de temps avant sa retraite, fin mars 2019, il a rencontré HP dans une salle de Place Dupuis dédiée à François Rousseau : un trait d’union entre le passé et le présent. L’ingénieur François Rousseau, décédé en 1975, a travaillé pour Hydro-Québec pendant 20 ans. Il a mené les grands projets hydroélectriques des années 1950 et 1960 : le complexe Bersimis, le complexe Manic-Outardes et la centrale de Carillon. Après avoir pris sa retraite en 1968, ce visionnaire vendra à son ancien employeur l’idée de développer les ressources hydroélectriques du territoire de la Baie-James en aménageant la Grande Rivière et en construisant le complexe La Grande. « Ce qui a changé depuis 1944 ?, se demande Michael Labelle. Aujourd’hui, lors de la conception d’une centrale, nous sommes beaucoup plus conscients de la durée d’un chantier. Nous cherchons à réaliser les travaux plus rapidement tout en maintenant la qualité de nos ouvrages.
Par exemple, nous construisons des murs avec des panneaux préfabriqués en béton. On avait eu recours à cette technique pour la construction de la centrale des Cèdres, il y a plus de 100 ans. » L’introduction de nouvelles façons de faire, comme la construction à partir d’éléments préfabriqués ou le prémontage de pièces pour la mise en place des équipements, permet de livrer les installations plus vite. « L’idée est de réduire les délais de construction, et ces approches se traduisent par des économies d’échelle pour ce qui est des coûts indirects d’un projet. « Je suis fier d’avoir fait partie de cette grande équipe de bâtisseurs. Chaque fois que je vois un ouvrage terminé, je suis ému. Bien sûr, les travaux ont des impacts et façonnent le paysage. Cependant, nous réalisons les aménagements avec une préoccupation environnementale qui n’a cessé d’évoluer au fil de nos projets. La dérivation partielle de la rivière Rupert, que nous avons effectuée de concert avec les Cris, est le plus bel exemple. »
ON N’A PAS RÉINVENTÉ LA ROUE, MAIS...
« La conception des turbines a énormément évolué ces 25 dernières années. On a beaucoup amélioré le profil des aubes de roue. Nous tirons avantage des matériaux innovants et des outils de simulation numérique pour doter les installations de moteurs plus puissants capables de produire davantage avec la même hauteur de chute et le même débit d’eau. Et les projets menés avec l’IREQ permettent de faire progresser nos connaissances. Par exemple, le projet PréDDIT (prédiction de la dégradation et diagnostic intégré des turbines) aide HQP à repérer les modes d’exploitation qui vont endommager les roues de turbine et à prévoir l’évolution de leur dégradation ainsi qu’à trouver des solutions pour ralentir ce processus. » — Patrick Bouthillier, chef – Appareillage mécanique
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DES ACTIFS ET DES GENS DE VALEUR « Hydro a dû s’adapter tout au long de son histoire. En même temps, elle a su garder des valeurs importantes. L’actif des années 1930 est traité de la même façon que celui qui vient d’être construit. Une entreprise grandit avec ses valeurs et, si celles-ci sont bonnes, elle va réussir à traverser toutes les époques. Le fait que le travail est réparti dans tout le Québec apporte un niveau de difficulté plus grand pour nos activités d’exploitation et ça nous oblige à nous dépasser. « Aussi, comme nous sommes présents partout, nous contribuons au rayonnement des régions et des municipalités. Depuis sa naissance, Hydro a progressé, mais elle a aussi fait évoluer le Québec. Je pense à l’Abitibi où la vie d’un village reposait sur la petite centrale qui l’alimentait en électricité et qui apportait du travail et des projets à la communauté, permettant ainsi à la région de se développer. « Nous sommes à un moment où nous devons faire évoluer nos actifs, et ce, à moindre coût. Nous exploitons des centrales qui ont été construites à une époque où le territoire était peu occupé. Le développement urbain est venu changer le décor. Ça pose des défis de taille. Nos équipes devront innover et trouver des méthodes adaptées pour réaliser les nombreux projets de réhabilitation à venir.
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« Depuis 1944, des gens se sont posé des questions et ont voulu faire avancer les choses. Des gens ont rêvé. À un barrage à voûtes multiples qu’on ne trouve nulle part ailleurs dans le monde. Au complexe La Grande où on a mis 37 groupes en service en peu de temps. La nationalisation, c’est aussi un rêve d’humain. Il faut continuer de rêver. » — Josée Boudreault, directrice – Expertise de barrages et infrastructures 1. 1921. Construction du bâtiment de la centrale des Cèdres avec des panneaux préfabriqués en béton. 2. 1992. Centrale La Grande-2-A. On transporte une roue vers le puits de turbine. 3. 1960. Première coulée de béton lors de la construction de la centrale de Carillon. La réalisation de cet aménagement est menée par la première équipe d’ingénieurs francophones d’Hydro.
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4. 1966. Béton, création, action : le plus grand barrage à voûtes multiples de la planète prend forme.
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1953. Montage des alternateurs à la centrale de Rapide-2.
L’ENVIRONNEMENT EN TÊTE
« Ma première expérience sur le territoire de la Baie-James remonte à 1979. Je participais alors aux dernières études environnementales réalisées pour le projet de la NottawayBroadback-Rupert. J’avais le sentiment d’être un pionnier. Très vite, j’ai réalisé la grande expertise de l’équipe qui effectuait les divers inventaires sur un territoire vaste et vierge. Des spécialistes de nombreuses disciplines se côtoyaient. Nous sentions un formidable dynamisme, et ça m’emballait de faire partie d’une équipe de gens compétents et dévoués dans un contexte où tout était à faire. Les chantiers m’ont tous marqué à leur manière. J’ai eu un coup de foudre pour celui de Caniapiscau. J’étais présent lors de la mise en eau de ce grand réservoir. Hydro et la SEBJ ont appris à réaliser des projets en laissant une empreinte positive et durable sur le territoire. Elles ont contribué à forger une riche expertise dans le domaine de l’hydroélectricité au Québec. Je suis fier d’avoir pu apporter ma pierre à l’édifice. »
« Je suis entré à Hydro en 1989 comme électricien d’appareillage en AbitibiTémiscamingue. J’ai connu des centrales de diverses générations situées sur le cours supérieur de la rivière des Outaouais. J’ai participé à leur conversion de 25 à 60 hertz, à leur réfection et à leur maintenance. Mon passage à la Baie-James m’a permis de développer des compétences dans plusieurs sphères d’activité et de connaître toutes les étapes de réalisation d’une centrale. Tout au long de ma carrière, j’ai eu l’occasion de côtoyer des gens extraordinaires possédant une grande expertise. Ce qui est clair, c’est que le capital humain, c’est la priorité ! Sans lui, on ne peut rien faire. Je prends ma retraite cette année. Je suis très fier d’avoir fait partie de cette grande famille hydroquébécoise. Ce parcours m’a fait grandir sur les plans professionnel et humain. Fêter les 75 ans d’Hydro est un prétexte pour se féliciter de nos réussites. C’est aussi l’occasion d’apprécier l’héritage que nous laissons et de se souvenir des gens avec qui nous avons réalisé de grandes choses. »
Jean-François Lemire
© Archives d’Hydro-Québec
LE CAPITAL HUMAIN Jocelyn Petit, chef – Centrales – Gatineau et Outaouais, entretient une relation bien personnelle avec l’entreprise. Il est né et a été baptisé dans le village de Rapide-7, qui avait été aménagé pour la construction de la centrale du même nom. Son père et son grand-père ont travaillé aux centrales de Rapide-7 et de Rapide-2.
— Pierre Vaillancourt, chargé de projets – Environnement, direction – Environnement La centrale Brisay est aménagée à la sortie du réservoir de Caniapiscau qui alimente le complexe La Grande. Ce réservoir d’une superficie de 4 359 km2, soit au moins quatre fois celle du lac Saint-Jean, est l’étendue d’eau la plus considérable au Québec.
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Années 1920. Salle de commande de la centrale de Shawinigan-2.
EN 32 ANS, J’AI CONNU... ... le flottage du bois sur la rivière Saint-Maurice. J’étais opérateur de centrale à Shawinigan-2. Quelques fois durant l’été, on devait permettre l’évacuation du bois de flottage par la passe à billes. Je vois encore le responsable de la St. Maurice River Boom and Driving Company se déplacer sur les immenses estacades.
Gérard Poirier
... l’ère du papier. Les données techniques relatives à la production d’électricité étaient transcrites sur des formulaires. Toutes les heures, nous devions prendre des relevés dans la salle de commande des centrales, et ce, 24 h sur 24, 7 jours sur 7. À la fin des années 1990, nous avons cessé cette pratique puisque tout a été informatisé.
2012. Construction du barrage de la Romaine-2 avec noyau de béton asphaltique.
LE GÉNIE À L’OUVRAGE Hydro-Québec exploite 684 barrages et digues. Plusieurs de ces ouvrages de retenue ont constitué des prouesses techniques. Jean‑Pierre Tournier, conseiller expert en aménagements hydroélectriques, HQIESP, en sait quelque chose puisqu’il participe à leur réalisation depuis 1971. « Une des forces d’Hydro, c’est qu’elle a toujours été active, fait-il remarquer. Ça lui permet de demeurer à la fine pointe. Au fil des projets, les spécialistes de différents domaines ont pu s’améliorer et demeurer à l’affût des nouvelles méthodes. Ainsi, lors de la réalisation du complexe de l’Eastmain-Sarcelle-Rupert, nous avons expérimenté pour la première fois un barrage fait avec un noyau de béton asphaltique. Cette technique a par la suite été utilisée pour construire le noyau de six des sept ouvrages de retenue de l’aménagement de la Romaine-2 et celui du barrage de la Romaine-1. Notre expérience a même eu des retombées aux États-Unis où l’on a utilisé notre technique pour la première fois en Arizona. Je suis toujours surpris de voir que nous sommes plus reconnus à l’étranger qu’ici même au Québec. »
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... les réfections majeures des années 1990. Après la réfection de l’ensemble des équipements de la centrale de Shawinigan-2, qui dataient de 1911, nous sommes passés à l’ère moderne. Cela a notamment permis de réduire l’immense salle de commande à un simple ordinateur pour effectuer les commandes nécessaires. ... et j’ai entendu de bonnes histoires. J’en garde de bons souvenirs, de ces histoires racontées par les anciens de la Shawinigan Water and Power Company. Par exemple, le fameux wheelman, l’opérateur qui était condamné à rester sur le plancher des alternateurs pour réaliser les manœuvres dictées par l’opérateur en chef qui, lui, était confortablement installé dans la salle de commande ! L’automatisation des centrales a transformé le travail des opérateurs qui sont devenus mobiles, se déplaçant d’une installation à l’autre. Cette année, je quitte Hydro. Je me considère privilégié d’avoir fait partie de cette belle entreprise québécoise. — Tony Grenier, chef – Exploitation, direction – Production – Des Cascades
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« J’ai été élevé à Baie-Comeau autour de nos installations. À l’époque, mon père vendait des systèmes de protection contre l’incendie, et Hydro était un de ses clients. Un jour, il m’a emmené dans la centrale Bersimis-1 en me disant : Tu vas voir, il y a une grande porte qui va s’ouvrir dans la montagne. J’avais environ 10 ans. Il a stationné son véhicule sur le plancher des alternateurs et il m’a demandé de rester à l’intérieur. J’avais les yeux grands ouverts. Plus tard, j’ai fait mon cours en génie. Je voulais travailler pour Hydro. Mon parcours m’a fait découvrir plusieurs régions. « Chaque territoire de production a ses réalités. Les centrales sont bien intégrées et elles font partie de la vie du milieu. Ça crée un sentiment d’appartenance à l’installation. Quand on travaille en région, on vit 24 h sur 24 avec la population. On peut se faire questionner à l’épicerie, au restaurant, au centre sportif… Partout où tu vas, tu es le gars ou la fille d’Hydro. Le boulot nous suit partout. J’ai quasiment Hydro dans l’ADN. Ce que j’aime le plus, c’est travailler avec les gens pour faire évoluer l’entreprise. »
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UNE GRANDE PORTE VA S’OUVRIR DANS LA MONTAGNE Roger Gosselin, directeur – Stratégies et projets de production, HQP, a fait ses premiers pas dans l’entreprise en 1990. Il connaît bien les actifs de production puisqu’il a travaillé aux quatre coins du Québec. Tout d’abord comme chef – Centrales (Outardes-3, Outardes-4, Manic-3), puis comme directeur régional et directeur – Production – Saguenay– Lac-Saint-Jean ainsi que directeur – Production – Beauharnois et Gatineau.
1959. Entrée de la centrale Bersimis-1. C’est la première centrale souterraine construite par Hydro.
EN TERMINANT PAR DEMAIN : VERS LA CENTRALE DU FUTUR
« Hydro a toujours été soucieuse d’assurer la pérennité de son parc de production, notre source de revenu. Nos actifs possèdent une maturité technologique. La transition énergétique pose de nouveaux défis. Nous évoluons dans un environnement beaucoup plus réglementé et concurrentiel qu’avant, qui nous impose une efficience à toute épreuve. Nos machines doivent être toujours disponibles, en hiver comme en été. « La prochaine étape, c’est le virage numérique et les technologies que nous allons introduire dans nos actifs pour les rendre plus dynamiques. Nous travaillons sur la centrale du futur. Nous voulons notamment la doter d’une intelligence en intégrant des systèmes d’autodiagnostic et de surveillance continue qui seront beaucoup plus réactifs. Ça permettra d’assurer une disponibilité accrue de nos groupes pour répondre aux besoins en période de pointe ou de vente d’énergie. » — Paul-André Lévesque, directeur – Expertise de centrales
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1910-1939
Évolution de nos actifs .Parc. de production Notes
MW Puissance aménagée pendant la période (MW) Puissance installée totale > Principales installations mises en service
3 506 MW > Beauharnois Paugan Rapide-Blanc Shawinigan-2 Chelsea
.Réseau. .de transport.
1940-1959 3 456 MW (6 962 MW) > Bersimis-1 Bersimis-2 Trenche La Tuque Beaumont
1950-1964
1960-1979
1965-1978
13 396 MW (20 358 MW)
Mise en service de plusieurs lignes à 735 kV pour acheminer l’énergie produite par les centrales du complexe Manic-Outardes.
Mise en service de lignes à 315 kV en provenance du complexe Bersimis.
> Robert-Bourassa (La Grande-2) Manic-5 René-Lévesque (Manic-3) Jean-Lesage (Manic-2) Bersimis-1
Le réseau doit aussi intégrer l’électricité produite par la centrale des Churchill Falls, située au Labrador.
1979-1985 Mise en service de la boucle métropolitaine. Entre 1979 et 1985, on met en service le Réseau de transport de la Baie-James (RTBJ), soit cinq lignes à 735 kV pour acheminer l’électricité des centrales de la première phase du complexe La Grande.
1980-1999 11 490 MW (31 848 MW) > La Grande-4 La Grande-3 La Grande-2-A La Grande-1 Manic-5-PA
1987-1996 Mise en service d’une sixième ligne de transport entre la Baie-James et la région de Québec.
1997-2004
2000-2019
Après la tempête de verglas, on met en œuvre des projets de bouclage visant le renforcement du réseau. Parmi ceux-ci : la boucle montérégienne.
4 919 MW (36 767 MW) > Sainte-Marguerite-3 Eastmain-1-A Romaine-2 Toulnustouc Eastmain-1
2014-2018 Mise en service de lignes à 315 kV et à 735 kV pour raccorder le complexe de la Romaine.
2021
2019
245 MW
Mise en service de la ligne à 735 kV qui relie le poste de la Chamouchouane et la boucle métropolitaine de Montréal.
> Romaine-4 (mise en service) 21
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Le réseau de transport
Un milieu hyperactif — Par Nataly Rainville
Hydro-Québec exploite l’un des plus vastes réseaux de transport d’électricité en Amérique du Nord. Jalonnée d’innovations, son évolution s’appuie sur l’ingéniosité de nos équipes et sur leur volonté inébranlable de repousser les limites du génie électrique.
LES DÉBUTS En 1944, Hydro-Québec hérite des réseaux de la Montreal Light, Heat and Power Co. et de la Beauharnois Light, Heat and Power Co. Elle reçoit alors le mandat de réhabiliter les réseaux vétustes et d’électrifier les régions qui ne sont toujours pas desservies. C’est dans les années 1950 que naît véritablement le réseau de transport d’électricité avec la mise en service des premières lignes à 315 kV. Celui-ci va acheminer l’énergie produite par les deux centrales du complexe Bersimis, sur la Côte-Nord, vers Québec et Montréal. Si elle n’est pas la première à recourir aux lignes à 315 kV, Hydro innove cependant en transportant l’électricité sur de longues distances – on parle de 600 km. Exploit remarquable pour l’époque, la portée de la traversée du Saguenay est de 1,6 km.
CRISE DE CROISSANCE À l’aube des années 1960, la demande d’électricité croît rapidement au Québec. Naissent alors plusieurs grands projets hydroélectriques : le complexe Manic-Outardes sur la Côte-Nord, la centrale des Churchill Falls au Labrador et, quelques années plus tard, le complexe La Grande à la Baie-James. Mais voilà, le défi consiste à transporter l’électricité produite de manière économique du nord vers le sud sur une distance de plus de 1 000 km, ce qui dépasse les limites de la technologie de l’époque. Le jeune ingénieur Jean-Jacques Archambault propose de construire des lignes à 735 kV, un niveau de tension jusque-là inégalé.
LA DOYENNE
Première ligne de transport d’électricité du Québec, la ligne à 6 kV de la Compagnie d’éclairage électrique de Québec et de Lévis aurait été mise en service en 1885. Elle transportait, à courant continu, l’énergie produite par la centrale du Sault-Montmorency jusqu’à Québec sur une distance de 30 km.
Les lignes de transport à 315 kV en provenance du complexe Bersimis franchissent le Saguenay, entre 1954 et 1962.
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1965. Construction de la première ligne à 735 kV.
1972. Le centre de conduite du réseau.
Comme le dira lui-même l’inventeur du 735 kV, ce n’est pas tant la ligne qui constituera une innovation que l’équipement à l’entrée et à la sortie de cette ligne, dont les disjoncteurs, les sectionneurs et les transformateurs. Tout était à inventer. En collaboration avec des manufacturiers des quatre coins du globe, les ingénieurs hydro-québécois de l’époque ont uni leurs talents pour développer des appareils capables de répondre aux exigences propres au 735 kV.
CONJUGUER PUISSANCE ET FIABILITÉ Construire des lignes à haute tension est une chose ; les exploiter de façon optimale en est une autre. Dans les années 1970, on apprivoise peu à peu le comportement des lignes à 735 kV. Les ingénieurs, qui doivent composer avec des phénomènes tels que l’effet couronne et les surtensions de manœuvre, mettent en place des innovations comme les inductances shunt, soit des bobines de fils conducteurs qui servent à assurer la stabilité du réseau.
La construction d’un réseau de transport à haute tension au cœur de la taïga a évidemment posé de nombreux défis. Par exemple, il était impensable de fabriquer des transformateurs triphasés, pour des raisons techniques et logistiques. On a donc eu recours à trois transformateurs monophasés.
Malgré ces avancées, le réseau connaît certains problèmes de fiabilité. De 1969 à 1989 se produisent 20 pannes majeures, dont 11 générales, la dernière étant causée par des orages géomagnétiques. Ces événements vont mener à la mise en œuvre, au début des années 1990, du programme Amélioration de la fiabilité du réseau de transport (AFRT), un investissement de 1,3 G$. Ce programme intègre la compensation série par exemple, une innovation qui permet d’accroître la stabilité du réseau. On élaborera aussi un plan de défense du réseau basé sur une gamme d’automatismes tels que le système MAIS (manœuvre automatique des inductances shunt), implanté en 1995, et le RPTC (rejet de production et télédélestage de charge), mis en œuvre en 2000, qui visent à préserver la continuité du service, la stabilité du réseau de même que son intégrité en fonction de la gravité des événements. Ainsi, un événement qui aurait causé une panne générale mène aujourd’hui à des conséquences moindres. L’amélioration de la fiabilité du réseau ouvre également la porte au marché du nord-est des États-Unis, avec lequel Hydro peut échanger de l’énergie. Pour s’y tailler une place, l’entreprise devra se conformer aux normes du Northeast Power Coordination Council (NPCC), qui définit les critères de fiabilité pour le nord-est des États-Unis, puis à celles de la North American Electric Reliability Corporation (NERC), quelques années plus tard. Dans les années 1980, Hydro établit de nombreuses interconnexions avec les réseaux voisins, dont ceux de l’Ontario et du Nouveau-Brunswick. Elle met en service le réseau multiterminal à courant continu (RMCC, 2 000 MW), soit une ligne de 1 200 km qui relie Radisson, à la Baie-James, à Sandy Pond, près de Boston. La mise en service d’un tel réseau constitue une première mondiale.
© Archives d’Hydro-Québec
1994. Intérieur du tunnel à Grondines.
UNE PREMIÈRE MONDIALE Le 17 août 1992, Hydro-Québec met en service la traversée sous-fluviale Grondines-Lotbinière, où passe la ligne Radisson-Nicolet-des Cantons à 450 kV c.c. en provenance de la Baie-James. C’était la première fois sur la planète qu’une traversée sous-fluviale impliquait une tension à courant continu aussi élevée. Le tunnel de béton de 3,9 km abrite six câbles isolés qui représentaient une première mondiale lors de leur installation. 23
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COMPOSER AVEC LES CAPRICES DE DAME NATURE Malgré tous les investissements consentis pour accroître la robustesse du réseau, la nature est venue nous rappeler sa toute-puissance lors du grand verglas de 1998. Les leçons tirées de cet événement vont notamment mener à l’adoption de diverses mesures de renforcement des lignes de transport. Comme le rappelait Marc-André Rousseau, directeur principal – Planification, expertise et soutien opérationnel, aujourd’hui, « une catastrophe naturelle de cette ampleur provoquerait évidemment des dommages, mais les délais de rétablissement du service seraient considérablement réduits. Les efforts déployés depuis 20 ans pour rendre le réseau de transport plus robuste, que ce soit le renforcement mécanique des lignes ou la mise en œuvre des projets de bouclage, contribueraient à diminuer l’ampleur des dégâts ainsi que le nombre de clients touchés »1. L’APPORT INDISPENSABLE DE LA RECHERCHE En 1967, l’entreprise crée l’Institut de recherche d’Hydro-Québec (IREQ) pour répondre à ses besoins en matière de recherche et d’essais associés au transport d’électricité. L’IREQ possède un laboratoire de simulation de réseaux depuis le milieu des années 1970. C’est là qu’a été conçu le simulateur HYPERSIM, un allié précieux des ingénieurs chargés de veiller à la fiabilité des réseaux.
1998. Démantèlement d’un pylône en Montérégie lors des travaux de reconstruction du réseau à la suite du grand verglas.
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Parmi les nombreuses innovations issues de l’IREQ, mentionnons le stabilisateur d’alternateur multibande (MB-PSS), développé en collaboration avec des ingénieurs en planification du réseau de HQT et entré en fonction en 2001. Son rôle est de contrôler les phénomènes d’oscillation électromécanique qui influent sur la stabilité du réseau. Fruit de plusieurs années de recherche et homologué par l’Institute of Electrical and Electronics Engineers, le MB-PSS a trouvé preneur dans plusieurs pays.
2005. Parc éolien à Murdochville.
1973. Le laboratoire Grande puissance de l’IREQ.
MAÎTRISER LE VENT Après l’énergie de l’eau, c’est celle du vent qu’il faut maîtriser. L’énergie éolienne fait son apparition dans le paysage québécois au début des années 2000. Sa production est intermittente, et on ne peut emmagasiner cette énergie. C’est HQT qui conçoit le réseau d’intégration pour l’ensemble de la production éolienne de la Gaspésie, provenant de producteurs indépendants ; c’est HQIESP qui le construit. Aujourd’hui, 41 parcs éoliens sont raccordés au réseau électrique d’Hydro-Québec et produisent annuellement près de 4 000 MW.
1. Extrait d’Hydro-Presse consacré aux 20 ans du grand verglas, janvier 2018.
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DES BESOINS CHANGEANTS Les besoins en matière de transport d’électricité continuent d’évoluer, et HQT doit constamment adapter son offre et assurer la fiabilité du réseau.
Les projets de développement du réseau de transport doivent par ailleurs traiter une foule d’enjeux – techniques, économiques, environnementaux, sociaux et réglementaires – et tenir compte de facteurs qui pourraient changer la donne. On n’a qu’à penser à l’avènement de la maison intelligente, à l’augmentation du parc de véhicules électriques ou encore aux projets d’interconnexion avec les réseaux du New Hampshire et du Massachusetts. Or, si on ne peut prédire l’avenir avec certitude, on peut quand même s’y préparer, et c’est à cela que nos équipes s’emploient jour après jour.
CROISSANCE DE LA DEMANDE À LA POINTE 1950
545 MW
1965
5 000 MW
1985
2015
24 000 MW 39 000 MW
RÉSEAU DE TRANSPORT D’HYDRO-QUÉBEC – 2019
34 361 km de lignes, dont 11 918 km à 735 kV et à 765 kV
532 postes à une tension de 44 kV à 765 kV, dont 41 postes à 735 kV et à 765 kV
17 interconnexions avec les réseaux de l’Ontario, du Nouveau-Brunswick et du nord-est des États-Unis
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Luc Lavergne
Hydro doit par ailleurs composer avec le renouvellement des actifs arrivés en fin de vie utile, qu’il s’agisse d’appareillage de postes ou de lignes de transport. L’innovation, dans ce contexte, réside dans l’utilisation d’outils d’optimisation, mais aussi dans les méthodes de travail, comme l’a démontré le projet de remplacement des disjoncteurs de modèle PK. Menée par une équipe multidisciplinaire HQT et HQIESP, cette initiative a permis de remplacer 225 disjoncteurs en seulement un an.
Le point de vue de Rhéaume Veilleux, retraité « J’ai été embauché en 1979 comme ingénieur en planification des réseaux de distribution. Pendant presque 30 ans de carrière au sein d’Hydro, j’ai été à la fois témoin et acteur de l’extraordinaire essor des technologies employées dans divers systèmes – protection, commande, automatismes, maintenance et gestion des réseaux. Nous sommes passés de la technologie électromécanique à la technologie statique pour ensuite implanter la technologie numérique. C’est un peu comme passer de la télé en noir et blanc à la couleur, puis à la haute définition. À l’IREQ, au début des années 1990, nous avons réalisé une première mondiale en menant des essais sur des inductances shunt à 735 kV de 110 Mvar à 150 % de surtension. Comme directeur – Expertise et support technique de transport, j’ai eu le privilège de diriger des équipes ayant de grandes compétences techniques et qui étaient axées sur l’amélioration et l’innovation dans plusieurs domaines d’expertise. Je conserve d’excellents souvenirs de mes années de travail à Hydro, marquées par une effervescence extraordinaire. »
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Le réseau de distribution
Une infinité de petits gestes — Par Julie Malo
Résultat du travail acharné de milliers de gens cherchant constamment à améliorer l’expérience client, le tentaculaire réseau de distribution d’Hydro-Québec a atteint un niveau de perfectionnement technique remarquable. Il nous permet aujourd’hui de prendre un virage sans précédent : personnaliser les services offerts à des clients qui demandent de plus en plus à être parties prenantes de ce réseau. Un des premiers défis affrontés par les équipes dédiées à nos activités de distribution a été d’harmoniser les réseaux des entreprises privées acquises lors des deux phases de la nationalisation. Le réseau de l’Abitibi-Témiscamingue est un témoin important de cette démarche. Lancée en 1964, la conversion de 25 à 60 hertz de ce réseau desservant autour de 17 000 clients s’est terminée en septembre 1965.
22 février 1965. Des techniciens, coordonnateurs et surveillants d’Hydro s’affairent à des travaux préliminaires de conversion dans une rue de Rouyn-Noranda.
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CONVERTIR LA TENSION Dans les années 1970, la conversion se poursuit un peu partout au Québec : on doit en effet actualiser le réseau afin qu’il puisse répondre à la forte croissance de la demande. « Ce vaste programme de conversion du 4 ou 12 kV au 25 kV s’est terminé dans les années 1990, période où je suis arrivé dans l’entreprise, se rappelle Joël Levasseur, chef – Stratégies et encadrements du réseau. C’est à ce moment que la tension a été normalisée à 25 kV. Aujourd’hui, il ne reste qu’une portion du réseau montréalais et quelques sections ailleurs en région qui utilisent le 12 kV. Nous profitons actuellement d’un programme de réfection des postes mené par HQT pour achever cette conversion à Montréal. » AUTOMATISER LES OPÉRATIONS Si le réseau de distribution qu’on voit aujourd’hui dans les rues ne semble pas avoir beaucoup changé, il n’en a pas moins évolué. Discrètement, au rythme de nombreuses améliorations apportées en arrière-scène, le réseau a atteint un niveau de perfectionnement technique remarquable. Pour Louis Lépine, chercheur – Scénarios et vision technologique à l’IREQ, l’automatisation et l’exploitation du réseau à distance comptent parmi les plus importantes avancées technologiques. « C’est probablement ce qui a changé le plus profondément les façons de travailler sur le réseau, affirme-t-il. Jusqu’en 2006, moment où un vaste programme d’automatisation a commencé à être déployé, un employé devait se rendre sur place pour manipuler les appareils ou reconfigurer le réseau lors de pannes de courant. Maintenant, ces interventions peuvent se faire à distance. Puis, au milieu des années 2010, nous sommes passés de la télécommande par lignes téléphoniques aux télécommunications sans fil. »
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Années 1950. On effectue des travaux à l’intersection du boul. Dorchester et de la rue De Bleury, à Montréal, où plus de la moitié du réseau est maintenant enfoui, soit autour de 4 500 km. Vers la fin des années 1970, lorsque la tension du réseau souterrain est passée à 25 kV, les câbles à gaine de plomb ont été remplacés par des câbles à isolant synthétique, ce qui permet de raccorder deux câbles beaucoup plus rapidement.
2009. Un monteur installe un boîtier de commande sur un poteau dans le cadre du programme d’automatisation du réseau de distribution.
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117 750 km Longueur des lignes de distribution actuellement exploitées par HQD, dont environ 12 % sont souterraines.
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INNOVER POUR ASSURER LA SÉCURITÉ Les méthodes de travail ont elles aussi évolué, ce qui permet notamment aux monteurs et aux jointeurs de travailler de façon sécuritaire sur le réseau sous tension. « L’utilisation de gants isolants notamment, une pratique qui a débuté dans les années 1970, a facilité la tâche des monteurs qui n’ont plus à toujours utiliser les perches isolantes : un outil moins précis et plus exigeant physiquement. Cette pratique a aussi permis de réduire le temps des interventions », explique Jean Lauzon, chef – Encadrements des appareillages électriques.
1975. Longtemps, le travail des monteurs et des jointeurs s’est fait à la force des bras. Avant l’arrivée des camions nacelles, les monteurs grimpaient sur les poteaux à l’aide de grimpettes ou d’échelles de bois. Pour effectuer des raccordements sur les toits des immeubles, ils devaient entrer chez les clients pour accéder aux balcons, d’où ils tiraient leurs échelles. Au fil du temps, la machinerie, les appareils et l’outillage ont été mieux adaptés au travail sur le terrain. Sur la photo, un monteur de lignes au travail.
De nombreuses innovations ont été conçues pour assurer la sécurité des travailleurs. C’est notamment le cas de l’analyseur de décharge partielle et du renifleur, respectivement mis au point en 2005 et en 2010 à l’IREQ. Ces appareils permettent un accès sécuritaire aux travailleurs qui descendent dans les structures souterraines. « Les pratiques et la culture de la santé-sécurité du travail ont beaucoup évolué, notamment depuis l’arrivée de l’ergonomie en SST qui a vraiment modifié nos façons de faire, fait remarquer Claudine Bouchard, vice-présidente – Réseau de distribution. Depuis quelques années, nous avons pris un virage en SST, et ce, grâce au leadership de notre équipe de gestion, de nos équipes de soutien, des travailleurs sur le terrain et de nos partenaires syndicaux. Nous nous sommes en effet engagés à faire évoluer notre culture de la SST, afin de faire de la SST une valeur d’entreprise. » PRIORITÉ : EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE En matière d’efficacité énergétique, les gens de distribution ont certainement été innovateurs. Déjà, au milieu des années 1960, ils mettent en place des programmes avant-gardistes et font la promotion du rehaussement des normes d’isolation des résidences et de l’amélioration de la performance des chauffe-eau, entre autres choses. On se souvient aussi du programme biénergie, lancé dans les années 1980, au lendemain des chocs pétroliers de 1973 et de 1979. « Ce programme a permis une pénétration accrue du chauffage électrique tout en réduisant l’impact sur l’appel de puissance en période de pointe hivernale », explique Éric Dumont, chercheur – Recherche et innovation – Distribution au Laboratoire des technologies de l’énergie. Depuis, HQD n’a cessé de faire la promotion des économies d’énergie au moyen d’importantes campagnes de sensibilisation. Elle cherche aussi à améliorer l’efficacité de son réseau à l’aide d’innovations. Le système CATVAR (contrôle asservi de la tension et de la puissance réactive), créé en 2008, par exemple, permet un meilleur contrôle de la puissance sur le réseau tout au long de l’année.
1954. Un monteur de lignes.
UN NOUVEL ESSOR Rémi Dubois directeur – Services et ventes – Clientèle d’affaires, se rappelle la séparation fonctionnelle des unités d’affaires et la création de HQD en 2001. « Pour moi, il s’agit d’un des moments clés de notre histoire. La création de la Régie de l’énergie et la mise en place de façons de faire rigoureuses nous ont permis de justifier les tarifs dont nous avions besoin pour nous acquitter de notre mission et nous doter d’une vision à long terme. Cette période a donné un nouveau souffle à nos activités de distribution. C’est également à ce moment que nous avons véritablement pris un virage commercial. »
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AMÉLIORER L’INDICE DE CONTINUITÉ Mesure apparue dans les années 1980, l’indice de continuité s’est amélioré grâce à de nombreuses avancées technologiques. L’utilisation de systèmes informatiques plus performants, permettant de traiter en temps réel les données fournies par les milliers d’automatismes répartis sur le réseau, par exemple, a généré des gains majeurs en matière de rapidité d’intervention. « Mentionnons aussi des outils comme le Système d’information géographique (SIG), utilisé depuis le milieu des années 2000, ajoute Joël Levasseur. Il contient toutes les informations nécessaires à la conception et à la maintenance, ce qui entraîne des gains d’efficacité, puisque nous avons un accès intégré à l’ensemble des données. Le système SimLoc, également. Conçu par l’IREQ, il réduit de moitié le temps nécessaire pour détecter un défaut sur le réseau souterrain. Ce ne sont là que quelques exemples qui montrent bien l’évolution par rapport à l’époque où tout se faisait à la mitaine, sur papier ou par émetteur radio ! »
1996. Un employé travaille à la console d’un CED.
LE CLIENT AU CŒUR DES ACTIVITÉS DE DISTRIBUTION Dès la seconde phase de la nationalisation, Hydro uniformise progressivement la tarification de même que les approches en matière de services à la clientèle des quelque 80 organisations qu’elle a acquises. En 1970, elle centralise les appels des clients de la région de Montréal grâce à un numéro unique. Le système de fiches d’abonnés en place à l’époque aide les représentants à faire des suivis, mais ne peut servir à rassurer les clients en cas de panne. L’information circule mal entre les différentes équipes, car rien n’est informatisé. Les choses changent durant les années 1980, avec la création des centres d’exploitation de distribution (CED). On y traite toutes les données du réseau, ce qui permet d’informer rapidement les représentants des services à la clientèle qui peuvent mieux répondre aux clients. Aujourd’hui, notre clientèle dispose d’une multitude de moyens pour entrer en contact avec nous, dont l’Espace client du site Web, le clavardage et l’appli mobile Info-pannes ainsi que les médias sociaux. Depuis 2015, l’entreprise est définitivement passée à l’ère numérique en déployant plus de 21 outils libres-services. À la fin des années 1990, Hydro a regroupé ses 26 bureaux de services à la clientèle en 12 sites, afin d’uniformiser les processus et d’assurer de meilleurs services aux clients. « Puis, de 2003 à 2006, le projet Système d’information clientèle (SIC) a permis de moderniser tous les processus d’affaires de HQD et de remplacer et d’intégrer plus de 200 systèmes, rappelle Josée Nadeau, directrice – Planification stratégique et vision client. Ce projet a touché plus de 3 millions de clients et les façons de faire de quelque 5 000 employés. Des efforts importants avaient alors été réalisés en formation et en gestion de changement auprès de ces derniers. »
© Archives d’Hydro-Québec
1955. Un employé traite l’appel d’un client qui a rapporté une collision entre une auto et un poteau. Il utilise un télautographe, un appareil permettant de transmettre à distance de l’écriture ou du dessin et une carte géographique.
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© Archives d’Hydro-Québec
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1947. Le releveur de compteurs Robert Tessier se prépare à faire sa tournée à Saint-Tite. Nous sommes loin de la relève effectuée automatiquement de nos jours par les compteurs communicants.
Les projets de démonstration technologique, comme les maisons du futur construites au Laboratoire des technologies de l’énergie, le système de stockage d’énergie installé à Hemmingford et le projet de microréseau de Lac-Mégantic, préparent nos activités de distribution à cette évolution du marché, dans lequel les clients chercheront de plus en plus à devenir actifs et à échanger de l’énergie avec notre réseau. Une chose est certaine, que l’énergie circule dans un sens ou dans l’autre, le réseau de distribution est essentiel et nous devons continuer à innover pour l’améliorer.
Jean-François Lemire
2013. Installation d’un compteur communicant chez un client résidentiel de Laval.
PRÊTS POUR L’AVENIR Plus récemment, le déploiement des compteurs communicants a ouvert un monde de possibilités. Combinés aux quelque 4 000 points automatisés du réseau, ces 3,9 millions de compteurs – qui transmettent automatiquement les données de consommation des clients – nous donnent un portrait précis du réseau. « Avec ces technologies, nous sommes bien outillés pour l’important virage qui s’amorce, affirme Geneviève Fournier, directrice principale – Expérience client, vente et fidélisation. Nos clients veulent être parties prenantes de notre réseau. Ils souhaitent également que nous leur offrions le même type d’expérience que celui offert par Google et Amazon, par exemple. Nous devrons donc exploiter davantage les informations fournies par nos compteurs communicants, afin de mieux connaître notre réseau et nos clients et de personnaliser notre offre. Nous avons notamment commencé à le faire avec la tarification dynamique qui sera disponible dès l’automne. »
« Nos priorités ont longtemps été établies en fonction de la croissance : nous construisions pour suffire à la demande. Aujourd’hui, le marché de l’énergie est en transition. Il s’apprête à évoluer d’une façon très différente de tout ce que nous avons vécu jusqu’à présent. Et les attentes de nos clients changent. Pour répondre à leurs besoins, nous devrons devenir un fournisseur de services axé sur le mode de vie des clients, plutôt qu’un simple fournisseur d’électricité. » — Éric Filion, président d’Hydro-Québec Distribution
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Où sommes-nous ?
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MOCAPHOTO
Par Julie Malo
Lorsqu’il a été inauguré, le siège social était le cinquième bâtiment en hauteur de Montréal. Cet édifice, qui porte le nom de Jean-Lesage depuis 2017, n’est pas le seul à bénéficier des soins des trois électriciens-mécaniciens – Ascenseur de l’équipe Gestion des immeubles – Ouest. Ces derniers sont en effet responsables de l’entretien des quelque 70 ascenseurs et monte-charges des immeubles administratifs que possède l’entreprise dans le sud du Québec.
Nous sommes dans la salle des machines du 24e étage du siège social, à Montréal, où un électricien-mécanicien – Ascenseur s’apprête à remplacer une des bagues antifrictions d’origine du moteur de l’ascenseur n° 6. Ce manchon en alliage de plomb enveloppe l’arbre qui tourne sur un filet d’huile. Les moteurs des 12 ascenseurs, situés au cœur du bâtiment, battent au rythme des quelque 6 000 déplacements quotidiens qu’ils assurent fidèlement depuis 1962. Installés lors de la construction du siège social, ces moteurs font monter et descendre les ascenseurs à câbles à la vitesse de 3,81 m/s.
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Projet à 735 kV de la Chamouchouane–Bout-de-l’Île
Petit tour d’horizon d’une grande réalisation d’équipe La fin du mois de mai marquait l’aboutissement d’une longue série d’interventions sur le réseau de transport qui a culminé avec la mise en service d’une nouvelle ligne à 735 kV entre le poste de la Chamouchouane et la boucle métropolitaine de Montréal. Cette gymnastique électrique a mis à contribution de nombreuses équipes qui se sont relayées tout au long de ce projet complexe et exigeant.
— Par Sylvain Perreault
Gimmy Desbiens
Le poste de la Chamouchouane au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Sur la photo, en haut au centre, on aperçoit le couloir de la nouvelle ligne à 735 kV qui se dirige vers le sud. Un tracé de 400 km qui traverse les régions du Saguenay–Lac-Saint-Jean, de la Mauricie, de Lanaudière, des Laurentides pour se terminer à Laval, au poste de Duvernay.
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POINT DE DÉVIATION Situé à Saint-Roch-de-l’Achigan, ce point de déviation est unique sur le réseau de transport à 735 kV. Au bas de la photo, on voit la ligne à 735 kV en provenance du poste de la Jacques-Cartier. Au point de déviation, une ligne se dirige vers le poste du Bout-de-l’Île (à gauche) et l’autre, vers le poste de Duvernay (à droite).
EXIGEANT ET ENRICHISSANT Le décès d’un travailleur lors de l’assemblage d’un pylône, en mars 2018, a été éprouvant pour toute l’équipe. Martin Joseph, chef – Projets, est très impliqué dans la mise en place du Plan d’action d’entreprise en santé et en sécurité du travail 2017-2020. « L’année 2018 a été exigeante pour Hydro-Québec et pour les entrepreneurs, souligne-t-il. Nous apprenons et comprenons beaucoup de choses. Ce virage change la façon de travailler. Nous avons notamment mis en place des tables de travail. Ça permet de capter à la source les difficultés et les risques afin d’apporter des solutions. Nous révisons les façons de faire, de la conception à l’installation des pylônes, ainsi que l’équipement et l’outillage utilisés par les entrepreneurs ; nous faisons un suivi quotidien des événements. Les changements se feront graduellement. » « Ç’a été une expérience exigeante, mais combien enrichissante, poursuit Annie Rousseau, chef – Projets. Nous avions hâte de livrer la ligne de transport à la fin du mois de mai. Et nous avons mis en place tous les moyens pour y arriver. »
Jean-François Lemire
De l’avant-projet à la mise en service, Marie-Josée Gosselin, gérante de projets – Lignes de transport et gérante de chantier – Chamouchouane–Bout-del’Île, HQIESP, mesure le chemin parcouru. « Quand un projet s’échelonne sur presque dix ans, c’est un défi de garder tout le monde mobilisé, informe-t-elle. Des gens partent, d’autres se joignent à l’équipe : il faut transférer les connaissances et les leçons apprises. Et cette ligne à 735 kV a été construite dans une ère de changements où Hydro a pris un important virage en santé-sécurité du travail. Malgré les événements tristes qui sont survenus, il faut se rappeler les points positifs. Tout ce que nous avons appris. Les solutions novatrices pour faire mieux et être plus efficaces. Les nouvelles idées pour rendre le travail sécuritaire. L’engagement de tout le monde. »
UN ENGAGEMENT SUR TOUTE LA LIGNE Martin Gagnon, chef – Travaux, représente la direction principale – Projets de transport et construction pour la mise en œuvre de la nouvelle approche en santé-sécurité du travail. « Lorsque nous effectuons les enquêtes et que nous décortiquons les événements, explique-t-il, nous constatons que les méthodes de travail et les encadrements dans le domaine de la construction de lignes n’ont pas beaucoup évolué depuis les 10 à 15 dernières années. Le fait de reconnaître les ouf !, les quasi-accidents, permet une prise de conscience des risques, autant à Hydro-Québec que chez les entrepreneurs. Nous travaillons ensemble pour améliorer les choses. Nous mettons notamment en œuvre un programme d’observation interactif sur les chantiers. L’engagement des dirigeants d’entreprises spécialisées dans la construction de lignes est essentiel. Un virage en santé-sécurité du travail ne se fait pas du jour au lendemain ; nous y allons petit pas par petit pas. Et ça donne déjà des résultats. »
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« Nos équipes ont travaillé fort, les entrepreneurs aussi. La réussite de ce projet repose sur l’engagement de tout le monde. » — Marie-Josée Gosselin, gérante de projets – Lignes de transport et gérante de chantier – Chamouchouane– Bout-de-l’Île
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LA BOUCLE MÉTROPOLITAINE DE MONTRÉAL
1 2 Judith-Jasmin
#
Duvernay
#
#
Bout-de-l'Île
# Chénier
#
#
# Boucherville
Poste et ligne à 735 kV Nouveau poste à 735 kV Nouvelle ligne à 735 kV
Montréal Hertel #
Géomatique
#
erville
,5
La boucle métropolitaine de Montréal est maintenant formée de sept postes à 735 kV.
#
Poste et ligne à 735 kV Nouveau poste à 735 kV Nouvelle ligne à 735 kV
# Châteauguay
0
7,5
RENFORCEMENT DU RÉSEAU ET SOUPLESSE D’EXPLOITATION
15 km
Le projet à 735 kV de la Chamouchouane–Bout-de-l’Île satisfait plusieurs besoins. Tout d’abord, la nouvelle ligne à 735 kV peut se comparer à un nouveau pont qui relie l’axe nord-est du réseau de transport et la boucle métropolitaine de Montréal. Elle vient le trafic d’électrons et permet une meilleure redistribution MTM, soulager fuseau 8, NAD83 (SCRS) A115_hq_069_transport_735kV_190328.mxd de l’électricité sur les différents axes du réseau. D’autre part, le nouveau poste Judith-Jasmin à 735-120-25 kV vient renforcer l’alimentation de la région de Montréal et répondre à la forte croissance des besoins en électricité à Terrebonne et à Mascouche. Voici les principaux travaux réalisés :
• Construction d’une ligne à 735 kV (400 km) entre le poste de la Chamouchouane et la boucle métropolitaine (1).
• Construction d’un tronçon de ligne à 735 kV (19 km) entre le poste du Bout-de-l’Île et le point de déviation à Saint-Roch-de-l’Achigan (2).
• Construction du poste Judith-Jasmin
• Raccordement du poste Judith-Jasmin aux postes Chénier et de Duvernay à 735 kV.
• Réaménagement des lignes au poste du Bout-de-l’Île.
• Reconstruction d’une ligne à 315 kV entre le poste du Bout-de-l’Île et les postes à 315 kV Pierre-Le Gardeur et de Lachenaie.
à 735-120-25 kV à Terrebonne.
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15 km
MTM, fuseau 8, NAD83 (SCRS) A115_hq_069_transport_735kV_190328.mxd
NOUVELLE LIGNE À 735 KV
977
pylônes mis en place
5 184 km de conducteurs installés
900
Près de travailleurs au plus fort des travaux
HP Été 2019 Anouphab Chanchaleun, électricien d’appareillage, pendant un essai de mise en route visant à tester l’isolation d’un transformateur de mesure.
De la construction à la mise en service
Ensemble, faire communiquer Le réseau de transport est une machine complexe et dynamique, dont les composants interagissent entre eux selon des critères stricts de conception et d’exploitation. L’étape de mise en route donne peu à peu vie à cet impressionnant ensemble. Le poste Judith-Jasmin est un élément essentiel du projet à 735 kV de la Chamouchouane–Bout-de-l’Île. Trois lignes à 735 kV et une autre à 120 kV y sont raccordées. Ce poste peut alimenter 800 000 résidences et répondre à la forte croissance de la demande d’électricité à Terrebonne et à Mascouche. Depuis 2018, HQIESP et HQT réalisent la mise en route de cette installation en mode collaboratif.
MOCAPHOTO
PARTAGE DES TÂCHES « C’est une approche gagnant-gagnant, car chacun y trouve son compte, fait remarquer Jean-Philippe Rivest, chargé – Mise en route et étude de protection, direction – Ingénierie de transport (DIT), HQIESP. Les techniciens d’automatismes – Maintenance et les électriciens d’appareillage peuvent se concentrer sur les activités à effectuer, et nous veillons sur le volet administratif, l’échéancier, les problèmes à régler, les non-conformités, entre autres choses. Nous jouons le rôle de facilitateur. » FORMATION SUR LE TERRAIN « Cette approche présente de nombreux avantages, poursuit Annie Giguère, chef – Réalisation de projets de transport, HQT. La DIT nous accompagne pendant toute cette étape. Nos équipes profitent d’un soutien technique permanent sur les lieux. Nous ne construisons pas souvent des postes comme celui-ci. Nous avons jumelé plusieurs jeunes techniciens et électriciens de la relève à des employés expérimentés. Pour notre personnel, c’est une belle occasion d’acquérir de l’expérience. » « Le mode collaboratif offre aux équipes de HQT la chance de découvrir pendant la mise en route leur nouvelle installation et de participer à tous les essais, ajoute Frédéric Vallée, ingénieur – Conception – Postes et appareillage électrique, DIT. Le chef – Maintenance – Transport pourra compter sur une équipe mieux outillée pour effectuer les interventions à l’avenir. »
Jean-Philippe Rivest et Mathieu Déraps, chef – Technicien d’automatismes, travaillent en mode collaboratif pour la mise en route du poste Judith-Jasmin.
UN DÉFI ORGANISATIONNEL ET HUMAIN Martin Lavoie, chef – Projets, HQIESP, est responsable de quelques projets de postes dont Judith-Jasmin. « Les travaux de lignes sont imposants, souligne-t-il. Par contre, pour exploiter le réseau, nous devons rendre les protections et les automatismes opérationnels. Cette étape nécessite beaucoup de travail et de réflexion et fait appel à de plus petits outils, à des portables. C’est moins spectaculaire. Faire communiquer ensemble tout ce matériel exige des échanges constants entre des équipes réparties dans plusieurs territoires : Rouyn-Noranda, Chicoutimi, Québec, Saint-Jérôme, Laval, Montréal. Des employés de différents domaines doivent travailler ensemble et coordonner leurs efforts pour faire progresser les travaux. Le projet à 735 kV de la Chamouchouane– Bout-de-l’Île représentait un important défi organisationnel et humain. » 36
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Du poste de transport au poste de travail
Mettre à jour les données Le réseau évolue. Au centre de conduite du réseau et dans les centres de téléconduite, les répartiteurs et les opérateurs doivent compter sur une information fiable et à jour qui représente l’état réel du réseau. Des équipes s’activent dans les coulisses pour actualiser les bases de données des systèmes d’exploitation. Le centre de téléconduite de Montréal supervise et télécommande une soixantaine d’installations, dont les postes de la boucle métropolitaine de Montréal, sauf Judith-Jasmin. Michael Simard, chef – Soutien des opérations, explique que « nous assurons le soutien technique aux exploitants : les répartiteurs et les opérateurs dans les centres de téléconduite, mais aussi les opérateurs mobiles sur le terrain. Dès qu’on ajoute de nouveaux équipements, il faut mettre à jour les schémas papier et synoptiques. Nous devons nous assurer que nous sommes capables d’exploiter le réseau et d’effectuer les manœuvres requises afin d’alimenter nos clients ».
Jean-François Lemire
ALARMES, PROTECTION ET AUTRES QUESTIONS Martin Piché, technicien – Exploitation – Stratégies, participe aux étapes de mise en route et de mise en service. Il est les yeux du réseau. « J’aime mon travail, dit-il, car je suis au cœur de la raison d’être d’Hydro-Québec : livrer l’électricité. Si on pouvait voir passer les mégawatts, ils passeraient par chez nous. On installe de nouveaux équipements : il faut que tout ça puisse être exploité. Si on veut transiter de l’énergie ou effectuer de la maintenance, l’opérateur doit pouvoir manœuvrer un appareil comme un disjoncteur : le sélectionner, l’ouvrir ou le fermer. Chaque projet comprend un rapport de protection qui explique comment sont protégées les lignes ou comment fonctionnent les grands automatismes de réseau. C’est un peu la bible de l’exploitation. Une de mes tâches consiste à synthétiser ce document et à rédiger des encadrements, faciles à comprendre, pour les opérateurs mobiles qui doivent intervenir sur les appareils du réseau. »
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BDD COMME DANS BASE DE DONNÉES Le technicien – Soutien – Exploitation BDD est un rouage essentiel dans la construction et la mise à jour des bases de données et des schémas d’installation du système d’acquisition de données et de télécommande GEN-4. Francis Laliberté explique qu’il doit s’assurer « que tous les appareils sont bien configurés, qu’ils sont au bon endroit et que les mesures qu’ils fournissent sont exactes. Ce que les opérateurs du centre de téléconduite voient sur leurs écrans doit refléter fidèlement ce qui se passe dans un poste. Je dois aussi tester toutes les alarmes et faire des essais sur les appareils. Ce travail se fait conjointement avec les techniciens d’automatismes – Maintenance qui sont dans les postes ».
Poste de Duvernay. Martin Piché et Jean-Philippe Blanchard, chef – Technicien d’automatismes – Maintenance, discutent d’alarmes. Ce dernier souligne qu’« une des complexités du projet, ce sont les grands automatismes de réseau comme le RPTC (rejet de production et télédélestage de charge) et la SPSR (solution permanente à la séparation de réseau). Avec la reconfiguration du réseau, nous devons revoir leur réglage ».
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De la planification à l’exploitation
L’intégration d’une nouvelle ligne à 735 kV Le réseau de transport forme un grand ensemble où toutes les lignes à haute tension sont raccordées entre elles par des postes à 735 kV. Ainsi, un événement à ce niveau de tension peut affecter sévèrement le réseau dans son entier. Le projet à 735 kV de la Chamouchouane– Bout-de-l’Île s’inscrit dans une vision globale et à long terme de l’évolution du réseau visant à assurer la fiabilité et la sécurité de celui-ci. « L’intégration de la nouvelle ligne à 735 kV, entre le poste de la Chamouchouane et la boucle métropolitaine de Montréal, a nécessité un bon deux ans de travail et la contribution de plusieurs équipes, informe Charles-Éric Langlois, chef – Stratégies réseau principal et interconnexions, direction – Planification. Il a fallu revoir la configuration des grands automatismes de réseau, procéder à une refonte complète des capacités de transport et mettre à jour les scénarios de remise en charge du réseau. Nous utilisons les mêmes outils de simulation que l’équipe de planificateurs qui réalise les études d’évolution du réseau à long terme, mais avec une vision plus près du temps réel. Par exemple, nous examinons la fiabilité et la stabilité du réseau, les critères de robustesse, le contrôle de la tension. Notre rôle est de définir pour le centre de conduite du réseau (CCR) les stratégies d’exploitation à appliquer selon les configurations probables qui dépendent des retraits permis et des événements à couvrir, par exemple la perte d’une ou de plusieurs lignes. » SOULAGEMENT ET ROBUSTESSE « La nouvelle ligne à haute tension apporte un grand soulagement pour le transit sud, soit l’alimentation de la charge concentrée au sud de notre réseau, poursuit Sylvain Bastien, chef – Expertise de contrôle de réseau, direction – Contrôle des mouvements d’énergie (CMÉ). On parle d’une nouvelle ligne dans le couloir Baie-James Est : c’est un couloir majeur. Comme cet ajout influe sur le comportement du réseau principal, il a fallu implanter de nouvelles stratégies d’exploitation dans le système LIMSEL (Sélection des limites du réseau), revoir tous nos encadrements et donner de la formation aux gens qui exploitent le réseau. Nos systèmes d’acquisition et de surveillance du réseau principal ont également dû être mis à jour pour tenir compte de ce nouvel élément. »
SIMULER ET IMPLANTER Gabriel Dion Marcotte, ingénieur – Stratégies du réseau principal et interconnexions, a participé à la mise au point des stratégies d’exploitation. « C’est une ligne de plus dans la limite sud et cela modifie la façon dont le réseau se comporte, explique-t-il. Nous avons étudié ce nouveau comportement en profondeur afin d’établir de nouvelles stratégies d’exploitation. Un nombre important de simulations a été effectué afin de couvrir un ensemble très large de situations de réseau et ainsi de garantir sa stabilité et sa fiabilité en tout temps. » Une fois établies, les stratégies d’exploitation sont transmises au CCR pour être implantées dans le système LIMSEL par les ingénieurs de la direction – Contrôle des mouvements d’énergie. Le système LIMSEL, un des principaux outils utilisés par les répartiteurs du CCR, calcule en temps réel les limites de transit critiques dans des conditions d’exploitation données. Cela permet aux exploitants de prendre rapidement les mesures appropriées pour assurer la fiabilité du réseau, par exemple effectuer un transfert de puissance d’un couloir à un autre.
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Jean-François Lemire
Les stratégies d’exploitation sont testées avant d’être implantées. L’ingénieur Marc-Antoine Joly les a programmées dans le système LIMSEL. Hélène Campagna en a coordonné l’intégration dans les systèmes du CCR en plus d’assurer la formation des répartiteurs. Gabriel Dion Marcotte a participé à leur élaboration.
« Il est assez rare de réaliser une intégration de cette ampleur-là. C’est un projet majeur sur le plan des systèmes d’exploitation qui a nécessité la participation de beaucoup d’équipes. » — Hélène Campagna, ingénieure – Expertise de contrôle du réseau, CMÉ
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AU-DELÀ DE CETTE LIMITE, RÉVISEZ VOTRE TRANSIT Au CCR, la gestion des limites de transit constitue la base de travail du répartiteur – Transport. Hélène Campagna est ingénieure – Expertise de contrôle du réseau, CMÉ. Elle a coordonné l’intégration des stratégies d’exploitation dans les systèmes que les répartiteurs du CCR utilisent pour gérer en temps réel les mouvements d’énergie. « Nos lignes à 735 kV sont très longues, fait-elle remarquer. Lorsque le transit varie beaucoup à la suite d’un événement, elles sont sujettes à de grandes variations de tension pouvant mener à une instabilité du réseau. En respectant religieusement les limites de transit, nous assurons la stabilité du réseau, peu importe les événements pouvant survenir, que ce soit la perte d’une ligne ou d’un équipement. » Ainsi, la limite sud intègre maintenant la somme des transits de neuf lignes à 735 kV qui proviennent de quatre postes stratégiques : La Vérendrye, JacquesCartier, Lévis et Chamouchouane. La limite sud a été déterminée afin de contrecarrer les phénomènes d’instabilité de tension associés à l’alimentation de la charge concentrée au sud du réseau. La nouvelle ligne à 735 kV permet ainsi de transiter plus d’énergie vers la boucle métropolitaine. « La puissance va se répartir sur cette boucle-là pour alimenter entre 60 et 70 % de la charge du réseau, fait observer Hélène Campagna. Comme tout est bouclé, si une ligne déclenche, le transit va se répartir différemment. »
Gros plan
Tina Houle
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Mécanicienne d’appareillage, direction – Saguenay–Lac-Saint-Jean, Hydro-Québec Production
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Par Nataly Rainville
À la centrale La Grande-4, entourée d’imposants équipements et d’une multitude d’appareils, Tina Houle se sent tout à fait à sa place. Née à Amos d’une mère crie et algonquine et d’un père allochtone, Tina a habité à Val-d’Or une bonne partie de sa jeunesse. « À mes débuts sur le marché du travail, j’ai occupé des emplois dans le milieu communautaire. J’ai notamment été agente de liaison dans les écoles pour le Centre d’amitié autochtone de Val-d’Or. Mon rôle consistait à faire connaître la culture autochtone aux élèves en vue de créer des ponts entre les nations. » Après quelques années, elle retourne sur les bancs d’école et décroche un baccalauréat en administration à l’Université du Québec en AbitibiTémiscamingue. « Ma sœur Jamie et moi avions eu l’idée d’ouvrir une résidence pour les Autochtones partis des réserves pour étudier à Val-d’Or, d’où nos études en administration. Nous avions cependant mal évalué les besoins du marché et nous avons dû abandonner notre projet. » En 2007, Tina est embauchée comme agente d’information à la centrale de l’Eastmain-1-A par la Société d’énergie de la Baie James. « J’ai occupé cet emploi saisonnier pendant sept ans. Mon rôle consistait entre autres à animer des séances d’information destinées aux pêcheurs et à délivrer des permis d’accès aux territoires de pêche. »
La suite de son parcours professionnel sera influencée par son frère Randy. Ce dernier avait suivi un cours d’électromécanique à Rouyn-Noranda dans la foulée de l’Entente concernant l’emploi des Cris (entente Apatisiiwin), signée par Hydro-Québec. Embauché comme électricien d’appareillage par Hydro en 2009, Randy répétait à Tina qu’il la verrait bien occuper un poste de mécanicienne. « Il est vrai que j’ai toujours aimé le travail manuel et la menuiserie. J’ai fini par suivre son conseil, et je m’en réjouis aujourd’hui. » Au printemps 2017, Tina a obtenu un diplôme en mécanique industrielle du Centre de formation professionnelle Harricana, à Amos, dans le cadre d’un programme géré par la Société Niskamoon. « J’y ai reçu une excellente formation. Étonnamment, ma cohorte comptait cinq femmes et trois hommes. C’était du jamais-vu. » Embauchée comme mécanicienne d’appareillage à la centrale La Grande-4 en octobre 2017, elle s’est tout de suite sentie comme un membre à part entière de l’équipe. « Mes collègues m’ont super bien accueillie. » L’horaire 8/6 lui convient parfaitement, tout comme la vie à la résidence, particulièrement l’été, saison de la pêche. Et que pense-t-elle de son travail ? « Ce qui m’a étonnée, au départ, c’est le nombre impressionnant d’équipements et d’appareils qu’abrite la centrale ainsi que la variété des tâches. C’est un travail qui est tout sauf routinier. J’apprends tous les jours. »
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Récemment, Tina a participé à une étude sur les femmes autochtones occupant un métier non traditionnel réalisée par la Commission de développement des ressources humaines des Premières Nations du Québec. Cette étude a mené à la création d’une trousse visant à encourager les femmes autochtones à opter pour un métier non traditionnel et à les outiller. « Tant mieux si mon parcours peut en inspirer d’autres. » Se considère-t-elle comme une fonceuse ? « Il faut sans doute une certaine force de caractère pour réussir comme femme en mécanique, mais l’important, avant tout, est d’aimer ce qu’on fait. »
Hugo Lacroix
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Luc Lavergne
Le Circuit électrique est un acteur clé de l’électrification des transports au Québec.
Électrification des transports
Nos stratégies de recharge, capitales ! Les questions touchant la recharge des véhicules électriques, surtout la recharge rapide, sont centrales dans la transition du Québec vers l’électromobilité. Hydro-Québec, notamment avec le Circuit électrique, touche le cœur de ces enjeux.
— Par Sylvie Bonneau
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Rouler électrique devient de plus en plus concret sur les routes du Québec. Plus de 40 000 véhicules électriques (VE) y sont immatriculés, soit près de 50 % de tous les VE au Canada. Les incitatifs gouvernementaux à l’achat et le coût de notre électricité, la moins chère en Amérique du Nord, contribuent à cette attraction. Mais aussi la présence d’un grand réseau public de bornes de recharge : le Circuit électrique. Au printemps 2019, il compte près de 2 000 bornes et crée plusieurs corridors autoroutiers de recharge rapide. L’électrification des transports, notamment avec le Circuit électrique, est l’une des avenues qu’Hydro a privilégiées pour investir son énergie propre et renouvelable dans la décarbonation du Québec.
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Déploiement des bornes de recharge rapide entièrement financé par la recharge
AVEC PLUS DE BORNES RAPIDES...
Sans impact sur les tarifs d’électricité
POUR FINANCER L’ACHAT DE PLUS DE BORNES RAPIDES.
Depuis juin 2018, Hydro-Québec est autorisée à financer l’installation des bornes de recharge rapide avec les revenus générés par la recharge. D’ici dix ans, le Circuit électrique mettra en service 1 600 bornes de recharge rapide, ce qui n’aura donc aucun impact sur les tarifs d’électricité.
ÉTENDRE ET DENSIFIER Les électromobilistes veulent des bornes de recharge rapide bien réparties sur le territoire et en nombre suffisant par site. « On veut pouvoir faire une recharge d’appoint où que l’on soit et sans avoir à attendre qu’une borne se libère. Sans ces conditions, il est difficile de susciter une véritable percée du VE », estime Renaud Cloutier, délégué principal – Développement des affaires. Les plus récentes stratégies du Circuit électrique reposent sur ces attentes. On peut les résumer en ces mots : étendre et densifier. On étend le réseau dans les régions moins desservies, c’est-àdire en Mauricie, sur la Côte-Nord, au Saguenay–Lac-Saint-Jean et en AbitibiTémiscamingue. Et on le densifie dans les secteurs populeux, particulièrement le long des autoroutes, afin d’éliminer les files d’attente aux bornes. À cet effet, en 2019, on ajoutera une centaine de bornes de recharge rapide, dont certaines réunies en une dizaine de stations de recharge de quatre bornes.
GÉNÉRANT PLUS DE
IL Y AURA PLUS DE VOITURES ÉLECTRIQUES...
QUI VONT SE RECHARGER PARTOUT...
VENTES D’ÉLECTRICITÉ...
C’EST MATHÉMATIQUE La première génération de VE est apparue en 2011-2012. La meilleure batterie de l’époque avait une capacité d’environ 15 kWh. À une borne de recharge rapide de 50 kW, elle pouvait être rechargée à 80 % de sa capacité en l’espace de 20 à 30 minutes. Or, les batteries des VE de deuxième génération, sur le marché depuis 2018, ont déjà des capacités qui sont trois ou quatre fois supérieures. « La borne de recharge rapide de demain devra donc être beaucoup plus puissante pour que l’électromobiliste puisse faire le plein à l’intérieur de la demi-heure », explique Renaud Cloutier. Soulignons qu’en recharge rapide, une batterie de VE peut être rechargée à pleine puissance jusqu’à 80 % de sa capacité. Au-delà, pour la majorité des véhicules, un système de protection de la batterie ralentit considérablement la recharge. La borne de 50 kW demeure adéquate pour la majorité des VE en circulation, pour ajouter en peu de temps des kilomètres d’autonomie à la batterie. À une borne de recharge rapide de 50 kW, la plupart des
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VE peuvent récupérer 40 km d’autonomie en une dizaine de minutes. « Elle conserve donc une place de choix dans notre stratégie de déploiement mais, assez rapidement, nous allons commencer à tester progressivement des bornes beaucoup plus puissantes de 100 kW et de 150 kW. » On avait déjà prévu une certaine évolution des installations du Circuit électrique, de sorte qu’il sera possible d’ajouter facilement une borne plus puissante à côté d’une borne existante à 50 kW. « Nous aurons probablement un jour des stations qui vont offrir plusieurs puissances de recharge rapide. Il y aura peut-être une différence de tarifs. Si vous êtes très pressé, vous choisirez le mode le plus rapide, mais il coûtera plus cher. Ce sont des choses auxquelles nous sommes en train de réfléchir. » Avec leurs batteries plus performantes, les VE d’aujourd’hui gagnent en autonomie. En outre, les modèles se diversifient. Cela se remarquera aussi bientôt du côté des VUS et des camionnettes. D’ici deux à trois ans, les amateurs devraient avoir plus de choix.
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C’est pour ça qu’on roule électrique !
Aller-retour Montréal-Québec pour 15 $ Faire le plein d’électricité peut vous faire économiser jusqu’à 2 000 $ par année.
— Plus de 200 km d’autonomie Rouler électrique, c’est écoresponsable et tourné vers l’avenir.
— Plus de 2 000 bornes de recharge publiques au Québec Rouler l’esprit tranquille grâce au Circuit électrique.
LE CAS DES PARCS DE VE Les propriétaires de parcs de camions ou d’autobus commencent aussi à lorgner du côté des VE. L’offre de camions électriques n’est pas encore étendue, mais il y a de plus en plus de parcs d’autobus électriques. Leur recharge pose un défi. « Les gestionnaires de parcs devront dorénavant se soucier de l’appel de puissance potentiel lié à la recharge simultanée de multiples véhicules, poursuit Renaud Cloutier. Nous le constatons déjà : bien des gestionnaires veulent que les batteries de tous leurs véhicules soient rechargées le matin. En général, ce n’est pas nécessaire. Cela dépend du trajet que chaque véhicule aura à effectuer pendant la journée. C’est une manière de penser que nous voulons changer. Tout ça demande des connaissances, des outils. Il faut les inventer. Nous menons des projets pilotes avec des exploitants d’autobus pour tester diverses options de recharge. » Le gouvernement du Québec a une cible de 100 000 VE sur nos routes en 2020, une autre de 300 000 en 2026 et une autre encore de un million en 2030. S’il fallait alimenter aujourd’hui même un million de VE, Hydro-Québec pourrait assurer : l’énergie requise représenterait environ 2 % de l’électricité consommée au Québec en 2015 !
—
« La batterie est l’élément le plus cher d’un VE, mais son prix a beaucoup diminué ces cinq dernières années. Au point où les experts estiment que le coût du VE arrivera à parité avec celui du véhicule à essence à l’horizon 2023. » — Renaud Cloutier, délégué principal – Développement des affaires
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Le Circuit électrique Hydro-Québec a lancé le Circuit électrique en 2012 avec Les Rôtisseries St-Hubert, RONA, METRO et l’Agence métropolitaine de transport – aujourd’hui EXO.
Le Circuit électrique au printemps 2019 :
Le point de vue de
300
Hugo Soucy, 24 ans, stagiaire dans l’équipe Électrification des transports
Plus de partenaires (commerces, municipalités, etc.)
« Les jeunes de mon âge sont curieux de connaître les VE, mais peu ont les moyens de s’en acheter un, même un plus ancien, d’avant 2012. Il y avait peu de modèles et ils étaient moins avancés technologiquement pour le prix. Personnellement, je ciblerais un modèle plus récent que ceux-là. Mais question de budget, j’attendrais de voir le prix au fil des reventes. Peut-être comme troisième propriétaire... »
Plus de 2 000 bornes en service, dont plus de de 50 kW (recharge rapide)
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88 % des électromobilistes québécois en sont membres
Une présence en Ontario Compatibilité avec FLO, le réseau de l’un de nos fournisseurs de bornes, et avec le réseau branché du Nouveau-Brunswick
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Le plus vaste réseau de recharge public au Québec !
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MOCAPHOTO
Pendant que son VE se recharge, Louis Lesage consulte ses dossiers et passe des coups de fil.
Revoir ses habitudes pour l’environnement Le témoignage de Louis À la fin de novembre 2016, Louis Lesage, agronome, HQIESP, avait bien mûri sa décision. Le véhicule qu’il s’apprêtait à acheter serait électrique. Par conviction environnementale. Il avait beaucoup lu sur le VE, scruté les offres des concessionnaires et abondamment questionné des chauffeurs de taxi roulant en VE. « Je réside à Sainte-Madeleine, en Montérégie. Le soir où j’ai ramené chez moi la Kia Soul 2016 que je venais d’acheter à Brossard, il restait peu de kilomètres d’autonomie. J’ai mal dormi ce soir-là. Je me suis dit : Dans quoi me suis-je embarqué ? Mais finalement, c’est très bien. Oui, il faut revoir ses réflexes d’automobiliste. Après avoir conduit plus de 30 ans avec un moteur à explosion, il faut nécessairement s’ajuster à cette nouvelle technologie. »
Le VE de Louis a une autonomie électrique de 150 km en été et autour de 100 km pour la période la plus rude de l’hiver. « Il y a 40 km entre mon domicile et mon lieu de travail, le 600, rue Fullum à Montréal. Je peux faire l’aller-retour sans recharge d’appoint. » Mais Louis doit souvent rouler plusieurs kilomètres. « J’utilise toujours la recharge rapide. Avec l’application du Circuit électrique, on voit où ces bornes sont situées et si elles sont occupées. C’est facile. » Son premier test de longue distance a eu lieu à l’été 2017. Il devait, pour le travail, visiter des propriétaires terriens en Estrie, de Sherbrooke à la frontière américaine. Il n’a pas eu de difficulté à se réalimenter. Mais faire le plein d’énergie, c’est plus long à faire qu’un plein d’essence... « Il faut éviter de comparer avec nos anciennes habitudes et voir cette démarche différemment. Pour ma part, j’en profite pour passer des coups de fil, planifier de nouveaux rendez-vous et consulter mes dossiers. En 20 à 25 minutes de recharge, je peux aller chercher 100 km d’autonomie. »
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Louis a pu bénéficier de la subvention de 8 000 $ du gouvernement du Québec à l’achat de sa Kia. « J’ai des mensualités de 550 $, mais j’économise 200 $ par mois en coûts d’essence. Elle me revient donc à environ 350 $ par mois. De plus, après deux ans et 60 000 km, le seul entretien que mon VE connaît est celui du changement saisonnier de pneus ! » Pour Louis Lesage, le virage est accompli : « Il n’y aura pas de retour en arrière dans mon cas. Par contre, j’envisage un changement de véhicule en 2020, afin d’augmenter mon autonomie et de réaliser le plus de kilomètres possible en mode électrique. »
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Recharger pour diminuer la facture d’essence Le témoignage de Chrismène Des 40 000 VE immatriculés au Québec, 53 % sont des véhicules hybrides rechargeables. Avec son Mitsubishi Outlander PHEV 2018, Chrismène Nelson Michel, représentante Soutien clientèle, Centre contacts clients à Gatineau, fait partie de ce groupe. « J’avais un VUS à essence depuis sept ans, mais il était énergivore. Je fais de nombreux déplacements, avec les enfants. Les factures de pleins d’essence grimpaient vite. L’été dernier, je suis allée avec mon conjoint chez un concessionnaire Mitsubishi, et il m’a incitée à faire l’essai de l’Outlander hybride rechargeable. J’ai été conquise. »
Toutefois, depuis qu’elle conduit un véhicule hybride, Chrismène commence à penser différemment et à développer le réflexe d’inclure la recharge dans la planification de ses activités. « Par exemple, quand je vais au gym, où je m’entraîne durant environ une heure et demie, j’en profite pour brancher la voiture à une borne à 240 V du Circuit électrique. Pour 3 $, je récupère 50 km. » Une chose est certaine : Chrismène n’envisage pas de revenir au véhicule conventionnel.
Luc Lavergne
Chrismène demeure à environ 30 km de son lieu de travail, le centre administratif du 200, rue Jean-Proulx à Gatineau. « Je recharge mon véhicule à la maison, le soir. En faisant une recharge d’appoint au travail, je peux rentrer chez moi sans utiliser d’essence, même avec le détour à la garderie. L’autonomie de la batterie de mon Outlander avoisine les 50 km en saison estivale. » Les batteries des véhicules hybrides ont moins d’autonomie que celles des VE tout électriques. Toutefois, Chrismène n’est pas prête à faire le saut vers un 100 % électrique. « J’ai encore des craintes. J’aurais peur de ne pas trouver de bornes ou encore d’avoir à me recharger lors d’un plus long trajet, surtout avec les enfants. Bref, je fais partie des gens qui attendent que les VE gagnent encore plus en autonomie et que la recharge d’appoint soit plus rapide. »
Pendant que sa propriétaire est au gym, la voiture de Chrismène Nelson Michel refait le plein d’énergie.
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UN GRAND BLITZ EN 2019 Page Facebook du Circuit électrique, Semaine nationale du véhicule électrique... Ce sont des initiatives d’Hydro-Québec et de ses partenaires en 2019. « Nous multiplions les démarches de sensibilisation auprès du public pour déboulonner les craintes face à l’électromobilité, faire connaître les avantages de rouler électrique et, au final, accélérer l’arrivée des VE. La communication et la sensibilisation sont vraiment importantes pour atteindre cet objectif », assure Daniela Levasseur, conseillère – Électrification des transports.
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Notre culture de la SST 2,48
Pour savoir comment notre culture de la santé-sécurité du travail se porte, on en a pris le pouls. Le diagnostic ? Une légère amélioration par rapport aux résultats obtenus en 2016-2017.
Score indiquant que la culture de la SST d’Hydro-Québec se situe au niveau 2 – Contrainte sur la courbe de Bradley 1.
L’ É T U D E
7 925
50 % des réponses aux 12 questions du sondage se trouvent en majorité au niveau 3 – Proactif sur la courbe de Bradley1.
Participants au sondage, soit 38 % de l’effectif.
14
54 %
Groupes de discussion avec 197 personnes dans 12 régions.
des répondants disent se sentir à l’aise d’intervenir auprès de leurs collègues ou de leur gestionnaire lorsqu’ils observent une situation à risque.
28 Heures d’entrevues individuelles avec des hauts dirigeants, des gestionnaires et des représentants syndicaux.
14,3 %
18
Proportion des cadres de direction qui ont répondu effectuée trop lentement ou pas de changement pour qualifier la transformation en SST. Ce pourcentage est de 43 % chez les employés de terrain.
Heures d’observation sur le terrain dans 4 unités d’affaires.
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Il y a deux ans, à notre demande, un cabinet a évalué notre culture de la SST. Les résultats de cette étude avaient servi à concevoir le Plan d’action d’entreprise en santé et en sécurité du travail 2017-2020. Afin de savoir si les mesures mises en place portent leurs fruits et d’orienter la suite du virage SST, un deuxième coup de sonde a été réalisé l’hiver dernier. On a ainsi dressé un portrait objectif de la perception que les employés et les gestionnaires ont de notre culture de la SST et de son évolution. Le score obtenu place l’entreprise au niveau 2,48 – Contrainte sur la courbe de Bradley1, ce qui indique une légère amélioration par rapport à l’évaluation de 2016-2017, soit 2,27.
— Par Julie Malo
LA DÉMARCHE L’étude menée cet hiver a été bonifiée comparativement à celle de 2016-2017. Un sondage, comprenant les mêmes 12 questions que celles utilisées la première fois, a été diffusé du 10 décembre au 18 janvier. On a également mené 14 groupes de discussion, soit 11 de plus qu’en 2016‑2017, dans les 12 régions correspondant à celles choisies pour le déploiement de la nouvelle approche en SST. Enfin, l’étude 2018-2019 incluait davantage d’entrevues individuelles et une nouveauté : les observations sur le terrain. LES CONSTATS Bonne nouvelle : la portion des répondants qui ne se sentent pas concernés par la SST a nettement diminué, passant de 15 à 3 % chez les employés de terrain et de 42 à 28 % chez les employés de bureau. « Elle est plus élevée chez ces derniers, mais cela s’explique, précise Lucie Dandois, directrice principale – Santé, sécurité et environnement. La phase 1 du Plan d’action en SST visait surtout à éliminer les accidents graves et mortels, ce qui concerne davantage les équipes de terrain. Nous avons entre autres travaillé plus étroitement avec les directions où 90 % de
Résultats et objectifs HQ (Courbe de Bradley ) 1
ces événements surviennent. Les résultats y sont d’ailleurs plus élevés, tout comme ceux obtenus auprès des participants aux cinq projets pilotes de l’été dernier. » Selon le cabinet qui a analysé les résultats, trois éléments principaux expliquent le niveau de maturité actuel de notre culture de la SST : la gestion du changement, la gestion des risques et la santé psychologique. « Les employés ne constatent pas tous des changements, explique Lucie Dandois. Nous nous y attendions, car bien que nous ayons déployé des initiatives pour faire vivre la SST partout dans l’entreprise, des mesures se sont concrétisées plus facilement dans certains milieux. Cela dit, les résultats nous aident à ajuster le Plan d’action, afin qu’il résonne dans toutes les équipes et que le volet leadership du plan prenne son envol. Pour favoriser la gestion des risques, par exemple, nous travaillons à la création d’un registre d’entreprise qui répertoriera les risques inhérents aux différents environnements et activités. Ce registre servira à prioriser et à cibler les efforts en prévention. La santé psychologique sera aussi davantage mise de l’avant ; des initiatives sont déjà lancées via le Réseau santé et mieux-être. »
2018-2019 2016-2017
2,27
2,48
Objectif
Objectif
2020
2023
0 – Pathologique
1 – Réactif
2 – Contrainte
3 – Proactif
4 – Valeur
NAET
La sécurité n’est pas importante, l’essentiel est de ne pas se faire prendre !
La santé-sécurité est importante, nous faisons le nécessaire à chaque incident.
Nous avons les systèmes en place pour gérer tous les risques ou dangers.
L’amélioration de la santé et de la sécurité est vue comme un processus continu, animé par la direction et les valeurs de la santé et sécurité au travail.
La santé-sécurité au travail est inscrite dans l’ADN de notre organisation.
Non applicable à mon environnement de travail.
9%
9%
16 %
25 %
20 %
22 %
des répondants
des répondants
des répondants
des répondants
des répondants
des répondants
Près de la moitié (45 %) des répondants situent notre culture de la SST aux niveaux 3 – Proactif ou 4 – Valeur. On note toutefois que la proportion de réponses NAET (22 %) contribue à faire baisser la moyenne globale. 1. Courbe à cinq niveaux qui indique l’engagement et l’état d’esprit des répondants face à la SST et illustre la progression nécessaire pour instaurer une culture de la SST durable.
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Des installations qui ont la cote
« La centrale de Shawinigan-2 est un bâtiment exceptionnel. Il s’agit autant d’un musée que d’une centrale. C’est impressionnant qu’une installation plus que centenaire soit encore en service aujourd’hui. Ses briques rouges et sa fenestration abondante sont typiques de l’architecture industrielle. — Éric Côté, commis – Guichet magasin
Hydro-Québec gère de nombreux immeubles et installations : 700 barrages et ouvrages de retenue, 530 postes, plus de 60 centrales et divers édifices partout au Québec. Lequel préférez-vous ?
—
Par Nataly Rainville
« La centrale de Beauharnois, qui a bercé mon enfance. Elle dégage une impression de calme, avec ses rangées de fenêtres bien alignées, et d’énergie, à travers la force de l’eau. Située à proximité des écluses, elle offre une vue saisissante sur le Saint-Laurent et sur les grands navires marchands qui parcourent le fleuve. » — Céleste Presseault, conseillère – Gestion de contrats – Technologies de l’information et des communications
« Le bâtiment administratif du 201, rue Jarry, en raison de son architecture particulière qui rappelle les lignes élancées des grands paquebots de l’époque. »
« Les lignes à 735 kV, prouesse technologique reconnue mondialement, sont les veines du Québec qui font battre le cœur de nos villes et de nos campagnes. Les lignes, c’est la vie ! » — Benjamin Faouzi Ben Achour, conseiller – Sécurité 50
— Daniel Renaud, ingénieur
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« La centrale des Cèdres. Fait de panneaux de béton préfabriqués, ce bâtiment s’est érigé tel un gigantesque jeu de construction LEGO ! Un patrimoine à conserver. » — Hugues Lemay, ingénieur en mécanique
« Mon édifice préféré est le siège social. J’y ai occupé mon premier emploi en 1987 et, surtout, j’y ai rencontré l’homme de ma vie quelques années plus tard. »
« La centrale des Rapides-des-Quinze est un bijou du patrimoine bâti. Elle semble avoir été cachée, tel un trésor, au milieu d’une forêt du Témiscamingue. La vue de son évacuateur de crues et de ses poutrelles en bois vaut le déplacement, autant vers l’amont, en direction du petit réservoir, que vers l’aval, avec l’eau ruisselant sur la roche mère. » — Simon Marcotte, conseiller – Environnement
— Nathalie Allain, agente principale – Gestion des stocks
« Je suis originaire de Gaspé. Jeune, lorsque nous passions devant le poste de Gaspé, mon père me disait : Ma fille, Hydro offre de belles occasions de carrière pour la région. Depuis mon embauche, j’ai pu faire le tour de presque tous les bureaux et de plusieurs installations de l’entreprise, mais c’est le poste de Gaspé que je préfère. » — Nancy Rail, chef – Projets
« Le barrage Daniel-Johnson, pour deux raisons. D’abord parce que je suis l’un des quelque 250 enfants nés à Manic-5, à croire que c’était ma destinée de travailler à Hydro. Ensuite parce qu’à titre d’ingénieur, je ne peux qu’admirer le plus grand barrage à voûtes multiples du monde, un chef-d’œuvre. » — Steve Hamilton, chef – Projets 51
MOCAPHOTO
Bienvenue à la Romaine-1 !
Êtes-vous partants pour la découverte et le dépaysement ? Alors, rendez-vous à la Romaine-1, à Havre-Saint-Pierre, sur la Côte-Nord ! Vous y serez accueillis par de sympathiques guides-animateurs, dont Léo Harvey Côté. Comme la Romaine-1, il est né en Minganie, à Baie-Johan-Beetz. « J’ai hâte de vous faire connaître cette centrale à la fine pointe de la technologie. Je vous amènerai même sous une conduite forcée. Venez nous voir ! » Saison 2019 : du 24 juin au 22 août. Il faut réserver : 1 833 994-3648 ou www.hydroquebec.com/visitez.
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Psst ! N’oubliez pas nos 14 autres installations et sites d’intérêt à visiter.
Poste – Publication Publication – Mail
40699520