HAPPY & KISSNESS saison 6 . numéro 27 . été 2016 . gratuit
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EDITO PRENDRE LE TEMPS Gina Di Orio • Rédactrice en chef
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e n’ai jamais séché pour un edito. Même lorsque j’ai cru que j’allais sécher, la petite étincelle d’idée est toujours arrivée, à point nommé, pour éclairer les mots de cette page. Si j’y arrive, chaque fois, c’est peut-être parce que je ne m’interdis rien et qu’un mot en entraine toujours un autre, c’est mon fil rouge à moi. Lorsqu’il m’arrive de caler, lorsque la feuille ne se fait plus blanche mais approche la transparence alors je me laisse transporter par mes pensées. Je tombe sur cette petite plume de paon, dans mon pot à crayon, qui me rappelle une étrange rencontre qui m’inspire. Ou pas. Je relance alors la balle imaginaire qui rebondit dans chaque recoin de ma tête. Aïe. Elle a rebondi trop fort. Dans ce ping pong incessant, mon regard n’explore plus ce qui lui fait face pour m’exposer, comme de vieilles diapositives, le fond de mes pensées. Il fait flou. Je reviens au moment présent. Ma page est toujours là. Elle m’attend patiemment. Je suis alors prête à lui livrer les fruits de mon exploration. Ma quête est celle de l’infini dans la finitude, la recherche de cette pause éternelle, de ce moment suspendu où les aiguilles se figent, dans une vie bornée et rythmée, où il y a un début et une fin. Cette quête je l’ai assouvie en lisant, puisque la lecture distord le temps, et en écrivant, puisque l’écriture capte et grave le moment. Alors, merci d’avoir pris le temps de me lire, car il est temps pour moi de vous dire aurevoir sur cette page, papier à mots à edito.
OURS Magazine Idîle • Trimestriel gratuit édité par Idîle Edito, agence de contenus • SARL au capital de 5000 € • 10 rue de l’Hommeau, 44640 St Jean de Boiseau • contact@idilenantes.com • www.idilenantes.com • Directeur : Damien Gillet, damien@idilenantes.com • Rédactrice en chef : Gina Di Orio , gina@idilenantes.com • Secrétaires de rédaction : Marylise Deveaux & Michel Di Orio • Rédacteurs : Gina Di Orio, Damien Gillet • Impression : Imprimerie des Hauts de Vilaine, 1 Boulevard Laennec, 35220 Châteaubourg • Dépôt légal à parution • ISSN 2112-1834 • ©Tous droits de reproduction réservés • Crédit Photos : couverture & fondateurs : Michael Meniane • Bureaux de BeApp p.15 - 17 - 19 : Caroline Morin • Portrait de Germain Herriau p.21 : Fanny Bassin • Portrait d’Aurélie et d’Antoine-Xavier et l’espace Kopo p.30 - 32 - 33 : Germain Herriau • Merci spécial : à tous nos annonceurs depuis notre numéro 1, à tous nos lecteurs, tous ceux qui ont contribué au magazine, rédacteurs et photographes, relecteurs, distributeurs, imprimeurs. Et merci aussi à nos stagiaires : Patryk Kaplita & Léa Chérel •
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NANTES@ESPACES-ATYPIQUES.COM - 02 28 55 08 48
SOMMAIRE
6 - FONDATEURS Nous c’est idîle
12 - ANAÏS VIVION Inventeur
20 - GERMAIN HERRIAU Enchanteur
27 -CAROLE GUILLEMIN Créateur
31 - KOPO Créateur
34 - PERRINE HUMEAU Propulseur
38 - PENSÉE Une minute pour méditer
40 - ILLUSTRATION Rien que pour idîle
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FONDATEURS
NOUS C’EST IDÎLE C’est bien la première fois que nous nous mettons en scène dans notre propre magazine mais le virage que prend idîle vaut bien un face à face, entre nous et vous, pour vous révéler ce que sera le magazine demain. Alors idîle c’est quoi la suite ?
En créant idîle, en 2010, nous avons saisi l’opportunité de créer notre propre média, c’est-à-dire un moyen d’expression, de diffusion donc de partage. Quoi de mieux qu’un magazine pour faire part au plus grand nombre ce que nous sommes, ce que nous faisons et ce que nous aimons ? Idîle a donc été imaginé comme un journal, non pas intime, mais tout de même personnel, une vision de Nantes que nous avions envie d’essaimer. Idîle se fait le rapport de nos rencontres, il montre les acteurs du secteur créatif et également numérique, les entrepreneurs motivés, les artisans passionnés, tous ceux que nous croisons et qui ont envie de nous livrer leur histoire, leur parcours.
Très franchement, avec idîle, nous avons réalisé un rêve de gosse. Nantes est une ville qui nous a adoptés et avec laquelle nous avions envie de nouer des liens plus forts, une petite idylle médiatique.
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On adore le papier, on le dévore. Nous aimons faire l’objet que représente un magazine, mais avec le temps notre vision s’est élargie et tout l’aspect financier qui rôde autour de notre support ne nous convient plus. Prospecter, rechercher des annonceurs qui veulent bien investir dans nos pages avec une publicité, cela a été notre rituel pour la préparation de chacun de nos magazines.
Idîle va connaître une métamorphose, en quittant le papier et en se vouant pleinement au web. Notre but premier n’était pas d’en vivre, nous avions conscience de l’économie fragile du gratuit. Nous souhaitions juste que le magazine s’autofinance pour rémunérer notre imprimeur et notre photographe. Nous avons relevé ce pari, il est réussi, et il est temps de passer à autre chose. Pour nous, cette prospection publicitaire n’a plus de sens, ce n’est plus comme cela que nous envisageons idîle. Il faut pouvoir se réinventer, casser les codes, on en a besoin ! Il ne s’agit pas de business plan ou d’économie mais de logique. Pourquoi concevoir un magazine gratuit revient aussi cher ? Nous l’avons toujours affirmé : lorsque l’envie n’est plus là mieux vaut arrêter. C’est du bon sens. Il n’y aura donc plus de magazines papier tous les trimestres. Mais nous ne nous défendons pas de créer la surprise de temps à autre avec une publication événementielle, une édition surprise.
Le web nous rend agiles et plus rapides, mais il nous permet aussi de prendre le temps de faire les choses comme nous le souhaitons.
Plus de temps pour mieux faire, pour raconter de plus grandes histoires encore, pour rencontrer davantage de talents émergents, voilà ce que nous permet le web. L’aventure idîle continue autrement et se construit essentiellement sur une galerie de portraits, puisque c’est ce que nous savons faire le mieux !
Un label, une capitainerie, d’autres projets que nous réalisons avec plaisir. Il faut dire qu’en parallèle du magazine nous menons d’autres projets qui nous passionnent : ceux de notre agence de stratégie éditoriale idîle edito et de Graphilie, notre label qui s’engage à promouvoir la très jeune création graphique nantaise. Nous nous affairons aussi à concevoir un lieu, non loin de Nantes, où la créativité s’excentre. Un lieu que nous avons nommé : la Capitainerie. Certains d’entre vous auront certainement l’occasion d’y venir, pour un workshop, une formation, un atelier créatif ou une simple rencontre gourmande.
Tout ça pour vous dire que notre idîle avec vous n’est pas prête de s’arrêter. En espérant que ces 27 numéros ont comblé votre curiosité, nous vous donnons dès à présent rendez-vous sur www.idilenantes.com et notre page facebook. Merci, on vous aime ! • Gina + Damien
INVENTEUR
BEAPP
ANAIS VIVION
Rencontre avec la co-fondatrice et directrice générale de Beapp, une startup qui ne cesse d’essaimer son savoir-faire dans le domaine de l’internet mobile depuis près de 5 ans.
Quel est ton parcours ? Anaïs Vivion : Je suis bourguignonne et j’ai fait une partie de mes études à Dijon et Bordeaux pour une licence de communication et un Master management des stratégies d’entreprises. Comment as-tu eu l’idée de créer ta propre entreprise ? A. V : J’ai toujours su que je monterais ma boite. Je ne pensais pas que je l’aurais fait si tôt. Ça a été une question de rencontres et d’opportunités. J’ai rencontré mon premier associé Yann Borissoff, designer, dans un groupe de presse où j’étais en stage et Cédric Guinoiseau mon deuxième associé, ingénieur, dans une startup qui faisait du développement d’applications pour smartphones. C’est d’ailleurs dans cette entreprise, qui était très orientée cartographie et géolocalisation, que j’ai beaucoup appris. Cette expérience a conforté mon envie de créer quelque chose autour de l’internet mobile. Pourquoi le nom Beapp ? A. V : Pour «Soyez applications mobiles, soyez mobiles». C’est l’internet en mouvement ! Quelle était ton ambition ? A. V : J’ai toujours eu beaucoup d’ambition. Un mois après avoir créé BeApp, on avait déjà deux salariés. On a monté la boite avec 1 000 euros, autant dire «rien», mais Nantes Initiatives et notre banque nous ont assez prêté pour bien démarrer. Ça été compliqué, il ne faut pas croire, mais le fait d’avoir déjà des clients les a rassurés.
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On a tout de suite voulu recruter parce que selon moi on ne monte pas une boite tout seul, ça se fait avec du monde. Je trouve intéressant le fait de pouvoir s’appuyer sur plein de compétences différentes. Donc ensemble, on avait démarré Beapp en la pensant comme une agence conseils et en proposant une plateforme technologique qui permettait d’industrialiser les besoins des acteurs du tourisme. Un beau bijou mais qui n’a pas fonctionné. On a donc décidé de l’arrêter. As-tu des regrets ? A. V : Je n’ai jamais de regrets. L’erreur chez nous c’est ok ! Ça a été une expérience enrichissante qui nous permet, aujourd’hui, de savoir quelles sont les erreurs à éviter lors du montage d’une startup. Rien de grave, on a planté une boite dans la boite et peut être que ça se reproduira. Et alors ? Quelles sont les erreurs à ne pas commettre selon toi ? A. V : Les principales erreurs consisteraient à développer son projet en huis clos sans se connecter au marché, se lancer sans se rendre compte que le projet ne correspond pas aux besoins et s’entêter à vouloir faire une deuxième version. Aujourd’hui, entre nous, on dit qu’on est meilleur pour conseiller nos clients que nous-mêmes. Aujourd’hui c’est quoi Beapp ? A. V : Aujourd’hui Beapp c’est 19 personnes et c’est une entreprise au croisement d’une agence marketing et d’une agence de développement technique avec un terrain de jeu qui est exclusivement le mobile. On aide les entreprises à passer sur le mobile. On travaille uniquement sur du produit, on ne fait pas d’applications vitrines. C’est quoi un produit mobile pour vous ? A. V : Le produit c’est quelque chose qui est commercialisable par nos clients et qui apporte de la valeur : soit par de l’achat direct sur l’application, soit par de la pub, soit par l’amélioration d’une performance en interne comme une application pour la force de vente d’une entreprise. Comment Beapp se différencie sur le marché ? A. V : On a un process d’innovation. On ne fait pas que du développement d’applications mobiles. Notre valeur se trouve dans l’accompagnement de nos clients sur l’innovation en mouvement.
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Quelle est votre méthodologie ? A. V : Si tu arrives chez nous et que tu as une idée, on ne va pas te demander de la formaliser dans un cahier des charges pour éclaircir ton projet. Non, on va te dire si ton idée est intéressante ou pas et on va embarquer ton projet dans ce qu’on appelle «une offre conseils» qui est un parcours UX (centré sur l’utilisateur)dans lequel on va faire du benchmark (une analyse comparative) sur les applications mobiles qui peuvent être inspirantes et on va animer des ateliers de créativité. À l’issue de ce premier travail, on va créer un premier concept qu’on va complètement maquetter d’un point de vue produit mobile et on va l’animer, de sorte à ce que l’on puisse cliquer, l’utiliser. Puis, on met le concept entre les mains de communautés de testeurs pour voir comment elles réagissent. Lorsque tout est validé on passe alors à la production avec nos chefs de projets, nos designers et nos développeurs. Quels sont vos futurs projets ? A. V : Devenir une référence de l’innovation mobile en France ! Sinon, une installation à Paris, le montage d’une co-entreprise au Canada et des projets en recherche et innovation. Beapp a de nouveaux bureaux depuis peu... A. V : Oui, et j’ai fait appel à l’agence Decodheure pour aménager tout l’espace. Ils ont eu carte blanche, je leur ai fait totalement confiance. L’espace de travail est important pour moi, il fallait qu’on y retrouve nos valeurs, notre image de marque et un peu de notre bleu. Quand on travaille dans un bon environnement, on travaille mieux. Revenons à toi. Qu’est-ce que tu trouves exaltant au quotidien dans ton entreprise ? A. V : Ce qui m’amuse le plus c’est de créer, imaginer demain. Je n’arrive pas à vivre le moment présent. Je déteste les choses qui stagnent. Et que trouves-tu complexe ? A. V : Ce qui a été le plus complexe et que j’aime bien aujourd’hui c’est le management en général. En fait j’ai mis du temps à comprendre qu’il y avait des salariés et des entrepreneurs. J’ai fait beaucoup de formations pour mieux manager.
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Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui souhaite lancer son entreprise ? A. V : Je lui dirais de ne pas trop réfléchir, d’écouter les conseils tout en prenant du recul et de rester centrer sur l’idée de départ. Il ne faut pas laisser les gens dénaturer son projet. Trouves-tu des résonances de ce que tu fais aujourd’hui dans ton enfance ? A. V : J’ai toujours adoré créer. J’adorais tout ce qui était artistique, j’ai fait de la couture. Je suis aussi quelqu’un de très sportif, j’ai fait 8 ans de cirque puisque ma mère avait monté une école de cirque. Le cirque est exigent et il faut faire plaisir au public comme à ses clients. Une entreprise c’est ça ! Du monde avec qui on crée pour montrer des choses excellentes. Nantes te plait ? A. V : Je trouve que c’est une ville géniale, hyper dynamique dans le numérique. Il y a toujours quelque chose à faire. Je me sens chez moi. As-tu des endroits préférés ? A. V : Le restaurant «Le Bouchon» que j’adore avec sa belle terrasse en été et les Machines de l’île. Plus que le lieu des Machines, j’aime l’institution qu’il y a autour et qui partage les valeurs du cirque. Qu’aimes-tu faire en-dehors de Beapp ? A. V : Je suis très sportive, je cours beaucoup et j’ai des chevaux. Pour moi le matin c’est escarpin, le soir bottes à crottin ! (rire). Si tu devais inventer un métier, lequel souhaiterais-tu faire ? A. V : Me transformer en animal pour vivre des expériences différentes, comprendre comment ils fonctionnent. Je passerais de cheval à poisson ! Ton leitmotiv ? A. V : Faire les choses avec humilité et passion. Si je ne m’amuse plus, j’arrête •
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ENCHANTE UR
GERMAIN HERRIAU «À un concert, je ne vais pas écouter la musique, je vais regarder les gens. En fait, plus qu’une passion, la photographie est pour moi un moyen d’expression, une possibilité de montrer à qui veut bien regarder ce que je vois, ma sensibilité.»
Quel est ton parcours ? Germain Herriau : Je suis d’origine rennaise. Après avoir tenté des études de sport à Paris, j’ai finalement travaillé en tant que conseiller commercial en concession automobile. Je suis venu à Nantes en 2007 pour ouvrir et tenir le deuxième magasin de mes parents, spécialisé dans les accessoires et le mobilier de jardin.
Tu as donc tenu un magasin spécialisé dans le jardin ? G. H. : Mes parents ont une vraie passion pour le jardin. À côté de leur activité de commerçants à Rennes, ils sont également paysagistes. À vrai dire, je ne partage pas avec eux l’amour du jardin et des végétaux mais j’ai voulu relever le challenge. Après avoir travaillé dans une équipe de cinquante salariés, je me suis retrouvé seul dans mon magasin.
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Comment la photographie est entrée dans ta vie ? G. H. : On s’était dit qu’il fallait faire la promotion des réalisations de mes parents en paysagisme. Alors à Noël 2009, nous avons investi dans un reflex. Et bam, la rencontre ! J’ai tout de suite été fasciné par l’objet, par le déclenchement. Ça claque ! Bon, au final, je n’ai pas tant photographié de jardins mais je me suis découvert une passion.
Tu n’avais jamais eu d’expériences photographiques auparavant ? G. H. : Je n’avais jamais mis l’oeil dans un oeilleton. J’avais déjà eu des petits appareils compacts pour les photos de vacances, de plage ou d’église en mode automatique. Je ne m’étais jamais intéressé plus que ça à l’image. Avec le reflex, j’ai commencé à me documenter sur la photographie au sens large et la technique en écumant les forums pour comprendre comment ça fonctionne.
Qu’est-ce que tu as eu envie de faire, de photographier ? G. H. : J’ai eu tout de suite une envie folle de gérer la profondeur de champ. J’étais fasciné par ça et maintenant je ne le suis plus du tout. J’ai compris que c’était la composition qui m’intéressait et le fait d’avoir une netteté infinie. J’ai fait beaucoup de sorties, j’ai fait de la photographie de rue.
Comment t’es-tu lancé ? G. H. : En 2012, j’ai arrêté de tenir le magasin de mes parents et je me suis totalement investi dans la photographie. J’avais fait la rencontre de Cédric Chassé, un photographe nantais qui était venu au magasin pour le photographier. Je suis resté en contact avec lui et pendant un an, j’ai été ponctuellement assistant lors de ses reportages décoration. Puis j’ai fait des formations en studio et notamment en logiciels. J’ai compris l’importance de la post-production et de la maîtrise de Photoshop. Après deux années où j’ai beaucoup appris, je me suis lancé à mon compte. Je ne suis pas photographe, je fais de la photographie.
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Qu’est-ce qui a été le plus complexe et le plus exaltant ? G. H. : Etre seul dans mon projet, se lancer dans le grand bain et avoir cette obligation de résultat dans un temps imparti. Avec le temps, j’ai transformé ce stress en bonne pression. Le plus exaltant ? L’image. Quand je décharge mon appareil et que je sais qu’il y a de belles photos.
Est-ce que la photographie te parait aujourd’hui comme une évidence ? G. H. : Au fil du temps, je me suis rendu compte que j’étais visuel. Mes émotions passent par ce que je vois. Depuis petit, j’ai toujours observé les gens, à l’école, dans les transports en commun, dans les rassemblements. À un concert, je ne vais pas écouter la musique, je vais regarder les gens. En fait plus qu’une passion, la photographie est pour moi un moyen d’expression, une possibilité de montrer à qui veut bien regarder ce que je vois, ma sensibilité.
Comment décris-tu ton style ? G. H. : Disons que j’aime la photographie posée, maîtrisée, l’architecture, le portrait, le produit, les reportages. La première chose que je fais lors d’un portrait, avant de me concentrer sur la personne, je me concentre sur le lieu. Mes photos sont très architecturales, elles sont toutes composées. Quand tu as créé les bonnes conditions, tu n’a pas besoin de chasser la bonne image mais de la pêcher simplement. Parfois j’aimerais bien m’en détacher, il y a des lignes partout ! En fait j’aborde la photo comme des mathématiques, de la logique, mais je sais aussi qu’il faut maîtriser la technique pour mieux s’en éloigner. Moi qui pensais que mes photos pouvaient être comparées à des photos d’enfants, colorées, simples et épurées •
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CRÉATEUR
CAROLE GUILLEMIN
MAISON GERMAIN
Derrière les sablés déguisés de Carole Guillemin, se cache une histoire de famille qui nous enrobe d’un doux glaçage. Des souvenirs d’enfance et un imaginaire qui inscrivent les petits gâteaux de Carole au patrimoine des gourmands.
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u coeur de la nature limousine, une grande ferme s’élève, c’est là que vivent Germain et Jacqueline, les grands-parents de Carole. Dans le jardin, le potager et le verger inspirent les recettes d’une famille où l’on sait recevoir. «On faisait nos sirops maison, en fait tout était fait-maison.» Germain et Jacqueline tenaient un magasin d’arts de la table au coeur de Limoges. Férus de design suédois, les belles choses faisaient partie de leur quotidien. «J’ai toujours été baignée dans les arts, la musique et la bonne bouffe ! Moi qui aimais autant dessiner que manger, dès le matin j’allais jouer en cuisine pour voir ce qu’il s’y passait, ce qui se préparait. À l’époque, je voulais devenir cuisinière ou pâtissière». Quel est ton parcours ? Carole Guillemin : Je suis née à Nantes. J’ai fait l’Ecole Pivaut puis j’ai intégré une école de design global à Paris. Après avoir travaillé pour différentes maisons, j’ai créé ma propre marque de bijoux «Chichi Carlotta», des collections vendues au Bon Marché et aux Galeries. Des expériences en vente...et après quinze années à Paris, je suis revenue à Nantes en 2003. Comment est né Maison Germain ? C. G. : C’est donc mon grand-père qui m’a inspiré ce nom. Après sept années d’expériences en vente, j’ai fait un bilan de compétences qui m’a révélé ce que je savais : j’aime la cuisine. Mais, je ne me voyais pas reprendre des études après 40 ans et ouvrir un restaurant. Nantes est une ville riche en recettes sucrées, en biscuits, c’est donc dans cette tradition que j’ai puisé l’idée du concept du sablé déguisé.
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C’est donc une belle histoire de famille ? C. G. : Oui, il s’est passé quelque chose de très fort avec mes grands-parents et qui perdure aujourd’hui au travers des sablés. J’ai d’ailleurs dessiné un papier peint qu’on retrouve dans ma boutique et qui rappelle cette fameuse maison de famille. Comment définirais-tu tes sablés ? C. G. : C’était important pour moi de proposer quelque chose de français et de local, de gourmand, pas trop sucré et qui parle à l’enfant qui est en nous. On peut le poster, le garder, il raconte une histoire, il détient une part d’imaginaire. On se demande même si on a envie de le manger ou de le regarder. Avec les sablés j’ai réussi à réunir mes deux passions : le dessin et la cuisine. Comment les prépares-tu ? C. G. : En fait il y a différentes façon de faire un sablé, pourvu qu’il soit léger. Pour les décorer, je fais parfois des petits croquis ou je dessine directement sur le sablé. J’ai mon pétrin, mon four et mon imagination ! Je ne m’ennuie jamais puisque je ne fais jamais le même gâteau. J’ai des recettes éphémères qui changent chaque semaine. Pour qui fais-tu tes sablés ? C. G. : Pour tous les gourmands et aussi pour les entreprises qui ont envie d’offrir un cadeau original à leur image. Pour les enfants, j’ai imaginé des sablés prêts à être décorés avec des feutres alimentaires pour un atelier cuisine et créatif sympa à la maison. Pour dessiner sur tes gâteaux il faut une sacré dose de patience, non ? C. G. : Je suis très perfectionniste, impatiente. Je suis sans cesse dans le renouvellement, j’ai tout le temps des idées et j’ai parfois du mal à m’arrêter.
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Quelle est pour toi la plus grande difficulté que tu retrouves au quotidien ? C. G. : La gestion, la paperasse ! Je suis une créative ! Quels conseils donnerais-tu à ceux qui souhaiteraient, comme toi, concrétiser un beau projet et monter leur entreprise ? C. G. : Il faut y aller, ne pas écouter tous les conseils, croire en ce qu’on fait. «Les dragées c’est à la mode, personne ne va manger vos gâteaux…», voilà ce que j’ai entendu et ils avaient tort ! Il faut pouvoir se protéger des mauvaises ondes et ne surtout pas avoir de regrets. J’ai changé quatre fois de métier et chaque fois mes expériences m’ont servie. Que ferais-tu si tu n’étais pas créatrice de sablés déguisés ? C. G. : Réalisatrice de rêves. Que fais-tu pour t’aérer l’esprit ? C. G. : Je vais voir mes amis, ceux qui m’apportent le sourire. Je rencontre aussi les créateurs car ça me nourrit. Et puis, j’ai toujours besoin d’avoir les mains animées alors je fais du crochet ou du tricot. En revanche, je cuisine beaucoup moins ! Si tu devais partir où irais-tu ? C. G. : J’aime les pays du Nord : le Canada ou l’Islande qui me fait vraiment rêver. C’est un pays qui a l’air magique avec des paysages surnaturels. En fait, j’aime la culture nordique, en phase avec la nature car j’adore contempler, observer, me poser. Quel est ton credo ? C. G. : Aime ce que tu fais et aime les autres. C’est important pour moi d’apporter ma petite pierre au bonheur des autres •
CRÉATEUR
KOPO
Jetez un oeil à leur vitrine et osez entrer dans ce lieu dédié à la cuisine et ouvert à la créativité sous toutes ses formes. Kopo est un véritable «live store» au coeur de Nantes où l’on vous reçoit comme à la maison.
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ue de Strasbourg, Kopo révèle en toute transparence la vie de ses hôtes, Aurélie Lesage et Antoine-Xavier Dandonneau, respectivement architecte d’intérieur et ébéniste marqueteur. «Cet endroit nous attendait, je l’ai repéré dès mon arrivée à Nantes», confie Antoine qui a toujours su qu’il créerait un jour plus qu’une boutique, un lieu vivant. «On reçoit les gens comme si on les recevait chez nous». Ici, la cuisine ne s’expose pas seulement, elle invite à déguster, à des moments choisis, de bons petits plats en toute convivialité. Aurélie et Antoine-Xavier, eux, y mangent chaque midi, non sans créer la surprise des passants alléchés. Avec une démarche très engagée, à contre-courant de la cuisine «agencée», Kopo conçoit des cuisines avec une somme de meubles indépendants et qui ont chacun leur rôle : préparation, lavage, cuisson...Cette manière de concevoir s’intègre dans une nouvelle vision de la maison qui combat l’obsolescence programmée. «Chaque produit est garanti à vie, il peut évoluer dans le temps, suivre les déménagements. Cette cuisine vous suit tout au long de votre vie et se transmet». Au-delà de ses créations belles et durables, Kopo accueille des objets de créateurs du territoire et leur offre ainsi une nouvelle vitrine au coeur de Nantes. L’équilibre trouvé entre valorisation et création, Aurélie et Antoine-Xavier réinventent le rapport à la cuisine, un lieu peu commun.
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PROPULSEUR
PERRINE HUMEAU
Le 21 avril 2016, Perrine Humeau inaugurait sa galerie d’art éponyme, un endroit où l’art brut est roi. Une rencontre, rue Jean Jaurès.
Quel est ton parcours ? Perrine Humeau : Je suis née et j’ai grandi à côté de Cholet. Mes études m’ont amenée à Angers, où j’ai fait un Master Histoire de l’art et Paris à l’Ecole du Louvre, pour un Master en marché de l’art. J’ai ensuite passé quatre années dans une galerie d’art parisienne, « Les enluminures », spécialisée dans le Moyen âge et la Renaissance, des périodes qui me passionnent. À la fin de mon contrat, j’ai commencé à murir l’idée de créer ma galerie. J’ai travaillé un an et demi sur ce projet avant de me lancer. Enfant, tu aimais déjà l’art ? P. H. : J’adorais jouer à la marchande de légumes, pas à la marchande d’art (rire). C’est le contact avec les gens qui me plaisait déjà beaucoup. L’art en lui-même est venu un peu plus tard dans ma vie, au lycée, lors de la visite d’un musée. Je me suis alors interrogée sur tout ce qui se passait derrière l’oeuvre, comment l’artiste en était venu là, quel était son contexte de travail… Quel conseil as-tu suivi dans la concrétisation de ton projet de galerie ? P. H. : Celui de prendre mon temps, j’ai tendance à vouloir faire les choses très vite. Cela m’a permis de trouver ce local. Ta galerie porte ton nom... P. H. : Oui, j’ai cherché des idées décalées mais aucune ne me satisfaisait vraiment. J’ai longtemps réfléchi à l’appeler le «8e jour» comme le film avec Daniel Auteuil et Pascal Duquenne qui montre le handicap de façon très poétique. Mais il aurait fallu pouvoir l’expliquer sans cesse. Alors, mon nom c’est mon nom, je n’ai rien à y redire, et, comme c’est un projet dans lequel je m’engage personnellement, cela me paraissait cohérent.
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Quelles sortes d’oeuvres exposes-tu ? P. H. : L’idée est d’exposer un art dont l’expression est la plus pure possible, sans influence du monde extérieur et du marché de l’art : l’art brut. C’est Jean Dubuffet qui en a fait la définition et qui est allé chercher l’art brut dans les asiles psychiatriques auprès de personnes qui n’avaient pas l’intention de créer une oeuvre d’art mais qui s’exprimaient simplement. Pourquoi as-tu choisi d’exposer l’art brut ? P. H. : Ma première exposition montre trois « artistes » de l’ESAT (Etablissement et Service d’Aide par le Travail) de Cholet, un établissement qui me touche depuis de nombreuses années et qui propose à ses ouvriers un atelier d’expression. Cet ESAT je le connais grâce à ma belle-soeur, Caroline, la soeur de mon mari qui est atteinte de trisomie 21. Quelle est la particularité de cet art ? P. H. : Celui qui fait de l’art brut n’a pas l’intention de faire quelque chose d’artistique, de beau, donc d’exposer et vendre. D’ailleurs on ne parle pas d’artistes mais d’auteurs d’art brut. Il faut donc aller chercher ces auteurs, créer des contacts, creuser pour trouver ces pépites. Le bouche à oreille fonctionne bien et je fais aussi appel à des réseaux d’associations de personnes handicapées. Beaucoup de galeries ont des artistes qui viennent à elles, pour moi c’est le contraire qui se produit, je vais à leur rencontre.
à des oeuvres dites plus classiques qui peuvent faire venir des gens pour qui l’art brut est inconnu. J’imagine aussi pouvoir exposer en même temps un artiste contemporain et un auteur d’art brut pour créer un dialogue entre les oeuvres. Qu’y a t-il d’exaltant dans ton métier de galeriste ? P. H. : Depuis que j’ai ouvert, j’aime les samedis, car il y a du monde qui passe. J’aime quand les gens osent rentrer, parce que ce n’est pas évident, cela peut être intimidant. Il y a deux types de visiteurs, ceux qui préfèrent regarder seuls et ceux qui souhaitent engager une discussion, un échange sur ce qu’ils ressentent. J’aime les laisser libres de venir à moi. Tu as des oeuvres chez toi ? P. H. : J’ai plutôt des objets et des souvenirs de voyages accrochés aux murs plus que des oeuvres que je réserve à ma galerie. Ton credo ? P. H. : Ouverture avec un « s » comme le nom de ma première exposition. S’ouvrir à l’art, au monde, à l’autre •
L’art brut est-il toujours assimilé au handicap ? P. H. : Ce n’est pas facile d’en définir les limites, mais il s’agit en réalité de productions de toute personne en marge de la société, un peu en décalage et qui a besoin de s’exprimer. On ne peut pas cantonner l’art brut au handicap. Il n’y a pas de définition esthétique c’est presque un état d’esprit. L’art brut n’a pas d’intention. Quels sont tes autres projets d’exposition ? P. H. : Ma galerie s’intéresse à l’art brut, l’art singulier, donc autodidacte, et l’art contemporain car je ne souhaite pas me fermer
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PENSテ右
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«C’est justement la possibilité de réaliser un rêve qui rend la vie intéressante.» - Paulo Coelho
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MERCI
idîle vu par...
Une belle bande d’illustrateurs qui ont un lien particulier avec le magazine et qui ont accepté d’illustrer ce qu’idîle représente pour eux. On en adore plein d’autres, mais il nous aurait fallu encore 27 magazines pour vous montrer tout leur talent.
«idîle c’est bloom» Sophie Morille. p.41
«Un objet, des lignes, une structure, de la rigueur mais aussi de la créativité, telle est notre vision d’idîle» Appelle Moi Papa. p.42
«idîle c’est une muse de l’écriture accompagnée de coquelicots et de flamants rouges.» Moon. p.43
«idîle c’est un bon verre de vin... ou deux» Freeds. p.44
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DU LE CLUSTER QUARTIER DE LA CRÉATION
PRÉSENTE
VIDE-ATELIER EL D’ART ACTU
10 ET 11 SEPTEMBRE 2016
NEFS DES MACHINES DE L’ÎLE
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