Anna Charles
Assis au pied d’un réverbère, sous mes pieds elle est blottie, attendant qu’à nouveau dans le gris de la nuit, de son ombre non pas me nuit, mais me réjouit. De ses chinoiseries bien souvent je ris. Je brave avec elle les interdits et j’écris. Je ne connais rien aux rimes ou à la poésie mais je suis pris par une envie, une folie. Au recto, une image d’un autre âge, celle d’un politique dont la rime irait avec
i. Dans le gris de la nuit, une ombre me suit. Tantôt petite, tantôt infinie. Tantôt unique, tantôt multiple, elle danse une farandole qui m’éblouit, et de moi, rit Dans la solitude de la nuit, elle est ma seule amie.
Dans la solitude de la nuit, je décris la traversée de ma ville avec pour seule compagnie, une ombre dans la nuit. Voilà que j’ois des cris qui viennent par ici.
Au verso, une page blanche qui décrit les couleurs des ombres, et, que du gris-nuit de mon crayon, je remplis.
La misère aime la compagnie. En cette nuit tout est permis, puisque j’écris. Je ne comprends pas la poésie, et pourtant, il est des écrits dont l’alchimie me dit que ce n’est un gribouillis qui m’envahit mais un désir et j’en suis ébahi, dans ma tête c’est le cafouillis.
Je ne sais plus pourquoi j’écris, j’en déduis que ce ne peut être que la folie. Qui donc peut avoir pour amie une ombre dans la nuit ?
Oeuvre publiée sous licence Creative Commons by-nc-nd 3.0
Jamais elle ne fuit et de mon ennui jamais elle ne s’attendrit. Ma vue faiblit il est temps de partir, mais je n’y vois déjà plus, un dernier whisky, mon ombre n’est plus…elle s’est endormie.