Livreillustrejustine

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Il était posé sur un rocher plus gros que la grotte qu’il fermait quand il rencontra Christ Hihan. Lui, comme d’habitude, il bramait gueule grande ouverte pour appeler son sauveur. Qui devait le sauver de quoi ? De quel danger, de quelle tentation, de quel drame ? Il ne le savait pas luimême, car, quand il se posait la question, il se sentait plutôt bien dans sa peau. Pourtant à chaque instant il rejetait la tête en arrière, et poussait son hurlement de fou.

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C’était le moment. Asteur utilisa quelques bras pour se boucher quelques oreilles, et se mit à pleurer de tous ses yeux. Le cri qu’il entendait lui faisait mal partout, il résonnait au fond de toutes ses âmes et au fond de tous ses os. En plus, il ne savait pas comment réconforter celui qui criait ainsi sans relâche. Et comme il avait très envie de le faire, ses cœurs étaient très malheureux.

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Et Christ Hihan CRIAIT encore et ENCORE, tout en s’étonnant comme chaque fois de la force inconnue qui usait à sa guise de ses cordes vocales.

Il ne voyait pas le petit Asteur posé tout près de lui, il ne l’entendait pas pleurer.

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Maintenant Asteur lui demandait de se taire, d’arrêter ses hurlements et Christ Hihan ne l’entendait pas parler. Maintenant Asteur se fâchait de mille grandes colères, rouges comme le sang coulant du dos d’un taureau banderillé. Il ouvrait si grandes ses bouches qu’il se vidait de tout son air et qu’il se ratatinait de plus en plus, mais aucun son ne sortait plus. Plus de larmes non plus dans ses yeux, plus de hoquets dans ses diaphragmes. 5

Plus rien, sauf ses langues qui gesticulaient et s’enroulaient comme des serpents enfermés dans un bocal trop petit pour eux et pris de panique.

Et ces langues qui s’agitaient, Christ Hihan les vit tout à coup et aussi les bouches ouvertes qui en étaient pleines. C’était comme des nids à vif, remplis d’oisillons mourant de faim, s’égosillant en vain pour appeler des parents sourds qui ne pensaient plus à les nourrir.

Il pensa que son cri terrible couvrait les appels frêles des oiseaux langues et pour les aider se tut.

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Maintenant ils étaient face à face, Asteur et Christ Hihan, se regardant tous les yeux dans tous les yeux, bouches ouvertes et silencieuses.

Et de part et d’autre du silence ils se tenaient.

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Quand les oiseaux prirent leur envol des bouches d’Asteur en piaillant leur excitation, Christ Hihan se mit à rire d’un rire léger qui soutenait leur essor, Asteur se mit à sourire de tous ses yeux et de tous ses visages, ses plumes ailées battant doucement pour leur donner des souffles porteurs. Tous les oiseaux partis chanter d’un arbre à l’autre, ils se trouvèrent seuls.

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Encore perché sur son rocher, Asteur regarda Christ Hihan debout près de lui. Il vola jusqu’à son épaule et s’y posa.

Il ne craindrait plus le vent. Quand tous les bras d’Asteur entourèrent son cou, Christ Hihan sentit son cri couler le long de son corps et se perdre dans l’herbe fraîche. Il n’aurait plus besoin d’être sauvé. 9

L’âme en paix ils s’en allèrent ainsi sur le chemin.

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Le Fil Élidée

Oeuvre publié sous license Creative Commons by-nc-nd 3.0 Disponible en lecture libre sur: http://www.atramenta.net/lire/les-oiseaux-langues/33326/1#oeuvre_page Auteur: Eugénie Steyert Mise en page par: Justine Costello Travail Réalisé dans le cours INFOGRAPHIE ET MISE EN PAGE du profil multimédia | Collège Jean-de-Brébeuf


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