L’événement de Kinshasa le 28 et 29 juin 2011, avec l’appui du Projet CATALIST de IFDC « LA SECURITE ALIMENTAIRE CONGOLAISE EST-ELLE NECESSAIRE ET POSSIBLE ? » Pour évoluer vers un Congo prospère, cinq domaines où la prise de consciences est essentielle pour l’action : CATALIST «Catalyser l’Intensification Agricole Accélérée pour une Stabilité Sociale et Environnementale» est un projet régional financé par la Coopération Néerlandaise et exécuté par l’IFDC. Le but du projet est de contribuer au processus de paix et de stabilité environnementale dans la région des Grands Lacs de l’Afrique Centrale et ce à travers l’intensification agricole et la protection environnementale.
Les objectifs du projet consistent à promouvoir et à soutenir le développement des filières agricoles, à favoriser la production compétitive, à améliorer l’efficacité des marchés des intrants agricoles et des produits agricoles : l’ensemble de ces objectifs doit contribuer à la mise en place d’un cadre d’investissement incitatif et une sécurisation foncière pour tous.
28-29 juin
Fédération des Entreprises du Congo FEC à Kinshasa
Séminaire sur l’intensification agricole
28 Juin
Fédération des Entreprises du Congo FEC
Exposition sur les 5 enjeux de la sécurité alimentaire et de mise en valeur durable du territoire
29 juin
Centre Wallonie Bruxelles à Kinshasa
Le manteau de la terre et les trésors de la RDC par la troupe « les Béjarts »
29 juin
Centre Wallonie Bruxelles
Conférence de presse
1. La sécurité alimentaire, une nécessité en RDC. La RDC est aujourd’hui le pays ayant la sécurité alimentaire la moins assurée du monde. On estime que plus de 2 millions de tonnes de vivres sont importées annuellement, ce qui coûte à l’Etat/la population plus de $ 1 milliard annuellement. Malgré ces importations, 70% des 70 millions d’habitants de la RDC ne connaissent pas la sécurité alimentaire.
Les prix mondiaux de vivres de première nécessité ne cessent pas d’augmenter et tout indique qu’ils ne cesseront pas de monter, rendant les pays importateurs de plus en plus dépendants et sans doute de plus en plus pauvres.
2. La sécurité alimentaire possible en RDC.
Le système de production actuel le plus répandu en RDC, soit une agriculture extensive et non mécanisée, ne parvient pas à assurer la sécurité alimentaire. Trop de gens pensent que la RDC a encore beaucoup d’espace. Toutefois cela ne va pas résoudre le problème de sécurité alimentaire de RDC : I) des grandes parties de la cuvette centrale ne sont pas aptes pour une production alimentaire durable ; II) pour que la production extensive soit durable, il faut 4ha de jachère par ha de culture. L’intensification agricole, en utilisant des engrais dans un cadre de la Gestion Intégrée de la Fertilité des Sols –GIFS-, est par contre capable de nourrir tous les Congolais et au-delà. Quintupler les rendements agricoles est possible. Les producteurs familiaux du l’Est de la RDC ont montré que l’augmentation de la production grâce aux engrais et à la GIFS n’est pas seulement théorique mais aussi une réalité congolaise. Nourrir la population entière et pratiquer une agriculture d’exportation génératrice de devises est possible : pour cela il faut une alliance forte entre les producteurs familiaux et l’agriculture industrielle. Ensemble ils ont une meilleure chance de faire développer le marché d’intrants et d’atteindre rapidement la compétitivité nécessaire pour remplacer les importations.
3. La sécurité alimentaire et les intérêts économiques Dépenser un milliard de dollars par an pour l’achat de vivre fait saigner sérieusement l’économie congolaise. Ce montant pourrait être aussi utilisé pour investir dans la production nationale. Produire 2,1 millions de tonnes de vivres annuellement signifierait déjà faire vivre 100.000 familles de producteurs supplémentaires, soit bien plus qu’un demi-million de personnes. Les bénéfices commerciaux à réaliser dans le pays avec les intrants externes nécessaires pour produire ces 2,1 millions de tonnes de vivres sont de l’ordre de 50 millions de $ annuellement. Lorsque l’on sera capable de produire ces intrants sur place, ces bénéfices augmenteront davantage et seront 2 à 3 fois plus importants. Le marché de vivres pour le consommateur ne sera pas différent selon que les produits soient importés ou produits sur place. Les entreprises de transformation peuvent faire la différence en augmentant considérablement les bénéfices décrits ci-dessus. A terme, il faut aussi penser aux exportations agricoles ; la RDC devrait réoccuper sa place d’auparavant. Pourquoi faire produire par d’autres si les producteurs congolais peuvent le faire ?
4. La sécurité alimentaire et les intérêts sociaux et environnementaux Les bénéfices sociaux sont encore bien plus importants que les bénéfices économiques. La production dans le pays en lieu et place des vivres importés actuellement, aboutira à un développement rural durable. De nombreux emplois y seront créés et les revenus augmenteront. Ainsi la stabilisation sociale qui en découle permettra le développement économique national. On peut également parler de l’engrais pour la paix en ce sens que l’intensification agricole va créer des conditions qui attireront des investissements favorables au développement économique en général. Intensifier l’agriculture en adoptant la GIFS comme approche mène également à la stabilisation de l’environnement. Le bilan négatif des éléments nutritifs du sol que l’on observe aujourd’hui et qui réduit sans cesse les rendements des cultures peut être remplacé par un bilan positif, soit l’amélioration des sols est l’assurance d’une agriculture durable. De plus, l’intensification agricole crée les conditions nécessaires permettant la gestion de l’environnement et la protection de la nature. Avec une agriculture intensive, il devient possible de continuer de protéger les réserves de la nature efficacement ; en effet, les agriculteurs n’auront plus besoin d’occuper les parcs nationaux et autres espaces naturels riches de biodiversité. La nature restera pour les enfants congolais et leurs petits enfants … De ce faire, la nature pourra être exploitée pour faire revivre le tourisme. Comme en Afrique du Sud, le tourisme en RDC a le potentiel de devenir une source de revenu à côté de l’industrie minière et de l’agriculture. Enfin, avec l’intensification de l’agriculture, le reboisement devient possible et l’énergie du bois peut servir la population rurale et urbaine, aussi longtemps que d’autres sources énergétiques ne seront pas encore disponibles.
5. Les conditions à remplir pour mener à la sécurité alimentaire ■■ Politique incitative pour que les producteurs investissent dans leur terre ; pour que les entrepreneurs investissent dans le marché d’intrants, le marché de produits et les entreprises de transformation ; ■■ Infrastructures de transport ; ■■ Frais de transactions moindre ; ■■ Sécurité foncière ; ■■ Réduction des différences liées au genre, implication de la jeunesse ; ■■ Services d’appui opérationnels et accès à l’information (recherche, vulgarisation). La réalisation des conditions d’adoption est aussi importante que les technologies d’intensification. Il y a un grand travail à faire, mais il y a aussi une opportunité extrême: remplacer des importations de 2.100.000 T de vivres, pour sauver la RDC d’une faillite, compte tenu du fait que les prix mondiaux ne cessent d’augmenter.
CATALIST est convaincu que la réflexion de tous lors de l’atelier à Kinshasa du 28 et 29 juin, avec l’appui des décideurs politiques et économiques, des producteurs, des partenaires techniques et financiers, des chercheurs, des journalistes... contribuera à faire comprendre l’ultime nécessité d’intensifier l’agriculture congolaise pour une grande compétitivité, « l’atelier à Kinshasa » doit prouver que l’intensification agricole est nécessaire et possible, que le renouvellement de la fertilité des sols par diverses méthodes est un enjeu crucial, et que l’engrais, le « primus inter pares » des intrants externes nécessaires, n’est pas dangereux lorsque bien utilisé.