Mémoire AMM Attia

Page 1

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne

La Vallée d’Ossau et son Pastoralisme : une activité qui s’est modernisée tout en gardant son authenticité

Anabelle

Attia

09-02-1988, née à Pau (64) Maître de Stage : Jean-Marc BIOLLEY Juin 2016



La Vallée d’Ossau et son Pastoralisme : une activité qui s’est modernisée tout en gardant son authenticité

Anabelle

Attia

09-02-1988, née à Pau (64) Maître de Stage : Jean-Marc BIOLLEY Juin 2016


SOMMAIRE Introcution

4

La vallée d’Ossau 9 Les ossalois, leur culture et traditions 11 Histoire du peuplement 11 Les costumes traditionnels 12 Musiques, chants et danses 12 L’habitat 13 La langue 13 L’histoire de la Vallée d’Ossau racontée par les cailloux L’Orogenèse Hercynienne Orogenèse Alpine Les roches actuellement en surface illustrent l’histoire de la chaîne pyrénéenne Les Ossalois ont su mettre à profit les cadeaux de cette géologie particulière

16 16 18

La vie sauvage ossaloise La faune La Flore Les Forêts

26 26 42 50

La météorologie façonne la Vallée d’Ossau Spécificités des montagnes La Vallée d’Ossau sous l’influence de 3 climats La météo ossaloise Réchauffement climatique L’eau Le relief et la quantité d’eau donnent naissance à l’Hydroélectricité

54 54 55 56 57 57

Conclusion : une vallée habitée et vivante Sa population Les politiques publiques de la Vallée d’Ossau Un tourisme en expansion

62 62 62 63

20 23

58


Le Pastoralisme Ossalois se modernise dans l’authenticité L a situation de la vallée d’Ossau fait naître l’activité pastorale et la grande transhumance Les terres ossaloise Etre berger : un héritage familial

67 68 68 71

L ’agro-pastoralisme ossalois du XVIIIème au XXIème siècle L ’évolution dans la pratique de la Grande Transhumance L’agriculture d’hier et d’aujourd’hui L’élevage d’hier et d’aujourd’hui Pastoralisme et biodiversité Une activité restée forte en Haut-Béarn

74 75 76 76 78

L’évolution du métier et des conditions de vie du berger Les cujalas A pattes, en train ou en bétaillères Les races du pastoralisme ossalois Les sonnailles Les nouveaux bergers Reconnaitre ses brebis La tonte Le berger et l’Ours

82 82 83 84 86 87 88 88 89

74

Le pastoralisme Ossalois du XXIème siècle Un quotidien rythmé par les saisons La fabrication de fromages Les produits des éleveurs ossalois

92 93 98 102

Conclusion

104

Bibliographie

107


Introduction Les Pyrénées sont des montagnes vivantes. La Vallée d’Ossau où l’activité agro-pastorale est depuis des siècles un pivot de l’économie montagnarde en est un excellent exemple. Elle a également façonné nos montagnes et nos vallées depuis le néolithique. Mon enfance dans le Béarn, à crapahuter dans les montagnes ossaloises et voisines, à déguster du fromage de brebis, a créé un attachement certain à nos belles montagnes riches d’histoire, de présent et de future ! Nous allons commencer par découvrir la Vallée d’Ossau : des profondeurs du sol jusqu’au ciel nous parlerons de la vie variée qu’elle abrite autant faunistique que floristique. Nous tenterons de faire un parallèle entre ces différents éléments de la nature et la présence d’un peuple fière de son identité : les ossalois. Ensuite, dans une seconde partie, nous nous intéresserons plus en détail au Pastoralisme : une activité qui a évolué pour s’adapter aux conditions contemporaines sans pour autant renoncer aux traditions et à son authenticité. b

4

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne


Ao没t 2015 - Coucher de Soleil depuis la Grande Fache M茅moire Accompagnatrice en Moyenne Montagne

5


La vallée d’Ossau | Les ossalois, leur culture et traditions

La vallée

d’Ossau Les ossalois, leur culture et traditions Histoire du peuplement Les costumes traditionnels Musiques, chants et danses L’habitat La langue

6

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne

11 11 12 12 13 13


MĂŠmoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne

7


8

MĂŠmoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne


La vallée d’Ossau | Les ossalois, leur culture et traditions

La vallée

d’Ossau La vallée d’Ossau est entourée de plusieurs entités administratives et historiques. Située dans le département des Pyrénées Atlantiques (64) elle est bordée par l’Aragon espagnol au Sud, la vallée d’Aspe à l’Ouest, le Lavedans à l’Est. Cette frontière orientale est également la limite avec le département des Hautes-Pyrénées et ainsi la jonction entre la région Aquitaine et la région Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon. La vallée d’Ossau fait parti des trois principales vallées béarnaises, avec les vallées d’Aspe et du Baretous. Elle s’enfonce perpendiculairement dans la chaîne des Pyrénées. Elle s’étend sur 35km à vol d’oiseau de Buzy – Rebenacq au col du Pourtalet qui matérialise la frontière avec l’Espagne. Le Pic du Midi d’Ossau, localement appelé « Jean-Pierre » domine la vallée du haut de ses 2884m. Sa forme unique de dent est le symbole de la vallée, il est majestueusement visible depuis la capital béarnaise : Pau. Jusqu’à la 2nd Guerre Mondiale l’économie de la vallée d’Ossau se basait sur l’élevage (vache et brebis) en haut Ossau et sur l’industrie (tannerie, marbrerie et bois) en bas Ossau. Le thermalisme a connu son apogée au XIXème siècle avec la venue de l’aristocratie européenne. Au début du XXème siècle deux nouvelles activités naissent : l’hydroélectricité et les stations de ski (Gourette puis Artouste). Aujourd’hui la vallée d’Ossau maintient une activité économiMémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne

9


que avec le tourisme, l’agriculture (que nous étudierons en seconde partie) et sa petite industrie. Grâce à cela elle résiste au phénomène de désertification et connait même un repeuplement récent. La diversité géologique, climatique et de paysages façonnés par la tradition agropastorale engendre des milieux riches et variés où s’épanouissent une faune et une flore exceptionnelles, dont certaines endémiques. Du fond des cours d’eau où se reproduit le saumon atlantique, jusqu’aux falaises abruptes où niche le Gypaète, en passant par les estives où est produit le fameux fromage de pur Brebis, toute la vallée d’Ossau est source d’émerveillement et de nature. Véritable écrin du patrimoine et des traditions, la vallée d’Ossau porte un riche héritage économique et industriel. Il est le fruit du travail d’hommes et de femmes qui ont su œuvrer en préservant le milieu qui les entoure. Conscient de leur histoire, les Ossalois sont fiers de leur culture. La musique, les chants et les danses ainsi que le mode de vie pastoral donnent une forte identité au peuple ossalois. b

10

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne


La vallée d’Ossau | Les ossalois, leur culture et traditions

Les ossalois, leur culture et traditions

Histoire du

peuplement Les traces de présence humaine en Vallée d’Ossau permettent d’affirmer que l’Homme moderne était présent il y a environ 13 500 ans. On trouve à Arudy plusieurs grottes qui révèlent l’existence d’un habitat préhistorique. Divers outils ont été trouvés tels que des pointes de sagaie en bois de rennes, des aiguilles, des spatules, des gravures sur os et un grand nombre de sculptures en ronde-bosse. L’ensemble des outillages trouvés sur divers sites permettent d’affirmer que les chasseurs-cueilleurs de la vallée d’Ossau avaient des proies préférées tel que le cheval puis le cerf, l’isard et le bouquetin, en fonction des modifications climatiques et de la végétation. (Pichon, 2012)

Auguste Casassuss est resté 59 dans l’estive de Gaziest

« En Vallée d’Ossau le pastoralisme est une activité ancestrale ». Cette affirmation se base sur la découverte de la grotte de l’Homme de Pouey qui se situe dans le massif de Ger. Les études réalisées sur les ossements, les outils et le contenu d’un vase en céramique donnent des informations sur la pratique de l’agropastoralisme en Vallée d’Ossau à l’âge du bronze (-1800 ans). En effet, la présence de cavités tombales à des altitudes où les conditions hivernales sont hostiles mène à penser qu’une population nomade, basée sur l’agropastoralisme, vivaient dans la vallée à cette époque. Ces hommes ont ainsi commencé à façonner la Vallée d’Ossau et seraient les fondateurs de cette culture ossaloise ancrée autours de l’activité pastorale. b


La vallée d’Ossau | Les ossalois, leur culture et traditions

Les costumes

traditionnels Comme dans de nombreux territoires les costumes étaient un élément important parmi les traditions. En Vallée d’Ossau ils étaient souvent portés jusqu’au début du XXème siècle. Aujourd’hui ils sont encore de sortie lors de fêtes, mariages, etc. Les costumes ossalois sont riches et colorés, ils se sont embellis et ornés au fil du temps. En Ossau le costume des hommes diffère de celui des femmes, mais il n’existe pas de différence selon les classes sociales. Les costumes varient selon les occasions : mariage, fête, enterrement, etc. La couleur de certains accessoires diffère selon les villages d’origine. b

Musique, chants

et danses Dans la culture ossaloise, la production culturelle est universelle, elle n’est pas attribuée à une classe d’artistes en particulier. La musique n’est pas un spectacle, tous le monde y participe mais principalement les hommes. Les chants béarnais reflètent l’âme du territoire. Ils parlent de la montagne, d’amour, de la nature, de la famille et reflètent l’histoire du Béarn, ses traditions et ses légendes. Ces chants sont interprétés à toutes occasions, ils animent particulièrement les fêtes de village et rassemblent les ossalois unis par les mêmes passions : le chant, la musique et l’amitié ! b

12

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne


l’habitat Les maisons ossaloises se caractérisent par leurs murs en galets du gave ou en pierres locales. Les toits à double pente sont en ardoises du pays et les encadrements des portes et fenêtres sont souvent en marbres. Pour les propriétés agricoles, les portes cochères permettent le passage des hommes et du bétail ainsi que du matériel agricole. Le rez-de-chaussée est réservé aux bêtes, laissant l’habitat de la famille au premier étage sous le grenier où est stocké le foin. On remarque que cette organisation permet une bonne isolation de l’étage habité. Beaucoup de façades sont ornées d’œil de bœuf : petites ouvertures placées au dessus de l’évier afin d’obtenir de la clarté dans la pièce, mais aussi de nombreuses pierres sculptées représentant divers caractères : religieux, patronymes, signatures des bâtisseurs, motifs de prospérité et fécondité. b

La langue En Vallée d’Ossau est parlé le béarnais, c’est une variante de la langue gasconne. Au XIIIème siècle, et jusqu’à la révolution, le béarnais est la langue administrative et juridique de l’Etat Béarn. Aujourd’hui il est encore parlé au quotidien dans les villages, au sein des familles. Il s’apprend dans les calendretas. Les chants béarnais ainsi que divers patrimoines culturels continuent de valoriser et de diffuser cette belle langue béarnaise. b

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne

13


La vallée d’Ossau | L’histoire de la Vallée d’Ossau racontée par les cailloux

La vallée

d’Ossau L’histoire de la Vallée d’Ossau racontée par les cailloux

16

L’orogenèse Hercynienne

16

Orogenèse Alpine

L es roches actuellement en surface illustrent l’histoire de la chaîne pyrénéenne 20

Les Ossalois ont su mettre à profit les cadeaux de cette géologie particulière

14

18

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne

23


MĂŠmoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne

15


La vallée d’Ossau | L’histoire de la Vallée d’Ossau racontée par les cailloux

L’histoire de la Vallée d’Ossau racontée par les cailloux D’après deux interviews de Sylvain Block, docteur en Géologie. (Block, 2016) et d’Yves Hervouët , professeur émérite, université de Pau et des Pays de l’Adour (Pyrénées Atlantiques, édit. Omniscience-BRGM, 2014) La chaîne des Pyrénées telle qu’on la voit actuellement est une chaîne de collision entre deux plaques lithosphériques distinctes : la plaque eurasiatique au nord et la plaque ibérique au sud. Il faut savoir que dans une chaîne de collision on ne crée généralement pas de roche. En revanche l’activité tectonique remanie des cailloux déjà présents sur les plaques : ils se retrouvent déformés à l’interface de ces plaques. Il faut ainsi distinguer les roches et les reliefs : les roches sont anciennes, les reliefs sont récents. En s’intéressant aux roches qui forment la Chaîne pyrénéenne, elles nous permettent de raconter une histoire qui est bien plus longue que l’histoire du relief. En réalité c’est l’histoire de deux chaînes de montagne successives : la Chaîne hercynienne puis la Chaîne pyrénéenne (alpine). Ainsi, nous allons raconter cette histoire de façon chronologique afin de comprendre le relief actuel. b

L’Orogenèse

hercynienne On appelle « orogenèse » l’ensemble des étapes qui constituent la formation d’une chaîne de montagne.

Les Mers

hercyniennes Au début du Paléozoïque (-500 millions d’années) deux océans se sont ouverts séparant ainsi trois entités : le Gondwana au Sud, l ‘Armorica (Bretagne et Massif Central actuels) et la Laurentia (l’Écosse, l’Amérique du Nord,etc.) au Nord. Sur la marge sud des océans hercyniens se sont déposés des sédiments : en vallée d’ossau on les retrouve aujourd’hui du Montagnon d’Iseye à la Late de Bazen en passant par le Pic de la Gentiane et le Gourzy. L’ancêtre des Pyrénées était situé sur cette marge sud des océans hercyniens, c’est à dire sur la limite nord du Gondwana. Les plaques litosphérique il y a 420 millions d’années

16

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne


La chaîne

hercynienne

Quelques millions d’année plus tard, la fermeture de ces océans entraîne la collision

La chaîne hercynienne, il y a 300 Ma Laurentia et Baltica

du Gondwana (au sud) avec l’Armorica et la Laurentia (au nord). Une chaîne de montagne naît : la Chaîne hercynienne. Ainsi, une variété de roches anciennes, datant du Paléozoïque (granites, roches sédimentaires, etc.), sont prises dans la chaîne de montagne hercynienne. Certaines sont simplement portées en altitude en raison des forces de collision. On les retrouve aujourd’hui sur la Zone Axiale de la Chaîne pyrénéenne (matérialisée par la frontière francoespagnole) comme au pic de Peyrelue, à Estimère ou encore au pic d’Anéou. D’autres sont métamorphisées créant par exemple des schistes. Lorsqu’une roche est soumise à de fortes températures ou pressions elle est modifiée : on dit

Gondwana

La chaîne hercynienne

qu’elle est métamorphisée. Les cristaux qui la composent se réorganisent, comme par exemple dans les schistes où les cristaux forment des feuillets facilement observables.

Peyrelue, Ouradé, Dent de Socques : plis dans les sédiments paléozoïques

De plus lors de la collision de deux plaques tectoniques ( ici le Gondwana et l’Armorica) il y a fusion à la base de la plaque continentale. Cette fusion entraîne la formation de granite en profondeur. Étant plus « liquide», et donc moins dense, cette masse remonte au sein de la croûte continentale. Puis, due aux forces de collision et au fil de l’érosion ces granites peuvent se retrouver en surOrogenèse hercynienne, les Pyrénées sont localisés à l’étoile – en jaune les sédiments déposés sur les marges de l’océan

face comme par exemple le granite des Eaux-Chaudes. De

plus les roches situées proches de ces granites chauds subissent une hausse de température. On dit qu’il y a métamorphisme de contact. La Chaîne hercynienne atteignait des altitudes élevées (plus de 8000m en Bretagne), et était très vaste car elle s’étendait de l’Amérique du Nord à la Chine (l’océan atlantique n’était pas encore ouvert). Ainsi les Pyrénées étaient une petite partie de la Chaîne hercynienne, côté sud de la collision, sur la plaque du Gondwana.

Un volcanisme hercynien exceptionnel en

Vallée d’Ossau

Le volcanisme a été très peu présent dans l’histoire de la Chaîne pyrénéenne. Cependant le Pic du Midi d’Ossau s’est formé lors d’un volcanisme éruptif postérieur à l’orogenèse hercynienne. Lors de la collision hercynienne, de nombreux séismes ont entraîné l’ouverture de fissures dans la croûte terrestre. De la lave a emprunté ces chemins pour remonter en surface où les coulées ont donné naissance au volcan d’Ossau. Lors d’une éruption particulièrement violente, le dôme de ce volcan s’est effondré. Cela a créé une dépression circulaire qui faisait plus de 6 km de diamètre. Des éruptions ultérieures sur le pourtour de cet effondrement ont construit une structure en anneaux constitués de roches volcaniques, comme des andésites et des dacites. Par la suite ce volcan a suivi la même histoire que le reste de la chaîne. Ainsi il a été recouvert de sédiments continentaux provenant de l’érosion de la Chaîne hercynienne, puis durant l’orogenèse alpine la structure annulaire s’est scindée et la partie nord a chevauché la partie sud pour culminer à 2 884 m constituant l’actuel Pic du Midi d’Ossau.

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne

17


La vallée d’Ossau | L’histoire de la Vallée d’Ossau racontée par les cailloux

Orogenèse La mer

Alpine

Mésozoïque

La Chaîne hercynienne a vécu et s’est érodée petit à petit, pour devenir une plaine. Si le niveau de la mer monte ou si la croûte continue de s’amincir cette plaine se retrouve sous l’eau. Ainsi sur la croûte hercynienne érodée se sont déposés des sédiments marins de l’océan mésozoïque. On retrouve ces derniers du Jaout au Mailh Bassibé. Ce deuxième épisode marin marque le début de l’orogenèse alpine. Il s’étend pendant le Mésozoïque : le Trias, le Jurassique et le Crétacé (-250 millions d’années à -65 millions d’années), c’est-à-dire l’époque des dinosaures.

Le cisaillement

Est-Ouest

Au Jurassique arrive un événement qui va de nouveau fortement modifier l’ancêtre de notre Chaîne pyrénéenne : l’ouverture de l’Océan atlantique. La croûte hercynienne est alors coupée en deux : l’Amérique à l’ouest et l’Eurasie à l’est. Ces deux plaques vont s’écarter petit à petit. Cependant, l’ouverture d’un océan n’est pas un simple écartement de deux plaques. Certaines portions s’éloignent plus rapidement que d’autres. En effet un réseau de failles se crée et, de part et d’autre de ces failles, les divers compartiments s’écartent plus ou moins vite. A la fin de l’orogenèse hercynienne la Galice (plaque ibérique) se trouve en continuité avec la Bretagne : il n’y a pas de Golfe de Gascogne. Au Crétacé, la plaque ibérique est « en avance », elle descend vers le sud puis vers l’est : c’est l’ouverture du Golfe de Gascogne. La plaque ibérique va ainsi coulisser latéralement par rapport à la plaque eurasiatique qui elle n’a pas encore entamé son chemin vers l’est. Au niveau de ce coulissage se crée une longue faille de cisaillement est-ouest : la Faille Nord Pyrénéenne. En Vallée d’Ossau on la retrouve entre Laruns et Gère-Bélesten. A cet époque la croûte hercynienne est encore sous la mer, ainsi le long de cette faille se déposent des sédiments. De plus, le coulissement entraîne d’une part des zones d’affrontement où apparaissent des plis et des petits reliefs, et d’autre part des zones d’ouverture qui mettent à nue des roches du manteau. Ces roches se retrouvent au contact de roches sédimentaires qui se déposent au fond de la mer. Cela entraîne la montée de fluides chauds qui métamorphisent ces sédiments du Crétacé. Ainsi le long de cette Faille Nord Pyrénéenne on peut observer des calcaires « cuits » par contact comme les fameux marbres d’Arudy. A la fin du Crétacé (- 80 millions d’années) le cisaillement s’arrête car l’Océan atlantique nord commence à s’ouvrir en face de l’Eurasie : les plaques ibériques et eurasiatiques dérivent alors dans un même mouvement. L’Afrique remontant, l’Ibérie est poussée vers Cisaillement est-ouest entre la plaque ibérique et la plaque eurasiatique (A : - 120 Ma ; B : - 95 Ma ; C : - 80Ma).

18

le nord : la compression commence alors.

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne


La Chaîne

Alpine

La plaque eurasiatique se retrouve embarquée dans un nouveau cycle extrêmement vaste : l’orogenèse alpine. Quand on parle de l’orogenèse alpine cela ne s’arrête pas au massif des Alpes. C’est un phénomène géologique qui représente la convergence des plaques africaine et indienne au sud avec la plaque eurasiatique au nord, créant une chaîne de montagne qui commence par les Pyrénées (partie la plus occidentale) pour s’étendre vers les Alpes, les Carpates, les Apennins, l’Anatolie, la Turquie, la Grèce, le Caucase, le plateau iranien, l’Himalaya et enfin en Asie du Sud-Est (Birmanie, …).

Chaîne alpine en Europe

Mais alors l’Espagne : fait-elle partie de la plaque africaine ou eurasiatique ? La plaque ibérique est limitée au nord par la Faille Nord Pyrénéenne entre l’Ibérie et le reste de l’Eurasie et au sud par une zone de coulissement passant par le détroit de Gibraltar. Ces failles sont des zones de faiblesse. Ainsi quand l’Afrique est venue pousser l’Eurasie, la déformation s’est faite évidement dans ces zones créant, au sud la chaîne bétique et le rif et, au nord, les Pyrénées. L’Ibérie s’est comportée comme une portion rigide qui ne fait que transmettre cette force de convergence jusqu’à la zone pyrénéenne. Actuellement seule la zone de gibraltar est vraiment mobile et l’Ibérie est rattachée à la plaque eurasiatique. Une fois de plus la création d’une chaîne de montagne ne crée pas ou peu de roches mais elle déforme des roches plus anciennes. Cette orogenèse alpine crée un relief dans les Pyrénées en réaffectant tous les cailloux qui étaient là auparavant : les roches hercyniennes (sédimentaires, granites, métamorphiques), les roches mésozoïques (sédimentaires, métamorphiques le long de la Faille Nord Pyrénéennes dues au cisaillement est-ouest). De plus, cette activité tectonique métamorphise quelques roches en schistes et lauzes. Ces dernières sont utilisées par les hommes depuis des dizaines années, on les retrouve par exemple sur les toitures des granges ! Les reliefs pyrénéens actuels sont donc récents : ils datent de l’orogenèse alpine, toujours en cours. Concrètement la convergence Afrique et Inde vers l’Eurasie cause des plissements et des chevauchements. Par exemple les gisements de Lacq au sud-ouest de Pau sont des sédiments du Crétacé qui se sont retrouvés enfouis dans des plis alpins à cause de la compression due à la poussée de la Plaque africaine vers le nord.

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne

19


La vallée d’Ossau | L’histoire de la Vallée d’Ossau racontée par les cailloux

Les roches actuellement en surface illustrent

l’histoire de la chaîne pyrénéenne

Si on se déplace du nord au sud de la chaîne pyrénéenne actuelle on peut faire un voyage dans le temps. Partons de la plaine d’Aquitaine, on y trouve des argiles, des molasses, des sédiments récents légèrement plissés. Puis on arrive sur une grande faille appelée Chevauchement Frontal Nord Pyrénéen due à la compression alpine (Belair). En la passant on découvre les calcaires les chaînons béarnais qui contiennent des karsts, comme par exemple au Jaout (cf photo).

Karsts au Jaout

Cette zone est chevauchée par les sédiments mésozoïques qui montrent des plis avec des amplitudes de plus en plus importantes : ce sont des plis alpins. En continuant vers le sud on arrive à la Faille Nord Pyrénéenne (Gère-Belesten et Aste-Béon) qui met en contact les calcaires mésozoïques et les roches hercyniennes. Cette faille, souvenons nous, est née du cisaillement ibérique, puis est réactivée lors de l’orogenèse alpine pour devenir une zone de chevauchement. De part et d’autre de cette faille les roches sont radicalement différentes, par exemple on trouve le Gourzy au sud et la Crête de Coos (Jaout) au nord de cette faille. La croûte la plus ancienne (hercy-

Zone Axiale : frontière / FNP au niveau de Aste-Béon et Gère-Belesten / Chaînons Béarnais : du Jaout au Mailh Massibé / CFNP : Bélair

20

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne


nienne) est recouverte partout par les sédiments. Mais au niveau de la Zone axiale les reliefs sont tels que les sédiments ont été érodés beaucoup plus rapidement que dans les chaînons béarnais : la croûte ancienne y est dénudée. Ainsi les roches en haute altitude sont les plus anciennes car elles sont déjà « dégarnies » de tous les sédiments plus récents, comme à Peyrelue ou au Pic d’Anéou. Et puis en prolongeant vers le sud au-delà de la Zone Axiale, en Espagne, les roches hercyniennes des hautes altitudes chevauchent les sédiments mésozoïques et tertiaires, qui eux-mêmes chevauchent le bassin de l’Ebre composé de sédiments beaucoup plus récents , similaires au bassin Aquitain. On remarque que dans la partie espagnole des Pyrénées est plus étendue que la partie française. b

Les Fleurs

de Pierre Les fleurs de Pierres visibles au Pic Houratatère (ouest de Gabas) ont été découvertes en 1990. Il a fallu presque 20 ans pour élucider le mystère de ces figures. Quelle est donc l’origine de ces fleurs de pierre ? Sur une plate forme marine peu profonde, un fleuve peut amener une grande quantité de sédiments, particulièrement du sable. Lorsque ces dépôts sont importants, de l’eau se retrouve piégée en surpression sous quelques dizaines de centimètres de sédiments. La décomposition des matières organiques contenues dans les sédiments contribue également à l’augmentation de cette pression. La surpression engendre la liquéfaction de l’ensemble. Étant moins dense que son encaissant ce liquide remonte brutalement par des cheminées et forme des « volcans de sable ». Ces fleurs de pierres représentent donc des figures d’échappement d’eau. Ce phénomène est connu des géologues mais cette géométrie : cheminée et canaux radiaux, a été observée que très rarement sur la planète ! Elles sont appelées « arenaygues » : en béarnais arena signifie le sable et aygue l’eau. Un bouquet extraordinaire est observable sur la falaise à l’ouest du Pic Houratatère.

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne

21


22

MĂŠmoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne


La vallée d’Ossau | L’histoire de la Vallée d’Ossau racontée par les cailloux

Les Ossalois ont su mettre à profit les cadeaux de cette

géologie particulière

Les Pyrénées françaises (versant Nord de la chaîne) sont l’une des régions de France les plus riches en sources thermo-minérales. Plus de 360 sont localisées dont un grand nombre offrent des propriétés thérapeutiques. Ceci est expliqué par la structure géologique du soussol. La présence de fractures, failles et autres discontinuités, comme vu ci-dessus, permettent des circulations ascendantes. On retrouve la majeure partie des sources d’eau chaude dans la zone primaire axiale. Ainsi en vallée d’Ossau elles se situent aux Eaux-Bonnes et aux EauxChaudes ! La température de ces eaux est comprise entre 25 et 44°C. En raison de son cheminement au travers des roches métamorphisées cette eau est sulfurée. Elle contient également des chlorures et sulfates en raison des roches sédimentaires présentes à proximité. Le thermalisme connaît son apogée au XIXème siècle. La ville d’EauxBonnes bâtie au siècle précédent auprès d’une source vit un grand succès. Au XXème siècle l’essor de la pharmaceutique diminue grandement l’engouement pour le thermalisme. En revanche, de nos jours la fréquentation des thermes augmente de nouveau. Les Eaux-Bonnes revivent un succès avec leur nouveau centre Valvital. b

Rénovation des thermes Valvital aux Eaux-Bonnes.

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne

23


La vallée d’Ossau | La vie sauvage ossaloise

La vallée

d’Ossau La vie sauvage ossaloise La faune La Flore Les Fôrets

24

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne

26 26 42 50


MĂŠmoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne

25


La vallée d’Ossau | La vie sauvage ossaloise

La Vie sauvage ossaloise

La Faune En vallée d’Ossau, la diversité des habitats : de la plaine aux hautes altitudes, des prairies aux forêts, jusqu’aux milieux aquatiques, offre des conditions spécifiques pour de nombreuses espèces, parfois endémiques. Faute de pouvoir dresser une liste exhaustive, nous portons notre attention sur les espèces rares, emblématiques ou remarquables par leur beauté. Commençons par les insectes : ces « petites bêtes » acteurs de l’équilibre de la Nature, que l’on voit si souvent surtout durant une pause pique-nique assis dans l’herbe. b

Sauterelles et Criquets La façon la plus facile de distinguer ces deux insectes est la taille de leurs antennes : longues chez les sauterelles (souvent plus longues que leurs corps !), elles sont très courtes chez les criquets.

La Decticelle Aquitaine habituellement végétarienne, elle peut s’adapter en ajoutant des petits insectes à son menu. Cette espèce est endémique du Sud-Ouest de la France. Elle colonise les prairies à hautes herbes des basses altitudes de la vallée d’Ossau.

L’Ephippigère carénée : aussi appelée « porte selle » en raison de leur bouclier sur le thorax. Elle est dépourvue d’ailes. Pour attirer les femelles, les males émettent une stridulation puissante qui peut faire penser au grincement d’une chaussure neuve !

La Miramelle Pyrénéenne. Ce criquet endémique des Pyrénées s’est adapté aux conditions climatiques des hautes altitudes. Il se trouve principalement entre 2000 et 2500m.

Les insectes des forêts accélèrent le recyclage du bois mort comme la Rosalie des Alpes aux magnifiques couleurs chatoyantes. Elle se trouve dans les vielles hêtraies où elle peut trouver des arbres creux ou morts. 26

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne


Papillons Voici quelques papillons, principalement observables dans les prairies et pâtures qui offrent des plantes nourricières pour les chenilles et un grand nombre de fleurs à butiner. Les papillons participent à la pollinisation de la végétation.

La petite tortue : ce papillon habite toute la vallée entre Arudy et le Pourtalet, tout en préférant les milieux frais. Lorsqu’il ouvre ses ailes c’est un festival de couleurs contrastées ! Ceci l’aide à défier les prédateurs.

Le Citron : son nom traduit la couleur jaune du mâle et vert de la femelle. Sa couleur et la forme de ses ailes le rendent mimétique : lorsqu’il se pose pour butiner les fleurs il se confond avec les jeunes feuilles printanières. Ce papillon de jour peut vivre une année complète (sans compter le stade chenille). Pour être parmi les premiers à s’envoler au printemps il passe l’hiver à l’abri. Enfin cette espèce colonise une grande diversité de milieux car la chenille peut se nourrir d’un nombre important de plantes.

Le Céphale : très présent dans les prairies et les lisières forestières depuis les fonds de vallée jusqu’à 2000m d’altitude où la chenille peut encore trouver les graminées dont elle se nourrit.

L’Azuré du serpolet : il possède un mode de vie original. Ce magnifique papillon bleu pond ses œufs sur l’Origan, plante abondante des pentes herbeuses. Un jeu subtil de phéromones trompe les fourmis qui ramènent les jeunes chenilles à l’intérieur de leurs fourmilières, pensant qu’il s’agit de leurs propres larves. Les chenilles se nourrissent aisément des larves de fourmis et se développe ainsi dans la fourmilière. Au début de l’été suivant le papillon adulte s’extirpe de la fourmilière et on l’observera dans les prairies seulement à partir du mois de Juillet. L’Apollon est une relique glaciaire ! Il s’est installé dans les montagnes où il apprécie le climat. La chenille passe l’hiver à l’abri dans son œuf. Au printemps elle consomme les jeunes pousses tendres de la joubarbe et autres plantes d’altitude dans les éboulis pierreux (plateau du Soussouéou, Cirque d’Anéou). Petite anecdote : après accouplement le mâle sécrète une poche qui durcie sur l’abdomen de la femme afin d’empêcher tout accouplement avec un autre mâle. Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne

27


La vallée d’Ossau | La vie sauvage ossaloise

Libellules Les libellules sont dépendantes des milieux aquatiques, des eaux stagnantes ou bien courantes, car les larves se développent dans l’eau, pendant parfois plusieurs années. La diversité des espèces est liés à la variété et qualité des milieux qui offrent ainsi une multitude de micro-habitats. L’Agrion de Mercure, une espèce protégée, trouve en haute Vallée d’Ossau des conditions de vie favorables, on peut y voir des milliers d’individus aux beaux jours ! L’accouplement, aussi appelé « tandem en cœur copulatoire », se posent à proximité de la végétation aquatique où la femelle pond les œufs.

Oiseaux

Gypaète barbu

Milan royal

Pie grièche écorcheur 28

Pour les amoureux des oiseaux de montagne, la vallée d’Ossau offre une observation exceptionnelle. Située en zone centrale du Parc National des Pyrénées elle offre une forte protection des milieux les plus fragiles qui abritent des espèces endémiques telles que le Grand Tetras ou le lagopède alpin. La diversité des paysages du fond de vallée aux hauts sommets obligent les nombreuses espèces à faire preuve de prouesses d’adaptation pour survivre. On trouve plus de 80 espèces nicheuses dans le piémont. Le maître incontesté, présent toute l’année, est le Milan Royal. Il est reconnaissable grâce à sa longue queue échancrée et sa couleur orangée. Début Mai les Pies-grièches écorcheurs reviennent de leur hiver au chaud en Afrique australe. Ces passereaux se reproduisent dans les haies et buissons au bord des prairies de fauche, des pâtures, des landes et des tourbières. Le mâle, marron, est recon-

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne


naissable grâce à sa tête grise et son masque noir. Même si la femelle est moins contrastée, il est facile de la voir sur les fils électriques, les piquets de clôture et le sommet des buissons. Ils se nourrissent d’insectes, petits rongeurs et même de lézards. (Pichon, 2012) Dans les forêts on a le plaisir d’entendre chanter la Grive draine, le Merle à plastron, le Grimpereau des bois ou encore les Mésanges noire et huppée. La présence de bois mort offre aux pics sources de larves (dont ils raffolent !) et loges pour se reproduire. En France le Pic à dos blanc est présent uniquement dans les Pyrénées entre 900 et 1500m. Il possède une calotte entièrement rouge, un dos barré de blanc et des flancs striés. Dans ces mêmes forêts vous pourrez entendre dès février des « hou-hou-houhou-hou » répétés et à intervalles réguliers. C’est la Chouette de Tengmalm : une boule de plumes brun chocolat aux grands yeux jaunes. Elle établie son nid dans les confortables loges creusées par les pics dans les hêtres. Le mâle nourrit la famille. Ce petit rapace nocture, originaire des forêts boréales, est resté dans la vallée d’Ossau depuis la dernière période glaciaire. Si vous montez vers les Lac d’Ayous, ouvrez grand les yeux et les oreilles, vous pourrez y observer des Venturons montagnards et des Becs croisés des sapins ! sss

Mesange noir

Merle à plastron

Chouette Tengmalm

Grand Duc

Bec croisé des sapins Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne

29


La vallée d’Ossau | La vie sauvage ossaloise

Les hautes falaises attirent les oiseaux rupestres qui y installent leurs nids, ce sont principalement des rapaces. En vallée d’Ossau on observe le Vautour fauve, le Gypaète barbu, le Vautour percnoptère, l’Aigle Royal, le Faucon Pelerin ou encore le Grand duc d’Europe. Le grand public peut également les observer à la « Falaise aux Vautours » d’Aste Béon. Le Gypaète barbu, avec une envergure de plus de 3 mètre est le plus imposant de la vallée. On l’appelle le casseur d’os car il explore le territoire à la recherche de carcasses nettoyées par les vautours, saisi les os et les laisse tomber sur des éboulis afin d’en extraire la moelle. Le Tichodrome échelette est le seul à chercher sa nourriture sur les falaises. Il explore les failles à la recherche d’insectes et d’araignées. Il se reproduit au dessus de 2000m d’altitude : on trouve des nids au Pic de Ger et Pic du Midi d’Ossau, puis il descend en vallée pour y passer l’hiver. Au-delà des forêts, dans les zones d’estive on observe facilement le Traquet motteux, le Pipit spioncelle, le Crave à bec Rouge et le Chocard à bec jaune au milieu des troupeaux et des randonneurs. Le chocard habite généralement les hautes montagnes mais descend occasionnellement pour se nourrir l’hiver, ou même pour nicher. Sa couleur noir et sa fréquentation des proximités de crêtes, cols, sommets permet de l’observer facilement. Sa puissance ascensionnelle fait de lui un oiseau très montagnard, il joue avec les forts courants aux abords des reliefs. Il Crave à bec rouge guette également les pauses pic-nic des randonneurs pour faire le ménage après leurs passages. Cet un oiseau très grégaire, ils sont souvent par groupe de 20 à 50 individus !

Niverolle

Merle des roches 30

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne

Dans les éboulis, si vous voyez un petit oiseau orange et bleu c’est un Merle de roche ! Si vous faites décoller une Niverolle vous la reconnaîtrez à ses ailes blanches et noires. Le rarissime Lagopède Alpin vit au dessus de 2500m et fait preuve d’homochromie : il s’adapte physiquement aux changements de milieu. Ainsi il change son pelage gris d’été pour une belle couleur blanche l’hiver afin de passer inaperçu sur la neige. Le Lagopède fait parti des espèces fortement affaiblies par la hausse globale des températures, la population diminue de façon importante.


Les mammifères En fond de vallée vit une faune relativement commune (chevreuils, sangliers, renards, lièvres, fouines, etc.). Cette faune se spécifie et spécialise en prenant de l’altitude, pour finalement y trouver des symboles de la vie montagnarde.

Le sanglier : très présent dans les forêts d’altitude, il rode dans les hêtraies et sapinières d’où il rayonne en amont et aval pour ses laboures nocturnes de pelouse à la recherche de bulbes et rhizomes divers.

Le renard est partout : ses crottes sur les chemins le témoignent ! Son alimentation est variée, mais il se nourrit principalement de campagnols et de marmottes. En mars-avril 4 – 5 renardeaux naissent dans la tanière creusée par la renarde, ou dans un terrier de blaireau, de lapin ou de marmotte « emprunté » pour la saison !

L’Isard, roux en été, son pelage d’hiver est plus clair et orné d’une écharpe noire. Les cornes sont conservées tout au long de la vie par le mâle et la femelle. L’Isard est très bien adapté à la montagne. Ses sabots sont composés de deux doigts mobiles pour mieux se déplacer sur les rochers, reliés par une membrane pour faciliter sa progression sur la neige. Il se nourrit de graminées et liliacées en printemps et été, fruits de conifères, cœurs de chardon et myrtilles en automne, cardamines, genévriers, ronces, lichens, bourgeons et aiguilles de résineux en hiver. L’isard est grégaire, il vit en harde dominée par une femelle. Dès le printemps les mâles quittent généralement les femelles et chevreaux pour vivre seuls dans les bois. Les petits naissent en Mai-Juin et peuvent être la proie de l’Aigle Royal ou du Renard. A l’automne, saison du rut, les mâles défendent leurs territoires, les hardes de dispersent et se reforment en début d’hiver. L’hiver est difficile pour les mâles qui peuvent avoir des difficultés à reconstituer leurs réserves après l’éprouvante période de rut. Les petits sont également sensible à la dure saison, moins de la moitié atteint l’âge de 2 ans.

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne

31


La vallée d’Ossau | La vie sauvage ossaloise

Le chat forestier est bien présent dans le massif du Pic du Midi d’Ossau. Il est reconnaissable à sa queue, très épaisse, terminée par trois à cinq anneaux et un manchon noir. Il s’abrite dans les forêts profondes mais on peut également l’observer dans les prairies où il chasse les rongeurs pendant la période de fenaison.

Les chauves-souris sont particulièrement inoffensives et utiles ! Elles se nourrissent principalement d’insectes : moustiques et papillons de nuits. Elles trouvent en vallée d’Ossau des territoires très favorables à leur vie : grottes, falaises, pâtures, forêts, et entre en hibernation pour passer l’hiver.

Empreinte prise le 1 janvier 2012 sous le col d’Aran 32

L’ours Brun : il descendait d‘une grande lignée. Au néolithique il occupait les forêts et les plaines de France. Les Pyrénées dont la Vallée d’Ossau constituaient ses derniers refuges français. La Vallée d’Ossau lui doit d’ailleurs son nom. L’Ours s’adapte à merveille à la montagne, il fréquente les fonds de vallée autant que la base de l’étage montagnard. Au fil des saisons il utilise l’ensemble des ressources que lui offre cette diversité de territoires. Il a une tendance carnivore souvent sous-évaluée, comme le démontre une étude de 2003 (Y. LAGALISSE, 2003). Animal omnivore, il possède néanmoins un comportement végétarien développé dont l’importance croît tout au long de l’année pour devenir majoritaire en automne. Cette saisonnalité dans le choix des ressources consommées semble prendre en compte leur disponibilité et leur abondance, mais toujours dans le sens d’une optimisation du bilan énergétique. C’est un cueilleur de myrtilles, de framboises, de faines, etc. ainsi qu’un chasseur (brebis, grenouilles, fourmis, etc.) et charognard (cadavre de sangliers, d’isard, de bétail, etc.) Il est doté d’excellents odorat et ouïe mais sa vue est médiocre. A l’Automne il crée une réserve de graisse qui l’aidera à passer l’hiver en hibernation dans sa tutte. Si l’Ours est très difficile à observer, il laisse de nombreuses traces et indices qu’il n’est pas rare de trouver lors de randonnées en Vallée d’Ossau. Si l’enjeu de la réintroduction d’Ours Slovène divise, l’Ours des Pyrénées fait incontestablement partie du patrimoine naturel et culturel de la vallée. Les populations locales associaient crainte et admiration pour cet animal nommé Lou moussu (le Monsieur), Lou Courailhat (Le Vagabond) ou encore Lou pesdescaous (celui qui va nu pieds)…

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne


Les marmottes : Un vrai hibernant, phénomène particulièrement avantageux énergétiquement pour réussir à passer l’hiver dans les grands froids des hautes altitudes. En diminuant sa température corporelle de 38°C à 4°C la marmotte diminue grandement ses déperditions de chaleurs. Son corps fonctionne au ralentit limitant ses besoins énergétiques et lui permettant de vivre sur ses réserves : elle passe de 250 à 30 pulsations par minutes, et sa respiration de 25 à 2-3 par minutes ! Cependant un froid trop vif, qui risquerait de congeler la marmotte endormie, réveille des récepteurs cérébraux et entraine une décharge d’adrénaline dans le sang qui réveille rapidement l’animal. Si l’hiver impose de nombreux réveils de ce type la marmotte épuise ses réserves. Trop affaiblie elle peut avoir des difficultés à atteindre le printemps.

L’hermine : avec son corps fin et allongé elle se faufile dans les galeries de campagnols (terrestres ou des neige selon l’altitude). L’hiver c’est entre la terre et le manteau neigeux qu’elle chasse ses proies, ses morsures à la nuque leurs sont fatales. L’hermine est hyperactive ! Afin de palier à son important besoin d’apport énergétique, elle passe beaucoup de temps à chasser. Elle se différencie de la belette par sa grande taille et le pinceau noir en bout de queue, ainsi que son pelage blanc en hiver.

La Martre : le maître prédateur mammifère de la forêt montagnarde, cousine de la fouine. Ses courtes pates et son long corps lui offrent une certaine aptitude à se déplacer rapidement dans les arbres. Ajoutées à sa ténacité et sa ruse elles permettent de l’emporter souvent face à ses proies, l’écureuil étant sa préférée. Mais elle est également très habile sur les rochers. Elle est alors le seul danger terrestre des oiseaux qui nichent dans les rochers des zones forestières, tels la Crave, le Chocard, le Grand Corbeau, etc.

Le campagnol des neiges : il détient le record d’altitude des rongeurs européens ! il est également possible de le trouver très bas dans les collines. Sa fourrure est épaisse, gris-brun dessous et blanchâtre dessous. Il utilise la neige pour survivre en hiver : en creusant ses galeries à la surface du sol le manteau neigeux le protège du froid. Sa menace principale est l’Hermine.

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne

33


La vallée d’Ossau | La vie sauvage ossaloise

Nous décrirons dans la seconde partie la faune pastorale qui comprend la brebis Basco-Béarnaise, la vache Béarnaise et la Blonde d’Aquitaine, ainsi que les chiens qui accompagnent le Berger (Labrit et Border collie) et le troupeau (Patou).

Dans l’Eau Euprocte des Pyrénées : se rencontre dans les eaux froides et fortement oxygénées des petits torrents et dans les déversoirs de lacs entre 500 et 2500m d’altitude. Il se reproduit entre Avril et Août et évite les ruisseaux à poissons qui se nourrissent de leurs larves. Il est plus facile de l’observer à cette période. Le male entoure la femelle grâce à sa queue, totalement prisonnière, il lui est facile de la féconder. Une trentaine d’œufs seront déposés dans des petites anfractuosités de roche quelques jours plus tard pour éclore rapidement. Les larves peuvent rester jusqu’à 2 ans dans l’eau avant de se métamorphoser, et atteindront leur maturité sexuelle après 4 à 6 ans. Loutre : cette habile pêcheuse est de la même famille que la belette, la martre et le blaireau. Sa fourrure très dense à double couche lui offre à la fois isolation thermique grâce au poil de bourre et imperméabilité grâce au poil long et brillant. Chassée, elle avait pratiquement disparu des cours d’eau à la fin des années 30, mais depuis sa protection en 1972 l’augmentation des effectifs est régulière. Elle est principalement piscivore, avec une préférence pour les truites et les anguilles, elle agrémente son alimentation de campagnols, amphibiens et écrevisses. Bien qu’il soit difficile de l’observer, on note sa présence grâce à ses « epreintes » (ses crottes) déposées le long des cours d’eau qu’elle fréquente. 34

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne


Ecrevisse à pattes blanches : Elle est très sensible à la qualité de l’eau c’est pourquoi on la retrouve principalement dans les parties amonts des ruisseaux calmes. Elle est présente dans les ruisseaux forestiers du bois de Bager et du versant nord d’Ogeu-les-bains, ainsi que sur l’Arrioubeigt qui lui offre une eau riche en calcaire. En effet l’écrevisse à pattes blanche a besoin d’une teneur en calcium supérieur à 5mg/l pour l’élaboration de sa carapace. Ce n’est que lorsque la température de l’eau descend en dessous de 10°C que l’accouplement a lieu, soit entre octobre et novembre. Après 3 semaines la femelle libère une centaine d’œufs qui seront conservés sous son abdomen durant la période d’incubation (entre 6 et 9 mois), la mère cesse alors de s’alimenter ! L’éclosion se passe au printemps mais les petits restent accrochés aux appendices de l’abdomen de leur mère jusqu’à leur seconde mue. Suite à leur indépendance, ils seront malheureusement peu nombreux à défier les larves carnassières de libellules et poissons. A l’âge adulte l’écrevisse est principalement active la nuit pour se protéger des prédateurs ! Dans un premier temps elle se nourrit de petits invertébrés et de larves, puis son régime se diversifie en incluant des algues et plantes aquatiques. Truite : La truite fario est souvent l’unique poisson présent dans les ruisseaux et torrents d’altitudes aux conditions parfois extrêmes (température, débit) et à l’accès difficile depuis l’aval. Exclusivement carnivore, son régime alimentaire est varié : insectes terrestres et aquatiques, crustacés, mollusques, larves d’amphibiens, ou encore petits poissons tels des vairons ou chabots. La vie des truites « fario » est bien différente de ses cousines dans les gaves plus bas en plaine. Dans le gave du Soussouéou la population de truites est génétiquement distincte des populations alentour. Elle bénéficie d’une attention particulière afin de garantir sa conservation. Le Desman : Les Pyrénées ont le privilège d’abriter seules ce petit insectivore. Ceci est un honneur intellectuel car on voit rarement cet animal ! Il est bien répandu par zones sur les rives des gaves et torrents de montagne, et ce jusqu’à plus de 1000m d’altitude. Ce « Rat-trompette » s’active de préférence la nuit, dans le chaos des galets et les fouillis végétaux, et dans les veines mouvantes des courants d’eau. Il possède 3 principales particularités. La première est sa trompe, un véritable outil pour se nourrir : fouiller sous les pierres, pousser la nourriture dans sa bouche ; ainsi que pour se diriger en complément de sa moustache abondante et sensible : pour compenser sa mauvaise vue en raison de ses yeux en tête d’épingle cachés par des poils. Son deuxième point fort est son adaptation au milieu aquatique grâce à ses pates quasi-palmées et sa fourrure imperméable et isolante car l’eau des gaves est froide ! Sa troisième particularité est son appétit féroce : la vie en milieu froid lui impose de se nourrir très régulièrement. Ainsi un jeûne de 6 heures est un danger de mort pour le Desman… Cet appétit féroce se calme seulement à la période des amours, où il se nourrit d’autres délicatesses ! (Gac, 1975) Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne

35


La vallée d’Ossau | La vie sauvage ossaloise

Les adaptations de

la Faune à la Montagne Comment résister aux intempéries, au froid, au vent, à la neige, au manque d’oxygène et de nourriture alors qu’il faut respirer et manger sans cesse ? Les duretés de la montagne ont éliminé les inadaptés. Chez les survivants chaque espèce a ses solutions et ses techniques pour faire face aux contraintes de l’altitude. b

Le Manque d’air Avec l’altitude la diminution de la pression atmosphérique entraine une raréfaction de l’oxygène. La respiration devient difficile, on parle d’ « hypoxie ». Afin de compenser ce manque de « combustible », le sang des animaux montagnards est plus riche en globules rouges, et ces globules sont plus petits pour optimiser leur surface d’absorption. Le cœur n’est pas forcément plus gros mais il est plus musclé et il fonctionne plus lentement. Egalement, les poumons peuvent être plus efficaces, surtout chez les oiseaux. Ces derniers sont particulièrement bien adaptés aux variations de quantités d’oxygène disponibles, les brusques changements d’altitude durant leurs vols ne leurs font pas perdre la tête ! Le Gypaète barbu ou le Chocard peuvent s’élever jusqu’à 6000m en un vol. L’air porte moins mais les vents sont puissants en altitude. Ainsi les oiseaux ont développé des atouts afin de s’économiser en pratiquant des vols planés et en utilisant les courants ascendants : ils possèdent des ailes plus longues. Par exemple l’envergure de l’aigle dépasse 2m10.

36

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne


Le Froid En montagne la température peut passer du torride au glacial d’un instant à l’autre, d’un emplacement à l’autre. Pour s’adapter au froid, les animaux s’emmitouflent, recherchent les expositions les plus propices. Il y a également adaptation du rythme journalier aux heures les plus chaudes et du cycle annuel au fil des saisons. La température interne des insectes est le reflet de l’extérieur. Grâce à leur petite taille ils se réfugient sous les pierres ou dans les coussinets de plante où l’humidité y est constante. C’est pourquoi les insectes d’altitude ont souvent des formes plus aplaties. Egalement ils cherchent à optimiser leur exposition au soleil. Leur couleur, généralement plus sombre qu’en plaine, optimise leur absorption des rayons calorifique et les protège de la violence des rayons ultra-violets. Ce « mélanisme montagnard » est général à bon nombre d’espèces d’altitudes comme les escargots, les limaces, les rongeurs. En revanche certaines rares espèces homochromes optent pour un pelage blanc en hiver (voir ci-après les adaptations à la neige). C’est le cas du lagopède, mais son pelage hivernal blanc l’aide également à combattre le froid grâce à la constitution particulière de ses plumes d’hiver et à la couche d’air isolante qu’elles piègent. Les papillons d’altitude sont plus petits, plus ternes, plus poilus. Pour s’adapter au froid et à l’humidité des nuits en altitude ils ne volent pas après le coucher du soleil. Engourdis par le froid, ils s’abritent dans le sol chaud ou les fissures rocheuses en attendant jusqu’au lendemain que la chaleur du soleil revienne.

Il est important d’assurer la descendance. Mais pour s’économiser un bon nombre d’espèces d’insectes étalent leur cycle vital sur deux ans, diminuant le nombre de générations. Les œufs sont souvent protégés à terre et/ou dans un cocon. Les mammifères sont dotés d’une fourrure à meilleure capacité d’isolation, qui change au fil des saisons pouvant doubler son volume en hiver. Egalement, une couche de graisse juste sous la peau complémente cette isolation. Afin de limiter les pertes de chaleur au niveau des oreilles, du museau et des pattes directement à l’air libre, ces extrémités sont souvent réduites. Cependant, au moindre effort ils risquent d’étouffer sous leur carapace de graisse, de poils ou de plumes ! Ainsi ils disposent également de mécanismes physiologiques adaptés pour évacuer les excès de chaleur.

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne

37


La vallée d’Ossau | La vie sauvage ossaloise

Le Vent Nombre d’insectes montagnards n’ont plus la faculté de voler. Due à la diminution de la pression atmosphérique, au froid qui entrave et retarde la métamorphose et au vent qui balaie les cimes rendant les vols difficiles, de nombreux insectes n’ont pas d’ailes en altitude. Ils sautillent mollement dans les herbages de l’étage alpin. Ceux qui se risquent à voler doivent craindre les rafales, c’est pourquoi ils rasent le sol, ou effectuent des vols courts et tendus. Les mammifères et oiseaux se tiennent face au vent afin que leurs plumes et poils soient plaqués le long du corps. Lorsqu’ils le peuvent ils se réfugient sur les versants abrités. Chez les oiseaux on trouve des experts des grands mouvements d’air. Par exemple l’aigle exploite les courants ascendants d’air chaud pour s’élever de plusieurs kilomètres en planant en orbes. Le vautour fauve attend lui aussi les courants d’air chauds pour prendre son vole matinal.

La Pente En montagne, grimper peut être une condition de survie ! L’isard par exemple est bâti pour vivre sur des terrains pentus : sa morphologie lui permet de bondir sans effort. Ses membres sont très musclés, il a de longues pattes postérieures, son bassin et ses omoplates sont presque horizontaux et les angles entre les os de ses membres sont prononcés. Il fait des bons jusqu’à 12m, saute 4 à 5 m de haut, et une chute libre de 8m ne lui fait pas peur ! Le bord dur et tranchant de ses sabots s’accroche et se plante dans les névés les plus durs. Une membrane limite l’écartement des pinces et joue le rôle de raquette à neige.

38

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne


La Neige La neige pose de nombreux problèmes aux ani-

qu’ils muent plusieurs fois par an pour adapter leur

maux en montagne. En plus d’enfouir toute source

couleur en harmonie avec leur environnement. Leur

d’alimentation, c’est un milieu peu stable qui limite les

mimétisme est parfait ! En hiver ils ne sont que bou-

déplacements. Les animaux sombres, contrastant avec

le de neige vivante, tandis qu’en été ils sont motte de

la blancheur de la neige, attirent les ennemis et préda-

terre ou rocher. Leur queue garde tout de même une

teurs. Ainsi des adaptations sont nécessaires.

touche de noir pour se signaler aux autres individus de l’espèce. C’est la variation des cycles d’éclairement, se-

En Vallée d’Ossau certains animaux comme le lago-

lon les jours et saisons, qui provoquent un déclenche-

pède et l’hermine sont « homochromes », c’est-à-dire

ment hormonal à l’origine de ces mues spectaculaires.

L’Hiver

Pour s’adapter à la mauvaise saison, les animaux mon-

yal passent la mauvaise saison en plaine, au pied des

tagnards optent pour différentes attitudes.

massifs qu’ils occupent l’été.

Les moins frileux choisissent de rester en altitude et de

En revanche certains refusent de déménager, tels les

poursuivre une vie active, même sous plusieurs mètres

chocards à bec jaune qui guettent autant les fins de

de neige. Le campagnol des neiges par exemple conti-

pique-nique de randonneurs en été qu’en hiver ! Pour

nue de circuler aisément dans ses galeries entre sol et

quelques uns, des descentes en journée leur permettent

neige. Surpris dans une tempête de neige, le lagopède

de trouver de quoi se nourrir mais ils remontent se cou-

se fige sur place et se laisse recouvrir. Après quelques

cher en altitude.

minutes il se retrouve blotti dans un petit igloo au chaud avec une petite cheminée d’aération façonnée

Certains mammifères ont la capacité de tomber dans un

par son haleine.

état léthargique pour de longues périodes lorsque les conditions de vie deviennent difficiles. La marmotte,

Certains bouleversés dans leurs habitudes par l’arrivée

le hérisson ou encore le loir entrent en hibernation

de l’hiver préfèrent migrer. Chez les oiseaux, les plus

(voir présentation des marmottes). L’ours brun est un

sensibles anticipent l’arrivée de l’hiver et migrent vers des horizons meilleurs tel le Milan Royal. D’autres oiseaux, mammifères et insectes effectuent des migrations altitudinales et s’installent dans un milieu différent

hivernant, il somnole au fond de sa tutte. Bourré de glands et d’aiguilles résineuses il n’est plus soumis à la faim intense qui l’anime le reste de l’année. Lorsque le temps

à chaque saison. Le pipit

le permet il sort pour de

spioncelle, le merle

courtes promenades puis

à plastron ou

rentre au chaud. Quelque

encore

soit le froid, il maintient

l’aigle

sa température interne

ro-

entre 29 et 34°C.

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne

39


La vallée d’Ossau | La vie sauvage ossaloise

Les hommes,

la Chasse et la Pêche La pêche n’a jamais été considérée comme une activité phare en vallée d’Ossau mais on trouve des témoignages de « touristes » pécheurs dès le XIXème siècle. Ainsi des Ossalois guidaient leurs clients pour des parties de pêche à la mouche sur les lacs d’altitude comme le Lac d’Aule et le Lac d’Artouste, en remontant les ruisseaux du Soussouéou. En 2011 le département a délivré 13000 cartes de pêche annuelles adulte, 2000 cartes journalières et 400 cartes « vacances ». Aujourd’hui la pêche est plus couramment pratiquée en loisir, elle est un atout pour le développement du tourisme dans le Béarn. La pratique de la chasse dans la Vallée d’Ossau date de l’arrivée de l’homme. Aujourd’hui sont principalement chassés l’isard, le sanglier, le chevreuil, la palombe. Les périodes d’ouverture de la chasse pour chaque gibier durent de 1 à 6 mois généralement, toute la semaine ou certains jours par semaine. Les chasseurs effectuent des repérages le reste de l’année. Les moments propices de la chasse sont le levé du jour et la tombée de la nuit, lorsque les animaux sont les plus actifs. Depuis Napoléon 1er en 1810 il faut détenir un permis de chasser pour être autorisé à chasser et à porter une arme. Aujourd’hui pour obtenir ce permis les chasseurs suivent une formation théorique et pratique. b

40

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne


MĂŠmoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne

41


La vallée d’Ossau | La vie sauvage ossaloise

La FLore La flore pyrénéenne offre des joies esthétiques, olfactives, visuelles et peut également être étudiée pour son aspect purement alimentaire ! De part la diversité de ses climats et des étages de végétation, la biodiversité florale de la Vallée d’Ossau est exceptionnelle. La flore dépend également du milieu qui offre des conditions de vie différentes : l’ensoleillement (l’exposition du versant), l’hygrométrie, le vent et le type de sol. Compte tenue des conditions des hautes altitudes la productivité du tapis végétal diminue jusqu’à disparaître à l’étage minéral glaciaire. b

La flore remarquable de Vallée d’Ossau comprend les espèces protégées (niveau régional, national ou européen), ainsi que les espèces rares et/ou menacées. Ces dernières sont souvent inscrites sur la liste rouge nationale, mais elles comprennent également les espèces endémiques présentes très localement et les plantes survivantes de temps passés aux climats très différents d’aujourd’hui, nommées plante relictuelles. Outre la protection vis-à-vis de l’activité humaine, il faut veiller à ce que l’habitat de cette espèce soit assez étendu pour que les végétaux se multiplient suffisamment pour obtenir un brassage génétique minimum. Ceci pour garantir la capacité à s’adapter et à évoluer. C’est donc toute une variété d’habitats qu’il est nécessaire de conserver afin de permettre aux plantes d’aujourd’hui de devenir des plantes de demain. (Pichon, 2012). C’est le cas de l’Aster des Pyrénées : répertoriée dans seulement 13 stations au monde. La vallée d’Ossau habrite 50% de l’effectif de cette fleur endémique des Pyrénées et Mont Cantabriques. La vallée d’Ossau abrite environ 25 espèces endémiques. On a le bonheur de trouver dans les prairies ossaloises l’Erodium de Manescot, par exemple au bord de la route qui monte au plateau de Benou. Dans les éboulis calcaires d’altitude on peut observer l’Iberis de Bernard (également présente chez nos voisin Aspois et jusqu’à Cauteret). On retrouve également en vallée d’Ossau quelques espèces végétales des régions froides de l’hémisphère Nord. Elles sont arrivées durant la dernière glaciation, puis ont disparu des vallées pour s’exiler sur les sommets durant le réchauffement. Sur le calcaire Saules des Pyrénées et Dryades forment des landines, leurs cousines vivent dans les contrées arctiques. On trouve également de très anciennes espèces qui datent d’avant la

Aster des Pyrénées

42

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne


période glaciaire. Par exemple le Petrocoptis des Pyrénées date de 100 millions d’années ! Pour l’observer rendez-vous à Gourette et portez vos yeux sur les blocs rocheux calcaires. Les prairies de fond de vallée sont pâturées au début du printemps. Lorsque les troupeaux montent en estive, la pousse reprend et ces terres seront fauchées une première fois en Mai-Juin pour les foins, puis une seconde fois pour le regain, et la pousse finale sera de nouveau pacagée par les troupeaux lorsqu’ils descendent de la montagne à l’automne. La marguerite, le Lin sauvage, les Renoncules jaune d’or, la Mauve musquée, entre autres, offrent les saveurs subtiles du foin coupé. L’étage montagnard, outre les forêts (cf cidessous) offrent nombreuses zones de pâtures. Aujourd’hui les quelques pâtures ou prairies de fauche non exploitées sont recouvertes par des landes dominées par la Callune et la Myrtille. L’étage subalpin est principalement entretenu par les troupeaux en estive. Le tapis végétal est donc de la pelouse basse. Dans les zones en déprise pastorale les landes reprennent du terrain. On trouve dans ces pelouses subalpines des gispet ainsi que des Rhododendrons, Myrtilles, Airelles en ombré et des Genevrier, Raisin d’Ours en Soulane.

gentiane bleu

jourbarbe

gentiane jaune

L’étage alpin abrite une flore qui a été capable de s’adapter aux conditions de l’altitude. sss anémone Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne

43


La vallée d’Ossau | La vie sauvage ossaloise

chardon bleu

Les nombreux habitats rocheux représentent des habitats spécifiques à certaines espèces. Par exemple les parois acides d’altitudes comme le Pic de Sesques et le Pic du Midi d’Ossau sont couvertes de Génépi. Sur les rochers, une sélection naturelle se fait en faveur des espèces capables de supporter la sécheresse, comme les androsaces qui poussent en coussinet et les joubarbes aux feuilles charnues. Les mégaphorbiaies, berges de torrents aux sols riches et souvent inondées, permettent le développement d’une végétation exubérante. Par exemple à Bious Artigue on trouve deux espèces endémiques des Pyrénées occidentales : le Cirse roux et l’Aconit panaché.

renoncule

grassette

rossalis 44

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne

Les tourbières sont un lieu de vie des plantes carnivores. Le sol étant pauvre, certaines plantes ont développé un autre mode d’alimentation pour y vivre : se nourrir d’insecte. Leurs feuilles, collantes (la Grassette) ou munies de poils glanduleux (les Rossolis) capturent de petits invertrébrés. Puis grace à l’action de sucs digestifs elles parviennent à absorber les éléments nutritifs. b


La végétation et

L’activité Pastorale Le métier de Berger, voir ci-après, est une véritable « course à l’herbe ». Les pâtures d’altitude offrent une alimentation de qualité aux brebis, composée de graminées, thym serpolet, réglisse, fétuque, gentiane, nard raide, trèfle des alpes, chardon bleu, myrtille, framboisier, … plus d’une cinquantaine d’espèce ! En zones intermédiaire les brebis trouvent du brachypod penné et du genêt balai. Pendant ce temps en vallée et en plaine les bergers ou leurs familles récoltent le regain des prés, composé principalement de regain et dactyle, qui procurera aux brebis les ressources nécessaires pour l’agnelage et l’allaitement durant l’hiver. Notons que le trèfle est particulièrement très riche. Si les brebis en mangent trop elles n’auront pas le temps de le digérer, une fermentation commence et leur estomac se rempli de gaz. Cela s’appelle la météorite. Les remèdes des anciens ? leur mettre un bâton dans la bouche pour les faire roter cet excès de gaz, leurs faire boire du petit lait pour aider la digestion, ou bien leur percer la pence pour évacuer le gaz, même si cette pratique était sujette à infections elle était pratiquée dans l’espoir de sauver la brebis. b

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne

45


La vallée d’Ossau | La vie sauvage ossaloise

Adaptation des plantes

pour vivre en Altitude Les plantes d’altitude révèlent des caractères morphologiques originaux qui illustrent leur adaptation au monde particulier de la montagne. b

Végétaux nains et fleurs éclatantes La double action d’une intense luminosité qui bloque la croissance végétale et les grands écarts de températures jour-nuit sont à l’origine du nanisme des plantes d’altitude. L’allongement des plantes s’opère naturellement de nuit, il est inhibé par le froid des nuits en montagne. Les rayons ultraviolets ralentissent également la croissance verticale alors qu’il a peu d’influence sur celle des tiges horizontales. Ainsi les fleurs de montagne disposent d’un vaste système racinaire horizontal pour retenir le sol et vertical pour ancrer la plante et chercher en profondeur un peu de chaleur, des éléments nutritifs et de l’eau. Par exemple le silène acaule haut de 1 à 2 cm envoie ses racines à plus d’1m50 de profondeur ! Tout ce qui augmente le pouvoir attractif de la fleur améliore sa probabilité de reproduction en attirant les agents pollinisateurs relativement rares en altitude (car gênés par le froid et le vent). Ainsi les fleurs optent pour des formes compliquées (mieux perceptibles par un œil d’insecte), dégagent des parfums intenses, se gorgent de nectar et se colorent violemment afin de séduire un maximum d’insectes.

46

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne


Duvets et coussinets Un certain nombre de plante d’altitude couvrent leur épiderme d’un chaud pelage blanchâtre afin de se protéger du gel, des rayonnements ultraviolets et du dessèchement de l’air mais également des périodes d’humidité entempestives. Chez la plupart des fleurs alpines le feuillage reste réduit. Il est cependant coriace et tente de s’appliquer à son support. Ceci leur permet de s’adapter aux alternance humidité et sécheresse. Les formes en coussinet permettent aux plantes de s’agripper aux moindres aspérités des roches et de coloniser des falaises verticales. Ces coussinets peuvent dépasser les 50 ans. En effet la plante en altitude a besoin de temps pour accumuler les substances nécessaires à sa floraison. Il faut parfois 10 ans avant qu’il porte une fleur et 20 ans pour une pleine floraison !

Sommeil hivernal et fleurs articulées Le climat sévère de montagne restreint le développement et la reproduction des plantes à une très courte période. C’est pourquoi on observe une explosion de la vie au printemps tardif et durant le bref été. Pour germer, croître, fleurir, se faire féconder, fructifier et porter à maturité ses graines, la plante dispose parfois seulement de quelques semaines ! Pour allonger leur période de végétation, les plantes acceptent parfois quelques compromis. Comme la gentiane jaune, un quart des espèces d’altitude gardent leur hampe florale durant la mauvaise saison. On les voit pointer au dessus de la neige, les graines n’y achèvent leur maturation qu’au milieu de l’hiver. Les rafales les transportent ensuite sur de longues distances. D’autres peuvent fleurir sous la neige comme les crocus ou les soldanelles. Le rhododendron lui fait ses bourgeons à l’automne, ils seront protégés du gel par la neige et prêts à éclore rapidement dès la fonte de celle-ci.

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne

47


Les hommes et la Cueillette Dans le temps, les hommes cueillaient pour se nourrir et se soigner. De génération en génération se transmettait la connaissance des plantes comestibles et de leurs propriétés. La cueillette, jadis fastidieuse et contraignante est devenue plaisir et détente. De nos jours nombreux sont ceux qui renouent avec la cueillette sauvage. Ils y viennent par différents chemins : la curiosité, l’exploration des goûts, la recherche d’un équilibre alimentaire, le désir d’une alimentation sauvage et diversifiée… l’instinct premier de cueilleur-chasseur s’exprime de nouveau ! (Bertrand, 2011) Les activités traditionnelles sont évidemment l’une des origines de cette riche diversité. Leur disparition serait une menace pour cet équilibre fragile, tout comme le manque de respect et l’avidité de certaines présences humaines. Nous devons réapprendre à collecter sans détruire, cueillir sans arracher, observer sans déranger. Nous, Accompagnateurs en Montagne, comme tout autres professionnels de la montagne, avons un rôle éducatif au travers de l’éveil et de la sensibilisation à cette beauté, cette richesse précaire de dame Nature.

« Dans un tel contexte naturel riche et d’une étonnante diversité, la glane redevient ce qu’elle a toujours été pour l’homo sapiens : une école de vie ! » Bernard Bertrand

48

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne


La vallée d’Ossau | La vie sauvage ossaloise

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne

49


La vallée d’Ossau | La vie sauvage ossaloise

Les Fôrets L’étage montagnard est le domaine du Hêtre, accompagné de Sapins dans la partie supérieure. La vallée d’Ossau abrite trois types de hêtraies : • La Hêtraie calcaire à Buis, vers 800m d’altitude sur les versants Nord. Elle offre vie au Laurier des bois, à l’Anémones Hépatiques, à l’Hellébore vert. • La Hêtraie humide à Saxifrage hirsute. Les plantes à bulbes de sous bois fleurissent en début de saison avant que le feuillage diminue la pénétration des rayons du soleil. Le bleu intense des fleurs clochettes de la Jacinthe des Pyrénées, ou encore le blanc pur de l’Ail des Ours la rendent magnifique au printemps ! • La Hêtraie acide qui contraste des deux précédentes avec son tapis végétal pauvre composé principalement de Fougères et Myrtilles.

Certaines forêts comme le bois de Lavigne, du Bitet ou certaines sapinières de la forêt communale de Laruns offrent une diversité de vie exceptionnelle. Epargnées par les coupes forestières, les bois morts permettent la vie de nombreux micro-organismes, de lichens, mousses, et il existe une diversité de taille et d’âge des arbres. La fameuse forêt de Pins à crochets emblématique des Pyrénées est rare en vallées d’Ossau. La forte activité pastorale a développé de nombreuses zones de pâturage d’estive diminuant le développement de ces forêts. On trouve quelques pinèdes à crochet et Pin sylvestres sous le Lac d’Artouste, sur le bas des pentes de la vallée du Soussouéou. b

Les hommes et les arbres,

une entraide de longue date ! Les hommes ont depuis fort longtemps travaillé le bois. Les charpentes des vieilles granges toujours debout attestent de ce savoir faire de l’époque. Il existe également un savoir faire méticuleux pour la fabrication d’outils, instruments de musique, meubles, collier de sonnailles, etc. Egalement la sève de bouleau, récoltée au printemps lors de la montée de sève est consommée à la même période dans le but de se purifier après la dure saison. Pour finir, l’entretien des forêts est doublement bénéfique, il permet à la fois d’obtenir du bois de chauffe en grande quantité et de garder les forêts en bonne santé.

50

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne


Une série évolutive

de Végétation comment se reconstitue la forêt sur un sol mis à nu en étage montagnard ? Sur un sol mis à nu par une coupe à blanc ou un incendie en versant ombré, se succéderont plusieurs stades végétatifs. Pour commencer une pelouse s’installe dominée par des graminées et épilobes car l’ensoleillement important (du à la disparition du couvert forestier) lève la dormance des graines enfouies dans le sol. Ensuite lui succédera lande petit à petit envahie d’arbustes. Ces derniers, en favorisant l’humidité dans le sol et en offrant abris et ombre facilitent la germination des graines de grands arbres : sapin et hêtre principalement. Ainsi au fil du temps ces arbres composent une forêt profonde habitée par une faune riche.

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne

51


La vallée d’Ossau | La météorologie façonne la Vallée d’Ossau

La vallée

d’Ossau La météorologie façonne la Vallée d'Ossau Spécificités des montagnes

52

54 54

L a Vallée d'Ossau sous l'influence de 3 climats

55

L a météo ossaloise

56

Réchauffement climatique

57

L'eau

57

Le relief et la quantité d'eau donnent naissance à l'Hydroélectricité

58

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne


MĂŠmoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne

53


La vallée d’Ossau | La météorologie façonne la Vallée d’Ossau

La météorologie façonne la Vallée d’Ossau

Spécificités des montagnes Où que l’on soit sur la planète, avec l’altitude imposée par les montagnes la température baisse et la pluviosité augmente. L’insolation diminue jusqu’à l’altitude habituelle des manteaux nuageux puis augmente au-delà. La qualité de la lumière est la même qu’en plaine, mais la quantité d’ultraviolets augmente significativement. En revanche la pression atmosphérique diminue et avec elle la quantité d’oxygène disponible. (Gac, 1975) Dans les Pyrénées les contrastes sont forts entre été et hiver, selon les versants soulane et ombrée, et entre la nuit et le jour. Ainsi la Vallée d’Ossau offre aux êtres-vivant une mosaïque de conditions différentes et de microclimats. b

54

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne


La Vallée d’Ossau sous

l’influence de 3 climats La vallée d’Ossau reçoit les influences de 3 climats aux vents dominants d’ouest et de la proximité avec distincts : le climat plus sec de la partie ibérique des Pyrénées. • De l’Ouest le climat Océanique : il vient de l’atlantique et apporte de fortes pluies tout au long de l’année. L’amplitude thermique est faible (inférieure à 12°C), la température moyenne étant assez douce. • De l’Est le climat Subocéanique : il vient des montagnes, apporte une pluviométrie modérée mais de faibles températures, bien que l’amplitude thermique soit importante. • Du Sud le climat subcontinental à tendance méditerranéenne avec une pluviométrie plus faible et irrégulièrement répartie au cours de l’année, des températures moyennes bien plus chaudes et une amplitude thermique très élevée.

Par exemple les sommets séparant la vallée d’Ossau de sa voisine à l’Ouest la vallée d’Aspe sont les premiers sommets depuis l’Atlantique, ils stoppent ainsi les flux océaniques gorgés d’humidité. Avec leurs 2m de pluie par an ces sommets sont parmi les secteurs les plus arrosés de France !

Un autre exemple de différence de pluviométrie, prenons Laruns et le lac d’Artouste, distant de seulement quelques kilomètres à vol d’oiseau. Laruns, situé à 500m d’altitude, reçoit environ 1700mm d’eau par an alors qu’au lac d’Artouste, perché à 2000m, il en tombe seulement 1200mm/an. En effet le secteur entre l’étroit du Hourat et la frontière est une zone à faible précipitations : les La rencontre de ces trois climats crée une météo- premiers sommets stoppent les nuages humides, rologie complexe considérée comme subocéanique, la pluie tombe en basse vallée et lorsque les nuages douce et moyennement arrosée. Elle engendre des sont assez légers pour passer les sommets ils ont disparités en fonction de l’altitude, de l’exposition bien moins d’eau à déverser. b

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne

55


La météo

ossaloise Le Foehn ou

la Balaguère Le vent de Sud chargé d’humidité rencontre les montagnes côté espagnol, il s’élève et par un phénomène de compression il perd son eau sous forme de pluie. Le vent asséché redescend alors le versant opposé de la montagne. Par détente, il se réchauffe : il peut gagner jusqu’à 10°C par kilomètre de dénivelé, et s’accélère pouvant atteindre plus de 100km/h ! La vallée d’Ossau et le Béarn peuvent ainsi connaître des températures très douces en automne et en hiver. Les nuages « lenticulaires » sont des signes de foehn. Un vieux dictons béarnais disait « boha balaguera, madura milhoquère » « souffle vent du sud, fais murir le maïs »

Il pleut 160 jours par an en vallée d’Ossau, avec un minimum en juillet et un maximum en décembre. Le Béarn connait de forts orages d’été qui peuvent éclater à tout moment et déverser des trombes d’eau ! En contre partie l’automne est souvent très plaisant et bien plus sec. Les températures elles sont bien moins disparates que la pluviométrie. Logiquement les températures diminuent en altitude. Ce phénomène est même accentué en hiver par la gorge resserrée d’Eaux-Chaude qui arrête les masses d’air froides qui descendent des montagnes et protège ainsi la basse vallée. En revanche l’été on peut être surpris de subir des fortes chaleurs tout aussi pesantes en altitude qu’en plaine. La douceur du Béarn empêche la présence de glaciers alors que par exemple dans les Alpes on trouve des langues glacières à des altitudes similaires. Il reste seulement le pseudo-glacier d’Ossau : ce permafrost s’est mélangé à l’éboulis qui résulte de l’érosion du Pic du Midi d’Ossau et s’est lentement écoulé sur la pente du Pic. Ainsi aujourd’hui ce glacier est inactif car son mouvement s’est arrété. b

56


La vallée d’Ossau | La météorologie façonne la Vallée d’Ossau

Réchauffement

climatique La vallée d’Ossau n’échappe pas aux conséquences du réchauffement global constaté actuellement. L’impact est double : sur l’activité économique locale et sur la vie sauvage. Les 1.1°C de réchauffement que connait la vallée depuis les années 1990 peuvent paraître anodins mais ils ont déjà des effets. L’enneigement moyen a diminué de 10 à 15 jours et la surface des glaciers pyrénéens a diminué de 85% depuis 1850 ! Les divers scénarios annoncent une diminution de l’enneigement moyen de la vallée d’Ossau de 124-129 jours aujourd’hui à 80-82 jours en 2050. Ceci a un impact sur l’économie locale affaiblissant les stations de ski qui représentent un investissement considérable des communes. Mais par ailleurs, cette diminution de l’enneigement modifie réellement les conditions de vie des espèces montagnardes, obligeant certaines à monter de plus en plus haut en altitude pour retrouver leurs conditions de vie habituelles. b

L’eau Le gave d’Ossau prend sa source dans le cirque d’Anéou à plus de 2000m d’altitude. Il s’écoule au sein de la vallée d’Ossau sur plus de 50km. Il rejoint le gave d’Aspe de la vallée voisine à Oloron, 1800m plus bas. Le bassin versant de l’Ossau couvre plus de 490km² pour 40km de long sur 20km de large. La vallée d’Ossau a été façonnée par les glaciers de la fameuse époque glaciaire. A son apogée le glacier d’Ossau faisait 40km de long partant de la haute Ossau jusqu’à Arudy. En réalité quatre glaciers de Haute Ossau ont creusé les vallées du Valentin, du Soussouéou, du Brousset et de Bious. C’est au niveau de Laruns qu’ils convergeaient. Le glacier érode les roches donnant une forme de U aux vallées. Cependant sur son chemin le glacier est confronté à des roches plus dures qui limitent son cheminement et son pouvoir érosif. On retrouve ces zones dans le paysage actuel où la vallée y est plus étroite comme aux Gorges de Hourat et au verrou glaciaire de Castet. Ainsi les roches décrochées de la montagne sont déposées au bout du glacier constituant une moraine dans une zone appelée « front glaciaire ». Le front du glacier d’Ossau a formé un immense amphithéâtre de Sévignacq à Bescat. Cette zone a alors fait barrage à l’actuel gave d’Ossau qui, au niveau d’Arudy, bifurque vers l’Ouest ne pouvant continuer son cours plein nord. b

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne

57


La vallée d’Ossau | La météorologie façonne la Vallée d’Ossau

Le relief et la quantité d’eau donnent

naissance à l’Hydroélectricité En vallée d’Ossau la force hydraulique a été mise à profit il y a fort longtemps grâce aux moulins à eau. En 1476 fut construit le canal d’Arudy pour alimenter divers moulins sur son cours. Puis au XIXème et XXème siècle l’arrivée de l’hydroélectricité a été un fort atout pour développer de nouvelles industries dans la vallée telles qu’une papeterie, une usine de carbonate de calcium, une métallurgie marbrerie tannerie, etc. L’idée de stocker l’eau dans de grands réservoirs en altitude pour la turbiner dans des centrales en basse vallée se concrétise finalement au début du XXème siècle. Juste avant la 1ère Guerre Mondiale, en 1913, la Compagnie des Chemins de Fer du Midi se penche sur les capacités hydroélectriques ossaloises. En électrifiant son réseau ferré elle pense remplacer la traction vapeur, qui s’adapte mal au profil accidenté des montagnes, par un moyen de traction plus souple, plus économique et plus rapide. Finalement la ville de Laruns accorde à la Compagnie des Chemins de Fer du Midi la 58

construction de trois usines afin d’alimenter la ligne Bedous-frontière espagnole. En raison de la 1ère Guerre Mondiale, c’est seulement en 1920 que commence la construction des trois usines de Hourat (achevée en 1925), Miégebat (deux ans plus tard) et Artouste (achevée en 1929, avec son barrage de 27 mètres qui contient 24 millions de mètres cubes). Puis, pour pallier le déficit d’électricité de la 2nd Guerre Mondiale le barrage (6.7 millions de m3) et l’usine de Fabrège sont construits entre 1940 et 1946 puis l’usine de Saint-Cricq. Durant la période de reconstruction post-guerre les besoins en électricité augmentent et de nouvelles grandes installations sont construites en 1950 et 1965, comme par exemple le Barrage de Bious Artigue qui peut stocker jusqu’à 5.1 millions de m3 ! Le barrage de Castet permet d’atténuer les forts marnages du Haut-Ossau. En parallèle sont construits de petites centrales. (Pichon, 2012). Depuis les années 1990 le paysage hydroélectrique ossalois a peu évolué, mais c’est la gestion de ce parc hydroélectrique qui pourrait évoluer. En 2006 l’Etat s’est engagé envers l’UE à mettre en concurrence 20% de son parc hydroélectrique avant 2015, toujours en cours. L’activité hydroélectrique de la vallée est bien sur concernée : des producteurs d’énergie français ou étranger peuvent se porter concessionnaires des infrastructures en place pour y produire l’électricité pour des périodes de 30 à 40 ans ! Outre l’important aspect environnemental du à l’impact de la gestion de l’eau sur la fragilité des espaces aquatiques et montagnard, c’est également quelques 80 emplois salariés dans la vallée qui pourraient être touchés. b

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne


MĂŠmoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne

59


La vallée d’Ossau | Conclusion

La vallée

d’Ossau

60

Conclusion : une vallée habitée et vivante

62

Sa population

62

L es politiques publiques de la Vallée d'Ossau

62

Un tourisme en expansion

63

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne


MĂŠmoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne

61


La vallée d’Ossau | Conclusion

Conclusion : une vallée habitée et vivante Objectifs

Parc National Le Parc National des Pyrénées a trois missions : • Connaître les patrimoines naturel, culturel et paysager et préserver la faune, la flore, les habitats et le patrimoine culturel. • Favoriser un développement durable et une gestion conservatoire des patrimoines naturel, culturel et paysager de son territoire. • Mettre le patrimoine à disposition de tous. Avec la réforme de 2006 la zone périphérique du parc national devient l’aire optimale d’adhésion. Les communes qui le souhaitent se joignent à cette aire après acceptation d’une nouvelle charte. Celle-ci ne fait pas l’unanimité et certaines communes qui étaient autrefois incluses dans la zone périphérique refusent cette adhésion, comme la commune de Laruns par exemple. La modification du décret de 1967 réveille de vielles rancunes, qui n’ont jamais vraiment été apaisées, et qui sont présentes à des degrés divers dans d’autres territoires. Déjà dans les années 1960 André Fabre, conseiller général de Laruns, s’opposait à une « sanctuarisation irréversible » de la montagne. Comme en 1967, l’Etat n’envisage pas une politique d’acquisition foncière en zone centrale et maintient les droits de propriété antérieurs. Cependant ce maintien est ressenti comme une hypocrisie car malgré le maintien de la propriété formelle des terrains il y a bien une dépossession foncière et du pouvoir de police habituellement exercé par les mairies. Les territoires sont « confisqués » par des pouvoirs lointains, nationaux ou européens. Force est de constater que la multiplication des zonages et des contraintes crée du mécontentement et désarroi même chez les élus les plus modérés.

62

Comme nous venons de le voir, la Vallée d’Ossau a une forte identité qui repose sur son patrimoine naturel remarquable et ses traditions séculaires. Alors quel avenir pour cette belle et riche vallée ?

Sa Population Après plusieurs années d’exode rural on constate aujourd’hui une augmentation de la population. Par exemple la petite commune d’Aste-Béon recense en 2014 259 habitant contre 159 en 1993. Ainsi malgré une population vieillissante la tendance s’inverse avec l’arrivée de nombreux jeunes actifs. Cette évolution est favorisée par plusieurs secteurs économiques attractifs qui sont en lien avec le patrimoine naturel, y compris les activités traditionnelles tels que le pastoralisme que nous allons étudier plus particulièrement dans la partie suivante. Ce renouveau entraine un certain optimisme chez les ossalois au sujet de l’avenir de leur vallée ! b

Les politiques publiques de

la Vallée d’Ossau La réforme des collectivités fait débat et le regroupement des communautés de commune suscite des questions. La Vallée d’Ossau a bien plus de problématiques communes avec les communes des vallées voisines (Aspes, Ouzoum, Barétous) qu’avec les communes de plaines. Elle aurait pu être regroupée avec la communauté de commune du Barétous et celle de la Vallée d’Aspe avec lesquelles il existe déjà de nombreux échanges économiques et organisationnels qui se traduisent par une gestion commune de certaines filières comme le lait et la viande. La vallée instaure également des échanges culturels et des partenariats économiques avec l’Espagne voisine.


La vallée d’Ossau | Conclusion

Comme nous l’avons vu, la riche nature de la vallée est bien préservée. C’est pourquoi la majeure partie du territoire fait parti du réseau Natura 2000, dont un diagnostique écologique en 2012 a confirmé la richesse naturelle de la vallée. Suite à ce diagnostique des actions devraient être mises en place petit à petit avec pour objectif de pérenniser les activités traditionnelles garantes de la préservation d’écosystèmes et de paysages attractifs. Enfin, une grande partie de la Vallée d’Ossau est au cœur du Parc National des Pyrénées, entrainant bon nombre d’aspects positifs et de constations. b

Un tourisme

en expansion En quelques siècles le tourisme est devenu une voie d’avenir de l’activité ossaloise. Il commence au XVIIIème siècle avec le thermalisme des Eaux-Bonnes. L’activité touristique se modernise au XXème siècle avec la naissance des stations de ski : Gourette en 1930 et Artouste en 1969. Celles -ce attirent de nombreux skieurs, français et étrangers, mais elles semblent menacéesàmoyentermeparledérèglementclimatique. C’estpourquoi une vaste campagne de diversification des activités, tant hivernales qu’estivales, est actuellement mise en place afin de palier à l’avenir incertain des stations. Comme nous l’avons vu plus haut, le thermalisme connait un renouveau depuis les années 1990 avec l’apparition des spas et de l’hydrothérapie. Elles investissent aujourd’hui pour répondre à une demande de loisir et non plus seulement curative comme c’était le cas dans le passé. Le tourisme de pleine nature, « tourisme vert », se développe fortement en réponse à la demande des citadins en quête d’authenticité et de proximité avec la nature pour leurs vacances. La vallée compte plus de 110 hébergements dont des gîtes et chambres d’hôtes. Au regard de la diversité des paysages, l’escalade, le canyoning et la randonnée connaissent un véritable succès. Ainsi, la prodigieuse nature et les atouts de son développement promettent un bel avenir au tourisme de la Vallée d’Ossau ! b Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne

63


Le Pastoralisme Ossalois | Activité pastorale et la grande Transhumance

Le Pastoralisme

Ossalois

64

La situation de la Vallée d'Ossau fait naître l'activité pastorale et la grande Transhumance

68

L es Terres ossaloise

68

Être berger : un héritage familial

71

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne


MĂŠmoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne

65


66

MĂŠmoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne


Le Pastoralisme Ossalois | Introduction

Le Pastoralisme

Pyrénéen

se modernise dans l’authenticité — exemple de la Vallée d’Ossau Le pastoralisme, c’est la relation interdépendante qui existe entre les éleveurs, leurs troupeaux et la nature qui les entoure. La transhumance est un moyen d’optimiser cette relation donnant-donnant grâce à la migration périodique des troupeaux (en latin trans signifie « de l’autre côté » et humus la « terre, pays »). Par transhumance on entend voyage mais également pratique d’élevage liée au cycle des saisons. Ceci afin de profiter au maximum de ce que la nature a à offrir, mais également afin de l’entretenir. C’est bien en entretenant la nature qu’elle nous donne davantage, à condition bien sur de ne pas en abuser. En Vallée d’Ossau, l’équilibre de cette interdépendance est à la fois complexe est puissante depuis des millénaires. b

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne

67


Le Pastoralisme Ossalois | Activité pastorale et la grande Transhumance

La situation de la vallée d’Ossau fait naître l’activité pastorale et la grande transhumance

Les terres

Ossaloise Du néolithique à nos jours, les activités agropastorales sont à l’origine des paysages pyrénéens et en particulier ossalois. Elles sont également le pivot de l’économie montagnarde. (Lévy, 1999). Les terres de montagne ne sont pas naturellement propices à l’agriculture en raison du climat d’altitude et de la topographie. Les belles prairies présentent dans les fond de vallée offrent des conditions favorables avec des terres riches et naturellement irriguées, mais leur superficie reste limitée. La vallée d’Ossau possède également des landes au Pont Long (Nord de Pau) : une aide non négligeable pour diversifier les cultures et les échelonner dans la saison. Ainsi en raison des terres disponibles et du climat, le peuple Ossalois devait se déplacer vers les régions voisines pour s’adapter au climat. Ce peuple de 68

bergers, transhumants, a fait l’histoire de la Vallée d’Ossau. (Arripe, 1987) L’homme n’a pas inventé la transhumance, il a simplement reproduit le comportement de l’ancêtre du mouton qui se déplaçait pour s’adapter aux saisons. L’hiver, seules les plaines de Gascogne offrent de l’alimentation suffisante pour les troupeaux. Au printemps les bergers rejoignent les fonds de vallées pour ensuite monter dans les estives au fur et à mesure que la neige fond. A l’automne c’est la neige qui chasse les troupeaux et leurs bergers les obligeant à descendre pour rejoindre l’herbe qui a repoussé depuis leur passage quelques semaines ou mois auparavant. Transhumer est différent du nomadisme car ces déplacements concernent seulement le berger et son troupeau pendant que la famille reste « à la maison ». Ainsi la transhumance fait entièrement partie de l’histoire de la Vallée d’Ossau. Les premières sources écrites de la grande transhumance datent du XIIIème siècle. A cette époque les bergers payaient des droits de passage et de pacage par tête dans chaque troupeau. Ces paiements disparaissent suite à des conflits au XIVème et XVème siècle entre les Etats Béarnais et le Royaume de France. Le roi Louis XI accorde la franchise de passage aux troupeaux. Ainsi pendant 3 siècles des bergers ne payaient que les herbages aux divers propriétaires. sss

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne


Encore il y a quelques dizaines d’années, les bergers ossalois étaient bien accueillis : « Ils nous logeaient, ils nous faisaient la litière pour les brebis et nous on leur donnait quelques coups de main, mais on était nourri et logé pour le fumier, et on avait des pacages. Selon le nombre de pacages qu’on avait dans le coin, on restait le temps qu’il fallait, 3 semaines, 1 mois et après on s’en allait dans un autre village » André Fourcade (Gère-Belesten – Riscle) (Doutreleau, 2014) Les Landes du Pont Long étaient désirées. Elles sont certes loin mais elles représentaient une aide précieuse pour les cultures de foin, de maïs, de haricots, etc. Les syndicats en avaient la gestion et il était difficile de les obtenir pour les agriculteurs de Haute-Ossau. Elles ont finalement étaient récupérées par le syndicat dans les années 1980. (CARRERE, 2015) Comme le pastoralisme était l’activité principale de la vallée d’Ossau, il était contrôlé pour éviter toutes fraudes. En Vallée d’Ossau, la montagne est soit propriété des communes soit indivise. Sur ces parcelles indivises les syndicats du bas et du haut Ossau doivent assurer le bon fonctionnement de

Celle-ci diffère pour les bergers locaux (aujourd’hui 30centimes/brebis, 3à6€/vache) ou les étrangers (6€/brebis, 40€/vache). Les dates de montée en estive diffèrent également : les locaux peuvent rester plus longtemps dans les hautes altitudes que les étrangers. Les parcours des troupeaux, les règles individuelles et collectives sont définies dans chaque vallée. Les zones pastorales sont organisées en estives, « cujala » en béarnais, qui comprennent la cabane de berger, l’enclos attenant, le lieu de traite et le terrain où passent les brebis. Le Cujala est un lieu de vie et de travail. Aux abords des villages, les propriétés privées les plus éloignées avaient un cabanon,« coustè », pour éviter d’avoir à rentrer au village pour passer la nuit.

l’activité pastorale, les accès, etc. Les pâturages sont gérés en fonction de leur capacité à recevoir des troupeaux. Ainsi depuis fort longtemps les communes et commissions syndicales, qui sont en charge de la gestion de la montagne, louent des parcelles aux bergers transhumants. Les bergers paient une bacade, c’est-à-dire une redevance versée par les

Par exemple la commune de Laruns possède 3 types de pâturages pour les animaux : les propriétés privées, les pâturages communaux spécifiques et les montagnes « générales » (régies par le Syndicat du Haut Ossau). Les bergers de la commune pouvaient également avoir accès aux landes du Pont-Long (ré-

propriétaires des troupeaux en raison de l’herbe pacagée par les bêtes sur les territoires communaux.

gies par le Syndicat) et aux prairies mises en ferme dans les plaines du Béarn, du Gers, de la Gironde. b

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne

69


Le Pastoralisme ossalois | ActivitĂŠ pastorale et la grande Transhumance

70

MĂŠmoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne


Être berger :

un Héritage Familial Le métier de berger est une activité qui traduit un savoir faire ancestral ainsi que des relations spécifiques que l’homme entretient avec l’animal et la montagne.

Pierres gravées :

laisser une Trace Lors de randonnées en Vallée d’Ossau vous aurez l’occasion de trouver des pierres gravées. Ces graffitis, souvent réalisés au couteau, dessinent une carte des provenances et mobilités des bergers depuis des siècles. Que ce soit par volonté de s’approprier un territoire ou de donner un caractère définitif à une présence éphémère, ces inscriptions s’étalent à ciel ouvert sur les rochers environnants ou sur les cabanes. Ils sont constitués de patronymes, village d’origine, dates (de naissance ou de passage en estive) et de décors (motifs végétaux, etc.). (Doutreleau, 2014). Certains émouvants témoignent de la rude vie de berger de l’époque : « Cauhapé Gabriel, triste souvenir de l’an 1944, trois mois sans pain, sans pain, j’ai faim et pas de pain ».

Autrefois les familles s’organisaient autours du droit d’aînesse. Le métier de berger était un héritage familial. Que l’aîné soit une fille ou un garçon il recevait la terre et la maison et n’avait d’autre choix que d’assurer la vie de toute la maison. Il n’était pas question de diviser les propriétés, même au sein de la famille. L’apprentissage était empirique, transmis de génération en génération. Au moins un des cadets était choisi pour être Bailet : voué au célibat il travaillait pour aider son frère ainé à la ferme. Il recevait en échange couvert et toit, c’est tout. L’été c’est lui qui le passer là haut, dans les estives rudimentaires à faire les fromages et défendre le troupeau jour et nuit lorsque l’ours avait établie domicile à proximité. Ce n’est qu’après la 2nd Guerre Mondiale que cette solide tradition prend fin. b

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne

71


Le Pastoralisme Ossalois | Agro-pastoralisme ossalois

Le Pastoralisme

Ossalois

L'agro-pastoralisme ossalois du XVIIIème au XXIème siècle 74 L'évolution dans la pratique de la Grande Transhumance

72

74

L'agriculture d'hier et d'aujourd'hui

75

L'élevage d'hier et d'aujourd'hui

76

Pastoralisme et Biodiversité

76

Une activité restée forte en Haut-Béarn

78

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne


MĂŠmoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne

73


Le Pastoralisme Ossalois | Agro-pastoralisme ossalois

L’agro-pastoralisme ossalois du XVIIIème au XXIème siècle

L’évolution dans la pratique

de la Grande Transhumance Au XVIIIème siècle apparait la concurrence entre laboureurs et bergers. Les pouvoirs publics, en encourageant l’intensification de la production agricole, le défrichement, les clôtures, etc. affaiblissent la libre pâture. De plus, en 1774 une épidémie tue 80% des bovins. La grande transhumance concerne alors plus que les troupeaux de brebis.

Elle représente une tradition familiale, même si aujourd’hui c’est surtout pour des raisons économiques qu’elle est maintenue. Les plaines du Gers sont très demandées mais en réalité on retrouve les troupeaux ossalois principalement dans la région bordelaise où le réseau de vente et de distribution est excellent, pour le lait, les fromages et les agneaux. Comme nous l’avons vu, dans le passé Au XIXème siècle les communes de plaine mul- les bergers descendaient de la montagne vers les tiplient par 7 la taxe de passage demandée aux plaines en laissant leurs familles dans les hautes bergers Ossalois. Les ossalois se révoltent mais vallées. Aujourd’hui les quelques bergers qui pran’obtiennent par grain de cause. C’est une éviden- tiquent la grande transhumance sont basés dans ce : cette taxe affaiblie la grande transhumance. les plaines où ils passent la plus grande partie de l’année, les familles pouvant parfois leurs rendre Les agriculteurs des plaines de Gascogne accuei- visite dans les estives l’été. b llent les bergers jusqu’au milieu du XXème siècle. Par la suite les bergers béarnais soit acquièrent des terres en plaines, soit restent en vallée au prix de garder les bêtes dans l’étable pendant les périodes de neige. Au début du XXème siècle plus que 30000 brebis béarnaises transhumaient vers les plaines. A la fin de la 2nd Guerre Mondiale ce nombre continue de diminuer et aujourd’hui seules une dizaine de familles pratiquent encore cette grande transhumance. 74

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne


L’agriculture d’hier et d’aujourd’hui

L’agriculture Ossaloise a vécu son apogée au Moyen Age. La population était plus dense, le cheptel plus important. Ainsi l’essentiel des ressources de la vallée venaient du pastoralisme. (Pichon, 2012). Au début du XXème siècle c’est sur l’élevage ovin que repose l’agriculture locale. Dans la vallée, où le maïs est principalement cultivé comme dans tout le Béarn, chaque famille a un potager vivrier et de grandes superficies de pommes de terre et de choux. Les prairies sont occupées par les vaches Blondes des Pyrénées et les brebis Béarnaises. Les mulets sont les fidèles compagnons pour accéder aux estives afin de ravitailler les bergers et de descendre les fromages. Les bergers fabriquent le fromage dans les cujalas, avec des conditions très sommaires de vie et de travail. A l’époque dans la haute vallée, le fromage est nommé « laruns ». Aujourd’hui la brebis reste au cœur de l’agriculture ossaloise. Bien que le nombre de bêtes diminue, on connait depuis quelques années un engouement nouveau pour les festivités locales liées à la transhumance. La production est presque exclusivement laitière. On constate une modernisation des fromageries. La fabrication de pur brebis, l’ « ossalois », perdure et garde sa renommée. Dans la vallée le maïs a presque disparu au profit des prairies de fauche et des pâtures. b

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne

75


Le Pastoralisme Ossalois | Agro-pastoralisme ossalois

L’élevage d’hier et d’aujourd’hui En 2000 la vallée d’Ossau comptait 15 000 brebis mères, 650 équidés essentiellement races lourdes, 5200 bovins principalement Blondes d’Aquitaine nourrices. Dans le passé l’élevage était rythmé sur les deux phases de la transhumance. Au mois de juin les bergers rejoignaient leur cujalas avec leur troupeau. Afin de rester équitable les cujalas étaient attribuées par tirage au sort, les bergers avaient tout le même la possibilité d’échanger entre eux. La Sainte Michel, le 29 Septembre, annonçait le retour des troupeaux et du berger en vallée. C’était alors le grand marché aux bestiaux de Laruns. Assez rapidement durant l’automne la majorité du cheptel continuait la grande transhumance en direction de la plaine de la Garonne ou de la région Bordelaise, voir de la Charente. Le métier de berger était jumelé à celui de fromager. Même si au cours du XIXème siècle une grande partie du lait était vendue aux « sociétés Roquefort » qui assuraient un bon prix stable, les bergers ont toujours continué de transformer leur lait en fromage pur brebis d’Ossau. Aujourd’hui la transhumance se cantonne princepalement à la vallée et aux estives de montagne. La déprise agricole générale française est également présente en vallée d’Ossau mais le pastoralisme reste l’organe essentiel de la vie agricole locale. b

76

Pastoralisme et

Biodiversité La période d’estive est un complément économique considérable pour les bergers, mais elle concerne également la préservation des territoires. De part leur activité agro-pastorale, les bergers et leurs troupeaux permettent l’entretien des espaces, la qualité des paysages et la biodiversité. Le passage du bétail permet une fertilisation des terres par les déjections animales. La pression pastorale évite la fermeture des prairies, et contrairement à ce que l’on pense, le retour du boisement sauvage ne conduit pas à une réapparition de la forêt initiale, ou alors qu’après de longues dizaines d’années. Avant elles, ce sont des broussailles et taillis qui envahissent ces espaces. La diminution de lumière a pour conséquence une réduction de la diversité végétale et animale. Ce phénomène est difficilement réversible car ces zones congrues deviennent non traversables tant pour les hommes et les troupeaux que pour la faune sauvage. D’autre part ces zones sont plus vulnérables aux incendies et aux avalanches. En effet la terre n’est pas piétinée et les herbes longues se couchent sous le poids de la neige jouant le rôle d’un véritable tapis roulant sur lequel peut glisser une grande épaisseur du manteau neigeux. En Vallée d’Ossau même si on rencontre majoritairement des brebis, on trouve également des bovins, des équins et quelques rares caprins. Chaque espèce pacage une végétation différente. La complémentarité des préférences alimentaires évitent

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne


Ecobuage l’embroussaillement. Par exemple les bovins consomment et rasent certaines touffes de plantes inappétentes pour les brebis, favorisant la pousse de plantes consommées par ces dernières. Ainsi l’équilibre pastoral dépend de la présence d’une variété de bétail et de leur ordre de passage. En Vallée d’Ossau, malgré la présence d’une majorité d’ovins, la gestion pastorale est bien menée. Les circuits pastoraux sont étudiés dans leur ensemble, et la montagne est divisée en zones d’estives équitablement réparties. Les troupeaux ne sont pas laissés à l’abandon, même lorsque les brebis sont taries. Les bergers restent en montagne ou monte 2 à 3 fois par semaine : ils guident leurs troupeaux afin que la montagne soit « bien mangée ». Ainsi ils évitent que les brebis sélectionnent et consomment seulement un petit panel de plantes. L’activité laitière est à l’origine de la taille réduite des troupeaux : de l’ordre de quelques centaines de têtes, en opposition à d’autres montagnes où ils peuvent compter 1000 à 2000 bêtes. Cela limite le piétinement répété de certaines zones et l’érosion. Lorsqu’on dit des bergers qu’ils « font la montagne », cela traduit le rôle de leurs troupeaux dans le façonnage de l’environnement et la préservation des équilibres écologiques et paysagers. b

La pratique de l’écobuage fait polémique car une mauvaise maîtrise peut être dangereuse. Mais il faut savoir que depuis toujours l’activité pastorale est associée aux feux pastoraux. Grâce à la datation de cendres et minéraux des chercheurs affirment que l’écobuage était déjà pratiqué il y a 4700ans. Le rôle pastoral de ces écobuages est d’entretenir les landes et de défricher, mais ils permettent également de maintenir une diversité de petits milieux pour favoriser la présence d’une faune riche et de protéger des zones sensibles (forêts et habitations) du risque d’incendies. Ainsi l’écobuage, lorsqu’il est encadré, offre des atouts agro-pastoraux, paysagers, environnementaux et de sécurité. L’écobuage est d’autant plus bénéfique qu’il est fait régulièrement. Lorsque la végétation est basse, le feu passe rapidement sans chauffer la terre en profondeur évitant ainsi de déstabiliser l’écosystème qui s’y trouve. Durant la belle saison on constate une nette préférence des troupeaux pour pacager les zones écobuées : la végétation y est plus tendre et variée.

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne

77


Le Pastoralisme Ossalois | Agro-pastoralisme ossalois

Une activité restée forte

en Haut-Béarn

78

Le nombre de bêtes qui transhument dans le département des Pyrénées-Atlantiques représente la moitié du cheptel de l’ensemble de la Chaîne pyrénéenne. Comment ce fait-il que l’activité se soit si bien maintenue dans le Béarn alors qu’elle a fortement diminué sur le reste du massif ?

L’Appellation d’Origine Contrôlée (AOC) OssauIraty est obtenue en 1980, puis son équivalent européen l’AOP (Protégée) en 2003. Il favorise la reconnaissance de la qualité de ce produit traditionnel. La zone géographique de cette appellation couvre une partie du département des Pyrénées-

Sa particularité majeure est le maintient de la traite associée à la fabrication de fromage en estive. Depuis de nombreuses années le département occupe le 1er rang national en production de fromage fermier ! Sur le département 250 tonnes de fromage fermier sont fabriquées en montagne chaque été : 1,25 millions de litres de lait sont donc traits à la main et par tous les temps en deux mois.

Atlantiques ainsi que trois communes des HautesPyrénées. Le lait doit provenir de l’une des trois races de brebis locales : les basco-béarnaises, les manech à tête noire et les manech à tête rousse. Bien que l’appellation permette de protéger et promouvoir ce fromage de pur Brebis qui est une spécialité de la région, elle ne fait pas l’unanimité

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne


chez les producteurs fermiers. Ces derniers ne se reconnaissent pas derrière ce label qui inclut des fabrications fromagères industrielles. Ainsi récemment est née une distinction « Ossau-Iraty Fermier » qui implique que la totalité du lait transformé provienne d’un seul troupeau. Les bergers peuvent également préciser « Estive » lorsque le fromage est fabriqué dans les cabanes l’été.

Le fameux fromage est souvent récompensé lors de concours internationaux de fromages, comme en 2011 où il est nommé « Meilleure fromage au lait cru du Monde » et « Meilleur fromage français ». Le succès de ce fromage est tel que les bergers finisse rarement l’année avec du fromage de la saison précédente. Tous les fromages sont vendus avant d’atteindre 9 mois. b

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne

79


Le Pastoralisme Ossalois | L’évolution du métier et des conditions de vie du berger

Le Pastoralisme

Ossalois L'évolution de métier et

des conditions de vie du berger

80

L es Cujalas

82 82

A pattes, en train ou en bétaillères

83

Les races du pastoralisme ossalois

84

Les sonnailles

86

Les nouveaux bergers

87

Reconnaitre ses brebis

88

La tonte

88

Le berger et l'Ours

89

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne


MĂŠmoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne

81


Le Pastoralisme Ossalois | L’évolution du métier et des conditions de vie du berger

L’évolution du métier et des conditions de vie du berger Aujourd’hui l’apprentissage de métier de berger est bien moins empirique. Les formations sont nombreuses et accessibles. Depuis 2005 le lycée agricole d’Oloron est reconnu Lycée des métiers de la montagne. Ainsi on voit arriver de plus en plus de bergers non issus de familles agricoles et la population de berger rajeunit ! Berger se conjugue également au féminin : de plus en plus de bergères s’occupent de troupeaux en vallée d’Ossau. b

Les

Cujalas « En estive, les conditions étaient rudes. On était dans de toutes petites cabanes. Il fallait plier le lit pour faire le fromage, chercher le bois à l’épaule, trois fois par semaines, l’âne descendait les fromages. (…) Il y eu des améliorations, on vit comme des humaines, plus comme des sauvages » Auguste Casassus (Doutreleau, 2014) Autrefois les cabanes étaient très rudimentaires. Une pièce unique de 10 à 20m² servait pour tout : chauffage, fabrication de fromage, repas et couchage. Eventuellement un saloir séparé servait également de lieu de stockage et d’affinage des fromages. Maintenant les cabanes se sont modernisées et offrent plus de « confort », enfin disons plutôt qu’elles sont moins spartiates ! Elles ont l’électricité grâce à des panneaux solaire, et offrent un outil de travail plus adapté (salle de fabrication, gaz, etc.). Il y a 150 estives habitées en Béarn. Elles sont devenues plus fonctionnelles pour s’adapter aux besoins des bergers et de leurs familles. Aujourd’hui les cujalas sont souvent devenues 82

un lieu de vie. Le berger y passe l’été rarement seul, il y est en compagnie de sa petite famille. Il faut également de quoi nourrir ce beau monde ! Le 1/3 de cabanes qui n’étaient pas aux normes ces dernières années ont été refaites, à 80% financées par des fonds publics. Le ravitaillement autrefois exclusivement à pied et à dos d’âne est aujourd’hui parfois associé à un héliportage, du moins pour les estives non accessibles par une piste. Autrefois le lait était chauffé sur un feu de bois, aujourd’hui les bergers utilisent des bouteilles de gaz… qu’il faut acheminer jusqu’aux cabanes ! b

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne


A pattes, en train

ou en bétaillères La grande transhumance jusque dans le bordelais se faisait à pied encore dans l’entre deux guerres. L’apparition du goudron sur les routes n’était pas appréciée des bergers et de leurs bêtes : les pattes ne sont pas faites pour marcher sur le goudron et la circulation ne faisait pas bon ménage avec l’allure des troupeaux. C’est seulement dans le début des années 30 que la Compagnie des Chemins de Fer accepte un accord pour transporter brebis et bergers à des prix raisonnables. Cela faisait gagner du temps et diminuait la fatigue. « C’est ça qui a été notre fin, les routes goudronnées ! parce que ça a amené la cisrculation » René Cardet « Et une fois, les brebis qui arrivent à Bielle sans le berger ! Il s’était endormi jusqu’à Biarritz ! » Jean Paris « Les premières années que j’ai embarqué on était 24 bergers dans le train. Le train n’a pas pu arriver à Laruns car il y avait trop de wagons de brebis, il a fallu qu’il fasse 2 voyages pour tirer les wagons. » François Carrère Aujourd’hui les bergers qui viennent de basse vallée ou des plaines investissent de plus en plus dans un voyage accéléré vers la montagne en faisant appel à des bétaillères. En réalité depuis les années 1970 presque tous les troupeaux voyagent en bétaillères, le trajet ne dure plus que 3 à 5 heures des plaines à la vallée, pour ensuite finir à pattes. Ces voyages sont bien sur soumis à des normes et engendrent un certain coût. (Doutreleau, 2014) b

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne

83


Le Pastoralisme Ossalois | L’évolution du métier et des conditions de vie du berger

Les Races du Pastoralisme ossalois Chez les ovins, il existait une race typiquement béarnaise, proche de la race basque. Elles ont toutes deux fusionné pour donner naissance à la race Basco-Béarnaise uniquement présente dans la région c’est la principale de la Vallée d’Ossau. Ce sont des brebis à gabarit moyen (60kg pour les femelles, 75 kg pour les béliers), généralement courtes sur pates et trapus. Elle est reconnaissable à ses cornes enroulées en spirales autours des oreilles (sauf certaines exceptions appelées « palettes » lorsque la spirale est très ouvertes) et sa tête busquée. Celle-ci lui procure de longues cloisons nasales qui permettent de réchauffer l’air et diminue ainsi les infections respiratoires, menaçantes en altitude. La laine est grossière, blanche et légèrement frisée. On trouve également en petit nombre la manech tête noir et la manech tête rousse, 2 races locales inclues dans l’AOC Ossau-Iraty. Chez les bovins, deux races cohabitent en Vallée d’Ossau : la Béarnaise et la Blonde d’Aquitaine. La Béarnaise est reconnaissable à ses grandes cornes vrillées et en lyre. Son pelage est roux-dorée et s’éclaircit jusqu’aux pâtes blanches. Grace à sa morphologie elle est agile et s’adapte au terrain de montagne. Fierté locale elle est l’emblème du Béarn et figurait sur les pièces de monnaie de la seigneurie du Béarn au Moyen-Age. Cette vache rustique peuplait le Béarn jusque dans les années 60, mais ne correspondant pas au modèle productiviste de l’agriculture moderne elle a failli disparaitre. Grâce à un plan de sauvegarde lancé dans le début des années 1980 la Béarnaise est de nouveau une race génétiquement saine. 84

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne


Elle a été croisée avec la Garonnaise et la Blonde du Quercy (races à viande et de force) pour donner la Blonde d’Aquitaine, actuellement la plus présente en Vallée d’Ossau (et présente aujourd’hui sur toute la chaine pyrénéenne). Ses épaules et ses cuisses sont musclées, ses hanches ne sont pas saillantes : c’est une race à viande. On y retrouve des caractères hérités de la Béarnaise telle que son aptitude à résister aux intempéries et à évoluer en milieu de montagne, ou la présence de cornes en lyre chez certains individus. Le Breton est l’équin le plus répandu en Vallée d’Ossau : race rustique choisie pour sa résistance et son aptitude à se déplacer dans les dénivelés de montagne. Il suit les vaches et les brebis durant la transhumance. En vallée d’Ossau l’élevage équin compte 12000 juments et est principalement destiné à la production de viande. Bergers et troupeaux sont accompagnés par les chiens. L’un, le patou, vit dès son plus jeune âge avec les brebis. Il ne reçoit pas de caresses, c’est avec les brebis qu’il crée un lien fort. Le patou se sent brebis, il défend et protège le troupeau jours et nuits. Les autres, le labrit ou récemment border collie (au caractère plus facile), conduisent et rassemblent le troupeau sous les ordres du berger. Le labrit, gai, vif et malicieux, est proche de son maître. b

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne

85


Le Pastoralisme Ossalois | L’évolution du métier et des conditions de vie du berger

Les Sonnailles Les sonnailles permettent de localiser un troupeau, surtout en cas de brouillard, ou masqué derrière un éperon rocheux. A peine une brebis sur dix en possède, et les plus grosses sont placées au cou des meneuses. C’est surtout en montagne et lors de la transhumance que les sonnailles sont utiles. D’ailleurs les sonnailles de transhumance sont différentes, afin de donner un rythme de marche au troupeau et de créer une mélodie typique. En revanche les cloches d’hiver sont petites et peu nombreuses. Dans le passé les sonnailles étaient accrochées par des colliers en bois de frêne ou de noyer travaillé. Aujourd’hui le bois est souvent remplacé par du plastique pour des raisons économiques, de temps et de savoir faire : peu de personnes produisent encore des colliers de sonnaille en bois. Chaque berger a son propre jeu de cloche et ainsi sa mélodie de troupeau. La transhumance, jour de fête, est également l’opportunité de montrer son troupeau : les brebis étaient décorées pour l’occasion, les plus belles portaient des cloches. Selon la sensibilité des bergers, chacun crée son jeu de sonnailles pour obtenir un son d’ensemble qui s’accordent comme un orchestre. Les cloches sont un héritage de famille. Les bergers en renouvellent certaines mais pour des raisons économiques ils en achètent peu. Il est amusant de voir le comportement des brebis lorsque le berger leur met les cloches. Elles comprennent ce que cela représente, elles regardent, sans fuir. Le jeu de sonnaille de transhumance est souvent composé de 3 « métals » pour 2 « esquerres » : • Les « métals » sont les cloches longues et rectangulaires, leur son rappelle « cariban, cariban, cariban » « on arrive, on arrive, on arrive ». Elles peuvent être de tailles différentes. • Les « esquerres » sont rondes puis se rétrécissent en bas, elles peuvent être de deux tailles différentes : les trucs (les grosses) et les tringuerousses (les petites) — Les trucs rythment la marche. Elles sont portées par les brebis à tête haute, dont la carrure et la démarche leur permettent de faire sonner ces belles cloches au son grave qui exprime « orgeuil orgeuil orgeuil » « regardez moi » — Les tringuerousses : ces petites cloches au son aigue sont portées par les agnelles et agrémentent la mélodie de petites trilles « tant qu’i posqui tant qu’i posqui » « tant que je peux, tant que je peux ». b

86

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne


Les nouveaux bergers Il y a quelques dizaines d’années, avec la fin de la tradition des « cadets » et les changements d’attentes des jeunes, la transmission du métier de génétation en génération était mise en périle. Si quelques uns craignaient de voir disparaître le métier de berger, on constate aujourd’hui qu’un renouveau s’installe ! Les femmes sont de plus en plus nombreuses, elles représentent aujourd’hui 10% des bergers de la vallée et sont de mieux en mieux acceptées malgré les clichés et leur devoir de faire leur preuves plus que les hommes. Elles ont récemment été mises en avant dans le film puis le livre de Laurence Fleury « Bergères des Pyrénées » (Fleury, 2015). De plus, des jeunes extérieurs à la vallée s’installent. Les terres sont rares, et en tant qu’ « étrangers » ils ne trouvent pas souvent la porte ouverte, mais les mœurs évoluent petit à petit. Cependant la situation des « étrangers » est souvent plus difficile que celles des bergers de la vallée. Ayant hérité ni de terre, ni de brebis, ni de bâtis, ils ont généralement des emprunts en cours. Cette pression économique les mènent à chercher une activitée optimisée de façon à produire plus. Des troupeaux plus grands et des équipements, tels que des machines à traire et de distributions automatiques d’aliments, sont de plus en plus courants. On peut se questionner du réel bénéfice de ces investissements lorsqu’on prend en considération les coûts (achat, réaménagement des granges, électricité, produits de nettoyages, etc.), et la dépendance à des facteurs extérieurs en cas de problèmes (techniciens de maintenance, coupures d’électricité, etc.). Mais ceci dépend de chaque ferme et des besoins de chaque berger. Le fait est que les troupeaux sont plus gros. Il y a cinquante ans 80-100 brebis était un grand troupeau alors qu’aujourd’hui ils comptent communément 300 à 400 brebis. Cela ne se manie pas de la même façon, et sur la route la montée en estive demande plus d’attention ! b

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne

87


Le Pastoralisme Ossalois | L’évolution du métier et des conditions de vie du berger

Reconnaitre

ses Brebis Avant la montée en estive les brebis sont marquées. Chaque berger a son signe, sa couleur (bleu, vert, rouge, noir) et l’emplacement sur les brebis : fesse, dos, droite, gauche, etc. Anciennement le marquage se faisait avec de la teinture « faite maison », aujourd’hui il existe des teintures préparées. Dans les deux cas la teinture doit être indélébile pour tenir toutes la belle saison durant le séjour en montagne. b

La tonte La tonte peut se faire en descendant de la montagne à l’automne ou bien au printemps avant la montée en estive. La tradition ossaloise laisse la laine aux brebis pour l’été en montagne. Certaines nuits, voire journées, d’été peuvent être fraîches en altitude, les brebis se retrouvent parfois les pattes dans la neige au petit matin, c’est pourquoi les bergers préfèrent leur laisser la laine. En revanche l’hiver à l’étable les brebis ont rarement froid, elles n’ont pas particulièrement besoin de cette protection thermique. De plus, allongées dans la litière elles restent plus propres sans leur longs poiles. Aujourd’hui des professionnels équipés de rasoir font le tour des exploitations, pour tondre à la chaine les centaines de brebis. Assise entre les jambes du tondeur la brebis est déshabillée en moins d’une minute. Traditionnellement la tonte était une fête entre bergers, comme c’est encore le cas dans certains villages. Tous équipés de ciseaux de tonte, ils font ensemble le tour des troupeaux pour tondre chaque troupeau. Il existait même des concours de tonte. b

88

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne


Le Berger et l’Ours La question de l’Ours dans les Pyrénées est un vaste sujet polémique. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’ours brun ne figure pas dans le classement international de la liste rouge des espèces en voie d’extinction de l’UICN (Union International pour la Conservation de la Nature). Près de 50 000 individus sont recensés en Europe et 250 000 dans le monde. Ceci dit, la population de l’espèce diminue depuis dix mille ans avec une accélération depuis le Moyen-Âge. En France l’ours brun était présent sur tout le territoire : de la région parisienne aux alpes, des plaines lilloises au massif central,... Il s’est réfugié en montagne car les peuples montagnards ne lui affligeaient pas l’éradication systématique qu’il subissait sur le reste du territoire. Ainsi le peuple pyrénéen n’est pas plus responsable de la disparition de l’ours brun sur le territoire français que le reste de la population. (Chetrit, 2012)

Aujourd’hui les bergers et leurs familles vivent plusieurs mois de l’année en estive, et ne peuvent assumer ce danger et cette garde comme le faisaient leurs ancêtres. De plus les dégâts causés pas l’Ours ont des répercussions psychologiques fortes sur le monde des bergers compte tenu des conséquences sur leur activité et du ressenti de non soutien de la part des autorités dans ces périodes difficiles. Ceux qui ont vu l’Ours s’en souviennent ! « En 1969 je l’ai croisé dans la nuit à deux mètres près de la cabane. J’ai perdu la parole pendant 14 heures ». Auguste Casassus

Tant qu’on s’en souvienne, l’ours a toujours été présent en Vallée d’Ossau et chez ses voisines béarnaises. Il était respecté par les bergers et les gens du pays, mais lorsqu’il s’approchait trop des habitations ou des estives et qu’il devenait une menace, l’alerte était lancée. Les hommes se regroupaient depuis les basses vallées pour venir faire une battue.

Comme évoqué dans la présentation de l’Ours plus haut, ce grand mammifère est un vrai omnivore dont la tendance carnivore est souvent sous-évaluée dans les études portant sur l’analyse des excréments. Le travail de Y. Lagalisse et son équipe (Y. LAGALISSE, 2003) montre que les excréments contiennent essentiellement des herbes non digérées que l’ours a besoin de consommer comme lest digestif pour digérer la viande et le poisson qu’il assimile à 100% . On retrouve dans les excréments seulement les parties indigestibles telles que, poils, tendons, petits os (surtout de micro mammifères) des bouts de peau et des carapaces d’insectes.

Les « bailets », souvent sans moyen de communication avec les villages, et dévoués au bien être de ses brebis, pouvaient passer des jours et des nuits à veiller sur leur troupeau, en compagnie de leurs chiens, en tirant quelques balles à blanc pour tenter d’impressionner l’Ours qui avait décidé d’établir sa résidence estivale dans les environs. Ils se protégeaient dans des cages de protection. Lorsque les brebis sentent la présence de l’Ours, elles se mettent à tourner en rond tel un tourbillon. Pour les calmer et éviter qu’elles se blessent le berger doit, tant bien que mal, se frayer un chemin pour se placer au centre de ce tourbillon afin de le stopper.

On constate aujourd’hui que la réintroduction de l’Ours est une ménace pour le pastoralisme compte tenu de l’évolution du métier de berger et des moyens mis en œuvre pour en assumer les conséquences. Lorsqu’on connait l’impact du pastoralisme sur la richesse environnementale des montagnes (voir paragraphe ci-dessus) il paraît étrange que la réintroduction de l’ours soit défendue par des écologistes au titre de conserver la biodiversité dans les montagnes. La disparition de l’activité agro-pastorale en altitude entrainerait des modifications irréversibles sur celles-ci. La réintroduction d’une espèce pourrait mettre en péril le maintient de milliers autres installées dans un équilibre. b

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne

89


Le Pastoralisme Ossalois | Les Pastoralisme ossalois du XXIème siècle

Le Pastoralisme

Pyrénéen

90

Le Pastoralisme ossalois du XXIème siècle

92

U n quotidien rythmé par les saisons

93

La fabrication de Fromages

98

102

Les produits des éleveurs ossalois

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne


MĂŠmoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne

91


Le Pastoralisme Ossalois | Les Pastoralisme ossalois du XXIème siècle

Le Pastoralisme Ossalois du XXIème siècle Aujourd’hui les estives béarnaises comptent 80000 brebis, 22000 bovins, 3600 juments, 2500 chèvres et 3000 ruches, sans oublier les chiens : patous, labrits et border collie, le tout regroupant environ 1000 propriétaires. L’année d’un berger est bien remplie. Certains pensent que les journées de berger se répètent à l’identique, du moins au sein d’une saison, mais c’est loin d’être le cas ! Etre berger c’est être complet : gardien de troupeau, vétérinaire, fromager, agriculteur, marchand. L’équipement spécifique fidèle aux bergers compte : le bâton, le béret, le grand parapluie de toile bleue aux baleines de bois, le briquet et le couteau (qui servait autant à couper le pain que les ongles des brebis !). Les sabots originels eux ont été remplacés par des chaussures de marche et des bottes « les pieds au sec, plus de boue ! ». Le berger est un vétérinaire aux connaissances empiriques dans des domaines très vastes. L’observation quotidienne des bêtes permet une bonne prévention. Il sait également faire un diagnostic, traiter les premières urgences et soins divers (plaies, points, panaris, blessures, mammites, …) et procéder à l’agnelage. Autrefois le couteau était presque l’unique outil du berger-vétérinaire. Aujourd’hui les antibiotiques sous forme injectable ou spray aident fortement les soins. b

92

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne


Un quotidien rythmé par

les Saisons L’hiver à l’étable Au commencement : l’agnelage. C’est une période que j’ai vécue durant un mois avec Régis Carrère à Laruns. Je vais raconter ici cette belle expérience. En Novembre-Décembre lorsque les brebis sont au chaud dans les étables et pâturent les prairies en vallée, c’est la période de mise-bas. La lactation commence. Les agneaux tètent leur mère pendant quelques semaines jusqu’à atteindre le poids convenable pour être vendus sous le label « Agneau de Lait des Pyrénées » (voir ci-après). Le berger choisi quelques agnelles qu’il gardera pour renouveler une partie du troupeau et remplacer les éventuelles brebis décédées. Au fur et à mesure que les agneaux sont vendus le berger commence à traire les mères. Il ressort le chaudron en cuivre et lance la fabrication des premiers fromages de la saison ! C’est une période délicate, propice aux maladies car les brebis restent dans l’étable, ou selon les parcelles disponibles pacagent parfois plusieurs jours de suite la même herbe. Un début d’hiver doux comme cette année (2015-2016) l’herbe pousse sans fin, d’un joli vert. Certaines brebis très gourmandes peuvent se faire surprendre à manger de l’herbe fraiche très riche en quantité trop importante. Par manque de rumination et donc de digestion, l’herbe fermente dans l’estomac et la brebis gonfle de façon impressionnant. Certains bergers percent la pense pour évacuer le gaz, mais cette maladie, appelée météorite (comme évoquée plus haut), peut également tuer une brebis par compression des organes vitaux.

La journée commence à l’aube, les mains froides se réchauffent au près des agneaux qu’il faut aider à faire téter, puis au contact des mamelles de brebis lors de la traite à la main. Une fois la traite terminée le lait est mis à cailler à la fromagerie (voir fabrication de fromage ci-après). Le berger dispose

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne

93


Le Pastoralisme Ossalois | Les Pastoralisme ossalois du XXIème siècle

alors d’une petite heure pour soigner les brebis à l’étable : à cette saison elles ont peu à manger dans les champs en comparaisons avec leur besoin en période d’agnelage. C’est pourquoi elles reçoivent en complément du foin, du regain et des granulés. Chaque berger soigne ses brebis à sa façon, les quantités données varient également d’un troupeau à l’autre. Milieu de matinée le berger retourne en fromagerie pour le décaillage, brassage et moulage du fromage.

vide pour sécher la litière et préparer les soins du soir. L’après midi est le moment disponible pour faire des clôtures, de l’entretien, des livraisons… toujours de quoi s’occuper ! Lorsque les brebis rentrent à l’étable en fin d’aprèsmidi c’est la musique de bêlements : chaque agneauagnelle cherche sa mère et vice-versa ! Avant de revenir pour la traite du soir, éventuellement on a le temps pour une petite sieste ! La tombée de la nuit marque le retour à l’étable pour la traite. Certains agneaux ont besoin de l’aide du berger pour téter : des jumeaux dont la mère n’a pas assez de lait, des nouveaux nés en cours d’apprentissage, ou bien des récalcitrants qui boivent au biberon. La traite est un moment de lien fort avec les brebis, on y retrouve les caractères de chacune : les difficiles, celles qui ne veulent pas passer, les chatouilleuses, les faciles (celles-ci étaient pour moi !). Selon la quantité de lait obtenue un fromage est lancé le soir, ou le lait est conservé à 4°C pour être mélangé à celui de la traite du lendemain matin avant la fabrication matinale.

En début d’après-midi, les brebis sortent pacager l’herbe fraîche, seule sans les agneaux. Il y a ce petit moment de jeu avec les jeunes vifs qui se laissent plus ou moins attraper afin de les séparer de leurs mères. En réalité le troupeau est divisé en deux : les mères et les manes (les jeunes qui ont seulement un an, associées à celles qui ont été prises plus tard par le bélier : elles mettront bas en Janvier-Février-Mars). Les parcelles de belle herbe sont réservées aux mères en période d’agnelage car leurs besoins nutritifs sont plus importants. On profite que l’étable soit presque 94

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne


P

endant mon passage à Laruns en ce Décembre 2015, j’ai réellement découvert la mise-bas. Dans la plupart des cas cela se passe bien et la brebis n’a pas besoin d’assistance. Pour cela il est important que l’agneau présente les pattes et les épaules en premier, ainsi la tête glisse sans se bloquer. Le berger repère au quotidien les agnelages à venir et si cela dure anormalement longtemps il peut aider en attrapant l’épaule de l’agneau et ainsi faciliter la sortie. Pour la petite anecdote, un matin pendant la traite une brebis se préparait à mettre bas. Elle faisait des allers-retours, se cherchait un coin tranquille en guise de « nid », se posait immobile la tête sous les râteliers, puis se remettait à marcher. Si elle avait été en extérieur, dans un champ, elle se serait isolée du troupeau. A tous ces signes on remarque qu’une brebis se prépare à agneler. Puis la poche des eaux sort. Cela peut durer un moment. J’étais à la caisse de traite lorsque la petite patte a commencé à sortir. Voulant assister à cette naissance j’ai laissé Régis reprendre la traite. La première fois qu’on assiste à une mise-bas du début à la fin, ce n’est pas facile. A vrai dire on ne fait pas grand chose mais en voyant la petite patte de l’agneau qui sort, puis rentre, puis re-sort, et re-rentre… on a l’impression de le vivre avec la brebis : « allez cette fois c’est la bonne » … et puis non, pas encore ! Au bout d’un petit quart d’heure Régis est allé l’aider, il a attrapé la patte et hop, l’agneau était dehors en une seconde. Alors je lui demande : — « Pourquoi t’es allé l’aider ? C’était une misebas compliquée ? » — « Non non, simplement pour écourter la souffrance » — « La souffrance de la brebis ou de l’agneau ? » — « La tienne ! t’avais mal pour elle ! » ça le faisait sourire ! Ah oui je l’avoue… j’avais l’impression que cela durait des heures !

Le comportement de la mère devant son nouveau né varie d’une brebis à l’autre, mais dans la plupart des cas elle se met rapidement à le lécher. Ce geste a plusieurs fonctions : le nettoyer, le stimuler à se lever, identifier son odeur, et créer un lien « social » entre les deux. L’agneau tient déjà sur ses pattes, un peu fébrile il va tomber facilement à la moindre bousculade. Mais ceci est l’histoire de quelques jours, rapidement il gambadera avec les autres agneaux. Ensuite il faut veiller à ce que le petit tète sa mère. Les pis sont très gonflés, il peut être difficile pour le nouveau né d’ouvrir le passage du lait. Cependant ce premier lait, le colostrum, reconnaissable à sa couleur jaunâtre, est important car il contient les anticorps nécessaires pour aider le petit à lutter contre les maladies les premiers jours de vie. Ainsi si le petit ne parvient pas à téter le premier jour on l’aide en le plaçant correctement, voire en lui mettant la tétine directement dans la bouche. La mère stimule la tétée en remuant la queue de son petit.

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne

95


Le Pastoralisme Ossalois | Les Pastoralisme ossalois du XXIème siècle

Après seulement quelques jours les agneaux sont vifs et joueurs. Lors de la traite lorsque toutes les brebis sont cantonnées d’un côté de l’étable laissant une partie libre, ils se mettent à courir et faire des bonds à 360° : un vrai spectacle ! Enfin après quelques semaines, il faut couper la queue des agnelles qui rejoindront le troupeau. Ceci afin de garder des pies propres et éviter les contaminations en cas de diarrhée. Anciennement les bergers cautérisaient au fer rouge. Maintenant la technique recommandée consiste à mettre un anneau ou une ficelle bien serrée autours de la queue afin qu’elle tombe d’elle-même après quelques jours.

96

Les mises-bas s’étendent de Mi-Novembre à fin Mars. Au fur et à mesure que les agneaux sont vendus, et les agnelles sevrées, le nombre de brebis traites augmente, la quantité de lait avec et par conséquent le nombre de fromages fabriqués chaque jour également. Pour les troupeaux qui restent en vallée l’hiver, inévitablement durant une période de 2 à 3 mois les brebis restent toute la journée dans l’étable sans pouvoir pacager l’herbe, cachée sous la neige. Lorsque les brebis recommencent à sortir au printemps cela doit se faire petit à petit afin de réhabituer leur système digestif à l’herbe fraîche.

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne


L’été en Estives A partir de mi ou fin juillet les brebis sont taries, la production de fromage cesse. Le troupeau monte un peu plus haut en altitude. Le berger reste là haut, ou descend en vallée et remonte rendre visite à son troupeau 2 à 3 fois par semaine pour le regrouper et assurer les soins. Le bélier du troupeau va se charger de relancer le cycle de l’année. Ainsi quand les brebis descendent de la montagne C’est en Juin lorsque la neige disparue depuis en Septembre elles sont déjà pleines, les agneaux quelques semaines laisse place à l’herbe jeune et naitront 2 mois plus tard. fraîche que les troupeaux, les bergers et les chiens montent en altitude. Ainsi jusqu’à Septembre les brebis quittent la vallée et l’étable pour rester au grand air. Les bergers ont souvent 3 estives réparties à diverses altitudes pour suivre la pousse de Entre le retour du troupeau en vallée et le début l’herbe. Pendant ce temps en vallée, les champs d’une nouvelle année marquée par les premiers sont cultivés par le reste de la famille pour faire agnelages, c’est une période calme pour le berger. les foins et le regain : réserve de nourriture pour Pas de traite, ni de fabrication fromagère. Les brel’hiver. Lors de la fenaison les bergers descendent bis pacagent les prairies de la vallée. La montée aux estives reste un moment fort de la vie agro-pastorale. C’est une véritable fête : les bergers et le troupeau sont accompagnés de nombreux amis, familles, voisins et touristes. Les sonnailles de transhumance sont alors placées au cou des brebis (voir paragraphe sur les sonnailles cidessus).

L’automne est la période calme !

aider dans les champs: ils font parfois les allersretours journaliers depuis l’estive ou se relaient avec d’autres bergers pour assurer la traite et la fabrication de fromage. En montagne la journée est bien remplie de l’aube au crépuscule, rythmée par les deux traites. Le fromage est fabriqué tous les matins. Beaucoup d’heures sont également consacrée au gardiennage du troupeau, à la gestion de l’herbe disponible et le montage des parcs de nuit. Un temps pour les soins et l’alimentation du bétail, et puis il reste parfois quelques heures pour l’entretien, la gestion de l’estive et échanger quelques mots avec des randonneurs de passage.

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne

97


Le Pastoralisme Ossalois | Les Pastoralisme ossalois du XXIème siècle

La Fabrication de

Fromages Comment est fabriquée la tomme de Brebis d’Ossau ?

Le lait est chauffé à 28°C– 30°C. Aujourd’hui on y ajoute parfois un peu de ferments et la présure Des ferments ? Ce sont des bactéries qui vont digérer le lactose, le sucre naturellement présent dans le lait, pour le transformer en acide lactique (le même qui est responsable de crampes dans nos muscles !) et apporter des aromes. Le lait contient naturellement une multitude de bactéries : une flore bactérienne très riche. Si on ajoute une grande quantité de ferments ceux-ci prennent le dessus sur la flore naturelle du lait, on peut ainsi maitriser parfaitement la fabrication du fromage tendant à standardiser le résultat final. En ajoutant seulement une petite quantité de ferments, comme le font les bergers, on renforce la flore naturelle tout en la laissant exprimer sa diversité. Ainsi le fromage de chaque ferme est différent. De la Présure ? La présure est un mélange d’enzymes extraites de caillette : l’estomac d’agneaux. Ces enzymes vont permettre la coagulation du lait, il devient solide un peu comme du yaourt. Il y a fort longtemps nos ancêtres ont découvert le fromage en « oubliant » du lait dans une panse de veaux. Les enzymes ont coagulé le lait qui, après quelques jours, et devenu du « fromage ».

98

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne


La coagulation dure plus ou moins 1 heure, suivie du décaillage puis brassage Le lait se solidifie et prend l’aspect d’un yaourt ferme. Vient l’étape clé du décaillage réalisée à l’aide d’un « tranche-caillé ». Historiquement tous les bergers utilisaient une glèbe, aujourd’hui seuls quelques uns l’utilisent encore. Les bergers repéraient des jeunes sapins dont la 2ème ou 3ème ramification sous la cime était un croisement de minimum 4 branches. Après quelques années lorsque la cime était assez épaisse et solide, le berger revenait la couper. Les branches de la ramification sont tressées pour faire une boucle sans ajout de clou ou autres. Le décaillage consiste à couper le cailler en petits cubes de 1cm de côté à peu prés. Cette étape, suivie du brassage, permet d’évacuer une partie du petit lait (le lactosérum) de ces grains afin de les assécher. Ils prennent alors la taille de grains de maïs. On laisse ensuite les grains se poser au fond du chaudron par gravité durant 15 minutes.

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne

99


Le Pastoralisme Ossalois | Les Pastoralisme ossalois du XXIème siècle

Le moulage et pressage Avec les deux mains, le berger presse les grains empilés au fond du chaudron pour les ramasser vers le bord du chaudron et former une boule ovale. A ce stade la patience est de rigueur pour ne pas presser les grains trop rapidement. Ainsi il parvient à sortir le fromage pour le mettre dans son moule. Le fromage est de nouveau pressé à la main dans le moule, puis il est placé dans un tissu, dans le moule, sur la marque de la ferme pour qu’elle s’incruste dans le fromage. Chaque ferme possède sa marque. Il en existe une commune à tous les bergers pour marquer les fromages d’estives. Enfin il existe une marque particulière pour les fromages labellisés AOP « Ossau-Iraty ».

Pendant une journée le fromage est pressé à l’aide d’un poids posé dessus. Il est retourné une fois à mi-journée. C’est pourquoi le fromage pur Brebis d’Ossau est dit « fromage à pâte pressée ».

100

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne


Le salage A J+2 environ le fromage est salé : caressé avec du gros sel sur toutes ses faces. Ils peuvent aussi être immergés ou humidifiés avec de la saumure. Le salage permet l’apparition d’une croûte, assure la conservation et affine le goût.

Affinage L’affinage s’étale sur plusieurs mois (de 3 à 9 mois en général pour le fromage d’Ossau). C’est un savoir faire particulier qui nécessite également de parfaites conditions : une température de 12°C et une humidité supérieure à 80%. Un affinage bien mené permet l’apparition d’une croute fine, et réveille les arômes du lait spécifiques à la flore bactérienne de chaque troupeau. Aujourd’hui les bergers qui possèdent leur propre saloir sont peu nombreux. La majorité préfère se regrouper dans des saloirs collectifs. Il n’existe pas d’échange financier entre les bergers et les saloirs. Ces derniers prélèvent quelques fromages (exemple 1 sur 12) en guise de dîme.

Valorisation du Petit lait Bien que la majeure partie des éléments riches du lait se retrouvent dans le fromage, le petit lait reste un sous-produit très riche. Il existe alors deux solutions pour le valoriser et éviter de le rejeter dans la nature (où il déstabilise l’écosystème des rivières ou engendre des coûts importants de traitement). La première utilisation du petit lait est la fabrication du greuil. Issue de la recuite du petit lait, comme la ricotta ou la brousse, il est très apprécié et simple à fabriquer : il suffit de faire chauffer le petit lait et de récupérer le surnageant. En effet le reste de protéines, de matières grasses et de sucres qui ont échappé à la tomme se regroupe en surface du petit lait chauffé

pour former une mousse. Lorsque les 3 premières bulles d’ébullition éclatent le chauffage est stoppé. La mousse de surface est alors récupérée à l’aide d’une passoire et placée dans un tissu assez fin pour qu’il s’égoutte durant une journée. Le greuil se conserve au frais pendant quelques jours et s’accompagne volontiers de confiture, miel ou même d’armagnac ! La seconde utilisation du petit lait est l’alimentation pour cochons. Ces derniers en raffolent et le valorisent directement en protéines. Cet aliment « gratuit » est tellement riche que l’élevage de cochon devient économique ! On trouve des cochons dans de nombreuses fermes et estives.

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne

101


Le Pastoralisme Ossalois | Les Pastoralisme ossalois du XXIème siècle

Les Produits des

Éleveurs ossalois En vallées béarnaises (Ossau, Aspe et Barétous) 250 tonnes de fromage sont fabriquées par les 500 éleveurs. Chaque brebis produit en moyenne 193 litres de lait pour 155 jours de lactation par an. En effet, une brebis produit en moyenne 1 à 2 litres de lait par jour, et il faut 30 litres de lait pour faire une tomme. Les produits des éleveurs de la Vallées d’Ossau : • La tomme de pur Brebis fermier de la Vallée d’Ossau (voir fabrication ci-dessus) est vendue en grande partie en vente directe (particuliers, restaurants, marchés, crémeries, …). Certains bergers ont demandé l’appellation AOP « Ossau-Iraty » ou « Ossau-Iraty Fermier » et/ou « OssauIraty Estive».

• L’agneau de lait des Pyrénées est un IGP (Identification Géographique Protégée) et Label Rouge. La lactation commençant dans les exploitations en vallée, la production d’agneaux très jeunes, dits « de lait », est une tradition et spécificité de la région. En 1996 la création du Label Rouge Agneau de Lait des Pyrénées illustre la reconnaissance du savoir-faire des éleveurs pour ce produit saisonnier de haute qualité. C’est en 2012 que la demande d’IGP aboutit.

Le Greuil (voir fabrication ci-

dessus) est vendu principalement aux particuliers et restaurants.

• La laine est vendue brute dans la majeure partie des cas. Elle est ensuite traitée puis utilisée pour l’isolation. Des fabriques de laine renaissent avec la conception de chaussons, chaussettes et vêtements.

102

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne


MĂŠmoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne

103


Vallée d’Ossau | Conclusion

Conclusion La Vallée d’Ossau abrite une nature riche et exceptionnelle. Son peuple, les ossalois, ont su préserver et maintenir cette richesse de part leurs comportements, leurs modes de vies et leurs activités économiques. Via le Pastoralisme, activité agricole imposée par le relief et le climat de la vallée, les bergers et leurs troupeaux ont façonné les montagnes ossaloises depuis des millénaires et ont fait l’histoire de la Vallée d’Ossau. Même si cette activité a connu un déclin durant l’après-guerre, lié à l’exode rural, elle vit aujourd’hui une période de renouveau avec l’arrivée de nombreux jeunes éleveurs désireux de s’installer. La modernisation des cabanes d’estives et les aides attribuées à cette filière rendent le travail de berger moins austère qu’autrefois. En 2011 la moyenne d’âge des bergers était de 45 ans, dont 10% de bergères ! Dans cette dynamique les acteurs de l’activité pastorale réfléchissent à d’autres évolutions pour pérenniser l’avenir du métier de berger. La poursuite de la modernisation par la sécurisation de l’eau en estive grâce à l’amélioration de la qualité des captages, l’alimentation en énergie et l’aménagement des équipements pastoraux. La vente directe et en circuit court déjà très présente est à préserver, en parallèle d’une communication accrue sur la qualité des produits ossalois. b

104

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne


MĂŠmoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne

105


Remerciements Merci à Jean-Marc pour le tutorat, ainsi qu’aux formateurs et autres stagiaires pour cette riche formation, toujours dans la bonne humeur. Un grand Merci à Régis et Aflred pour l’accueil sur la ferme et le partage d’un petit bout de vie en ce mois de Décembre 2015. Merci à Piero et Anne-Laure pour l’hébergement et la découverte de la vie larunsoise ! Merci à Sylvain Yves pour le partage de connaissance en Géologie. Besarkada handi bat pour Ihintza, merci pour le partagé de tes talents d’éditrice, et merci pour nos escapades en montagne toujours en compagnie de ton rire communicatif ! Merci Thomas pour ton aide , et ta tolérance pour mes nombreuses absences en montagne ! Merci aux colocs d’avoir assuré la vie à la maison et le potager pendant mes escapades en montagne à répétition. Merci Pap & Mam pour les photos, le soutien, et surtout de m’avoir fait découvrir des Pyrénées sauvages, toujours dans le plaisir. L’énergie débordante et explosive de la famille ribouldingue trouvait son penchant dans le calme des escapades en altitudes ! Merci David pour le prêt de tes jolies photos, et merci pour les chouettes moments passés en altitude ! Dans ce mémoire un bon nombre de photos ont été prises par Jean-Marie. Jean-Marie c’est l’ami des parents qui m’a emmené à l’Ossau pour la première fois. Calée derrière lui je suivais assidument ses pas, en fixant ses « grosses », desquelles dépassaient d’épaisses chaussettes en laine qui mettaient en valeur ses gros mollets ! La montagne qu’on aime tant nous met parfois au défi d’accepter la disparition de personnes chères. Jean-Marie a disparu à Gavarnie récemment. Sur la proposition de Jeanine j’ai inclus dans ce mémoire de nombreuses magnifiques photos prises par Jean-Marie et ses yeux amoureux de la nature, de la vallée d’Ossau et des montagnes en général. b

106

Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne


Bibliographie Arripe, R. (1987). Ossau 1900. Loubatieres. Bertrand, B. (2011). Glaner dans les Pyrénées. Tetras Edition. Block, S. (2016). L’Histoire des Pyrénées racontée par les cailloux. (A. Attia, Intervieweur) Carrere, A. (2015, Décembre). (A. ATTIA, Intervieweur) Chetrit, D. (2012). Réintroduction de l’Ours, l’histoire d’une manipulation. Edition Privat.

Dendaletche, C. (1997). Les Pyrénées, la vie sauvage en montagne et celle des hommes. Delachaux et Niestlé. Doutreleau, V. (2014). Itinéraires de bergers. Cairn. Fischesser, B. (2009). La Vie de la Montagne. Editions de la Martinière. Fleury, L. (2015). Bergères des Pyrénées. Gac, J. T. (1975). Pyrénées Vivantes. S.A.E.P. Colmar-Ingersheim. Hervouët, Y. (2014). Pyrénées-Atlantiques. Guides géologiques. Lévy, A. (1999). Le Dictionnaire des Pyrénées. Editions Privat. Pichon, M. L. (2012). Ossau, confluence entre Hommes et Nature. Biotope Edition.

Y. Lagalisse, P.-Y. Q. (2003). Étude coproscopique du régime alimentaire d’une population d’ours bruns (Ursus arctos) réintroduite dans les Pyrénées (1996-1999).

Crédits / Sources Photos Anabelle Attia t Danièle Attia t Lise Brungborn t Jean-Marie Fumeau t Thomas Laborde t David Marret t Hadelin Matalon www.topopyrenees.com t 3.bp.blogspot.com t www.canalmonde.fr t clio.revues.org t www.canalsnowboard.com t www.valvital.fr t www.faune-aquitaine.org t www.luontoportti.com t www.oiseaux-europe.com t www.fotocommunity.fr t www.parc-pyrenees-ariegeoises.fr t www.naturemp.org t www.larousse.fr t www.brevesdefemmes.fr t www.photodenature.fr t www.pyrenees-pireneus.com t www.chassimages.com t www.hotel-astrolabe.com t www.openclipart.org t www.marcelachard.comtwww.herbiolys.frtwww.luzea.frtwww.images.summitpost.orgtwww.produits-parc-pyrenees-ariegeoises.frtwww.meteobelgique.be twww.memoire-ossau.frtwww.static.panoramio.comtwww.inspirock.s3.amazonaws.comtwww.ferme-serbielle.frtwww.numerique.bibliotheque.toulouse.frt www.partance.org t www.fr.academic.ru t laurence.fleury.pagesperso-orange.fr t www.camping-ayguelade.com t www.pyrenees-ossau-loisirs.com twww.yogarando64.e-monsite.comtwww.mademoisellebonplan.frtwww.ossau-iraty.frtwww.images.sudouest.frtwww.images.larepubliquedespyrenees.frt www.fee-nature.fr t www.4.bp.blogspot.com t www.pyrenees-bearnaises.com t www.fromagesdusudouest.com t www.2.bp.blogspot.com

Graphisme : Ihintza Elsenaar b Mémoire Accompagnatrice en Moyenne Montagne

107


Anabelle

Attia

Chemin de Saubat 64160 — Buros 06.06.47.38.60 anabelle.attia@gmail.com


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.