L'architecture par le vide: outil de lecture et de configuration spatiale

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Université des sciences et de la technologie –USTOMBFaculté d’architecture et de génie civile Département d’architecture Atelier de projet.

L’architecture par le « vide » Outils de lecture et de configuration spatiale

Degré zéro

V

ie ide ille

Master 2 nouvelles technologies

Figure 1 Carré Blanc sur Fond Blanc, Malevitch Avant-garde XXe siècle

Élaboré par: Tlemsani Ikram Ines Encadré par : M. Benammar Abdelkrim M. Anouche Karima.

2014/2015


Sommaire : -

Posture de recherche…………………………………….. 03 Présentation du contexte global…………………….. 04 Terrain d’intervention comme contexte locale….. 06 Aller vers une Problématique et des hypothèses 07 Intentions et objectifs…………………………………… 08 Méthode/démarche………………………………………… 09 Conclusion…………………………………………………… 11 Bibliographie………………………………………………… 12

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- Posture de recherche : Ce mémoire d’initiation à la recherche s’inscrit dans la Continuité des travaux portant sur la perception et la Conception du « vide » tels qu’ils ont été menés lors de ma 3ème année licence et continuent à l’être durant mon master 2 -architecture et nouvelle technologiedans le cadre d’une initiation à la recherche scientifique. Nous avons opté pour une posture de recherche qui part essentiellement d’un constat fait à partir d’un double contexte : globale et locale (un état de l’art universelle + constat et besoin locale). Ce double constat a donc donné naissance à notre concept : l’architecture par le vide -outil de lecture et de configuration spatial-. Un concept qui intègre une certaine dimension urbaine avec pour objectif d’une part : une décomposition de cette vision originale du vide pour mieux en comprendre les origines, la signification, et les implications… et d’autre part son application dans un contexte local. Un contexte qu’on tente de déconstruire1 à partir de cette même notion du vide pour le reconstruit tout en explorant le potentiel de ces vides comme espaces générateurs du projet d’architecture Cette recherche a donc pour objet d’explorer un processus inversée de conception architecturale : ou L’architecture selon Luigi Snozzi ne s’exprime non pas par sa masse mais par le vide qu’elle dessine.

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Déconstruction fictive, mentale, scientifique.

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- Présentation du contexte global : De tout temps l’architecture a été l’expression formelle d’un contexte régi par une situation économique, sociale artistique voir même scientifique, qui fondent une pensée dominante, un paradigme. Désormais, c’est le paradigme du vide, rattaché à une vision dite soutenable ; Une nouvelle façon de concevoir le monde contemporain en perpétuel changement. Un nouveau paradigme découlant d’une nouvelle pensée, la pensé du complexe. c’est une architecture qui vaut la peine d’être soutenu parce qu’elle fait sens aux regards des enjeux de notre société contemporaine et son attitude questionne les modes de relation que l’architecture entretien avec son milieu à la fois naturel et humain, organique et construit, passé présent et future, l’avoir traduit par durable à quelques peu réduit son sens à la seule dimension du temps hors qu’elle est sensé toucher à toutes les dimensions à savoir spatiotemporelle, socioéconomique… De nos jours, la notion du vide acquiert une condition fondamentale pour la compréhension du sens cosmogonique 2 de l’origine absolue et subtile du tout (l’univers, tout être et tout objet). On assiste ainsi à un changement de paradigme, à une antithèse qui s’intéresse plutôt au vide qu’au plein voir même à la notion du vide plein : porteurs de toutes les naissances , porteur de ce qui va être , c’est le champs de force fluctuant par excellence , un état de l’énergie minimale de la matière : Le « degré zéro » à partir duquel, on tente de dépasser le visible pour accéder à la dimension invisible qui précède l’apparition de toutes formes matérielles [C’est un peu ce que nous raconte Malevitch à travers son œuvre : Carré Blanc sur Fond Blanc, Malevitch Avant-garde XXe siècle [figure1] Qu’en est-il du vide en architecture voir en urbanisme ? [Nous allons de l’urbain à l’architecturale.] « La forme urbaine se compose dans une alternance de plein et de vide »3 (Thiberge, 2002) Au fils du temps la position du vide a évolué dans la composition urbaine. Après avoir été perçu comme étant « ce qui reste » du fait que le plein ait été considéré comme unique moteur de l’urbanité et L’utilisation systématique du plan de « masse » pour représenter la ville en est le principal témoin (une collection d’objets, de formes diverses détaillées en aplat noir et posée sur un fond laissé blanc, continu et abstrait [vision influencée par mouvement fonctionnaliste

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Cosmogonie : théorie expliquant la formation de l’univers, son essence même par le vide Claude Thiberge, « la ville en creux », édition du Linteau, paris, 2002. P 15

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1930]) « Ce sont les vides qui structurent d’abord la ville»4 (C. Thiberge, 2002) Le paradigme du « vide » est désormais celui d’un potentiel plein. Et l’attention portée à la manipulation des formes bâties, entités inflexibles, semble ne plus faire face aux transformations incessantes de la ville contemporaine. Selon Bertrand Folléa dans son livre : la ville régénérée à la source de ses vides : de l’espace vide au paysage ouvert : « Contrairement au « plein » inflexible, le « vide » apparait comme l’espace même de la transformation et semble être seul à même de repenser l’urbanisme imprégné de « durabilité » ». Un urbanisme assuré par une architecture par le vide évolutif, adaptable, flexible et surtout philanthropique5…) appuyant ainsi l’idée d’une architecture soutenable et traitant la question de la « durabilité » architecturale, spatiale, culturelle….envisagée de plusieurs façons, à savoir : - la durabilité dans le dialogue entre :  

L’espace et le temps : la dimension spatiotemporelle et l’intégration d’une nouvelle urbanité contemporaine6 L’architecture et son milieu : la contextualisation souple par le vide7

-L’image et l’usage : entre esthétique et philanthropie Ou le vide serait le centre de toutes réflexions et de toutes interventions que ce soit à une échelle urbaine ou architecturale qu’on juge complémentaire. -la durabilité dans les procédées de choix des différentes solutions : telles que, la décongestion urbaine, la densification souple 8

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Claude Thiberge, « la ville en creux », édition du Linteau, paris, 2002. P 15 - l’urbanisme philanthropique : philanthropique de la langue grec ancienne philos : amoureux et anthropos : homme ; l’amour de l’homme. Un urbanisme philanthropique place l’être humain au centre de toute réflexion sur l’urbain ou l’architecturale et qui en combinaison avec d’autre flux d’ordre énergétique, environnementale…ferait du vide un plein, un champ de force et un lieu de tous les possibles 6 Selon Jaque Lucan, une urbanité dite contemporaine est assurée par l’intégration d’un vide plein (de programmes d’usages ou l’architecturale et l’urbain vont se confronter à des moments pour générer l’inattendu, l’interaction….. espace public contemporain par excellence. 7 Contextualisations souple par le vide : Ou le vide prend place dans une structure urbaine dense sans pour autant déranger l’existant toute en créant des variations spatiale en dialogue avec le corps 5

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Fin Geipel et gulia Andi : la densification souple de la ville se fait par la génération de formes urbaines et architecturales ouvertes et flexibles qui viennent compléter les structure existantes de la ville : le vide entant qu’espace souple ; une position nuancée se situant entre les concepts de l’espace lisse (ouvert, souple assurant une certaine liberté spatiale) et l’espace strié (la grille structurée d’un contexte urbain dense)-Deleuze et Guattari-. Ou le vide prend place sans pour autant déranger l’existant : contextualisations souple par le vide

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impliquant une nécessité de gestion consciente des vides et des flux de la ville dense …. Et la « slow architecture »9.

- Terrain d’intervention comme contexte locale :

Vide et ville : centre-ville d’Oran

Nous avons choisi de travailler sur le centre-ville d’Oran comme terrain à la fois d’investigation et d’expérimentations de notre concept : l’architecture par le vide-outil de lecture et de configuration spatiale suite à un constat préalable :

Le facteur de perte identitaire d’une ville quelconque notamment la ville d’Oran- qui selon l’architecte Rem Koolhaas, résiderait dans la conception des espaces publics par conséquent du vide devenu résidu au lieu d’être l’élément générateur des villes. Et à diverses notions (qu’on définirait au fur et à mesure) et qu’on aimerait confronter avec la notion du vide telles que : - La notion de densité et masse urbaines. - La notion de vide qui serait à la fois problématique : friche, non-lieux, délaissé urbain, etc. Et espace d’opportunité : pause, soupire, régénération La notion du vide positif à savoir l’espace public tel que les rues et les ruelles comme sujet de réinterprétation de l’espace de l’entre deux, etc. - La notion de La ville sur la ville10 en terme d’intervention architecturale énoncée par Antoine Grumbach dans les années 1980 : « compléter les villes c’est composer avec l’existant », de ce fait l’architecte doit reconnaitre la ville en tant que telle et doit s’y intégrer sans déranger sa configuration globale et cela en laissant advenir le vide avant de s’imposer comme icone.

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Slow architecture : permet de ralentir le rythme des villes pour générer la rencontre, c’est aller vers plus de vide dans les villes pour créer l’évènement spatiotemporel 10 . « Art de compléter les villes ». Refusant la logique de la table rase, Antoine Grumbach

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-Aller vers une problématique et des hypothèses : Suite aux mutations opérées au niveau de la matérialisation des villes et de leurs spatialités, des stigmates apparaissent, tel est le cas de la ville d’Oran, un tissu urbain offrant des variations incontournables, mais de plus en plus marginalisés. Le paysage urbain de la ville montre ainsi des imperfections notamment les « vides urbains » laissés à l’abandon, stériles (vide de sens et de pratique) et obsolètes qui demeurent désormais des espaces négatifs disposants de potentialités élevées (opportunité foncière, lieu de décongestion, pause…) qui peuvent motiver de profondes réformes (Paradoxe et confrontation). En agissant avec des «non-matières» comme les programmes, les espaces ouverts, etc. on tenterait le défi d’une nouvelle urbanité de la ville contemporaine 11. L’enjeu majeur de la ville d’Oran, se situe désormais dans la reconquête du vide urbain « non-lieu »12 qu’elle abrite dans son tissu dense. La prise de conscience de son potentiel comme opportunité

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Selon Jaque Lucan, une urbanité dite contemporaine est assurée par l’intégration d’un vide plein (de programmes d’usages ou l’architecturale et l’urbain vont se confronter à des moments pour générer l’inattendu, l’interaction….. espace public contemporain par excellence. 12 Marc Augé : espace qui manque de signification et de lien au sein d’une structure urbaine, et qui souffre d’insécurité et de vandalisme.

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foncière et [espace générateur de projet architectural « hétérotopique »13 capable de réorganiser les structures spatiale de la ville contemporaine14 par le « vide »]15. (FOUCAULT, Michel (1984)) « ….Les villes naissent quand les espaces vides prennent sens par rapport aux espaces pleins….. »(Jorge Cruz Pinto, 2010)16 Nous faisons donc l’hypothèse que la réflexion autour du vide peut définir une alternative à la situation actuelle de l’architecture et de la ville marquée par la culture frénétique de l’occupation de l’espace et de l’accumulation excessive du bâti, et peut consolider l’idée que l’espace du vide peut être, selon Fin Geipel et Gulia Andi un souffle équilibrant la saturation propre à la ville dense.

Quelle forme, l’architectural, peut-il donc adopter afin de proposer une appropriation contextuelle imprégnée de « durabilité », de ces «non-lieu» sans pour autant qu’ils perdent leur caractère initial de « coin d’air »17 dans la ville, afin de faire durer son imagibilité ?

- Intentions et objectifs : -

concevoir un lieu de l’urbanité par excellence : interactif, évolutif et ce en laissant advenir le vide avant de s’imposer comme icone.

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En confrontant deux architectures (existante et nouvelle) dans le sens où l’intégration va se faire dans un entre deux (quartier Miramar) : une nouvelle façon de contextualisation.

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Générant Un entre deux dégageant une forte relation entre ce qui existe et ce qui émerge, permettant une continuité qui se veut discontinue (jeux d’opposition) par moment : Une pause qui permet d’appréhender une temporalité créant l’évènement spatiotemporel par la présence du vide

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Michel Foucault : un espace de tension et d’intensité urbaine dans la ville, ou le changement devient présent au quotidien. 14 La Ville c’est: la relation entre les parties d’un tout, le design du vide, la mixité urbaine et l’intégration, l’intensité, espace de rencontre et de socialisation. 15 FOUCAULT, Michel (1984) « Des espaces autres » (conférence au Cercle d'études architecturales, 14 mars 1967), dans Architecture, Mouvement, Continuité, n°5, octobre 1984, pp. 46-49. Mouvement, Continuité, n°5, octobre 1984, pp. 46-49. 16 -Le Carré Bleu, feuille internationale d’architecture 2.2010, l’éloge du vide. P2 17

Henri Gaudin, « coin d’air » : sentiment de soupire, offrir une pause, poche de respiration au sein des tissus urbains saturés.

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Concevoir un vide plein de par son appropriation par l’usager : vides pensés comme des respirations qui finalement prennent la forme des usages : elles sont les ruelles, les cours, les passages…

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Concevoir des vides constituant une progression entre l’intensité urbaine et son ultime intimité.

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Concevoir un Centre culturel : « un vide plein » : plein d’usages et d’ambiance architecturale.

-Méthode/démarche : Nous commençons par définir la notion du vide partant de plusieurs domaines : scientifique artistique (avec une comparaison entre la vision orientale et celle occidentale du vide)…..jusqu’à arriver à une définition urbaine et architecturale étayée par des propos de scientifique tels que l’astrophysicien Michel cassé18, d’architectes et ou urbanistes tels que Rem koolhaas, Bernard Tschumi, Frédéric Borel et d’autres.

En optant pour un tel concept, nous mettons en avant une approche qualitative plutôt que quantitative, qui est susceptible d’apporter des connaissances pour une conception architecturale particulièrement attentive aux modalités de perception et d’usage d’un espace de par le vide qu’il nous procure.

Puis nous passons à l’analyse des exemples thématiques et nous testerons la constitution d’un répertoire non exhaustif.

Nous essayerons de dégager les facteurs qui contribuent au sentiment de pause, de vide ou de coin d’air et aux relations entre formes architecturales et formants de vides. Ce répertoire nous servira, en premier lieu, à valider des éléments méthodologiques et à explorer différentes configurations urbaines et architecturales dans la temporalité de l’instant et nous les avons observées selon différentes échelles :

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Astrophysicien Chercheur à l'Institut d'Astrophysique de Paris et CEA : de quoi le vide est-il plein

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Echelle urbaine et programmatique)19

architecturale

(vide

Echelle spatiotemporelle : Les espaces intermédiaires, Les espaces privés.

structurant

publics,

Les

et

vide

espaces

Figure 2 Yves Klein, Stepping into the void, 1960.

« L’Architecture c’est le vide, à toi de le définir. » Luigi Snozzi

19

La « stratégie du vide » Rem Koolhaas dans « composition non composition » de Jaque lucan

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-Conclusion :

La notion du vide n’est pas une figure de style ou une simple lecture esthétisante de l’espace, c’est plutôt une autre manière de regarder ce qui existe, de dialoguer avec ce qui existe, et de valoriser ce qui existe.

De ce fait, Elle acquiert une condition fondamentale pour la compréhension et la production de l’espace architectural et ou urbain, avec pour objectif l’approfondissement de la conscience de voir, de sentir, d’interpréter et de projeter l'architecture à partir de sa matière la moins visible et la moins tangible, pour en faire un lieu caractérisé par une certaine dimension intangible ou se produisent les relations humaines, socioculturelles… les plus subtiles de force de forme20 et de forme de force21.

- Bibliographie : -

Arnoux Bénédicte et Laura Cardin, «le vide, outil de définition spatiale » [en ligne] territoire d’expérimentation, part 1 et 2, école nationale supérieure d’Architecture de Versailles, Février 2014.

-

Claude Thiberge, « la ville en creux », édition du Linteau, paris, 2002.

-

FOUCAULT, Michel (1984) « Des espaces autres » (conférence au Cercle d'études architecturales, 14 mars 1967), dans Architecture, Mouvement, Continuité, n°5, octobre 1984, pp. 46-49.

-

20 21

Jaque Lucan, (2009) « processus et programme contre composition Rem koolhaas », (chapitre 29); dans «composition, non composition », architecture et théorie XIX- XX siècles,

Faisant référence aux usagers, d’un espace, à la gestalt et au mouvement Faisant référence aux programmes.

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lausanne, presse plytechniques et universitaires romandes P 554-561 -

Jaque Lucan, « composition, non composition », « généalogie du poché » [version électronique], de l’espace au vide, in matière, n°7, PPUR, Lausanne, 2004, PP.41-54. https://spacespeculation.files.wordpress.com/2009/11/jlucan-genealogie-du-poche1.pdf.

-

Jacques Beauchard et Françoise Moncomble « L’architecture du vide », ISBN 978-2-7535-2226-8 Presses universitaires de Rennes, 2013, www.pur-editions.fr

-

Le Carré Bleu, feuille internationale d’architecture 2.2010, l’éloge du vide.

-

Mayt_e Banzo. L'espace ouvert pour une nouvelle urbanité. Geography. Université Michel de Montaigne - Bordeaux III, 2009. <tel-00618968>

-

Paolo Amaldi, « architecture, profondeur, mouvement », collection projet et théorie, édition infolio, 2011

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Rem Koolhaas, « Stratégie du vide », OMA –Rem Koolhaas: six projets/ éd. Par patrice goulet, Paris, Editions carte Serget, 1990.

-

Serge Renaudie, « la ville par le vide », movitcity Edition, 2011 –http://movitcityedition.blogspot.com/

-

Les Rendez-vous 'Métropolis' : ''Quand les architectes n'ont pas peur du vide'', « Concept de vide », Bernard Tschumi, architecte, Colloque international, PARIS, Cité de l’architecture & du patrimoine, [http://www.dailymotion.com/video/xkvuom_quandles-architectes-n-ont-pas-peur-du-vide-concept-de-vide-bernardtschumi_creation]

-

Les Rendez-vous 'Metropolis' : ''Quand les architectes n'ont pas peur du vide'', Intervention n°9 « Le vide n'existe pas », Frédéric Borel, architecte, Paris, Cité de l’architecture & du patrimoine [http://webtv.citechaillot.fr/video/metropolis-vide-nexiste-pas]

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