Extrait Paul Otlet

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Paul Otlet FOndateur du MundaneuM

(1868-1944) architecte du savoir, artisan de paix



extrait


LES IMPRESSIONS NOUVELLES « HORS COLLECTION » Remerciements À la Communauté Française Wallonie-Bruxelles, à la Loterie Nationale, à l’équipe et aux administrateurs du Mundaneum et à notre éditeur Benoît Peeters Coordination Jacques Gillen Traductions Les traductions de l’anglais des textes de W. Boyd Rayward, Charles van den Heuvel et Wouter Van Acker ont été réalisées par Jean-Marc Jacot, revues et corrigées par Jacques Gillen Illustrations Raphaèle Cornille Le Mundaneum asbl est un centre d’archives privées subventionné par le Ministère de la Communauté Française Wallonie-Bruxelles, Direction Générale de la Culture, Service du Patrimoine

www.mundaneum.be 00 32 (0)65 31 53 43 Rue de Nimy, 76 B-7000 Mons

Couverture : XXX Graphisme : Tanguy Habrand © Les Impressions Nouvelles — 2010 www.lesimpressionsnouvelles.com info@lesimpressionsnouvelles.com


PAUL OTLET (1868-1944) Architecte du savoir, artisan de paix

LES IMPRESSIONS NOUVELLES



Introduction « Un

nouveau regard sur

Otlet » :

ce livre

Warden Boyd Rayward Le Mundaneum consacre l’année 2010 à Paul Otlet, sur le plan national aussi bien qu’international. Trois événements majeurs sont ainsi prévus pour attirer l’attention du public et mettre en valeur certains aspects de sa pensée et célébrer sa vie et son œuvre. Le premier est la publication de ce livre. Le deuxième sera un colloque international qui aura lieu en mai 2010, intitulé : « Transcending Boundaries in Europe in the Period of the Belle Époque : Organizing Knowledge, Mobilizing Networks, and Effecting Social Change ». Le troisième événement sera une exposition basée sur les nouvelles technologies. Elle incarnera les réflexions visionnaires d’Otlet lui-même en matière de technologie, réflexions qu’il développa à mesure qu’il découvrait les transformations progressives provoquées par les avancées technologiques de son époque. Les chapitres de ce livre se réfèrent à divers aspects de la vie et de l’œuvre de Paul Otlet. Le premier d’entre eux, de W. Boyd Rayward, « Paul Otlet, encyclopédiste, internationaliste, belge » propose une vue d’ensemble, qui permettra de définir le contexte général au sein duquel les autres chapitres s’inscriront. Le texte de Stéphanie Manfroid, « Un environnement déterminant chez Paul Otlet », est une étude du milieu familial fascinant qui a vu le jeune Otlet grandir, celui de la haute bourgeoisie, et des influences artistiques et architecturales qui ont continué à façonner divers aspects de son travail tout au long de sa vie. Dans sa jeunesse, Otlet était attiré par les grandes questions sociologiques et les grands débats sociaux et politiques de la fin du XIXème siècle à Bruxelles. Dans son article, intitulé « L’humanité comme type social ? Paul Otlet 5


WARDEN BOYD RAYWARD

et la sociologie », Jean-François Crombois parle de la sociologie et plus généralement des sciences sociales en Belgique à cette époque, nous décrivant ainsi le contexte dans lequel se sont inscrites les relations institutionnelles entre Otlet, l’Office International de Bibliographie Sociologique qu’il co-créa en 1893 avec son collègue Henri La Fontaine, et l’Institut des Sciences Sociales fondé par Ernest Solvay en 1894 (devenu en 1901-1902 l’Institut de Sociologie Solvay). Otlet – malgré sa réserve – et La Fontaine partageaient le talent remarquable de savoir tisser des liens avec leurs collègues. Cette capacité, renforcée par la chaleur et l’affabilité de La Fontaine, leur a permis de maintenir une grande partie de ces liens tout au long de leurs vies respectives. Un de leurs premiers soutiens, qui mit en place la branche française de l’Institut International de Bibliographie, presque immédiatement après sa création, était le Général Hyppolyte Sébert, décédé en 1930 à l’âge de 91 ans. Le texte de Sylvie Fayet-Scribe, « Le réseau français de la bibliographie et de la documentation (1899-1930) » explore leurs relations, et décrit les arrangements et compromis institutionnels négociés par l’intermédiaire de Sébert, aussi bien avant qu’après la Première Guerre Mondiale. La période d’avant-guerre a rendu possible une évolution rapide et passionnante de la pensée d’Otlet sur l’organisation et la représentation des connaissances. C’est à cette époque qu’il a commencé à utiliser des schémas. Comment simplifier l’analyse et la synthèse de connaissances complexes en présentant leurs composantes et leurs relations de manière schématique, c’est une question qui a continué à l’intriguer tout au long de sa vie. Cette passion est décrite dans « La Schématique d’Otlet » par Robert Estivals. Très tôt, Otlet a été très intéressé par l’utilisation de la photographie à des fins documentaires, et par les utilisations bibliographiques du microfilm. Dans son article intitulé « Penser/Classer les images : histoire de l’archivage des photographies et l’émergence de la documentation iconographique (1888-1906) », Luce Lebart fournit le contexte historique général du développement de l’intérêt pour 6


INTRODUCTION

la photographie au XIXème et au début du XXème siècle, et décrit les techniques de documentation photographique mises au point par Otlet et ses collègues, notamment les microfilms. Elle note l’importance des diverses rencontres internationales de photographie et surtout du Congrès de documentation photographique tenu à Marseille en 1906, sous la présidence du collègue et ami d’Otlet, Hippolyte Sébert. En tant qu’éditeur du Bulletin de l’Institut International de Bibliographie, Otlet était affilié à l’Union de la Presse Périodique belge, dont il devint le président en 1908. Il s’était notamment donné pour tâche de faire avancer plusieurs de ses entreprises muséologiques. L’origine de son affiliation à l’Union est décrite dans le texte rédigé par Pierre van den Dungen, « Paul Otlet et l’Union de la Presse Périodique Belge (UPPB) ». À la fin de la Première Guerre mondiale, Otlet réussit à persuader le gouvernement belge d’attribuer l’aile gauche du Palais du Cinquantenaire au Palais Mondial – ou Mundaneum. Dans son article, « Paul Otlet et le Cinquantenaire », Valérie Montens décrit les musées déjà en place dans différentes parties du Cinquantenaire, le travail de la Commission nommée pour examiner la répartition de l’espace après la guerre, de la participation d’Otlet aux discussions, et de son influence sur leur déroulement et leur conclusion. Son analyse met en évidence à quel point son emprise sur cet espace fut précaire. Il cherchait des locaux de grande taille pour compléter le Musée International, ouvert en 1910, avec des éléments provenant de l’Exposition Universelle de Bruxelles. Mais comment envisageait-il le concept même de musée ? Le texte de François Mairesse, « Paul Otlet, apprenti muséologue » décrit la structure et la disposition du Musée International, les difficultés physiques que présentait le site du Cinquantenaire, l’amateurisme scénographique des expositions, les évaluations souvent contradictoires prononcées au cours des années 1920 et 1930 sur la valeur universitaire et éducative des collections du Mundaneum, puis le déclin et la chute finale du projet. Il conclut que les idées d’Otlet étaient plutôt démodées et marginales par rapport à la pensée prédominante en matière de muséologie à cette époque. Wouter Van 7


WARDEN BOYD RAYWARD

Acker aborde le sujet sous un autre angle. Son texte, « La remédiation de la connaissance encyclopédique », suggère que pour Otlet, le Musée International était une sorte de visualisation multimédia, une nouvelle espèce d’encyclopédie, l’Encyclopedia Universalis Mundaneum. Van Acker explore l’évolution des conceptions d’Otlet sur l’encyclopédie depuis le milieu des années 1920 jusqu’au début des années 1930, notamment au travers de sa relation avec Otto Neurath, le célèbre philosophe et sociologue autrichien, relation à l’effet galvanisant sur les idées muséologiques de chacun des deux hommes. Parmi les nombreuses organisations siégeant au Mundaneum, il y en avait une, qui a eu plusieurs noms – la République Supranationale, ou République Métapolitique Supranationale, ou encore Cosmométapolis. Cette organisation avait été créée par Henri Léon Follin. Jacques Gillen nous présente les idées de ce personnage méconnu, et sa description des relations entre Otlet et Follin est l’occasion d’illustrer aussi bien le mouvement pacifiste de l’époque que les convictions d’Otlet lui-même en la matière. Charles van den Heuvel a mené une étude détaillée de milliers et de milliers d’images crées par Otlet pour permettre de visualiser ses idées, surtout en association avec l’Encyclopedia Universalis Mundaneum. Ces images sont très diverses, depuis des gribouillis à peine déchiffrables, en passant par une série de tableaux, de cartes et d’illustrations à divers stades d’achèvement. Dans son article, « Paul Otlet et diverses versions historiques de la genèse du Web mondial, du Web sémantique et du Web 2.0 », van den Heuvel utilise un certain nombre de ces images pour illustrer de manière frappante à quel point les idées d’Otlet sur le réseautage, les télécommunications et l’organisation des connaissances sont proches des idées les plus modernes sur le web sémantique et le Web 2.0. Paul Otlet : une relique du XIXème siècle ? Démodé dans sa muséologie ? Utopiste incorrigible dans sa croyance à un besoin d’approches novatrices pour l’organisation des connaissances si une société mondiale d’un genre nouveau doit émerger du chaos de son époque ? Peut-être. Pourtant, avec quelle perspicacité et 8


INTRODUCTION

quel modernisme son travail nous apparaît aujourd’hui ! Nous savons maintenant qu’il s’agit d’un personnage ne pouvant être ignoré des travaux historiques sur l’apparition du monde numérique moderne et sur ses nouvelles technologies, qui font évoluer nos relations sociales et impliquent l’apparition de nouveaux modes d’accès et d’utilisation de l’information. Cependant, au sein d’un monde de plus en plus intégré sur les plans économique et politique, peut-être devrions-nous examiner de plus près les idées et le travail d’Otlet, au-delà d’un domaine aussi extraordinaire en soi que ses ramifications. Il y a environ soixante-dix ans le concept de « mondial » évoquait pour Otlet un état d’évolution sociale ultime. « Mondial » est défini par l’Académie française comme « ce qui est répandu dans le monde entier, sur toute la terre ». De nos jours, le terme est omniprésent, pour décrire une réalité émergente dont nous n’avons pas encore réalisé toutes les implications, les tenants ou les aboutissants. Peut-être Otlet a-t-il encore d’autres choses à nous apprendre que ce quenos études ont déjà mis à jour ?

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Aperçu biographique Stéphanie Manfroid Reconnu comme le père de la documentation moderne, Paul Otlet est une personnalité éprise d’innovations. Il entame sa carrière dans la société familiale. Mais son génie créateur s’épanouit dans le domaine des sciences. Fasciné par elles, il découvre la bibliographie et fait de cet outil son cheval de bataille en vue de réorganiser la société dans une perspective de progrès. Grâce à son autre passion, l’architecture, il en imagine les structures et les formes de manière concrète. Issu de la bourgeoisie bruxelloise, Paul Otlet entame un parcours plutôt classique. Son père, Edouard Otlet, industriel et homme politique, fait fortune dans la construction de tramways. L’Entreprise, la vaste société qu’il dirige, se développe dans le monde entier. Dans ce contexte familial, l’avenir professionnel du jeune Paul Otlet est tout tracé : il entame des études de droit en vue de défendre les intérêts patrimoniaux de l’Entreprise. Mais sa passion est ailleurs… Le monde constitue un univers foisonnant de connaissances qu’il rêve d’explorer. À 20 ans, il a déjà deux publications à son actif : L’Île du Levant (1882) et L’Afrique aux noirs (1888). Son diplôme de droit en poche, il effectue un stage au cabinet du renommé Edmond Picard. Ce dernier publie Les Pandectes belges, recueil de la jurisprudence. Paul Otlet rejoint l’équipe pluridisciplinaire mobilisée sur ce travail et fait la connaissance d’Henri La Fontaine, secrétaire d’Edmond Picard. Il prend alors conscience de l’intérêt majeur de la bibliographie, qu’il érige plus tard en science. Paul Otlet reste attentif à ses obligations envers la société familiale pour laquelle il propose en 1905 l’exploitation touristique 11


STÉPHANIE MANFROID

de terrains de chasse à Westende. Son talent pour l’architecture s’exprime avec audace aux côtés d’Octave Van Rysselberghe. Une station balnéaire modèle inspirée de la théorie récente des citésjardins voit le jour. Elle attire aussi bien les foyers modestes que privilégiés. De ce succès urbanistique, la faillite de la société et les affres de la guerre ne laissent que peu de traces. Son héritage le plus durable demeure l’Office International de Bibliographie qu’il crée avec Henri La Fontaine en 1895. Le socle de cet organisme repose sur une bibliographie qu’ils prolongent avec une bibliothèque et un centre de documentation universel. L’encyclopédie pensée par Paul Otlet et Henri La Fontaine puise ses sources dans tous les supports de la connaissance, sans restriction. Ils redéfinissent le musée qui tient encore du cabinet de curiosités des XVIIème et XVIIIème siècles. Cette démarche aboutit après la Première Guerre Mondiale à l’inauguration d’un musée d’un genre nouveau sur l’esplanade du Cinquantenaire : le Palais Mondial-Mundaneum (1920). Le point culminant de son parcours intellectuel est atteint avec la traduction dans sa forme urbaine de ses théories sur la connaissance. Dès 1910, il concentre toute son énergie à la conception de la cité mondiale, sorte de cités des sciences (ou des savoirs) avant l’heure. En 1907, il fonde avec Henri La Fontaine l’Union des Associations Internationales (UAI) qui fédère les institutions créées à ce moment-là tout en leur offrant une dimension internationale. À partir de 1910, il sollicite successivement Hendrik Andersen et Le Corbusier pour son projet de Cité mondiale. Il devance ainsi de 10 ans l’attitude pacifiste adoptée par les Nations lors de la création de la Société des Nations et de son Institut International de Coopération Intellectuelle (IICI). Mais les difficultés à appliquer une diplomatie basée sur la connaissance culturelle et le rapprochement des intellectuels minent autant la SDN que le projet de Cité porté par l’UAI durant l’entre-deux-guerres. Son écrit majeur demeure Le traité de documentation, le livre sur le livre, qu’il publie en 1934. Il y définit avec rigueur tous les supports de la connaissance. Il imagine aussi le livre de demain, 12


APERÇU BIOGRAPHIQUE

qu’il nomme le livre téléphone et développe une théorie sur les réseaux de la connaissance. En bien des points, son approche théorique se révélera avant-gardiste.

Paul Otlet, photographie, s.d. (© Mundaneum)

13



[…]



Table des matières Introduction Warden Boyd Rayward

5

Aperçu biographique Stéphanie Manfroid

11

Paul Otlet. Encyclopédiste, internationaliste, belge W. Boyd Rayward

15

Les papiers personnels Stéphanie Manfroid et Jacques Gillen

51

Le réseau français de la bibliographie et de la documentation (1899-1930)  Sylvie Fayet-Scribe Penser / classer les images Luce Lebart

75 89

L’humanité comme type social ? Jean-François Crombois

105

Paul Otlet et l’Union de la Presse Périodique Belge Pierre Van Den Dungen

115

Paul Otlet et le Cinquantenaire Valérie Montens

123

Paul Otlet, apprenti muséologue François Mairesse

137

La schématique d’Otlet Robert Estivals

149

Versions historiques de la genèse du World Wide Web, du Web sémantique et du Web 2.0 Charles van den Heuvel

159

La remédiation de la connaissance encyclopédique Wouter Van Acker

177

Biographie des auteurs Bibliographie sélective

199 204


OUVRAGE PARU EN MARS 2010 Figure emblématique de la documentation, Paul Otlet (1868-1944) continue de fasciner. Novateur, il a accompli une œuvre originale dans des domaines aussi diversifiés que la bibliographie, la photographie, la schématique, l’encyclopédie ou encore la Précurseur, Figure emblématique demuséographie. la documentation, Paul il anticipe avant la Otlet seconde guerre mondiale l’arrivée d’Internet et, avec (1868-1944) continue de fasciner. son fidèle ami Henri La Fontaine (Prix Nobel de la Paix en 1913), pose Novateur, il a accompli une œuvre originale les bases du Mundaneum, une sorte de Google de papier à vocation dans des domaines aussi diversifiés que la bibliopacifiste. Utopiste, il travaille à construire une société idéale et conçoit graphie, la photographie, la schématique, l’encyavec l’aide de Le Corbusier un projet de Cité mondiale. clopédie ou encore la muséographie. Précurseur, il anticipe avant la seconde guerre mondiale Dans cet ouvrage, des spécialistes d’horizons divers abordent ces l’arrivée d’Internet et avec son fidèle ami Henri La thématiques. Par leur contribution, ils jettent un éclairage tout à fait Fontaine (Prix Nobel de la Paix en 1913) et pose neuf sur un personnage incontournable de la première moitié du XXe les bases du Mundaneum, une sorte de Google de siècle. papier à vocation pacifiste. Utopiste, il travaille à construire une société idéale et conçoit avec l’aide Centre d’archives de et espace d’exposition, le Mundaneum est situé à Mons Le Corbusier un projet de Cité mondiale.

(Belgique) où sont conservées les archives de Paul Otlet et Henri La Dans cet ouvrage, des spécialistes d’horizons Fontaine. divers abordent ces thématiques. Par leur contribution, ils jettent un éclairage tout à fait neuf sur un personnage incontournable SUR de la :première moitié RETROUVEZ-NOUS du XXe siècle.

Centre d’archives et espace d’exposition, le Mundaneum est situé à Mons (Belgique) où sont DIFFUSION/DISTRIBUTION : HARMONIA MUNDI conservées les archives de Paul Otlet et Henri La EAN : 9782874490958 Fontaine. ISBN : 978-2-87449-095-8 208 PAGES - 17 €

ISBN 978-2-87449-095-8

http://www.lesimpressionsnouvelles.com http://www.mundaneum.org/

17 E

EAN 978287449095


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