Extrait de "Vies et mort de la Francophonie"

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extrait


« Réflexions faites »

Pratique et théorie « Réflexions faites » part de la conviction que la pratique et la théorie ont toujours besoin l’une de l’autre, aussi bien en littérature qu’en d’autres domaines. La réflexion ne tue pas la création, elle la prépare, la renforce, la relance. Refusant les cloisonnements et les ghettos, cette collection est ouverte à tous les domaines de la vie artistique et des sciences humaines.

Cet ouvrage est publié avec l’aide de la Communauté Française de Belgique et avec le concours de la Fondation Universitaire de Belgique.

Graphisme : Martine Gillet © Les Impressions Nouvelles – 2011 www.lesimpressionsnouvelles.com info@lesimpressionsnouvelles.com


François Provenzano

Vies et mort de la francophonie Une politique française de la langue et de la littérature

LES IMPRESSIONS NOUVELLES



AVANT-PROPOS

POURQUOI LA « FRANCOPHONIE » N’A PAS D’HISTOIRE L’objet dont il sera question dans les pages qui suivent semble autant nimbé d’une vague évidence que dépourvu d’histoire. La « francophonie » est sans doute l’une de ces rumeurs indistinctes qui « disent quelque chose » à l’homme de la rue. Cependant, les discours et les institutions qu’évoque la « francophonie » n’ont pas encore vraiment fait l’objet d’une enquête historique qui s’emploie à les articuler à d’autres ensembles d’institutions et de discours et permette ainsi d’en comprendre les implications profondes dans les pratiques et les imaginaires collectifs. Certes, la « francophonie » a été maintes fois dotée d’une forme d’historicité. Comme tout mouvement cherchant à imposer son évidence idéologique et sa nécessité institutionnelle au monde social, le projet « francophone » s’est cherché des pionniers, des précurseurs, des continuateurs, des figures jalons. On ne compte plus les panoramas rétrospectifs proposés dans les ouvrages sur la « francophonie », qui détaillent les différentes « étapes » de la construction « francophone », tout en proposant une visée prospective sur les développements du projet ou sur son ajustement aux mutations du monde contemporain. Or faire l’historicité n’est pas faire l’histoire. Au contraire, les effets d’historicité opèrent souvent comme des formes de sabotage du travail historique, dans la mesure où ils balisent de manière contraignante les parcours de lecture du passé et les mettent au service d’une lecture de l’avenir. La difficulté d’enquêter historiquement sur la « francophonie » tient également au fait qu’elle a finalement peu marqué de son empreinte le cours des événements : malgré ce que soutiennent ses plus ardents défenseurs, on peut raisonnablement considérer que ni le rassemblement « francophone » ni les « penseurs » de la « fran7


VIES ET MORT DE LA FRANCOPHONIE

cophonie » n’ont infléchi lourdement le processus historique qui a caractérisé la seconde moitié du xxe siècle. Comme le regrettait déjà amèrement et rétrospectivement l’un de ses premiers promoteurs, Jean-Marc Léger, la consistance de la « francophonie » est, pour l’essentiel, discursive ; jusqu’au trop-plein : J’éprouve à parler de francophonie désormais un malaise croissant en même temps qu’un sentiment d’accablement. […] on n’en finit plus de faire les mêmes constats, de concevoir des mesures de redressement et des plans d’action, de réfléchir mille fois sur les mêmes thèmes, de rééditer les mêmes enquêtes, les mêmes groupes de travail, les mêmes séminaires et colloques. D’où une constante inadéquation entre l’immense effort de réflexion et de proposition consenti depuis un quart de siècle et la minceur des résultats enregistrés.1

Il s’agira donc moins de traquer des faits que de souligner des migrations conceptuelles, des permanences énonciatives, des mutations argumentatives qui, si elles relèvent de ce que Michel Foucault a appelé « l’ordre du discours »2, n’en sont pas pour autant dépourvues d’efficace sociale. En particulier, dans le domaine de la littérature – ou plutôt, de la métalittérature, puisque c’est essentiellement de cela dont il va s’agir ici –, nous soutiendrons que les discours peuvent structurer fortement les pratiques, non seulement de connaissance, mais aussi de production et de consommation des biens culturels qui forment une littérature. Autrement dit, cet ouvrage se propose d’analyser les discours sur la « francophonie » en tant qu’ils dessinent toute une politique de la littérature, en permanente évolution. Cette politique de la littérature a notamment pour caractéristique de mêler, voire de confondre, les différents terrains institutionnels où elle est susceptible de s’actualiser. En effet, si la « francophonie » a, jusqu’à présent, semblé échapper à toute forme 1  Jean-Marc Léger, La Francophonie : grand dessein, grande ambiguïté, préface de Monsieur l’Ambassadeur Bernard Dorin, Paris, Nathan, 1987, pp. 189-190. 2  Michel Foucault, L’Ordre du discours, Leçon inaugurale au Collège de France prononcée le 2 décembre 1970, Paris, Gallimard, 1971. 8


POURQUOI LA « FRANCOPHONIE » N’A PAS D’HISTOIRE

d’appréhension historique, c’est sans doute aussi parce qu’elle innerve plusieurs secteurs du discours social, bref connaît plusieurs inscriptions historiques : tant l’histoire des institutions politiques, l’histoire des productions culturelles (et singulièrement de la littérature), que l’histoire des savoirs sur ces productions culturelles et que l’histoire de la répartition académique de ces savoirs sont, d’une manière ou d’une autre, concernées par la « francophonie ». La première tâche qui s’offre à nous est donc de démêler chacune de ces séries historiques et de distinguer les enjeux qui se trouvent de facto étroitement enchevêtrés : la quête d’une « francophonie » littéraire s’éclaire à la lumière du projet de la « francophonie » politique et s’actualise plus souvent sur le terrain académique que sur celui proprement littéraire. Ce sont les avatars successifs de ces divers enchevêtrements que s’emploie à décrire et à analyser le corps central de cet ouvrage. Projet institutionnel porté par des justifications culturelles, la « francophonie » connaît une sorte de préhistoire avec les premiers travaux sur ce qu’on appelait jadis la « littérature française à l’étranger », puis jusqu’il y a peu la « littérature française hors de France ». C’est à l’invention des périphéries qu’on assiste alors, avec la mise en place des premiers cadres institutionnels et rhétoriques pour en rendre compte. La donne change considérablement au moment des décolonisations et la « francophonie » émerge à la fois comme une forme acceptable de nouvelle diplomatie culturelle et comme une extraordinaire arme de résistance identitaire contre l’influence anglo-saxonne. Quelques décennies plus tard, l’appareil francophone est solidement mis en place et contribue lui-même à la production d’un savoir académiquement certifié, mais sur des objets et selon des valeurs qui s’imposent de l’extérieur au champ culturel. Au final, on peut lire les pages qui suivent comme un plaidoyer pour une nouvelle historiographie de la « francophonie ». Le maintien du singulier du mot peut étonner a priori : les lignes qui précèdent ont en effet déjà pu laisser entendre que notre démarche consiste entre autres à multiplier les points de vue sur un phéno9


VIES ET MORT DE LA FRANCOPHONIE

mène qui se donne comme un élan unique et univoque. Cela dit, notre hypothèse veut que cet agrégat de discours et d’événements se laisse malgré tout appréhender comme une totalité historique et rhétorique, présentant des constantes dans les contextes où elle s’actualise, dans les acteurs qui y prennent part, comme dans les types de discours qui la composent. La métaphore vitaliste utilisée dans le titre entend rendre compte, de manière certes caricaturale et forcée, de l’unité d’un objet qui a vécu sous de multiples formes. Notre singulier de « francophonie » ne s’oppose donc pas à la conception pluraliste de la culture en langue française ; il se situe simplement sur un autre plan pour désigner une vaste formation discursive au sein de laquelle ont pu précisément s’affronter ou se succéder des conceptions essentialistes, pluralistes, etc., de la « francophonie ». Celle-ci a donc connu plusieurs vies, mais tend aujourd’hui à s’éteindre définitivement. C’est le parcours vers cette mort – toute relative, comme on le verra – que nous souhaitons retracer dans les pages qui suivent. À ce propos, le lecteur ne manquera pas de contester certains choix de périodisation ou souligner les ellipses qui trouent le compte rendu des différentes évolutions décrites. Face à l’abondance de la matière brassée par notre problématique, nous avons dû nécessairement opérer des éclairages ponctuels, qui sont autant d’exclusions critiquables. Cela étant dit, l’ambition de cet ouvrage n’est pas seulement de présenter un ensemble de faits, fût-ce sous un éclairage nouveau. Il nous semble en effet que l’historiographie que nous proposons peut être connectée à d’autres enjeux. D’abord, elle repose sur une modélisation du discours métalittéraire, considéré non plus seulement pour sa valeur documentaire, mais en tant qu’objet d’investigation à part entière. En cela, elle rencontre les préoccupations actuelles de bon nombre de chercheurs en littérature3. Ensuite, elle entend contribuer au chantier théorique et épistémologique qui anime aujourd’hui les études 3  Voir notamment les travaux de Luc Fraisse, ainsi que le projet de recherche international sur « L’histoire littéraire des écrivains », hébergé sur le site Fabula. 10


POURQUOI LA « FRANCOPHONIE » N’A PAS D’HISTOIRE

francophones. Nous considérons en effet que cette réflexion ne peut faire l’impasse sur les héritages légués par les discours sur la « francophonie » et sur les « littératures francophones ». Il nous semble particulièrement indiqué de prendre en considération les conditions dans lesquelles a émergé un discours spécialisé et de scientificité sur ces objets. Enfin, cette historiographie de la « francophonie » ne peut manquer de faire écho aux ultimes avatars idéologiques qui définissent la ligne politique dominante dans la France de Nicolas Sarkozy. À l’heure où le mot « francophonie » tend à s’effacer progressivement de la rumeur politique – au profit d’un retour à l’« identité nationale » et aux valeurs de la « civilisation » – il est sans doute temps de saisir l’historicité des discours qui l’ont porté au devant de la scène publique hexagonale. Dans la suite de l’ouvrage, nous utilisons le mot francophonie entre guillemets et avec minuscule pour désigner, par synecdoque généralisante et par commodité, un phénomène – ou un agrégat de phénomènes – touchant aux dimensions aussi bien institutionnelles que discursives du projet de rassemblement des pays « de langue française », quelle que soit son inscription historique. Par Francophonie (sans guillemets et avec majuscule), nous désignons l’alliance diplomatique contractée par les membres de l’actuelle Organisation Internationale de la Francophonie. Enfin, le terme de francodoxie fera l’objet d’une explicitation justifiant son usage pour renvoyer à ce qui doit constituer selon nous l’objet même de la nouvelle historiographie défendue ici, à savoir les matrices rhétoriques (le stock d’arguments, de figures, de représentations, de manières de dire) qui génèrent les discours d’évidence et d’autorité, tantôt sur la « civilisation française », tantôt sur la « francophonie », tantôt encore sur l’« identité nationale » – derrière notre singulier de « francophonie », ce sera donc souvent ce terme francodoxie qu’il faudra lire.

11



CHAPITRE I

LES HISTOIRES EN JEU Histoire

des institutions politiques

C’est sur l’histoire des institutions politiques et diplomatiques internationales que l’on greffe le plus spontanément la « francophonie ». Nous n’entreprendrons pas ici le rappel détaillé des multiples épisodes de « l’aventure francophone » en tant qu’élaboration progressive des relations institutionnelles privilégiées entre les pays « ayant en commun l’usage du français », selon la formule de la première « Conférence des chefs d’État et de gouvernement ayant en commun l’usage du français », qui eut lieu à Paris en 1986 : comme on l’a dit, le moindre ouvrage sur le sujet reproduit la narration des événements. Il est cependant utile d’avoir à l’esprit que les premiers promoteurs d’une alliance – culturelle, économique, politique – des pays de langue française sont les dirigeants d’États africains à peine sortis de la période coloniale. Certes, il y eut bien, avant les Indépendances, ce qu’on peut appeler une « (proto-)franco­phonie » ; à savoir un agrégat de petites instances faisant office de relais culturels entre la métropole hexagonale et les zones du globe où la France entendait maintenir ou renforcer sa présence symbolique. L’Alliance française, créée en 1883 et reconnue d’utilité publique en 1886, est certainement la plus ancienne et la plus importante de ces instances, qui sont fréquemment convoquées par les historiens de la « francophonie » soucieux de souligner l’ancienneté du projet « francophone ». Thierry de Beaucé, par exemple, dira de l’Alliance française « [qu’ e]lle a apporté à la diplomatie un utile relais, un renouvellement des contacts. Le monde industriel l’a considérée dès l’abord comme un instrument efficace de présence. […] On n’a pas fait 13


VIES ET MORT DE LA FRANCOPHONIE

mieux depuis »1. Si, à l’instar de l’Alliance française, ces instances satellites et pionnières peuvent entretenir parfois des rapports étroits avec le personnel ou les discours de la « francophonie », leur poids politique spécifique est cependant difficilement mesurable. Par ailleurs, leur décentrement chronologique rend un peu bancale leur intégration dans ce panorama. Reprenons donc au début des années 1960, au moment où le Sénégalais Léopold Sédar Senghor, le Nigérian Hamani Diori et le Tunisien Habib Bourguiba multiplient les appels du pied à la France pour que celle-ci concrétise sur le plan institutionnel intergouvernemental ce fameux « humanisme intégral, qui se tisse autour de la terre : cette symbiose des “énergies dormantes” de tous les continents, de toutes les races, qui se réveillent à leur chaleur complémentaire »2. Autrement dit, les anciennes colonies de la France conçoivent leur entrée sur la scène politique internationale par le biais d’une formule poético-culturelle censée activer la coopération avec l’ancienne mère-patrie et, partant, avec d’autres partenaires potentiels. À cet appel africain, la France gaullienne fera d’abord la sourde oreille. Les seules convergences entre la métropole et les anciennes colonies qui se manifestent alors sur ce projet se situent aux plans linguistique et culturel. Le sentiment de menace d’une perte de rayonnement ressenti par certaines élites françaises dans le contexte de la guerre froide rejoint l’urgence pour les pays africains de prendre pied sur le terrain de la modernité. Reste que le Général de Gaulle demeure très réticent à l’idée d’un rapprochement politique manifeste et multilatéral, qu’on pourrait taxer de néo-colonialisme et auquel l’opinion publique hexagonale n’est pas préparée 3. 1  Thierry de Beaucé, Nouveau discours sur l’universalité de la langue française, Paris, Gallimard, coll. « Le monde actuel », 1988, p. 118. 2 Léopold Sédar Senghor, « Le français, langue de culture », Le français, langue vivante, Esprit, no 311, novembre 1962, pp. 837-844 ; p. 844. 3 Sur de Gaulle et l’initiative francophone, voir Christian Philip, « L’institutionnalisation de la Francophonie », Revue de droit public et de science politique, no 1, 1984, pp. 47-76. 14


LES HISTOIRES EN JEU

Dès lors, la construction institutionnelle de la « francophonie » prendra deux voies nettement disjointes au départ : la mise en place d’accords intergouvernementaux entre pays africains et la poursuite d’une politique linguistique expansionniste de la part de la France. D’un côté, avec la mise en place de l’Union Africaine et Malgache en 1961 (elle deviendra l’Organisation Commune Africaine et Malgache en 1965), les États d’Afrique noire et de Madagascar resserrent leurs liens économiques, militaires, diplomatiques et soulignent leur convergence culturelle sous le signe du français, dans la perspective d’un élargissement de leur coopération à la France et aux autres pays « francophones » industrialisés. De l’autre, l’ancienne métropole renforce ses instruments de contrôle de la langue nationale, en créant, en 1965 et sous l’autorité de Georges Pompidou, le Haut comité pour la défense et l’expansion de la langue française. Il s’agit bien, affirme Christian Philip à propos de ce dernier, « d’une institution française dont l’objet est uniquement linguistique ». En effet, « aucune référence explicite ne permet de croire que l’on a voulu inscrire ce Haut Comité dans le mouvement pour la francophonie »4, même si la plupart des historiens postérieurs prendront soin de connecter ces deux voies disjointes : Xavier Deniau, par exemple, regroupe parmi les « divers types d’actions francophones » propres à « l’époque des propositions (1965-1967) » à la fois la « création en France d’un Haut Comité pour la Défense et l’Expansion de la langue française » et « en Afrique », la mise en place de l’OCAM5. Or, à ce moment, la France conçoit son action politique comme chevillée à son expansion culturelle, deux entreprises qu’elle entend gérer unilatéralement – comme l’exprime clairement cet extrait du « Second plan quinquennal d’expansion culturelle de la France, 1964-1968 » :

4  Ibid., p. 57. 5 Xavier Deniau, La Francophonie, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », 5e éd., 2001 (1re éd. : 1983), pp. 50-51. 15


VIES ET MORT DE LA FRANCOPHONIE

L’expansion de sa langue, le rayonnement de sa culture et de ses idées, l’attrait de sa littérature, de sa science, de sa technique et de son art, la valeur de ses méthodes de formation des hommes, constituent pour la France, par l’influence qu’elle exerce grâce à eux, des moyens d’action essentiels de sa politique étrangère. L’action culturelle est étroitement liée à l’action politique qu’elle précède, qu’elle appuie et qu’elle complète.6

Cependant, une autre minorité « francophone » entend, elle aussi, assurer son émergence sur la scène internationale en cette seconde moitié du xxe siècle. Sorti transformé de sa « Révolution tranquille », le Québec se pose en partenaire potentiel de la nouvelle donne diplomatique appelée de leurs vœux par les Africains et, par sa situation culturelle particulière, contribue à donner un large écho à la thématique « francophone » en tant que nouvelle manière de définir les peuples linguistiquement minoritaires. Le célèbre voyage entrepris par le Général de Gaulle au Québec en 1967 apparaît alors comme le signe manifeste que la France a enfin pris la mesure de l’importance des minorités « francophones » dans l’équilibre géopolitique mondial. En proclamant « Vive le Québec libre ! », le Général ouvre un espace diplomatique qui échappe à la souveraineté du gouvernement central et qui repose sur une connivence a priori purement culturelle, elle-même fondée sur un arriéré historique commun. Dès lors, le Québec devient partie prenante des structures administratives déjà en place, qui assuraient une coopération bilatérale entre la France et ses anciennes colonies, telles la CONFEMEN (Conférence des Ministres de l’Éducation nationale des pays de langue française ; créée dès le début des années 1960, le Québec s’y joint à partir de 1968) ou la CONFEJES (Conférence des Ministres de la Jeunesse et des Sports, mise en place en 1970).

6  Cité par Yves Tavernier, Du global à l’universel. Les enjeux de la francophonie, Paris, Assemblée nationale, coll. « Les documents d’information de l’Assemblée ­nationale », no 2592, 2000, pp. 73-74. 16


LES HISTOIRES EN JEU

[…]

17


table des matières AVANT-PROPOS POURQUOI LA « FRANCOPHONIE » N’A PAS D’HISTOIRE

5

CHAPITRE I LES HISTOIRES EN JEU

11

Histoire des institutions politiques

11

Histoire littéraire

29

Histoire des savoirs sur les productions culturelles

40

La filière centrale

40

La question des périphéries et le développement des « études francophones »

42

Histoire académique

49

CHAPITRE II QU’EST-CE QUE LA FRANCODOXIE ?

55

Un discours métalittéraire

55

Un objet d’archéologie

57

Une portion du discours social

59

Un corpus, d’Onésime Reclus à Nicolas Sarkozy

64

CHAPITRE III PROTO-FRANCODOXIE

71

La francodoxie avant Onésime Reclus

71

Pierre-André Sayous, ou la France à l’étranger

72

Virgile Rossel, ou la naissance des périphéries

77

Le profit des succursales

78

L’effet normatif des métaphores

81

Que faire de la misère institutionnelle ?

83

Le révélateur linguistique

87

Le point de vue du centre

89


CHAPITRE IV EXPLORATIONS PÉRIPHÉRIQUES

93

Onésime Reclus, explorateur de la « France intégrale »

93

Cadres francodoxes en formation (institutions et énonciations)

99

Le poète contre le savant

99

La francodoxie en congrès : entre science et propagande

100

Les progrès de l’érudition universitaire…

106

… et de son escorte officielle

108

Ressources rhétoriques

110

Ethos : la raison, l’action, l’objection

110

Métaphores : finance, famille, travail et botanique

117

Concepts : vers une sociologie de la domination littéraire française

120

Complexes idéologiques

126

Paternalisme, universalisme, monologisme

126

Langue et littérature : dépolitisation, déshistoricisation

129

CHAPITRE V LE PARADIGME DÉCOLONIAL

137

Avant les décolonisations, la négritude : Sartre francodoxe ?

137

La « guerre culturelle » aura-t-elle lieu (après René Étiemble) ?

143

Profils de combat

144

Phobies francodoxes

149

Obséder ses alliés

152

La langue, et au-delà

152

L’« alliance francophone » : un triple défi rhétorique

154

La vertu littéraire

159

L’élite française et la modernité

162


La « francophonie » comme engagement (autour d’Esprit)

166

Ethos et argumentaire de l’engagement francodoxe

166

Impasses métalittéraires

171

La « francophonie » pour mémoire (avec Auguste Viatte)

173

Le service historiographique minimum (Auguste Viatte, 1958)

174

La « francophonie » en monographie (Auguste Viatte, 1969)

179

Thésauriser/théoriser

187

CHAPITRE VI L’APPAREIL FRANCOPHONE ET LA PRODUCTION D’UN SAVOIR FRANCODOXE

193

Systématisation de l’hégémonie francodoxe

193

Gaullistes, énarques et outsiders

194

L’ethos de l’honnête homme

196

Une rhétorique compilatoire et historico-mythique

200

Compiler

200

Refaire l’histoire

202

Le « francophone » seul contre tous

203

Poétiser l’avenir

210

L’universalisme reloaded

211

Le virage pluraliste et la redéfinition de l’« universalité » en « universel »

211

Une realpolitik francodoxe ?

214

Une idéologie métalittéraire d’appareil

215

Quel « savoir francophone » possible ?

220

Sur la politique francophone

220

La perspective anthologique

223

Les histoires problématisées

225

L’ambition comparatiste

230


L’« écrivain francophone » selon le paradigme de la subalternité

235

CONCLUSIONS ET RELANCES POUR UNE ÉTUDE DES REPRÉSENTATIONS MÉTALITTÉRAIRES

243

Les deux rhétoriques de la francophonie

243

Études francophones : dissolution pour une renaissance

247

BIBLIOGRAPHIE 259 INDEX THÉMATIQUE 273 INDEX DES NOMS 277


Ouvrage paru en février 2011 La « francophonie » fut un aspect clé de la politique culturelle de la France, voire de sa politique tout court. Mais le terme est vague, s’est prêté à de nombreux usages et à de multiples interprétations, a suscité autant de passions que d’agacements, tandis qu’il semble aujourd’hui évincé par le discours sur l’identité nationale. Le présent ouvrage dresse le constat de cette « mort » et parcourt les différentes « vies » qui la précèdent. En particulier, l’auteur livre une image sans fard des discussions sur les littératures en langue française écrites en d’autres pays que la France, de la Belgique à la Suisse, du Maghreb au Québec, en proposant un double parcours. Historique d’abord : le livre examine l’origine et les avatars du concept de francophonie, chez des auteurs comme Remy de Gourmont, Jean-Paul Sartre ou Léopold Sédar Senghor. Critique et politique ensuite : à chaque étape, l’auteur éclaire ces discours sur la langue et la littérature d’une lumière qui en révèle les présupposés, les enjeux profonds et les implications idéologiques, depuis les ouvrages du géographe Onésime Reclus, qui accompagnent les débuts de l’entreprise coloniale française, jusqu’au fameux discours de Dakar de Nicolas Sarkozy en 2007.

RETROUVEZ-NOUS SUR :

http://www.lesimpressionsnouvelles.com

DIFFUSION/DISTRIBUTION : HARMONIA MUNDI EAN : 9782874491085 ISBN : 978-2-87449-108-5 288 PAGES - 20 €


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