Groupe Âľ
Principia semiotica
Aux sources du sens
LES I M P R E S S I O N S N O U V E L L E S
Groupe µ
(Francis Édeline, Jean-Marie Klinkenberg)
Principia semiotica Aux sources du sens
LES IMPRESSIONS NOUVELLES
EXTRAIT
Introduction Le spirituel est lui-même charnel Charles Péguy
Algirdas-Julien Greimas, un des maitres de la science de la signification, observait en 1970 : « On peut dire que les progrès de la sémiotique, dans ces derniers temps, consistent pour l’essentiel dans l’élaboration de son champ de manœuvre, dans l’exploration plus poussée des possibilités stratégiques de l’appréhension de la signification. Sans qu’on sache rien de plus sur la nature du sens, on a appris à mieux connaître où il se manifeste et comment il se transforme » (Du sens, p. 17). L’objectif de ce livre n’est pas d’ajouter une contribution – une de plus – aux études qui décrivent comment le sens se manifeste dans tel ou tel contexte (social, scientifique, artistique…) Il n’est pas davantage d’évaluer les méthodes qui permettent de l’appréhender dans ces diverses configurations. Notre ambition sera d’en savoir plus sur la nature du sens, qui restait énigmatique pour Greimas, même s’il avait été amené à postuler une hypothétique « sémiotique du monde naturel ». Pour que nous puissions nous présenter sur ce point comme les exécuteurs testamentaires de Greimas, nous devrons résoudre un problème que la sémiotique et la linguistique ont soit ignoré soit renvoyé à des temps meilleurs : qu’est-ce que le sens ? comment et pourquoi nait-il ? Paraphrasant la formule célèbre de Leibniz, ce livre affrontera donc résolument la question « Pourquoi y a-t-il du sens
plutôt que rien ? » Y répondre permettra aussi de mieux comprendre comment le sens se transforme, non pas au long d’un énoncé ou d’une série d’énoncés, mais cette fois dans l’expérience de l’univers et dans le grand texte social. Cette perspective, que l’on peut qualifier de sémiogénétique1, est radicalement différente de celle que le structuralisme a introduite, au cours de la seconde moitié du XXe siècle, dans l’étude des langues et des autres systèmes symboliques. Ce courant a en effet étudié ces phénomènes comme des objets rapidement devenus autonomes par rapport à l’expérience que nous avons du monde. Par sa radicalité méthodologique, il a certes permis de faire spectaculairement avancer les techniques qui permettent de décrire les objets où le sens est impliqué : textes, artistiques ou non, énoncés visuels, comportements de la vie quotidienne. Mais la définition différentielle du sens sur laquelle il s’appuyait – et qui sera évaluée dans les pages qui suivent – entrainait tous les inconvénients de la circularité. De sorte que plus il se donnait les moyens de répondre à la question du « comment », plus il se condamnait à rester impuissant devant celle du « pourquoi ». Pour diverses raisons qui seront présentées ci-après, il nous a semblé que les temps meilleurs attendus par certains linguistes étaient advenus, et que l’heure avait sonné de rompre avec le confortable purisme autonomisant qui a marqué le dernier demi-siècle : on peut aujourd’hui constructivement poser la question de la nature du sens. Cette question, nous la traiterons dans un exposé qui sera matérialiste, interactionniste, unificateur et dialogique. 1. Le mot de sémiogenèse est ici pris dans une autre acception que celle que lui donne Michel Tardy, 1976, chez qui ce terme désigne l’ensemble des démarches interprétatives aboutissant à l’émergence du sens dans un énoncé visuel particulier.
Matérialiste – on aurait dit jadis sensualiste ou physicaliste –, ce livre le sera résolument. La question de la nature du sens trouvera en effet un début de réponse dans celle du sens de la nature. Une nature dans laquelle s’inscrit et de laquelle relève le corps vivant et percevant du sujet sémiotique. La question de la nature est un problème épineux, sur lequel nous reviendrons dans notre Épilogue. Elle a resurgi récemment dans le discours sémiotique, lorsque ce dernier a réhabilité la sensorialité. Mais ce discours envisage cette sensorialité comme une sorte de boite noire, dans laquelle il répugne à pénétrer. Faute de forcer cette entrée – ou, pis, en niant que la signification ait un substrat corporel –, on se condamne à voir le sens comme « émergeant » du non-sens par une sorte de magie. Or c’est une tradition chez les sémioticiens, comme chez les épistémologues et les philosophes, de tirer leurs certitudes d’intuitions et de raisonnements abstraits et spéculatifs. On peut voir dans cette constante une manifestation de la posture idéaliste qui a longtemps jeté l’interdit sur le corps. Interdit dont la moindre conséquence n’est pas que maints discours revendiquant aujourd’hui la dignité de ce corps le font sur le mode de l’à priori ; ce qui produit un renversement qui les rend aussi idéologiques et dogmatiques que l’était le discours du refoulement. Si l’on veut avoir quelque espoir de rompre avec cette tradition spéculative, il faut se tourner du côté de sciences qui prennent effectivement en charge les phénomènes de sensorialité. On pense à la neurologie, à la psychologie expérimentale et plus généralement aux sciences de la nature. Le simple fait qu’on considère désormais que les problèmes qui viennent d’être évoqués sont au moins abordables par l’expérimentation constitue déjà une révolution. Mais, comme
toute révolution, celle-ci engendre ses contre-révolutions. La principale d’entre elles prend la forme apparemment modeste – mais dans le fond arrogante – de la docte ignorance : on ne sait rien sur l’origine du sens et des catégories, entend-on souvent dire. Sous-entendu : on n’en saura jamais rien. Sous-entendu encore : l’expérience du sens est irréductible à toute autre. Nous opposant à ce non possumus, nous démontrerons qu’on en sait aujourd’hui beaucoup plus sur la chose, et qu’on peut descendre à un niveau d’analyse donnant enfin un fondement à des intuitions qui, jusqu’à présent, ont tout au plus débouché sur de jolies formules, comme celle d’Henri van Lier (1980) qui faisait de l’homme un « animal signé ». Nous établirons donc que le circuit de la signification prend son départ dans le monde naturel. Ce processus, qui part des stimulus issus de ce monde et qui aboutit à l’élaboration des structures sémiotiques, nous le nommerons anasémiose. La sémiose, loin d’être un phénomène sans lien avec le corps, tire son origine de celui-ci. Et cet aspect de la corporéité du sens ne saurait être abordé qu’à travers les interactions qu’il entretient avec son contexte (dans l’acception large du terme, incluant l’expérience du monde et d’autrui). Si l’origine du sens git dans les sens, ses propriétés sont nécessairement liées aux spécificités des différentes sensorialités. Or, la conception la plus courante du sens est qu’il s’agit d’un phénomène amodal. Et c’est même là le postulat de base de la sémiotique : que des lois générales régissent le monde de la signification. Ce livre rendra dès lors compte de ce qui peut apparaitre comme un paradoxe : comment un sens amodal nait-il à partir de phénomènes modaux ? Dans notre démonstration, nous réserverons une attention toute particulière à la vision, à la fois à cause de la grande rentabilité sémiotique de cette sensorialité et parce qu’elle
est une des mieux connues, notamment depuis notre Traité du signe visuel. La description de l’anasémiose devra être complétée par celle de la catasémiose, ou action sur le monde suscitée par le sens. Si l’anasémiose est la première corporéité du sens, la catasémiose en est la seconde. On peut même souligner cette corporéité en disant qu’anasémiose et catasémiose – qu’il est tentant de rapprocher des notions peirciennes d’upshifting et de downshifting – sont entre elles comme anabolisme et catabolisme. On comprend ainsi pourquoi nous qualifions notre thèse d’interactionniste, puisque le sujet entretient une double relation avec le monde naturel. Ce cycle peut être figuré dans le schéma suivant. Élaboration sémiotique
Anasémiose
Calasémiose
Interface
Interface
Monde naturel
Figure 1. Le cycle de la sémiose
Si l’on accepte de nous suivre sur le terrain de la naturalisation du sens, on s’avisera aussitôt que la perspective défendue ici permet non seulement d’élaborer une sémiotique du monde naturel qui ne soit pas un décalque des catégories linguistiques, mais qu’elle permet aussi de rendre compte de tous les objets approchés par la discipline du sens – depuis
les signes jusqu’à la syntaxe régissant ceux-ci, et de l’énonciation à l’interprétation. Elle rend aussi compte des fondamentaux de cette discipline, comme les notions mêmes de signe ou de syntaxe, ou encore la conception différentielle et négative du sens. Ces principes ne devront dorénavant plus être considérés comme des postulats ou des concepts sélectionnés pour le mérite de leur rentabilité épistémologique : leurs fondements naturels, et notamment anatomo-physiologiques, sont désormais établis. Enfin, comme on le verra, ce sont les mêmes concepts qui rendent compte à la fois de l’universalité du sens et de sa variation, de la part de motivation des signes et de leur part d’arbitrarité. Dans la mesure où il scrute les conditions de la connaissance du sens et de ses manifestations, on pourra donc considérer ce livre comme une contribution à l’épistémologie de la sémiotique. Unifiée et même unificatrice, une telle théorie du sens justifie donc le titre de l’ouvrage. Unificatrice, cette théorie l’est encore dans une autre acception. En effet, elle prend acte de l’universalité du sens. Autrement dit, pour nous, une théorie du sens doit non seulement prendre en compte la totalité des sensorialités, mais aussi élargir son objet aux dimensions du vivant, et aller jusqu’à expliquer les manifestations du sens dans tout le règne animal, voire dans le végétal. Comme l’homme n’est pas le seul animal à être « signé », il n’y a en droit aucune raison de privilégier, comme on l’a souvent fait pour des raisons historiques compréhensibles, les productions sémiotiques humaines, et encore moins les plus sophistiquées parmi celles-ci (musique, cartographie, argumentation, discours scientifique, etc.). Aujourd’hui que la sémiotique se libère de son enfermement traditionnel dans les énoncés artistiques,
elle est aussi invitée, pour devenir vraiment générale, à faire encore un effort pour dépasser sa visée trop exclusivement anthropocentrique. Si l’on trouve dans les pages qui suivent certaines considérations sur l’avènement du sens chez les insectes ou même chez le ver de terre, il ne s’agit donc ni d’un accident ni d’une provocation. Certes, une sémiotique faisant apparaitre l’étroite parenté entre les comportements de l’helminthe et d’Aristote se doit de rendre compte de leur différence de complexité. Et elle ne saurait refuser d’envisager les produits de ce qu’il a jusqu’à présent été convenu de nommer l’esprit. Il s’agit au contraire pour nous de prendre cet esprit au sérieux, en lui donnant un statut qui exclura tout dualisme mystificateur. On montrera donc comment, de complexification en complexification, une pyramide se construit, qui va de l’amibe aux systèmes philosophiques les plus sophistiqués et aux paradigmes scientifiques les plus complexes. Mais ce continuum s’élabore sur la base de concepts à la portée très générale. Il en va ainsi, par exemple, de la notion d’interprétation ou de celle de sujet. Si le premier mot est de toute évidence pertinent pour renvoyer à des démarches herméneutiques subtiles observables chez les humains, on est aussi en droit de l’utiliser pour désigner des comportements chimiques simples chez d’autres êtres vivants d’un niveau plus fruste. Quant à la notion de sujet, si elle a donné lieu à des développements capitaux du côté de la philosophie ou de la psychologie, on démontrera qu’elle est aussi inséparable de toute perception, même la plus basique. On verra également que les complexifications évoquées exercent en retour leur influence sur les comportements les plus élémentaires, et notamment que les faits culturels rétroagissent sur les sensoriels. Enfin, ce livre sera dialogique, voire dialectique.
Le projet d’élaborer une sémiotique fondée en nature a pour conséquence de mettre cette science en relation directe avec des domaines aussi divers que la philosophie, la chimie, l’épistémologie, la neurophysiologie, les sciences du langage, la physique, la cybernétique… Contact fatal, dira-t-on. Une des vocations de cette discipline n’est-elle pas de faire dialoguer les sciences en s’offrant à elles comme leur interface commune ? Si, pour Morris comme pour Peirce, la sémiotique peut avoir cette prétention totalisante, c’est parce que toutes les sciences ont un trait en partage : la signification. La sémiotique se distinguant d’elles en ce qu’elle fait son objet de ce qui est pour les autres un simple postulat. Mais d’énoncer ainsi sa particularité face à ses interlocutrices lui impose de connaitre celles-ci. Or on est loin du compte : paradoxalement, cette discipline invitant au dialogue apparait aujourd’hui comme une de celles qui le méconnaissent le plus obstinément. On constate en effet que les travaux se publiant à son enseigne recourent le plus souvent aux concepts d’une seule doctrine, sans que les apports des autres écoles fassent l’objet d’une évaluation argumentée, et encore moins d’une appropriation. Point de confrontation, de parallèle, d’emprunt, de synthèse… Ce qu’on rencontre, ce sont le plus souvent des applications orthodoxes de la batterie de concepts ou des schémas caractérisant un courant méthodologique ; cette batterie de concepts pouvant évidemment évoluer, mais à partir d’elle-même plutôt que par la force de la dialectique et de la rencontre. À fortiori le dialogue s’établit-il très difficilement avec les disciplines voisines (si l’on excepte la philosophie et la linguistique) : où voit-on les sémioticiens s’ouvrir aux sociologues, aux neurologues, aux juristes ? De tels échanges ont
évidemment parfois lieu, mais ils impliquent surtout des personnes et non des secteurs disciplinaires. Au fond, la sémiotique paie peut-être le prix de son institutionnalisation : elle n’est plus guère aujourd’hui une discipline où la circulation et l’appréciation des résultats permettent les avancées collectives (nous disons « n’est plus », car on pouvait voir de telles avancées dans le désordre joyeux qui a présidé aux débuts de sa cristallisation, dans les années 60 et 70). De toutes les sciences humaines, c’est aujourd’hui une des moins cumulatives. Le danger qu’elle court désormais est de ne dialoguer avec rien, mais de donner son avis sur tout, avec superbe. Nous avons donc voulu, dans cet ouvrage issu d’un travail collectif, servir une fois de plus l’interdisciplinarité, qui a toujours été le principe de fonctionnement du Groupe µ, et réactiver le statut interfacial de la sémiotique. En nous souvenant de ce que Marcel Mauss écrivait en 1924 : « C’est aux confins des sciences, à leurs bords extérieurs, aussi souvent qu’à leurs principes, qu’à leur noyau et à leur centre, que se font leurs progrès ». L’interdisciplinarité met largement le chercheur à l’abri de tout provincialisme méthodologique et lui apprend une sorte de modestie. Par exemple, au moment où nous élaborions notre théorie de la signification visuelle, nous dûmes bien nous apercevoir qu’un grand nombre de propositions de nature indubitablement sémiotique avaient été formulées par les psychologues de la Gestalt. La sémiotique visuelle pouvait donc se les approprier, à la condition de les intégrer à un ensemble doctrinal cohérent. Aujourd’hui, dans notre quête d’une réponse à la question « pourquoi le sens ? », il ne nous a pas paru déraisonnable d’aller voir du côté des sciences qui ont fait des progrès fulgurants en répondant à la question du comment.
Des sciences qui, quoi qu’on puisse en penser, font de la sémiotique, en se passant de la permission des sémioticiens puisqu’elles l’élaborent sous d’autres noms. L’interdisciplinarité a ses limites. Comme nous ne pouvons prétendre à une maitrise de toutes les matières ici convoquées, force nous a été d’en repérer les auteurs significatifs et de tirer de leurs travaux les éléments saillants susceptibles d’avoir une portée sémiotique. Malgré notre prudence nous ne sommes donc pas à l’abri d’erreurs de perspective. Néanmoins la synthèse que nous proposons semble compatible avec l’état présent des disciplines concernées. Une autre difficulté est celle de la terminologie. La sémiotique s’occupant de phénomènes également pris en charge par les sciences sœurs, il est nécessaire de donner aux termes qui les désignent une définition aussi proche que possible de l’idéal de la bi-univocité. L’exemple le plus criant de cette nécessité est celui de mots tels qu’information, qualité, expression, contenu, et sens bien entendu. En plusieurs endroits, on a donc été amené à entreprendre un véritable ravalement terminologique qui pourrait ne pas simplifier la tâche du lecteur. Un index des notions aussi précis que possible viendra utilement à son aide. Toujours pour faciliter la consultation, précisons que certains passages présentés en petits caractères peuvent être omis dans une première lecture. Enfin, comme on l’aura constaté au passage, ce texte fait usage des rectifications de l’orthographe de 1990, préconisées par toutes les instances francophones compétentes, dont l’Académie française. Nous remercions de tout cœur Elizabeth Harkot de La Taille pour sa lecture attentive du manuscrit, et, pour leurs précieuses suggestions, les chercheurs de toutes obédiences qui, depuis une quarantaine d’années, nous font l’honneur
de dialoguer avec nous. Nous avons à cœur en terminant de saluer la mémoire de Philippe Minguet. Membre fondateur du Groupe µ, c’est lui qui a compris le premier dans quelle direction devaient s’orienter les recherches que nous menions à la fin du siècle précédent et qui en a fixé l’horizon : il n’a jamais cessé de nous encourager à élaborer une « rhétorique de la connaissance ». Puisse le présent livre correspondre à ce souhait.
[…]
Table des matières Introduction Chapitre I Les théories du sens et l’expérience Quelques apories
7
18
1. Introduction
18 18 21 22
2. Le structuralisme rationaliste et la cognition
23 23 25 29 33
3. L’empirisme peircien et la cognition
35 36 37 39 40
4. En dehors de la sémiotique : d’autres solutions ?
41 41 45 46 47
1.1. Le sens : un enfant caché 1.2. L’opposition comme principe structurant 1.3. Un principe venu de l’extérieur ? 2.1. L’origine des oppositions 2.2. Une autonomie du sens ? 2.3. Le corps : une timide rentrée en scène 2.4. Odium rei 3.1. L’objet 3.2. Les mécanismes perceptifs 3.3. L’organisation des signes 3.4. L’interprétation
4.1. La philosophie et la cognition 4.2. La psychologie et la cognition 4.2.1. La psychologie de la forme 4.2.2. La psychologie génétique
5. Le rêve d’une synthèse : une terre à jamais promise ? 51 6. Vers une sémiotique cognitive 54 6.1. Les sciences cognitives : avancées contemporaines 6.1.1. Du côté du monde 6.1.2. Du côté des signes
54 55 60
6.2. Que le computationnisme et le modularisme ont corrompu la sémiotique 67 6.3. Un programme de sémiotique cognitive 69 6.3.1. Thèse de base 6.3.2. Des verrous sautent
Chapitre II L’origine et la nature du sens 1. La connaissance élémentaire : entités et qualités 2. La segmentation des données 2.1. Le seuillage
2.1.1. Principe général 2.1.2. Seuillages faibles et seuillages forts 2.1.3. Arbitrarité et variation des seuils
2.2. Le principe du dipôle
Note sur la genèse des appareils dipolaires
69 71
74 76 80 80 80 81 83
84 86
3. Du monde à l’interprétation, et de l’interprétation au 88 monde 3.1. Un schéma global 3.2. L’analyseur ou interface
3.2.1. Le mystère de l’interface a) Le « saut » et ses multiples images b) Un exemple : de la chose vue à la chose dite 3.2.2. L’interface comme phénomène physique 3.2.3. L’interface comme modèle a) La traduction des zones segmentées (Théorie du graphe dual) b) La traduction des formes (Théorie de l’inertie) 3.2.4. Universalité des mécanismes transducteurs
4. Le sens du sens : regrouper
88 91 91 91 94 95 96 97 104 108
4.1.1. L’information : un contenant sans contenu ? 4.1.2. Entre le sens et l’information : l’interaction syntaxique 4.1.3. Sens, information et syntaxe dans la perception
108 108 109 110 114
4.2.1. Regroupement neurologique et production de sens 4.2.2. La création du continu et du discret
115 115 121
4.1. Information et sens : deux concepts sans lien ?
4.2. Du modelé au camaïeu : le sens comme regroupement d’informations
4.2.3. La fourchette sémiotique 4.2.4. La barysémie, ou densité du sens
4.3. Le sens : une stratégie pragmatique du vivant
125 127 131
5. Pour une théorie unifiée, où le sens émerge du monde 134 physique 5.1. De la particule à la conscience : où commence le sens ? 5.2. Proposition de théorie unifiée 5.3. De la sémiose courte à la sémiose longue 5.4. Le mystère de « l’émergence »
134 137 141 145
6. Le sens et le « réel »
149 149
6.1. Les embarras du sémioticien de Tlön 6.2. Un réalisme insatisfaisant : l’ontologie des entités et des processus 6.2.1. Le statut ontologique des entités 6.2.2. Le statut ontologique des processus
6.3. Un antiréalisme : le tout-au-texte 6.4. Vérifier sur pièces ? La solution du réalisme en creux
7. Un innéisme du sens ? 8. Le sens : positivité ou différentialité ?
152 152 154 156 161 166
8.1. Position du problème 8.2. Positivité : l’homologation 8.3. Négativité : la différenciation 8.4. Dialectique du positif et du négatif
171 172 173 174 176
Chapitre III Du sens élémentaire à la catégorie
179
1. La notion de catégorie 2. Pourquoi catégoriser ? 3. La stabilisation des percepts : où commence vraiment la sémiose longue…
180 184 187
3.1. Stabilisation et mémoire. Peut-on vivre dans l’instant ? 187 3.2. Stabilisation et « objet ». Ou : les tomates sont-elles rouges ? 188 3.3. Stabilisation intersubjective. Suis-je seul au monde ? 195 3.4. Stabilisation n’est pas invariabilité 196
4. Stabilisation et interactions 5. L’organisation des catégories
197
6. La variation des catégories
204 204
5.1. Contre une organisation logique des catégories… 5.2. …une organisation vraiment sémiotique 6.1. La question de la variation
199 201 202
6.1.1. Unicité de l’appareil récepteur et variété des catégories : une contradiction ? 204 6.1.2. Quelques hypothèses peu satisfaisantes 206 6.1.3. La sémiotique entre spiritualisme et matérialisme 208 6.2. Sources de la variation 209 6.2.1. Variation des sensorialités 210 6.2.2. Usage idiosyncrasique des sensorialités 213 6.2.3. Variation des besoins 216 6.2.4. Variation sociale 219 6.3. Chevauchements et conflits de catégorisation 221
7. Encore l’amodalité
7.1. Sensorialité et abstraction 7.2. L’objet et les modèles…
Chapitre IV Le clivage sujet/objet et la pulsion sémiotique
225 225 229
231
1. La disjonction originelle 2. Chronos, père du sens ? 3. Quantitatif et qualitatif : deux visages du sens
231
4. Pourquoi du sujet et de l’objet ?
4.1. Le localisme de la conscience et la réponse interactive 4.2. Une interface entre l’être vivant et le monde
241 242 244
5. La pulsion sémiotique comme réponse au clivage
245
3.1. Qualité et quantité 3.2. Qualité et sujet
233 237 237 238
Chapitre V Le sens et les sémiotiques
251
1. La fonction de renvoi, cette méconnue 1.1. L’objet de la sémiotique est-il le signe ? 1.2. Le maximalisme peircien 1.3. Le malthusianisme hjelmslévien
251 251 253 254
2. Les naissances de la fonction de renvoi
256
2.1. Ce n’est pas la sensation de chaleur qui brûle 256 2.2. Le signe comme potentialisation et comme produit de la mémoire 259 2.3. De la surface aux profondeurs : genèse de la fonction de renvoi 261 2.3.1. Un pari pascalien ? 2.3.2. Inférant, inféré…
261 264
2.4.1. Un objet, plusieurs qualités 2.4.2. Une qualité, plusieurs objets 2.4.3. Plusieurs qualités, plusieurs objets 2.4.4. Synthèse
266 266 267 269
2.4. Un objet, des objets ; une qualité, des qualités : la complexification du renvoi 266
2.5. Rêver devant des photos de palmiers, ou manger une noix de coco ? 272 2.6. Indice ? icône ? symbole ? La question de la terminologie 273 2.7. L’objet : une nature morte, ou un processus ? 277 2.8. L’activation de la fonction de renvoi 278 2.8.1. Une petite cuiller est-elle le signe d’une autre petite cuiller ? 278 2.8.2. Procédures pluricodiques 280 2.8.3. Procédures cognitives 281
3. La structure du signe
283
3.1. Quelle place pour les sensorialités dans la fonction de renvoi ? 283 3.2. La structure quadratique du signe 285 3.3. Quatre relations (doubles) 289 3.3.1. Axe référent-signifié 3.3.2. Axe signifiant-support 3.3.3. Axe signifié-signifiant et 3.3.4. Axe référent-stimulus
3.4. La relation d’homologation
290 291 291 292
3.4.1. Procédure de description, ou propriété des sémiotiques ? 3.4.2. Homologation, ou relation support-signifiant ? 3.4.3. Liberté des homologations 3.4.4. Contraintes des homologations
4. Pourquoi le signe ?
4.1. Du côté de l’anasémiose : la stabilisation 4.2. Du côté de la catasémiose : du débrayage à l’esclavage
5. Correspondance des structures sémiotiques et des structures sémiogénétiques 6. Structures sémiotiques élémentaires
292 295 298 301 302 303 305 308
313 313 316 6.2.1. La tête est-elle sphérique ? L’organisation ∑ 317 6.2.2. La tête est-elle une partie du corps ? L’organisation ∏ 319 6.2.3. La tête : une partie sphérique du corps. Complémentarité de ∏ et de ∑ 320 6.3. Articulations sémantiques élémentaires et arborescences 325 6.4. La syntaxe 329 6.4.1 Syntaxe linguistique vs syntaxe générale 330 6.4.2. Syntaxe et articulation : d’autres noms pour segmentation et regroupement 331 6.4.3. Le paradigme, le syntagme et l’expérience dipolaire 333 6.4.4. Variété des comportements syntaxiques 337 6.4.5. Substances des syntaxes 338
6.1. Le binôme syntagmatique élémentaire 6.2. Pi (∏) et Sigma (∑) : méréologie et logique de classes
7. Binarisme ou ternarisme ?
7.1. Position du problème 7.2. Du ternarisme à l’orthogonalité 7.3. Trois avantages de la structure orthogonale
Chapitre VI Entre anasémiose et catasémiose : l’interprétation, un renvoi infini
340 340 342 345
350
1. Produire le segment 1.1. Facteurs perceptifs 1.2. Facteurs indexicaux
353 354 357
2. Segmenter et articuler le segment
361
2.1. Segmentation 2.2. Articulation
362 363
3. Un modèle global de l’interprétation
364 364 364 365 367 370
3.1. Les facteurs de l’interprétation 3.1.1. Le segment (S) 3.1.2. Les attentes (A) 3.1.3. La grille (G) 3.1.4. Solidarité des facteurs
3.2. Un modèle du processus interprétatif global : la transformation 372 3.3. Manifestation de l’interprétation 374
4. La variabilité des interprétations
4.1. Quelques sources de la variabilité 4.2. La source première de la variabilité : le résidu d’intelligibilité et la tension interprétative 4.3. La gestion de la tension interprétative : l’intervention sur les paramètres du modèle 4.3.1. Intervention sur S 4.3.2. Intervention sur A
376 376 378 380 381 383
4.4. L’équilibre entre les paramètres A, G, S du modèle et les théories du sens 385 4.4.1. « Peu importe l’objet : ma liberté de l’interpréter est et doit rester infinie » 386 4.4.2. « Le texte, tout le texte, rien que le texte, à serrer au plus près… » 387 4.4.3. « Accepter l’obscurité… » 389 4.5. Polysémie ou monosémie ? Le paradoxe de l’interprétation 390
5. La pulsion interprétative
Chapitre VII Du sens au monde : la catasémiose 1. Anasémiose et catasémiose
1.1. Jamais l’une sans l’autre 1.2. Perte d’information anasémiotique, inadéquation catasémiotique 1.3. La pulsion actionnelle
392
394 394 394 397 398
2. Oublier la catasémiose ?
2.1. La pragmatique 2.2. Peirce et après… 2.3. Agir par le discours, agir par le geste 2.4. Ce que bouder la catasémiose veut dire
400 400 402 404 407
3. La catasémiose dans le cycle de la sémiose
407
3.1. Catasémiose et monde naturel : du digital à l’analogique et retour 3.2. Les déterminants de la catasémiose
4. Des outils : pour quoi faire ? 4.1. Sémioticiens sur le métier 4.2. Fonctions de l’outil
4.2.1. Outil et routines 4.2.2. Outils et organes : un continuum ?
4.3. Anasémiose, catasémiose et médiation 4.3.1. Outils anasémiotiques et outils catasémiotiques 4.3.2. Le rôle médiateur de l’outil
4.4. Outil, sens et signe
5. Typologie sémiotique de l’outil 5.1. L’énergie 5.2. La forme 5.3. Le statut 5.4. Le champ d’action
6. Retour à l’allongement et à la socialisation de la sémiose
6.1. Extériorité et permanence : l’allongement de la sémiose 6.2. L’outil dans la diachronie : une téléologie ? 6.3. Du corps individuel au corps social 6.4. La catasémiose est partout
Chapitre VIII Recatégoriser l’expérience Rhétorique de la connaissance 1. La nouveauté est-elle possible ? 1.1. Systèmes et tautologie 1.2. Comment entendre l’inouï ?
407 410 413 414 416 416 418 421 421 423 425 427 427 429 429 430 431 431 432 434 436
438 439 439 440
1.3. Le rôle de l’hypothèse
445
2. Pourquoi changer ?
446 446 449
3. Aspects sociaux de l’innovation
450 451 453
2.1. Équilibre et déséquilibre 2.2. Une nouveauté toujours relative 3.1. Le cul-de-sac de l’unanimisme 3.2. Déviance et innovation
4. Le mécanisme fondamental de la révision catégorielle : 455 la médiation 4.1. Des encyclopédies toujours provisoires 4.2. Médiations référentielles, médiations discursives 4.3. Cinq réactions à l’allotopie 4.4. Les bénéfices de la médiation 4.5. Médiation et réorganisation du système
455 458 464 466 468
5. Recatégorisation scientifique et recatégorisation rhétorique : points communs et spécificités
472
5.1. Une base commune 472 5.2. Sens scientifique et sens rhétorique : cinq oppositions de nature pragmatique 475 5.2.1. Figure et pensée : amies ou ennemies ? 5.2.2. Stabilité vs instabilité 5.2.3. Distance vs présence 5.2.4. Restriction vs provignement 5.2.5. Falsifiabilité vs non-falsifiabilité 5.2.6. Intersection vs réunion
Épilogue Sens et sciences du sens entre nature et culture 1. Deux concepts de base 1.1. Le dipôle 1.2. La dualité 1.3. Visages de la dualité
1.3.1. Dialectique du continu et du discret 1.3.2 Dialectique du sens et des sémiotiques
475 480 483 485 488 491
494 495 495 496 499 499 501
2. Contre la naturalisation de l’esprit : quatre critiques 504 3. Quelques apories apparentes 508 3.1. Un premier argument qu’il est facile d’écarter : l’irréductibilité 508 3.2. Deux autres arguments méthodologiques : circularité et innéisme 509 3.3. Le hasard à la rescousse ? 511 3.4. Où l’on jette le bébé avec l’eau du bain 514
4. L’autonomisme : la véritable aporie
516 516 519
5. Le continuum nature-culture
5.1. Le continuum objectif 5.2. Le continuum discursif 5.3. Non point l’autonomie, mais l’autonomisation
521 521 524 526
6. La perspective naturaliste et l’épistémologie de la sémiotique
528
4.1. Autonomisme neuronal et autonomisme culturaliste 4.2. La même fuite devant la même tâche
Bibliographie
532
Table des figures, tableaux et schémas
555
Index
557
Du même collectif Rhétorique générale, Paris, Larousse, 1970 (Paris, Le Seuil, coll. Points, 1982). Rhétorique de la poésie. Lecture tabulaire et lecture linéaire, Bruxelles, Complexe, 1977 (Paris, Le Seuil, coll. Points, 1990). Collages, Paris, U.G.E. (coll. 10/18), 1978. Rhétoriques, sémiotiques, Paris, U.G.E. (coll. 10/18), 1979. Traité du signe visuel. Pour une rhétorique de l’image, Paris, Le Seuil (coll. La Couleur des idées), 1992. Rhétoriques du visible, numéro de Protée, 1996. Figuras, conocimiento, cultura. Ensayos retóricos, Universidad Nacional Autónoma de México (coll. Bitácora de retórica), 2003.
Principia Semiotica Aux sources du sens octobre 2015
Les théories de la signification sont nombreuses. Mais aucune n’affronte la question de savoir comment et pourquoi nait le sens. Paraphrasant la formule célèbre de Leibniz, les Principia semiotica du Groupe µ répondent à la question « Pourquoi y a-t-il du sens plutôt que rien ? ». Rompus à l’interdisciplinarité, les auteurs de ce collectif se fondent pour cela sur les récentes avancées des sciences du langage et de la communication, et sur ce que les sciences cognitives ont permis d’engranger au cours des trente dernières années. Ils peuvent ainsi démontrer que le sens est toujours issu de l’expérience multisensorielle d’un sujet et qu’il retourne au monde via l’action ; que les mécanismes régissant la formation du sens sont en nombre limité ; et que si l’univers du sens englobe les symboliques humaines les plus sophistiquées, il s’étend aussi à tout le règne du vivant. Cette synthèse audacieuse permet d’ordonner dans un cadre unifié des phénomènes apparemment aussi divers que les langues, l’interprétation des images, la communication animale, l’invention de l’outil, etc. Elle apporte une réponse rigoureuse à des questions philosophiques brulantes et, surtout, propose une nouvelle alliance entre sciences humaines et sciences de la vie.
Basé à l’Université de Liège (Belgique), le Groupe µ poursuit depuis plus de quarante ans des travaux interdisciplinaires en rhétorique, en sémiotique et en théorie de la communication, linguistique ou visuelle. Qu’il s’agisse de Rhétorique générale, un classique traduit en une vingtaine de langues et salué par la revue Sciences humaines comme un des livres marquants du XXe siècle (1970) ou du Traité du signe visuel (1992), qui a refondé la théorie de l’image, ses travaux signés collectivement ont tous constitué des avancées décisives pour les sciences de la pensée.
Retrouvez-nous sur www.lesimpressionsnouvelles.com Diffusion / Distribution : Harmonia Mundi EAN 9782874493065 ISBN 978-2-87449-306-5 592 pages – 28 €