LES IMPRESSIONS NOUVELLES
Cette bibliographie intègre les ouvrages publiés jusqu’au 31 mars 2014. Chaque ouvrage fait l’objet d’une notice critique et d’une reproduction de la couverture. Une description physique vient compléter la notice. Outre les renseignements usuels, elle indique le type de reliure et de couverture, éventuellement le dos, le nombre de pages ainsi que les dimensions du volume (largeur x hauteur) exprimées en centimètres. On ajoute, le cas échéant, une description bibliophilique (nombre d’éditions, tirages de tête, anecdotes). Dans chaque section, les ouvrages sont présentés selon leur ordre chronologique de publication. Retrouvez les différents index disponibles, des compléments, et contactez les auteurs http ://www.bibliographiedunmythe.com
Olivier Roche Dominique Cerbelaud
LES IMPRESSIONS NOUVELLES
extrait
Introduction
Si l’œuvre de Georges Remi, dit Hergé (1907-1983) comporte de nombreuses facettes (séries pour la jeunesse, illustrations publicitaires, travaux graphiques de toutes sortes), c’est sans conteste la série des Aventures de Tintin qui en constitue le sommet. Ces albums de bande dessinée ont connu un succès planétaire : constamment réédités, traduits en de nombreuses langues, ils marquent l’imaginaire de millions de lecteurs1 et constituent d’ores et déjà l’une des œuvres les plus importantes de la littérature mondiale2. Il se trouve que le scénariste et le dessinateur sont ici une seule et même personne : Hergé, bien que secondé par d’assez nombreux collaborateurs, est en effet resté le concepteur et le maître d’œuvre de tout l’ensemble. De ce fait, la saga a pris fin à sa mort, ce qui est rarement le cas pour les séries à succès : qu’il suffise de songer à Astérix, Lucky Luke ou Blake et Mortimer. Du reste, Hergé lui-même avait fait connaître expressément sa volonté à ce sujet – une volonté que ses héritiers ont jusqu’à présent respectée. La série se trouve donc close, et cette clôture confère à l’ensemble l’allure d’un corpus qu’il devient loisible d’étudier, d’analyser, de commenter, voire de prolonger. Œuvre d’un unique auteur remployant à l’occasion tel ou tel personnage et multipliant les renvois internes, ce corpus s’impose par sa cohérence – même si certaines de ses caractéristiques évoluent au fil du temps. À vrai dire, le non 1. Le mot « lecteur » dans le présent ouvrage doit s’entendre comme désignant toujours les lecteurs et les lectrices. 2. Depuis 1929, 230 millions d’albums ont été vendus, le rythme actuel est d’environ un million d’albums vendus chaque année. Tintin a récemment franchi le cap des traductions dans cent langues et dialectes.
vieillissement des personnages (en contradiction avec l’évolution constante du monde qui les entoure…) renforce l’aspect intemporel des albums. En écho à l’adage talmudique selon lequel « il n’y a pas d’avant ni d’après dans la Tôrah », on pourrait dire qu’« il n’y a pas de temps dans Tintin ». À la réflexion, ce rapprochement entre texte biblique et corpus tintinesque mérite d’être approfondi. Dans un cas comme dans l’autre, on observe des hésitations, voire des querelles sur le « canon ». On connaît les divergences entre catholiques et protestants sur les frontières de l’Ancien testament ; la saga du reporter à la houppette suscite des discussions analogues : pour certains, seuls les vingt-deux albums conçus ou réimprimés en couleurs par Hergé lui-même sont à prendre en considération. Il faut donc regarder comme « apocryphes » Tintin au pays des Soviets (longtemps récusé par Hergé luimême) et L’Alph-Art (inachevé). Pour d’autres, et notamment pour la Fondation, ces deux ébauches font partie intégrante de la série. On nous vend d’ailleurs désormais en librairie vingt-quatre albums de Tintin, aux tranches dûment numérotées de 1 à 24… Au fait, qu’est-ce que la Fondation ? Cette entité, que d’aucuns appellent « Moulinsart » ou « le Château », représente les ayants droit d’Hergé, et notamment le second mari de sa seconde veuve3. Pour poursuivre notre parallèle avec l’univers religieux, on pourrait s’amuser à désigner cette Fondation comme « le Vatican », car elle exerce un véritable magistère, qui interdit notamment toute reproduction des vignettes des albums (sauf à verser des droits exorbitants), et n’hésite pas à engager des procès envers les contrevenants. Ceux-ci font dès lors figure de « protestants », voire d’hérétiques ou de dissidents ! 3. Pour être tout à fait précis, la Fondation Hergé, chargée « d’assurer la protection de l’œuvre d’Hergé et d’en développer la connaissance », a changé de nom le 14 juin 2006, suite à la nouvelle loi belge sur les associations, selon laquelle « une fondation ne peut procurer un gain matériel ni aux fondateurs ni aux administrateurs ni à toute autre personne ». La structure a donc gardé le statut d’association, mais repris le nom historique de Studios Hergé. La société anonyme Moulinsart, elle, a pour mission l’exploitation commerciale de l’œuvre d’Hergé, notamment à travers ses éditions et ses produits dérivés. Les deux structures, situées avenue Louise à Bruxelles, travaillent en étroite collaboration. Elles ont pour mission commune de « protéger l’œuvre d’Hergé, et de lui donner la meilleure image possible ».
Au cours des siècles, et jusqu’à nos jours, le texte biblique a suscité des études et des commentaires de différentes sortes : recherches sur le texte lui-même et ses versions ; exégèse historico-critique, qui scrute le contexte et s’efforce de repérer les sources qui ont pu influencer le texte biblique ; prolongements imaginaires (midrash de la tradition juive ou « lecture spirituelle » de la tradition chrétienne), études sur les écrivains bibliques… Pour notre part, nous avons réparti l’immense littérature secondaire sur Tintin et son créateur en six catégories qui déterminent les grandes sections du présent ouvrage : dans « Texte et versions », on évoque les éditions successives des albums et on recense les présentations globales de l’œuvre et les versions commentées ; les « Études critiques » regroupent les instruments de travail, les recherches des sources, les études par albums, par personnages ou par thèmes ; dans « Amplifications imaginaires », on expose les prolongements de la vie d’un personnage ou d’un lieu, voire les réécritures intégrales du corpus ; sous le titre « Hergé et après… », on regroupe les hommages, les catalogues d’expositions et autres retombées commerciales et artistiques de l’œuvre ; « L’auteur » présente les biographies de Georges Remi, ainsi que les ouvrages consacrés à des points particuliers de sa vie ; enfin, on établit une liste des « Ouvrages étrangers non traduits », rapidement commentés. En outre, nous avons choisi de mettre en valeur sept ouvrages considérés comme fondamentaux : si l’on ne devait en acquérir que sept, ce pourrait être ceux-là. Mais, hélas ! « choisir, c’est éliminer »… Notre bibliographie se limite donc aux documents entièrement consacrés à Hergé ou à son œuvre, et à une sélection d’ouvrages reflétant l’influence de son art et certains prolongements (arts graphiques, cinéma, etc.), tout ce qui nous semble constitutif de la Bibliographie d’un mythe. On y trouvera les ouvrages imprimés, quel que soit leur statut – épuisé, interdit, littérature grise –, les numéros spéciaux de périodiques ou de revues (qui d’ailleurs se transforment parfois, ultérieurement, en livres), les catalogues d’expositions et certaines brochures.
En revanche, nous ne recensons pas les travaux universitaires restés à l’état de tapuscrit4, les articles parus dans des revues spécialisées (certains peuvent faire l’objet d’une note en bas de page), ni le vaste corpus de documents variés (brochures institutionnelles ou publicitaires, dossiers et revues de presse, productions des associations, catalogues de ventes aux enchères, plaquettes, dépliants, cartes postales, affiches, hommages graphiques, clins d’œil de la bande dessinée et albums pirates… pour faire court !). Notre bibliographie raisonnée et critique pose cependant les pierres d’attente de cette « métatintinologie »5 : notre sommaire devrait permettre en effet de construire, au fil du temps, un outil pour les collectionneurs, mais aussi pour tous les chercheurs qui souhaiteront se pencher sur le corpus hergéologique et tintinologique. Tintin – Bibliographie d’un mythe appelle une suite ! En attendant, souhaitons que ce répertoire rende service à tous les lecteurs potentiels des livres publiés dans le sillage des Aventures de Tintin !
4. Le plus ancien, historiquement, semble être celui de Claude STOLLER, L’univers politique de Tintin, Mémoire de maîtrise, Institut d’études politiques de Strasbourg, 1966. 5. Le mot a été créé par Olivier ROCHE : cf. « Tintin, de la collection à l’encyclopédie », Objectif bulles – Bande dessinée et histoire, L’Équinoxe, Georg, Genève, 2009.
1.Texte et versions
1.1/ Recensement des éditions BÉRA, Michel, DENNI, Michel & MELLOT, Philippe, Trésors de la Bande Dessinée – BDM – Catalogue encyclopédique, éd. de l’Amateur, depuis 1979.
Le BDM, Trésors de la Bande Dessinée, est un ouvrage de référence (« l’argus officiel » de la bande dessinée, 120 000 albums recensés dans sa dernière édition) destiné aux collectionneurs et mis à jour tous les deux ans depuis 1979. Il a été créé par les critiques Michel Béra (qui a depuis quitté l’aventure), Michel Denni (patron de la librairie Lutèce, la plus ancienne librairie de bande dessinée française) et Philippe Mellot (co-auteur avec Michel Embs des textes d’introduction de la série Les Archives Tintin). Au fil de ses différentes éditions, le BDM a construit une recension exhaustive des publications francophones dans le domaine de la bande dessinée. À l’origine, l’ouvrage était un supplément à la revue Le Collectionneur de bandes dessinées. Tintin au Pays des Soviets est l’un des trois albums figurant sur la couverture de sa deuxième édition sous forme de véritable catalogue (1980).
Alors que les trois auteurs préparent l’édition 1983-1984, Michel Béra, « plus jeune agrégé de mathématiques de France », invente la première « table de correspondance des 2e plats des albums de Hergé », permettant de classer et de dater les albums de Tintin. Ce sont les fameuses lettres A, B, C, suivies d’un nombre, qui permettent de s’y retrouver dans les différentes éditions de Casterman. Pour mettre en place son système, il se rend à Tournai chez l’éditeur historique, ausculte les albums, consulte les archives et la correspondance entre Hergé et Charles Lesne, le responsable de Tintin chez Casterman. L’édition suivante consacre trois pages à ce qui sera bientôt nommé « les 4e plats ». La place consacrée à Hergé ne cessera d’augmenter pour atteindre 68 pages dans la dernière édition de ce véritable catalogue encyclopédique. Depuis cette période héroïque, les auteurs du BDM se rendent régulièrement chez Casterman, puis à la Fondation Hergé, pour vérifier leurs informations, comparer les albums et les versions et affiner sans cesse leur classement. De nombreux collectionneurs viendront leur soumettre leurs trouvailles, et faire ainsi progresser l’indispensable travail. L’édition 2003-2004 verra une vignette tirée des albums de Tintin illustrer la couverture du fameux guide, et Étienne Pollet, éditeur des collections Hergé chez Casterman, en signera la préface. En 2009-2010, pour leur 17e édition, les Trésors de la Bande Dessinée placent Tintin en section spéciale, en tête du guide et en couleurs. La dernière édition voit apparaître une « classification des éditions couleurs de guerre » (p. 874) proposée par Gilles Fraysse. BÉRA, Michel, DENNI, Michel & MELLOT, Philippe, Trésors de la Bande Dessinée – BDM – Catalogue encyclopédique, éd. de l’Amateur, Paris, 2012 (19e édition) [première parution : 1979]. Broché, 1186 p. (16 x 22,5) On conseillera aux tintinophiles l’édition 2003-2004 avec sa couverture d’Hergé (Temple, 45,9) et l’édition du 30e anniversaire (2010) qui fête à sa manière le 80e anniversaire de Tintin et l’actualité tintinophile en plaçant Tintin à l’honneur en ouverture du catalogue. Dans la préface de cette édition, entre un mot sur l’ouverture prochaine du musée Hergé en mai 2009 et sur le futur film de Spielberg l’année suivante, on s’amusera à lire l’annonce de « la parution, toujours en mai, aux éditions Moulinsart, du premier tome d’un important Guide Hergé de Jean-Marie Embs et Philippe Mellot ». Ce beau projet a été enterré par Moulinsart qui a utilisé le travail des deux auteurs pour la formidable opération commerciale Les Archives Tintin, diffusée par Atlas (cf. infra, section 1.5.1).
BRIGODE, Luc, 444 albums Tintin – Guide du collectionneur, éd. Brigode, 1988.
« La collection vous passionne, vous adorez parcourir les brocantes, fouiller les greniers… Vous trouvez enfin l’oiseau rare ; on vous certifie que c’est une toute première édition, mais vous en doutez. Feuilletez ce guide : vous serez fixé ! » Qu’il semble loin le temps où parut ce catalogue qui recensait 444 albums de Tintin. Pour le situer dans le contexte commercial de l’époque, rappelons que le BDM a tout juste dix ans d’existence et qu’il constitue déjà la référence en matière de classification des albums de Tintin. La cote des albums commence à sérieusement grimper. La première grande vente aux enchères exclusivement consacrée à Hergé aura lieu à Drouot deux ans plus tard, le 8 décembre 1990. Cette vente, à laquelle les ayants droit ne croyaient pas, avait été baptisée « Tintinomania – Le Monde de Tintin »6 par son organisateur, le libraire parisien Roland Buret. Elle surprit tout le monde par son succès populaire et médiatique. Luc Brigode utilise somme toute la même méthode que les trois compères du BDM : fouilles dans les archives de Casterman, avec « l’aide précieuse » d’Étienne Pollet, rencontres avec les collectionneurs (dont Stéphane Steeman qui signe la préface de l’ouvrage) et fréquentation des bourses d’échanges et des librairies spécialisées. Curieusement le BDM ne sera pas cité dans l’ouvrage. La présentation des 4e plats des différentes éditions est agrémentée d’une petite vignette en couleurs du 1er plat de l’album, et des images d’Hergé ponctuent la lecture du guide. Luc Brigode signale évidemment les curiosités éventuelles connues à l’époque, et prodigue ses conseils aux novices. En fin de volume, la publication de quatre lettres échangées entre Georges Remi et Charles Lesne de Casterman, lève le voile 6. Les nombreux catalogues de ventes aux enchères exclusivement consacrés au monde de Tintin ont souvent été extrêmement soignés dans leur présentation et leur impression, et certains sont maintenant recherchés par les collectionneurs comme de véritables albums. Nous mettons en ligne sur notre site (www.bibliographiedunmythe.com) la liste de ces catalogues.
sur certains mystères comme cette fameuse édition noir et blanc du Crabe aux pinces d’or aux strips inversés page 77. BRIGODE, Luc, 444 albums Tintin – Guide du collectionneur, éd. Brigode, Nalinnes, 1988. Broché, 176 p. (15 x 20,9). Préface de Stéphane STEEMAN. Le premier plat est orné, dans le style « petite image », d’une case (Cigares 15, 13) dont le texte est détourné. En montrant l’album Tintin au Congo, le cheik Patrash Pasha dit : « Voilà des années que je recherchais cet exemplaire ! … Aussi, trois fois béni soit le jour de cette trouvaille ! » L’ouvrage est publié « avec autorisations des éditions Casterman – Fondation Hergé ».
HEINZ, Michel, Guide à l’usage du collectionneur débutant des albums de Tintin, BD Stock, 1998.
On aimerait bien savoir qui est l’auteur de ce rare guide (format album de Tintin) à l’usage du collectionneur débutant des albums de Tintin, publié dix ans après celui de Luc Brigode. En effet, il ne ressemble pas à grand-chose et n’apporte rien de neuf sous le soleil tintinophile. Mais alors, pourquoi l’aime-t-on quand même ? D’abord, contrairement à ses confrères, il est effectivement vraiment adapté aux « collectionneurs débutants ». L’auteur ne s’encombre pas de détails. Son propos reste modeste, il va à l’essentiel, n’omet aucune des principales particularités à signaler, et cite de nombreuses éditions spéciales. Il aborde enfin les éditions pirates et celles en langues étrangères, sans oublier de citer ses principales sources. Alors, au-delà de sa présentation naïve et de ses pages impaires systématiquement vierges et réservées aux « notes personnelles », l’outil est sympathique et bénéficie d’une belle édition. HEINZ, Michel, Guide à l’usage du collectionneur débutant des albums de Tintin, BD Stock, Strasbourg, 1998. Le guide a été tiré à 300 exemplaires. Une première édition brochée de 250 ex. et un tirage cartonné de 50 ex. numérotés, 64 p. (21 x 30) ainsi que 15 ex. H.C.
WILMET, Marcel, Tintin noir sur blanc – L’aventure des aventures, 1930-1942, éd. Casterman, 2004.
Pour écrire Tintin noir sur blanc Marcel Wilmet va, comme ses prédécesseurs, utiliser les connaissances nées de sa passion personnelle pour les albums de Tintin, tout particulièrement les « noir et blanc » (lorsque son livre sort, il possède l’ensemble des albums présentés), la consultation de plusieurs collections prestigieuses et la lecture approfondie des abondants courriers échangés entre Hergé et son éditeur Casterman. L’auteur tenait absolument à publier ce livre, quitte à faire un « pirate ». Cela n’a pas été nécessaire, car Moulinsart, d’abord intéressé par le projet, a finalement convaincu Casterman qu’un livre traitant des albums de Tintin se devait d’être édité par l’éditeur d’Hergé. Pour Marcel Wilmet le rêve s’est réalisé, mais il a toujours dans un tiroir la maquette de son édition pirate ! Le précieux petit ouvrage a donc finalement été publié par l’éditeur historique des Aventures de Tintin. Il décrit dans le détail la genèse et les caractéristiques des neuf premiers albums publiés en noir et blanc avant la fin de la dernière guerre mondiale, les différentes éditions et les variantes « officielles ». En fin de volume, le lecteur pourra consulter les tableaux des tirages et des ventes de ces albums. Dans son prologue, l’auteur cite une réponse « tout à la fois plaisante, ironique et prémonitoire » de Georges Remi à son éditeur qui lui annonce en novembre 1941 que l’album Le Crabe aux pinces d’or est épuisé. « Tu verras que, d’ici peu, les albums Tintin atteindront, dans le commerce noir, des prix astronomiques » répond Hergé à Charles Lesne. On s’aperçoit, avec le recul, qu’il ne croyait pas si bien dire. On peut citer par exemple ce record lors d’une vente aux enchères chez Artcurial : l’un des rares exemplaires connus de L’Étoile mystérieuse (édition dite « alternée », 62 pages imprimées en noir et blanc d’un seul côté en alternance avec deux pages blanches) imprimés par Casterman en 1943. Cet album, édité afin d’éviter certains
problèmes de douanes face aux envois de feuillets pour la publication dans les journaux étrangers, est le seul qui permet de lire cette aventure en noir et blanc. Il a été vendu 102 935 € le 14 mars 2009. WILMET, Marcel, Tintin noir sur blanc – L’aventure des aventures, 1930-1942, 1ère éd. Casterman, Bruxelles, 2004. Cartonné, 128 p. (15,5 x 22,4). 2e éd. Casterman 2011, cartonné, 128 p. (15,5 x 22,4), avec un 1er plat légèrement différent. Alors que la couleur de fond de l’édition de 2004 était en noir brillant, celle de 2011 sera en gris foncé. Le travail d’impression des couleurs est également plus soigné. Enfin, la mention « Noir sur Blanc » est écrite plus petit. Entre les deux éditions, de petites modifications ont été faites, une quinzaine d’erreurs ont disparu, quatre éditions incorrectes ont été supprimées et remplacées par cinq « nouvelles », découvertes entre-temps. Le lecteur peut ainsi jouer au « Jeu des 7 erreurs »… À propos de « noir et blanc », il faut signaler ici l’étrange travail de certains faussaires qui ont revisité des aventures, comme par exemple Tibet ou Coke, en en retirant les couleurs et en refaisant la mise en page, à l’envers, pour les éditer sous forme de gros albums noir et blanc de 130 pages. De curieux albums qui ont eu beaucoup de succès et se sont vendus très cher sur Internet et sous le manteau.
1.2/ Présentations générales de l’œuvre PEETERS, Benoît, Le monde d’Hergé, éd. Casterman, 1983.
L’histoire de ce livre est intéressante à plus d’un titre. L’idée d’écrire une somme sur Hergé et son univers vient de Jens Peder Agger, des éditions danoises Carlsen. En 1981, il va trouver Pierre Servais, responsable à l’international de Casterman, pour lui proposer ses services. En accord avec Hergé, c’est finalement Benoît Peeters qui sera choisi pour rédiger l’ouvrage. Le jeune homme a déjà publié quelques articles sur le sujet, dont le célèbre entretien avec Hergé publié dans le numéro 25 de la revue Minuit, et le coffret des éditions Décembre, Hergé (cf. infra, section 2.2). Il est également diplômé de l’École pratique des hautes études où il a soutenu un mémoire intitulé Pour Tintin – Une lecture des Bijoux de la Castafiore (cf. infra, section 2.4.1). Jens Peder Agger sera néanmoins crédité, dans la première édition, de la conception et de
la coordination. Hergé a suivi la progression du travail. Quelques mois avant son décès, en décembre 1982, le créateur de Tintin accorde un entretien à Benoît Peeters qui sera publié dans le livre. C’est la première fois qu’un ouvrage aussi ambitieux s’attache à présenter le monde d’Hergé. Car, si les Aventures de Tintin sont bien à l’honneur dans le livre, la présentation souligne tout de suite qu’il s’agit de la partie la plus visible, et qu’elle a dissimulé « les autres aspects de cette création d’une exceptionnelle richesse ». L’œuvre d’Hergé est en effet peu connue à l’époque, et ce livre va en dévoiler au public des pans entiers. Couvertures du Petit Vingtième, travaux publicitaires, cartes de vœux… Trente ans plus tard, le joli coffre à merveilles n’est toujours pas refermé. Après une esquisse biographique et une passionnante – et émouvante, il s’agit du dernier entretien d’Hergé – conversation avec l’artiste, Benoît Peeters se plonge, album par album, dans les aventures de Totor, de Tintin, de Jo, Zette, Quick, Flupke et les autres… Dans une troisième partie, il présente, souvent pour la première fois, de très nombreuses illustrations d’Hergé, regroupées en trois grandes périodes. Puis, il se penche sur les prolongements multiples de cette œuvre, et en particulier, dans un chapitre fondateur sur le sujet, sur les « pastiches, plagiats et contrefaçons ». En fin de volume, le spécialiste présente les studios Hergé et l’organisation du travail en leur sein sous le titre : « Heureusement, il n’était pas seul ! » PEETERS, Benoît, Le monde d’Hergé, 1ère éd. Casterman, Tournai, 1983. Cartonné, dos toilé marron, titre noir, 320 p. (22,5 x 30,2). Il a été tiré de cet ouvrage mille exemplaires sous couverture en cuir, titre gravé en creux et petite image collée, numérotés de 1 à 1 000 signés au crayon par l’auteur, et mille exemplaires hors commerce, marqué H.C., signés à l’encre par l’auteur, sous emboîtage carton, constituant l’édition originale. À noter que le © de Carlsen apparaît à l’intérieur de cette première édition (p. 6). Et pour cause : le livre sort
simultanément en France, en Belgique et au Pays-Bas, mais aussi en Allemagne, en Suède et au Danemark dans une édition… légèrement différente ! En effet, chez Casterman, un hurluberlu a eu la « bonne idée » de publier l’ouvrage avec un dos toilé, alors que le projet d’origine prévoyait un dos carré imprimé sur lequel passait le dessin (la manifestation des personnages d’Hergé pour sa carte de vœux de 1973) du 1er au 4e plat. L’effet est magnifique, et les collectionneurs doivent évidemment se procurer cette édition. Plusieurs éditions successives seront ensuite publiées. 2e éd. Casterman, Tournai, 1983 [publiée en 1984]. Cartonné, dos toilé marron, titre rouge, 320 p. (22,5 x 30,2). Éd. spéciale du Club France Loisirs, Paris, 1988. Cartonné, 164 p. (22,7 x 30,2). L’édition remaniée et allégée était vendue par correspondance avec les albums doubles (cf. infra, section 1.5.1). L’auteur ajoute une courte préface personnelle : « Une enfance infinie ». 3e éd., Casterman (coll. « Bibliothèque de Moulinsart »), Tournai, 1991. Cartonné, 218 p. (22,5 x 30,4). Sous une nouvelle couverture, l’ouvrage reprend judicieusement les pages de garde bleu foncé, la préface de l’édition France Loisirs est conservée, l’édition est « entièrement refondue » et actualisée. C’est le huitième volume de la collection « Bibliothèque de Moulinsart ». 4e éd., Casterman, Bruxelles, 2004. Cartonné, 218 p. (22,5 x 30,3). L’édition est « revue et actualisée par l’auteur ». Pas de changements fondamentaux.
GODDIN, Philippe, Hergé et Tintin reporters – Du Petit Vingtième au Journal Tintin, éd. du Lombard, 1986.
« Une course poursuite, aux trousses de Tintin, à la rencontre d’Hergé »7, Hergé et Tintin reporters, de Philippe Goddin, est un véritable festival, un feu d’artifice de textes et d’images retraçant le demi-siècle de carrière du grand Hergé et d’exploits du petit reporter. La multitude de documents d’archives inédits (crayonnés, dessins, photographies, récits recueillis par l’auteur, citations…), les analyses et éclairages de Philippe Goddin, entrecoupés des témoignages de Raymond Leblanc, la richesse et le nombre d’informations, entremêlant réel et imaginaire, la mise en page vivante et brillante, font de ce livre un titre indispensable. Trois « phylactères » ponctuent l’ouvrage : entre les années de scoutisme, qui ont donné à la carrière d’Hergé « l’impulsion déterminante », et le tendre témoignage de Fanny, la seconde épouse 7. Dédicace de Philippe Goddin à l’un des auteurs du présent ouvrage.
de Georges Remi, Philippe Goddin se penche sur « les aventures d’Hergé ». En trois grandes parties (« Moi, Tintin », « Tintin et moi » et « Tintin c’est moi »), l’auteur souligne qu’Hergé s’identifie, « non sans ambiguïté, à son personnage », et raconte comment il « prend peu à peu possession de tous ses moyens narratifs et graphiques » (p. 25), pour finalement mettre au point « une méthode de travail exemplaire » (p. 87). Après avoir fait courir le petit reporter tout autour du monde, Hergé laisse son héros pénétrer dans son intimité, et voit ainsi son destin « définitivement scellé à celui de Tintin ». Une « connivence » qui, à la mort d’Hergé, « suffira à justifier la suspension définitive des aventures de Tintin… » (p. 171). Mais Philippe Goddin se doute bien que l’aventure n’est pas finie. Il laisse alors la parole au philosophe Pierre-Yves Bourdil qui voit un mythe poindre de l’œuvre d’Hergé. De son universalité, de son caractère structuré, de son sens lié au réel, des archétypes qu’elle a créés, et des hommages qu’elle a suscités, en particulier après la mort d’Hergé, Pierre-Yves Bourdil tire les fils d’« un mythe dans le siècle ». Et le sage de conclure : « Devant certaines émotions, les philosophes eux-mêmes doivent se taire, et rendre grâce aux dieux » (p. 228). Avec Hergé et Tintin reporters, Philippe Goddin signe la bande annonce de trente ans de travail hergéologique passionné, et d’une œuvre qui fait référence. Dessinateur et professeur d’arts plastiques, passionné de bande dessinée, il exercera les fonctions de secrétaire général de la Fondation Hergé de 1989 à 1999, avant de se lancer dans la rédaction de la monumentale Chronologie d’une œuvre (cf. infra), et de participer à la création du Musée Hergé de Louvain-la-Neuve. Il est actuellement président de la plus ancienne et importante association tintinophile, Les Amis de Hergé, et rédacteur en chef de la revue homonyme. GODDIN, Philippe, Hergé et Tintin reporters – Du Petit Vingtième au Journal Tintin, éd. du Lombard, Bruxelles, 1986. Cartonné, 256 p. (24 x 31). L’ouvrage a également été publié dans une belle édition entièrement toilée (toile bleu foncé, titres et petite image incrustés sur le premier plat), sous liseuse reprenant la couverture d’origine. Cette seconde édition était à l’origine réservée à la vente par correspondance, mais une fois l’édition « normale » épuisée, le Lombard
a utilisé les exemplaires de cette édition « de luxe » pour le circuit des librairies. Hergé et Tintin reporters bénéficie d’un luxueux tirage de tête de 3 exemplaires A, B et C réservés à l’auteur, à Fanny Remi et à Raymond Leblanc, et de 100 exemplaires hors commerce, numérotés de 1 à 100, constituant l’édition originale. Cette magnifique et rare édition cartonnée, sous emboîtage blanc également numéroté, avec sa couverture en bakélite blanche, aux titres dorés et à la petite image ronde collée, faisait jubiler Raymond Leblanc qui l’avait qualifiée de « papale ». Signalons enfin la particularité de certains exemplaires de l’ouvrage (les 100 exemplaires de l’édition originale, ainsi que quelques milliers d’exemplaires de l’édition). Lorsqu’il a pris possession du premier tirage, l’éditeur s’est aperçu qu’il manquait une illustration ! Le film d’une image n’avait pas été calé et un rectangle blanc « aveuglant » apparaissait à la place ! Plutôt que de pilonner le travail déjà effectué, l’éditeur a alors décidé de faire imprimer l’image à part, et de la faire coller, par des « petites mains » engagées pour l’occasion, sur chaque exemplaire… Ainsi en haut de la p. 215 du livre, le lecteur peut découvrir, en passant le doigt sur la reproduction de la double page de Libération, s’il possède un exemplaire « collector », ou pas.
[…]
Table des matières
Préface par Albert Algoud 7 Introduction 11 1.Texte et versions 1.1/ Recensement des éditions 1.2/ Présentations générales de l’œuvre 1.3/ Les techniques de travail d’Hergé 1.4/ Versions commentées 1.5/ Œuvres complètes 1.5.1/ Éditions intégrales 1.5.2/ Coffrets 1.5.3/ Éditions particulières 1.5.4/ Éditions en langues étrangères et dialectes 1.6/ Le Journal Tintin, Casterman et le Lombard
2.Études critiques
2.1/ Instruments de travail 2.2/ Études globales de l’œuvre 2.3/ Recherches sur les sources, le contexte historique et les influences 2.3.1/ Recherches globales 2.3.2/ Recherches partielles 2.4/ Études par albums 2.4.1/ Albums achevés 2.4.2/ Albums non aboutis et projets 2.5/ Études par personnages
15 20 35 38 45 45 52 56 59 60
67 72 79 79 98 104 104 115 118
2.6/ Études par thèmes 2.6.1/ Racines belges 2.6.2/ Pathologies, comportements et attitudes 2.6.3/ Histoire, géographie, environnement 2.6.4/ Sciences et techniques 2.7/ Lectures particulières 2.7.1/ Ésotérique 2.7.2/ Littéraire 2.7.3/ Philosophique 2.7.4/ Politique 2.7.5/ Psychanalytique 2.7.6/ Regards croisés
3.Amplifications imaginaires
3.1/ Corpus 3.2/ Tintin 3.3/ Figures individuelles 3.4/ Groupes de personnages 3.5/ Lieux 3.6/ Réécritures 3.7/ Les aventures apocryphes (pirates, parodies et pastiches)
4.Hergé, et après…
4.1/ Hommages 4.2/ Expositions et divers 4.3/ Musée Hergé 4.4/ Philatélie 4.5/ Cinéma, théâtre, musique 4.6/ L’héritage commercial et artistique 4.7/ Un éclairage sur notre quotidien 4.8/ Contrôle des connaissances
5.L’auteur
5.1/ Hergé 5.2/ Points particuliers
123 123 127 131 142 149 149 156 160 163 168 175 183 187 195 200 200 205 208 213 226 240 243 246 253 258 262 265 277
5.3/ Amis et collaborateurs
6.Ouvrages ĂŠtrangers non traduits 6.1/ Allemands 6.2/ Anglais 6.3/ Espagnols et catalans 6.4/ NĂŠerlandais 6.5/ Portugais
290 299 301 302 306 313
Remerciements 315
AOÛT 2014 Quelque trente ans après la mort de Georges Remi, dit Hergé, la littérature secondaire le concernant s’avère prolifique. Les aventures de Tintin, qui représentent son œuvre essentielle, ont notamment suscité un engouement qui ne se dément pas : commentaires et analyses de toutes sortes, études spécialisées, prolongements ludiques, réécritures, parodies et pastiches, mais aussi investigations sur la vie intime de l’auteur, reconstitution de ses méthodes de travail, témoignages, hommages, critiques… On n’en finirait plus d’énumérer les genres littéraires qu’illustre cette bibliothèque tintinophile. Comment s’orienter dans un tel raz-de-marée éditorial ? Dominique Cerbelaud et Olivier Roche en ont établi une bibliographie raisonnée et critique, où l’érudition rivalise avec l’humour. Chacun des titres (pas loin de 400 au total…) fait l’objet d’une notice précise qui en indique le contenu, la valeur et, le cas échéant, les limites. Une petite vignette en couleurs en reproduit la couverture. On donne également une description physique de l’ouvrage (taille, nombre de pages, et éventuellement indications sur les éditions successives, les tirages de tête, etc.). Voilà donc une publication qui sait joindre l’utile à l’agréable, et qui séduira tous les jeunes de 7 à 77 ans ! Dominique Cerbelaud, né en 1952, a pour passion la tintinologie. Il a écrit plusieurs articles dans ce domaine et a organisé au couvent dominicain de la Tourette le colloque qui a donné lieu à l’ouvrage collectif L’Archipel Tintin. Durant ses heures de loisir, il s’intéresse aussi à la théologie et à d’autres sujets littéraires et religieux. Olivier Roche, né en 1961, est chargé de communication. Observateur attentif de la tintinologie et collaborateur régulier de plusieurs revues tintinophiles, il a posé les bases de ce qu’il a nommé la « métatintinologie » dans un article publié en 2009 dans la revue L’Equinoxe : « Tintin, de la collection à l’encyclopédie ».
Retrouvez-nous sur www.lesimpressionsnouvelles.com Diffusion / Distribution : Harmonia Mundi EAN 9782874492136 ISBN 978-2-87449-213-6 320 pages – 26 €