Extrait de "Un jour la montagne s'est déplacée"

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Magne Skåden

UN JOUR LA MONTAGNE S’EST DÉPLACÉE Récits du silence

Traduit du norvégien par Hélène Hervieu

LES I M P R E S S I O N S N O U V E L L E S



EXTRAIT


Cet ouvrage est publié avec l’aide de la Fédération Wallonie-Bruxelles La traduction de cet ouvrage a été soutenue par NORLA

Photographie de couverture : White house © Larissa Belova

Magne Skåden Titre original : Jeg er ikke en fjellklatrer Éditions : Skániid girjie, 2008

© Les Impressions Nouvelles - 2013 www.lesimpressionsnouvelles.com


Magne Skåden

UN JOUR LA MONTAGNE S’EST DÉPLACÉE RÉCITS DU SILENCE Traduits et présentés par Hélène Hervieu

LES IMPRESSIONS NOUVELLES



PRÉFACE

Hélène Hervieu C’est une voix qui vient de loin, de très loin. Un ovni littéraire. D’abord sur le plan géographique, parce que l’auteur vit non loin d’un fjord de Norvège, dans le village de Planterhaug (en sami du nord : Láŋtdievvá), un coin paumé au delà du 68e parallèle, quelque part entre les îles Lofoten et Narvik. Ensuite, parce que celui qui aime se donner les noms intermédiaires de Domantrener ou Robocop n’a accédé au langage écrit qu’en 2005. Sa langue libérée a alors aussitôt parlé de l’enfermement, de ces maisons où il criait sans qu’on l’entende. En d’autres termes, Magne Skåden souffre de lésions cérébrales. Mais, comme il le précise lui-même avec une pointe d’humour : « J’ai un handicap mental mais je suis intelligent. » Revenons un peu en arrière.


Au Salon du livre de Paris 2011, les écrivains nordiques sont à l’honneur et, à ce titre, je suis conviée à traduire certains textes pour donner un aperçu de la littérature sami contemporaine. Disons pour simplifier que les Sami sont ceux que la France appelait autrefois les Lapons, ceux qui vivent à cheval (je devrais dire « à renne ») entre les divers pays nordiques – Norvège, Suède, Finlande – ainsi qu’une partie de la Russie. Certains sont restés nomades avec leurs troupeaux de rennes, d’autres ont choisi de se fixer près de la mer ou dans des villes, les plus connues étant Kautokeino et Karasjok. C’est une minorité qui a sa langue propre, d’origine finno-ougrienne, son parlement, ses infos à la radio et à la télévision en sami. Pourtant certains auteurs ont choisi d’écrire en norvégien pour avoir une chance d’être lus en dehors de leur communauté linguistique. Parmi les textes et poèmes, somme toute sans grande surprise, je découvre quatre nouvelles d’un inconnu et, très vite, je suis troublée et intriguée. J’ignore tout de lui, son prénom m’indique juste qu’il est un homme. Âge ? Parcours ? Même si j’ai un mal de chien à traduire sa prose si singulière qui avance par cercles concentriques ou en spirale, je sens que je plonge dans un univers dont je n’ai pas les clés et qu’il me faut appréhender pas à pas. La langue est précise, insistante, entêtante, suit parfois une structure de conte traditionnel, et des répétitions comme si chaque passage du mot n’en épuisait jamais le


sens : une approche particulière du langage, entre doute, émerveillement et questionnement, qui déroute et fascine. Rendez-vous est pris et j’ai hâte de mettre un visage et une voix sur cet auteur dont je dois être l’interprète lors des rencontres au Salon où il est invité. Après le choc de ses textes, le choc tout court : Magne a un physique d’adolescent, un côté grand Duduche, n’était ce regard perçant – une fois qu’il parvient à focaliser – digne d’un grand joueur d’échecs. La Norvège a déjà un grand challenger en la personne du jeune Carsten Magnus ; serait-il du même métal ? En réalité, il a du mal à se déplacer, a des gestes incontrôlés et ne peut pas parler, sinon par le truchement de la main de son père à qui il donne des impulsions – une sorte de code transcrit sur le papier. Je crois être en pleine science-fiction. Petit à petit, les morceaux du puzzle se mettent en place. Né en 1977, Magne est le deuxième d’une fratrie de trois enfants. L’aîné est un poète reconnu, Sigbjørn Skåden (nominé au Prix Littéraire du Conseil Nordique en 2007, invité au Marché de la poésie, place Saint-Sulpice, en mai 2011), son père est bibliothécaire et leur a beaucoup fait la lecture, sa mère et sa sœur cadette recueillent et éditent des textes. Autant dire qu’il baigne dans la littérature depuis son enfance. En ce sens, il aime à reconnaître qu’il ne se démarque pas de sa famille, « du moins en ce qui concerne la littérature », précise-t-il. « Nous habitons dans une forêt, nous et un élan. J’aime la vie trépidante et je me verrais bien


habiter dans une grande ville avec tout ce que ça peut offrir. Vais-je m’installer dans une ville pour y vivre seul ? Non, pas encore. Peut-être jamais. Je ne sais pas. Pour l’instant, j’aime vivre avec ceux avec qui je vis. » Ce jeune homme a grandi dans la tradition sami, où c’est la coutume de raconter des histoires. Il explique en avoir beaucoup entendues dans son enfance, car elles « transmettent souvent une éthique ou bien ont une vertu éducative », et il aimait jouer avec ces histoires, les retournait dans sa tête, « reprenant le fil là où le conteur s’était arrêté. Cela a donné une couleur à mon écriture. Quand j’écris, je sens dans de nombreux cas que le lecteur est assis en face de moi, m’écoute et me suit, prenant la relève quand moi je m’arrête, comme je le faisais avec les histoires dans mon enfance ». Il a gribouillé ses premiers mots sur le papier le 23 avril 2005 : « Ça a jailli à cause d’un grand besoin. La neige avait presque disparu et le voisin avait promis de m’emmener faire un tour en scooter des neiges, j’ai compris qu’il avait oublié. Comment le lui rappeler ? Alors j’ai réussi à me servir de la méthode qu’on m’avait apprise, et j’ai pu dire qu’il fallait qu’on fasse cette balade, j’en avais envie. » Les premiers mots sont nés de la frustration, de l’incompréhension devant la promesse non tenue. Les mots qui expriment un désir, les mots qui réclament aussi une part de justice. Les mots comme l’alpha et l’oméga d’un nouveau monde où on peut communiquer avec les autres : la vie résumée, comprimée


dans quelques signes. Tel un minerai si précieux que l’on ne veut pas risquer d’en épuiser, de manière trop inconsidérée, les filons. L’urgence du langage est une urgence de vie. S’ensuivent quatre ouvrages qui vont parler de son expérience à l’Institut Doman à Philadelphie (The Institutes for the Achievement of Human Potential), puis son combat avec les instances sanitaires en Norvège pour faire reconnaître le succès de l’entraînement spécifique qu’il suit : Je suis libre ! (2006), J’ai fait un drôle de rêve (2007), Dans mes rêves, les maisons s’ouvrent ! (2008), Écoute le monde : les maisons fermées ne sont pas des maisons vides ! (2010). Puis, l’Association des écrivains de Harstad, dont il est membre, le prie d’écrire un texte pour une anthologie et il écrit la nouvelle « Je ne suis pas alpiniste ». Celle-ci sera le point de départ du recueil Un jour la montagne s’est déplacée, avec vingt-quatre nouvelles en tout qu’il a écrites dans la foulée avant de s’arrêter net : « J’ai senti que j’avais terminé, même si je n’avais pas terminé. Écrire devient alors comme presser de l’eau d’une pierre. »


[…]


LE TERRITOIRE

Je me trouvais au milieu des immondices et des détritus dans une arrière-cour d’une des grandes villes de ce pays. J’avais ma place là, mon territoire, et pour rien au monde je ne voulais le perdre. J’ai protégé ma place. C’était mon lieu de résidence et mon identité. J’avais un endroit qui était à moi. Tout le monde ne peut pas dire qu’il a un territoire à lui, rien qu’à lui. Moi j’avais ça, mais je savais que ça coûte cher d’en avoir un. Autour de moi, dans un cercle un peu plus grand, ils n’avaient pas de places à eux, ils rôdaient en tournoyant comme des vautours autour des territoires des autres, à guetter l’occasion de s’en emparer, le moment où les propriétaires seraient trop affaiblis pour être en mesure de les défendre. Je savais ça, je le voyais d’où j’étais, et je savais que les autres autour de moi sur leurs territoires le savaient aussi. Nous étions encerclés par les vautours. Je savais ce que c’était de rôder en cercle autour d’un territoire en guettant l’occasion de s’en emparer. Un jour, moi aussi j’avais été dans ce cercle qui attend que quelqu’un


soit trop affaibli pour défendre son petit territoire. J’étais alors sur la ligne de départ pour foncer dès que l’occasion se présenterait. Il s’agissait d’être le premier à réagir, dans les starting-blocks, pressentant le coup d’envoi. J’avais échoué plusieurs fois, mais cela m’avait appris quelques astuces, j’avais développé à la fois le flair et la rapidité, ainsi que l’art et la manière de jouer des coudes, faire des croche-pieds, bref tout ce qui peut empêcher les autres d’arriver les premiers. J’ai fini par réussir à m’emparer d’un territoire, mon territoire à moi parmi les immondices et les détritus dans ce coin où se retrouvent les sans-abris. Et ce territoire, ça faisait maintenant un bon moment que je l’avais, et quand je devais le quitter pour trouver de la nourriture ou me procurer le nécessaire pour vivre, mon territoire était toujours libre quand je revenais. Personne n’osait le prendre. Pas plus qu’on n’osait prendre les territoires des autres quand ils partaient se procurer de quoi vivre. Pourtant, ces derniers temps, j’ai remarqué que le cercle autour de mon territoire s’est resserré et est devenu, en quelque sorte, plus menaçant. Je ne me suis plus senti aussi sûr de retrouver ma place inoccupée quand je devais m’absenter. Je savais ce que ça signifiait, et je savais que les autres à côté avec leurs territoires le savaient aussi. Certains d’entre nous étaient devenus si faibles que les vautours sentaient une ouverture. Leur odorat était infaillible. Nous le savions aussi, nous autres avec nos territoires. On s’était tenus


nous aussi dans ce cercle et on savait qu’on y développait là comme un sixième sens pour repérer les faiblesses des autres, dans la mesure où cela vous offrait une ouverture. Une ouverture qui requiert détermination et rapidité d’exécution pour atteindre son but. Oui, le cercle formé autour de nos territoires savait ça par cœur, et la distance entre eux et les territoires convoités indiquait clairement où s’opèrerait bientôt un changement. Changement au sens où quelqu’un d’autre s’emparerait d’un territoire. Je n’avais jamais réfléchi à ce qu’il advenait à celui qui se faisait chiper son territoire. On ne réintégrait pas le cercle des vautours, ça c’est sûr. On n’avait plus rien à y faire. Je le savais, moi qui étais encore sur mon territoire et voyais le cercle se rapprocher de plus en plus de nous autres, sur le tas d’immondices. Un de nous sur ce tas, au moins un de nous, était devenu si faible qu’il constituait une proie facile pour ceux du cercle. J’ai essayé d’analyser qui ça pouvait être. En gardant pour la fin l’hypothèse que c’était moi. J’ai analysé, l’un après l’autre, mes compagnons sur leur territoire. Non, ils paraissaient encore être dans la force de l’âge, autant que je puisse en juger. Ils faisaient comme d’habitude leurs virées indispensables, et je trouvais qu’ils avaient l’air d’être satisfaits et en forme. J’ai retardé jusqu’au dernier moment la considération de mon cas, mais à la fin, il ne restait plus que moi.


Je faisais aussi mes virées mais moins souvent qu’avant et peut-être pas toujours avec le résultat escompté. Mais j’y allais quand même, et je vivais peut-être un peu moins bien qu’avant. Il faut dire que mes besoins aussi s’étaient réduits. Mais je m’en sortais et c’est tout ce que je demandais. Je savais pourtant, avant même de considérer les autres, qu’il s’agissait de moi. C’était moi qu’on allait déloger. J’étais le prochain sur la liste. C’était ma place pour laquelle ils allaient bientôt se battre. Ce n’était pas la première fois que j’assisterais à ce genre de combat. J’en avais vu beaucoup, du temps où j’étais dans le cercle des vautours, mais aussi en tant que simple observateur, à partir de mon territoire quand d’autres territoires se faisaient occuper. Je n’aidais personne dans ces cas-là et je savais que personne ne m’aiderait maintenant. J’étais seul. Je connaissais l’issue. Je serais délogé mais j’ignorais où j’atterrirais et ce qu’il adviendrait de moi, après m’être fait confisquer mon territoire. Je ne m’étais jamais préoccupé de savoir ce qu’ils devenaient, les autres qui avaient perdu leur territoire. Le fait est que je n’avais même plus la force, aujourd’hui, de me préoccuper de ce que j’allais devenir après la lutte pour occuper mon territoire. Je savais que le combat serait rude. Ils étaient nombreux à le convoiter, et dans cette lutte sans merci, je risquais d’être blessé, c’était probable, si je ne déguerpissais pas à temps. Mais même là, je me retrouverais nez à nez avec des troupes lancées à l’assaut.


Le silence régnait sur le tas d’immondices. Tous savaient qu’il s’agissait de moi, cette fois-ci. Tous avaient analysé la situation. Ça ne les concernait pas, l’affaire pour eux était réglée. J’étais seul. Non pas qu’il y eût tellement d’entraide avant, mais il y avait eu comme un sentiment de solidarité. Il y avait NOUS, avec nos territoires, et il y avait LES AUTRES. Et voilà que je ne faisais plus partie de NOUS, je le sentais clairement. J’étais passé à autre chose, à une troisième catégorie, et dans cette catégorie j’étais tout seul. Le cercle – non pas le cercle mais le quart de cercle – s’est resserré près de mon territoire. Leurs visages étaient illuminés par la volonté de combattre, de livrer une lutte sans merci. Moi je me contentais d’être là. Je n’avais plus les cartes en main. Tôt ou tard, le quart de cercle sentirait quand ce serait le bon moment, et le combat serait lancé. Les autres sur leurs territoires étaient tranquilles. Ils savaient, et je savais, qu’on éviterait soigneusement de toucher ou d’empiéter sur leurs territoires. Celui qui allait récupérer mon territoire ne voulait pas risquer de se faire mal voir et tomber en disgrâce. Il fallait d’abord faire ses preuves sur le tas d’immondices, alors pas question de commencer par une bourde. Alors les autres sur leurs territoires étaient tranquilles. Ils pouvaient observer ce qui se passait de façon neutre, sans se faire de souci, comme je l’avais fait moi-même jusqu’alors. J’avais assisté à tout cela dans la neutralité et la décontraction.


Mais cette fois la situation était différente. Je n’étais ni ne pouvais rester neutre. Quant à être décontracté ? Comment peut-on être décontracté quand on est menacé et qu’on ne sait pas ce qui va vous arriver ? Le cercle, ou le quart de cercle qu’il était devenu maintenant, était si proche de moi que je sentais jusqu’à l’odeur de leur haleine, leur énergie et leur voracité impitoyable. Je ne pouvais que les observer. Et attendre qu’ils donnent l’assaut. Je n’avais pas le choix. Je ne pouvais pas quitter les lieux en sécurité, pas plus que je ne pouvais me battre. J’étais un homme battu. Enfin le moment tant attendu ! Le premier s’est jeté sur mon territoire, avant d’être poussé violemment par un autre qui voulait aussi ma place, et qui à son tour a été écarté par un autre. Je n’ai pas réussi à voir le reste, car le combat s’est alors déroulé en plein sur mon territoire. Mon propre territoire n’était plus qu’un champ de bataille. Je me suis retrouvé, pour l’instant, en dessous des affrontements, mais dès qu’il y aurait un vainqueur, je savais que je subirais autre chose. J’ai attendu. Que pouvais-je faire d’autre pendant que les combats faisaient rage au-dessus de ma tête ? Bientôt il se dégagerait un vainqueur, je l’ai compris lorsque le poids audessus de moi s’est allégé. C’était la débandade. Quelqu’un avait gagné, et ce quelqu’un m’a asséné un violent coup à l’arrière de la tête. Je me suis affaissé. Je me suis affaissé, avec le sentiment de sombrer. Suivi de mon estomac, qui avait


toujours un métro de retard dans ce processus. Je me suis affaissé. Le tas d’immondices et mon territoire ici, ce qui avait été mon territoire rien qu’à moi, tout ça n’avait plus guère d’importance. Non, la seule chose qui importait maintenant, c’était de s’affaisser, de s’affaisser toujours davantage. Toujours davantage.

[…]


PARUTION EN MARS 2013 Sous le titre Je ne suis pas alpiniste paraît en 2008 un recueil de vingt-quatre nouvelles à l’univers envoûtant. L’auteur raconte à la première personne des histoires qui lui sont – ou pas – arrivées. Jamais frontière entre rêve et réalité n’aura été plus ténue. Il est question de lui-même et de son double, des conflits inextricables dans lesquels son esprit se débat et de solutions pour le moins radicales. Si la langue épurée et la structure volontairement répétitive ne sont pas sans rappeler celles des contes, le propos, lui, est d’ordre métaphysique. L’auteur – qui a choisi les noms intermédiaires de Domantrener ou Robocop – prouve aussi dans ses nouvelles qu’il n’est pas dénué d’humour. Du fait de son handicap, son rapport biaisé au monde l’amène à être à fleur de peau. D’où la valeur extrême de chaque mot, de chaque adjectif dûment pesés. Pour Magne Skåden, le langage est une question de vie ou de mort. Ce recueil, preuve éclatante d’une sensibilité et d’une intelligence hors pair, entraîne le lecteur dans un voyage qu’il n’est pas près d’oublier. Né en 1977 de mère sami et de père norvégien, Magne Skåden a grandi au-delà du cercle polaire. Malgré une grave lésion cérébrale, ses parents ont toujours senti qu’il « avait des choses à dire » et se sont battus pour qu’il puisse aller à l’école, même si pendant longtemps il n’avait aucun moyen de communiquer avec son entourage. En 2004, avec la découverte de la méthode pratiquée dans « The Institutes for the Achievement of Human Potential » aux États-Unis, le jeune homme a franchi toutes les étapes en un temps record : après avoir réussi à griffonner son premier mot en 2005, il écrit son premier livre en 2006 : Je suis libre ! Un an avec la méthode Doman. Un jour la montagne s’est déplacée est son premier recueil de nouvelles et le premier de ses livres à paraître en français.

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DIFFUSION/DISTRIBUTION : HARMONIA MUNDI EAN : 9782874491610 ISBN : 978-2-87449-161-0 176 PAGES - 16 €


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