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«Si on ouvrait les gens on trouverait des paysages» (Film ‘les plages d’Agnès’ Agnès, 2008)
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Remerciement En préambule à ce mémoire, je voudrais témoigner toute ma gratitude aux personnes qui m’ont apporté leur aide de loin ou de près. Je voudrais tout d’abord adresser toute ma reconnaissance à la directrice de ce mémoire, Madame Monia Hakima Makhlouf, pour sa disponibilité, sa patience et surtout ses judicieux conseils et les outils méthodologiques indispensables à la conduite de ce mémoire. Je tiens à témoigner également toute ma gratitude à tous mes enseignants qui m’ont aidé dans mon cursus universitaire. Je désire aussi remercier mes très chers parents qui ont toujours été là pour moi pour leurs sacrifices, leur soutien, leur confiance et toutes les valeurs qu’ils ont su m’inculquer. Enfin, je voudrais exprimer ma reconnaissance envers mes amis qui m’ont apporté leur soutien inconditionnel tout au long de ma démarche. À tous ces intervenants, je présente mes remerciements, mon respect et ma gratitude.
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À l’âme de mes bien-aimés grands-parents que Dieu les accueille dans son vaste paradis.
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Sommaire Remerciement Introduction Problématique Méthodologie
Chapitre III: Hammam-Lif, la ville entre mer et montagne
Chapitre I: L esthétique Sensible du Paysage 1-Interroger le paysage 2-Bidimensionnalité du paysage 3-L’expérience sensorielle du paysage 4-Le paysage, lieu de mémoire 5-L’expérience du lieu 6-Du paysage à l’ambiance 7-Synthèse
1-Situation géographique 2-Caractéristiques physiques de la ville 3-De la montagne est née une ville 4-Lecture paysagère 5-Infrastructure et accessibilité 6-Repères paysagers 7-Densité urbaine 8-Etat de l’environnement 9- Synthèse
Chapitre II: Pensées aquatiques
I. L’eau 1-Généralité 2-La symbolique de l’eau 3-L’eau, composante du paysage II. Le littoral 1-L’espace limite 2-L’expérience du littoral 3-Les différents types de littoraux 4-L’homme et les littoraux 5-Les risques qui menacent le littoral III. Synthèse
Chapitre IV: Étude référentielle 1- Interventions urbaines 2- Interventions éphémères 3- Synthèse
Chapitre VI: Composer avec le paysage 1- Introduction 2- Le programme 3- Démarche conceptuelle
Chapitre V: Rencontre d un paysage 1-Justification du choix de a zone d’étude 2-Présentation du contexte d’étude 3-L’effet des brises-lames sur la côte 4-Densité urbaine 5-Lecture fonctionnelle 6-Vers une découverte du paysage 7-Repères 8-Synthèse
Conclusion générale Annexe Bibliographie Table des figures Table des matières Résumé
Introduction «La ville balnéaire doit être saisie comme une 'machina memorialis', une fabrique de contemporanéités rassemblant des fragments épars de temporalités». (Boucheron, 2012) La ville se forme et se transforme avec l’interface de plusieurs facteurs. Des transformations qui révèlent son essence et sculptent son paysage. Le paysage de la ville, entre naturel et bâti, est complexe. Pour les villes côtières, le littoral ou l’espace-limite, lieu de rencontre entre terre et mer, est une entité paysagère spatiale et environnementale qui présente un potentiel très important pour la ville, mais qui aussi peut être une zone vulnérable en perpétuelle évolution, qui se modifie selon les caprices de la nature ou du fait des activités humaines. Depuis la nuit des temps, les villes côtières sont les villes les plus urbanisées grâce aux différentes opportunités qu’elles offrent, et comme tout lieu d’intense activité humaine, ces villes représentent des zones de grands défis pour les responsables du développement urbain. Sans le respect du paysage et une bonne gestion des ressources naturelles, la ville fait face à des risques de défiguration paysagère et des menaces environnementales qui peuvent mener à la perte de l’essence du lieu. Ce travail de mémoire cherche à prospecter le potentiel d’une ville côtière, Hammam-Lif, et révéler son essence, par une intervention qui tire son sens du paysage où elle s’inscrit.
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Problématique Construite entre mer et montagne, la ville de Hammam-Lif était autrefois un refuge de plusieurs tunisiens et étrangers. Une station thermale et balnéaire qui offre un potentiel paysager ( naturel, urbain et architectural) d’exception, riche et unique. Néanmoins, jour après jour, ce paysage composite est défiguré par les actions humaines suite aux réglementations qui ne sont pas idoines. Des interventions qui étaient autrefois l’ornement du paysage et révélateurs de l’identité du lieu, sont aujourd’hui en coupure avec eux. Alors, comment redécouvrir l’identité perdue du lieu à travers une logique paysagère sensible ? Malgré sa richesse paysagère, cette station balnéaire prend le chemin de l’oubli tournant le dos à la mer. Une mer qui raconte des histoires au fil du temps et rend le paysage témoin de toutes activités humaines. Malheureusement, le paysage du littoral du Hammam-Lif est aujourd’hui en dégradation perpétuelle. En effet, la pollution marine (qui mène à l’interdiction de la baignade), les risques naturels ( érosion, submersion marine...), et la dégradation de la façade urbaine en front de mer inclut ses édifices de valeur historique, sont les problèmes majeurs de ce paysage littoral spolié de son identité. Comment perpétuer et améliorer l’offre balnéaire d’un secteur menacé?
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Dans cet ordre d’idées et afin d’apporter une série de réponses aux interrogations préliminaires, on inscrira notre réflexion dans un cadre d’approche paysagère multidimensionnelle, une démarche qui adopte un large éventail d’interventions à caractère holistique tout en tirant sa substance réflexive des traits identitaires spécifiques du lieu. A ce stade, il est légitime de s’interroger : Comment déployer donc le paysage au profit de l’Homme? Quelles pratiques anthropiques peut-on envisager dans cette frange sensible qu’est le littoral, frontière où la terre et la mer viennent générer un lieu spécifique ?
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Méthodologie Afin de répondre aux questions posées dans la problématique, nous avons défini une approche méthodologique structurée en 6 chapitres. Le premier chapitre « l’esthétique sensible du paysage », à travers de la documentation et des références théoriques, interroge la notion du paysage, ses dimensions, et son expérience sensorielle. Ensuite il s’intéresse à la théorie du paysage témoin de l’histoire, sa relation avec la mémoire du lieu et son rôle dans l’identification du « genius loci ». Ce qui nous a amené enfin à étudier la relation genius loci – ambiance – paysage, et son interaction avec le vécu des usagers. Ce qui nous permettra d’étudier et de comprendre au mieux le paysage de notre ville d’intervention, ses caractères et son potentiel. Dans le deuxième chapitre « pensées aquatiques », toujours à travers une documentation théorique, nous proposons une compréhension du littoral comme entité paysagère sensible, en dégageant en premier lieu la symbolique de l’eau, son rôle comme composante du paysage, ainsi que les dualités littoral-paysage et Homme-littoral. Enfin nous surlignons les risques qui menacent le littoral et les mesures de protections qu’on peut entreprendre pour le protéger. Cette recherche nous guidera pour comprendre la sensibilité du littoral, son rôle dans la ville côtière et les risques auxquels ils sont confrontés Le troisième chapitre « Hammam-Lif, la ville entre mer et montagne », élaboré à partir de données et statistiques officielles ainsi que des observations personnelles, présente une rencontre de la ville d’Hammam-Lif, ses caractéristiques, son évolution paysagère, ainsi qu’une analyse et une lecture paysagère globale. Il se termine par un aperçu sur l’état de l’environnement. Il nous permettra d’avoir une idée générale de notre contexte et du rapport que la ville entretient avec son littoral.
Le quatrième chapitre « étude référentielle » présente une étude de cas similaires à différentes échelles (urbaine et architecturale éphémère) qui nous a aidés à mieux comprendre la relation Homme – architecture – paysage. Ceci nous guidera dans le choix de nos concepts et la nature de notre intervention. Le cinquième chapitre « rencontre d’un paysage » est un essai d’analyse du contexte d’étude. Il présente une lecture paysagère réalisée selon un découpage séquentiel qui nous a permis de délimiter notre site d’intervention, de dégager ses potentialités, ses contraintes et ses enjeux. Dans l’analyse séquentielle nous avons relevé les perceptions visuelles, sonores, olfactives, … ainsi que les pratiques sociales, ce qui nous permettra de répondre au mieux aux besoins des usagers. Le dernier chapitre « composer avec le paysage » présente un essai de synthèse multidimensionnelle de tout ce qui a précédé. Il propose une réflexion paysagère et spatiale sur différents niveaux (urbaine et architecturale), à travers des concepts et un programme qui redynamisent le site et répondent aux besoins des usagers. Ce chapitre présente aussi notre démarche conceptuelle ainsi que l’évolution de l’intervention.
L esthétique Sensible du Paysage
«La première rencontre d’un paysage ne peut se dire que par métaphores. Lieu des échos et des reflets, des transferts et des associations, entre nous et le monde, entre les différents éléments du monde.» Vincent Furnelle, La musique du paysage, 2015.
Chapitre I - L’esthétique sensible du paysage
1. Interroger le paysage Le mot « paysage » semble simple, mais lorsqu’on s’interroge sur sa naissance et son évolution, sa définition s’avère complexe. Le terme «paysage» est apparu vers 1549 dans le dictionnaire latin/français de Robert Estienne « paisage : mot commun entre les painctres »¹. C'était lié seulement à la peinture pour indiquer une peinture représentant la «nature» et plus tard les villes. Si on revient vers la composition du mot ‘paysage’, pays en préfixe et âge en suffixe, on peut dire que le premier est de l’ordre du territoire alors que le second nous renvoie plutôt aux expressions perceptibles de l’œil envers ce lieu. Selon le philosophe Alain Roger le pays devient paysage par l’artialisation² de ce dernier, « La nature est indéten-ninée et ne reçoit ses déterminations que de l'art : du pays ne devient un paysage que sous la condition d'un paysage, et cela, selon les deux modalités, mobile (in visu) et adhérente (in situ), de l'artialisation »³. Sur le fondement de ce qui précède, il serait opportun d’avancer le constat suivant : le paysage est l’interprétation ‘esthétique’ d’un pays/espace/lieu … En quelque sorte le pays est l’état initial du paysage avant son artialisation. Alors le paysage n’existe pas s’il n’est pas contemplé, il est un résultat. Selon Cueco⁴ «Le paysage n'existe pas, il nous faut l'inventer. ». Cette théorie met en question la matérialité du paysage. On peut constater que la notion du paysage est un concept aussi polysémique, complexe que multidimensionnel. Par quoi le paysage se matérialise-t-il? Est-ce que le paysage est un ‘regard artistique’, une interprétation ou un état d’un pays? De nos jours, le paysage n’est plus seulement un tableau mais « Partie d'un pays que la nature présente à un observateur» ⁵. Par la suite il est lié à une étendue de pays et à un point de vue, c'est un regard sur la nature ou (et) l'architecture qui nous entoure, et donc le cadre de notre vie quotidienne. Le paysage est ce qui nous entoure, mais l’inverse n’est pas forcément vrai. Le paysage existe par lui-même mais se définit par ceux qui le vivent, il a besoin d’être contemplé. Ainsi, selon Augustin Berque⁶ «le paysage est différent de la nature car il est un regard sur la nature». Ça nous permettra de souligner que le paysage est un ‘objet’ complexe qui peut être couvert par de nombreuses définitions selon le regard que l’on pose sur lui, en effet, il n’existe pas une véritable définition du paysage mais plutôt divers aspects. ¹ Centre national de ressources textuelles et lexicales : https://www.cnrtl.fr/etymologie/paysage ² «L’artialisation est un concept philosophique désignant l’intervention de l’art dans la transformation de la nature.» Wikiversité, leçons de philosophie. ³ Alain ROGER, Court Traité du paysage, 1997. ⁴ Henri CUECO, peintre (de la figuration narrative) et écrivain français. ⁵ Le dictionnaire de langues de Paul Robert. ⁶ Augustin Berque, géographe et philosophe français. Auteur du livre ‘La pensée paysagère’.
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Chapitre I - L’esthétique sensible du paysage
Figure 1 : Paul Cézanne, Landscape in Provence, Nr. 79, 2006.
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Chapitre I - L’esthétique sensible du paysage
La Convention européenne du paysage définit le paysage selon deux aspects « Le paysage désigne une partie de territoire telle que perçue par les populations, dont le caractère résulte de l’action de facteurs naturels et/ou humains et de leurs interrelations ». Cette définition met l’accent sur l’aspect social/culturel du paysage. Le paysage «n’est jamais naturel, mais toujours culturel. »⁷, Le paysage donc ne peut pas non plus se limiter à ‘ce que la nature présente à l’œil’ puisque dans ce cas l’Homme prend une position presque passive, Chaque partie d’un pays admet des signes sociaux cognitifs qui lui donnent inévitablement un sens. Analysé par Jean-Robert Pite dans son ‘Histoire du Paysage Français’⁸, le paysage est donc l’«expression observable par les sens à la surface de la terre de la combinaison entre la nature, les techniques et la culture des hommes ». En fin, la plupart des chercheurs en matière de paysage s’accordent à dire qu’il se compose d’une dimension objective et d’une dimension subjective, selon la sensibilité de l’observateur.
2. Bidimensionnalité du paysage 2.1. Paysage objectif La dimension matérielle du paysage est ce qui lui donne son aspect objectif, ce qui nous entoure, l’environnement, c’est l’objet qui peut être analysé, perçu et à partir duquel le paysage sera construit. «Il est évident qu’on ne peut construire un paysage qu’en étant inséré dans un environnement que l’on analyse et que l’on apprécie…»⁹ L’environnement est un concept hybride puisqu’il peut être décliné dans sa configuration purement initiale d’espace préexistant à l’action humaine et à sa réification anthropique, mais il est aussi envisagé comme la synthèse de la présence actante de l’humain à travers l’interaction du bâti et du naturel. La cohérence perceptive et l’équilibre préservant la vie dénotent de sa pérennité. Ces deux environnements peuvent paraître opposés ou antonymes mais en fait l’environnement artificiel se situe dans l’environnement naturel et ils constituent l’environnement qui nous entoure. Il se compose d’éléments qui peuvent être analysés et étudiés, c’est une réalité objective qui nous permet d’avoir des connaissances scientifiques. Pendant longtemps, cette notion de paysage défini par sa matérialité a dominé puis la réflexion s’est compliquée en rajoutant une dimension immatérielle au paysage. ⁷ Alain ROGER, Court Traité du paysage, 1997. ⁸ Histoire du paysage français: de la préhistoire à nos jours, éditions Tallandier, 2003. ⁹ Thierry PAQUOT, Le paysage, éditions La Découverte, 2016. 18
Chapitre I - L’esthétique sensible du paysage
2.2. Paysage subjectif Comme on l’a déjà dit précédemment, le paysage se définit par ceux qui le vivent, à travers la perception de l’individu. «Le paysage est une lecture indissociable de la personne qui contemple l’espace considéré »¹⁰. C’est cette lecture qui forme la dimension subjective du paysage. L’étude paysagère a donc l’avantage de la sensibilité de l’observateur, contrairement à l’étude de l’environnement qui est plutôt purement objective. Il est à la fois ce qu’on regarde et la représentation mentale de ce que nos sens perçoivent.
•
Première réflexion
Nature
Observateur
•
Deuxième réflexion
Percepteur Dimension subjective
Environnement naturel
Environnement artificiel
Dimension objective
Le paysage
Figure 2 : Interroger le paysage,Source: schéma personnel
¹⁰ Alain CORBIN, L’homme dans le paysage, éditions Textuel, 2001.
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Chapitre I - L’esthétique sensible du paysage
3. L’expérience sensorielle du paysage «Le long des grands chemins, et même dans les tableaux des artistes médiocres, on ne voit que du pays; mais un paysage, une scène poétique, est une situation choisie ou créée par le goût et le sentiment »¹¹.
3.1. Le paysage comme perception visuelle Depuis la naissance, la notion de paysage était, comme on l’a déjà évoqué, relié simplement à des peintures représentant l’environnement (naturel, artificiel ou/et culturel). Ainsi le paysage est, dans son premier degré, révélateur de sens selon le biais du regard, le paysage n’existe que lorsqu’il est contemplé, une perception visuelle; c’est toute sensation intérieure de connaissance apparente causée par la stimulation ou l’impression lumineuse captée par les yeux. Ce qui donne au paysage un aspect de distance, un point de vue de panorama et/ou de cadrage de vue. Mais le paysage limite-t-il à une dimension picturale ? «Depuis l’aube des Temps modernes, le paysage est abandonné à la seule esthétique de la contemplation »¹².
3.2. Le paysage poly-sensoriel La perception de l’espace est la prise de conscience de celui-ci. Elle prend sa naissance par la sensation. Le paysage ne se réduit pas à une image. Tous les sens participent ; Le toucher, l’odorat, en particulier l’audition, sont également impliqués dans la perception de l’espace. Certaines recherches ont eu lieu sur ce sujet. A titre d’exemple, dans les années 70, Robert Murray-Schaferg¹³ a lancé un cours sur la notion de paysage sonore ‘Soundscape’ qui étudie la perception sonore de l’espace et la relation paysage/temps. Le paysage du littoral par exemple est un paysage poly-sensoriel. Il est à la fois olfactif, sonore, tactile, visuel et même gustatif ; par le contact du vent qui souffle, du sable, des coquillages sous les pieds, par le son des vagues qui se brisent sur les rochers, par les odeurs de la mer, le paysage dépasse l’appréciation esthétique distanciée et implique la poly-sensorialité. Celle-ci mène à capter l’essence de l’environnement. Le corps est en perpétuelle interaction avec l’environnement, le processus perceptif se génère par les informations (visuelles, sonores, tactiles…) que l’environnement communique au corps.
¹¹ René-Louis DE GIRARDIN, la composition des paysages, Seyssel, Champ Vallon. ¹² Alain ROGER, Court Traité du paysage, 1997. ¹³ Robert Murray-Schaferg, Compositeur, écologiste et cofondateur du ‘projet mondial d’environnement sonore‘. En 1977, il a publié son ouvrage ‘Le Paysage sonore’.
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Chapitre I - L’esthétique sensible du paysage
La perception d’un environnement est un processus complexe qui se déroule selon des étapes et qui peut être affecté par plusieurs facteurs de différentes natures et qui génère des sensations chez l’observateur. «La figuration de l’espace cesse d’être une description pittoresque et décorative pour devenir un enregistrement de gestes ou d’actions élémentaires et de sensations éprouvées sur le plan de la conscience, en fonction de l’accord des différents sens »¹⁴.
L’odorat La vue
Le goût
L’audition
Le toucher
Figure 3 : L’expérience sensorielle du paysage Source: collage personnel
¹⁴ Pierre Francastel, Peinture et société, éditions Denoël, 1994.
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Chapitre I - L’esthétique sensible du paysage
4. Le paysage, lieu de mémoire 4.1. Le paysage comme palimpseste Un palimpseste selon Wikipédia, est un manuscrit constitué d’un parchemin déjà utilisé, dont on a fait disparaître les inscriptions pour pouvoir y écrire de nouveau. C’est le fait d’écrire sur les traces des anciennes écritures. Comme ces parchemins qui conservent des traces de textes anciens incomplètement rayés, le paysage palimpseste garde l’héritage résultant des actions successives, au même endroit, de facteurs naturels et d’actions humaines. Il témoigne donc d’anciennes méthodes de vie. La notion du palimpseste est apparue au niveau de la compréhension du paysage puisqu’il n’est pas seulement la seule addition d’éléments géographiques différents, mais aussi une combinaison dynamique, instable, de facteurs physiques, biologiques et humains dans une portion spécifique de l’espace et qui réagissent les uns par rapport aux autres. Le paysage devient alors un tout unique et inséparable en perpétuelle évolution. « Il ne s’agit pas seulement du paysage ‘naturel’, mais du paysage total intégrant toutes les séquelles de l’action anthropique »¹⁵. Michel Conan, urbaniste et écrivain, suggère d’apercevoir le paysage par l’image du palimpseste. Un bien hérité en mutation continue mais n’est pas essentiellement défiguré. Sans jamais pouvoir se distinguer complètement de la géohistoire, le palimpseste paysager se présente à une société à un temps donné, détenant mille couches et mille profondeurs, optiques, kinesthésiques, cœnesthésique, mémorisées, imaginaires, etc... «Les formes modernes d’appréciation du paysage font une part croissante à cette exploration de la nature construite ou plus ou moins cultivée en l’abordant comme un palimpseste surchargé d’écritures multiples »¹⁶. En tant que médiateur entre l’Homme et son environnement et leurs interrelations, le paysage devient le support présent et le témoin des actions et des décisions.
4.2. Le paysage, une représentation mentale On a déjà évoqué la notion du paysage subjectif, qui dépend de la sensibilité de l’observateur. Si on revient sur l’idée que le paysage se génère de la perception du lieu, on remarque que le paysage devient propre à chaque individu. Le paysage est à la fois ce qu’on regarde et la représentation mentale de ce que nos sens perçoivent. Ainsi, chacun peut découvrir, voir et ressentir les ¹⁵ Georges BERTRAND, Paysage et géographie physique globale (article), Revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest, tome 39, fascicule 3, 1968. ¹⁶ Michel CONAN, ‘Éloge du palimpseste’, Hypothèses pour une troisième nature, Coracle Press, 1992. 22
Chapitre I - L’esthétique sensible du paysage
paysages de différentes manières, même ceux qui nous paraissent les plus simples. Indépendamment du ressenti sensoriel, la lecture d’un espace fait appel aux mémoires, aux cultures, à l’intellectuel et même à l’imaginaire. « L’espace est aussi lu selon des schèmes qui relèvent de l’imaginaire »¹⁷. Une comparaison remarquable entre le paysage tel que perçu par des artistes et le paysage tel que vu par des architectes, faite par François Béguin¹⁸ montre que pour les architectes le paysage est plutôt une occasion de penser l’effet architectural comme étant une résultante de l’interaction et de la fusion entre le bâtiment et son environnement immédiat, Mais pour les artistes, le paysage se voit comme une opportunité de transformer une vision et une émotion en une série de qualités. Ainsi, si plusieurs individus se mettent à lire le même paysage, ils vont avoir plusieurs lectures, résultant en une compréhension d’un même espace de plusieurs façons. C’est entre autres parce qu’au-delà de l’appréciation par les sens, la lecture paysagère se fait par la traduction et l’interprétation du lieu. Ceci dépend de la formation de l’individu, de sa capacité à percevoir les choses en les passant par ses filtres culturels et intellectuels, sa mémoire et la mémoire collective.
Le paysage objectif
Percepteur
►
Caractères personnels
►
Position du percepteur
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Milieu socio-culturel
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La langue
►
Le vécu...
Figure 4 : Le paysage, une représentation mentale, Source: collage personnel
¹⁷ Alain CORBIN, L’homme dans le paysage, éditions Textuel, 2001. ¹⁸ François BEGUIN, auteur du livre ‘Le paysage: un exposé pour comprendre, un essai pour réfléchir’, éditions Flammarion, 1995. 23
Chapitre I - L’esthétique sensible du paysage
4.3. Interroger la mémoire « Le neuf se bâtit toujours sur les ruines de l’ancien »¹⁹. La mémoire, dans le langage courant, est la capacité d’un individu ou d’un groupe humain de conserver et de se rappeler des informations comme les événements passés et leur contexte. Mais la mémoire humaine et plus complexe, selon le modèle d’Atkinson et Shiffrin (1968). Les informations entrent tout d’abord dans le registre sensoriel (mémoire sensorielle), ensuite une sélection d’informations est transférée à la mémoire de court terme, où les informations vont être temporairement stockées, enfin les informations peuvent être transférées à la mémoire à long terme.
Stockage
La mémoire sensorielle est un dispositif de stockage sensoriel de très brève durée dans le temps. Elle résulte d’un enregistrement par les sens (vue, ouïe, odorat, goût et toucher), qui nous permet d’avoir un contact avec le monde extérieur. La mémoire sensorielle est notre repère dans le monde, elle nous guide «La mémoire sensorielle permet à quelqu’un de rentrer chez lui par habitude grâce à des repères visuels »²⁰. Elle est personnelle.
Mémoire à long terme Stockage temporaire Mémoire à court terme
Informations
Codage Mémoire sensorielle
Figure 5 : La mémoire personnelle, Source: schéma personnel
¹⁹ Pierre DAC, Arrière-pensées : maximes inédites, édition J’AI LU, 2000. ²⁰ Marie-Céline Ray, Journaliste spécialisée dans la santé et l’environnement. 24
Chapitre I - L’esthétique sensible du paysage
La mémoire collective est le souvenir d’un groupe humain à différents niveaux. Ça peut être un souvenir relativement simple commun à un groupe restreint, par exemple une famille ou une classe d’école, qui ont vécu un évènement important qui a marqué leur vie, dont il se souviendront pendant toute leur vie. À un autre niveau, ça peut être les souvenirs que partagent des groupes beaucoup plus étendus. Ces souvenirs peuvent découler de coutumes collectives beaucoup plus anciennes que tous les membres du groupe et qui laisse son empreinte sur l’identité personnelle de chacun. Par exemple on peut citer les pratiques religieuses ou politiques qui sont gérés par des systèmes de connotations symboliques d’où les groupes dégagent leurs identités. Ces symboles dégagent des connaissances du passé afin de retrouver des identités qui aident à diriger des politiques urbaines, économiques, administratives et sociales dans l’avenir. Ainsi, comprendre l’aspect de la mémoire collective a pour but de mieux comprendre le vécu présent et prévoir des pistes de développement de la ville au niveau social et au niveau de l’espace urbain, puisque l’espace urbain (la ville) est le lieu de la mémoire collective. «La ville elle-même est la mémoire des peuples ; et comme la mémoire est liée à des faits et à des lieux, on peut dire que la ville est le locus de la mémoire collective »²¹.
Un évènement mémoire partagé
Histoire Coutumes collectives
Mémoire Collective Figure 6 : La mémoire collective, Source: schéma personnel
²¹ Maurice Halbwachs, cité par Jean-Louis Cohen, Les arts de la mémoire et les images mentales, 2018
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Chapitre I - L’esthétique sensible du paysage
5. L’expérience du lieu 5.1. Rencontre du lieu Le lieu comme le définit le CNRTL²² est l’espace déterminé par sa situation dans un ensemble, par la chose qui s’y trouve ou l’événement qui s’y produit. C’est-à-dire, un lieu est une portion de l’espace qui se distingue par son usage ou par les événements qui s’y déroulent. Le lieu est donc joint à l’activité humaine. Il admet différents éléments qui déterminent son caractère. Ainsi on peut distinguer le lieu de l’espace puisque l’espace est indéfini mais le lieu est doté de caractères qui le définissent. Selon l‘architecte Christian Norberg-Schulz ce qui caractérise le lieu est le génie du lieu (le genius loci). «Un lieu est un espace doté d’un caractère qui le distingue. Depuis l’Antiquité, le genius loci, l’esprit du lieu est considéré comme cette réalité concrète que l’homme affronte dans la vie quotidienne »²³.
5.2. Le genius loci (l’esprit/le génie du lieu) Pour comprendre la notion du génie du lieu il faut d’abord s’interroger sur son origine. Le mot genius prend son origine d’une ancienne croyance romaine. D’après cette croyance tout admet un ‘genius’ : les personnes, les objets, les plantes, les lieux…Il les accompagne dès la naissance et leur donne leur essence, les rend unique. Le genius loci est alors ce qui donne à un lieu sa singularité. Cette notion admet une relation étroite avec la spiritualité. C’est pour cela que le lieu est autre que l’emplacement ou l’étendue qui sont basés sur un aspect physique de coordonnées cartésiennes, qui sont neutres et objectives donc la ‘réalité’. Neutraliser un lieu c’est le rendre un espace absolu voire universel. D’après Marc Augé c’est un « non-lieu » dépossédé de ses sens, ce qui le rend quantitatif. Or dans la présence d’un genius loci, le lieu est singulier et admet une essence. Toutefois, la réalité n’est pas absolue parce qu’elle est toujours référée à l’Homme. Elle est construite selon le rapport entre un sujet et un prédicat, ce rapport s’établissant en fonction de la pensée, la parole, les sens et l’action selon Augustin Berque²⁴ donc selon une interprétation. Quand une interprétation par un existant prend place, elle est selon certaines conditions, unique et singulière et renvoie au genius loci. Tout lieu admet alors son genius ce qui le rend unique. Mais comment peuton identifier ces genius ? «Ces bons génies ne sont ni naturels ni surnaturels, mais culturels »²⁵. Le génie du lieu est le résultat d’un ensemble de facteurs ²² Centre National de Ressources Textuelle et Lexicales. ²³ Christian Norberg-Schulz, Genius loci: paysage, ambiance, architecture, éditions Mardaga, 1997. ²⁴ Augustin Berque, géographe et philosophe français. Auteur du livre ‘La pensée paysagère’. ²⁵ Alain Roger, Court Traité du paysage, 1997.
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Chapitre I - L’esthétique sensible du paysage
physiques, biologiques, sociaux et historiques qui, combinés, assurent la singularité de tout lieu d’après René Dubos²⁶. Cet aspect culturel rejoint celui du paysage vu que le paysage est une image culturelle. «Un paysage est une image culturelle, une manière picturale de représenter, structurer ou symboliser un environnement »²⁷. La relation entre le génie du lieu et le paysage, pour Alain Roger, existe par l’artialisation «L’esprit qui souffle ici et ‘inspire’ ces sites n’est autre que celui de l’art, qui, par notre regard, artialise le pays en paysage»²⁸. C’est l’esprit du lieu qui nous inspire le paysage, comme si, sans le génie du lieu, le paysage reste indifférent. Norberg-Schultz souligne l’importance de la mémoire dans l’identification d’un lieu. L’ambiance ou atmosphère du lieu pour lui est enregistrée spontanément avant les traits spécifiques qui donnent au lieu son caractère unique. Alors, la détermination de l’identité du lieu est faite tout d’abord par la perception de son ambiance unique, puis par ses caractéristiques particulières.
Génie du lieu Dimension immatérielle Caractère unique
Coordonnées Espace physique
Essence du lieu...
In sp ire
Dimension matérielle
LIEU
Topographie...
LE PAYSAGE Figure 7 : L’expérience du lieu Source: schéma personnel
²⁶ René Dubos, agronome américain d’origine française. Lauréat du prix Pulitzer de l’essai en 1969. ²⁷ Denis Cosgrove, Stephen Daniels ,The Iconography of Landscape, Cambridge University Press, 1988. ²⁸ Alain Roger, Court Traité du paysage, 1997.
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Chapitre I - L’esthétique sensible du paysage
6. Du paysage à l’ambiance 6.1. Définir l’ambiance d’un lieu Selon le CNRTL²⁹ l’ambiance est la «Qualité du milieu (matériel, intellectuel, moral) qui environne et conditionne la vie quotidienne d’une personne, d’une collectivité». D’après cette définition on peut retenir le fait que l’ambiance est de l’ordre de l’immatériel et du ressenti. C’est l’atmosphère sentie d’un lieu qui affecte la vie des personnes. C’est une notion qui échappe à toute définition matérielle ou formelle, elle entoure les êtres et implique un rapport sensible au monde. Mais qu’est-ce qu’une ambiance? Comment est-elle formée? C’est à peu près tous les effets qui nous entourent ; lumières, couleurs, sons, matières, formes, échelles, présences, volumes… Tous ces effets créent un rapport de vécu d’un lieu et donc une expérience unique avec ce lieu. «L’ambiance serait l’ensemble des je-ne-sais-quoi et des presque-rien qui font que les uns ou les autres vont associer à telle ou telle ville ou à un quartier, vécu à tel ou tel moment du jour ou de l’année, des sensations de confort, d’agrément, de liberté, de jouissance, de mouvement, ou de malaise, d’inconfort, d’insécurité, d’ennui…»³⁰
Couleur
Texture Formes
Couleur
Le Tunnel de Lumière James Turrell, Musée des Beaux-Arts de Houston
Échelle
Reflet
Doug Wheeler, a blue sky on a clear day Gallerie David Zwirner
Lumière Musée Kolumba Peter Zumthor
Figure 8 : Création d’ambianceSource: Collage personnel ²⁹ Centre National de Ressources Textuelle et Lexicales. ³⁰ D. Pumain, T. Paquot, R. Kleinschmager, Dictionnaire La ville et l’urbain, Paris : Economica-Anthropos, 2006. 28
Chapitre I - L’esthétique sensible du paysage
L’ambiance est provocatrice de sensations qui peuvent êtres agréables ou désagréables. Dans tout lieu et à tout moment on peut parler d’ambiance, elle conditionne la perception de ce lieu et donc a un rapport sensible avec le vécu et l’image du lieu. L’ambiance d’un lieu peut nous marquer, avoir une sonorité particulière, un éclairage remarquable qui anime le lieu ou le rend apaisant et calme. Souvent singulière l’ambiance varie d’un lieu à un autre, et elle peut changer dans un même lieu selon le jour, l’heure, la météo, les personnes … Malgré ces changement ou variations, l’ambiance d’un lieu reste en général reconnaissable avec ses caractères qui lui confèrent une identité.
6.2. Croisement de l’ambiance et du paysage Si on fait un retour sur la première définition du paysage, on remarque que les notions de paysage et d’ambiances s’opposent. Comme déjà précisé dans « interroger le paysage » page 18, historiquement, la notion de paysage renvoie à l’appréciation distanciée, la perception visuelle et la peinture, par contre la notion d’ambiance fait appel au vécu dont l’immersion et l’instantanéité, elle fait appel à tous les sens. Toutefois, on a déjà montré grâce aux différentes études menées sur la notion du paysage qu’il n’est plus délimité à une seule dimension picturale mais qu’il est plutôt l’interaction entre les personne et leur environnement, vécue par tous les sens, ce qui le rend multidimensionnel et poly-sensoriel. Quelle est la relation entre paysage et ambiance ? Certains pensent que le paysage est le prolongement de l’ambiawnce, «le paysage est de l’ordre du sentir, il est participation à et prolongement d’une atmosphère, d’une ambiance »³¹, pour d’autres c’est l’ambiance qui fait partie du paysage. Enfin, le paysage englobe l’ambiance, l’ambiance fait partie du paysage. C’est une qualité du lieu ressentie par la personne qui aide à former une perception du paysage. L’ambiance contribue aux paysages en les altérant. Elle existe à la fois par elle-même et peut être le produit d’un concepteur.
³¹ Jean-Marc Besse, Entre géographie et paysage : la phénoménologie, 1997.
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Chapitre I - L’esthétique sensible du paysage
7. Synthèse Toute définition de paysage nous mène à penser qu’il prend forme autour de nous, mais aussi dans notre imagination et par nos sens. Le paysage présente un palimpseste, il témoigne à la fois de l’histoire et présente aussi un support pour les opportunités futures. De ce fait plusieurs pensent que le paysage n’existe que par un regard critique envers les différentes modalités de sa transformation. Il naît d’une lecture sensible de ce qui nous entoure et dont nous tirons un héritage symbolique inscrit dans la mémoire collective. La mémoire collective est l’un des indicateurs du génie du lieu , qui nous permet de comprendre l’essence du lieu d’intervention. Interroger le paysage et le lieu est crucial pour l’architecte, la lecture paysagère oriente les choix d’intervention et résulte en une réponse spatiale adéquate à ce lieu, et permet d’y intégrer une architecture signifiante. Alors, comment peut-on intervenir sur le paysage en le valorisant?
Architecture
Lecture subjective
Paysage
Figure 9 : Première vague Source: schéma personnel
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Pensées Aquatiques
«L’eau est musique, l’eau est repos, l’eau est jouissance. Mais l’eau est aussi lumière.» Luis Barragán, 1981.
Chapitre II - Pensées aquatiques
I. L’eau 1. Généralités L’eau fait partie de beaucoup de paysages. Elle fait partie de quotidien, elle est si familière que l’on oublie parfois son importance dans nos vies. Elle recouvre un peu plus des deux tiers de la surface de la Terre qui, sans elle, ne serait qu’une étoile morte. Sous sa forme liquide, l’eau est essentielle pour tous les organismes vivants, son rôle dans l’émergence et la persistance de la vie sur Terre est essentiel. Comme pour la terre, l’eau est également le principal constituant du corps humain (environ 65%). Enfin, en plus de son rôle essentiel pour les organismes vivants, l’eau joue un grand rôle dans tous les domaines de notre vie.
Figure 10 : Formes d’eau Source: Collage personnel
34
Chapitre II - Pensées aquatiques
2. La symbolique de l’eau 2.1. Source de vie En alchimie spirituelle l’eau est l’un des quatre éléments avec la terre, le feu et l’air. Cette même pensée existe dans plusieurs cultures comme dans la tradition Bouddhiste où l’eau fait partie des principaux constituants de l’univers, elle est la source unique de vie et le lien entre le ciel et la terre.
Air
Eau
Feu
Terre Figure 11 : Les 4 éléments Source: schéma personnel
« L’eau est la «Materia Prima», «Tout était eaux» disent les textes hindous. Origine et véhicule de toute vie, la sève et eau »³². Dans le texte coranique l’eau est, par la volonté divine, la source de toute chose vivante «…Et fait de l’eau toute chose vivante…»³³. Enfin, l’eau est, pour presque toutes les croyances, la source principale de toute vie.
³² Jacques Collin, L’Eau le miracle oublié, éditions Trédaniel, 1993. ³³ Le Coran, Les prophètes, V-30 traduite par Muhammad Hamidullah. 35
Chapitre II - Pensées aquatiques
2.2. Pureté et purification Dans la majorité des croyances religieuses l’eau est associée aux rites de purifications, elle lave les mauvaises pensées et rappelle l’alliance avec le créateur. Par exemple l’ablution qui précèdent la prière musulmane où l’eau est utilisée pour purifier certaines parties du corps; la purification dans le Gange dans l’Hindouisme; le Mikvé qui est un bain rituel du Judaïsme; l’Eau bénite du Christianisme qui représente la purification et l’initiation de vie nouvelle... Enfin, en tant que principale donatrice de la vie, elle redonnera une autre fois, prolongera et sauvera la vie.
2.3. Sagesse « Porte de la compréhension»³⁴.L’eau est transparente et claire, c’est une matière qui laisse passer la lumière, ce qui fait d’elle un symbole de connaissance. Elle représente la sagesse, l’harmonie et le développement de la conscience. « Comme l’eau se forme au récipient qui la contient, un homme sage s’adapte aux circonstances»³⁵, selon le philosophe Confucius, c’est l’eau qui guide la personne vers la conscience et la raison, et aussi le miroir de la personne pensante. Ainsi, dans de nombreuses traditions, l’eau est considérée comme un outil pour transformer la matière inerte et diriger l’esprit vers la conscience.
Figure 12 : Swimming in knowledge, Source: Luke Howard, modifications personnelles ³⁴ LAO Tseu, Dao de jing, 600 av. J.-C. ³⁵ Confucius. 36
Chapitre II - Pensées aquatiques
3. L’eau composante du paysage L’eau est une composante du paysage. Depuis les anciennes peintures l’eau est représentée comme un élément d’importance fondamentale ajoutant une dimension dynamique et mobile à la nature. « Le courant d’eau continu établit un noyau; par lui, nous comprenons le site comme un ensemble, un corps harmonieux et une pensée complète »³⁶. Ainsi, l’eau joue un rôle important dans le paysage, elle lui ajoute des effets visuels et lui donne une nouvelle dimension. Par son reflet, l’eau donne un effet de miroir reflétant ce qui l’entoure. Cet aspect présente une inspiration pour plusieurs concepteurs de l’espace, comme par exemple Tadao Ando dans son projet Le Benesse House Museum, à Naoshima, ou 3XN architects dans leur projet l’aquarium de Copenhague, qui rappelle le mouvement et la fluidité de l’eau.
Figure 13 : L’aquarium
Figure 14 : Benesse
de Copenhague Source: Adam Mørk
House MuseumSource: Niko Poljanšek
Source d’inspiration et outil de conception, l’eau ajoute au paysage une dimension sensible qui affecte les personnes. Comme déjà mentionné dans le chapitre précédent, le paysage est poly-sensoriel tout comme l’expérience de l’eau. L’eau peut être perçue par tous les sens, par exemple, l‘eau du littoral est perçue par l’odeur de la mer, le son des vagues, le spectacle de son mouvement et même son goût salé.
³⁶ Charles Willard Moore, Water and Architecture, édition Abrams Books, 1994. 37
Chapitre II - Pensées aquatiques
II. Le littoral 1. L’espace-limite Le littoral est une zone transitoire où s’établit le contact entre une étendue maritime et la terre, où les deux environnements se chevauchent et se redessinent, c’est un espace-limite qui forme le paysage du littoral. Le paysage du littoral est un atout qui présente une forte attraction pour plusieurs domaines (touristique, économiques, de loisir…). C’est un espace polyvalent, il héberge de nos jours le plus grand nombre d’agglomérations et d’activités humaines. Ce qui fait que plusieurs littoraux sont aménagés pour le bien de l’Homme. À cause de la forte demande sur les littoraux, ils sont soumis à plusieurs risques qui menacent leurs écosystèmes et provoquent de mauvaises conséquences sur le paysage, l’environnement et la qualité de la vie.
2. L’expérience du littoral En général, l’expérience de l’eau apporte un effet positif sur la personne. La première chose qu’on remarque face au paysage du littoral est la ligne d’horizon qui est presque floue entre le ciel et la mer, un espace complètement ouvert et qui donne l’effet de l’infini. Cet effet décontracte les muscles des yeux, donne le sentiment de la liberté et apporte une sensation de tranquillité. « Déjà plusieurs fois il avait trouvé de mystérieuses correspondances entre ses émotions et les mouvements de l’Océan »³⁷
Ainsi le mouvement répétitif des vagues, doux et rythmé, ses couleurs bleue et verte diminue la pression sanguine et calme le pouls et la respiration musculaire, ce qui apporte la détente et le calme. Cet état est le même que l’on atteint lors de la méditation, ce qui contribue à la relaxation.
Figure 15 : Paletas de cor Source: Cátia Duarte Designs
³⁷ Honoré de BALZAC, L’Enfant maudit, édition Delloye et Lecou, 1831. 38
Chapitre II - Pensées aquatiques
« La simple contemplation de la mer nous aide à entrer dans un nouvel état mental. […] En même temps, du point de vue émotionnel, la mer exerce une grande attraction. Cela conduit à une relativisation du concept de temps. C’est pour cela que nous pouvons passer de longs moments face à la mer sans nous en rendre compte»³⁸.
3. Les différents types de littoraux Du moment qu’on soit près de la côte, on dit généralement qu’on est au bord de la mer. Cependant, les côtes ne sont pas identiques et cette diversité est la source de la richesse paysagère du littoral. En général les cotes peuvent être classées en deux, les côtes rocheuses et les côtes meubles. Les côtes rocheuses peuvent être basses ou sous forme de falaises Les côtes meubles sont formées par l’accumulation de matériaux non consolidés (galets, sables, limons) par l’effet de la houle et des courants. Elles se présentent généralement sous forme de plages, qui représentent environ 15% du littoral. Cette frontière est instable, constamment redéfinie à travers le temps par le vent, les courants, les marées. Au delà des explications scientifiques, la diversité du paysage du littoral est ce qui crée une petite part de mystère qui lui donne tout son charme.
85% Côtes rocheuses ► ►
Côtes rocheuses basses Falaises
15% Côtes meubles ► ► ►
Sable Galet Limons
Figure 16 : Les types de littoraux, Source: Pinterest.com , modifications personnelles ³⁸ Connaissez-vous l’effet de la mer sur votre cerveau ?, article sur nos pensées.fr, 2017. 39
Chapitre II - Pensées aquatiques
4. L’Homme et le littoral Depuis la nuit des temps, les gens se sont installés sur la côte afin de profiter de ses avantages. Elle jouit de plusieurs ressources naturelles et a une position défendable
4.1. Le tourisme littoral et le loisir Le littoral est une des principales destinations pour s’évader. Le tourisme balnéaire s’attache principalement aux visites motivées par les loisirs. Il contribue inévitablement au développement du littoral et sa mise en valeur économique pour les habitants en offrant des fonctions et des ressources pour les touristes. Néanmoins, cette valeur économique ne peut être envisagée que sous l’angle de l’impact environnemental et social des zones côtières, vu que le tourisme littoral engendre des mouvements de grande ampleur vers des zones limitées et fragiles. Ainsi, il faut avoir une démarche économique intégrant des réflexions sur les risques du développement non contrôlé de l’espace du littoral.
4.2. La pêche et l’aquaculture « L’histoire de la pêche remonte à la Préhistoire et au moins au Paléolithique (−40 000 ans environ)»³⁹. La pêche est une des activités de production les plus anciennes. Elle offre beaucoup d’opportunités de travail, allant du simple artisan vers l’industrie de pêche. C’est aussi une activité de loisir pour plusieurs personnes. Quant à l’aquaculture qui désigne des activités de production dans le milieu marin, elle englobe notamment la culture des poissons, de coquillage, d’algues… L’aquaculture et la pêche présentent beaucoup d’avantages par rapport à d’autres types de productions mais présentent aussi des inconvénients comme les risques de déséquilibre de l’écosystème côtier.
4.3. L’industrie Le littoral est un espace attractif pour les industries pour plusieurs raisons dont l’une d’elles est le transport. Le transport marin est de faible coût, c’est le plus facile pour les marchandises lourdes et de grands volumes, sur de longues distances. Ainsi, les espaces côtiers sont des espaces d’échange et de commerce par excellence. Ce sont des lieux privilégiés de l’essor industriel.
³⁹ African Bone Tools Dispute Key Idea About Human Evolution, National Geographic News article, novembre 2001. 40
Chapitre II - Pensées aquatiques
4.4. L’énergie marine L’eau recouvre la majorité de la surface de la Terre, c’est une source inépuisable d’énergie marine aussi connue comme l’énergie bleue. Il existe plusieurs façons pour dégager l’énergie électrique de l’eau grâce aux marées, vagues, courants océaniques, salinité… Les énergies bleues sont classées selon différentes catégories, en fonction des caractéristiques de l’océan qu’elles utilisent. On distingue l’énergie des marées exploitée par des centrales « marémotrices », qui sont sous forme de barrages construits sur les estuaires des fleuves. L’énergie peut aussi être dégagée du mouvement des vagues par un moteur qui transforme cette énergie mécanique en énergie électrique. On note aussi l’énergie des courants marins capturés sous la surface des eaux par des hydroliennes… Malheureusement, ces énergies qui présentent des avantages indéniables sont de nos jours encore sous-exploitées.
La pèche
Le tourisme
+ Bien économique
+ Bien économique
+ Loisir
- Pollution
- Risque de déséquilibre de l’écosystème
Le Littoral comme ressource L’industrie
L’énergie marine
+ Bien économique
+ Bien économique et environnemental
- Risque de déséquilibre de l’écosystème
- Encore sous-exploitée
- Pollution
Figure 17 : Le littoral face aux interventions humaines Source: schéma personnel
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Chapitre II - Pensées aquatiques
5. Les risques qui menacent le littoral 5.1. Définition Les risques littoraux sont définis comme l’intersection entre des enjeux, qui sont l’ensemble des biens qui peuvent êtres humains, économiques ou environnementaux, et un aléa, qui est la manifestation d’un phénomène d’origine naturel apte de produire des dégâts, caractérisé par une durée, une occurrence, et une intensité. Les phénomènes d’érosion ou de submersion marine, par exemple, ne deviennent des risques littoraux que si les enjeux sont présents. Enjeux
Aléa
Risque
Figure 18 : risques littoraux Source: Travail personnel
5.2. La submersion marine La submersion marine est une inondation provisoire de la bande côtière par des eaux marines. Elle se manifeste souvent lors des surélévations temporaires du niveau de la mer, dues à la combinaison des fortes dépressions, des vents de mer violents, un renforcement de la houle et des vagues, avec un coefficient de marée élevé, provoquant des tempêtes ou des ouragans. Ce phénomène naturel menace les vastes étendues urbanisées du littoral, envahissent les terrains situés en-dessous du niveau des plus hautes mers mais aussi parfois des étendues protégées par les digues si les projections d’eaux marines franchissent les ouvrages de protection. Ce phénomène se produit généralement selon 3 modes;
Digue ou Dune
Franchissement
Débordement
Rupture d’un ouvrage Figure 19 : Modes de submersion marine Source: Travail personnel
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Chapitre II - Pensées aquatiques
5.3. L’érosion Le long du littoral, la mobilité de la côte est naturelle. L’érosion se traduit par un recul du littoral, c’est la perte de surfaces terrestres (sable, roches, sédiments) au profit de la mer. Ce processus est provoqué par le vent, la houle, la remontée de niveau des eaux, les tempêtes... Toutefois, il s’aggrave par des actions humaines, comme les activité anthropiques ou les ouvrages de défense contre la mer. L’érosion dépend également du type de la côte (rocheuse ou meuble). Concernant les côtes rocheuses, le phénomène d’érosion est long et dépend du type des roches. Les vaques creusent les roches au bas des falaises, le ruissellement pluvial les fragilise et l’érosion provoque l’effondrement des roches et fait reculer les terres. Concernant les côtes meubles prennent leur nom de leur nature instable, elles sont naturellement en mouvement: les vagues transfèrent le sable selon un cycle d’apports régulier. Sans l’intervention humaine, le mouvement sédimentaire est à peu près équilibré. Quand ce cycle est déséquilibrée par l’intervention humaine, certaines zones littorales rétrécissent, car les apports manquent. La topographie des plages peut aussi influencer leur résistance à l’érosion, plus la pente est douce, plus le phénomène d’érosion se ralenti. En général, le sable est emporté par les courants latéraux (la dérive littorale) . Enfin, la submersion maritime et l’érosion sont liées, le recul du trait de côte expose les terrains face à la submersion marine
Pluie
Vent
Figure 20 : Erosion de côte meuble Source: Travail personnel
Figure 21 : Erosion de côte rocheuse Source: Travail personnel
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Chapitre II - Pensées aquatiques
5.4. L’impact du changement climatique Le réchauffement climatique engendre une augmentation de la température des eaux et la fonte des glaciers, provoquant l’augmentation du volume d’eau, par conséquent une hausse importante du niveau moyen de la mer. Depuis 150 ans le niveau de la mer s’est surélevé d’environ 20cm, selon Fernand Verger⁴⁰, et cette élévation s’accélère. Le quatrième rapport d’évaluation du GIEC⁴¹, rédigé en 2007, prévoit d’ici 2100, une montée du niveau de la mer qui peut atteindre 1m. Ainsi que la montée des eaux , une augmentation de la fréquence et de l’intensité des tempêtes est prévisible. Ces phénomènes augmentent la fréquence de l’érosion des plages et provoquent une submersion plus fréquente des zones basses littorales.
5.5. Les mesures de protection Des phénomènes naturels, une montée du niveau de la mer et une volonté d’exploiter les zones littorales, rendent les risques qui menacent le littoral de plus en plus dangereux, ce qui fait appel à une politique de défense. Des actions de prévention peuvent être menées. Par exemple, la surveillance passive qui permet de mesurer régulièrement l’évolution du trait de côte, l’anticipation des effets du réchauffement climatique, ou encore la prise en compte des risques dans les documents d’urbanisme en réalisant des plans de prévention des risques naturels ( dans lequel on peut interdire la construction dans les zones les plus exposées et envisager un recul des infrastructures majeures du trait de côte)... Les actions de protection, en revanche, sont les plus adoptés par les états comme politique de défense. Ils se groupent, généralement, selon deux catégories, les solutions dites ‘douces’ et les techniques ‘dures’. Les solutions douces sont les plus respectueuses du paysage et de l’environnement, elles consistent en rechargements des plages (compenser l’érosion par un apport important de matériaux), et le drainage actif de la plage, mais cette technique est récente et très coûteuse. Les techniques dures présentent plus d’inconvénients que les douces, elles peuvent, dans quelques cas, accentuer l’érosion. Elles existent selon différents types, par exemple, les brise-lames orientés parallèlement au trait de côte, les perrés qui sont aussi des ouvrages longitudinaux mais attachés à la côte, et les structures perpendiculaires au rivage qui bloquent le transit sédimentaire...
⁴⁰ Fernand Verger, spécialiste de la géomorphologie littorale, conseiller scientifique au Conservatoire du littoral. ⁴¹ GIEC, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. 44
Chapitre II - Pensées aquatiques
Les politiques de défense
Actions de protection
Actions douces + Respect du paysage et l’environnement - Coûteuse
Actions préventives + Prévenir le risque + Adopter des solutions adaptées aux risques - Peuvent ne pas être précises
Actions dures + Diminuer le risque temporairement - Apporter des problèmes à long terme Figure 22 : Le littoral face aux interventions humaines, Source: schéma personnel
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Chapitre II - Pensées aquatiques
III.Synthèse L’élément eau est essentiel pour toute forme de vie, avec une grande valeur symbolique comme essence de vie, fertilité, pureté et sagesse…son importance pour la vie humaine est indéniable. L’expérience de l’eau est poly-sensorielle ce qui engendre des effets généralement positifs sur le corps et l’esprit humain, comme la relaxation, la joie et le bien-être. Cette polyvalence de l’eau est aussi claire présente au niveau des littoraux, espaces-limites de richesse naturelle et paysagère exceptionnelle, ce qui les rend attractifs pour plusieurs domaines comme la production, l’industrie et surtout le tourisme. Toutefois la surexploitation de ces richesses mène vers leur détérioration. Alors comment peut-on intervenir intelligemment sur le littoral en le préservant?
Architecture
Ressource en dégradation
Le paysage du littoral
Figure 23 : Deuxième vague Source: schéma personnel
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Hammam-Lif, la ville entre mer et montagne
Hammam-Lif est une ville côtière située à la banlieue sud de Tunis. Elle était autrefois un lieu d’attraction des Beys grâce à ses sources thermales qui ont la réputation de guérir les problèmes respiratoires et dont elle a tiré son nom actuel. Reconnue pour son emplacement unique, la ville possède un paysage naturel exceptionnel (entre la mer méditerranée et la montagne de Boukornine ) et un paysage urbain riche en œuvres patrimoniales.
Chapitre III - Hammam-Lif, la ville entre mer et montagne
1. Situation géographique Hammam-Lif
Ben Arous Tunis
Mer méditerranée
Manouba
Nabeul Zaghouan
Figure 25 : Gouvernement de Ben Arous Source: Travail personnel
Figure 24 : T u n i s i e Source: Travail personnel
La colline de Sidi Bou Saïd
Rattachée au gouvernement de Ben Arous, la ville de Hammam-Lif est située à une vingtaine de kilomètres de la capitale Tunis. Du côté nord-ouest et sud-est, elle est délimitée par les deux villes Ezzahra et Hammem Chatt. Du côté sud-ouest elle est délimitée par la montagne de Boukornine, qui est un repère important dans la ville, et du côté nord-est par la mer.
La forêt de Korbous
Figure 26 : P a n o r a m a Source: prise personnelle
La ville fait partie du golfe de Tunis et bénéficie ainsi d’un panorama qui s’étend de la ville de Korbous à la colline de Sidi Bou Saïd, encadra le bleu de la mer méditerranée.
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Chapitre III - Hammam-Lif, la ville entre mer et montagne
2. Caractéristiques physiques de la ville La ville de Hammam-Lif est dominée par la montagne de Boukornine. Cette montagne constitue une richesse naturelle et paysagère pour la ville, avec une réserve naturelle importante qui comprend plusieurs espèces animales et végétales. Aux premières pentes de la montagne se trouvent des sources thermales, dont les plus connues sont Ain el Bey et Ain Sidi Ariane . « Ces eaux sont chlorurées sodiques chaudes de même nature que celle de Korbos et de Djebel el Oust. Du point de vue médical, elles sont recommandées pour le traitement des rhumatismes et des maladies dermiques »⁴². L’eau est un élément important de la ville. En plus des sources thermales, Hammam-Lif jouit d’un front de mer qui lui est parallèle. Ainsi, grâce à son emplacement la ville admet deux caractères, l’un thermal tout le long de l’année et l’autre balnéaire pour la période estivale.
Figure 27 : Caractéristiques physiques de la ville Source: Goggle earth,modification personelles
⁴² Djellouli Abdelhamid et Kallal Z, Eléments d’hydrologie tunisienne, 1972. 51
Chapitre III - Hammam-Lif, la ville entre mer et montagne
2.1. Topographie Hammam-Lif présente principalement 3 zones de reliefs : •
La montagne de Boukornine, comme première zone, constitue un massif important dans le paysage de Hammam-Lif. Elle atteint 576m de hauteur et offre une vue panoramique qui s’étend sur le golfe de Tunis.
•
La deuxième zone est celle de la plaine de Hammam-Lif. C’est une bande plate en légère inclinaison vers la mer et de largeur qui ne dépasse pas les 500m. La plaine constitue le support principal des différents équipements et activités de la ville.
•
La zone du littoral est la zone la plus basse. La hauteur des marées est d’environ 30 centimètres et atteint les 60 centimètre en cas de tempête.
Figure 28 : Plan topographique Source: Google, modifications personnelles
3km 500m 400m
2.5km
2km 1.5km
300m 200m
1km
0.5km
0.0km
100m 0m
Zone1: la montagne
Zone 2: la plaine de Hammam-Lif
Zone 3: la mer
Figure 29 : Coupe montrant les 3 zones Source: Travail personnel
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Chapitre III - Hammam-Lif, la ville entre mer et montagne
2.2. Climatologie Hammam-Lif se classe dans un bioclimat méditerranéen semi-aride à hiver doux, qui jouit d’une température moyenne dont les amplitudes sont modérées par l’influence maritime. La moyenne annuelle de la température de l’eau de mer est de 19.2°C. Les vents dominants sont du secteur Ouest en hiver et du secteur Est en été. La pluviométrie annuelle est de l’ordre de 420mm et augmente avec l’altitude pour atteindre les 700mm au sommet de la montagne.
3. De la montagne est née une ville 3.1. Aperçu historique Grâce à ses sources thermales aux pieds de la montagne Boukornine, la ville de Hammam-Lif était un lieu d’attraction des phéniciens. Elle était connue comme station thermale sous le nom de « Naro » et puis «Aquae persianae ». Sous la dynastie Hafside, les thermes thérapeutiques ont gagné en valeur. En 1750, Pacha Ali El Bey a ordonné la construction d’un pavillon près de l’une des sources pour son bénéfice personnel, et il a également construit une Oukala pour les voyageurs et les patients. En 1826, Husseîn Bey a construit une maison à côté du pavillon pour la famille Beylicale. Ainsi, Hammam-Lif est devenue un site Beylical d’hiver. Durant la même période la population de diverses civilisations de la Tunisie a commencé à affluer sur le site.
3.2. Évolution du paysage urbain 1 7 4 7 - 1 8 8 1 Dynastie Husseinite Les établissements thermaux marquent les premières traces du village. Le palais beylical est considéré comme un élément structurant dans la genèse de la ville. Dar el Bey 1747 Etablissements thermaux 1828 et le mausolée Sidi Bourigua 1770 Triq Essahel 1874 La montagne de Boukornine
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Chapitre III - Hammam-Lif, la ville entre mer et montagne
1 8 8 1 - 1 9 2 0 Protectorat français La forme du premier lotissement était un carré avec un tracé orthogonal fondé sur un axe principal qui relie le palais beylical et le casino.
Le premier lotissement 1885 Ligne de chemin de fer 1882 (Tunis-Gabès) L’hôtel Casino 1894 (classé patrimoine)
1 9 2 0 - 1 9 3 5 Bien que la ville n’était pas saturée, «La societé ‘Hammam-Lif champ de courses’ met en oeuvre en 1925 un nouveau lotissement» ⁴³. Les premiers bidonvilles à apparaissent dans les années 1930 au pied de Boukornine. Extension n°1 Ligne de chemin de fer «Balace Disca» Disca Santo Givani 1930
1 9 3 5 - 1 9 5 6 En 1935, une nouvelle extension apparait vers l’Est. Un tracé régulier avec une place rectangulaire. En 1949, il y eut une 4éme extension , un lotissement fait par Michel Deloge. Parallèlement, les bidonvilles s’étalent aussi. Extension n°2 1935 Extension n°3 1949 Figure 30 : Evolution de la ville Source: schémas personnels
Ligne de chemin de fer
⁴³ Leila Ammar «Hammam Lif, naissance, essor et transformations d’une station thermale et balnéaire au sud de Tunis, 1880-1960», Al-Sabil. 54
Chapitre III - Hammam-Lif, la ville entre mer et montagne
1956-Aujourd’hui La voie ferrée La sirène Le casino Brises-lames Bidonvilles
Bidonvilles
Figure 31 : La ville aujourd’hui Source: Google earth et PAU, modifications personnelles
En 1984, des brise-lames ont été installés pour se protéger de l’érosion et la submersion marine. Toujours comprise entre mer et montagne, le plan urbain de la ville suit généralement un tracé en damier, mais malheureusement, à cause de son emplacement stratégique par rapport à la capitale, de jour en jour les bidonvilles au pied de la montagne s’étalent.
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Chapitre III - Hammam-Lif, la ville entre mer et montagne
4. Lecture globale:
1- Boukornine 2- Plateau 3- Rivage 4- Mer Méditerranée 5- L’urbain 6- Carrière
Figure 32 : Unités et formes paysagères Source: Google earth, modifications personnelles
Zone de la montagne Zone de la mer Ligne de chemin de fer Entité naturelle : la mer Canal de oued Majerda Cours d’eau Espaces verts Entité naturelle : la montagne
Figure 33 : Cartepaysagères Source: Google earth, modifications personnelles
La ville de Hammam-Lif présente un paysage multiformes, caractérisé par trois unités principales: la montagne de Boukornine qui la domine, la mer Méditerranée et l’urbain divisé en deux par la voie ferrée.
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Chapitre III - Hammam-Lif, la ville entre mer et montagne
5. Infrastructure et accessibilité Accès de Ezzahra
Accès Nord de la RN1
Accès de Hammam-Plage Accès Sud de la RN1 Figure 34 : Infrastructure et accessibilité Source: Google earth, modifications personnelles
Ligne de chemin de fer La route nationale 1 (RN1)
Débit Important
Voies principales
Débit Faible
Voies secondaires
Ouvrage de franchissement
Gare du train Station des taxis collectifs et des Bus
La ville possède 3 accès au Nord. Le plus important est celui de la RN1 avec un flux véhiculaire important, et deux autres de la ville de Ezzahra. Au Sud on peut accéder à la ville par deux voies, la RN1 et celle de la ville de Hammam-Plage. Le chemin de fer forme une rupture et donc crée deux zones ( zone de la plage et zone de la montagne) ⁴⁴ . On ne peut accéder à la zone de la plage que à partir de deux ouvrages de franchissement.
⁴⁴ Nommé par les habitant de Hammam-Lif. 57
Chapitre III - Hammam-Lif, la ville entre mer et montagne
6. Repères paysagers
Figure 35 : ‘Dharbet Essif’ Source: Illustration personnelle
Dés son entrée, la ville est marquée par une séquence visuelle qui est ‘Dharbet Essif’. C’est un repère paysager connu par ses pentes raides de versants de la montagne.
11 2 1
8
9 5 4
12
6
10
7
13
3
1 2
‘Darbet essif’
8
Le Casino
Les Brises-lames
9
Place Des Martyrs
3
‘L’usina’ (une ancienne usine)
10
Stade municipal
La municipalité
11
La sirène L’église Écomusée hammam lif
4
Mosquée Centre ville
12
6
La Gare de Hammam-Lif
13
7
Dar El Bey
5
Figure 36 : Repères paysagers Source: Google earth, modifications personnelles
L’axe principal
Hammam-Lif est une ville riche en repères: des repères paysagers qui ajoutent à la ville une richesse visuelle comme ‘Dharbet Essif’, et des repères de valeur historique tels que le Casino et Dar El Bey, qui sont des monuments classés patrimoine tunisien, mais qui sont aujourd’hui négligés.
58
Chapitre III - Hammam-Lif, la ville entre mer et montagne
7. Densité urbaine
Figure 37 : Rapport plein/vide Source: Google earth, modifications personnelles
Masses Bâties
Golfe de Tunis
Hammam-Plage
Boukornine
+
Population
-
Figure 38 : Comparaison du nombre de population Source: pudding.cool (2015)
On peut constater que la ville possède un tissu urbain compact et très dense particulièrement au niveau du centre ville. Cette densité est due à plusieurs facteurs, principalement l’augmentation du nombre des habitants du Golfe de Tunis et spécialement à Hammam-Lif qui possède le plus grand nombre d’habitants par rapport aux villes avoisinantes. En effet, suite à cette augmentation continue, on remarque de jour en jour l’apparition des nouvelles constructions illégales au pied de la montagne.
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Chapitre III - Hammam-Lif, la ville entre mer et montagne
8. Etat de l’environnement La ville est menacée par la pollution, comme beaucoup de villes tunisiennes qui ne disposent pas d’un bon système de gestion des déchets. Les constructions illégales au pied de la montagne, présentent aussi une menace pour l’environnement et défigurent le paysage naturel de la montagne. Mais la plus grande menace est celle de la pollution marine.
La mer
Canal d’Oued Melièn
Cours d’eau
Canal d’Oued Majerda
La ville a un rapport important avec la mer. D’après la carte bleue, on remarque que la majorité des cours d’eau y comprit le canal d’Oued Melièn se jettent dans la mer. Plusieurs facteurs influencent négativement l’écosystème marin de Hammam-Lif, par exemple, les cours d’eau qui drainent les eaux pluviales chargées de différents rejets clandestins, les rejets de la zone industrielle de Rades et du lac de Tunisie et les rejets non contrôles de L’ONAS.
Figure 39 : Carte bleue Source: Google earth et PAU, modifications personnelles
Cous d’eau souterraine
Rejets clandestins
Figure 40 : Source de pollution Source: Illustration personnelle
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Chapitre III - Hammam-Lif, la ville entre mer et montagne
Selon le maire de la ville, Mr Mohamed Ayari «C’est un phénomène qui concerne tout le littoral de la banlieue sud, quoique la situation à Hammam-Lif soit plus manifeste, surtout cette année qui a été marquée par un déséquilibre de l’écosystème au niveau de la mer d’Hammam-Lif. »
La zone industrielle de Rades
Brise-lames
Déséquilibre de l’écosystème
A cause de la pollution la ville a perdu son caractère balnéaire.
Figure 41 : Pollution marine Source: Illustration personnelle
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Chapitre III - Hammam-Lif, la ville entre mer et montagne
9. Synthèse Grâce à son emplacement géographique, Hammam-Lif se distingue par un grand potentiel paysager dont elle dégage son caractère balnéaire (mer) et thermal (montagne). Elle jouit principalement de trois zones de reliefs différents ( la montagne, une plaine et la zone littorale). Née au pied de la montagne de Boukornine avec le palais beylical, la ville, avec l’étalement urbain s’est développée au niveau de la plaine et tout le long de la côte. L’impact positif de la mer sur la ville est perçu principalement sur trois axes: climatique, économique et de loisir. Aujourd’hui, la côte d’Hammam-lif est face à une dualité contradictoire; entre un paysage riche et une pollution chronique. Ce qui nous invite à étudier la zone du littoral, à fin de trouver des solutions possibles pour la revitaliser. Pour ce faire, on se propose d’étudier, dans le chapitre suivant, des cas similaires pour mieux nous orienter.
Hammam-Lif
Perte d’identité
Figure 42 : Troisième vague Source: schéma personnel
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Étude référentielle
«L’architecture est la lumière de la connaissance qui a éclairé les ténèbres de l’ignorance.» Amor Abbassi, 1939.
Chapitre IV - Étude référentielle
1. Interventions urbaines 1.1. Le nouveau front de mer d’Aarhus
Figure 43 : Le nouveau front de mer d’Aarhus Source: BIG (Archdaily.com)
Architecte : Bjarke Ingels Group (BIG)
Emplacement : Aarhus C, Danemark
Année : 2017 Surface : 10 ha
«En concevant l'espace public comme première étape, le plan directeur mélange soigneusement les programmes publics avec les résidences privées, créant une nouvelle zone urbaine dynamique où les domaines public et privé convergent »45.
Dans le cadre de la revitalisation du front de mer d’Aarhus, le Groupe Bjarke Ingels a conçu un plan directeur d’aménagement pour ce nouveau quartier à usage mixte afin de créer un nouveau paysage dynamique à la zone, injectant différentes activités et assurant une deuxième vie à ce quartier autrefois inerte. Le nouveau quartier est composé de sept bâtiments de différents usages, généralement des habitations privées et un espace public multifonctionnel, conçu comme complément, afin d’offrir une expérience riche en interactions privé et public pour les habitants et une expérience pleine d’activités pour le visiteur.
⁴⁵ BIG, cité dans Archdaily, 2014 (https://www.archdaily.com/551290/big-designs-7-building-waterfront-development-in-aarhus) 66
Chapitre IV - Étude référentielle
La première réflexion de l’architecte été de créer un lien entre le port de plaisance, le centre urbain Nikoline Kochs Plads et le projet par une promenade urbaine qui va diriger un «new public flow»⁴⁶.
Port de plaisance
Nikoline Kochs Plads
Site d’intervention
Promenade Urbaine
Connexion entre la terre et mer
Consommation Théâtre en plein air Cinéma Cabines de plage
Piscines Terrains de sport
La promenade urbaine maritime est ponctuée de différentes activités comme des espaces de consommations, des piscines publiques, un théâtre en plein air et des cabines de plage... A fin de créer une vie urbaine multifonctionnelle.
Port de kayak
Cours intérieures
Promenade Urbaine
Ils ont opté pour une ligne inspirée des vagues pour avoir des activités sur l’eau et sur terre interconnectées
Sept bâtiments d’usage différents ont été implantés créant un nouveau paysage dynamique. Alimentés par des cours intérieures les bâtiments assurent un microclimat pour l’espace communal et le séparent de l’espace public extérieur.
Figure 44 : Processus de conception Source: BIG, modifications personnelles ⁴⁶ BIG, cité dans Archdaily, 2014 (https://www.archdaily.com/551290/big-designs-7-building-waterfront-development-in-aarhus) 67
Chapitre IV - Étude référentielle
Une des parties du plan de développement du nouveau quartier du front de mer d’Aarhus est le Harbour Bath. Il offre au public de nouvelles façons de profiter de l’eau en toutes saisons.
Piscine de plongée
Piscine pour enfant Piscine en pente Piscine de 50m
Promenade d’observation Accès aux piscines Promenade du port
0
10m
Figure 45 : Plan du Harbour Bath Source: architectural-review, modifications personnelles.
Ce projet est constitué de 4 piscines, accessibles par 2 rampes et un escalier. Devant le Harbour Bath on trouve une série de restaurants, cabines de plage et différents commerces qui complètent l’expérience imitative de la plage.
Promenade d’observation
Piscine de 50m
Consommation
Figure 46 : Différentes activités, Source: Rasmus Hjortshoj, modifications personnelles.
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Chapitre IV - Étude référentielle
Bois «Aarhus Harbour Bath offre aux résidents et aux visiteurs de l’île une expérience de front de mer plus engageante et aventureuse »⁴⁷. Le projet est réalisé par des matériaux légers et bien adaptés pour l’eau, principalement en bois avec une structure métallique. St r uc t ure métallique. Figure 47 : Escalier desservant la piscine de plongée Source: Rasmus Hjortshoj, modifications personnelles.
Promenade d’observation
Saunas
Figure 48 : Promenade d’observation et saunas Source: Rasmus Hjortshoj, modifications personnelles
La forme du projet permet d’avoir une promenade sèche d’observation au premier étage et une planche de plongée sous laquelle on trouve deux saunas et des cabines de plages. Il se présente comme une passerelle qui prolonge le domaine public dans l’eau, donnant une nouvelle vie à la zone. ⁴⁷ BIG, cité dans DIVISER, 2018
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Chapitre IV - Étude référentielle
1.2. La nouvelle promenade balnéaire de Tel Aviv
Figure 49 : La promenade balnéaire de Tel Aviv Source: Aviad Bar-Ness (Archdaily.com)
Architecte : Mayslits Kassif Architects
Emplacement : Tel Aviv, Palestine
Année : 2018
Avant
Dans le cadre du réaménagement du front de mer du centre ville de Tel Aviv, une nouvelle promenade balnéaire, qui fait environ 2.3 km, a vu le jour dans le but du développement urbain et touristique de la ville.
Après Discontinuité
Continuité Figure 50 : Parti urbain Source: ArchDaily, modifications personnelles
Depuis sa création, la promenade surélevée du centre ville de Tel Aviv a agi comme une frontière entre la ville et la mer méditerranée. Un blocage qui a engendré deux domaines distincts, la ville et la plage. L’idée directrice proposée par les architectes pour ce projet était d’éliminer ce blocage et de le remplacer par une continuité entre la ville et la plage, afin de combiner les deux domaines en un seul espace public, accessible à tout le monde et en particulier aux personnes à mobilité réduite.
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Chapitre IV - Étude référentielle
Le réaménagement du front de la mer ajoute une valeur positive à la ville et son économie. La nouvelle côte est de nos jours une destination touristique importante. Afin de recevoir un grand nombre de visiteurs et de créer un domaine public hospitalier et vivant, les architectes ont élaboré un master plan pour harmoniser toute cette zone urbaine dense produisant un paysage identitaire et un nouvel esprit du lieu.
Grâce à la fluidité physique et visuelle de l’entre-deux et au nouveau paysage qui transforme l’espace-limite en un continuum, le front de mer est aujourd’hui un espace accueillant qui offre aux usagers un sens de refuge et de bien-être.
Figure 51 : Master Plan, Source: ArchDaily, modifications personnelles
Figure 52 : Continuité urbaine Source: ArchDaily, modifications personnelles
L’ajout des palmier, l’escalier continu, les rampes pour les personnes à accessibilités réduites, le prolongement des activités à la plage, sont les liants qui estompent la limite entre la mer et la ville en créant un paysage continu.
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Chapitre IV - Étude référentielle
L’escalier admet différentes fonctions, il est à la fois un dispositif de circulation horizontale mais aussi un espace ombragé de détente jouant le rôle d’une banquette publique.
De nouvelles zones de loisirs sont installées abritant des équipements sportifs et divers terrains de jeux
Différents dispositifs d’ombrage sont implantés tout au long de la plage afin d’obtenir des espaces de détente
Figure 53 : La nouvelle cote Source: Guy Cohen modifications personnelles.
Les palmiers forment un écran végétal entre la zone piétonne et la zone véhiculaire
Pistes cyclables chargées de points de location de vélos
La promenade a été prolongée vers la plage en partie avec des plates-formes en terrasse qui abritent des espaces commerciaux permettant un contact direct avec la plage.
La promenade continue au niveau du sable avec une piste piétonne Figure 54 : Schéma analytique Source: travail personnel
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Chapitre IV - Étude référentielle
Figure 55 : Textures, Source: ArchDaily, modifications personnelles
Les matériaux utilisés dans le projet sont principalement le bois, le béton et le métal, ils se fondent dans le paysage, ce qui renforce l’aspect de continuité recherché par les architectes.
Figure 56 : Ambiance nocturne Source: Site-web du Landezine International Landscape Award
La promenade offre une ambiance chaleureuse la nuit grâce à l’ajout de la lumière d’ambiance qui donne à la zone une vie nocturne.
La nouvelle promenade, support d’activités touristiques et culturelles, est considérée comme le projet le plus transformateur à Tel Aviv grâce à sa position centrale et des changements radicaux qu’elle a apporté à la relation entre la ville et la mer, sa principale ressource naturelle. Figure 57 : Promenade urbaine, Source: Site-web du Landezine International Landscape Award
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Chapitre IV - Étude référentielle
2. Interventions architecturales éphémères 2.1. Le Pavillon Dulwich
Figure 58 : PAVILLON DULWICH Source: JOAKIM BORÉN (divisare.com)
Architecte : IF_DO - architecture and design Emplacement : Londres, Royaume Uni Année : 2017 Surface : 192 m²
La compétition de design des pavillons d’automne de 2016 était lancé par ‘‘The London Festival of Architecture’’ et ‘‘Dulwich Picture Gallery’’, dans le but de concevoir un pavillon comme une réponse contemporaine à la galerie d’image Dulwich et à son jardin.
Le pavillon se situe dans le jardin de la galerie d’images. Il est conçu somme extension de la galerie. C’est une structure publique temporaire, qui présente un espace extérieur couvert flexible et polyvalent grâce à sa structure amovible qui lui permet d’avoir de nombreuses configurations pour différents événements. Le pavillon La galerie d’image Figure 59 : Plan masse Source: ArchDaily, modifications personnelles
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Chapitre IV - Étude référentielle
Salle polyvalente
Bar / café
Terrasse non couverte
Figure 60 : Plan RDC, Source: ArchDaily, modifications personnelles
Le programme fonctionnel du pavillon est simple, il se compose d’une salle polyvalente qui change de configuration selon le besoin et d’un bar / café avec une terrasse qui s’étale Jusqu’à la partie non couverte.
Réflexion de la nature
Réflexion de l’architecture
Figure 61 : Nouvelle perception Source: JOAKIM BORÉN, modifications personnelles
‘La perception et la mémoire’ qui est le thème de la compétition, a été capturé par les architectes par la qualité réfléchissante des panneaux. L’effet miroir combiné avec le paysage et les visiteur offre des fragments de la nature dans le bâtiment et des fragments du bâtiment dans le nature. Ce qui donne l’impression que le pavillon est en mouvement.
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Chapitre IV - Étude référentielle
Le pavillon est léger et minimal, il est composé de trois parties principales:
(1) Structure en treillis de bois assemblé avec des accolades en acier, soutenue par trois panneaux fixes.
(2) Couverture du toit par un voile de maille en métal, qui crée une ambiance semblable à un auvent
(3) Panneaux miroirs mobiles ou amovibles, constitués de Panneaux composite en aluminium réflectif avec un cadre SHS (section creuse carrée).
Allure de la salle polyvalente
Panneaux miroirs fixes qui soutiennent le toit. Allure du Bar/café
Plate-forme en bois
Figure 62 : Composantes structurelles Source: ArchDaily, modifications personnelles
Grâce à sa structure légère, le pavillon n’ a pas un grand impact environnemental sur les terrains historiques.
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Chapitre IV - Étude référentielle
2.2. Le Pavillon Suisse
Figure 63 : Pavillon Suisse Source: JOAKIM BORÉN (divisare.com)
Architecte : Peter Zumthor Emplacement : Hanovre, Allemagne Année : 2000 Surface : 3000 m²
«La participation suisse à l’Expo 2000 est un cadeau à des visiteurs fatigués, qui, assommés par des étalages de prouesses et d’informations, veulent s’offrir un moment de repos. C’est un lieu de détente qui doit séduire et fasciner. Il incite à la flânerie, à la découverte, au plaisir»⁴⁸.
Le pavillon suisse ou le corps sonore « Sound Box » a été réalisé en 2000 par Peter Zumthor dans le cadre de l’Exposition universelle de Hanovre en Allemagne, sous le thème de la durabilité. En tant que pavillon de l’Exposition Universelle, le projet cherche à montrer différents aspects de la culture du pays qu’il représente. Mais plutôt que d’offrir un pavillon informatif dans un cadre théorique et pédagogique, l’architecte a adopté une approche différente pour informer les visiteurs. Il voulait un bâtiment où les visiteurs pourraient découvrir la culture suisse à travers les expériences ressenties que le bâtiment a à offrir. Construit principalement en bois suisse, Le « Sound Box » a représenté la Suisse par les matériaux. Conçu comme une expérience, la musique, l’éclairage, la nourriture, et des costumes, ont aussi joué un rôle informatif, créant une ambiance particulière dans le pavillon. C’est un lieu de refuge pour les visiteurs stimulés par l’exposition, offrant une ambiance changeante et propice à la détente. ⁴⁸ Peter Zumthor, Corps Sonore Suisse, Lexique du pavillon de la Confédération helvétique pour l’Expo 2000 à Hanovre, 2000. 77
Chapitre IV - Étude référentielle
Le projet est inspiré d’un entrepôt de bois. Afin de faire ressortir l’image du projet, Zumthor a imaginé une trame orthogonale avec certains vides (cours intérieures), des murs massifs en bois et plusieurs fentes vers l’extérieur.
Série de murs
Espaces Accès Principe de formation des espaces Source: travail personnel
Trame
Figure 64 : Esquisse conceptuelle de l’architecte, Source: Corps sonore suisse, modifications personnelles
Le mouvement dans le projet est le principe sur lequel l’architecte a conçu l’espace, pour avoir un labyrinthe dans lequel le visiteur se laissent guider selon un cheminement sensoriel.
«Ne pas être conduit, mais pouvoir marcher librement, à la dérive. [...] Conduire, induire, lâcher, donner la liberté. ⁴⁹»
Cours intérieures Cours à ciel ouvert Chambres
Figure 65 : Plan masse, Source: Corps sonore suisse, modifications personnelles
Le pavillon a 50 entrées. Il se compose de cours intérieures avec des cylindres abritant les espaces de service, des chambres avec des toits percés aménagées en bars, dans lesquels les visiteurs peuvent déguster des friandises et des boissons typiquement suisses et où les musiciens peuvent s’installer, des espaces à doubles hauteurs. Tous les espaces sont organisés enfonction du labyrinthe de couloirs où le visiteur et les musiciens circulent librement. ⁴⁹ Peter Zumthor, Atmosphéres, 2008
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Chapitre IV - Étude référentielle
Zone de service
Escalier de service
Ressorts en acier
Poutres en bois transversales
Plaques de base en acier
Tirants en acier
Poutres en Système de bois latérales collecte d’eau
Figure 66 : Coupe schématique Source: Eliza P Montgomrey, modifications personnelles
La fondation du pavillon est composé de blocs de béton préfabriqué posé sur une couche de gravier continue. Des lames en acier forment un lien entre le béton et les plaques de base en acier qui supportent les murs.
Différents états Source: travail personnel
Les murs sont formés de succession de poutres en bois massif de même taille. Les poutres sont séparées de cales et d’autres poutres en bois, elles sont reliées par un système de tirants et ressorts en acier. L’usage de ce système a permet aux poutres de rester intacte ce qui a permis leur utilisation dans d’autres travaux à la fin de l’exposition. Ressorts Tirants
Système de collecte d’eau
Figure 67 : Structure de la toiture, Source: Floornature architecture et surface, modifications personnelles
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Chapitre IV - Étude référentielle
«Les différents matériaux mis en œuvre dans un bâtiment doivent vibrer ensemble, coopérer, émettre une énergie spécifique »⁵⁰. Le bois, l’acier, l’asphalte, et le verre s’amalgament pour donner forme au tout cohérent. L’architecte présente les 4 matériaux sous diverses formes, cherchant différents aspects: l’acier, soit de structure ou inoxydable, utilisé en tôle ou en câbles, il présente différents niveaux de brillance et de teintes selon la lumière.
Figure 68 : Agencement des matériaux, Source: Zumthor. Pabellon Hannover, slideshare
Zumthor utilise deux types de bois différents, et les agence en alternant leur sens pour former un «tissage», qui résulte en une texture changeante puisque les deux types de bois ne réagissent pas de la même manière aux variations climatiques.
Figure 69 : Effet de la lumière sur les boisSource: Zumthor. Pabellon Hannover, slideshare, modifications personnelles
Ça donne une ambiance relaxante qui permet aux visiteurs de profiter des sensations offertes par la texture, l’odeur, l’humidité et la chaleur que transmet un espace construit en bois. «Le bois est confortable»⁵¹.
Figure 70 : Ambiance, lumière tamisée Source: Zumthor. Pabellon Hannover, slideshare ⁵⁰ Peter Zumthor, Corps Sonore Suisse, Lexique du pavillon de la Confédération helvétique pour l’Expo 2000 à Hanovre, 2000. ⁵¹ Logan suisse, «Holz isch heimelig», en suisse-allemand. 80
Chapitre IV - Étude référentielle
Figure 71 : A m b i a n c e , s o n Source: Corps Sonore Suisse
L’ambiance du projet n’est pas simplement le résultat des matériaux utilisés, mais aussi des différents instruments de musique, les tissus des vêtements des musiciens, la lumière, les sons, les odeurs et même les produits de consommations doivent être pris en considération comme étant des matériaux «participant à l’harmonie recherchée». Le son, en particulier, joue un rôle important dans l’ambiance de ce projet. En effet, Zumthor a conçu son bâtiment comme une boîte à son destiné à recevoir la musique et les visiteurs, mais aussi, il a pensé les matériaux et leurs assemblages de façon à ce que le bâtiment en lui-même génère une musique. «Écoutez, chaque espace fonctionne comme un grand instrument, il rassemble les sons, les amplifie, les retransmet» ⁵².
Figure 72 : Relation avec le ciel Source: Travail personnel
Comme une installation en plein-air, le pavillon s’ouvre à l’extérieur par ses 50 accès, ses cours à ciel ouvert qui assurent une relation forte avec le ciel, et ses murs ajourés qui filtrent la lumière et laissent passer le vent et la pluie. Tout renforce sa relation avec l’extérieur et permet au pavillon de changer avec le climat. Tous ces éléments sensoriels proviennent de l’association de souvenirs que Zumthor a des forêts suisses. ⁵² Zumthor, Peter, Atmosphères : éléments architecturaux, ce qui m’entoure, 2008. 81
Chapitre IV - Étude référentielle
2.3. Halte routière d’Akkarvik
Figure 73 : Pavillon Suisse, Source: Steinar Skaar (archilovers.com)
La Halte routière d’Akkarvik fournit des toilettes publiques le long de l’une des routes touristiques de la Norvège. Le projet est voisin d’une plate-forme d’observation. L’emplacement est choisi pour son paysage spectaculaire et caractéristique.
Architecte : Manthey Kula Emplacement : Akkarvik, Lofoten, Norway Année : 2009 Surface : 200 m² La Halte routière se fond dans le paysage avoisinant par sa forme qui épouse celle des montagnes et s’impose par sa couleur de rouille. Toutefois, elle est réalisée dans le but d’offrir une expérience différente dans le paysage. Figure 74 : Formes, Source: Steinar Skaar, modifications personnelles
La seule échappée visuelle est vers le ciel
Perspective ouverte
Obstacle visuel
Figure 75 : Perception visuelle Source: modification personnelle
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Chapitre IV - Étude référentielle
«Les toilettes ont été conçues pour présenter une pause des impressions de la nature environnante, offrant une expérience de différentes qualités sensuelles »⁵³.
Réflexion de l’horizon sur le panneau Ouverture zénithale cadrant la vue sur le ciel qui permet l’éclairage et la ventilation en toute intimé.
Panneau en verre
Murs extérieurs en acier ‘Corten’,soudé sur place, auto-patiné à corrosion superficielle
Panneau en verre pour protéger les vêtements des usagers de la rouille Équipements sanitaires en acier inoxydable
Mur de séparation et sol en béton coulé sur place. Figure 76 : Lecture de l’espace interieur Source: Travail personnel
Comme premier objectif, les architectes voulaient que l’usager se sépare du paysage. Le deuxième objectif était de rendre le projet lourd, comme réponse à l’histoire du bâtiment qui le précède qui était soulevé par les vents. C’était grâce aux matériaux utilisés et à la fondation (en béton coulé sur place) qu’ils ont atteint leur objectif. ⁵³ Manthey Kula, dans un communiqué sur le projet, ignant.com, 2012.
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Chapitre IV - Étude référentielle
3. Synthèse Le nouveau front de mer d’Aarhus La limite entre la mer et la terre s’est transformée en une connexion.
L’eau est un élément de conception dans le projet
Mer
Mer
La promenade est continue dans le projet sur deux niveaux
Dégagement de la vue
À retenir :
Figure 77 : Synthèse 1 Source: Travail personnel
Le rapport fort avec l’eau et le concept de promenade qui matérialise le projet et offre plusieurs perceptions de l’espace.
La nouvelle promenade balnéaire de Tel Aviv Le projet est un liant entre la ville et la mer.
L’intégration de l’élément végétal
L’escalier multifonctionnel
L’accessibilité réduite
Différents fonctions et sous-espaces
À retenir :
Figure 78 : Synthèse 2 Source: Travail personnel
La continuité avec la ville, le concept de la fluidité et la continuité spatiale, l’intégration par les matériaux et la diversité fonctionnelle.
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Chapitre IV - Étude référentielle
Le pavillon Dulwich Les matériaux légers utilisés dans le projet n’agressent pas le paysage. Le projet est en mouvement et peut être configure de différentes façons.
Différents rapports en changement constant.
Figure 79 : Synthèse 3 Source: Travail personnel
À retenir :
L’intégration dans le paysage (ses interactions avec l’architecture ,la nature et les personnes), et le changement constant qu’il offre.
Halte routière d’Akkarvik
Connexion avec le ciel
Inspiration formelle
Discontinuité visuelle
À retenir :
Figure 80 : Synthèse 4 Source: Travail personnel
L’insertion du projet dans le paysage par sa forme et sa couleur et l’expérience du lieu offerte par l’isolement total du paysage et l’encadrement du ciel.
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Chapitre IV - Étude référentielle
Le pavillon Suisse La paroi ajourée crée par le tissage du bois filtre la lumière
Le son est un élément clé car c’est ce qui guide les visiteurs dans l’espace
À retenir :
Le vend, la pluie, le climat fait partie de l’ambiance recherchée
Figure 81 : Synthèse 5 Source: Travail personnel
L’ambiance sensorielle est l’élément sur lequel l’architecte a basé tous ses choix. Les matériaux, leurs assemblages, le rythme, les couleurs, les textures... Tout fait partie du labyrinthe d’atmosphère pour offrir une expérience sensuelle pour les visiteurs.
Conclusion Quelle que soit l’échelle de l’intervention, toute architecture a pour but d’offrir une expérience dans le lieu où elle s’inscrit. À travers les projets analysés, on a étudié l’intégration du projet dans le paysage, le concept de continuité avec la mer et la ville, le respect de l’environnement par l’usage des matériaux légers et l’ambiance comme outil de conception qui favorise l’expérience de l’usager dans l’espace. «Mes bâtiments devraient avoir un noyau émotionnel - un espace qui, en soi, a une sensation émotionnelle agréable »⁵⁴.
⁵⁴ Peter Zumthor
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87
Rencontre dun paysage
«Pour trouver sa place, le nouveau doit d’abord nous inciter à regarder d’un œil neuf sur ce qui existe.» Peter Zumthor.
Chapitre V - Rencontre d’un paysage
1. Justification du choix de la zone d’étude
100m
Hammam-Lif Boukornine
Farhat Hached
Hammam-Lif Medina Hammam-Lif Medina 2
Hammam-Lif Stade
Cité Mohamed Ali
Délégations
Figure 82 : Délimitation de la zone d’étude Source: Google earth, modifications personnelles
Limite de la zone d’étude
La zone d’étude choisie fait partie du littoral de Hammam-Lif, qui contient les briseslames, et sa façade maritime. Ce choix a été fait en premier lieu après l’analyse de la ville faite en groupe dans le cadre de l’atelier de 5éme année, puis suite à un travail personnel. Cette zone donne le caractère balnéaire à la ville, elle présente un paysage unique a grandes potentialités et offre une valeur historique et architecturale importante. Mais malheureusement, aujourd’hui elle souffre d’un paysage en perpétuelle dégradation et d’un environnement menacé à un tel niveau que la ville a perdu son essence. Ce travail de mémoire a pour but d’étudier cette zone, de dégager ses potentialités paysagères et ses problèmes, et de proposer une solution afin de répondre aux besoin de ses habitants et lui donner une nouvelle vie et rappeler son essence.
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Chapitre V - Rencontre d’un paysage
2. Présentation du contexte d’étude HL1
HL2
HL3
Av. de la mer méditerranée
Limite du DPM Limite de la servitude du DPM
HL4
HL5
HL6
Rue Salambo
HL7
HL8
100m
Figure 83 : Présentation de la zone d’étude Source: PAU, modifications personnelles
Accès principaux Limite de la zone d’étude
La zone d’étude consiste en une partie de la plage de Hammam-Lif, les 8 briseslames (de HL1 à HL2) et le front de la partie urbaine qui se trouve partiellement dans la zone de la servitude du DPM (Domaine Public Maritime). Elle est accessible depuis la ville en voiture principalement par 3 voies, les autres voies ont été bloquées pour minimiser le flux véhiculaire.
Figure 84 : Rue bloquée Source: Illustration personnelle
D’après l’architecte de la municipalité, la ligne acturelle de la servitude du DPM n’était pas originalement à ce niveau, un avancement d’environ 50m de la limite a été fait. En conséquence, la façade donnant sur le littoral n’a pas été renouvelée depuis des années.
Figure 85 : En Pause Source: Illustration personnelle
91
Chapitre V - Rencontre d’un paysage
3. L’effet des brises-lames sur la côte L’érosion est une menace naturelle qui présente un danger pour la plupart des côtes du monde. La zone côtière du golfe tunisien au nord-est de la Tunisie ne fait pas exception, le trait de côte de Hammam-Lif a été touché par une violente tempête en 1981, qui lui a causé la perte d’une grande partie de sable de plages sur environ 4km. Suite à ça, 8 brise-lames ont été construits entre 1985 et 1986 afin d’assurer la protection de cette côte contre l’érosion et la submersion marine. Ces huit brise-lames ont généré plusieurs effets sur le trait de côte. Etat 1: La côte avant l’exécution des Brises-lames
100m
Figure 86 : Plan de la zone sans les brises-lames Source: PAU, modifications personnelles
Figure 87 : Coupe schématique sans les brises-lames Source: Schéma personnel
Etat 2: La côte après l’exécution des Brises-lames (1986) HL1
HL2
HL3
HL4
HL5
HL6
HL7
HL8
100m
Figure 88 : Plan de la zone avec les brises-lames Source: PAU, modifications personnelles
Figure 89 : Coupe schématique avec les brises-lames Source: Schéma personnel
Les brise-lames avant ont été construits parallèlement à la côte. Ils ont des longueurs allant de 84 m à 184 m, avec une longueur totale d’environ 1,300 m. Ils permettent de limiter, en dissipant l’énergie de la houle, l’érosion.
92
Chapitre V - Rencontre d’un paysage
Etat 3: La côte aujourd’hui (2021) HL1
HL2
HL3
HL4
HL5
HL6
HL7
HL8
100m
Figure 90 : Plan de l’état actuel, Source: PAU, modifications personnelles
Figure 91 : Coupe schématique Source: Schéma personnel
Hammam-Lif a longtemps été surnommée « la perle du golfe de Tunis ». Elle était connue à l’échelle méditerranéenne pour la qualité de sa plage de sable fin et ses eaux très poissonneuses. De nos jours, on remarque un avancement du sable sur toute la partie abritant les brises-lames, l’accumulation de toute sorte de déchets, et un blocage de la circulation de l’eau de la plage, ce qui forme un danger sur l’environnement et l’écosystème. Une pollution qui s’aggrave de jour en jour, constituant ainsi un risque majeur pour la santé des citoyens et présentant des risques de catastrophe écologique. Selon le ministre de l’Environnement, Mr. Derouiche Nejib, lors d’une visite à la zone en 2016, la pollution que connait le littoral d’Hammam-lif est due essentiellement à l’installation des brises-lames qui empêchent la circulation de l’eau et qu’il serait nécessaire de lancer une étude visant à les enlever. Mais la situation est demeurée inchangée pendant des décennies. Pour garantir l’efficacité des brises-lames, plusieurs paramètres entrent en jeu comme effectivement leur distance par rapport à la côte , la distance entre eux, et leurs dimensions. Tous ces facteurs on un rapport avec la quantité de sédiments et tombolos accumulés et la circulation de l’eau. Ainsi, dans le cas de la côte d’Hammam-Lif, les brises-lames présentent des catalyseurs de la pollution de la plage, leur emplacement et dimensions ‘‘ mal étudiés ‘‘ font d’eux un accélérateur de pollution car ils empêchent de la circulation de l’eau. Aujourd’hui, l’environnement se dégrade de jour en jour, notamment avec le rejet clandestin des déchets ménagèrs.
93
Chapitre V - Rencontre d’un paysage
4. Densité urbaine Mer méditerranée
Vide
Figure 92 : Plein et vide, Source: PAU, modifications personnelles
Bâti
On remarque qu’il n’existe pas de terrain nu au bord de la mer, sauf une seule placette du côté Est.
Figure 93 : Hauteurs, Source: PAU, et un relevé personnel
RDC
R+1
R+2
R+4
Figure 94 : Skyline du voisinage du CasinoSource: schéma personnel
Selon le PAU actuel, les hauteurs des bâtiments ne doivent pas dépasser les R+1, mais on peut noter plusieurs dépassements et ceci est dû à l’ancienneté de la majorité des constructions, comme les bâtiments SNIT (au voisinage du Casino) qui atteignent le R+4, et qui étaient construits aux environs des années 70. La majorité des bâtiments varient entre RDC et R+1 avec un maximum de R+2.
5. Lecture fonctionnelle Extrait du PAU
Habitat semi-collectif
Repères
Figure 95 : Vocations selon PAU, Source: PAU, modifications personnelles
Habitat collectif
94
Chapitre V - Rencontre d’un paysage
Relevé personnel 3
2
1
Habitat semi-collectif Habitat individuel Habitat collectif Repères
45
1.
Casino
2.
La sirène
3.
Collège
4.
Dar Belhaj
5.
Mosquée Belhaj
Figure 96 : Vocations Source: PAU, et un relevé personnel
On remarque en premier lieu que l’existant ne correspond pas au plan du PAU, ensuite on peut conclure que la zone d’étude est dominée par la vocation d’habitation avec quelques commerces (non réglementaires selon PAU) qui se trouvent au RDC des habitations semi-collectives. On note aussi la présence de quelques repères comme le Casino et la sirène.
6. Vers une découverte du paysage 6.1. Choix du parcours Le parcours choisi débute par la Sirène et s’étend jusqu’au Casino. Le découpage du parcours est inspiré de la méthode proposé par Golden Cullen dans son ouvrage «Townscape» (1961).
100m Figure 97 : Zonning du parcours, Source: PAU, modifications personnelles
La sirène
Le casino 0
100m
Figure 98 : Le parcours, Source: PAU, modifications personnelles
95
Chapitre V - Rencontre d’un paysage
6.2. Schématisation du parcours Mer
P1
P2
P3
Séquence 1
Séquence 2
Séquence 3 Figure 99 : Schématisation, Source: schéma personnel
Point repère à valeur historique Ouverture de la vue Rotation du champs visuel
Point repère à valeur paysagère
6.3. Analyse séquentielle L’analyse séquentielle est hiérarchisée selon les trois séquences présélectionnées (voir figure n) , et guidée par une analyse sensible (qui se compose par lecture visuelle, haptique, sonore et olfactive). 6.3.1. Séquence 1: • Lecture visuelle Prise 1
Dissymétrie
Figure 100 : D i s s y métrie, Source: Illustration personnelle
La première séquence est une succession de 3 prises. Le début de cette séquence est marqué par un effet de dissymétrie, les habitations à droite et la sirène à gauche qui passe presque inaperçue puisqu’elle est en retrait par rapport à la rue. Prise 2
Ouverture
Figure 101 : Ouverture Source: Illustration personnelle
En dépassant la sirène on remarque un effet d’ouverture de la vue, étant donné que c’est le seul bâtiment situé en bord de mer qui bloque la vue.
96
Chapitre V - Rencontre d’un paysage
Prise 3
Étranglement
Rotation du champ visuel Figure 102 : É v é n e m e n t . Source: Illustration personnelle
Au niveau du nœud on est interpellé par la percée vers la montagne de Boukornine qui résulte d’une rotation du champ visuel. La séquence se termine par un étranglement qui nous renvoie à la séquence d’après.
Figure 103 : Palette de couleurs. Source: Illustration personnelle
•
Lecture haptique
Au sol
Murales Figure 104 : Textures. Source: Illustration personnelle
• -
son
Perception sonore +
Cette séquence est généralement calme sauf en été lorsqu’elle se transforme en parking en raison de la fermeture de la rue. Le son des vagues est presque inaperçu. Figure 105 : Bruit. Source: Schéma personnel
97
Chapitre V - Rencontre d’un paysage
•
Perception olfactive
De mauvaises odeurs provenant des déchets ménagers.
Figure 106 : Déchets, Source: Illustration personnelle
•
Figure 107 : O d e u r s , Source: Schéma personnel
Pratiques sociales
Flux relativement faible au niveau de la rue, mis a part des groupes d’amis et jeunes couples squattant la sirène.
Figure 108 : Squatteurs, Source: Schéma personnel
Gens
Figure 109 : Pratique sociales, Source: Schéma personnel
6.3.2. Séquence 2: •
Lecture visuelle Prise 1
Définition latérale
Figure 110 : D é finition latérale. Source: Illustration personnelle
Prise 2
Définition latérale + fermeture
Figure 111 : D é finition latérale et fermeture. Source: Illustration personnelle
98
Chapitre V - Rencontre d’un paysage
La deuxième séquence est une succession de 2 prises. Le début de cette séquence est marqué par une définition latérale, les habitations à droite et la plage à gauche. Elle se termine par un obstacle de vue par l’un des bâtiments SNIT.
Figure 112 : P a l e t t e de couleurs S2. Source: Illustration personnelle
•
Lecture haptique
Au sol
Murales Figure 113 : Textures S2. Source: Illustration personnelle
• -
son
Perception sonore +
Cette séquence est marquée par le son des vagues sur tout au niveau de la brise-lame. Généralement le flux véhiculaire est faible . Figure 114 : Son des vagues. Source: Schéma personnel
•
Perception olfactive
Figure 115 : Odeurs. Source: Illustration personnel
De mauvaises odeurs provenant de la pollution de la mer, des sédiments et du matériel de pêche.
Figure 116 : Odeurs. Source: Schéma personnel
99
Chapitre V - Rencontre d’un paysage
•
Pratiques sociales
Flux relativement faible le matin, et fort l’après-midi surtout au niveau des brises-lames qui deviennent un espace de rencontre.
Figure 117 : Brise-lame comme espace de rencontre. Source: Schéma personnel
Gens Figure 118 : Flux piéton l’après-midi. Source: Schéma personnel
6.3.3. Séquence 3: •
Lecture visuelle
Figure 119 : Point repère. Source: Illustration personnelle
La troisième séquence est marqué par un point repère qui est le Casino. Elle présente une définition latérale. On remarque que les kiosques définissent le premier plan et créent un obstacle visuel devant le Casino.
Figure 120 : Palette de couleurs S3. Source: Illustration personnelle
100
Chapitre V - Rencontre d’un paysage
•
Lecture haptique
Au sol
Murales Figure 121 : Textures S3. Source: Illustration personnelle
•
Perception sonore
-
son
+
Le son des vagues surtout au niveau de la briselame est le plus marquant dans cette séquence. Généralement le flux véhiculaire est presque absent. Figure 122 : Son des vagues S3. Source: Schéma personnel
•
Perception olfactive
Figure 123 : P o l l u t i o n . Source: Illustration personnelle
De mauvaises odeurs provenant de la pollution de la mer, des sédiments et du matériel de pêche. Figure 124 : Odeurs S3, Source: Schéma personnel
•
Pratiques sociales
L’après-midi le flux des piétons est fort. Les briseslames deviennent un espace de rencontre et de pèche. On remarque aussi les promeneurs au niveau de la corniche
Figure 125 : Pratiques sociale S3, Source: Illustration personnelle.
Gens
Figure 126 : Flux piéton l’après-midi S3, Source: Schéma personnel
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Chapitre V - Rencontre d’un paysage
7. Repères: 7.1. Le casino au fil du temps: 1900
2021 Brise-lames Mer
Mer
Jetée
Plage
Plage
Piste
Rue Hédi Chaker Bâtiments SNIT
Figure 128 : Le casino en 2021, Source: Google earth , modifications personnelles
Figure 127 : Le casino en 1900, Source: Carte postale, modifications personnelles
Inauguré en 1894, le casino est l’aboutissement de l’axe principal du lotissement projeté lorsdu protectorat français en Tunisie qui le relie avec Dar el Bey. Il était construit selon un style mauresque et compte un hôtel, un casino, un théâtre et un petit zoo.
Temps
Figure 129 : Ancienne façade Sud-Ouest, Source:Carte postale , modifications personnelles
Figure 130 : Nouvelle façade Sud-Ouest, Source: , illustration personnelle
Temps
Figure 131 : Ancienne façade Nord-Est, Source:Carte postale , modifications personnelles
Figure 132 : Nouvelle façade Nord-Est, Source: , illustration personnelle
Depuis 2000, le Casino est un monument classé par un arrêté de protection, mais en 2013, il fut fermé. Aujourd’hui, l’édifice est abandonné et dans un très mauvais état. Cependant depuis 2020 il a repris de l’intérêt pour la municipalité qui lui a consacré un budget pour le réaménager.
102
Chapitre V - Rencontre d’un paysage
7.2. La sirène, espace fantôme: •
Introduction
La sirène est le seul établissement au bord de la mer, sous forme de jetée. Figure 133 : Emplacement, Source: Google earth modification personnelles
Inaugurée dans les années 60, la sirène était l’un des principaux lieux d’attraction pour les Hammam-lifois, un espace de détente; resto-bar puis un café-resto toujours accompagné d’animation et enfin un espace polyvalent, abritant différentes manifestations , des réceptions, des séminaires,des conférences etc..
Figure 134 : L’état actuel de la sirène , Source: Illustrations personnelles
Dés 2010, l’espace de convivialité est devenu un espace fantôme, abandonné et en très mauvais état. Dans une note plus positive, depuis 2020 la municipalité a annoncé qu’il serait bientôt réaménagé.
103
Chapitre V - Rencontre d’un paysage
•
Organisation fonctionnelle: Mer
Figure 136 : Organisation fonctionnelle niveau 1, Source: travail personnel.
Salle 1 Salle 2 Service
RDC
Annexes Terrasse couverte Salle 3 La rue Figure 135 : Organisation fonctionnelle plan RDC, Source: travail personnel.
•
Terrasse accessible non couverte
R+1
Terrasse non accessible
Aspect formelle:
Figure 137 : Aspect formelle de la sirène, Source: Illustration personnelle.
La volumétrie de la sirène est relativement simple. On peut la classée comme architecture éclectique, elle offre des aspects du mouvement moderne avec ses formes épurées et ses ouvertures surtout au niveau du 1er étage.
104
Chapitre V - Rencontre d’un paysage
•
La vue :
Depuis le RDC:
Figure 138 : Cadrage de vue depuis le RDC, Source:photo et modification personnelle..
Depuis le 1er étage:
Figure 139 : Cadrage de vue depuis le premier niveau, Source:photo et modification personnelle..
Au RDC, la sirène offre un panorama dégagé sur la mer méditerranée, et au premier niveau, elle offre une étendue de vue de 360°, de la montagne de Boukornine passant par la baie de Korbous jusqu’à la colline de Sidi Bousaid.
105
Chapitre V - Rencontre d’un paysage
•
Diagnostic: RDC:
106
Chapitre V - Rencontre d’un paysage
Niveau 1:
•
Conclusion :
Le bâtiment de la sirène est dans un état détérioré et présente plusieurs pathologies. Par ailleurs,il ne présente pas une grande valeur architecturale ou paysagère. Toute la valeur de la sirène est due à son emplacement, les vues panoramique qu’elle offre. Elle représente un lieu de mémoire dans la mémoire des habitants.
107
Chapitre I -Chapitre L’esthétique sensible du paysage V - Rencontre d’un paysage
8. Synthèse: Une façade mari me et des pra ques qui se dégradent au fil du temps ...
La pêche Un skyline hors réglement à cause des bâ ments qui dépassent le R+1
Un édifice avec une valeur patrimoniale et historique importante perd sa valeur à cause de la construc on non réglementée, anarchiques à ses côtés.
La sirène qui était un pôle d’a rac on et de rencontre est aujourd’hui abandonnée.
La baignade
A cause de la pollu on de la mer
La mixité sociale pendant la première demi journée
A cause de l’absence d’aménagement
Malgré les mauvaises condi ons, les Hammam-lifois expriment encore leur besoin de se détendre sur la corniche pendant l’après midi.
Appropriation de l’espace par l’usage des meubles personnels
Les brises-lames deviennent un espace de rencontre.
108
109
110
Composer paysage
avec
le
111
Chapitre VI - Composer avec le paysage
1. Introduction Après avoir analysé le front de mer, on s’intéresse à réfléchir notre intervention sur deux échelles (urbaine et architecturale) qui visent à renouveler le rapport entre la ville et la mer en composant avec le paysage, afin d’apporter une réponse spatiale aux besoins des habitants, tout en préservant une empreinte durable.
Une promenade urbaine sur la totalité de la zone qui abrite actuellement les 8 brises-lames.
Une intervention ponctuelle sur la sirène. Figure 140 : Premières intentions, Source: Google earth, modifications personnelles
2. Le programme Le programme cherche à revitaliser la zone du littoral. Il a été défini suite à l’analyse de la zone et de ses pratiques sociales, afin de répondre aux besoins des usagers de différents profils (promeneur, contemplateur, pêcheur, enfants...). Le programme se base sur différents espaces d’activités abritant des scénarios de vie variés, favorisant l’interaction de l’usager avec le paysage et son expérience dans le lieu. Ceci se fera à travers trois axes principaux:
Revitaliser la côte: Implanter différentes activités basées sur les besoins des usagers (la pèche, la contemplation, le sport...), et ajouter de nouvelles fonctions qui rappellent l’activité perdue (la baignade)...
Intégrer le paysage naturel: La mise en scène de l’eau de mer dans la promenade par une ligne bleue avec des placettes de jeux d’eau et de mobilier qui collecte l’eau de pluie...
Connecter la mer à la terre: Redessiner la limite avec l’eau par les jetées, les pontons, les brises-lames, le théâtre dans l’eau, les gradins...
Figure 141 : Axes de réflexions, Source: Schéma personnel
112
Chapitre VI - Composer avec le paysage
2.1. Le programme général (urbain) Le programme s’organise selon une promenade côtière le long de la corniche. La promenade articule plusieurs activités permanentes et temporaires comme les espaces de rencontre et les installations légères, abritant les sous-espaces secondaires comme les cabines de plage. Elle offre une piste cyclable et un parking pour encourager la circulation douce. Espaces de détente et de méditation
La sirène, le nouveau pavillon d’eau
Placette culturelle et événementielle
Le casino, un espace événementiel
Cabine de contemplation
Espaces de rencontre et de pique-nique
Aire de jeux pour enfants
Cabine de consommation
Terrains de sport (le volley, le beach ball, le football...)
GYM extérieure, placette de skateParking boarding et du parcour Cabine de location des vélos Figure 142 : Programme général, Source: Schéma personnel
Figure 143 : A c t i v i t é s , Source: Schéma personnel
Les activités sont interconnectées par les différentes allées qui proposent des scénarios variés avec l’eau, la végétation... Ces différentes activités redéfinissent le lieu défiguré en un lieu rassembleur qui renforce le lien entre l’Homme et le paysage.
113
Chapitre VI - Composer avec le paysage
2.2. Le programme du pavillon de l’eau ( la sirène ) L’objectif du pavillon de l’eau est de créer un lieu engageant, alimenté d’expériences liées au thème de la mer. Le programme s’organise alors selon trois unités: unité de détente, unité de loisir et unité de sensibilisation. Afin de rappeler la valeur de l’eau et ses potentialités, en cherchant une manière d’exploiter la mer en attendant son assainissement. Entrée directe de la plage pour les abonnés Dépôt des équipements Club nautique (espace de préparation physique) Administration
Dépôt du matériel
Atelier de pèche
Accueil
Piscine publique
Entée principale Accès direct
Espace de consommation Théâtre de la mer ( gradins de contemplation )
Observatoire
Accès de la promenade
Exposition sur l’eau ( salle polyvalente) Atelier de sensibilisation
Entrée indépendante
Figure 144 : Organigramme fonctionnel, Source: Schéma personnel
114
Chapitre VI - Composer avec le paysage
3. Démarche conceptuelle ‘Composer avec le paysage’ est le concept sur lequel on va baser notre intervention.
Composer avec le paysage
Créer une continuité entre le paysage naturel et le paysage artificiel
Intervenir en respectant le paysage Ne pas menacer l’environnement Intégrer la végétation
S’inspirer de la polysensorialité paysagère
Continuité avec la ville
Composer l’urbain avec les percées visuelles
Régulateur de climat
Favoriser l’expérience de l’usager
Mobilier urbain à l’aspect écologique L’eau élément rafraîchissant
Collecte d’eau
Prévoir des zones d’ombre Utiliser des panneaux solaires intégrés au mobilier
Architecture silencieuse Intégration en douceur
Assurer Théâtre de la mer
Aménager les rues piétonnes
le contact avec l’eau
Inviter le flux piéton vers la promenade côtière
Structures légères
Matériaux adaptés à l’environnement Figure 145 : Intentions, Source: Schéma personnel
115
Chapitre VI - Composer avec le paysage
3.1. Composer avec le paysage, révéler l’essence du lieu •
Le paysage naturel (la mer) est en rupture avec le paysage urbain, donc le premier objectif est de créer une continuité entre la ville et la mer.
100m
Prolonger les axes de la ville au niveau de la promenade
Figure 146 : Prolongation des axes, Source: Google earth, modifications personnelles
Après :
Avant : Obstacle visuel
Figure 147 : Connexion visuelle , Source: Schéma personnel
Créer une continuité visuelle de la ville vers la mer par : La suppression des obstacles physiques ( voir page 85, figure 83). Le prolongement des rues dans la promenade côtière. Le cadrage des vues, et en mettant l’accent sur les percées avec l’alignement de la végétation. Le prolongement des voies résulte en une fragmentation de la promenade et génère ainsi différents sous-espaces.
Figure 148 : Genèse de sous-espaces, Source: Schéma personnel
116
Chapitre VI - Composer avec le paysage
•
Les brises-lames contribuent aujourd’hui à la pollution de la côte, à cause de leur dimensionnement et leur proximité. On propose donc de redessiner la ligne de la côte. 140m
Mouvement de l’eau
140m
100m
Figure 149 : Redéfinir les brises-lames, Source: Google earth, modifications personnelles
L’esquisse proposée est basée sur le projet de référence ‘la promenade balnéaire de Tel Aviv’. On propose de minimiser le nombre des brises-lames de 8 à 5, leur redimensionnement d’environ 100m à 140m et leur éloignement de la ligne de côte d’environ 200m, afin d’assurer la bonne circulation de l’eau. Cependant, cette proposition doit être approuvée les spécialistes du domaine maritime. Figure 150 : Brise-lame , Source: Schéma personnel
•
Définir une promenade côtière par la création des pistes de circulation douce, marquées par différents matériaux et revêtement qui favorisent la ‘Marchabilité’. Opter pour des lignes souples inspirées des traces des vagues qui permettent le changement constant de la perspective et la circulation fluide.
Traces des vagues
Figure 151 : Vagues , Source: Google earth, modifications personnelles
117
Chapitre VI - Composer avec le paysage
•
Estomper la limite avec l’eau par des jetées, le gradin d’eau et apporter l’eau à la promenade par un parcours qui la met en scène. Ce parcours sera animé par de différents dispositifs qui utilisent l’eau de mer traitée et l’eau de pluie. Il offre au usagers de nouvelles manière pour profiter de l’eau durant toutes les saisons. Offre de l’ambre et admet un système de collecte d’eau pluviale
Figure 152 : Parcours d’eau, Source: schéma personnel
Quelques axes prolongés de la ville se transforment en jetées dans la mer qui assurent la connexion et permettent des activités comme la pêche et la contemplation Figure 153 : Jetées, Source: schéma personnel
Le théâtre d’eau est une expérience sensorielle changeante avec le mouvement d’eau et les marées
Figure 154 : Théâtre de la mer, Source: schéma personnel
118
Chapitre VI - Composer avec le paysage
•
Minimiser l’effet de l’érosion et de la submersion marine par des solutions douces qui respectent le paysage comme l’ajout de l’élément végétal et des caniveaux tout le long de la rue Taher Sfar pour augmenter sa perméabilité .
Caniveaux
Places de parking pour minimiser le flux véhiculaire
Piste cyclable
Figure 155 : Profil de la rue, Source: schéma personnel
•
Prévoir des dispositifs d’ombrage qui offrent des espace de rencontre et de détente Figure 156 : Dispositifs d’ombrage, Source: schéma personnel
119
Chapitre VI - Composer avec le paysage
3.2. Redécouvrir la sirène, capter son essence •
La sirène est notre support d’intervention au niveau architectural. On propose un pavillon d’eau qui souligne la valeur de la mer. Le lieu d’intervention se situe à la fin du parcours envisagé au niveau de l’aménagement urbain.
La sirène
Le casino
DPM
0m
100m
Figure 157 : Contexte, Source: Google earth, modifications personnelles
•
Comme on a déjà montrer (voir page 106) la valeur de la sirène est plutôt immatérielle en tant que un lieu de mémoire, et étant donné aussi qu’elle est dans la servitude du domaine public maritime. On propose de démolir le bâtiment existant qui est en mauvais état (voir page 106) et le remplacer par une construction en matériaux légers et écologiques qui sera le support du nouveau pavillon d’eau.
démolir Déjà démoli
Limite du DPM Limite de la servitude du DPM 0m
50m
Figure 158 : Démolition, Source: Google earth, modifications personnelles
120
Chapitre VI - Composer avec le paysage
Supprimer la clôture de la parcelle et élargir la promenade à ce niveau pour créer un espace d'interaction entre l'architecture et l'urbain.
Suivre la limite du terrain, ouvrir la vue sur la mer
Élever la promenade et dégager la vue, le projet s'inscrivant sous la promenade. Figure 159 : Genèse du projet, Source: Schéma personnel
Figure 160 : Inter actions, Source: Schéma personnel
Le projet est en interaction avec l'eau par sa forme, mais aussi par son vécu, il offre aux usagers une expérience avec l'eau de l'eau de mer filtrée et collectée dans une piscine et le théâtre de la mer.
121
Conclusion générale Hammam-Lif est une ville côtière pleine de potentialités paysagères et chargée de mémoire, dont la mer était un des éléments principaux duquel elle tire son caractère balnéaire et son identité. Un caractère qui tombe jour après jour dans l’oubli. L’eau est une unité paysagère qui offre une expérience poly sensorielle, ainsi dans le but de la réintégrer de nouveau dans la ville, on opte pour une approche paysagère sensible. Le paysage est médiateur entre l’Homme et son milieu. En immergeant le visiteur dans l’espace, on lui assure une expérience sensorielle qui le transforme d’une simple position de spectateur en une position d’interaction avec son environnement. La perception sensible du paysage a été le point de départ de notre étude, suivie par une compréhension du contexte (le rapport entre la ville et la mer, la symbolique et l’importance de l’eau, l’attachement des hammam-lifois à la mer...) qui était nécessaire pour redécouvrir l’identité perdue du lieu, renouer les liens avec l’eau et réanimer la frange côtière de la ville. Sans chercher de à retrouver l’ancien, on a essayé de redécouvrir l’essence du lieu selon une réflexion dans un cadre d’approche paysagère multidimensionnelle, qui vise un aménagement de la côte de Hammam-Lif par des espaces qui favorisent l’interaction avec le paysage et répondent aux différents besoins des usagers. On prévoit aussi une reconstruction de la sirène, lieu de valeur historique et paysagère, par un pavillon d’eau qui capte l’essence de ce lieu, le revalorise et sensibilise les gens à l’importance de la mer. Enfin, dans un temps où l’architecture est déshumanisée, ce travail cherche une dimension sensible vers la compréhension de l’espace, qui favorise la cohésion de l’architecture et le paysage et améliore le vécu humain.
122
123
Annexe 1. Brise-lames émergent type:
Couche protectrice principale (pierres) Sous-couche Cœur en cailloux grossiers Figure 161 : Composantes des brises-lames, Source: Schéma personnel
Pour affecter des brises-lames il faut étudier plusieurs facteur pour garantir leur l’efficacité. En effet, la hauteur de brise qui est l’un des facteurs les plus importants, est essentiellement basée sur la mesure de la transmission de la houle. Généralement il existe deux cas : les brises-lames immergés ou émergents (comme dans notre cas) qui sont mises pour garantir le maximum d’efficacité. 2. Pollution, quel origine? Afin de comprendre l’origine de la pollution de la plage de Hammam-Lif, on doit dé-zoomer sur le golfe de Tunis, voir les sources de rejets et le sens de courant d’eau principal.
Figure 162 : Plan de situation des courants généraux, Source: thèse de doctorat d’océanologie
124
Le plan de situation des courants généraux dans le Golfe de Tunis montre que les courants dans le Golfe sont dirigés vers Hammam-Lif.
Courant méditerranéen
Rejets D’eaux usées
Courant dans le Golfe
Rejets lagunaires
Zone industrielle
Rejets ponctuelles
Zone portuaire Figure 163 : Plan de situation des courants généraux, Source: thèse de doctorat d’océanologie, modification personnelle
On peut constater que les principales sources de pollution du Golfe sont : • Les oueds qui drainent les eaux pluviales chargées de matières solides et des eaux usées issues des agglomérations situées dans leurs bassins versants. • Les lagunes qui peuvent constituer aussi des sources de pollution. • Les rejets industriels de la zone industrielle (Ben Arous) constitue une vraie menace pour la lac Sud et par-suite la mer.
* «Etude’« in situ» du fonctionnement des brise-lames de protection du littoral sud du petit golfe de Tunis» de Moncef Sliti et Claude Viguier 125
Bibliographie Court traite du paysage, Alain Roger, Edition Gallimard, 1997 L’homme dans le paysage, Alain Corbin, Collection « Histoire », 2001 La pensée paysage, Collot Mickel, Edition Actes Sud Arles, 2011 La musique du paysage, Furnelle Vincent, Edition les presses agronomiques de Gembloux, 2015
L I V R E S
La mémoire, l’histoire, l’oubli, Paul Ricoeur L’eau et les rêves, Bachelard Gaston, France:s.n, 1942 Genius Loci: paysage, ambiance, architecture, Christian Norberg-Schulz, Edition margada, 1981 Atmosphères, Peter Zumthor, Edition Birkhauser, 2006
Ambiance(s), ville, architecture, paysages, Anne Laporte, Nicolas Tixier, Ecole Nationale d’Architecture de Grenoble), 2017 Du paysage à l’ambiance: le paysage multisensoriel-propositions théoriques pour une action urbaine sensible, Théa Manola, Elise Geisler, Larep/ENSP Versailles, France, 2012 La notion de paysage, éléments de reflexion pour une pédagogie dans le domaine du paysage, Bernard Davasse, Ecole d’Architecture et de paysage de Bordeaux, 2013 Architecture inspirée du paysage, Gare maritime dans la baie Tadoussac, Annie Malouin, Université Laval, 2011
T H E S E S
Conditions et apports du paysage multisensoriel pour une approche sensible de l’urbain, Théa Manola, Université Paris-EstEcole doctorale»Ville, transport, territoire» Le paysage vecteur de formes urbaines, Litaudon Nicolas, Ecole Nationale Supérieures Architecture Lyon, 2021
126
Le rivage comme image de l’architecture la limite comme espace experientiel sensoriel, Romy Brosseau, Université Lava, 2014 Mise en scène d’un paysage à caractère le circuit recreatif de Ain El Kannssira kalous, Boufaden Ghassen, Ecole Nationale d’Architecture et d’Urbanisme, 2017
M E M O I R E S
La reconstruction du lieu, Amir Krichen, Ecole Nationale d’Architecture et d’Urbanisme, 2019 Reveler le paysage- dialogue entre l’Homme, l’Architecture et le Lieu, Mickael Loof, Université Catholique de Louvain, 2018 La mémoire de l’eau, Amir Myriam, Ecole Nationale d’Architecture et d’Urbanisme, 2018 La reminiscence de l’eau, Sfax entre Terre et Mer, Abir Ezzedine, Ecole Nationale d’Architecture et d’Urbanisme, 2020
https://www.turess.com/fr/letemps/45710 https://www.researchgate.net/publication/315392882_Effets_des_briselames_sur_une_cote_mediterraneenne_microtidale_cas_du_littoral_ de_Hammam-Lif_Tunisie_Nord-Orientale https://lapresse.tn/87068/hammam-lif-ville-oubliee-plage-defiguree/ https://www.al-sabil.tn/?p=6064 https://www.lemieuxetre.ch/eau/frame_eau_histoires_symbolique.htm
S I T E S
https://www.ledifice.net/3021-9.html
W E B
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S I T E S W E B
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S I T E S W E B F I L M
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Les plages d’Agnès, Agnès Varda, 2008
129
Table des figures Figure 1 : Paul Cézanne, Landscape in Provence, Nr. 79, 2006.
17
Figure 2 : Interroger le paysage,Source: schéma personnel
19
Figure 3 : L’expérience sensorielle du paysage Source: collage personnel
21
Figure 4 : Le paysage, une représentation mentale, Source: collage personnel
23
Figure 5 : La mémoire personnelle, Source: schéma personnel
24
Figure 6 : La mémoire collective, Source: schéma personnel
25
Figure 7 : L’expérience du lieu Source: schéma personnel
27
Figure 8 : Création d’ambianceSource: Collage personnel
28
Figure 9 : Première vague Source: schéma personnel
30
Figure 10 : Formes d’eau Source: Collage personnel
34
Figure 11 : Les 4 éléments Source: schéma personnel
35
Figure 12 : Swimming in knowledge, Source: Luke Howard, modifications personnelles
36
Figure 13 : L’aquarium de Copenhague Source: Adam Mørk
37
Figure 14 : Benesse House MuseumSource: Niko Poljanšek
37
Figure 15 : Paletas de cor Source: Cátia Duarte Designs
38
Figure 16 : Les types de littoraux, Source: Pinterest.com , modifications personnelles
39
Figure 17 : Le littoral face aux interventions humaines Source: schéma personnel
41
Figure 19 : Modes de submersion marine Source: Travail personnel
42
Figure 18 : risques littoraux Source: Travail personnel
42
Figure 20 : Erosion de côte meuble Source: Travail personnel
43
Figure 21 : Erosion de côte rocheuse Source: Travail personnel
43
Figure 22 : Le littoral face aux interventions humaines, Source: schéma personnel
45
Figure 23 : Deuxième vague Source: schéma personnel
46
Figure 24 : Tunisie
50
Source: Travail personnel
Figure 25 : Gouvernement de Ben Arous Source: Travail personnel
50
Figure 26 : Panorama Source: prise personnelle
50
Figure 27 : Caractéristiques physiques de la ville Source: Goggle earth,modification personelles 51 Figure 28 : Plan topographique Source: Google, modifications personnelles
52
130
Figure 29 : Coupe montrant les 3 zones Source: Travail personnel
52
Figure 30 : Evolution de la ville Source: schémas personnels
54
Figure 31 : La ville aujourd’hui Source: Google earth et PAU, modifications personnelles
55
Figure 32 : Unités et formes paysagères Source: Google earth, modifications personnelles 56 Figure 33 : Cartepaysagères Source: Google earth, modifications personnelles
56
Figure 34 : Infrastructure et accessibilité Source: Google earth, modifications personnelles 57 Figure 35 : ‘Dharbet Essif’ Source: Illustration personnelle
58
Figure 36 : Repères paysagers Source: Google earth, modifications personnelles
58
Figure 38 : Comparaison du nombre de population Source: pudding.cool (2015)
59
Figure 37 : Rapport plein/vide Source: Google earth, modifications personnelles
59
Figure 40 : Source de pollution Source: Illustration personnelle
60
Figure 39 : Carte bleue Source: Google earth et PAU, modifications personnelles
60
Figure 41 : Pollution marine Source: Illustration personnelle
61
Figure 42 : Troisième vague Source: schéma personnel
62
Figure 43 : Le nouveau front de mer d’Aarhus Source: BIG (Archdaily.com)
66
Figure 44 : Processus de conception Source: BIG, modifications personnelles
67
Figure 46 : Différentes activités, Source: Rasmus Hjortshoj, modifications personnelles.
68
Figure 45 : Plan du Harbour Bath Source: architectural-review, modifications personnelles. 68 Figure 47 : Escalier desservant la piscine de plongée Source: Rasmus Hjortshoj, modifications personnelles. 69 Figure 48 : Promenade d’observation et saunas Source: Rasmus Hjortshoj, modifications personnelles 69 Figure 50 : Parti urbain Source: ArchDaily, modifications personnelles
70
Figure 49 : La promenade balnéaire de Tel Aviv Source: Aviad Bar-Ness (Archdaily.com)
70
Figure 52 : Continuité urbaine Source: ArchDaily, modifications personnelles
71
Figure 51 : Master Plan, Source: ArchDaily, modifications personnelles
71
Figure 54 : Schéma analytique Source: travail personnel
72
Figure 53 : La nouvelle cote Source: Guy Cohen modifications personnelles.
72
Figure 56 : Ambiance nocturne Source: Site-web du Landezine International Landscape Award 73
131
Figure 55 : Textures, Source: ArchDaily, modifications personnelles
73
Figure 57 : Promenade urbaine, Source: Site-web du Landezine International Landscape Award 73 Figure 59 : Plan masse Source: ArchDaily, modifications personnelles
74
Figure 58 : PAVILLON DULWICH Source: JOAKIM BORÉN (divisare.com)
74
Figure 61 : Nouvelle perception Source: JOAKIM BORÉN, modifications personnelles
75
Figure 60 : Plan RDC, Source: ArchDaily, modifications personnelles
75
Figure 62 : Composantes structurelles Source: ArchDaily, modifications personnelles
76
Figure 63 : Pavillon Suisse Source: JOAKIM BORÉN (divisare.com)
77
Figure 64 : Esquisse conceptuelle de l’architecte, Source: Corps sonore suisse, modifications personnelles 78 Figure 65 : Plan masse, Source: Corps sonore suisse, modifications personnelles
78
Figure 67 : Structure de la toiture, Source: Floornature architecture et surface, modifications personnelles 79 Figure 66 : Coupe schématique Source: Eliza P Montgomrey, modifications personnelles 79 Figure 68 : Agencement des matériaux, Source: Zumthor. Pabellon Hannover, slideshare 80 Figure 70 : Ambiance, lumière tamisée Source: Zumthor. Pabellon Hannover, slideshare
80
Figure 69 : Effet de la lumière sur les boisSource: Zumthor. Pabellon Hannover, slideshare, modifications personnelles 80 Figure 71 : Ambiance,son Source: Corps Sonore Suisse
81
Figure 72 : Relation avec le ciel Source: Travail personnel
81
Figure 73 : Pavillon Suisse, Source: Steinar Skaar (archilovers.com)
82
Figure 75 : Perception visuelle Source: modification personnelle
82
Figure 74 : Formes, Source: Steinar Skaar, modifications personnelles
82
Figure 76 : Lecture de l’espace interieur Source: Travail personnel
83
Figure 77 : Synthèse 1 Source: Travail personnel
84
Figure 78 : Synthèse 2 Source: Travail personnel
84
Figure 79 : Synthèse 3 Source: Travail personnel
85
Figure 80 : Synthèse 4 Source: Travail personnel
85
Figure 81 : Synthèse 5 Source: Travail personnel
86
Figure 82 : Délimitation de la zone d’étude Source: Google earth, modifications personnelles 90
132
Figure 83 : Présentation de la zone d’étude Source: PAU, modifications personnelles
91
Figure 84 : Rue bloquée Source: Illustration personnelle
91
Figure 85 : En Pause Source: Illustration personnelle
91
Figure 87 : Coupe schématique sans les brises-lames Source: Schéma personnel
92
Figure 89 : Coupe schématique avec les brises-lames Source: Schéma personnel
92
Figure 86 : Plan de la zone sans les brises-lames Source: PAU, modifications personnelles 92 Figure 88 : Plan de la zone avec les brises-lames Source: PAU, modifications personnelles 92 Figure 90 : Plan de l’état actuel, Source: PAU, modifications personnelles
93
Figure 91 : Coupe schématique Source: Schéma personnel
93
Figure 93 : Hauteurs, Source: PAU, et un relevé personnel
94
Figure 94 : Skyline du voisinage du CasinoSource: schéma personnel
94
Figure 95 : Vocations selon PAU, Source: PAU, modifications personnelles
94
Figure 92 : Plein et vide, Source: PAU, modifications personnelles
94
Figure 96 : Vocations Source: PAU, et un relevé personnel
95
Figure 97 : Zonning du parcours, Source: PAU, modifications personnelles
95
Figure 98 : Le parcours, Source: PAU, modifications personnelles
95
Figure 99 : Schématisation, Source: schéma personnel
96
Figure 100 : Dissymétrie, Source: Illustration personnelle
96
Figure 101 : Ouverture Source: Illustration personnelle
96
Figure 104 : Textures. Source: Illustration personnelle
97
Figure 105 : Bruit. Source: Schéma personnel
97
Figure 102 : Événement. Source: Illustration personnelle
97
Figure 103 : Palette de couleurs. Source: Illustration personnelle
97
Figure 108 : Squatteurs, Source: Schéma personnel
98
Figure 106 : Déchets, Source: Illustration personnelle
98
Figure 109 : Pratique sociales, Source: Schéma personnel
98
Figure 107 : Odeurs, Source: Schéma personnel
98
Figure 110 : Définition latérale. Source: Illustration personnelle
98
133
Figure 111 : Définition latérale et fermeture. Source: Illustration personnelle
98
Figure 115 : Odeurs. Source: Illustration personnel
99
Figure 113 : Textures S2. Source: Illustration personnelle
99
Figure 114 : Son des vagues. Source: Schéma personnel
99
Figure 116 : Odeurs. Source: Schéma personnel
99
Figure 112 : Palette de couleurs S2. Source: Illustration personnelle
99
Figure 117 : Brise-lame comme espace de rencontre. Source: Schéma personnel
100
Figure 120 : Palette de couleurs S3. Source: Illustration personnelle
100
Figure 119 : Point repère. Source: Illustration personnelle
100
Figure 118 : Flux piéton l’après-midi. Source: Schéma personnel
100
Figure 125 : Pratiques sociale S3, Source: Illustration personnelle.
101
Figure 123 : Pollution. Source: Illustration personnelle
101
Figure 121 : Textures S3. Source: Illustration personnelle
101
Figure 122 : Son des vagues S3. Source: Schéma personnel
101
Figure 126 : Flux piéton l’après-midi S3, Source: Schéma personnel
101
Figure 124 : Odeurs S3, Source: Schéma personnel
101
Figure 127 : Le casino en 1900, Source: Carte postale, modifications personnelles
102
Figure 129 : Ancienne façade Sud-Ouest, Source:Carte postale , modifications personnelles 102 Figure 131 : Ancienne façade Nord-Est, Source:Carte postale , modifications personnelles 102 Figure 130 : Nouvelle façade Sud-Ouest, Source: , illustration personnelle
102
Figure 132 : Nouvelle façade Nord-Est, Source: , illustration personnelle
102
Figure 128 : Le casino en 2021, Source: Google earth , modifications personnelles
102
Figure 134 : L’état actuel de la sirène , Source: Illustrations personnelles
103
Figure 133 : Emplacement, Source: Google earth modification personnelles
103
Figure 135 : Organisation fonctionnelle plan RDC, Source: travail personnel.
104
Figure 136 : Organisation fonctionnelle niveau 1, Source: travail personnel.
104
Figure 137 : Aspect formelle de la sirène, Source: Illustration personnelle.
104
Figure 138 : Cadrage de vue depuis le RDC, Source:photo et modification personnelle.. 105 Figure 139 : Cadrage de vue depuis le premier niveau, Source:photo et modification person-
134
nelle..
105
Figure 140 : Premières intentions, Source: Google earth, modifications personnelles
112
Figure 141 : Axes de réflexions, Source: Schéma personnel
112
Figure 142 : Programme général, Source: Schéma personnel
113
Figure 143 : Activités, Source: Schéma personnel
113
Figure 144 : Organigramme fonctionnel, Source: Schéma personnel
114
Figure 145 : Intentions, Source: Schéma personnel
115
Figure 146 : Prolongation des axes, Source: Google earth, modifications personnelles
116
Figure 147 : Connexion visuelle , Source: Schéma personnel
116
Figure 148 : Genèse de sous-espaces, Source: Schéma personnel
116
Figure 149 : Redéfinir les brises-lames, Source: Google earth, modifications personnelles 117 Figure 151 : Vagues , Source: Google earth, modifications personnelles
117
Figure 150 : Brise-lame , Source: Schéma personnel
117
Figure 154 : Théâtre de la mer, Source: schéma personnel
118
Figure 152 : Parcours d’eau, Source: schéma personnel
118
Figure 153 : Jetées, Source: schéma personnel
118
Figure 156 : Dispositifs d’ombrage, Source: schéma personnel
119
Figure 155 : Profil de la rue, Source: schéma personnel
119
Figure 157 : Contexte, Source: Google earth, modifications personnelles
120
Figure 158 : Démolition, Source: Google earth, modifications personnelles
120
Figure 159 : Genèse du projet, Source: Schéma personnel
121
Figure 160 : Interactions, Source: Schéma personnel
121
Figure 162 : Plan de situation des courants généraux, Source: thèse de doctorat d’océanologie 124 Figure 161 : Composantes des brises-lames, Source: Schéma personnel
124
Figure 163 : Plan de situation des courants généraux, Source: thèse de doctorat d’océanologie, modification personnelle 125
135
Table des matières Remerciement Sommaire Introduction Problèmatique Méthodologie
4 6 8 10 12
Chapitre I: l’esthétique sensible du paysage 1- Interroger le paysage 2- Bidimensionnalité du paysage
14 16 18
2.1- Paysage objectif
18
2.2- Paysage subjectif
19
3- L’expérience sensorielle du paysage 3.1- Le paysage comme perception visuelle 3.2- Le paysage polysensoriel
20 20 20
4- Le paysage, lieu de mémoire 4.1- Le paysage comme palimpseste 4.2- Le paysage, une représentation mentale 4.3- Interroger la mémoire 5- L’expérience du lieu 5.1- Rencontre du lieu 5.2- Le genius loci (l’esprit / le génie du lieu)
22 22 22 24 26 26 26
6- Du paysage à l’ambiance 6.1- Définir l’ambiance du lieu
28 28
6.2- Croisement de l’ambiance et du paysage 7- Synthèse
29 30
Chapitre II: Pensées aquatiques
32
I. L’eau
34 1- Généralité
34
2- La symbolique de l’eau
35
2.1- Source de vie
35
2.2- Pureté et purification
36
2.3- La sagesse
36
3- L’eau, composante du paysage II. Le littoral
37 38
1- L’espace limite
38
2- L’expérience du littoral
38
136
3- Les différents types de littoraux
39
4- L’homme et les littoraux
40
4.1- Le tourisme littoral et le loisir
40
4.2- La pêche et l’aquaculture
40
4.3- L’industrie
40
4.4-L’énergie marine
41
5- Les risques qui menacent le littoral
42
5.1- Définition
42
5.2- La submersion marine 5.3- L’érosion
42 43
5.4- L’impact du changement climatique 5.5- Les mesures de protection
44 45
III. Synthèse
46
Chapitre III: Hammam Lif, la ville entre mer et montagne 1-Situation géographique
48 50
2- Caractéristiques physiques de la ville
51
2.1- Topographie
52
2.2- Climatologie
53
3- De la montagne est née une ville
53
3.1- Aperçu historique
53
3.2- Evolution du paysage urbain
53
4- Lecture paysagère
56
5- Infrastructure et accessibilité
57
6- Repères paysagers
58
7- Densité urbaine
59
8- Etat de l’environnement
60
9- Synthèse
62
Chapitre IV: Etude référentielle
64
1- Interventions urbaines
66
1.1- Le nouveau front de mer d’Aarhus
66
1.2- La nouvelle promenade balnéaire de Tel Avic
70
137
2- Interventions éphémères
74
2.1- Le pavillon Dulwich
74
2.2- Le pavillon suisse
77
2.3- Halte routière d’Akkarvik
82
3- Synthèse
84
Chapitre V: Rencontre d’un paysage
88
1- Justification du choix de a zone d’étude
90
2- Présentation du contexte d’étude
91
3- L’effet des brises-lames sur la côte
92
4- Densité urbaine
94
5- Lecture fonctionnelle
94
6- Vers une découverte du paysage
95
6.1- Choix du parcours
95
6.2- Schématisation du parcours
96
6.3- Analyse séquentielle
96
6.3.1- Séquence 1 *Lecture visuelle
96 96
*Lecture haptique
97
*Lecture sonore
97
*Perception olfactive
98
*Pratiques sociales
98
6.3.2- Séquence 2
98
*Lecture visuelle
98
*Lecture haptique
99
*Lecture sonore
99
*Perception olfactive
99
*Pratiques sociales 6.3.2- Séquence 3
100 100
*Lecture visuelle
100
*Lecture haptique
101
*Lecture sonore
101
138
*Perception olfactive
101
*Pratiques sociales
101
7- Repères
102
7.1- Le casino au fil du temps
102
7.2- La sérène espace fontôme
103
*Introduction
103
*Organisation fonctionnelle
104
*Aspect formelle
104
*La vue
105
*Diagnostic
106
*Conclusion
106
8- Synthèse Chapitre VI: Composer avec le paysage
108 110
1- Introduction
112
2- Le programme
112
2.1- Le programme général (urbain)
113
2.2- Le programme du pavillon de l’eau (la sirène)
114
3- Démarche conceptuelle
115
3.1- Composer avec le paysage, réveler l’essence du lieux
116
3.2- Redécouvrir la sirène, capter son essence
120
Conclusion générale Annexe Bibliographie Tables des figures
122 124 126 130
139
140