FOCUS pme – N° 1 / 2014

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Le magazine indépendant des PME suisses Numéro 1 / Mai 2014 6 fr. 80 www.focuspme.ch

Les fils de charles favre

L’héritage d’une drôle de Dame Patrice Walpen perpétue le succès de «La petite maison des grands vins»


Vision à long terme.

La beauté intemporelle: découvrez carrelages et pierres naturelles dans une diversité incomparable et quasi infinie de teintes, formes, textures et structures. Dans l‘une des 15 expositions de SABAG, votre fournisseur suisse de pointe.

Baden-Dättwil 056 483 00 00 Basel 061 337 83 83 Bienne 032 328 28 28 Cham 041 741 54 64 Crissier 021 633 06 80 Delémont 032 421 62 16 Genève 022 908 06 90 Hägendorf 062 209 09 09 Köniz 031 979 56 56 Neuchâtel 032 729 94 94 Porrentruy 032 465 38 38 Rapperswil-Jona 055 225 15 00 Rothenburg 041 289 72 72 Yverdon-les-Bains 024 423 44 44 Zürich 044 446 17 17 SABAG BIEL/BIENNE, Rue J. Renfer 52, 2501 Bienne

sabag.ch


édito

impressum

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Entreprenons !

www.focuspme.ch Numéro 1 / MAI 2014 Tirage: 27 000 exemplaires

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Éditeur

W. Gassmann AG Längfeldweg135 Case postale 1344 2501 Bienne Tél. 032 344 81 11 info@focuspme.ch

ous tenez entre les mains le premier numéro d’un nouveau magazine économique romand: FOCUS pme. Ce mensuel vous est destiné. Vous, les patrons de petites et moyennes entreprises suisses, êtes le moteur de l’économie réelle, source de création d’emplois. De notre côté et à notre échelle, nous avons souhaité, par la création de ce magazine, vous apporter notre soutien. En tant qu’entrepreneur, il vous faut d’abord une vision, celle d’un nouveau service, d’un produit innovant ou d’un marché à prendre. Malheureusement, avoir une idée ne suffit pas. Il faut ensuite passer les phases de conception et de réalisation en faisant preuve de pugnacité dans les moments difficiles. Ce n’est pourtant pas tout. Une fois l’entreprise lancée, la bataille est loin d’être terminée. A vrai dire, le sera-t-elle un jour? Devenir patron, c’est accepter non seulement de travailler sept jours sur sept, mais aussi de se remettre sans cesse en question pour aller de l’avant avec succès. Là encore, FOCUS pme vous accompagne à coup d’explications utiles à votre réussite, de précisions amenées par un panel d’experts reconnus, de progression pour améliorer vos capacités managériales et de conseils en communication, la pub et le marketing étant le nerf de la guerre. Et parce que la consommation et les ventes sont la base de la réussite des entreprises, mais également et surtout parce qu’il n’y a pas que le travail dans la vie (si, si, même quand on est un entrepreneur), nous avons sélectionné des gadgets destinés à compléter votre panoplie de super patron.

responsable éditorial

Thierry Vial thierry.vial@inedit.ch Rédactrice en chef

Nathalie Praz nathalie.praz@inedit.ch Ont participé à ce numéro

Laetitia Wider Stephan Cyr Franck Belaich Maxime Morand Xavier Oberson Marie-Gisèle Danthe Laurent Ashenden Jean Laville Sébastien Fanti Graphisme

Xavier Cerdá / Inédit Publications SA Avenue Dapples 7 Case postale 900 1001 Lausanne Photos

Vanina Moreillon Fotolia iStockPhoto Publicité

Serge Bornand Inédit Publications SA Avenue Dapples 7 Case postale 900 1001 Lausanne Tél. 021 695 95 67 serge.bornand@inedit.ch

Que la réussite soit avec vous! ●

Abonnement

E-mail: abo@focuspme.ch Prix au numéro: 6 fr. 80 Abonnement annuel: 60 fr. Impression

Ziegler Druck- und Verlags-AG CH - 8401 Winterthur Couverture: Patrice Walpen, photographié par Vanina Moreillon

FOCUS PME

PHoto: Florence Jacquinot

Adresse de la rédaction: info@focuspme.ch

Nathalie Praz rédactrice en chef


suggestions

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Numéro 1 / Mai 2014

VISION L’héritage d’une drôle de Dame de Sion Micheline Favre, épouse de JeanPierre Favre et présidente du conseil d’administration et Patrice Walpen, directeur des Fils de Charles Favre.

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PRÉCISION Décompte horaire, vers une souplesse toujours (trop?) rigoureuse

introduction

explications

3 3 4

30 Les étudiants, un pari gagnant pour les entreprises

Edito Impressum Suggestions

informations

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L’actualité en bref

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La PME du mois

Les Fils de Charles Favre

réalisation 24

Le business case de Cenovis

PRÉCISION Bitcoin: la monnaie du futur?

précisions 38

Ressources humaines

La représentation du pouvoir par Maxime Morand 40

vision

44

Droit du travail

Le décompte horaire par Marie-Gisèle Danthe 42

Communication

La responsabilité d’entreprise par Laurent Ashenden et Jean Laville 44

Techno

L’avenir du Bitcoin par Sébastien Fanti

conception

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28

L’échange automatique de renseignements par Xavier Oberson

Le lancement de Float Inn

Fiscalité

FOCUS PME

PHotos: VANINA MOREILLON, Serg Nvns / Fotolia, ulchik74 / Fotolia, mcmaster639 / Fotolia ET DR ILLUSTRATIONS: artenot / Fotolia ET DR

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PROGRESSION L’art du recrutement

64

IMMERSION Maître horloger: la passion du temps pour l’éternité

inspirations

immersion

48 Des idées de business venues de l’étranger à copier (ou pas…)

64 Au cœur du métier de maître horloger

progression

consommation

51

L’art du recrutement

54

La clé pour devenir un super patron

56 Utiliser le web pour faire parler de sa PME

discussion 58

Face à face

Pour ou contre le salaire minimal?

communication 60 Valeur et prix, lequel mène la danse? 62 Décryptage d’une publicité Grellor FOCUS PME

FOCUS pme est également disponible sur iPad et iPhone

66 Cinq objets tendance pour les super patrons


informations

FOCUS PME


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Le moral des patrons de PME au beau fixe Les directeurs des petites et moyennes entreprises helvétiques ont le moral à la hausse. Selon le baromètre 2014 d’Ernst & Young (EY), deux PME sur trois sont très satisfaites de leur situation commerciale actuelle, contre 53% seulement lors de l’édition 2013 de l’enquête. Outre la conjoncture nationale stable, les sociétés suisses peuvent désormais compter sur le rebond de la demande étrangère. Si l’Allemagne demeure le principal client des PME helvétiques, d’autres pays européens présentent également de belles impulsions de croissance grâce à la reprise économique globale de la région. Selon EY, les petites et moyennes entreprises devraient poursuivre sur leur lancée positive. Quelque 42% d’entre

Tout chocolat!

C’est la quantité en tonnes de produits chocolatés consommés par les Suisses en 2013 (soit 12 kg en moyenne par habitant), 69 399 provenant de 18 entreprises helvétiques, le solde de l’importation. Au total, les fabricants suisses ont vendu 179 061 tonnes pour 1,683 milliard de francs. En hausse par rapport à 2012. Régalez-vous sans modération! www.chocosuisse.ch

FOCUS PME

commerciale ces six prochains mois, contre 4% qui anticipent une détérioration. Quant à la conjoncture nationale, 50% des sondés pensent qu’elle va s’améliorer en 2014, alors que 6% seulement prévoient une péjoration. L’optimisme n’a jamais été aussi haut depuis le lancement PHOto: Chepko Danil / Fotolia • ILLUSTRATION: Thodoris Tibilis / Fotolia

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elles s’attendent à une embellie de leur situation

du baromètre en 2008. Du côté des chiffres d’affaires, 53% des patrons s’attendent à une hausse cette année. Ils ne sont que 20% à craindre un repli. L’augmentation moyenne des ventes est estimée à 1,2%, contre 0,9% lors de l’enquête 2013. Interrogées sur leurs objectifs d’investissements, plus d’un quart des PME répondent qu’elles prévoient un rebond en rythme annuel. A l’inverse, elles sont 8% à escompter un recul. Le baromètre d’EY se base sur les commentaires de 700 directeurs et propriétaires de petites et moyennes entreprises helvétiques. Les sondages téléphoniques se sont déroulés durant les deux premiers mois de l’année 2014. ● Source: www.kmu.admin.ch


informations

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epuis le 23 janvier dernier, Alessandro Soldati, Théo Favre et Samuel Rossier, trois jeunes étudiants fraîchement sortis de HEC, ont lancé, depuis Lausanne, un concept de vente en ligne avec un système d’achat jamais utilisé auparavant. Chez Cronodeal.ch, contrairement aux autres sites web, les enchères ne se font pas à la hausse mais à la baisse. Ainsi, l’objet du jour (un peu sur le principe du populaire site Qoqa.ch) est introduit au prix

pratiqué sur le marché. «C’est aux internautes de définir le prix qu’ils estiment juste», explique l’un des cofondateurs. S’ils se montrent trop gourmands sur le rabais espéré, ils risquent de louper la vente. Petite explication: le 30 janvier à 9 heures, un chargeur USB a été mis en vente au prix initial de 38 fr. 50. Le prix final s’est arrêtée à 21 fr. 95, une fois que la dernière enchère proposée a atteint la limite du stock disponible. Dès lors, tous les internautes qui avaient misé entre 38 fr. 50 et 21 fr. 95 ont reçu un mail confirmant la vente au dernier prix proposé soit 21 fr. 95. Pour finaliser l’opération, l’acheteur doit valider sa commande par un paiement électronique dans les quarante-huit heures. En conclusion, 70 chargeurs USB ont été écoulées et les acheteurs ont bénéficié d’un discount de 43%. Le plus gros rabais obtenu sur le site a frôlé les 80% et certains objets ont été «sold out» en moins de deux heures! Chez Cronodeal.ch, il y en a pour tous les goûts: iPad mini, skis, barbecues, téléviseurs, trampolines, bijoux, casques audio… et même des sauts en parachute! Ce projet innovant semble avoir de beaux jours devant lui. Il est récemment arrivé parmi les treize finalistes des Swiss Startups Awards (sur plus de 100 candidats) et a obtenu le soutien de la fondation à la création d’entreprises Genilem. «Une nouvelle version du site internet en trois langues et avec des facilités d’utilisation verra le jour au début de mai», se réjouit Alessandro Soldati. ● N.P.

Je crée, tu crées, il crée, vous créez Devenir son propre patron, beaucoup en rêvent. Et ils sont nombreux à sauter le pas selon les récentes statistiques. Durant le premier trimestre 2014, ce ne sont pas moins de 10 568 nouvelles sociétés qui ont été inscrites au Registre du commerce (RC) en Suisse, soit une moyenne d’environ 117 sociétés par jour! Selon Bisnode et IFJ, deux organes d’aide à la création d’entreprises, ces trois premiers mois ont atteint l’un des plus importants pics de ces dernières années. Et cela ne devrait pas s’arrêter en si bon chemin. Les experts de Bisnode estiment que, sur l’ensemble de l’année 2014, le nombre de nouvelles inscriptions au RC va atteindre 42 000. Un nouveau record!

● N.P. FOCUS PME

Illustration: © jr casas / Fotolia.com - Photos: DR

Cronodeal invente les enchères à la baisse

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Une messagerie mobile colorée «swiss made»

U

ne nouvelle application de messagerie mobile 100% lausannoise entend bouleverser la manière de communiquer des adolescents. Le mois dernier, la start-up Fontself a

sorti une application qui allie messagerie et technologies typographiques. La petite entreprise est déjà à l’origine de Fontfix, une application qui permet d’envoyer des messages e-mails, Facebook ou encore des SMS avec une police personnalisée. Elle a aujourd’hui dépassé les 350 000 téléchargements. En 10 jours, la dernière-née, qui se calque sur le fonctionnement du leader WhatsApp, comptabilise déjà plus de 5000 téléchargements. Son créateur Franz Hoffman nous parle de son projet. Quelles attentes pour la sortie de cette nouvelle application? Elle vise un public très ciblé de jeunes utilisateurs. C’est une génération à la recherche d’une manière plus personnelle d’échanger. L’utilisation de nos polices de caractères illustrées leur offre cette possibilité. Comme le marché de la messagerie est en pleine effervescence, nous sommes très attentifs aux retours de nos premiers utilisateurs pour mieux comprendre leur perception de notre offre.

Franz Hoffman, fondateur de Fontself.

Car au-delà de nos propres applications, c’est potentiellement tout un secteur qui pourrait bénéficier de ces technologies créatives.

Sur ce marché très concurrentiel, quelles sont les principales difficultés rencontrées?

Quels objectifs vous êtes-vous fixés?

Le premier problème, c’est la visibilité sur un marché très saturé.

On tient surtout à fédérer et à servir au mieux la communauté de

Ensuite, le principal challenge, propre à la messagerie, consiste à

nos utilisateurs les plus actifs afin que cette personnalisation des

créer un effet de réseau lors de la première installation de l’applica-

messages devienne une habitude récurrente. Il y a encore beaucoup

tion. Pour que l’application fonctionne pleinement et vous permette

de solutions originales que l’on peut apporter pour créer des nou-

d’avoir des discussions, vos amis doivent aussi l’installer. Il faut donc

velles expériences de chat sur mobile. Ceci n’est qu’un tout premier

que notre proposition soit suffisamment pertinente pour que le

pas. A terme, nous voulons vraiment enrichir la palette créative de

bouche-à-oreille fonctionne. Alors plutôt que de nous focaliser sur

cette application avec plus de styles et des polices personnelles,

le nombre de téléchargements, nous nous attaquons dans un pre-

dont une partie payante.

mier temps à la question de l’expérience utilisateur. ● L.W.

PHOTOS:: Ezio Gutzemberg / Fotolia ET DR • PHOTOMONTAGE: INÉDIT PUBLICATIONS SA

A travail égal, salaire… Le 7 avril 2014, la femme salariée française a – enfin – gagné le même salaire que son collègue masculin. Pour cela, elle aura dû travailler trois mois et sept jours de plus que lui!

En Suisse, le constat est légèrement moins alarmant puisque c’est en date du 7 mars dernier que ce «grand» jour a eu lieu. Appelée «Equal Pay Day», cette manifestation est organisée par l’association Business and Professional Women (BWP) pour dénoncer les différences salariales persistantes entre femme et homme. D’autres pays, quant à eux, devront encore patienter jusqu’à cet été… ● N.p.

FOCUS PME


C’est l’impact qui fait la différence. Avec la lettre publicitaire, vous convaincrez personnellement et directement votre groupe cible. Pratiquement aucune limite n’est imposée à votre créativité. A votre succès non plus. Faits, exemples de réussite et inspiration: poste.ch/impact


informations

Les PME profitent moins de la reprise que les grandes sociétés

E

Eric Balet, président du réseau suisse GENILEM.

Vendre! La survie des entreprises Avoir un bon produit ou un service original est certes important. Mais toute entreprise est vouée à l’échec si elle n’arrive pas à concrétiser des ventes. Trop souvent, l’entrepreneur est en recherche perpétuelle de fonds auprès de prêteur oubliant que la source de financement principal peut être apportée par une augmentation des ventes découlant sur une croissance continue du chiffre d’affaires. Forte de ce constat, l’association GENILEM, qui a pour vocation d’accompagner les entreprises innovantes en démarrage, a mis en place le «Sales Challenge». Son objectif est d’aider toutes les pme, y compris celles qui ne bénéficient pas déjà de l’assistance de l’association. «Le soutien à l’acquisition fait depuis longtemps partie de nos priorités, rappelle Eric Balet, président du réseau suisse GENILEM. Une bonne stratégie marketing est obligatoire pour réussir.» Concrètement, le fondateur pourra dorénavant demander un diagnostic sur sa capacité au ILLUSTRATION: shockfactor.de / Fotolia • PHOTO: DR

développement commercial. Si ce service est gratuit, les cours proposés pour combler les éventuelles lacunes seront payants. «Les formations, données par les coachs de GENILEM, seront cependant abordables, assure Eric Balet. Quelques centaines de francs pour un à deux jours de cours. Notre souhait est d’aider les entreprises à augmenter, de manière significative, la réalisation des ventes et d’améliorer leurs compétences commerciales.» Envisager la réussite d’un projet en termes de vente est donc la clé du succès. ● N.P.

FOCUS PME

n Suisse, la reprise économique profite davantage aux grandes entreprises industrielles qu’aux petites et moyennes sociétés. Le baromètre des PME établi par la banque UBS a légèrement baissé en janvier à moins 0,47 point, contre moins 0,45 point un mois auparavant. De son côté, le baromètre des grandes entreprises a bondi de moins 0,24 point en décembre 2013 à 0,25 point durant le premier mois de 2014. Les auteurs de la recherche précisent que cette catégorie de sociétés est parvenue à augmenter sa production ces derniers mois. Par contre – et c’est aussi le cas pour la catégorie des PME – elle juge toujours ses effectifs trop importants. Dans le secteur du bâtiment, une hausse trimestrielle des commandes est relevée aussi bien par les patrons des petites et moyennes que des grandes entreprises. Le personnel continue par ailleurs à être trop restreint. Côté rendement, les PME de la branche observent une stabilisation, alors que les sociétés de taille plus importante ont connu une hausse. Les prestataires de services – quelle que soit leur taille – estiment que la situation de leurs affaires est globalement bonne. Leur rendement a connu des fortunes diverses ces trois derniers mois: une amélioration est enregistrée dans les grandes sociétés, contre une stabilisation dans les PME. Les petites et moyennes entreprises actives dans le commerce de détail ont continué à connaître des difficultés en matière de rendement durant le trimestre dernier. Au contraire, les grandes sociétés ont réussi à stabiliser, voire à augmenter le leur. Dans le commerce de gros, la situation économique a poursuivi son embellie générale. Les PME ont profité d’une demande plus abondante que les grandes entreprises. ● Source: www.kmu.admin.ch

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réelles. C’est bien souvent le patron qui endosse cette «casquette» sans être un spécialiste dans ce domaine. La solution? Humanys, un nouveau service proposé par Interiman Group, propose désormais de «louer» un professionnel et de le rémunérer en fonction des prestations voulues par la pme. Les services se configurent en ligne sur la base d’un catalogue (www.humanys.ch) afin d’obtenir un devis détaillé et ainsi d’adapter ses besoins en fonction du budget envisagé. Ensuite, un spécialiste RH d’Humanys, qui pourrait fonctionner comme le nouveau responsable RH, rencontre le patron pour finaliser, ou non, le contrat. «Selon les prestations choisies par la PME, le spécialiste fonctionnera sur le site de l’entreprise

Un DRH à moins de 2000 francs par mois!

exactement comme s’il faisait partie du personnel de la PME,

Pour des raisons de taille critique, les entreprises comptant

Interiman. Sa présence physique permet au patron et aux

moins d’une soixantaine d’employés n’ont généralement pas de

collaborateurs de créer des liens et d’être capable de répondre

responsable RH à l’interne; une charge salariale trop importante.

à toutes leurs attentes. Sans compter que la personne déléguée

Néanmoins, les difficultés qu’elles peuvent rencontrer –

aux ressources humaines est joignable en permanence par

engagements, gestion des salaires, gestion des absences et des

téléphone.» Un service à la carte de grande qualité à un tarif

assurances sociales, gestion de crise, etc. – sont bel et bien

extrêmement concurrentiel! ●

à raison de quelques jours par mois, explique Michel Pollak, directeur de Humanys Solutions, une société du Groupe

N.P.

L

e 18 mai, toutes les PME auront les yeux rivés sur les résultats des votations avec l’acceptation ou non du salaire minimal. Mais pour certaines d’entre elles, dont la société fribourgeoise LPS Services, cette journée sera doublement importante. En effet, leur potentiel de croissance dépendra très fortement de l’achat par le Gouvernement suisse des avions Gripen. Cette PME, établie à Villars-sur-Glâne et qui emploie quinze salariés, a inventé en 2013 une nouvelle plateforme de télécommunication qui intègre de l’informatique et de la haute technologie de transmission (normes wi-fi) pour les avions militaires. Et dans le cas où le peuple accepterait l’achat des Gripen, cette société signera un contrat avec le constructeur aéronautique suédois SABB d’une valeur de 5 à 7 millions de francs sur cinq ans. Une manne financière conséquente pour LPS Services dont le chiffre

d’affaires 2013 se situait aux alentours de 6 millions de francs. «Audelà de mon entreprise, cela apportera de l’emploi dans notre région, assure son fondateur Jean-Luc Michoud, ingénieur en télécommunication et ancien colonel à l’armée. J’engagerai rapidement cinq employés et à moyen terme cinq personnes supplémentaires. Et selon les prévisions concernant les affaires compensatoires globales liées au Gripen, ce ne serait pas moins de 1000 places de travail qui verraient le jour en Suisse.» Quant aux autres entreprises suisses, elles bénéficieront, selon l’accord passé avec SAAB, de contrats à hauteur de 2,5 milliards de francs répartis de façon contractuelle entre les différentes régions selon leur PIB: 30% pour la Romandie, 65% pour la Suisse allemande et 5% pour le Tessin. A contrario, si les Suisses venaient à refuser l’achat des Gripen, de nom-

breuses PME en pâtiraient. «Pour nous, ce serait une sacrée douche froide, admet Jean-Luc Michoud. Par ailleurs, des pays comme la Thaïlande ou le Brésil, qui possèdent déjà des Gripen, pourraient rompre les négociations que nous avons déjà entamées avec eux pour équiper leurs avions avec notre technologie. Un non au Gripen apporterait un véritable flou artistique pour l’avenir de notre PME et pour toute l’industrie de l’armement et de la sécurité en Suisse qui mettrait alors à la porte plus de 15 000 collaborateurs avec une perte irrémédiable de ce type de compétence en Suisse.» ● N.P. FOCUS PME

PHOTOS: vege / Fotolia ET DR

Le Gripen, l’avenir des PME?


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PHOTO: DR

vision

LES FILS DE CHARLES FAVRE

L’héritage d’une drôle de

Jean-Pierre Favre La complicité entre la Dame de Sion. y, nn Ha et sa mère

Dame de Sion Depuis plus de septante ans, une «petite maison des grands vins» règne sur le centre de Sion. Entre traditions, innovations et buzz marketing, l’aventure familiale a encore de beaux jours devant elle, grâce à son directeur Patrice Walpen. TextE: nathalie praz /// PHOtos: VANINA MOREILLON

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lle s’appelait Hanny. Hanny Schröter, puis, une fois mariée, Hanny Favre. Mais c’est surtout au travers de son surnom que tous les Valaisans et les amateurs de vin la connaissaient. On l’appelait «La Dame de Sion». Sa renommée, son talent pour les affaires et son acharnement ont permis à la société viticole «Les Fils de Charles Favre» de devenir une référence dans le milieu des vins helvétiques. Naissance d’une tradition Petit retour en arrière. En 1944, une fois la guerre finie, les trois fils de Charles Favre commencent à vinifier à Sion. L’un d’entre eux, René-Pierre, épouse Hanny, une Haut-Valaisanne originaire de Viège, dans les années quarante. Mais le bonheur ne dure malheureusement pas longtemps. En 1960, l’encaveur, dans la quarantaine, meurt tragiquement. Sa veuve se retrouve seul à élever ses quatre garçons, dont Jean-Pierre, qui prendra les rênes de la société en 1975. Elle hérite de la cave tandis que ses deux beaux-frères reçoivent les vignes. Loin de se laisser abattre, elle suit les cours d’œnologie et devient ainsi la première femme œnologue de Suisse. Pour maintenir à flot l’entreprise de son mari et conserver les caves, elle s’entoure de deux personnes, un comptable et un caviste qui l’épauleront durant de nombreuses années. Cette femme atypique, bosseuse, qui apprend à évoluer dans un milieu viticole traditionnellement masculin et dans un canton valaisan avec

une mentalité de l’époque limitant l’accès des femmes au monde des affaires, ne se laisse pas faire. Elle obtiendra d’ailleurs en 1989 le Prix de la femme de l’année. Parlant couramment l’allemand, elle prend en charge l’aspect commercial et décide de sillonner les routes suisses allemandes à la conquête de nouveaux clients. Et cela malgré ses quatre enfants à charge. Elle écume les foires en vêtement traditionnel valaisan, plus précisément sédunois. Et elle fait mouche. Les gens n’allaient pas boire n’importe quel fendant, ils commandaient celui de «La Dame de Sion» en costume rouge et blanc. Une tradition est née et avec elle, l’un des premiers slogans marketing de la mai-

Les dates importantes 1944 Trois frères, René-Pierre, Benjamin et Charly (les fils de Charles Favre), créent la société en raison individuelle «Les Fils de Charles Favre». 1960 Hanny Favre, veuve de René-Pierre, reprend les rênes de la société. 1964 «Les Fils de Charles Favre» devient une société anonyme et Hanny Favre prend la présidence du conseil d’administration. 1975 En décembre, Jean-Pierre Favre, le fils de Hanny, prend la direction de la société. 2006 Hanny Favre décède et le monde viticole valaisan perd sa Dame de Sion. 2010 Jean-Pierre Favre décède et sa femme Micheline Favre devient présidente de la société dirigée par Patrice Walpen, engagé en tant que directeur en 2005.

Qui est Patrice Walpen? Certains le définissent comme un bon vivant, d’autres comme un bosseur. Il est très certainement les deux à la fois. Arrivé il y a dix ans dans la société après avoir travaillé pour l’entreprise Jacques Germanier, dont neuf années en Afrique du Sud, ce Valaisan d’origine, qui a grandi à Bramois, est surtout un créatif. Avec des idées plein la tête! Si elles sont parfois un peu folles au premier abord, elles ont prouvé qu’elles pouvaient créer le «buzz». On lui doit entre autres le fameux bonnet rouge et blanc valaisan, les slogans humoristiques au dos des bouteilles de 35 cl de la Dame de Sion et les apéros après-ski hebdomadaires animés par deux charmantes demoiselles dans divers bars de station. Il avoue avec modestie que ce sont ses copains qui l’ont bien inspiré lors de «virées entre potes»… Depuis son engagement en 2005 comme directeur, il a favorisé l’expansion des domaines viticoles de la société par des acquisitions, passant ainsi de 10 à 15 hectares. Il est nommé vice-président du conseil d’administration en 2012.

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Photos: vanina moreillon et DR

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son viticole qui deviendra la plus prolifique du Valais en matière de communication. En 1989 déjà, Jean-Pierre, en collaboration avec sa mère, lance une révolution sur le marché des vignerons: la 35cl de la Dame de Sion, à un prix promotionnel de 10 francs rendant le vin en bouteille accessible au peuple. Un succès immédiat! Emblèmes Le fendant «Complice de vos pistes» et le bonnet valaisan devenu un must-have.

FOCUS PME

La convivialité par le vin Combien d’amateurs de fendant sont-ils mariés avec la «Dame de Sion»? Il est difficile de le dire, même si aujourd’hui encore, malgré une gamme comptant plus de cinquante

vins, les bouteilles de la Dame de Sion (disponibles en 35 cl, 70 cl et 150 cl-Magnum) représentent presque un quart des ventes de la société. Et le rayonnement de ce fendant va bien au-delà des frontières cantonales tant il rappelle à un grand nombre de ses consommateurs des souvenirs mémorables. C’est d’ailleurs le but: «Nous cherchons à faire un vin convivial qui rassemble les gens et qui leur fait partager de bons moments», assure Patrice Walpen, l’actuel directeur des Fils de Charles Favre. Cette philosophie de plaisir est aussi l’un des credos du fils d’Hanny, Jean-Pierre. Il


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Le bouchon en verre Appelé Vino-Lok, ce bouchon en verre s’encastre dans le goulot de bouteille spécialement conçu pour lui. Il est maintenu par un joint en plastique. Le tout est recouvert d’une capsule thermoplastique. Le Vin-Lok a obtenu en 2004 la médaille d’or de l’invention au salon allemand Interventis Interfructa. www.vino-lok.com

Photos: vanina moreillon et DR

source: le journal «Les Fils de Charles Favre»

Campagne de publicité 2008 Une affiche décalée surfant sur le succès de la série TV culte «Drôles de dames».

FOCUS PME

l’a d’ailleurs écrit dans un édito: «Je continuerai à célébrer la vigne, le vin et leurs sortilèges comme une permanente fête de la nature, de l’offrande et de l’amitié», ajoutant à cela «partager un excellent verre de vin dans un élan de fraternité n’est un péché que pour les frileux. Laissons-leur l’usage de la banquise et soyons heureux sous le soleil du Valais.» Côté vie privée, ce Valaisan a quatre enfants. Reconnu pour son charisme, il attire la sympathie et la reconnaissance dans tous les endroits qu’il fréquente. S’adaptant à chacun des milieux côtoyés, qu’il parle avec des politiciens, des hommes d’affaires ou clients, il sait profiter de cette aisance relationnelle et de son énergie pour développer l’entreprise. Ainsi en 2013, l’encavage se situe à plus d’un million de bouteilles provenant des cent hectares (500 fournisseurs de vendanges) dont 15% sont extraits des vignobles de la société situés dans les alentours de Sion.

Le succès par la longévité On dit du vin qu’il se bonifie en vieillissant. Si c’est aussi le cas pour les employés, l’entreprise «Les Fils de Charles Favre» a tout juste. Chez elle, très peu de rotation de personnel, ou alors tous les cinquante ans lorsque la retraite est venue. Ainsi le comptable Marcel Varonnier s’est rendu chaque matin pendant cinquante ans au bureau de Sion, Jean-Yves Jacquemet totalise cinquante-cinq années de service – ses collègues disent de lui qu’il fait partie de l’inventaire – et Jean-Edouard Liand a fait son apprentissage en 1974 dans la maison avant de succéder, en tant que chef de cave, à René Praz parti à la retraite après quarante-sept ans… Et tout aussi exceptionnel: le taux d’absentéisme est inexistant. Peut-être grâce à l’esprit de famille que Micheline Favre, la présidente du conseil d’administration, et Patrice Walpen, le directeur, souhaitent par-dessus tout préserver au quotidien.


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Des innovations à profusion Si Jean-Pierre sait innover, il n’hésite pas à le prouver et cela même lorsqu’il doit faire face, parfois, à un certain scepticisme auquel il ne prête pas d’attention. A l’origine de nouveaux cépages et d’inattendus assemblages, il est aussi le premier en Suisse à utiliser, dès 2005, les bouchons en verre sur quelques bouteilles (voir encadré) pour tester de nouveaux systèmes de fermeture. C’est aussi à cette époque que l’entreprise familiale prend un tournant décisif. Avec l’engagement comme directeur d’un jeune trentenaire actif dans le monde vinicole. Jean-Pierre avoue «avoir eu la main heureuse» en débauchant Patrice Walpen. Ce n’est pas l’avenir qui le contredira tant sa nouvelle recrue met du cœur à l’ouvrage, considérant son job comme un «hobby». Mais c’est surtout son côté créatif et innovant qu’il faut saluer. En moins de dix ans, Patrice Walpen a su perpétuer et accroître la communauté des amateurs des vins de «la petite maison des grands vins». Plus important encore, il la fait évoluer. Il dynamise la société en respectant la tradition et l’histoire de la maison. Il commence par mettre de l’ordre dans la gamme des vins et relooke l’étiquetage et les logos. Puis, toujours dans sa première année d’activité, il crée le club F – l’appellation de la ligne de vins haut de gamme –, un cercle d’épicuriens qui se réunit plusieurs fois par an, l’objectif étant Répartition de du chiffre fidéliser la clientèle privée (www.favre-vins. d’affaires ch). Dans ce cadre, il propose des escapades par clients gourmandes qui allient la dégustation des 49%

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vins Favre à la finesse d’un plat dans une sélection de restaurants sédunois. L’initiative est un succès! Elle est reconduite chaque année.

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Photos: vanina moreillon

Montorge (11 sortes)

Collection F (11 sortes)

«L’important est d’être sérieux sans jamais se prendre au sérieux.»

Etre présent dans l’esprit des gens Loin d’être le seul événement de ce genre, «Les Fils de Charles Favre», une petite PME de 35 employés, organise une cinquantaine de manifestations annuelles, dont: 15 à 20 apéros après-ski dans les bars de différentes stations (Dame de Sion, la complice de vos pistes), le Jardin des vins à Sion (garden- party pour les encaveurs de la région), la Brisolée de leur domaine de Montorge


vision

Pour vous offrir des solutions adaptées à chaque situation, nous mettons à disposition notre grande expérience et nos compétences pointues en matière d’utilitaires destinés au génie civil, à la construction et aux transports. Nos conseillers peuvent également vous proposer des agrégats spécifiques tels que grues hydrauliques, systèmes à crochet et ridelles élévatrices.

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(350 clients du Comptoir de Lausanne), la journée portes ouvertes (1000 personnes dans leurs locaux pour déguster plus de 50 vins), le trophée Jean-Pierre Favre (compétition de golf pour les clients restaurateurs) et neuf foires (MUBA, Expovina, BEA, Vinea, Comptoir de Romont, Goût & Terroir à Bulle, Foire du Valais, Prim’vert, Comptoir de Lausanne). Créer une communauté Mais là où «la petite maison des grands vins» se démarque largement de ses concurrents, c’est lorsqu’elle réussit à être omniprésente à la fois sur le réseau social Facebook – pas un jour sans des photos, des news ou des blagues pour ses 3500 amis – et sur les terrasses de tous les bars les plus populaires des stations avec une équipe de

Vito Crew

Fuso basculant

Participez au marketing de la Dame de Sion

Sprinter double cabine

Voilà trois saisons que les amateurs du fendant peuvent proposer des slogans par mail ou via le compte Facebook Sprinter simple cabine

de la Dame de Sion (www.facebook.com/ damedesion). Au total, douze petites phrases ont déjà été retenues et imprimées au dos des bouteilles de 35cl et leurs auteurs ont été récompensés par un Magnum

Arocs

de Dame de Sion, évidemment! En voici quelques-unes: • «Une partie du monde est valaisanne… l’autre rêve de l’être!» • «On était peu mais on était plein» • «Un jour, les Valaisans régneront sur le monde. Mais pas demain parce qu’il y a l’apéro»

LARAG SA Echandens Route d’Yverdon 18 1026 Echandens Tél. 021 701 42 42

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LARAG SA Yverdon Rue de la Blancherie 2 1400 Yverdon-les-Bains Tél. 024 445 64 04

• «Si ma femme ouvrait un bistro, elle me verrait plus souvent» • «C’est sympa d’être important mais c’est bien plus important d’être sympa» • «Il faut faire le fou de temps en temps pour ne pas le devenir» • «Si tu bois pour oublier, paie à l’avance» • «Le seul défaut de la Dame de Sion: elle ne passe pas la soif» • «On était mouillé avant d’être sec»

FOCUS PME

Photo: vanina moreillon

LARAG SA Satigny Rue de la Bergère 42 1217 Meyrin Tél. 022 989 39 10


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Le saviez-vous? Le tire-bouchon a été inventé au milieu du XVIIIe siècle par les Anglais sous le nom de vis à bouteille. Il remplaça avantageusement la tige métallique que l’on enfonçait auparavant dans le bouchon, en tentant d’extraire ce dernier par un mouvement de levier sans casser le goulot. source: newsletter «Favre-Vins Nouvelles»

De gauche à droite: Johnny Marais (caviste), Stéphane Gauye (caviste, responsable de la cave de Sion) et Jean-Edouard Liand (chef caviste, responsable de production).

deux jeunes femmes dynamiques et prêtes à mettre l’ambiance. Ainsi, si un restaurateur souhaite mettre sur pied un événement carnavalesque ou un après-ski digne de ce nom, il peut s’appuyer sur Patrice Walpen et son équipe pour s’assurer la réussite de cette petite fête. Il ne faut rien voir de sexiste dans l’utilisation d’une présence féminine lors des événements ou dans les campagnes de promotion. L’unique but étant de perpétuer l’image initiée en son temps par Hanny Favre, qui savait elle-même jouer à la perfection avec son rôle de femme forte. Patrice Walpen y ajoute cependant sa touche personnelle; celle-ci se veut humoristique et décalée. «L’important est d’être sérieux sans jamais se prendre au sérieux», avoue-t-il. Que ce soit au travers des affiches publicitaires surfant sur la vague de la série culte «Drôles de Dames» ou en mettant en scène une blonde sexy – «mais pas vulgaire», précise-t-il –, il bouscule les codes marketing du milieu vigneron. Pour une publicité, il utilise l’original du fameux costume traditionnel porté à l’époque par Hanny Favre. Ce choix lui vaut les foudres de certains milieux. «Nous avions pourtant rajouté un FOCUS PME

tee-shirt noir afin de masquer le décolleté», explique le directeur. Transmettre des valeurs Il n’y a pas que l’emblème de la femme que Patrice Walpen souhaite conserver. Il veut aussi prolonger certaines valeurs surtout après le décès de Jean-Pierre Favre emporté par la maladie en 2010. Epaulé par Micheline Favre à qui son époux a fait confiance pour reprendre la présidence du conseil d’administration, ils mettent un point d’honneur à perpétuer la fidélité envers leurs employés (voir encadré) ou encore la générosité auxquelles les fondateurs tenaient tant. Ainsi, bien que le chiffre d’affaires de 16 millions ne soit pas celui d’une multinationale, la PME «Les Fils de Charles Favre» encourage des sportifs locaux en les sponsorisant à l’instar du snowboarder Emilien Badoux, du pilote de rallye Sébastien Carron, du skieur Didier Défago et, à plus grande échelle, de la Coupe Davis. De plus, en 2012, un concept de vin social voit le jour, sous le nom de «Vin Cœur - terroir de valeurs». Deux francs par bouteille sont reversés à la Fondation Terre des Hommes de Massongex. Une petite maison aux grandes idées et au grand cœur! ●


réalisation

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Sauvetage d’un produit traditionnel suisse La pâte à tartiner Cenovis est aussi suisse que le couteau de poche. L’année prochaine, Christian Reimann, à qui l’on doit la pérennité du produit, prend sa retraite et transmet a société à son fils, Jürg. Simultanément, Cenovis lance un nouveau produit de grande consommation sur le marché. TEXTE STEFAN CYR

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l appartient au patrimoine culinaire suisse, et pourtant il s’en est fallu de peu qu’il disparaisse. Si cette pâte à tartiner brune au goût unique et épicé existe encore aujourd’hui, c’est grâce à Christian Reimann, PDG de la société Cenovis AG. En 2015, Mister Cenovis, qui aura l’âge de la retraite (65 ans), remettra sa société, dont le siège est à Arisdorf, entre les mains de son fils, Jürg. Jürg Reimann (36 ans) est arrivé chez Cenovis il y a quelques années après avoir travaillé pendant sept ans chez Ricola, les fameux bonbons aux herbes de Laufen. Travailler dans la société de son père a toujours été une option, et ces dernières années, cette possibilité s’est concrétisée, aussi du fait de sa formation d’ingénieur du secteur alimentaire: «Mais je n’ai subi aucune pression, tient-il à préciser. C’était mon choix!» Il s’est fixé pour but de poursuivre la même ligne d’exploitation que son père, qui res-

tera d’ailleurs disponible pour répondre aux questions et qui passera régulièrement boire un café dans les locaux de la société. «Nous nous sommes donné une année, pour assurer la transmission de l’entreprise dans les meilleures conditions», explique de son côté Christian Reimann. Le Cenovis est sur le marché depuis 82 ans. Inventé dans les années trente, dans un contexte de crise économique et de préoccupation alimentaire, il était destiné à remplacer des produits à base de viande tels que la charcuterie. Economique et conservable sans réfrigération, le Cenovis est riche en vitamines et oligoéléments. C’est Alex Villinger, maître brasseur chez Salmenbräu à Rheinfelden – la ville de la bière argovienne – qui, trouvant dommage que la levure issue de la fabrication de la bière, riche en vitamines et en oligoéléments, soit donnée au bétail ou jetée à l’égout, chercha une fa-

«Il s’agit d’un produit alimentaire unique tout à fait spécial, aux propriétés saines.»

FOCUS PME


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çon d’en exploiter les substances nutritives. Après divers essais, il obtient en 1931 un concentré à base des précieuses levures, de légumes et de sel, dont la recette est restée inchangée à ce jour.

Photos: DR

Une légende appréciée de tous C’est ainsi qu’est né le Cenovis qui se mange en général tartiné mais qui peut également s’employer comme condiment pour les sauces ou les légumes. La fabrication en fut assurée par la société Vitamin-Hefe AG de Rheinfelden. Plus de sept brasseries figuraient au capital, dont la société Wander AG et la société Cellulose Attisholz AG. Chacune d’entre elles avait un intérêt particulier pour ce produit. Les brasseries voulaient exploiter leurs sous-produits; Wander souhaitait se procurer la matière première issue de la levure pour l’Ovomaltine et Attisholz était intéressé par l’acquisition d’un savoirfaire dans le secteur alimentaire. Le Cenovis est entré dans la légende en 1955, année où il devient partie intégrante de la ration de secours de l’Armée suisse – les recrues et les soldats ayant besoin de protéines et de vitamines. La recette n’a pas changé depuis. Aujourd’hui, cet aliment continue à enthousiasmer Christian Reimann: «Il s’agit d’un produit alimentaire unique tout à fait spécial, aux propriétés saines. Après des années, FOCUS PME


réalisation je le mange encore avec plaisir. C’est un produit qui tient la route!» Hors de Suisse, des produits comparables, tels que le Marmite anglais et le Vegemite australien, ont également eu du succès. «Le Cenovis, nous dit Christian Reimann, est un produit naturel à 100%. De plus, il possède une valeur nutritionnelle importante. L’ingrédient principal, la levure de bière, a une teneur élevée en albumine naturelle, en sels minéraux et en vitamines du groupe B. Ces éléments stimulent la formation des cellules, maintiennent le fonctionnement du système nerveux et favorisent la croissance des cheveux et des ongles.» Apparemment les Taïwanais aussi sont convaincus des effets bénéfiques de la levure de bière, puisqu’ils se la font livrer depuis la Suisse. Une croisade pour sauver le Cenovis Reimann a travaillé de 1971 à 1977 comme responsable qualité au sein de la société Vitamin-Hefe AG. Dix ans plus tard, il revient dans l’entreprise, en charge du développement de la production. Mais la société rachetée par une holding de Suisse intérieure voit son chiffre d’affaires à la baisse. C’est en 1993 que Reimann fonde la société Sonaris AG qui reprendra la production de Cenovis à Rheinfelden en qualité de filiale, les droits de marque pour le marché national restant la propriété de Cenovis AG. A l’étranger, les droits de marque avaient été cédés dans les années soixante au groupe Hügli de Steinach, ce fut un échec. On trouve d’ailleurs aujourd’hui encore des consommés, des bouillons, des soupes en brique, condiments, sauces, plats préparés et produits à base de levure sous la marque Cenovis dans les magasins d’aliments diététiques allemands. En 1999, un financier genevois, Michel Yagchi, par amour du Cenovis, rachète la marque en difficultés et transfère le siège de la société à Genève, tout en laissant toutefois la production à la société Sonaris de Rheinfelden et le marketing à la société Gerig de Zurich. La période genevoise se caractérise par une grosse campagne publicitaire et des efforts pour mieux ancrer le produit. En 2003, Reimann transfère la fabrication du Cenovis à Arisdorf. Trouvé par hasard, ce petit

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village de la région bâloise, avec sa propre sortie d’autoroute, convenait parfaitement. En effet, à Rheinfelden, de plus en plus d’habitations s’étaient développées autour des établissements de production, et l’odeur de levure s’est avérée incommodante pour les riverains. En 2008, il arrive à racheter la société Cenovis AG avec le producteur alimentaire Sonaris AG, et réunit enfin la marque et sa production sous le même toit en les faisant fusionner. La société Cenovis AG est aujourd’hui, tout comme la société Sonaris AG, détenue à 100% par sa famille. En 2010, soit 79 ans après l’invention du Cenovis, le tube est sorti sous une nouvelle présentation et se positionne clairement comme un produit à tartiner. Après les hauts et les bas du passé, l’entreprise connaît depuis quelques années une croissance régulière. Même si la société ne communique pas son chiffre d’affaires, Reimann chiffre la production annuelle à 120 tonnes environ, dont 70 tonnes de pâte à tartiner en tube et 20 tonnes de condiment liquide en flacon. Il existe en outre aujourd’hui du Cenovis sans sel, en tube et en portion individuelle à l’emporter. Ces produits sont commercialisés par Coop et Migros, mais aussi par les chaînes de distribution les plus importantes telles que Denner, Manor, Spar et Volg ainsi que par les magasins d’aliments diététiques, les libres-services et les petites épiceries. Reconnaissance romande Un sondage fait apparaître que le Cenovis est utilisé à 80% comme pâte à tartiner et à 20% comme condiment. La première phase de production a lieu à Strasbourg au moyen de levures de bières de brasseries sélectionnées de Suisse et des pays frontaliers, l’étape de finition du produit se faisant à Arisdorf. La société emploie 15 personnes, dont les deux tiers sont actifs dans la production. Ici, les produits Cenovis sont également vendus dans un petit magasin ouvert pendant les heures de bureau. Christian Reimann attribue le succès de ces dernières années au renforcement des initiatives de la société en matière de publicité. Ainsi que l’a fait apparaître une enquête de marché effectuée en 2009, les trois quarts des personnes interrogées connaissent le Cenovis en Romandie, alors que le chiffre

Ce qu’une PME peut apprendre de Cenovis AG 1. Flexibilité et créativité 2. Joie d’innover 3. Ecoute du client 4. Sens de la tradition 5. Foi en son produit

«Le Cenovis est un produit naturel à 100%»

FOCUS PME


Ci-dessus, au centre: Christian Reimann, PDG de Cenovis AG.

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pour la Suisse allemande est de 28% seulement. L’entreprise s’est fixé pour objectif d’atteindre en Suisse allemande le même niveau de notoriété qu’en Romandie. Pour ce faire, en plus de la publicité par affiches, la société mise sur des participations à des foires ouvertes au public telles que la Muba de Bâle.

çons une pâte à tartiner prête à consommer, qui contient déjà du beurre.» Elle sera vendue dans un emballage en plastique, parce qu’il s’agit d’un aliment frais. A la mi-septembre 2013, la société participait à la journée sans voiture Slow-Up dans la région de Bâle afin de présenter son nouveau produit pour la première fois. «Il s’agissait de collecter les premières réactions des consommateurs», déclare Reimann. Il espère que le nouveau produit de grande distribution contribuera à renforcer la marque. Malgré une histoire mouvementée, Christian Reimann n’a jamais regretté son engagement total pour Cenovis: «Pendant toutes ces années je suis toujours allé travailler avec le plus grand plaisir.» ●

Sa consommation, tout un art «Nos prédécesseurs ont dépensé beaucoup d’argent en publicité, mais pas dans la bonne publicité, déplore Reimann. Ils ont essayé de vendre le Cenovis comme un produit tendance et loufoque. Or, nous avons constaté que nous devions aller vers les gens et leur expliquer le produit. A la Muba de Bâle, nous avons montré aux visiteurs du salon comment préparer une tartine plus de 50 ans d’expériences en matière de Cenovis.» Important à sade construction, cela signifie pour vous: voir: sur une tartine de beurre ou de margarine, il vaut mieux n’utiliser qu’une petite quantité de pâte. Et celle-ci ne doit pas être conservée au réfrigérateur, car sinon elle devient trop dure et sort difficilement du tube. Vu qu’elle ne contient pas de conservateurs ni d’épaississants, la consistance peut légèrement osciller. Le caractère unique du produit laisse peu de place à l’innovation. Toute modification de la recette secrète d’entreprise serait mal perçue par le consommateur. La tendance bio, par exemple, n’est pas envisageable car il se fabrique pour l’instant trop peu de rte de prayoud 81 bière bio. Toutefois, Reimann 1618 châtel-st-denis annonce fièrement une noufon 021 948 65 78 fax 021 948 65 79 veauté: «En 2015, nous lan-

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conception I Float Inn

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Un capitaine hors norme sur le lac Léman Jean-Luc Oestreicher s’est jeté à l’eau en vendant sa maison et en investissant toutes ses économies et bien davantage. Objectif? Proposer des croisières de luxe et des chambres d’hôtes sur le plus grand catamaran du Léman. Zoom sur ce projet d’une vie. TEXTE NATHALIE PRAZ

n L’idée? Un concept de navigation à la journée, de croisière ou de chambres d’hôtes flottantes sur le Léman. n L’outil? Un catamaran de 57 pieds (17,6 mètres) comprenant 6 cabines et pouvant accueillir 12 personnes, équipage compris. Répondant au nom de Juusan – qui signifie treize en japonais car il est le treizième Sanya

construit par Fountaine Pajot –, il est amarré à Genève avec une vue directe sur le Jet d’eau.

n Le coût total du projet? 2 millions, «Enfin, à l’heure actuelle…»

n L’entreprise? Float Inn a été créée en 2013 par Jean-Luc Oestreicher, un ancien physiothérapeute reconverti en capitaine du catamaran Sanya et gérant de ce «bed & breakfast» nouvelle version. www.floatinn.ch Tél. 078 797 51 97

n La durée de maturation du projet jusqu’au premier client? Entre deux ans et demi et trois ans. n La dépense imprévue? Le transport était devisé à 59 000 euros hors taxes, aujourd’hui, il a atteint 170 000

euros. Le transporteur s’était engagé à prendre en charge l’éventuel dépassement de budget. Or, à ce jour, ce dernier n’accepte d’assumer que 6000 euros de surcoût et le concessionnaire du catamaran s’acquitte pour sa part de 8000 euros. La différence, soit 97 000 euros, est à la charge de la société Float Inn!

n Les soutiens financiers? Des prêts privés à hauteur de 350 000 fr. de la part de sa tante, d’une amie de cette dernière, de sa femme et de ses trois enfants, ainsi qu’un prêt de 500 000 fr. sans intérêt et sans délai de remboursement de la société Perret SA. «Ce sont les seuls à s’être engagés dans ce projet.» Il a également pu compter sur des soutiens financiers

FOCUS PME


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n Les étapes clés? Début 2012. Premiers contacts avec la capitainerie genevoise. Printemps 2012. Recherche de bateaux à vendre puis achat de deux bateaux sur différents pontons du Port des Eaux-Vives en plus de celui déjà en sa possession amarré sur l’estacade. Décembre 2012. Signature pour l’achat du catamaran Sanya. Jean-Luc Oestreicher

Juin 2013. Signature devant le notaire et paiements finaux du chantier naval. 17 juillet 2013. Le catamaran quitte La Rochelle pour rejoindre Canet-en-Roussillon (30 juillet). 24 au 30 octobre 2013. Remontée du Rhône et de la Saône, avec le passage de 16 écluses, jusqu’au port de Mâcon. 6 février 2014. Dans la nuit, départ pour rejoindre Genève, par l’autoroute APRR avec un «arrêt forcé» de cinq jours sur l’aire d’autoroute de Châtillon-en-Michaille. 13 février 2014. Poursuite par le réseau autoroutier de l’ATMB et arrivée à 7 h du matin à Sciez «avec de grandes difficultés». 17 février 2014. Mise à l’eau sur le lac Léman. 18 février 2014. Vers 17 h, amarrage au Port des Eaux-Vives.

Photos: DR

n La rentabilité attendue? Avec un taux d’occupation de 50%, il affirme pouvoir commencer à rembourser progressivement ses dettes.

«indirects»: un ami professionnel de la publicité l’a aidé pour les supports de vente et publicitaire; un ami a configuré la réservation en ligne sur le site web qu’il a lui-même créé; des amis et sa belle-mère se sont chargés gracieusement des traductions des supports publicitaires.

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n Sa plus grande satisfaction? Avoir réussi à rejoindre les rives du Léman et voir les encouragements des très nombreuses personnes qui sont enthousiasmées par ce projet ambitieux. n Sa plus grande déception? L’absence de soutien du monde de la finance pour les nouveaux projets. «Sans trois bilans positifs vous n’obtenez rien!»

n Le plus grand défi? Le transport: par les airs, il était interdit pour des raisons de sécurité vu le poids du catamaran; par les eaux, l’accès était limité par les barrages; par la route, le transport ne peut être envisagé que par le sud en raison de l’étroitesse des autoroutes entre Bâle et Genève. La société française Capelle est la seule à avoir relevé le défi. «C’était une équipe de douze personnes très attachante avec Franck Loret, le responsable, qui est un homme exceptionnel!» L’entreprise Multitrans s’était engagée mais a affirmé que le transport était impossible après avoir tout de même facturé la reconnaissance pour plusieurs milliers d’euros!

n La tracasserie passagère? L’homologation extrêmement compliquée en Suisse pour un bateau transportant douze passagers. Et aussi l’absence de reconnaissance pour le lac Léman du radeau de survie qui est pourtant homologué en Europe pour l’Atlantique. n La chose à refaire différemment? «Je n’accorderais plus ma confiance aussi facilement. Par ailleurs, j’aurais dû maintenir une pression financière permanente. Même si cela peut paraître mesquin, cela m’aurait évité de devoir courir après certains fournisseurs pour qu’ils accomplissent des travaux dont je m’étais déjà acquitté.»

n Les prochaines étapes? «Je vais devoir apprendre mon nouveau métier et mettre en pratique ce que j’ai appris aux cours de cafetiers et restaurateurs effectués en 2012. Cela va me changer de la physiothérapie et du monde de la santé.» Cet été, sa fille va travailler avec lui sur le Sanya. Ensuite, il engagera quelqu’un de confiance capable de le seconder en cuisine, au service, dans l’entretien et peut-être en navigation. Puis, si le Sanya navigue régulièrement et que la fréquentation des chambres d’hôtes est suffisante, il engagera une deuxième équipe. Jean-Luc Oestreicher a aussi pour priorité de rembourser ceux qui l’ont aidé. ●


explications

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Miser sur des étudiants, un pari gagnant! Faire appel à des étudiants dans le cadre de mandats précis peut être une solution rentable, mais aussi riche d’expérience. En Suisse romande, de nombreux programmes dans les écoles et les universités permettent de mettre en relation étudiants et entreprises. Au final, chacun y trouve son compte. TEXTE LAETITIA WIDER

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vec ses quatre universités, ses 28 hautes écoles, son Ecole polytechnique fédérale, son Ecole hôtelière et son offre pléthorique de formations diverses, la Suisse romande possède une réserve abondante d’étudiants. Des jeunes très bien formés, motivés et enthousiastes à l’idée de vivre leurs premières expériences en entreprise. Ainsi, il existe une multitude de programmes et de dispositifs au sein des différents établissements répertoriés en Suisse romande pour mettre en relation les entreprises et les étudiants. La HES-SO, Haute école spécialisée de Suisse occidentale, et ses filières HES orientées sur la pratique offrent de nombreuses possibilités de collaborations à différentes échelles, comme la plateforme Business to school (B2S) commune aux hautes écoles de Suisse romande qui met gratuitement en relation les 1500 entreprises inscrites avec plus de 4000 étudiants HES. Chacune des HES gère également ses propres rapports avec l’univers professionnel. Les étudiants de la Haute école du paysage, d’ingénierie et d’architecture de Genève (Hepia), par exemple, se voient proposer des problématiques complexes par des industriels (voir interview page 36). Ils tentent d’y répondre dans leur travail de Bachelor. «C’est une des vocations des HES de faire de la recherche appliquée au bénéfice de l’industrie, explique François de Mestral, responsable du

département des technologies industrielles de l’Hepia. Les industriels viennent vers nous avec des questionnements extrêmement concrets. On propose alors à un étudiant de se pencher dessus. Pour lui, c’est très stimulant d’être au contact de la réalité industrielle, et cela présente l’avantage de ne rien coûter à l’entreprise.» «Une équipe de jeunes très motivée» A l’Ecole hôtelière de Lausanne (EHL), les collaborations étudiants-entreprises se jouent, depuis quatorze ans, dans le cadre du «Student Business Project» (SPB). Pour valider leur diplôme, tous les étudiants de Bachelor doivent s’investir soit sur un travail de mémoire académique, soit sur un projet pour une entreprise. «90% des étudiants choisissent de s’engager pour une entreprise, constate Christine Demen Meier, responsable du programme et professeur associé en Marketing et Stratégie. Certains d’entre eux m’ont confié s’être inscrits à l’EHL pour pouvoir prendre part à ce projet.» Chaque année, environ 70 entreprises confient ainsi des mandats à des groupes de cinq étudiants, allant de l’étude de marché au développement de concept, en passant par les études de faisabilité financière. Parmi ses clients, l’EHL compte des grandes entreprises ou des institutions, à l’instar du CHUV. Les étudiants ont réfléchi à des possibilités d’améliorer l’accueil dans l’hôpiFOCUS PME


Illustrations: amirian / Fotolia

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tal en s’inspirant des codes de l’hôtellerie. Un travail salué par le directeur du Centre hospitalier, Pierre-François Leyvraz, dont le témoignage apparaît sur la plaquette du programme. «C’était exactement ce que nous attendions. Non seulement les idées qu’ils ont proposées étaient originales, mais elles étaient également réalisables.» Les PME constituent 39% des clients du SBP. «Notre force, par rapport à d’autres établissements, c’est que nous établissons un vrai contrat mandant - prestataire de service», estime Christine Demen Meier. Le service est payant mais reste concurrentiel par rapport aux prix pratiqués par les professionnels du consulting (voir encadré page 34). Les entrepreneurs sont invités à «pitcher» leur projet devant les étudiants. «Ce sont eux qui choisissent avec quelle entreprise ils vont travailler pendant neuf semaines, poursuit-elle. Ils constituent également leur propre groupe de travail. Au final, toutes

www.vw-nutzfahrzeuge.ch

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Illustrations: amirian / Fotolia

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les conditions sont réunies pour avoir une équipe de jeunes très motivée.» L’EHL a déjà réalisé plus de 600 mandats pour plus de 400 clients, dont certains sont devenus des fidèles du programme SBP. Ces étudiants hautement qualifiés se rencontrent aussi dans les universités romandes. A Neuchâtel, le Centre d’excellence de la Faculté des sciences économiques offre aux entreprises partenaires du programme l’opportunité d’accueillir les meilleurs étudiants pour des stages de plusieurs mois. Une manière de déceler les hauts potentiels pour de futurs postes. Les écoles d’art fournissent également un bassin intéressant de designers ou de vidéastes en herbe. En 2013, seize étudiants du Master en design de produit à l’ECAL ont développé des boîtes à lunch, avec l’identité de la manufacture SIGG qui en inclura quelques-unes dans son catalogue. «Notre filière de Master en design de luxe collabore également avec de

Quoi que l’avenir vous réserve: votre véhicule utilitaire VW dure, dure, et perdure. Un véhicule utilitaire VW est le meilleur investissement en l’avenir parce que nous, chez Volkswagen, pensons dès à présent à demain. Et nous équipons tous les modèles avec des technologies d’avenir qui augmentent la rentabilité, réduisent les coûts et protègent le conducteur et les passagers, mais aussi et surtout l’environnement. Pour que vous puissiez vous fier toujours et partout à votre véhicule utilitaire. Grâce à vous, nous sommes le numéro 1 en Suisse depuis cinq ans. Pour cette raison, profitez dès à présent de notre offre spéciale.

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Cinq étudiants à la conquête du marché alémanique Des étudiants de l’Ecole hôtelière de Lausanne aident un importateur de vin à percer en Suisse allemande.

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es élèves qui travailleront pour moi prendront tout simplement ma place.» Devant un parterre de 200 étudiants, Sébastien Grognuz n’a pas mâché ses mots pour convaincre l’un des groupes présents à collaborer avec lui. Sa Sàrl, Vinentia, importe des vins issus des caves de petits producteurs français méconnus. Actif en Suisse romande, Sébastien Grognuz aimerait percer le marché suisse allemand qu’il connaît mal. Voilà pourquoi il a décidé de faire appel aux étudiants de l’EHL (Ecole hôtelière de Lausanne). Très naturellement, c’est un groupe de cinq étudiants passionnés de vin qui s’est réuni autour de Vinentia. Tous sont très motivés par le projet, à l’instar de Benjamin Hansen, 25 ans, étudiant de la filière «finances». Le jeune homme parle vite et s’emballe, tant il peine à cacher son enthousiasme quand il évoque ce travail de Bachelor. «C’est une vraie expérience entrepreuneuriale, la première pour moi, explique-t-il. C’est très motivant d’être projeté ainsi dans le concret et de savoir qu’on attend de nous une solution. En plus, je découvre des vins d’exception que je ne connaissais pas, donc c’est stimulant sur toute la ligne.» Après avoir rencontré le jeune entrepreneur d’Ollon dans le canton de Vaud et dégusté ses produits, le groupe a passé une semaine à faire des recherches autour de la problématique posée. Puis, il a pris l’air du large, en mars dernier, direction la Suisse allemande. Sa mission: comprendre les arcanes du marché

d’outre-Sarine, en rencontrant ses acteurs dont des restaurateurs, des producteurs et des œnologues. Une belle cuvée Durant toute la durée du mandat, les étudiants et l’équipe de coaching composée de deux professeurs par groupe se réunissent chaque semaine pour suivre l’évolution du projet. «C’est une expérience qui allie la réalité de l’entreprise et la rigueur académique, constate Christine Demen Meier, coach et professeur associé en Marketing et Stratégie. Les étudiants sont suivis et contrôlés scrupuleusement pendant ces deux mois et demi, ce qui est très intéressant et rassurant pour l’entreprise. Nous surveillons par exemple les échanges de mails. Nous sommes aussi intransigeants sur les délais, qui doivent être respectés. Nous agissons comme garde-fous pour éviter qu’ils s’égarent.» L’école est liée contractuellement avec l’entreprise pour réaliser ce projet de fin d’études qui compte pour la note finale du Bachelor. Vinentia, jeune société de moins de 3 ans, a bénéficié du tarif le plus avantageux, 6000 francs pour la totalité de la prestation. «Le moteur n’a pas été qu’une question financière pour moi, précise Sébastien Grognuz. Je suis seul dans ma société, donc cela représente quand même un investissement. Mais surtout, la fraîcheur, l’énergie et la vision de ces jeunes, pas encore formatés par le monde de l’entreprise, m’intéressaient. Dans le groupe, il y a cinq personnalités

différentes et complémentaires. En somme, une belle cuvée et un bel équilibre.» Les étudiants prennent leur rôle très à cœur et se perçoivent le temps de dix semaines non plus comme des camarades, mais comme des collègues. «Pour moi, ils restent néanmoins des étudiants. Même si je n’ai que six ans d’écart avec l’aîné du groupe, on peut sentir encore chez eux un certain idéalisme, poursuit le patron de Vinentia. Je suis plus fataliste qu’eux, pour ne pas dire réaliste, mais cela nourrit les échanges et la réflexion. J’attends aussi d’eux un résultat.» Le projet est en cours, mais le jeune chef d’entreprise se dit d’ores et déjà conquis par l’aventure. De son côté, Benjamin, qui compte bien embrasser une carrière hôtelière, n’a pas attendu la fin du mandat pour mettre cette expérience en avant. «La semaine dernière j’ai eu un entretien d’embauche et j’ai évidemment mentionné ce projet entrepreneurial. J’ai senti que cela comptait pour le recruteur.» Chacune des parties y trouve finalement son compte. ●

Le projet entreprise (SBP) de l’Ecole hôtelière de Lausanne (EHL) • Le projet étudiants-entreprise de l’EHL propose des mandats de consulting (business plan, études de marché, développement d’un nouveau concept, etc.) réalisés par des groupes de cinq étudiants pendant neuf semaines à plein temps. • Entreprises moins de trois ans: 6000 fr. Entreprises plus de trois ans: 12 000 fr. • Deux sessions/an en français et en anglais • Septante-cinq projets par année • Deux coachs par groupe • Plus de 600 mandats réalisés en quatorze ans pour plus de 400 clients venus de 29 pays.

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Illustration: amirian / Fotolia

Zoom sur un projet


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nombreuses grandes maisons du secteur, explique Selim Atakurt, responsable de la communication à l’ECAL. C’est une chance unique pour nos étudiants de toucher à des entreprises de renom et de développer des prototypes dans des matériaux précieux autrement inaccessibles.» Des défauts… de jeunesse Mais évidemment, un étudiant n’est pas un professionnel, et certains inconvénients découragent parfois les entrepreneurs de se tourner vers eux. Malgré des tarifs très compétitifs, entre 50 et 70 francs par heure, la junior entreprise de la HEC de Lausanne en a fait l’expérience. Entièrement gérée par des étudiants, la structure est soumise à un tournus beaucoup plus élevé qu’une entreprise traditionnelle. «On travaille davantage aujourd’hui avec des start-up ou des PME qu’avec de grandes entreprises, raconte Nicolas Claret, président de la junior

bureau technique installations•entretien


explications

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entreprise HEC. Sur des projets de longue haleine, parfois étalés sur plusieurs années, il nous est difficile d’assurer un suivi, car les étudiants restent en moyenne un à deux ans au sein de notre junior entreprise.» Le manque d’expérience peut aussi amener à des quiproquos embarrassants. Ce fut le cas lorsqu’une association d’habitants du Val-de-Travers a mandaté des étudiants de l’Ecole hôtelière pour sauver une gare de village. «Après avoir étudié le projet, les élèves sont arrivés à la première séance en disant: nous pensons qu’il faut raser la gare! Une dame de l’association s’est mise à pleurer. Les étudiants n’avaient pas bien saisi l’attente du client», raconte légèrement amusée Marion Dulux, coordinatrice du Student Business Project de l’EHL. Tout a cependant fini par rentrer dans l’ordre. Les consultants en herbe ont retenu la leçon, et ils ont développé un projet de chambres

«C’est un accès à une matière grise que l’on aurait du mal à trouver autrement» Depuis deux ans, Jean-Daniel Schmidt, patron de la Manufacture, une entreprise spécialisée dans la fusion laser 3D métallique, collabore avec des étudiants de l’Hepia (Haute école du paysage, d’ingénierie et d’architecture de Genève) pour résoudre des problématiques industrielles complexes. Pourquoi faire appel à des étudiants? Nous rencontrons souvent des problématiques avec nos machines. Or nous n’avons pas toujours le temps, ni les moyens, de nous y consacrer

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d’hôtes qui n’a malheureusement pas suffi à sauver la gare. Engager ces forces vives, et parfois imprécises, demande donc aux entrepreneurs un minimum d’investissement en temps pour les former et les informer, mais aussi pour assurer, d’un œil au moins, le suivi des tâches qui leur sont confiées au sein de l’entreprise. La génération Y en marche Des difficultés qui apparaissent finalement mineures au regard des qualités que l’on prête à cette génération Y. «On les traite de

pleinement. En nous adressant à l’Hepia, nous donnons l’opportunité à un étudiant de consacrer son projet de Bachelor à un questionnement industriel concret et complexe. Ainsi, nous avons quelqu’un qui se penche sur nos problématiques sans le moindre investissement financier de notre part. Outre l’aspect financier, quels sont les autres avantages que vous tirez de ces expériences? Cela nous permet d’accéder, grâce au lien que nous développons avec l’école et les professeurs, à une matière grise et à des connaissances transversales qu’il nous serait très difficile de trouver autrement. Nous travaillons sur un processus de fabrication par fusion laser de poudre métallique, une technologie très récente. Les connaissances ne se trouvent pas facilement, il faut aller les chercher. Or, là, nous avons un accès privilégié au milieu académique. Quel bilan en tirez-vous? Très positif, nous avons fait des découvertes. Et même si nous ne sommes pas toujours sûrs d’arriver à un résultat concluant, l’expérience avec cette école et ses étudiants est intéressante.

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génération zapping, mais ils ont une capacité de recherche vraiment impressionnante, s’étonne François de Mestral. Ils sont multitâches et aussi capables de s’immerger complètement dans un sujet.» Une analyse partagée par Christine Demen Meier: «Selon moi, la génération Y est tout simplement exceptionnelle. Interconnectée, curieuse, entrepreneuse! Les générations d’avant visaient la reconnaissance individuelle et favorisaient un poste dans une grande entreprise. Aujourd’hui, les jeunes préfèrent la création au confort et à la sécurité. D’ailleurs, la moitié de mes étudiants se disent prêts à travailler dans une PME.» Pas étonnant donc que, chaque année, deux ou trois d’entre eux trouvent un poste dans l’entreprise avec laquelle ils ont collaboré. ●


précisions ressources humaines

Quel serait un dessin représentatif du pouvoir? Je vous propose de prendre une feuille et un crayon et de dessiner un grand triangle. Donc trois côtés. Devant ce triangle, posons-nous la question: un homme ou une femme de pouvoir, un manager, un leader, de quoi doivent-ils se préoccuper? TEXTE MAXIME MORAND

M

ettons dans l’angle au sommet du triangle, en numéro 1, le souci de produire des résultats, de faire aboutir un projet, des objectifs. En bas à gauche, en numéro 2, mettons-nous nousmême, l’attention à notre propre énergie, notre santé, notre tonus, notre charisme. En bas à droite, mettons l’attention à autrui, à toutes les personnes qui nous sont confiées: ce sera le numéro 3. Nous avons les 3 pôles, relions-les par des traits! Nous-même (2) relié à autrui (3) nécessite une compétence de mise en commun, donc cet espace numéro 4 s’appellera: communication. Chaque autrui (3) relié à l’atteinte des résultats (1) crée la nécessité de se mettre en équipe avec l’état d’esprit qui va avec: donc un espace numéro 5. Ce qui permet à nous-même (2) d’atteindre des objectifs, de réaliser la vision projetée, de générer des résultats (1) nécessite la mise en œuvre de ses compétences professionnelles et de son expérience, de son expertise: d’où l’espace numéro 6. Le triangle ainsi posé peut nous aider à comprendre les enjeux du pouvoir. Chaque point ayant, comme en bonne musique, son contre-point. Les personnes centrées sur les résultats (1)

commandent de manière directe, dans l’urgence et sont bonnes dans des situations de crise. Elles foncent, en négligeant, à l’opposé du point 1, le point 4, la communication, aussi

autrui (3) et le soin à soi-même (2) sont mis entre parenthèses. Les personnes centrées sur elles-mêmes (2)

auraient tendance à se mettre en vedette et affirmer leur autorité à partir de leur charisme personnel. Elles sont en confiance avec ellesmêmes et sont d’accord que les résultats obtenus leur reviennent en tant qu’individu. Par conséquent elles pourraient, en opposition au numéro 5, ne pas favoriser l’esprit d’équipe, ou au moins elles ne voudraient pas que l’esprit d’équipe étouffe la réussite individuelle. Elles pourraient ne pas être trop attentives aux besoins d’autrui (3) et ne pas pousser trop aux résultats (1). Les personnes centrées sur autrui (3) sont pleinement dédiées à aider avec grande empathie les personnes qui leur sont confiées. Elles risquent de ne pas trop prendre en compte la froideur de l’expertise, la technicité du métier, l’objectivité des faits (6), elles pourraient aussi s’oublier, ne pas savoir garder du temps pour elles-mêmes (2) et ne pas se sentir obligées de produire des résultats (1). Les personnes centrées sur la communication (4) privilégient la parole et le lien entre autrui et elles-mêmes, les colloques sont le lieu de leur exercice du pouvoir. Influencer par la parole est leur don. Elles pourraient un peu oublier l’obligation de produire des résultats (1), ce point étant à leur opposé. La technicité leur parle modérément (6) et elles pourraient

«Les personnes centrées sur les résultats commandent de manière directe, dans l’urgence et sont bons dans des situations de crise».

FOCUS PME


Maxime Morand se définit comme un spécialiste des «humains en ressources». Il accompagne des leaders et des cadres soit individuellement, soit en équipe en tant que formateur de proximité. Après plus de vingt ans en tant que directeur des ressources humaines de trois établissements bancaires, cet ancien prêtre devenu philosophe de terrain a lancé «Provoc-Actions». www.provoc-actions.com

OBJECTIFS RÉSULTATS

1

OBJECTIFS RÉSULTATS

Compétences Techniques + Expériences

Hélicoptère

1

Stress Vie d’équipe

Personnalité

Compétences 6 Techniques + Expériences 2

4

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Communication / Contrat

7

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Vie d’équipe

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6 5

2 SOI-MÊME

4

Communication / Contrat

3 AUTRUI

être plus à l’aise dans les relations bilatérales que dans des confrontations avec toute une équipe (5). Les personnes centrées sur l’équipe (5) favorisent l’entente des personnes réunies pour la réussite d’un projet. Le relationnel, le réseau, le partage des idées et des moyens est leur lieu d’être. Elles pourraient s’opposer à des personnes qui jouent un jeu personnel et qui sont trop centrées sur elles-mêmes (2), elles pourraient ne pas inclure des vedettes dans leur jeu d’équipe. Elles ne sont pas enclines à des relations de personne à personne trop fermées (4) et la pure froideur des systèmes (6) ne les attire pas. Les personnes centrées sur l’expertise (6) mettent l’accent sur le métier, les compétences, les processus et sur les données objectives. Les états d’âmes d’autrui (3) sont à leur opposé FOCUS PME

et les émotions sont, dans la mesure du possible, inscrites aux abonnés absents. La vie d’équipe (5) est tenue à distance au profit d’une saine solitude qui met aussi relativement peu d’enthousiasme dans la communication (4). Hélicoptère Au milieu du triangle, si vous inscrivez un effet d’optique vous tirez un trait depuis le point 1, depuis les points 2 et 3 jusqu’au milieu du triangle: le point 7 est atteint. Le Stress vrai lieu du pouvoir se dessine, au sommet de la pyramide. Que Personnalité signifie se situer au point 7 au centre du pouvoir? Cela suppose de prendre de la hauteur, d’inscrire en son regard une vue d’hélicoptère, une vue panoramique qui permet de décoller de l’opérationnel, de lever le nez de son guidon, de voir loin et maîtriser l’ensemble des éléments constitutifs du pouvoir. Les 6 éléments sont sous observation: mes résultats, ma vision, où en suis-je? Moimême, ma santé, mon équilibre de vie, mon tonus, mes énergies, comment? Chaque autrui qui m’est confié, quelle perception de ma part, quelles chances et quels risques ces personnes peuvent-elles apporter? Ma communication, mes connexions avec chacun et chacune sont-elles sur la bonne fréquence? La température de l’esprit d’équipe est à combien? Mes compétences et mes expertises et celles des personnes qui me sont confiées sont-elles à jour? Le pouvoir, c’est conquérir, à partir de son propre positionnement dans le triangle, un point de vue qui nous permette de voir avec hauteur et maîtrise. Le pouvoir, un beau mot pour un beau dessin, voire un destin? ● Note Cette idée du pouvoir est tirée de l’ouvrage de Pierre Lebel, Le Triangle du Management, Editions d’Organisation, 1986. Merci aussi à tous les participants de nombreuses organisations allant, par exemple, de la gendarmerie au monde médical, des banquiers aux animateurs d’équipes pastorales, qui ont enrichi mes réflexions sur ce sujet.


précisions

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droit du travail

Assouplissement relatif du contrôle des heures de travail Dès le début de cette année, l’obligation d’enregistrer la durée du travail s’assouplit suite aux nouvelles directives du SECO. Mais pas pour tous les employés. Seuls quelques-uns sont concernés. TEXTE MARIE-GISÈLE DANTHE

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n droit suisse, la protection de la santé des travailleurs est assurée par la loi fédérale sur le travail (LTr). Pour permettre le contrôle des prescriptions légales, les employeurs ont l’obligation de mettre à la disposition des autorités un certain nombre de registres et de pièces. Ces documents doivent notamment indiquer les durées quotidienne et hebdomadaire du travail effectivement fourni par les collaborateurs, travail compensatoire et travail supplémentaire inclus, ainsi que leurs coordonnées temporelles. Ces dernières années, il y a eu différentes tentatives d’adapter ces dispositions à la réalité économique. Une des solutions envisagées aurait été de renoncer à l’enregistrement du temps de travail à partir d’un certain niveau de revenu annuel et pour les personnes habilitées à représenter l’entreprise selon le Registre du commerce. Malheureusement, ces démarches n’ont abouti à aucun résultat concret à ce jour. Dans la perspective de prendre en compte les nécessités du monde du travail, le Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO) a toutefois édicté une nouvelle directive dans ce domaine, applicable dès le 1er janvier 2014 à toutes les entreprises soumises à la LTr. Cette directive décrit les règles à respecter en matière d’enregistrement du temps de travail en définissant trois catégories de travailleurs et en permettant, dans certains cas particuliers, un enregistrement simplifié du temps de travail. C’est l’occasion de rappeler aux employeurs les obligations imposées en matière d’enregistrement du temps de travail. Dorénavant, trois situations peuvent être envisagées…

Aucun enregistrement de la durée du travail Comme précédemment, il n’y a pas d’obligation d’enregistrer la durée du travail pour les personnes qui ne sont pas soumises à la LTr. Il s’agit essentiellement de travailleurs qui exercent une fonction dirigeante élevée au sein de l’entreprise. La définition de ce groupe de collaborateurs est très étroite: seuls les dirigeants (CEO, membres de la direction et équivalents) peuvent entrer dans cette catégorie. Enregistrement simplifié de la durée du travail La principale nouveauté prévue par la directive du SECO est la possibilité d’un enregistrement simplifié de la durée du travail pour les collaborateurs qui disposent d’une large marge de manœuvre dans leur travail. Ces travailleurs doivent être maîtres de leur emploi du temps et de l’organisation de leur activité, mais ne doivent pas effectuer régulièrement du travail de nuit et du dimanche. D’après le SECO, entrent dans cette catégorie de travailleurs des cadres disposant du pouvoir de donner des instructions (tâches de conduite), des chefs de projet dont la direction de projets est la tâche exclusive ou d’autres mandataires responsables du résultat de leur activité. Généralement, l’appartenance à cette catégorie se déterminera sur la base du cahier des charges, de la description des tâches et des conditions de travail effectives. Pour qu’un enregistrement simplifié soit possible, ces collaborateurs doivent cependant conclure avec l’employeur un accord écrit par

«Sous couvert de simplification, la tâche des employeurs n’est donc pas facilitée!»

FOCUS PME


Marie-Gisèle Danthe est spécialiste et formateur FSA en droit du travail. Cette avocate, membre de l’ordre des avocats vaudois, travaille au sein de l’étude Bourg8 à Lausanne. www.bourg8.ch

lequel ils renoncent à l’enregistrement complet de la durée du travail. Cet accord doit préciser que le travail de nuit et du dimanche est interdit et indiquer les règles à respecter en matière de repos et de pauses. Enfin, la question de la charge de travail doit faire l’objet d’un entretien consigné par écrit à la fin de chaque année.Si toutes ces conditions sont remplies (collaborateurs disposant d’une marge de manœuvre substantielle, accord écrit, entretien de fin d’année consigné par écrit), seules les durées quotidienne et hebdomadaire du travail peuvent être enregistrées. Enregistrement complet de la durée du travail Pour tous les autres travailleurs, l’enregistrement intégral de la durée du travail reste

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obligatoire. Cet enregistrement peut certes se faire au moyen d’une timbreuse. Mais le SECO admet aussi d’autres méthodes plus souples, par exemple le moment de la connexion informatique comme heure du début du travail, la définition d’un horaire de travail fixe avec enregistrement uniquement des écarts par rapport à l’horaire ou la tenue d’un tableau Excel. En résumé, la directive du SECO ne contient pas de véritable nouveauté pour les travailleurs assumant une fonction dirigeante élevée et pour le personnel ne disposant pas d’une marge de manœuvre dans l’organisation de son travail. Par contre, elle permet de procéder à un enregistrement simplifié du temps de travail pour les collaborateurs qui disposent d’une réelle autonomie dans leur activité. La directive ne permet pourtant pas de définir par des critères objectifs et précis les collaborateurs visés et les conditions posées (accord écrit, entretien de fin d’année consigné par écrit) n’allègent pas véritablement la charge des entreprises. Sous couvert de simplification, la tâche des employeurs n’est donc pas facilitée! ●

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précisions

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communication

Responsabilité d’entreprise: une stratégie de communication Si nombre de sociétés ont désormais compris l’importance d’une évaluation en termes «ESG» – pour facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance —, la mise à profit de leurs avancées dans ce domaine ne se fait encore que rarement au sein des PME.

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ans un monde où l’information est immédiate, la responsabilité sociétale des entreprises est désormais un paramètre indispensable dans le processus de création d’une image de marque. A fortiori, le recours à une communication efficace, dans un but de maîtrise du risque réputationnel, s’avère un enjeu crucial. «Forger une bonne réputation prend toute une vie, mais on peut la perdre en une minute.» La sagesse du producteur de cinéma américain Will Rogers n’a peut-être jamais été plus pertinente qu’aujourd’hui. Nous sommes en effet entrés dans une phase de l’histoire économique où la réputation des entreprises devient un facteur essentiel de leur développement. Cette évolution est soutenue par une tendance globale vers davantage de transparence qui touche l’ensemble des secteurs de l’économie et dont l’objectif est non seulement de rassurer les actionnaires, mais également de convaincre toutes les autres parties prenantes: clients, médias, société civile, autorités publiques, employés, partenaires, etc.

Evaluer En termes de RSE (responsabilité sociale des entreprises), les PME devraient profiter de leur taille et de leur positionnement de marché – produits de qualité, services de proximité et personnalisés, entre autres – pour sélectionner des chaînes de fournisseurs respectant des objectifs ambitieux

de durabilité. Les PME de l’alimentaire sont, par exemple, exposées à de grands défis quant à la durabilité de leur chaîne de fournisseurs. Ainsi, dans le secteur du chocolat, une entreprise doit notamment se fournir dans des pays (Ghana, Equateur) où les conditions de production sont très délicates en termes de respect des droits humains et des conventions de l’Organisation Internationale du Travail. Une des solutions consisterait, par exemple, à mettre en place une collaboration avec une ONG locale qui assure la traçabilité des achats. Mais avant d’en arriver là, cet effort de «reputation building» passe tout d’abord par une analyse de la société en fonction de critères environnementaux, sociaux et de gouvernance. La finalité de cette démarche est d’établir un positionnement et une stratégie d’engagement en faveur d’un développement durable. Elle permettra ensuite de mettre en place des structures capables de proposer des solutions aux PME afin de s’approcher de leur objectif de durabilité. Ce positionnement est d’autant plus bénéfique pour les PME que les grandes multinationales, malgré des efforts importants, peinent, quant à elles, à garantir la durabilité de leurs fournisseurs au vu des énormes quantités de ressources dont elles ont besoin. La PME en retirera un avantage en termes d’image et de réputation qui, grâce à une politique de communication claire et ciblée, résultera en un moteur du développement de ses affaires.

illustration: thanawong / Fotolia

TEXTE LAURENT ASHENDEN ET JEAN LAVILLE

FOCUS PME


Laurent Ashenden est le fondateur et administrateurdélégué de Voxia Communication, active dans les relations médias et l’organisation d’événements financiers (www.voxia.ch). Jean Laville est associé, en charge de la gestion des risques et de l’intégration ESG chez Conser, conseil en matière d’investissement responsable et de finance durable (www.conser.ch).

Communiquer Communiquer ne signifie pas seulement convoquer les médias et leur parler. Il faut tout d’abord prendre le temps de définir les messages-clés que l’on veut faire passer auprès de son public-cible. Cette phase de définition des messages est donc essentielle, car elle conditionnera le succès de toutes les autres opérations de communication. Une fois cette étape franchie, il s’agira alors de poser les bases d’un plan de communication visant à assurer une présence constante dans les médias et sur le web. Outre les appels d’offres, ce sont le boucheà-oreille et les recommandations personnelles qui font l’essentiel d’une réputation. Les clients sont les principaux responsables de cette partie du «reputation building». Ils doivent donc disposer d’informations à jour et de qualité, afin de pouvoir les relayer autour d’eux en toute confiance. C’est le grand paradoxe des efforts consacrés aux FOCUS PME

relations avec les médias: ils ont notamment pour but de créer le «buzz» à partir de la substance dérivée de l’évaluation RSE. L’un des meilleurs moyens de mettre en évidence les aspects positifs d’une démarche RSE et d’affiner le profil public d’une entreprise consiste à développer une politique de rencontres et de contacts très personnalisés avec les journalistes des quotidiens, magazines et revues spécialisées. Outre le renforcement de l’image, cette approche peut aussi assurer un appui solide au marketing de l’entreprise. Par ailleurs, cette visibilité presse, accompagnée d’un positionnement et d’une présence forte sur les médias sociaux, offre un atout supplémentaire: permettre de profiler les membres de la direction et autres spécialistes sur un sujet parallèle – mais intimement lié – à l’activité principale de l’entreprise et, par ce fait, viser potentiellement de nouveaux segments de clientèle. Le rythme d’implémentation de ce plan de communication est également de la plus haute importance. Il s’agit pour l’entreprise d’intégrer sa démarche en termes de RSE dans son plan global de communication et d’en faire un pilier à part entière de ses messages-clés. L’objectif étant de poursuivre l’effort de construction de l’image de marque au fil des communications habituelles tout au long de l’année. Ce plan de communication se décline également à l’interne afin de diffuser auprès des collaborateurs les messages-clés et de bâtir un nouveau pan de culture d’entreprise. L’adhésion de l’ensemble des ressources internes à ces nouvelles valeurs constitue un précieux atout aussi bien en termes de cohésion des forces de travail qu’en termes de construction de l’image de marque à l’extérieur. Les employés convaincus sont enclins à en parler autour d’eux. De fait, cet aspect de la communication doit être considéré comme crucial, comme l’a exprimé Henry Ford: «Les deux choses les plus importantes n’apparaissent pas au bilan d’une entreprise: sa réputation et ses hommes.» ●


précisions

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techno

Bitcoin: la monnaie du futur? Pas un seul jour sans que le terme Bitcoin fleurisse dans les journaux, sur les réseaux sociaux ou encore soit évoqué dans les salles de marchés. La très sérieuse banque américaine Goldmann Sachs y a même consacré une étude d’une vingtaine de pages!* Décryptage d’une saga, dont l’issue est encore incertaine. TEXTE SÉBASTIEN FANTI

L

e Bitcoin est une monnaie électronique distribuée (cryptomonnaie) qui permet le transfert d’unités dénommées Bitcoins au travers du réseau internet. Il s’agit du premier réseau de paiement pairà-pair décentralisé qui fonctionne exclusivement grâce aux utilisateurs. Concrètement, il n’y a donc ni banque centrale ni établissement de crédit. Les utilisateurs s’échangent une «adresse Bitcoin» qui équivaut à un numéro de compte bancaire, adresse encodée de manière spécifique et fabriquée à partir d’une clé publique. L’outil cryptographique utilisé va donc influer sur la robustesse du système. Il en résulte une volatilité ainsi qu’un anonymat qui tétanisent les uns et captivent les autres. Nonobstant les mesures de sécurité prises, supérieures à celles prévalant dans un système traditionnel, des vols, des cyberat-

taques ou encore d’autres types de fraudes sont survenus engendrant une salutaire réflexion sur l’opportunité d’accepter cette monnaie électronique, à tout le moins en l’état actuel des connaissances. Même si certains prétendent que l’anonymat est le meilleur rempart contre le piratage de données, force est de constater que les infractions se multiplient avec des conséquences parfois dramatiques, ainsi que l’a récemment démontré la faillite de la plateforme japonaise MtGox, regroupant le plus important échange de monnaie virtuelle Bitcoin au monde! La perte générée par une faille dans le système informatique ascende à 850 000 Bitcoins, soit 500 millions d’euros. Des considérations divergentes Au grand dam des détracteurs du Bitcoin, cette faillite n’a pas emporté celle de la FOCUS PME


Sébastien Fanti est avocat, doctorant en droit (cloud computing). Il exerce son activité au sein du réseau international Lexing composé d’avocats technologues. Rédacteur au sein de revues juridiques de référence, il est également investi dans la gestion opérationnelle de sociétés actives dans les technologies avancées. www.sebastienfanti.ch

photo: ulchik74 / Fotolia

monnaie virtuelle. Elle doit cependant inciter à une prudence accrue, ce d’autant que les régulateurs des différents pays ont émis des avis différenciés (pour un panorama général par pays: http://bitlegal.net). Ainsi, si l’Allemagne a octroyé au Bitcoin le statut de monnaie officielle, différents pays l’ont tout simplement proscrit (Islande et Vietnam notamment), respectivement ont cherché à en contrôler l’utilisation. L’interdiction n’est manifestement pas une option réaliste, dès lors que l’anonymat inhérent au Bitcoin rendrait alors son utilisation «subreptice».

La perte générée par une faille dans le système informatique: 500 millions d’euros.

FOCUS PME

Qu’en est-il en Suisse? La Suisse n’est pas épargnée par cette tendance puisque les premiers bancomats pour Bitcoins ont été installés au début de l’année à Zurich. Différents commerces acceptent d’ores et déjà ce mode de paiement, notamment dans les restaurants. Il existe même une association suisse pour le Bitcoin (Bitcoin Association Switzerland: http://bitcoinassociation.ch) qui milite pour son développement. Sur le plan institutionnel, diverses interventions ont initié une démarche de réflexion à l’échelon national. Le conseiller national JeanChristophe Schwaab a sollicité par le dépôt d’un postulat que le Conseil fédéral évalue les risques de la monnaie en ligne, en particulier en ce qui concerne son utilisation à des fins de blanchiment d’argent et de financement d’activités criminelles, ou sa licéité au regard de l’interdiction du jeu de l’avion ou de la pyramide de Ponzi. Le conseiller national Hans Kaufmann a, quant à lui, soumis une interpellation qui porte spécifiquement sur le respect des normes en matière de blanchiment d’argent. Un deuxième postulat, déposé par le conseiller national Thomas Weibel, a pour objectif d’établir la sécurité juridique concernant le Bitcoin, complétant ainsi opportunément les questionnements issus du postulat Schwaab. Son auteur est favorable à ce que le Bitcoin soit traité comme une devise étrangère.

Le 20 novembre 2013, le Conseil fédéral a répondu à l’interpellation du conseiller national Kaufmann en mettant en exergue le fait que certains modèles d’affaires recourant aux Bitcoins pourraient être soumis à la loi sur le blanchiment d’argent et partant, à la surveillance de la FINMA ou d’un organisme d’autorégulation reconnu. Une autorisation pourrait donc s’avérer un préalable obligatoire au développement d’activités basées sur cette crypto-monnaie. Toutefois, le principe de territorialité limiterait la surveillance en matière de blanchiment aux prestataires de service qui se trouvent sur sol helvétique, sauf en cas de procédure pénale (l’entraide permettrait alors d’agir)! Il existe donc un risque, si le régime légal s’avérait trop strict, que les prestataires de Bitcoin optent pour un siège à l’étranger, annihilant ainsi toutes les tentatives de régulation et toute perception d’impôts… car, faut-il le préciser, qui dit monnaie ou devise dit taxes à l’instar de la TVA. La situation deviendrait donc paradoxale puisqu’en sus de perdre une manne précieuse en temps de crise, la Confédération serait dans l’impossibilité d’interdire ce mode de paiement anonyme. Le Secrétariat d’Etat aux questions internationales, en charge de recueillir et de synthétiser les avis des différents protagonistes, devrait bientôt livrer son rapport au Conseil fédéral. Le temps presse. A cet égard, la solution adoptée par l’Allemagne, solution empreinte d’un pragmatisme raisonné, devrait orienter la réflexion actuellement conduite dans notre pays. La place financière suisse, qui doit faire face à des défis inédits et conséquents à l’aune des développements récents, pourrait saisir cette occasion pour se réinventer. Personne ne peut, certes, subodorer le futur du Bitcoin, mais manquer une sérendipité monétaire serait un galvaudage que la Suisse ne peut se permettre. ● *http://fr.scribd.com/doc/212058352/Bit-Coin


précisions

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FISCalité

Vers un échange automatique de renseignements En 2009, le Conseil fédéral a modifié la politique internationale de la Suisse en matière d’échange de renseignements fiscaux. Les conventions de double imposition (CDI) conclues seront conformes au standard international mis en œuvre par l’OCDE: article 26 du Modèle de CDI. TEXTE XAVIER OBERSON

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e nombreuses CDI, à savoir plus de 45 à ce jour, ont été renégociées, modifiées ou conclues. La Suisse accordera un échange de renseignements sur demande à l’égard des Etats contractants, dans la mesure où l’information sollicitée est «vraisemblablement pertinente» pour assurer l’imposition dans l’Etat requérant. Le secret bancaire n’est plus opposable à de telles demandes. La Suisse ayant accordé au monde, certes sur la base d’une CDI, ce que les Etats lui demandaient depuis plus de cinquante ans, on aurait pu penser que la situation allait se calmer et que la Suisse disposerait d’une sorte de répit bienvenu. C’est en réalité tout le contraire qui s’est produit. La pression internationale n’a fait en réalité qu’augmenter, les organismes internationaux tels que le G8, le G20, l’OCDE ou l’ONU ont poursuivi de plus belle, et le mouvement de réforme s’est brutalement accéléré. Il faut dire que certains scandales ont encore jeté de l’huile sur le feu. Tendance à la généralité Un autre Modèle d’accord en matière d’échange de renseignements (MAER, [TIEA]), destiné aux paradis fiscaux, s’est développé. Entre 2002 et 2008, il n’y avait environ que 10 MAER dans le monde, essentiellement conclus par les Etats-Unis. A ce jour, il en existe plus de 900! Même la Suisse en a déjà

signé trois, avec Jersey, Guernesey et l’île de Man. De même, la Convention multilatérale de l’OCDE en matière d’assistance fiscale internationale a été ouverte à la signature d’Etats non membres et signée à ce jour par 63 Etats, dont la Suisse, la Chine ou Singapour. Juillet 2012, l’OCDE, y compris la Suisse, a accepté le principe de la recevabilité de demandes dites «groupées». Un Etat, sur la base d’une CDI, est en mesure de demander des renseignements à l’égard d’un groupe indéterminé de contribuables non identifiés par leur nom, dans la mesure où l’on peut démontrer un comportement systématique, répétitif et un état de fait similaire («pattern of facts»). La Suisse cherche des solutions La Suisse a alors tenté de trouver une solution de compromis, entre le droit au respect de la sphère privée et l’exigence légitime des Etats à assurer une imposition effective de leurs résidents. Véritable imbroglio juridique, le modèle Rubik était né. Il s’agit pour la Suisse de prélever auprès de l’agent payeur (la banque) l’impôt dû sur les avoirs mobiliers du contribuable résident à l’étranger, tout en garantissant l’anonymat du détenteur des avoirs. Cette solution allait trouver un écho favorable, dans un premier temps, auprès de l’Allemagne, de l’Autriche et de la Grande-Bretagne, avant de se heurFOCUS PME


Xavier Oberson est un avocat genevois. Il est professeur de droit fiscal suisse et international à l’Université de Genève depuis 1995. Il est aussi membre de la Commission fédérale d’harmonisation des impôts directs de la Confédération, des cantons et des communes (CHID). www.oberson.ch

Il faut permettre aux contribuables concernés de régulariser leur situation.

ter au vote final négatif du Parlement allemand. Depuis, le modèle peine à se développer, notamment de par sa complexité et le maintien de l’anonymat du client. Un autre modèle allait en revanche connaître une plus grande reconnaissance, celui de l’échange automatique de renseignements. Le système américain FATCA contraint les intermédiaires financiers à identifier leurs clients américains et à prélever sur les comptes récalcitrants un impôt à la source de 30%. Ce système est combiné avec un mécanisme de «reporting» qui s’apparente à un échange automatique de renseignements. Autre modèle en compétition, celui de l’UE et notamment la directive sur l’épargne, existant depuis juillet 2005, ou de la directive sur l’échange automatique de renseignements qui entrera en vigueur le 1er janvier 2015 (mais ne vise pour le moment que cinq types de revenus).

Illustrations: artenot / Fotolia

Un accord ambitieux Lors de la réunion du G20 à Sydney, l’OCDE a présenté son propre modèle qui consiste en un échange automatique de renseignements sur les rendements et la fortune mobilière, une fois l’an, selon une procédure informatisée et sécurisée qui sera définie fin 2014. L’instrument juridique qui fondera l’échange serait la convention multilatérale de l’OCDE en la matière, que la Suisse a signée en octobre 2013, combinée avec des accords bilatéraux (accords entre autorités compétentes), dont le modèle a été publié. L’objectif du G20 est

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ambitieux dès lors que la date de mise en œuvre du système a été proposée au 1er janvier 2015. La Suisse a annoncé qu’elle allait mettre en œuvre ce système, mais plutôt vers 2018, étant donné la procédure de ratification du droit interne. Pour le futur, il s’agit de s’assurer du respect du principe d’égalité de traitement, de l’inclusion des trust et structure offshore dans la liste des entités devant communiquer leurs ayants droit économiques et de la mise en œuvre par tous les Etats de pratiques internes effectives comparables. Un Etat ne peut communiquer que ce qu’il peut obtenir en fonction de son droit interne. Il faudra se concentrer sur les droits des personnes impliquées dans cette procédure et garantir, non seulement en Suisse, mais au niveau du standard mondial, un certain nombre de droits fondamentaux et de procédure. Il faut notamment garantir le respect du principe de confidentialité qui est ancré dans les instruments juridiques d’échange de renseignements et notamment que l’administration qui reçoit les informations respecte ce principe, y compris le principe de spécialité. Vers un autre modèle? Il faut permettre aux contribuables concernés par ce changement subit de système juridique de régulariser leur situation. On voit dans l’affaire américaine la difficulté majeure que peut poser le règlement du passé. De nombreux Etats, notamment européens, ont mis en place des systèmes d’amnistie fiscale (notamment l’Italie, la Belgique ou l’Espagne). Pour régler le passé, le modèle Rubik a montré ses limites. A mon sens, la solution passe par un autre modèle, comme celui du Liechtenstein (LDF) avec la Grande-Bretagne, qui a le mérite de régler le passé, sans conséquence pénale, avec communication du nom du client, ce qui règle le problème en cas d’échange automatique de renseignements vers le futur. ●


inspirations

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Des idées venues d’ailleurs FOCUS pme vous livre quelques pistes inspirées de l’étranger et les experts de Genilem, l’association de soutien à la création d’entreprise, analysent les forces et faiblesses de chaque projet et vous livrent un taux de réussite pour la Suisse romande.

Avec la collab oration de

TEXTE LAETITIA WIDER et NATHALIE PRAZ

Un distributeur de salades bio Un distributeur de salades préparées comme à la maison, à base de produits frais et locaux, c’est ce que propose la société Farmer’s Fridge basée à Chicago. Préparés le matin même, ces petits plats 100% bio sont installés dans les machines dès 10 heures. La compagnie a développé des emballages qui garantissent la fraîcheur des salades, garantis sans phtalates ni autres substances nocives. Tomate cerise sur la laitue, les invendus sont offerts à une association qui se charge de les distribuer aux plus démunis.

www.farmersfridge.com

Des bornes pour imprimer ses vêtements Imprimer des designs ultra-personnalisés sur des T-shirts ou des accessoires directement en magasin, c’est le concept proposé par le YRstore. Une borne interactive qui permet aux clients de choisir les motifs et la couleur du T-shirt de leur rêve. Il est ensuite directement imprimé sur place. Les marques peuvent ainsi proposer une nouvelle vision de l’habillement en créant autant de produits originaux que de clients. De leur côté, les consommateurs s’impliquent dans le processus créatif. A Londres, on peut trouver ces bornes interactives pour quelques mois dans deux enseignes, Topman et Selfridges. Le YRstore revendique aussi une identité éphémère. Et pour repartir avec un T-shirt personnalisé il faut compter au minimum 40 fr. et quinze minutes d’attente. Le coût de l’originalité.

www.yrsto.re

Les plus • Profite de la vague d’apporter la nature en ville • Mise en avant de produits du terroir et sains • Enfin des produits frais, non industriels dans des «vending machines» • Design sympa des kiosques Les moins • Logistique importante • Dépend à 100% de l’emplacement • Beaucoup de concurrence indirecte (bars à salades), donc quel part de marché peut-on encore prendre? • Marché suisse attaché à la qualité du service • Coûts quotidiens de maintenance (nettoyage, entretien technique) et réassort Taux de réussite: 50%

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Les plus • Surfe sur la vague de la personnalisation de tous les éléments de l’habillement • Vraisemblable intérêt d’une partie des consommateurs • Designs sympa et tendance

Taux de réussite: 25%

Photos: DR

Les moins • Temps d’attente qui risque d’empêcher l’achat impulsif • Ressources consommées (espace et personnel dédié) • Masse critique pour rentabiliser l’opération • Coût du T-shirt • Très orienté «anglo-saxon»

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Le vélo-cantine bio Le principe de la restauration dans un véhicule qui se déplace, ou non, n’est pas nouveau à l’instar des vendeurs itinérants de paninis, de pizzas ou plus récemment de hamburgers. Ce qui est innovant, c’est de conjuguer le «manger sur le pouce» à l’écologie et à la santé. Ainsi, la société parisienne Velissime (www.velissime.fr) fondée par Sophie Chavanne propose chaque jour via un menu disponible sur le Net des plats préparés le matin même avec des produits de saison et qui peuvent être commandés avant 11 h. Ces derniers sont ensuite livrés par des vélos-triporteurs, pour garder les plats au chaud, lors de plusieurs arrêts sur un itinéraire défini à l’avance et à des horaires précis. Si peu d’investissements sont nécessaires (les plats pouvant être préparés dans la cuisine familiale), des talents culinaires et une grande dose d’énergie sont indispensables! Ce concept peut bien évidemment être étendu à tout type de nourriture comme des salades en été, des soupes en hiver ou des plateaux apéros en période de fêtes. Les menus peuvent facilement être adaptés en fonction de l’intérêt des clients. Les plus • Répond à une vraie demande de manger au bureau sainement • Concept dans l’air du temps • Renouvellement constant de l’offre avec des produits de saison Les moins • Rentabilisation difficile de la livraison • Contrainte de logistique • Concurrence • Difficulté à trouver les clients Taux de réussite: 35%

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Un site de conciergerie pour les papas Lancé en avril 2013, DaddyCool.fr est un site d’informations entièrement dédié aux pères. Depuis quelques mois, il propose également un service de conciergerie pour les pères de famille. Les papas débordés peuvent ainsi acheter en ligne des bons, dès 20 euros, qui s’échangent contre des services: baby-sitting, aide au ménage, travaux à domicile, livraison de repas équilibrés ou encore chef à domicile. «Alors que les schémas familiaux se diversifient et se complexifient, que les pères se retrouvent parfois seuls avec leurs enfants, il n’existait aucun service d’information spécialement créé pour eux. Les mères croulent sous les conseils et les injonctions pour gérer le quotidien mais les hommes manquent d’inspiration et de coups de pouce pratiques», explique Alexandra Romano, la fondatrice interviewée par le site LEntreprise.com. L’histoire ne dit pas ce que Simone de Beauvoir ou Virginia Woolf auraient pensé du slogan de DaddyGroom: «Parce que les papas ne sont pas des mamans comme les autres et qu’ils méritent autant d’inspiration et de soutien.»

www.daddycool.fr

Les plus • Site web très intéressant pour des papas • Centralisation d’informations pratiques Les moins • Masse critique en Suisse romande pour viabiliser l’activité • En quoi la valeur ajoutée des prestations de services proposées est-elle exclusive à une clientèle masculine? • Différence de mœurs et de schémas familiaux entre la France et la Suisse Taux de réussite: 10%

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Le salon de coiffure sans local Les salons de coiffure sont légion en Suisse. A chaque coin de rue des grandes villes et même dans les villages, tout un chacun peut se faire chouchouter avec ou sans rendez-vous. Le hic? Il faut compter généralement trente minutes à une heure pour une coupe, voire un brushing, et bien souvent débourser plusieurs dizaines de francs. Or, qui n’a jamais voulu rafraîchir sa coupe ou se faire coiffer avant un rendez-vous de dernière minute, à la sortie d’un avion, ou simplement pour rentabiliser ces vingt minutes de battement dans un agenda surchargé? C’est ce que propose en France Nicolas Langer avec son concept de «Beauty Bubble», comprenez un microsalon de coiffure express à prix réduit (10 mètres carrés) facile à implanter dans un endroit à fort passage, comme une gare, un aéroport, un centre commercial. Chez lui, pas de shampoing, juste des coupes sur cheveux secs et des rafraîchissements de brushing en dix minutes et pour 10 euros! Si le client y trouve son compte, l’entrepreneur n’aura quant à lui pas à dénicher un local et à l’aménager. Seuls les coûts de la franchise, de la bulle et des employés seront à sa charge (www.beautybubble.fr). Mais rien n’empêche ceux qui sont un peu débrouilles de créer leur propre salon de coiffure sans mur ou pourquoi pas itinérant…

Les moins • Autorisation et négociation pour trouver un endroit de passage important • Le manque «d’intimité» pour le client • Planification des ressources Taux de réussite: 70%

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Le café qui se paye au temps En avril 2013, l’Anticafé est devenu le premier café de France où l’on ne paye pas ses consommations, mais le temps passé sur place. Le concept, venu de Russie, se propage en Europe depuis un peu plus d’une année. Londres, Paris mais aussi Wiesbaden en Allemagne comptent déjà leur café à l’heure. A l’Anticafé de Paris, créé par Leonid Goncharov, étudiant ukrainien de 23 ans, il en coûte 4 euros la première heure, 2 euros la suivante ou 14 euros la journée. Pour ce prix-là: wi-fi très haut débit, imprimante, café ou thé et même des petits en-cas, le tout à consommer à volonté! A cheval entre le café et l’espace de co-working, ces étranges bistrots attirent principalement les travailleurs nomades et les indépendants. Ils accueillent occasionnellement des conférences, des séances de coaching ou des workshops. Depuis le 17 mars dernier, Lausanne a aussi son «café à l’heure» situé à l’espace G-60. Le lieu, à vocation éphémère, disparaîtra dans dix mois. Avis à tous ceux qui rêvent de servir du temps dans une tasse à café…

http://anticafe.fr • http://ziferblat.net/en/

Les plus • Bon moyen de mettre les clients à l’aise • Innovation intéressante dans le modèle de tarification • Offre alléchante pour les consommateurs: extension de son «chez-soi». Les moins • Rentabilisation des charges d’exploitation. A l’heure actuelle un client consomme en moyenne 5 fr. pour vingt minutes. Il convient de trouver un mode tarifaire qui fait aussi bien, si ce n’est mieux. Taux de réussite: 50%

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Photos: DR

Les plus • Pas de réservation • Temps d’attente très court • Prix bas • Large public potentiel • Facile à mettre en place - Peu d’investissement


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Bien recruter, c’est un art! Dans une pme, les travailleurs se connaissent généralement tous. Amenés à travailler en étroite collaboration, la cohésion de groupe est primordiale. Un recrutement réfléchi s’impose. Et si en plus des aides financières viennent se greffer, ce défi s’annonce sous de bons auspices. TEXTE NATHALIE PRAZ

S Photo: Olivier Le Moal / Fotolia

i on choisit ses amis, c’est rarement le cas pour ses collègues, sauf si l’on est le patron. Et dans ce cas, la responsabilité de recruter la bonne personne au bon poste nous incombe. Autant dire que la tâche n’est pas facile et que parfois le résultat est un échec comme dans 20% des cas selon une récente étude française. Et ce défi est encore plus grand, plus l’équipe est petite. Le nouveau va-t-il réussir à s’intégrer? Estil suffisamment autonome et polyvalent? Va-t-il s’investir comme si ma pme était la sienne? Le succès de l’entreprise compte-t-il autant pour lui que pour moi? Des questions – légitimes – que tout patron s’est posées un jour ou l’autre. Ce dernier se sent bien souvent seul face à ces problématiques, surtout

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lorsqu’il ne peut pas se reposer, pour des questions financières ou organisationnelles, sur un responsable des ressources humaines. Un encadrement par des professionnels Pourtant, pléthore de sociétés de coaching mettent à disposition leurs services. Mais les dirigeants des pme y ont peu recours: «Ils pensent pouvoir endosser la casquette de DRH, explique Robin Gordon, directeur général d’Interiman Group. Si aujourd’hui internet facilite la postulation et le recrutement, il serait cependant faux de penser que les entreprises peuvent s’affranchir des agences de placement.» Surtout dans certains domaines comme la restauration et le bâtiment où la souplesse en matière de ges-


progression tion du personnel est indispensable à une bonne gestion des coûts et des projets. «Nous aidons les entreprises à jongler au plus près de leur carnet de commandes en leur fournissant, le lendemain de leur demande ou le jour même, du personnel qualifié et préalablement sélectionné, assure le directeur général. La réactivité est le cœur de notre business.» Ce service a cependant un coût pour les sociétés qui oscille entre 10% et 20% du coût de l’employé (salaire et charges sociales) selon les cas. Mais il leur permet aussi de ne pas grever leurs bénéfices avec des charges en personnel inutiles. Et lorsqu’un problème survient, le patron pourra compter sur le soutien des spécialistes rh de l’agence. Cependant, dans de nombreux domaines, l’engagement à durée indéterminée est logique et préférable. Encore faut-il trouver le bon candidat. Pour ne pas se tromper, le premier conseil est de s’entourer d’un spécialiste afin de recruter juste du premier coup. Faire appel à un conseiller externe pour sélectionner un candidat n’est pas une option réservée qu’aux grandes entreprises. Il en coûtera souvent moins d’argent mais aussi moins de temps que de se tromper et de devoir rectifier le tir après quelques mois d’essai infructueux.

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L’offre d’emploi parfaite est… … courte mais précise. Ce n’est pas un cahier des charges mais l’intitulé du poste ne suffit pas non plus. Ces précisions permettront d’«éliminer» des candidats et donc de simplifier la tâche du recruteur. … réaliste. Un excellent anglais est-il vraiment nécessaire, tout comme une maîtrise parfaite d’un programme informatique spécifique? Ces «lacunes» ne peuvent-elles pas être comblées par la suite? Il ne faudrait pas que des critères inutiles deviennent éliminatoires et fassent passer la société à côté d’une perle à cause d’éléments qui, en fin de compte, ne sont pas si importants. … flexible. Toujours afin de ne pas exclure le candidat parfait, il est, par exemple, bien de préciser si un temps partiel est envisageable ou pas. … valorisante. Il faut mettre en avant les avantages de l’entreprise: répartition du salaire (13e, prime, etc.), formation continue, voyages, prestations en nature, crèche d’entreprise, vacances, etc. … utile. Le candidat veut savoir dans quel type d’entreprise il postule et quelle équipe l’attend. Sans oublier l’évolution future de la société ou le genre de management à l’interne. … sans attentes cachées. Si vous savez que le futur employé sera amené à se déplacer régulièrement ou que sa rémunération dépendra de ses résultats, l’omettre dans l’annonce vous ferait perdre un temps précieux en dépouillements de CV et en entretiens inutiles.

Des aides financières sont possibles Au-delà de déterminer quel sera l’employé idéal – pour autant qu’il existe –, les entreprises peuvent aussi bénéficier d’aides financières. Ainsi, dans le canton de Genève notamment, chaque employeur qui embauche un chômeur en fin de droit pourra recevoir de l’Etat, plus précisément de Office cantonal de l’emploi (OCE), une partie du salaire durant un an en fonction de différents critères. Les patrons connaissent peu cette option nommée ARE (allocation de retour à l’emploi). Cet argument est davantage utilisé par les chômeurs euxmêmes afin de convaincre une entreprise de les engager et de se différencier ainsi d’une autre candidature. Selon l’OCE, il y a eu 424 nouvelles ARE et 3946 fins de droit en 2013. L’OCE estime donc à 10% environ le nombre de chômeurs en fin de droit qui bénéficient d’une ARE. La preuve que cette aide étatique reste sous-utilisée. Son

utilité n’est pourtant pas en cause. Selon l’étude «L’ARE permet-elle de réinsérer durablement les chômeurs?» réalisée par Pierre Kempeneers, directeur de recherche à l’Observatoire universitaire de l’emploi et parue en août 2013, les résultats sont éloquents: «Sur un échantillon d’environ 3700 contrats ARE conclus entre avril 1998 et février 2013, 64% des personnes arrivées au terme de leur contrat ARE ne se sont pas réinscrites à l’Office cantonal de l’emploi deux ans après avoir bénéficié de cette mesure. Soit environ deux personnes sur trois!». Pour le nouveau conseiller d’Etat genevois en charge du Département de l’emploi Mauro Poggia, cette mesure est aussi un moyen d’encourager les entreprises à assurer une certaine responsabilité sociale en tant qu’acteur de l’économie locale: «Par ailleurs, un individu coûtera FOCUS PME


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Que faut-il se demander avant de recruter? Romain Buob, consultant en gestion de carrière chez Futura21 et administrateur chez Akwire, suggère aux dirigeants de pme de se poser certaines de ces questions avant d’engager un nouvel employé: • Est-ce que je dispose d’un outil de gestion prévisionnel des besoins en ressources et en compétences (via un tableau de bord par exemple) au sein de mon entreprise? • Est-ce qu’il y a une réelle collaboration entre les affaires effectives et les RH dans le cadre de la stratégie d’entreprise (surtout si l’entreprise dépasse les 30 collaborateurs)? • Un cahier des charges précis pour chaque fonction au sein de mon entreprise est-il disponible? • A qui va rapporter la nouvelle personne? Où se situera-t-elle dans l’organigramme? • Dois-je impérativement recruter une personne externe ou puis-je promouvoir une personne à l’interne? • Le volume des affaires me permet-il un recrutement fixe ou dois-je penser à recruter en temporaire? • Pour quelles tâches ai-je besoin d’une ressource supplémentaire? • Est-ce que son futur supérieur hiérarchique et ses collègues sont prêts à accueillir une nouvelle ressource? Auront-ils du temps de formation ou d’adaptation à lui accorder? • Quel vecteur de recrutement utiliser (papier, web, agences, connaissances, etc.)? • Quel est mon budget pour ce recrutement?

«Les entreprises ne peuvent pas s’affranchir des agences de placement.»

moins à l’Etat s’il trouve un emploi en bénéficiant d’une mesure d’accompagnement comme les ARE que s’il demande des prestations d’aide sociale. Sans oublier les dommages collatéraux sur le chômeur de longue durée et sur sa famille.» Une autre erreur commise par les entreprises sans réelle réflexion sur leur politique de recrutement est de gaspiller leur précieux temps en recherche et formation de nouveau employé mais aussi de mettre en péril leur réputation. «Une société qui recrute de manière plus réactive que proactive, sans réelle stratégie ni analyse des besoins réels, va au- devant de problèmes, affirme Romain Buob, consultant en gestion de carrière auprès de Futura21. Elle risque notamment de perdre des heures à

rencontrer des candidats pour des postes qui finalement n’existent pas vraiment. Ou pire encore, elle finira par les licencier, après quelques mois seulement, car finalement, le besoin à ce moment-là n’était pas réel. C’est désastreux en termes d’image pour l’entreprise et son management tant à l’interne qu’à l’externe.» Recruter, c’est donc un métier et pas simplement une casquette supplémentaire qu’un patron peut porter de manière temporaire. «Un consultant, tout comme un œnologue pour le vin, est doué et apte à faire des bons choix de recrutement parce qu’il en a «testé» beaucoup, confirme Robin Gordon d’Interiman Group. Il est ainsi capable de prendre suffisamment de recul pour comparer les candidats entre eux.» ●

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Soyez un super patron ! Faire des bénéfices, être à l’écoute, trouver de nouvelles idées, amener ses collaborateurs à se dépasser, ne jamais flancher… Etre un patron n’est pas simple. Heureusement, voici huit super pouvoirs pour y parvenir! TEXTE LAETITIA WIDER

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llez savoir pourquoi, dans la panoplie de super-héros, on trouve des capes flottantes, des collants à la virilité discutable, des masques bigarrés mais jamais de blazer de super patron. Une piste peut-être: Batman, Superman, Flash Gordon et autres Spiderman usent et abusent de super-pouvoirs un peu surfaits et complètement irréels. Le super patron, lui, n’est qu’un homme parmi les mortels, un super- héros de la vraie vie dont n’importe quel humanoïde, ou presque, peut endosser le costume. Quelle bonne nouvelle! Petite leçon en huit points pour adopter la «super leader» attitude. 1. Transformez votre super ego en super humilité Un bon patron fait passer son entreprise avant ses intérêts personnels. Pas de gloriole inutile, vos succès se reflètent dans les yeux de vos employés. N’oubliez pas que sans eux, rien ne serait possible. Accordez-leur du temps, de l’estime et de l’écoute. Et surtout, ne prenez pas les remarques personnellement, pas même les plus désagréables. Les blessures d’ego n’ont rien à faire à la tête d’une entreprise. 2. Faites preuve d’exemplarité Respectez vos engagements et vos promesses. Montrez l’exemple, mettez la main à la pâte et ne faites pas le contraire de ce que vous revendiquez. Un vrai leader prend les règles très au sérieux et s’y tient. Par cette attitude, vous instaurerez un élément capital entre vous et vos employés: la confiance.

3. Développez le potentiel de chaque employé Regardez chacun de vos employés comme un diamant brut. Pour révéler tout leur éclat, transformez-vous en tailleur de pierre. Offrez-leur un polissage sur mesure en les aidant à développer leurs capacités. Des formations et des accompagnements personnalisés sont autant d’outils pour vous aider dans votre tâche. Libérer du temps et des moyens pour valoriser leur croissance personnelle ne peut être que bénéfique pour l’organisation.

«Le super patron n’est qu’un homme parmi les mortels.»

4. Ne laissez pas le ver dans la pomme Quoi de plus mauvais que des troupes au moral décimé par des problèmes restés en suspens. L’humeur dans les chaussettes, vos employés risquent bien de se démotiver en un rien de temps. Les problèmes ne se règlent que très rarement d’eux-mêmes. C’est à vous et à personne d’autre de les prendre à bras-le-corps. 5. Donnez envie à vos employés de rester au bureau Il n’est peut-être pas nécessaire d’aller jusqu’à installer une table de ping-pong, des bulles de relaxation ou un bar à sushis dans votre entreprise. Une ambiance agréable favorise cependant la satisfaction des collaborateurs. Sentez-vous responsable de l’atmosphère qui règne dans vos locaux. Des employés qui arrivent au travail chaque matin avec enthousiasme ont plus de chance d’être motivés, énergiques et prêts à donner de leur personne pour cette société qui les chouchoute tant. FOCUS PME


Photo: lassedesignen / Fotolia

6. Cultivez la créativité Intégrez de la créativité dans la vie professionnelle quotidienne mais aussi dans les procédures. La créativité est contagieuse. Valorisez-la pour en faire un mode de fonctionnement. 7. Soyez humain Avant d’être des collaborateurs, vos employés sont des personnes sujettes, tout comme vous, aux soubresauts de l’existence. Alors faites preuve de compassion et traitez-les dans les mauvaises passes, comme dans les plus heureuses, avec délicatesse et empathie. 8. Vous êtes satisfait, dites-le! Ne soyez pas avare en compliments et autres mots d’encouragement. Un bon patron se démarque par ses compétences et le soutient qu’il est capable de fournir à ses collaborateurs. Félicitez-les pour leur rendement, leurs succès. Quand ils sont valorisés et appréciés à leur juste valeur, les collaborateurs ne pensent plus à partir. Si cela contribue à une ambiance de travail sereine, cette attitude reconnaissante limite également les rotations de personnel. ● FOCUS PME

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Le bouche-à-oreille se répand sur la Toile Faire parler de sa marque ou de son produit sans investir des fortunes, c’est la promesse du marketing de bouche-à-oreille. Grâce au web, cette technique vieille comme le monde prend de nouvelles formes. Une belle opportunité pour les PME. TEXTE LAETITIA WIDER

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ileen Such n’arrive pas les mains vides. A son bras, un petit sac contenant quatre bouteilles d’une nouvelle boisson alcoolisée. «J’en profite pour vous les faire goûter», glisse-t-elle, espiègle. Cette entrepreneuse d’origine allemande a fondé, fin 2011, Coolbrandz, une plateforme web proposant à des marques de promouvoir leurs produits via le «word-of-mouth» (bouche-à-oreille) et le marketing participatif. En ce moment, elle mène une campagne pour une marque de cidre qui veut percer sur le marché suisse. Du coup, Eileen Such n’oublie jamais de faire quelques allusions au produit. Et pour cause, au moment d’envisager un achat, une récente étude réalisée par Nielsen (augmentation de la confiance envers la publicité virale ou «earned medi» dans le monde) relève que 92% des consommateurs font davantage confiance aux recommandations de leurs proches et de leurs connaissances qu’à la publicité traditionnelle. Voilà l’état de fait sur lequel repose le marketing de bouche-à-oreille. Un concept vieux comme le monde, mais qui a pris une autre dimension avec les nouvelles technologies. Aujourd’hui, des sociétés à l’instar de Coolbrandz proposent aux marques de susciter la discussion sur le Net, et donc de créer du bouche-àoreille autour de leurs produits. «Notre vocation, c’est d’être un accélérateur de business pour les marques, explique la fondatrice de Coolbrandz. Nous générons des histoires autour d’un produit, pour que

les consommateurs aient envie de le tester et de partager leurs impressions dans leur entourage virtuel ou réel.» Sur la plateforme, les consommateurs sont donc invités à s’exprimer sur des produits en phase de lancement. Ils participent ainsi activement à l’élaboration de la communication d’un produit, au développement de nouveaux services ou à la promotion d’une marque. En prime, ils reçoivent également des produits à tester! Une multitude de porte-parole Si tout le monde peut s’inscrire, l’équipe de Coolbrandz sélectionne ceux qui participeront aux différentes campagnes en fonction de leurs affinités avec le produit et de leur sphère d’influence, notamment sur les réseaux sociaux ou sur leurs blogs. Une marque peut ainsi se constituer un large panel de petits ambassadeurs prêts à faire la promotion d’un produit sur la Toile. «Les influenceurs, sur le web ou dans la vie réelle, aiment bien se sentir un peu exclusifs, explique Frédéric Zamofing, activateur en communication et médias. En étant intégrés à l’effort marketing d’une marque, ils auront tendance à lui être encore plus fidèles, à condition toutefois de conserver ce statut de privilégié.» Morgane Platz fait partie de ces influenceurs. Cette blogueuse romande anime «The Blondie Diary». «A chaque fois que je reçois un produit, j’en parle sur mon blog. Pour moi, c’est un échange de bons procédés. Cela me permet de tester des produits de marque en avant-

Eileen Such Fondatrice de Coolbrandz

Frédéric Zamofing Activateur en communication et médias

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première. C’est aussi de la matière pour nourrir mon blog.» Dans les commentaires, ses lectrices réagissent. Elles veulent aussi souvent tester le produit. Le murmure commence à se répandre et la machine «marketing participatif» est lancée…

Comment réussir sa campagne de bouche-à-oreille? Une bonne campagne de bouche-à-oreille, c’est avant tout un bon produit. La qualité est une condition sine qua non pour qu’un dispositif de ce type fonctionne. Pour que quelqu’un parle d’un produit, il faut qu’il l’apprécie, mais aussi qu’il ait confiance dans la marque. «Les pires ennemis du bouche-à-oreille sont le mensonge, la dissimulation, ou pire la manipulation, explique Frédéric Zamofing, activateur en communication et médias. Il faut tout simplement être honnête sous peine de créer l’effet inverse.» Les dérapages peuvent être rapides, et le «bad buzz» difficile à faire oublier. Il convient également de s’adresser à un intermédiaire capable d’identifier les bons ambassadeurs pour votre produit. Ils doivent être suffisamment impliqués et actifs sur les réseaux sociaux ou sur le web pour pouvoir transmettre le message à un large panel de consommateurs. Enfin, si vous voulez lancer une campagne de grande ampleur, le marketing participatif n’est peut-être pas le meilleur choix. Vos ambassadeurs doivent toujours garder le sentiment d’être des privilégiés. Or, en envoyant un produit à des dizaines de milliers de personnes, l’effet d’exclusivité se dissipe. Les Photos: Céline michel et DR

ambassadeurs n’auront plus le sentiment d’être spéciaux et privilégiés. Par ailleurs, si 10 000 participants peuvent toucher un million de consommateurs, les campagnes atteignent un plafond à 40 000 participants. Autre effet négatif d’un trop grand panel de testeurs, les coûts d’envoi de colis deviennent trop importants.

FOCUS PME

De la pub à moindre coût Cette stratégie présente un intérêt certain pour les sociétés aux moyens limités. Elle a notamment séduit la jeune marque de parfum suisse Valeur Absolue. «C’est l’histoire de David contre Goliath, on ne pouvait pas régater avec les mastodontes de la parfumerie. Il fallait se distinguer, raconte Bénédicte Foucart, fondatrice de Valeur Absolue. C’est une expérience très positive qu’on envisage de renouveler à l’étranger. Non seulement nous avons eu une approche directe de nos consommatrices, mais aussi un retour immédiat sur notre produit. Les commentaires de ces clientes potentielles ont été extrêmement précieux pour affiner notre stratégie.» Pourtant, le marketing participatif émerge à peine en Suisse romande. Les entreprises hésitent encore à déléguer une partie de leur communication aux consommateurs. «Jusqu’en 2013, on sentait encore une certaine frilosité de ce côté-ci de la Sarine, constate Eileen Such. C’est en train de changer!» La société allemande TRND, à l’origine de la première communauté de marketing participatif d’Europe et qui réunit aujourd’hui plus de 1,5 millions de membres dans 14 pays, en a fait l’expérience. Fin 2010, elle tente de percer le marché romand, sans succès. Résultat: depuis octobre 2011, sa plateforme francophone reste inactive. «Pour lancer une campagne word-ofmouth efficace, il est indispensable de bien connaître le marché local visé et ses consommateurs, constate Frédéric Zamofing. Les sociétés les mieux placées pour le faire sont généralement celles qui y sont implantées.» Dans un monde connecté où les clients ne sont plus de simples acheteurs, le marketing participatif propose aux marques d’écouter, d’impliquer et de mieux connaître leur clientèle. S’il est difficile d’envisager une campagne de bouche-à-oreille comme unique dispositif marketing, il s’impose désormais comme un outil capable d’augmenter la plus-value d’un service ou d’un produit et cela à moindre coût. ●


discussion

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4000 fr. comme salaire minimal dans une PME, est-ce supportable? FOCUS PME

Les PME peuvent-elles se

CONTRE L’INITIATIVE

permettre des salaires minimums de 4000 fr.?

Christophe Reymond Directeur général du Centre Patronal à Paudex

Quelles seraient les branches les plus touchées?

Cela dépend de la situation de la branche et de celle de la PME en question, de même d’ailleurs que de la région dans laquelle celle-ci est active. On met ainsi le doigt sur l’un des défauts fondamentaux de l’initiative: elle impose un salaire minimal généralisé qui ne tient pas compte des spécificités des secteurs économiques et des réalités très diverses qui peuvent être celles de cantons aussi différents que Genève et le Jura.

CHRISTOPHE REYMOND

En chiffres absolus, ce sont quelque 9% des emplois du pays, soit 390 000 postes, qui affichent des salaires horaires inférieurs à 22 francs de l’heure. D’un point de vue macroéconomique, c’est relativement peu, mais il faut bien voir que pour un certain nombre de branches (et aussi dans certaines régions: au Tessin, 25% des emplois sont concernés), cela aurait des effets extrêmement forts. Ce serait particulièrement le cas dans les services à la personne (salons de coiffure et instituts de beauté), les services relatifs au bâtiment (nettoyage), le commerce de détail, l’hôtellerie, la restauration, et bien sûr l’agriculture. Dans beaucoup d’entreprises de ces secteurs, il n’est pas possible de verser un salaire mensuel de 4000 fr. au minimum à tous les employés, en particulier à ceux qui n’ont aucune qualification ou aucune expérience. D’autant que souvent, le patron lui-même n’arrive pas à se verser une telle rémunération. Si l’on met les «sans qualification» à 4000 fr., il faudra aussi augmenter les salaires de ceux qui ont fini un apprentissage mais qui jusqu’ici gagnaient 4000 fr.?

Je crois au contraire qu’un SMIC à 4000 fr. aura un effet général d’écrasement de la grille salariale. A un tel niveau, il deviendra d’abord le tarif de base à l’engagement, même pour des personnes qui, au vu de leur formation, auraient pu espérer plus. On le voit en France où le nombre de «smicards» ne cesse d’augmenter. Par ailleurs, lorsque vous décrétez un montant de référence, cela provoque un gel des salaires au sein des entreprises qui doivent composer avec une hausse brutale de la masse salariale. Un tel effort ne leur permettra pas d’octroyer des augmentations aux autres salariés. Craignez-vous aussi un effet sur le taux de chômage?

Il s’agit d’une préoccupation très vive. Dans un certain nombre de cas, l’entreprise concernée n’aura tout simplement pas d’autre choix que de licencier du personnel, faute de pouvoir augmenter la masse salariale. Dans d’autres, il y aura des diminutions du temps de travail, au profit de contrats à durée déterminée, de travail sur appel ou à temps partiel. Ce sont alors les catégories de collaborateurs les plus fragiles qui en pâtiront: les jeunes, les femmes, les personnes peu qualifiées ou sans expérience. Une telle mesure aura-t-elle des conséquences sur le partenariat social?

A l’évidence. Je connais d’ores et déjà des cas où les employeurs avertissent qu’ils n’auront plus d’intérêt à négocier des CCT si l’initiative est acceptée. Les syndicats semblent ne pas avoir pris la mesure de cet enjeu, qui découle pourtant directement du principe selon lequel fixer les salaires ne constitue pas une tâche de l’Etat. ● FOCUS PME


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Le 18 mai, les Suisses devront se prononcer sur une initiative de l’Union syndicale suisse qui souhaite instaurer un salaire minimal de 4000 francs par mois, soit 22 francs de l’heure pour tous les travailleurs. www.salaires-minimums.ch PROPOS RECUEILLIS PAR NATHALIE PRAZ

FOCUS PME

Les PME peuvent-elles se

permettre des salaires minimums de 4000 fr.?

La plupart des PME se permettent déjà aujourd’hui des salaires au-dessus de 4000 fr. sans que cela leur pose des problèmes majeurs. Avec un salaire minimum, seules 10% des entreprises devront procéder à des augmentations supérieures à 100 fr. En Suisse, avec moins de 4000 fr., on vit dans la précarité. Cette situation coûte aux contribuables environ 100 millions de francs sous forme d’aide sociale perçue par des travailleurs pauvres chaque année. Les entreprises saines et bien gérées n’ont pas besoin de cette subvention. Le salaire minimum les protège contre la concurrence déloyale de la part d’entreprises qui pratiquent la sous-enchère.

alessandro pelizzari

Photos: Jeremy Spierer et DR

Quelles seraient les branches les plus touchées?

Il s’agit notamment du commerce de détail, de l’hôtellerie-restauration ou du nettoyage. Contrairement aux idées reçues, ce ne sont donc pas des branches où l’on retrouve uniquement des PME, mais aussi des grands groupes qui génèrent des bénéfices importants et dont les propriétaires sont des multimilliardaires. Sur l’ensemble, un salaire minimum coûterait 0,4% de la masse salariale, donc bien moins que l’augmentation de salaire accordée chaque année dans la plupart des branches. Et ce n’est pas encore dire que les consommateurs sont prêts à payer les quelques centimes de plus que coûterait le prix du café ou les quelques francs de plus pour leur coupe de cheveux. Si l’on met les «sans qualification» à 4000 fr., il faudra aussi augmenter les salaires de ceux qui ont fini un apprentissage mais qui jusqu’ici gagnaient 4000 fr.?

FOCUS PME

Il est probable que l’introduction d’un salaire minimum entraîne un mouvement vers le haut des salaires qui se trouvent aujourd’hui juste au-dessus de 4000 fr. Ce serait une tendance souhaitable. Les jeunes qui investissent aujourd’hui beaucoup de temps et d’engagement dans un apprentissage le font pour deux raisons: parce qu’ils aiment leur métier et parce qu’ils souhaitent progresser. Or aujourd’hui beaucoup de jeunes y renoncent parce qu’il débouche sur un bas salaire. En effet, un tiers des personnes qui gagnent moins que 4000 fr. ont un CFC. Un salaire minimum valorise la formation professionnelle. Ne craignez-vous pas un effet sur le taux de chômage?

Même le Conseil fédéral l’admet: il est impossible de mesurer l’impact du salaire minimum sur l’emploi. Si d’un côté il peut accélérer le changement structurel dans certaines branches, d’autres profiteront de l’augmentation du pouvoir d’achat. Mais surtout, la Suisse connaît déjà des salaires minimums dans de nombreuses branches qui sont soumises à des CCT. L’augmentation continuelle du salaire minimum durant la dernière décennie n’a pas eu d’impact sur le taux de chômage. Une telle mesure aura-t-elle des conséquences sur le partenariat social?

Environ la moitié des travailleurs est protégée par une CCT en Suisse, et ce depuis les années cinquante. En d’autres mots, en plus d’un demi-siècle, il n’a pas été possible d’étendre la protection des salaires sur l’ensemble des travailleurs. Le salaire minimum est une mesure de protection absolument nécessaire pour les travailleurs qui ne bénéficient pas de CCT. ●

POUR L’INITIATIVE

Alessandro Pelizzari Secrétaire régional d’Unia Genève et président de la communauté genevoise d’Action syndicale


communication

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Quand la valeur dicte le prix En quelques années les marques de distributeur ont changé la donne. Hier suiveuses de tendance, ce sont elles qui mènent la danse aujourd’hui en dictant leur prix au grand dam des «vraies» marques.

L

e développement croissant des marques de distributeur (MDD) est perçu comme une nouvelle menace pour les marques de vos entreprises; plus que le travail de fond des mouvements altermondialistes qui interrogent le «bonheur marchand», autant que son partage, et qui trouvent un écho sans précédent dans l’imaginaire et les prises de décision de vos clients. Et pourtant les marques sont plus que jamais là. Pourquoi? Depuis toujours, la maturité de la consommation autant que l’attention au prix conduisent vos clients à jouer «la vérité de la valeur» et à arbitrer précisément leurs dépenses: ils renoncent aux produits qui ne sont pas assez désirables et choisissent les MDD pour les produits dans lesquels ils ne s’impliquent pas. Enfin, ils se réservent pour les marques dont ils perçoivent clairement la valeur ajoutée et pour lesquelles ils éprouvent du désir. La grande distribution a inversé le système d’étalonnage: hier, les «vraies» marques donnaient le la et les MDD se positionnaient comme 25% moins chères qu’elles. Depuis vingt ans, ce sont les MDD qui servent d’échelle de Richter. Une valeur pour un prix Il est, de toute évidence, plus simple de dire que l’on est 25% moins cher que de prouver que l’on contient 25% de qualités supplémentaires. Ces nouveaux acteurs mettent ainsi au défi les marques de prouver, à la lettre, la «valeur qu’elles ont ajoutée», en réussissant à leur faire ressentir le supplément de qualité, de praticité, d’innovation, de créativité, de statut. En somme, de jouer

leur rôle en plein: de marquer les esprits, de se démarquer et de se faire remarquer. Car une marque est une différence perçue.

 Vos clients, eux, choisiront toujours en fonction de critères multiples: la qualité attendue, le niveau technologique, l’innovation, la traçabilité, le design, le service de la marque. Ne vous y trompez pas: ils n’achètent pas un «prix», mais une valeur perçue pour un prix. Ils se constituent ainsi une échelle «personnelle», donc subjective, de valeur. Avec Internet, ils affichent clairement ce qu’ils ne veulent pas payer en frais de structure, et ce pour quoi ils sont prêts à payer. Car la question des prix renvoie avant tout à celle du référentiel de valeur: le prix correspond-il à cette valeur perçue? A la recherche de la valeur Plus généralement, le référentiel de la valeur est de plus en plus flou. Vos clients le sentent et osent désormais marchander. Les marques elles-mêmes ont dévalorisé certains produits promotionnels: montre, téléphone portable en contrepartie de l’abonnement (cf. L’ère de l’accès de Jeremy Rifkin). Enfin, l’hyper-choix a certainement brouillé et rendu moins lisibles les différentiels de qualité: vos clients ont souvent du mal à apprécier d’emblée la valeur d’un produit. D’où les efforts des fabricants comme des distributeurs pour leur donner des critères de choix et de différenciation clairs.
 Pour rétablir ce référentiel et être désirable, il vous faut un «parti pris». Plus on fait attention au prix et plus il faut de désir pour acheter une marque et pour s’y reconnaître.
Jouer seulement sur la stratégie

Photo: mcmaster639 / Fotolia

TEXTE FRANCK BELAICH

FOCUS PME


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des prix et laisser tomber l’imaginaire de marque, c’est se situer d’emblée sur le terrain des «sans marques».

«Les clients n’achètent pas un “prix”, mais une valeur perçue pour un prix.»

FOCUS PME

La valeur d’une marque Or, que représente une marque si ce n’est une identité, une caution, une garantie, un signe de statut ou d’innovation?
Comment serait-elle préférée si elle ne dit pas ce que vaut sa différence d’identité? Une identité unique qui s’incarne partout, dans un esprit singulier, une cohérence entre ses produits, une esthétique attribuable, des preuves que la marque a pensé à ses clients (par des aspects ludiques, écologiques, pratiques, ergonomiques…), des services performants, un personnel formé, des points de vente qui

explicitent l’imaginaire de marque. Forte de cette identité, et là seulement, votre marque peut alors faire des gestes (des promotions, baisses de prix…), à des moments particuliers, et sans menacer son référentiel de valeur. 
Car la stratégie des prix n’est valable que
si votre produit est attractif. Qui achèterait, même à moitié prix, un produit dont il ne veut pas? Vos entreprises ont donc raison de vouloir créer des marques qui leur ouvrent des droits (ceux de faire des marges meilleures, de se diversifier à moindre coût, de capitaliser sur une réputation) mais doivent s’imposer un premier devoir: faire percevoir la valeur de désir de leur différence. Cela n’a pas de prix. Mais beaucoup de valeur. ●


communication

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Le palimpseste de Grellor Les affiches publicitaires doivent se démarquer pour faire parler de l’entreprise. Et parfois même choquer. Grellor, spécialisée dans le nettoyage, semble l’avoir compris. Décryptage d’une de ses campagnes de pub. TEXTE FRANCK BELAICH

Franck Belaich Enseignant et consultant en stratégies de marques

FOCUS PME


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ordre» helvétique et n’offre que des produits de fabrication ou de conception suisses. Aucun doute sur la sincérité de la vocation et l’authenticité du positionnement de l’entreprise.

L

e palimpseste est un manuscrit écrit sur un parchemin préalablement utilisé, et dont on a fait disparaître les inscriptions pour y écrire de nouveau une autre histoire. Depuis juillet 2013, donc largement avant la votation du 9 février 2014, plusieurs bus circulent à Genève avec «un arrière bien provocateur» comme le précise l’agence de communication en charge de l’image de Grellor, spécialiste des articles et machines destinés au nettoyage des bâtiments. Et les communicants d’enfoncer le clou de l’équivoque, en concluant «A propos, dans une semaine, c’est le 1er août: bonne fête nationale!».

Photos: DR – Illustration: HitToon.com / Fotolia

Depuis juillet 2013, ce visuel de publicité de la maison genevoise Grellor a suscité des polémiques, surtout après la votation du 9 février 2014.

FOCUS PME

Une interprétation ambiguë? A y regarder de plus près, cette publicité de l’entreprise Grellor superpose plusieurs narrations et offre différentes strates de lecture. Comme la première est toute simple en apparence: un jeune souriant, accroché à l’arrière d’un bus, semble nettoyer une vitre pour l’entreprise familiale Grellor. Sauf que le visuel, de toute évidence, ne concerne pas uniquement le nettoyage d’une vitre ou d’un bâtiment mais promet en toutes et grosses lettres un «Pays propre!». A-t-elle enseigne que le «mouilleur» (petit balai de nettoyage utilisé pour les vitres) et non le pinceau ne rend pas le carreau translucide par l’effet du lavage mais fait exactement l’inverse: il l’opacifie en peignant la croix blanche de la Suisse sur fond opaque rouge. En effet, tout le dispositif narratif relève d’un simulacre de premier degré et de transparence. A lire quelques interviews disponibles de M. Pierre Grelly, directeur de Grellor, la marque est positionnée sur le «propre en

Une interprétation politisée? La seconde narration souhaitée par l’annonceur serait donc du type: «La Suisse est un pays propre, Grellor y contribue», message renforcé par la mention «Swiss quality». Mais il n’est pas sûr du tout qu’elle soit d’emblée interprétable ainsi par le public, ce qui fait le mystère et le charme des objectifs de cette «pub». Il existe en effet un troisième niveau de lecture, politique cette fois, induit par la promesse d’un nettoyage national, symbolisé par le drapeau. Le sens équivoque d’un nettoyage ethnique vient immédiatement à l’esprit même si on est sûr que tel n’est pas du tout le but de l’annonceur. Une interprétation nationaliste? Or, il se peut que cette dernière narration l’emporte dans la compréhension spontanée du public, pour une raison simple: la promesse, au premier degré, de vente de produits détergents n’est pas établie explicitement, sciemment. Aucun résultat de propreté ni aucun produit nettoyant de la marque ne sont inclus dans le visuel. En revanche, l’affirmation de l’emblème national est mise en scène, avec un double élément transgressif: peindre (proche de l’acte de taguer) avec l’objet même du nettoyage (inversion de l’usage normal) et faire exécuter l’acte par un jeune qui s’accroche au bus comme le font certains pratiquants de skateboard, ce qui est interdit et dangereux. Le message se lirait alors: «Osez le nationalisme au-delà des interdits.» Encore une fois, il est certain que l’auteur de cette campagne ne l’a pas du tout conçue dans cet esprit. On doit néanmoins se souvenir qu’un message est toujours perçu en fonction d’un fond commun de valeurs, dans un environnement sociopolitique donné. En ce sens, il n’est jamais reçu passivement mais reconstruit parfois très loin du sens premier voulu par l’annonceur. En voilà un cas d’école à méditer. ●


immersion

Julien Meylan et sa création originale, une pendule design.

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L’une des deux boutiques situées à Vevey.

Maître horloger: la passion du temps pour l’éternité Il est le gardien du temps et un vendeur de rêves grâce à des pièces d’exception. Revers de la médaille, ces pièces d’horlogerie attirent aussi la convoitise et les cambriolages font malheureusement partie intégrante du métier. TEXTE NATHALIE PRAZ

limiter la tentation. Malheureusement, ces précautions n’arrêtent pas les voleurs. En 2008, Lionel Meylan, Julien, l’un de ses deux fils et une employée subissent un braquage en plein jour. Trois hommes armés pénètrent dans le magasin, cassent les vitrines d’exposition et s’emparent de bijoux et de montres pour un montant important! Si le fils a pu relever le numéro de plaques, les voleurs ne seront pourtant jamais appréhendés. Un événement qui a changé leur vie à jamais. «Malgré la sonnette installée à la suite de ce braquage, je ressens toujours une certaine appréhension lorsqu’un "client" pousse la porte de la boutique, admet l’horloger. Et ceci sans compter le préjudice financier. Sur le montant envolé, l’assurance

Photos: DR

I

l est huit heures sur la place du Marché à Vevey qui borde le lac Léman. La boutique va ouvrir ses portes dans trente minutes. Quatre employés portant des gants de soie s’activent pour exposer dans les vitrines les montres et les bijoux. Le même rituel chaque matin et chaque soir depuis de nombreuses années. Plus précisément depuis la répétition de brigandages nocturnes qui ont fait voler en éclats les vitrines. «Comme ils dérobaient les bijoux et montres en or, nous avons d’abord retiré ces pièces des devantures pour la nuit, relate le maître horloger Lionel Meylan. Puis, ils n’ont plus fait de différence et prenaient tout ce qui était exposé.» Dès lors, la décision est prise de vider chaque soir les vitrines afin de

FOCUS PME


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Fiche d’identité Nom Lionel Meylan Métier Maître horloger depuis 1973 Bénéfices Réinvestis dans la PME Lieu Vevey Nombre d’employés Neuf, dont ses deux fils Yannick et Julien L’avenir L’ouverture en mai d’une nouvelle boutique sur le glacier des Diablerets à l’arrivée de la télécabine, histoire de gagner en visibilité auprès des touristes asiatiques. La fabrication en plusieurs exemplaires d’une pendule de table conçue par son fils Julien (voir photo). Le premier produit fabriqué par un membre de la famille d’horlogers qui veut «moderniser et remettre au goût du jour» l’attraction des pendulettes de fabrication 100% helvétique. La famille d’horlogers Meylan (de gauche à droite): Yannick, Lionel et Julien.

ne remboursera pas la totalité. Il en résulte un manque à gagner dans le stock.» Il lui faudra plusieurs mois, voire années, pour combler cette perte. Ironie de l’histoire, une montre refait pourtant surface en Australie quelques années plus tard. Son nouveau propriétaire, qui ignorait l’origine délictueuse, l’a envoyée pour un service chez le fabricant suisse. Le numéro de série permet de faire le lien avec les bijoux dérobés. L’horloger et ses fils ignorent toujours ce qui s’est passé avec la montre par la suite.

Le saviez-vous? Le mouvement d’une montre mécanique contient environ 17 rubis de tailles différentes. L’association de cette pierre précieuse avec l’acier offre un meilleur rendement et une usure moindre: «L’objectif étant de construire pour l’éternité», précise Lionel Meylan. Le rubis synthétique remplace le vrai dans le courant des années vingt, ceci dans l’optique évidente de réduire les coûts.

FOCUS PME

L’art de restaurer les pièces anciennes Fort heureusement, le quotidien de l’horloger est beaucoup plus calme. La vente représente 90% du chiffre d’affaires (60% en horlogerie, 30% en bijouterie) et le service à la clientèle requiert la majorité du temps de ce patron de PME. Il est 10 heures, lorsqu’un client entre pour changer le bracelet de sa montre. Assis à son atelier, qu’il a voulu au centre du magasin afin de mettre en avant un savoir-faire, Lionel Meylan s’exécute. Ce service, il ne le fera pourtant pas payer. Grâce à ce geste, le client reviendra peut-être ici pour effectuer le service de sa montre… La restauration des pièces anciennes est ce qui passionne le maître horloger. Cela n’occupe toutefois qu’une partie de son temps.

En fonction de la complexité de l’objet et du nombre de pièces qu’on lui amène, il en restaure environ une centaine par an. Cependant, il n’a pas le temps de s’ennuyer. «Etre à la tête d’une petite entreprise, c’est accepter d’occuper plusieurs casquettes en même temps», explique-t-il. S’il peut compter sur les compétences de ses deux fils, il s’occupe ou garde un œil attentif sur les ressources humaines, la gestion de projet – comme l’ouverture prochaine d’une nouvelle boutique –, l’aspect commercial – avec la mise sur pied d’un circuit destiné aux touristes asiatiques et dont sa boutique et ses ateliers sont une étape – ou encore l’événementiel. C’est d’ailleurs l’une des originalités proposées par l’horloger avec son cours «The Meylan Watchmaking Experience» qui se tient dans la deuxième boutique, située à quelques mètres de la première: en groupe ou en solo, les amateurs de montres peuvent, le temps de quelques heures, comprendre les rouages en démontant et remontant un mouvement. L’expérience est réalisée sur un établi traditionnel en noyer, avec un outillage spécialisé. Pour tester ce métier, rendez-vous sur www.lionel-meylan.ch. Mais comme le dit Lionel Meylan: «Pour être horloger, certaines caractéristiques sont nécessaires: des yeux de lynx, un calme olympien, une patience d’ange et des nerfs d’acier.» ●


consommation

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Parce que vous le valez bien! Parce qu’il n’y a pas que le travail dans la vie. Parce que la technologie est un atout précieux. Parce que la consommation et les ventes sont la base de la réussite des entreprises. FOCUS pme sélectionne chaque mois les indispensables à la panoplie du super patron. SÉLECTION NATHALIE PRAZ et LAETITIA WIDER

Des cartes qui cartonnent Faire bonne impression lors d’un premier échange est la clé de la réussite. Et la carte de visite – qui permettra à votre interlocuteur de se rappeler de vous – doit impérativement cartonner. Brillante ou matte, minimaliste ou excentrique, avec ou sans votre logo, elle en dit long sur vous et votre entreprise. Un petit tour sur Moo.com s’impose pour avoir le choix, la flexibilité et la qualité à un moindre coût.

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