LA CULTURE DE LA VIGNE EN CHAMPAGNE Les tailles (T1) La nécessité de la taille (T2) Une vigne abandonnée à elle-même acquiert un grand développement, produit beaucoup de bois, mais donne des raisins peu nombreux, petits et de maturité irrégulière. Il faut la discipliner, la tailler, autrement dit en couper judicieusement les sarments, pour qu'elle fournisse des fruits en quantité suffisante, avec un bon équilibre sucre-acidité, facteur de qualité du vin à venir, et cela sans compromettre la vitalité de la souche ni accélérer son vieillissement. ... La taille sèche (T2) Les principes de la taille (T3) La taille sèche est déterminante pour la conduite de la vigne et sa fructification. Elle vise à donner aux ceps une forme et un développement en harmonie avec leur vigueur, la fertilité du sol dans lequel ils ont été plantés, les façons culturales qui seront pratiquées et les conditions climatiques de la Champagne, et à freiner la production du bois en favorisant celle des raisins, de façon à leur permettre de se développer dans la régularité et la qualité. ... Les systèmes de taille (T3) De ces principes, de ces traditions confirmées par la réglementation, résultent les quatre systèmes de taille autorisés en Champagne. Ils ont été définis précédemment et on se contentera d'indiquer brièvement ici l'essentiel des caractéristiques propres à chacun d'eux. La taille en Chablis, taille courte sur charpente longue, est celle qui se rapproche le plus du mode de conduite de la vigne en foule. Elle comporte un maximum de cinq charpentes, partant directement de la tête de saule du cep, chacune avec un prolongement à fruits taillé à quatre yeux francs pour le Pinot noir, à cinq pour le Chardonnay et, en général, pour le Meunier, un œil franc étant un bourgeon séparé de l'empattement (couronne) de la charpente. ... Pour la taille en Cordon, dont l'appellation complète est Cordon unilatéral dit Cordon de Royal, taille courte sur charpente longue, il est établi une seule charpente horizontale, sans limitation de longueur, fixée au fil de fer inférieur à hauteur maximale de 60 cm au-dessus du sol. ... La taille Guyot, taille longue sur charpente courte, existe en deux variantes, le Guyot simple, avec une baguette taillée à dix yeux francs et un petit sarment taillé à trois, et le Guyot double, réservé aux terrains profonds et généreux, avec deux baguettes à huit yeux francs et deux sarments taillés à deux. ... La taille Vallée de la Marne, taille longue sur charpente demi-longue, est apparentée au Guyot. Avec un maximum possible de 18 yeux francs, elle comporte plusieurs variantes indiquées par le décret. ... L'époque de la taille (T3) Quelle est la meilleure époque pour tailler? C'est une question dont la réponse a toujours fait l'objet de controverses. Traditionnellement la Saint-Vincent, qui tombe le 22 janvier, donnait le signal du début de la taillerie, d'où ces dictons: À la Saint-Vincent mets la serpe au sarment
À la Saint-Vincent L'alouette prend son chant Et le vigneron son serpillon. ... Les modalités de la taille (T3) Si des vignerons sont parfois occupés à tailler dès octobre, c'est de la fin janvier à début avril que le vignoble champenois présente, avec la taillerie, sa plus grande activité, en dehors des vendanges. Le tailleur, homme ou femme s'y rend seul ou en ménage, ou bien encore en équipe dans les exploitations importantes. ... L'attachage (T3) Au fur et à mesure que la taille se poursuit, le vignoble change de physionomie, la belle ordonnance des vignes taillées remplaçant petit à petit les rangs hirsutes des longs sarments de novembre. On procède à l'attachage des charpentes et, s'il y a lieu, à celui des sarments de taille, pour fixer les organes de la vigne aux appareils de soutien tout en participant à la mise en forme de la vigne. ... Les tailles en vert (T2) La taille sèche pratiquée pendant la vie latente de la vigne doit être complétée pendant la vie active des ceps par des tailles en vert ou tailles d'été, débutant d'ailleurs au printemps, dans le but de supprimer la végétation inutile et, ce faisant, de favoriser la fructification. ... Le palissage (T2) La vigne est une liane qu'il faut palisser sous peine de la voir ramper sur le sol et y exposer son précieux fardeau à tous les périls de la nature. Le palissage s'intercale entre les tailles en vert, collaborant avec elles pour discipliner la vigne et l'aérer, et pour faciliter les traitements et le passage des tracteurs. ... L'entretien du sol (T1) Le travail du sol (T2) But et nature des travaux (T3) Travailler le sol a pour but de l'ameublir, de l'aérer, d'équilibrer son régime hydrique et de détruire les mauvaises herbes qui disputent à la vigne l'eau et les éléments nutritifs. On distingue les labours, qui se déroulent pendant le repos de la vigne, et se divisent en buttage et débuttage, et les façons superficielles qui comprennent le binage et le sarclage et prolongent les labours en période de végétation. Les labours (T3) Le buttage est le plus important des travaux du sol, aux vertus générales desquels il ajoute l'enfouissement des engrais et une participation, d'ailleurs discutable, à la protection contre les gelées d'hiver. Il s'effectue à la charrue, en retournant le sol sur une profondeur de 10 à 15 cm et en ramenant la terre contre les ceps, le long desquels elle s'accumule en une petite butte. ... Les façons superficielles (T3) Le binage consiste à ameublir la surface du sol sur une faible profondeur pour briser la croûte qui se forme sous l'influence des agents atmosphériques, ce qui permet de retenir dans la terre émiettée l'humidité qui, sans cela, aurait tendance à remonter par capillarité jusqu'à la surface où elle s'évaporerait. Le sarclage a pour objet l'arrachage des mauvaises herbes. En pratique, binage et sarclage se confondent souvent car le premier s'attaque indirectement aux herbes sauvages. Ces opérations se déroulent en fonction du besoin. Elles s'effectuent avec des charrues bineuses à plusieurs socs triangulaires, attelées derrière un tracteur, ou avec les houes rotatives des motoculteurs. Un complément est parfois effectué avec des outils à main, notamment près des ceps afin de ne laisser subsister aucune végétation indésirable.
Le désherbage chimique (T2) Les mauvaises herbes, on le sait, entrent en compétition avec la vigne en ce qui concerne les besoins en eau et l'alimentation minérale. On peut noter au passage que l'on ne trouve jamais en Champagne, on l'a d'ailleurs évoqué au chapitre précédent, de cultures ou d'arbres fruitiers, qui nuiraient à la vigne pour les mêmes raisons. Les savoureuses pêches de vigne ne sont plus que le souvenir de temps anciens où ces pratiques étaient courantes, dans la vallée de la Marne notamment, malgré les interdictions répétées des intendants de Champagne qui défendaient de planter des arbres fruitiers et des légumes dans les vignes, et les avis des agronomes comme Maupin qui estimait que la vigne a de l'antipathie pour certaines plantes. ... L'érosion des terres (T2) De la disposition des vignes champenoises en coteaux, il résulte fréquemment des effets de ravinement causés par les averses et par les pluies d'orage, entraînant des masses de terre au bas des pentes et sur les champs avoisinants. ... Les apports de terre (T2) Plantés depuis des siècles, les coteaux viticoles champenois sont en permanence l'objet d'un phénomène d'usure, provenant de l'érosion du sol, de sa dégradation, de la fatigue résultant des échanges qu'il entretient avec la vigne et de l'épuisement en matières organiques qui en découle. ... L'alimentation de la vigne (T1) L'alimentation minérale (T2) La fertilité de la vigne est subordonnée à sa bonne alimentation minérale dont les éléments majeurs sont l'azote, le phosphore et le potassium. L'azote augmente la capacité de production du cep et permet d'accroître le rendement sans nuire à la pérennité de la plante. Conforment au phénomène fréquemment constaté, une augmentation exagérée du rendement due à un excès d'azote risque de se faire au détriment de la qualité. ... L'alimentation organique (T2) Les apports organiques sont aussi importants que l'alimentation minérale, car ils ont pour effet de reconstituer l'humus du sol, qui se détruit progressivement du fait de dégradation chimique et de sa consommation par les microbes. Or, l'humus joue un rôle considérable dans la vie de la vigne. ... L'évaluation des besoins en fumure (T2) Il appartient au vigneron de donner à la vigne tous les éléments qui lui sont nécessaires, en pratiquant l'amendement que l'on appelle fumure, par extension de ce qui était autrefois limité à un apport de fumier. ... La mise en place de la fumure (T2) La mise en place des composts urbains s'effectue selon des techniques analogues à celle des apports de terre. Elle prend du temps; débutant normalement à l'automne, elle peut se prolonger jusqu'en mars à l'occasion des belles journées d'hiver. Pour les engrais minéraux, lorsqu'ils sont en granulés on procède à leur épandage à la volée, parfois à l'automne à l'occasion du buttage, pour ceux qui sont restés fidèles aux labours, plus souvent au printemps; les épandages se font aussi mécaniquement, en particulier avec des semoirs centrifuges, mais le geste auguste du semeur, transposé pour les besoins de la fumure, est loin d'avoir disparu du vignoble. ...