Hors Série Terre de Tarentaise

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HISTOIRE PRODUCTEURS ENJEUX


LE SPÉCIALISTE DU SKI À COURCHEVEL, DEPUIS 1947 SKI ET MODE /// VENTE ET LOCATION

COURCHEVEL 1850 +33 (0)4 79 08 26 41 www.jeanblancsports.com


ÉD ITO

Quand le terroir écrit l’avenir

Sommaire

Histoire 2 4 6 8 10 12

Parce qu’il est des endroits magiques, relativement bien préservés de la dépression économique, dans lesquels il est possible de rapidement trouver du travail ET où la nature reste omniprésente… nous avons souhaité enquêter pour comprendre. Comprendre que les réussites ne peuvent exister sans une cohabitation forte avec le terroir et la terre ; comprendre qu’un développement durable ne vaut que lorsqu’il est porté par des Hommes encrés dans leurs racines ; comprendre enfin que sans les leçons de l’Histoire, les acteurs d’aujourd’hui et les enjeux de demain seraient bien démunis. Bon voyage au cœur de la Tarentaise. Gaëtan B. - Directeur des éditions Because there are magical places, relatively well preserved from economic depression, in which it’s possible to quickly find work AND where nature remains omnipresent... we wanted to investigate to understand. To understand that success isn’t possible without a strong cohabitation with the soil and the land; to understand that sustainable development is only worthwhile when it’s supported by all; and finally to understand that without the lessons of history... the actors of today and the stakes of tomorrow would be worthless. Have a nice trip in the heart of Tarentaise.

Agropastoralisme Témoignage famille d’ici : Courchevel Élevages et culture en Savoie

Producteurs

Outils d’autrefois Brides-les-Bains d’hier à aujourd’hui Salon de l’agriculture

Enjeux

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Agriculteur et liquoriste à Pralognan La Ferme de la Trantsa L’AOP Beaufort Les coulisses de la Coopérative Laitière Métier : paysan cueilleur Méribel, berceau des crozets Persillé de Sainte Foy La Terre Ferme La Brasserie Alpine Viticulture : domaine des Ardoisières, Cevins Miel de Savoie / Préservation de l’abeille noire De l’étable à la table Agriculteurs... mais pas que !

43 La diversification, enjeu de demain 44 Agriculture : acteur majeur du territoire touristique

45 S3V: actions de protection 46 Cohabitation domaine skiable et agriculture 47 Peisey-Vallandry : Esprit Parc 48 Charte du Parc de la Vanoise 50 Le rôle des collectivités 52 Croqueurs de pommes: préservation des vergers de Savoie

54 Jeunes agriculteurs de Tarentaise 56 APTV : les programmes agricoles

HORS SÉRIE INFOSNEWS 73 350 Montagny Chef Lieu +33 (0)4 79 410 410 / www.infosnews.fr ÉDITEUR

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Lorraine Graphic DIRECTEUR DES ÉDITIONS

Gaëtan B.

C O O R D I NAT I O N

Aurélie D.

R É DAC T I O N

Johanne B. / Aurélie D. Romain C. / Mathilde O. G R AP H I S M E

Johanne B. / Elisabeth G. / Maëva L. PUBLICITÉ

Gaëtan B./ Sabrina M. / Romain C. O N T C O N T R I B U É À C E N U M É R O.. .

Céline L. (Indépendante) Géraldine V. (Indépendante) Katrien S. (Indépendante)

© Photos couverture : Pixabay - Infosnews

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TRADITION

L’agropastoralisme en Tarentaise toute une histoire… Une tradition bien ancrée Jusque dans les années 1950, c’est l’agropastoralisme (élevage et agriculture) qui a façonné les paysages de montagne et l’organisation sociale et économique des communautés montagnardes. Les habitants de Tarentaise vivaient en quasi autarcie basée sur ce système adapté aux conditions physiques particulières et difficiles de la montagne : élevage laitier pour la production de fromage, exploitation des alpages, système de remues (transhumances) suivant les saisons, cultures autour des villages (céréales, vergers, vignes, jardins...), pluriactivité sont les caractéristiques principales de l’organisation traditionnelle. Ce système agropastoral combinait alors une agriculture sédentaire et un élevage à migrations estivales afin d’utiliser tous les niveaux de la montagne au cours de l’année.

Une valorisation des ressources locales par étage Pour tirer le meilleur parti de la végétation, les remues consistaient à exploiter tous les étages de la montagne. • Dans la vallée : on trouvait les céréales, vignes et vergers. Au cœur des vignes, le sarto servait à ranger les outils et l’on pouvait y dormir lors des gros travaux. • Plus haut : prés, champs et jardins entouraient le village. C’est là que se trouvait la ferme, la maison principale. • Plus haut encore : c’était la montagnette, où le troupeau transitait avant de rejoindre l’alpage et en redescendant de celui-ci. • Toujours plus haut : l’alpage avec sa belle et riche pelouse alpine. • Au sommet : après les rochers, neiges éternelles et glaciers jouaient un rôle essentiel pour que l’eau irrigue chaque étage.

Au rythme des saisons Au printemps, il fallait tout remettre en ordre et d’abord charrier la terre, les pluies orageuses de l’été ayant ravinées les champs, descendant la terre au bas de ceux-ci. Il fallait donc patiemment la remonter pour que le rendement soit le même partout. Le fumier était sorti des étables et répandu sur les champs. Venait ensuite le temps des labours de printemps où la terre était engrossée de semailles nouvelles. Avril voyait les chèvres reprendre possession des talus et au mois de mai, les vaches regagnaient la montagnette. Autour du village, les jardins faisaient aussi l’objet des soins des paysannes. Au début de l’été, les troupeaux montaient progressivement de la vallée vers les pâturages d’altitude, les alpages, suivant la poussée de l’herbe. Rouage essentiel du système agropastoral alpin, les alpages ne sont en rien des prairies naturelles, mais le résultat d’un travail de défrichement et d’entretien de générations de paysans entamé dès le XIIe siècle. Femmes et enfants y passaient la saison (cent jours) avec les animaux : les vaches à l’alpage, les chèvres et moutons (réunis en troupeau collectif) dans les broussailles et les endroits plus difficiles.Les hommes restaient au village pour faire les foins et moissonner les terrains laissés libres par le bétail. Le foin avait en effet une valeur inestimable qui conduisait les montagnards à faucher dans les endroits les plus reculés et ceci dans des conditions parfois inouïes. Les terrains étaient souvent éloignés, difficiles d’accès. La récolte et le transport nécessitaient beaucoup de temps vu l’éloignement et l’escarpement ainsi que les moyens mis en œuvre. Mieux valait s’entraider dans ces travaux incontournables qui se déroulaient tout l’été, dès l’aube et jusque tard la nuit... Le saviez-vous ? Là où l’accès était trop difficile, les sociétés montagnardes ont fait preuve d’imagination et d’ingéniosité. Elles ont reporté le transport du foin sur l’hiver, utilisant la pente enneigée pour descendre les foins sur des luges ; une manière originale, plus rapide et moins fatigante. Fin septembre, les animaux avaient quitté les alpages. Certaines vaches partaient en vallées, destinées à être vendues lors des grandes foires. Ces jours-là, les propriétaires tarins se rendaient avec les animaux à vendre soit à Bourg Saint Maurice, soit à Moûtiers, où avaient lieu les foires les plus importantes. L’automne, c’était aussi le temps des récoltes de pommes de terre, de pommes, de châtaignes et bien sûr des vendanges. L’hiver, les bêtes entraient dans une longue période de stabulation imposée par la dureté des conditions climatiques. C’était aussi la saison pour se poser, se rencontrer lors des veillées...

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Quand les alpages en font tout un fromage... C’est la valorisation des alpages par l’élevage en vue de la fabrication de fromages qui constitue depuis longtemps toute la richesse des territoires d’altitude. Pour produire de gros fromages comme le Beaufort, il fallait avoir un troupeau important et de vastes alpages. Le mode d’exploitation était individuel (sur des alpages privés) ou collectif selon le principe du fruit commun. Selon ce dernier, l’alpage était placé sous la responsabilité de deux gérants, les procureurs nommés par la commune. Ils embauchaient bergers et pachonniers (ceux qui plantaient les piquets pour attacher les vaches). Le fruitier était quand à lui responsable de la fabrication, aidé par le séracier et le renfort. Ils travaillaient dans les différents chalets d’alpage (arbé) et avaient la responsabilité de la fabrication du Beaufort, du sérac et du beurre. Le gouverneur lui, transportait les meules entre les arbés et la cave où il s’occupait de l’affinage. Les bénéfices issus de la production et de la vente des fromages étaient distribués à toutes les familles, sociétaires du fruit commun, en fonction de la quantité de lait fournie par leurs vaches.

Le rôle des fruitières En hiver, le système des fruitières permettait de rassembler le lait de toutes les exploitations d’un village. Les paysans y apportaient le lait deux fois par jour, matin et soir, où il était transformé en beurre et en fromages. Ils fabriquaient ensuite chacun à tour de rôle.

Les changements à partir des années 1950 Après guerre, l’ancien système agropastoral est frappé par la crise caractérisée par la régression de l’élevage et le déclin de l’inalpage (l’ascension au chalet). La politique agricole française appelle à la restructuration et la modernisation du secteur agricole au nom de la rentabilité, afin d’accroître rapidement la productivité des exploitations agricoles. À partir du milieu du XXe siècle aussi, les alpages deviennent prisés non plus pour l’exploitation des pâturages mais pour les pentes enneigées qu’ils offrent aux skieurs. Mais cela, c’est une autre histoire...

Céline L.

Until the 1950s, the agropastoralism (livestock and agriculture) shaped the mountain landscapes and the social and economic organization of mountain communities. The inhabitants of Tarentaise lived off the land, adapted to the particular and difficult conditions of the mountains. All the different levels of the mountains were used throughout the year : cereals, vineyards and orchards in the valley; meadows, fields and gardens surrounded the village and that’s where the farm was situated; the herd grazed a little bit higher before reaching the high mountain pastures for summer; and the glaciers played a vital role for the water to irrigate each level.

Sources : Musée des Traditions Populaires de Moûtiers Étude de la Facim « Alpages et agropastoralisme »

HISTOIRE E N TAR E N TAI S E

PRODUCTEURS

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RENCONTRE

Le bonheur est dans le pré L’agriculture, c’est une question de transmission pour Bernard Chardon : il est la cinquième génération de sa famille à posséder des vaches laitières pour la production de lait et de fromages ! Installée depuis toujours à Courchevel Saint-Bon, l’exploitation familiale est l’une des dernières de la station.

« Ma mère avait réussi à créer un arbre généalogique de notre famille remontant au 17ème siècle. Ce qui est sûr, c’est que je suis la 5ème génération d’agriculteurs de la famille ! À l’origine, il y a mon arrière arrière grand-père Louis, dont je conserve aujourd’hui deux carrons, c’est à dire des cloches de vache. Sur les courroies, on peut encore voir les initiales « C P ». Son petit-fils Joseph, mon grand-père donc, a ensuite repris une partie de son exploitation. Puis ce fut le tour de mon père François, et le mien ! En plus de leur travail d’agriculteur, mon grand-père et mon père avaient une double activité : aux Ponts et Chaussées pour l’un, et comme conducteur de camion pour l’autre. Moi, j’ai créé la Ferme de l’Ariondaz avec ma femme Emily. Nous avons commencé à louer cet alpage en 2000, puis à l’été 2008 nous avons démarré l’activité de ferme-auberge, en proposant une restauration issue de notre production. Nous vivons ici, au cœur de la montagne, 4 mois par an de juin à septembre. Je possède une centaine de vaches, qui viennent en alpage ici l’été puis passent l’hiver dans une grande ferme à côté de Chambéry. Jusqu’en 2004 je les gardais dans l’écurie de Saint-Bon, déjà utilisée par mon grand-père, mais ensuite la place est venue à manquer. Lorsque je me suis installé en 1986, nous étions une dizaine d’agriculteurs à Saint-Bon. Mais nous ne possédions que 5 ou 6 vaches chacun, et mettions alors notre lait en commun à la fromagerie du village. Tous les 400 litres de lait, soit la quantité que pouvait contenir le chaudron, l’un de nous s’attelait à la fabrication du fromage.

Il y a ensuite eu un déclin du nombre d’agriculteurs dans les années 1990, alors pour essayer de pousser les jeunes à reprendre les exploitations, nous avons mis en place un système de lait pasteurisé avec le conseil municipal. Entre 400 et 500 litres de lait par jour étaient ainsi livrés dans les hôtels et les commerces de Courchevel ! Désormais, une partie de ma production est transformée en produits pour le restaurant, et l’autre va à la Coopérative de Moûtiers. L’agriculture fait partie intégrante de ma vie, j’ai fait ma première saison en alpage alors que je n’avais que 12 ans ! Une sixième génération d’agriculteurs chez les Chardon ? Mon fils Balthazar a 11 ans et bien qu’il ait tout ce qu’il faut pour bien faire s’il souhaite reprendre l’exploitation, je ne le forcerai jamais car pour exercer ce métier, il faut avant tout en avoir envie ! » Propos recueillis par Géraldine V.

Transmitted from one generation to the next, Bernard Chardon manages its dairy farm in Courchevel Saint-Bon, one of the last farms of the station. With his wife Emily, Bernard created the farm La Ferme de l’Ariondaz and opened a farm hostel. They live in the heart of the mountains, 4 months a year, from June till September. One part of the milk production is transformed into dairy products for local restorers, the other part goes to the milk cooperative of Moûtiers.

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Marie, et à gauche Joseph et François

Les Avals, été 1945

Raymond, André, Jean-François et Bernard Chardon

HISTOIRE E N TAR E N TAI S E

PRODUCTEURS

Marie, arrière arrière grand mère de Bernard

ENJEUX

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CONTRAINTES EN MONTAGNE

L’agro sans accroc !

Loin des préoccupations qui existent en plaine, l'agriculture en montagne répond, depuis des siècles, à des conditions d'exploitations particulières. Que ce soit le climat, le relief, le tourisme ou d'autres facteurs inhérents à la pente, les agriculteurs doivent faire face à de nombreuses contraintes souvent balayées par l'envie et l'amour de leur métier.

L'altitude pour habitude De tout temps, les hommes ont cherché à tirer profit de leur zone d'habitation pour en sublimer les ressources. En montagne et en particulier dans les hautes montagnes de Tarentaise, étant donné la rudesse du relief, l'homme s'est tourné essentiellement vers l'élevage et l'agropastoralisme. Difficilement mécanisable, il était plus judicieux de se servir des alpages pour faire paître les bêtes plutôt que d'envisager de la culture en masse. Aujourd'hui encore, les bergers partent en montagne durant l'été pour que les troupeaux broutent l'herbe en altitude. Une tradition inchangée même si la modernité a fait son entrée, permettant aux éleveurs de se servir de groupes électrogènes pour faciliter la traite sur les alpages et de se retrouver moins isolés que par la passé. Mais cette double traite à l'année (alpage et étable) nécessite d'acheter deux systèmes, l'un fixe et l'autre mobile, ce qui représente un véritable investissement pour l'éleveur. Le résultat néanmoins : un lait d'une grande qualité qui permet de réaliser entre autre le Beaufort, un fromage prestigieux à forte valeur ajoutée. Il est bon de noter également que la pâture des animaux en été permet de limiter les risques d'incendies en montagne mais également les risques d'avalanche en hiver. Car la première couche de neige adhère mieux sur une herbe courte.

Hiver et varié Aux contraintes de la pente s'ajoutent celles du climat et du froid. Car à cause de la neige, les bêtes doivent rester plus longtemps à l'étable et leur maintien nécessite donc une réserve en ressources fourragères plus conséquente qu'ailleurs. Et selon les années, ils restent parfois encore beaucoup de neige sur les hauteurs quand arrive la période de montée en alpage... Des variations qui forcent les éleveurs à attendre le bon moment.

Terroir et territoire En Tarentaise, le tourisme garantit aux éleveurs la bonne santé de leur filière. Il permet à ces derniers de vivre plutôt dignement de leur production et de compléter au besoin leurs revenus par une pluriactivité : on les retrouve en hiver moniteurs de ski, pisteurs, guides ou agents de remontées mécaniques. Ceci dit, ils doivent également faire face aux réalités économiques et doivent composer avec leurs besoins en parcelles agricoles et les enjeux d'urbanisme. Ils sont également soumis au prix du marché immobilier. À titre d'exemple les équipements fonciers d'une famille d'agriculteurs à Val d'Isère coûtent 2,7 fois plus cher qu'à Albertville.

Plus qu'un métier... Même si la tâche est rude, le maintien de l'agropastoralisme en montagne est un enjeu écologique, économique et social. La préservation de produits de qualité tels que la tomme ou le Beaufort contribuent à l'équilibre de l'économie touristique. Ne vient-on pas de loin pour skier toute la journée et s'offrir une bonne fondue en soirée ? En outre, grâce à l'entretien des alpages en été, les risques d'avalanche et d'incendie sont réduits. Et puis les familles d'éleveurs participent à la pérennité d'un savoir-faire comme de nombreuses traditions : un retour à l'essentiel qu'il convient de protéger dans un monde qui va parfois trop vite. Johanne B.

Far from the concerns that exist in the valley, mountain agriculture has, for centuries, responded to particular farming conditions : the difficult climate, altitude difference, tourism and other factors, farmers face many constraints. The cows spend the summer season in the high mountain pastures which prevents fires in summer, and avalanches in winter. Thanks to tourism, numerous farmers have two activities. The maintenance of agropastoralism in the mountains has an ecological, economic and social issue.

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L’HYPERMARCHE

DES VALLEES The hypermarket of the valley Open on Sunday morning

OUVERT LE DIMANCHE MATIN MOÛTIERS - LES SALINES / +33 (0)4 79 24 12 44

TOUS LES JOURS, 8H30 - 20H Everyday, 8.30 am – 8.00 pm VENDREDI : JUSQU’À 20H30 On Friday : until 8.30 pm DIMANCHE : 8H30 - 12H20 On Sunday : 8.30 am till 12.20 pm


Passé outillé Aujourd'hui, ils peuplent les vieilles granges, les musées, ou sont transformés en objets de décoration. Il y a quelques décennies, ils faisaient encore partie du quotidien des familles montagnardes. Petit aperçu de quelques outils d'autrefois... Céline L.

Le travail du bois • Le baudet, le singe et la chèvre Les scieurs de long appelaient « baudet », les tréteaux sur lesquels la poutre était placée. Le scieur du haut se tenant en équilibre sur la poutre était appelé le singe et le scieur en dessous, la chèvre. Un poste difficile car il recevait toute la sciure tombant de la poutre ! • Les goyardes (ou goyets) Ces instruments permettaient de couper les petites branches. • Les tavaillons « Ces petits bouts de bois recouvrant les toits étaient fendus pour que l’eau coule dessus. Pour couvrir tout un toit, il fallait prévoir 3 fois sa surface en tavaillons ! L’hiver, les gens en faisaient dès qu’ils le pouvaient. Tous les 10 ans, on les enlevait pour les retourner... En automne, il fallait les remettre en place avec une perche. » Marc Gromier Les goyardes

Le casse-cou

Le portage • Le casse-cou Dans les régions au sol très pentu, la préparation de la terre était un travail difficile. La terre glissait avec les eaux de ruissellement, le passage de la charrue ; il fallait donc la remonter chaque année sous peine de se retrouver avec un sol dénudé au sommet des champs. On appelait souvent l’agriculteur savoyard « un porteur de terre ». Ce travail printanier ou automnal, très pénible, se faisait le plus souvent à dos d’homme ; la terre étant mise dans ce panier tressé, porté sur les épaules, le casse-cou. • La Svire (ou civière) Elle servait à remonter la terre. • Le mulet Issu du croisement d’une jument et d’un âne, plus petit que le cheval mais très résistant, le mulet fut l’aide précieuse du paysan pour tous les travaux agricoles, les transports à collier ou à dos, en particulier dans les régions accidentées. On a dit du mulet que c’était un petit Hercule pouvant porter gaillardement 150 à 200 kg dans les terrains les plus difficiles. • L’Orsat Tiré par un mulet, il servait à déplacer les cailloux ou les objets encombrants. • Le barôte Cette brouette servait à sortir le fumier de l’écurie pour aller le vider. • La Capfe Cette luge utilisée l’hiver transportait le fumier dans les champs. La porte arrière était amovible, la sangle et les chaînes servaient de frein. Le labourage « Avec la charrue tirée par un mulet, on labourait. Puis avec la herse, on cassait les mottes. L’homme tirait devant, la femme appuyait derrière pour la faire rentrer dans la terre. Il y avait aussi la batteuse : une femme envoyait les gerbes de blé dedans, deux autres personnes tournaient et une dernière enlevait la paille avec une fourche. Puis le grain passait dans le van, où un ventilateur le nettoyait. » Marc Gromier Les foins

Le mulet

• La faux (en patois : la daille) servait à couper le foin et les céréales, elle était composée d’une lame et d’un manche. Le bon faucheur se reconnaissait à l’alignement de foin (un andain) régulier et continu qu’il laissait derrière lui. • Les trouilles étaient des anneaux de bois, trouvés naturellement, ou bien fabriqués, utilisés comme des attaches, en étant fixés à l’extrémité d’une corde, par exemple pour attacher du foin. La fabrication du fromage

La baratte

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• Le tabouret (tapacu ou bottacul) Pour traire, il fallait être assis, sur un terrain qui n’était pas toujours plat, et il fallait se déplacer d’un animal à l’autre. Le tabouret utilisé était un tabouret à un seul pied qui tenait attaché à la ceinture de celui qui allait traire. Il était donc en équilibre quelle que soit la pente du terrain et le transport du tabouret d’un animal à l’autre se faisait en laissant les mains libres au berger. • La baratte Son nom vient du scandinave barâtta’ qui signifie « combat », « tumulte ». La baratte traditionnelle était un récipient fait de douves en bois, assemblées à l’aide de cerceaux. Le couvercle fermant la partie supérieure laissait passer un agitateur, formé d’un manche, terminé par un disque circulaire.


Les trouilles

La svire

Le van Les trouilles

Le van

La Capfe

Les scies

Zoom sur... le passé en miniatures Pour ne pas qu’ils tombent dans l’oubli, Marc Gromier réalise dans son chalet sur les hauteurs de Chambéranger les outils d’autrefois... en miniature ! Avec une extrême précision, il perpétue ainsi le savoir-faire d’antan à travers ses maquettes de van, orsat, luge, brouette, batteuse... À découvrir au détour d’une balade, sur un marché estival, ou lors d’une fête traditionnelle.

Wooden trestles, called donkey, were used on which the beam was placed. The sawyer balancing on the beam was called the monkey and the sawyer underneath, the goat. A difficult job because he received all the sawdust. In very steep areas, preparing the land is hard work. This spring or autumn work was mostly done with a basket on the back, worn on the shoulders. Closed on both sides, a barrow was used on flat land, as well as a mule, the offspring of a male donkey and a female horse. The mule pulled the plough. The man walked in front and the woman leaned on the plough to keep it in the earth. Another woman sent the sheaves of wheat in the threshing machine. A scythe was used to cut hay and cereals, it is composed of a blade and a handle. To milk the animals, the farmer used a one-leg stool, attached to its belt. It was practical to move from one animal to another on a field that is not always flat.

Sources : Musée des traditions populaires de Moûtiers Merci à Marc Gromier de Chambéranger pour ses miniatures et informations

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HISTOIRE DU THERMALISME

Et Brides-les-Bains fût… Andrée Bianchi a 90 ans. Née en 1928 à Pralognan, c’est ensuite à Brides qu’elle s’est installée après s’être mariée. Un temps présidente du Club de l’Âge d’Or, elle a rédigé en 2008 avec Lucienne Muraz et Jean-Claude Ciccone un livre intitulé « Histoire de Brides-les-Bains et des Bridois, des origines à 1945 ». Elle est revenue avec nous sur les grandes dates qui ont fait la station thermale et de ski que Brides est devenue aujourd’hui. Dans le parc pendant le concert

Si l’histoire commence au Vème siècle avec l’église de la Saulce, la première date à retenir est surtout celle de 1842 et la construction de l’église de Brides sur un terrain cédé généreusement par Amédée Greyfié de Bellecombe. Homme politique issu d’une famille noble de Savoie, c’est également grâce à lui que Brides sera l’un des premiers villages à recevoir la lumière dès 1890. On lui doit aussi le promenoir de la source, les égouts, et surtout le tram électrique qui relie le village à Salins et à la gare de Moûtiers à partir de 1897.

L’histoire de Brides va forcément de paire avec celle des sources. Connues de longues dates, elles furent bouchées suite à une crue en 1653. En 1818, un éboulement de glace et de roches eut lieu sur la paroi nord de la Grande Casse. À la fonte en juin, un déferlement d’eau dans la vallée de Bozel entraina de gros dégâts et mis à nu la source qui put alors ressurgir. Seulement un an plus tard, en 1819, la source était mise à l’abri et le premier établissement thermal était en construction. Le Docteur Hybord, qui fut le premier à analyser la source nommée après lui, prit la tête de la Compagnie des Bains. Dès 1838, une clientèle aisée internationale fréquente la station thermale. En 1931, on dénombre par exemple 250 américains, 37 russes, 52 égyptiens, 18 espagnols... Après la première Guerre Mondiale, la Belle Epoque voit l’arrivée des têtes couronnées, ainsi que la rénovation et l’agrandissement de bâtiments emblématiques tels que le Grand Hôtel ou le Casino en 1924. Le Casino

Pendant la deuxième Guerre Mondiale, de nombreux juifs vinrent se cacher à Brides et les anecdotes sur les héros anonymes qui les aidèrent à y parvenir ne manquent pas. Comme cet ingénieur juif qui chantait à la messe accompagné d’une joueuse d’orgue, lorsque les allemands se mirent à tambouriner à la porte. Le curé de l’époque, qui parlait allemand, s’en alla à leur rencontre pour les retarder le temps que le maquis s’échappe par la sacristie et que le chanteur se cache dans l’orgue !

Place Centrale Si le livre d’Andrée s’arrête en 1945, l’histoire de Brides ne fait elle presque que commencer à cette époque ! Car de station thermale, Brides-les-Bains est devenue une station de ski reliée à Méribel et donc au plus grand domaine skiable du monde, celui des 3 Vallées. Une transformation rendue possible par les Jeux Olympiques d’Albertville et le choix de Brides comme village olympique, conduisant à la création de la télécabine de l’Olympe en 1991. Désormais, Brides est « au pied des 3 Vallées, au sommet de votre santé ! » Géraldine V.

La buvette et le promontoir Andrée Bianchi is 90 years old. Born in 1928 in Pralognan, she moved to Brides-les-Bains after getting married. In 2008, Andrée Bianchi, Lucienne Muraz and Jean-Claude Ciccone wrote a book entitled Histoire de Brides-les-Bains et des Bridois, des origines à 1945 about the history of Brides-les-Bains and its inhabitants : the construction of the church in 1842, street light as from 1890, the tramway to Salins and Moûtiers as from 1897, the construction of the first thermal hotel in 1819, and World War II.

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SALON DE L’AGRICULTURE

© Andy Parant

Il faut le Foire pour le croire ! Événement incontournable de fin d’été à Bourg Saint Maurice, le Salon de l’Agriculture rassemble l’ensemble des acteurs du terroir de montagne pour une découverte en saveurs et en savoir très appréciée. C’est en 2013 que la première édition de ce salon a vu le jour. Témoin contemporain de la Foire de septembre de Bourg Saint Maurice, événement phare du début du XXe siècle, il fait revivre une version actuelle de ce qui a fait l’histoire agricole de la cité boraine. C’est au Pré de Foire sur les hauteurs de la ville et pendant plus de 100 ans que s’est tenu un marché grandeur nature où l’on vendait les bêtes - la vache tarine en vedette - qui avaient pâturé en montagne tout l’été. Cette foire était l’une des plus importantes de la région. Au début des années 1900, elle rassemblait de 1500 à 2000 bêtes et à Bourg Saint Maurice, l’effervescence était palpable : on venait de loin pour y participer. Le tintamarre des cloches, des carillons et des sonnailles résonnait trois ou quatre jours durant et l’ambiance était à la célébration. C’est donc pour faire revivre cette atmosphère si particulière, le marché des bêtes en moins, que la ville a voulu faire renaître ce Salon de l’Agriculture en plein cœur de sa cité. Durant deux jours, les exposants venus présenter le fruit de leur travail et de leurs productions, accompagnent les animations gratuites concoctées en masse pour l’occasion. Entre fromages, vins, charcuteries, confiseries, miels, bières, arts et artisanats, matériel agricole et animaux, les participants sont invités à découvrir le meilleur du terroir savoyard et alpin. Un véritable moment d’allégresse s’emparera donc de Bourg Saint Maurice pour la 7e édition en août 2019. Soyez-en ! Johanne B.

During two days, on Sunday 18th and Monday 19th of August, not less than 100 farmers present the fruit of their hard work, their know-how, products and traditions in the streets of Bourg-Saint-Maurice : cheese, cooked meat, honey, beer, sweets, jam... Numerous arts and crafts, and animations for young and old, will be proposed during this 7th edition !

Salon de l’Agriculture de Montagne À Bourg Saint Maurice Dimanche 18 et lundi 19 août 2019

© Andy Parant

14 AVRIL COMICE AGRICOLE Le Concours Agricole de la Vallée de la Tarentaise aura lieu à Bourg Saint Maurice cette année. Au programme : défilé de vaches avec remise des prix, exposition de matériel agricole, animations, producteurs locaux et tombola. Une journée agri’cool !

Bourg Saint Maurice, secteur gymnase du lycée Dimanche 14 avril, de 9h à 17h The agricultural contest of the Tarentaise Valley will take place in Bourg Saint Maurice this year. On the programme : parade of cows followed by the award ceremony, exhibition of agricultural equipment, animations, local producers and tombola. An agri’cool day !

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© Andy Parant


La magie du Village est à portée de skis !

The magic of the Village... just a ski away!

Accès au village skis aux pieds, ou pour les piétons : . par les navettes inter-stations gratuites

Ski in / ski out access to the village, or for non-skiers: . on the free inter-resort buses . on the Cabriolet gondola that runs between

Arc 2000 and Arc 1950, open until 11.30pm

a rc 1 9 5 0 . c o m

aerocom.eu - Photos : Andy Parant

. par le Cabriolet, depuis Arc 2000, jusqu’à 23h30


FROMAGE & LIQUEUR

Tout commence d’un alpage… À Pralognan-la-Vanoise, dans la famille Rolland la passion du terroir est le socle commun à toutes les générations. Entre commerce et agriculture c’est une histoire qui marche et qui se perpétue. Témoignage d’une génération avec Pierrick et Virginie.

À la fois agriculteurs exploitants mais aussi commerçants, Pierrick et son épouse Samantha élèvent, font pâturer, produisent et vendent le meilleur de la tradition fromagère des Alpes... Quelle est l’histoire de ton exploitation ? J’ai commencé mon exploitation à la fin de mes études, dans les années 2000 avec mon épouse. Nous avons 98 vaches laitières : Tarines et Abondances. Mon épouse s’est formée auprès d’un maître fromager à Montgirod et elle m’a ensuite transmis son savoir-faire. Ouvrir une ferme et faire mon fromage, ça a toujours été mon projet. L’agriculture est une tradition familiale ? Mon grand-père était agriculteur comme moi, mais mon père n’a jamais souhaité le devenir. Ça a donc sauté une génération. Il était commerçant mais on avait quand même quelques vaches. Il faisait de l’élevage pour le plaisir et aimait faire lui-même ses yaourts et ses fromages frais. J’ai grandi dans une famille proche de la terre et du terroir. On ne vivait pas de l’agriculture mais on a toujours eu des vaches et d’autres animaux dans la famille. Peux-tu nous raconter l’époque de tes grands-parents ? Mon arrière-grand-père a acheté un alpage en 1907, au lieudit La Motte. Il était géré à l’époque par toute la famille et structuré en groupement pastoral. Pendant plusieurs

générations, l’alpage était convoité et comme nous étions plusieurs à le gérer, l’exploitation était impossible. Aujourd’hui je suis le seul, c’est plus simple. On l’utilise pour faire pâturer nos vaches l’été ce qui nous permet d’avoir l’AOP Beaufort Chalet d’Alpage, qui est un vrai gage de qualité. En quoi le tourisme a t-il changé les habitudes ? L’activité touristique de Pralognan a commencé au début du XXème siècle. Les curistes de Brides-les-Bains montaient en calèche au village pendant que les alpinistes ouvraient de nouvelles voies sur les sommets mythiques comme la Grande Casse. Mon grandpère me racontait qu’il descendait de la glace des glaciers pour les hôtels en vallée et qu’il remontait les dames de Brides au retour. Il y avait beaucoup de guides de haute montagne sur la commune, ils habitaient tous au village de La Croix. D’ailleurs mon arrière-grandpère a pu acheter son alpage avec de l’argent emprunté aux guides. À l’époque, eux seuls avaient des liquidités. Que représente ce métier pour toi ? Petit, j’ai toujours aimé m’occuper des vaches avec mon père. Je voyais les beaux côtés de l’élevage. Quand on avait un veau qui naissait, c’était toujours un bel événement. Ici à l’exploitation on a environ 100 veaux par an, de ce fait maintenant je conçois plutôt le vêlage comme une tâche à gérer plutôt qu’un miracle de la nature... Dorénavant une grosse exploitation comme la mienne se gère comme une entreprise, avec des salariés, et il faut être autant gestionnaire qu’agriculteur. Aujourd’hui je gère beaucoup de choses, c’est plus compliqué mais moins monotone que si j’étais seul, comme j’ai pu l’être à mes débuts.

In the Rolland family, the passion for agriculture is transmitted from one generation to the next. Pierrick and his wife Samantha breed dairy cows, and produce and sell their dairy products. In summer, the cows graze in the high mountain pastures, which allowed them to obtain the label AOP Beaufort Chalet d’Alpage, a guarantee of quality. Today, Pierrick and Samantha manage their farm like a real business with several employees. It’s much more complicated then when they started, but less monotonous.

Fromagerie du Plan Pralognan-la-Vanoise 145 Avenue de la Grande Casse +33 (0)6 37 25 67 17

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De l’autre côté du village, Virginie, la sœur de Pierrick a repris le flambeau de l’entreprise familiale. Loin des vaches mais toujours proche de la terre, elle gère en couple la boutique et l’unique liquoristerie de Tarentaise. Génépi, liqueur au serpolet, gentianes... ici les savoir-faire ancestraux se transmettent en bouteilles. Depuis combien de temps existe la boutique ? En 1980, mes parents ont ouvert un magasin de produits régionaux. Au début c’était une toute petite boutique au-dessus de laquelle on habitait. En 1998, mon père a souhaité se diversifier en créant l’activité liquoristerie. Lorsque la coopérative laitière s’est installée à Pralognan, la fabrication de liqueur nous a permis de nous démarquer. Comment devient-on liquoriste ? Mon père aimait tout faire lui-même. Il faisait ses saucissons, yaourts, confitures et liqueurs personnelles bien avant l’ouverture de la boutique. Il adorait faire son génépi, sa gentiane ou sa poire. Pour se professionnaliser il est tout simplement allé rencontrer un liquoriste qui lui a transmis son savoir. Pour ses propres bouteilles, mon père cueillait les fleurs et les herbes de Pralognan, puis une fois qu’on s’est mis à en vendre, on s’est tourné vers des producteurs français. Il y a encore quelques plantes que l’on ramasse par ici : une partie du génépi, l’edelweiss et le sapin. Avec l’expérience on sait repérer les bons brins de génépi, celui qui donnera le meilleur goût !

Comment s’organise la liquoristerie ? Pour la préparation des liqueurs je travaille avec mon mari qui est guide de montagne. Nous avons un petit atelier en arrière-boutique pour préparer les commandes avec mon équipe et les cuves d’alcool sont à la cave. Généralement mon mari fait les préparations à l’automne, puis si besoin on produit de nouveau au fur et à mesure. Il faut juste veiller à ce que le temps de macération minimum soit respecté. Pour le Génépi Blanc par exemple, il faut environ 6 mois. Le procédé est particulier, c’est une macération sans contact où la vapeur d’alcool imprègne la saveur de la plante sans se colorer. Nous avons beaucoup de références de recettes que l’on affine au cours des années. Vous avez des créations originales ? Alpine Cream est une liqueur que l’on a associée à du lait. Au début on a essayé la recette avec du lait de la ferme de mon frère Pierrick, mais comme il n’était pas pasteurisé c’était trop compliqué à gérer. Où peut-on retrouver vos produits ? Nous sommes la seule liquoristerie de Tarentaise. Nous produisons environs 20 000 litres par an soit à peu près 60 000 bouteilles que l’on distribue un peu partout Savoie et Haute Savoie. En revanche certaines recettes produites en quantités limitées ne sont en vente qu’à la boutique. C’est le cas du Génépi Noir qui est réalisé à partir de la plante Artemisia spicata qui se trouve uniquement à l’état sauvage.

Propos recueillis par Mathilde O.

Quand as-tu repris le flambeau ? À la fin de mes études j’ai intégré l’affaire au côté de mes parents et depuis 2017 je gère seule avec mon mari la liquoristerie et la boutique. J’ai fait des études de chimie mais pour la science des spiritueux, c’est mon père qui m’a tout appris.

On the other side of the village, Virginie, Pierrick’s sister, manages the boutique and the only liquor shop of Tarentaise. In 1980, her parents opened a shop with local products. When the milk cooperative opened in Pralognan, her father’s liquor made them stand out. In 2017, Virginie and her husband took over the family business and produce around 20 000 litre per year or 60 000 bottles sold in different shops in Savoie and Haute Savoie.

Liquoristerie de la Vanoise / Les Clarines Pralognan-la-Vanoise 420 Avenue de Chasseforêt +33 (0)4 79 08 70 05

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FROMAGE DE BREBIS

Bêêêêle journée

Dans la vallée des Belleville les fromages de brebis de Serge s’arrachent comme des petits pains ! Entre accueil touristique, élevage, production et fabrication, l’artisan fromager a trouvé son équilibre. Serge Jay a grandi dans la Vallée des Belleville. Issu d’une famille d’agriculteurs de père en fils, il a d’abord repris l’exploitation familiale de bovins. Comme beaucoup dans la vallée, il a mené une double vie entre agriculture d’un côté, et damage de l’autre. En 2011, il déménage au Châtelard dans un corps de ferme tout neuf où il installe au rez-de chaussé sa bergerie, son atelier et sa cave à fromages. Le lait directement tiré du pis de la brebis est immédiatement transformé en fromage puis vendu en direct. Des brebis heureuses et un fromage fait avec cœur et tradition, c’est ce que viennent chercher ici gourmands comme curieux. Bienvenue à la Ferme de la Trantsa. Serge, combien de brebis as-tu ? Au début de l’été j’avais 60 brebis, j’en ai aujourd’hui 80. À cause du loup j’ai dû en racheter cet automne. Un loup n’attaque jamais en journée mais il rôde autour de l’enclos, ce qui crée de l’anxiété dans le troupeau. À tel point qu’une vingtaine de brebis ont avorté et n’ont donc malheureusement pas donné de lait... Pour moi c’est une perte conséquente : j’ai acheté des brebis et je continue d’en nourrir 20 autres qui ne produisent pas de lait... Mais quoi qu’il arrive, mes brebis naissent et meurent ici. Je les reconnais car elles ont toutes un détail distinctif ou un comportement particulier. Je leur donne même des petits noms, notamment en fonction des personnes qui me rendent visite. Il y a par exemple Murielle comme la factrice, et la petite dernière née ce jour s’appellera Mathilde ! Quelles sont tes activités selon les saisons ? L’hiver on a plus de travail à la ferme alors que l’été on est davantage occupé par les ventes et l’accueil des visiteurs. À la belle saison, les brebis sont dans un enclos autour de la ferme alors que l’hiver il faut les nourrir et s’occuper de la bergerie. Comme la plupart des brebis mettent bas à l’automne, elles produisent plus de lait en hiver, c’est donc à cette période que la fabrication de fromages est la plus dense. Et parce que je pense que c’est important de se diversifier, nous avons aussi une activité de chambres d’hôtes. Et au quotidien ? Je fais la traite des brebis deux fois par jour, le matin et le soir, pour une production quotidienne de 90 litres de lait. En 10 mois je produis 20 000 litres de lait. Puis je fabrique le fromage avec le lait tout juste tiré. Il m’en faut 6 litres pour faire 1kg de

fromage. Je produis chaque jour de la tomme, du sérac et des yaourts au lait de brebis. La vente est faite en direct la journée à la ferme ou en livraison dans les restaurants et magasins de la vallée. Comment se déroule la fabrication de la tomme ? Je fais d’abord chauffer le lait en le mélangeant à de la présure pendant 30 minutes. Suite à cette première cuisson on obtient le « caillé ». En brassant celui-ci on sépare la matière sèche de la matière liquide, puis on remet en chauffe à 36°/38° pendant 15 minutes. C’est cette étape de cuisson qui va changer la constitution de la pâte du fromage. Pour faire une tomme il faut donc respecter strictement cette température. Pour l’étape finale, on verse le lait dans les moules en les retournant toutes les heures pour bien faire évacuer l’eau de la pâte. Les tommes vont ensuite sécher pendant 24 heures avant d’être démoulées. Puis elles seront mises en saumure, une solution aqueuse salée, et égouttée à nouveau pendant 48h. Enfin on les met en cave pour un affinage d’au minimum 2 mois. Quel est le principe de l’affinage ? L’affinage consiste à faire mûrir le fromage en cave, c’est là qu’il prend toute sa saveur. Pour avoir un bon affinage il faut avoir une cave avec un minimum de 70% d’humidité et une température comprise entre 8 et 14 degrés. Après la cuisson de la tomme, que fais-tu du petit lait ? Ici on ne jette rien ! On fait donc une deuxième fournée avec le petit lait pour obtenir le sérac. Beaucoup de fabricants ne prennent pas le temps de le faire. C’est dommage d’autant que c’est une simple cuisson. D’où vient le nom que tu as donné à ta ferme ? Trantsa, c’est le nom donné à un plat traditionnel des alpagistes. Après avoir fait le fromage, il reste du petit lait que l’on fait réchauffer pour séparer l’eau des protéines. Une fois bouilli, les protéines remontent à la surface ce qui donne une crème que l’on consomme telle quelle sur du pain grillé. C’est délicieux ! On termine toujours les visites de la ferme par une dégustation de Trantsa, ça a un succès fou ! Propos recueillis par Mathilde O.

Serge Jay grew up in the Belleville Valley and took over the family beef farm. In 2011, he moved to Châtelard where he settled down in a new farm called La Ferme de la Trantsa where he installed his sheepfold, his workshop and his cheese cellar. He welcomes visitors throughout the day, and fabricates and sells his dairy products (Tomme cheese, Sérac cheese and yogurt) on the premises and to local restaurants and shops. He also proposes a bed and breakfast formula to tourists. The guided visits to the farm always end with a tasting of the traditional dish Trantsa, a real success !

Ferme de la Trantsa À Saint-Martin de Belleville, Le Chatelard, +33 (0)6 64 25 38 58

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BEAUFORT

AOP, signe distinctif Véritable trésor de la gastronomie savoyarde et en particulier de Tarentaise, le Beaufort propose des saveurs incomparables et bénéficie en outre de l’AOP (Appellation d’Origine Protégée) depuis 1968. Laissez-nous vous conter les secrets du bien nommé Prince des Gruyères et des conditions de production qui lui garantissent ce label de qualité. Johanne B.

True treasure of the Savoyard gastronomy and in particular of Tarentaise, the Beaufort cheese benefits of the AOP label since 1968. We share you the secrets of the Prince des Gruyères and its production conditions that guarantee this quality label. 40 kg en moyenne (de 20 à 70 kg)

AOP Temps d’affinage minimum : 5 mois

Sa hauteur : de 11 à 16 cm

AOP Zone géographique de fabrication limitée aux vallées du Beaufortain, de la Tarentaise, de la Maurienne et à une partie du Val d’Arly

Pâte lisse de couleur ivoire à jaune pâle AOP L’alimentation des vaches est uniquement composée de foin et d’herbe pâturée. L’utilisation d’ensilage est interdite.

Son diamètre 54 cm en moyenne (35 à 75 cm) AOP Le lait doit provenir exclusivement de vaches Tarine et Abondance dont la production ne doit pas excéder 5000 kg par an et par vache Sortez vos cahiers ! Géré par l’INAO (Institut National des Appellations d’ Origine), seule habilitée à instruire les demandes dans le secteur de l’agro-alimentaire et organisme chargé des contrôles, le label AOP oblige les producteurs à respecter un cahier des charges clairement défini. Celui-ci stipule les conditions à honorer depuis la production de lait jusqu’à la fabrication du fromage, garantissant au consommateur un savoir-faire certifié, une origine contrôlée, la transparence et l’innovation pour un produit de qualité. N’est pas Beaufort qui veut... Managed by INAO (National Institute of Appellations of Origin), the AOP label obliges producers to respect clearly defined specifications from the production of milk to the fabrication of cheese, guaranteeing the consumer a certified know-how, a controlled origin, transparency and innovation.

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Le cas décolle Ce Prince des Gruyères prestigieux aux saveurs hautement reconnues et très recherchées assurent à ses producteurs, des conditions d’exploitation plus favorables que dans certaines zones agricoles défavorisées. Ajoutez à cela une économie des sports d’hiver florissante en particulier en Tarentaise et le combo AOP / Tourisme prend tout son sens permettant aux agriculteurs locaux de vivre dignement de leur production. With its highly recognized and highly sought-after flavours, the Prince des Gruyères provides its producers more favourable operating conditions than in certain disadvantaged agricultural areas.

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AOP Il n’y a que le Beaufort (pour un fromage de plus de 15kg) qui peut utiliser un cercle de bois, lui donnant sa forme concave si particulière

Ménage à trois • Beaufort d’été  : lait produit de mai à octobre, par des vaches en pâture à plus de 1500m d’altitude • Beaufort d’hiver  : fabrication de novembre à mai lorsque les vaches sont à l’étable nourries de foin local • Chalet d’alpage  : lait issu d’un seul troupeau, fabriqué sur place à plus de 1500m d’altitude. • Beaufort d’été : milk produced from May till October, the cows graze at an altitude of more than 1500m • Beaufort d’hiver : milk produced from November till May, the cows are fed with hay in the barn • Chalet d’alpage : milk from a single herd of cows, the cheese is fabricated at an altitude of more than 1500m

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AB B A B A YO O Y Y O D R D R D R

O V OV V EE E O U R U UR R E A M S E A M S E A M S

HELISKI, HELISKI, HELISKI, SKI DE RANDO, SKI DE SKI DERANDO, RANDO, HORS-PISTE HORS-PISTE HORS-PISTE CET HIVER, CET HIVER, CET HIVER, NOTRE ÉQUIPE NOTRE ÉQUIPE NOTRE ÉQUIPE D'EXPERTS D'EXPERTS D'EXPERTS RÉALISE RÉALISE RÉALISE VOS RÊVES ! VOS VOSRÊVES RÊVES! !

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LES COULISSES D’UNE MÉDAILLE D’OR

Et Dieu créa…le Beaufort !

Déguster son Beaufort en sachant d’où il vient lui confère une saveur encore plus particulière. Alors pour partir à la découverte de ce produit d’exception dont l’AOP a fêté en 2018 ses 50 ans, direction la Coopérative Laitière de Moûtiers.

Le Beaufort. En séjour à la montagne, été comme hiver, impossible de passer à côté. En même temps, il serait dommage de s’en priver. Car le Beaufort, ce n’est pas seulement un fromage. C’est le gardien d’une tradition, d’un savoir-faire ancestral qui perdure encore aujourd’hui alors que tout pourrait être modernisé. C’est la garantie d’un produit répondant à un cahier des charges stricte et précis. Tout cela et bien plus encore se découvre au sein de la Coopérative Laitière de Moûtiers, dont les caves d’affinage datent du milieu des années 1940. À cette époque, le Beaufort est produit dans les alpages, puis descendu à dos d’âne (d’où sa forme en talon concave du fait de la corde passée autour des meules pour bien les maintenir) jusqu’à Moûtiers pour être affiné. Désormais, la production « mondiale » de Beaufort, qui s’élève à 5100 tonnes en 2017 - quand l’Emmental est à 248 000 tonnes et le Comté à 54 000 tonnes ! - se concentre autour de 7 coopératives : Moûtiers, Bourg Saint Maurice, Beaufort, Aime, La Chambre, Saint Sorlin d’Arves et Lans le Bourg. .../...

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Vente en ligne sur beaufortdesmontagnes.com

Souvenir gourmand ou cadeau idéal ? avant de repartir, à vous de choisir...

DISTRIBUTEURS AUTOMATIQUES RÉFRIGÉRÉS DE BEAUFORT SOUS VIDE 24/24H • Gare SNCF de Moûtiers, en partenariat avec Les 3 Vallées Café® • Coopérative Laitière de Moûtiers, Avenue des 16e Jeux Olympiques VISITE LIBRE DES CAVES D’AFFINAGE ET DE LA FABRICATION DU BEAUFORT Magasin de vente au détail de Beaufort et produits de Savoie, +33 (0)4 79 24 03 65

À 3 MINUTES À PIED DE LA GARE DE MOÛTIERS


Une fabrication des plus traditionnelles À Moûtiers, des visites libres et gratuites permettent aux visiteurs de découvrir les différentes étapes de fabrication du fromage, de déambuler à travers les caves chargées de meules et d’Histoire, d’admirer le travail de ces artisans du Beaufort. Si les visites ne sont possibles que le matin, c’est parce que la fabrication a lieu uniquement à ce moment-là, afin de ne pas stocker de lait : tous les jours à 5h, les « ramasseurs » partent faire la tournée des 65 exploitations travaillant avec la Coop de Moûtiers, afin de recueillir le lait de la traite de la veille et de celle du matin. L’essence même d’une coopérative est le regroupement des agriculteurs et donc le mélange de leur lait. Dès son arrivée sur place, le précieux liquide est déversé dans l’une des quatre cuves de 5400 litres et mis à chauffer à 33°. Il passera ensuite entre les mains des fromagers pour plusieurs étapes : ajout de présure naturelle et animale fabriquée sur place pour faire cailler le lait, découpage en petits grains, cuisson, moulage en cercle de bois traditionnel bombé pour retrouver le talon concave, pressage, égouttage, passage en bain de saumure...et enfin mise en affinage dans les caves à 90% d’hydrométrie. Une meule devra ensuite patienter minimum 5 mois avant d’être disponible à la vente. 5 mois durant lesquels les cavistes prendront deux fois par semaine le temps de saler, frotter et retourner manuellement ces meules de 40 kilos. Au moment du pic de lactation, en mai, la Coop de Moûtiers peut produire jusqu’à 90 meules par jour, contre 27 en novembre. Au total, la production annuelle s’évalue à près de 18 000 meules. Du fromage qui se retrouve ensuite dans les 14 points de vente de la Coop en station et en vallée, ainsi que chez les grossistes et les restaurateurs. Entre vos mains donc, préparez-vous à mettre en bouche un produit artisanal qui fait la fierté des montagnes qui l’ont vu naitre.

Géraldine V.

The exceptional local Beaufort cheese of which the AOP label celebrated its 50th anniversary in 2018 reveals its secrets at the Milk Cooperative of Moûtiers during one of the free guided visits. Tarentaise and Haute Tarentaise counts three milk cooperatives: Bourg-Saint-Maurice, Aime and Moûtiers. The local farmers join forces to produce, transform and promote their products. Every day, the milk is collected and brought to the milk cooperative where the cheese is fabricated according to traditional methods protected by the AOP label.

Coopérative Laitière de Moûtiers Visite libre et gratuite du lundi au samedi de 9h à 12h (du lundi au vendredi hors hiver) +33 (0)4 79 24 03 65

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MUSEE DES TRADITIONS POPULAIRES DE MOUTIERS Centre culturel Marius Hudry 23 Place Saint Pierre +33 (0)4 79 24 04 23 / ccmh-moutiers.com Visite guidée de la cathédrale pour les groupes sur demande

UNE EXPO VACHEMENT BIEN Elle est la star de la Tarentaise et également celle de l’exposition «De mâles en pis». J’ai nommé la vache tarine !


SECRETS DE TISANES

Quelques graines de nature Paysan-cueilleur, voilà comment Christophe Valaz, originaire d’Essert-Blay, se définit. Au plus près de la nature, il sème, cueille et fait sécher dans son grenier une kyrielle de variétés. Rendez-vous dans son séchoir au cœur du village, où il nous parle de sa passion pour les belles plantes...

Quand l’idée de devenir paysancueilleur a-t-elle germée ? J’ai passé 20 ans dans la mécanique générale. En 2009, je me suis retrouvé dans une vague de licenciement... J’avais 40 ans et le choix de repartir dans cette branche, faire une formation ou créer mon entreprise. C’est là que mon projet de devenir agriculteur, producteur de plantes a pris forme. En septembre 2009, j’attaquais alors une formation d’un an pour passer mon Brevet professionnel de responsable d’exploitation agricole, avec une spécialisation plantes aromatiques et médicinales. Qu’avez-vous appris lors de cette formation ? La gestion d’une exploitation agricole, avec le côté comptabilité et administratif, la reconnaissance végétale, la réglementation... J’ai pu faire plusieurs stages et de nombreuses rencontres pour acquérir de l’expérience. Et puis je me suis plongé dans la littérature aussi... L’ouvrage de Marie Antoinette Mulot, une des dernières herboristes diplômées (ce statut ayant été supprimé en 1941, sous le régime de Vichy) est ainsi devenu mon livre de chevet. Tout comme le livre du Docteur Cazin, l’ancêtre de l’école française de phytothérapie. D’où est venue cette passion pour les plantes ? Elles ont toujours fait partie de ma vie. Dans ma famille, on les a toujours utilisées, il y avait cette transmission orale. Au moment de choisir le nom de mon exploitation, Les Jardins d’Amélie Blanche, cette histoire de famille est réapparue soudainement : « Les Jardins » car j’exploite de petites surfaces, et « Amélie Blanche » car je voulais créer un personnage, issu de l’association des prénoms de mes grand-mères qui utilisaient les plantes régulièrement. Vous êtes donc producteur et cueilleur, comment se déroulent ces activités ? Je travaille sur une trentaine de plantes. J’en exploite une partie sur de petites surfaces aux alentours : menthe, mélisse, thym, romarin... Les autres proviennent de cueillette naturelle : feuille de bouleau, reine des prés, sureau, serpolet, bruyère... Je les récolte sur le secteur, dans la vallée, plutôt en altitude, là où j’ai l’autorisation des propriétaires (souvent des communes avoisinantes). Aller loin serait une aberration

écologique et je préfère réduire le temps de transport entre la cueillette sauvage et le début du séchage. Mon travail sur l’année se partage entre les semis en mars-avril, les premières cueillettes sauvages (aspérule odorante des sous-bois, aubépine...), le désherbage léger des parcelles et le paillage, la commercialisation et bien sûr le séchage. Nous nous trouvons ici dans le séchoir justement, la suite de l’aventure pour ces plantes... J’ai choisi de faire ce séchoir à air naturel. Un déshumidificateur serait trop gourmand en énergie. Je travaille sur des modules en bois, des claies naturelles en coton. Les conditions climatiques définissent le temps de séchage. Généralement, je ne touche pas les plantes pendant 48h, puis je les remue... Un bon séchage, c’est quand la plante fait le bruit de la chips ! Quels « produits finis » proposez-vous ? En tisane simple, nous avons les incontournables verveine, tilleul, menthe, thym... et je réalise aussi 4 mélanges différents : « Gardez la foie », « Bon poids ! », « Keep Cool » et « La cinquantaine au féminin ». Chacun a ses propriétés détox, drainantes, antistress... Comme j’ai le statut d’agriculteur, et pas celui de pharmacien, je ne peux pas mentionner les vertus médicinales de chaque variété, mais je peux quand même donner plein de conseils ! J’ai ainsi une liste officielle de 148 plantes que j’ai le droit de cultiver et de cueillir. Pour information, en pharmacopée, il y en a 525 ! Où trouve-t-on vos produits ? Je fais de la vente directe, sur les marchés de Brides-les-Bains d’avril à octobre, les fêtes traditionnelles à Pralognan, Méribel... Je suis présent dans des magasins de producteurs sur Albertville, je travaille par correspondance avec des particuliers... et avec des professionnels comme des cuisiniers gastronomiques. J’ai notamment travaillé avec Jérémy Gillon quand il était à Val Thorens, à l’Épicurien, et je lui envoie encore des plantes à Singapour aujourd’hui. Depuis 2 ans, je travaille aussi sur des produits frais avec Jean Sulpice à Talloire. Je me rends compte que de plus en plus de personnes (pas que les grands-mères !) retrouvent de l’intérêt pour les plantes. Je dis toujours qu’il faut se réconcilier avec elles et ainsi reprendre l’habitude de les utiliser. Quels seraient vos conseils quant à leurs utilisations ? En cuisine, on peut aromatiser un poisson avec l’hysope, parfumer une crème avec la reine des prés (en remplacement de la vanille), confectionner un sorbet avec du sureau... Et bien sûr, les plantes se consomment surtout en infusion. Mon conseil est de faire du préventif : renforcer le système immunitaire en hiver, détoxifier au printemps... tout en gardant le plaisir des saveurs !

Propos recueillis pa Céline L.

Zoom sur quelques plantes et leurs propriétés • Aubépine : le métronome du cœur, régule le rythme cardiaque, aide à dormir... • Feuille de ronce : pour les voix fatiguées, enrouées • Menthe, cassis, fenouil : pour la digestion • Souci des jardins : anti-inflammatoire (ulcère estomac) • Sureau : diurétique et dépuratif • Thym : expectorant, antiseptique et stomatique • Reine des prés : diurétique, sudorifique et contre les rhumatismes

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© Photos : Les Jardins d’Amélie Blanche

For 20 years, Christophe worked in the general mechanics business. In 2009, he made a career switch and launched his project to become a plant producer. After a one-year training, he obtained his diploma in farm management, specialised in aromatic and medicinal plants. The name of the farm Les Jardins d’Amélie Blanche refers to the first names of his grandmothers who transmitted their passion for plants. His work is consisted of sowing in March-April, followed by the first wild pickings, weeding and mulching, the marketing of the products and of course the drying of the plants on wooden racks. The climatic conditions define the drying time. Christophe has the right to cultivate and pick not less than 148 plants.

Plus d’infos : www.lesjardinsdamelieblanche.fr

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LE CROZET SAVOYARD

C’est Cro bon !

Plat traditionnel et familial à l’origine, les crozets sont aujourd’hui inséparables de l’identité culinaire savoyarde. Retour sur l’histoire de cette petite pâte carré, devenue célèbre grâce à l’audace du méribelois François Fraissard. À l’image du farçon, ce plat sucré-salé à base de pommes de terre, lard, raisins secs et pruneaux, on ne connaît pas véritablement l’origine des crozets. « Nos arrières grands-mères, nos grands-mères, les préparaient comme dans tous les villages alentours, selon des traditions transmises de génération en génération. À la base de tout cela, il y a simplement le fait qu’elles produisaient leur propre farine, à laquelle elles ont un jour ajouté des œufs...et les crozets sont nés ! », confie Mado Gacon, experte des crozets des Allues ! C’était alors un plat de fête, servi le dimanche ou lors des repas de famille, accompagné d’une pièce de porc ou, mieux encore, d’un poulet.

Croziflette

Ces pâtes de forme carré auraient pu rester dans la confidentialité. Mais c’était sans compter sur François Fraissard, originaire du village du Biolley au début de la vallée des Allues. C’est à lui que l’on doit la commercialisation du crozet, auquel les anciens ne croyaient pas du tout. Pour eux ce plat, c’était une histoire de famille qui ne pouvait intéresser personne d’autre ! Mais à la fin des années 1970, François Fraissard se lança dans la fabrication artisanale à Moûtiers, et se mit bientôt à vendre des crozets un peu partout. Parmi ses premiers clients, il put compter sur Mado, qui tenait le café-épicerie dont la table de la cuisine était toujours ouverte, devenu La Croix Jean-Claude. Parmi les succès de ce petit bout de Savoie à ses débuts, on cite souvent les crozets servis au restaurant de l’Assemblée Nationale ou encore ce paquet expédié à l’autre bout du monde, en Australie !

Revisitée aujourd’hui de mille façons par les restaurateurs locaux, la recette la plus savoureuse reste encore celle utilisée depuis la naissance du crozet, à base de beurre et de fromage. Du Beaufort aujourd’hui, mais de la Tomme hier, « et encore, on ne mettait que les moins beaux morceaux, histoire de ne pas gâcher ! », se souvient Mado ! Géraldine V.

Traditional family dish, transmitted from generation to generation, the square pasta Crozets is part of the Savoyard culinary identity and became famous thanks to the audacity of François Fraissard from Méribel. At the end of the 70s, François Fraissard started the fabrication of Crozets in Moûtiers. Revisited one thousand times by the local restorers, the best recipe remains the traditional recipe with butter and cheese. © Aurélie Jeannette

RECETTE La recette des « Crozets du Villard » de Jeannine Jung (« Piapia » pour les intimes !), dont le fils tient le Refuge du Christ à Méribel : • 300g de farine blanche • 300g de farine de blé noir • 2 œufs • verre d’eau • une pincée de muscade Travailler ensemble les farines, les œufs, le sel et la muscade. Pétrir la pâte longtemps jusqu’à ce qu’elle devienne très dure. Étaler au rouleau pour obtenir une galette d’1/2 cm d’épaisseur. Découper des lanières d’1/2cm de large, dans un sens puis dans l’autre afin d’obtenir des petits carrés. Les faire sécher sur un torchon propre toute une nuit (autrefois, les crozets séchaient souvent sur un drap au pied du lit). Les cuire dans un grand volume d’eau environ 30 minutes, puis les égoutter. Faire fondre du beurre (noisette), le verser dessus et ajouter des lanières de Beaufort suivant le goût de chacun. Mélanger, saupoudrer d’épices rouges pour parfumer un peu, déguster !

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NOUVEAU RANGE ROVER EVOQUE

C’EST LE MOMENT DE S’AFFIRMER.

Le Nouveau Range Rover Evoque est à lui seul une révolution pleine d’audace. Toujours plus avant-gardiste avec ses feux avant effilés à Matrix LED*, ses poignées affleurantes escamotables ou encore son double écran tactile*, le Nouveau Range Rover Evoque réinvente le concept du SUV compact premium. Et comme la modernité ne s’arrête pas au design, il bénéficie également d’innovations technologiques exclusives, qui feront de la jungle urbaine son nouveau terrain de jeu. Disponible dès le mois de mars, n’attendez plus pour venir le découvrir chez vos concessionnaires :

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Tout un fromage

le Persillé de Sainte Foy Artisan de la dernière production du fameux Persillé de Sainte Foy, un fromage pur chèvre, la famille Empereur représentée par Stéphane le fils, s’est prêtée à nos questions pour nous raconter une journée dans leur ferme. Visite guidée.

Une bêle histoire Monsieur Empereur, père, fromager formé à l’École de Bourg Saint Maurice et sa femme Yvette, originaires de Sainte Foy, se sont lancés dans les années 1970 dans l’élevage et la confection de fromages dont le fameux Persillé de Sainte Foy. Yvette ayant pris sa retraite en 2016, ce sont Stéphane et Jérôme, les deux fils, qui ont repris l’exploitation dans laquelle ils ont toujours vécu et travaillé. Pour Stéphane, c’est une passion qu’il vit à l’année. Jérôme travaille quant à lui, aux pistes de Tignes en hiver. Le duo, toujours accompagné de leur maman, s’occupe d’un troupeau de 100 chèvres et d’une vingtaine de vaches laitières en hiver. Alors que tout ce beau monde reste à l’étable à la saison froide, il rejoint les alpages du Monal et du Vallon du Clou en été et ce depuis 1974, dans la tradition de leurs ainés. Une vocation ? Plus que ça, un art de vivre et le besoin d’être reliés à la terre pour ces gardiens d’un savoir-faire ancestral.

Un Persillé qui sied à merveille Contrairement à son homologue de Tignes, le Persillé de Sainte Foy est typique de la vallée du même nom et a la particularité d’être un fromage pur chèvre. Avec sa pâte brisée, il fait partie de la famille des bleus mais ne contient pas : de persil ! Son secret réside dans le fait qu’il devient bleu à l’intérieur sans ajout de produit. Selon le temps d’affinage, son goût est plus ou moins fort mais il doit rester au minimum 1 mois en cave.

24h chez les Empereur « Selon les périodes, on a des moments plus calmes comme en début d’hiver, de novembre à fin janvier, car les bêtes ne mettent pas encore bas. Notre travail consiste alors à les faire manger, s’occuper de l’entretien courant et de la surveillance, une première fois le matin dès 6h et le soir vers 17h.

le fromage : mise en caillage, présure et égouttage pendant 24h. Je mets ensuite en faisselle la fabrication de la veille après avoir caillé et brisé le lait. Le lendemain, cette préparation part en cave pour au minimum 1 mois à 1 mois et demi d’affinage. Ici s’opère une surveillance quotidienne et il est nécessaire de retourner les fromages et frotter la « barbe » (la moisissure naturelle) tous les 2 jours. Ma matinée terminée, je peux profiter d’un peu de repos, mais aussi entretenir la ferme et le matériel, faire de l’administratif. Ici, il y a toujours du travail : on ne s’ennuie jamais. Et la deuxième partie de la journée commence à 16h30 avec les mêmes taches que le matin, pour finir vers 20h-20h30».

L’alpage à la page « De juin à octobre, nous sommes en alpage avec notre troupeau de chèvres et les 150 vaches que nous avons en pension. Nous restons sur site pendant cette période qu’on appelle l’estive. Chaque matin dès 3h et chaque soir, nous procédons à la traite avec notre salle mobile. Jusqu’il y a 5-6 ans nous fabriquions notre Beaufort au chalet d’alpage. Mais par manque de personnel, nous avons changé notre façon de faire et aujourd’hui le lait est collecté puis déposé en vallée pour servir à la fabrication de ce fromage en Coopérative». Johanne B.

The family farm of the Empereur family is the last farm that produces the local goat’s cheese Persillé de Ste Foy. The brothers Stéphane and Jérôme, accompanied by their mother Yvette, take care of 100 goats and around 20 dairy cows in winter. The Persillé de Ste Foy is fabricated at the farm. In summer, from June till October, the herd of goats and their 150 cows graze in the mountain pastures of Monal and Le Vallon du Clou. The milk is collected at the mountain pastures and brought to the milk cooperative in the valley to fabricate the delicious Beaufort cheese.

C’est en ce moment (mars) que l’activité est intense car les chèvres ont mis bas. Dès 5h il faut leur donner à manger, traire la soixantaine de mères à la main, donner à boire aux chevreaux. Une fois que le lait est tiré, je fabrique

Où trouver le Persillé de Sainte Foy ? Séez, fromagerie « Chez Fred » Bourg Saint Maurice, Vival Landry, épicerie Vente directe à la Ferme : au Chavarnier, hameau situé après le village de Sainte Foy en venant de Bourg Saint Maurice. Au village du Monal durant la saison d’été.

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e Fer m aT err e ©L

LÉGUMES BIO

La Terre Ferme

un retour aux sources

© La Terre Ferme

Une terre au terroir exploité, une entreprise maraîchère respectueuse de l’environnement : La Terre Ferme, menée avec passion par Claire et Clément, œuvre pour le bon et le sain dans nos assiettes. Coup de projecteur sur une affaire pétrie de vraies valeurs. Claire, quand avez-vous décidé de créer La Terre Ferme ? C’était en 2011. Mes parents étaient éleveurs de chèvres. Quand ils sont partis à la retraite, nous avons décidé avec Clément de trouver un moyen d’exploiter ces terres familiales. L’élevage ne nous attirait pas vraiment mais nous étions sensibles à la cause du local, à la consommation raisonnée… C’est pour cela que la perspective de créer une activité de maraîchage bio s’est rapidement imposée. Vous veniez tous les deux de ce secteur ? Pas du tout, Clément était dessinateur projeteur, moi j’étudiais le traitement des eaux. Mais à ce moment-là, j’ai suivi une formation BPREA (Brevet Professionnel de Responsable d’Exploitation Agricole) pour connaître le B.A. BA de la culture de fruits et légumes et nous nous sommes lancés. Aujourd’hui, comment fonctionne votre exploitation ? Nous produisons une quarantaine de variétés de fruits et légumes sur un hectare de terre en plein champ et sous serre. Cette surface s’est imposée au fur et à mesure des années, au fur et à mesure que l’on gagnait en expérience. Comme nous sommes à 900m d’altitude, nous ne pouvons exploiter nos terres que de mars à novembre avec un début des ventes en mai. Ce qui nous convient bien car nous pouvons avoir une autre activité en hiver et revenir à la culture ensuite, contents et motivés. Il n’y a pas de lassitude. Vous produisez des fruits et légumes bios, est-ce contraignant ? C’est un cahier des charges qui n’est pas si compliqué à respecter, dans la mesure où ça va de pair avec notre façon de vivre. Il s’agit d’acheter des semences bios, de nourrir la terre avec des engrais organiques, de pratiquer la rotation des cultures, de n’utiliser aucun produit chimique. Le plus pénible reste le désherbage mais pour cela, nous avons des techniques comme le paillage ou d’autres encore, respectueuses de l’environnement pour que la tâche soit moins ardue. Il faut simplement savoir que nous avons une obligation de moyen, pas de résultat. Nous mettons donc tout en œuvre pour que nos cultures soient saines car notre credo c’est « bio et surtout local ». Que devient votre production ? Nous créons nos propres plants à partir de semences achetées. Nous en vendons une partie au début du printemps et nous nous servons de l’autre pour notre culture. Nous vendons ensuite notre production de fruits et légumes sur le marché de Bourg Saint Maurice, à la Vie Claire et aux restaurants locaux. Nous en transformons une petite partie : soupes, confitures… que nous vendons. Enfin nous proposons des paniers de légumes chaque semaine à réserver et à venir retirer à notre ferme.

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Quelles sont les difficultés que l’on rencontre lorsque l’on jardine en montagne ? À priori à 900m d’altitude, les conditions ne sont pas les plus favorables mais nous avons la chance sur la commune de Séez d’avoir un accès à l’eau en quantité et des terrains plutôt plats avec une terre alluvionnaire. Le fait que nous soyons en montagne et qu’il y ait de la neige en hiver protège la terre et lui apporte de l’azote. Le froid, quant à lui, tue les parasites. L’inconvénient en revanche : la neige sur les serres. Il faut impérativement déneiger pour ne pas briser les structures. Et dans la pluriculture comme nous la pratiquons, le légumes poussent plus ou moins bien en fonction des années. Il est important d’en prendre conscience, d’accepter une part de fatalité et de ne pas se mettre trop de pression même si parfois, une culture dévastée par un nuisible peut être source de déception. Nous n’avons pas la maitrise totale de la nature et c’est tant mieux car il faut rester humble face à elle. Avez-vous des projets ? Nous en avons plein comme l’auto-cueillette ou le développement de la vente de nos produits transformés. Mais le problème c’est d’arriver à trouver l’activité supplémentaire qui ne soit pas trop chronophage. Car aujourd’hui, la culture et la récolte nous prennent beaucoup de temps et nous sommes hyper dépendants du facteur météo. Si les conditions sont mauvaises et qu’il y a une fenêtre météo pour une récolte par exemple, il faut que toute notre énergie et notre temps soient dédiés à cela. Parfois difficile à conjuguer avec une activité qui doit être régulière. Propos recueillis par Johanne B.

The family business La Terre Ferme, managed with passion by Claire and Clément, offers local and fresh products with respect for the environment. Located in Séez at an altitude of 900 metres, La Terre Ferme saw the light in 2011. Claire and Clément propose around 40 types of fruit and vegetables, all organic and local. The fruit and vegetables, but also transformed into soup and jam, are sold at the market of Bourg Saint Maurice, at La Vie Claire and to local restorers.

La Terre Ferme Séez laterreferme@hotmail.fr

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Le Crédit Agricole des Savoie contribue au développement du secteur de la montagne et participe au dynamisme des territoires des pays de Savoie.

11/2018 - Crédit Agricole des Savoie - 302 958 491 RCS Annecy - ORIAS n°07 022 417. Conception et réalisation : Crédit Agricole des Savoie - Crédit photo : iStock.


BIÈRES ARTISANALES

Il a mis les 3 Vallées en bouteille ! Dans Les 3 Vallées il y a le ski, la fondue, la charcuterie...et la bière aussi ! Installée depuis juin 2015 à Moûtiers, la Brasserie Alpine est l’œuvre d’un passionné, Nicolas Danel, qui a créé la Bière des 3 Vallées afin de mettre toute l’immensité du domaine en bouteille, pour le faire partager à tous... C’est d’abord dans sa cuisine qu’il a fabriqué artisanalement ses bières, avant de passer à la création d’une véritable brasserie suite à sa formation à l’IFBM de Nancy. La Bière des 3 Vallées est née ainsi, d’après une recette originale. Bière blonde de haute fermentation, elle combine deux malts et trois houblons pour un résultat...envoûtant ! Dans la lignée de cette première création, d’autres bières ont suivi. L’offre de la Brasserie Alpine s’étend alors aujourd’hui à toute une gamme, « L’expérience K », évoluant au gré des expériences du brasseur et des retours clients. Il y a Kaline, la blonde douce et soyeuse brassée dans la tradition des bières belges ; Kokine la blanche pleine de peps qui chatouille les papilles (1er prix au concours de bière du Musée Français de la bière) ; Karamel la bière rousse aux saveurs de céréales et aux notes fleuries, selon une recette élaborée avec le Chef étoilé Julien Machet (Le Farçon* à Courchevel La Tania) incluant une infusion de foin de nos montagnes pour un véritable voyage à travers les alpages ; Kanaï, la bière de type IPA pour une expérience des plus houblonnées ! ; et enfin Kakao une bière noire (stout) qui reste légère et désaltérante, dont les arômes de pain grillé et d’amandes torréfiées sont sublimés par une infusion de fèves de cacao. Un voyage gustatif surprenant ! Parmi les dernières créations, comment ne pas mentionner Mademoiselle Courchevel ? Réalisée à 100% en Tarentaise, cette bière a bénéficié d’un vieillissement exceptionnellement prolongé en cuve, donnant naissance à un grand cru. Une édition limitée à 1900 litres dont les bouteilles sont reconnaissables au premier coup d’œil : l’étiquette, imaginée par l’artiste David Cintract (à qui l’on doit notamment les casques remis chaque année aux gagnantes de la Coupe du Monde de ski de Courchevel), a été élue deuxième plus belle étiquette Rhône-Alpes-Auvergne 2018, et première de Savoie !

Géraldine V.

Installed since June 2015 in Moûtiers, the brewery La Brasserie Alpine creates different local beers of which La Bière des 3 Vallées according to an original recipe, but also L’Expérience K, Kaline, Kokine, Karamel, Kanaï and Kakao. Amongst the last creations, we don’t forget Mademoiselle Courchevel realised 100% in Tarentaise, a limited edition of 1900 litres, and its magnificent label designed by artist David Cintract.

Brasserie Alpine À Moutiers, Z.A. des Salines www.brasseriealpine.com

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DIMANCHE 07 AVRIL 2019 - SUNDAY 7TH APRIL 2019

Inscriptions sur - Registrations on les3vallees.com COURCHEVEL • MÉRIBEL • BRIDES-LES-BAINS • LES MENUIRES • SAINT-MARTIN-DE-BELLEVILLE • VAL THORENS • ORELLE


GRAND CRU DE SAVOIE

Vin sur vin

Sur la route entre Albertville et Moûtiers, quand on tourne la tête du côté de Cevins, on aperçoit une chapelle au sommet d’une colline, et juste en dessous, des vignes accrochées à leur coteau. Il s’agit du Domaine des Ardoisières, un vignoble oublié pendant des années qui donne aujourd’hui un vin de Savoie réputé et unique, un véritable trésor... Au 12e siècle, les moines de Tamié avaient bien compris que cet endroit offrait un emplacement de choix pour la culture de la vigne. Pendant des siècles, ils exploitèrent ce coteau suivis des habitants euxmêmes, puis peu à peu, il fut progressivement abandonné... Mais c’était sans compter sur la passion du maire de Cevins, de ses habitants et d’un vigneron savoyard réputé, pionnier de la biodynamie, Michel Grisard, qui ne virent pas les choses de cet œil ! En 1998, les premiers plants de vigne sont replantés en terrasse, et en 2002, ils offrent une première récolte encourageante. En 2005 Brice Omont, séduit par l’aventure, s’installe en tant que jeune vigneron. « Nous avons à Cevins un terroir unique, la vigne pousse sur une roche de type micaschiste très drainante, et les cailloux réchauffent le sol jusqu’à 60° en été ! Ces caractéristiques géologiques, le fait de travailler les vignes à la main et de produire en bio donne des vins d’exception... Si on respecte le lieu et sa nature, qu’on essaye de le comprendre, il nous le rend 1000 fois ! » Ainsi naissent des cuvées aux noms résonnant comme un hommage à cette terre nourricière : Schiste, Quartz, Améthyste... Cinq cépages constituent le vignoble de Cevins en blanc (Jacquère, Roussanne, Altesse, Malvoisie et Mondeuse blanche). En rouge, on rajoute Persan et Mondeuse noire. Au vigneron de choisir l’assemblage le plus équilibré tout en respectant le terroir qui doit s’exprimer dans le vin : une minéralité, un côté tranchant, une belle finesse... Challenge réussi pour les Ardoisières, car en moins de 15 ans, le coteau a retrouvé ses lettres de noblesse. « Les restaurateurs et cavistes régionaux ont joué le jeu, fiers de proposer un vin du terroir de caractère qui surprend, dans le bon sens ! Cet engouement accompagne la prise de conscience ces dernières années de la qualité générale grandissante des vins de Savoie, relate Brice Omont. Ce sont désormais des vins qui se gardent, qui sont totalement aptes à un très beau vieillissement et qui n’ont rien à envier aux plus grands crus d’autres régions... ».

Zoom sur la viticulture biodynamique L’idée est d’intensifier la vie du sol pour un meilleur échange entre la terre et la plante. Pour cela, le vigneron se sert de préparations provenant de matières végétales, animales et minérales transformées afin d’aider la vigne à se renforcer et à mieux se développer. Il utilise aussi le calendrier lunaire afin que la plante, le sol et les influences lunaires se combinent au mieux.

Le conseil accord met/vin de Brice Omont « Et si vous accompagniez tout un repas avec les vins blancs du domaine des Ardoisières ? Avec leur côté iodé, ils s’avèrent exemplaires pour déguster une entrée à base de poissons, fruits de mer, huitres... Puis, ils s’harmonisent parfaitement avec une viande blanche ou une volaille de fête. Ensuite, c’est avec le fromage (une belle tomme, du Beaufort ou de l’Abondance) que le côté tranchant du minéral s’exprime pleinement. Enfin, finissez avec un dessert aux agrumes... » Céline L.

On the road between Albertville and Moûtiers, when we turn our head to Cevins, we can see a chapel on the top of a hill, and just underneath the chapel we can see the vineyard Le Domaine des Ardoisières, a forgotten vineyard for numerous years but known today for its unique local wine. Thanks to the mayor of Cevins, winemaker Michel Grisard and the inhabitants, new grape vines were planted in 1998 followed by the first harvest in 2002. In 2005, young winemaker Brice Omont settles down in Cevins. Today, the vineyard of Cevins offers five white wine varieties (Jacquère, Roussanne, Altesse, Malvoisie and Mondeuse Blanche) and 2 red wine varieties (Persan and Mondeuse Noire).

Plus d’infos : www.domaine-des-ardoisieres.fr

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© Domaine des Ardoisières

© Domaine des Ardoisières

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APICULTURE

Bee happy

Élevée en terre savoyarde depuis des siècles, l’abeille noire est une race locale, rustique et adaptée à la rigueur du climat alpin. Depuis plusieurs décennies, elle est menacée par l’importation d’essaims et reines d’autres espèces.

Un peu d’histoire L’abeille noire est la sous-espèce d’abeille domestique historiquement présente dans l’ouest de l’Europe, des Pyrénées à la Scandinavie. Adaptée à son environnement, elle est reconnue pour la longévité de ses ouvrières et sa capacité à faire face aux conditions extrêmes de l’hiver. Une statistique de 1866 constate l’existence de plus de 60 000 ruches dans les Pays de Savoie. Certains miels avaient déjà acquis une solide réputation, en particulier ceux qui provenaient des communes de montagne. À l’époque, c’est une race locale, l’abeille noire de Savoie, qui était la plus commune.

© Sylvestre Klébert

L’abeille noire, menacée Avec l’avènement de la ruche à cadre, dont le mérite reviendrait à un Genevois, et la recherche d’une meilleure productivité, l’abeille noire de Savoie a été progressivement remplacée par des races plus productives, mais aussi plus fragiles. Depuis quelques années elle est en danger, menacée par l’importation d’essaims et de reines d’autres sous-espèces avec lesquelles elle s’hybride (l’abeille italienne, la caucasienne ou la buckfast). Cette hybridation entraîne une perte progressive des caractères propres à l’abeille noire, et en particulier sa bonne adaptation à notre environnement. Les populations d’abeilles importées sont en effet nourries artificiellement : peu acclimatées au milieu montagnard et ses températures extrêmes, leur survie dépend entièrement de l’intervention de producteurs soucieux d’augmenter la productivité de leur exploitation. A contrario, l’abeille noire possède un bagage génétique lui permettant de survivre en autonomie dans cet environnement contraignant.

Sa préservation aujourd’hui Depuis 1997, le CETA (Centre d’Études Techniques Apicoles de la Savoie) œuvre à la réintroduction de l’abeille noire de Savoie. Ses objectifs sont multiples : élever et sélectionner l’abeille noire, former les apiculteurs aux techniques d’élevage, coopérer avec le CNRD au programme d’étude de l’abeille domestique en France, sensibiliser le grand public au rôle indispensable de l’abeille dans l’environnement...En 2016, la commune des Belleville, le Parc national de la Vanoise et le CETA ont décidé de créer un conservatoire de l’abeille noire dans la vallée des Encombres. Des analyses ont permis d’évaluer le niveau d’hybridation de chaque colonie. Résultat : le patrimoine génétique propre à l’abeille noire disparaît sous l’effet des hybridations.Le CETA de Savoie, gestionnaire du conservatoire de la vallée des Encombres, a finalement retenu les 29 ruches les moins hybridées qui, avec l’appui des apiculteurs locaux acquis à la cause, ont été déplacées en 2017 dans la zone des Encombres pour permettre l’élevage de futures reines. Après une seconde phase d’analyse et un tri (retrait des colonies au niveau d’hybridation trop élevé) de ces ruches, le prochain défi consistera à rechercher de nouvelles colonies d’abeilles noires dans d’autres hautes vallées savoyardes, afin d’alimenter la zone conservatoire et éviter à moyen terme un effet de consanguinité.

2020 : un espace muséographique dédié sur la commune des Belleville Pour découvrir le miel des Belleville, goûtez celui des producteurs de la vallée, Guy Mugnier, Jean Luc Borrel et Klébert Silvestre (apiculteur aux Belleville, certifié en agriculture biologique et fervent défenseur de l’abeille de Savoie), dans certains magasins de la vallée, Au Coin des Producteurs à Saint Martin de Belleville, aux Bruyères ainsi qu’aux Menuires. Céline L.

Raised in Savoie for centuries, the black bee is a local breed, rustic and adapted to the difficult weather conditions. For several decades, the black bee has been threatened by the importation of swarms and queens of other species. Since 1997, the centre of Savoie CETA works on the reintroduction of the black bee. In 2016, the commune of Les Belleville, the Vanoise National Park and CETA created a black bee conservatory in the Valley of Les Encombres. In 2020, a museographic space dedicated to the black bee will see the light in Les Belleville.

Sources : Klébert Silvestre, Président du Centre d’études techniques apicoles de Savoie - Guy-Noël Grosset, chargé de mission agroenvironnement au Parc national de la Vanoise - Lionel Garnery, Chercheur spécialiste de l’abeille noire au laboratoire EGCE du CNRS de Gif-sur-Yvette Plus d’infos sur www.ceta-de-savoie.sitew.fr ou Klébert Silvestre +33 (0)6 76 99 65 16, aksilvest@wanadoo.fr

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TIGNES 1800

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© MGM - 01/2019- Crédit photos : Studio Bergoend - TouteLa3D - Illustrations non contractuelles, laissée à la libre interprétation de l’artiste et susceptible de modifications pour raisons techniques et administratives.

Travaux en cours - Work in progress


De l’étable à la table Anciennes fermes familiales, chaleur de la cheminée où parfois grille le gigot, lait fraichement tiré du pis de la vache ou de la brebis, saveurs traditionnelles des recettes de grands-parents... les fermes restaurants de Tarentaise ont toutes ces trucs extra qui en font des adresses exceptionnelles. Découverte... Mathilde O.

COURCHEVEL La Ferme Auberge de l’Ariondaz, Courchevel Moriond Au cœur du domaine de Courchevel à 2 000 mètres d’altitude, la Ferme de l’Ariondaz accueille les skieurs l’hiver et les randonneurs l’été. Tous les lundis midi pendant l’hiver la salle du restaurant s’anime au son d’un accordéoniste et l’on déguste en musique la raclette à la Valaisanne : nature, safranée ou à la truffe. La spécialité de la Ferme de l’Ariondaz : l’omelette en croûte (œufs de la ferme, pain garni de lard maison et fromage fondu). Ouvert midis et soirs l’été, uniquement les midis en hiver. +33 (0)6 83 27 47 58 La ferme auberge d’Ariondaz is situated at the top of the cable car l’Ariondaz at an altitude of 2 000 metres. On Monday, accordion music accompanies your lunch.

SAINT MARTIN DE BELLEVILLE La Ferme de la Choumette, route des Menuires Au cœur de la nature préservée du village de Saint Martin, la Ferme de la Choumette est une exploitation à part entière de vaches laitières, moutons et chèvres. Depuis le restaurant mezzanine, une grande vitre donne sur l’étable où l’on peut observer les animaux. Dans l’assiette une cuisine simple et goûteuse, les viandes sont cuites au feu de bois et les fromages sublimés dans différentes recettes de tradition. La spécialité de la ferme de la Choumette : la boite chaude des Alpes au fromage de chèvre et de vache frottée au génépi. Ouvert midis et soirs, été et hiver +33 (0)4 79 40 00 42 La Ferme de la Choumette, surrounded by the preserved nature of Saint Martin, proposes homemade products with view on the farm animals.

LES MENUIRES - VAL THORENS Chez Pépé Nicolas Ancienne montagnette restaurée, Chez Pépé Nicolas est le restaurant d’une famille présente depuis plusieurs générations dans la vallée des Belleville. On y célèbre le terroir et les belles histoires d’alpagistes. L’été la montagnette accueille une ferme pédagogique, un potager alpin et bien sûr une ferme où sont confectionnés les fromages. Ici le métier se partage : l’été Valentin emmène petits et grands pour un «Vis ma vie d’alpagiste». Au programme, fabrication de la tomme, du sérac de vache et de chèvre et des fromages frais. La spécialité de Chez Pépé Nicolas : le gratin du verger, pommes de terres finement tranchées, lard et tomme de l’alpage gratinée. Ouvert midis et soirs, été et hiver +33 (0)6 09 45 28 35 Chez Pépé Nicolas is a family restaurant present since several generations in the Belleville Valley, with an amazing view on the surrounding mountains.

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LA PLAGNE Le Forperet, Plagne Montalbert Montagnette située en bord de piste, le Forperet est une belle adresse aux couleurs des fermes d’antan. Au cœur des montagnes, l’été Roland élève ses vaches qu’il fait pâturer sur les pistes de ski. C’est ce goût de nature d’exception que l’on retrouve dans ses tommes. Enfant du pays, il a à cœur de partager son savoir-faire. Plusieurs fois par semaine, il fait ainsi découvrir aux curieux les différentes étapes de la fabrication de son fromage qu’il travaille artisanalement, de la traite à l’assiette. La spécialité du Forperet : la fondue de tomme au cidre et aux morceaux de pommes. Ouvert midis et soirs, été et hiver +33 (0)4 79 55 51 27 Le Forperet, Plagne Montalbert, is situated near the slopes with an amazing view. Roland fabricates and serves his farm-made cheese.

TIGNES La Ferme des 3 Capucines, Quartier du Lavachet

© Jérémie Pontin

Attenant à la fromagerie, le restaurant La Ferme des 3 Capucines propose midis et soirs des menus confectionnés avec des produits maison et de terroir. En salle on retrouve le charme des vieilles pierres avec au choix une place au chaud près de la cheminée ou comble du chic avec vue sur les animaux de la ferme. Sur place à côté à la laiterie, Amandine confectionne elle-même Beaufort d’alpage, tomme de Tignes, fromage à raclette, sérac.... La spécialité de La Ferme des 3 Capucines : la raclette à la roue. Ouvert midis et soirs, été et hiver +33 4 79 06 35 10 La Ferme des 3 Capucines proposes Savoyard specialities prepared with homemade products to savour near the fireplace with view on the farm animals.

VAL D’ISÈRE La Ferme de l’Adroit, Restaurant l’étable d’Alain, Rue des Barmettes Dans une authentique ferme avaline présente depuis quatre générations, le restaurant est une ancienne étable rénovée avec vue sur la laiterie. Ici on partage la passion des produits 100% made in Val d’Isère avec fromages et charcuteries en provenance directe de la ferme attenante. Après avoir rendu visite aux animaux et/ou assisté à la traite des vaches, direction le restaurant pour des découvertes fromagères d’exception ! Les spécialités de l’Etable d’Alain : les fromages. Tomme de bleu, valiflette, avalin, raclette au bleu, Beaufort... mais aussi les spécialités charcutières comme les diots maison ou encore la blanquette réalisée avec les poulets fermiers de la basse-cour. Ouvert midis et soirs, été et hiver +33 (0)4 79 06 13 02 La Ferme de l’Adroit is a family farm transmitted from one generation to the next. The restaurant is situated in a former barn with view on the dairy.

HISTOIRE

PRODUCTEURS D E TAR E N TAI S E

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PLURIACTIVITÉ

Double face

Par envie, par besoin, par tradition...les agriculteurs-trices de la région font souvent le choix de la pluriactivité. Témoignages.

Stéphane Chenu, 55 ans, Tessens :

Agriculteur & préparateur de stade « Après un BEP agricole à La Motte, je devais enchainer sur un bac pro pour devenir technicien agricole. Mais mon oncle m’a demandé si je voulais venir travailler à La Plagne, sur le stade, alors je me suis lancé dans la vie active. Je suis arrivé à l’agriculture après les Jeux d’Albertville, en 1992. Mes parents avaient une petite exploitation avec une vingtaine de vaches, c’est comme ça que ça a commencé. En 1996, avec quatre autres agriculteurs, on a monté un GAEC (Groupement Agricole d’Exploitation en Commun) à Tessens, qui existe toujours aujourd’hui mais sous un autre statut, puisque selon la loi, on n’a pas le droit d’être agriculteur tout en ayant à côté une activité professionnelle de plus de 730h ! Or j’ai toujours gardé un second emploi, après 30 ans à La Plagne je suis à Méribel depuis 8 ans, au stade également. J’ai l’agriculture dans le sang, j’aime me lever chaque matin pour aller traire les vaches, mais si je devais choisir, je prendrais mon travail hivernal car aujourd’hui entre l’administratif et les contraintes, ça devient vraiment compliqué d’être agriculteur... » Stéphane Chenu, 55 years old, from Tessens, combines his work at the farm with his work on the stadium of Méribel. He gets up early to milk his cows before he starts his second job. Farming became much more complicated than when he started, if he had the choice, Stéphane would choose his winter activity above farming.

Rachelle Chevassu, 29 ans, Bozel :

Alpagiste & factrice « J’ai fait l’école de fromagerie de la Roche sur Foron car je voulais faire du Beaufort en alpage. Mais je n’y suis pas parvenue, essuyant de nombreux refus du fait que je sois une fille... Peut-être que les choses ont un peu changé aujourd’hui car on voit quelques filles, mais c’est très rare. Du coup j’ai changé de cap pour aller m’occuper des vaches, de la traite, du lait. J’ai un berger de Savoie donc c’est bien pour lui aussi ! Je suis membre du Club de sauvegarde du berger de Savoie, une race de chiens travailleurs qui n’est pas encore reconnue officiellement mais devrait bientôt le devenir. Il faut qu’au moins un chiot par portée s’occupe d’un troupeau pour que la race conserve son instinct de travail. Après plusieurs étés à la Ferme de Pralins à Courchevel, je suis encore à la recherche d’une place en alpage pour la saison estivale à venir. En attendant, je travaille pour la deuxième saison à La Poste en tant que factrice sur le secteur de 1850. Si je devais faire ce travail toute l’année je le ferais sans problème, mais la montagne, les alpages, les vaches me manqueraient vraiment. Parce qu’on est quand même bien là-haut ! ». Rachelle Chevassu, 29 years old, from Bozel, worked several summer seasons at the farm Ferme de Pralins in Courchevel. While looking for a job in the mountain pastures for next summer season, she works at the post office as a postman in the sector of Courchevel 1850.

© Pixabay

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Didier Simon-Chautemps, 58 ans, Granier :

Agriculteur & moniteur « Je suis agriculteur dans le GAEC Le Consortage à Granier depuis 1992, avec 4 associés qui ont tous 20 à 30 ans de moins que moi ! À mes débuts c’était moi le plus jeune, au milieu des créateurs du GAEC (1978) aujourd’hui tous partis à la retraite. J’ai commencé comme berger de moutons à 20 ans, puis de vaches à l’alpage de Plan Pichu au-dessus de Granier, comme tous mes associés. Il y avait près de 400 vaches laitières, venant d’un peu partout. En parallèle, j’ai suivi une formation de moniteur de ski de fond à l’AFRAP (Association pour la Formation des Ruraux aux Activités du Tourisme) à Autrans. J’ai obtenu mon diplôme en 1988 et depuis, je suis moniteur à Montchavin. À l’origine de ski de fond, mais désormais de ski alpin. Tous les enfants de trois ans qui passent par l’ESF, c’est moi qui m’en occupe ! Et ceux de 4/5 ans pendant les vacances scolaires. Cette double activité, pour moi c’est vraiment un choix. Surtout qu’il s’agit de deux métiers complémentaires puisque l’hiver le travail à la ferme est bien moins important, même s’il faut continuer de traire le matin. Mais cela permet de faire autre chose, d’être plus ouvert au monde, et de parler de notre métier agricole aux touristes ». Didier Simon-Chautemps, 58 years old, from Granier, is a farmer and ski instructor in Montchavin. His double activity is his personal choice, both jobs are complementary. Being a ski instructor gives him the chance to do something else, to meet new people and to talk about his job as a farmer to tourists. Propos recueillis par Géraldine V.

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DOUBLE EMPLOI

L’agriculture d’hiver se diversifie le cas de la famille Mattis à Val d’Isère

Epris d’autonomie et féru de récupération, Xavier Mattis nous a ouvert les portes de sa ferme à Val d’Isère pour nous raconter le quotidien d’une exploitation agricole familiale en station et sa condition de double actif. Ou comment l’agriculture et ses équipements servent la cause touristique.

© Photos : Ferme de l’Adroit

Pour commencer, présentez-nous votre ferme. Eleveur de grand-père en fils, j’ai suivi la tradition familiale en reprenant l’exploitation fermière. Celle-ci possède aujourd’hui 30 vaches Brunes des Alpes, un troupeau de 21 moutons, des cochons, des chevaux dont un de traie. Outre le travail à la ferme, nous fabriquons et vendons notre production (fromages - 12 variétés différentes, confitures, beurre...), ici à Val d’Isère et nous possédons notre restaurant dans lequel nous proposons la plupart de nos produits. En parallèle, en hiver comme en été, nous réalisons des travaux agricoles pour la commune et le domaine skiable. C’est une histoire de famille en somme et la pluriactivité aussi ? Mon grand-père montait tous les hivers sur Paris pour travailler et il revenait en été pour s’occuper de la ferme et de la montée en alpage. Le visage de nos montagnes a ensuite changé permettant de nous faire vivre à l’année dans nos villages grâce à l’arrivée du tourisme. Mon père était double actif également : il était chef de cuisine et avait en parallèle 45 vaches laitières. En ce qui me concerne, grâce à l’activité touristique je peux vivre mon année entre la ferme, la vente de nos produits et l’utilisation de nos engins pour d’autres tâches complémentaires à destination de la station. Pourquoi pratiquez-vous la pluriactivité ? Dans le monde agricole, même si nous sommes dans une région où le fruit de notre production est très bien valorisé, on n’est quand même jamais serein. Nous travaillons dans des conditions parfois extrêmes où il faut composer avec le relief, le climat et des coûts de construction élevés. Ceci dit, nous avons la chance, à Val d’Isère, de profiter du tourisme et donc de vendre plus facilement nos fabrications. Et comme en plus j’aime vivre dans l’esprit de nos ainés, c’est à dire « rien ne se perd, tout se crée », il m’importe de réutiliser notre matériel et nos compétences agricoles dans un autre cadre que celui de notre ferme. En quoi cela consiste t-il concrètement ? Durant l’hiver, nos tracteurs équipés pour le déneigement sont réquisitionnés quand les chutes de neige sont abondantes. Dans

ces périodes-là, de 4h à 11h du matin, on n’arrête pas ! Quand il n’y a pas besoin de déneiger, nous travaillons à l’entretien des trottoirs pour faciliter le passage. Nous sommes d’ailleurs sur le point de tester un nouveau système de salage artisanal que nous avons mis au point en traction animale (cheval de traie) pour ne pas encombrer les trottoirs. En été, en plus de la ferme et de la montée en alpage, nous travaillons au ré-engazonnement du domaine skiable avec la STVI (Société des Téléphériques de Val d’Isère). Ceci permet de reconstituer les sols grâce au compost 100% made in Val d’Isère fabriqué sur notre plateforme de compostage. Les déchets de tonte, les arbres sont ainsi concassés, mélangés... et nous épandons ensuite cette matière sur les pistes. Nous procédons alors à l’engazonnement à l’ancienne, grâce au semoir. On sent que l’esprit des anciens combiné à la modernité font partie intégrante de votre métier . L’autonomie est une composante essentielle de mon métier ainsi que la traçabilité. Il est important pour moi que chaque produit que l’on vend soit 100% made in Val d’Isère : nos vaches sont là, elles mangent l’herbe et le foin de nos pâturages, elles sont traites ici, le lait est transformé chez nous, nos produits sont fabriqués et vendus maison. C’est comme cela que faisaient nos ainés, de façon raisonnée. Ils recyclaient, réutilisaient, ne gâchaient pas : je pense que c’est un art de vivre qu’il faut avoir encore aujourd’hui. Mais il faut également vivre avec son temps et le progrès nous permet d’aller au bout de nos envies, de nos projets.

Propos recueillis par Johanne B.

Xavier Mattis opened the doors of his farm in Val d’Isère to share the daily life of a family farm in a ski station and his double activity in winter. Xavier’s farm counts 30 cows, 21 sheep, pigs and horses. He produces and sells not less than 12 different cheeses, jam, butter... and he owns a restaurant in Val d’Isère in which he proposes his homemade products. In winter, Xavier puts his tractors at the disposal of the ski station for the removal of snow and the maintenance of the streets.

Ferme de l’Adroit et Entreprise de Travaux Agricoles Xavier Mattis, +33 (0)6 88 31 20 38 lafermedeladroit@hotmail.com

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TOUS OUVRAGES MÉTALLIQUES ALL METAL WORKS

PASSERELLES & ESCALIERS PORTAIL AUTOMATISÉ CHARPENTE MÉTALLIQUE ESCALIER & GARDE-FOU GARDE-CORPS & VITRERIE ALLU. AGENCEMENTS EXTÉRIEURS

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AGRICULTURE ET TOURISME

La montagne n’a pas tourné l’alpage Dans les stations de ski, la montagne est semblable à un tout petit territoire qu’un grand nombre de personnes s’est approprié : il constitue un paradis de la glisse pour les skieurs, un paysage carte postal pour les randonneurs, un enjeu touristique majeur pour les sociétés de remontées mécaniques, un lieu de pâture indispensable pour les agriculteurs...Comment les stations d’altitude parviennent-elles alors à faire cohabiter hiver comme été tourisme et agriculture ?

Historiquement, les pistes de ski sont venues s’implanter là où les troupeaux pâturaient depuis des décennies, c’est-à-dire sur des zones de pentes douces favorables aux deux activités. Mais finalement, un rapport donnant-donnant entre agriculture et tourisme est né, et ce pour plusieurs raisons.

Moderniser sans abimer le passé La première est qu’à l’heure où l’agriculture de montagne était en déclin, elle le fut moins dans les stations alpines puisque la création de ces dernières a entrainé la mise en place de réseaux électriques, d’amenées d’eau, de pistes d’accès...autant de nouveautés favorables à l’amélioration des conditions de vie des agriculteurs, qui peuvent ainsi continuer de façon moderne à perpétuer les traditions et les savoir-faire. Très attachés aux alpages, les agriculteurs leur attribuent une dimension culturelle très importante, fruit d’une transmission familiale ou d’une formation professionnelle.

Entre rêve et réalité La seconde est que les paysages montagnards estivaux s’inscrivent dans l’esprit des vacanciers comme un éden où les vaches pâturent en toute quiétude dans un paysage de verdure. Les alpages sont alors valorisés pour leur pouvoir d’attraction mais aussi pour la fabrication du fromage. En montagne, en plus d’un retour aux sources, d’un dépaysement, les touristes viennent chercher du vrai, de l’authentique. Ils le trouvent dans le Beaufort, très prisé du fait de la diversité florale extraordinaire dégustée par les troupeaux en été, permettant la production d’un fromage AOP de haute qualité qui donne une forte identité au territoire.

La montagne toute l’année En contrepartie, le pastoralisme est un atout incontestable du tourisme montagnard : en hiver, les alpages pâturés permettent de mieux retenir la neige et ainsi de prévenir les risques naturels. En effet, de nombreuses études ont montré que la couverture herbeuse rase laissée par les troupeaux aide à la fixation de la neige au sol. Et en été, l’agriculture conserve des paysages ouverts. Car si la Tarentaise est célèbre dans le monde entier pour ses pistes de ski, elle l’est aussi pour ses sites naturels d’exception, parmi lesquels les alpages. Sans l’action des troupeaux, ils seraient laissés à l’état sauvage et envahis d’herbes folles, et les touristes ne pourraient alors pas bénéficier de cette nature grandiose. Avec leur symbolique forte, les alpages dévoilent une vraie image de la montagne et de ce qu’elle a toujours été. Et lorsque tous les acteurs en comprennent les enjeux et parviennent à concilier leurs objectifs, il en résulte un partage des plus harmonieux !

Géraldine V.

Ski slopes saw the light where herds grazed for decades. These gentle slopes, favorable to both activities, created a give and take relationship between agriculture and tourism. All the new developments improved also the daily life of farmers who can thus continue their activity in a more modern way. Known for its exceptional nature sites, the mountain pastures are valued to attract tourists in summer and for the fabrication of cheese. In winter, the grazed mountain pastures allow a better maintenance of the snow, the snow fixes better to the ground, and therefore prevent natural risks.

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RESPECTER L’ENVIRONNEMENT

La main verte

Aménager un domaine skiable, c’est bien, le faire dans le respect de l’environnement, c’est mieux ! C’est en partant de ce constat que la Société des Trois Vallées a décidé de conduire une revégétalisation des espaces alpins à partir de semences d’origine locale. Une initiative qui lui a valu d’être récompensée au trophée de la Montagne 2018 par le Prix initiative verte. Explications ! Agrandir des pistes de ski, en créer de nouvelles...tout cela est indispensable au bonheur des skieurs, mais ces aménagements peuvent également fragiliser voire détruire les sols montagnards. Il est donc nécessaire de les restaurer, que ce soit pour lutter contre l’érosion, réhabiliter le paysage ou encore préserver la biodiversité. Pour ce faire, des travaux de revégétalisation sont réalisés et dans les Alpes françaises, ce sont souvent des mélanges de graines issues de la multiplication d’espèces non locales qui sont utilisées. Si ces semences remplissent leur rôle en ce qui concerne l’érosion et la restauration paysagère, elles sont beaucoup moins efficaces du point de vue écologique. C’est pourquoi des chercheurs de l’Irstea à Grenoble ont travaillé sur un nouveau procédé visant à revégétaliser les espaces alpins à partir d’espèces locales. Elles présentent deux avantages principaux : être adaptées et résistantes aux conditions d’extrême altitude, et permettre de maintenir la diversité. C’est ainsi qu’à l’été 2018, à Courchevel Moriond sur le secteur de l’Ariondaz, des graines locales ont été récoltées par fauchage ou brossage, puis redéposées directement sur le terrain dégradé. D’une manière générale, S3V a mis en place de nombreuses actions afin d’optimiser son empreinte carbone et préserver les paysages et la faune locale, parmi lesquelles : • 100% d’électricité verte depuis plus de 10 ans ; • Prise en compte de l’impact environnemental dans le tracé des pistes, le profil des remontées mécaniques et la réduction progressive du nombre de ces dernières ; • Dameuse hydride ; • Mise en place d’un observatoire de l’environnement depuis 2013 avec un inventaire de la faune, la mise en défense de 5 zones sur le domaine skiable pour la protection du tétras lyre, le suivi des populations de lièvres variables. Géraldine V.

Designing a ski area is good, doing it with respect for the environment is better! On the basis of this observation, the society La Société des Trois Vallées decided to revegetate alpine areas using locally sourced seeds. An initiative that was rewarded at the 2018 Mountain Trophy with the Green Initiative Award. Using local seeds has two advantages : they are resistant to extreme weather conditions and preserve the local diversity. The society S3V put in place numerous actions to preserve the local fauna.

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© R. Bundhoo - Les Arcs

Cohabitation : des solutions

Le domaine skiable des Arcs /Peisey-Vallandry et l’agriculture Parce que depuis 50 ans la montagne se partage sur le massif des Arcs / Peisey-Vallandry, ses acteurs ont à cœur de faire cohabiter leurs activités en bonne entente et en bonne intelligence. Tour d’horizon des actions menées par le domaine skiable des Arcs / Peisey-Vallandry en faveur des agriculteurs.

Pour travailler conjointement en respectant les réalités de chacun, le domaine skiable organise chaque année une réunion avec les agriculteurs pour leur présenter les nouveaux projets d’aménagement et soulever avec eux les éventuels points de blocage. C’est l’occasion également d’évoquer les possibilités d’optimisation. Par exemple en 2016, un bassin a été créé pour servir d’abreuvoir connecté à un réseau de drains des pistes. La société du domaine skiable prend également en charge les passages canadiens pour les sorties de pâturages traversées par les pistes VTT. Pour la cohabitation, on trouve toujours des solutions. Et parce que la pâture maintient la bonne santé du domaine, il est indispensable que les éleveurs puissent faire paître leurs troupeaux (majoritairement ovins et caprins sur Les Arcs) en montagne comme cela l’a toujours été. Pour parfaire ce travail d’entretien des pistes, certains agriculteurs épandent leur fumier permettant ainsi de reconstituer les sols. Le domaine skiable utilise, quant à lui, pour la réhabilitation des alpages à destination des agriculteurs, des graines labélisées « végétal local ». Le but étant de donner la part belle à la filière alpine (Hautes Alpes) et bénéficier en plus d’une graine adaptée et résistante à l’environnement montagnard. La végétalisation, une cause acquise au domaine. Johanne B.

In Les Arcs / Peisey-Vallandry, the different actors and their activities cohabitate peacefully. In summer, the cows graze in the high mountain pastures which maintains the slopes and prevents avalanches in winter. Once a year, the ski resort organises a reunion with the local farmers to present the upcoming development projects.

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RESPECTER L’ENVIRONNEMENT

Le bon esprit

Prendre soin de la vie sous toutes ses formes, rêver, trouver des solutions entre modernité et tradition, se relier aux autres, au temps et à la nature... tel est l’Esprit Parc national Vanoise, que l’on retrouve notamment à Peisey-Vallandry. Lancée en 2015 au niveau national, la marque « Esprit Parc national » se déploie en Vanoise et sur la destination de Peisey-Vallandry. Le but ? Fédérer et soutenir les acteurs économiques des territoires. Esprit Parc national Vanoise met en valeur des produits et services imaginés et créés par des hommes et des femmes qui s’engagent dans la préservation de la biodiversité et dans la promotion de ce territoire d’exception. La marque se partage ainsi sur de l’artisanat, de l’alimentaire, des hébergements, de la restauration, ou des activités... Engagement, authenticité, respect, partage et vitalité sont les maîtres mots. À Peisey-Nancroix, l’une des deux communes signataires de la charte du Parc national de la Vanoise, quatre établissements ont d’ores et déjà adhéré à l’Esprit, désireux de mettre en lumière la richesse et la singularité de leur commune : le gite Chez Bernard et Chantal, le Camping Les Lanchettes, le Chalet la Vigogne et le Refuge du Palet. Nous avons rencontré Chantal Harvey, hôte de gite mais également guide du patrimoine : « J’ai adhéré à Esprit Parc national Vanoise parce que je partage l’envie de protéger et de valoriser notre nature environnante. Grâce à la marque j’ai pu suivre des colloques et rencontrer d’autres acteurs engagés dans la démarche. Pour mes clients au gite, nous avons reçu des guides et de nombreux livres sur le Parc ». Les acteurs du territoire ont aussi à cœur de le faire découvrir à leurs nombreux visiteurs via des sorties thématiques et labellisées organisées toute l’année. Ces dernières sont élaborées par les accompagnateurs de moyenne montagne avec les précieux conseils des agents du Parc de la Vanoise. Ainsi au départ de Peisey-Vallandry, des trésors de paysages, de culture ou de faune et de flore sont à vivre dans les pas des guides. Découvrir la faune artico-alpine et ses vertus médicinales, partir à la recherche du gypaète barbu dans la vallée du Ponthurin, voyager dans le temps à la découverte de l’histoire de la Chapelle des Vernettes et de l’art baroque... Il y a tant à apprendre et à expérimenter que les sorties en montagne deviennent des moments inoubliables ! Mathilde O.

Retrouvez toutes les sorties sur : www.espritparcnational.com/fr/sorties-decouvertes www.vanoise-parcnational.fr/fr/des-actions/accompagner-le-developpement-local/ la-marque-esprit-parc-national-vanoise +33 (0)4 79 07 94 28

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© Photos : Emmanuel Rondeau - PN Vanoise

Preserving the magnificent environment, finding solutions between modernity and tradition, connecting to others and nature, that’s the spirit of the Vanoise National Park ! Launched in 2015 on a national level, the brand Esprit Parc national spreads out over Vanoise and Peisey-Vallandry. Its goal is to support and bring together the economic actors who are committed to preserve the biodiversity and to promote this exceptional territory.

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PROTECTION

Quand le Parc national de la Vanoise s’engage dans les alpages… Le saviez-vous ? Accompagner le développement local et notamment les agriculteurs, fait partie des actions du Parc national de la Vanoise. Il faut dire que près de 30% de la surface du Parc est occupée par des alpages. Le maintien d’une agriculture économiquement viable, respectueuse du patrimoine est ainsi un enjeu fort pour le Parc.

Petit état des lieux de cette tradition agropastorale... L’agriculture est presque exclusivement orientée vers des productions animales : le lait à finalité fromagère et la viande. L’occupation de l’espace est marquée par la saisonnalité de l’activité : en vallée en hiver et en alpage en été. La production fromagère a une forte dimension qualitative et patrimoniale. Les activités agricoles et pastorales font partie de la richesse paysagère et patrimoniale du Parc national. La préservation des surfaces agricoles en fond de vallée est stratégique pour le maintien d’une agriculture tournée vers l’avenir. De plus, par sa pratique du pâturage et des prairies de fauche en altitude, l’agriculture des hautes vallées de Vanoise est globalement favorable à la biodiversité et à la richesse patrimoniale, notamment dans le cœur du Parc national.

Que dit la Charte du Parc national de la Vanoise ? La Charte du Parc national de la Vanoise (2015) définit le projet du territoire pour 15 ans. Deux communes (Les Belleville et Peisey-Nancroix) ont adhéré à ce projet collectif en faveur de la protection et du développement du territoire, et d’un mode de vie harmonieux et durable. Les communes signataires s’engagent donc au respect de cette charte à travers différentes actions. Concernant le sujet de l’agriculture, la charte part du constat « d’une tradition agropastorale très ancrée, mais fragile, contribuant fortement à la diversité des paysages ». En découlent alors des enjeux : d’une part, accompagner les professionnels (même s’ils ne font pas partie des communes signataires) pour maintenir ces activités à forte valeur culturelle et patrimoniale, bien adaptées aux enjeux environnementaux, en encourageant les pratiques favorables. D’autre part reconquérir les paysages et les espaces en friche, notamment aux altitudes intermédiaires.

L’accompagnement des agriculteurs Pour pérenniser l’agriculture et le pastoralisme au bénéfice des agriculteurs et de l’environnement, la charte fixe différents objectifs et mesures : • Préserver un foncier agricole fonctionnel, maintenir des structures agricoles viables et favoriser l’installation des jeunes, développer l’agrotourisme... • Encourager la gestion agri-environnementale des espaces agricoles • Consolider et valoriser les filières de production favorables à la biodiversité et développer des filières courtes : zonage pour éviter tout développement d’OGM, conservation des races animales et végétales locales... • Expérimenter des techniques et des modes de gestion des installations agricoles à moindre impact pour l’environnement : développement d’innovations sur l’économie d’eau et d’énergie, gestion des effluents d’élevage ou de fabrication de fromages...

Quelques exemples d’actions... • Avec le concours national des prairies fleuries, les agriculteurs qui relèvent le défi de l’excellence écologique sont récompensés. L’idée est de maintenir la richesse en fleurs des prairies naturelles tout en les valorisant par la production de fourrage de qualité ! • D es contrats sont proposés aux alpagistes du cœur du Parc pour une meilleure prise en compte des enjeux environnementaux dans leurs pratiques en échange d’une indemnisation financière. Ces Mesures Agroenvironnementales et Climatiques (MAEC) sont ainsi mis en œuvre dans le cadre de projets territoriaux portés par l’Assemblée du Pays Tarentaise Vanoise. (cf p.56) • En 2016, un conservatoire de l’abeille noire a été créé sur la commune des Belleville, en partenariat avec le CETA (Centre d’études techniques apicoles). Ce projet vise à préserver cette espèce locale adaptée au milieu alpin et aujourd’hui menacée par l’importation massive de reines et d’essaims étrangers. (cf p.36) • Création de la marque Esprit Parc national mettant en valeur des produits créés par des hommes et femmes s’engageant dans le respect de l’environnement, privilégiant l’économie locale... (cf p.47) : dans les Belleville, Serge Jay (eleveur de brebis et producteur de fromages) et Valentin Suchet (Chez Pépé Nicolas) l’ont obtenu par exemple, ainsi que Klébert Silvestre pour son miel. • Des actions visent à accompagner les éleveurs confrontés à la prédation : faciliter le logement des bergers en alpage en aidant les communes à restaurer les bâtiments d’alpage (comme par exemple pour l’éleveur de brebis Sylvain Chevassu à Pralognan), mise à disposition d’abris d’urgence, création de cabane pastorale, mise à disposition de dispositifs d’effarouchement... Céline L.

Part of the actions of the Vanoise National Park is to accompany the local development and especially the local farmers. Nearly 30% of the surface of the Park is occupied by mountain pastures. A viable agriculture is thus very important for the park. The charter (2015) of the Vanoise National Park sets out different objectives and measures to preserve agricultural structures, help young farmers, preserve the local biodiversity, with less impact on the environment, ... and develops innovations to save water and energy. The communes Les Belleville and PeiseyNancroix joined the project defined by the charter.

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© Chloé Tardivet - PN Vanoise

© Christophe Gotti - PN Vanoise

© Nathalie Tissot - PN Vanoise

© Christian Balais - PN Vanoise

© Christophe Gotti - PN Vanoise

© Christophe Gotti - PN Vanoise


SOS VIGNOBLE

Les collectivités aident le terroir : Le cas des vignes de Tarentaise

Dans une région où le tourisme des stations de sports d’hiver fait vivre l’économie locale, ses habitants n’en restent pas moins attachés aux savoir-faire ancestraux et agricoles qui contribuent à faire vivre les traditions savoyardes. Parce qu’elle estime qu’il est de son devoir d’apporter son soutien en termes de finance et de supports à l’échelle européenne, la Communauté de Communes des Versants d’Aime s’est associée aux projets de réhabilitation des vignes sur la Côte d’Aime.

Une histoire avec l’Italie C’est grâce au rapprochement de la Communauté de Communes des Versants d’Aime et celle du Grand Paradis (Vallée d’Aoste en Italie) que l’histoire est née il y a près de dix ans. Afin de préserver un patrimoine culturel et agricole - celui du vin et du fromage - si cher aux montagnards, les deux structures ont porté le projet Alcotra « Vignes et Terroir » jusqu’au dépôt auprès des autorités européennes. Validé, il a été soutenu financièrement par l’Union Européennes et la Région Rhône-Alpes. Le but dans le cas de la Tarentaise : permettre la réhabilitation des vignes du Versant du Soleil et à l’association « Vignes de Tarentaise » de s’équiper en matériel professionnel pour re-cultiver et produire du vin sur les coteaux de la Côte d’Aime, activité délaissée ces dernières décennies.

© Janjak Statkus

Le pressoir, un local inauguré deux ans plus tard, propose donc aux vignerons de tous poils, novices ou aguerris de profiter d’érafloir, pompe à vendange, pressoir pneumatique, cuves de vinification, tireuse et embouteilleuse... permettant de produire jusqu’à 120 hectolitres de vin chaque année. Un pasteurisateur et une tireuse sont également à disposition des habitants pour faire leur propre jus.

Un enjeu La disparition de certaines activités agricoles sur les massifs tarins au profit des stations de ski a engendré un enjeu pour les collectivités : celui de redynamiser une économie locale, de pérenniser un savoirfaire traditionnel, de proposer un rempart naturel contre l’érosion des sols et des incendies grâce au maintien des vignes mais aussi de diversifier l’offre touristique dans le cadre de mise en place de sentiers de randonnées thématiques.

Le point sur la Communauté de Communes des Versants d’Aime Elle rassemble 4 communes et a pour objectif de gérer financièrement et de mutualiser des équipements à vocation intercommunale comme le gymnase, les stades, la maison de santé, la base de loisirs et la voie verte, le multi-accueil et la maison de retraite, les structures culturelles comme la Maison des Arts et l’Ecole de musique, mais aussi la collecte et le traitement des ordures ménagères. Son credo : des actions qui s’adressent à tous les publics de son territoire.

© Janjak Statkus

Johanne B.

© Janjak Statkus

In a region where tourism is keeping the local economy alive, its inhabitants are nonetheless attached to its traditions and ancestral and agricultural know-how. To provide support in terms of finance and at the European level, the Community of Municipalities of Versant d’Aime has joined the vineyard rehabilitation project Alcotra of Côte d’Aime. A wine bottle cellar has been inaugurated in 2012 and makes it possible to produce up to 120 hectoliters of wine.

Les Versants d’Aime +33 (0)4 79 55 40 27 - contact@versantsaime.fr www.versantsdaime.fr - F versantsdaime 1002 avenue de tarentaise - 73210 Aime-la-Plagne

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HISTOIRE

PRODUCTEURS

ENJEUX E N TAR E N TAI S E


Nouveau programme - New development

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© MGM - 01/2019- Crédit photos : Studio Bergoend - TouteLa3D - Illustrations non contractuelles, laissée à la libre interprétation de l’artiste et susceptible de modifications pour raisons techniques et administratives.

Résidence de Standing


SAUVONS NOS POMMES

C’est avec les vieilles pommes qu’on fait les meilleurs jus ! Les Croqueurs de Pommes réunissent 64 associations locales soit plus de 8200 passionnés de pomologie en France. Apprendre, faire découvrir et préserver sont les leitmotivs de cette association à qui on doit la sauvegarde de nombreuses variétés fruitières en voie de disparition. Nous avons rencontré Rosette Vallat, Présidente de l’association Les Croqueurs de Pommes. Depuis 2004 elle a posé les bases des actions en faveur des fruits et vergers anciens de la région et a mené avec succès deux projets européens pour la commune de Bourg Saint Maurice.

Les prés-vergers, le développement durable d’antan ! Les prés-vergers sont un élément identitaire des paysages de Tarentaise que l’on doit à des traditions agricoles du XVIIe siècle. Ce sont des champs où l’élevage et la culture d’arbres fruitiers coexistent. Souvent complété d’un rucher, l’écosystème nécessitait très peu d’entretien. Ils sont abandonnés dans les années 1960 au profit de la spécialisation dans l’élevage laitier et migrent en plaine sous forme de vergers de production intensive. On ne cultive plus de variétés anciennes depuis 1940 pour la commercialisation, mais plutôt des variétés standardisées comme la Pink Lady ou la Gala. « Dans les vergers industriels, les arbres sont taillés pour produire intensément et meurent plus tôt. Ils sont traités avec environ 30 à 50 produits, il n’y a plus de biodiversité et les prédateurs de fruits vont s’adapter. Sur le long terme ce n’est pas pérenne. »nous rappelle Rosette.

Autrefois, les pommes et les poires étaient les seuls fruits que l’on pouvait consommer toute l’année. On cultivait des variétés différentes qui se conservaient afin d’en disposer onze mois sur douze et on faisait du cidre avec les pommes qui étaient impropres à la consommation. Rien ne se perdait, tout était consommé. Dans la vallée il reste beaucoup de fruitiers anciens, ce sont des arbres robustes qui vivent et produisent pendant 150 ans. À travers la sauvegarde des prés-vergers de Tarentaise, l’association contribue aux paysages magnifiques qu’ils constituent tout en préservant un patrimoine génétique fruitier qui, au fil des siècles, s’est adapté à l’altitude et au terroir.

Les Croqueurs en action Pendant deux semaines à l’automne, l’association organise des ramassages dans les vergers des particuliers. Les fruits ramassés sont transformés en jus à l’atelier La Source du Verger à Gillysur-Isère. L’objectif de ces journées conviviales : faire découvrir la richesse nutritive des fruits au grand public. Sur la commune de Landry, les Croqueurs ont aussi réussi le pari de recréer un verger à vivre de 4 hectares à partir d’un dépotoir. « La Ballastière est un très bel endroit où il fait désormais bon se promener, surtout au printemps quand les vergers sont en fleurs ». L’association recrée mais prend aussi soin de l’existant. Avec son projet « Renaissance des Vergers de Tarentaise », 300 arbres fruitiers de 50 à 100 ans ont bénéficié d’un nouveau départ. Ces chantiers de taille ont été assurés par des jeunes en réinsertion formés au travail d’élagage. De plus, trois stages d’initiation à la taille et à la greffe à l’intention du grand public sont programmés chaque année.

Pomm’enons-nous dans le verger, pendant que la pomme y est ! • La Mâle dite de Bourg Saint Maurice est la meilleure pour le cidre. • La pomme d’Api est toute petite et à croquer. • La Reuyza, qui veut dire rose en patois, est bonne à conserver jusqu’en décembre. • La Camoise a une forme de bouchon et se consomme très bien en jus. • La Belle de Boskop est très bonne en tarte tatin.

Le saviez-vous ? La pomologie ce n’est pas l’étude des pommes, enfin pas que ! C’est la connaissance des fruits et la description et classification de ces derniers. En Tarentaise, une centaine de variétés anciennes de pommes ont été recensées. Leur origine commune est asiatique, pourtant ces fruits venus de si loin se sont adaptés et même identifiés à des territoires, comme la Mâle.

Mathilde O.

The association Les Croqueurs de Pommes reunite 64 local associations, or more than 8200 passionate pomologists in France. We met Rosette Vallat, the president of the association. Since 2004, she works hard to preserve old fruit orchards in the region and carried out two European projects for the commune of Bourg-SaintMaurice. There are many old fruit trees in the valley, robust trees that live and produce for 150 years. Through the preservation of these orchards that, over the millenia, has adapted to the altitude and the climate, the association contributes to the magnificent landscapes.

Les Croqueurs de pommes de Savoie Tarentaise Beaufortain www.croqueurs-national.fr

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HISTOIRE

PRODUCTEURS

ENJEUX E N T A R E N T A I S E 53


JEUNES AGRICULTEURS

Les polichinelles dans l’terroir Ils ont tous moins de 35 ans, agriculteurs ou non. Leur point commun : ils ont à cœur de promouvoir une agriculture de demain solidaire et pérenne. Que ce soit à coup de parole politique ou d’armes festives, les Jeunes Agriculteurs de Tarentaise défendent leur futur ! Mathilde O.

« L’objectif global de notre syndicat est d’aider les Jeunes Agriculteurs (JA) à s’installer durablement dans une exploitation pérenne et viable. » nous explique Simon Mautret, Président de l’antenne Tarentaise. Sur les 1900 km² que comporte la Tarentaise, le Beaufort règne en maître pour le plus grand plaisir de ceux qui le consomment et de ses agriculteurs. D’ailleurs sur 25 installations en Savoie, la moitié est en Tarentaise.

Un système coopératif à défendre... Clé de voûte permettant le maintien de la haute agriculture, la filière Beaufort est une référence en matière de modèle économique. Celleci est tenue par les producteurs eux-mêmes regroupés en coopérative gérant l’ensemble de la chaine de production du ramassage du lait à l’affinage et la vente. Le rôle des JA de Tarentaise est que cette structure collective perdure sur les prochaines générations. «Pour l’instant l’agriculture de montagne a le vent en poupe mais les exploitations vieillissent. À part une année exceptionnelle en 2010, les nouveaux arrivants en Tarentaise se font rares. Les structures actuelles ont été capables de combler les productions laitières de celles qui se sont arrêtées mais si on ne crée pas plus d’attraits vers le métier, il n’y aura pas assez de nouvelles structures pour remplacer celles qui ferment » s’alerte Simon Mautret. Et pourtant les attraits en Tarentaise ne manquent pas. Grâce au tourisme, les petits producteurs ont ici la possibilité d’avoir une double activité. Les conditions de travail comme la traite en extérieur ou travailler son propre fourrage dans des cadres exceptionnels sont aussi des atouts pour le territoire.

Parler pour demain Sur la table des sujets qui fâchent, il y en est un qu’il est difficile d’aborder : le loup. En tant que défendeur de l’agriculture de demain, les JA se battent pour faire comprendre l’incompatibilité de l’élevage avec la présence de l’animal. Son impact est aussi destructif sur l’humain que sur l’environnement. « Cet impact écologique est souvent méconnu du grand public, nous explique Simon. Avec les problématiques de prédation, les fermiers gardent leurs troupeaux autour des fermes. Certains champs non accessibles par des machines agricoles ne sont plus en pâture et sont laissés en friches avec les risques que cela peut engendrer. »

Mais surtout festoyons ! En lien avec les mairies, les JA de Tarentaise ont aussi plaisir à se retrouver pour des événements de cohésion et de promotion de leur produits.Direction bals populaires, buvettes et salons où ils se mobilisent pour montrer leur savoir-faire, créer du lien et de l’envie ! « L’agriculture ne représente déjà que 2% de l’économie française, alors il est important de rester soudé. Et pour cela on n’a rien trouvé de mieux que la convivialité ! » The main goal of the syndicate is to help young farmers to settle down in a lasting and viable exploitation. The role of the young farmers of Tarentaise is to join forces to make this structure last over the next generations. New exploitations are necessary to replace those who closes. Thanks to tourism, small producers have the possibility to have two activities.

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RENCONTRE AVEC GRÉGORY MAITRE, JEUNE EXPLOITANT Fraichement diplômé, Grégory, 22 ans, se lance dans l’aventure laitière à Montvalezan. On l’a rencontré sur son exploitation... Tu viens tout juste de sortir de l’école, quels diplômes as-tu passé ? J’ai d’abord fait un brevet professionnel de production animale puis un brevet professionnel agricole. Les deux en apprentissage, ce qui m’a permis de faire quatre années de stage en milieu professionnel. Pourquoi avoir choisi de monter tout de suite ton exploitation ? Dans la famille on a toujours eu des animaux. Mon oncle avait un élevage de moutons, et suite à son décès en 2011 ma mère a repris l’affaire afin que je puisse m’en occuper, une fois mes études terminées. Dès que j’ai eu mon diplôme nous avons monté ensemble une société. Au début j’étais intéressé par la production de viande mais ici en Tarentaise ce n’était pas le choix le plus judicieux... Quels choix as-tu fait  alors ? Nous avons décidé de diminuer les moutons et de se lancer dans la production laitière. On a commencé avec 21 vaches et 90 brebis et depuis cette année on a 30 vaches et 70 brebis. Quelle est ta production ? On a fait notre première livraison de lait à la coopérative à l’automne 2018. Puis nous vendons également nos brebis pour la viande. Comment t’organises-tu pour ces premières années ? Je gère uniquement la production laitière. La traite est faites deux fois par jour et le lait est collecté tous les soirs par la coopérative. Comme je n’ai pas d’alpage à moi, l’été je loue mes vaches à un agriculteur qui en a un. Quand on est un nouvel exploitant, ce n’est pas évident d’obtenir tout de suite une terre de montagne, il faut beaucoup s’investir dans la recherche. De ce fait l’été je m’occupe de mes génisses, de mes veaux et de faire les foins. Qu’est-ce que les JA t’ont apporté ? J’ai choisi de m’installer sans aides financières. Grâce à mes diplômes, j’ai obtenu plus facilement des prêts bancaires pour mon projet. Les JA m’ont beaucoup aidé sur toutes les questions juridiques. Je suis membre des JA depuis 5 ans et depuis 2 ans je fais partie du bureau. Ça me permet de m’impliquer en faisant remonter des informations. Quant aux événements conviviaux, ils sont importants pour sortir la tête du guidon ! Grégory Maitre, 22 years old, launched its dairy farm in Montvalezan. The farm counts 30 cows and 70 sheep. The milk goes to the milk cooperative to fabricate cheese, while some sheep are sold for their meat. In summer, the cows graze in the mountain pastures, Grégory takes care of the heifers and calfs, and prepares the hay for winter.

Les Jeunes Agriculteurs de Tarentaise F @Jadetarentaise

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PRODUCTEURS

ENJEUX E N T A R E N T A I S E 55


PLACE AU FUTUR

Depuis 2005, l’Assemblée du Pays Tarentaise Vanoise regroupe les 5 communautés de communes de Tarentaise et le Département de la Savoie. Son objectif : définir les orientations futures du territoire en termes d’aménagement, d’économie, de services à la population, etc. Compris entre 400m (Feissons-sur-Isère) et 3852m (la Grande Casse) d’altitude, le territoire revête forcément un volet Biodiversité et Agriculture !

© APTV

Les programmes agricoles de l’APTV

En vue de la préservation du territoire naturel contenu dans les frontières de l’APTV, la structure dispose d’un rôle de pilotage et de coordination afin d’accompagner les projets agricoles en faveur des alpages (Plan Pastoral de Territoire) et des pratiques respectueuses de l’environnement (Projet AgroEnvironnemental et Climatique).

© Rémy Magdinier

Le Plan Pastoral Territoire 2016-2021 La Région Auvergne-Rhône-Alpes a à cœur de conserver l’agropastoralisme en montagne et pour cela, deux Plans Pastoraux de Territoire ont été mis en place. Le premier a couvert la période 2009-2015 et depuis, un second PPT est en cours, animé par la Société d’Economie Alpestre de Savoie. Financé par la Région et l’Europe, ses orientations stratégiques sont au nombre de cinq : • Faire émerger de nouveaux projets pastoraux ; • Favoriser l’acquisition de connaissances et les innovations ; • Améliorer les conditions de vie et de travail des agriculteurs ; • Mettre en place les aménagements et structures nécessaires à la conservation des sites ; • Faire connaître le pastoralisme au grand public.

© APTV

© APTV

Le Projet Agro-Environnemental et Climatique 2014-2020 Extraordinaire par ses paysages, sa biodiversité, ses différents milieux naturels, sa topographie... la Tarentaise est une vallée extraordinaire. Son image reposant principalement sur les stations de ski, l’APTV a voulu sortir de ce tourisme hivernal pour mettre en avant le tourisme estival. Et cela passe nécessairement par la préservation et la mise en valeur des espaces pastoraux tels que les alpages. Si ces derniers, grâce à une nature généreuse, permettent de fabriquer des produits aussi nobles que le Beaufort, ils demeurent fragiles et les pratiques agricoles doivent être menées de manière à pérenniser la stabilité de ce patrimoine hors du commun. Alors depuis 2014, un Projet Agro-Environnemental et Climatique vise à encourager l’agriculture durable à travers des mesures adaptées aux enjeux locaux, notamment la réduction de l’empreinte du pastoralisme sur l’environnement. Ces objectifs environnementaux sont nombreux. Parmi eux : • Ralentir le processus d’enfrichement • Faire perdurer la pratique de la fauche à pied • Maintenir la biodiversité floristique des prairies Pour ce faire, des aides européennes (Fonds Européen Agricole pour le Développement Rural - FEADER), nationales et locales ont été mobilisées. Géraldine V.

Assemblée du Pays Tarentaise Vanoise Programmes agricoles À Moûtiers, 133 Quai Saint-Réal +33 (0)4 79 24 00 10

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HISTOIRE

PRODUCTEURS

© APTV

Since 2005, the assembly l’Assemblée du Pays Tarentaise Vanoise gathers the 5 communities of communes of Tarentaise and the Department of Savoie. Its objective : to define the future orientations of the territory in terms of planning, economy, services to the population, etc. Between an altitude of 400 metres (Feissons-sur-Isère) and 3 852 metres (La Grande Casse), the territory necessarily has a Biodiversity and Agriculture component ! The latter includes two agricultural programs: the Pastoral Plan of Territory and the Agro-Environmental and Climatic Project. European (European Agricultural Fund for Rural Development - FEADER), national and local aids were mobilized.

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