Zukunft gestalten | INSOS August 2015
Le magazine Mai 2016 – N° 49
Communiquer. Comprendre. Participer. Page 11
Parlons vrai: la nouvelle rubrique
Pirmin Willi, directeur de la Fondation Brändi, sur les programmes d’économies prévus par le canton.
Page 12
à partir de p. 3
Les jeunes entre le marteau et l’enclume Le «développement continu de l’AI» menace les formations initiales en milieu protégé.
Sans communication, pas de participation
Sommaire
participation
Pouvoir communiquer et être compris est la véritable clé de la participation. Les personnes ayant des difficultés à communiquer sont donc tributaires des possibilités de «communication améliorée et alternative» (CAA). Pourtant, alors que des aides CAA sont aisément accessibles, les institutions les utilisent à différents degrés, regrette Prof. Gabriela Antener, de la FHNW.
«La CAA facilite bien des
Faire part de ses besoins, affirmer
munication de leur choix» (Art. 2:
choses»
son opinion, entrer en contact
langue des signes, braille, commu-
avec d’autres personnes: tout cela
nication alternative et améliorée,
requiert une communication. Les
etc.).
à la vie sociale, de communiquer ses besoins,
personnes ayant des difficultés
Mais quelle importance revêt
son approbation ou son refus, de participer
à communiquer sont toutefois
aujourd’hui la CAA dans les insti-
à la décision et d’exprimer sa personnalité.
confrontées quotidiennement à
tutions pour personnes avec han-
«Cela doit surtout être un
d’innombrables obstacles. Durant
dicap? Quels sont les facteurs de
plaisir»
ces 30 dernières années, les aides
réussite et les obstacles? Gabriela
En point de mire Communication améliorée et alternative
Chère lectrice, Cher lecteur,
2 Editorial 3
Sans communication, pas de
Là où les personnes vivent ensemble, se ren6
contrent ou collaborent entre elles, la communication est essentielle. C’est un besoin fondamental et élémentaire pour la coexis-
9
tence humaine. Elle permet de prendre part
10 Lorsque les personnnes ne peuvent pas ou
les plus variées ont été dévelop-
Antener, professeur à la FHNW
Difficile d’économiser sans
pées pour que les personnes con-
Haute Ecole pour le travail social,
fin
cernées puissent entrer en contact
s’exprime dans l’interview:
difficilement communiquer, la communica11
tion améliorée et alternative ouvre la voie à l’échange. Mais ce n’est pas tout: elle contri-
avec le monde, y participer et y vi-
bue à ce que même pour les personnes ayant 12
des difficultés à communiquer, une exigence
Les entreprises formatrices
importante de la CDPH soit au moins en partie satisfaite: l’autodétermination sur sa
INSOS sous pression avec la
propre vie et l’intégration au sein de la communauté.
7ème révision LAI
Plus je peux m’exprimer, plus je comprends et suis compris, plus je serai satisfait.
14
Et l’inverse est vrai: moins on comprend mes besoins et ma personne, plus grands impliquées. La communication améliorée et alternative est donc une chance, pour
16
toutes les parties prenantes.
Madame Antener, durant ces 30 dernières années, la CAA s’est établie comme une discipline à
Les aides de «Communication
part entière. Quelle place occu-
En avant toute pour les
améliorée et alternative» (CAA)
pe-t-elle aujourd’hui dans les
logisticiens FPra
vont aujourd’hui des panneaux
institutions?
de pictogrammes aux boutons
Gabriela Antener: En Suisse, nous
Très peu d’aide adaptée pour
poussoirs et ordinateurs vocaux
avons un tableau très hétéro-
les victimes de violence avec
commandés par les yeux, en pas-
gène: il existe des institutions qui
handicap
sant par les smartphones et les
ont depuis longtemps identifié
tablettes. Bien utilisées, elles per-
l’importance de la communication.
mettent de communiquer et donc
Elles ont ancré fermement la CAA
Le présent magazine est consacré à la communication améliorée et alternative. Je vous souhaite une excellente lecture!
vre de façon autonome. La CDPH parle aussi de CAA
seront la frustration et le stress, pour moi comme pour toutes les autres personnes
18
Conseils juridiques
d’exprimer des opinions. C’est
dans leur charte, leurs structures et
19
La présidente: pensons
précisément ce que demande la
leurs processus et offrent de bonnes
plutôt la diversité
CDPH: selon la Convention, les
prestations d’aide dans ce domaine.
Etats Parties doivent veiller à ce
A côté de cela, de nombreuses ins-
que les personnes avec handicap
titutions ont plutôt des difficultés
20
Evénements 2016
puissent exercer leur droit à la «li-
avec la CAA. Pour une personne
Peter Saxenhofer
berté d’expression» (Art. 21) «en
qui entre dans une nouvelle insti-
Directeur d’INSOS Suisse
recourant à tous moyens de com-
tution, le fait de pouvoir continuer
Le défi du transfert
3
Communication CAA | INSOS Mai 2016
Kunst | INSOS April 2016
à appliquer ses compétences en
pétences est également essentiel-
et comportement difficile?
CAA et d’être suffisamment soute-
le. En effet, si les connaissances ne
La CAA ouvre des possibilités de
nue dans la communication peut
sont pas disponibles, les besoins
communication et d’action. Une
donc être une question de chance.
spécifiques en CAA ne peuvent
personne pourra ainsi peut-être
être bien identifiés. La CAA n’est
mieux faire face à une situation
Où faut-il agir selon vous?
pas une méthode uniforme. Les
délicate et éventuellement moins
Il incombe aux institutions de com-
personnes ayant des difficultés
montrer de comportements dif-
prendre l’importance de la com-
à communiquer constituent un
ficiles, en entrant davantage en
munication et de veiller à ce que
groupe très hétérogène. Les mo-
contact avec son environnement.
les person-
yens et méthodes de communica-
De plus, la CAA l’aidera à mieux
nes
«La CAA est une tâche délicate, fatigante, complexe et chronophage. Mais sans communication, pas de participation.»
ayant
tion à employer sont donc très va-
structurer
des difficul-
riés. C’est une tâche exigeante qui
pourra ainsi mieux anticiper ce
tés à com-
nécessite de grandes compétences
qui va venir et adapter son com-
muniquer
professionnelles.
portement. Cela diminue le stress
soient suf-
les
transitions.
Elle
Un collaborateur de l’atelier de la Fondation Brühlgut structure son travail à l’aide d’un minuteur l Photo: Michel Canonica
éventuel et les comportements difComment peut-on garantir ces
ficiles. Néanmoins, il faut indiquer
soutenues. Les institutions répon-
connaissances?
que davantage de CAA ne conduit
sant de façon professionnelle doit
la clientèle. Des transitions bien
activement
dent de ce que la CAA soient an-
Par exemple lorsqu’une institution
pas automatiquement à moins de
savoir comment traiter au mieux
structurées et une documentation
l’apprentissage de diverses mé-
crée institutionnellement, que les
crée un service interne spécialisé
comportement difficile. C’est une
cette situation complexe.
soigneuse et sans faille de la com-
thodes de communication. Lors
connaissances spécialisées en CAA
ou travaille avec des prestataires
interaction complexe de plusieurs
A quelles autres difficultés se
munication améliorée et alternati-
du passage à une institution pour
soient disponibles et que des com-
externes proposant leurs connais-
facteurs.
heurtent les institutions pour la
ve sont prépondérantes. De plus,
adultes, il y a souvent des ruptures.
CAA?
il est important que l’institution
Il est donc essentiel de communi-
f isamment
sances. Aujourd’hui, il est relati-
les
jeunes
dans
vement aisé de se procurer des
La CAA est laborieuse et prend
La communication améliorée et
communique clairement ses at-
quer alors toutes les informations
aides CAA. Mais cela ne suffit pas.
du temps. La nécessité croissan-
alternative peut surcharger le per-
tentes en termes de CAA lors de
pertinentes en termes de CAA
La CAA exige des interlocuteurs
te de faire des économies est-
sonnel. Une politique des petits
l’embauche de personnel et que
et que l’institution pour adultes
capables de et prêts à s’intéresser
elle un risque pour la CAA?
pas et une qualification du person-
la CAA fasse par exemple partie du
se soucie activement d’assurer la
G. Antener est
quotidiennement à la CAA et à
La CAA, au sens d’une communica-
nel dans le cadre de formations
programme d’initiation.
continuité dans la communication
professeur à la
l’appliquer avec compétence. Il
tion effective, est toujours en dan-
continues et d’autres outils de
FHNW Haute
s’agit-là d’un grand défi, car la CAA
ger: il est toujours très difficile de
développement et de transfert du
Quelles sont les plus grandes
il est évident qu’il ne s’agit pas de
Ecole pour le
est une tâche délicate, fatigante,
réserver assez de place à la commu-
savoir-faire sont donc essentielles.
difficultés lors du passage de
la même mission, ni des mêmes
travail social.
complexe et chronophage.
nication au quotidien. On ne peut
Les transferts entre institutions ou
l’école à une institution pour
ressources financi-
instaurer la CAA et s’en désinté-
en leur sein sont aussi un défi –
adultes?
ères et humaines
qu’il s’agisse du personnel ou de
Les écoles spéciales soutiennent
que dans les écoles
pétences correspondantes exis-
Pourtant, la CAA est l’unique so-
resser ensuite. La communication
tent chez le personnel et puissent
lution de participation pour
naît entre les individus, elle doit
spéciales. Les cho-
être utilisées selon les besoins.
beaucoup.
être suscitée chaque jour et c’est
ses
ne
peuvent
«Lors du passage d’une école spéciale à une institution pour adultes, il y a souvent des ruptures dans la CAA.»
La communication est la clé de
une tâche commune de tous les
la participation! Sans communi-
intéressés. Et comme la communi-
Plus d’informations
donc pas totale-
Quels sont les facteurs de succès décisifs dans la CAA?
cation, pas de participation. Cela
cation améliorée et alternative est
Conseil pour les aides de CAA et l’application de la CAA:
la même manière. Mais elles do-
Il est important que la direction
montre la grande importance de
toujours vulnérable et lente, tout
Fondation pour les téléthèses: www.fst.ch
ivent continuer. Il serait souhait-
soutienne la CAA. Elle devrait non
la communication améliorée et al-
comme la communication dans
seulement le communiquer, mais
ternative – à la lumière de la CDPH
des conditions compliquées, elle
aussi veiller à une bonne offre de
également.
requiert aussi un investissement
CAA durable et en assurer la docu-
4
améliorée et alternative. Toutefois,
ment continuer de
able d’avoir des offres structurées Sites web utiles: www.isaac-fr.org; www.pecs-france.fr
de formation ou d’apprentissage en communication améliorée et al-
temporel supérieur. Toutefois, il
Choix de lecture:
ternative, qui pourraient être aisé-
mentation dans un concept. C’est
Une personne non comprise res-
serait trop précipité de renoncer
« Communiquer autrement : Accompagner les personnes avec des trou-
ment réalisées dans le domaine du
un gage de clarté. Une gestion avi-
sent une grande frustration.
à la CAA en raison des économies
bles de la parole ou du langage : les communications alternatives» de
travail ou comme offre de loisirs.
sée des connaissances et des com-
Quel lien voyez-vous entre CAA
nécessaires. Une institution agis-
Elisabeth Cataix-Negre
| Interview: Barbara Lauber 5
Communication CAA | INSOS Mai 2016
Kunst | INSOS April 2016
«La CAA facilite bien des choses» A la Fondation Brühlgut, l’unité de communication améliorée et alternative veille depuis 2007 à ce que la CAA soit utilisée en fonction des besoins dans l’habitat et le travail. La directrice Solveig Steiner explique cette réussite de la CAA par la procédure «prudente et progressive» de la fondation. «Nous ne voulions bousculer personne. Et nous avons ainsi pu impliquer toutes les parties prenantes.»
Lorsqu’en 2007, Solveig Steiner
difficultés à communiquer, en par-
par la direction et ancrée dans tou-
se rendit pour la première fois à
ticulier, avaient tendance à voir au
te l’entreprise, ce n’est qu’un feu
l’atelier de la Fondation Brühlgut
début la CAA comme des «enfan-
de paille qui s’éteint rapidement.»
en proposant une offre de CAA,
tillages», raconte-t-elle. «Ce n’est
Aujourd’hui, non seulement la
elle fut confrontée à une vague
qu’au fil du temps que chacun a vu
CAA est ancrée dans la charte et
de scepticisme. Un collaborateur
ce qu’apportait la CAA – parce que
la gestion de la qualité de la fon-
avec handicap lui expliqua sans
nos clientes et clients arrivent par
dation, mais elle est aussi évoquée
détours: «Nous t’aimons bien mais
exemple mieux à se repérer dans
en standard dans le cours de base
nous n’avons pas besoin de CAA.
le temps. Ou parce qu’ils com-
pour les nouveaux collaborateurs,
Nous ne sommes pas handicapés!»
prennent enfin correctement les
dans les entretiens d’entrée avec
Solveig Steiner sourit lorsqu’elle
consignes de travail, malgré une
de nouveaux clients et dans les
raconte cet épisode, car l’histoire
compréhension écrite altérée.»
rapports d’évolution.
Bien ancrer la CAA
Etape par étape
C’est en 2007 que la Fondation
«Nous ne voulions pas nous hâ-
Brühlgut, qui compte 412 places
ter inutilement, mais introduire la
d’habitation et de travail, a com-
CAA avec prudence et par étape»,
mencé à instaurer progressive-
souligne S. Steiner. «Il nous tenait
ment l’unité de communication
à cœur d’observer une attitude po-
Une résidente de la Fondation Brühlgut fait des photos qu’elle souhaite utiliser pour son ordinateur vocal. | Photo : Michel Canonica
s’est quand même bien termi-
«Si la CAA n’est pas soutenue à 100% par la direction, il ne s’agit qu’un feu de paille qui s’éteint rapidement.»
6
améliorée et alternative et à appli-
sitive vis-à-vis de la CAA dans tous
née. «Il y a deux ans, cette même
quer la CAA. «Il était important que
les domaines.» Personne ne devait
personne est revenue me voir et
la direction communique d’emblée
être bousculé ni dépassé. «Nous
m’a dit: Rien n’est possible sans
que la fondation souhaitait propo-
voulions impliquer toutes les par-
la CAA. Elle nous aide au quotidi-
ser la CAA à chaque personne souf-
ties prenantes et nous nous som-
en.» S. Steiner rit et déclare: «Cet
frant de difficultés de communica-
mes adaptés aux différents ryth-
aveu m’a beaucoup touchée.» Les
tion», souligne S. Steiner. «En effet,
mes.» Avec succès: «Depuis 2014,
clientes et clients ayant de faibles
si la CAA n’est pas soutenue à 100%
la CAA est bien ancrée partout»,
Solveig Steiner, cheffe de l’unité CAA, échange avec un collaborateur de l’atelier. | Photo: Michel Canonica 7
Communication CAA | INSOS Mai 2016
«Avec la communication améliorée et alternative, le quotidien est plus détendu et plus harmonieux.»
Communication CAA| INSOS Mai 2016
formé par Solveig Steiner. «Le re-
faite: «Aujourd’hui encore, le client
sponsable de ressort a pour tâche
est content que les personnes au-
d’ouvrir l’œil en termes de CAA et
tour de lui l’entendent et lui fassent
de me contacter si de nouveaux
de la place. Il a donc plus confiance
besoins émergent, si quelqu’un re-
en lui.»
Le défi du transfert Lors de la transition des jeunes vers un atelier ou une institution pour adultes, la poursuite de la Communication améliorée et alternative (CAA) est un enjeu important. Stéphane Jullien, logopédiste, plaide pour la mise en place d’une personne ressource destinée à accompagner les premiers pas des jeunes adultes dans leur nouvel environnement.
constate Solveig Steiner avec
quiert une nouvelle aide de CAA,
satisfaction.
ou en présence de problèmes de
Une transition délicate
communication»,
explique-t-elle.
Solveig Steiner considère comme
Des mentors dans les domaines
Son travail consiste alors, en colla-
difficile le passage de l’école à son
Solveig Steiner a commencé en
boration avec la personne repère et
institution. «Une institution pour
2007 avec un emploi à 10% seule-
le client, à préciser les besoins indi-
adultes a une autre mission qu’une
Certains jeunes ne parviennent pas à utiliser le lan-
teurs tout en lui permettant de participer de manière
ment, qui a été augmenté année
viduels et élaborer une solution de
école spéciale: chez nous, c’est la
gage oral pour communiquer. Des outils alternatifs
autonome à des conversations.
après année. Aujourd’hui, elle diri-
CAA adaptée. «Dès que la CAA fon-
journée de travail qui est au premi-
de communication sont alors mis en place tels que
ge l’unité à raison d’un poste à 50%.
ctionne bien chez un client, on n’a
er plan. Nous ne pouvons donc pas
le PECS (Picture Exchange System, Bondy, 1994) basé
Une personne référente pour la communication
«Cela est suffisant car ces dernières
plus besoin de moi. La personne de
continuer à assurer le même en-
sur l’échange de pictogrammes ou des téléthèses qui
La communication est un droit de la personne qui
années, nous avons mis en place
référence et l’équipe ont alors pour
couragement individuel de la com-
sont des appareils avec synthèse vocale qui permet-
doit être garanti lors de la transition de l’école vers
un système fiable de mentors dans
mission d’assurer l’application con-
munication améliorée et alternative
tent d’interagir avec son environnement. En tant que
une institution pour adultes. Si les parents ont un
tous les domaines», commente-t-
tinue de la communication amélio-
que les écoles», commente-t-elle.
logopédiste au Home Ecole Romand de la Fondation
rôle à jouer lors du passage dans une institution pour
elle. Ainsi, dans chaque domaine, il
rée et alternative.»
Elle déclare l’indiquer toujours très
Les Buissonnets à Fribourg, un établissement pour
adultes, une personne référente pourrait être mise en
clairement à chaque entretien de
enfants et adolescents âgés de 4 à 18 ans présentant
place afin d’accompagner et de superviser l’utilisation
du ressort Communication améli-
Un quotidien plus calme
transfert. «Dans le même temps, je
une déficience intellectuelle ou un polyhandicap, une
des moyens de CAA dans la nouvelle institution. Elle
orée et alternative régulièrement
Une chose est claire pour Solveig
précise que la Fondation Brühlgut
de mes préoccupations est le devenir de ces moyens
pourrait également assurer le lien entre les différentes
Steiner: «La CAA demande du
utilisera toutes les aides de CAA
de communication CAA, lors du passage des jeunes
institutions. Enfin, la Fondation Suisse pour les Télé-
temps et de la patience. Mais si le
qu’une personne apportera de
adultes dans un atelier ou une institution pour adulte.
thèses (FST) peut intervenir pour conseiller, former et
personnel et les clientes et clients
l’école.» C’est alors à elle de coa-
utilisent bien et régulièrement les
cher l’équipe pour que l’utilisation
Une transition délicate
des moyens CAA. | Stéphane Jullien, logopédiste au
minuteurs, les pictogrammes, les
des aides soit possible.
Les institutions pour adultes visent davantage le main-
Home Ecole Romand de la Fondation Les Buissonnets
existe aujourd’hui un responsable
superviser le personnel pour une utilisation optimale
tien des acquis. Les ressources en matériel et en per-
gestes, les boutons poussoirs ou les ordinateurs vocaux, tout est
«On n’a jamais fini d’apprendre»
sonnel changent et d’autres objectifs relatifs au passa-
plus simple. Le quotidien est plus
Pour l’heure, Solveig Steiner cons-
ge à la vie adulte et aux nouvelles responsabilités du
calme et plus harmonieux, la par-
tate qu’il existe encore un certain
jeune adulte apparaissent. Les diverses méthodes de
ticipation et l’autodétermination
retard dans les gestes Portmann,
communication améliorée et alternative demandent
sont possibles et une personne
qui sont de plus en plus enseig-
un investissement en temps et en argent et des forma-
peut gagner en assurance.» C’est
nés dans les écoles. «Nous avons
tions spécifiques. Il est donc important de mettre en
ce que montre aussi l’exemple
décidé que nous utiliserons les
place une utilisation optimale des moyens CAA avant
d’un client en fauteuil roulant qui
gestes Portmann avec les clients.
cette transition dans une institution pour adultes. Dès
ne pouvait pas se faire entendre
«C’est une tâche ambitieuse», dé-
sa mise en place, l’usage de la CAA doit être entraîné
du fait de sa communication fort
clare Solveig Steiner. «Mais elle
dans différents contextes de vie de l’enfant, en classe,
limitée. «Le nouvel ordinateur vo-
montre clairement une chose: en
mais également lors des repas, à la cafétéria et dans les
cal lui permet de faire entendre
matière de communication amé-
couloirs de l’institution.
sa voix», raconte Solveig Steiner.
liorée et alternative, il n’y a pas
L’implication des parents dans la mise en place et le
Poste de travail avec classeur de communication
«Maintenant, il peut par exemple
d’immobilisme. On n’a jamais fini
suivi de la CAA est également très importante. Elle ga-
et bouton jaune (pour la commande de K-Lumet).
presser une touche et une belle
d’apprendre.» | Barbara Lauber
rantit l’utilisation de l’appareil de communication dans
Une personne référente CAA serait utile lors du passage de l’école à une
| Photo: Canonica
voix d’homme dit: «Faites place,
le quotidien de l’enfant, dans des contextes fonction-
institution pour adultes. | Photo: m.à.d.
j’arrive!» Solveig Steiner est satis8
www.bruehlgut.ch
www.lesbuissonnets.ch
nels de communication et avec différents interlocu9
Promotion de la santé | INSOS Mai 2016
Parlons vrai | INSOS Mai 2016
«Cela doit surtout être un plaisir» Les projets de promotion de la santé pour personnes avec handicap ne nécessitent pas de gros budgets: avec peu, on peut déjà faire beaucoup. «Les projets sont réussis quand ils font plaisir et qu’ils assurent la régularité, la fiabilité, tout comme l’ancrage dans la direction», déclare Daniela Specht. Cette année encore, la cheffe de projet monéquilibre cherche des projets intéressants pour l'«Award monéquilibre 2016».
Difficile d’économiser sans fin Pirmin Willi est directeur de la Fondation Brändi dans le canton de Lucerne, qui propose 335 places d’habitation et 1085 places de travail et de formation pour personnes avec handicap. Les institutions INSOS du canton de Lucerne sont particulièrement touchées par les mesures d’épargne.
Alimentation saine, détente, rencontres, activité phy-
dienne de 10 minutes pour bouger dans l’atelier que
A la mi-mars, le gouvernement lucernois a présenté
La Fondation Brändi a considérablement soulagé
sique: autant d’éléments qui relèvent de la promo-
de proposer une journée unique de remise en forme.
le tout dernier train d'économies – dans le cadre du
les pouvoirs publics durant ces dernières années, par
tion de la santé, déjà activement pratiquée dans de
«Pour que les projets aient des effets, il faut une réali-
«programme de consolidation» 2017-2019. Si le Parle-
une mise en œuvre parcimonieuse des ressources et
nombreuses institutions. Ces projets ne nécessitent
sation régulière des mesures. Les personnes avec han-
ment le suit, les institutions sociales et les homes de-
de vastes prestations propres. L’utilisation de la for-
pas de gros budgets – bien au contraire: «Moins un
dicap et les collaborateurs doivent participer de façon
vront à nouveau économiser 10,5 millions de francs. Il
tune de notre fondation pour l’exploitation de places
projet engloutit de ressources et plus les mesures
contraignante. Et le tout doit être ancré au niveau de la
s’agirait-là du quatrième train de mesures massives en
de travail et d’habitat protégées pour le compte du
sont simples, plus leur effet sera durable», commente
direction», résume D. Specht. Enfin, la promotion de la
10 ans. Les institutions lucernoises de personnes avec
canton s’est élevée à 5,3 millions de francs entre 2011
Daniela Specht, cheffe de projet de monéquilibre, un
santé est un succès «lorsque les personnes participent
handicap se montrent très préoccupées.
et 2014. Ainsi, nous avons non seulement supporté les
projet de promotion de la santé du Pour-cent cultu-
parce que le projet fait plaisir – tout en étant bon pour
rel Migros. Chaque année, ce sont au total CHF 25 000
la santé».
Les économies déjà imposées ont inévitablement
de personnel et d’exploitation, tout comme l’offre de
que monéquilibre distribue à des projets exemplaires
D. Specht salue grandement l’intégration des person-
conduit à un recul des prestations et de la qualité. Elles
prestations nettement supérieure.
d’institutions pour personnes avec handicap.
nes avec handicap dans la conception d’un projet. Tel
s’opposent diamétralement aux évolutions sociales et
était le cas à la Fondation Bernaville de Schwarzen-
démographiques, telles que l’augmentation de la durée
Il y a cinq ans, l’indemnisation cantonale des presta-
Faire moins pour obtenir plus
burg, qui a remporté le prix monéquilibre 2015. Le
de vie des personnes avec handicap ou l’accroissement
tions de la Fondation Brändi se montait à 32,5 mio. de
Pour Daniela Specht, il existe des facteurs de suc-
projet vainqueur, intitulé «Mach mit und bleib fit» a
de l’intensité des prises en charge. Du fait des com-
francs. En 2016, elle n’est que
cès évidents dans la promotion de la santé: «Ce qui
convaincu le jury, «car le thème de l’équilibre était mis
portements exigeants et des situations requérant un
de 26,5 mio. de francs, soit une
compte, c’est que les projets ne soient pas des lubies
en œuvre de façon très participative et durable», pré-
encadrement intensif, les dépenses augmentent. Les
baisse de presque 20%, avec
passagères, mais qu’ils changent les choses», dit-elle.
cise Daniela Specht.
conduites des personnes avec handicap ne peuvent
des prestations d’assistance
baisses de subventions mais aussi les charges accrues
toutefois être améliorées à l’infini. «Last but not least»,
croissantes. En déployant de
avec l’adhésion de la Suisse à la CDPH onvention des
gros efforts, nous avons atteint
Cette année encore, monéquilibre cherche des
Nations Unies relative aux droits des personnes han-
et maintenu une haute création de valeur en des péri-
projets intéressants. «A travers ce prix, nous voulons
dicapées, notre pays s’est engagé à des mesures per-
odes économiques difficiles. Néanmoins, il n’est plus
montrer au grand public que les institutions de
mettant une vie autonome et une totale participation
guère possible d’accroître la productivité dans la situ-
personnes avec handicap se défendent bien dans la
des personnes avec handicap. Pour cela, il faut disposer
ation conjoncturelle et monétaire actuelle.
promotion de la santé», souligne Daniela Specht.
d’assez de ressources, humaines ou financières. Une indemnisation des prestations qui couvre les
Pour qu'une participation ne dépende pas des ressources à disposition, une aide administrative
Pour moi, une chose est claire: l’amélioration des
coûts est d’une importance cruciale pour les années
peut désormais être utilisée pour la soumission de
recettes du budget de l’Etat (stratégie de fiscalité
2017 à 2019. Le canton doit assumer sa responsabilité
projets. A la demande, monéquilibre réalise aussi des
d’entreprises, taux d’imposition, etc.) doit faire partie
envers les personnes avec handicap, c’est-à-dire garan-
ateliers d’impulsions sur place. «Nous avons assez de
du «programme de consolidation». Une réflexion fon-
tir les prestations de prise en charge de ces personnes
ressources pour ce faire. Les institutions n’ont qu’à
damentale sur la répartition des fonds publics est éga-
et endosser les risques d’entreprise. Nous pourrons ainsi
nous contacter», précise D. Specht. | Barbara Lauber
lement nécessaire. Pour le dire de façon provocante:
continuer à nous engager pour l’intégration profession-
investissons-nous dans de beaux ronds-points ou dans
nelle, sociale et culturelle des personnes en situation de
la promotion des personnes avec handicap?
handicap dans le canton de Lucerne.
www.meingleichgewicht.ch
| Photo: m.à.d.
Les institutions prennent la parole
Un nouveau soutien
Ainsi, il est préférable d’introduire une pause quoti-
La10 Fondation Bernaville a remporté l’«Award monéquilibre 2015».
PARLONS VRAI
11
Révision LAI | INSOS Mai 2016
Les entreprises formatrices INSOS sous pression avec la 7ème révision LAI INSOS Suisse soutient la 7ème révision LAI, visant à une meilleure intégration professionnelle des personnes avec handicap psychique. L’association de branche critique toutefois que le projet se concentre trop sur le premier marché. Faute de possibilités de formations, les jeunes gens dotés d’un faible potentiel d’intégration selon l’AI se retrouvent coincés entre le marteau et l’enclume.
Avec sa «modification de la loi
le premier marché des personnes
ans sans potentiel de réadaptati-
sont en revanche essentielles. Le
une partie de leur formation sur le
per leurs compétences, à appren-
fédérale sur l’assurance-invalidité»
avec handicap – indépendamment
on seront confrontés à une lacune
succès de l’intégration professi-
premier marché du travail.
dre un métier et à générer un reve-
(«Développement continu de l’AI»),
de leur volonté et des exigences de
d’offre pouvant uniquement être
onnelle en dépend. Néanmoins, la
le Conseil fédéral poursuit un ob-
qualité – et de ne donner d’accès
comblée par une école spéciale
qualité de la formation profession-
Une confusion des rôles
premier et second marché du tra-
jectif important: l’amélioration des
aux mesures de réadaptation qu’à
prolongée, une offre de formation
nelle ne semble pas constituer un
Il est également problématique
vail. D’autre part, de nombreuses
celles à qui l’on pourra attester,
propre aux cantons ou une entrée
critère pour l’Office fédéral des as-
que dans le projet, les offices AI
personnes seront, à l’avenir aussi,
avec une grande certitude, une
prématurée dans une institution
surances sociales, qui mesure uni-
soient à la fois mandants et pres-
tributaires de places de forma-
activité lucrative sur le marché du
pour adultes.
quement le succès à l’évolution du
tataires de services et que les em-
tion et postes de travail protégés.
taux de rentes.
ployeurs soient subventionnés par
Il faut pouvoir continuer à garantir
l’AI pour la formation et l’embauche
ceux-ci dans la même qualité. Une
Si les formations initiales AI en milieu protégé ne sont plus financées, les jeunes concernés ne disposent plus des mêmes chances de développement.
travail primaire qui diminuera le
nu qui diminue leur rente – sur le
montant de leur rente. Les forma-
En contradiction avec la CDPH
tions doivent avoir principalement
Le retrait de l’AI du financement de
Contreproductif
de personnes avec handicap. Ce
tendance contraire se dessine ce-
lieu sur le premier marché, et seu-
la formation professionnelle initi-
INSOS Suisse met en garde contre
cumul des rôles et de missions
pendant actuellement: en raison
mesures d’intégration des jeunes
les les personnes ayant un potenti-
ale en milieu protégé a pour con-
une variante à bas prix de la réad-
rend plus difficile, voire impossible
de la pression exercée par l’AI pour
et des adultes avec handicap psy-
el d’insertion seront ciblées. Cette
séquence que les jeunes aux han-
aptation professionnelle qui serait
chique sur le marché du travail
tendance a été exposée dans la cir-
dicaps plus sévères n’ont plus les
faite au détriment des individus
primaire. Un grand nombre de
culaire 299 et elle doit dorénavant
mêmes opportunités de formation
concernés. Ce mode d’intégration
nouvelles dispositions satisfont
être maintenue.
et de développement. Pourtant,
n’est pas durable et peut avoir des
pour ces jeunes également, les
effets contreproductifs. Les mesu-
les exigences déjà formulées par
12
Les formations professionnelles initiales dans un milieu protégé sont menacées. | Photo d’archive: Robert Hansen
réduire les coûts, les institutions
INSOS Suisse met en garde contre les variantes à bas prix d’une intégration au détriment des individus concernés. Cela n’est pas durable.
doivent accepter des pertes de qualité lors de la mise en œuvre des mesures d’insertion, tandis que le nouveau projet permettra
INSOS Suisse à diverses reprises à
Une menace pour les entrepri-
phases d’orientation profession-
res en milieu protégé n’entraînent
l’égard du Conseil fédéral et des au-
ses formatrices
nelle, de transition vers une entre-
pas automatiquement un enga-
torités, comme l’extension de la du-
L’adoption du projet obligerait
prise formatrice puis un poste de
gement avec rente complète sur
rée de conseil, d’accompagnement
vraisemblablement les entrepri-
travail sont des opportunités in-
le marché du travail second. Cela
et des mesures d’intégration.
ses formatrices professionnelles
dispensables de développement.
est suggéré à plusieurs endroits
le contrôle sérieux et objectif de la
INSOS Suisse attend à présent avec
d’INSOS à réduire encore ou sup-
Leur refuser cet accès contredit les
dans le projet. Par ailleurs, il est
qualité des offres.
intérêt le rapport de consultation
Concentration sur le marché du
primer totalement leur offre de
principes de la CDPH.
aujourd’hui difficile de séparer
Le projet présente les places de
de la Confédération et planifiera,
travail primaire
formation. Les conséquences se-
INSOS Suisse trouve que le lieu où
clairement le marché du travail
formation et postes de travail pro-
selon l’issue, les prochaines étapes.
Comme elle le consigne dans sa
raient aussi considérables pour la
l’on propose une formation ou un
primaire du marché secondaire.
tégés comme une offre non opti-
| Annina Studer, responsable du
réponse à la consultation, INSOS
Formation pratique (FPra) selon
poste importe peu – sur le premier
Les institutions sont nombreuses à
male. Cela est inacceptable pour
domaine Monde du travail, INSOS
Suisse voit toutefois aussi dans le
INSOS, suivie chaque année par
et second marché du travail. Les
être décloisonnées et elles bénéfi-
INSOS. La pratique montre, d’une
Suisse
projet un ancrage dans la loi de
plus de 1000 jeunes. Si les offres de
conditions générales de formation
cient de très bons réseaux avec des
part, que les institutions aident de
la voie déjà engagée par l’AI: à sa-
formation dans un milieu protégé
et d’emploi d’une personne ayant
entreprises du marché primaire. La
nombreuses personnes en partie
www.insos.ch > Politique > Con-
voir l’insertion ou le maintien sur
disparaissent, les jeunes de 16 à 18
un besoin de soutien individuel
plupart des apprentis FPra passent
fortement handicapées à dévelop-
sultations
aux employeurs du marché du travail primaire d’être davantage soutenus, sans avoir besoin d’assumer d’autres d’engagements.
13
Formation pratique | INSOS Mai 2016
Commentaire
Un jalon atteint! l’examen final, tout comme les personnes ayant suivi la FPra
Grâce au grand engagement montré par le groupe
de deux ans, puissent présenter un document reconnu par les
de travail «attestation de compétences individuelle
OrTra. La décision relative à l’introduction et au contenu d’une
(ACI) logistique», sous la direction de Hans Erni, est
ACI spécifique à la branche est donc de leur ressort. «La colla-
apparu très rapidement un concept global harmoni-
boration entre INSOS et les associations professionnelles doit
eux comprennant un
encore être développée et améliorée», déclare Christine Davatz,
programme de forma-
vice-directrice de l’USAM et présidente du groupe de pilotage
tion standardisé, un
du projet. «Avec la logistique et deux autres branches pilotes,
procès-verbal de con-
la menuiserie et les bureaux, cela a parfaitement fonctionné.»
trôle pour la procédure de qualification
Les compétences opérationnelles des praticiens FPra Logistique sont désormais confirmées par un document reconnu. | Photo: m.à.d.
Une chance pour les logisticiens FPra La logistique est l’une des trois branches qui testent une attestation de compétences individuelle, pour accroître la reconnaissance de la Formation pratique dans le monde du travail et à améliorer l’intégration professionnelle des apprentis FPra.
Un meilleur ancrage dans le monde du travail
et une attestation de
Pour la logistique, le groupe de travail interassociations a éla-
compétences
boré non seulement une ACI, mais aussi un programme de
viduelle. Ce concept
formation spécifique à la branche et un protocole de contrôle
aidera le/la Praticien/-
pour la procédure de qualification. «Nous sommes très heureux
ne logistique à parve-
d’avoir trouvé dans l’ASFL une partenaire très engagée qui voit
nir à la reconnaissance
Annina Studer, responsable
du potentiel pour les places de formation et postes de travail
requise. Beat Duerler
chez INSOS, est chargée de
des personnes avec handicap», déclare Annina Studer, respon-
et Hans Erni, de l’ASFL,
la FPra. | Photo: m.a.d.
sable FPra chez INSOS. Cela facilite l’intégration professionnelle
René Gerber et Beat
des apprentis FPra. «Plus la FPra est ancrée et reconnue dans le
Rumo de la Band Genossenschaft, Reto Liniger de la
monde du travail, plus les personnes ayant suivi la FPra trouvent
Brühlgut Stiftung, Elmar Bielmann de la Stiftung Brän-
facilement un emploi. Les attestations de compétences indivi-
di, Roger Kohler de la Stiftung GEWA, Martin Kamber
duelles spécifiques à la branche sont ici essentielles.»
de VEBO Genossenschaft, Tiago Hofmann de axisBil-
indi-
dung et Toni Mathis du BWZ Obwald ont accompli de Une perméabilité accrue dans le système de formation
grandes choses.
Lors d’une manifestation de lancement tenue le 7 avril,
lancé le projet «attestation de compétences individu-
professionnelle
INSOS Suisse et la branche logistique ont pu fêter une
elle». Compte tenu des autres partenaires et du grou-
Beat Duerler, président de l’ASFL, partage cet avis: «Avec un
Seule une collaboration de ce genre permettra
véritable percée pour la Formation pratique (FPra):
pe de pilotage, dont font aussi partie des associations
document reconnu, on a de meilleures cartes en main sur le
d’arriver à ce que recherche INSOS Suisse avec la For-
l’Association suisse pour la formation professionnelle
professionnelles, le projet bénéfice d'un large soutien.
marché du travail.» La perméabilité du système de formation
mation pratique, soit l’intégration réussie sur le mar-
en logistique (ASFL) est l’une des trois organisations
Il vise à ce que les apprentis CFC qui ne réussissent pas
s’en trouverait aussi accrue. «Dans une entreprise logistique, j’ai
ché du travail de jeunes confrontés à des capacités
connu un jeune qui a commencé par la FPra, pour faire ensuite
d’apprentissage et/ou de rendement plus faibles – au
l'AFP et veut maintenant décrocher le CFC.» Cela n’est pas si fré-
moyen d’une formation à bas seuil, tenant compte des
quent, mais il est important de donner cette option. «Nous som-
ressources individuelles des apprentis tout comme
mes très fiers de pouvoir proposer une formation en logistique
des exigences minimales du marché du travail.
du monde du travail qui a élaboré avec des institutions INSOS une attestation de compétences individuelle (ACI). Ce nouvel instrument repose sur le profil
Autres projets FPra
de qualification CFC et atteste aux personnes réalisant une Formation pratique quelles compétences opéra-
La nouvelle commission d’experts FPra vient
à chaque niveau, de la FPra à la HES.» Il s’agit maintenant, selon
tionnelles elles ont acquises ou non. Les compétences
aussi renforcer la Formation pratique. Chargée
B. Duerler, de faire davantage connaître la Formation pratique
La coopération avec la branche logistique améliore
individuelles des apprentis FPra deviennent plus lisib-
de l’assurance qualité et de la promotion de
et l’attestation de compétences individuelle dans la branche lo-
la perméabilité de la FPra vers une formation pro-
les pour le monde du travail, ce qui devrait faciliter leur
celle-ci, elle contribuera au développement de
gistique.
fessionnelle initiale avec attestation fédérale, tout
intégration professionnelle.
la FPra.
Dans le domaine de menuiserie et le domaine commercial, des
comme la chance d’intégrer le premier marché. C’est
En outre, l’un des cinq modules du matériel di-
attestations de compétences individuelles seront testées cette
un modèle pour d’autres partenariats souhaités par
Un projet avec un large soutien
dactique FPra pour le cours de culture générale
année dans la pratique. Après évaluation de ces branches pi-
INSOS au terme du projet pilote ACI dans d’autres
L’acte fondateur de cette percée a été accompli en
sortira cet été. Un atelier sera également consac-
lotes, il est également prévu d’introduire les attestations dans
branches – dans l’espoir que les organisations du tra-
2011, lorsque INSOS Suisse, aux côtés de la Conférence
ré à l’enseignement FPra en août:
d’autres branches. | Barbara Spycher
vail se laissent séduire!
sui-sse des offices de la formation professionnelle
www.insos.ch/événements
www.insos.ch > Formation Pratique
(CSFP) et de l’Union suisse des arts et métiers (USAM), a 14
15
Violence sexualisée | INSOS Mai 2016
Violence sexualisée | INSOS Mai 2016
Très peu d’aide adaptée pour les victimes de violence avec handicap Une étude nationale de la haute école spécialisée bernoise sur les services de contact pour les victimes de violence révèle de grosses lacunes: pour les personnes avec handicap ayant subi une violence sexualisée, il n’existe presque aucun service de contact. L’étude soutient donc l’appel à la création d’un service national pour la violence sexuelle, qui coordonnera les services cantonaux.
ces compétences spécifiques. Pour
le soutien des services spécialisés
Prévention, salue la discussion sur
les enfants et pour les adolescents,
cantonaux et dans la fourniture
le service de contact national. Il ex-
le groupe de protection de l’enfance
d’une aide indirecte. Il assumerait
plique également dans l’interview
de l’hôpital pédiatrique de Zurich
également des tâches de préven-
pourquoi un tel centre ne saurait
est le seul à répondre aux critères
tion, de recherche et de formation
suffire (cf. ci-dessous).
requis.
continue, de mise en réseau et de
| Nina Jacobshagen, collaboratrice
coordination. Christoph Urwyler
scientifique BFH et Barbara Lauber
L’Allemagne propose une ligne
l’a en effet constaté: «Au sein des
La version originale de cet article est parue
d’aide téléphonique
cantons et entre eux, la coordinati-
dans le magazine impuls 1/16 de la BFH.
Ces résultats sont alarmants, car
on et la coopération sont souvent
les personnes avec handicap sont
insuffisantes.»
Lien vers l’étude:
Peter
directeur
www.charte-prevention.ch > Ser-
toph Urwyler, chef du projet, et
mais que les offres d’aide variaient
olence que les personnes non han-
d’INSOS Suisse et membre du
vices d’examen des plaintes et de
adultes avec handicap victimes
son équipe de la haute école spé-
fortement selon le lieu de domi-
dicapées. Une étude de l’université
groupe de travail interassociatif
conseil
d’une violence sexualisée? Vers qui
cialisée bernoise ont interrogé 200
cile, l’âge, le sexe et le contexte
de Bielefeld (D) menée en 2012 à la
se tournent les proches et encad-
services de contact et spécialisés
du problème.» Pour certains grou-
demande du ministère allemand
rants en cas de soupçons d’abus
de toute la Suisse sur les besoins et
pes cibles, il existerait un nomb-
de la famille montre à quel point
sexuels? Un état des lieux des ser-
les offres. L’étude englobait toutes
re disproportionné d’offres très
les biographies des femmes avec
vices de contact et spécialisés pour
les manifestations de violence et
qualifiées; pour d’autres, très peu
handicap sont marquées par des
les victimes de violence, comman-
atteintes à l’intégrité physique, et
voire pas du tout.
abus sexuels: jusqu’à 56% des in-
Peter Saxenhofer, l’étude de la BFH incite à la création d’un ser-
dé par le groupe de travail interas-
tout type de service de contact ou
terrogées ont déclaré avoir été
vice national pour la violence sexuelle. Serait-ce la solution à
sociatif «Prévention», le montre: il
spécialisé.
Un manque de compétence
victimes d’agressions sexuelles.
tous les problèmes?
existe très peu d’aide adaptée pour
Pour C. Urwyler, il a été intéres-
spécialisée
Une femme sur trois ou sur quatre
Peter Saxenhofer, directeur d'INSOS Suisse: Un service national qui
les personnes avec handicap con-
sant d’apprendre «que l’éventail
Le manque de services de contact
a déjà été confrontée à de la vio-
renvoie les victimes à l’instance adaptée pour elles ou conseille direc-
cernées par des violences.
d’offres dans le domaine de la vio-
et spécialisés concerne surtout les
lence sexualisée dans son enfance,
tement serait profitable. Mais cela n’est pas suffisant: les services de
Dans le cadre de leur étude, Chris-
lence sexuelle était large et divers,
personnes vivant en institutions, les
soit 2 à 3 fois plus que dans la moy-
contact doivent être en mesure de conseiller les personnes avec han-
migrantes et migrants, les victimes
enne de la population féminine.
dicap ou souffrant de difficultés de communication. Il faut aussi des
hommes et les personnes âgées.
Dans ce contexte, l’Allemagne a
services qui soutiennent ces personnes et leurs proches et encadrants
Toutefois, la situation des person-
mis en place, après son «aide té-
quand il y a «seulement» un soupçon de violence sexuelle. Les services
nes avec handicap ayant souffert de
léphonique nationale pour les
d’aide aux victimes, en particulier, ne sont impliqués que lorsqu’il y a
violence sexualisée ou des proches
abus sexuels» pour les enfants, la
une victime. C’est ici qu’il faut agir.
qui signalent un soupçon d’abus
ligne d’aide «violence contre les
est spécialement difficile: sur les
femmes». Les femmes avec han-
Quelles prochaines étapes sont prévues par le groupe de travail
181 services examinés, l’étude n’en
dicap y trouvent des conseillères
Prévention?
a identifié que deux disposant de
qualifiées, dont des interprètes
Une réunion de travail l’a confirmé: nous ne manquons pas de services
compétences spécifiques dans le
en langue des signes. En 2014, ces
de contact mais d’une vue d’ensemble et d’un renvoi à ces offres. Un
traitement des adultes avec handi-
consultations représentaient 7,5%
service national pourrait s’en charger. Le groupe de travail étudie ac-
cap et le thème de la violence sexu-
de tous les contacts.
tuellement la façon de pratiquer au mieux un tel aperçu et un bon tri.
Selon l’étude, seuls le centre de con-
Un service national de contact?
En Allemagne, il existe une ligne nationale d’assistance télépho-
sultation pour l’aide aux victimes
Dans son récapitulatif, l’étude de la
nique. Est-ce envisageable pour la Suisse?
des cantons de Saint-Gall et des
BFH en vient à la conclusion qu’un
Une telle ligne d’aide pourrait contribuer à améliorer la situation. Il
deux cantons d’Appenzell et le cen-
service national pour la violence
faut toutefois garder à l’esprit que tout le monde ne peut pas parler
tre de consultation pour l’aide aux
sexuelle est pertinent. Sa princi-
ou téléphoner. Pour ces personnes, il faut d’autres offres adaptées et à
victimes de Schwyz disposaient de
pale mission résiderait alors dans
bas seuil dans les cantons. | Interview: Barbara Lauber
Photo: Martin Moritz / pixelio.de
nettement plus touchées par la viA qui s’adressent les enfants et
Saxenhofer,
«Une vue d’ensemble»
elle.
16
17
La Présidente | INSOS Mai 2016
Les brèves
Conseils juridiques
Le voyage d’étude INSOS nous amène cette
Les heures supplémentaires ordonnées concernent également les institutions INSOS. La loi n’y consacre qu’un seul article (art. 321c CO). H.-U. Zürcher explique qui doit réaliser quelles heures supplémentaires à quel moment, avec quel dédommagement.
année à Berlin Quel est l’avenir des ateliers en Allemagne? Comment s’y développe la participation sur le marché du travail primaire? Et qu’en est-il, après le premier rapport national sur la CDPH, des choix possibles en matière de modèle d’habitat et de lieu de vie? Ces questions, et bien d’autres,
Pensons plutôt la diversité
seront abordées lors du voyage d’étude INSOS (du 14 au 17 juin 2016) à Berlin – au cours des
Sont considérées comme heures
multiples visites d’institutions et entretiens avec
supplémentaires les prestations
des professionnels, ainsi que dans les échanges
de travail dépassant le temps de
Il y a peu, le titre provocateur «Plutôt vivre à la maison qu’en institu-
avec des personnes avec handicap.
travail convenu par contrat. Le tra-
tion» trônait au-dessus d’un article d’une revue suisse. Une fois de
www.insos.ch > Evénements
vail supplémentaire désigne les
plus, on y opposait l’habitat avec assistance et celui en institution.
Chers membres INSOS,
heures supplémentaires dépassant
Comme s’il n’existait qu’une seule forme d’habitat adaptée pour
Acquérir le savoir-faire et entretenir
la durée maximum de travail léga-
tous les individus avec handicap!
l’échange au congrès INSOS 2016
le. Sans réglementations spéciales,
Comment les personnes extérieures perçoivent-
cette dernière est de 50 heures par
Pourtant, elle n’existe pas, LA forme d’habitat idéale pour les per-
elles notre branche? Le congrès INSOS 2016 de
semaine. Toute heure supplémen-
sonnes en situation de handicap. Tout comme il n’y a pas une SEU-
Berne (du 30 août au 1er septembre 2016) don-
Hans-Ulrich Zürcher est
taire n’est donc pas forcément du
LE situation de personnes avec handicap. Chaque individu a des
nera la parole non seulement à des spécialistes
le conseiller juridique
travail supplémentaire.
préférences quant à son lieu et mode de vie et les personnes qui
de notre branche mais aussi à des scientifiques,
d’INSOS Suisse.
juristes, journalistes, sociologues, acteurs po-
l’accompagnent. Il importe donc que les personnes avec handicap Les
heures
supplémentaires
puissent choisir l’offre adaptée parmi un vaste éventail de formes
litiques et des personnalités de renom de
ordonnées doivent être une exception. Elles sont autorisées
d’habitat différentes. Dans l’esprit de la CDPH, elles doivent pouvoir décider si elles veulent
l’économie et de l’administration fédérale. Ils
si elles sont nécessaires ou urgentes pour des raisons opérati-
habiter dans un logement avec une assistance, dans un studio encadré ou encore dans un
montreront les courants sociaux, les tendances
onnelles et peuvent être raisonnablement exigées, au cas par
groupe d’habitat au sein ou en dehors de l’institution, et leurs besoins doivent y être satisfaits
économiques et les développements politiques
cas. A titre général, la prestation d’heures supplémentaires ne
comme il se doit.
qui influenceront aussi le travail des institutions
doit pas surcharger les collaborateurs ou nuire à leur santé; la loi
pour personnes avec handicap. Les participants
sur le travail interdit généralement les heures supplémentaires
Il est étonnant que les institutions soient toujours décrites sans nuances. Aujourd’hui, les ins-
au congrès se verront proposer un vaste éven-
aux femmes enceintes et qui allaitent. Il convient aussi de tenir
titutions se mobilisent pour accompagner, encourager et faire participer les personnes, dans
tail d’exposés intéressants et un espace pour
compte des situations personnelles tout comme de l’ampleur et
l’institution ou en dehors. INSOS a pour mission, comme chacun d’entre nous, de corriger
l’échange professionnel.
du moment des heures supplémentaires demandées.
cette image déformée, dans le cadre d’entretiens avec les médias, les hommes et femmes politiques, et d’autres interlocuteurs, et de rendre visible la réalité des institutions. Les insti-
www.insos.ch > Evénements Le travail supplémentaire ne peut généralement dépasser
tutions ont pour tâche de créer des possibilités de choix et de proposer un vaste éventail de
News sur la Formation pratique selon INSOS
deux heures par jour; une limite de 140 heures par an est fixée
services pour répondre aux différents besoins. Pensons donc plutôt la diversité. Elle corres-
sous www.insos.ch
par la loi sur le travail. Avec l’accord du collaborateur, le travail
pond bien plus aux individus que les généralisations.
Aimeriez-vous suivre l’actualité dans le domai-
supplémentaire peut être compensé par du temps libre pour
ne de la Formation pratique ? Ou aimeriez-vous
une durée au moins équivalente. C’est aussi le cas pour les heu-
connaître les publications parues ces derniers
res supplémentaires, si leur compensation n’est pas exclue par
mois sur la FPra et les projets en cours ? Vous
contrat. Si le travail supplémentaire ne peut être compensé, un
trouverez toutes les actualités sur simple clic sur
paiement attesté des heures fournies s’impose, avec un supplé-
notre site Internet sous:
ment d’au moins 25%. Cela vaut aussi pour les heures supplé-
www.insos.ch > Formation Pratique > News
mentaires, si leur paiement n’a pas été exclu par contrat.
18
Cordialement,
19
Evénements 2016 INSOS Suisse organise chaque année différentes journées d’étude nationales, des ateliers et le congrès INSOS de trois jours. Divers événements sont déjà prévus pour 2016. 19 mai 2016 Les défis liés à l‘autisme Journée d‘étude INSOS à Berne 16 - 17 juin 2016 Voyage d‘étude INSOS Voyage d‘étude INSOS à Berlin 22 juin 2016 Assemblée des délégués INSOS Assemblée des délégués INSOS à Bâle 30 août - 1er semptembre 2016 Congrès INSOS 2016 Congrès INSOS 2016 à Berne 17 novembre 2016 Monde du travail Journée d‘étude INSOS à Fribourg
Informations détaillées et inscription: www.insos.ch > Evénements
Impressum
Adresses INSOS Schweiz Zieglerstrasse 53 3000 Bern 14
INSOS Suisse Avenue de la Gare 17 1003 Lausanne
031 385 33 00 info@insos.ch www.insos.ch
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Editeur INSOS Schweiz 3000 Bern 14 Paraît 3x l'an Rédaction Barbara Lauber (responsable); Barbara Spycher
Photo de Couverture: Solveig Steiner avec un collaborateur, Brühlgut Stiftung (Photo: Michel Canonica)
Conception Jordi AG, Belp
Prix Abonnement CHF 30.– (compris dans la cotisation) Au numéro CHF 15.–
Tirage 1500 allemand 500 français
Maquette, impression Jordi AG, Belp