Oser_la_solidarite

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{

Des engagements concrets

{

Des perspectives de :

à lire

Nancy Neamtan Claude Béland Clément Guimond Laure Waridel

Le texte de la Déclaration du Sommet de l’économie sociale et solidaire de 2006

Un portrait complet {

Une définition, des statistiques

{

Une brève histoire du mouvement au Québec

{

Un portrait par région

{

L’abc des entreprises collectives

{

Le récit des 10 ans de parcours du Chantier de l’économie sociale

L’innovation sociale au cœur de l’économie québécoise

Sous la direction de

Marie-Hélène Méthé

Chantier de l’économie sociale

Supplément de

Québec

ISBN 978-2-7621-2856-7

9,95 $ • 9 e

la solidarité !

Illustration : © Philippe Beha

L’Annuaire du

ISBN 978-2-7621-2856-7

9 782762 128567

Oser

la solidarité !

Des pistes de réflexion pour l’avenir

Oser

{

oser la solidarité !

Les 6 piliers de l’économie sociale et solidaire

L’innovation sociale au cœur de l’économie québécoise

{ Développement local, durable... mondial

La force d’un mouvement {

Sous la direction de

{ Commerce équitable et finance solidaire

Chantier de l’économie sociale

L’ouvrage de référence en économie sociale

Marie-Hélène Méthé

{ Des caisses populaires au tourisme social

fides

Une collection dirigée par

Michel Venne

fides

Une collection dirigée par

Michel Venne


OSER LA SOLIDARITÉ !



Il est très facile d’entendre un arbre qui tombe, mais on n’entend pas toute une forêt qui pousse. Voilà une petite forêt qui pousse… Daniel Tygel, Forum brésilien de l’économie solidaire

Nous, les actri ces et acteurs de l’économie sociale issus des mouvements associatifs et communautaires, coopératifs et mutualistes, culturels, envi ronnementaux, sociaux, syndicaux, des organismes de coopération internationale et de développement local et régional, déclarons avec fierté et détermination notre engagement en faveur de la co n s truction d’une économie sociale et solidaire aux échelles locale, régionale, nationale et internationale… Aujourd’hui, nous invitons l’ensemble des Québécoises et des Québécois à se joindre à ce mouvement pour la mise en place d’une économie solidaire visant des rapports plus légitimes entre les impératifs sociaux, économiques et environnementaux. Nous les encourageons à innover et à adopter des modes de consommation plus responsables. Extraits de la Déclaration du Sommet de l’économie sociale et solidaire tenu à Montréal les 16 et 17 novembre 2006



Sous la direction de Marie-Hélène Méthé

chantier de l’économie sociale

OSER LA SOLIDARITÉ ! L’innovation sociale au cœur de l’économie québécoise

Supplément de L’Annuaire du Québec Une collection dirigée par Michel Venne


Oser la solidarité! L’innovation so ciale au cœur de l’économie québécoise, est un Supplément de L’Annuaire du Québec. Ce livre rend compte des délibérations tenues lors du Sommet de l’économie sociale et sol i daire les 16 et 17 novembre 2007, à Montréal. L’Annuaire du Québec est un ouvrage de référence annuel publié par l’Institut du Nouveau Monde aux Éditions Fides. direction : Pour le Chantier de l’économie sociale : Marie-Hélène Méthé Pour l’Institut du Nouveau Monde : Michel Venne et Stéphane Champreux rédaction : Stéphane Champreux, Catherine Gagné, Charles Guindon et Jacques Charest édition : Miriam Fahmy collaboration : Geneviève Huot et Carole Lévesque révision : Denis Desjardins couverture : Gianni Caccia illustrations : Philippe Beha mise en pages : gaetanvenne.ca sommet de l’économie sociale et solidaire – rédaction des textes de ce livre Chantal Aznavourian, Élise Desjardins, Catherine Gagné et Julien Lapan du Chantier de l’économie sociale Consommer solidairement : Nathalie Guay, Alliance de recherche universitéscommunautés en économie sociale (ARUC-ÉS), Frédéric Paré, Équiterre et Collectif Développer nos territoires solidairement : Marie-Hélène Méthé, Chantier de l’économie sociale et Collectif Entreprendre solidairement : Marcel Arteau, Conseil québécois de la coopération et de la mutualité, Charles Guindon, Chantier de l’économie sociale et Collectif

Jeunes et économie sociale : Gabrielle Gérin, Chantier de l’économie sociale, Geneviève Shields, ARUC-ÉS et Collectif Investir solidairement : Margie Mendell, ARUC-ÉS et Collectif Mondialiser solidairement : Nathalie Guay, ARUC-ÉS, René Lachapelle, Groupe d’économie solidaire du Québec (GESQ), Sylvain Matte, Centre d’étude et de coopération internationale (CECI) et Collectif Travailler solidairement : Céline Charpentier et Odette Trépanier, Comité sectoriel de main-d’œuvre en économie sociale et en action communautaire (CSMO-ÉSAC) et Collectif.

Un immense merci à tous les membres des différents Collectifs thématiques pour leur importante contribution. le chantier de l’économie sociale 4200, rue Adam, Montréal (Québec) H1V 1S9 www.chantier.qc.ca www.economiesocialequebec.ca l’institut du nouveau monde 630, rue Sherbrooke Ouest, Bureau 1030, Montréal (Québec) H3A 1E4 info@inm.qc.ca • www.inm.qc.ca les éditions fides 306, rue Saint-Zotique Est, Montréal (Québec) H2S 1L6 • www.fides.qc.ca

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Vedette principale au titre : Oser la solidarité ! : l’innovation sociale au cœur de l’économie québécoise « Supplément de L’Annuaire du Québec » Publ. en collab. avec : Institut du Nouveau Monde. ISBN 978-2-7621-2856-7 1. Économie sociale – Québec (Province). 2. Solidarité – Québec (Province). 3. Chantier de l'économie sociale (Organisme). 4. Économie sociale – Québec (Province) – Histoire. I. Méthé, Marie-Hélène. II. Chantier de l’économie sociale (Organisme). III. Institut du Nouveau Monde. HN110.Q8O83 2008

306.09714

C2008-940127-1

Dépôt légal : 4e trimestre 2007 – Bibliothèque nationale du Québec – © Éditions Fides IMPRIMÉ AU CANADA EN JANVIER 2008


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Les créateurs d’une économie durable Mi ch el Ven n e

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L’économie sociale, en deux mots

première part i e

L’économie sociale d’hier et d’aujourd’hui 16

Des charpentiers, des pêcheurs, Alphonse Desjardins et tant d’autres qui ont pris la relève Une brève histoire

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L’économie sociale se porte bien, merci !

deuxième part i e

Le Sommet de l’économie sociale et solidaire 41

10 ans après, un engagement plus fort que jamais

43

69

1 2 3 4 5 6

72

La Déclaration 2006 du Sommet de l’économie sociale et solidaire

76

Les engagements

51 55 63 67

Entreprendre solidairement Travailler solidairement Investir solidairement Développer nos territoires solidairement Consommer de façon responsable Mondialiser solidairement

t r o i sième part i e

Tout un mouvement 83 93

Le réseau de l’économie sociale Un mouvement présent dans toutes les régions du Québec

q u a t rième part i e

Perspectives 142

Un mouvement identitaire qui nourrit de grandes ambitions Nancy Neamtan

146

Développement durable et responsabilité citoyenne Claude Béland

149

Faire fleurir l’intelligence transformatrice Clément Guimond

153

L’économie de l’avenir Laure Waridel

l ’ i n stitut du nouveau monde


Les créateurs d’une économie durable Mich el Ve n n e Directeur général, Institut du Nouveau Monde Président de l’assemblée plénière du Sommet de l’économie sociale et solidaire des 16 et 17 novembre 2006

C’est un privilège, pour moi, de vous présenter ce livre. Parce que ce n’est pas un livre ordinaire. C’est un ouvrage riche des idées et du labeur de milliers de femmes et d’hommes qui, sans faire de bruit, sont en train de transformer le Québec. J’ai eu le plaisir de rencontrer plusieurs d’entre eux depuis quelques années. J’en ai vu faire littéralement renaître un village avec un centre culturel à but non lucratif, une coopérative de solidarité et de santé pour personnes âgées, une galerie d’art, un collectif d’agriculture bio. Ils y ont ramené les jeunes et ont créé… une crise du logement, tellement le village est devenu populaire. J’en ai vu d’autres faire des miracles avec des matières recyclées dans leurs ressourceries en ville. J’ai visité Troc-tes-trucs dans le quartier Villeray, à Montréal. J’ai savouré les pièces du théâtre Parminou. J’ai vu mes enfants grandir dans leur centre de la petite enfance, à Québec. J’ai écouté des forestiers regroupés en coopérative me raconter comment ils aménageaient la forêt dans leur région. J’oubliais. Je suis membre de ma caisse pop depuis toujours! Des assises solides

L’économie sociale et solidaire a le grand avantage de s’appuyer sur le socle solide de la longue expérience québécoise de coopération. L’idée s’est encore développée, mâtinée des tendances autogestionnaires, dans les années 1970. Elle fut littéralement redécouverte il y a un peu plus d’une dizaine d’années. Plusieurs d’entre nous pratiquons l’économie sociale et solidaire sans le savoir. Parfois depuis longtemps. Avant même que l’expression retrouve son sens, en 1996, quand le premier ministre Lucien Bouchard, à l’occasion de son Sommet sur l’économie et l’emploi, alors qu’il cherchait à recoudre le tissu


Les créateurs d'une économie durable

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québécois déchiré par le débat référendaire, s’est laissé charmer par un courant déjà irrésistible, et a favorisé la création du Chantier de l’économie sociale. Ce courant se nourrissait des efforts du développement économique communataire, du mouvement des femmes, des coopératives d’habitation, des efforts de démocratisation de la culture, de la solidarité rurale, tout cela, à l’époque, un peu dans le désordre et sans même savoir tout à fait ce que recouvrait cette expression d’économie sociale. Le sens des termes, il s’est imposé dans l’action. Un mouvement est né

Dix ans plus tard, en novembre 2006, un mouvement était né et il se reconnaissait, dans ce Sommet de l’économie sociale et solidaire. J’ai eu l’honneur d’en assumer la présidence de l’assemblée plénière. Mon plus grand plaisir fut d’obse rver, du haut de la tribune, ces militants sociaux, ces travailleurs communautaires barbus devenus entrepreneurs d’une autre forme d’économie, ces écolos recyclés au commerce équitable, ces banquiers de la finance solidaire, nos invités du Brésil ou du Sénégal, des jeunes plein de talent artisans du tourisme durable, et tant d’autres, se lever un à un, se présenter au micro et prendre solennellement des engagements pour aller encore plus loin. Voilà des entrepreneurs socialement engagés, dévoués au bien commun, qui refusent de laisser aux chantres de l’économie classique ou aux bureaucrates de l’État providence le monopole sur le développement. Transformer le monde

Mieux encore, ils le disent dans la Déclaration du Sommet, que nous reproduisons dans cet ouvrage : Nous avons désormais l’ambition de tranformer l’économie, de transformer le monde. Nous sommes sortis de l’ère de l’expérimentation. Désormais, en s’appuyant sur nos solidarités, sur notre capacité d’innovation, sur le courage et les valeurs des êtres humains, nous changeons les choses. Au début, on voulait réconcilier le social avec l’économique. Nous avons prouvé que c’était possible. Le Sommet a révélé une chose importante: dorénavant, ce mouvement s’appuierait non plus sur deux mais sur trois piliers. Réconcilier le social et l’économique ne suffit plus. L’environnement est devenu, en dix ans, une donnée incontournable. Comme le rappelle la présidente


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OSER LA SOLIDARITÉ !

du Chantier de l’économie sociale, Nancy Neamtan, à la fin de ce livre, le mouvement de l’économie sociale doit être exemplaire également en matière de développement durable. Une économie durable

L’économie que bâtissent les entrepreneurs de l’économie sociale et solidaire sera une économie durable. C’est l’économie de l’avenir, nous assure la cofondatrice d’Équiterre, Laure Waridel, en traçant, en compagnie de Clément Guimond et de Claude Béland, à la fin du livre, les perspectives du mouvement. Les porte-parole du Sommet de 2006 rappellent aussi les défis que nous devrons relever. La partie, on le sait trop bien, n’est pas gagnée. C’est pourquoi il faut prése rver et renforcer nos liens. Il faut aussi cultiver et diversifier nos fréquentations et, par le fait même, nous enrichir autant qu’augmenter nos capacités d’influence. Il faut garder le cap sur l’innovation, accueillir les nouvelles formules et se les approprier, ne jamais négliger l’éducation de nos membres, la formation de nos gestionnaires et le développement de nos leaders d’aujourd’hui et de demain. Le plan du livre

Succinctement, nous avons, dans ce livre, retracé l’histoire de l’économie sociale et solidaire du Québec. Nous faisons un bilan de ses réalisations de la dernière décennie. À partir des travaux des comités préparatoires, puis en rapportant les résultats des discussions tenues lors du Sommet de 2006, nous rappelons les pistes d’action, les moyens privilégiés pour réussir, puis les engagements annoncés. Il s’agit d’un véritable plan de travail qui donne le goût de se dépasser. Nous reproduisons la version intégrale de la Déclaration du Sommet ainsi que les engagements pris à son endroit. Nous traçons brièvement le portrait du mouvement et nous menons une incursion dans chacune des régions du Québec pour y déceler les réalisations et les perspectives de l’économie sociale et solidaire partout sur le territoire. Nous décrivons des entreprises d’économie sociale qui sont autant de modèles de réussite. Le mot de la fin est laissé à la présidente du Chantier et aux trois porteparole du Sommet. Fierté et conviction


Les créateurs d'une économie durable

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Je remercie le Chantier de l’économie sociale et en particulier Marie-Hélène Méthé, d’avoir confié à l’Institut du Nouveau Monde la réalisation du livre. Nous l’avons fait avec conviction et c’est avec fierté que nous l’accueillons dans la collection des Suppléments de L’Annuaire du Québec, une publication de l’INM. Je remercie toutes les personnes qui ont contribué à cet ouvrage.

J’espère que ce livre permettra à plusieurs d’entre vous de découvrir la richesse du concept d’économie sociale et solidaire autant que la force du mouvement qui le porte. Que cet ouvrage vous donnera envie d’y adhérer. Et à ceux qui sont déjà partie prenante de ce mouvement, qu’il vous rendra fiers de ce que vous avez fait.


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L’économie sociale, en deux mots Deux termes souvent mis en opposition sont réunis pour définir l’univers dans lequel ce livre vous invite à pénétrer. Avant d’entrer, définition:

Économie renvoie à la production concrète de biens ou de se rvices ayant l’entreprise comme forme d’organisation et contribuant à une augmentation nette de la richesse collective.

Sociale réfère à la rentabilité sociale, et non purement économique de ces activités. Cette rentabilité s’évalue par la contribution au développement démocratique, par le soutien d’une citoyenneté active, par la promotion de valeurs et d’initiatives de prise en charge individuelle et collective. La rentabilité sociale contribue donc à l’amélioration de la qualité de vie et du bien-être de la population, notamment par l’offre d’un plus grand nombre de se rvices. Tout comme pour le secteur public et le secteur privé traditionnel, cette rentabilité sociale peut aussi être évaluée en fonction du nombre d’emplois créés.


L’économie sociale, en deux mots

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Pris dans son ensemble, le domaine de l’économie sociale regroupe l’ensemble des activités et organismes, issus de l’entrepreneuriat collectif, qui s’ordonnent autour des principes et règles de fonctionnement suivants: > L’entreprise de l’économie sociale a pour finalité de servir ses membres ou la collectivité plutôt que de simplement engendrer des profits et viser le rendement financier. La nature même de leur mission les amène à poursuivre des objectifs qui procèdent d’une tout autre rationalité que celle de l’entreprise traditionnelle: utilité sociale, prise en charge individuelle et collective, revitalisation d’une collectivité, création d’emplois, etc. Ainsi, les initiatives de l’économie sociale sont à même de mobiliser des ressources humaines et financières souvent négligées par d’autres; > Elle a une autonomie de gestion par rapport à l’État; > Elle intègre dans ses statuts et ses façons de faire un processus de décision dém oc ratique impliquant usagères et usagers, travaille u ses et travailleurs; > Elle défend la primauté des personnes et du travail sur le capital dans la répartition de ses surplus et revenus. Parce qu’elles n’ont pas à satisfaire des actionnaires avides de rendements maximaux à court terme, les entreprises de l’économie sociale peuvent plus naturellement inscrire leurs stratégies de développement comme leurs actions quotidiennes dans une perspective de développement durable; > Elle fonde ses activités sur les principes de la participation, de la prise en charge et de la responsabilité individuelle et collective. Parce qu’elles entretiennent des liens étroits avec les collectivités locales et les milieux où elles sont implantées, les entreprises d’économie sociale sont souvent mieux placées pour reconnaître et interpréter les nouveaux besoins en émergence



première partie

L’économie sociale d’hier et d’aujourd’hui


Des charpentiers, des pêcheurs, Alphonse Desjardins et tant d’autres qui ont pris la relève Une brève histoire Au-delà de son poids économique, l’économie sociale a permis d’apporter des réponses originales et bien adaptées à de nombreux besoins. Depuis longtemps, elle est un terrain fertile sur lequel ont pu éclore plusieurs innovations sociales. On trouve des premières traces de ces initiatives en 1755, à Québec, avec la mutuelle des charpentiers pour la construction de bateaux, ou encore en 1777 à Petite-Rivière-Saint-François avec la création de la société solidaire des pêcheurs de Petite-Rivière. L’esprit de la coopération et de l’entraide marque l’histoire de la collectivité québécoise depuis fort longtemps. «Pour les premiers habitants du territoire québécois, l’économie, la production de biens et services ne pouvait avoir comme but final, non seulement l’enrichissement individuel, mais surtout le développement de leur milieu et le mieux-être de l’ensemble de leur collectivité. C’est ensemble, pas nécessairement dans des structures encore bien établies, mais par un réflexe naturel et spontané à la culture associative que les Canadiens français de l’époque luttent pour la su rvie et le progrès de leur collectivité1.» Alphonse Desjardins

Ce n’est que plus tard, sous l’effet de l’industrialisation, qu’apparaît la structuration de cette forme d’entrepreneuriat collectif. On voit alors apparaître au XIXe siècle, des associations en vue de mutualiser les risques, ce qui donne naissance à des mutuelles d’assurances et regroupements de travailleurs et qu’on assiste à la création de la première coopérative d’épargne et de crédit au Québec. Quand Alphonse Desjardins a regroupé ses concitoyens pour fonder la première coopérative d’épargne et de crédit, à Lévis en 1900, il répondait à un besoin de contrôle local de l’épargne afin de subvenir aux besoins du milieu. En 1908, dans la revue L’Action sociale, il écrit : « Pour qu’une œuvre de


L’économie sociale d’hier et d’aujourd’hui

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régénération économique comme toutes les autres ait la chance de réussir, il faut qu’elle sorte des entrailles même du peuple». Il ne se doutait pas qu’il donnait ainsi naissance à ce qui allait devenir, 95 ans plus tard, la plus importante institution financière du Québec. En 1905, le YMCA, un organisme sans but lucratif, fut parmi les premiers au Québec à offrir à ses ouvriers voulant s’instruire un accès à des activités de formation après les heures de travail. C’est là l’origine de l’éducation des adultes au Québec, une mission reprise par la suite par nos institutions publiques et parapubliques. Contrer l’exode

À la même période, afin de contrer l’exode inquiétant de milliers d’agriculteurs vers les États-Unis, la coopération apparaît comme la solution la plus efficace, et des coopératives agricoles se forment alors. Tout au long du siècle dernier se développe au Québec un vaste réseau de coopératives de services financiers et de coopératives agricoles auxquels s’ajouteront des coopératives dans pratiquement tous les secteurs d’activités : consommation, transport, habitation, se rvices funéraires, foresterie, etc. De la même façon, les cliniques médicales créées dans les quartiers populaires de Montréal, à la fin des années soixante, ont se rvi de modèles à la mise sur pied d’un réseau de CLSC à travers tout le Québec. Il en fut également ainsi des cliniques juridiques. Fondées par des étudiants universitaires convaincus de la nécessité d’offrir aux gens moins fortunés un accès aux se rvices juridiques, ces cliniques ont se rvi de pierres d’assise pour notre système d’aide juridique. Depuis la fin des années 1960, le développement de se rvices de garde sans but lucratif a joué un rôle important dans l’accession des femmes au marché du travail. Autant d’entreprises qui se distinguent. En somme, ces initiatives communautaires, qui s’inscrivaient clairement dans le domaine de l’économie sociale, ont en quelque sorte se rvi de lieux de recherche, d’élaboration et d’émergence de nouvelles pratiques au Québec. Certaines furent par la suite prises en charge par l’État, d’autres se développèrent de manière autonome dans la société civile. Toutes cependant ont contribué – et continuent de le faire – à façonner notre réalité sociale et économique d’une manière particulière.


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OSER LA SOLIDARITÉ !

1996 : une année charnière C’est en 1996, que le premier ministre du Québec, Lucien Bouchard, convie les Québécois à faire front commun et à affronter les défis de l’emploi, de la compétitivité, de la qualité des se rvices publics et de l’équilibre budgétaire. Le Québec sort d’une récession. Le chômage est élevé. Les problèmes économiques sont réels et profonds. Les usines ferment et l’horizon est triste. En même temps, le Québec sort d’une période déchirante, celle du référendum de 1995 sur la souveraineté, qui se solde par un match nul. Lucien Bouchard cherche à réunir la société autour d’objectifs communs. Le premier ministre convoque les représentants de la société civile à une conférence sur le devenir social et économique du Québec. Évidemment, les patrons des grandes entreprises sont invités, de même que les leaders syndicaux. Dans ce contexte social difficile, le gouvernement convie également des représentants des milieux sociaux. Les évêques ont un siège, le mouvement des femmes aussi. Québec avait alors une vision limitée du rôle que pourrait jouer le secteur social pour le devenir du Québec: la réinsertion au travail des assistés sociaux, le soutien des exclus. LE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE COMMUNAUTAIRE + LES INFRASTRUCTURES SOC IALES

Pourtant, depuis le début des années 1980, plusieurs organisations sociales et communautaires sont déjà engagées dans le développement économique. Ces organisations soutiennent diverses actions de réinsertion et de recyclage de la main-d’œuvre, dans la foulée de la récession du début de la décennie. En réaction aux mesures de réinsertion de courte durée pour les assistés sociaux, ces organisations inventaient de nouvelles façons de développer l’économie pour que celle-ci soit au se rvice des populations en favorisant un plus grand contrôle local sur le développement. La Coalition des organismes communautaires pour le développement de la main-d’œuvre avait été créée. Sa porteparole, Nancy Neamtan, alors directrice générale du RESO (Regroupement économique et social du Sud-Ouest de Montréal) disposait d’un siège à la récente Société québécoise de développement de la main-d’œuvre, un organisme public chargé de concerter les acteurs économiques en faveur de l’emploi. «La société produisait de la marginalisation et on ne pouvait pas compter sur les acteurs plus traditionnels, même dans les instances partena-


L’économie sociale d’hier et d’aujourd’hui

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riales, pour défendre cette préoccupation-là», explique Mme Neamtan. Ces organisations voulaient sortir de l’esprit de réinsertion temporaire pour créer de vrais emplois. La Coalition a dû jouer du coude pour être présente à Conférence socioéconomique. Elle fut finalement invitée. Au terme de la conférence sont mis sur pied cinq groupes de travail : celui du président du Chantier, celui de l’économie et de l’emploi, celui de l’entrepreneuriat local et régional, celui sur la relance de Montréal et celui de… l’économie sociale. L’expression était dans l’air même si le concept, populaire à la fin du XIXe siècle, était tombé dans l’oubli au Québec. C’est qu’en 1995, la Marche du Pain et des Roses, organisée par la Fédération des femmes du Québec sous le leadership de Françoise David, avait présenté au gouvernement une liste de revendications dont l’une consistait à réclamer des investissements dans les infrastructures soc iales. Le gouvernement et le monde des affaires étaient friands, à cette époque, d’investissements dans les infrastructures routières et urbaines pour relancer l’emploi. La Marche des femmes avait transposé le concept dans le secteur social en proposant, avec raison, que des investissements publics dans des infrastructures sociales, comme des centres de femmes ou des garderies, auraient le même effet structurant pour la création d’emploi. Le Groupe de travail sur l’économie sociale est donc créé dans la foulée et placé sous la présidence de Nancy Neamtan. Il réunit alors des parties prenantes en provenance des mouvements sociaux, des réseaux de développement local et régional, des entreprises et de organisations collectives. Le Groupe disposait de six mois pour évaluer le potentiel du rése rvoir de solidarité présent dans toutes les régions du Québec. En fait, il a pris le parti de mobiliser les entrepreneurs présents dans les milieux sociaux, communautaires, celui des femmes, les coopératives, pour dresser une liste impressionnante de projets qui, s’ils étaient réalisés, contribueraient à la fois à résoudre des problématiques sociales mais aussi à développer l’économie et à créer de l’emploi. La combinaison de cette demande pour des infrastructures sociales avec les projets et les préoccupations des organisations de développement économique communautaire a donné naissance à ce qui allait devenir un mouvement et redécouvrir un vocable ancien mais tout à fait approprié pour décrire ses objectifs et ses valeurs: l’économie sociale. Les cinq groupes de travail déposent leurs rapports à l’automne de la même année, à l’occasion du


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OSER LA SOLIDARITÉ !

grand Sommet sur l’économie et l’emploi sous le thème « Pour un Québec économiquement solide et socialement solidaire ». Le Groupe de travail sur l’économie sociale propose une série d’actions pour soutenir la création et le développement des entreprises collectives dans toutes les régions du Québec. OSONS LA SOLIDARITÉ

Le fruit de ce travail est réuni dans un rapport dont le titre a inspiré celui de ce livre: Osons la solidarité! «Il est nécessaire, écrit le Groupe, de réaffirmer notre engagement à combattre l’exclusion et à mobiliser toutes les énergies pour bâtir une société qui compte sur une citoyenneté active et dynamique. Nous sommes en effet convaincus que pour garder le Québec en mouvement, il faut d’abord et avant tout valoriser la prise en charge et la responsabilisation individuelle et collective. Dans un contexte de mutations profondes, il faut aussi s’inspirer des valeurs de justice, de solidarité et d’égalité et prendre les moyens nécessaires pour les traduire dans des choix et des gestes concrets au se rvice d’un projet social sans perdant.» C’est dans ce rapport que l’on retrouve la définition de l’économie sociale toujours employée par le Chantier ainsi qu’une explication des valeurs et du modèle économique soutenu par ce mouvement. « Dans un contexte où la pauvreté est grandissante et où le nombre d’exclus ne cesse de croître, il y a un danger réel que l’exclusion économique finisse par se traduire par une exclusion sociale et politique. Un nombre trop grand de nos concitoyens sont près de perdre leurs milieux de vie. Les acteurs de l’économie sociale sont particulièrement soucieux de cette érosion de la citoyenneté et des dangers qu’elle fait peser sur les personnes et sur nos institutions. » Sur la table du Groupe de travail on trouvait des projets qui, dix ans plus tard, sont devenus des innovations sociales structurantes pour le Québec. Les projets provenaient de tous les secteurs : les Journées de la culture, le réseau de fermes Epillet soutenu par Solidarité rurale, les ressourceries chargées de récupérer, traiter, réparer et revendre des produits qui ne sont pas visés par les programmes traditionnels de récupération, Communautique dans le domaine des technologies de l’information, les organismes d’aide domestique, les coopératives forestières et les centres de la petite enfance. Ce dernier projet est particulièrement intéressant. La formule est d’abord amenée comme un projet pilote visant à expérimenter la formule d’un centre intégré de se rvices à la


L’économie sociale d’hier et d’aujourd’hui

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petite enfance qui, dans un organisme à but non lucratif, regrouperait certains se rvices dont une garderie, une agence de garde en milieu familial, une haltegarderie et une joujouthèque. Le projet est porté par la Conc e rtation interrégionale des garderies du Québec, sous le leadership de Claudette PitreRobin. Le gouvernement saisit la balle au bond et inscrit les CPE dans sa politique familiale non pas comme un projet pilote mais comme un programme, connu comme celui des garderies à 5$ par jour, dont le succès a dépassé toutes les attentes. Voilà certes un exemple d’une initiative née dans les milieux sociaux qui répondait à plusieurs besoins et qui est devenue une politique désormais incontournable. Fort de l’enthousiasme et du dynamisme suscité par sa démarche, les partenaires ont recommandé que le Groupe de travail continue, pour une période de deux ans, le travail de promotion et de clarification du rôle et du potentiel de l’économie sociale et qu’il contribue à la mise en place de politiques et de mesures nécessaires au développement de ce secteur d’activités. Une redécouverte

La création en 1996 du Groupe de travail sur l’économie sociale, dans le cadre de la préparation du Sommet sur l’économie et l’emploi, était l’occasion de rallier des représentants de différents mouvements sociaux. En 1998, le Comité d’orientation du Groupe de travail sur l’économie sociale, après une vaste consultation auprès des acteurs et des partenaires à l’échelle du Québec, a décidé d’assurer la pérennité de l’organisation. Le Chantier de l’économie sociale est ainsi devenu, lors de son assemblée générale de fondation en avril 1999, une corporation autonome. Son conseil d’administration était alors composé de 29 membres représentant les différents acteurs et partenaires de l’économie sociale. La redécouverte du concept de l’économie sociale évoquait et incarne toujours une volonté de regroupement des acteurs diversifiés autour d’une identité rassembleuse. Les dix dernières années ont permis de parfaire ce travail de reconnaissance, de consolider les assises identitaires du mouvement et de faire en sorte que l’économie sociale s’intègre avec assurance et fierté au cœur du développement socioéconomique du Québec. Aujourd’hui, le Québec se distingue par l’impact économique du mouvement de l’économie sociale. Pour Claude Béland, président du Mouvement


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OSER LA SOLIDARITÉ !

Desjardins de 1987 à 2000, l’économie sociale répond d’ailleurs aux défis du Québec d’aujourd’hui «en participant au développement local et régional et aux stratégies d’occupation du territoire, au développement d’une cohésion sociale, en initiant à la démocratie participative et contribuant ainsi à l’éducation civique, politique et économique de ses membres». La Saison de l’économie sociale

L’année 2006 s’est révélée être la Saison de l’économie sociale et solidaire au Québec. Les moments forts de cette Saison ont été caractérisés par la tenue d’une Foire nationale du commerce équitable et de l’économie sociale, au Marché Bonsecours à Montréal, concurremment à la tenue de sept foires régionales. À ces foires, se sont ajoutées de nombreuses activités de sensibilisation et d’éducation aux valeurs et à la dynamique de l’humanisation de l’économie. Finalement, en novembre 2006, c’est le Sommet de l’économie sociale et solidaire qui a tenu la tête d’affiche, célébrant une longue tradition de solidarité et d’entraide québécoise, et par là même le 10e anniversaire de la fondation du Chantier de l’économie sociale. Dix ans après la tenue de son premier sommet, le Chantier maintient le cap et milite pour le développement d’une économie sociale et solidaire en lançant un appel à un réseau élargi. Pour ce faire, le conseil d’administration du Chantier a décidé d’entreprendre une démarche de dialogue avec un ensemble de partenaires. Cette démarche de réflexion, de débats et de planification a permis d’articuler et de renforcer une vision commune du projet économique porté par le mouvement. La Déclaration de l’économie sociale et solidaire

Ce sommet a entre autres permis de prendre acte du bilan de l’évolution de l’économie sociale au Québec au cours des dix dernières années, de recueillir des engagements de différents acteurs et partenaires en réaction aux conclusions des travaux des six comités de travail du Chantier et de la lecture de la Déclaration de l’économie sociale et solidaire. L’économie sociale s’est développée au Québec dans de multiples formes et par des stratégies diverses. Elle a connu un essor impressionnant dans la dernière décennie. Le plan d’action du Groupe de travail sur l’économie sociale Osons la solidarité! de 1996 visait la création de 20 000 emplois dans divers secteurs.


L’économie sociale d’hier et d’aujourd’hui

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Ces emplois ont été créés et se sont pérennisés, et beaucoup d’autres initiatives créatrices d’emplois et d’activité économique ont vu le jour dans un ensemble de régions. Entre 1998 et 2004, par exemple, les CLD ont soutenu 3765 projets d’économie sociale, soit une moyenne de 537 par année (rapport synthèse des travaux préparatoires, Sommet de l’économie sociale et solidaire, 2006). Cette nouvelle réalité interpelle et mobilise les acteurs de l’économie sociale de diverses façons. Ainsi, pour contrer les inégalités, les acteurs de l’économie sociale poursuivent leur travail et cherchent à intégrer davantage des préoccupations environnementales dans leurs activités de production, de consommation et de distribution. Protéger la planète

L’économie sociale repose en effet sur un modèle organisationnel propice à la mise en place de solutions novatrices permettant de contrer les inégalités sociales ou territoriales dans une perspective de développement durable. «Au moment du sommet en 1996, ce qui a le plus motivé les acteurs de l’économie sociale était la nécessité de créer des emplois et de mieux concilier développement économique et social. En 2006, nous savons tous qu’un autre défi doit aussi faire partie intégrante de l’équation: celui de protéger la planète. Il est temps de tenir compte des coûts environnementaux et sociaux engendrés par notre système», explique Laure Waridel, en conclusion du Sommet de l’économie sociale et solidaire de novembre 2006. Dix ans après la tenue du Sommet sur l’économie et l’emploi, les forces vives de l’économie sociale et solidaire ont décidé de se concerter pour partager ensemble le bilan de la décennie et pour donner une nouvelle impulsion au mouvement. Ces acteurs se sont mobilisés afin de faire le bilan, de renforcer les maillages et de se rallier autour de projets communs, et pour aller plus loin dans la construction d’une économie inclusive et démocratique. Pour Claude Béland, «réconcilier les différentes activités humaines au profit de l’être humain, c’est sans doute ce que peut offrir l’économie sociale». C’est l’espoir que les débats de l’automne 2006 au Sommet de l’économie sociale et solidaire auront ravivé. NOTES 1. Claude Béland, dans L’Annuaire du Québec 2007, Fides, 2006.



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L’économie sociale se porte bien, merci !

L’économie sociale a connu un formidable essor depuis la fin des années 1990. Forte de cet élan, l’économie sociale a engendré la création de plus de 15 000 emplois et a permis l’accès à de nouveaux se rvices de qualité. Des infrastructures de soutien au développement de l’économie sociale ont été développées et une multitude d’initiatives locales ont foisonné dans une diversité de créneaux. Le résultat est qu’aujourd’hui, un entrepreneuriat collectif, porteur de principes sociaux et démocratiques, s’est enraciné partout au Québec. De quoi parle-t-on quand on traite de l’économie sociale au Québec? Le monde de l’économie sociale regroupe l’ensemble des coopératives, mutuelles et associations, rejoignant ainsi autant le Mouvement des caisses Desjardins que les organismes communautaires les plus divers. Cela reprend également tout ce qui ne relève pas de l’économie publique ni de l’économie privée traditionnelle. Au fond, ce sont des entreprises et des organismes de nature autonome et privée, mais dont la propriété des capitaux et des moyens de production est collective. L’économie sociale est un concept déjà ancien, enraciné depuis longtemps dans le monde de la coopération financière, des mutuelles et des grandes coopératives de producteurs, du monde agricole notamment. À ce riche fond historique s’est ajoutée depuis quelques années une «nouvelle» économie sociale, en émergence dans les réseaux de développement économique communautaire, dans le milieu des coopératives de travail et de consommation autant que dans les organismes communautaires. Cette économie sociale porte des fruits. Plus de 6000 entreprises ont créé quelque 65 000 emplois, dont bon nombre sont occupés par des personnes qui


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étaient exclues du marché du travail, en plus d’en consolider des dizaines de milliers d’autres, tant à l’intérieur de projets majeurs comme celui des Centres de la petite enfance que dans des projets plus modestes mais aussi stratégiques, comme Communautique; celui-ci est un organisme à but non lucratif visant l’appropriation collective des technologies de l’information et de la communication et qui œuvre pour les organismes communautaires et les populations à risque d’exclusion des technologies. Au total, on parle de plus de 4 milliards de dollars de chiffre d’affaires. Mais les plus grands mérites de l’économie sociale s’évaluent autrement. Des projets porteurs

La liste des projets qui ont vu le jour et leur impact sur nos collectivités sont impressionnants: Les centres de la petite enfance – La progression a été fulgurante. Le nombre de places en CPE ou garderie privée est passé de 50 000 à 200 000, le nombre d’organisations sans but lucratif de 600 à 1000 et le nombre de travailleuses, tant dans les CPE qu’en milieu familial, de 10 000 à 40 0000. Les CPE offrent 84% des places1. Le Fonds d’habitation communautaire – En 1996, le Québec comptait plus de 45 000 logements communautaires2, en 2005, le Québec disposait de 55 000 logements alors que 10 000 autres logements étaient en cours de réalisation. Le Fonds québécois de l’habitation communautaire, créé en 1997, a joué un rôle de conseiller auprès de la Société d’habitation du Québec (SHQ) et des différents ministres responsables au cours des années afin d’assurer le développement du logement communautaire au Québec. L’aide domestique – La mise en place de 101 entreprises d’économie sociale en aide domestique sur tout le territoire québécois est une des réalisations importantes de la dernière décennie en économie sociale. Ces entreprises dispe nse nt 5 600 000 heures de se rvices à 76 059 clients à travers le Québec, en complémentarité des services de maintien à domicile des CLSC. Elles emploient 5 088 pe rsonnes, très majoritairement des femmes, dont plus de la moitié étaient à l’origine bénéficiaires d’allocations gouvernementales3. Entreprises d’économie sociale œuvrant dans le secteur de la gestion des matières résiduelles – À la suite du lancement en décembre 1999 du programme de soutien aux entreprises d’économie sociale dans ce secteur,


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58 entreprises d’économie sociale ont été financées, créant et maintenant plus de 800 emplois dans des ressourceries, des entreprises adaptées et des entreprises d’insertion. Ces entreprises récupèrent annuellement plus de 150 000 tonnes de matières qui autrement se retrouveraient dans les sites d’enfouissement4 avec tout ce que cela comporte comme élément dévastateur pour l’environnement. Et ce n’est pas fini, tous ces projets continuent à se développer. La même dynamique est à l’œuvre dans une foule d’autres secteurs: coopératives forestières, de santé et ambulancières, coopératives jeunesse de se rvices, coopératives scolaires, multise rvices et funéraires, organismes dans le domaine de la culture, du loisir et du tourisme social, centres de périnatalité, médias communautaires et nouvelles technologies, entreprises adaptées et d’insertion. Sortir de l’opposition État / marché

Désabusés face aux institutions les plus traditionnelles, de plus en plus de gens de milieux très diversifiés s’impliquent aux niveaux local et régional dans le développement de leur milieu et pas seulement dans des œuvres de charité, mais dans des enjeux de fond comme l’aménagement du territoire, la création d’emplois, l’éducation, le développement durable, la lutte contre la pauvreté, la formation, etc. Ils réclament de plus en plus d’espace pour définir les priorités afin de développer des solutions collées à leurs réalités. Ainsi, ils façonnent une autre forme de démocratie, une démocratie participative qui constitue une grande richesse pour notre société. Dans le même temps, des transformations sociales assez profondes sont malheureusement à l’origine du phénomène grandissant de l’exclusion sociale. Ce phénomène d’exclusion s’enracine de plus en plus, au point qu’il est devenu tout à fait normal de parler d’une société à deux vitesses. Tous les experts s’entendent pour dire que les réponses à l’exclusion ne se trouvent pas dans de vastes programmes appliqués «mur à mur» à travers le Québec et le Canada. Les réponses se trouvent plus souvent sur le terrain, dans les actions posées localement, en réponse directe aux réalités et aux besoins des exclus. De plus en plus, le processus d’inclusion se concentre sur les collectivités locales, là où le sentiment d’identification, d’appartenance à une communauté est le plus facilement réalisable. Le débat sur le rôle de l’État est souvent formulé comme étant une question très simple et binaire. Soit on défend la forme de l’État actuel, soit on se plie à la logique du marché privé et


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à l’abandon de l’État comme défenseur de l’intérêt collectif. Cette façon de mener le débat est contre-productive. Elle ne tient pas compte de la réalité, des changements profonds de la société civile et elle ne permet pas aux gens préoccupés par des enjeux de démocratie et d’équité de faire un examen plus approfondi et plus critique de l’État sans être affublés d’une étiquette néolibérale. L’économie sociale s’articule à l’intérieur d’une économie plurielle qui interpelle les façons traditionnelles d’envisager le développement économique: plutôt que de privilégier uniquement une approche «tout au privé» ou «tout au public», on doit également considérer le rôle d’une économie sociale, prise en charge par la société civile dans la défense de l’intérêt collectif. Les deux pôles Marché et État ne sont pas les deux seuls éléments régissant le développement économique et social. La reconnaissance de la contribution de la société civile au développement économique et social nous situe dans un concept d’économie plurielle plus à même de mettre l’économique au se rvice du social. Dans un contexte de modernisation et de remodelage du rôle et des interventions de l’État, la société civile contribue par son action dans l’économie sociale à encourager l’extension d’une propriété collective sur les instruments de développement et de protection du bien commun et de l’intérêt collectif. Une solution de rechange au privé, un prolongement de l’intérêt collectif

L’économie sociale permet de définir et de promouvoir l’intérêt collectif sans l’enclaver à l’intérieur du secteur public. Elle se révèle ainsi une solution de rechange à l’entreprise privée dans le développement de certains secteurs d’activités qui ne doivent pas être soumis à la marchandisation, là où l’État, tout en assumant ses responsabilités quant à la régulation et à la redistribution, n’intervient pas directement dans la répartition de se rvices. L’économie sociale et le secteur public ne se trouvent donc pas en situation de compétition. Bien structurés, ils se renforcent mutuellement et œuvrent en complémentarité afin de garantir l’intérêt collectif. Comme exemples de cette dynamique, ont peut mentionner les centres ou organismes communautaires comme les maisons d’hébergement pour femmes victimes de violence, les groupes d’alphabétisation ou de défense des droits. Ailleurs, par son activité marchande dans des secteurs lucratifs d’utilité sociale, l’économie sociale interfère progressivement sur le marché. Les coops


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forestières démontrent un engagement beaucoup plus ferme dans le développement de leur localité qu’une entreprise multinationale. Les ressourceries font la preuve que la gestion des matières résiduelles peut concilier rentabilité financière et écologique. Les coops funéraires offrent une option de rechange à l’extension d’un modèle unique et américanisé du rite funéraire. Au fond, sans prétendre que les entreprises d’économie sociale transforment fondamentalement les pratiques des entreprises privées traditionnelles, nous pouvons reconnaître que l’économie sociale peut, quand elle occupe des parts de marché significatives, influer sur les modèles de développement. Qu’il s’agisse des coops funéraires, forestières ou de solidarité, de l’habitation communautaire, des ressourceries, des centres de la petite enfance, des médias communautaires, de centres de travail adapté, d’activités culturelles ou d’entreprises d’aide domestique, l’enjeu reste le même: s’assurer dans un contexte de mondialisation de conserver une propriété collective sur nos ressources et sur la façon de répondre aux besoins de nos collectivités. Le fruit de mobilisations d’acteurs locaux et régionaux

L’économie sociale a suscité un réel engouement. À la fin des années 1990, le Chantier de l’économie sociale avait pris le mandat d’accompagner le développement de projets d’économie sociale dans une vingtaine de secteurs, pouvant représenter à terme la création d’un peu plus de 300 entreprises. Pour l’essentiel, ces projets ont été réalisés. Il avait aussi été décidé de mettre en place des instruments au niveau local afin de soutenir le développement de l’économie sociale. Plus de 600 projets d’économie sociale ont ainsi vu le jour, localement, régionalement, sans qu’ils n’aient bénéficié d’une quelconque planification sectorielle et de programmes nationaux. Simplement parce que des gens se sont reconnus dans ce modèle collectif de développement économique et social. Une pépinière d’innovations sociales

L’autre grand mérite de l’économie sociale se situe dans sa contribution à l’innovation sociale. Alors que les innovations technologiques ont généralement comme point de départ la recherche en laboratoire, les innovations sociales sont habituellement produites sur le terrain par des praticiens plutôt que par des scientifiques. Par essais et erreurs, par la confrontation des idées au


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sein d’instances démocratiques, des nouvelles façons de faire ou de nouvelles réponses à des besoins non satisfaits ou mal satisfaits sont imaginées et expérimentées. Cette capacité d’innovation est reconnue de plus en plus sur le plan international. Le Québec est régulièrement convié à échanger et à contribuer au développement des connaissances dans le domaine de l’économie sociale et de l’innovation sociale dans des forums internationaux. Les organismes communautaires et les entreprises de l’économie sociale ont la capacité de détecter de nouveaux besoins (et de nouveaux marchés) en raison principalement de leur enracinement dans les collectivités locales ou encore de leur proximité avec les mouvements sociaux (par exemple le mouvement écologique). Plus largement encore, les entreprises d’économie sociale sont en mesure d’innover en raison de leur préoccupation pour un développement durable. Dans la modernisation des se rvices collectifs, l’économie sociale constitue à bien des égards un laboratoire de R&D pour le Québec. Dans le domaine du social, l’économie sociale est doublement présente. D’abord comme recherche de solutions à des problèmes urgents liés à la pauvreté, soit la faim (banques alimentaires, restos pop, cuisines collectives), le logement communautaire, la violence (centres d’accueil, groupes d’entraide, etc.) ou encore l’exclusion sociale (entreprises d’insertion, formation à l’employabilité, l’alphabétisation, etc.). Ensuite comme recherche de réponses à de nouvelles demandes sociales, comme ce fut le cas pour les cliniques communautaires devenues CLSC, les garderies devenues centres de petite enfance, les CDÉC et les SADC ayant se rvi d’inspiration pour la création des centres locaux de développement, les ressourceries, concept inventé par les mouvements écologistes, etc. La contribution des femmes

Les femmes sont très présentes dans le secteur de l’économie sociale. Depuis longtemps, elles ont su répondre à des besoins auxquels l’État ne répondait pas: garderie, maison d’hébergement pour femmes violentées, soutien en périnatalité, soutien aux familles monoparentales, centres de femmes, etc. À l’écoute des besoins de leur communauté, elles ont su entreprendre, rassembler et mobiliser les ressources de leur milieu pour apporter des solutions originales aux problèmes sociaux. C’est pourquoi il n’est pas surprenant qu’elles aient


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contribué à relancer le débat sur l’économie sociale en 1995, lors de la Marche des femmes «Du pain et des roses», puis en 1996 dans le rapport intitulé Entre l’espoir et le doute, produit par le Comité d’orientation et de concertation sur l’économie sociale, créé à la suite de la Marche. Ainsi, dans l’ensemble du secteur de l’action communautaire et des entreprises d’économie sociale, les femmes occupent 76% des emplois et 63% des postes de direction5. Pour les sous-secteurs de l’entrepreneuriat collectif, les statistiques sont comparables; dans certains cas, elles sont encore plus élevées. Dans l’aide domestique, les emplois sont occupés par des femmes dans une proportion de 90%; les postes de direction sont d’ailleurs comblés à 70% par des femmes. Dans les centres de ressources périnatales, les femmes occupent près de 98% des emplois et 100% des postes de direction. Dans les centres de la petite enfance, 96% des emplois sont occupés par des femmes et 87% des postes de direction sont assumés par des femmes. Faut-il y voir un ghetto d’emplois féminins? En fait, il faut poser la question autrement. L’enjeu, c’est que les femmes, choisissant de travailler dans des secteurs qui les intéressent, soient partout, décemment rémunérées et qu’on reconnaisse la juste valeur de leur travail. Les organismes communautaires et les groupes de femmes sont souvent des lieux privilégiés d’où émergent les projets d’entreprises d’économie sociale. Ces organismes peuvent ainsi constituer de formidables incubateurs, tant pour garantir l’enracinement des projets dans leur communauté que pour assurer la transmission d’expertise. C’est ainsi que beaucoup de CPE, de projets de ressourceries ou d’entreprises d’aide domestique se sont développés. Outils financiers, techniques et de développement stratégique

Plusieurs outils de développement ont été mis à la disposition des entreprises collectives. Plusieurs politiques publiques sectorielles6 et régionales7 ont été créées au cours des 10 dernières années. Le Chantier de l’économie sociale a mis en place deux outils financiers : le Réseau d’investissement social du Québec (RISQ) en 1997 et, dix ans plus tard en 2007, la Fiducie du Chantier de l’économie sociale. Les Centres locaux de développement (CLD), les corporations de développement économiques communautaires (CDEC), les coopératives de


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développement communautaires (CDR), les sociétés d’aide au développement des collectivités (SADC) et les organisations de crédit communautaires ont soutenu le développement d’entreprises d’économie sociale dans toutes les régions du Québec. L’accès à la capitalisation

Le «virage entrepreneurial» et l’augmentation importante du nombre d’entreprises collectives (coopératives et OBNL) mettent à jour l’iniquité flagrante en ce qui concerne l’accès au capital. Malgré l’importance des fonds disponibles pour l’investissement, les entreprises d’économie sociale n’y ont pas accès, car les rendements financiers sont et seront toujours secondaires en regard des rendements sociaux, les formules juridiques des entreprises éliminent évidemment toute possibilité de puiser sa

Quelques éléments prioritaires d’un nouveau plan d’action en économie sociale L’essor de l’économie sociale et son enracinement de plus en plus grand dans tout le Québec requièrent un nouveau plan d’action permettant un autre pas qualitatif en avant. Sur la base de l’expérience terrain et de l’analyse des lacunes dans les outils disponibles pour les entrepreneurs sociaux du Québec, quatre éléments prioritaires ont été identifiés : > L’accès à des outils de capitalisation adaptés aux réalités de l’économie sociale. > Un meilleur outillage (financier et technique) et la mise en place d’outils de développement stratégiques dans de nouveaux crénaux tant au niveau local que sur le plan régional. > La consolidation des stratégies de développement sectoriel existantes (aide domestique, petite enfance, environnement, foresterie, habitation communautaire, périnatalité, etc.)


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capitalisation en bourse. Les entreprises d’économie sociale ont accès à moins de 0,05% des 4,5 milliards de dollars disponibles en fonds de capital de risque (Fonds de solidarité, Innovatech, etc.), financés – sous diverses formes – à 80% par l’État. L’enjeu de la capitalisation est déterminant, car il est illusoire de penser que les entreprises de l’économie sociale puissent se développer, produire les biens et des se rvices de qualité, offrir des conditions de travail décentes en comptant sur l’injection de sommes d’argent uniquement par des produits financiers s’apparentant à de la dette ou par des subventions. À l’instar de toute entreprise, une capitalisation adéquate et adaptée à la réalité de l’entreprise est fondamentale. La création du RISQ

Le premier des outils mis en place par le Chantier de l’économie sociale fut le Réseau d’investissement social du Québec (RISQ). La mise en place du RISQ en 1997 venait de la nécessité de mettre à la disposition des EES des produits financiers adaptés aux besoins alors exprimés. Par la suite, avec la croissance de plus en plus importante du secteur de l’économie sociale dans le portrait économique du Québec, différents outils et produits financiers ont vu le jour pour accompagner les EES dans leur démarrage et leur croissance. Dès le début des années 2000, tant les EES que les acteurs de soutien à celles-ci firent le constat que le développement des entreprises et du mouvement de l’économie sociale était retardé par l’absence d’un produit financier pouvant compenser le manque de capitalisation du mouvement. Pour les entreprises d’économie sociale, cette réalité conditionne tout leur développement puisqu’elles ont moins accès que les entreprises privées traditionnelles au marché des capitaux. En effet, les produits financiers disponibles, adaptés à leur spécificité (potentiel de développement des activités à rentabilité sociale, qualité de la vie démocratique, etc.) sont peu nombreux, les produits d’investissement disponibles étant essentiellement des prêts et des garanties de prêts d’une durée de 3 à 10 ans. Les entreprises se retrouvaient donc dans un cycle relativement court de capitalisation / décapitalisation, sans pouvoir compter sur un produit financier leur permettant de pérenniser leur capital à l’intérieur même de l’entreprise. C’est dans ce contexte que le Chantier a mis en place la Fiducie du Chantier


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de l’économie sociale. La Fiducie du Chantier de l’économie sociale

Dès 2003, le Chantier a partagé ces constatations avec ses partenaires universitaires et de la finance solidaire. Le Chantier a également entrepris des démarches avec les gouvernements du Canada et du Québec afin de négocier leur participation financière à la mise en place d’outils d’investissement permettant d’injecter du capital permanent dans les entreprises d’économie sociale. Les négociations ont porté sur la reconnaissance des besoins des entreprises, la création du titre de capitalisation, les mesures fiscales permettant d’attirer les investisseurs privés et les mécanismes permettant de garantir le capital et

Des résultats financiers impressionnants pour le RISQ Le Réseau d’investissement social du Québec est un fonds de capital de risque à but non lucratif qui a pour mission de rendre accessible un financement adapté à la réalité des entreprises d’économie sociale. Il vise à soutenir l’essor des entreprises collectives par l’injection de capital de connivence servant de levier financier pour la réalisation de leurs projets. Depuis sa mise en place par le Chantier de l’économie sociale en 1997, le RISQ a su se tailler une place majeure dans le soutien et le développement des entreprises collectives au Québec. Depuis 1997, il a investi plus de 10 millions de dollars générant un total de 100 millions de dollars d’investissement dans plus de 397 projets d’économie sociale au Québec et participé à créer ou maintenir plus de 5 425 emplois. En plus de poursuivre son travail d’investissement autant par le volet capitalisation que par celui de l’aide technique, le RISQ assume depuis cette année le mandat d’analyse et de suivi des investissements de la Fiducie du Chantier de l’économie sociale, ce qui lui permet de participer à la bonification de l’offre de nouveaux produits de capital patient pour les entreprises d’économie sociale du Québec.


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stabiliser le rendement. Nous avons également travaillé avec nos partenaires d’économie sociale et de développement local du Québec afin d’arriver à des propositions qui rassembleraient toutes les régions du Québec. Ces échanges ont permis d’obtenir du gouvernement fédéral l’annonce dans son budget 2004 d’un investissement de 100 millions de dollars sur cinq ans afin de créer de nouveaux instruments de financement pour les entreprises d’économie sociale au Canada, dont 30 millions pour le Québec. Le gouvernement a confié à l’agence de Développement économique du Canada (DEC) la responsabilité de la mise en œuvre de cet engagement. La proposition déposée par Chantier de l’économie sociale prévoyait la création de la Fiducie du Chantier de l’économie sociale comme véhicule de livraison du fonds de capital patient. À la fin août 2005, le Chantier de l’économie sociale a été avisé que son projet avait été retenu. Il ne fait pas de doute que le Chantier de l’économie sociale a remporté ce concours grâce à l’aspect innovateur de sa proposition, au partenariat qu’il a su mettre en place avec les acteurs de développement local, entre autres au niveau de la livraison ainsi que sur celui de la formation des comités d’investissement et de suivi, sans oublier l’apport majeur des fonds de travailleurs, le Fonds de solidarité de la FTQ et Fondaction CSN. La capitalisation initiale de la Fiducie est de 48,5 millions de dollars, soit 28,5 de DEC, 12 du Fonds de solidarité de la FTQ et huit millions de Fondaction CSN. En mars 2006, lors du dépôt de son budget, le gouvernement du Québec a reconnu la pertinence de la démarche et son importance pour le secteur en concrétisant son intention d’injecter un montant de 10 millions de dollars. La capitalisation passait donc à 58,5 millions et un nouveau joueur s’installait à la table de travail. Elle fut par la suite ramenée à 52,8 M$ après le retrait partiel du gouvernement du Canada. La consolidation des stratégies de développement sectoriel

Bien que le développement des entreprises de l’économie sociale naisse d’abord sur le terrain dans un contexte de développement et par un besoin de concertation et de partage autour d’une mission, de clientèles et d’activités, des outils qui permettent à des secteurs précis de prendre racine rapidement se sont


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avérés très efficaces. À cet effet, le Chantier d’économie sociale a travaillé avec divers réseaux membres à identifier certaines pistes prioritaires pour consolider des secteurs existants: > Assurer que le gouvernement du Québec maintienne la récurrence des fonds destinés à la création de logements coopératifs et à but non lucratif et le maintien de l’accessibilité pour les ménages à faible revenu pour la

L’offre de la Fiducie du Chantier de l’économie sociale D'une part la Fiducie agit comme intermédiaire entre le marché financier et les entreprises d’économie sociale. Son objectif consiste à mutualiser le risque, permettant, du coup, de diminuer les coûts liés au financement pour les entreprises. En offrant un portefeuille diversifié aux investisseurs, ceux-ci n’ont pas à analyser et à évaluer le rendement potentiel et le risque encouru pour chacune des entreprises. Pour ce faire, la Fiducie s’appuie sur un impressionnant réseautage qui lui permet une évaluation réaliste et rigoureuse de ses projets. D’autre part, les produits financiers offerts par la Fiducie aux entreprises d’économie sociale se différencient des produits actuellement sur le marché, ce qui fait en sorte qu’ils soient considérés par les analystes de nos partenaires financiers comme de l’équité ou de la quasi-équité pour l’entreprise. Ceci s’explique par trois caractéristiques de nos investissements : ils sont à très long terme, ils ne commandent aucun remboursement de capital pour toute la durée de l’investissement, et finalement ils ne comportent aucune garantie, ou une garantie de rang inférieur. L’investissement de la Fiducie du Chantier de l’économie sociale est d’une durée de 15 ans sans aucun remboursement de capital avant la fin du terme, sauf si l’entreprise décide d’un remboursement anticipé. C’est pour cela que nous parlons de capital patient. De plus, les taux commandés sur nos investissements sont inférieurs à ceux demandés par les fonds de capitaux de risque standards. Notre produit se décline en deux types, soit un capital patient opérations pour financer les coûts qui sont liés au fonds de roulement, à la mise en marché de nouveaux produits ainsi qu’à l’acquisition d’équipement de bureau, d’équipement


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reconduction du programme de supplément de loyer. > Le développement et la consolidation des centres de travail adapté (intégration des personnes handicapées intellectuelles ou physique au marché du travail). > La reconnaissance et le soutien aux entreprises d’insertion dans le cadre de leur vocation entrepreneuriale et leur mission d’intégration des exclus. > Le suivi de l’expérimentation des projets en périnatalité et le soutien à son

informatique de matériel roulant, de machinerie ou d’outillage. Le produit de capital patient immobilier, pour sa part, finance les coûts directement liés à l’acquisition, la construction ou la rénovation d’actifs immobiliers tels qu’un immeuble, un bâtiment, un entrepôt, etc. Ce capital patient immobilier est garanti par une hypothèque immobilière subordonnée aux hypothèques immobilières pouvant être consenties à tout autre prêteur. De plus, en tenant compte du fait qu’un investissement de la Fiducie ne représente que 35 % des besoins de l’entreprise, nous pouvons donc constater que la Fiducie agit véritablement en complémentarité avec les produits présentement disponibles pour les Entreprises d’économie sociale. Elle se veut une solution au manque de capitalisation de celles-ci. Les projets admissibles à un investissement de la Fiducie sont très variés et pourront comprendre le développement ou l’amélioration des activités de l’entreprise, l’adaptation des produits et services de l’entreprise le démarrage ou l’expansion d’une entreprise. Après à peine une année d’existence, la Fiducie du chantier de l’économie sociale a investi plus de 4 millions de dollars répartis entre 12 entreprises d’économie sociale œuvrant dans différents secteurs d’activités et dans différentes régions du Québec. Ces investissements de la Fiducie généreront des investissements totaux de 25 millions et permettront la consolidation de près de 400 emplois. Grâce à cette nouvelle offre de service, nous croyons fortement que la Fiducie du Chantier de l’économie sociale encourage les entrepreneurs collectifs à développer de nouveaux projets, afin que la solidarité prenne une place de plus en plus importante dans l’activité économique du Québec.


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extension sur l’ensemble du territoire s’il y a lieu. La stabilisation du financement des journées de la culture dans le cadre de son projet de démocratisation culturelle. La pérennisation du programme d’exonération pour les services d’aide à domicile dans le cadre de la politique d’aide à domicile. La bonification du programme d’aide aux entreprises d’économie sociale œuvrant dans le secteur de la gestion des matières résiduelles afin de pouvoir atteindre, à tout le moins, les engagements du sommet de 1996; le soutien à la recherche et au développement. La continuité dans le soutien au développement des centres de la petite enfance.

L’économie sociale demeure une œuvre imparfaite et vidée d’une partie de son sens si elle n’est pas accompagnée d’un projet social et de mesures conséquentes qui contribuent à la lutte contre la pauvreté, qui combattent l’exclusion, qui inscrivent l’ensemble de nos choix de société dans une perspective de développement durable et de développement local, qui promeuvent une démocratisation de la vie en société. NOTES 1. Association québécoise des centres de la petite enfance du (AQCPE), 2006. 2. Association des groupes de ressources techniques du Québec (AGRTQ), 2006. 3. Gouvernement du Québec, MSSS et RAMQ, 2005. 4. Chantier de l’économie sociale 2007 5. Ces données sont tirées du portrait sectoriel de l’acti on communautaire et de l’économie sociale réalisé par le CSMO-ÉSAC, automne 2000. 6. Politique de financement des Ce ntres de la petite enfance, programmes de financement des entreprises d’économie sociale en gestion de matières résiduelles, programme d’exonération financière pour des se rvices en aide domestique (PEFSAD) et programme de Logement coopératif et sans but lucratif, un fonds d’infrastructure pour les organisations de loisir, la création de Communautique, etc. 7. Fonds de développement de l’économie sociale et fonds de développement des territoires visés par la réduction des droits de coupe forestière.


deuxième partie

Le Sommet de l’économie sociale et solidaire Novembre 2006



Le Sommet de l’économie sociale et solidaire 2006

10 ans après, un engagement plus fort que jamais Dix ans après le Sommet sur l’économie et l’emploi, c’est un rendez-vous mémorable qui a réuni les acteurs de l’entrepreneuriat collectif et leurs partenaires, les 16 et 17 novembre 2006. L’événement a rassemblé plus de 700 personnes : acteurs de tous les secteurs et de toutes les régions du Québec, élus, représentants gouvernementaux, chercheurs, partenaires syndicaux, communautaires, coopératifs et mutualistes, réseaux de jeunes et organisations de coopération internationale, de même que des partenaires d’une vingtaine de pays en provenance des cinq continents. Au cours de l’année précédente, plusieurs groupes de travail ont été créés pour préparer les débats et dégager des voies d’avenir, se centrant notamment sur l’entrepreneuriat solidaire, la main-d’œuvre, l’investissement solidaire, le développement des territoires, la consommation responsable, la mondialisation, la culture et le point de vue des jeunes. Ces différents groupes ont produit, après plusieurs mois de consultation, de concertation et dans le cadre d’une dizaine d’ateliers, des documents dressant le bilan de l’économie sociale pour la dernière décennie, tout en identifiant une série de défis et de pistes d’action. Les résultats de ces travaux ont été présentés et discutés dans six comités de travail: 1 Entreprendre solidairement 4 Développer nos territoires solidairement 2 Travailler solidairement 5 Consommer de façon responsable 3 Investir solidairement 6 Mondialiser solidairement


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OSER LA SOLIDARITÉ !

Dans la foulée des activités de ces six comités, le Comité jeunesse du Chantier a poussé plus loin la réflexion sur la place des jeunes au sein du mouvement par le biais du comité Jeunes et économie sociale. Améliorer la cohérence entre les missions et les préoccupations sociales, économiques et environnementales

Une vingtaine de pistes d’action ont été présentées au Sommet. Elles visent entre autres à améliorer la cohérence entre les missions et les préoccupations sociales, économiques et environnementales des entreprises collectives, et cela avec un souci de solidarité non seulement au Québec, mais à l’échelle internationale. De nombreuses propositions ont pour objectif de mieux soutenir le développement du secteur de l’économie sociale par l’amélioration des conditions de travail, par la reconnaissance, la valorisation et une meilleure qualification de la main-d’œuvre, par le développement de pratiques de commercialisation et par l’établissement de réseautage. Prendre des risques

Le mouvement de l’économie sociale et solidaire peut compter sur plusieurs leaders, capables par exemple d’organiser des événements fédérateurs comme ce Sommet. Il est vrai que pour organiser un sommet comme celui-ci et surtout pour qu’un mouvement de cette force puisse exister, progresser, se développer, il faut des bénévoles, il faut des salariés, il faut des gens qui œuvrent sur le terrain. Et audelà du leadership, dans une organisation comme celle-ci, il faut des personnes ou des organisations qui prennent la parole, qui prennent des risques, qui prennent les choses sur leurs épaules, et qui sont décidés à s’engager. Confirmant l’engagement unanime des participants en faveur de la construction d’un projet social et économique sans perdants, en s’inspirant des valeurs de justice, d’équité, de solidarité et de démocratie, l’opiniâtreté et la détermination des acteurs de l’économie sociale se sont traduites par des engagements, pris en réponse aux pistes d’actions des comités thématiques du Sommet. Nous les passons en revue.


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Entreprendre solidairement

■ Le Comité Entreprendre solidairement présente un bilan 1996-2006 de l’économie sociale qui est le fruit de consultations menées par le Chantier de l’économie sociale et le Conseil québécois de la coopération et de la mutualité auprès d’acteurs de 32 secteurs de l’économie sociale et organisations. Le bilan est contrasté. Il révèle une expansion importante de certains secteurs (ressourceries, coopérative de santé, CPE, habitation communautaire...), la continuité dans d’autres, mais également que plusieurs secteurs restent fragiles, compte tenu des conditions de marché et de l’inexistence ou de la faiblesse d’outils de développement et de soutien sectoriels. Le Comité montre que chaque entreprise, chaque secteur de l’économie sociale possède ses propres réalités et doit relever des défis considérables afin de se consolider et continuer à se développer. Il se dégage tout de même des enjeux communs, regroupés sous quatre grandes pistes d’actions:

R E TOUR SUR LE CO M I T É

1. Reconnaître, maintenir et développer la cohérence entre les missions et les préoccupations sociale, économique et environnementale au sein des entreprises collectives et dans l’ensemble du mouvement de l’économie sociale et solidaire; 2. Développer les pratiques de commercialisation des produits et des services issus de l’économie sociale; 3. Favoriser la croissance et la santé de l’économie sociale; 4. Consolider et développer le réseautage et l’inter-réseautage.


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OSER LA SOLIDARITÉ !

Piste d’action no 1

Reconnaître, maintenir et développer la cohérence entre les missions et les préoccupations sociale, économique et environnementale au sein des entreprises collectives et dans l’ensemble du mouvement de l’économie sociale et solidaire. MOYENS

> Identifier et développer des outils permettant de mesurer davantage la rentabilité sociale et environnementale: standardiser, développer et diffuser un langage et des indicateurs communs. > Travailler à la mise en place de politiques publiques transversales (et de mesures modulées aux besoins des entreprises) qui reconnaissent les coûts économiques liés aux missions des entreprises et la «plus-value» sociale et environnementale créée. > Donner une plus grande visibilité aux impacts sociaux et environnementaux dans la mise en marché des produits et des se rvices issus de l’économie sociale, et faire valoir quels sont les coûts associés lorsque ces impacts sociaux et environnementaux sont négligés. > Mieux outiller et former les dirigeants et les travailleurs pour qu’ils puissent intégrer les finalités sociales et environnementales. > Intégrer les dimensions de la gestion participative et de la démocratie au travail dans le développement des entreprises d’économie sociale et solidaire. Piste d’action no 2

Développer les pratiques de commercialisation des produits et des services issus de l’économie sociale. MOYENS

> Développer la notoriété de l’entreprise d’économie sociale, notamment par des fonds communs de positionnement. > Soutenir l’appropriation des technologies de l’information et des communications par les entreprises d’économie sociale, notamment par l’utilisation systématique par les entreprises et leurs réseaux du répertoire des entreprises d’économie sociale, intégré dans le Portail de l’économie sociale et le site d’Achat solidaire. > Intensifier les échanges commerciaux entre les entreprises et les réseaux


Le Sommet de l’économie sociale et solidaire

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d’économie sociale, notamment par l’adoption de politiques d’achats préférentiels selon lesquelles les entreprises d’économie sociale opteront, à qualité égale et à prix comparable, pour des produits fournis par une entreprise collective. Faire adopter, par les gouvernements et les municipalités, les institutions publiques et les sociétés d’État, et des entreprises privées, des politiques permettant et favorisant, à qualité égale et à prix comparable, l’achat de biens et de services auprès d’entreprises d’économie sociale. Stimuler la création de nouvelles entreprises chargées de la commercialisation des produits et des services issus de l’économie sociale. Intensifier les moyens plus traditionnels et le développement de moyens innovants de commercialisation, telles les campagnes de promotion sous une bannière commune et la constitution de nouveaux partenariats. Intensifier le partenariat avec les entreprises privées pour la diffusion des produits et des services issus de l’économie sociale.

Piste d’action no 3

Favoriser la croissance et la santé de l’économie sociale. MOYENS

> Valoriser les associations et les coopératives comme cadres pertinents de l’entrepreneuriat collectif, par la mise en place d’une loi québécoise sur les associations (OSBL) qui respecte les valeurs de l’économie sociale et par la promotion des coopératives. > Soutenir la relève en entreprise ainsi que la participation d’un nombre accru de jeunes, de membres des communautés culturelles et autochtones. > Accentuer la promotion de l’entrepreneuriat collectif auprès des jeunes. > Établir des collaborations plus étroites avec des réseaux représentant des communautés issues de l’immigration et au sein de la communauté des Premières Nations. > Développer des mesures d’appui qui facilitent le transfert de propriété d’entreprise vers l’entreprise collective et faire la promotion de la formule coopérative comme solution de relève au sein de la PME, notamment par le Projet Relais Coop. > Miser sur des pratiques de formation auprès de la relève, afin de favoriser la transmission des valeurs et des expertises.


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OSER LA SOLIDARITÉ !

Piste d’action no 4

Consolider et développer le réseautage et l’interréseautage. MOYENS

> Intensifier les échanges d’expertise et de savoir-faire entre les entreprises et les réseaux d’économie sociale. > Participer aux tables d’intercoopération mises en place dans plusieurs régions par les coopératives de développement régional (CDR). > Participer aux pôles régionaux d’économie sociale afin de favoriser la synergie avec les autres partenaires du milieu et d’améliorer la reconnaissance de l’économie sociale. > Soutenir l’intensification du réseautage entre les différents stades de la production, du local à l’international. > Soutenir le réseautage dans les secteurs en émergence, notamment dans le secteur culturel.

Les engagements Michel Rouleau, président du conseil d’administration du Conseil québécois de la coopération et de la mutualité.

Globalement, le Conseil s’engage à produire un bilan social de l’ensemble du mouvement coopératif d’ici trois ans. Le Conseil s’engage aussi à: > intégrer la dimension de cohérence avec le développement durable dans nos outils de formation des dirigeants des coopératives; > insérer l’achat préférentiel dans sa politique d’achat et inviter ses membres à le faire; > porter conjointement avec le Chantier l’adoption d’une politique d’achats préférentiels par les gouvernements. Parallèlement, la Fédération de la consommation du Conseil s’engage à intensifier ses activités conjointes de promotion commerciale et la Fédération des coopéra-


Le Sommet de l’économie sociale et solidaire

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tives de développement régional et son réseau s’engagent à continuer le développement de l’inter-coopération en région. Le Conseil s’engage également à continuer à coordonner les activités de promotion de l’entreprenariat collectif auprès des jeunes avec les partenaires tels la Fondation d’éducation à la coopération, COOPSCO, le Secrétariat à la jeunesse, le RQCT, les CDR et le Chantier. Le Conseil s’engage de plus: > à soutenir l’alliance des jeunes coopérateurs et mutualistes; > à promouvoir auprès de ses membres la participation des jeunes à la vie démocratique du mouvement ainsi que leur présence dans les instances décisionnelles; > à organiser une activité de promotion à Montréal en 2007 à l’intention des personnes issues de l’immigration; > à appuyer la création d’un fonds de développement pour le NouveauQuébec. En outre, la Fédération des coopératives forestières s’engage à développer des coopératives de travail en partenariat avec la Commission de développement économique des Premières Nations. La Fédération des CDR, en collaboration avec la coopération du travail, s’engage à outiller les développeurs et les propriétaires d’entreprises pour faciliter les transferts d’entreprises. COOPER’ACTION, un regroupement du travail des travailleurs actionnaires, des forestières, des paramédics et de la RQCCT, s’engage étroitement en collaboration avec le réseau des CDR à faire reconnaître la pertinence de la formule de la coopération du travail et d’en faire la promotion auprès des instances gouvernementales et des principaux acteurs en économie sociale et solidaire. Cette reconnaissance passe notamment par l’accès au financement dédié aux entreprises d’économie sociale. Le Mouvement Desjardins, en lien avec sa mission et ses politiques en matière de développement économique, s’engage à poursuivre ses efforts afin d’intégrer les jeunes au sein des instances démocratiques. Enfin, le Conseil – en collaboration avec la CSN et le Chantier de l’économie sociale, les réseaux de coopération du travail et de développement régional – s’engage à favoriser la relève d’entreprises par la formule coopérative.


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OSE R LA SOLI DARITÉ !

Pierre Patry, trésorier de la CSN

Le mouvement syndical a toujours, depuis son origine, accompagné le mouvement coopératif. Par l’action collective, il démocratise la vie en société, y compris la vie dans les milieux de travail. Dans le contexte actuel où il y aura possiblement un problème de relève dans les entreprises, en particulier dans les petites et moyennes entreprises, il y a là une occasion privilégiée de favoriser l’entreprenariat collectif pour faire face au réel de fermetures d’entreprises d’une part et également de ventes à des intérêts étrangers. Plus particulièrement en lien avec le troisième défi sur la relève en entreprise, la CSN s’engage donc à participer à l’élaboration d’une stratégie afin que la formule coopérative soit considérée comme une solution de relève au sein de la PME québécoise. La CSN souhaite travailler sur cette question en association avec le Chantier de l’économie sociale, le Conseil québécois de la coopération et de la mutualité, la Fédération québécoise des coops de travail ainsi que le Regroupement québécois de la coopération du travail. Sonia Vaillancourt, du Conseil québécois du loisir

Le Conseil québécois du loisir est un réseau de réseaux représentant 45 organismes nationaux dans le domaine du loisir culturel, de plein air, scientifique, social, éducatif et touristique. Sonia Vaillancou rt a souhaité réaffirmer l’engagement et l’appui du Conse il québécois du loisir dans la demande d’une consultation sur la révision de la loi pour les associations. Le Conseil québécois du loisir souhaite avoir cette consultation publique pour la révision de la loi sur les associations. D’autre part, en conc e rtation avec les acteurs locaux et régionaux de l’économie sociale – dans le but de favoriser une plus grande accessibilité pour tous aux loisirs et aux vacances – le Conseil québécois du loisir s’engage à conti nuer d’appuyer les regroupe me nts nati onaux pour favoriser le développement d’infrastructures, de sites, de se rvices en loisir, plein air et tourisme social, notamment dans les auberges jeunesse, les centres communautaires de loisirs, les camps de vacances, les camps familiaux, mais égale-


Le Sommet de l’économie sociale et solidaire

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ment des sentiers de randonnée pédestre, des circuits pour le canot, pour le kayak, pour tous les sites ou services pris en charge par des organismes de loisir. Lucie Villeneuve, représentante de l’exécutif du Chantier de l’économie sociale

Le Chantier prend l’engagement de soutenir et de faciliter les achats équitables et les achats solidaires par la mise en place d’un portail dédié. Il continuera d’appuyer la mise en place de politiques publiques, mais aussi de travailler sur le dossier de la relève à l’intérieur des entreprises d’économie sociale, avec le concours du Conseil de la coopération et de la mutualité. Carole Foisy, chef d’équipe au CAMO pour personnes handicapées

Dans le cadre de sa mission, le CAMO pour personnes handicapées offre sa collaboration à toute entreprise d’économie sociale qui désire diversifier encore davantage sa main-d’œuvre et faire en sorte que les travailleurs handicapés fassent de plus en plus partie de la relève. Marcel Hudon, de l’Association des groupes de ressources techniques du Québec

Au nom des trois grands réseaux de l’habitation communautaire, c’est-à-dire l’Association des GRT du Québec, la Confédération québécoise des coopératives d’habitation ainsi que le Réseau québécois des OSBL en habitation, l’Association des groupes de ressources techniques du Québec tient à réitérer son engagement envers les ménages à revenu faible et modeste du Québec dans l’amélioration de leurs conditions de logement. Enfin, dans la mesure des moyens disponibles, et avec le soutien des gouvernements qui dans notre secteur est essentiel, l’association s’engage d’ici dix ans à réaliser 50 000 nouveaux logements coop et OSBL au Québec et à continuer d’accompagner les 2000 coops et OSBL déjà existants en maintenant leur santé, autant associative, financière que immobilière.


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OSER LA SOLIDARITÉ !

Marc Nantel, de la CSQ, responsable des établissements verts Brundtland

La CSQ a rappelé la continuité de son engagement pour inculquer aux jeunes les quatre valeurs des établissements verts, c’est-à-dire solidarité, pacifisme, démocratie et environnement. En continuant de donner aux jeunes de la formation sur les différents niveaux d’engagement de la coopération, cela leur montre qu’il faut s’engager dans la société pour changer les choses. Richard Gravel, Collectif des entreprises d’insertion du Québec

Le Collectif des entreprises d’insertion est particulièrement soucieux de la condition au niveau de la pauvreté et de l’exclusion dans la société québécoise. Le Collectif s’engage ainsi à utiliser les résultats de son entrepreneuriat pour développer plus de places pour les personnes exclues et adapter les parcours en fonction des personnes qui sont le plus loin du marché du travail, et pour qu’elles puissent aspirer elles aussi à une société plus équitable.


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Travailler solidairement

Le Comité Travailler solidairement cible la question de la qualité des emplois qui est au cœur de la vision d’économie sociale, ellemême basée sur la participation, une citoyenneté active et le partage du pouvoir. Lors des travaux du comité, l’importance de lutter contre la pauvreté et l’exclusion a été au centre des réflexions. Il a également été souligné que pour bonifier les conditions de travail, le défi de l’amélioration du financement est incontournable. Il s’agit d’une condition qui permettra de retentir, les travailleurs en emploi et qui devrait attirer la relève. Par ailleurs, la question d’un meilleur financement (qui peut prendre diverses formes) devrait s’appuyer sur la quantification et la qualification de l’impact social et économique. Le financement du secteur devrait être vu comme un investissement. Cela permettra de mieux reconnaître la valeur du travail qui y est fait et aura un impact sur la qualité des services et des produits, notamment en permettant de conserver l’expertise et en ayant une meilleure rétention en emploi. L’objectif est que le secteur soit reconnu comme «un vrai secteur d’emploi». L’objectif prioritaire mis en avant par le Comité est d’assurer des emplois durables et de qualité en économie sociale et en action communautaire. Ainsi, les pistes d’actions développées par le Comité Travailler solidairement sont les suivantes: 1. Améliorer les conditions de travail des travailleuses. 2. Favoriser la reconnaissance, la valorisation et la qualification de la main-d’œuvre ainsi que la mobilisation des travailleurs pour cette reconnaissance. 3. Améliorer la connaissance du secteur et de ceux qui y travaillent. R E TOUR SUR LE CO M I T É


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OSER LA SOLIDARITÉ !

Piste d’action no 1

Améliorer les conditions de travail des travailleuses. MOYENS

> Mettre sur pied un groupe de travail national, avec obligation de résultat, regroupant les acteurs représentatifs et stratégiques du secteur, entre autres: des regroupements du secteur, des réseaux, des partenaires, des travailleurs et travailleuses, des syndicats, des représentants des régions, etc. Piste d’action no 2

Favoriser la reconnaissance, la valorisation et la qualification de la main-d’œuvre ainsi que la mobilisation des travailleurs pour cette reconnaissance. MOYENS

La qualification est essentielle à la satisfaction au travail et permet d’assurer la qualité des produits et se rvices. La qualification est aussi en ce sens indispensable pour améliorer la rentabilité sociale et économique qui devrait amener un meilleur financement des organisations. Le partage des expertises est une piste intéressante pour améliorer les compétences. La valorisation et la reconnaissance de la main-d’œuvre sont aussi liées à la reconnaissance du secteur, mais également à la promotion des métiers et professions. Piste d’action no 3

Améliorer la connaissance du secteur et de ceux qui y travaillent. MOYENS

Développer des indicateurs communs à privilégier pour produire un profil des entreprises, des organisations et de la main-d’œuvre.


Le Sommet de l’économie sociale et solidaire

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Les engagements Denise Boucher, vice-présidente de la CSN

La CSN s’engage à participer avec énergie au groupe de travail national de l’économie solidaire sur les questions liées aux conditions de travail. L’amélioration de ces conditions constitue un défi important et un impératif pour assurer l’avenir des entreprises et des emplois en économie sociale et solidaire. Marie-Hélène Méthé, présidente du Comité sectoriel de main-d’oeuvre en économie sociale et en action communautaire (CSMO-ÉSAC)

Le CSMO-ÉSAC, compte tenu de sa mission, s’engage à accepter le leadership du démarrage d’un groupe de travail national de l’économie solidaire sur les questions reliées aux conditions de travail. Une fois le comité en place, il y participera activement mais n’en assurera plus le leadership.


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OSER LA SOLIDARITÉ !

Le comité à également l’intention: > de poursuivre le travail pour répondre aux besoins de formation des gestionnaires en matière de gestion des ressources humaines et de gouvernance démocratique; > de promouvoir les outils, les ressources et les formations en fonction de l’analyse des besoins des gestionnaires et des administratrices et administrateurs du secteur; > d’assurer l’inventaire des métiers et professions du secteur de l’économie sociale et de l’action communautaire et les activités de promotion en découlant; > de promouvoir la formation de la main-d’œuvre avec tous les acteurs et actrices du secteur; > de diffuser et de promouvoir le répertoire des formations de l’économie sociale et de l’action communautaire à tous les acteurs et actrices du secteur. Enfin, pour améliorer la connaissance du secteur de celles et ceux qui y travaillent, le comité développera des indicateurs pour dresser un profil du secteur et des travailleurs et travailleuses du secteur. Marie Bouchard, de l’Université du Québec à Montréal

La Chaire de recherche du Canada en économie sociale s’engage à participer au comité de travail pour identifier les indicateurs communs, pour dresser le profil des organisations et des entreprises d’économie sociale.


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Investir solidairement

RETOUR SUR LE COMITÉ ■ Le rapport de ce comité dresse un portrait des acteurs

en investissement solidaire et de leur engagement au cours de la dernière décennie. Il cherche à faire comprendre les distinctions entre l’investissement socialement responsable, le capital de développement et la finance solidaire. Il en expose également les principaux enjeux. Les problématiques soulevées font état des défis associés directement à la disponibilité du financement, mais aussi aux conditions de développement d’une spécialisation de ce mode de fonctionnement au sein du monde financier. Pour investir solidairement, les contraintes sont souvent structurelles et institutionnelles. Aussi, voici les pistes d’actions proposées par le Comité Investir Solidairement : 1. Réseauter les acteurs du capital de développement et de la finance solidaire. 2. Consolider et élargir l’approvisionnement des intermédiaires de la finance solidaire. 3. Réformer les politiques publiques pour faciliter le financement des entreprises collectives. Piste d’action no 1

Réseauter les acteurs du capital de développement et de la finance solidaire. MOYENS

> Mettre en place une association plus formelle des acteurs qui agirait à titre de réseau d’échange et de forum de discussion. Cette association mènerait


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OSER LA SOLIDARITÉ !

des actions de représentation auprès des gouvernements, ferait de la collecte de données statistiques et offrirait un appui aux régions en prenant en compte leurs spécificités. > Offrir de la formation aux professionnels en développement et en financement de l’économie sociale dans les organisations tant du côté des institutions financières que des responsables financiers au sein des entreprises collectives. > Développer de nouveaux produits de capitalisation ou d’autres produits financiers par une mise en commun des expériences, une mutualisation de certains outils et des programmes de recherche pour une meilleure connaissance des besoins concrets des entreprises dans le domaine financier. Piste d’action no 2

Consolider et élargir l’approvisionnement des intermédiaires de la finance solidaire. MOYENS

> Provenant des épargnants: par exemple, le dépôt à rendement social de la Caisse d’économie solidaire et les nombreuses banques alternatives en Europe. > Provenant du capital de développement : par exemple, de la contribution actuelle des fonds de travailleurs dans la Fiducie du Chantier de l’économie sociale. > Provenant des investisseurs institutionnels: par exemple, aux États-Unis (campagne du 1%) en Grande-Bretagne et en Europe continentale (France, Belgique, etc.). Piste d’action no 3

Réformer les politiques publiques pour faciliter le financement des entreprises collectives. MOYENS

> Obtenir un soutien de l’État pour le réseautage des acteurs du capital de développement et de la finance solidaire par le biais de la Caisse de dépôt et placement du Québec (voir l’exemple de la Caisse des Dépôts et Consignations en France).


Le Sommet de l’économie sociale et solidaire

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> Revendiquer une actualisation des législations existantes sur les caisses de retraite, les fondations et les fonds de placement pour faciliter les initiatives de finance socialement responsable: par exemple, l’obligation de la triple reddition de compte.

Les engagements Lucie Villeneuve, Chantier de l’économie sociale

Le conseil d’administration du Chantier est prêt à s’engager à favoriser la création du réseau, en concertation avec l’ensemble des partenaires et en s’appuyant sur les outils financiers du RISQ et de la Fiducie. Michel Rouleau, Conseil québécois de la coopération et de la mutualité

Représentant le mouvement coopératif et mutualiste ainsi que le Conseil, Michel Rouleau souligne que le mouvement des Caisses Desjardins s’engage à poursuivre et intensifier ses partenariats avec les entreprises d’économie sociale pour rendre disponibles les produits financiers de solidarité tant au niveau des personnes que des entreprises. De plus, le Conseil s’engage à porter les demandes de politiques publiques facilitant l’approvisionnement en capitaux concernant les coopératives et à effectuer les arrimages avec les autres secteurs de l’économie sociale. Linda Maziade, Réseau québécois du crédit communautaire

Ce thème-là est bien sûr très cher à notre cœur. Le réseau s’engage à poursuivre son travail sur les trois pistes de développement, les trois objectifs qui ont été cités. Notamment, notre engagement se situe sur l’accès au financement des populations appauvries et l’accès au financement dans


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OSER LA SOLIDARITÉ !

l’ensemble des régions du Québec. D’autre part, pour nous, la mise en réseau des acteurs de la finance solidaire et de l’économie sociale et solidaire est extrêmement importante et on s’engage aussi à travailler sur la responsabilité sociale des entreprises de façon plus large, parce que pour nous tout cela est un mouvement qui doit être intégré. Sur la question de l’approvisionnement, alors bien sûr on s’engage à poursuivre, en collaboration dans le cadre du réseau avec d’autres partenaires, sur les modifications essentielles des politiques publiques qui vont permettre l’approvisionnement en capitaux, entre autres, des fonds intermédiaires. Léopold Beaul ieu, Fondaction - fonds de développement de la CSN pour la coopération et l’emploi

Fondaction est prêt à prendre une initiative de réseautage de l’ensemble des acteurs du secteur de l’épargne-retraite et des fondations sur la question de la triple réddition de compte, afin de rendre transparent et faire connaître ce que font les institutions en matière non seulement de finance et d’économie, mais aussi sur le plan social et sur le plan environnemental.


Le Sommet de l’économie sociale et solidaire

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Pierre Morissette, Regroupement économique et social du Sud-Ouest (RESO)

Le Regroupement des CDEC du Québec, et plus particulièrement pour les neuf CDEC qui ont le mandat CLD, s’engage à continuer à mettre à la disposition des entreprises d’économie sociale les outils financiers dont il dispose. Pas seulement le fonds d’économie sociale, mais aussi le fonds local d’investissement, comme leviers pour élaborer leur montage financier dans leurs projets de développement, d’expansion ou de consolidation. Serge Ouellet, Association des CLD du Québec et administrateur au Chantier de l’économie sociale pour l’Association des CLD

L’Association des CLD du Québec trouve très intéressante l’idée de mettre sur pied un réseau des acteurs de capital et de développement et s’engage à y participer très activement. Dans une autre mesure, l’Association est prête à assurer le leadership de la création de ce réseau. Michel Rouleau, du Conseil québécois de la coopération et de la mutualité

Dans le cadre du thème « développer nos territoires solidairement », en collaboration des GRT du Québec, la Confédération québécoise des coopératives d’habitation et le Réseau québécois aussi des OBNL en habitation, s’engage avec le soutien des gouvernements: > à donner dans les dix prochaines années un soutien aux quelque 2000 coopératives et OBNL existantes dans le maintien de leur santé associative, financière et immobilière; > à réaliser 50 000 nouveaux logements communautaires et coopératifs et sans but lucratif; > à concrétiser les liens déjà existants avec les acteurs politiques municipaux en arrimage avec les autres acteurs. La Fédération des coopératives de développement régional s’assurera de l’offre de formation coopérative aux agents ruraux par son réseau;


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OSER LA SOLIDARITÉ !

> à parti c iper activement à l’élaborati on d’une nouvelle politique de développement durable; > à participer à une coalition pour consolider les budgets des CLD, des CDEC et des FDES. Le Mouvement des caisses Desjardins s’engage à poursuivre son soutien au développement local et régional, sur le plan urbain comme sur le plan rural. Enfin la Fédération des coopératives de développement régional et son réseau s’engagent sur trois points additionnels: > Faciliter le réseautage dans toutes les régions du Québec. > Améliorer les arrimages entre les approches sectorielles et territoriales. > Intensifier les collaborations avec les pôles régionaux et les autres partenaires de développement afin d’assurer des conditions favorables au développement des entreprises collectives en milieux rural et urbain. Daniel Caron, directeur général du Conseil québécois du loisir

Le Conseil s’engage à améliorer et pérenniser les arrimages entre le sectoriel et le territorial, ces deux composantes étant nécessaires, complémentaires et contributoires dans les interventions à échelles locale, régionale, nationale, québécoise, canadienne, internationale. Patrick Duguay, Chantier de l’économie sociale

Le Chantier prend l’engagement formel de trouver une solution au financement des pôles régionaux d’économie sociale. Il s’engage ainsi à réaliser son objectif d’avoir des fonds pour aider les régions dans leur mode d’organisation.


Le Sommet de l’économie sociale et solidaire

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Pierre Morissette, du Réso et du Regroupement des CDEC du Québec

Les CDEC du Québec s’engagent à travailler avec tous les organismes de soutien en développement local et en soutien à l’entrepreneuriat pour faire reconnaître l’importance d’un réseau établi d’organismes de soutien au développement local. Ce type de réseau, qui fait une place à la participation citoyenne, à la concertation des acteurs socioéconomiques et à la gouvernance locale et autonome, est une condition essentielle à la poursuite du développement de l’économie sociale et à la poursuite de l’innovation en économie sociale pour répondre aux besoins sociaux et collectifs de nos communautés. Les CDEC s’engagent également à assurer le maintien de budgets et de ressources techniques réservées pour l’économie sociale dans leurs territoires.


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OSER LA SOLIDARITÉ !

Richard Gravel, du Collectif des entreprises d’insertion du Québec

L’exclusion et la pauvreté sont une problématique qui couvre l’ensemble des régions. Le Collectif s’engage donc à s’assurer que chaque région puisse développer des services de lutte à l’exclusion et à la pauvreté pour répondre aux besoins de sa population et de travailler à faire la promotion de modèles d’organismes qui luttent contre l’exclusion. Charles Provost, coordonnateur du Comité de relance et de diversification du secteur des Côteaux – regroupement de trois municipalités en banlieue forestière d’Amos en Abitibi

L’engagement du comité est de mettre en place un projet de restructuration industrielle et forestière respectueux des comités et des principes de l’économie sociale. Linda Maziade, présidente du Réseau québécois du crédit communautaire

Le Réseau s’engage à poursuivre son travail pour que chaque région ait un accès équitable aux ressources de développement en économie sociale et à des outils de financement appropriés à la diversité des besoins.


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Développer nos territoires solidairement

Le mouvement de décentralisation des programmes et des politiques publiques est au cœur de la réflexion de ce comité. Pour avoir marqué la décennie par un renforcement des pouvoirs et des responsabilités confiés aux élus locaux, ce mouvement a également apporté son lot de bouleversements au niveau des structures locales et régionales. Au cours des 10 dernières années, on a pu voir la mise en place des comités régionaux d’économie sociale (CRES), la création des CLD et des Conférences Régionales des Élus, l’abolition des conseils régionaux de développement (CRD), etc. Enfin, pour ce comité, la mise en place des Pôles régionaux en économie sociale dans 15 des 17 régions du Québec constitue une réponse des acteurs face aux enjeux régionaux liés à la concertation et au réseautage. Les pistes d’actions proposées par le Comité Développer nos Territoires Solidairement :

RETOUR SUR LE COMITÉ

Piste d’action no 1

Interpeller les élus municipaux et le gouvernement du Québec, tant sur le plan de la consolidation des budgets d’opération des CLD et des CDEC, du maintien intégral du mandat CLD des CDEC de Montréal, que sur le plan de la consolidation de l’enveloppe financière du Fonds de développement des entreprises d’économie sociale. Piste d’action no 2

S’assurer que chaque région du Québec ait un accès équitable aux ressources


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OSER LA SOLIDARITÉ !

de développement de l’économie sociale et à des outils de financement appropriés à la diversité des besoins identifiés. Piste d’action no 3

Appuyer les pôles régionaux dans leurs démarches afin qu’ils se dotent de moyens techniques et financiers pour assumer leur mission, notamment celles portant sur la concertation des acteurs locaux et régionaux en regard des politiques publiques afin de favoriser un meilleur ancrage aux paliers local et régional.

Les engagements Daniel Berthiaume, membre du Conseil d’administration du Chantier de l’économie sociale

Au nom du Chantier, l’engagement pris est de mettre sur pied un répertoire des entreprises d’économie sociale et solidaire. Ce répertoire se révélera un outil précieux pour connaître les produits et services disponibles au sein des entreprises d’économie sociale et solidaire. Anne Potvin, Fédération du commerce de la CSN

Depuis 2003, la CSN est fortement engagée dans une campagne en faveur du commerce équitable et de la consommation responsable, en alliance avec Équiterre et Oxfam Québec. La CSN s’engage ainsi à poursuivre avec vigueur sa campagne en faveur du commerce équitable et de la consommation responsable et à coordonner ses activités sur une base régionale avec les autres groupes et organismes engagés sur cette question.


Le Sommet de l’économie sociale et solidaire

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Michel Rouleau, Conseil québécois de la coopération et de la mutualité

Le Conseil québécois de la coopération et de la mutualité s’engage à intensifier ses efforts de sensibilisation auprès des membres et de ses partenaires coopératifs afin qu’ils contribuent encore davantage à l’instauration d’une mondialisation solidaire, au développement de l’économie sociale et solidaire dans le Sud et à la promotion d’une plus grande solidarité mondiale. Alain Bouchard, Fédération des coopératives d’alimentation

Le Conseil québécois de la coopération et de la mutualité s’engage à chercher avec les réseaux comment susciter une plus grande participation coopérative au développement d’une consommation de plus en plus responsable.


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OSER LA SOLIDARITÉ !

Magalie Paré, Association des radios communautaires du Québec

Le Québec regroupe collectivement 30 radios communautaires réparties dans 17 régions, qui cumulent un auditoire d’un demi-million de personnes chaque semaine. L’Association s’engage à rendre disponibles ces radios pour faciliter les communications des entreprises d’économie solidaire du Québec.


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Consommer de façon responsable

Sous la coordination d’Équiterre, l’objectif de ce comité était de rendre compte du bilan, des enjeux et des défis que soulève la consommation responsable sur le plan des pratiques individuelles et collectives, et du rôle des acteurs de la consommation responsable, et ce, dans un contexte tantôt local, tantôt international, mais plus spécialement par rapport à l’économie sociale. Les travaux du comité laissent entrevoir que la finalité de la consommation responsable est de transformer ou d’au moins contraindre la façon dont fonctionne l’économie afin d’établir un meilleur équilibre entre les activités du marché, la protection de l’environnement et la réponse aux besoins humains et fondamentaux. Le comité a proposé les pistes d’actions suivantes: 1. Développer une synergie entre les acteurs de l’économie sociale. 2. Améliorer la sensibilisation et l’information en faveur de la consommation responsable par l’économie sociale. 3. Favoriser la reconnaissance de la consommation responsable par l’ensemble des acteurs et tout particulièrement entre les organisations de l’économie sociale.

RETOUR SUR LE COMITÉ

Piste d’action no 1

Développer une synergie entre les acteurs de l’économie sociale. MOYENS

> Produire un répertoire des organisations de l’économie sociale et des produits et services offerts par ces organisations et en faire une promotion large. > Organiser une journée de l’économie sociale.


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OSER LA SOLIDARITÉ !

Piste d’action no 2

Améliorer la sensibilisation et l’information en faveur de la consommation responsable par l’économie sociale. MOYENS

Une campagne commune du genre Valeurs ajoutées, avec déclinaisons dans divers réseaux (écoles, grand public, points de vente, etc.) et tout particulièrement auprès des jeunes. Piste d’action no 3

Favoriser la reconnaissance de la consommation responsable par l’ensemble des acteurs et tout particulièrement entre les organisations de l’économie sociale. MOYENS

> Formuler une politique type d’achat responsable à être entérinée sur le plan politique par les organisations de l’économie sociale. > Assurer un suivi et un soutien à l’implantation à la réalisation des politiques dans les organisations d’économie sociale et mesurer les impacts et retombées.

Les engagements Marcel Desrochers, du Réseau des ressourceries du Québec

La consommation responsable est une prérogative du Réseau des ressourceries. Aussi, s’engage-t-il à développer au cours des prochaines années une campagne nationale de marketing social qui portera sur l’achat de vêtements usagés. Cette campagne visera deux choses: > sensibiliser les citoyens à la question de la consommation responsable; > permettre aux entreprises d’économie sociale qui œuvrent dans le réseau des ressourceries et dans la gestion des matières résiduelles d’augmenter leur achalandage, d’augmenter leurs ventes et d’augmenter leur viabilité économique. Le Réseau souhaite également faire adopter de nouveaux comportements de consommation responsable.


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Mondialiser solidairement

Le comité met de l’avant le fait que le Québec possède une longue tradition en économie sociale et en soutien à l’économie sociale dans le cadre de l’action internationale. L’évolution de la conjoncture dans le domaine de la coopération internationale pose cependant des défis de taille pour les organisations de coopération internationale et pour les acteurs et partenaires québécois de l’économie sociale. Il soulève par exemple la réduction de l’aide publique pour les organisations de coopération internationale canadiennes, potentiel d’innovation compromis par la rigidité des programmes, etc. Un des points cruciaux est la marginalisation des soutiens et échanges Nord-Sud au profit d’engagements bilatéraux et des projets confié au secteur privé. Dans cette logique, le comité soutien que les acteurs de l’économie sociale et solidaire doivent assurer la poursuite des partenariats Nord-Sud et SudNord et renforcer les initiatives d’économie sociale dans le Sud. Ainsi, il propose les pistes d’actions suivantes :

RETOUR SUR LE COMITÉ

Piste d’action no 1

Mobiliser la population pour le développement. MOYENS

> Mener de façon concertée des campagnes d’éducation populaire. > Proposer des engagements qui manifestent la contribution particulière de l’économie sociale et solidaire.


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OSER LA SOLIDARITÉ !

Des actions concrètes > Le milieu agricole s’est organisé autour du concept de souveraineté alimentaire pour contrer les visées de l’OMC. > Les grandes fondations de l’économie sociale ont des moyens: il faut établir des passerelles avec les initiatives émergentes. Piste d’action no 2

Mettre en place des ressources qui permettent à nos partenaires du Sud de participer à parts égales. MOYENS

> Favoriser la mise en place de ressources techniques pour le développement de l’économie sociale et solidaire en Afrique. > Favoriser la mise en place de Fonds de développement de l’économie sociale et solidaire. Piste d’action no 3

Développer des réseaux pour mener nos actions de façon concertée. MOYENS

S’appuyer sur: > le Groupe d’économie solidaire du Québec (GESQ); > le North American Network for a Solidarity Economy (NANSE) en Amérique du Nord; > le Réseau intercontinental de promotion de l’économie sociale et solidaire (RIPESS) à l’échelle intercontinentale; > les réseaux des milieux de la coopération.


Le Sommet de l’économie sociale et solidaire

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Les engagements Michel Ch aurette, directeur du Centre d’Études et de Coopération Internationale (CECI), société privée sans but lucratif de lutte contre l’exclusion et la pauvreté

L’engagement du CECI est d’appuyer le Groupe d’Économie Solidaire du Québec (GESQ) dans son effort de mobilisation au Québec par le biais d’une participation active au Comité Mondialiser Solidairement, sur le volet solidarité internationale. Le second engagement du CECI est de soutenir au moins de 60 à 100 entreprises et réseaux d’économie sociale en Afrique, en Asie et en Amérique latine.

Comité Jeunes et économie sociale Dans la foulée des activités de préparation du Sommet, le comité jeunesse du Chantier a jugé à propos de pousser plus loin la réflexion sur la place des jeunes au sein du mouvement. À cet effet, un sondage visant à explorer les perceptions des jeunes sur l’économie sociale a été conçu, et plus de 500 jeunes y ont répondu. À la suite des résultats du sondage et après la mise en commun de différents bilans, un événements jeunesse a permis de réunir une quarantaine de participants en vue de cerner quelques défis et enjeux inhérents à l’implication de jeunes et aux projets dont ils sont porteurs en économie sociale. Les aspects soulevés : > Les avancées sur le plan des espaces et des outils dédiés à la jeunesse et au financement de leurs projets (Forums jeunesse régionaux, Fonds jeunesse…). > La pertinence de l’économie sociale comme levier de développement alternatif pour les jeunes. > Certains enjeux et tendances inquiétantes, liés à la faible présence et à l’engagement de la relève dans certains secteurs.


La Déclaration 2006 du Sommet de l’économie sociale et solidaire Le Sommet s’est terminé par l’adoption de la Déclaration du Sommet de l’économie sociale et solidaire, qui confirme l’engagement unanime des participants en faveur de la construction d’un projet social et économique sans perdants, en s’inspirant des valeurs de justice, d’équité, de solidarité et de démocratie. Le Chantier de l’économie sociale vous invite à diffuser largement cette déclaration dans vos réseaux!

DÉCLARATION 2006 Présentée à l’occasion de la clôture du Sommet de l’économie sociale et solidaire à Montréal À l’occasion de ce Sommet de l’économie sociale et solidaire, nous, les actrices et acteurs de l’économie sociale issus des mouvements associatifs et communautaires, coopératifs et mutualistes, culturels, environnementaux, sociaux, syndicaux, des organismes de coopération internationale et de développement local et régional, déclarons avec fierté et détermination notre engagement en faveur de la construction d’une économie sociale et solidaire aux échelles locale, régionale, nationale et internationale. Depuis des décennies, nous œuvrons sur tout le territoire québécois, et même à l’étranger, au développement d’un projet social et économique sans perdants, en nous inspirant des valeurs de justice, d’équité, de solidarité et de démocratie. Aujourd’hui, nous pouvons être extrêmement fiers du bilan et des réalisations des acteurs et des partenaires de l’économie sociale. Nos efforts cumulés, notamment au cours


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de la dernière décennie, ont permis la mise en place de nouveaux outils, tout en consolidant ceux existants. Ils ont facilité l’émergence de nouveaux secteurs et en ont renforcé d’autres. Ils ont contribué au maintien et à la création de milliers d’emplois ainsi qu’à l’amélioration et à la constitution de nouveaux lieux d’inclusion, de mobilisation et de gouvernance donnant plus de force, ce faisant, à une citoyenneté active. Ils ont aussi permis aux femmes d’assumer un rôle de premier plan dans cette économie à valeurs ajoutées. Ces réalisations, rappelons-le, constituent une résistance active au contexte mondial où la croissance économique génère trop souvent de la pauvreté et des inégalités, tant sociales que territoriales. L’économie sociale est un acteur majeur dans la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Les entreprises collectives ne sont pas les seules à contribuer à la démocratisation de l’économie. Nous nous réjouissons de la force grandissante de l’investissement responsable, de l’engagement syndical dans le développement économique, des politiques publiques en faveur du développement durable, des pratiques de consommation responsable et de la responsabilité sociale des entreprises. Ainsi, l’économie sociale s’inscrit dans un mouvement plus large dont les actions contribuent à la construction de solutions de rechange au néolibéralisme ambiant et d’une économie solidaire et plus démocratique. L’économie sociale est essentielle et indispensable pour la construction d’un monde plus juste et équitable. Aujourd’hui, l’économie sociale et solidaire est plurielle et bien implantée dans de multiples champs d’activité. Nous sommes de plus en plus nombreux à nous y engager. L’emploi et la création de la richesse sont des préoccupations importantes pour le développement du Québec. Rappelons-nous que ce sont les êtres humains qui produisent et consomment les biens et les services, ce sont donc les individus qui doivent être au cours des processus et des finalités de l’activité économique. Forts de nos succès, il nous apparaît clair que notre société doit revoir collectivement les modes de partage, les façons de produire et de consommer. Il nous faut également prendre en considération l’insertion de l’économie québécoise dans l’économie mondiale. et cela en poursuivant les objectifs d’équité et de justice à tous les niveaux. Aujourd’hui, nous invitons l’ensemble des Québécoises et des Québécois à se joindre à ce mouvement pour la mise en place d’une économie solidaire visant des rapports plus légitimes entre les impératifs sociaux, économiques et environnementaux. Nous les encourageons à innover et à adopter des modes de consommation plus responsables. Nous, les actrices, acteurs et les partenaires de l’économie sociale et solidaire, sommes également déterminés à renforcer la contribution de l’économie sociale au développement durable du Québec et, par la force de nos alliances, également au développement durable ailleurs dans le monde.


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OSER LA SOLIDARITÉ !

Nous convions aussi les décideurs et nos représentants gouvernementaux à transformer leurs façons d’évaluer l’activité économique, passant d’une reddition de comptes simplement basée sur les résultats financiers à une triple reddition de comptes basée sur les impacts sociaux, environnementaux et financiers. Les défis sont énormes et les échéanciers sont courts pour modifier le mode de développement actuel qui a des effets dramatiques sur l’environnement et qui favorise des écarts grandissants entre les plus riches et les plus pauvres, entre les différents territoires et entre les pays. Pour ces raisons, nous affirmons notre engagement à poursuivre le développement de l’économie sociale. L’invitation est aussi lancée afin de développer de nouvelles alliances entre les grands secteurs de l’économie sociale et solidaire aux échelles canadienne, continentale et internationale. Les défis que nous rencontrerons au cours de la prochaine décennie sont multiples. Afin de les relever, nous nous engageons à consacrer nos énergies à la réalisation des actions suivantes et à inciter l’ensemble des Québécoises et des Québécois à nous accompagner dans ces efforts. Nous voulons: Entreprendre solidairement en reconnaissant, en maintenant et en développant la cohérence entre les missions et les préoccupations sociales, économiques et environnementales de nos entreprises et du mouvement; en consolidant nos réseaux et en développant le réseautage et l’interréseautage; en mettant de l’avant des pratiques de commercialisation et de gestion cohérentes avec les valeurs que nous défendons; en faisant davantage de place aux jeunes, aux autochtones, aux personnes handicapées et aux personnes issues de l’immigration; en travaillant en collaboration avec les gouvernements à la mise en place de politiques publiques reconnaissant les exigences des modes de gestion démocratiques et des responsabilités sociales et environnementales; Travailler solidairement en assurant, comme objectif prioritaire, des emplois durables et de qualité; tout d’abord en améliorant les conditions de travail des individus œuvrant au sein de l’économie sociale et de l’action communautaire, ce qui implique un meilleur financement de ces organisations; en mettant sur pied un groupe de travail national sur les conditions de travail; en favorisant la reconnaissance, la valorisation, la qualification des travailleuses et des travailleurs; et finalement, en améliorant notre connaissance du secteur et de celles et ceux qui y travaillent; Investir solidairement en réseautant les actrices et acteurs du capital de développement et de la finance solidaire; en consolidant et en élargissant l’approvisionnement des outils de la finance solidaire et en travaillant à la réforme des politiques publiques afin de faciliter l’investissement solidaire; Développer nos territoires solidairement en assurant que chaque région du Québec ait un accès équitable aux ressources de développement de l’économie sociale et à des


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outils de financement appropriés à la diversité des besoins; en appuyant les pôles régionaux dans leurs démarches d’acquisition de moyens techniques et financiers nécessaires à la réalisation de leur mission; en interpellant les élus sur l’importance de consolider les moyens mis à la disposition des entreprises et des organismes de soutien au développement de l’économie sociale; Consommer de façon responsable en établissant une meilleure synergie entre les actrices et acteurs de la consommation responsable; en prenant les devants dans l’offre de produits et services à forte contribution sociale et environnementale; en reconnaissant d’abord entre nous l’importance de la consommation responsable et en favorisant cette reconnaissance par l’ensemble des acteurs socioéconomiques; en informant la population de la contribution de l’économie sociale à la consommation responsable; Mondialiser solidairement avec nos partenaires du Sud et du Nord en mobilisant la population ; en exigeant de nos gouvernements qu’ils respectent leurs engagements et en accroissant nos efforts en faveur du développement; en mettant en place des ressources qui permettent à nos partenaires du Sud de participer sur des bases égalitaires et en construisant des réseaux continentaux et intercontinentaux qui assurent la contribution pleine et entière de la société civile et de l’économie sociale et solidaire au développement d’une mondialisation sans perdants. L’économie sociale et solidaire a progressé d’une manière considérable au Québec depuis une décennie, mais les acquis sont encore fragiles et les défis demeurent nombreux et imposants. Le développement de l’économie sociale et solidaire ne peut avancer sans une perspective d’ensemble qui fasse le lien entre le local et le planétaire, entre le lieu de production et l’acte de consommation, entre la contribution du travailleur et celle de l’investisseur solidaire. Le développement d’une économie sociale et solidaire ne peut se faire sans la mobilisation des forces vives d’une société. À l’occasion de la clôture de ce sommet, nous nous engageons toutes et tous à poursuivre cette mobilisation pour un développement sans perdants afin que la solidarité soit plus que jamais au cœur de l’action économique partout au Québec et ailleurs dans le monde. Montréal, le 17 novembre 2006 Saluée par les participants au Sommet, la Déclaration a été l’élément moteur de l’annonce de plusieurs engagements pris par certains participants et organismes présents au Sommet. Engagements collectifs ou engagement à titre personnel, à rayonnement local ou international, voici un requiem de ces engagements.


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Les engagements Claude Gill – Union des producteurs agricoles développement international

Ce qui a entre autres interpellé l’Union dans la déclaration, c’est la volonté de mondialiser sans perdant. Aussi, l’UPA développement international s’engage à poursuivre le soutien au développement de l’agriculture des pays partenaires, dans une perspective de souveraineté alimentaire, c’est-à-dire de sécurité alimentaire, basée en priorité sur la production nationale. Et ce, pour que les productrices et les producteurs soient reconnus comme les principaux artisans du développement de l’agriculture dans une coopération d’agriculteur à agriculteur, de paysan à paysan, d’individu à individu. Édith Cloutier, présidente du Regroupement des centres d’amitié autochtone du Québec

Les centres d’amitié autochtone sont des organisations qui offrent des services et de l’emploi aux autochtones des milieux urbains, et sont également les interlocuteurs désignés par l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador sur les questions qui touchent les autochtones hors réserve. Pour contribuer à la réalisation d’actions, Le Regroupement prend l’engagement de faire la promotion de l’économie sociale auprès des communautés des Premières Nations au Québec. Éthel Côté – Réseau canadien de développement économique communautaire et d’économie solidaire de l’Ontario

Dans la logique partenariale des alliances stratégiques et dans toute solidarité, le Réseau canadien de développement économique communautaire s’engage à continuer de travailler en étroite collaboration avec le Chantier, entre autres dans le démarchage auprès de l’appareil gouvernemental fédéral, afin qu’il respecte ses engagements et qu’il voit même à les accroître. Carole Verreault – Caisse d’économie solidaire Desjardins

La Caisse d’économie solidaire est interpellée par l’ensemble des grandes thématiques qui ont été abordées ici depuis deux jours et particulièrement par la Déclaration. Aussi, la


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Caisse d’économie s’engage-t-elle à rendre davantage accessible aux régions le crédit nécessaire au démarrage et au développement de l’économie sociale, à partager son expertise en analyse de projets avec les acteurs locaux, à collaborer avec l’ARUQ à la mise en place du réseau de la finance solidaire, à travailler à ce que les politiques soutiennent mieux les acteurs praticiens de la finance solidaire. Gérald Tremblay, Groupe Coderr, entreprise d’économie sociale du Lac-Saint-Jean

Le Groupe Coderr a souhaité partager un engagement de consommation responsable auquel il s’est contraint après sa participation au Sommet de Dakar au Sénégal, à la fin de l’automne 2005 et en lien avec les véhiculés par la Déclaration du Sommet de l’économie sociale et solidaire. En effet, le Groupe s’est documenté à Dakar sur les effets du commerce de la fripe sur les pays en voie de développement. Le constat posé a été que ces effets sont beaucoup plus dévastateurs qu’on ne pourrait le penser. L’exportation de vêtements a pour principal effet d’empêcher les milliers de petits artisans de fabriquer des tissus et des vêtements dans leur localité, de les empêcher de gagner leur vie décemment, parce qu’il se crée ainsi une concurrence déloyale, un dumping sauvage. Pour contrecarrer ces effets, le Groupe Coderr s’est engagé à ne plus exporter et envoyer des surplus de vêtements, à suggérer aux gens de bonne foi qui font des dons de vêtements de s’assurer qu’ils ne sont pas exportés, et a également entrepris des démarches pour que l’État se retire de tout financement de l’exportation de vêtements. Michel Rouleau, président du conseil d’administration du Conseil québécois de la coopération et de la mutualité

Le premier engagement du Conseil, c’est-à-dire du mouvement coopératif et mutualiste, est de concentrer ses efforts en matière d’acteurs ou de partenaires dans la réalisation des activités et des engagements pris dans la Déclaration, pour tenter de l’appuyer totalement. Le deuxième engagement pris par le conseil est de poursuivre les efforts de collaboration entrepris avec le Chantier, et réitère sa volonté au Chantier de poursuivre ses efforts en vue de créer des passerelles de collaboration dans une optique de meilleur épanouissement de nos réseaux, de meilleur épanouissement des entreprises, pour une meilleure reconnaissance des organisations.


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Jean-Sébastien Dufresne, agent de développement en économie sociale pour une CDEC à Lasalle-Lachine

Ce jeune agent a souhaité s’engager personnellement à ce que la Déclaration ait une résonance auprès des jeunes, et essayer de donner aux jeunes des outils d’économie solidaire pour qu’ils puissent prendre la relève. Michel Chaurette du CECI, Organisation non gouvernementale de développement international

M. Chaurette s’engage à porter la Déclaration dans les vingt pays où son organisation est présente. Annie Camus, professeure à l’UQAM et spécifiquement en gestion des entreprises collectives

Cette jeune professeure a souhaité s’engager en son nom à développer des formations en gestion des entreprises collectives, tout en s’astreignant à transformer les institutions d’enseignement pour y parvenir. Abdou Salam Fall, président du Réseau intercontinental de promotion de l’économie sociale et solidaire (RIPESS)

M. Salam Fall a présenté ses engagements, notamment dans la construction d’un réseautage international de manière à ce qu’au cœur des échanges et d’un enrichissement mutuel puissent germer des États sociaux, des sociétés distributives, évidemment différentes d’une mondialisation néolibérale. Nabé Yvonne Lima Da Costa, Réseau Guinée de l’économie sociale et solidaire

À la lumière des engagements pris jusqu’ici, le Réseau Guinée de l’économie sociale et solidaire va continuer à s’engager dans le développement de l’économie sociale et solidaire de son pays. Le réseau s’est en outre engagé, pour permettre une mondialisation


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solidaire, à vulgariser l’économie sociale et solidaire, à promouvoir cette économie, à amener les gouvernements à reconnaître cette économie, et à la considérer comme une solution de rechange à l’économie conventionnelle et comme un outil de développement durable et de lutte contre la pauvreté. Cette mobilisation va contribuer à poursuivre la voie d’un développement sans perdants, afin que la solidarité soit au cœur de l’action économique partout au Québec et ailleurs dans le monde. Les acteurs et parties prenantes de l’économie sociale ont à nouveau démontré, par ces engagements, le dynamisme du mouvement et la conviction de chacun dans cette nouvelle économie sociale. La déclaration ne remplace pas les pistes d’action qui ont déjà été adoptées par les différents Comités du Sommet, ces pistes qui ont été adoptées demeurent et font partie du plan général d’action de l’économie sociale et solidaire des prochaines années. La Déclaration vient les renforcer et les énoncer avec une force supplémentaire, en s’adressant à tout un chacun. Comme l’a si bien affirmé un représentant du Forum brésilien de commerce solidaire: il est très facile d’entendre un arbre qui tombe, mais on n’entend pas toute une forêt qui pousse. Voilà une petite forêt qui pousse...



troisième partie

Tout un mouvement



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Le réseau de l’économie sociale

Le Chantier de l’économie sociale

Le Chantier de l’économie sociale est une corporation à but non lucratif dont les principaux mandats sont la promotion et le développement de l’économie sociale au Québec. Le Chantier rassemble les promoteurs d’entreprises d’économie sociale œuvrant dans de multiples secteurs d’activités: environnement, services de proximité, communications, loisirs, habitation; ressources naturelles, enfancefamille, culture, etc.; les acteurs de développement local: Association des CLD, Réseau des CDEC, etc. et les acteurs des grands mouvements sociaux: syndical, action communautaire, coopératif et féministe. En mars 1996, le Groupe de travail sur l’économie sociale était mis en place dans le cadre de la préparation du Sommet de l’économie et de l’emploi. Le Groupe disposait alors de six mois pour évaluer le potentiel du rése rvoir de solidarité présent dans toutes les régions du Québec. Fort de l’enthousiasme et du dynamisme suscités par sa démarche, le Groupe de travail était invité à poursuivre, pour une durée de deux ans, ses activités de promotion et de développement et, notamment d’assurer le suivi des projets présentés au moment du sommet. À l’issue de cette période, un travail énorme avait été accompli, mais les acquis de l’économie sociale, bien que tangibles, devaient être consolidés et son développement à l’intérieur de la structure socioéconomique du Québec, assuré dans le temps.


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Le Chantier de l’économie sociale est ainsi devenu, lors de son assemblée générale de fondation, en avril 1999, une corporation autonome à but non lucratif. Une mission et des mandats

La principale mission du Chantier de l’économie sociale est de promouvoir l’économie sociale comme partie intégrante de la structure socioéconomique du Québec. Le Chantier travaille ainsi à favoriser et à soutenir l’émergence, le développement et la consolidation d’entreprises et d’organismes d’économie sociale dans un ensemble de secteurs de l’économie. Ces entreprises collectives apportent une réponse originale aux besoins de leur communauté et créent des emplois durables. Les mandats du Chantier de l’économie sociale sont : > La promotion > La représentation sur le plan national et international > Le soutien à la consolidation, à l’expérimentation et au développement de nouveaux créneaux et projets > La concertation des divers acteurs de l’économie sociale Des collèges électoraux Le Chantier de l’économie sociale est une construction dynamique. Il rassemble les forces vives de la société attachée aux valeurs de démocratie et de solidarité. C’est pourquoi la participation au processus décisionnel des hommes et des femmes, représentant différents secteurs qui œuvrent au développement de l’économie sociale, est un atout remarquable. Elle permet de relever significativement les défis toujours plus nombreux auxquels il est confronté quotidiennement. Son conseil d’administration joue un rôle d’orientation et de positionnement stratégique. Il est formé des représentant(e)s élu(e)s dans les collèges électoraux suivants: > Regroupements des entreprises d’économie sociale > Regroupements d’organisations de soutien au développement de l’économie sociale > Pôles régionaux d’économie sociale


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Centrales syndicales Mouvement coopératif Mouvement des femmes Mouvement communautaire Autres grands mouvements sociaux Membres d’office et membres cooptés

Vie associative

Le Chantier est un important carrefour pour les acteurs et les actrices de l’économie sociale issus de milieux fort diversifiés. En ce sens, il permet à ses membres de bénéficier d’une information de tout premier ordre sur une foule de sujets liés au développement de l’économie sociale. Le bulletin d’information mensuel fournit des renseignements précieux, notamment sur: > les actions du Chantier et de ses partenaires; > l’évolution des politiques publiques; > des événements à travers le Québec. Le Chantier contribue aussi activement à tisser des partenariats stratégiques entre tous ceux et celles qui entreprennent, accompagnent et interviennent en économie sociale. Un lieu d’échanges et de réflexion

La participation des membres à la vie associative du Chantier se réalise principalement à l’intérieur de comités de travail mis en place par le conseil d’administration. Parmi ceux-ci, mentionnons: > Pôles régionaux > Vie associative > Relations internationales > Jeunesse > Recherche Les membres sont aussi invités à assister à l’assemblée générale annuelle. L’année écoulée est alors passée en revue et l’ensemble des membres prennent position sur les orientations privilégiées pour l’avenir. C’est aussi un moment unique de rencontres, d’échanges et de solidarité.


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L’économie sociale a son Chantier

L’histoire de l’économie sociale est celle des hommes et des femmes qui se mobilisent pour répondre aux défis de leur époque et aux besoins de leur milieu. Depuis plus d’une centaine d’années, l’économie sociale imprime ses couleurs dans le développement du Québec. Sous diverses formes et dénominations, à travers plusieurs générations, des organisations et des entreprises collectives ont contribué au développement d’une société et d’une économie plus humaine. Le Chantier de l’économie sociale est né de cette même énergie et de cette même nécessité. Le Chantier de l’économie sociale est un lieu de convergence des acteurs de l’économie sociale et des mouvements sociaux. C’est une jeune organisation, autonome et indépendante, dotée d’un membership large qui réunit par exemple autant les coopératives d’habitation que les entreprises collectives œuvr ant dans le secteur des technol o gies, de l’informati on et des communications. Le Chantier de l’économie sociale ne vise à prendre la place d’aucune organisation ni à englober tout le monde dans un projet unique. À la fois simple et complexe, son ambition est de continuer à poser les enjeux, et à faire converger les forces des parties prenantes en vue d’une véritable démocratisation sociale et économique. Le conseil d’administration

Présidence du conseil d’administration Patrick Duguay*, Pôle régional d’économie sociale de l’Outaouais Présidence-Direction générale Nancy Neamtam* Regroupements des entreprises d’économie sociale Daniel Berthaume*, Conseil québécois des entreprises adaptées Louis Darveau, Regroupement des entreprises d’économie sociale en aide domestique du Québec Richard Gravel*, Collectif des entreprises d’insertion du Québec Marc Paquette, Fédération des coopératives des paramédics du Québec Jean Robitaille*, Association québécoise des centres de la petite enfance


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Jocelyne Rouleau, Confédération québécois des coopératives d’habitation François Vermette, Regroupement québécois des OSBL en habitation Regroupements d’organisations de soutien au développement de l’économie sociale Louise Saint-Jacques, Réseau de la coopération du travail du Québec Édith Cyr, Association des groupes de ressources techniques du Québec Serge Ouellet, Association des centres locaux de développement du Québec Thérèse Sainte-Marie*, Regroupement des CDEC du Québec Lucie Villeneuve*, Réseau québécois du crédit communautaire Pôles régionaux d’économie sociale Patrick Duguay*, Pôle régional d’économie sociale de l’Outaouais Linda Maziade, Pôle régional d’économie sociale de la Capitale-Nationale Lynn O’Cain, Pôle régional sociale de la Mauricie Claude Ouellet, Pôle régional d’économie sociale du Bas-Saint-Laurent Danielle Ripeau, Pôle régional d’économie sociale de l’Île de Montréal Centrales syndicales Esther Désilets, Fédération des travailleurs et des travailleuses du Québec François lamarche, Confédération des syndicats nationaux Mouvement communautaire Denis McKinnon*, Table nationale des corporations de développement communautaire Mouvement des femmes Danielle Fournier, Relais-Femmes Grands mouvements Sonia Vaillancourt, Conseil québécois du loisir Membres d’office Stéphane Chabot, Réseau d’investissement social du Québec Jacques Charest, Fiducie du Chantier de l’économie sociale


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Céline Charpentier, Comité sectoriel de main-d’œuvre de l’économie sociale et de l’action communautaire Jean-Marc Fontan, ARUC en économie sociale et RQRP en économie sociale Membre cooptée Margie Mendell, School of Community & Public Affairs, Concordia University *Membres du comité executif

Les partenaires

Le Réseau d’investissement social du Québec Mis en place en 1997, le Réseau d’investissement social du Québec (RISQ) vise à: > rendre accessible un financement aux entreprises d’économie sociale; > soutenir l’essor des entreprises collectives par l’injection de capital. Des résultats: > Plus de 318 investissements en aide technique ou en capitalisation. > Sept millions investis, générant des investissements de 66 millions. > Chaque dollar investi par le RISQ en génère dix dans le milieu et en fait entrer cinq dans les coffres de l’État. > Très faible taux de perte sur prêt.

Le Comité sectoriel de main-d’œuvre Économie sociale et action communautaire (CSMO - ESAC) Créé en 1997, à la suite de la recommandation du comité de travail sur l’économie sociale au Sommet sur l’économie et l’emploi, le Comité sectoriel de main-d’œuvre (CSMO) Économie sociale et Action communautaire a pour mission de favoriser et de consolider la concertation et le partenariat afin de résoudre les problèmes de main-d’œuvre communs aux entreprises et aux


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organismes du secteur. Œuvrant au Québec, il vise à assurer le développement de la main-d’œuvre et de l’emploi au niveau sectoriel par la mobilisation et la concertation des principaux acteurs concernés, par une connaissance approfondie du marché du travail et par l’élaboration de stratégies d’action et de formation continue. Le CSMO-ESAC a réalisé de nombreux travaux portant sur l’évaluation des besoins de formation ainsi que sur le développement des programmes dédiés aux administrateurs, aux gestionnaires et aux travailleurs pour plusieurs secteurs de l’économie sociale et de l’action communautaire notamment les centres de la petite enfance (CPE), l’aide domestique, l’environnement et les coopératives de développement régional. Les entreprises d’économie sociale sont préoccupées par l’amélioration des conditions de travail. On note un sentiment d’appartenance très fort du personnel envers leurs entreprises d’économie sociale où, en général, les travailleurs et travailleuses y trouvent un milieu de travail gratifiant et valorisant. Le CSMO-ÉSAC estime, de manière prudente, que ces organisations collectives, coopératives et organismes sans but lucratif (OBNL) comptent près de 120 000 travailleurs et travailleuses dans l’ensemble des régions du Québec.

ARUC économie soc iale

Créée en 2000, l’Alliance de recherche université-communautés en économie sociale (ARUS-ÉS) se distingue des centres de recherche standards. Toutes les décisions sont prises à la fois par des chercheurs et par des organismes du milieu. De même, la recherche, la formation, le transport de connaissances et la réflexion se font en partenariat. Les rôles de l’ARUC sont de: > produire des savoirs neufs, utiles au développement des collectivités; > favoriser le partage des connaissances entre les universités et les communautés; > soutenir le développement du modèle québécois d’économie sociale.


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Chantier de l’économie sociale La Fiducie du Chantier de l’économie sociale a comme principale mission de favoriser l’expansion et le développement des entreprises collectives en améliorant l’accès au financement et en assurant une meilleure capitalisation des entreprises d’économie sociale. La Fiducie offre des prêts sans remboursement de capital avant 15 ans. Ce capital patient permet de soutenir les opérations des entreprises et d’appuyer leurs investissements immobiliers. La Fiducie du Chantier de l’économie sociale investit exclusivement dans des entreprises d’économie sociale, notamment des organismes à but non lucratif et des coopératives de moins de 200 employés. Les types de projets admissibles sont des projets de démarrage d’entreprise et de développement de nouveaux projets d’économie sociale. Les fonds ne peuvent être accordés pour un redressement des activités d’une entreprise ou pour un refinancement.


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Le portail Économie sociale Québec > economiesocialequebec.ca

Le Chantier de l’économie sociale et ses partenaires ont procédé le 12 octobre 2007 au lancement du portail Économie sociale Québec. Ce nouvel outil collectif se veut un espace interactif de réseautage et de promotion pour les acteurs et les partenaires de l’économie sociale, mais également une référence pour les consommateurs recherchant des produits et services équitables offerts localement. L’un des outils centraux du portail est le Répertoire des entreprises d’économie sociale, des organismes de soutien et des groupes communautaires ayant des projets d’économie sociale. Regroupant jusqu'à maintenant plus de 4 800 entreprises d'économie sociale et organismes, ce répertoire offre à chaque entreprise d’économie sociale une fiche dans laquelle on peut trouver ses produits et se rvices, ses coordonnées, ses heures d’ouverture, etc. Un autre des aspects importants du portail est la place faite aux régions. Représentée par un pôle, chaque région du Québec bénéficie d’un espace lui étant exclusivement destiné. Dans ces sections régionales, les visiteurs y trouveront de l’information reflétant les caractéristiques propres de chacune des régions et leurs réalités locales, ainsi que la liste des entreprises d’économie sociale et organismes de soutien œuvrant dans chacune de ces régions.


Nombre d’entreprises d’économie sociale par région (2007) Abitibi-Témiscamingue

251

Bas-Saint-Laurent

403

Capitale-Nationale

333

Centre-du-Québec

161

Chaudière-Appalaches

166

Côte-Nord

40

Estrie

281

Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine

252

Lanaudière

160

Laurentides

55

Laval

43

Mauricie

94

Montérégie

246

Montréal

1237

Outaouais

239

Saguenay–Lac-Saint-Jean

132


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Un mouvement présent dans toutes les régions du Québec

S’il est une composante essentielle du mouvement de l’économie sociale au Québec, c’est bien le dynamisme de ses régions. De l’Abitibi-Témiscamingue à Lanaudière, en passant par la Gaspésie ou Montréal, chacune des régions est un rouage important du dynamisme et du rayonnement de l’innovation et de l’économie sociale à travers tout le territoire. Avec le concours des pôles régionaux d’économie sociale, le nombre d’entreprises d’économie sociale a connu un fort développement et on comptait plus de 4 000 entreprises ou organisations d’économie sociale à la fin de l’année 2007. Voici une illustration des activités d’économie sociale et des exemples d’entreprises d’économie sociale au travers de nos régions.

Les pôles régionaux d’économie sociale Le rôle des pôles est de promouvoir l’économie sociale et de favoriser la concertation et le partenariat entre les intervenants locaux et régionaux en économie sociale afin d’harmoniser les interventions et d’en maximiser les effets. Ces pôles sont constitués de représentants d’entreprises d’économie sociale et d’organisations locales et régionales de soutien au développement.


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ABITIBI-TÉMISCAMINGUE L’Abitibi-Témiscamingue est l’une des régions ressources du Québec. Son économie et l’industrie reposent sur l’exploitation des ressources naturelles. Au cours de l’année 2005, le nombre d’emplois a diminué, notamment dans le secteur forestier, à la suite du contentieux canadoaméricain sur le bois d’œuvre et du dépôt du rapport Coulombe. L’industrie forestière, qui génère environ 6750 emplois, représente 10% des emplois de l’Abitibi-Témiscamingue. On compte 24 entreprises d’économie sociale dans le secteur forestier, dont 16 coopératives forestières, lesquelles embauchent un peu plus d’un millier de personnes. Au cours des dernières années, grâce à la hausse de l’achalandage touristique, l’industrie du tourisme est devenue un levier important pour le développement économique de la région. La majorité des entreprises d’économie soc iale de l’Abitibi-Témiscamingue, soit 21%, appartiennent au secteur du loisir et du tourisme. On compte aujourd’hui de plus en plus d’entreprises d’économie sociale. Déjà, en 2004, elles étaient 239 entreprises et généraient plus de 3400 emplois. Défis et pistes d’action Le concept de l’économie sociale n’est pas encore tout à fait compris par l’ensemble des acteurs et des élus de la région. À l’initiative des centres locaux d’économie sociale (CLÉ), mis en place par le CRÉS dans chacune des cinq MRC, l’ensemble de ces centres s’est doté d’une grille commune de reconnaissance d’entreprises

d’économie sociale afin d’en faciliter la compréhension dans l’ensemble des territoires. Cette démarche a permis la réalisation de plusieurs projets et d’autres sont en voie d’être réalisés. Afin de valoriser les entreprises d’économie sociale de l’Abitibi-Témiscamingue, le CRÉS a aussi produit, en 2004, un portrait des entreprises d’économie sociale de la région et projette de publier un bulletin d’information destiné aux entreprises, aux acteurs et aux partenaires. À la suite de la publication du rapport Coulombe, certaines MRC du Québec, dont celles de la région de l’AbitibiTémiscamingue, ont vu leur volume annu el légal d’exploitati on forestière diminuer. Compte tenu de la situation économique de la région, les partenaires du secteur de l’économie sociale, tels les différents centres locaux de développement (CLD), concentrent davantage leurs énergies sur les problématiques liées à la foresterie et à l’agriculture, que sur le déploiement de l’économie sociale. Toutefois, dans certaines MRC de la région, il s’agit au contraire d’une occasion de démarrer des entreprises d’économie sociale dans ces secteurs.


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Par ailleurs, ces initiatives sont en partie appuyées par le gouvernement du Québec, grâce à une aide moné taire supplémentaire versée au Fonds de déve-

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loppement des entreprises d’économie sociale pour les MRC touchées par la baisse de l’activité forestière. Ce soutien financier permet d’appuyer des entreprises

La Troupe À Cœur ouvert inc. La MRC de l’Abitibi-Ouest a connu une excellente saison touristique au cours de l’été 2005, un succès attribué en grande partie à la popularité du spectacle à grand déploiement Le Paradis du Nord. Ce spectacle musical, dernière création originale de La Troupe À Cœur ouvert, relate l’histoire régionale et a attiré quelque 13 000 spectateurs. Fondée en 1981, cette troupe poursuit sa mission en soutenant la vie culturelle et communautaire dans son milieu. Par ses retombées économiques de plus d’un million de dollars, cette méga-production engage aujourd’hui plus de 400 bénévoles de la région tout au long de l’année. Malgré une situation économique régionale difficile, cette troupe de théâtre a su rallier toute une MRC autour d’un même objectif économique et développer une fierté culturelle régionale.

Le Centre d’amitié autochtone de Val-d’Or Le Centre d’amitié autochtone de Val-d’Or a comme mission d’améliorer la qualité de vie des autochtones en milieu urbain, de favoriser le rapprochement entre les peuples et de promouvoir la culture autochtone. Les membres des Premières Nations représentent environ 4 % des résidants de l’Abitibi-Témiscamingue. Ils éprouvent plus de difficulté à accéder au marché du travail que la population non autochtone. Une personne sur deux habite une réserve, alors que les autres résident en milieu rural ou urbain. Le centre offre des services de développement social, économique et communautaire. Les projets de développement économique, basés sur les principes de l’économie sociale, visent à assurer la pérennité de l’organisme et à permettre la création d’emplois. Les projets d’économie sociale comprennent un service d’hébergement, une boutique d’artisanat, des services alimentaires et la location de salles.


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d’économie sociale en démarrage, ou qui ont un projet d’expansion, et qui créent de nouveaux emplois. Occasions de développement Des projets d’entreprises d’éc onomie sociale sont en voie d’être consolidés un peu partout sur le territoire. On y trouve de nouvelles entreprises dans les secteurs de la récupé r ation, des se rvices de proximité, en télécommunication et dans le milieu culturel. On prévoit la mise sur pied d’un marché public, d’un atelier de confection artisanale et d’un projet visant l’intégration des jeunes dans le domaine socioartistique. L’enjeu de la relève L’enjeu de la relève dans une entreprise d’économie sociale est surtout lié à la

bonne gestion de l’entreprise. En effet, si les revenus générés permettent de créer des emplois dont les conditions salariales sont intéressantes, il est plus facile d’attirer la relève et d’en assurer sa rétention. Des programmes d’emploi comme la mesure Mon premier emploi en éc onomie soc ial e, mise en place par le Fonds Jeunesse Québec, seraient un atout pour favoriser la relève dans l’ensemble des entreprises d’économie sociale. > Personnes-ressources, pôle régional d’économie sociale: Monique Lessard, CLD Témiscamingue, et Mario Tardif, CDR Abitibi-Témiscamingue


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BAS-SAINT-LAURENT À l’instar des autres régions ressources du Québec, le Bas-Saint - Laurent fait face à d’importants défis : une baisse démographique, un vieillissement de la population et l’exode des jeunes qui risque de se prolonger pendant plusieurs années. Malgré les difficultés, la région connaît une période de mutation et de dynamisme économique. On assiste, entre autres, à une augmentation importante des chantiers de construction, au développement de projets éoliens et à une diversification de l’économie régionale. Le Bas-Saint-Laurent affiche l’un des meilleurs bilans en ce qui concerne la réduction du taux de chômage pour la période comprise entre 1994 et 2004. Le taux de chômage régional en 2005 (8,5%,) avoisine celui de l’ensemble du Québec. L’économie sociale, avec ses 463 emplois créés ou consolidés en 2004, a contribué de façon importante à ce succès. Perspectives et défis Plusieurs occasions favorise nt actuellement l’émergence de projets d’économie sociale au Bas-Saint-Laurent. La concertation locale autour de l’économie sociale et l’amélioration de l’accès aux outils financiers font partie des circonstances propices à la consolidation du réseau et au lancement de nouveaux projets. D’ailleurs, les projets en économie sociale ne manquent pas dans la région du Bas-Saint-Laurent, dans des secteurs aussi diversifiés que l’hébergement adapté, les services de proximité en milieu rural, le développement durable et les nouvelles technologies. Une centaine de projets sont actuellement à l’étude auprès de divers

regroupements soutenant le développement régional et local. Toutefois, plusieurs défis concernent le milieu de l’économie sociale au BasSaint-Laurent. Un travail important doit être fait pour assurer la rentabilité et la pérennité des entreprises liées à des secteurs fragilisés ou à de petits marchés. Sur le plan économique par exemple, la rétention de la main-d’œuvre qualifiée, la bonification des conditions de travail et l’amélioration de l’efficacité des entreprises collectives constituent également des défis de taille. Un enjeu important se dessine également autour des questions liées à l’information, à la promotion et à la connaissance de l’économie sociale. Le défi sera alors de combattre les préjugés, d’accroître la notori é té de l’éc onomie sociale et d’en faire connaître ses principes et ses valeurs. Pistes d’action Pour faire face à ces défis, une entente partenariale vient d’être signée dans le Bas-Saint-Laurent. Cette entente se traduit


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concrètement par l’élaboration d’un mécanisme formel de suivi des entreprises et la création éventuelle d’un fonds régional de consolidation et de d éveloppe ment de l’économie soc ial e pour les secteurs fragilisés. L’avenir du réseau dans la région dépend beaucoup des réponses apportées à ces défis. Il en va

aussi, plus largement, du développement social du Bas-Saint-Laurent. > Personnes-ressources, pôle régional d’économie sociale: Claude Ouellet, ATENA Groupe Conseils et Anne Gauthier, CRÉ.

Impressions Alliance 9000 Fournissant depuis 25 ans du travail à des personnes vivant avec des limitations fonctionnelles, l’entreprise d’économie sociale Impressions Alliance 9000 poursuit sa mission en se tournant vers l’avenir. Cette mission est d’intégrer au marché du travail des personnes vivant avec des limitations fonctionnelles et de faire des employés des gens compétents, et cela, dans un esprit de respect, de tolérance, de motivation et de responsabilisation. À long terme, Impressions Alliance 9000 a comme objectif d’offrir de l’emploi à 200 personnes, dont 70 % ont une limitation fonctionnelle.

Corporation du patrimoine et du tourisme religieux des Trois-Pistoles Fondée en 2005, la Corporation du patrimoine et du tourisme religieux des TroisPistoles est un OBNL du secteur culturel qui a pour mission la sauvegarde et la mise en valeur du patrimoine religieux de Trois-Pistoles par le développement, la promotion et la diffusion d’activités culturelles et touristiques en lien avec le patrimoine religieux local.


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CAPITALE-NATIONALE La région de la Capitale-Nationale est reconnue pour son poids économique important dans le domaine des services. En effet, le secteur tertiaire représente 82% des emplois, dont le tiers se situe dans la fonction publique (2003). Comme deuxième destination touristique la plus importante du Québec, l’industrie du tourisme de la Capitale-Nationale génère des retombées économiques de plus de 1,5 milliard de dollars. Dans la région, 80% de la population habite la ville de Québec, qui offre la même proportion d’emplois. La Capitale-Nationale détient le taux de chômage le plus bas du Québec avec 5,6% (2005), un taux nettement inférieur à la moyenne québécoise avec 5,8% (2005). La Capitale-Nationale n’échappe pas au phénomène du vieillissement de la population, et enregistre même un manque important de relève. Ceci fait en sorte que l’augmentati on annu elle du nombre d’emploi est plus importante (1,7% en 2005) que la croissance de la population active (0,1% en 2005). Cette situation peut créer des perspectives d’emplois pour les personnes éprouvant plus de difficulté à intégrer normalement le marché du travail. Le marché de l’emploi de la région se distingue égal e ment par une diversification du secteur des services et des ouvertures dans le secteur manufactu rier pour les travailleurs qual i fié s , assurant ainsi le maintien des emplois à temps plein. Le domaine de l’économie sociale collabore aussi à la création d’emplois, en plus de contribuer à l’inclusion sociale et à l’intégration des populations marginalisées. On trouve des entreprises d’économie sociale dans divers champs d’inte rvention tels que la culture, l’environnement, le

commerce équitable et l’habitation. Le milieu coopératif est représenté à lui seul par près de 327 coopératives, dont 62 appartiennent au secteur des se rvices et 193 au secteur de l’habitation (2005). Un répertoire et un bulletin Un répertoire des entreprises d’économie sociale de la Capitale-Nationale a été réalisé grâce à l’initiative de la CDÉC de Québec et du soutien financier de la Conférence régionale des élus (CRÉ) de la Capitale-Nationale, d’Emploi-Qu ébec Capitale-Nationale et du CLD de Québec. Cet outil est disponible en ligne et a pour but de favoriser le réseautage commercial entre les entreprises d’économie sociale de la Capitale-Nationale. En plus d’un bottin électronique, le projet de réseautage de la CDÉC a aussi permis de produire, en 2005, quelques bulletins s’adressant aux membres. Le bulletin l’Entremetteur informe les entreprises collectives et les partenaires des actualités en économie sociale.


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Défis à relever et pistes d’action La question du financement pour le démarrage et la consolidation des entreprises d’économie sociale demeure un défi important. Malgré quelques avancées, le be soin de financ e ment pe rsiste afin d’assurer le développement et la pérennité des entreprises déjà existantes. Puisque les a ctivités des entreprises d’éc onomie soc iale se conc e ntrent surtout sur la misson sociale, les gestionnaires de ces entreprises estiment que l’aspect économique est souvent négligé. L’offre de formation et le renforcement des capacités constituent donc un défi important

afin d’assurer une meilleure autonomie financière pour les entreprises collectives en leur permettant, notamment, d’adopter des stratégies de gestion et de commercialisation. Occasions de développement La promotion et la reconnaissance de l’économie sociale sont des défis de taille, mais le contexte actuel favorise la redynamisation et la concertation des partenaires de l’économie sociale. Cette situation devrait permettre aux acteurs d’élaborer un plan d’action régional de l’économie sociale et de créer des outils de développement.

Coopérative Méduse Méduse, une coopérative de producteurs et de diffuseurs artistiques, culturels et communautaires, a ouvert ses portes en 1995. Deux idées fondatrices ont présidé à la création de la coopérative : faciliter, pour les artistes, l’accès à des équipements de pointe et à des services spécialisés, ainsi que favoriser une synergie de rencontre et d’échange entre les disciplines artistiques au sein de Méduse. Les espaces de production de Méduse profitent à une très large communauté et accueillent chaque année des centaines d’artistes de Québec et d’ailleurs pour des séjours de production et des résidences de création de courte ou de longue durée.

Recyclage Vanier Recyclage Vanier est une entreprise à but non lucratif qui œuvre dans le secteur de l’environnement, notamment, la récupération de papiers et la destruction de documents confidentiels et ultra-confidentiels. Au cours des cinq dernières années, cette entreprise a contribué à sauvegarder plus de 215 000 arbres. Recyclage Vanier a été la première entreprise de récupération de la région de Québec à se spécialiser dans la destruction de documents confidentiels. Entreprise d’insertion avant toute chose, Recyclage Vanier offre à des personnes exclues du marché du travail un milieu de travail permettant d’acquérir et de développer de l’expérience, des compétences et des comportements de travail dans le cadre d’activités de production.


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CENTRE-DU-QUÉBEC L’économie de la région du Centre-du-Québec repose principalement sur les activités agricoles et manufacturières. On trouve, dans le secteur primaire, 7,2% de la main-d’œuvre, soit trois fois plus que dans la moyenne québécoise (2,4% en 2004). Quant à l’industrie manufacturière, elle offre 27,4% (2006) des emplois de la région. Le secteur industriel s’est d’ailleurs diversifié au cours des années, intégrant les industries des aliments, du papier, du plastique, des produits métalliques, de la machinerie et du matériel de transport. Quelque 9 380 personnes sont tout de même encore employées d’entreprise s manufacturières traditionnelles du textile, du vêtement, du meuble et du bois. La région est aussi reconnue comme pionnière dans la récupération et le recyclage de matières résiduelles et dans le développement communautaire. Dans le domaine de l’économie sociale, les entreprises du Centre-du-Québec sont de plus en plus nombreuses et elles ont même doublé entre 2001 et 2005, générant aujourd’hui plus de 1500 emplois et un chiffre d’affaires qui dépasse 40 M$. Des projets en émergence Un portrait régional des entreprises d’économie sociale a été produit en 2001. La région a obtenu des moyens de financement pour en faire la mise à jour afin, notamment, de cerner les besoins, les difficultés et les défis des entreprises. À l’exception du secteur des centres de la

petite enfance, les conditions de travail offertes sont souvent si peu avantageuses qu’elles ne donnent pas aux employés la possibilité de sortir de la pauvreté. Par ailleurs, cette situation entraîne un important roulement du personnel et une faible rétention de la relève. La bonification des conditions salariales et des avantages sociaux pourrait se réaliser grâce à de bons projets d’autofinancement de la part des entreprises et d’un meilleur soutien de l’État, notam me nt en rétablissant les enveloppes dédiées aux entreprises d’économie sociale dans les CLD. Plusieurs projets d’entreprises d’économie sociale sont actuellement en émergence, notamment dans le secteur du tourisme, de l’environnement et des médias communautaires. On trouvera bientôt de nouvelles ressourceries, des entreprises adaptées et d’insertion sociale et même un refuge pour animaux. Un répertoire des entreprises d’économie sociale Il existe maintenant un Répertoire des entreprises d’économie sociale du Centre-duQuébec en 2005-2006, lequel permet de faire la promotion de l’économie sociale, de faire connaître les produits et se rvices


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offerts par ces entreprises et de développer le ré seautage d’intérêts et d’aff aires entre les entreprises et les partenaires de l’économie social e.

> Personnes-ressources, pôle régional d’économie sociale: Chantal Tardif, C DC Nicolet-Yamaska et présidente du CRES, et Christiane Lussier, coordonnatrice du CRES.

Le Théâtre Parminou Le Théâtre Parminou est une troupe de création et de tournée qui diffuse principalement au Québec, mais aussi au Canada, aux États-Unis et en Europe. Elle a plus de 30 ans d’histoire, de passion et de conviction. Fidèle à ses rêves et à sa mission d’origine, le Parminou continue de faire du théâtre populaire engagé dans les problématiques sociales de son époque. Pour rendre le théâtre accessible aux gens dans leurs lieux d’appartenance, la troupe collabore étroitement avec des organismes sociaux qui agissent comme diffuseurs auprès de ces publics. La moitié de sa programmation s’adresse au jeune public. Les autres segments de la population que les spectacles rejoignent sont souvent des groupes qui vivent des problématiques qui les marginalisent.

Sarcel inc. Depuis 1983, la Société d’Aménagement Récréatif pour la Conservation de l’Environnement du Lac Saint-Pierre (SARCEL inc.), un OBNL du secteur récréotouristique du Centre-du-Québec, travaille à la conservation et l’aménagement des habitats fauniques du lac Saint-Pierre. L’organisme assure un accès aux amoureux de la nature et aux chasseurs de sauvagine à ce site exceptionnel, qui constitue la plus importante halte aux oiseaux migrateurs et le dernier bastion des milieux humides encore intacts du Saint-Laurent. Le projet de SARCEL, qui constitue une source de fierté régionale, a été cité comme un exemple de développement durable au Sommet de Rio en 1992 et au Sommet sur l’écotourisme de Québec en 2002. Son action a contribué considérablement à la reconnaissance internationale du lac Saint-Pierre comme une réserve mondiale de la biosphère par l’UNESCO en 2000.


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CHAUDIÈRE-APPALACHES La région de Chaudière-Appalaches a une économie diversifiée et bénéficie d’une forte culture entrepreneuriale. Elle se démarque, entre autres, par un taux de chômage historiquement bas et une industrie manufacturière qui se distingue par son innovation. Dans le secteur primaire, l’activité agroalimentaire prédomine dans les productions porcines, laitières, avicoles et bovines. Dans le domaine de l’économie sociale, on compte d’ailleurs 41 coopératives agricoles, soit 19% des coopératives de ce secteur au Québec. Le domaine manufacturier de Chaudière-Appalaches est particulièrement dynamique avec des retombées économiques de plus de 5 milliards de dollars. Pour arriver à de tels résultats, la première straté gie est d’oc cuper des créneaux de marché spéc i fiques. Par exemple, les principales entreprises de transformation alimentaire de la région se conve rtisse nt au nouveau marché du biologiqu e. Toutefois, c’est le secteur tertiaire qui procure le plus d’emplois, soit 112 600, représentant 61,9% des emplois de la région (2000). Le milieu de l’économie sociale est aussi très diversifié et compte notamment près de 166 coopératives dans la région, réparties dans plusieurs secteurs différents. Les secteurs les plus importants de la région sont ceux des services et de la santé, de l’envi ronnement et du développement durable, des multiservices de proximité, de la culture, du sport, des loisirs et des communications.

Puisque la région constitue déjà le «royaume» de la PME et qu’elle jouit d’un faible taux de chômage, l’économie sociale y joue beaucoup moins un rôle d’insertion en emploi qu’ailleurs, se concentrant plutôt sur l’offre de se rvices. Des réussites en économie sociale Dans les communautés rurales, l’économie sociale assure des se rvices de proximité souvent esse ntiels pour les populations, contribuant à la su rvie de plusieurs villages et ré pondant aux besoins de la population vieillissante. On trouve égaleme nt des services à la famille et à la jeunesse qui favorisent la revital isation des communautés et contribuent à l’intégration des jeunes. En milieu urbain, l’économie sociale participe au développement culturel, sportif et des loisirs. De pu is plusieurs années, les différents acteurs de l’économie sociale participent activement à une nouvelle concertation régionale. Parallèlement, des réseaux d’entreprises d’économie sociale se mettent en place et travaillent de façon conc e rtée. On ass iste notamment au développement de beaucoup de mouvements intercoopératifs. La présence d’au moins une coopéra-


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tive de services à domicile par MRC a un impact social positif indéniable pour la ré gi on de Chaudière-Appalaches. Ces coopératives regroupent un très grand nombre de membres et contribuent à la création de centaines d’emplois, tout en ayant un chiffre d’affaires total important. Des défis et des projets Sensibiliser la communauté à l’importance et à la portée de l’économie sociale est l’un des grands défis des acteurs dans la région de Chaudière-Appalaches, et ce, depuis les dix dernières années. Il s’agit de

faire connaître et reconnaître l’économie sociale comme un outil de développement pour les collectivités et une solution à certains problèmes locaux. Malgré des développements non négligeables, il n’y a pas eu d’engouement dans la dernière décennie pour l’économie sociale. En ce sens, l’économie sociale souffre d’une faible reconnaissance à la fois de la population, des entrepreneurs et des élus, dans cette région où la culture de PME est très forte. Aujourd’hui, le développement de l’éc onomie soc iale dans la ré gi on de Chaudière-Appalaches est beaucoup plus

Coopérative La Mauve C’est en août 2002 que la Coopérative La Mauve est une coopérative d’économie sociale à but non lucratif. Ses membres ont placé le développement durable au centre de leurs préoccupations. Au cœur de Saint-Vallier, le magasin de La Mauve offre à la population des produits biologiques et locaux. Par le biais de ses paniers, la coopérative offre aussi une distribution alternative de produits alimentaires, ce qui permet de lier directement les producteurs et les consommateurs. Elle vise ainsi à établir les bases d’un commerce local, équitable, biologique et durable.

Les frigos pleins L’organisme Les Frigos Pleins de Bellechasse aide les personnes en difficulté financière à répondre à leurs besoins alimentaires, à s’insérer socialement et économiquement et à participer au développement durable du milieu. L’un des objectifs de l’organisme est de contribuer au développement durable du milieu. La récupération et la transformation alimentaire sont au cœur de l’activité du plateau de travail des Frigos Pleins. Les participants sont en majorité des personnes à faible revenu qui reçoivent des denrées alimentaires en échange du travail qu’elles ont effectué.


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encourageant, alors que plusieurs occasions se présentent pour le milieu. La plus importante est certainement la négociation de l’Entente spécifique sur l’économie soc iale qui rasse mble un très gr and nombre de partenaires (le MDEIE, la TRÉS, les commissions scolaires, Emploi Québec, le Forum jeunesse régional, la CDR, les CLD, la CRÉ, les CDC et le MAMR). L’objectif principal est d’harmoniser les actions et les programmes déjà en place pour leur assurer une meilleure efficacité et une plus grande portée afin de répondre aux besoins de développement de l’économie sociale. Les projets en émergence

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Plusieurs projets sont en émergence. Parmi ceux-ci, un grand nombre de coopératives de multiservices répondant à des besoins sociaux collectifs ont été ou sont en voie d’être mises sur pied. Plusieurs projets en matière d’environnement et de développement durable touchant des domaines d’intérêt collectif sont également en émergence dans certaines collectivités. De plus, on assiste à un certain virage entrepreneurial dans le milieu communautaire où plusieurs projets d’économie sociale sont en construction. > Personnes-ressources, pôle régional d’économie sociale : Manuella Daniel, CRÉ et Raymond Gouin, CLD de


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CÔTE-NORD L’activité économique de la Côte-Nord dépend principalement de l’exploitation et de la transformation de ses ressources naturelles. Ses activités se concentrent en grande partie autour de l’hydroélectricité, du bois, des pâtes et papiers, des métaux et des pêcheries. Lévis.

La Côte-Nord produit 31% de tout l’aluminium du Québec, 35% des ressources minérales, 30% de l’énergie électrique, 20% (valeur et volume) des débarquements du secteur maritime et 15% des produits forestiers de la province (2004). L’économie de la région est fortement dépendante de la grande entreprise et plusieurs municipalités sont tributaires d’une seule industrie, et parfois même d’une seule entreprise de première transformation de ressources naturelles. À l’instar des autres régions ressources du Québec qui ont une moyenne de 7,4% d’emplois relevant du secteur primaire, la Côte-Nord en détient beaucoup plus, dans une proportion de 10,6%. Ces chiffres diffèrent de la moyenne provinciale qui ne compte que 2,7% des travailleurs dans ce secteur d’activité (2005). Le secteur secondaire occupe 20,5 % des travailleurs nord-côtiers et le secteur tertiaire, 68,9% (2005). La région souhaite davantage diversifier son économie et stimuler l’entrepreneuriat local. Cependant, ce type de changement représente un travail de longue haleine. Il est donc

encourageant de constater l’émergence de nouvelles initiatives économiques. En effet, en 2005, plusieurs petites entreprises ont démarré des projets non traditionnels, notamment dans les domaines du récréotou risme et du recyclage des matières résiduelles. Par ailleurs, l’absence de promoteurs privés, particulièrement dans les petites collectivités, a aussi favorisé l’émergence d’entreprises d’économie soc iale. Cette option de rechange est su rtout présente dans le secteur des services et de la foresterie. Les politiques publiques Avant son abolition en 2004, le Conseil régional en économie sociale, soutenu par l’ancien Conseil régional de développement (CRD) de la Côte-Nord, a contribué au développement de l’économie sociale sur son territoire, notamment par des activités de concertation, de réseautage et de formation. L’accès au Fond de développement des entreprises d’économie sociale (FDEÉS), octroyé par les différents centres locaux de développement (CLD), a aussi favorisé la création d’entreprises d’économie sociale sur le territoire de la Côte-Nord.


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Défis à relever et pistes d’action Certaines entreprises d’économie sociale prennent plus de temps à se développer puisqu’il s’agit souvent de projets innovateurs, mais aussi parce qu’il s’agit d’entreprises collectives et qu’un grand nombre d’acteurs contribuent à leur développement. Afin de pe rmettre que ces initiatives d’éc onomie soc iale se concré tisent, le soutien à l’éc onomie sociale est l’un des principaux défis. Par ailleurs, la sensibilisation à l’économie sociale auprès des acteurs économiques pourrait aider à mieux faire connaître les car a cté ristiques propres à l’éc onomie soc iale et peut-être ainsi rendre accessibles des programmes de financement plus adaptés aux réalités des

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entreprises d’économie sociale. L’établissement de partenariats entre les différents acteurs du développement régional est aussi l’un des grands enjeux à relever afin de mieux appuyer les initiatives d’économie sociale. De plus, de meilleurs outils financiers adaptés aux très petites entreprises et aux futures entreprises innovatrices, et la disponibilité de programmes de formation sur les compétences entrepreneuriales de ses acteurs, favoriseraient la consolidation d’entreprises d’économie sociale s ur le territoire de la CôteNord. L’encouragement à l’investissement dan s les entreprises collectives par l’établissement de nouvelles mesures fiscales, notamment pour les coopéra-

Les vêtements Norfil Sur la Côte-Nord, l’entreprise d’intégration Les Vêtements Norfil produit des vêtements spécialisés pour les travailleurs industriels. Reconnue centre de travail adapté, 75 % de son personnel est composé de personnes vivant avec un handicap physique, intellectuel ou psychologique. Tout en offrant de l’emploi à ces personnes, elle leur offre aussi un environnement social dynamique et une formation, leur permettant ainsi de vivre dignement et de façon plus autonome.

Le Trait d’union du Nord Dans la région de Fermont, sur la Côte-Nord, le Trait d’union du Nord est un journal communautaire. Le journal a su, depuis plus de 20 ans, mener à bien sa mission initiale : celle de fournir de l’information aux habitants de la région, d’offrir un outil de diffusion aux organismes et entreprises de la région et de servir de lieu de débat et d’échange entre les membres de la communauté. Et il compte bien continuer à le faire !


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tives de solidarité, serait aussi pertinent et contribuerait à augmenter substanti ellement l’investissement de membres de soutien. Occasions de développement La relève entrepreneuriale est une belle occasion pour les collectivités, témoins de plusieurs fermetures d’entreprises privées. Les propriétaires prennent souvent de telles décisions parce qu’ils jugent leurs profits économ i ques insu ffisants. En transformant ces entreprises en entreprises collectives, les communautés concernées se doteraient d’outils concrets leur permettant ainsi de ré pondre à leurs besoins communs de développement. La relève La sensibilisation à l’économie sociale dans les institutions d’enseignement contri-

buerait à faire connaître, chez les étudiants, une solution de rechange économique à l’entreprene u riat privé, qui leur permettrait de s’impliquer dans la communauté et de s’éveiller aux valeurs liées à l’économie sociale. Des projets en émergence Quelques projets de coopératives émergent, grâce entre autres à un partenariat entre la Conférence régionale des élus (CRÉ), Développement économique Canada (DÉC) et la Coopérative de développement régional (CDR) du Bas-Saint–Laurent/Côte-Nord. Ce type d’expérience, mettant en lien d’autres partenariats, permettrait d’offrir un meilleur soutien à ces projets. > Personnes-ressources, pôle régional d’économie sociale:


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ESTRIE L’Estrie possède des ressources industrielles très variées et bénéficie de la proximité des marchés américains. Par ses axes routiers, la région métropolitaine de Sherbrooke forme, avec celles de Montréal et de Québec, le triangle industriel le plus important du Québec. Jennifer Gauthier, CDR Bas-SaintLaurent/Côte-Nord et Jude Les politiques publiques Brousseau, CRÉ. Le programme de Développement des capacités en économie sociale de DéveLes secteurs des mines, des forêts, du loppement économique Canada (DÉC) a textile, des pâtes et papier et de l’agriculpermis l’embauche d’une ressource pour le ture constituent 35% (2004) des emplois. réseautage régional des entreprises d’écoLe secteur manufacturier est très divernomie sociale, dans le cadre du projet du sifié, allant de la production de textiles, Réseau d’entreprises d’économie sociale de des vêtements et des pâtes et papier aux l’Estrie. Bien qu’il n’y ait plus d’enveloppe nouvelles technologies (microélectrodestinée uniquement aux entreprises d’éconiques, techniques biomédicales, etc.). Il nomie sociale dans les CLD, le maintien regroupe d’ailleurs 18 des 20 différents des mandats de développement de l’éconosous-secteurs qui existent au Québec. Par mie sociale et de gestion du Fonds de contre, les emplois diminuent, les secteurs développement des entreprises d’économie du textile, du bois et de la fabrication sociale a tout de même permis la création enregistrant des pertes de 5 700 emplois de plusieurs entreprises. Il est aussi (2005). Ces coupures de postes laissent important de souligner qu’un représentant place à des emplois précaires dans le de l’économie sociale siège au conseil milieu du commerce, lequel offre des d’administration de la plupart des CLD de salaires plus bas et des emplois à temps l’Estrie. Le Fonds de lutte à la pauvreté a partiel. À l’image de l’économie régionale, également permis de développer les les champs d’a ctivité des entreprise s entreprises d’économie sociale qui ne d’économie sociale sont très variés. En pouvaient bénéficier des fonds des CLD. Estrie, on dénombre 305 entreprise s d’économie sociale représentant environ Défis à relever et pistes d’action 2,5% des entreprises de la région. Ces La reconnaissance par les politiciens et les entreprises se divisent en deux catégories acteurs économiques, non seulement du à peu près égales, représentées par les concept de l’économie sociale, mais aussi coopératives à 52% et par les organismes de sa place dans l’espace économique de à but non lucratif à 48%. l’Estrie, représente toujours un défi. La


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plupart des entreprises d’économie sociale ont intégré des personnes du milieu des affaires à leur conseil d’administration; ils semblent avoir permis aux entreprises d’intégrer des pratiques d’affaires dans leur mode de gestion. Pour favoriser la création d’entreprises d’économie sociale, un programme de soutien financier, tel le Soutien aux travailleurs autonomes, serait très utile. Afin d’aider et d’outiller ces entreprises,

plus de ressources « terrain » seraient nécessaires. À cet effet, un premier réseau de soutien aux entreprises d’économie sociale a été créé à Sherbrooke, sous la formule des cellules du Groupement des chefs d’entreprise et vise, à travers des rencontres, à susciter des échanges d’expériences et d’expertises. > Personnes-ressources, pôle régional d’économie sociale: Cynthia Colette,

DÉFI SM L’organisme DEFI SM s’est donné comme mandat de créer des emplois de qualité pour les personnes vivant des problèmes de santé mentale et leur permettre de retrouver une place significative au sein de la société. Les principales activités de l’organisme se concentrent dans les domaines de la menuiserie, de l’assemblage, de l’emballage, de la manutention, de l’inspection et de la finition d’aluminium. Plus de 81 employés y travaillent, dont 90 % ayant des limitations fonctionnelles. Ils ont acquis un sentiment d’appartenance et sont très mobilisés. Trois d’entres eux siègent au conseil d’administration.

Le centre d’initiatives en agriculture de la région de Coaticook (CIARC) Le CIARC est un organisme sans but lucratif dont la mission est de développer un environnement économique, dynamique et attrayant pour faciliter la consolidation et la diversification d’activités en milieu rural par la planification, la coordination et l’administration d’activités agricoles innovatrices dans la région de Coaticook.

Le Centre de formation professionnelle CRIFA Une ferme école de premier plan est née en avril 1994 à la suite d’une concertation entre la Commission scolaire de Coaticook et le CIARC. Les infrastructures servent de laboratoires pour les élèves et les enseignants des programmes de Production laitière, Production bovine, Production porcine, Horticulture ornementale, Production horticole, Réalisations d’aménagement paysager, Mécanique agricole et Gestion et exploitation agricole du Collège de Sherbrooke.


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GASPÉSIE–ÎLES-DE-LA-MADELEINE L’économie de la région ressource de Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine est traditionnellement basée sur l’exploitation des ressources naturelles fournies par la mer, la terre, la forêt et le sous-sol. Les activités économiques se concentrent surtout autour des secteurs de la pêche, de la forêt et du tourisme, lesquelles activités représentent 30% de l’économie de la région. CDEC de Sherbrooke et David Bureau, coordonnateur Réseau d’entreprises d’économie sociale de l’Estrie. Cependant, ces activités varient selon les saisons et selon les fluctuations des marchés internationaux, ce qui implique un taux élevé de chômage, touchant 17,8% de la population (2005). Par contre, l’économie de la région tend à se diversifier et annonce de nouvelles perspectives de développement économique notamment dans l’énergie éolienne, le tourisme et le multimédia. Par ailleurs, l’économie sociale, en plus d’investir ces domaines traditionnels, se retrouve aussi dans les différents secteurs économiques en développement et fait en sorte de créer de nouvelles perspectives d’emploi. Les entreprises d’économie sociale représentent d’ailleurs une proportion de 40% des entreprises qui appartiennent au secteur des loisirs, 44% à celui de la culture, 55 % aux méd ias et 81 % au domaine du patrimoine. La population de la région, qui présente un faible taux de diplomation collégiale ou universitaire (20,4% contre 31,7% pour la moyenne

québécoise en 2005), profite aussi des programmes d’insertion socioprofessionnelle offerts par plusieurs entreprises d’économie sociale. Les politiques publiques Depuis 2005, les changements apportés aux conditions d’admissibilité au régime d’assurance-emploi, notamment l’imposition d’un nombre plus élevé d’heures travaillées, ont défavorisé une bonne partie de la population occupant des postes saisonniers. Ces nouvelles normes ont contribué au départ massif de gens vers les milieux urbains et, probablement en partie, au phénomène de l’exode des jeunes. En avril 2006, le ministère de la Santé et des Services sociaux annonçait les modifications apportées au Programme d’exonération financière pour les services d’aide domestique (PEFSAD). Les premières mesures concernaient principalement la compensation financière pour la gestion administrative du PEFSAD et la compensation pour le déplacement du personnel. L’ancienne mesure de ruralité qui tenait compte des contraintes spécifiques dans l’organisation des se rvices d’aide domestique en région rurale était abolie. Pour les EESAD de la région de la


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Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine, l’ancienne prime de ruralité équivalait à un montant de 1,4 M$. Cette mesure jouait vé ritablement un rôle stru cturant en reconnaissant les réalités spécifiques des entreprises évoluant sur de grands territoires de desserte tout en ayant une très faible densité de population. L’application des nouvelles mesures du PEFSAD entraînera un recul financier significatif pour la majorité des entreprises de la région. Ce tte situation au gmentera le risque d’assister à la fermeture éventuelle de certaines entreprises qui ont épuisé leur marge de manœuvre financière leur permettant d’assurer un déficit d’opérations. Une analyse de la situation est en cours afin de bien comprendre la réalité et les contraintes de ces entreprises, et surtout, de permettre l’identification de solutions visant à leur assurer une stabilité fonctionnelle. Cette démarche exigera la collaboration de plusieurs acteurs: les entreprises d’économie sociale en aide domestique, l’Agence de la santé et des services sociaux, les centres de santé et de services sociaux, le ministère de la Santé et des Se rvices sociaux, la Direction régionale Emploi Québec ainsi que certains partenaires régionaux reliés au développement économique. Cette démarche collective prend la forme d’un projet pilote visant à résoudre une situation urgente sur le plan régional et pouvant, sur le plan national, améliorer notre connaissance de l’organisation des se rvices d’aide domestique dans un

contexte de ruralité, et le cas échéant, suggérer des mesures structurantes bien adaptées à ces entreprises. Le projet ACCORD est un programme de mesures fiscales s’adressant à toutes entreprises de la région de la Gaspésie– Îles-de-la-Madeleine créant de l’emploi dans des secteurs économiques précis. Le gouvernement du Québec a identifié les secteurs du récréotourisme, de la biotechnologie marine et de l’énergie éolienne comme des créneaux d’excellence. Les impacts de ces mesures seront connus dans les années à venir. Défis à relever et pistes d’action La concertation des intervenants œuvrant dans le domaine de l’économie sociale s’est faite de façon sectorielle et irrégulière depuis plusieurs années, et ce, pour différentes raisons. Afin de redynamiser le grand secteur de l’économie sociale, un comité provisoire, soutenu dans se s travaux par la Conférence régionale des élus (CRÉ) de la Gaspésie–Îles-de-laMadeleine, a été formé dernièrement pour travailler à la mise en place d’un pôle régional d’éc onomie soc ial e. D’autres initiatives seront mises de l’avant au cours des prochains mois afin de favoriser la concertation et de sensibiliser la population, notamment la mise en place d’un groupe de recherche partenariale en économie sociale et l’organisation d’un colloque sur l’économie sociale à l’automne 2007. Les entreprises d’économie sociale dans les domaines de la gestion des


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matières résiduelles et de la consommation responsable ont dû remuer les habitudes de vie de la population afin de les inciter à favoriser davantage l’achat de produits régionaux et de rendre courante la pratique du recyclage. Dans le cadre de programmes de réinsertion sociale, un travail de conscientisation a aussi été amorcé dans la communauté de manière à permettre de combattre les préjugés et la disc ri m i nation envers les pe rsonnes devant retourner sur les bancs d’école tout comme envers les nouveaux arrivants. La relève La présence des centres locaux de développement (CLD) et des sociétés d’aide au développement des collectivités (SADC) a permis de stimuler l’entrepreneuriat dans la région. L’aide financière octroyée par ces institutions donne la possibilité à de jeunes entrepreneurs de démarrer, entre

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autres, une entreprise d’économie sociale. Puisque le phénomène d’exode des jeunes est principalement motivé par la recherche d’emploi ou par la scolarisation à l’extérieur de la région, ce programme a permis à certains jeunes de revenir dans la région après leurs études. On obse rve d’ailleurs qu’ils sont de plus en plus nombreux à regagner la région depuis quelques années. Le rôle des pôles est de promouvoir l’économie sociale et de favoriser la concertation et le partenariat entre les intervenants locaux et régionaux en économie sociale afin d’harmoniser les interventions et d’en maximiser les effets. Ces pôles sont constitués de représentants d’entreprises d’économie sociale et des structures intermédiaires locales et régionales de soutien au développement. >

Personnes-ressources, pôle régional

Parc et mer Mont-Louis Situé à Saint-Maxime du Mont-Louis, en Haute-Gaspésie, le Parc et Mer Mont-Louis a pour mission de favoriser l’activité culturelle et économique de la municipalité tout en permettant de faire connaître et apprécier son histoire et sa culture. Projet de développement rassembleur, le parc communautaire vise aussi à mobiliser le plus possible la population et les élus, autour des enjeux de la création d’emploi afin de lutter contre l’exode des jeunes et la promotion de l’artisanat local.

Multiservices, corporation d’aide à domicile Située dans la municipalité de Grande-Vallée, la corporation vise à maintenir les personnes en perte d’autonomie le plus longtemps possible dans leur milieu de vie naturel en offrant des services d’aide domestique, tout en créant des emplois durables.


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LANAUDIÈRE L’heure est à la croissance dans Lanaudière. La région affiche depuis plusieurs années une poussée démographique parmi les plus fortes du Québec, tout en étant moins frappée par le vieillissement de la population. Le développement économique est aussi au rendez-vous : malgré une population moins scolarisée que dans l’ensemble du Québec, Lanaudière possède un bon bilan socioéconomique. d’économie sociale: André Richard, Multi services, corporation d’aide à domicile et Ghislain Anglehart, CRÉ. La région peut également compter sur de nombreux avantages: une économie diversifiée, une dynamique de concertation régionale exceptionnelle, un secteur de la construction florissant, etc. Malgré ces atouts, la région est marquée par d’importantes inégalités soc i oéconomiques et démographiques. La croissance, prononcée dans les MRC de la banlieue de Montréal (des Moulins et L’Assomption), est moins sentie sur le reste du territoire. La MRC de la Matawinie est notamment touchée par un vieillissement important de la population. De plus, certains domaines économiques sont en restructuration, comme le secteur agricole, affaibli entre autres par la baisse de la demande de tabac et la hausse du dollar canadien. Beaucoup de défis attendent encore la région. Avec à leur actif de multiples réal isations sociales et des centaines d’emplois créés et consolidés, les entreprises d’économie soc iale de Lanaudière contribuent déjà à les relever. Forces et succès de l’économie

sociale Depuis un an, les acteurs lanaudois de l’économie sociale démontrent un réel dynamisme sur le plan de la concertation et du réseautage. Le 7 novembre 2006 a été le point culminant d’une année d’intense mobilisation, avec la tenue de l’événement Place aux entreprises d’économie sociale de Lanaudière auquel quelque 150 partenaires et gestionnaires d’entreprises ont participé. Signalons que cet événement a été réalisé grâce à l’implication des agents de développement des CLD, des SADC et de la CDR du territoire, ce qui démontre une reprise de l’engagement de ces organismes dans la concertation régionale. Ils sont d’ailleurs au cœur de la démarche de consultation visant la réalisation du portrait des entreprises collectives de chacune des six MRC de Lanaudière. Des défis et des objectifs pour les prochaines années Dans les années à venir, les acteurs lanaudois de l’économie sociale devront amorcer une réflexion afin de mieux structurer le pôle régional d’économie sociale en lien avec les besoins déterminés par le milieu. Toutefois, les acteurs ont déjà affirmé le


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désir qu’il y ait un renforcement du soutien à la concertation locale et régionale en économie sociale. Afin d’atteindre ces objectifs de concertation, il doit y avoir une meilleure reconnaissance de l’économie sociale par les décideurs publics et les acteurs du développement économique, afin que le secteur de l’économie sociale devienne un outil de développement rentable économiquement et socialement pour nos territoires. Les efforts de promotion doivent être poursuivis, particulièrement par la d i ffusion d’une vision commune et précise du rôle spécifique de l’économie sociale dans le développement durable et régional.

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Des actions doivent aussi favoriser une présence et un engagement continu d’Emploi-Québec et des élus régionaux dans le soutien et la promotion des dossiers d’économie sociale. L’enjeu de l’égalité entre les hommes et les femmes constitue un autre défi. Il est intéressant de souligner que les emplois du secteur sont occupés en majorité par les femmes; conséquemment, la notion d’équité est déjà présente et ne constitue donc pas une préoccupation majeure. Néanmoins, les salaires sont moins élevés comparativement aux autres secteurs économiques et la proportion des femmes occupant des postes de décision demeure faible, bien que les emplois du secteur soient à 75%

Centre sportif et communautaire de Brandon Cet OBNL de 13 employés, ouvert depuis 2004, a pour mission principale de mettre au service de la population du Grand Brandon le centre sportif et communautaire. Il vise aussi à promouvoir l’activité physique et à permettre la mise en place d’activités diversifiées et accessibles, par l’établissement de tarifs abordables.

Coopérative de transport fluvial de la MRC de L’Assomption Depuis deux ans, les touristes et la population de Saint-Sulpice ont accès à un service de transport en bateau vers les îles de Verchères. Ce service est offert par la jeune Coopérative de transport fluvial de la MRC de L’Assomption, fondée en 2005. La coopérative s’est donné comme mission de développer et de gérer un service de navettes maritimes vers l’archipel de l’île Ronde et l’île Bouchard, et de commercialiser les activités offertes dans les îles. La coopérative de producteurs permet aussi la mise en commun d’outils de commercialisation pour les membres (entrepreneurs, résidents de l’île Bouchard ou de l’île Ronde et personnes intéressées au développement des îles) et les entreprises touristiques de la région, ainsi que le développement du tourisme local.


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occupés par des femmes. Distinguons également la réalité du milieu coopératif traditionnel, notamment dans les milieux forestier et agricole, où le taux de représentation féminine est minime. La mise en place de programmes favorisant la participation des femmes à des postes de décision pou rr aient être une piste de solution. Enfin, d’autres questions interpellent aussi le milieu de l’économie sociale dans Lanaudière: le maintien de la vitalité démocratique des entreprises, les difficultés de recrutement de gestionnaires et de bénévoles, l’inégalité de l’offre de services selon les territoires, etc. La relève, un enjeu majeur Assurer la relève en économie sociale est un enjeu majeur dans la région de Lanaudière! Si les jeunes sont actuellement très présents dans certains secteurs (loisirs, médias, CPE, etc.), on constate toutefois leur absence au sein des conseils d’admi-

nistration d’entreprises. Pourtant, la jeunesse est de plus en plus sensibilisée aux questions liées à la consommation responsable et à l’économie sociale. L’engagement en économie sociale permet également aux jeunes de participer pleinement à la société, d’autant plus que de nombre uses entreprises d’économie sociale appuient de façon concrète les jeunes en difficulté. Il importe donc de favoriser encore plus leur participation en créant des lieux d’accueil et d’intégrati on, ai nsi que des progr am mes pe rmettant de donner une expérience de gesti on coll ective à la jeunesse. La création de liens avec d’autres groupes, tels le Forum jeunesse Lanaudière, les Carrefours jeunesse emploi, le CRÉVALE, et le soutien à l’insertion professionnelle des jeunes qui ont des difficultés à intégrer le marché du travail, figurent aussi parmi les pistes de solution. >

Personne-ressource, pôle


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LAURENTIDES L’économie des Laurentides est surtout soutenue par les secteurs traditionnels d’activité économique, bien que de nouveaux domaines se développent. La région des Laurentides se distingue par sa diversité d’activités économiques autant dans les secteurs primaire, secondaire que tertiaire. L’industrie de services concentre 74% des emplois, notamment dans les domaines du récréotourisme, de la santé, de l’éducation, des services communautaires et de l’administration publique. régional d’économie sociale: Daniel Gauthier, CRÉ. Le secteur primaire embauche moins de 5 000 personnes, en majorité dans les activités liées à l’agriculture et à la foresterie. Par contre, le secteur manufacturier, très important dans l’économie de la région, se concentre dans 823 entreprises et 48 200 emplois dispersés dans divers sous-secteurs, 17% des travailleurs régionaux. Par ailleurs, la proximité de l’aéroport de Mirabel favorise une concentration d’entreprises reliées au domaine du transport dans la région, notamment dans le secteur de l’aéronauti que. L’industri e touristique est aussi l’un des secteurs d’activité économique très importants dans la région, grâce, entre autres, à la Station Mont Tremblant. La région occupe le premier rang au Québec quant aux perspectives de croissance démo gr aphique, estimée à 29% (2004) d’ici 2026, par opposition à 9,3% pour l’ensemble du Québec (2004). La relève entrepreneuriale

Le milieu de l’économie sociale a fait, entre autres, l’acquisition d’entreprises familiales pour lesquelles au cun membre de la famille ne pouvait assurer la relève. Tout un travail de sensibilisation est amorcé auprès des chefs d’entreprises afin que le capital demeure dans la région. De plus, la présence d’entreprises liées au secteur de l’environnement dans les zones industrielles de la région a permis d’entamer une prise de conscience environnementale dans les entreprises, notamment par la récupération du mercure. Les politiques publiques La Stratégie d’action jeunesse, prévoyant le financement des forums jeunesse et une attribution d’un fonds de 1,5 M$ réparti sur trois ans, est une mesure très prometteuse. Puisque l’entrepreneuriat jeunesse est l’une des préoccupations des forums, des entreprises d’économie sociale pourraient bénéficier de financement à travers ce pro gr amme. De plus, ces foru ms travaillent à l’élaboration d’une politique verte qui deviendra l’un des critères de financ e ment pour les entreprises qui voudront avoir accès à une aide finan-


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cière. Aussi, de plus en plus de municipalités des Laurentides se dotent de politiques culturelles. Bien que ces initiatives ne bénéficient, pour l’instant, que de très peu de ressources financières, elles permettent néanmoins le développe ment d’entreprises d’économie sociale dans le secteur de la culture. Occasions de développement Depuis quelques années, les acteurs de l’économie sociale cherchent des moyens de réseautage afin d’appuyer leur développement. Une première tentative avait été faite, il y a quelques années, avec l’organisation d’un coll oque sur l’éc onomie sociale dans les Laurentides. Par la suite, des changements d’ordre politique ont modifié les structures institutionnelles d’organismes de soutien à l’économie sociale, contribuant ainsi à la désarticulation du mouvement. Le Pôle régional d’économie sociale

des Laurentides est un très bon outil pour faire connaître l’économie sociale dans la région. De plus, quelques initiatives régionales permettent aux entreprises d’économie sociale l’accès à des programmes qui correspondent à leurs besoins de formation ou à leur secteur d’a ctivité. Par exemple, le Pôle universitaire des BassesLaurentides offre des possibilités de formation aux entreprises selon leurs besoins. Bien que le se rvice n’ait pas encore été utilisé par les entreprises d’économie soc iale, le pôle universitaire a comme mandat de proposer une formation adéquate, et ce, à toutes les entreprises qui en font la demande. De plus, la CDR et le Conseil culturel des Laurentides se sont donné comme mandat de favoriser les projets culturels ayant pour but de diffuser la culture. Ils encourageront donc la création de lieux de diffusion, d’écoles de formation, de regroupements d’artistes, etc., incluant les

Le Studio Nomadia Le Studio Nomadia a pour objectif d’enseigner les arts martiaux et les danses du monde, de créer et de diffuser des spectacles de danse du monde, et de monter des projets d’intégration et d’orientation personnelle pour les jeunes de 16 à 30 ans.

Carrefour Péri-naissance Organisation à but non lucratif situé à Saint-Eustache, le Carrefour Péri-naissance offre des services destinés aux jeunes parents ayant un enfant de moins de deux ans ou durant la grossesse : une aide à domicile, avant ou après la naissance, un service de garde pour les enfants de moins de deux ans et leurs frères et sœurs de moins de cinq ans, et divers ateliers offerts aux familles.


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initiatives d’économie sociale. La branche régionale du MDEIE est aussi un nouveau partenaire pour les acteurs de l’économie sociale des Laurentides. Elle permet entre autres au pôle régional d’économie sociale l’accès à ses locaux pour l’organisation de ses rencontres. La relève Les jeunes sont de plus en plus présents dans les organismes de soutien à l’économie sociale et dans les nouveaux créneaux tels que la culture et les nouvelles technologies. Ils choisissent l’économie sociale par conviction; soit ils ont déjà vécu une expérience de travail dans ce milieu, soit ils y ont été sensibilisés par leur entourage ou par les institutions d’enseignement qu’ils ont fréquentées. Des projets en émergence Précurseur au Québec, la région des Lau-

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rentides a développé une expertise dans l’implantation des coopératives de santé. Ces initiatives d’économie sociale permettent notamment de prévenir le coup des coupures éventuelles dans le domaine de la santé, de contrer les impacts du vieillissement de la population et de collectiviser les services. Ces cliniques sont aujourd’hui considérées comme des modèles dans plusieurs régions. Deux coopératives de santé et certains projets liés à la médecine douce sont d’ailleurs en émergence. L’organisme d’économie sociale ICI par les arts vient de déménager dans un édifice assez grand pour recevoir des groupes d’écoliers. L’édifice comprendra un studio de théâtre, de danse, un atelier d’ébé n iste ri e, une chambre photo gr aphique, un studio de musique, une salle d’arts visuels, etc. >

Personnes-ressources, pôle régional


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LAVAL La région administrative de Laval est constituée d’une seule ville, d’une MRC, d’un CLD, d’une seule CRÉ, et sa population représente 5% des Québécois (2004). La région se distingue par sa grande diversité économique et se démarque notamment par un secteur industriel performant, représenté par près de 900 entreprises qui emploient 28 400 personnes (2005). d’économie sociale: Richard Fournier, Le Sablier et Linda Thomas, Marteau et Plumeau. L’industrie de la transformation alimentaire est un secteur phare où 1750 entreprises génèrent plus de 2,7 milliards de dollars en revenus annuels et engendrent près de 15 800 emplois (2005). Dans le domaine bioalimentaire, les champs d’activité les plus importants sont concentrés dans la transformation de la viande et l’horticulture. D’ailleurs, la région de Laval est reconnue com me la capitale de l’horticulture, produisant 25% des fleurs vendues au Québec. Le secteur des biotechnologies compte 90 entreprises et institutions hautement spécialisées et plus de 3 300 employés. On y trouve les grands chefs de file du secteur des sciences de la vie et un environnement institutionnel qui favorise la recherche, le développement des produits et leur commercialisation. Bien qu’elle accueille peu de grandes entreprises, la région se compare à celle du Centre-du-Québec par sa forte culture entrepreneuriale et sa forte disponibilité d’emplois. Les pe tites entreprises de services sont de loin les plus nombreuses

et rassemblent 79% des emplois de la région. Dans le secteur de l’économie social e, 52 entreprises se ré partisse nt comme suit: 40 centres de la petite enfance (CPE), lesquels offrent 9 500 places pour les enfants; trois entreprises d’insertion dont la mission première est de travailler à l’insertion socioprofessionnelle des personnes jeunes, adultes et immigr antes. Les autres entreprises interviennent principalement dans les secteurs aussi variés que l’agriculture biologique, l’environnement, la santé et le soutien à domicile. Elles se fixent comme défis d’offrir des emplois pour des personnes vulnérables tout en offrant des services accessibles et à juste prix. Un outil de gestion En 2004, le CLD, en collaboration avec le comité régional d’économie social, a créé l’outil Gestion de performance par secteur (GPS) afin d’év aluer les pratiques de gestion des entreprises d’éc onomie sociale. Cet outil pratique est conçu sous la forme d’un questionnaire d’autoév aluation et pe rmet notamment à l’entreprise d’identifier et de formuler ses objectifs de développement.


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Les politiques publiques L’introduction du Fonds de développement des entreprises d’économie sociale (FDEÉS) au CLD de Laval a engendré la création d’entreprises viables et ayant des retombées sociales significatives, entre autres par la création d’emplois durables. Toutefois, pour le CLD de Laval, l’abolition de l’enveloppe dédiée au financement des projets d’économie sociale a entraîné une baisse de l’aide financière accordée. En effet, alors que durant la période de 1999 à 2002, les fonds octroyés atteignaient les 2 738 373$, entre 2003 et 2006, l’aide accordée au milieu a connu

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une baisse de 63%, passant à 1 002 881$. Par ailleurs, soulignons qu’aucune demande en provenance des communautés n’a été refusée faute de fonds disponibles. Défis à relever et pistes d’action Les partenaires de l’économie sociale de Laval s’entendent pour travailler à l’intégration des personnes exclues du marché du travail traditionnel et pour offrir des emplois durables. De plus, elles offrent des services accessibles visant l’amélioration de la qualité de vie des Lavallois. Dans cette perspective, les critères d’attribution de financement s’orientent sur le potentiel de développement et d’autofinancement de l’entreprise d’économie sociale.

Coopérative de soutien à domicile de Laval Lancée en 1995 par des bénévoles âgés de plus de 50 ans, la coopérative vise à assurer aux aînés une meilleure qualité de vie en leur offrant des services répondant à leurs besoins, afin de leur permettre de demeurer dans leur milieu de vie dans le respect et la dignité le plus longtemps possible.

Systèmes médicaux Systèmes Médicaux inc. a comme mission d’assurer le développement d’une équipe d’experts en aides techniques, en vue d’offrir aux personnes ayant des problèmes de mobilité temporaires ou permanents des produits adaptés, sécuritaires et de qualité. Systèmes Médicaux inc. fabrique et adapte des équipements sur mesure, revalorise, récupère et répare des aides techniques, tout en favorisant l’intégration, sur le marché du travail, de personnes ayant une ou des limitations.


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Les principaux défis pour les acteurs de l’économie sociale de Laval consistent à assurer la pérennité des entreprises déjà existantes et à outiller les gestionnaires, notamment grâce à la formation et à l’outil de gestion GPS. Le pôle régional d’économie sociale prévoit aussi mettre à la disposition des entreprises collectives des pe rsonnes-ressources spéc ialisée s pour les soutenir et les aider à développer des pratiques de planification stratégique.

Quelques projets sont actuellement en émergence. Une entreprise, présentement en développement, favorisera le maintien à domicile en offrant des repas aux personnes âgées. Une entreprise de production de meubles recyclés en bois, visant l’intégration des jeunes au marché du travail, est en démarrage. De plus, d’autres projets sont sur la table à dessin: l’un favorisant la mise en marché de produits du terroir, l’autre, dans le domaine culturel.

Des projets en émergence

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Personnes-ressources, pôle régional


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MAURICIE En Mauricie, malgré de nombreuses préoccupations économiques telles les difficultés vécues par les grandes papetières, une diversification économique s’amorce et de nouveaux projets prometteurs permettront de contribuer à la revitalisation régionale. Avec une présence dans tous les secteurs d’activités et plus de 2000 emplois créés ou consolidés depuis 1998, l’économie sociale participe à cet effort de relance et de revitalisation régionale. d’économie sociale: Manon Loranger, présidente du Pôle régional d’économie sociale de Laval et Céline Lafrance, CLD Laval. Les entreprises d’économie sociale dans le domaine des se rvices sont déjà bien implantées. Leur force principale repose sur le réseautage: le réseau des entreprises d’économie sociale en aide domestique, celui des entreprises d’économie sociale de Trois-Rivières et celui de la MRC de Maskinongé, regroupant plusieurs entreprises vouées à l’insertion et l’intégration au travail, ont un impact social important. Une contribution durable... Les entreprises d’économie sociale contribuent fortement au développement de la Mauricie. Elles le font d’abord en favorisant l’intégration à l’emploi de personnes en difficulté, ce qui constitue la mission première de 20 % d’entre elles. L’intégration au travail et la consolidation des emplois, en plus de briser l’isolement et de réduire la pauvreté, permettent de lutter contre l’exode urbain et d’améliorer la qualité de vie des travailleurs et travailleuses, mais également de centaines de

personnes qui utilisent les services des entreprises d’économie sociale. À cet effet, on ne peut passer sous silence l’importance du secteur de l’aide domestique. Le secteur de l’éc onomie soc ial e connaît aussi un rayonnement de plus en plus important dans la région. Cela favorise la diffusion de ses valeurs de solidarité, de justice sociale, de démocratie et de respect de l’environnement. La tenue d’événements liés à l’économie sociale (Foire de l’économie sociale de TroisRivières, colloques nationaux), la publication de cahiers spéciaux dans la Gazette de la Mauricie et la promotion du réseau ont suscité un plus grand intérêt et une meilleure connaissance du secteur dans le grand public et les médias locaux. ... Et des bonnes occasions De nombreuses bonnes occasions s’offrent actuellement au secteur de l’économie sociale de la Mauricie. L’expérimentation du projet «Emploi de solidarité» pourrait conduire à la création d’un programme de soutien à l’emploi, lequel remédierait à la non-rentabilité des entreprises visant l’intégration des personnes éloignées du


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marché du travail. Plusieurs voies favorisant le développement du secteur de l’aide domestique ont aussi été identifiées: diversification de l’offre de se rvices et du financement correspondant, rétablissement de l’équilibre du financement entre les milieux ruraux et urbains, transfert du chèque emploiservice – présentement acheminé aux personnes handicapées – aux entreprises d’économie sociale du secteur. Les inte rvenants en économie sociale souhaitent aussi la levée du moratoire sur le financement des entreprises d’insertion. Plusieurs projets sont en émergence, mais le financement n’est plus accessible. Enfin, de multiples projets sont en cours de réal isation dans des secteurs vari é s : agroalimentaire, culture, hôtellerie, radio communautaire, vente de produits équitables, santé, etc. Des défis à relever Le développement de l’économie sociale en Mauricie se heurte à plusieurs obstacles. Parmi ceux-ci, le soutien financier

des entreprises figure en tête de liste. Les programmes existants, souvent mal adaptés ou mal utilisés, comme le Fonds de lutte contre la pauvreté, ne répondent pas aux besoins financiers qu’imposent des missions sociales comme l’intégration en emploi. Sans aide suffisante, il est très difficile, voire impossible pour certaines entreprises, d’atteindre un se u il de rentabilité, d’autant plus dans un horizon de trois ans. Plusieurs entreprises éprouvent aussi des problèmes de gestion financière et des difficultés dans l’application de modes de gestion démocratique, ce qui nécessite un suivi et un accompagnement plus important. L’influence des politiques Plusieurs politiques publiques ont eu un impact positif pour le développement de l’économie sociale, mais les ressources disponibles sont plutôt insuffisantes pour le démarrage de nouveaux projets et la création d’emplois. Des mesures comme le pacte rural et le programme Action 7

Coopérative de solidarité d’aide domestique de Shawinigan La Coopérative de solidarité d’aide domestique de Shawinigan offre une diversité de services : entretien ménager, réalisation de travaux extérieurs, préparation de repas, particulièrement pour les personnes âgées, mais aussi pour les jeunes familles. Ces services correspondent à la mission de la coopérative: soutenir les membres de la communauté du Centre-de-la-Mauricie, afin qu’ils puissent demeurer le plus longtemps possible dans leur milieu de vie, et ce, dans des conditions adéquates et agréables, par le biais de l’aide et de soins à la personne.


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ont soutenu des projets en milieu rural et permis la création de ressourceries. La mise sur pied des CLD a aussi eu un impact positif sur le développement du secteur. Le programme de subvention salariale d’Emploi-Québec, bien qu’insuffisant, a tout de même contribué au développement de l’économie sociale. Par contre, il est difficile d’évaluer l’impact du Fonds de développement régional maintenant géré par la Conférence régionale des élus. Du côté négatif, la loi 34, en écartant les leaders de l’économie sociale des espaces démocratiques, et la réforme des CPE, par les pe rtes d’emplois et d’expertises encourues, ont nui à l’économie sociale en Mauricie.

guer avec un exode des habitants des milieux ruraux vers les centres urbains. À cela s’ajoute la difficulté de répondre aux exigences socioéconomiques (conditions salariales, possibilités d’avancement, sécurité d’emploi, régime de retraite, etc.) des jeunes. De plus, certains emplois exigent un engagement pe rsonnel important. Cela peut décourager certains jeunes qui doivent concilier travail et famille. Ces obstacles, et l’importance de la formation d’une relève en économie sociale, font de cette question un enjeu de toute première importance pour les prochaines années. Les acteurs de l’économie sociale de la Mauricie devront tenter de trouver des solutions.

L’enjeu de la relève La Mauricie fait face à un vieillissement de sa population. Elle doit également conju-

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Personnes-ressources, pôle régional d’économie sociale: Michel Angers, président du Pôle régional


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MONTÉRÉGIE La région de la Montérégie se distingue par la diversité de ses activités économiques. Elle bénéficie d’importants marchés grâce à sa proximité avec Montréal et l’Ontario. Cet avantage privilégie le développement d’entreprises reliées à l’agriculture, à la transformation de produits et au tourisme. d’économie sociale de la Mauricie et Lynn O’Cain, directrice générale du Conseil régional d’économie sociale de la Mauricie. Par ailleurs, plus de 6900 entreprises agricoles et 28,7% de l’emploi agricole du Québec se situent en Montérégie, ce qui représente 2,5% de l’emploi de la région (2002). Les entreprises manufacturières représentent aussi un secteur économique important, assurant également une forte présence dans le domaine de la haute technologie qui exige notamment une main-d’œuvre qualifiée. Les entreprises de production de biens regroupent 30% des emplois régionaux et le secteur des services représente sept emplois sur dix (2005). Le revenu moyen par habitant se classe parmi les trois premières places, après Montréal et Laval, soit 30 341$, alors que la moyenne québécoise est de 28 595 $ (2003). À l’image de la diversité économique de la région, le milieu de l’économie sociale compte une grande variété d’entreprises, réparties dans une diversité de secteurs d’activité économique. On y dénombrait 243 coopératives en 2005, soit 15 de plus que l’année précédente. Dix pour cent (10%) de ces coopératives appartiennent

au secteur agricole et 55% au secteur de l’habitation. Au cours de la période de 1998 à 2004, 197 entreprises d’économie sociale ont été consolidées grâce au Fonds de développement des entreprises d’économie sociale (FDEÉS) octroyé par les CLD de la Montérégie. Les réussites Les entreprises d’économie sociale de la Montérégie répondent à divers besoins de la communauté. Dans la région, on trouve notamment des entreprises d’aide domestique, des ressourceries, des coopératives agricoles et un secteur culturel important. Ces entreprises donnent accès à des produits et des services qui souvent n’étaient plus offerts à la suite de la fermeture de petits commerces, parti culièrement dans les petites municipalités. En ce sens, elles constituent une réponse à la dévitalisation des communautés et permettent de combler de nouveaux besoins, notamment par des se rvices destinés aux personnes âgées et par des programmes de réinsertion sociale. L’économie sociale a également permis de créer et de consolider des emplois, spécialement dans des secteurs jugés peu rentables pour des entreprises à but lucratif.


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Le Répertoire des entreprises d’économie sociale de Longueuil Le Centre local de développement (CLD) de Longueuil a publié, à l’été 2006, un répertoire des entreprises d’éc onomie sociale de son agglomération. Cette initiative s’inscrit dans le cadre d’une démarche visant l’adoption du Plan d’action local pour l’économie et l’emploi (PALÉE). La diffusion de ce répertoire, lequel recense plus de 130 entreprises, permet de faire la promotion des biens et des services offerts par les entreprises d’économie sociale. Les politiques publiques La Politique de soutien au développement local et régional, qui a mené à la création des CLD en 1998, a grandement favorisé le secteur de l’économie sociale, notamment par la mise en place du Fonds de développement des entreprises d’économie sociale (FDEES) et de services d’aide technique. Les centres locaux d’emploi (CLE) et

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la Coopérative de développement régional (CDR) jouent aussi un rôle important dans le développement de l’économie sociale en Montérégie. Ils ont favorisé l’émergence de nombreux projets. Toutefois, la rec onfiguration des instances régionales, qui a mené à la création des trois conférences régionales des élus (CRÉ) en Montérégie, a considérablement nui au développement de l’économie sociale dans la région. Selon les propos que nous avons recueillis, il semble que l’organisation et la concertation du milieu aient essuyé un recul important à la suite de cette reconfiguration. Plusieurs ministères proposent des programmes en économie sociale, mais l’arrimage entre les politiques gouvernementales ne tient pas toujours compte de la réalité d’ensemble. De cette façon, trop petites ou ne répondant pas à certaines conditions, les entreprises d’économie sociale ne sont pas à même de répondre aux appels d’offres gouvernementaux.

La maison de jeunes Kekpart La Maison de jeunes Kekpart donne aux jeunes accès à un statut de citoyen actif et responsable, en leur offrant un lieu de rencontre animé. La Maison de jeunes Kekpart se veut aussi un milieu d’écoute pour les jeunes préoccupés par une situation ou encore aux prises avec une problématique particulière. Elle offre des services personnalisés tels que de l’écoute active, des entrevues personnalisées, de l’accompagnement, du soutien temporaire, de la référence et du suivi.


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Des projets d’économie sociale Un nouveau projet d’économie sociale est actuellement en cours de réalisation: La relève - Centre de formation des arts de la scène Desjardins. Ce projet est l’occasion pour les jeunes de développer leurs talents et leurs compétences et de devenir des participants actifs et appréciés dans la société. Le projet implique la création d’une salle de spectacle de 250 places qui servira de tremplin aux jeunes artistes de la ville de Longueuil, tout en répondant aux objectifs de scolarisation des jeunes. La formation de plusieurs ateliers permettra d’offrir annuellement, à quarante jeunes vivant des situations à haut risque d’exclusion sociale, l’occasion de poursuivre leurs études et d’explorer leurs compétences à travers un cours sur les arts de la scène. Ce projet touchera 6000 jeunes qui participeront aux différents ateliers. L’école secondaire Jacques-Rousseau, partenaire à long te rme du projet, offre un programme de stage en milieu de travail pour des jeunes en adaptation scolaire. Ces jeunes pourront suivre une formation sur les arts de la scène. En contrepartie, la commission scolaire cèdera du terrain afin de construire un stationnement. Les jeunes exercent leur rôle d’associés principalement lors de l’assemblée générale annuelle. C’est un moment privilégié entre membres de la Maison de jeunes, jeunes et adultes. D’année en année, il va s’en dire que le «membership» est principalement composé des jeunes fréquentant l’organisme.

Défis à relever et pistes d’action Le principal défi auquel le milieu de l’économie sociale de la Montérégie a dû faire face est celui du manque de reconnaissance. À ce propos, une certaine confusion existe quant à sa perception régionale. Un travail de se nsibilisation est impératif auprès des élus et des acteurs de l’économie régionale. La Montérégie est la deuxième région la plus populeuse du Qu ébec après Montréal; l’étendue du te rritoire et le nombre important de communautés rendent difficile la tenue de rencontres entre les acteurs de l’économie soc iale régionale. De plus, la région compte trois CRÉ sur son territoire, ce qui rend plus difficile la concertation régionale. Par contre, le secteur de l’économie sociale a obtenu tout récemment un siège au Conseil d’administration de la CRÉ Est. Actuellement, le mouvement s’organise surtout de façon locale. En effet, localement, l’économie sociale est devenue une voie possible de développement. Des liens se sont créés entre différentes instances (commissions scolaires, tables de concertation, élus, acteurs de l’économie sociale, etc.). Certains maires comptent même parmi ses plus grands défenseurs. Une montée de la reconnaissance de cette forme d’économie est donc palpable, surtout au niveau local. Toutefois, afin de s’assurer d’une meilleure reconnaissance régionale et d’un plus grand nombre de ressources, le déploiement de l’économie sociale en Montérégie devra se faire dans une perspective de plus en plus régionale.


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Occasions de développement La relance d’entreprises privées sur le point d’être vendues ou fermées est l’une des occasions majeures de la région. L’économie sociale peut aussi se présenter comme une solution de rechange au secteur public et privé, en assurant la sous-traitance de certains se rvices publics ou en assumant des responsabilités traditionnellement associées au secteur public. Aussi, la concertation régionale pourrait favoriser une meilleure collaboration entre les différentes entreprises d’économie sociale afin, notamment, de privilégier les achats de biens et services entre elles, d’effectuer des achats regroupés et ainsi favoriser un développement

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potentiel d’entreprises d’économie sociale d’achats.

La relève Certains propriétaires d’entreprise familiale n’ont pas d’enfants désirant prendre la relève de l’entreprise et sont poussés à la vendre, ce qui mène souvent à sa fermeture. Dans ces situations, les travailleurs pourraient prendre le contrôle de l’entreprise et la convertir en entreprise d’économie sociale pour en assurer la continuité. > Personnes-ressources, pôle régional d’économie sociale: Josyane Desjardins, CLD Roussillon, Claire Raymond, Centre de partage


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MONTRÉAL Métropole du Québec, Montréal se positionne comme une ville internationale et cosmopolite, solidaire d’un Québec prospère et dynamique. Elle se distingue par sa capacité d’accueil et son ouverture sur le monde. Du Cirque du Soleil aux entreprises du multimédia, en passant par l’inventivité de son milieu associatif, Montréal fait la preuve de sa capacité à innover et à s’imposer comme leader mondial, sur les plans de la culture et du savoir. communautaire Johannais et Éric Tétrault, Radio communautaire FM 103,3. Son ouverture se traduit à la fois par ses exportations et son accueil des immigrants. On y trouve 45% des entreprises exportatrices du Québec et un volume d’exportation correspondant à 45% de la valeur totale des exportations québécoises. Plus d’un demi-million de personnes, soit 28% de la population de la région, sont issues de l’immigration. Elles apportent leur contribution au dynamisme de la région et consolident son équilibre migratoire. Le quart de la population québécoise habite Montréal et autant y travaille. Montréal contribue, pour la moitié au PIB de la grande région métropolitaine, lequel représente 52% du PIB du Québec. Trois facteurs car a ctérise nt son activité et son développement économique : la tertiairisation de son économie, où se concentrent 80% de l’emploi; l’importance constante de son secteur de la fabrication, qui maintient 19% de l’emploi – les

quelque 3 304 établissements manufacturiers sur le te rritoire montréalais représentent 45% de l’activité manufacturière québécoise; et une mutation des secteurs traditionnels – transformation alimentaire, textiles et vêtements – vers l’économie du savoir et de la culture – les secteurs de la haute technologie représentent 24% de l’emploi manufacturier. Dans le secteur tertiaire, les soins de santé et les se rvices sociaux représentent le premier employeur, avec 11,2% de l’emploi; suivent, à égalité avec chacun 9,5% de l’emploi, les services professionnels et techniques et le commerce de détail; l’industrie de l’information et l’industrie de la culture cumulent, quant à eux, 6% de l’emploi. Toutefois, le taux de chômage de la région se maintient à 10% depuis quelques années. Diversité des entreprises Les entreprises d’économie sociale montréalaises répondent aux problématiques liées à la pauvreté, à l’exclusion, aux inégalités sociales, à la revitalisation des quartiers, à l’accessibilité du logement et à


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la démocratisation culturelle. Sur le plan environnemental, elles s’investissent principalement dans le réemploi et la valorisation des matières. L’économie sociale génère, outre les bénéfices économiques immédiats, des bénéfices sociaux, environnementaux et culturels. En 2002, la Ville de Montréal lançait l’opération Solidarité 5 000 logements, visant la construction de logements sociaux et communautaires pour les personnes et les familles à revenu faible ou modéré. Acteurs majeurs de l’habitation communautaire, les quatre groupes de ressources techniques (GRT) de Montréal ont grandement contribué au succès de cette opération, en réalisant 3 937 de ces nouveaux logements, répartis dans 105 bâtiments. Depuis leur création, les GRT ont œuvré à la réalisation de plus de 17 300 logements communautaires et coopératifs dans l’île de Montréal. Grâce à une meilleure connaissance mutuelle, les partenariats entre les entreprises se multiplient. À Montréal, l’économie sociale a connu de nombreuses avanc ées, mais les enjeux pour faire reconnaître l’éc onomie soc iale et promouvoir sa contribution au développement économique et social demeurent importants. Rôle des politiques publiques La mise en place de politiques provinciales sectorielles a favorisé le déploiement d’entreprises d’aide domestique et de centres de la petite enfance (CPE). Des

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politiques spécifiques en environnement ont également soutenu l’éclosion de nouvelles entreprises et le développement de nouveaux projets. Le soutien du CRDÎM, devenu la Conférence régionale des élus (CRÉ) de Montréal, a assuré le financ e ment d’une ressource et des activités du Comité d’économie sociale de l’île de Montréal (CÉSÎM), permettant ainsi le développe ment d’une vision régionale concertée. En 2004, le gouvernement du Québec transférait la responsabilité du développement local aux municipalités et décentralisait le fonds de développement des entreprises d’économie sociale vers les centres locaux de développements (CDEC et CLD). Une étroite collaboration entre le CÉSÎM et la Ville de Montréal a permis d’insc ri re l’éc onomie soc iale dans les politiques municipales: stratégie de développement économique, plan d’action du développement social, politique culturelle, plan d’action pour un développement durable, politique en habitation et, bientôt, politique d’égalité entre les genres. La Ville de Montréal fait également une bonne place à l’économie sociale dans ses communications internes et institutionnelles. Ces initiatives contribuent à la promotion de l’économie sociale auprès des gestionnaires et du grand public. La reddition de compte sur les investissements en économie sociale, demandée à chacun des CLD et des CDEC montréalais, constitue égal e ment une mesure d’appui.


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Ces diverses initiatives, incluant une politique d’achat public visant à favoriser l’attribution de contrats à des entreprises d’économie sociale par l’ajout de clauses sociales, environnementales ou éthiques, seront prochainement intégrées dans une Politique de reconnaissance et de soutien à l’économie sociale, annoncée par le maire de Montréal. Cette reconnaissance ouvre sur de nouveaux partenariats qui se tissent entre la Ville de Montréal et les entreprises d’économie sociale, notamment dans le secteur de l’environnement. Les défis à relever Les défis se sont transformés au fil des années. Le financement et le virage entrepreneurial des entreprises d’une part, la

concertation entre les acteurs et le développement de l’e x pe rtise locale dans l’accompagnement des entreprises, d’autre part, ont été au cœur des préoccupations des premières années. La reconnaissance des spécificités de l’entrepreneuriat collectif et le soutien de la mission sociale des entreprises demeurent des enjeux importants pour la pérennité des entreprises, particulièrement dans le contexte montréalais où un grand nombre d’entreprises, multisectorielles, ne bénéficient pas des politi ques publiques provi nc iales ou, parce qu’elles sont à portée régionale ou nationale, ne reçoivent pas des structures locales tout le soutien requis. Enfin, la participation citoyenne, la conc e rtati on des acteurs soc i oéc ono-

Cyclo Nord-Sud Cyclo Nord-Sud effectue la cueillette de vélos usagés dans près de 50 municipalités au Québec et en Ontario. Leur livraison se fait vers des communautés démunies des pays du Sud, comme le Bénin, le Burkina Faso, le Togo, le Ghana, la Bolivie, Cuba, le Pérou, le Guatemala et le Nicaragua. Ces vélos y trouveront alors une nouvelle vie: ils pourront servir de moyen de transport vers l’école, le point d’eau ou la clinique, de véhicule de travail et donc de moyen de subsistance, ou encore seront utilisés pour confectionner de nouveaux instruments à pédales. Au Québec, Cyclo Nord-Sud mène des activités de sensibilisation sur le rôle du vélo dans la réduction des gaz à effet de serre. À ce jour, plus de 18 000 vélos ont été expédiés vers des communautés défavorisées d’Afrique de l’Ouest et d’Amérique latine par Cyclo Nord-Sud grâce au dévouement de plus de 500 bénévoles chaque année et des milliers de donateurs dans tout le Québec.


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miques et la gouvernance autonome des organismes de développement local ont été, et sont toujours, des facteurs extrêmement favorables au développement de l’économie sociale. Ces conditions permettent d’intégrer des préoc cupations sociales et environnementales dans le d éveloppe ment de nos villes. Il faut assurer la pérennité du modèle de développement local concerté et intégré, un outil essentiel pour le développement de l’économie sociale en milieu urbain. Les pistes d’action Le soutien à un réseautage d’affaires entre les entreprises d’éc onomie soc iale ou l’ajout de ressources de mentorat adaptées pourraient aider les entreprises en permettant de partager les meilleures pratiques. À elles seules, ces mesures ne sont toutefois pas suffisantes devant les problématiques de pérennité et de san té financière des entreprises d’économie sociale. Un renforcement des politiques publiques de développement de l’économie sociale et du développement local,

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pe rmettant d’assu rer un financement pluriannuel, des mesures de soutien spécifiques – techniques, fiscales ou autres – et de nouvelles politiques sectorielles, notamment pour les secteurs de la culture et du tourisme, sont aussi requis. La relève Sur le plan régional, la promotion de l’entreprene u riat coll ectif auprès des communautés culturelles, peu présentes dans le réseau de l’économie sociale, et auprès des jeunes qui assureront la relève, demeure un défi important. Les secteurs de l’économie sociale ne sont pas tous également con frontés à un problème de relève. Par exemple, l’environnement et le commerce équitable mobilisent les jeunes, alors qu’il est plus difficile de les recruter dans d’autres secteurs. Les causes portées par les organisations et, bien sûr, les conditi ons de travail constituent des facteurs déterminants pour l’intégration des jeunes. >

Personnes-ressources, pôle régional


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OUTAOUAIS L’administration publique constitue le pilier de l’économie de l’Outaouais urbain, alors que le secteur manufacturier y est marginal. Les MRC rurales subissent les contrecoups d’une industrie forestière en crise et d’une agriculture qui se redéfinit. La proximité de la ville d’Ottawa conditionne le développement de l’Outaouais qui entretient des liens économiques privilégiés avec la capitale fédérale. d’économie sociale: Pierre Morrissette, RESO et Danielle Ripeau, CRÉ & Comité d’économie sociale de l’île de Montréal (CÉSIM). La présence de la fonction publique a contribué au développement démographique des villes d’Ottawa et de Gatineau et à l’expansion des industries de se rvices sur ces deux territoires. D’ailleurs, dans la région de l’Outaouais, 72% de la population habite la ville de Gatineau. Le secteur tertiaire concentre 85% de la main-d’œuvre régionale, le secteur manuf a ctu rier génère quant à lui 6 % des emplois du territoire et le secteur primaire occupe 1% du marché de l’emploi (2005). Alors que l’activité économique se concentre dans les secteurs foresti e rs et agricoles qui ont tous deux souffert des crises des dernières années (bois d’œuvre, vache folle, etc.), plusieurs stratégies régionales se mettent en place afin de diversifier les activités économiques. L’industrie touristique de l’Outaouais est l’un des domaines en émergence et offre surtout des activités gravitant autour du tourisme culturel et du plein-air.

Malgré ces tentatives de diversification de l’activité économique, c’est la région qui affiche les plus grandes inégalités entre les territoires urbains et ruraux. Les politiques publiques Depuis deux ans, Développement économique Canada (DÉC) s’est ouvert aux entreprises d’économie sociale en leur donnant accès à de nouveaux programmes et capitaux. Les entreprises d’économie sociale peuvent notamment bénéficier de nouveaux outils d’affaires et du Programme de capitalisation de projets, un programme qui s’adressait aux entreprises privées et qui vient tout juste d’être ouvert aux entreprises d’économie sociale. Toutefois, l’initiative demeure timide puisqu’elle implique un changement culturel important au sein des instances fédérales et se fragilise lors des changements de gouvernement. La municipalité de La Pêche a participé à la création de la coopérative de solidarité Le Complexe sportif et culturel de la municipalité de La Pêche et assure son financement en prélevant une taxe de loisirs dans sa communauté. De plus en


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plus de projets d’économie sociale sont d’ailleurs portés par les municipalités, soucieuses de répondre aux préoccupations des citoyens. Par contre, la Loi sur les villes empêche les municipalités de participer à la gestion d’entreprises, et cette législation pourrait complexifier l’émergence de nouveaux projets pourtant très prometteurs. Les OBNL ayant une charte fédérale ne peuvent bénéficier des programmes de financement du Québec. Cette situation est assez fréquente en Outaouais puisque la région est près d’Ottawa. Des entreprises à charte fédérale, qui auraient pourtant un réel besoin de financement, doivent dépendre uniquement des programmes fédéraux. Défis à relever et pistes d’action La capacité de gestion des entreprises d’économie sociale est l’un des défis majeurs à relever. Les gestionnaires d’entreprises sont très compétents dans leur secteur d’activité respectif, mais le sont moins pour assurer la pérennité et le d éveloppe ment de leurs entreprise s .

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Comme beaucoup d’initiatives d’économie sociale ne sont pas nécessairement identifiées comme telles, la notoriété des entreprises d’économie sociale est aussi un défi pour la ré gi on. Par exemple, la plupart des CPE de l’Outaouais ne s’affichent pas comme des entreprises d’économie sociale. Pourtant, si ces entreprises étaient sensibilisées au mouvement de l’économie sociale et décidaient de s’y identifier, il y aurait alors un réel impact sur les principaux acteurs économiques et publics. Occasions de développement Le Pôle régional de l’économie sociale de l’Outaouais donne un second souffle au mouvement et assure le réseautage des entreprises de la région. La mise en réseau de ces entreprises leur permet de s’épauler et d’échanger sur leurs expé riences respectives. Par ailleurs, le fait que le mouvement de l’éc onomie soc iale s’associe à la production et à la consommation solidaire aura comme effet d’accroître la

Coopérative de solidarité les Ateliers Boirec La coopérative de solidarité Les Ateliers Boirec a pour mission l’intégration en emploi de personnes vivant avec un handicap physique ou intellectuel en créant une entreprise spécialisée dans la transformation du bois. Les Ateliers Boirec emploient neuf personnes, dont sept vivent avec un handicap physique ou intellectuel.


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notoriété de ces entreprises. Dans la lignée du commerce équitable, la campagne de sensibilisation à la consommation équitable gagnerait à s’élargir au concept de la consommation solidaire, afin de faire aussi la promotion des produits et des services de l’économie sociale. Dans le secteur de l’habitation collective, de nouveaux créneaux se dessinent. Afin de répondre aux besoins de personnes désirant se bâtir un capital par l’achat d’un logement, de nouveaux modèles coopératifs à droits superficiels verront bientôt le jour. Les logements des coopératives à droits superficiels seront donc privés, mais le terrain demeurera une propriété collective. Des projets en émergence L’environnement est l’un des secteurs en d éveloppe ment très importants. Par exemple, la Ville de Gatineau ouvrira sous peu un centre de compostage géré par la Ressourcerie de l’Outaouais. Aussi, de plus en plus de projets se développent en milieu communautaire en proposant des se rvices de loisirs, de sports, etc.; des projets émergent égal e ment dans le domaine de la santé. Les demandes sont souvent émises par les municipalités qui sont de plus en plus à la recherche de

moyens pour ré pond re aux préoc cupations des communautés. Ces municipalités font aussi preuve d’une volonté d’accroître l’implication des citoyens. La relève Dans le domaine de l’économie sociale, les ressources humaines et financières sont souvent limitées; les employés doivent souvent participer à des rencontres en dehors des heures normales d’activités de l’entreprise. Ces conditions ne favorisent donc pas la relève entrepreneuriale. Par contre, la majorité des projets en émergence sont des initiatives de jeunes entrepreneurs. Les valeurs promues par l’économie sociale sont plus près de la nouvelle génération, que ce soit en matière de préoc cupations environnementales, démocratiques, de qualité de vie au travail, d’entrepreunariat collectif, de commerce éthique et équitable, etc. Les coopératives jeunesse de services (CJS) jouent également un rôle important dans la communauté puisqu’elles permettent aux jeunes de s’y impliquer et de s’éveiller aux valeurs liées à l’économie sociale. >

Personne-ressource, pôle régional d’économie sociale:


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SAGUENAY–LAC-SAINT-JEAN L’économie du Saguenay–Lac-Saint-Jean repose sur l’exploitation des ressources agricoles, forestières et hydrauliques. L’exploitation des ressources naturelles et la transformation primaire sont concentrées autour de quelques grandes entreprises dont les champs d’activités se situent dans la première transformation de l’aluminium, du bois et des pâtes et papier. Patrick Duguay, CDR Outaouais - Laurentides.

Grâce à de nouveaux efforts de diversification économique, cette relation de dépendance du marché du travail envers les grandes entreprises se désintègre peu à peu pour laisser place à l’émergence de plus petites entreprises spécialisées. En s’orientant vers une production à plus grande valeur ajoutée, ces entreprise s manu f a cturières propo se nt ainsi de nouvelles perspectives d’emploi et une meilleure compétitivité. Les secteurs forts de l’économie régionale demeurent toutefois le bois, l’aluminium, l’agroalimentaire et le tourisme. D’ailleurs, l’industrie touristique se présente comme la quatrième a ctivité ré gi onale la plus importante, générant plus de 3 000 emplois et des retombées économiques de plus de 200 millions de dollars (2004). Dans le domaine de l’économie sociale, plusieurs entreprises se trouvent dans le secteur touristique, les services à domicile, les corporations forestières, les méd ias communautaires, l’envi ronnement, les

loisirs et la culture. De ce nombre, on compte 201 coopératives, dont 10 dans le domaine forestier et 11 en loisir (2005), offrant plus de 2 890 emplois (2004). La gestion collective au service de la pérennité des entreprises Beaucoup de collectivités rurales reposent en gr ande partie sur des entreprise s d’économie sociales pour maintenir un niveau de se rvices acceptable, et quelquefois même minimal. Afin d’assurer le maintien des services de proximité dans les quartiers les plus défavorisés et les milieux éloi gnés des grands centres, certains acteurs du secteur de l’économie sociale du Saguenay–Lac-Saint-Jean ont misé sur des établissements collectifs, en réunissant plusieurs se rvices sous un même toit. Ce tte stratégie de gestion commune permet ainsi des retombées collectives pour les différents organismes qui se côtoient. Dans la MRC de Maria-Chapdelaine, le CLD présente certains dossiers d’économie sociale aux tables commerciales et industrielles. De plus, la Table d’économie sociale a confié l’approbation des projets au comité d’investissement afin de mieux


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faire comprendre l’économie sociale aux décideurs. Ces initiatives ont permis aux différents acteurs économiques régionaux de se familiariser avec le concept de l’économie sociale et ont contribué à réduire de nombreux préjugés. Les acteurs de l’économie sociale ont aussi contribué à la mise en place de pratiques de concertation par la création de différents regroupements et de tables de concertation. L’économie sociale a pe rm is aux différentes collectivités du Saguenay–LacSaint-Jean de nettement améliorer leur qualité de vie, notamment en créant de nouveaux emplois, en diminuant de façon significative le volume d’enfouissement

des matières résiduelles et en maintenant la vitalité culturelle. Les politiques publiques Dans la région, le Fonds de développement des entreprises d’économie sociale (FDEÉS), géré par les CLD, permet le démarr age d’entreprises d’éc onomie sociale. Outre les CLD, plusieurs organismes de développement social et économique apportent le soutien technique nécessaire aux entreprises d’économie sociale sur le territoire : les CLSC, le Fonds d’entraide communautaire, Cible-Action, la Société d’inte rvention urbaine Chicoutimi-Jonquière, la SADC du Fjord, les corporations de développement commu-

Café du presbytère Le Café du Presbytère offre des repas santé et équilibrés à saveur internationale dans un lieu où il fait bon se retrouver pour bien manger et échanger. L’organisme offre également un programme d’insertion de jeunes en milieu de travail. L’équipe du Café du Presbytère est pluridisciplinaire et intègre les compétences et le savoirfaire de gens d’expérience et permet à des jeunes d’acquérir cette expertise par le soutien constant et le transfert de connaissances. Enrichis d’un nouveau savoir, ces derniers peuvent ainsi réintégrer le marché du travail.

Le Groupe Coderr Le Groupe Coderr est le regroupement de quatre corporations à but non lucratif : la Friperie de Coderr, Papiers Coderr spécialisé en produits fabriqués de papiers récupérés, un projet de ressourcerie et, le dernier né, Collectes CODERR qui effectue la cueillette des matières résiduelles et des déchets sur le territoire de la MRC de Lac Saint-Jean Est. Le groupe a développé au fil des ans une solide expertise dans le domaine des matières résiduelles et a décidé de mettre cette compétence au service de la lutte à l’exclusion. Toutes les activités et tous les ateliers du Groupe CODERR sont dans le domaine du réemploi, de la récupération ou du recyclage.


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nautaire et la Coopérative de développement régionale Saguenay–Lac-Saint-Jean. Défis et pistes d’action Tout comme ailleurs au Québec, le vieillisseme nt de la populati on crée de nouveaux besoins. Dans la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean, les acteurs de l’économie sociale désirent s’orienter vers le développement d’entreprises sociale dans les secteurs des soins de santé, du développement de l’emploi, de la gestion des matières résiduelles, de la récupération, des services à la famille, des services en milieu rural, des se rvices de proximité et de la relève entrepreneuriale. Tout comme en bé néficient les entreprise s privées, les entreprises d’économie sociale peuvent participer à des programmes de formation et bénéficier de soutien technique. La reconnaissance de l’économie sociale chez les élus pourrait aussi permettre la mise en place de programmes de financement régional adéquat. Des projets en émergence Dans le domaine touristique, une coopérative de solidarité vient de voir le jour avec un nouveau concept d’hébergement. La coopérative L’Échappée bleue est une forme d’hébe rgement spéc i fiquement conçue pour répondre aux besoins des visiteurs de passage sur la Véloroute des Bleuets au Lac-Saint-Jean. C’est donc une formule complémentaire, abordable, simple, entre le camping

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et le Gîte du passant, qui s’insère dans l’offre régionale et répond à de nombreuses tendances reliées à l’écotourisme. Par ailleurs, d’autres projets sont à l’étape du plan d’affaires dans des secteurs aussi variés que le tourisme, la culture, les matières résiduelles, la santé et les services sociaux. Occasions de développement Il existe de nombreuses possibilités de marché dans le domaine de l’économie sociale. Il n’y a pas de limite à l’entreprise collective. L’engagement collectif et solidaire permet de maintenir des services qui contribuent à l’amélioration de la qualité de vie d’un milieu. Même si moins d’initiatives se concrétisent à court terme, comparativement au secteur privé où les partenaires prennent souvent plus facilement et plus rapidement des risques financiers, il n’en demeure pas moins que les outils financiers sont de plus en plus accessibles pour les entreprises d’économie sociale. La relève La mise à contribution des institutions d’ense i gnement au développement de programmes d’entreprene u riat adaptés aux réalités de l’économie sociale et la création des cours conjuguant l’économique et le social pourraient contribuer à sensibiliser et convaincre les jeunes à choisir l’économie sociale.



quatrième partie

Perspectives


Un mouvement identitaire qui nourrit de grandes ambitions N a n c y Neamtan Présidente-directrice générale du Chantier de l’économie sociale

Le Sommet de l’économie sociale et solidaire pourrait être comparé à une récolte, celle des fruits de dix années d’activité intense. Nous avons pu montrer des résultats concrets: des emplois, des instruments de capitalisation, la création d’entreprises, une influence sur les politiques publiques. Mais encore davantage, le Sommet de 2006 était la confirmation que l’économie sociale et solidaire, qui n’était qu’une idée rassembleuse en 1996, est devenue un mouvement. Et même, je dirais, un mouvement identitaire. En dix ans, des débats ont eu lieu, des liens se sont tissés. L’adhésion s’est faite. On s’est donné un vocabulaire commun pour comprendre ce qu’est le lien entre une coopé r ative d’habitation, une garderie populaire, une radio communautaire, une coopérative forestière, une CDEC ou Fondaction. Le Sommet a permis de reconnaître l’ampleur de ce que ce mouvement représente dans l’économie et le potentiel qu’il recèle. Nous voyons, je crois, tout ce qui devient possible quand on n’est pas isolé. De l’ambition

Le rendez-vous de 2006 a aussi montré qu’une vision nous rassemble. Celle-ci est exprimée par la Déclaration du Sommet de l’économie sociale et solidaire. Et cette vision est ambitieuse. Les gens se voient comme un mouvement de transformation de l’économie. Quitte à faire de l’économie sociale, on va changer le monde! On ne se contente plus de dire: créons telle entreprise de trois employés. On vent convertir des régions entières à partir d’un modèle d’économie sociale. En Gaspésie, par exemple, on pose la question de l’énergie éolienne, celle de la


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gestion de la forêt, des problèmes du système de santé, en évoquant des solutions coopératives, à but non lucratif, ancrées localement et sous contrôle démocratique. Dix ans plus tard, les gens comprennent mieux le potentiel de l’économie sociale et solidaire. C’est pourquoi ils sont plus ambitieux. Les projets sont d’envergure. Cette ambition est possible parce que le mouvement bénéficie d’une reconnaissance politique. Il s’est construit une légitimité. Mais en même temps, pour avoir encore plus d’ambition, il faut cultiver cette reconnaissance. Pour cela, ça prend une solidarité. Il faut être encore plus solide entre nous. Relever des défis comme ceux-là, c’est formidable! L’économie sociale et solidaire change progressivement d’échelle. Ce dont on parle, c’est un autre modèle de développement. Ça devient une autre façon de faire du développement. Prouver que marier développement économique et développement social, c’est possible. L’idée, c’est la contamination. On sait de plus en plus que la façon traditionnelle de développer l’économie, ce qui a fonctionné durant les trente glorieuses, ça ne donnera jamais les résultats escomptés. Le modèle dominant c’était: l’entreprise privée crée de la richesse, les travailleurs paient de l’impôt et l’État prend l’argent, crée des programmes et distribue la richesse. On s’est rendu compte qu’on n’arriverait jamais à la société que l’on souhaite comme ça. Il faut voir comment le système crée de la pauvreté et de la marginalisation. Il faut voir comment faire le développement autrement dès le départ pour éviter de créer de la pauvreté. Intégrer le développement durable

Jusqu’à récemment, l’économie sociale et solidaire visait la création d’entreprises viables économiquement et rentables socialement. On n’avait pas encore incorporé la variable environnementale. Maintenant on parle de triple reddition de comptes. Le Sommet a mis en évidence ce qui émerge doucement depuis quelques années dans le mouvement, des notions de développement durable et de commerce équitable. Cette dimension représente en elle-même tout un défi. Car la dimension écologique, il faut l’assumer pleinement. Si on veut être exemplaires sur le plan social, il faut l’être sur le plan environnemental. Dans un autre ordre d’idée, il faudra bien un jour trouver une façon de dépasser la manière traditionnelle de faire du commerce équitable pour que cela entraîne des changements profonds dans l’économie. Et cet enjeu nous porte à l’échelle de la planète.


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L’enjeu international est important. On ne peut faire une économie solidaire dans un îlot québécois. C’est illusoire à cause des règles de commerce mondial. Du point de vue de la solidarité, ce serait aussi inacceptable. Et on doit tenir compte des enjeux qui concernent la su rvie de la planète. Un mouvement, pas une structure

Quand je dis que l’économie sociale et solidaire est un mouvement, c’est notamment parce que je veux dire que ce n’est pas une structure. Par définition, un mouvement, c’est vivant. Ça bouge dans différents secteurs et dans les régions du Québec. Et qui dit mouvement dit vie associative. Et cette année, nous entamons une réflexion sur notre vie associative, notre façon de travailler ensemble, avec différents secteurs et à l’échelle régionale. On a déjà fait quelque chose d’important, c’est le virage régional avec les pôles régionaux. On a essayé d’innover dans un partenariat avec les pôles qui ne sont pas des succursales du Chantier. Cet enracinement dans les régions recouvre des enjeux très importants. Dans la ruralité, l’économie sociale est un instrument extrêmement puissant. Plus globalement, les élus municipaux disposent de pouvoirs et de leviers importants. Le développement se fait de plus en plus sous des leaderships localisés. On parle d’une politique d’économie sociale à la Ville de Montréal. On a vu aussi, au Sommet, que certains secteurs sont en émergence. La culture en est un. Présentement, les organisations d’économie sociale dans ce secteur ne jouissent d’aucune reconnaissance au ministère de la Culture parce qu’elles ne regroupent pas nécessairement des artistes professionnels. Une autre percée intéressante, c’est celle avec les Premières Nations. Les centres d’amitié autochtone demandent une place au conseil d’administration du Chantier. Des collaborations se tissent progressivement. Enfin, il faut parler des jeunes. Je ne suis pas inquiète par rapport à la relève. Le mouvement est déjà beaucoup porté par les jeunes, plus que par les baby-boomers. Les gens de ma génération ont appuyé historiquement les vieux modes de développement où l’État est prépondérant. Les jeunes qui arrivent ne posent pas ces questions-là. L’entrepreneurship, c’est davantage naturel pour eux. L’enjeu écologique aussi. Beaucoup de jeunes qui se reconnaissent dans l’économie sociale. Ils sont dans la mondialisation, dans l’écologie et l’économie ne leur fait pas peur.


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Ce retour sur les dix dernières années fait prendre conscience d’une chose importante. Pour accomplir des réalisations qui provoquent un changement réel, ça prend du temps. Il faut de la persévérance et de la continuité. Je dis souvent qu’il faut une vision historique plutôt qu’hystérique des choses. On sème, on ne sait pas quand la fleur va éclore, mais on sait qu’il y a sous ce mouvement quelque chose comme une forêt qui pousse. Elle le fait sans bruit. Un jour, elle aura complètement modifié le paysage. Propos recueillis par Michel Venne et Stéphane Champreux.


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Développement durable et responsabilité citoyenne Clau de Bél and Président du Mouvement Desjardins de 1987 à 2000 Porte-parole du Sommet de l’économie sociale et solidaire

Le progrès de l’économie sociale est un signe des temps. Ce progrès tributaire de l’accélération d’une mondialisation, en rapprochant les continents et leurs peuples, a surtout rapproché les marchés et accordé priorité à l’économie et à la finance. Les valeurs économiques ont pris alors une grande place, entraînant une concentration de la richesse. Les populations contemporaines, en grande partie, ont le sentiment de vivre, non plus dans des sociétés, mais dans des économies, alors que, dans la logique citoyenne, l’économie se doit d’être au se rvice des gens et non l’inverse. Toutefois, parmi ces populations, certains, de plus en plus nombreux, cherchent à créer des contre-pouvoirs par la renaissance de l’idée d’une économie au se rvice des personnes et par l’introduction de la démocratie dans les affaires économiques et financières. En somme, créer un contre-pouvoir, non pas au départ par l’accumulation du capital, mais par le nombre de personnes partageant le même projet, inspirées par une éthique du bien commun. Éducation citoyenne

L’économie sociale, sur tous les plans, joue depuis longtemps un rôle important. En fait, les entreprises de l’économie sociale sont des écoles d’éducation citoyenne efficaces: > éducation à la démocratie: reconnaissance par tous les membres de l’égalité des droits des membres et renonciation à la puissance du capital sur le plan décisionnel; > éducation au partage et à la solidarité: reconnaissance comme piliers du développement non seulement de l’égalité des droits, mais aussi de l’égalité des chances;


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éducation au partage en fonction des activités faites avec la coopérative et non seulement en fonction du capital investi; en somme, éducation à la citoyenneté et aux valeurs humaines les plus fondamentales.

Voilà sans doute qui explique que les coopératives et les mutuelles au Québec ont été appuyées, à l’origine, par le clergé puisque les valeurs de ces organisations s’inspirent des valeurs chrétiennes, lesquelles, sur un plan laïque, sont des valeurs essentielles au «mieux vivre ensemble», soit à la citoyenneté. J’en ai été témoin au cours de ma carrière de près de cinquante ans au sein des coopératives. Il n’y a pas de doute que les coopérateurs, du moins les militants, deviennent, par leur appartenance à une coopérative et par le respect des valeurs coopératives ou mutualistes, de meilleurs citoyens. Ces valeurs coopératives en viennent même à influencer les règles de fonctionnement d’entreprises non coopératives. Sur le plan économique, l’économie sociale exerce aussi un rôle important. Dès le début du XXe siècle et jusqu’à aujourd’hui, les entreprises de l’économie soc iale – parti culièrement le Mouvement des caisses De sjardins, la Coopérative fédérée Agropur et le réseau des coopératives agricoles – ont largement contribué à la prise de contrôle de leur économie par les Canadiens fr ançais du Qu ébec. Le développe ment de l’éc onomie soc iale a été impressionnant. L’exemple le plus récent est certes la prise en charge citoyenne afin de faciliter localement l’accès aux soins de santé par la création de coopératives de solidarité de la santé. Considérées illégales et délinquantes jusqu’à tout récemment, les coopératives de santé n’étaient qu’au nombre de quatre au Québec; depuis quelques mois, on en a créé plus de trente, la toute dernière étant celle de l’Université de Sherbrooke, à l’initiative de son recteur. D’autres sont en voie de formation. Dernièrement, à l’occasion du Sommet sur la santé organisé par le Collège des médecins, les participants à cette importante rencontre ont recommandé dans leur rapport final, comme pistes de solutions aux problèmes actuels de notre système de santé, de développer des partenariats en établissant des liens entre les acteurs des projets coopératifs et communautaires en santé et les institutions de la santé.


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Des citoyens responsables

Les perspectives pour l’économie sociale sont bonnes puisque porteuses de valeurs humaines nécessaires au redressement des tendances actuelles et à la renaissance de sociétés plus justes et plus équitables. Et aussi, par l’action de chacune des collectivités, à la su rvie de la planète. Le défi actuel de l’humanité est de convenir des principes pour la création d’une société viable. Cela a fait découvrir la nécessité d’un développement durable. Pour ce faire, on convient de plus en plus de la nécessité de faire porter les défis globaux par les actions locales en vertu du principe de la subsidiarité, c’est-à-dire par la prise en charge des solutions qui, nous permettent d’établir, chacun chez soi, un milieu où il fait bon vivre. Autrement dit, faire en sorte que chaque citoyen soit responsable, non seulement de son propre avenir, mais de celui de sa communauté civique, dans un esprit de solidarité avec les autres communautés formant la planète! Dans la poursuite d’un tel défi, les entreprises sous contrôle démocratique, prises en main par les gens du milieu, sont incontournables.


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Faire fleurir l’intelligence transformatrice Cl ément Guimo nd Coordonnateur général de la Caisse d’économie solidaire Desjardins Porte-parole du Sommet de l’économie sociale et solidaire

L’économie sociale et solidaire est née d’une première impulsion, dans la foulée de la révolution industrielle, celle de répondre, par l’action collective, à des besoins sociaux ignorés. Tout au long de son histoire, mais en particulier à la fin des années 1960, l’économie sociale s’est développée ensuite grâce à une deuxième pulsion fondatrice, la pulsion démocratique. L’entreprise d’économie sociale devenait un outil pour donner aux gens le pouvoir sur leurs vies et faire reculer l’aliénation. Aujourd’hui, bien que ces deux motivations demeurent centrales, je souhaite que nous allions plus loin. L’économie sociale et solidaire doit, plus résolument que jamais, se penser et se créer dans une approche de transformation de la société. Il ne s’agit pas seulement de produire des biens ou des se rvices un peu plus démocratiquement que dans des entreprises conventionnelles ou de répondre ponctuellement à une nécessité sur le plan social. Il faut hausser notre jeu. L’économie sociale et solidaire doit être capable de proposer une nouvelle synthèse, un nouveau modèle de développement. C’est son prochain rendez-vous. Sortir du cul-de-sac

Le modèle économique dominant actuel nous amène droit dans un cul-de-sac, un cercle infernal d’inégalités sociales et de gaspillage de ressources. Nous vivons dans une économie où la consommation est reine: je consomme, donc je suis! Dans une logique de surmatérialisation de la vie où la consommation de biens matériels serait la seule porte ouverte sur le bonheur. Nous nous


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retrouvons plongés dans l’univers kayékien où l’être humain est appelé à se soumettre humblement à la transcendance marchande, abandonnant à celleci le contrôle de son destin tant personnel que collectif. C’est dans ce cul-desac-là qu’on est. Un cul-de-sac tant sur le plan social que sur le plan environnemental. Pour donner accès à ce mode de vie aux cinq milliards d’humains, il faudrait neuf planètes comme la nôtre. On voit tout de suite que ça n’a plus de sens. Dans ce modèle-là, le producteur a été, d’une certaine façon, largué. Pour que la consommation demeure de masse, il faut produire au plus bas prix. Pour réduire d’un dollar le prix d’un bien, on envoie la production en Chine, au Népal, en Inde. Dans ce processus, le producteur n’a plus de valeur. Il devient anonyme. Le lien entre lui et le consommateur est aboli. Là où il existait une relation d’échange véritable ne subsiste que l’anonymat des chaînes de distribution. Le modèle actuel se résume ainsi: exploitation du producteur, exploitation de la planète, manipulation du consommateur, pour la consommation reine. Du lien, du sens, du plaisir

La nouvelle synthèse que pourrait proposer l’économie sociale et solidaire consiste à revenir à une société qui a plus d’égards pour ses producteurs, dans laquelle on recrée des relations de proximité entre les producteurs et les consommateurs. Où l’on recrée du lien, du sens et… du plaisir. Cette économie de relation valorise le se rvice, au sens noble du terme, comme dans l’expression : rendre se rvice. Quand tu me paies 50$ pour ce se rvice-là, cela a le même effet sur le P.I.B. que si tu achetais une bébelle à 50$ qui sera brisée dans six mois. Mais quelle différence sur le développement! Cette économie-là favorise également l’échange de biens et de se rvices culturels. Or, le jour où l’essentiel de la production économique sera de nature culturelle et sociale, on aura pas mal plus de gens heureux sur la Terre. Il y aura plus d’avenir pour la planète et pour notre humanité. Une pertinence accrue

L’entreprise d’économie sociale est faite sur mesure pour soutenir ce mouvement, beaucoup plus que l’entreprise traditionnelle. Les entreprises qui sont gagnantes dans cette société du jetable et de consommation de masse n’ont pas


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les dynamismes à l’interne pour proposer des solutions. Au contraire, le style de rapports de proximité qu’apporte l’entreprise d’économie sociale, est fait sur mesure pour stru cturer ce ty pe d’échanges qui s’insc rivent dans des dynamiques durables. L’entreprise d’économie sociale se retrouve avec une pertinence accrue. Devant l’économie sociale, un champ important est en train de s’ouvrir. Un rôle de structuration. L’économie sociale pe ut, plus facilement, remettre le producteur au cœur de l’économie parce qu’elle regroupe avant tout des producteurs. Dans une mutuelle, une coopérative, une organisation collective, tu n’es jamais seulement un consommateur. Tu es aussi un membre, un mutualiste, un sociétaire. Les liens qui t’unissent à l’entreprise sont d’un autre ordre. Multiplier les initiatives

Comment l’économie sociale et solidaire peut-elle réussir à relever ce défi? D’abord, en se donnant comme rôle de faire fleurir l’intelligence transformatrice en encourageant les initiatives multiples. C’est par l’addition des intiatives que nous y arriverons. Cela vaut pour des organisations de grande envergure autant que pour de petites entreprises. Les ressourceries, par exemple, devraient trouver des espaces pour élargir leur marché. Elles ont une longueur d’avance pour proposer des réponses aux exigences du moment. Elles ont su créer des réseaux au sein de bien des communautés. Et elles contribuent à allonger le cycle de vie des produits. Les entreprises d’économie sociale ont, si on sait se donner les moyens, les capacités de prendre une place inédite dans les solutions à construire. C’est d’ailleurs ce qu’a mis en perspective le sommet de 2006: tout ce qu’on a réussi à faire ensemble et donc notre capacité de faire encore davantage. En outre, l’économie sociale peut s’allier à d’autres mouvements, faire corps avec des forces émergentes, des tendances nouvelles et décupler son impact. Il s’agit là, d’ailleurs, d’une exigence. L’économie sociale et solidaire doit soigner et élargir ses fréquentations notamment par une liaison plus forte aux grands mouvements sociaux. Isolés, on peut devenir des entrepreneurs comme les autres. Si la Caisse d’économie solidaire s’était repliée sur elle-même, si on n’avait pas fréquenté les gens qu’on a fréquentés, on aurait fait comme les autres, avec les exigences du quotidien.


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Plus conquérante

Ensuite, l’économie sociale doit être plus conquérante en matière d’occupation d’espace. Occuper l’espace économique. Transformer l’économie en prenant la place. Enfin, il faut former des gestionnaires de l’économie sociale, des leaders, de plus en plus qualifiés. Les réseaux publics n’ont pas formé ces gens-là. Il est important de développer des cadres de l’économie sociale, de la compétence en gestion, des dirigeants qui sont capables de faire les synthèses dont nous avons besoin. Propos recueillis par Michel Venne.


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L’économie de l’avenir Lau re Wa r i d e l Fondatrice d’Équiterre Porte-parole du Sommet de l’économie sociale et solidaire

L’économie sociale, pour moi, c’est l’économie de l’avenir. Ces entreprises naissent à la fois des besoins et des aspirations des collectivités, elles sont enracinées dans leur milieu, nourries par leur base. Des besoins, il y en a hélas de plus en plus, et l’on doit collectivement trouver des moyens d’y répondre. La mondialisation de l’économie est orientée vers les marchés et non pas les collectivités. Notre système économique ne tient pas compte des coûts environnementaux et sociaux qu’il génère, un système économique de plus en plus déconnecté des besoins et des aspirations de la majorité des citoyens, de même que des limites des écosystèmes. En économie, on parle d’externalisation des coûts. Une usine qui ferme ses portes et met à pied des centaines de travailleurs et travailleuses voit généralement augmenter sa valeur à la Bourse. C’est bon pour les actionnaires, mais pas pour la société. La coupe à blanc d’une forêt fait augmenter le PIB, même si on s’appauvrit collectivement en la vendant aux plus offrants. Etc. Nous vivons dans une économie qui à maints égards dévalorise le bien commun en privatisant les bénéfices et en socialisant les coûts. L’économie sociale se situe dans un tout autre paradigme puisqu’il s’agit d’une économie branchée sur la réalité locale ; une économie «connectée». Elle est une réponse aux méfaits engendrés par l’économie de marché (dévitalisation des régions, exclusion des éléments les « moins compétitifs », augmentation des inégalités, etc.). Changer les règles du jeu

Cela dit, paradoxalement, ce type d’économie est forcé à bien des égards de concurrencer l’économie bulldozer. Tant que nos politiciens ne prendront pas leurs responsabilités, tant qu’ils hésiteront à mettre en place des mécanismes politiques et économiques permettant d’internaliser les coûts environnemen-


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taux et sociaux, l’économie sociale et solidaire ne pourra pas occuper l’espace qui lui revient; c’est-à-dire toute la place! On ne devrait tout simplement pas avoir besoin d’accoler les adjectifs sociale et solidaire après le mot économie ou l’adjectif équitable après le mot commerce. Nous devons faire en sorte que les règles du jeu changent. Nous devons transformer le système. Selon moi, les initiatives existantes sont une amorce à ce changement plus global, car elle prouvent qu’il est possible de faire les choses autrement, de créer des rapports gagnant-gagnant. Le public, en général, réalise de plus en plus la valeur de l’économie sociale. C’est aussi pour cela que celle-ci progresse autant. Le succès de la Foire de l’économie sociale et solidaire, tenue en marge du Sommet de 2006, le démontre aussi. Le développement du commerce équitable également. L’image des entreprises d’économie sociale s’est améliorée. On les associe à des produits et services de qualité, alors qu’à une certaine époque, c’était différent, surtout pour les entreprises d’insertion qui doivent relever des défis pratico-pratiques supplémentaires. La population est plus sensibilisée, il me semble. Par contre, la majorité continue à fréquenter les Wal Mart… La partie est donc loin d’être gagnée. Le développement de ce type de commerce contribue à sensibiliser le public en faveur de changements macro-économiques plus larges. À mon avis, il ne s’agit là qu’un début. C’est toute l’économie qui doit devenir plus durable, sans quoi elle court à ça propre perte. Il n’y a pas d’économie durable sans écosystème et sans citoyens qui ont les moyens d’acheter autre chose que des produits fabriqués en Chine dans des conditions misérables. Incubateur de grands projets

L’économie sociale contribue à démocratiser l’économie. Elle fait peu à peu tache d’huile, ici comme ailleurs. Elle joue souvent un rôle d’incubateur à de grands projets. Je pense au Mouvement Desjardins et aussi aux CPE. Je pense même au Cirque du Soleil à ses débuts, qui a trouvé du financement auprès de la Caisse d’économie solidaire, alors que personne n’osait lui en prêter. Enfin, elle valorise des valeurs qui sont une plus-value pour la société: entraide, solidarité, formation, développement des compétences, développement durable…



Des citoyens, des idées, des débats

L’INM est un institut indépendant, non partisan, voué au renouvellement des idées, à l’animation des débats publics et à l’éducation civique au Québec. La parole aux citoyens Par ses actions, l’INM encourage la participation des citoyens, contribue au développement des compétences civiques, au renforcement du lien social et à la valorisation des institutions démocratiques. Santé et Citoyenneté Le programme Santé et Citoyenneté de l’INM, soutenu financièrement par la Fondation Lucie et André Chagnon, consiste à mettre en œuvre un plan de mobilisation des citoyens à l’égard de la santé et de la prévention. Ce programme porte à la fois sur les thèmes de la responsabilisation des citoyens et de leur engagement en regard des enjeux qui concernent la santé et le système de soins.

Les Rendez-vous stratégiques Les Rendez-vous stratégiques de l’INM ont pour objectif de dégager, par des débats ouverts et informés entre experts et citoyens, une vision du Québec dans lequel nous voulons vivre dans 20 ans. Les trois premiers Rendezvous ont porté sur la santé, l’économie et la culture. Les prochains rendez-vous porteront sur les thèmes de l’éducation, puis de la citoyenneté et de la démocratie.

L’École d’été L’École d’été de l’INM est une école de citoyenneté aux airs de festival. Réservée aux jeunes de 15 à 35 ans, elle comprend un volet grand public depuis 2005. Chaque édition comporte une centaine d’activités. En 2004, 400 participants ont formulé 50 propositions pour le Québec de demain. En 2005, 600 participants ont proposé 38 projets pour changer le monde. En 2006, 504 participants ont rédigé 19 manifestes sur le Québec et le monde. Et en 2007, 850 participants ont, selon le parcours qu’ils avaient choisi, écrit une Grande Déclaration jeunesse, fait du théâtre ou de la poésie, appris les rouages du journalisme, monté des projets d’engagement, ou appris sur les enjeux citoyens des nanotechnologies. L’École d’hiver L’École d’hiver est une école de citoyenneté


L’Institut du Nouveau Monde

inspirée de la formule de l’École d’été. Elle se distingue de son pendant estival par le public visé – les cégépiens –, par une thématique particulière à chaque édition, et par sa durée – deux jours d’activités. La première édition de l’École d’hiver avait pour thème «Un Québec interculturel: comment vivre ensemble, égaux et différents ?»

À go, on change le monde ! Le programme À go, on change le monde ! vise à stimuler la mise en œuvre de projets d’entrepreneuriat social chez les jeunes de 15 à 35 ans. Il incite les jeunes à réaliser des projets de développement local et d’innovation sociale. Dans la foulée du programme, l’INM a créé le magazine À GO, véritable vitrine sur des initiatives inspirantes d’entrepreneuriat social au Québec et ailleurs dans le monde. Jeunes, science et démocratie Ce programme vise à favoriser la discussion des citoyens âgés de 15 à 35 ans autour des enjeux éthiques des sciences et technologies. Le programme propose des activités de délibération abordant les grands thèmes scientifiques de l’heure qui développent chez les jeunes le goût d’aborder le volet scientifique de la citoyenneté. Pont interculturel Le projet Pont interculturel s’intéresse à la parti-

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cipation citoyenne au débat public des Québécois issus de l’immigration et de toutes origines. Par le projet Pont interculturel, l’INM pourra élaborer, tester et mettre en œuvre des stratégies de recrutement et de mobilisation pluriculturelle afin de rehausser la participation de ces Québécois et de leur assurer une juste représentation dans l’ensemble des activités de l’INM. L’un des mandats du projet a consisté a organiser, en collaboration avec la Commission de consultation sur les pratiques d’accommodement reliées aux différences culturelles, trois forums citoyens nationaux.

L’Annuaire du Québec Publié une fois l’an depuis 1995, l’Annuaire du Québec s’affirme d’année en année comme un ouvrage essentiel et incontournable sur l’actualité québécoise. Il propose des articles concis de la plume de plus de 70 chercheurs et journalistes sur les enjeux majeurs d’aujourd’hui et offre une foule de données statistiques à jour sur le Québec. La Grande Déclaration La Grande Déclaration proclame les principes et les valeurs que les jeunes souhaitent promouvoir à l’échelle mondiale. en chacun et à susciter l’engagement. Si son message est porté d’abord par des jeunes, celui-ci s’adresse à toutes les générations. La Grande Déclaration invite chaque signataire à s’engager personnellement dans une action concrète pour bâtir un monde plus juste, plus ouvert et plus solidaire. La Grande Déclaration sera officiellement proclamée à Québec, dans le cadre des Fêtes du 400e anniversaire de la ville, à l’occasion de la Journée internationale de la jeunesse de l’ONU, le 12 août 2008.

Devenez membre de l’Institut du Nouveau Monde au : www.inm.qc.ca


La collection des Suppléments de l’Annuaire du Québec En collaboration avec les Éditions Fides, l’Institut du Nouveau Monde propose la collection des Suppléments de l’Annuaire du Québec. Chaque Supplément expose les enjeux liés à une thématique particulière. Publiés à la suite d’événements ayant rassemblé des centaines de participants venus réfléchir et échanger sur une thématique d’actualité, les Suppléments portent la voix des citoyens étayée des analyses d’ex p e rts qui mettent leurs connaissances et recherches à contribution. Pour être à jour sur les grands sujets de notre époque, lisez les suppléments de l’Annuaire. > Une collection dirigée par Michel Venne. > Disponibles en ligne au www.inm.qc.ca et en librairie.

La culture, notre avenir ! Sous la direction de Aude Lecointe et Céline Saint-Pierre 160 pages Le Rendez-vous stratégique sur la culture a réuni plus de 1500 personnes au Québec au printemps 2007. Deux questions furent lancées à la discussion: «Que devient la culture québécoise et que voulons-nous qu’elle devienne?» Les citoyens se prononcent! > Un foisonnement d’idées et de pistes d’action sur la culture québécoise. > Des débats sur les valeurs communes, la langue française, l’intégration des immigrants, les nations autochtones, les nouvelles technologies, la mondialisation, la diffusion culturelle, l’éducation, la responsabilité des citoyens, de l’État et des médias. > 21 priorités pour la culture québécoise. > Des rêves collectifs pour l’avenir du Québec.


L’Institut du Nouveau Monde

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Jeunes et engagés Sous la direction de Miriam Fahmy et Antoine Robitaille 96 pages > Des portraits de la jeunesse québécoise de 2005, avec la collaboration des chercheurs de l’Observatoire Jeunes et Société. > Des analyses de la grève étudiante de l’hiver 2005, dont celle du principal organisateur, Pier-André Bouchard St-Amant, alors président de la Fédération étudiante universitaire du Québec. > Le récit de l’Université du Nouveau Monde 2004 > Les 50 propositions pour le Québec de demain

100 idées citoyennes pour un Québec en santé Sous la direction de Michel Venne 96 pages Dans ce premier numéro des Suppléments de l’Annuaire du Québec, vous trouverez des textes d’information sur les cinq grands dilemmes soumis au débat lors du Rendez-vous stratégique de l’INM sur la santé, les textes de trois de nos conférenciers dont le Dr Alain Poirier, Michel Clair et Hélène Morais, des données statistiques sur la santé au Québec en comparaison avec l’Occident et, bien sûr, les orientations stratégiques et les recommandations des membres de l’INM. Nous avons découpé les propositions adoptées en 100 idées qui sont autant de recommandations pour envisager la santé autrement au Québec. Nous avons inclus les réactions des experts présents lors de la rencontre nationale. L’ouvrage est abondamment illustré des photos prises tout au long de la démarche, en régions et à Montréal. Cette démarche y est d’ailleurs décrite en détails.



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Des engagements concrets

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Des perspectives de :

à lire

Nancy Neamtan Claude Béland Clément Guimond Laure Waridel

Le texte de la Déclaration du Sommet de l’économie sociale et solidaire de 2006

Un portrait complet {

Une définition, des statistiques

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Une brève histoire du mouvement au Québec

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Un portrait par région

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L’abc des entreprises collectives

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Le récit des 10 ans de parcours du Chantier de l’économie sociale

L’innovation sociale au cœur de l’économie québécoise

Sous la direction de

Marie-Hélène Méthé

Chantier de l’économie sociale

Supplément de

Québec

ISBN 978-2-7621-2856-7

9,95 $ • 9 e

la solidarité !

Illustration : © Philippe Beha

L’Annuaire du

ISBN 978-2-7621-2856-7

9 782762 128567

Oser

la solidarité !

Des pistes de réflexion pour l’avenir

Oser

{

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