International Ink n°2

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L’AESPRI se présente Bachelor RI, quel bilan ?

Journal d'Etudiants en Science Politique et Relations Internationales

INTERNATIONAL.INK

Regards sur l’Europe de l’Est



.SOMMAIRE

INTERNATIONAL.ink n°02 Portrait 5

Marcelo Olarreaga, professeur d’économie politique à l’Université de Genève.

Vie Universitaire 7

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L’AESPRI : Association active et disponible, au service des étudiants Les études en Relations Internationales à Genève, quel bilan ? « Quand les porcs quittent leur batterie : lettre ouverte aux semeurs de merde » Du débat sur la liberté d’expression : le Forum du Militantisme

Dossier : L’Europe de l’Est 14 15 18 20 22 24 26

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Introduction Eclairages, entretien avec Mr André Liebich, professeur à l’IHEID. Evaluation des perspectives de changement de régime en Biélorussie Le murmure de l’allemagne de l’est La Bulgarie fait ses comptes Ukraine : terre de conversions Russie, retour aux vieilles méthodes soviétiques : l’internement psychiatrique Kosovo, le rendez-vous manqué La question russe dans les pays baltes

Société 32

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Autre regard, autre information, jetez un coup d’œil sur le Bondy Blog Initiative populaire fédérale « Pour la protection face à la violence des armes »

Politique Colombie : de l’incident à la crise diplomatique Elections : les deux Espagne s’affrontent dans les urnes

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Sources

! !!

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INTERNATIONAL.ink n°02 avril 2008: Edité par l’Association des Etudiants en Science Politique et en Relations Internationales. (AESPRI). Imprimé par Repro Mail. Financé par la Commission de Gestion des Taxes Fixes (CGTF). Rédaction : Rédacteurs en chef: Clément Bürge et Cyril Granier Membres: Joëlle d’Andrès, Romain Aubry, Mélanie Escobar Vaudan, Danica Hanz, Matthieu Heiniger, Lukas à Porta, Antoine Roth, Samia Swali, Lionel Thorens Graphiste: Léo Felder Illustration : Matthieu Heiniger Rédacteurs externes: Adría Budry Carbó, Omar Tarabay Retrouvez-nous sur notre site web www.aespri.unige.ch rubrique journal ! Erratum : La rédaction tient à signaler que deux articles du premier numéro : « Hollywood. Grosses bobines, quand le cinéma devient de l’intox », rédigé par Claire Monari, ainsi que « Droit à la fête… vraiment ?? », écrit par Mylène Hauri, ont étépubliés dans leur version provisoire. Nous tenons à leur adresser toutes nos excuses.

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.EDITO

« Bélier : vous rencontrerez l’homme ou la femme de votre vie…ou pas » Ainsi débutait notre dernier horoscope ! Malgré les étranges prédictions de notre dernière édition qui ont effrayés quelques uns de nos lecteurs, une grande partie d’entre vous a apprécié le journal. Par contre, vous nous avez fait remarquer que notre mise en page laissait à désirer : trop grande densité du texte, images peu mises en valeur, etc. Nous avons renouvelé notre graphisme et vous proposons une mise en page aérée et plus lisible. Une brève observation nous fait remarquer que le milieu politique est plutôt agité : la loi sur l’université suscite la controverse et pousse syndicat et collectif à se mobiliser. Autre motif d’agitation, la prise de contrôle de la Commission de Gestion des Taxes Fixes par le rectorat. Cet organe financier est essentiel pour des projets tels que le journal que vous tenez dans vos mains. Espérons que cette OPA soit amicale !La venue d’entreprise lors du Forum Uni-emploi à l’Université a également soulevé la controverse auprès d’un groupe d’individus. Ces joyeux personnages ont pensé bon de transformer le forum en salon de l’agriculture en y déversant du purin. Un événement passion

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nant pour le « 20 minutes » qui a autant d’information intéressante que de scrupule à transmettre un communiqué de presse sans en déformer le contenu. L’Association des Etudiants en Science Politique et Relations Internationales (AESPRI) a malheureusement été victime de ce professionnalisme en se voyant attribuer la paternité d’un communiqué critiquant le forum Uni-emploi. Mais mettons ces affaires de côté un moment et revenons à ce qui nous et vous intéresse actuellement : notre présente édition. Pour cette deuxième parution, la rédaction s’est concentrée sur les pays d’Europe de l’Est. De la chute du mur de Berlin aux élections contestés entre pro-russes et pro-occidentaux, du Kosovo jusqu’en Russie, cette région a subi de profondes mutations. Cependant, les réticences et la nostalgie soviétique ont tendance à contrebalancer ce développement vers le « american way of life ». Ce dossier tente d’apporter des explications à ces évolutions politiques, culturelles et sociales. Hors du cadre de ce dossier, un article sur le bachelor RI est à la dis position des futurs et des actuels étu

diants en Relations Internationales. Après avoir effectué plusieurs interviews des membres du corps professoral, nous espérons répondre aux questions que vous vous posez, et mettre fin aux nombreuses rumeurs qui courent dans les couloirs de l’Université. Enfin, souhaitant communiquer activement avec ses membres et les étudiants, l’AESPRI vous fait découvrir ses buts, son rôle dans l’université et ses activités par une présentation que vous trouverez dans cette nouvelle édition. Prévoyant l’enthousiasme qui s’emparera de votre esprit lors de la lecture de cet article, nous vous invitons à participer activement à l’AESPRI. Encore un dernier mot pour vous rappeler que International.ink est à la recherche de rédacteurs ! Si vous souhaitez écrire, dessiner, prendre des photos ou encore faire partie du comité de rédaction, contactez nous via notre adresse e-mail : international. ink0@gmail.com ! Chers amis non francophones, sachez également que nous publions des articles en anglais. Ne ratez pas cette occasion et rejoignez nous !

Clément Bürge / Cyril Garnier


.PORTRAIT Portrait de Marcelo Olarreaga, professeur d’économie politique à l’Université de Genève

Parcours de vie: « Je n’avais pas de parcours de vie particulièrement indiqué », m’interrompt Marcelo Olarreaga, alors que je lui propose le plan de mon interview, « mais plutôt de nombreux choix à prendre, de tous les degrés d’importance, au jour le jour (...). Vous savez, ces choix qui devraient dans l’idéal nous per mettre de nous épanouir et de faire les choses que l’on aime. » La discussion est lancée. Ces choix ont amené Marcelo Olarreaga à revenir à Genève l’année dernière, après dix ans d’engagement pour la Banque Mondiale à Washington, et reprendre, au semestre d’automne 2007, l’enseignement à l’université comme professeur d’économie politique. Puisque fraîchement débarqué sur les rivages du Léman, la rédaction d’International.ink souhaite vous dévoiler ce nouveau visage du corps professoral, dont le nom de famille, à

Matthieu Heiniger

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.PORTRAIT la consonance sud-américaine, éveille une curiosité toute naturelle. Pourtant, ne vous fiez pas aux apparences: notre invité n’est pas étranger à Genève, ou plutôt Genève ne lui est pas étrangère, puisqu’il y déménage à l’âge de quatorze ans lorsque son père diplomate accepte un mandat de 5 ans à l’ONU. Aîné d’un frère et d’une soeur, Marcelo Olarreaga quitte donc sa ville d’origine, Montevideo, capitale de l’Uruguay, avant la fin de sa scolarité secondaire qu’il terminera au collège de Claparède. Des souvenirs de l’Uruguay, et surtout un héritage familial sud-américain en mémoire, se mélangent avec une jeunesse épanouie à Genève. Cette double identité est bien vécue: finalement, le football est aussi populaire en Suisse (il en pratique volontiers), le lac peut donner l’illusion d’un méandre du Rio De La Plata et les pentes de ski s’apprivoisent rapidement. Si Marcelo Olarreaga pensait, au début de ses études universitaires à Genève, devenir journaliste, c’est assez vite qu’il découvre, au travers des cours du professeur Yves Flückiger (et surtout pendant la 3ème heure facultative), les « outils des économistes ». A sa curiosité et à sa volonté de comprendre et d’appréhender le monde, ces « outils » ludiques donnent des pistes de recherche et l’amènent à changer d’orientation: ce sera l’économie, non pas pour devenir un requin de la finance sans état d’âme, mais bien au contraire pour dévoiler les mécanismes économiques qui organisent notre environnement et orientent les sociétés. Ce tournant aboutit à un doctorat en économie à l’université de Genève, en 1996. A la fin de ses études, Marcello Olarreaga s’engage deux ans pour l’OMC à Genève, puis travaillera dix ans pour la Banque Mondiale à Wash-

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ington. Une étape riche en rencontres humaines, en défis professionnels, ponctuée de nombreux voyages, particulièrement en Amérique du Sud ou en Afrique. Les problématiques du tiers-monde et le développement économique sont perçus par Marcelo Olarreaga avec un grand intérêt et beaucoup d’engagement personnel. Cette étape est aussi synonyme d’un mariage avec son épouse irlandaise et de la naissance de leurs deux fils. Cependant, ce passage à la Banque Mondiale ne l’empêche pas de publier et de garder contact avec l’enseignement, capacité qu’il avait développée depuis la fin de ses études. Marcelo Olarreaga trouve du temps, même sur ses congés, invité par plusieurs universités, pour entretenir ce désir de communiquer un savoir et des connaissances. S’offre alors la possibilité de travailler comme professeur de l’Université de Genève, et Marcelo Olarreaga d’accepter la proposition, pour ainsi débuter les cours au semestre d’automne 2007, toujours animé par cette ambition de transmettre une passion, des outils de savoir, une vision de la branche et de son utilité. L’enseignement est donc un partage, mais aussi une « consommation personnelle », comme il se plaît à ajouter: parce que l’enseignement transmet aussi à celui qui enseigne un épanouissement et un état de découverte permanent. Espérons que cette nouvelle étape de vie se ponctue par des enrichissements personnels et un quotidien stimulant. Marcelo Olarreaga est à l’aube d’une nouvelle journée sur le territoire suisse, nous lui souhaitons la bienvenue à lui et à sa famille, et une expérience heureuse qui renforcera son sentiment d’avoir fait le « bon » choix. Une dernière anecdote: Marcelo Olar-

reaga me donne à la fin de l’interview, quand je lui demande de citer un auteur qu’il admire, le nom de l’écrivain colombien Gabriel Garcìa Márquez et de son oeuvre: « Cent ans de solitude ». De ce roman, il m’explique la première page qui lui parle singulièrement. Il est question de découverte. Il est question d’offrir à la connaissance d’un non-initié quelque chose de neuf et d’inconnu. Peut être bien que, par analogie à l’incipit du roman, Marcelo Olarreaga vient de se lancer dans une nouvelle étape animée par le grain essentiel de la curiosité et sur un terrain ensemencé de multiples découvertes qu’il souhaite communiquer au travers de ses cours. Des goûts et des couleurs: -Une personnalité, décédée ou vivante, que vous rêveriez de rencontrer: Mon grand-père paternel ou maternel. -Un moment que vous pourriez revivre: Le premier pas sur la lune en compagnie de Neil Armstrong. -Une équipe de football: Le FC Malodo. -Un film culte: Angel’s Heart -Un endroit pour se ressourcer: Cabo Polonio (une réserve naturelle en Uruguay au bord de l’océan) -Un rituel avant les cours: Boire un Red Bull®

Matthieu Heiniger


.VIE UNIVERSITAIRE

L’AESPRI : association active et disponible, au service des étudiants

« Hey t’as vu, l’AESPRI a mis de nouveaux polycopiés sur son site ! » « C’est vrai ? Excellent ! Heureusement qu’ils sont là, je ne sais pas comment je réussirais mes exams sinon… » Mais à part cette histoire de polycopiés, qui est l’AESPRI, et surtout à quoi peut-elle vous être utile ? En effet, peu de monde sait réellement ce qu’est l’Association des Etudiants en Science Politique et en Relations Internationales et quels sont ses domaines d’action. C’est pourquoi la rédaction d’International.ink a décidé d’aller à sa rencontre, par

Lionel Thorens

l’intermédiaire de son président, Joël Odoni. Entretien. INTERNATIONAL.INK : Quelle est cette année la composition de l’AESPRI en nombre d’étudiants et sa répartition en Science politique et en Relations internationales ? J.O. : L’année passée, les membres actifs du comité de l’AESPRI étaient peu nombreux (cinq-six personnes) et majoritairement en Science politique, ce qui menait certains étudiants de Relations internationales à se sentir peu ou pas représenté par l’association. Ainsi, l’idée cette année a été de re

cruter le plus largement possible dans les deux branches, ce qui a très bien fonctionné. Cette année, le comité est composé d’une vingtaine de membres actifs, majoritairement de Relations internationales et pour beaucoup en première année. Nous nous en réjouissons, car la continuité de l’AESPRI est ainsi as surée pour les prochaines années, avec des personnes qui sauront reprendre les rênes de l’association et mener les projets à bien.

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.VIE UNIVERSITAIRE INTERNATIONAL.INK : Comment l’AESPRI est-elle organisée ? Quelles sont ses dynamiques ? Dans quels domaines est-elle active ? J.O. : La ligne prioritaire de l’AESPRI en tant qu’association est la défense des étudiants de Science politique et de Relations internationales et se réclame comme neutre politiquement. L’organe suprême de l’AESPRI est l’Assemblée Générale qui a lieu au minimum une fois par année. Elle se charge d’établir les priorités de l’AESPRI et d’élire la direction du comité. Cette assemblée est ouverte à tous les étudiants de SPO et RI. Quant au comité, il est composé des membres actifs et prend les décisions en accord avec le mandat de l’Assemblée Générale. Les projets sont menés à bien par divers groupes de travail qui ne sont pas forcément uniquement composés de membres du comité. Cette année, nous avons le groupe Forum du militantisme, le groupe journal ainsi que le groupe culture qui organise les événements de l’AESPRI et le groupe politique qui traite des sujets de politique universitaire. INTERNATIONAL.INK : En quoi l’AESPRI peut-elle être utile aux étudiants ? Que leur propose-t-elle comme soutien ? J.O. : Etant donné la complexité de l’administration de l’université, nous sommes là pour aider les étudiants à s’y retrouver. S’ils ont un problème, nous savons les rediriger vers les personnes compétentes, les aider, notamment pour des recours, par des lettres de soutien, lorsque le problème est jugé important. Notre deuxième mission est de leur proposer également des occasions de rencontre (en planifiant des soirées), ainsi que d’organiser des conférences, projections et autres

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animations culturelles. Nous avons également le projet à long terme de renforcer toujours plus nos relations avec le département afin d’en devenir un acteur-clé. INTERNATIONAL.INK : Comment est-il possible pour les étudiants de rentrer en contact avec l’AESPRI ? J.O. : Depuis ce deuxième semestre, nous avons mis en place une permanence régulière à notre bureau. Les étudiants peuvent donc venir nous voir au bureau 5297 le mardi de 10H00 à 11H30 et de 12H00 à 14H00 ainsi que le jeudi de 12H00 à 14H00. Ils ont également la possibilité de nous écrire des e-mails (aespri@unige.ch) ou de nous appeler au (+41)22 379 89 46. Toutes ces informations se trouvent sur notre site internet www.aespri. unige.ch. Si les étudiants souhaitent s’engager au sein de l’AESPRI, ils peuvent passer aux séances du comité, qui sont ouvertes à tous. Au début de l’année, l’Assemblée Générale reste le meilleur moyen pour s’informer sur l’association puisque le comité redémarre sur de nouvelles bases et présente les premiers projets pour l’année à suivre.

ance plus calme, notamment autour de jeux (société, jass,…). En ce qui concerne la politique universitaire, nous tentons d’aider le département pour les Midis de Science Po, et nous cherchons à participer le plus possible au développement des cursus respectifs à travers le collège des enseignants en approchant les professeurs et les assistants individuellement. Une dernière priorité est d’assurer la continuité de l’AESPRI et d’améliorer son fonctionnement ; nous sommes donc en train de reformer les Statuts de notre association.

INTERNATIONAL.INK : Quels sont les projets, quelles sont les priorités de l’AESPRI pour ce deuxième semestre 2008 ? J.O. : Le projet le plus important pour nous d’ici la fin de ce semestre est le Forum du militantisme (ndlr : cf. article sur ce sujet dans ce même numéro d’International.ink). Nous avons également organisé deux grosses soirées au début de ce semestre qui ont été de vrais succès. Le groupe culture a pour projet d’organiser des projections ainsi que quelques soirées en semaine, et donc dans une ambi-

Joëlle d’Andrès - Clément Bürge


.VIE UNIVERSITAIRE Les études en relations internationales à Genève : quel bilan ? Kofi Annan, ex-secrétaire général des Nations Unies, Hans-Gert Poettering, actuel président du Parlement Européen ou encore Micheline Calmy-Rey, autant de personnalités qui ont contribué à la renommée de l’Université de Genève et à l’institut HEI. Alors que la licence en hautes études internationales composée d’un partenariat entre ces deux dernières institutions fonctionnait avec succès, les formations en Relations Internationales ont été entièrement remodelées. Où en sommes-nous aujourd’hui ? Quelles opportunités s’offrent aux étudiants ? Tour d’horizon et éclaircissements pour les néophytes tout comme pour les initiés. Les réformes et le nouveau système Alors que les étudiants, après avoir passé deux années à l’Université de Genève, finissaient leur cursus à l’institut, la décision de ce dernier de se concentrer uniquement sur les formations de troisième cycle bouleversa le système en place. En effet, l’Université de Genève se retrouvait sans formation en études internationales, elle qui pourtant revendiquait son ouverture dans ce domaine. De ce fait, Unige décida de mettre en place un nouveau bachelor s’adaptant au passage au nouveau système mis en place suite aux accords de Bologne. Celui-ci est le résultat d’une coopération entre trois facultés : Lettres, Droit et Sciences économiques et sociales. Ainsi, durant cette formation pluridisciplinaire, l’étudiant pratique de la Science Politique, du Droit, de l’Economie et de l’Histoire, ces disciplines étant orientées vers les relations internationales. A mesure qu’il avance dans le plan d’étude, il se

spécialise dans deux, puis dans une seule des quatre disciplines. Quelles solutions de sortie? La gamme des débouchés académiques offerts par le bachelor compte parmi les plus vastes des formations universitaires de premier cycle. En effet, il ouvre les portes de trois types de masters. Premièrement, l’étudiant peut évidemment effectuer son titre post grade dans une université étrangère, le domaine s’y prêtant particulièrement. Autre solution : les masters consécutifs à la spécialisation choisie au cours des trois années sous condition d’acquérir un nombre minimum de crédits*. Finalement, les divers masters accessibles sur dossier à Genève, tels que le master en management public offert par l’université ou encore les masters du nouvel institut IHEID. Les étudiants ayant acquis leur bachelor à l’Unige n’ont donc plus accès automatiquement à l’institut. Quelles motivations se trouvent derrière cette politique restrictive ? Les raisons d’un tel changement sont diverses et complexes. Cependant, Philippe Burrin, directeur du nouvel institut, nous a notamment expliqué que les capacités logistiques de ce dernier ne permettaient plus d’accueillir les étudiants de plus en plus nombreux. Victime de son succès, l’institut aurait pourtant préféré pouvoir se permettre d’offrir une formation complète qui assurerait le suivi des étudiants en imitant le système de ses concurrents comme Science Po et Harvard. D’autres raisons expliquent cependant ce choix : un besoin d’adaptation mais aussi l’alignement sur les projets de la Confédération de créer des pôles d’excellence d’études universitaires. Ainsi, si l’EPFL et

Joëlle d’Andrès - Clément Bürge

l’EPFZ représentent les centres des études polytechniques, l’IHEID incarne celui des relations internationales. Parmi la diversité des débouchés, pourquoi n’y-a-t’il finalement pas de master consécutif au BARI ? Selon Alexis Keller, professeur de Droit à l’université de Genève et membre de la Commission de Direction du BARI, la réponse comporte deux facettes. La cause est tout d’abord d’ordre pécuniaire. L’université ne dispose tout simplement pas des fonds nécessaires pour la mise en place d’un nouveau master. De plus, un tel master rentrerait inutilement en compétition avec l’IHEID. Il risquerait donc, face à la renommée de l’institut qui sélectionne ses candidats à l’entrée, de devenir une sorte de formation « poubelle », accueillant les étudiants n’ayant pu y accéder. Sa valeur Si la valeur de la licence HEI a fait ses preuves, qu’en est-il de ce nouveau bachelor ? Aucun élève n’ayant encore achevé son cursus, l’incertitude plane, comme toujours au-dessus de projets fraîchement réformés. Cependant, même si l’on peut se permettre de douter, l’impression donnée reste rassurante si l’on observe la conjoncture actuelle. Premièrement, la réputation de la qualité des formations de l’Université de Genève en général n’est pas à refaire. D’autre part, grâce à la vocation de la ville de Genève dans les relations internationales, le bachelor bénéficie d’un environnement propice à ce type d’études. Après avoir observé les effectifs du BARI, en constante augmentation et comptant plus de 300 étudiants en première année, on peut affirmer que le

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.VIE UNIVERSITAIRE succès est bel et bien au rendez-vous. Selon Yves Flückiger, vice-recteur de l’Université de Genève, la hausse des effectifs est une preuve que cette formation est jugée de qualité. Il s’agit donc selon lui d’assumer ce succès en encadrant le mieux possible les étudiants, ce qui n’a pas forcément été le cas lors de la création du BARI. L’encadrement Mis en place en à peu près une année, les débuts ont été plus ou moins laborieux. Changements de plans d’études, problèmes avec les enseignants…Alexis Keller commente: « La difficulté est venue du fait que trois facultés étaient engagées dans ce projet. Lorsque que vous créez une nouvelle formation en collaboration entre trois facultés différentes, qui ont une culture différente, une approche des études différentes, des divergenc -es apparaissent logiquement.

Des problèmes se créent. » Mr Flückiger invoque également une insuffisance de moyens au moment de la création. Aujourd’hui, les professeurs s’accordent pour dire que la plupart des ajustements ont été fait et grâce à la hausse des effectifs, le bachelor bénéficie de moyens plus importants pour encadrer ses élèves. Selon les dires de Monica Gonzalez, Conseillère aux études pour le Baccalauréat universitaire en relations internationales, cette formation est l’une des plus importantes de l’Université grâce à ses effectifs, son unicité et le rayonnement qu’elle apporte à l’Université de Genève, car il faut savoir qu’énormément d’étudiants proviennent du reste du pays et parfois même de l’étranger. Rien que cette année, 4 nouveaux postes de professeur ont été créé, 8 nouveaux assistants ont été engagéet une Commission de Direction a été

Présenter son dossier à IHEID : Le dossier de candidature est présenté à une commission d’experts qui analyse le dossier de l’étudiant. Même s’ils observent principalement les notes, une analyse globale est effectuée : langues, expérience professionnelle, activités, lettre de motivation, lettre de recommandation de professeurs. Tous ces facteurs sont pris en compte et peuvent très bien, au cas échéant, compenser des lacunes au niveau des notes. IHEID recueillera en moyenne 1 élève sur 4. A titre d’indication, leurs autres grands concurrents, Science Po Paris et Harvard ont des taux d’admission de 12% et 15%.

Les crédits requis à l’accès automatique aux masters spécialisés : Science Politique = 60 crédits Histoire = 60 crédits Economie = 78 crédits Droit = 86 crédits. L’étudiant devra effectuer une passerelle de 34 crédits supplémentaires.

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nommée. Cette dernière est le nouvel organe directorial du BARI et possède à sa tête le professeur de Science Politique Simon Hug. En outre, un nouveau projet enthousiasmant sera peut-être mis sur pied, prévoyant la création de cours en allemand ou en anglais pour les étudiants de Relations Internationales. La pluridisciplinarité, avantage ou inconvénient ? Malgré les avantages certains de cette formation pluridisciplinaire une question subsiste pourtant : les étudiants auront-ils les connaissances nécessaires pour suivre les divers programmes de masters spécialisés ? Yves Flückiger nous répond que « les crédits acquis lors de la spécialisation sont suffisants pour que l’élève réussisse un master dans les meilleures conditions possibles. » Et rajoute : « Pour moi, le bachelor est unique il propose une formation ouverte où l’orientation s’effectue progressivement. De ce point de vue, il se démarque des autres bachelors et il offre des compétences transversales utiles dans la vie active. Par exemple, prenez le meilleur charpentier du monde, s’il n’a pas de connaissance de gestion d’entreprise, ou s’il ne sait pas se vendre, il ne saura jamais se faire reconnaître ! » Nous souhaitons remercier chaleureusement madame Monica Gonzalez, conseillère aux études du BARI, monsieur Philippe Burrin, directeur de l’IHEID, monsieur Yves Flueckiger, vice-recteur, monsieur Pascal Sciarini, doyen du département de Science Politique et monsieur Alexis Keller, professeur de droit et membre de la commission de direction du BARI, pour leur contribution à cet article.

Joëlle d’Andrès - Clément Bürge


.VIE UNIVERSITAIRE

Quand les porcs quittent leur batterie : lettre ouverte aux semeurs de merde «Quand on parque des porcs en batteries… L’université se roule dans la fange et refuse de l’assumer. On y invite même les vaches, n’ayons pas peur du foin. Au jeu du coq, le podium va être chargé: 80 entreprises dont une bonne moitié dédiées au secteur bancaire et à la finance. C’est qu’ils ont besoin de main d’œuvre, de candidatures fraîches, de gens jeunes qui en veulent. Déroulez vos stands, étalez vos cravates, prosternez-vous pour la gloire du capital… On s’occupe de la plume. Que les grincheux se rassurent, les multinationales labelisées «humanitaires» donnent cette année la touche de politiquement correct et d’ouverture sur la «Cité» qui manquaient aux éditions précédentes. Le souci de déontologie est touchant. Sur les questions de gestion de capital et de brassage de budget insondables les «Human Rights Watch» et autre «Earthjustice» ont sûrement des conseils à donner aux futurs chefs d’entreprise que nous rêvons tous d’être. Ils se battent avec les mêmes outils en arguant des buts plus nobles. Pour y entrer la compétition sera tout aussi rude, les meilleurs dossiers seront ceux qui se montreront corvéable à l’infini, les plus flexibles, ceux qui seront prêts à tout sacrifier pour leur job. Les financements privés envahissent de plus en plus un lieu déjà voué à la reproduction sociale. Le savoir se marchande, maintenant on le prostitue. Parfois la victime de la colonisation du capital, l’université se met au racolage. Oubliée l’indépendance, oubliés les lieux épargnés remparts contre la société de consommation. On sait aujourd’hui concilier la forme et «les fonds». C’est pas vraiment qu’on vous croie à court de fumier, mais un événement d’une telle envergure mérite la participation de tout un chacun. Alors à votre merde on répond par une autre. Mais les moyens manquent et la bouffe est trop chère, alors on fait participer les bêtes. Quand on parque des porcs en batteries grillagés, faut pas s’offusquer de relents de salon de l’agriculture.» Retranscription du flyer diffusé mardi 4 mars lors du Forum Uni-emploi.

Pour rappel, mardi 11 mars en début d’après-midi, des individus ont répandu un simili de purin, de l’engrais apparemment, dans le hall d’Unimail, disséminant par la même occasion des tracts au style baveux (lire ci-dessus). L’objectif de cette action coup-de-foin consistait en une condamnation du forum Uni-emploi et plus largement de l’ingérence à l’université d’un Kapital menaçant l’indépendance de cette dernière. Suite à cette action, la première questtion venant aux lèvres est: qui en sont les instigateurs ? Sitôt formulée, on

doit se rendre à l’évidence, personne n’a souhaité assumer la paternité de cet acte en forme de coup de gueule. Peut-être que ces Don Quichotte de la subversion craignaient de devoir répondre de leur acte devant les institutions, ou mieux, devant les étudiants. Mais quel crédit peut-on donner à des personnes qui avancent masquées ? « On s’occupe de la plume ». Nous voilà rassurés, à peine spoliés. Qui était visé ? Ici, le doute laisseplace à la conviction. En effet, leur condamnation est unanime, accablant sans distinction les 80 sociétés

ou associations venues participer à ce forum. Nul cas ne sera fait de la collaboration d’associations à but non-lucratif (Encre fraîche en est un exemple). Quoique... Human Rights Watch, frappée d’anathème, se voit également traînée dans la fange car utilisant « les mêmes outils » que les méchantes multinationales. Dès lors, l’opprobre au ton railleur devient grossier et puérile. Ont-ils avalé le petit livre rouge de travers, ceux qui se permettent de faire l’amalgame entre des sociétés dont le but affiché est de faire fructifier du capital et une as-

L. à Porta / C. Bürge / D. Hanz / M. Heiniger / J. D’Andrès

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.VIE UNIVERSITAIRE sociation qui promeut les droits fondamentaux ? Qu’en est-il de leur critique sur le parachutage des capitaux privés à l’université ? Tout d’abord, il semble pour le moins audacieux de tisser un lien direct entre la seule présence de sociétés privées, aussi capitalistes et méchantes soient-elles, et la promesse d’une vampirisation de l’université par des capitaux non-publics. Belle lubie. A moins de disposer d’un bagage idéologique bien déterminé, à savoir Bourdieu pour le plagiat sur la « reproduction sociale », et bien sûr notre ami Marx pour orner le tout à coup de Kapital. Si toutefois on souscrit à leur critique, il reste tout de même difficile de considérer sérieusement la vision passéiste d’une université telle qu’elle nous est brièvement présentée dans le tract. L’université aurait constitué un « rempart contre la société de consommation » ? Mieux, elle aurait été « indépendante » ! De qui ? De l’Etat et des théories marxistes,

peut-être ? Qu’il est naïf de s’appuyer sur une utopie ancrée dans le passé pour feindre l’affliction à l’égard du présent. Parmi tous ces éléments discordants, c’est sans conteste la méthode employée par ces individus « voilés » qui engendre notre courroux. En effet, les dommages collatéraux d’une telle gesticulation apparaissent si grands qu’ils en dépassent les effets escomptés : la volonté débridée, légitime ou non, de condamner la mainmise supposée ou potentielle des entreprises privées sur l’université, entraîne parmi ses membres une réaction de rejet qui semble unanimement partagée. Est-ce là une bonne façon de combattre le Kapital que de détourner les foules, en soulevant l’indignation contre soi? Ce suicide intellectuel, comble de l’ironie, pourrait bien servir les entreprises privées sus-condamnées en les rendant en comparaison de ces gesticulations, bien attrayantes. En d’autres termes,

leur « cause » est si mal défendue qu’elle en est rendue pathétique. Un modeste éclair de lucidité vient tout de même illuminer le flyer en question : « à votre merde [celle des entreprises privées] on répond par une autre ». Leur logorrhée a au moins le mérite d’être assumée. Que le but soit noble ou non, là n’est pas la question. Que le forum Uni-emploi prête le flanc à maintes critiques, relayées notamment par l’AESPRI et la CUAE, est une chose. Légitimer toutes les actions à son encontre, aussi parfumées soient-elles, en est une autre. La fin ne justifie pas les moyens. Quoi de mieux que de terminer ce papier sur une note légère : à votre merde, fondamentalistes d’un autre temps, curiosités anachroniques d’une époque révolue, nous joignons la nôtre. Bon appétit

L’aespri ne cautionne ni ne supporte les propos de cet article.

Le programme du Forum du Militantisme Le mardi 6 mai : liberté d’expression au niveau international. Cette journée s’inscrit dans le cadre de la politique internationale et mettra en avant la question du respect des libertés fondamentales.

Le jeudi 8 mai : liberté d’expression dans le domaine artistique. Comment l’artiste parvient-il à créer en outrepassant les contraintes et autres censures?

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Le mercredi 7 mai : liberté d’expression et médias. La conférence traitera de l’influence du politique dans les médias. Dans un esprit d’ouverture, le Forum du Militantisme encourage chacune et chacun à venir assister aux débats et à participer aux ateliers. A noter que le programme du forum est disponible à l’adresse suivante : http://www.aespri.unige.ch/projets.php

Le vendredi 9 mai : liberté d’expression et recours à la manifestation. Ce jour se focalisera sur le cas d’espèce que constitue Mai 68, autour de la question : « Peut-on vraiment parler d’un avant et d’un après Mai 68? »

L. à Porta / C. Bürge / D. Hanz / M. Heiniger / J. D’Andrès


.VIE UNIVERSITAIRE Du débat sur la liberté d’expression : le Forum du Militantisme L’Association des Etudiants en Sciences Politiques et Relations Internationales (AESPRI) propose, du 6 au 9 mai 2008, de débattre de problématiques liées à la liberté d’expression, ceci en confrontant des individus d’horizons divers : de l’académicien à l’étudiant, en passant par l’artiste et le journaliste. Le présent article est une introduction à cette problématique et contient également le programme du Forum du Militantisme (FdM). La liberté d’expression est un droit fondamental et inaliénable. Mais c’est aussi une thématique qui, après l’effondrement du mur de Berlin et l’apparente victoire idéologique des démocraties libérales, continue à être une source de vifs débats, y compris au sein d’un monde occidental pourtant sanctifié terre de l’Etat de droit. La multiplication et la professionnalisation des organisations non gouvernementales (ONG) appelant au respect et à la promotion des droits fondamentaux comme Amnesty International ou Human Rights Watch constituent quelques exemples emblématiques de cette « conscientisation planétaire ». Dans le domaine de l’écologie, d’autres mouvements comme le World Wildlife Found ou Greenpeace sont à la fois témoins et acteurs d’un nouveau militantisme, renouvelé et dynamique. Cela étant, d’autres formes de militantisme, syndical notamment, ne connaissent pas un pareil essor, semblant au contraire s’épuiser. Nonobstant ce fait, on peut affirmer que la multiplication des revendications de toutes sortes, conjuguée au développement mondial - mais inégalement réparti - de nouveaux outils facilitant la communication, Internet en tête,

permet difficilement d’excuser ou de justifier l’amnésie sélective qui frappe nos gouvernants : face aux violations des droits humains, qu’ils soient commis ici ou ailleurs, l’attentisme est à proscrire. Depuis quelques années, les Etats ont donc vu leur marge de manœuvre se réduire significativement : ils peinent de plus en plus à travestir un mensonge en vérité, à museler l’information ou à tenir en respect l’opinion publique. Les pressions croissantes que subit la Chine à l’approche des Jeux Olympiques de Pékin, suite notamment à son intervention contestée au Tibet, font partie intégrante de ce processus de diffusion des contestations. Les critiques énoncées à l’encontre de la Russie, que ce soit vis-à-vis d’une élection en forme de passation de pouvoir ou à cause du peu de place qu’elle laisse aux groupes d’opposition, en sont également. Ici, en Suisse, on pourrait citer le cas d’une campagne politique provocante, d’aucuns diraient raciste, menée par l’UDC, et qui a posé de manière extrêmement claire cette question : jusqu’où peut-on tolérer l’expression d’opinions, aussi contestables et contestées fussentelles ? Il faut signaler qu’à rebours de cette libéralisation croissante de l’information, les moyens répressifs des Etats, face aux manifestations notamment, augmentent grandement. On le constate, les problématiques liées aux droits fondamentaux et plus particulièrement à la liberté d’expression n’ont pas pour seule cible les Etats autoritaires, elles touchent également lesdits Etats de droit. A ce titre, celles et ceux qui pensaient être libérés du politique

Le groupe Forum du Militantisme

comme détenteur et distributeur unique de l’information ont rapidement déchanté en redécouvrant la concentration médiatique à travers des groupes d’acteurs privés. Un indicateur de cette tendance est l’apparition des quotidiens gratuits qui nous incitent à nous interroger : la seule publicité permet-elle de garantir une information de qualité ? Ou plus pertinent : est-ce que l’information a encore un prix ? Sitôt cette question posée, le souvenir de la mort d’un journaliste vient brutalement nous rappeler que la liberté d’informer a un coût, coût que certains payent de leur sang. Il ne suffit pas de déclarer la liberté d’expression inaliénable ou fondamentale, encore faut-il lutter pour la préserver. C’est de ce combat que l’on parlera durant le FdM. Les quatre jours composant cette semaine du militantisme et de la liberté d’expression seront décomposés en autant de thématiques. Chaque journée se déroulera en deux temps. Tout d’abord, un ou plusieurs intervenants animeront un atelier à la mi-journée puis, le soir venu, une conférence, un débat ou une projection seront proposés.

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.DOSSIER Regards sur l’Europe de l’Est

Il était une fois dans des contrées pas si lointaines, aux limites de la petite Europe, soleil levant de l’Ancien Monde, des pays aux us et coutumes étonnement proches et pourtant ô combien singuliers. Le paradoxe est latent: monde occidental d’un côté et Tiers-Monde du Vieux Continent de l’autre; identité et alter ego selon le système de coordonnée. Victime de raccourcis, de biais, -quelques fois d’indifférence-, l’image des pays de l’Est ressemble souvent à un amas fantasmagorique, réalité déformée, digérée au travers du prisme médiatico-populaire. Ballotés d’un camp à l’autre pendant la guerre froide, pays satellites, pays tampons, les pays de l’Est -outre la Russie- n’ont souvent été que des pions sur l’échiquier des plus grands.

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Aujourd’hui encore, au sein de l’Europe même, les nouveaux arrivants ou prétendants sont chaperonnés; approche paternaliste et condescendante. Témoin, le discours de Jacques Chirac en réaction au ralliement proaméricain à la suite du 9/11 de trois futurs membres de l’UE, la Pologne, la République tchèque et la Hongrie, ainsi que dix anciens pays de l’Europe communiste aspirant à la rejoindre: “Ces pays ont été à la fois, disons le mot, pas très bien élevés et un peu inconscients des dangers que comportait un trop rapide alignement sur la position américaine” en ajoutant qu’ils avaient “manqué une bonne occasion de se taire”1. Aujourd’hui plus que jamais ces petits pays sont confrontés à des bras de fer multiples: volonté de l’Europe de s’affirmer maître de ses

espaces -unie et efficace-, réveil de la Russie et pression américaine. La Russie, entre dépendances et divergences est un cas des plus singuliers. Chef de file de la civilisation orthodoxe définie par Huntington de civilisation distincte «séparée de la Chrétienté occidentale comme conséquence de son origine Byzantine, de sa religion à part entière, de deux cents années d’autorités Tatares, d’une bureaucratie despotique, et d’une exposition limitée à la Renaissance et à la Réforme, aux Lumières et à d’autres expériences centrales de l’Occident»2. Pôle de pouvoir lors de la guerre froide que l’on a vécue comme cinquante ans de peur communiste outre-Atlantique et 50 ans de peur -tout court- en Europe occidentale, puis des tentatives associatives, l’idée de la Maison commune européenne3 est lancée devant le Conseil de l’Europe par Mikhaïl Gorbatchev, mais la méfiance persiste et des relations à vitesse variable sont instaurées selon les domaines. Aujourd’hui la Russie, premier producteur de gaz naturel, en détient un tiers du total des réserves mondiales et fournit à l’Europe 30% de ses besoins énergétiques dans ce domaine. De surcroît, la société Gazprom contrôle l’intégralité des transports et distribution du gaz russe jusqu’aux principaux hubs européens. Depuis peu, par un mécanisme d’échange d’actifs, la société Gazprom se déleste de portions de pipelines au profit de capacité de production dans différentes sociétés électriques européennes - l’influence de Gazprom s’exporte. Au-delà d’une coopération économique bien huilée, nécessaire de part et d’autre, on continue néanmoins à en dénoncer l’idéologie: système autoritaire des plus opaques, liberté d’expression limitée, droits de

Danica Hanz


.DOSSIER l’homme sélectifs, etc.Au sein du territoire relativement restreint qu’est l’Europe, l’Histoire a cimenté des consciences, des sentiments, des expériences et des projets d’avenir -bref des identités différentes, construites par analogie ou en réaction les unes aux autres- dans un perpétuel dialogue. Un des pôles s’est désintégré, les unités qui l’ont composé s’adaptent au monde moderne avec leur background culturel et historique -leurs craintes et vulnérabilités-. Alors il y a bien deux Europe ou plutôt deux fac-

ettes de la même pièce européenne, qui peinent quelques fois à se comprendre mais qui s’apprivoisent par le processus d’intégration européenne ou plus globalement par une coopération économique intense. Mais accordons nous sur les termes, nous nous sommes permis une interprétation large du sujet en considérant les pays d’Europe centrale et orientale, terme apparu dans les années 1980 et regroupant les anciens pays communistes du centre et de l’est de l’Europe. Au-delà du terri-

ECLAIRAGES – André Liebich André Liebich est né de parents polonais en Angleterre et a grandi au Canada, à Montréal. Il a fait des études de science politique et d’économie à McGill, Montréal, puis des études de soviétologie et un doctorat en science politique, avec une spécialisation en idées politiques aux Etats-Unis, à Harvard. Il a enseigné à l’Université du Québec de 1973 à 1989. Il est depuis maintenant 18 ans professeur à l’Institut, anciennement de hautes études internationales et, maintenant, de hautes études internationales et du développement, à Genève. Il a été professeur invité à l’Université McGill, l’Université de Montréal, et l’Université de Fribourg. Il a aussi été chercheur invité au Kennan Institute, Woodrow Wilson Center, Washington; à la Hoover Institution, Stanford; à l’Institute of Advanced Study, Princeton; et au Russian Research Center, Harvard. Ses domaines de prédilection sont les suivants: L’Etat et le nationalisme, les problèmes de minorités, les diasporas politiques et les questions d’actualité politique dans l’Europe post-communiste. Il évoque avec nous quelques situations sensibles en Eu-

rope de l’Est. Que penser de la proclamation unilatérale d’indépendance du Kosovo? « Je suis parmi ceux qui sont consternés par la création de cet Etat. Je partage les raisons de mes collègues en droit, bien que je ne sois pas juriste, qui déclarent que c’est absolument illégal de dépecer un Etat qui n’est pas un Etat colonial, qui est un Etat démocratique. Mais je regarde la question sous une autre perspective, qui n’est pas juridique mais plutôt historique. L’idée que les problèmes de l’humanité puissent être résolus en créant de nouveaux Etats nationaux me semble une idée qui s’est déjà prouvé erronée. Je crois que c’est un raisonnement à court terme et que l’Union Européenne et les EtatsUnis ne se sont pas donnés la peine d’imaginer une autre solution, que ce soit une solution fédérale, taïwanaise, une solution sur le modèle de Hong Kong, ou bien un condominium. Faute d’accord, on a préféré un Etat national avec des incohérences: on dit aux Serbes qu’ils devraient se

Danica Hanz - Clément Bürge

toire seul, nous nous sommes aussi penchés sur les enclaves historiques, parcelles occidentales sous influence à un moment donné du grand pays de l’est ou du moins de sa puissance communiste, comme l’Allemagne de l’Est. Notre ambition est de redécouvrir les pays de l’est, notamment par leur mise en perspective avec l’ouest, d’une manière certes parcellaire -au gré de nos envies et de nos intérêts-, mais néanmoins avec l’intime conviction que la presse ne leur a pas rendu justice. contenter de droits minoritaires très avancés; on ne se demande pas pourquoi les Albanais ne doivent-ils pas se satisfaire de tels droits. On dit depuis un moment que c’est une issue inéluctable et c’est d’ailleurs pour cette raison que les négociations n’ont pas bougé. Si vous dites à une des parties dans une négociation vous savez, vous allez gagner mais négociez quand même - ce n’est pas ce qu’on appelle une incitation n’estce pas? Il faut dire que les Serbes sont obsessifs sur la question du Kosovo et ça ne facilite pas la chose. Mais même s’ils la regardaient froidement, je pense que le droit et l’histoire leur donneraient raison. » De la position adoptée par la Suisse? « Je suis très déçu que la Suisse ait pris cette voie-là parce qu’elle paraît indiquée comme le cas type d’une autre forme d’organisation qui a marché, le fédéralisme. On sait de l’intérieur que le fédéralisme suisse soulève beaucoup de questions, néanmoins voilà un pays où plusieurs langues et communautés peuvent cohabiter. Que la Suisse prenne l’initiative de dire qu’il faut séparer la Serbie et le Kosovo et qu’il est inutile d’essayer, malgré

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.DOSSIER tout, de recréer un Etat de type fédéral est décevant. Berne aurait pu se positionner d’une autre manière ou tout du moins maintenir sa neutralité dans l’espoir que ça lui permette à l’avenir de jouer un rôle d’intermédiaire, sur des questions humanitaires notamment. » La question des minorités dans les Pays d’Europe centrale et orientale « Les Etats de l’Europe anciennement communistes sont des Etats extrêmement fragiles. Ce sont des Etats qui n’ont pas une très longue existence, sont souvent petits et se sentent menacés. Finalement, la France a connu de mauvaises périodes, elle a été occupée, humiliée, mais personne ne pensait qu’elle allait disparaître un jour. Or, pour les Lettons, les Lituaniens, les Estoniens, même les Hongrois, la disparition, par raison démographique ou plus vraisemblablement par dépeçage territorial ou implantation d’une population étrangère, est une crainte existentielle. Il n’y a que deux pays de l’Europe de l’Est qui existaient avant la première Guerre mondiale: la Bulgarie et la Roumanie; encore que la Bulgarie venait d’être formée et la Roumanie ne ressemblait pas à ce qu’elle est maintenant. Tous les autres sont des Etats créés ou recréés au cours du 20e siècle et dont la bonne moitié a disparu à un moment donné. Il y aussi le sentiment que les minorités sont souvent des minorités anciennement dominantes, les Hongrois en Roumanie, les Allemands à travers l’Europe de l’Est, donc des gens porteurs d’une image dont il est difficile de se défaire, ancienne élite et volonté potentielle de reconquête. Le fait que les langues dans les pays de l’est soient des langues très restreintes, contrairement à l’Europe

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occidentale dont les langues sont parlées en dehors du pays concerné, à l’exception du finnois, renforce cette vulnérabilité. Un autre aspect pas bien compris en Europe occidentale, c’est la crainte du fédéralisme en Europe de l’est. La solution pour les problèmes minoritaires en Europe occidentale et la raison pour laquelle, en dépit de la violence en Irlande du Nord ou en Espagne on n’a pas eu d’éclatement, c’est qu’on a créé des systèmes fédéraux ou quasi-fédéraux, ou bien des autonomies territoriales très larges. Donc, la solution que l’Europe occidentale propose aux problèmes de minorités est le fédéralisme. Or, l’expérience des pays en Europe de l’Est, c’est que le fédéralisme est une porte ouverte à la désintégration; voir les cas de l’Union soviétique, de la Yougoslavie et de la Tchécoslovaquie. Ainsi, en Europe post communiste on fuit comme la peste toute idée de fédéralisation ou régionalisation du pays. A cet égard aussi, la Suisse a une expérience à offrir qui pourrait changer cet état d’esprit Je pense que l’écart entre l’Europe de l’ouest et l’Europe de l’est va se ressentir au sein de l’UE, entre autres dans la question des minorités et de leur traitement, ainsi que dans l’adoption du fédéralisme comme solution pour des problèmes ethniques. La question des minorités est une question que l’UE n’a jamais traitée avant qu’elle ne s’y soit intéressée au moment de l’élargissement quand elle a soulevé le problème des minorités à l’Est. Mais, en soulevant ce problème, elle s’est obligée aussi à s’interroger sur ses propres minorités. »

Que penser de la Russie aujourd’hui? “Je pense que le plus grand tort que nous ayons fait à la Russie après la chute du communisme, c’est d’avoir discrédité la démocratie aux yeux des Russes. Aujourd’hui, on voit Eltsine comme celui qui a introduit des manières de faire occidentales, y compris la démocratie, on le traite comme un héros. Cependant, il est condamné en Russie presque autant que Gorbatchev. C’est pendant le mandat d’Eltsine que l’idée d’une démocratie libérale a été associée avec l’enrichissement des oligarques, la corruption généralisée, une manipulation plébiscitaire - que Poutine continue de faire - et un appauvrissement spectaculaire de la population. Cela a pris presque vingt ans aux Russes de retrouver le niveau de vie de 1991, qui n’était pas très élevé, et des inégalités immenses persistent. Tout cela est perçu comme ce que l’Occident leur a offert.” Poutine: sauveur ou dictateur ? Comme je l’ai dit, les années 90 en Russie sont une période d’occidentalisation, de démocratisation et en même temps d’appauvrissement, d’humiliation, d’élargissement des écarts sociaux. Une période à laquelle les Russes ne veulent pas revenir. Et je pense que Poutine est astucieux à cet égard, il a neutralisé les nationalistes en adoptant certains de leurs thèmes, il a neutralisé les communistes en jouant sur la nostalgie. Et surtout, il dit “je suis votre garantie que vous n’allez pas retomber dans l’anarchie qui a prévalu à l’époque de Eltsine.” En Russie, la crainte n’est pas d’avoir un Etat trop fort, mais de tomber dans le chaos, le “Smutnoe vremia” (le temps de « l’interrègne troublé »).


.DOSSIER Historiquement, c’est la période au début du 17ème siècle où il y avait un faux tsar ; où les Polonais ont occupé Moscou, (notons que c’est la seule puissance qui a réussi là où Hitler et Napoléon ont échoué). Cette situation hobbesienne, la guerre de tous contre tous, le vide de l’autorité, c’est ça le cauchemar par excellence des Russes. Donc, à choisir entre les deux, il vaut mieux avoir un pouvoir fort qu’un Etat faible. Cela arrive en même temps qu’une rente pétrolière qui trouve sa concrétisation dans l’augmentation des retraites et des salaires. A l’époque d’Eltsine, on voyait des gens qui pesaient des milliards et d’autres qui ne touchaient pas leur salaire. Et Poutine a dit “je vous ai réinstauré l’ordre, augmenté vos salaires - ce qui est vrai - et la Russie se fait respecter à nouveau”, c’est quelque chose! Les rapports de la Russie avec les Etats-Unis et l’Union Européenne. A l’aube d’une nouvelle guerre froide? “Il y a une tension croissante entre les Etats-Unis et la Russie. Mais je pense qu’il y a toujours eu une coopération importante, notamment sur les questions du terrorisme. Ils sont finalement d’accord sur beaucoup de dossiers à l’ONU. On ne peut parler d’une opposition de type guerre froide, personne ne pense à une guerre entre les deux. C’est plutôt une compétition pour l’influence, et à ce titre l’Europe est un terrain important. Mais il est peutêtre plus important de savoir dans quelle direction la Chine va s’orienter. Aujourd’hui, elle est très proche des Etats-Unis sur le plan commercial, mais en terme de politique intérieure et d’orientation stratégique, elle est beaucoup plus proche de la Russie, notamment par le groupe de Shang-

hai. La Russie est engagée dans une lutte pour l’influence. Elle ne cherche plus à diriger un camp militaire pour rivaliser avec l’OTAN, elle se contente d’établir des alliances (inégales) avec les pays d’ex-Union Soviétique. Mais en dehors de cette sphère, ce que cherche la Russie essentiellement est une neutralité, si possible bien payante envers la Russie. C’est pour cela que l’Union Européenne comme telle ne l’inquiète pas. Ca fait depuis très longtemps que la Russie n’a plus de querelle fondamentale avec l’Union Européenne. A l’époque soviétique, ça lui a pris longtemps à reconnaître le marché commun. Mais depuis, la Russie n’a plus fait de menace envers l’Union, car elle est considérée comme une entité qui n’est pas menaçante.” L’OTAN, le vrai problème ? “L’OTAN est plus problématique car c’est une alliance militaire formée pour contrer l’URSS. On a beau dire aujourd’hui que les missions de l’OTAN sont différentes, les Russes n’en sont pas convaincus. Par exemple, dans le cas des détecteurs et intercepteurs de missiles contre l’Iran, les Russes demandent pourquoi les installer en République Tchèque et en Pologne et pas en Russie, plus proche de la source présumée de danger. Cette organisation est perçue comme une menace, surtout depuis qu’elle se rapproche des frontières de la Russie, la plupart des pays de l’ex camp socialiste faisant partie de l’OTAN. Alors, tout ce que peut espérer la Russie maintenant, c’est que ces pays ne soient pas des bons membres de l’OTAN, plus proches de la France que de l’Allemagne, c’est-à-dire des membres dissidents. La Russie regarde avec beaucoup d’espérance et un œil très attentif les dissensions au

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sein de l’OTAN. Je pense, par contre, que les Russes seraient partisans d’une force européenne, un projet dont les Américains se méfient beaucoup et justement pour cette raison c’est un projet qui intéresse les Russes. En somme, leurs ambitions ont changé et sont bien plus modestes, ils ne cherchent pas à recréer un traité de Varsovie et espèrent seulement que les membres de l’OTAN ne soient pas très unis. “ L’influence économique russe “En même temps, bien que cette conjoncture stratégique ait changé et soit en défaveur des Russes, sur le plan économique, la Russie se réimpose dans les anciens pays satellites. Récemment, les Russes ont acheté la ligne aérienne nationale hongroise. Cela m’a frappé car si à l’époque de l’URSS la Russie avait mis la main sur cette compagnie, cela aurait été considéré comme une preuve de l’impérialisme soviétique. Aujourd’hui, ils l’ont simplement acheté, tout comme Air France aurait pu l’acheter. Je pense que la Russie va s’imposer économiquement sur son ancienne sphère d’influence d’une manière dont elle ne pouvait pas le faire à l’époque, mais elle ne va sûrement pas s’imposer de manière stratégique. Enfin, j’ai des doutes quant à la capacité de l’économie à faire infléchir la politique. Cette expansion économique ne changera pas la donne stratégique. Il y aura des limites dans ce que peut faire la Russie.”

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.DOSSIER Biélorussie

Evaluation des perspectives de changement de régime en Biélorussie A la tête de l’Etat Biélorusse depuis 1994, Alexandre Loukachenko s’est toujours employé à contrôler totalement le système politique et à marginaliser l’opposition de son pays. Il fonde son pouvoir sur une administration strictement centralisée et hiérarchisée, et notamment sur les nombreux organes de sécurité de l’Etat. Qualifiée par Condoleeza Rice le 18 janvier 2005 de « poste avancé de la tyrannie », la Biélorussie sera-t-elle le prochain domino, après la Géorgie en 2003 et l’Ukraine en 2004, de la vague démocratique qui touche les pays de la CEI ? La question est posée par plusieurs pays européens (Pologne et Pays baltes en particulier, frontaliers de la Biélorussie) qui, tout en redoutant des dérives violentes du régime, souhaitent soutenir les forces démocratiques biélorusses. Une opposition désunie et de plus en plus réprimée Historiquement travaillée par des conflits internes et traditionnellement morcelée en une série de petits mouvements, l’opposition dispose d’un champ d’action limité compte tenu des mesures répressives qui sont exercées à son encontre depuis une dizaine d’années. De fait, elle joue un faible rôle dans la vie politique et n’a pas été capable à ce jour d’influencer la situation dans le pays. En effet, elle n’a pas été, en 2006, en mesure de s’entendre pour présenter un candidat unique à l’élection présidentielle; aucune personnalité n’étant suffisamment connue et charismatique pour fédérer l’ensemble des courants. Bien que ses dirigeants s’estiment correct-

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ement informés, l’opposition n’a pas effectué d’analyse pertinente de la situation du pays, en partie par incapacité à financer des études pour cerner les attentes véritables de la population. Elle semble ainsi incapable de développer des idées réellement populaires (comme le maintien des acquis sociaux) et « s’enlise » dans des thèmes tels que les droits de l’homme ou la liberté d’expression, sujets qui, en dehors d’une partie de la jeunesse et des entrepreneurs, mobilisent très peu la population, aux deux-tiers rurale. Des études d’opinion ont montré que seulement 5 % des Biélorusses connaissent l’action de l’opposition. Une écrasante majorité de la population, très attentiste, ne voit donc pas d’alternative à Loukachenko. De ce fait, l’hypothèse de manifestations de rue capables de renverser le régime semble très peu probable, du fait de la dure répression que subit la population au quotidien.

Les changements intervenus au sein du pouvoir en Géorgie, en Ukraine et au Kirghizstan (anciennes républiques socialistes d’URSS) ont eu un impact fort sur les actions récentes du président Loukachenko. Afin d’éviter la reproduction d’un scénario simi-

laire, le président et la frange radicale de son administration ont récemment durci leur politique à l’égard des partis de l’opposition et des ONG en renforçant l’arsenal juridico-répressif et en définissant un cadre légal interdisant presque totalement toute action contestataire. Positions et actions de la communauté internationale L’ensemble des observateurs, institutionnels ou non, constate que la position du président Loukachenko demeure forte, comme en a témoigné sa réélection en 2006, encore une fois fortement contestée par le Conseil de l’Europe et par l’OSCE, alors qu’au contraire la Communauté des Etats Indépendants (CEI, organisme regroupant les pays issus de l’URSS) qualifie le scrutin de transparent et d’ouvert. Ainsi, le 30 mars 2006, l’OTAN décide de réévaluer son partenariat avec la Biélorussie. Et le 16 mai, les Etats-Unis interdisent à Loukachenko et à un certain nombre d’officiels biélorusses de visiter les Etats-Unis. Toujours dans cette course diplomatique, le 7 mars 2008, la Biélorussie décide d’expulser l’ambassadrice des Etats-Unis à Minsk arguant comme raison le fait des nouvelles sanctions imposées par Washington à la compagnie pétrolière nationale Belneftekhim. Comme en témoigne la promulgation du Belarus Democratic Act (20 octobre 2004), les Etats-Unis ont réagi très négativement aux résultats du référendum du 17 octobre 2004 en Biélorussie (référendum qui lui a permis de se représenter une troisième fois en 2006) et semblent décidés à profiter du contexte pré-électoral pour favoriser la chute de Loukachenko. Financée à hauteur de 5 millions de dollars, cette loi a pour objectif d’aider le développement de forma-


.DOSSIER tions d’opposition, d’ONG et de médias indépendants diffusés en langue biélorusse. Sur ce dernier point, la Commission européenne entreprit, le 24 août 2004, de décider le financement de bulletins d’informations radiophoniques à destination des populations biélorusses. La radio allemande Deutsche Welle sera chargée de cette opération qui devrait débuter le 1er novembre prochain et consister en des émissions quotidiennes de 15 minutes du lundi au vendredi. Il est difficile d’évaluer quelle sera la portée réelle de ces initiatives sur le long terme car il faut regarder les choses en face, elles n’ont pas empêché la réélection de Loukachenko : les autorités biélorusses, qui ont remarqué le rôle important joué par les Etats-Unis, l’Union Européenne et certains de ses nouveaux membres notamment la Pologne et la Lituanie - dans le déroulement de la « révolution orange » en Ukraine, voient dans leurs actions une menace sérieuse pour la pérennité du régime. Elles ont, en conséquence, accentué leur politique d’isolement vis-à-vis des pays occidentaux. C’est dans ce contexte que le décret présidentiel n°460 a été amendé le 17 août 2005 afin d’interdire aux organismes biélorusses et aux particuliers d’accepter de l’aide étrangère pour l’organisation de conférences, les échanges de chercheurs ou la préparation des élections. En définitive, les actions des occidentaux n’ont amené qu’un durcissement plus profond du régime. La Russie, un acteur de poids incontournable Mais malgré les actions et les pressions internationales, notamment de la part des Etats-Unis, du Canada et de l’Union européenne, la Biélorussie peut compter sur le soutien inconditionnel de la Russie, avec qui

Omar Tarabay

elle s’est engagée dans un processus d’union de type confédéral, qui dépasserait les objectifs d’une simple union douanière et monétaire. On voit donc bien que les Occidentaux, tant que la Russie, qui recouvre de jour en jour sa puissance passée et entrera dans le jeu, ne pourront qu’agir sporadiquement et sans poids significatif sur le régime de Loukachenko, de toute manière quasi-entièrement sous-tutelle de Moscou. Cette situation de dépendance à l’égard de la Russie permet à la Biélorussie, et cela, malgré son isolement politique et économique international, de bénéficier de taux de croissance relativement élevés ; mais la censure et la propagande régnant dans le pays empêchent de réelles estimations, et il va sans dire que la croissance est surévaluée, tout comme la plupart des indicateurs économiques qui sont enjolivés par le régime (le taux de chômage serait officiellement à 1.7%...)1. Et malgré des taux de croissance largement valorisés par le régime, la Biélorussie souffre d’une économie étatique fortement centralisée, peu productive, où l’inflation et la corruption sont logées partout où il leur est possible de s’infiltrer, ralentissant drastiquement le fonctionnement déjà lent des systèmes politiques et économiques. On voit donc mal dans la situation actuelle comment la Biélorussie pourrait sortir, du moins dans les années proches, de son immobilisme politique et de sa situation de citadelle assiégée au milieu de pays de l’Union européenne, démocratiques et à économie de marché. Comment, en somme, l’Union européenne peut-elle gérer à ses frontières « un trublion régional » susceptible de perturber les relations, fragiles et houleuses, qu’elle entretient avec la Russie ? L’élection

d’un nouveau président russe, Dimitri Medvedev, qui prendra ses fonctions le 7 mai prochain, mais le maintien de Vladimir Poutine à un poste élevé, celui de Premier Ministre, relance la question avec encore plus d’acuité. Plus qu’une intensification du soutien international aux forces d’opposition, c’est l’ouverture d’un dialogue avec la Russie sur le sujet qui semble le mieux à même de favoriser une évolution du régime biélorusse. On a bien vu plus haut l’échec des actions occidentales. Car en effet, seul un geste de Moscou, une pression, pour le moment tout à fait improbable, du gouvernement russe sur le biélorusse, pourrait conduire à un déblocage partiel, si ce n’est total, de la situation en Biélorussie. D’ailleurs, selon les analyses de hauts responsables russes, le Kremlin pourrait accepter de négocier, à de strictes conditions bien évidemment, une transition en douceur à Minsk. En effet, si Moscou n’est pas prête à accepter un scénario où la Biélorussie sortirait de sa zone d’influence, les autorités russes semblent néanmoins conscientes que le maintien du statu quo à Minsk est porteur, à plus ou moins brève échéance, d’un risque de violences et de troubles qui nuirait à ses relations avec ses partenaires occidentaux. Mais rien n’est moins sûr aujourd’hui que la politique russe. Conclusion Mais fondamentalement, seul un relâchement de contrôle des opinions et des partis dû à un affaiblissement du régime biélorusse ou à une aide occidentale plus importante et mieux organisée, qui serait, et devrait, être tolérée par la Russie, pourrait permettre aux opposants démocratiques d’avoir une chance de changer les choses dans le pays. Néanmoins, ce scénario est quasi-improbable dans

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.DOSSIER le sens où la Russie, en ce début de XXI siècle, est à la recherche de sa puissance perdue. Même l’élection récente de Medvedev à la tête de la présidence russe ne risque pas de changer la donne. Forte de son économie florissante et d’une situation politique et militaire de plus en plus solide et stable, elle tente par tous les moyens de semer le désordre dans son environnement proche, à défaut de pouvoir le contrôler. Et pour elle, voir l’Union européenne en mal de politique commune sur le dossier biélorusse ne peut que jouer en faveur de sa politique néo-impérialiste. Passer par des négociations avec la Russie devient donc inévitable. Cela étant dit, le peuple biélorusse, sauf changement majeur et rapide de la géopolitique russe, a encore plusieurs années de dictature et de souffrances devant lui. Pour finir, la situation en Biélorussie ne doit pas faire oublier à l’Europe que ses frontières ne s’arrêtent peut être pas si près qu’elle veut bien le penser et que sur la question de la démocratie et des droits de l’homme, l’Union des pays européens est une des entités les plus à même de porter le fer de lance de la démocratie, démocratie certes imparfaite, mais mille fois préférable au régime de Loukachenko. Puisse l’Union européenne avoir assez de force et de cohérence pour trouver, en partenariat avec la Russie, une solution à ce que l’on peut appeler « le problème biélorusse ». Un grand merci à Mr. Arnaud Migoux, employé du Ministère de la Défense Nationale de la République Française, Affaires Internationales et Stratégiques pour ses informations.

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Le murmure de l’Allemagne de l’Est Il y a 19 ans, l’Allemagne pleine d’espoir se lançait dans un vaste projet de réunification. Aujourd’hui, l’Est et l’Ouest sont toujours divisés, principalement sur le plan économique. En pleine récession, les habitants de l’Allemagne de l’Est regardent le passé avec nostalgie. Et si 1989 n’avait pas tenu toutes ses promesses? L’Allemagne toujours divisée Pour la plupart d’entre-nous, le 9 novembre 1989, date de la chute du mur de Berlin, symbolise la réunification populaire de l’Allemagne. Pourtant, c’est le 3 octobre 1990 qu’a eu lieu la réunification officielle entre l’Ouest et l’Est du pays. Alors qu’à l’époque ces deux derniers évènements ont illuminé d’espoir le cœur des Ossis -habitants de l’Allemagne de l’Estet réjoui la majorité des Allemands, le bilan aujourd’hui n’est pas aussi positif que prévu. Des différences socio-économiques essentielles existent encore entre les deux parties du pays. Après 19 ans, de nouveaux murs se sont-ils dressés ? Immédiatement, la perception de la réunification a été différente dans les deux camps. Si l’enthousiasme était général, certains présageaient déjà les conséquences économiques qui découleront de cette ouverture. En effet, le 9 novembre a fait tomber le voile illusoire qui occultait la RDA : on découvre un pays pollué, des habitations vétustes, des infrastructures à refaire entièrement et une industrie obsolète, en retard de plusieurs décennies sur l’Ouest. L’Etat, conscient de ces faiblesses, a injecté près de 1250 milliards d’Euro de 1991 à 2004 dans les Län-

der de l’Est afin de provoquer la réussite de la conversion de leur système économique communiste à celui du capitalisme. Cependant, la réunification menée trop rapidement et sans ménagement a bouleversé l’économie de l’Allemagne de l’Est. Trop violente, elle a anéanti l’industrie de l’Est, peu concurrentielle face à l’industrie capitaliste. Les conséquences aujourd’hui sont catastrophiques. Le taux de chômage a drastiquement augmenté pour être le plus élevé d’Allemagne, atteignant dans certaines régions un taux de 30% à 40%. Alors que les Länder de l’Est proposaient 9.7 millions d’emplois en 1989, ils n’en proposaient plus que 6 millions en 2004. Le spleen économique a d’importantes répercussions, notamment sur la démographie. La région est en train de se dépeupler : les jeunes quittent les régions de l’Est pour des Länder plus prospères. Le taux de chômage n’attirant pas les étrangers, le solde migratoire est négatif. Suite à la destruction du système protecteur de la RDA le taux de natalité, alors qu’il était le plus élevé d’Allemagne en 1989, a chuté et compte parmi les plus faibles du pays. Au vu de la situation, la plupart des spécialistes n’utilise plus le terme de réunification et s’accordent pour parler plutôt d’ « intégration ». Les Ossis contrairement à tous les autres pays de l’Europe de l’Est ont véritablement perdu leur nation. Le système de la RDA a été entièrement supprimé pour laisser entièrement place au modèle de la RFA. Cette intégration a pris des dimensions démesurées, même le chocolat préféré des Allemands de l’Est, Raider, a perdu son nom pour s’appeler

Omar Tarabay / Clément Bürge


.DOSSIER aujourd’hui…Twix. Les Ossis ont renié leur passé pour un monde qu’ils ne connaissaient pas, mis à part peutêtre les publicités de la télévision de la RFA. Dix-neuf ans plus tard, c’est donc le temps des désillusions et l’on se repenche rêveusement sur cette époque qui brusquement semble pleine de charme. L’Ostalgie Pas étonnant donc que dans un contexte aussi triste, l’on assiste à l’émergence d’un phénomène particulier : l’Ostalgie (jeu de mots avec les termes « Ost », Est en allemand, et « Nostalgie »). Les Allemands de l’Est, déçus par les promesses de la réunifiction et se sentant méprisés par l’Ouest, revisitent leur passé sous l’ancienne République Démocratique avec envie. Symbole du malaise économique ? Rejet du présent ? Ou simple notalgie? Boire à nouveau du Vita-Cola, manger une barre de chocolat Raider et rouler en Trabant, tout a commencé par de simples ca-

prices matérialistes qui ont permis aux citoyens de se remémorer “la vie d’avant”. Le phénomène s’amplifie et prend la forme de « Ostalgie-Partys », un type de soirée organisée où le fêtard se replonge entièrement dans l’univers de l’ex-RDA, de la nourriture aux vêtements en passant par le papier peint et le moyen de transport : une Trabi. De cette simple nostalgie du quotidien naît un sentiment de regret du système tout entier. Egon Krenz, l’ultime président de la RDA, fait remarquer que « Les gens de l’Est ont connu deux sociétés, et peuvent donc comparer » et que « malgré tout ce qui a mal tourné, il y avait du travail pour tous, des logements bon marché, une santé gratuite et performante…Autant d’acquis qu’ils regrettent. » Et le problème est là, en embellissant les acquis du socialisme, on occulte ce que l’Est avait de plus repoussant : le totalitarisme, le mur, la Stasi. Wolfgang Herr, journaliste de l’ex-quotidien communiste Neues

Deutschland, perçoit ce sentiment comme étant naturel et jette la faute sur le système capitaliste en disant « Plus on vit le capitalisme, et moins on se demande ce qui allait mal sous le socialisme ». A voir de plus près, les avis divergent sur l’Ostalgie, Thomas Brussig, écrivain en vogue écrit lui que « la nostalgie appartient à la nature humaine. Chacun aime à se souvenir de tout. » Jens Reich, professeur à l’Université Humboldt de Berlin, relativise les faits en parlant « d’épiphénomène monté en épingle par les médias ». Même s’il est difficile d’estimer l’importance qu’il faut accorder à ce sentiment naissant, certains chiffres parlent d’eux-mêmes: les résultats du parti qui a repris le flambeau du parti communiste, le parti du socialisme démocratique, récolte près de 25% des voix dans les 5 Länder de l’Est. Se rappeler de l’entraide, plutôt que de la dénonciation, des produits alimentaires plutôt que du rationnement, d’un rêve commun, plutôt que du manque de liberté personnelle, quel bel exemple de mémoire sélective. « Je suis assis au bord de la route Le chauffeur change une roue Je ne me sens pas bien là d’où je viens Je ne me sens pas bien là où je vais Pourquoi est ce que j’observe le changement de roue Avec impatience ? » B.Brecht

Clément Bürge

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.DOSSIER La Bulgarie fait ses comptes La Bulgarie… au centre de la péninsule balkanique, un des bastions de la culture slave. Richesses culturelles et potentiel important certes, mais richesses trop souvent obscurcies par un épais brouillard qui semble avoir pris possession de cette partie du littoral de la mer Noire. Malgré la liberté retrouvée après un demi-siècle d’occupation ottomane, malgré la chute du communisme et la fin de l’asservissement envers la Russie, et peut-être même malgré son entrée début 2007 dans l’Union Européenne, le soleil ne semble point vouloir revenir sur ce qui fut jadis la Grande Bulgarie. Que manque-t-il aujourd’hui à ce pays pour sortir ses habitants de la misère et de la consternation dans lesquels ils semblent s’être enlisés ? Si le chemin traditionnel consiste à considérer la croissance économique comme le facteur primordial censé redonner un semblant d’espoir après les années chaotiques suivant la chute du mur, parfois les chemins de traverses peuvent s’avérer plus efficaces que la grande route… La proposition peut paraître étrange voire déplacée mais fort séduisante. Il manquerait tout simplement à la Bulgarie, si elle désire éviter de se voir apprêter l’étiquette peu reluisante du dernier miséreux de l’Europe, un Christo Botev des temps modernes. Petit retour sur une époque où le pays reluisait de héros nationaux. Ainsi, si à la fin du 18ème la Bulgarie ne représente pour le reste du monde qu’un passé lointain sans intérêt, comme le démontre le « roi des Bulgares », personnage imaginaire mis en scène par Voltaire dans son fameux conte Candide, roi dont le peuple porte un nom connu seul des

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érudits, c’est que l’occupation ottomane mine le pays depuis des siècles. Pourtant, malgré l’oppression et cette mise à l’écart, le peuple réussit à conserver durant cette occupation de cinq siècles une conscience nationale qui tarde à renaître. Bon nombre d’ouvrages littéraires remettent à l’ordre du jour le riche passé du pays et appellent le peuple au réveil. C’est dans ce contexte de fort nationalisme que Christo Botev voit le jour en 1848 dans les montagnes des Balkans. Le pays est alors partagé entre les haïdouks, groupes d’hommes retirés dans les reliefs qui, pour se venger de leur esclavage, combattent héroïquement au moyen d’armes blanches, et les tchorbadjis, souvent de riches propriétaires collaborant avec les Turcs notamment pour la levée des impôts dus par les miséreux qu’ils usurpent au passage. Christo prend alors conscience que si le peuple est guidé correctement, autrement dit s’il reçoit les bons exemples, il sera capable de se libérer seul. Le but de sa destinée est alors clair : il veut devenir l’un de ces modèles. L’aide de la Russie, qui s’avérera finalement décisive pour la libération du pays, soulève bien des craintes : Vassili Levski, autre révolutionnaire mythique de l’époque, remarque : « Et qui, ensuite, va nous libérer de nos libérateurs ! ». L’histoire semblera bien donner raisons à ces pressentiments. La force de Botev réside ainsi dans sa foi en la détermination du peuple pour lequel il n’hésite pas à donner sa vie, mourant à 28 ans, tués par les Turcs après un débarquement insensé sur les rives du Danube. Pourtant, son existence est loin de s’être achevée ce 20 mai 1876 sur les hauteurs de la

Vola lorsqu’il tombe à terre une balle au cœur car son crédo peut s’appliquer à sa propre personne : « Celui qui tombe dans la lutte pour la liberté ne meurt pas ». Après ce soulèvement sanglant, deux années et l’aide du Père Ivan (le nom affectueux donné par les Bulgares aux Russes) seront nécessaires pour aboutir à la reconnaissance d’un état bulgare autonome au traité de San Stefano. Mais si Botev occupe toujours une place importante dans le cœur des Bulgares, si les profonds regards noirs typiques semblent s’ouvrirent et scintiller à l’entente de ce nom devenu si familier, ce n’est pas uniquement pour son rôle historique dans la libération du pays. S’il est actuel, c’est parce qu’il a su s’adresser grâce à sa prose et ses poèmes à ce qu’il y a de plus honorable chez l’homme. Et puisque le poète est un « être précurseur qui rattache le présent et l’avenir »1, Botev peut être lu aujourd’hui sans que son analyse critique et souvent ironique n’ait perdu de sa force. Certes, les temps ont changés et l’époque des grands idéaux représentés par les poèmes révolutionnaires de Botev semble définitivement révolue. Le communisme auquel Botev déclare confesser sa foi en tant que seul moyen qui permettrait de guérir la société de ses vices a lui aussi montré ses limites. Les ressources du pays ont été pillées à tel point par les cadres du Parti communiste et autres corrompus que ce dernier s’est retrouvé au bord de la ruine durant sa période de transition vers un état démocratique dès le début des années 90. La misère qui en a résulté a fait fuir des milliers de jeunes, souvent les plus qualifiés, à la recherche d’horizons moins tumultueux pour construire un avenir. Cet échec pourtant ne doit pas être appréhendé comme une raison de déni-


.DOSSIER grer les écrits de notre héros national. En effet, un bon nombre de ses vers, malgré le contexte différent, restent pertinents. Le poème Elegie, traduit en français par Paul Eluard, en est un exemple déconcertant… Dis-moi, pauvre peuple au berceau, Peuple esclave, qui donc te berce ? (…) Traître et menteur, cruel annonciateur De nouvelles souffrances pour les pauvres gens, Un Kirdjali2, saisi d’une folie nouvelle, Il a vendu son frère, il a tué son père. Est-ce lui, réponds-moi… Mais le peuple se tait. Rien que le bruit des chaînes ! Nulle voix ne monte D’entre elles pour clamer l’espoir, la liberté. Le peuple renfrogné se borne à désigner La horde des élus, un ramassis de brutes, Privilégiés qui ont des yeux pour n’y point voir. Le peuple les désigne et la sueur sanglante De son front tombe sur la pierre du sépulcre. La croix s’enfonce en plein milieu de sa chair vive Et la rouille ronge ses os. On dirait qu’un vampire prend la vie du peuple, Le traître à l’étranger s’unit pour le festin. Le pauvre esclave endure tout – et nous, Sans honte et en silence, nous comptons les jours. Le temps passe et toujours, le joug pèse à nos cous, Et le peuple traîne ses chaînes. Serions-nous pleins de foi pour la tribu des brutes, Puisque nous attendons notre tour d’être libres ?

Certes, l’ennemi aujourd’hui n’est

Joëlle d’Andrès

plus l’envahisseur extérieur mais il est pourtant là, plus insidieux que jamais. Le pays doit en effet faire face à ses propres démons, c’est-à-dire à la corruption omniprésente et ce, même parmi les plus hautes sphères publiques. Ce fléau mine la Bulgarie et lui doit notamment des avertissements répétés de l’Union Européenne. Pourtant, les rapports négatifs successifs de la Commission européenne en ce qui concerne le crime organisé et la corruption et ce depuis l’entrée sous condition du pays dans l’union début 2007 ne semble pas faire évoluer la situation sur place… Pour preuve, en ce début d’année, un nouveau scandale ébranle le gouvernement. Le nom de Roumen Petkov, ministre de l’intérieur se retrouve tout simplement sur les listes des services anti-mafia pour ses liens avec le milieu de la drogue. Manque de consistance d’une Europe qui aurait largement les moyens d’imposer une pression plus importante pour résoudre les problèmes… Peut-être. Mais le fait est que cette Europe n’est pas encore prête à se mêler aux problèmes internes des pays membres. Dans ce sens, Mr. Baroso, ex-président de la Commission, rappelle que les réformes dans ce domaine ne peuvent émaner que de la société civile et des milieux d’affaires. Ces quelques recommandations ne sont-elles pas un appel au peuple qui, comme on le lui a déjà prouvé à maintes reprises, ne peut compter que sur lui-même s’il veut parvenir à ses fins ? Pourtant, trop souvent découragé suite aux lueurs d’espoirs amenées par les différents événements sur la scène politique telles que la chute du communisme ou l’entrée dans l’union, « le peuple se tait » et « nulle voix ne monte », dénoncerait Botev. Le problème est récurrent dans les

pays de l’ancien bloc communiste. En effet, les gouvernements successifs n’ont pas tenu compte des souffrances endurées par la population. Ils ont au contraire tenté dans la lutte pour accéder au pouvoir de séduire l’électorat en misant principalement sur l’occidentalisation. Incontestablement, de nombreux efforts ont été réalisés afin de démocratiser le pays mais les promesses sont loin d’être tenues. Aujourd’hui, un fort sentiment de déception semble l’emporter. Que manque-t-il donc à la Bulgarie pour que le soleil se lève enfin sur les côtes du littoral, pour que les lueurs d’espoirs ne soient plus comme par le passé de simples leurres ? Les rayons parsemés qui ont atteints les terres bulgares parviendront-ils peu à peu à dissiper la mer de brouillard ? Possible. Mais ne faudrait-il pas pour cela que le peuple retrouve un modèle en qui il puisse avoir confiance, un meneur qui dénoncerait enfin les « traitres et menteurs, cruels annonciateurs de nouvelles misères pour les pauvres gens » ? Ne faudrait-il pas un Botev capable d’unir et de soutenir une population trop souvent décontenancée ? Car finalement, le peuple ne doit-il pas toujours combattre pour sa propre liberté et souveraineté, pour ses convictions et dans un cadre où on lui donne de plus en plus de moyens de s’exprimer pour définir lui-même l’avenir de son pays ? Espérons que ce dernier n’a pas perdu tout espoir en son pouvoir, espérons qu’on lui redonne enfin la place qu’il mérite. Remerciements à Nelly Haliti pour sa précieuse participation. 1.Elsa Triolet, écrivaine et résistante française d’origine russe 2.Brigands militaires qui ravagent la Bulgarie sous le règne de Sélim III (1789-1807)

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.DOSSIER Ukraine : terre de conversions

région ; et c’est lors du 2ème tour des élections présidentielles ukrainiennes que se sont cristallisées toutes les tensions en Europe orientale. En dépit des sondages défavorables, le candidat soutenu par Moscou remporte les élections de novembre 2004. Des observateurs étrangers comme l’OCDE ont rapporté des irrégularités et des allégations de fraude électorale. Viktor Iouchtchenko et ses partisans se sont mobilisés et toute une série de grèves et de manifestations pacifiques ont paralysé le pays durant une quinzaine de jours. La dénommée « Révolution orange » aura permis, avec l’aide des pressions de l’Union européenne, la convocation de nouvelles élections (une sorte de « troisième tour ») remportées par Iouchtchenko. L’origine du financement de la Révolution orange a été pointée du doigt par l’opposition et le Kremlin. Les liens entre certaines associations et le gouvernement américain conduiront la Russie à parler de second endiguement. La confrontation américanorusse pour la domination géostratégique semble avoir trouvé un nouveau champ de bataille. Un oléoduc reliant Odessa à la frontière polonaise avait d’ailleurs été financé par les USA en 2001. Le spectre de la guerre froide semble de retour au-delà de l’Oural, alors que la victoire « orange » était considérée par certains comme une sorte de seconde indépendance. Si, ces derniers temps, tous ces troubles politiques ont secoué le pays et révélé les tensions, d’autres forces plus méconnues sont également en jeu.

La Révolution orange Produit de la chute de l’URSS, l’Ukraine est un pays qui n’a acquis son indépendance qu’il y a 17 ans. Etat situé aux portes d’une Europe qui venait soudainement de s’agrandir

La chute du communisme ou la renaissance de la religion Séparée de l’Etat après la Révolution d’Octobre, l’Eglise (et la pratique de la religion) était vue d’un très mauvais œil par le régime soviétique. La

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avec la tombée du rideau de fer, les occidentaux se sont bien vite intéressés à ces vastes terres. La Russie, désormais amputée d’une bonne partie de ses terres, a toujours été soucieuse de préserver son influence dans cette


.DOSSIER lutte contre le cléricalisme était strictement liée à la lutte du prolétariat pour sa libération contre toute forme d’exploitation ; en somme la lutte contre « l’opium du peuple ». De plus, une société tendant vers la science et le progrès ne pouvait s’attacher aux vieux démons de son passé. Cependant, avec l’affaiblissement progressif du régime, l’Eglise sera mise à profit pour influencer et reconquérir une population en mal d’idéologie. Instrumentalisée, la religion a pu bénéficier d’un regain de tolérance. L’Eglise orthodoxe se devait de canaliser la foi dans le sens du régime, de faire parler son patriotisme contre l’ennemi laïc capitaliste. Le 26 septembre 1990, une loi sur les libertés religieuses est même votée. Le soulagement, déjà abordé avec la « perestroïka » (réforme), va conduire progressivement à un réel engouement religieux. D’abord considérée comme un facteur conjoncturel passager puisque produisant une alternative idéologique au communisme, la pratique religieuse s’est ensuite révélée comme une réelle nécessité pour une population en mal d’espoir. C’est dans ce contexte favorable qu’ont pu s’installer de nombreux évangélistes venus du monde entier. En effet, après la chute du mur de Berlin, ces derniers avaient vu s’ouvrir toutes grandes les portes de vastes terres à convertir, une sorte de nouveau monde en somme. Le Nigérian Sunday Odelaja est le fondateur de l’Ambassade de Dieu, la plus puissante « mega-church » évangélique d’Europe. Arrivé en 1993, la tâche a été plutôt ardue dans un pays réputé raciste. Mais, selon les propres mots du fondateur, « le fruit de l’évangélisation agressive » a fini par mûrir. Des orateurs évangélistes américains, traduits en ukrainien, se

Adrià Budry Carbó

relaient aujourd’hui devant une foule déjà acquise. Rassemblant des milliers de membres en Ukraine (40‘000 dans la seule capitale), l’Eglise évangélique rêve d’expansion en Europe. Elle a d’ailleurs déjà installé des succursales en Allemagne et aux PaysBas. De fait, les récents changements politiques en Ukraine ont été très favorables à l’expansion du mouvement évangélique. L’élection de Victor Iouchtchenko et les tendances russophobes de nombreux ukrainiens ont conduit à un éloignement de l’Eglise orthodoxe, souvent associée à la propagande communiste. L’Ambassade de Dieu a, d’ailleurs, été très active pendant la Révolution orange en organisant des marches, des meetings et en affichant un soutien inconditionnel à Iouchtchenko. C’est cette facilité à mobiliser qui a conduit des « stars » évangélistes tels que Billy Graham ou Benny Hinn à venir prêcher en Ukraine dans les années nonante. Conscients de représenter, dans de nombreux esprits, l’Occident, le progrès et l’émancipation face à l’impérialisme russe, c’est avec ferveur que les évangélistes ont entamé la conversion massive des fidèles. Les dissensions religieuses La stratégie des missionnaires est simple: « pêcher en eaux troubles ». Il s’agit d’abord de choisir un pays où le niveau religieux reste assez élevé, un Etat pas trop laïc mais où une unique Eglise n’exerce pas de monopole (comme l’Eglise catholique en Pologne par exemple). Alors qu’en Russie l’identité nationale semble liée à l’orthodoxie, il n’en est pas de même en Ukraine. Même si la majorité de la population est orthodoxe, la question religieuse est plus complexe. Il existe trois Eglises orthodoxes : l’une

est reliée au patriarcat de Moscou, l’autre au nouveau patriarcat de Kiev (établi en 1991), et enfin une dernière branche est autonome. Il n’existe pas vraiment de communication entre les différents courants et chacun veille à ses propres intérêts. De plus, les dissensions entre orthodoxes et grécocatholiques (uniates) perdurent. Interdit sous le communisme, l’uniatisme s’est peu à peu reconstitué et l’Ukraine en compte la communauté la plus importante avec la Roumanie. Des conflits ont éclaté notamment à propos des lieux de culte. Même si les protestants ne représentent que 4% de la population, d’autres courants religieux viennent également alimenter la richesse spirituelle du pays. Les Tatars déportés par Staline rentrent peu à peu au pays et l’Islam retrouve de sa superbe sur les bords de la mer Noire, dans la République autonome de Crimée. La communauté juive, quant à elle, présente bien que réduite, a survécu à de nombreuses persécutions. Les évangélistes n’ont eu que très peu de mal à s’installer dans ce pays à la forte agitation religieuse. Bible et politique Toutefois, la raison de la rapide propagation de l’évangélisme réside sans doute dans le fait que, ce dernier, s’emploie à combattre les « vrais » problèmes de la société, ou du moins ceux qui inquiètent le plus les gens. La lutte de ces Eglises contre la drogue et l’alcoolisme, ainsi que l’usage de solutions très fermes, sont tout particulièrement appréciés par une population dans laquelle de nombreux foyers sont touchés par ces fléaux. De fait, la pratique d’une religiosité moderne, d’une spiritualité plus accessible, attire les jeunes, leur offrant une réelle alternative à la rue. Cependant, le mouvement n’attire

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.DOSSIER pas que les jeunes. Prônant la prospérité, la réussite économique et sociale, les « mega-churchs » comptent de nombreux ressortissants des classes aisées. Ainsi, la mouvance fortifie son influence dans toutes les strates de la société. Certains parlementaires ukrainiens en seraient même membres. Le gouvernement avait déjà tenté de se débarrasser du fondateur de « l’Ambassade de Dieu » en refusant de prolonger son permis de séjour en 2003. Mais des « amis » hauts placés avaient fait pression et obtenu gain de cause. De l’aveu de Sofia Jukantaskaïa, ancienne haut-fonctionnaire et à présent l’une des bras droits de Sunday Odelaja, l’Eglise travaille sur plusieurs projets de loi, dont un visant à l’interdiction de l’avortement… L’avenir dira jusqu’où l’influence de l’évangélisme sera capable de pénétrer la sphère politique.

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Russie, retour aux vieilles méthodes soviétiques : l’internement psychiatrique Alors que l’on voyait la psychiatrie punitive comme un vieil avatar du régime communiste, la multiplication de nouveaux cas fait craindre un retour au pire. A l’approche des élections législatives de décembre dernier et de l’élection du nouveau président Dimitri Medvedev le 2 mars, le régime Poutine semble avoir renforcé sa répression à l’égard de ses rares détracteurs. Nombre d’opposants, de tout bord, ont été et continuent d’être internés. La première incarcération dans des hôpitaux psychiatriques date de 1922. Lénine suggéra alors l’internement du commissaire du peuple aux Affaires étrangères, Gueorgui Tchitcherine, qu’il accusait de n’être pas assez offensif face aux Américains lors de la conférence de Gênes. Les maladies mentales les plus extravagantes feront alors leur apparition comme le « délire réformiste », la « foi chrétienne » ou l’ « inaptitude à vivre en société ». Dans les années 30, l’étude du psychiatre Andreï Snejnevski montrant que la schizophrénie ne se manifestait pas forcément par des symptômes visibles, ouvrit la porte à d’autant plus d’internements abusifs. Devenus gênants, de nombreux membres du parti communiste se virent désignés de schizophrènes. Le professeur Anatoli Prokopenko, chargé par Boris Eltsine d’enquêter sur ces pratiques, estime que 15 à 20 000 personnes¹ subirent un internement à des fins politiques durant la totalité de l’ère soviétique. L’ouverture de cette enquête laissait suggérer la fin de cette méthode dans la fédération de Russie. Mais dans un contexte de durcisse-

ment de la répression, cette pratique semble être de retour. La journaliste Larissa Arap a ainsi été internée pendant 46 jours l’été dernier. Ironie du sort, on lui reprochait notamment son article sur les conditions des enfants dans les hôpitaux psychiatriques. De même, Andreï Novikov, leader des mouvements de démocratisation dans la fin des années 90 et rédacteur en chef de Chechenpress (l’agence de presse officielle de la République Tchétchène d’Itchkérie), a été enfermé pendant plus de dix mois. Le rapport médical atteste d’une « désadaptation » et d’ « un comportement anti-social »². Dans le reportage de Manon Loizeau, « Au nom d’Anna », il est interviewé par caméra cachée au sein même de l’établissement psychiatrique. Il y fait alors ce triste constat : « En Russie, aujourd’hui les gens comme moi, les journalistes libres, soit on les tue, soit on les met en prison, soit en hôpital psychiatrique ». Dernier en date, Roman Nikolaychik, candidat à la Douma de « l’Autre Russie ». Il a été placé en hôpital psychiatrique durant l’ensemble du mois de février. Bien plus que les passages à tabac, les viols ou le confinement total, les personnes internées subissent des injections quotidiennes de quantités considérables de médicaments aux effets secondaires très indésirables, quand cela ne les transforme pas en légumes. Le but est bien entendu de les briser pour qu’ils ne s’attaquent plus au nouvel ordre mis en place sous l’administration Poutine. Devant cette régression dramatique des droits humains, qui est à incriminer ? Pour certains, il ne s’agirait que

Adrià Budry Carbó / Romain Aubry


.DOSSIER d’actes isolés résultant de fonctionnaires locaux trop zélés. Cela est sans doute justifié pour le cas d’Albert Imendaïev, candidat à une élection locale en 2005 à Tcheboksary. Il fut « hospitalisé » 9 jours puis relâché le lendemain de la date limite pour le dépôt des candidatures³. Cependant, étant donné l’ampleur du phénomène, et ceci dans un contexte de « muselage » de la société civile, le Kremlin semble avoir de vieux relents d’autoritarisme paranoïaque. Pourtant, ces dérives sont jugées acceptables par la plupart des Russes qui les considèrent comme le faible prix à payer pour le retour de la Russie à son statut de grande puissance. La chute de l’URSS a été une véritable humiliation et les Russes ont aujourd’hui l’impression qu’avec Poutine, la Russie sort du marasme des années Eltsine et prend sa revanche. Une classe moyenne émerge

et les salaires augmentent. Le salaire moyen était de 65$ en août 1999 et a atteint 540$4 en août dernier. Face à cette évolution positive attribuée à la politique du Kremlin, le durcissement du régime passe pour nécessaire à la remise en route de la Russie. Avec l’élection de Dimitri Medvedev à la présidence russe le 2 mars dernier, Poutine et le FSB (ex-KGB en charge de la sécurité intérieure) conservent le pouvoir. Les fortunes engrangées, au cours des huit années passées, par le système de publicisation des investissements et de privatisation des bénéfices ne seront donc pas remises en cause. Rares sont donc aujourd’hui les possibilités d’apporter un grain de sable dans cette nouvelle ploutocratie autoritaire et cette situation ne pourra que s’accentuer dans les quatre prochaines années.

Romain Aubry / Danica Hanz

Kosovo, le rendezvous manqué Dernier volet de l’histoire tragique des Balkans, le Kosovo s’inscrit dans le démantèlement d’une unité autrefois florissante, la Yougoslavie, au profit d’entités ethniques, religieuses et culturelles de plus en plus pures. Cette petite province essentiellement montagneuse d’à peine 2’200’000 habitants et 10’877 km2 de superficie, soit un quart de la Suisse, autrefois région la plus pauvre de l’ex-Yougoslavie, déchaîne pourtant les passions. Le statut du Kosovo représente en effet un enjeu et des conséquences tant au niveau régional: repositionnement identitaire des intéressés et impact potentiel sur les pays issus de l’exYougoslavie ou à forte composante albanaise, qu’au niveau global: conséquences sur le droit international et prérogatives possibles de diverses minorités à revendication indépendantiste. Malgré plusieurs tentatives de négociation menées sous l’égide de la communauté internationale, aucune décision commune entre Serbes et Kosovars n’a pu être prise et nous sommes aujourd’hui confrontés à une issue unilatérale, soumise à un arbitrage international individuel et sommaire. Pourquoi un accord fut-il impossible à conclure et quel fut le poids respectif des acteurs dans l’échec des négociations? Je tenterai d’analyser dans ce sens les positions respectives des parties qui ont œuvré durant les tractations.

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.DOSSIER Situation Depuis 1999, le Kosovo est régi par la Résolution 1244 du Conseil de Sécurité qui place la région sous l’administration internationale provisoire de l’ONU (UNMIK1) et sous protection d’une force armée, la KFOR2. A partir de 2006, l’envoyé spécial de l’ONU, Martti Ahtisaari, est chargé de conduire les négociations afin d’arriver à un compromis entre les parties sur le statut final du Kosovo. Aucun accord n’ayant été atteint, il propose néanmoins un rapport sur le statut du Kosovo3 préconisant l’indépendance supervisée de la province. Face au refus catégorique de la Serbie et surtout la menace d’un veto russe au Conseil de Sécurité, de plus amples pourparlers sont organisés à partir d’août 2007 sous l’égide du Groupe de Contact4 et de sa troïka représentant les Etats-Unis, la Russie et l’Union européenne. Ces tractations n’ayant pas abouti à un consensus et le Conseil de Sécurité étant bloqué par des divisions internes, le Kosovo déclare unilatéralement son indépendance le 17 février dernier. La position kosovare Les autorités, les différents partis albanophones et la population s’accordent sur l’indépendance du Kosovo comme seule et unique solution et le discours du Président Fatmir Sejdiu au Conseil de Sécurité l’atteste dans la déclaration suivante: « L’indépendance est l’alpha et l’oméga, le début et la fin de position »5. Ce point de vue est renforcé par une potentielle reconnaissance internationale de la part des Etats-Unis et une majorité des membres de l’UE dans le cas d’une déclaration unilatérale d’indépendance du Kosovo. L’argumentaire pro-indépendantiste

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tient sur deux piliers principaux: la particularité du cas due à son statut juridique et à son histoire tragique. L’intégrité territoriale de la Serbie est reconnue par le Conseil de Sécurité, le Groupe de Contact et la troïka, néanmoins la Serbie n’exerce plus sa souveraineté effective sur le Kosovo depuis huit ans, date à laquelle une administration internationale a pris sa place: l’UNMIK. Rappelons que la souveraineté se déclinant dans sa double composante interne et externe, la Serbie jouit d’une reconnaissance internationale effective mais néanmoins n’assure ni le fonctionnement, ni l’ordre dans la province du Kosovo. D’autre part, la Résolution 1244 parle d’« autonomie » et d’« auto-administration substantielle » quand elle se réfère au futur statut du Kosovo et donc ne s’oppose aucunement à l’existence d’un Kosovo indépen-

dant. Conformément au droit international, la création d’un Etat découle d’un processus historique et non seulement d’une volonté séparatiste. Un Etat doit posséder les caractéristiques suivantes: un territoire, une population, une forme d’organisation ou gouvernement et une souveraineté effective (interne/externe). Or huit ans se sont écoulés sur un territoire non assujetti à la souveraineté serbe, peuplé d’une majorité ethnique prononcée, qui depuis les élections de novembre possède une forme d’organisation ou gouvernement et pourrait potentiellement être reconnu sur la scène internationale en cas de proclamation d’indépendance. En effet, la population albanaise du Kosovo représente 90% des habitants de la région et possède une culture propre. L’histoire récente de la province a indiqué une incapacité


.DOSSIER de la Serbie à garantir les droits les plus fondamentaux de la minorité albanaise. Après des années de gouvernance internationale et malgré une large autonomie, le retour au sein de la Serbie paraît inconcevable au regard de la population. Le point de vue serbe Le rejet de l’indépendance est quasi unanime et s’étend de la population au gouvernement, jusqu’à être codifié dans la nouvelle Constitution de 2006 qui qualifie le Kosovo de « partie inaliénable de la Serbie7 ». Cependant, un effort incontestable a été fourni dans la proposition d’un large éventail d’autonomies, de large autonomie énoncée en 14 points à une autonomie sur le modèle de Hong-Kong. La position serbe peut se résumer de la manière suivante: « tout sauf l’indépendance8 ». L’argumentation serbe se déploie tout d’abord sur une lecture stricto sensu de la Résolution 1244. Celle-ci stipule « l’attachement de tous les Etats membres à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de la République Fédérale Yougoslave (RFY) 9 », République dont la Serbie a conservé le statut d’Etat membre. De même, le document préconise le déploiement international afin d’y assurer une « autonomie substantielle au sein de la RFY10 ». C’est donc un processus de stabilisation transitoire qui tout en omettant de spécifier explicitement le futur statut du Kosovo, insiste sur la notion de souveraineté et d’intégrité territoriale de la Serbie. L’administration du territoire par la mission internationale se substituant à l’autorité serbe prévoit néanmoins à l’article 4 de la Résolution et à l’issue du retrait pur et simple de l’armée serbe qu’ « un nombre convenu de militaires et de fonctionnaires de police yougoslaves et serbes sera autorisé à

Danica Hanz

retourner au Kosovo pour s’acquitter des fonctions prévues à l’annexe 211 »; leurs tâches principales sont: présence aux postes de frontière, sécurité du patrimoine historique serbe, liaison entre présence internationale civile et de sécurité, déminages, etc. C’est donc une perte relative et non absolue de souveraineté effective en faveur de l’ UNMIK car un contingent policier et militaire serbe prévu par la Résolution est censé assurer des fonctions d’ordre et de sécurité. Le référendum sur la nouvelle Constitution, composé d’une consultation populaire sur le maintien du Kosovo au sein de la Serbie, est (présenté) au vu du taux d’acceptation qui est de 96%, sur une participation certes assez faible de 51,6% et face à l’indépendance envisagée de cette province comme « une atteinte à la volonté du peuple d’un Etat souverain exprimée de façon démocratique »12. Conclusion Les arguments pro et contre indépendantistes ont une assise juridique, proposent des interprétations différentes mais valides de la Résolution et sont fondés sur deux normes du droit international qui s’opposent: le droit à l’autodétermination d’un côté, l’intégrité territoriale de l’autre. Les échecs des négociations et l’impossibilité d’un quelconque accord entre les acteurs sont dus à leur intransigeance: retard serbe à considérer une indépendance potentielle nécessitant l’engagement dans un véritable compromis et manque de concession du camp albanais qui ne s’est jamais écarté de sa seule et unique proposition, l’indépendance. Les déclarations de soutien et de potentielle reconnaissance de divers Etats durant les négociations ont cer-

tainement radicalisé ce point de vue et contribué au blocage. Le contexte de nationalismes exacerbés par l’histoire balkanique et la situation socio-économique actuelle ont abouti à une confrontation obstinée plus qu’à une quelconque volonté de coopération. Une crise économique importante sévit dans toute la région avec un taux de chômage important, une corruption endémique et un manque d’investissement étranger dû à l’instabilité de la province. A ceci s’ajoute en Serbie une méfiance envers la communauté internationale et le gel des négociations du processus d’adhésion à l’UE. Ce mécontentement général est malheureusement canalisé par la poussée nationaliste et focalisé sur le futur statut du Kosovo. La gestion internationale formelle et factuelle ambiguë a nourri pendant maintenant huit ans deux visions opposées mais légitimes. La nécessité d’une action rapide devant la situation humanitaire désastreuse et l’impératif de contenter tout le monde ou du moins de ne froisser personne se sont concrétisés par une Résolution « vague » qui a abouti aux interprétations antagonistes et à la guerre rhétorique qui s’en est suivie, interprétations qui ont nourri des projets durant huit ans et sur lesquelles il est difficile de revenir. Enfin, la résolution kosovare dépasse le cadre régional des volontés et possibilités de détermination, le système international comme on l’a vu pèse sur le passé mais aussi sur le futur de la province et de ses différents acteurs. Ce système entre fragmentation des intérêts, des identités et des volontés d’affirmation, subit des pressions fortes et contradictoires qui doivent être prises en compte afin de comprendre l’échec des négociations dans toute sa complexité.

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.DOSSIER La question russe dans les pays baltes

La Lettonie, la Lituanie et l’Estonie, membres de l’Union Européenne depuis 2004, ont pour voisin le géant russe. Plus de 15 ans après la dissolution de l’URSS, des tensions demeurent encore bien présentes entre ces pays. Anciens états membres de l’URSS, les pays baltes – Estonie, Lituanie et Lettonie – ont vécu des processus d’indépendance particulièrement mouvementés. Ils bénéficient en effet d’une situation avantageuse mais délicate : coincés entre l’Europe occidentale et orientale, entre la Russie et la Baltique, ils font figures de nains face à leur gigantesque voisin tandis que leur accès privilégié à la mer éveille nombre de convoitises. C’est pourquoi, dès la fin de la seconde Guerre Mondiale, les trois petits Etats sont pratiquement intégrés au territoire russe, leur culture propre dévalorisée et dénigrée et leur activité économique placée sous la tutelle de Moscou, tandis que de nombreux immigrés s’installent dans la région. Après près de 50 ans de communisme, dont le souvenir est toujours pénible

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ment vivant chez les habitants de la région, la chute de l’URSS et l’indépendance furent marquées par une forte volonté de modernisation et d’occidentalisation. Les années qui suivent voient donc les trois pays chercher leur voie entre l’Est et l’Ouest, entre la Russie et l’Europe. Le refuge européen S’intégrer à l’Union Européenne fut immédiatement une priorité politique découlant directement des années communistes : le rejet de toute nouvelle influence russe, mêlé au fort désir d’assurer indépendance et protection contre les anciens maîtres soviétiques, poussa naturellement les pays baltes à chercher refuge au sein de l’UE et de l’OTAN. Il va sans dire que le Kremlin vit d’un très mauvais œil ce qu’il considérait comme

une ingérence occidentale dans sa sphère d’influence traditionnelle. De même, l’adhésion de pays limitrophes à l’OTAN constituait une menace directe dirigée contre la Russie. Les relations entre celle-ci et ses anciens “états frères” furent et restent donc difficiles et tendues, comme en témoigne la récente crise estonienne d’avril-mai 2007, suscitée par le déplacement d’une statue à la gloire des soldats soviétiques. Cet acte, apparemment anodin, provoqua le fort mécontentement des russophones du pays ainsi que des attaques informatiques contre le gouvernement estonien, attaques émanant vraisemblablement de Moscou. Pourtant et malgré cet incident, la situation s’est désormais stabilisée et l’émancipation des pays baltes, totalement intégrés à l’UE, est un fait accepté par tous. Néanmoins, les difficultés subsistent, causées par le délicat passage, pour la Russie et ses voisins, d’un statut de dominant-dominé – sous le communisme – à une relation de partenariat sur pied d’égalité. La question des minorités Outre les questions de relations internationales, les pays baltes ont hérité du passé communiste un problème beaucoup plus concret : l’importante communauté russophone qui resta sur place après l’indépendance. La Lettonie connaît ici la situation la plus délicate. C’est en effet dans ce pays que l’implantation russe fut la plus profonde : Moscou en fit son principal point d’attache dans la région et y envoya des centaines de milliers d’ouvriers, de fonctionnaires, mais aussi de dirigeants économiques, politiques et militaires, qui s’établirent souvent durablement. L’importance de cette immense minorité russophone (35% de la population totale


.DOSSIER du pays) et l’attitude à adopter à son égard furent donc au centre de tout le processus d’indépendance. La cohabitation dans la République nouvellement créée fut tumultueuse et l’antagonisme entre russes et lettons resta longtemps – et reste encore pour certains – extrêmement présent. D’un côté, les Lettons tiennent à tout prix à préserver leur culture propre – que les occupants soviétiques tentèrent de faire disparaître totalement – et donc rechignent à intégrer une importante population russophone risquant de mettre à nouveau à mal leur souveraineté culturelle. De l’autre côté, les russophones se considèrent comme victimes de discriminations (parfois bien réelles) et sont certainement influencés par Moscou – notamment à travers les médias russophones du pays – qui maintient que les russes de Lettonie sont des victimes innocentes et ne doivent en aucun cas faire de concessions aux persécuteurs lettons. La question de l’intégration russophone prit une tournure internationale après la demande d’adhésion de la Lettonie à l’UE, qui a toujours fait de la protection des minorités une condition d’adhésion sine qua non. La position européenne rejoignait sur ce point les constantes accusations russes à l’égard du gouvernement letton au sujet des discriminations subies par la minorité russophone du pays. Mais le débat est à placer dans une perspective plus large : les frontières pays baltes-Russie sont devenues avec l’adhésion autant de frontières UE-Russie. Bruxelles peut craindre dès lors que Moscou se sente repoussée à l’Est et tente, pour conserver sa position dominante dans la région, d’interférer dans les affaires lettones, estoniennes ou lituaniennes. Or, les principaux points d’attache de Moscou au bord de la Baltique sont

Antoine Roth

les minorités russophones ainsi que les citoyens russes qui sont domiciliés dans les trois pays. L’UE a donc tout intérêt à éviter les tensions sociales dans la région, à promouvoir l’unité nationale et à adopter une position intransigeante vis-à-vis des revendications russes, tout en ménageant Moscou quand il le faut. Toujours est-il que, sous les pressions internationales, et grâce à une évolution des mentalités sur le plan interne, la situation de la minorité russophone s’est grandement améliorée en Lettonie, même si le débat demeure aussi présent que sensible. Frein ou opportunité? Cela n’empêche pourtant pas les pays baltes de connaître une croissance économique rapide et stable. Cette croissance reste pourtant grandement soumise à l’évolution de l’économie russe dont dépendent – et ce même après l’émancipation politique – l’approvisionnement en énergie (pétrole, gaz) et en matières premières, ainsi que l’activité maritime et commerciale. Cette situation, héritée du communisme, perdure pour plusieurs raisons. Elle est d’abord la conséquence naturelle de la localisation géographique des trois pays qui leur donne une place logique dans le réseau commercial tissé par Moscou. Cette dépendance naturelle est renforcée par la mainmise d’une classe d’affaires russe sur les secteurs les plus importants de l’économie à l’intérieur même des pays. La Lettonie en est à nouveau le meilleur exemple : en tant que principal point d’attache russe dans les Etats baltes sous le communisme, le pays hébergea nombre de hauts fonctionnaires du parti communiste chargés de gérer l’économie régionale. Ceux-ci gardèrent leur position dominante après l’indépendance,

s’adaptant simplement au nouveau régime capitaliste, et tiennent encore les rênes de l’économie lettone aujourd’hui. Les Russes sont d’ailleurs plus nombreux, en termes de pourcentage de population, dans les grands pôles économiques du pays, telle la capitale Riga. Cette situation a des conséquences contradictoires. Grâce à ses contacts rapprochés avec le monde russe, cette classe d’affaires répartie entre la Russie et la Lettonie participe pour une grande part au développement de l’économie lettone. Ainsi, près de 15% des exportations pétrolières russes sont actuellement contrôlées par la Lettonie et 52% des dépôts dans les banques lettones étaient détenus par des non-résidents en 2004. Mais, d’autre part, les méthodes utilisées par certains acteurs peu scrupuleux sont souvent problématiques pour un pays de l’Union Européenne – blanchiment d’argent et corruption sévissent encore beaucoup. Cette contradiction est à l’image de tous les rapports entre la Russie et les pays baltes : ceux-ci sont déchirés entre leur volonté de se tourner vers l’Occident et leur dépendance envers leur voisin de l’Est. Ils aimeraient s’intégrer totalement à l’espace européen, mais les liens avec la Russie ont une grande importance dans leur récente croissance économique. La question peut se résumer ainsi : ces liens avec la Russie sont-ils un frein au développement ou plutôt une opportunité à saisir? Sur le plan politique, une méfiance issue d’un douloureux passé domine les relations entre les pays baltes et leur voisin, mais la situation est en bonne voie d’amélioration. Quant aux liens économiques, ils ne peuvent que bénéficier aux pays baltes qui profiteront sans aucun doute de la montée en puissance de la Russie. A l’heure de la multiplication

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.SOCIETE des pôles de puissance économique et du découplage est-ouest, la situation des pays baltes à la frontière de l’UE et de la Russie et ses liens avec les deux entités constituent une chance dont il importera de tirer le meilleur parti possible. Mais tout partenariat productif nécessitera des parties en présence ; un travail qu’aucune n’est encore totalement parvenue à accomplir. Tous doivent en effet se libérer d’un passé qui pèse encore lourdement sur les questions de politique intérieure autant qu’extérieure. Mais les tensions héritées du communisme sont heureusement vouées à disparaître, car ne dit-on pas que le temps guérit toutes les blessures?

Autre regard, autre information Après être allés télécharger vos slides sur dokeos et avant de flâner sur facebook, jetez un coup d’oeil au Bondy blog; www.bondyblog.fr. Né en novembre 2005 à la suite des émeutes en banlieues françaises, le Bondy blog a l’intérêt de proposer un regard différent sur l’actualité française, plus particulièrement sur celle des quartiers populaires. Supervisés par des professionnels du journalisme, ce sont une vingtaine de jeunes bloggueurs qui font l’information. Ils s’essaient au reportage et proposent ainsi leur point de vue sur les événements. En 2007, le blog se perfectionne en ouvrant une « école de blog ». Une fois toutes les deux semaines, les « journalistes-citoyens » assistent à une conférence de journalistes qualifiés ou experts des médias pour ensuite effectuer un petit travail sur le terrain. Pour les intéressés, ces cours sont pour la plupart retransmis sur le site internet. Et, rencontrant un succès toujours plus vif, le Bondy blog s’exporte à Marseille et Neuilly en janvier 2008. Les habitants du fief Sarkozy sont alors observés par l’oeil aiguisé des jeunes de Seine-Saint-Denis. L’envers du décor est ainsi peu à peu révélé; le réputé ghetto de riche possède également son lot de travailleurs pauvres. Pour plus de détails et d’informations diversifiées, rendez-vous sur le site et ses petits!

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Initiative populaire fédérale « Pour la protection face à la violence des armes » En Suisse, la première cause de mortalité chez les jeunes de 15 à 24 ans est le suicide, suivi par les accidents de la circulation. Il est aujourd’hui nécessaire de prendre pleinement conscience de ce phénomène et de le considérer comme un problème majeur de santé publique, auquel il est indispensable de répondre par des mesures de prévention et de protection. L’arme à feu étant la méthode la plus fréquemment utilisée, une restriction de l’accès aux moyens létaux s’impose Créée il y a un peu plus de sept ans caractère souvent impulsif du suicide (le 4 décembre 2000), l’association des jeunes; en particulier pour ceux Stop Suicide cherche à sensibiliser ne possédant pas de troubles psyl’opinion publique sur le suicide des chologiques . Passer à l’acte en utiljeunes. Journée mondiale de préven- isant une arme à feu accessible à tion du suicide, interventions en mi- portée de main ne demande effectivelieu scolaire, groupes de parole : ment pas la réflexion et la préparation l’association met en œuvre différentes nécessaire à d’autres méthodes telles actions pour briser le tabou qui règne que la pendaison, par exemple. Or, ce autour du suicide et pour combattre laps de temps peut bien souvent saucet ultime acte de détresse. ver une vie. Réduire l’accès aux armes Depuis sa fondation, Stop Suicide à feu s’avère alors déterminant. revendique le fait que le suicide soit Aujourd’hui, en matière reconnu comme un problème de santé d’accessibilité, la LArm prévoit publique en Suisse. Si le peuple et les uniquement que « les armes, les élécantons acceptent l’initiative modifi- ments essentiels d’armes, les accesant les conséquences de la LArm (Loi soires d’armes, les munitions et les fédérale sur les armes, les accessoires éléments de munitions doivent être d’armes et les munitions), résultat conservés avec prudence et ne pas être d’une coalition d’une soixantaine accessibles à des tiers non autorisés d’organisations, un premier pas serait ». Sachant que les militaires emporeffectué dans cette direction. tent leurs armes à domicile à la fin de Bien sûr, les mesures de protection leur service et qu’un article proposé proposées par l’initiative doivent être par le Conseil fédéral et approuvé par accompagnées d’un renforcement le Parlement permet aux mineurs prades mesures préventives existant déjà. tiquant le tir sportif d’emprunter une Cependant, la question de la restric- arme à leur club pour l’emporter chez tion de l’accès aux armes à feu est eux, on est en droit de percevoir dans cruciale. En effet, au niveau mondial la législation en vigueur une définition , le suicide par l’arme à feu constitue excessivement vague du stockage des une des méthodes les plus employées armes à feu. En effet, que comprendre et une des plus mortelles. En Suisse, par « conserver avec prudence » ? elle représente le mode de suicide la plus utilisée par les hommes âgés de Une initiative précise, 19 à 34 ans . Ceci s’explique notam- réaliste et efficace ment par la facilité d’usage offerte par En prévoyant que « l’acquisition, la les armes à feu. Ce moyen répond au possession, le port, l’usage et la re-


.SOCIETE mise d’armes à feu [soient] permis pour les professions dont l’exercice impose de disposer d’une arme, pour le commerce d’armes à titre professionnel, pour le tir sportif, pour la chasse et pour les collections d’armes » l’initiative se montre intelligente. Elle distingue ainsi les groupes ayant un rapport spécifique aux armes à feu de la masse de la population.

qui quittent l’armée » . Rappelons ici qu’à l’origine les soldats ne ramenaient pas systématiquement leur arme militaire à la fin de leur service. Cet usage n’est donc pas l’expression d’une tradition comme le pensent certains, mais le résultat d’une ordonnance du Conseil fédéral prise à la suite de la 2ème Guerre mondiale permettant de réglementer cette pra-

breuses études prouvant qu’une restriction de l’accessibilité aux armes à feu réduit sensiblement le suicide , cette initiative aura donc rapidement un effet sur le nombre de suicides en Suisse. Face aux sceptiques qui pensent qu’une personne voulant se suicider cherchera un autre moyen pour parvenir à ses fins, il faut ici préciser

Ce faisant, ces groupes acquièrent un droit particulier qui leur confère une légitimité quant à l’usage d’armes à feu. Ils deviennent donc pleinement responsables de leur arme. Par ailleurs, les mineurs pratiquant le tir sportif ne pourront désormais plus emporter leur arme à domicile. De plus, l’initiative demande que les armes à feu des militaires soient conservées dans des « locaux sécurisés de l’armée » et « qu’aucune arme à feu [ne soit] remise aux militaires

tique. A l’époque, le gouvernement répondait à une situation d’urgence et de sécurité nationale et il choisit d’armer les citoyens pour riposter en cas d’attaque. Or, aujourd’hui, cette mesure n’a plus lieu d’être. Si l’initiative passe, elle pourra aussitôt être appliquée. En effet, l’ordonnance sera modifiée par le Conseil fédéral et les armes à feu militaires devront être retirées des foyers, et ce, sans même attendre l’approbation du Parlement.nEn considérant les nom-

que les méthodes ne sont pas interchangeables; une arme à feu sera par exemple rarement remplacée par des médicaments. Comme cela a pu être constaté dans divers pays tels que la Finlande ou l’Autriche, mettre les armes sous clés diminuera assurément le nombre de suicides . Concernant l’initiative, le délai imparti pour la récolte des signatures se monte au 4 mars 2009. D’ici là, réfléchissez et prenez vos stylos!

Samia Swali

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.POLITIQUE

De l’incident à la crise diplomatique

Un scénario à rebondissements - Le 1er mars 2008, le numéro deux des FARC est tué par l’armée colombienne, la souveraineté d’Equateur violée et la crise diplomatique décrétée. Le Venezuela s’en mêle, le Nicaragua en profite pour s’immiscer aussi. Le 7 mars 2008, sommet de Rio en République Dominicaine ; après les insultes, pluie d’embrassades et accolades à tout vient : le spectre d’une guerre a disparu aussi vite qu’il était arrivé. Crise record d’une semaine qui ne manque pas de souligner l’instabilité d’une région où hypocrisie et piques cinglantes entre voisins sont monnaie courante. Bien qu’en apparence rétablie, la situation a fait ressurgir des divergences importantes sur le problème loin d’être résolu de la guérilla.

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Un effet boule-de-neige chez des dirigeants à la menace facile Ce fut rapide mais intense. Le 1er mars, Raúl Reyes - de son vrai nom Luis Edgar Devia, numéro deux des FARC (Forces Armées Révolutionnaires de Colombie) - ainsi q’une vingtaine de guerrieros sont tués lors d’un raid mené par l’armée colombienne. Problème: la mission contre la guérilla a empiété le territoire équatorien sur une dizaine de kilomètres. Violation du principe de souveraineté territoriale. Rafael Correa, président de l’Equateur, mobilise alors immédiatement des troupes à la frontière nord et renvoie l’ambassadeur colombien chez lui. Affirmant qu’il n’avait pas été mis au courant d’une telle opération et que

la Colombie lui avait menti et avait trahi sa confiance, il déclara alors sur un ton qui en disait long qu’ « [ils (les Equatoriens) iraient] jusqu’aux dernières conséquences pour éclairer ce fait scandaleux de l’agression de [leur] territoire et de [leur] patrie »1. Le Venezuela, pris alors d’une soudaine compassion pour l’Equateur, informa Correa qu’ « [il pouvait compter] sur le Venezuela pour quoique ce soit » et ordonna « le retrait de tout [son] personnel de l’ambassade à Bogota »2. Décision prise au nom de la lutte pour le respect des principes fondamentaux dont fait partie la souveraineté territoriale ou vieux démons qui sont ressortis entre le Venezuela et la Colombie ? Quoiqu’il en soit, Chávez


.POLITIQUE a su prendre la balle au bond et n’a pas hésité à hausser le ton également. Pour soutenir son « ami équatorien » selon ses dires, il a ordonné en direct à son Ministre de la Défense: « Bougez-moi immédiatement dix bataillons en direction de la frontière avec la Colombie »3. Puis, sur un ton pour le moins menaçant, s’est adressé au président colombien Álvaro Uribe en lui signifiant clairement que s’il essayait de faire la même chose au Venezuela, « ce serait causus belis; cause de guerre »4. Loin d’essayer d’apaiser les tensions, il semble qu’il ait accéléré la crise en invoquant une menace pour son pays qui a priori n’existait pas. De plus, la mise en scène presque grotesque de ses déclarations - les spectateurs ont pu le voir en direct donner l’ordre à son subalterne de déplacer des troupes, ce à quoi ledit Ministre a répondu par un théâtral signe de tête entendu - laisse à penser que le président vénézuélien, en étendant l’incident, n’a pas manqué de faire savoir qu’il était toujours influent auprès de ses voisins. L’occasion également de faire passer son éternel discours sur le rôle des Etats-Unis en Amérique latine, et plus spécifiquement sur ses liens avec la Colombie, et son point de vue sur les FARC, thème toujours aussi brûlant. (Rappelons que la Colombie est une alliée importante des USA qui, depuis le « Plan Colombie » créé en 1999, s’efforcent de garder le contrôle sur la région en finançant la guerre de manière officielle sous des prétextes humanitaires. Déjà à l’époque, au lieu de se concentrer sur les négociations de paix, ils ont équipé et renforcé l’armée colombienne. Ce sont ainsi quelques 4 milliards de dollars qui ont été versés depuis huit ans pour la lutte contre le narcotrafic et les guérillas). Chávez a ainsi déclaré:

Mélanie Escobar Vaudan

«[L’Etat de Colombie] est un Etat terroriste soumis au grand terroriste du monde qu’est le gouvernement des Etats-Unis et tout son appareillage impérialiste ». Et de demander: « Estce que la Colombie va devenir l’Israël d’Amérique latine ? ». Enfin, au sujet de la guérilla: « Les FARC et l’ELN ne sont pas un groupe terroriste (…). Ce sont des forces insurgées qui ont un projet politique, qui ont un projet bolivarien, qui ici est respecté. (…) Je demande à l’Europe qu’elle retire les FARC et l’ ELN de la liste de groupes terroristes du monde car la seule raison [pour laquelle ils y sont] est la pression des Etats-Unis » 5. Le problème des guérillas : de la lutte idéologique à la lutte économique Mais quelles ont été les réactions de cette crise éclair au sein de la population en Colombie ? Il va sans dire que ces déclarations ont été peu appréciées par la population colombienne, déjà de tradition plutôt hostile face à son voisin vénézuélien. Selon le témoignage d’un étudiant6, beaucoup de Colombiens ont soutenu leur président pour son action. Pour eux, le jeu en valait la chandelle. Dans un pays où la guérilla impose ses lois depuis plus de quarante ans, la mort d’une des têtes de ces mouvements apparaît comme la preuve que le gouvernement agit enfin concrètement. María Jimena Duzán, journaliste dans El Tiempo, relève également cette satisfaction palpable parmi la population: « “Un de moins”, voilà ce que j’ai pu entendre un peu partout depuis l’annonce de sa disparition (ndlr : de Raúl Reyes) (…) Tant d’années d’exactions, d’explosions de mines artisanales et d’enlèvements ont fini par transformer les FARC en une guérilla honnie par l’ensemble du pays, toutes

classes confondues »7. Il faut en effet être conscient que plusieurs groupes très puissants sévissent en Colombie dont les principaux sont : les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC), l’Armée de Libération Nationale (ELN) et les Autodéfenses Unies de Colombie (AUC). Les FARC, officiellement de tendance communiste, sont un parti idéologique d’opposition. Voix des populations rurales pauvres, ils défendaient par les armes les terres que les propriétaires créanciers voulaient récupérer. Mais comme tout groupe qui se forme, il leur a fallu se financer. Le premier moyen, qui sera par ailleurs utilisé par tous les groupes, fut la prise d’otage. Lorsque leur idéologie prédominait encore, les otages étaient alors sélectionnés très soigneusement. Finalement, cette technique de pression s’avérant payante, l’habitude s’est installée, d’où un usage du kidnapping à tout vient qui a pris des proportions affolantes. Puis, la drogue - cultivée dans des régions retirées où sa production est plus bénéfique aux paysans que celle de bananes - est entrée en jeu. L’idéologie a alors définitivement laissé place à une entreprise plus que lucrative sur un marché où tous veulent avoir le monopole. Les ELN, quant à eux, étaient un petit groupe de paysans se battant pour que l’Etat les aide. Leurs motivations étaient plutôt d’ordre social. Mais eux aussi n’ont pas résisté au marché attrayant du narcotrafic. D’une idéologie de départ semblable à celle des FARC, ils sont ainsi devenus ennemis. A ce sujet, il est important de souligner que la mort de Pablo Escobar, célèbre leader du cartel de Medellin, fut pour beaucoup dans l’expansion vertigineuse et néfaste du commerce de drogue au sein des guérillas. En effet, auparavant, le marché était en grande

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.POLITIQUE partie concentré entre ses mains et ne s’étendait qu’à quelques régions du pays. Mais à sa mort, les guérillas ont pris l’emprise d’un cartel important et toujours aussi prometteur qu’il fallait à présent se disputer. Celui-ci leur a permis de croître tout en les obligeant à se battre constamment. Viennent enfin les AUC. Cette organisation, bien plus récente, réunit tous les groupes paramilitaires unis dans la lutte contre la guérilla, l’objectif étant surtout de gagner du pouvoir politique et militaire, avec en fond également la lutte pour la drogue. Ainsi, à travers ces combats pour le pouvoir au nom de causes déjà oubliées ressortent surtout des crimes commis en toute impunité, enlèvements au premier rang. Méthode malheureusement efficace si l’on considère que ce sont les otages qui font le plus réagir la scène internationale. Ce sont en effet les kidnappings qui sont à l’origine de tout type d’interventions; peu nombreuses sont les initiatives créées pour lutter efficacement contre le narcotrafic. Un problème devenu régional Ainsi, à travers ces groupes ne transparaît plus la guerre de l’opprimé contre le gouvernement pervers, mais la guerre pour la drogue et l’argent dans laquelle on emploie toutes les armes, de la prise d’otages à la répression dans la population. Voilà pourquoi une animosité marquée face à Chavez peut se faire sentir en Colombie lorsque celui-ci parle des FARC comme d’un groupe insurgé qui pourrait presque « sauver » le pays. Beaucoup le traitent de fou et l’accusent implicitement d’avoir des relations douteuses avec ces groupes de guérillas. Uribe a d’ailleurs fait entendre lors de la crise diplomatique que des documents compromettants sur des liens qu’entretiendraient le Venezuela et

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l’Equateur avec les FARC avaient été découverts dans les ordinateurs trouvés sur les lieux du camp bombardé. Bien heureusement pour Chavez et Correa, ces accusations ont été mises de côté lors du sommet de Rio. Quoiqu’il en soit, il est très probable que le président colombien apprécie en tous les cas peu les « contacts légaux » de son homologue vénézuélien avec la guérilla, celui-ci étant en effet indéniablement le seul pont de dialogue avec les FARC, ce qui lui assure un pouvoir non négligeable sur le plan international. Dans cette crise, la Colombie restera celle qui a violé un principe fondamental au lieu d’établir le dialogue. Mais au sein de la population, on tend à penser que le dialogue n’existe plus. Quarante ans de conflits l’ont après tout bien démontré. L’une des solutions majeures serait de renoncer à la drogue. Or ça, bien entendu, personne ne le veut. Pour cet étudiant colombien, les grands l’ont déjà dit: « Si tu veux la paix, prépare-toi à la guerre »8. Un point de vue qui laisse apparaître une fatigue certaine face à ce conflit sans fin où il s’agit à présent d’éliminer les têtes pensantes afin de faire tomber le corps. Mais ce raz le bol compréhensible ne devrait pas justifier l’utilisation de tous les moyens. Même le désespoir n’est pas autorisé à ouvrir la porte à toutes les violations. Les méfaits pourraient être bien plus importants que les bienfaits: « (…) L’opinion colombienne, aussi manipulable que dégradée à cause du conflit, ne se préoccupe pas de savoir si cette guerre a recours à des procédés douteux. (…) Une telle audace pourrait nous coûter très cher »9. Une fois de plus, le main dans la main s’avérerait plus gagnant. Car malgré ce que veut penser Correa lorsqu’il accuse Uribe d’exporter ses problèmes

et d’amener l’insécurité chez ses voisins en n’étant pas capable de gérer son pays, la question des guérillas est devenue un problème régional. Comme le souligne le journaliste José Natanson: « (…) Tout indique que le conflit armé ne saurait se limiter à la Colombie et qu’il déborde irrémédiablement vers les pays voisins »10. Se renvoyer les problèmes et aboutir à des décisions qui contentent tout le monde sans construire de solutions concrètes ne feront pas avancer les choses. En démontre la tension entre les trois pays retrouvée déjà quelques jours après le sommet de Rio (un des corps rapatrié à Bogota après le bombardement, déclaré comme étant d’origine équatorienne - ce que l’Equateur considérerait comme un assassinat en son sol par des forces extérieures - ainsi que la question des documents trouvés dans les ordinateurs des FARC étaient déjà motif à la suspension des relations). A quand la fin des grandes déclarations médiatisées, des formules théâtrales et des tons menaçants ? Ne serait-il pas plutôt grand temps d’opter pour des décisions plus discrètes, certes moins divertissantes pour le public, mais qui auront le mérite de pouvoir aboutir à des projets concrets dans un objectif d’union qui ne laisseront plus place à l’hypocrisie ? Merci à CE pour son témoignage et à LME pour ses renseignements précieux.

Mélanie Escobar Vaudan


.POLITIQUE Elections: les deux Espagne s’affrontent dans les urnes Des attentats en guise d’ouverture Décidément, les élections se suivent et se ressemblent. Comme en 2004, un attentat a précédé les élections et a été le motif d’une mobilisation massive des citoyens (75% de taux de participation cette année et 77% en 2004); et comme en 2004, cela a profité au Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE) face à son rival direct le Parti Populaire (PP). Mais si, quatre ans auparavant, les bombes placées dans un train madrilène par des islamistes avaient fait pencher la balance en faveur de José L.Rodríguez Zapatero et de son refus de la guerre en lrak (devant l’entêtement du PP à attribuer les engins explosifs à I’ETA), cette fois, c’est Mariano Rajoy, président du PP, qui s’est servi de l’assassinat d’un ex-conseiller municipal (socialiste) par les séparatistes basques pour souligner l’échec du gouvernement actuel dans sa tentative de négociations avec I’ETA. Même si, après ce 9 mars, le PSOE a gagné cinq sièges de plus au Congrès des députés, il devra plus que jamais compter sur la féroce opposition du Parti Populaire qui a également obtenu cinq députés supplémentaires. La forte progression du parti dans ces élections a d’ailleurs été fêtée comme une victoire par le parti conservateur. Derrière l’euphorie des deux grandes formations, le temps pour les « petits» est plutôt aux lamentations. Dans un système qui favorise le bipartisme, les petits partis se retrouvent acculés et ont de plus en plus de mal à faire entendre leur voix. La coalition écolo-communiste, Izquierda Unida, semble aujourd’hui sur le déclin. Privilégiant le vote stratégique, par peur de voir le PP se réinstaller au gouvernement, l’électorat de gauche s’uniformise

Adrià Budry Carbó

progressivement au détriment de la constitution d’un véritable débat. Face au 83,75% que représentent dans les suffrages le PSOE et le PP, il n’y a que les nationalistes catalans de droite (CIU) qui parviennent à sortir leur épingle du jeu. Ils seront sans doute promis à jouer le rôle d’arbitre entre les deux grandes puissances partisanes. Avec 11 sièges, soit un de plus qu’en 2004, CIU à le pouvoir de donner la majorité absolue au Parti Socialiste ou de rejoindre les rangs de l’opposition (scénario plutôt utopique étant donné que le PP a fait de la lutte contre les nationalismes l’une de ses armes électorales). Par contre, rien ne va plus du côté des nationalistes régionaux de gauche. Les indépendantistes catalans d’ERC paient leurs erreurs et divisions internes au prix fort et perdent une bonne partie de leur influence au Congrès, alors que le Parti Nationaliste Basque se retrouve avec 6 députés (soit un de moins). Ces élections sont l’occasion ici d’effectuer un bref retour en arrière et de donner une perspective générale des enjeux en Espagne. Marée progressiste dans la péninsule Si, pendant les premiers mois de son mandat, Zapatero s’est attelé à remplir ses promesses électorales, les réformes entreprisent par la suite en ont dérouté plus d’un. Le retrait des troupes militaires d’Irak a été salué par la majorité de la population qui considérait le conflit injuste et sans lien direct avec l’Espagne. Peu après, l’adoption d’une « loi contre la violence de genre » a été appréciée comme une tentative pour remédier à l’un des problèmes les plus graves du pays. Chaque année, quelques septante femmes sont tuées (72 en 2007,

soit un peu plus d’une toutes les semaines) et il n’est pas rare que les médias décrivent avec moult détails ces sordides assassinats. Malgré tout, les chiffres de décès ne sont que la partie immergée de l’iceberg et cachent une multitude d’autres actes de violence souvent tus. Reflet d’un véritable problème de société, la lutte contre la violence de genre s’est convertie en une puissante arme électorale pour le PSOE. L’Eglise, pour sa part, a eu fort à lutter contre le gouvernement socialiste. La laïcisation de l’enseignement et le remplacement des cours de religion par des cours de citoyenneté ont ému le secteur catholique de l’Espagne qui n’a eu de cesse de rappeler les fondements chrétiens sur lesquels est fondé le pays. Puis, c’est la facilitation des procédures de divorce, le mariage et l’adoption pour les homosexuels qui ont fait déborder le vase déjà plus que plein d’une des Eglises les plus conservatrices d’Europe. Dans une conférence épiscopale fin 2007, les autorités ecclésiastiques ont appelé implicitement à voter pour le PP en avertissant les électeurs contre “le danger d’options politiques et législatives qui contredisent des valeurs fondamentales et des principes anthropologiques et éthiques enracinés dans la nature de l’être humain, en particulier en ce qui concerne la défense de la vie humaine dans toutes ses étapes, de la conception à la mort naturelle, et la promotion de la famille fondée sur le mariage, en évitant d’introduire dans l’ordre public d’autres formes d’union qui contribueraient à la déstabiliser.” Le gouvernement a déclaré par la suite qu’il répondrait à ces déclarations comme s’il s’agissait des premières manifestations de la cam-

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.POLITIQUE pagne législative du Parti Populaire. Mémoire historique et nationalismes Fort de l’appui d’lzquierda Unida et de la Gauche Républicaine Catalane (ERC) et en tant que petit-fils d’un républicain fusillé en 1936, Zapatero a présenté au Parlement un projet de loi dit de « Mémoire historique ». Le texte proposé avait pour objectif d’en finir avec la loi du silence qui perdurait en Espagne malgré la chute de la dictature franquiste. Immédiatement, le Parti Populaire s’est opposé à la rédaction de la loi affirmant qu’il était inutile et dangereux de « rouvrir les plaies du passé ». Formée d’une classe bourgeoise mais aussi de nationalistes castillans, le PP a été, pour de nombreux franquistes, un outil permettant leur reconversion à la démocratie. Manuel Fraga, ministre de l’intérieur sous Franco et responsable de plusieurs condamnations à mort, à présidé par la suite « Xunta » de Galicie au nom du Parti Populaire. Idéologiquement infiniment plus proche du franquisme que du Front Populaire de la Seconde République, le parti conservateur a usé de toute son influence pour bloquer le projet de loi. De nombreuses modifications ont du être apportées, ce qui a conduit les républicains catalans à s’opposer à la nouvelle version. Jugée trop progressiste pour les uns et trop timide pour les autres, la loi a malgré tout été approuvée par le Congrès. Mais pendant qu’on imposait le retrait des monuments franquistes de l’espace public, qu’on impliquait les pouvoirs locaux dans la recherche de fosses communes de républicains exécutés et que la majestueuse tombe de Franco, El Valle de los Caidos, était « dépolitisée », à Rome avait lieu la béatification la plus importante de l’histoire. 498 religieux (s’ajoutant

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aux 471 déjà béatifiés), victimes des massacres qui eurent lieu au début de la guerre civile espagnole, furent sanctifiés par la Pape. Applaudissant hier le soulèvement du général Franco, puis servant aujourd’hui des intérêts politiques, l’Eglise se place du côté des bourreaux, alors que d’un côté comme de l’autre, on semble se « jeter ses morts à la figure ». Allié des nationalistes catalans de gauche, Zapatero avait promis de négocier un nouveau statut d’autonomie pour la Catalogne, pôle industriel et véritable moteur économique de l’Espagne. Les habitants de la région étaient lassés de voir les investissements de I’Etat devenir de plus en plus sporadiques, alors que la balance économique Catalogne-Espagne était largement déficitaire. Une version provisoire du nouveau statut proposait la gestion au niveau régional des ports et des aéroports, l’introduction du terme « Nation » pour désigner la Catalogne et l’officialisation des sélections sportives. Mais, après de houleux débats au Parlement, le statut catalan a rétréci comme peau de chagrin. Insuffisant pour la plupart, il a néanmoins été accepté en Catalogne par référendum. Le Parti Populaire a crié au scandale et accusé le gouvernement de brader la souveraineté nationale. Un boycott des produits catalans avait même été organisé. Lors du dernier débat télévisé avant les législatives, Zapatero avait accusé le parti de Rajoy de mettre en péril la cohésion nationale en entretenant l’animosité des Espagnols contre la Catalogne, une région où il n’avait de toute façon pas de représentativité. Les négociations ratées avec I’ETA restent indéniablement le talon d’Achille du gouvernement. Après une longue trêve sans qu’aucun accord n’ait pu être trouvé, l’ETA a rompu le processus de paix

et les attentats ont repris. Ce que reprochent plus que tout les conservateurs à Zapatero, c’est d’avoir tenté de parler de politique avec une organisation terroriste tout en lui faisant des concessions. Fragilisés par cet échec, les socialistes ont semblé très hésitants par la suite avec le dossier basque, sans réelle ligne de conduite. Poussé à faire du zèle par l’opposition, le gouvernement a accentué la répression sur les nationalistes radicaux. Croissance économique Héritier de l’essor économique insufflé par la gestion populiste, les socialistes se sont contentés de jouer la continuité. Avec un taux de croissance moyen annuel de 3%, l’Espagne s’affirme comme un pays fort dans l’Union Européenne. En partie due à l’immigration, la bonne marche économique a été l’une des raisons de la naturalisation de près de 700’000 immigrés. Alors que l’Europe s’indignait, le chômage diminuait à 8.8% (11.2 % en 2004). Cependant, une grande partie des trois millions d’emplois crées par Zapatero sont à bas salaires et précaires. De son côté, le gouvernement revendique fièrement sa politique sur le marché du travail en mettant en avant la négociation avec les différents partenaires sociaux. Malgré tout, la forte inflation (4.2% en 2007) vient ternir ce bilan économique. Alors que le pouvoir d’achat recule, les crédits se multiplient, stimulant une hausse de la consommation privée. L’immobilier, moteur du développement, est atteint de plein fouet par la croissance de la “bulle” financière (un peu à la manière des subprimes américains). Jouant sur la conjoncture, Rajoy s’érige en défenseur du panier de la ménagère en promettant la poursuite de la croissance et la lutte intensive contre l’immigration clandestine.

Adrià Budry Carbó


.CULTURE Concerts

1 Mai ARTMODE & IN MY ROSARY / Le Kab Usine er

2 Mai

10 Mai OLIVIER MAIER QUARTET (Jazz) / La Galerie, 13 rue de l’Industrie BACK TO 70’S AND 80’S / Arcade, 46 av. de Miremont GAZON MAUDIT, Electro party! / Le Zoo Usine TRIBUTE TO METALLICA / Le Kab Usine SOIREE AEB / Datcha (Uni Sciences II)

EN MAI, FESSES QUI TE PLAISENT / K-bar Artamis TRIBUTE TO THE 80’s / Le Kab Usine KID CHOCOLAT (Electro) / LES ENFANTS TERRIBLES, 24, rue 11 Mai AIDS WOLF (Noise rock) / Le Kab Usine Prévost-Martin HARRY KLEIN NIGHT (House, Techno) / Le Zoo Usine No sleep: OLIVIER HUNTEMANN (Dj, Dance Electric )/ Le Zoo Usine CAST THY EYES (IT) (Neo metal hardcore) / Moloko Usine POSTMAN (CH) + OCSA (B), SWANN H (CH), ETC. (Ragga, Drum’n bass) / Piment Rouge Artamis

Expos

3 Mai LEGENDARY PINK DOTS (Nl-uk) + DEMIAN CLAV (F) (Dark pop) / Le Kab Usine ZU (IT) / La Cave 12 à l’Ecurie de l’Ilôt, 13 -14 rue Montbrillant MILES CLERET (Uk) + DJ BOZZ & JACK LA MENACE (CH) + BOD (CH) (Djs Electro, Funk, Soul) / Le Zoo Usine Soirée AEB / Datcha (Uni Sciences II) 4 Mai LES PETITS CHANTEURS A LA GUEULE DE BOIS (Post-hétilikpunk) / Le Kab Usine SVENTH SKY (House) 23h / Little aiglon, 16 rue Sismondi 7 Mai JAPANESE NEW MUSIC FESTIVAL / Le Kab Usine JAM / Piment Rouge Artamis FORUM DU MILITANTISME / Datcha 8 Mai TOMAS GRAND (Chanson à texte) / Le Box, 15 place de l’Octroi EST(S) CONCERT de PERCUSSIONS / Studio Ernest-Ansermet Maison de la Radio SWING IN CLASS HEROES AND CRAPPY / Tiki’s pub, 1 av. Industrielle

L’ETE Du 1er Mai au 22 Juin / Centre pour l’image contemporaine Travaux des cinéastes Miranda Pennell et d’Alexia Walther OSER PENSER, OSER AGIR, OSER LUTTER, OSER VAINCRE Jusqu’au 24 Mai / Maison de quartier de la Jonction Maison de quartier de la Jonction LOS ROQUES Jusqu’au 18 Mai / Muséum d’histoire naturelle de la Ville de Genève Photos de l’archipel de « Los Roques » au Venezuela HAGIOHYGIECYNICISM Jusqu’au 18 Mai / MAMCO Quatre expositions monographiques de Henri Barande, Antoine Bernhart, Marine Hugonnier, Frédéric Moser et Philippe Schwinger.

9 Mai DRUM’N BASS / K Bar Artamis Les vendredis de l’ethno : EDUARDO KOHAN ET JUAN MARIA (Tango nomade) / AMR, 10 rue des Alpes CRUSHING GRINDCORE NIGHT (Grindcore) / Baramine, 8 chemin de Vandelle – Versoix DISCO ALL STYLE / Le Kab Usine «BRAVE NEW SOUND» Techno party! / Le Zoo Usine

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Horoscope

! !!

...

Poisson : Q ui sème la moule réco marée ! lt

Bélier : Vo e la us mangere z u hésitait av ne pizza. (O ec:) 1,2,3 n AU C vous irez a AS OU… 4,5,6 mang u b vous souh ois. erce er des ceri r une que ses. aitez exlc o n q u e le in s fl uence sur horoscope Taureau : S s du proc i vous ne d F h a a it in e s is n un versem tinguez pa différences ent de 3’00 uméro. s les le c de couleurs ompte CP 0 CHF sur , ne charge la CUAE. 09-438478 z pas vo -9 et indiq tre signe. T Gémeaux uez ous vos pro : à la tête. ré b lè s o m lu N e s o s . la tête. n ! J’ai ma seront là

Vierge : L ’assistante brouille l’é du speaker coute car il a une panne de m (Warning : icro. contre pétr ie) Scorpion : Déplacez la reine de 3 es. casSagittaire : Venus est e n harmonie votre Lune av natale: Qu elle chance ec ! Capricorne : Attention à ne pas lu faire pouss i en er deux… Verseau : V oir au recto .

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Con c o u r s ! ! ! A la clé : U n h o m ard.

Enfoiré! »

Qu’e s t c e q u e l’AESPRI a) Une cha ? rcuterie b) Une ma rque de pn eu Le label d u s o u ti e n gorge de C Rey almy-

Balance : «

ent de m e t r a dép ve res du té de Genè b m e i les m allus vers - Tous ie de l’Uni it que le ph ail M og fa sociol ent sur le iment Uni d t r â n, un s’acco evant le b nts. Romai ette d c ia géant s étud vé à Genève stré. e l e x i e u compl français arr me sens fr ? ». e t J n ?? a étudi ime : « es Helvètes r p x e ’ s c année mment font o c Mais à suivre. ent e uellem I r Affair c e manqu de l’AESPR l a n r jou à-vis « Ce ndance vispe respon e t u d’indé Jamal. *** o t it ge de ! » dix PRI se déga et article. c S spon*L’AE à l’égard de de toute re ge é sabilit PRI se déga et article. c S spon*L’AE à l’égard de de toute re ge é sabilit PRI se déga et article. c S *L’AE à l’égard de d. » é homar ité sabilit r e n i om cuis ine à n du c i e e p s t u u a a « Thib mémorable n Citatio SPRI. E de l’A

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Cancer : P rob tactez mo lèmes de santé ? C o nsieur M akolo M’b nmarabout oké, togolais. S atisfait ou boursé*. rem*Rembours ement app licable dan conditions s les suivantes : - Attaque de martie d’énurésie ns souffra nocturne. nt - Chute de pot de fleu rs en prove de Mir. nance - Lors d’in fections co ntractées s la vivisecti uite à on de mou tons. Lion : Un mars et ça repart. Venus : -FA taL buG ErR hippie qui or- Réveille est en toi. le


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Jeu des mille diffĂŠrences

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.SOURCES Dossier BARI Site web officiel du Bachelor en Relations Internationales, www.unige.ch/ bari Site officiel de l’IHEID, www.graduateinstitute.ch Koessler, Christophe. « L’Institut des hautes études internationales tenté par le numerus clausus », Le Courrier, 25 novembre 2005. Dufour, Nicolas. « L’ambition d’une école », Le Temps, 27 novembre 2007. Evaluation des perspectives de changement de régime en Biélorussie

Petignat, Yves. « Le risque infanticide est quatre fois plus élevé en Allemagne de l’est qu’à l’Ouest », Le Temps, 4 mars 2008. Poème de B. Brecht « Der Radwechsel » cité dans l’article « Les Allemands de l’Est saisis par l’Ostalgie » de Linden, Peter, Vidal, Dominique et Benjamin Wuttke. Version originale: “Ich sitze am Strassenrand Der Fahrer wechselt das Rad. Ich bin nicht gerne, wo ich herkomme. Ich bin nicht gerne, wo ich hinfahre. Warum sehe ich den Radwechsel Mit Ungeduld?”

Ces dissidents que l’on dit encore fous », www.grands-reporters.com 2. Information donnée par Reporter Sans Frontières le 6 décembre 2007 dans leur article relatif à la libération d’Andreï Novikov. 3. Voir l’article de Fabrice NODÉLANGLOIS paru dans le Figaro du 14/10/2007. 4. Information donnée par Russia profile. Ce groupe publie des analyses politiques et économiques sur la Russie en langue anglaise. Les estimations sont sans doute quelque peu exagérées mais reflètent une réalité. Kosovo, le rendez-vous manqué

La Bulgarie fait ses comptes 1. http://fr.wikipedia.org/wiki/Bielorussie http://fr.wikipedia.org/ wiki/%C3%89conomie_de_la_ Bi%C3%A9lorussie https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/ bo.html#Econ Le murmure de l’Allemagne de l’Est Knuf, Thorsten. « Ostalgie-Party an der Zapfsäule », Berliner Zeitung, 10 avril 2004. Linden, Peter. « Stalinstadt à l’heure du déclin », Le Monde Diplomatique, août 2004. Wuttke, Benjamin. « Un mode, un marché », Le Monde Diplomatique, août 2004. Linden, Peter, Vidal, Dominique et Benjamin Wuttke. « Les Allemands de l’Est saisis par l’Ostalgie », Le Monde Diplomatique, août 2004. Macguiness, Damien. « A New Willingness to Criticize East Germany », Der Spiegel, 4 mars 2006. Schimroszik, Nadine. « Ostalgie boomt », Der Spiegel, 26 novembre 2007. Petignat, Yves. « La conquête de l’Ouest allemand de Die Linke », Le Temps, 29 janvier 2008.

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1. Elsa Triolet, écrivaine et résistante française d’origine russe 2. Brigands militaires qui ravagent la Bulgarie sous le règne de Sélim III (1789-1807) http://www.bnr.bg/radiobulgaria www.horizons_et_debats.ch www.bulgaria-France.net/congr Butev, Christo. Poèmes, traduction Paul Eluard, Les Editeurs français réunis, 1952. Vesselin, Dimitrov. « Bienvenue au Bulgaristan », Courrier International, n°865, 31 au 6 juin 2007. Ukraine: terre de conversions http://fr.wikipedia.org/wiki/ R%C3%A9volution_orange http://www.reforme.net/archive2/article.php?num=3117&ref=352 http://phoenix.virtuaboard.com/general-f1/l-ukraine-dans-la-strategie-durollback-2e-partie-t92.html http://www.caucaz.com/home/breve_ contenu.php?id=323 http://base.d-p-h.info/es/fiches/premierdph/fiche-premierdph-2061.html Russie, retour aux méthodes soviétiques : l’internement psychiatrique 1. Epstein, Marc et Chevelkina Alla. «

1. www.unmikonline.org, consulté le 29 mars 2008. 2. www.nato.int/kfor/, consulté le 29 mars 2008. 3. http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/ IMG/pdf/rapport_Ahtismaari.pdf, consulté le 29 mars 2008. 4. http://en.wikipedia.org/wiki/Contact_Group, consulté le 29 mars 2008. 5. Discours du 22 septembre 2006 6. articles sur le sujet : http://www. eitb24.com/article/fr/B24_78611/international/REUNION-BRUXELLESLUE-est-pour-lindependance-duKosovo/ http://www.armees.com/Kosovo-lesUSA-prets-a-reconnaitre-unilateralement-l-independance,24913.html, consultés le 29 mars 2008. 7. Nouvelle Constitution serbe, http:// www.parlament.sr.gov.yu/content/eng/ akta/ustav/ustav_ceo.asp, consulté le 29 mars 2008. 8. Berghezan Georges, « L’Union européenne survivra-t-elle au Kosovo », http://www.michelcollon.info/articles.php?dateaccess=2007-10-08%20 07:11:32&log=invites, consulté le 29 mars 2008. 9. Résolution 1244 du Conseil de sécurité des Nations Unies, http://www. un.org/french/docs/sc/1999/99s1244. htm, consulté le 29 mars 2008. 10. Ibid.


.SOURCES 11. Ibid. 12. Iskenderov Piotr, “Ce que change le référendum en Serbie”, http:// www.colisee.org/article.php?id_ article=2257, consulté le 29 mars 2008. 13. Chiffres du rapport de Human Right Watch , “Failure to Protect: Anti-Minority Violence in Kosovo, March 2004 », http://hrw.org/ reports/2004/kosovo0704/, consulté le 29 mars 2008. La question russe dans les pays baltes Cet article est en majeure partie basé sur le travail de maturité de Léonard Roth, intitulé “La question russe dans la Lettonie contemporaine”. S’y référer pour toutes données chiffrées. Ouvrages de référence: S.Champonnois et F.Cabriolle, Estoniens, Lettons, Lituaniens: histoire et destins, Crozon, 2004 Inalco, Estonie – Lettonie – Lituanie: 10 ans d’indépendance recouvrée, Paris, 2002 Initiative populaire fédérale « Pour la protection face à la violence des armes » 1. Texte de l’initiative populaire fédérale « Pour la protection face à la violence des armes » 2. http://www.who.int/mental_health/ prevention/suicide/suicideprevent/en/ 3. OFS, 2004, http://www.stopsuicide. ch/sources/stats/statistiques2004_ causes.pdf 4. Articles 26 de la Larm 5. Argumentaire de Stop Suicide relatif à l’article 118a, alinéa 2 de l’initiative populaire fédérale « Pour la protection face à la violence des armes » 6. Article 118a, alinéa 4 de l’initiative. 7. Frei, Martina. « Wenn zu Hause Waffen sind, ist das Risiko erhöht », Tages Anzeiger, 11 septembre 2007 et Argumentaire de Stop Suicide, p.19.

www.stopsuicide.ch Texte de l’initiative populaire fédérale « Pour la protection face à la violence des armes » Interview de deux membres de Stop Suicide: Vanessa Bianco, responsable du pôle « milieu scolaire », Florian Irminger, responsable du pôle « coordination ». De l’incident à la crise diplomatique Les discours ne peuvent pas être vus directement sur les chaînes télévisées sans abonnement. C’est pourquoi ce sont des extraits trouvés sous dailymotion qui sont ici donnés. 1. Discours de Rafael Correa sur la chaîne « Teleamazonas » le 2 mars 2008 http://www.dailymotion.com/relevance/search/Uribe/video/x4l6sl_correa-declaracion-contra-gobierno_politics 2. Discours de Hugo Chavez sur la chaîne « Venezolana de Televisión » le 2 mars 2008, http://www.dailymotion. com/relevance/search/Uribe/video/ x4ksot_chavez-y-embajadas_news 3. Ibidem 4. Discours de Hugo Chavez sur la chaîne « Venezolana de Televisión » le 2 mars 2008, http://www.dailymotion.com/relevance/search/Uribe%2B/ video/x4kb5s_presidente-uribe-no-sele-ocurra-ha_news 5. Discours de Hugo Chavez sur la chaîne « Venezolana de Televisión » le 2 mars 2008, http://www.dailymotion. com/relevance/search/Uribe/video/ x4ksot_chavez-y-embajadas_news 6. Etudiant en administration d’entreprise, il vient du nord de la Colombie. Il a été contacté et a fourni son témoignage par le biais d’Internet. 7. Duzan, Maria Jimena. « ColombieIsraël, même combat ? », Courrier International, 6 mars 2008, http:// www.courrierinternational.com/article. asp?obj_id=83236 8. Maxime romaine, http://www.

abc-lettres.com/proverbe-latin/si-vispacem-para-bellum.html 9. Duzan, Maria Jimena. « ColombieIsraël, même combat ? », Courrier International, 6 mars 2008, http:// www.courrierinternational.com/article. asp?obj_id=83236 10. Natanson, José. « Un conflit qui joue à saute-frontières », Courrier International, 13 mars 2008, http:// www.courrierinternational.com/article. asp?obj_id=83598 Elections: les deux Espagne s’affrontent aux urnes (ou dans les urnes) http://www.lavanguardia.es/elecciones2008/index.html http://www.Iatinreporters.com/espagnepoIO2O22OO8.htmI http://www.Iatinreporters.com/espagnepoI281O2OO7.htmI Thibaud, Cécile. « Comment Zapatero a changé l’Espagne catholique », Tribune de Genève, 5 mars 2008. Pérez, Benito. « L’Espagne de Zapatero, une fresque rose pâle », Le Courrier, 7 mars 2008. Thibaud, Cécile. « Le miracle espagnol touche-t-il à sa fin? », Tribune de Genève, 7 mars 2008. Thibaud, Cécile. « Après sa victoire, Zapatero cherche des alliances », Tribune de Genève, 11 mars 2008. Débat télévisé Zapatero-Rajoy du 03.03.08, TeleVisión Española.

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