LE MAGAZINE DU CONSEIL INTERNATIONAL DES MUSÉES
VOL 68 NO 2
SEPTEMBRE 2015
nouvelles de l’
ICOM
DOSSIER L’architecture des musées
PATRIMOINE EN DANGER Intervention d'urgence CAS D’ÉTUDE Techniques de conservation
©ICOM
ÉDITORIAL
L
es réunions de juin 2015 ont été l’occasion pour un certain nombre d’entre nous d’échanger nos points de vue sur l’avenir de notre association. Ainsi, les groupes de travail organisés lors du Comité consultatif ont donné lieu à des discussions constructives, d’une part sur la refonte des statuts de l’ICOM, d’autre part sur la préparation du prochain plan stratégique et, enfin, sur une réflexion pour une nouvelle définition du musée. Ces sujets sont au cœur de nos débats actuels, mais n’oublions pas que le monde dans lequel nous vivons traverse une époque noire et nous appelle à réagir face aux drames humains et aux catastrophes naturelles. « [L]’homme moderne […] a quitté […] ce que Stefan Zweig nommera, au tournant du XXe siècle cette fois, ‘le monde de la sécurité’. Tout désormais nous apparaîtra étranger, inquiétant, hostile peut-être. »1 L’ICOM est présent avec le lancement d’une nouvelle version de la Liste rouge d’urgence des biens culturels irakiens en péril, le 1er juin 2015 au musée du Louvre, en présence de la directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova, de la ministre de la Culture et de la Communication, Fleur Pellerin, du président-directeur du Louvre, Jean-Luc Martinez, et du sous-secrétaire d’État à la diplomatie et aux affaires publiques du US Department of State, Richard Stengel. Devant une salle remplie de journalistes, le président de l’ICOM, Hans-Martin Hinz, a réaffirmé le rôle essentiel que joue notre association de professionnels des musées dans la lutte contre le trafic illicite. Le prochain lancement de cette liste en version allemande à Berlin et la préparation de celle qui concerne la Libye marquent la forte participation de l’ICOM, à un niveau international, sur ces sujets. L’ICOM est présent avec la coordination de deux missions d’urgence au Népal suite aux deux tremblements de terre dont le pays a été victime. Notre Groupe d’intervention de secours aux musées en cas de catastrophe (DRTF) a ainsi pu venir en aide aux collègues népalais avec la Smithsonian Institution, l’ICOMOS, l’ICCROM et l’UNESCO. L’ICOM est présent grâce à la mobilisation de tous, à la force d’un réseau actif et international. Par ailleurs, nous avons une pensée profondément émue pour notre collègue Manus Brinkman, ancien Secrétaire général de l’ICOM sous la présidence de Jacques Perot, qui est décédé le 4 juillet 2015. Son action déterminante à la direction du secrétariat a permis à notre association de prendre une pleine dimension internationale. Nous vous remercions tous et vous souhaitons une bonne lecture. Pr Dr Hans-Martin Hinz Président de l'ICOM
Pr Dr Anne-Catherine Robert-Hauglustaine Directrice générale de l'ICOM
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Actualités des musées Conférences, inaugurations…
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Cas d’étude
Une seconde vie pour Adam
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Focus
Recommandation pour les musées
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Dossier :
L’architecture des musées Créer du sens De l'Homme à l'univers De l’autre côté Relier passé et futur
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Patrimoine en danger
Coopération internationale au Népal
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Conférence générale ICOM Milan 2016
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Communauté de l’ICOM
Actualités des membres et comités de l’ICOM
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Publications En un mot Note 1 Jean Clair, De Humboldt à Hubble : le cosmos et l’art moderne, L’Échoppe, 2008, pp. 19-20, citation de Stefan Zweig, Le monde d’hier. Souvenirs d’un Européen, [1942], Paris, Belfond, 1982.
N°2 2015 | LES NOUVELLES DE L’ICOM
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ACTUALITÉS DES MUSÉES
L’âge de la participation Marie Bourke, conservatrice, responsable de l’éducation, National Gallery of Ireland ©COISCÉIM DANCE THEATRE
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e développement des pratiques objets à la vie en invitant le club des artistiques participatives dans seniors de l’église italienne Saintles musées du XXIe siècle est lié à Pierre, à Londres. Les participants la volonté des institutions de plaire ont joué aux cartes, organisé une davantage aux visiteurs, de contribuer tombola, chanté le « Chœur des au bien-être de leurs utilisateurs et de esclaves » de Verdi et pris part à une favoriser l’intégration sociale. Parmi séance de danse dans les galeries. toutes les questions qui ont émergé Les musées irlandais recourent eux durant la crise économique quant aussi à des pratiques artistiques au rôle des musées, une approche participatives pour impliquer de façon essentielle centrée sur le public s’est active les visiteurs dans l’observation fait jour, selon laquelle l’accès à la et les processus de création du culture ne se borne pas à l’exposition musée. Le programme de participation et à la mise en ligne des collections, du public de la National Gallery of pour permettre désormais au public de Ireland, à Dublin, élargit l’usage et la L’art de la performance de David Bolger, dansé par CoisCéim Dance s’impliquer dans des activités réelles. Theatre à la National Gallery of Ireland compréhension des collections qu’il La récession économique a entraîné en a. En 2015, par exemple, de jeunes participative ouverte à l’interprétation du public des changements dans les attentes des visiteurs, adultes ont pu réaliser leurs propres dessins à qui, grâce à la technologie de surveillance à changements qui ne sont qu’en partie liés à la partir de l’installation d’une nature morte dans les distance et la technique sur fond vert, donnait technologie ; on en vient à envisager l’expérience salles hollandaises, pour présenter ensuite leur accès à des chaises datant du XVIIIe siècle de de la culture sous un autre angle. Ce nouveau type travail dans un studio en ligne lors de la Journée façon aussi bien réelle que virtuelle. Dans le cadre nationale du dessin ; CoisCéim Dance Theatre de public cherche des expériences participatives de l’événement Shine a Light organisé au Portland plus gratifiantes, qui l’amènent à nouer des liens a guidé le public à travers le musée en utilisant Art Museum en collaboration avec le programme des thèmes liés aux œuvres d’art ; des lectures avec les collections et à leur attribuer ses propres de Master of Fine Arts spécialisé en pratique significations, à entrer plus directement en contact de poésie au sujet des peintures ont amené les sociale de la Portland State University, les artistes avec l’institution et, ce faisant, à découvrir sa visiteurs directement dans les galeries ; enfin, créent des programmes, des représentations, des propre créativité. Les musées qui ont pris acte de des dramaturges se sont inspirés des collections interventions ou encore des jeux qui remettent en cette évolution ont renforcé leur programmation pour écrire de courtes pièces de théâtre, qui ont intégrant les visiteurs, conscients que, pour faire question la fonction des musées. été représentées ensuite par une compagnie Ce type d’accueil est reproduit dans pleinement partie de la culture du XXIe siècle, il professionnelle devant des salles combles. les musées européens. Le Rijksmuseum, à leur faut chercher de nouveaux et de plus larges Comme c’est le cas pour de nombreux Amsterdam, élu Musée européen de l’année 2015, publics. La culture artistique participative des mouvements dans la sphère muséale, il y a loin s’est distingué par ses interventions stimulantes, musées est indissociable de cet esprit d’ouverture. de la théorie à la pratique quand on parle de son site Internet ultramoderne à l’intention des culture participative. La somme de travail à fournir, Par exemple, le Metropolitan Museum of Art de New York a gommé la frontière entre les arts visiteurs virtuels, ainsi que ses programmes une planification considérable tout comme un éducatifs visant à « toucher tous les enfants des visuels et les arts du spectacle en concevant des financement élevé, sans oublier la nécessaire expériences uniques qui replacent les objets dans Pays-Bas avant l’âge de 12 ans ». Les musées implication des institutions, de leur personnel leur contexte et voient les galeries comme des britanniques utilisent systématiquement leurs et des membres de la communauté, peuvent galeries comme des espaces participatifs pour espaces actifs, participatifs. Ces dernières années, constituer des freins importants. Néanmoins, un groupe de mariachis a invité les visiteurs à des activités artistiques et culturelles. L’exposition la multiplication de telles pratiques et des All of this Belongs to You (Tout ceci vous appartient) publications à ce sujet indiquent que les musées danser dans un patio espagnol du XVIe siècle et de cette année, au Victoria and Albert Museum une représentation du chorégraphe Shen Wei ont adopté la culture participative. Fidèles en cela de Londres, s’est servie du musée comme d’un faisait évoluer des musiciens entre les visiteurs à la mission de tous les musées qui est de faciliter laboratoire pour la vie publique. Un projet centré qui observaient des sculptures. Dès 2007, le J. l’accès à la culture, les pratiques artistiques sur des statues classiques de la galerie consacrée Paul Getty Museum, à Los Angeles, a collaboré participatives permettent aux visiteurs de se sentir avec l’artiste Nicole Cohen pour une exposition au Moyen Âge et à la Renaissance a ramené des enrichis culturellement à la fin de leur visite.
1945-1995-2015 :
Une mise en abîme photo-historique
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a Galerie 11/07/95 de Sarajevo a ouvert en 2012. Elle est consacrée à la mémoire des victimes du génocide de Srebrenica (1995). Le projet 1945-1995-2015 relie symboliquement le 20e anniversaire du génocide au 70e anniversaire de la Shoah. Ce lien est symbolisé par la photo éponyme prise en 2004 par Tarik Samarah et d’où le projet tire son nom : une mère de Srebrenica y est représentée, le dos tourné, et contemple la photo du dos d’Anne et Margot Frank. Ce projet ne s’inscrit
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LES NOUVELLES DE L’ICOM | N°2 2015
pas dans les halls d’exposition, mais s’intègre plutôt aux villes à travers toute l’Europe et même au-delà, via des installations, affiches et événements urbains (projections sur les façades des musées ou des bâtiments gouvernementaux). Il commémore ce double anniversaire en soulignant la répétition de l’histoire du mal. Les institutions qui souhaitent participer au projet d’ici la fin de l’année 2015 peuvent contacter la Galerie 11/07/95 : info@galerija110795.ba
Nominations © WHANGANUI REGIONAL MUSEUM
Événements
L'ICOM a publié une déclaration exprimant tout son soutien en faveur des bibliothèques et des archives en matière d'exceptions au droit d’auteur à des fins d’éducation et de recherche pour la communauté du patrimoine culturel. Depuis 2009, le Comité permanent du droit d’auteur et des droits connexes (SCCR) de l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) tient des réunions de Comités intergouvernementaux
Inaugurations
C’est le 25 juin 2015 qu’a eu lieu l’ouverture officielle du Museo Aimé Bonpland. Consacré à la vie et à l’œuvre de ce botaniste français (1773-1858), ce musée a ouvert ses portes à Santa María de Fe, dans le département de Misiones au Paraguay, où Bonpland fut retenu comme prisonnier politique de 1821 à 1830. Le gouverneur de Misiones, Derlis Maidana, a inauguré l’institution aux côtés de Damián García, l’intendant de Santa María de Fe, d’Erma del Puerto, la présidente du conseil municipal, et de Jean-Christophe Potton, l’ambassadeur français au Paraguay. Ce nouveau musée comprend un jardin botanique où sont cultivées des plantes rares, et travaille en partenariat avec le Museo Provincial de Ciencias Naturales Dr. Amado Bonpland de Corrientes en Argentine, et avec le Muséum d’histoire naturelle de La Rochelle, ville natale de Bonpland. Le Musée Frieder Burda à Baden-Baden, Allemagne (en photo ci-dessus) accueillera du 3 octobre 2015 au 24 janvier 2016 une exposition dédiée au photographe dusseldorfois Andreas Gursky (né en 1955 à Leipzig en Allemagne). Élaborée en étroite collaboration avec l’artiste, cette exposition donne un aperçu du « cosmos d’images »
d’Andreas Gursky et relie ses travaux emblématiques plus anciens à ses toutes dernières inventions d’images. Le Musée Frieder Burda a été inauguré en octobre 2004. Il est dédié à l’art moderne et contemporain et rassemble quelque 1 000 œuvres – sculptures, objets, travaux sur papier et, avant tout, peintures. Les galeries rectilignes et la lumière naturelle jouent un rôle clé dans les espaces intérieurs de ce bâtiment ayant reçu de nombreux prix d’architecture et conçu par l’architecte Richard Meier. ©FRIEDER BURDA
Eric Dorfman (en photo ci-dessus), Président du Comité international pour les musées et collections des sciences naturelles de l’ICOM (NATHIST), a été nommé directeur du Carnegie Museum of Natural History de Pittsburgh et prendra ses fonctions à partir du 31 août 2015. Il était depuis 2010 directeur du Whanganui Regional Museum et du Ward Observatory (Nouvelle-Zélande), cinq ans pendant lesquels les visites annuelles ont été multipliées par quatre. Le Carnegie Museum of Natural History a été instauré par Andrew Carnegie en 1896 et fait partie des musées de Carnegie de Pittsburgh. Son objectif est, d’une part, d’aider le public à mieux comprendre l’évolution, la conservation et la biodiversité et, d’autre part, de susciter chez les visiteurs de tous âges des passions pour la science, la nature et les différentes cultures, grâce à sa collection de plus de 22 millions d’objets et spécimens scientifiques.
portant sur la possibilité de créer un consensus international relatif aux exceptions au droit d’auteur aux fins indiquées ci-dessus. Cela fait deux ans que l'ICOM et son Comité des affaires juridiques participent à ces réunions, représentent les intérêts des musées et demandent à ce que ceux-ci bénéficient des mêmes exceptions que les bibliothèques et archives, car ils remplissent une mission et une fonction similaires. Les états membres débattront de ces questions de limites et exceptions durant l'assemblée générale de l'OMPI qui aura lieu du 5 au 14 octobre 2015.
Conférences
La 14e édition de The Best in Heritage, un panorama annuel réunissant des projets internationaux qui ont été récompensés dans les domaines des musées, du patrimoine et de la conservation, se tiendra du 24 au 26 septembre 2015 à Dubrovnik en Croatie. Lors de la conférence, les 28 lauréats présenteront leur projet, leurs pratiques et approches managériales et professionnelles innovantes, ainsi que les tendances actuelles en matière de patrimoine culturel. Cet événement majeur dans l’agenda international du monde muséal est organisé en partenariat avec Europa Nostra et sous le mécénat du fonds de dotation de l’ICOM. La publication de conférence et les vidéos de présentation des lauréats sont disponibles sur le site Internet de la conférence : http://www. thebestinheritage.com. n
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ÉTUDE DE CAS TECHNIQUES DE CONSERVATION
Une seconde vie pour Adam Adam, la sculpture de Tullio Lombardo est de nouveau exposée au Metropolitan Museum of Art après un projet de conservation qui a duré douze ans Carolyn Riccardelli et Jack Soultanian, restaurateurs, Département de la conservation des objets, Metropolitan Museum of Art (MMA) ; Michael Morris, restaurateur indépendant dans les domaines de la sculpture et de l’architecture ; Lawrence Becker, conservateur en chef, Département de la conservation des objets, MMA ; George Wheeler, directeur de la conservation, Programme de la préservation historique, Université de Columbia ; et Ronald Street, directeur, service de la 3D, Moulages et prototypes ; Développement des produits et Planification, MMA
©De gauche à droite : le Metropolitan Museum of Art, Ronald Street ; le Metropolitan Museum of Art, Carolyn Riccardelli ; le Metropolitan Museum of Art, Studio de photographie /Joseph Coscia, Jr.
De gauche à droite : Modèle virtuel assemblé utilisé pour l’analyse par éléments finis ; fragments soutenus par l’armature externe ; la statue Adam de Tullio Lombardo après le traitement, le Metropolitan Museum of Art, Fonds Fletcher, 1936 (36.163)
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epuis la fin de l’année dernière, la sculpture en marbre Adam de Tullio Lombardo (v. 1455-1532) est de nouveau visible au Metropolitan Museum of Art, après un projet de restauration sans précédent rendu nécessaire par un accident tragique survenu en 2002. C’est le premier nu en marbre grandeur nature à avoir été réalisé depuis l’Antiquité et la plus importante sculpture de la Renaissance italienne conservée en Amérique du Nord. Tullio a réalisé cette pièce au début des années 1490 pour le tombeau monumental du doge Andrea Vendramin, situé à présent dans la basilique de Santi Giovanni e Paolo, à Venise, et c’est la seule sculpture signée de ce monument emblématique. Le soir du 6 octobre 2002, le piédestal qui soutenait la statue s’effondra dans le patio de
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LES NOUVELLES DE L’ICOM | N°2 2015
Vélez Blanco du musée. La sculpture, présente dans la collection permanente du Met depuis 1936, fut gravement endommagée. Une fois passés le choc initial et la désolation causés par cet accident, le musée s’engagea à mettre en œuvre un programme de restauration qui recréerait, autant que possible, l’apparence originale de la statue. Le Met, connu pour l’ampleur de ses ressources en matière de conservationrestauration et de recherche scientifique, fut capable d’entreprendre ce projet exceptionnel en rassemblant une équipe de conservateurs-restaurateurs hautement qualifiés, de scientifiques spécialisés dans la conservation et d’experts en imagerie, soutenue par des experts en matériaux et des ingénieurs venus de l’extérieur. Cette collaboration a abouti non
seulement à une magnifique restauration, mais aussi à d’importants progrès dans le domaine de la conservation des sculptures.1
L’innovation née d’une catastrophe En tombant, Adam se brisa en vingt-huit gros morceaux et des centaines de fragments plus petits. Fort heureusement, la tête, le visage et le torse furent relativement épargnés. Les bras, qui reçurent l’essentiel du choc, la partie inférieure des jambes et le tronc d’arbre décoratif subirent les dommages les plus importants. Dès le début, il fut évident que le traitement de la statue donnerait lieu à une tâche considérable, qui présentait une série de défis hors du commun sans que l’on puisse s’appuyer réellement sur des pratiques passées. Les conservateurs-restaurateurs devaient trouver une méthode limitant la
manipulation de la sculpture et permettant de Par le passé, le réassemblage d’une sculpplacer les fragments de façon précise sans ture de grandes dimensions reposait sur l’usage éroder les lignes de fracture récentes et fragiles. de nombreux goujons métalliques, fixées par L’importance de l’œuvre justifiait l’évaluation des adhésifs faibles tels que du plâtre, du plomb critique des produits adhésifs et goujonnages ou des résines naturelles. Même avec l’emploi utilisés traditionnellement par les restaurateurs récent d’adhésifs structurels comme l’époxy, le et la recherche d’approches moins invasives et recours aux goujons demeure la pratique la plus plus réversibles. courante. Si elles s’avèrent efficaces de façon Les recherches commencèrent en 2003 générale en termes structurels, ces méthodes par le scannage au laser en trois dimensions sont considérées par un nombre croissant des plus gros fragments. Les données ainsi de conservateurs-restaurateurs comme trop obtenues menèrent à plusieurs pistes d’étude agressives et susceptibles d’endommager la parmi lesquelles une analyse par éléments finis pierre autour en cas de pression future sur le (Finite Element Analysis - FEA), une technique joint. Par conséquent, la phase suivante de la d’ingénierie informatisée qui permet de révéler recherche visait à trouver un matériau de fixation la distribution des forces, tensions et pressions compatible avec le marbre et approprié au traitedans une structure tout en prenant en considéra- ment d’Adam. Après avoir évalué les résultats de leur tion les caractéristiques matérielles du support. Sur la base des résultats de l’analyse, des recherche, les conservateurs-restaurateurs recherches très poussées et des tests jamais optèrent pour un protocole de conservation encore réalisés sur des matériaux de conserva- concernant les matériaux afin d’assembler la tion furent effectués en collaboration avec les sculpture. Pour le produit adhésif, ils choisiuniversités de Columbia et Princeton, afin de rent un mélange de Paraloïd B-72 et B-48, déterminer les types d’adhésifs et de fixatifs les des résines acryliques utilisées fréquemment plus adaptés pour le traitement. L’équipe visait dans la conservation mais qui, jusqu’à présent, avant tout une intern’avaient pas été testées de façon systématique vention minimale, une Le traitement de la statue a comme adhésifs strucréversibilité ou « retraitaconstitué une tâche considérable, bilité » et la découverte turels. Ce mélange de moyens permettant présentant une série de défis hors a permis des joints du commun sans que l’on puisse très fins et d’une force d’assurer des joints s’appuyer réellement sur des très serrés entre les comparable à celle du fragments. La recherche marbre. Pour le matériau pratiques passées passée sur la réparation de fixation, c’est la fibre de grandes sculptures concernait principale- de verre qui a été retenue car elle a une rigidité ment le traitement de sculptures antiques, qui comparable au marbre, et les tests ont prouvé présente souvent de gros interstices entre les qu’elle ne causerait pas de dommages dans joints en raison de la dégradation des surfaces l’éventualité de chocs. Des études supplémende fracture due à un séjour prolongé sous taires sur les éléments finis ont déterminé que terre, ainsi qu’aux tentatives de restauration trois points de fixation suffisaient à l’assemblage antérieures. Des techniques de réassemblage final de la sculpture. ont été développées pour combler ces vides, avec le recours à des colles structurelles telles Repenser les techniques que des résines époxy et polyester. Or, la statue Le traitement novateur de la sculpture Adam endommagée Adam avait des joints très serrés, s’est donc opéré, avec un recours important à ce qui obligeait les conservateurs-restaurateurs des maquettes et à des études empiriques destià reconsidérer ces techniques bien établies. nées à minimiser la manipulation des fragiles L’équipe a commencé sa recherche par l’étude surfaces de fracture. Les cassures récentes de plusieurs adhésifs dans le but de trouver sur le marbre de Carrare posaient plusieurs un système suffisamment fort et stable pour problèmes aux conservateurs-restaurateurs, les supporter les forces présentes dans la sculpture obligeant à se démarquer des techniques tradisans déplacer les joints. tionnelles de conservation et de restauration en Notes 1 Carolyn Riccardelli, Jack Soultanian, Michael Morris, Lawrence Becker, George Wheeler et Ronald Street, « The Treatment of Tullio Lombardo’s Adam: A New Approach to the Conservation of Monumental Marble Sculpture », Metropolitan Museum Journal, vol. 49, 2014. Version PDF téléchargeable gratuitement à l’adresse : http://www.metmuseum.org/research/metpublications/The_Treatment_of_Adam_Metropolitan_Museum_Journal_v_49_2014 2 L'article paru dans le Metropolitan Museum Journal, ainsi que des vidéos que l’on peut consulter sur le site Internet du Met résument toute la recherche, les techniques employées pour percer et fixer et la façon dont l'armature a été conçue, construite puis utilisée : http://www.metmuseum.org/exhibitions/listings/2014/tullio-lombardo-adam
matière de sculpture. Ils élaborèrent par exemple une armature externe suffisamment solide pour supporter la sculpture assemblée sans adhésif. L’armature non seulement soutint la sculpture durant l’assemblage, mais servit également à fixer les fragments une fois l’adhésif appliqué.2 Le travail structurel effectué, la sculpture fut soigneusement nettoyée pour ôter la saleté accumulée au fil des années, une procédure rendue compliquée par le fait qu’elle avait été enduite de graisses animales. Ces graisses, principalement du suif d’après les analyses, qui ne sont pas facilement solubles, avaient pénétré le marbre et avaient été absorbées différemment selon les endroits, ce qui donnait une teinte jaunâtre inégale à l’ensemble. Pour nettoyer la surface, une méthode presque à sec fut utilisée : des gommes en vinyle légèrement humectées avec de la salive. Cette méthode fut considérée comme étant la plus contrôlable et, à la suite d’un nettoyage sélectif, une teinte uniforme fut obtenue. La réfection des éléments manquants du marbre put à ce stade être envisagée ; il s’agissait d’intégrer au plus près les remplissages à la pierre. On choisit à cette fin le Paraloïd B-72 renforcé par un mélange d’alumines et éventuellement de pigment sec, permettant de créer une couleur de base pour le marbre. Après avoir donné forme aux remplissages, ceux-ci furent légèrement mis au ton à l’aide de pigments secs et d’acétate de polyvinyle. En novembre 2014, Adam fut présenté de nouveau au public dans le cadre de l’installation inaugurale Tullio Lombardo’s Adam: A Masterpiece Restored, dans la nouvelle galerie de sculptures vénitiennes du Met. La statue en ronde-bosse fut exposée seule avec la possibilité de tourner autour, accompagnée par un compte-rendu détaillé de sa restauration sur des écrans digitaux. À la fin de cette exposition, elle fut placée dans une niche inspirée de son emplacement original sur le monument de Vendramin selon la conception initiale. L’équipe de conservateurs-restaurateurs continue à relater l’histoire d’Adam et prépare actuellement un ouvrage sur cette restauration qui cherche à rendre compte de toute l’étendue de la recherche et du traitement. L’énorme défi qui consistait à réassembler et réintégrer les fragments de la statue a désormais été relevé. Les connaissances acquises grâce à ce projet novateur vont contribuer à former les conservateurs-restaurateurs pendant de nombreuses années. n N°2 2015 | LES NOUVELLES DE L’ICOM
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FOCUS RECOMMANDATION SUR LES MUSÉES
Faire résonner la voix des musées Le projet de Recommandation concernant la protection et la promotion des musées et des collections, de leur diversité et de leur rôle dans la société François Mairesse, professeur à l’Université de Paris 3 – Sorbonne Nouvelle et président du Comité international de l’ICOM pour la muséologie (ICOFOM) ©IBRAM/ LEONARDO ERVILHA
La première réunion d’experts de l’UNESCO pour discuter du besoin d’un instrument normatif pour la protection et la promotion des musées et des collections, Rio de Janeiro, 11-13 juillet 2012
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es 27 et 28 mai derniers se tenait à Paris, au siège de l’UNESCO, une réunion intergouvernementale d’experts en vue d’amender un projet de Recommandation sur la protection et la promotion des musées et des collections, de leur diversité et de leur rôle dans la société, rédigé par l’ICOM à la demande de l’UNESCO. Le rapport que cette réunion a publié constitue l’avant-dernière étape d’un processus initié quatre ans plus tôt, qui sera soumis à la 38 e session de la Conférence générale de l’UNESCO, en novembre 2015. Il existe de nombreuses conventions et recommandations influençant la vie des musées – sur la protection des biens culturels en cas de conflit armé (1954), sur les mesures à prendre pour interdire et empêcher l’importation, 6
LES NOUVELLES DE L’ICOM | N°2 2015
l’exportation et le transfert de propriété illicites des biens culturels (1970) ou sur la protection du patrimoine immatériel (2003) – mais rares sont les textes produits par l’UNESCO qui traitent spécifiquement du musée. La dernière recommandation liée à ce sujet remonte à plus d’un demi-siècle et concernait un aspect en particulier : les moyens les plus efficaces de rendre les musées accessibles à tous (1960). Le projet prend forme C’est en 2011, lors de la 36e session de la Conférence générale de l’UNESCO, qu’est soumise par le Brésil une proposition de résolution sur la protection et la promotion des musées et des collections. Un an plus tard est ainsi organisée une première réunion
d’experts à Rio de Janeiro, afin de débattre de la nécessité d’un instrument normatif international relatif à cette question. Le Brésil est en effet soucieux de protéger et de développer le réseau muséal, mais également les collections d’objets ne se revendiquant pas comme muséales et méritant une protection similaire. Deux rapports viennent compléter le bilan de cette première réflexion, le premier, de nature juridique, rédigé par Patrick J. O’Keefe sur les aspects juridiques et techniques, le second, rédigé par moi-même, sur les aspects muséaux. La nature des échanges des experts, lors de la réunion de Rio, de même que les deux rapports, conduisent à privilégier la rédaction d’une recommandation sur les musées plutôt qu’une convention jugée à
Note 1 Le projet de recommandation est consultable sur le site de l’UNESCO à l’adresse suivante : http://www.unesco.org/new/fr/culture/themes/museums/recommendation-on-the-protection-and-promotion-of-museums-and-collections
sont évoqués comme autant de facteurs influençant l’avenir des musées. Les États membres sont appelés, dans ce contexte, à protéger et à promouvoir le réseau muséal dont ils ont la charge, mais aussi à inciter le travail collaboratif et participatif entre les musées et avec les communautés, et à développer de manière professionnelle (notamment par la formation professionnelle) et harmonieuse (notamment en termes de financements) le fonctionnement de leurs institutions. Le texte sur lequel la Conférence générale de l’UNESCO sera amenée à se prononcer en novembre ne constituera certes pas un document révolutionnaire pour nombre de professionnels déjà largement investis dans le secteur : les fonctions et les enjeux rappelés ne sont pas particulièrement nouveaux dans certaines régions du globe. Pour autant, si l’on se place à un niveau global, ce texte constitue une étape considérable, tant pour la consolidation du réseau muséal mondial que pour nombre de régions où le phénomène muséal n’est pas encore développé de manière suffisamment professionnelle. On sait les tiraillements financiers et les difficultés qui conduisent parfois nombre de musées, même dans les régions les plus favorisées, à privilégier l’événementiel sur la recherche ou la préservation des collections. On peut espérer que cet instrument rappelle aux États leur rôle premier en matière de promotion et de protection de leurs musées et de leurs collections, leur rappelle également le rôle que les musées jouent en faveur des publics et, de manière plus générale, du développement des connaissances et du patrimoine de l’humanité, et pas uniquement celui qui bénéficie à l’économie marchande. n © UNESCO
la fois trop contraignante et d’une nécessité la communauté internationale. La règle des questionnable. C’est dans cette perspective compromis et des consensus, si elle apparaît que la 37e Conférence générale de l’UNESCO comme prépondérante pour l’harmonie a approuvé en 2013 la proposition de discuter politique, aboutit également à des résultats d’un projet de recommandation sur cette analysables à l’aune de la grande diversité du paysage muséal et de son évolution dans les question. Dès le départ, l’ICOM a été associé à la différentes parties du monde. réflexion menée par l’UNESCO, tant au niveau de son secrétariat général que du réseau qui Un texte à vocation multiple le constitue. C’est dans cette même perspec- Cet exercice de haute voltige diplomatique, tive qu’il a été demandé à l’ICOM de rédiger le dont le résultat sera présenté en novembre à la Conférence générale projet de recommandade l’UNESCO, constitue tion qui serait soumis Ce texte constitue une un document majeur à la réunion intergouétape considérable, tant pour le monde des vernementale d’experts. pour la consolidation du musées, notamment Dans des délais relativement courts, ne disposant réseau muséal mondial que pour ce qui concerne la pour nombre de régions place de l’ICOM dans le que de quelques mois, le où le phénomène muséal monde.1 Comme cela a secrétariat s’est mobilisé de manière intense – n’est pas encore développé été souligné précédemFrance Desmarais et ment, il s’agit d’une part, de manière suffisamment Raphaël Roig, épaulés du premier instrument qui professionnelle par A nne - Catherine serait voté par l’UNESCO Robert-Hauglustaine – pour préparer un et présenterait de manière globale le rôle des premier texte à la rédaction duquel j’ai été étroit- musées dans le monde et les enjeux qui leur ement associé, et solliciter l’expertise de notre sont liés et d’autre part, du rôle de l’ICOM en tant communauté muséale afin d’en améliorer la que représentant de la communauté muséale structure et le contenu. Cet exercice de rédac- mondiale qui ressort très largement renforcé tion a bien entendu été mené en parfaite par le projet de recommandation : la définition collaboration avec le Secteur de la culture de du musée qui y est présentée est celle qui a été l’UNESCO et ses experts. Après de nombreux élaborée par l’ICOM (en 2007) et le Code de allers-retours qui ont permis de peaufiner le texte déontologie de l’ICOM y est évoqué comme et une première réaction des États membres et l’une des références principales en matière de la prise en compte des remarques des experts bonnes pratiques professionnelles de protecnationaux, il a été possible de présenter le projet tion et pour la promotion des musées. de recommandation soumis à la réunion du De manière plus générale, les fonctions mois de mai. du musée en matière de préservation du Un certain nombre de différences impor- patrimoine, de recherche et de commutantes existent entre la dernière version du nication (et notamment d’éducation) sont texte présentée à l’UNESCO par l’ICOM, réaffirmées, tandis que l’inventaire des collecaprès consultation de son réseau, et celle qui tions est souligné comme étant essentiel. a été débattue, puis approuvée de manière Bien entendu, ce sont les enjeux actuels du consensuelle par les représentants des États musée qui sont placés au cœur de la recommembres réunis au mois de mai 2015, à Paris. mandation : la mondialisation, les relations La notion de collection a ainsi été réintégrée – parfois ambiguës – des musées avec dans le titre du projet de recommandation et l’économie et la qualité de vie des régions de nombreux paragraphes ont été modifiés, dans lesquelles ils se situent, les développeintégrés ou supprimés par les participants ments des technologies de l’information et de lors des deux jours de séances de travail. Tel la communication, mais aussi le rôle social des est le jeu complexe des organisations interna- musées (la Déclaration de Santiago du Chili y tionales, réfléchissant par voie consensuelle à est rappelée). Toutes ces questions constituent la prise en compte des avis de l’ensemble de des enjeux particulièrement importants qui y
Plus de 160 experts, représentant 70 états membres et 20 organisations venues en tant qu’observateurs, ont participé à la réunion intergouvernementale d'experts le 27 et 28 mai 2015 à l'UNESCO, Paris
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DOSSIER L’ARCHITECTURE DES MUSÉES
Créer du sens L’influence de l’architecture sur notre perception des musées Kali Tzortzi, maître de conférences en muséologie à l’université de Patras, chargée d’enseignement en master de muséologie à l’université d’Athènes et en master de gestion des unités culturelles à l’Université ouverte hellénique, Grèce
©SMB/DAVID CHIPPERFIELD ARCHITECTS. PHOTO UTE ZSCHARNT
Intérieur du Neues Museum, Berlin, Allemagne
A
utrefois facilement identifiables, les musées sont aujourd’hui méconnaissables : d’une grande diversité, ils sont devenus des champs d’expérimentation architecturale qui s’intègrent à la ville qui les entoure et où l’implication du visiteur est devenue essentielle. Quel est alors le lien entre l’architecture du bâtiment et les collections qu’il abrite ? Et comment cette architecture influe-t-elle sur notre expérience des musées ? Car il n’est pas seulement question de l’esthétique du bâtiment, mais aussi de l’organisation de l’espace : des liens entre les galeries, qui déterminent l’exploration que nous en faisons ; entre les objets, qui 8
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en modifient notre perception, et entre les visiteurs, qui changent notre conscience de ceux qui nous entourent. La conception du musée utilise tous ces éléments pour créer du sens et compléter « les informations explicites et rationnelles livrées par le contenu exposé », comme l’écrit Andrea Witcomb.1 Donner de nouveaux sens aux collections Lors de sa récente rénovation, l’Ashmolean Museum de l’université d’Oxford (Royaume-Uni) s’est vu doté d’un nouveau bâtiment conçu par Rick Mather. Son but : étudier comment le public pouvait être amené à regarder les collections sous un autre angle.
Le nouveau thème, À travers les cultures et à travers le temps d’exposition s’opposent des panoramas extérieurs toujours plus (« Crossing Cultures, Crossing Times »), vise à mettre en valeur, larges, orientés à la fois vers les parties contemporaines d’Athènes non pas les différences, mais les influences et les liens culturels, et vers la cité antique. Un site archéologique a également été intégré grâce aux interactions entre l’espace et les objets exposés. Si les aux fondations et peut être admiré depuis tous les niveaux. Enfin, salles restent pour la plupart consacrées à une époque ou à une visible depuis la galerie vitrée supérieure, le Parthénon constitue civilisation particulière, l’agencement met l’accent sur les relations la pièce phare du musée. Cette expérience visuelle, la structure entre les cultures à travers le temps et l’espace, de par l’articulation du bâtiment et l’emplacement des objets sont autant de facteurs entre l’ancien et le nouveau bâtiment et les perspectives et points qui permettent de donner aux visiteurs l’impression de déambuler de vue ouverts offerts par les murs de verre et les balustrades. Les sur l’Acropole, d’escalader la colline, d’errer à l’air libre au milieu visiteurs, devenus lecteurs actifs, peuvent découvrir les points de des statues ou de se promener autour du Parthénon. La vue est contact et d’échange de marchandises et de matières premières, expérience physique, le présent offre une perception de l’histoire. mais aussi de savoir-faire, de techniques et de concepts. L’Acropole se révèle aux visiteurs dans toute sa dimension spatiale, Au Laténium de Neuchâtel (Suisse), les visiteurs sont amenés et non plus uniquement temporelle. à ressentir « l’espace du temps » à travers l’organisation et la forme Dans tous ces exemples, l’architecture joue un rôle performatif physiques du musée. Tels des archéologues, ils remontent le temps via l’agencement de l’espace et des objets, entre autres. Au Neues couche par couche et traversent la salle consacrée au Moyen Âge, Museum de Berlin, la forme du bâtiment influe même sur l’effet avec son plancher légèrement incliné et ses galeries verticales, émotionnel du musée. Dans cette bâtisse rénovée par l’architecte pour arriver à la Préhistoire. C’est grâce à David Chipperfield, le passé se manifeste la liaison entre les niveaux et les galeries, par le biais des collections, d’une part, Aujourd’hui, le rôle du qui crée une zone ouverte et une continuité mais aussi par la création d’une « pluralité musée, les concepts de la visuelle, que les visiteurs peuvent regarder muséologie et les approches de temporalités ». Les strates historiques les expositions selon différents points de vue qui marquent la structure (les peintures et du conservateur évoluent. historiques, percevoir l’enchaînement des L’architecture accompagne fresques murales d’origine, partiellement événements et la relativité des séparations refaites, et les traces de la Seconde Guerre ces transformations chronologiques, en se rappelant que le mondiale) sont apparentes. passé ne nous apparaît que sous un éclairage actuel. Selon l’architecte Daniel Libeskind, l’architecture du Musée juif Contribuer à la dimension sociale des musées de Berlin (Allemagne) avait pour objectif d’évoquer les souvenirs de Mais l’architecture des musées ne se limite pas à donner aux la ville. Son aménagement inhabituel ne cherche pas à suggérer visiteurs de nouvelles perceptions. À l’image des villes, elle peut « une façon unique de comprendre le bâtiment », ni à créer du aussi rassembler les individus, donner un aspect social plus sens par les déplacements des visiteurs. Non, ici, les événements important aux musées. Ainsi, Herzog et de Meuron, les architectes historiques les plus notables sont concentrés à l’extrémité des trois de la Tate Modern de Londres, ont décidé de faire de l’espace axes, dans des lieux sans issue, tels le jardin de l’Exil ou la tour de principal du Turbine Hall un lieu public : cette zone, mieux reliée à la l’Holocauste. Le résultat ? Des expériences spatiales imprévisibles ville qu'aux salles du musée, est restée complètement vide. Conçue et percutantes. comme une « rue couverte » par le directeur du musée, Nicholas Il est de plus en plus fréquent d’intégrer la perception visuelle Serota, cette place est perçue comme un symbole d’accessibilité de la cité elle-même à la visite du musée. Au Museum aan Stroom et d’invitation au musée contemporain. (MAS) d’Anvers (Belgique), par exemple, les collections sont La Pinakothek der Moderne de Munich propose une autre disposées dans des galeries sur plusieurs niveaux, selon divers interprétation de cet espace de sociabilité au sein du musée. Sa thèmes en rapport avec l’histoire de la ville. Les étages sont séparés rotonde laisse passer la lumière extérieure et dessert chaque partie par des couloirs de circulation vitrés qui forment une route reliant du bâtiment, tout en créant des perspectives entre les galeries et d’un trait l’entrée et l’étage supérieur, le Boulevard du MAS. Conçu avec l’extérieur. Elle constitue une zone d’unité visuelle dans le pour favoriser l’exploration verticale de la ville, ce musée offre aux musée et un lieu où les visiteurs se croisent et se rencontrent. visiteurs des perspectives variées sur Anvers, chaque point de vue Aujourd’hui, le rôle du musée, les concepts de la muséologie pivotant de 90° par rapport au précédent. Arrivés au sommet, les et les approches du conservateur évoluent. L’architecture visiteurs peuvent admirer un panorama à 360° sur la cité. accompagne ces transformations. De nouvelles possibilités apparaissent. Le sens du musée n’est plus défini uniquement par ses collections, mais aussi par son architecture, qui laisse place Concevoir des expériences physiques Au nouveau musée de l’Acropole d’Athènes (Grèce), cette à une narration ouverte et met en valeur la dimension sociale du relation visuelle avec la ville prend non seulement une dimension musée. La visite gagne en intensité, l’impression de découverte symbolique, mais sert également de cadre intellectuel aux ressentie par les visiteurs devient une scène où différentes collections. Aux perspectives réduites entre chaque lieu interprétations, traditionnelles comme inédites, peuvent émerger. n Note 1 Andrea Witcomb. « The materiality of virtual technologies : A new approach to thinking about the impact of multimedia in museums ». In : F. Cameron and S. Kenderline. Theorizing Digital Cultural Heritage. A Critical Discourse, Cambridge, MIT Press, 2010, pp. 35-48.
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DOSSIER L’ARCHITECTURE DES MUSÉES
De l’Homme à l’univers
Rencontres élémentaires au Musée des Confluences Sara Heft, Chargée de publications, Secrétariat général de l’ICOM © QUENTIN LAFONT/MUSÉE DES CONFLUENCES, LYON, FRANCE, 2014
Le Musée des Confluences, Lyon, France
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ur cette fine bande de terre au confluent lyonnais de la Saône et du Rhône se trouve un assemblage de verre et de métal, scintillant tel un mirage : le Musée des Confluences, inauguré en décembre 2014, a redonné vie à une ancienne zone industrielle, en déclin depuis quelques années. Ce bâtiment à la silhouette déconstruite typique – de par son exceptionnalité même – de Coop Himmelb(l)au, le cabinet d’architecte viennois chargé du projet, accueille une large collection de plus de 2,2 millions d’objets et spécimens scientifiques et artistiques. Les expositions permanentes décrivent et présentent la question des origines et du destin de l’humanité, la diversité de ses cultures et civilisations, mais aussi la place de l’Homo sapiens dans la chaîne du vivant. L’histoire du musée commence au XVIIe siècle avec l’un des cabinets de curiosités les plus réputés de Lyon. Les différentes pièces qui forment actuellement sa collection furent rassemblées par diverses institutions au fil des siècles, avant d’être réunies dans le Musée Guimet d’histoire naturelle, fermé en 2007. Nommé en hommage au collectionneur 10
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lyonnais Émile Guimet (1836-1918), ce musée intégrait à la fois la collection d’art asiatique de cet industriel et les collections du muséum d’histoire naturelle de la ville. Par la suite s’y sont ajoutées celles du musée des religions (établi en 1879), du musée colonial de Lyon (établi en 1927) et les collections internationales (datant du XIXe siècle) des missions catholiques de l’Œuvre de la Propagation de la Foi. Les non-initiés pourraient croire, à en juger par l’esthétique toute contemporaine du bâtiment, que le Musée des Confluences ne s’inscrit nullement dans le passé, ou que sa forme prend le pas sur son contenu et même sur ses fonctions. Il n’en est rien, car sa portée historique, culturelle et scientifique, que cette structure peut seule cristalliser, est considérable. Selon sa directrice, Hélène Lafont-Couturier, le musée est « sans équivalent et sans pareil », à la croisée des sciences naturelles et humaines et des techniques. La nature en exergue Construit entre 2010 et 2014 sur une surface totale de 46 000 m², le bâtiment conçu par Coop Himmelb(l)au permet au public d’admirer les cieux, particularité qui a toujours été chère à l’agence depuis sa création
en 1968. Son nom est d’ailleurs un jeu de mots entre himmelblau, personnel, notamment grâce aux trois monte-charges qui relient « bleu-ciel » en allemand, et bau, « bâtiment ». Les visiteurs pénètrent le Socle aux galeries et permettent de déplacer les œuvres pour les dans le musée par le Cristal, une verrière de 1 900 m² et 33 m de haut, expositions. Mais, surtout, c’est la facilité avec laquelle les visiteurs se avec en son centre le Puits de Gravité, une cheminée transparente meuvent dans l’espace, l’aisance dont ils font preuve en admirant les servant de support central à la structure d’acier. « Cet espace est collections et les perspectives, qui l’ont marquée : « Le public reste spectaculaire, et, en même temps, excessivement épuré, affirme la longtemps dans le musée. Le temps de visite est long, d’environ deux directrice. C’est un lieu très accueillant, les gens n’ont aucun mal à y heures, y compris pour les petits, qui souvent n’ont pas envie de partir rentrer. » Des escalators et passerelles d’accès s’enroulent autour quand leurs parents leur disent qu’il faut rentrer. » du Puits et entraînent l’œil et le corps vers le ciel et les 10 900 m² du Les collections sont composées d’éléments d’une grande diversité : Nuage. Cet espace est composé, sur deux niveaux, de boîtes noires c’est pourquoi les comités scientifiques réunis pour concevoir les où se trouvent les salles des expositions permanentes et temporaires. expositions incluaient des experts interdisciplinaires (des historiens de la Pour la directrice, « c’est le cœur du musée, un lieu qui mêle le savoir religion, un géographe, un astrophysicien, un philosophe…). Les divers et une forme d’émerveillement. » Le troisième niveau est occupé par horizons dont ils sont issus permettent d’obtenir des regards croisés l’administration avec, au sommet, un café et une terrasse avec vue qui sont la base même des expositions. Pour autant, celles-ci doivent panoramique sur le confluent et la ville. conserver un discours compréhensible, insiste Les 6 000 tonnes du Nuage reposent Mme Lafont-Couturier : « Nous avons voulu une Un dialogue permanent sur le Socle, une base en béton conçue sur écriture simple et généreuse envers le public. » anime les galeries et les deux niveaux semi-enterrés. Ses 8 700 m² Le musée a été conçu pour une accessibilité allées, depuis l’entrée et sont consacrés aux espaces techniques (et maximale. En effet, dans les galeries, « vous jusqu’au confluent notamment aux réserves), aux auditoriums êtes proche des objets ; beaucoup ne sont et aux lieux de réception. Et sa fonction est pas sous vitrine, et on peut même en toucher double, car c’est également une zone piétonne qui longe le musée (ou certains », comme une pierre de Lune ou un fragment de météorite. le traverse pour visiter le bâtiment sans voir les expositions) et relie le La circulation au sein du bâtiment, l’attention portée aux visiteurs, la Cristal à une place située dans l’ombre du Nuage. Celui-ci est porté proximité entre le public et les objets exposés ou encore la façon claire par 14 poteaux monumentaux et trois piles qui forment ses 17 appuis. et bien pensée avec laquelle ils sont exposés sont autant d’éléments Dans cet espace extérieur protégé se trouve un bassin d’eau miroitant, servant à créer un dialogue permanent qui anime les galeries et les qui reflète la surface métallique de la construction voisine. Un paysage allées, depuis l’entrée et jusqu’au confluent. « Pour nous, ce qui est de rampes et de plans inclinés mène jusqu’au jardin, à la pointe de la frappant, c’est de traverser le musée avec nos badges. Les visiteurs confluence. Les visiteurs et habitants de Lyon en quête d’un lieu calme nous interrompent, ils viennent assez facilement nous faire part de peuvent venir se promener à pied, en vélo ou en skateboard le long leur avis ou nous poser une question. Nous nous attendions à certains des rives. Nature, culture et loisir s’y mêlent sans distinction. Au-delà du de ces comportements, mais nous assistons à d’autres situations musée, un superbe coin de ville autrefois hors de portée des Lyonnais auxquelles nous n’avions pas pensé et qui nous ravissent. Par exemple, est désormais accessible. Selon Wolf D. Prix, co-fondateur et designer dans Éternités, visions de l'au-delà (NDLR : une exposition du parcours principal de Coop Himmelb(l)au : « Notre concept reposait sur l’idée permanent dédiée à la place de la mort et des rites funéraires dans de construire un musée qui n’entrave pas l’accès à la nature, mais qui différentes civilisations), la salle avec ce squelette de femme surmonté constitue un passage des éléments bâtis vers la nature. Le principe de d’un miroir, nous nous sommes rendu compte que le public s’installait fluidité est au cœur de notre démarche. » de part et d’autre du corps et échangeait sur la mort, les rites funéraires. C’est pourquoi nous avons mis des banquettes. » Savoirs et dialogues en mouvement Au Musée des Confluences, ce ne sont pas les histoires et Et les visiteurs sont aussi incités à déambuler au sein du bâtiment. identités qui manquent : à la fois espace civique, temple du savoir, Semblables à des avenues, de vastes allées centrales séparent les cache au trésor et lieu de sortie, cette institution est un exemple galeries, permettant au public de réfléchir un peu plus longtemps marquant de la façon dont les musées du XXIe siècle peuvent aux savoirs acquis ou redécouverts grâce aux expositions. Pour jouer bien des rôles auprès des visiteurs de tous horizons. De plus, Wolf D. Prix, enrichissement intellectuel est synonyme de marche, elle illustre à merveille la manière dont l’architecture transforme nous dit la directrice. « Et je partage totalement sa vision. » Malgré complètement le principe même de la visite. Durant cette première tout, elle reconnaît que tout le monde n’apprécie pas la construction : année, conclut Mme Lafont-Couturier, « le public a adopté le « L’architecture vous interpelle. Vous aimez, vous n’aimez pas, peu musée », avec un enthousiasme aussi marquant que cette façon importe. Elle ne vous laisse pas indifférent. » Le musée n’en reste qu’ont les angles et courbes du bâtiment de se mêler au paysage pas moins incroyablement pratique, à la fois pour les visiteurs et le urbain et naturel. n N°2 2015 | LES NOUVELLES DE L’ICOM
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DOSSIER L’ARCHITECTURE DES MUSÉES
De l’autre côté
L’architecture invisible des musées brésiliens Marina Byrro Ribeiro, architecte, spécialiste de la conservation et de la restauration des bâtiments historiques, doctorante en architecture et urbanisme à l’Université fédérale Fluminense, Niterói, Brésil ‘Lançamento da Obra de Revitalização do Jardim Histórico da Casa de Rui Barbosa’ by Gustavo Serrate/Ministério da Cultura. https://www.flickr.com/photos/ ministeriodacultura/16693814842/. License: https://creativecommons.org/licenses/ by/2.0/
H
istoriquement, c’est en transformant des monuments en lieux d’exposition ouverts à un public toujours plus large que l’architecture des musées s’est complexifiée. Cette relation entre les musées et le patrimoine bâti est à l’origine de l’identité des musées et de leur présence toujours aussi forte à travers le monde. L’architecture moderne a repensé l’espace du musée, en offrant une nouvelle conception des expositions, de la circulation des visiteurs et de l’éclairage. Elle tient désormais comptedel’environnement,commeledémontrentles musées « durables » et leur recherche d’une efficacité énergétique maximale. S’ils présentent aujourd’hui des formes complètement différentes, les musées gardent une forte relation avec la ville qui les entoure, grâce à leur architecture monumentale. Quand elles souhaitent donner une deuxième vie aux quartiers les plus négligés, les villes tendent à recourir à des projets culturels, souvent centrés autour de cet outil de visibilité que sont les musées. D’autre part, beaucoup de musées sont également dotés d’une architecture invisible ayant pour but de faciliter leurs activités quotidiennes et d’agencer l’espace physique en l’adaptant aux besoins du public et des expositions.
L’architecture dans l’architecture AuBrésil,ungrandnombredemuséesontétéinstallés dans des bâtiments préexistants. Il a donc fallu trouver des solutions architecturales et procéder à des études et des évaluations pour optimiser l’exploitation du musée. Le résultat de ces études : une architecture invisible développée par les architectes locaux. 12
LES NOUVELLES DE L’ICOM | N°2 2015
conservation préventive. L’objectif est d’obtenir des indicateurs environnementaux pour chaque bâtiment, en comparant les données relatives au climat et au microclimat interne et les paramètres de conservation. Les architectes seront alors en mesure de développer les modifications architecturales nécessaires à une meilleure protection des objets de collection. De plus, le microclimat interne peut répondre aux besoins de conservation grâce à la mise en place, au sein des bâtiments existants, de stratégies bioclimatiques qui tiennent compte du climat local, ce quipermetd’harmoniserl’architectureetlescollections du musée – deux entités habituellement perçues comme indépendantes au Brésil. Le développement d’une architecture bioclimatique dans ces bâtiments est rendu possible par la combinaison d’instruments d’analyse environnementale.
La maison-musée de Rui Barbosa, Rio de Janeiro
Mesures cruciales Après analyse des caractéristiques et de l’utilisation C’est dans ce cadre que nous avons choisi de des bâtiments, ils sont parvenus à élaborer et à mesurer les paramètres climatiques (température, mettre en œuvre les solutions les plus adaptées. Ce humidité relative, luminosité) sur l’année 2015, à l’aide travail peut être considéré comme de « l’architecture d’enregistreurs de données installés en trois endroits dans l’architecture ». Il de Rio de Janeiro : la englobe la conservation maison-musée de Rui L’architecture invisible des œuvres exposées, Barbosa, le musée Villades musées vise à agencer l ’a d a p t a t i o n d u Lobos, et dans une zone l’espace physique en bâtiment aux nouveaux en extérieur, utilisée à l’adaptant aux besoins du des fins de comparaison modes d’exposition, la public et des expositions modification des aspects et de vérification des architecturaux qui laissent à désirer et la mise à jour du performances environnementales des musées. plan d’architecture, de façon à inclure des restaurants Les trois points de mesure ont été placés dans le et des boutiques, à améliorer l'accessibilité ou à quartier de Botafogo, entre la baie de Guanabara installer l’air conditionné et des déshumidificateurs, et le lac Rodrigo de Freitas. Cette région située entre pour un plus grand confort du visiteur et une meilleure deux chaînes montagneuses est balayée par des protection des collections, entre autres. vents provenant du sud-ouest et présente un fort taux L’impact négatif du microclimat du bâtiment sur d’humidité. Partie historique de la ville, on y trouve de la conservation préventive des collections constitue nombreuses institutions culturelles abritées dans des l’un des problèmes les plus importants auxquels les bâtiments préservés. muséessontconfrontés ;eneffet,lebâtimentlui-même Les données climatiques sont collectées heure participe passivement à la conservation.1 Toutefois, par heure. Ces mesures se poursuivront jusqu’à ce rôle crucial est rarement pris en compte par les la fin de l’année 2015. Une fois ce travail achevé, muséesbrésiliensdansleurspratiquesarchitecturales nous espérons obtenir un diagnostic et pouvoir quotidiennes, les outils d’analyse et de prise de ainsi fournir des indications précises quant aux décision faisant défaut aux projets architecturaux. Par modifications à apporter aux musées étudiés (qui conséquent, il convient de développer des bases de seront probablement de l’ordre de l’« architecture données plus conséquentes sur la température et invisible »), afin d’améliorer le confort des visiteurs l’humidité adaptées à un climat chaud et humide. Il et la conservation des collections. Nous tenterons est également nécessaire d’effectuer des mesures également de développer un outil pratique en internes de ces variables dans les musées pour mieux établissant des procédures générales pouvant être connaître les performances environnementales des appliquées dans des musées aux besoins similaires. bâtiments. Enfin, les architectes doivent tenir compte Notre objectif : pallier ce manque que connaissent les des paramètres de conservation définis pour la musées brésiliens. n Note 1 Franciza Lima Toledo. O controle climático em museus quentes e úmidos. 2003. http://museuvictormeirelles.museus.gov.br/wp-content/uploads/2014/12/Franciza-Toledo.pdf (consulté le 10 août 2015)
©KITAJIMA TOSHIHARU
Relier passé et futur
La nouvelle aile du Musée national de Kyôto Melissa M. Rinne, chercheuse aux affaires internationales au Musée national de Kyôto
C
’est à Kyôto, au Japon, que se tiendra la Conférence générale 2019 de l’ICOM autour du thème « Les musées, plateformes culturelles : l’avenir de la Tradition ». Et la nouvelle aile du Musée national de Kyôto (« MNK »), munie d’une technologie de pointe parmi les meilleures au monde dans ce domaine, est un bon exemple de lien entre passé et futur. Conçue par l’architecte Taniguchi Yoshio (connu pour la galerie des trésors du temple Hôryû-ji du Musée national de Tôkyô et le Museum of Modern Art de New York), l’aile Heisei Chishinkan a ouvert en septembre 2014 et accueille les expositions temporaires des collections du musée. Son nom, « hall de l’ère Heisei consacré à la découverte des innovations », vient d’un vieil adage : « Apprendre du passé pour découvrir les innovations », une maxime qui représente tout l’esprit du bâtiment, du musée et même de la ville de Kyôto dans son ensemble. Le MNK abrite quelques-uns des plus grands chefs-d’œuvre de l’art japonais, qui datent pour la plupart de ce millénaire où Kyôto était la capitale du pays (794 – 1868). Les collections sont composées à la fois des œuvres appartenant au musée et des pièces qui lui ont été confiées par des temples et sanctuaires, afin qu’il en assure la conservation à long terme. Cet te nouvelle aile vient compléter le bâtiment principal « Meiji Kotokan », véritable chef-d’œuvre architectural datant de la fondation du musée en 1897. De style Renaissance française, cet édifice qui s’inscrit dans le paysage environnant a été conçu par Katayama Tôkuma (1854 – 1917), l’architecte le plus renommé de l’ère Meiji (1868 – 1912), spécialisé dans le style occidental. On peut le visiter au printemps et à l’automne, lors d’expositions spéciales. Un hommage au passé Bien qu’arborant une façade en calcaire on ne peut plus contemporaine, le bâtiment n’en garde pas moins une touche traditionnelle toute japonaise. Composé de verre et d’acier, le mur-rideau qui s’étend devant la façade rappelle les constructions de la ville, avec leurs panneaux de bois et leurs portes et fenêtres en papier (shôji) ; les colonnes et la large corniche en surplomb font
également référence à l’architecture nippone. Mais ce n’est pas tout, car le passé se retrouve aussi dans l’agencement : juste sous le hall d’entrée se trouvent des vestiges archéologiques d’une porte du Hôkô-ji, un temple où se tenait autrefois un Bouddha haut de 19 mètres datant de la fin du XVIe ou du début du XVIIe siècle. Les visiteurs accèdent à l’aile par un chemin qui suit L’aile Heisei Chishinkan du Musée national de une ancienne voie de pèlerinage reliant le Hôkô-ji Kyôto, Japon à une porte du Sanjûsangen-dô, ce temple situé de l’autre côté de la rue où se cachent 1 001 conçue pour protéger au mieux les collections statues bouddhistes à taille réelle datant des XIIe en cas de séisme. La structure, à la fois solide et résistante, est entièrement prévue pour résister et XIIIe siècles. Au rez-de-chaussée, le hall d’entrée lumineux aux tremblements de terre. Les galeries et zones laisse place à un espace calme à la lumière de stockage des collections sont protégées tamisée, divisé en plusieurs petites galeries individuellement par des dispositifs d’isolation consacrées aux arts décoratifs et à la calligraphie. sismique enfouis sous terre. Les plus observateurs De l’autre côté se trouve une grande salle dédiée peuvent apercevoir des traces de ce système : aux sculptures. Celles-ci restent visibles depuis en effet, sous les lattes du plancher se cachent des espaces creux les étages, dans les galeries de peintures, Cette sensation d’ouverture destinés à absorber les tremblements, comme à travers les rambardes qui imprègne le Heisei en témoignent les en cuivre qui rappellent Chishinkan donne une bordures visibles. De les stores à l’ancienne impression d’espace au sein plus, l’intégralité des en bambou ou en même de l’architecture vitrines et des œuvres roseau. Cette sensation d’ouverture qui imprègne sont équipées de protections parasismiques. l’édifice donne une impression d’espace au sein L’éclairage est assuré par un système de LED, même de l’architecture. Pour autant, il ne nuit pas pour une lumière naturelle de meilleure qualité au sentiment d’intimité propre aux galeries, idéal aux longueurs d’onde moins nocives. Enfin, pour se concentrer sur chacune des pièces (en le bâtiment produit sa propre énergie grâce particulier les rouleaux et autres objets décoratifs). aux panneaux solaires placés sur les toits des Car, si les sculptures étaient auparavant admirées bureaux : ainsi, il économise chaque année dans les temples, les œuvres de plus petite taille l’équivalent de 23 tonnes de CO2 par rapport à étaient à l’origine destinées aux alcôves des une production électrique thermique. « On obtient une belle harmonie en juxtaposant habitations traditionnelles. l’architecture contemporaine de Taniguchi, Les galeries sont entourées d’espaces vastes inspirée du Japon traditionnel, au bâtiment et aérés, tels que le grand Hall d’entrée qui donne d’origine, le Meiji Kotokan », affirme le directeur sur le jardin central. On trouve également de général du MNK, Sasaki Jôhei. Et l’architecte de petites cachettes, par exemple le salon flottant du confirmer : « On m’a mis au défi de réaliser une deuxième étage, ou le patio dissimulé avec vue structure adaptée à Kyôto. Je crois que j’ai trouvé sur le jardin du Hôkô-ji. Enfin, le restaurant vitré ma réponse. Même dix ans après avoir imaginé permet aux visiteurs d’admirer le vaste jardin ouest le design originel du bâtiment, je n’ai presque rien et son ancienne pagode. trouvé à revoir. C’est sans doute la preuve qu’il peut résister au temps, qu’il n’est ni moderne, ni Des technologies de pointe L’aile Heisei Chishinkan est équipée des dernières ancien. » Et les visiteurs approuvent : en rendant innovations technologiques, dans un grand hommage au passé, cet édifice du futur semble nombre de domaines. Par exemple, elle a été intemporel. n N°2 2015 | LES NOUVELLES DE L’ICOM
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PATRIMOINE EN DANGER INTERVENTION D’URGENCE
Coopération internationale au Népal L’ICOM s’allie avec d’autres organisations internationales pour aider les musées après les tremblements de terre au Népal
Cori Wegener, présidente du Groupe d’intervention de secours aux musées en cas de catastrophes (DRTF), responsable de la préservation du patrimoine culturel à la Smithsonian Institution ; et France Desmarais, directrice des programmes et des partenariats, Secrétariat général de l’ICOM, secrétaire permanente du DRTF © CORI WEGENER/ICOM/ SMITHSONIAN INSTITUTION/ICCROM/ICOMOS–ICORP
visite ne risquait pas de gêner les opérations d’aide humanitaire.
Le Musée de Hanuman Dhoka, place du Durbar, Katmandou
L
e 25 avril 2015, le Népal a été secoué par un tremblement de terre, le premier d’une série qui a causé d’immenses dégâts et souffrances humaines. Ce séisme, dont l’épicentre se situait dans la vallée de Gorkha et qui a atteint une magnitude de 7,8 et une intensité IX sur l’échelle de Mercalli (violent), a fait près de 9 000 morts et des milliers de sans-abri. Plusieurs répliques ont suivi, dont la plus dévastatrice a atteint une magnitude de 7,3 près du mont Everest et a entraîné la mort de plus de 200 personnes. Différents sites importants du patrimoine culturel dans la vallée de Katmandou ont été endommagés, parmi lesquels le complexe des places du Durbar de Hanuman Dhoka, Patan et Bhaktapur, le temple de Changu Narayan et le stûpa bouddhique de Swayambhu. L’ICOM et les membres de son Groupe d’intervention de secours aux musées en cas de catastrophes (le DRTF) se sont aussitôt enquis auprès de leurs collègues népalais de l’état du personnel, des bâtiments et des collections, avant de
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LES NOUVELLES DE L’ICOM | N°2 2015
mettre à jour une Liste de surveillance des musées pour le Népal (Museum Watch List) et partager tous ces renseignements avec son réseau. Une carte des urgences culturelles à Katmandou a été créée par le Centre international d’études pour la conservation et la restauration des biens culturels (l’ICCROM) à l’aide de la plateforme Internet Ushahidi, puis a été mise à jour en collaboration avec le Comité international sur la préparation aux risques du Conseil international des monuments et des sites (ICOMOS-ICORP) et l’ICOM. L’information rendue ainsi accessible a permis à des bénévoles du monde entier d’élaborer un rapport sur l’urgence culturelle au Népal. Le Secrétariat de l’ICOM a immédiatement puisé dans le fonds du DRTF afin d’allouer des ressources au Népal. Créé en 2005 au lendemain du tsunami en Asie du Sud-Est, le DRTF permet à l’ICOM d’apporter une expertise et une assistance rapides à ses collègues des musées après une catastrophe. La présidente du DRTF, Cori Wegener, s’est rendue sur place dès que nous avons eu l’assurance que sa
Une coordination sans précédent Cherchant à éviter tout double emploi, à améliorer la coordination et à tirer profit de l’expertise de chaque organisation, l’ICOM, la Smithsonian Institution, l’ICCROM et ICOMOS-ICORP ont mis en place une mission internationale conjointe au Népal afin d’évaluer les dommages subis par le patrimoine culturel. À l’invitation du Département d’archéologie du gouvernement népalais (le DOA) et en coordination avec le Bureau de l’UNESCO à Katmandou, l’équipe pluridisciplinaire a commencé son travail le 25 mai. Ses membres comptaient trois ingénieurs du génie civil, Xavier Romao, Esmeralda Pauperio et Arun Menon ; un architecte spécialisé en conservation, Rohit Jigyasu, d’ICOMOS-ICORP ; une conservatrice, Aparna Tandon, de l’ICCROM ; et enfin Cori Wegener, conservatrice de collections et coordinatrice de missions d’urgence, représentant à la fois le DRTF de l’ICOM et la Smithsonian Institution. L’objectif de la mission était d’évaluer les besoins relatifs à la stabilisation et à la sécurité du patrimoine culturel au lendemain des séismes, de s’unir à une équipe nationale de professionnels du patrimoine capable de mener cette première phase cruciale et aussi d’aider sur le terrain à la mise en œuvre des activités de sauvetage. L’équipe a visité plusieurs sites dans la vallée de Katmandou, notamment le stûpa de Swayambhu et le temple de Shantipur, le musée du palais de Hanuman Dhoka, le Musée national du Népal, le temple et le village de Bungamati, la place du Durbar de Patan, l’Académie des BeauxArts, le temple de Vajrayogini et le temple de Sankarapur, à Sankhu. L’équipe a veillé à ce que les collègues népalais ne soient pas saturés de visites d’experts et à ce que les ressources de chaque organisation soient utilisées de la façon la plus efficace : les participants logeaient dans
le même hôtel, partageaient les moyens de thèmes principaux traités étaient les suivants : transport et comparaient sans cesse leurs la planification et la préparation aux situations notes. Le rapport de mission adressé au d’urgence, l’évaluation des dommages et DOA proposait d’organiser deux ateliers de des risques, l’établissement de priorités, sauvetage, l’un pour les collections et l’autre la sécurité, l’évacuation, le tri des objets pour la stabilisation des structures, le premier récupérables ou encore le déplacement et devant commencer le 8 juin. Cela laissait peu l'entreposage provisoires. Les participants de temps pour la planification et la logistique, étaient chargés de partager ces connaismais la saison des moussons approchait : les sances avec leurs collègues dans leurs collections étaient donc menacées. institutions respectives afin de les appliquer à Les membres de l’équipe ont travaillé sans leurs propres collections. répit à coordonner les deux ateliers. Le DOA Au cours de la mission d’évaluation, il du Népal a sélectionné 20 participants pour est devenu évident que l’armée et la police chacun d’entre eux. Des lieux d’entreposage népalaises étaient le plus souvent les premiers provisoires pour les collections ont été services à intervenir pour l’évacuation et le aménagés, de même sauvetage du patrimoine que des salles de classe culturel ; en réponse à L’approche de l’équipe et des espaces de travail. l’armée qui demandait internationale s’est avérée des instructions sur Les aspects logistiques très efficace pour apporter la manipulation et le avaient trait avant tout à l’approvisionnement en une aide d’urgence rapide à déplacement des objets matériel de protection, nos collègues sur le terrain dans les situations en outils et fournitures d’urgence, Cori Wegener de classe, en repas ainsi qu’à l’accès à un et Aparna Tandon ont fait un bref exposé sur transport local. Nous avons eu la chance les techniques de sécurité, de manipulation de pouvoir compter sur l’assistance de d’objets et sur les mesures de protection l’expert de la Croix-Rouge Dr Komal Aryal, élémentaires pour les collections. Le dernier jour de l’atelier, les participants de l’historienne d’art Dr Dina Bangdel et de la ont travaillé sous la supervision du DOA et aux conservatrice du DOA Padma Shrestha. côtés de l’armée au sauvetage de fragments Une réussite malgré un calendrier serré architecturaux importants d’un temple de la Le 8 juin est arrivé très vite, et l’atelier a débuté place du Durbar de Hanuman Dhoka. Les au musée du palais de Hanuman Dhoka sur fragments sauvés ont été stockés dans un lieu la place du Durbar. Les participants venaient sécurisé non loin de là, au sein du complexe du Musée national du Népal, des musées de du temple. Une réception de clôture s’est Bhaktapur, du musée du palais de Hanuman tenue en fin d’après-midi, au cours de laquelle Dhoka et des temples/musée de Patan de la les participants ont présenté un résumé de place du Durbar. Suresh Shrestha du DOA l’atelier et les projets à venir dans leurs institua prononcé le discours de bienvenue. Il a tions respectives. Chacun d’entre eux a reçu exprimé la pleine confiance qu’il accordait au un certificat personnalisé. Le second atelier por tant sur la personnel du DOA et son soutien aux efforts de sauvetage entrepris. Le groupe a observé Stabilisation d’urgence des structures du l’opération d’évacuation de certaines pièces patrimoine, s’est tenu du 17 au 22 juin avec un du musée par des membres de l’armée et de nouveau groupe de participants. Recourant la police népalaises qui avait été programmée au même cadre pédagogique, le groupe a antérieurement. Grâce à la coordination entre choisi un petit temple endommagé comme les services de secours et le personnel du étude de cas sur les méthodes de stabilisamusée, l’évacuation a été couronnée de tion que les participants pouvaient recréer succès et a constitué un excellent encourage- dans leur propre situation. L’approche de l’équipe internationale ment pour les participants. Accueilli pour son inauguration au Musée s’est avérée très efficace pour apporter une national du Népal à Chhauni, le reste de l’atelier aide d’urgence rapide à nos collègues sur le d'une durée de six jours s’est concentré sur les terrain. Nous nous réjouissons par avance de besoins immédiats des collections du Musée pouvoir compter sur une telle coopération lors national et du musée de Hanuman Dhoka, de futurs projets au Népal ou face à de futures en les prenant comme études de cas. Les situations d’urgence ailleurs dans le monde. n N°2 2015 | LES NOUVELLES DE L’ICOM
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CONFÉRENCE GÉNÉRALE DE L’ICOM MILAN 2016
C’est parti pour ICOM Milan !
Dans moins d’un an, la 24e Conférence générale de l’ICOM ouvrira ses portes et accueillera 4 000 professionnels des musées et du patrimoine à Milan (Italie) pour une semaine de débats, d’échanges et de rencontres ©WWW.WIKIMEDIA.ORG
Duomo di Milano
Musées et paysages culturels, de la muséologie italienne à une perspective internationale Le thème de cette conférence, Musées et paysages culturels, visera, d’une part, à approfondir le concept du « musée en plein air » si cher à la muséologie italienne et cherchera, d’autre part, à analyser la relation entre les musées et un paysage en constante évolution. Les
musées devront se saisir de cette chance (et relever le défi !) de renouveler leurs missions et de renforcer leur rôle culturel et social. Cet te question fondamentale constitue une perspective stratégique pour les musées du monde entier en ce troisième millénaire.
L’ICOM, le Comité national italien (ICOM Italie) et le comité d’organisation ont l’intention d’i d e nti f i e r c e nt a c ti o n s innovantes pour les musées de cultures et de pays différents et de les présenter à la Conférence générale de Milan comme autant de bonnes pratiques.
Le but : l’adoption, lors de la conférence, d’une déclaration de l’ICOM sur les musées et les paysages culturels qui instaure de nouveaux objectifs et programmes stratégiques pour les musées d’aujourd’hui. En juillet 2014, déjà, la Charte de Sienne proposée lors de la conférence internationale consacrée au thème Musées et paysages culturels présentait la perspective italienne sur les responsabilités des musées à l’égard du patrimoine et des paysages qui l’entourent. Par ailleurs, le Comité national italien a récemment mis en place une deuxième enquête sur les projets des musées italiens liés au thème de la conférence. En novembre 2015, en prévision d’ICOM Milan 2016, ce thème sera de nouveau abordé par des experts mondiaux, lors d’une autre conférence internationale qui se tiendra à Brescia, en Italie. Un numéro spécial de Museum International sera consacré à ce thème et publié peu après la Conférence générale.
Inscriptions : tarifs et dates Le tarif applicable dépend de votre catégorie : membre ou non de l’ICOM, pays d’origine, durée de participation. Pour vous inscrire, consultez le site Internet de la conférence. Inscription anticipée De juillet 2015 au 28 janvier 2016
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Inscription avancée Du 29 janvier 2016 à juin 2016
Inscription sur place Juillet 2016
Membre de l’ICOM (pays catég. 1 & 2), membre de la Fondation ICOM
350 €
450 €
550 €
Membre de l’ICOM (pays catég. 3 & 4)
250 €
350 €
450 €
Non membre
450 €
550 €
650 €
Personne accompagnante
250 €
300 €
350 €
Étudiant
250 €
300 €
350 €
Pass à la journée
150 €
150 €
150 €
LES NOUVELLES DE L’ICOM | N°2 2015
©WWW.WIKIMEDIA.ORG
©MUSEO NAZIONALE DELLA SCIENZA E DELLA TECNOLOGIA ‘LEONARDO DA VINCI’
La Triennale – Palazzo dell’Arte ©COMUNE DI MILANO
Musée des sciences et des techniques
Ciao, Milan !
Via Dante, Castello Sforzesco
Deuxième plus grande ville d’Italie, Milan est aussi l’une des cités les plus attrayantes d’Europe. Elle connaît actuellement un essor et une rénovation spectaculaires dans le cadre de l’exposition universelle Expo Milan 2015 : Nourrir la planète, énergie pour la vie. La capitale de la Lombardie constitue un incroyable réseau réunissant musées, industries créatives et culturelles, recherche et développement industriel et éducatif. Son apparence est en pleine évolution ; de nouveaux quartiers se sont développés au cours des cinq dernières années. Milan et ses banlieues bénéficient même de l’attention d’architectes et de designers de renommée mondiale. Programme pour Milan 2016 : cérémonie d’ouverture au Château des Sforza (Castello Sforzesco), concert sur le toit de la cathédrale (Duomo), visite privée du musée des Sciences et des Techniques et cérémonie de clôture au Palazzo dell’Arte de la Triennale. Ce ne sont là que quelques exemples des musées et monuments milanais qui abriteront les différents événements de la conférence. Durant la traditionnelle journée d’excursion, les délégués de la conférence auront la chance de passer une journée entière à visiter la ville, mais aussi le Nord et le centre de l’Italie. De plus, la Conférence générale de l’ICOM, avec ses réunions organisées dans les musées et autres institutions de Milan et sa région, représente une occasion unique de mieux connaître les musées italiens.
Conférenciers Ce sont des personnalités de renom aux expériences variées et de disciplines diverses qui prononceront les six discours principaux prévus pour ICOM Milan 2016 et apporteront des points de vue visionnaires et inattendus sur des sujets d’intérêt pour la communauté des professionnels des musées. Christo (États-Unis) Les artistes Christo et Jeanne-Claude (1935-2009) sont à l’origine de plusieurs œuvres d’« art environnemental » colossales parmi les plus spectaculaires du XXe siècle. Michele De Lucchi (Italie) L’architecte Michele De Lucchi a été une figure très connue dans des mouvements tels que Cavart, Alchimia et Memphis. Nkandu Luo (Zambie) Nkandu Luo est la ministre du Genre et du Développement de l’Enfant de la Zambie. Elle a également été ministre de la Culture et des Traditions.
Orhan Pamuk (Turquie) Orhan Pamuk est un romancier, scénariste et universitaire turc. Il a reçu le prix Nobel de littérature en 2006. Krzysztof Pomian (Pologne) Historien et philosophe, Krzysztof Pomian a longuement étudié l’histoire de la culture européenne et, en particulier, l’histoire de l’Histoire et l’histoire des musées et des collections. David Throsby (Australie) David Throsby est un économiste australien spécialisé dans l’économie de la culture.
Consultez la dernière version du programme d’un seul coup d’œil sur le site d'ICOM Milan 2016 : www.milano2016.icom.museum
N°2 2015 | LES NOUVELLES DE L’ICOM
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COMMUNAUTÉ DE L'ICOM ©ICOM
La délégation de Cincinnati lors des Réunions annuelles
Rendez-vous à Paris Les Réunions annuelles de l’ICOM, qui se sont tenues du 1er au 3 juin à la Maison de l’UNESCO, à Paris, ont été exceptionnellement riches en discussions pour les professionnels de musée, venus du monde entier pour partager leurs points de vue sur divers sujets d’actualité.
Cette année, c’est Jean-Pierre Changeux, grande figure scientifique française, qui a prononcé le discours d’ouverture. Neurobiologiste, il s’est intéressé pendant de nombreuses années à la question du lien entre l’art et le cerveau. Particulièrement engagé au côté des musées, M. Changeux a inauguré ces réunions le 1er juin en évoquant : « La beauté dans le cerveau : pour une neuroscience de la création artistique ». Le même jour, l’ICOM a lancé, lors d’une conférence de presse, sa nouvelle version de la Liste rouge d’urgence des biens culturels irakiens en péril, une version mise à jour et enrichie de la première liste rouge d’urgence de l’ICOM concernant l’Irak parue en 2003. Cette liste constitue une des réponses de la communauté muséale internationale aux récents événements violents qui ont eu lieu en Irak. La Liste rouge d’urgence des biens culturels irakiens en péril a été officiellement présentée au musée du Louvre en présence de Fleur Pellerin, ministre de la Culture et de la Communication, de Jean-Luc Martinez, président-directeur du musée du Louvre, de la directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova, de Hans-Martin Hinz, président de l’ICOM, et de Richard Stengel, sous-secrétaire d’État à la diplomatie et aux affaires publiques, US Department of State. Des experts internationaux qui ont contribué au travail de l’ICOM dans l’élaboration de la liste étaient également présents. Le mardi 2 juin, les réunions ont continué avec les sessions du Comité consultatif de l’ICOM, inaugurées par Mark O’Neill, qui a engagé les débats. « Définir le musée dans une nouvelle ère » fut le thème de son discours, qui entendait étudier ce qui motive
les professionnels de musée à mieux servir la société dans une époque troublée. Plus tard dans la journée, un vote de recommandation visait à élire la ville hôte pour la Conférence générale de l’ICOM de 2019. La conférence générale se tient tous les trois ans et réunit quelque 3 000 membres de la communauté muséale internationale pour une semaine de discussions sur un thème spécifique. Les délégations de Cincinnati et de Kyoto ont cherché à convaincre les participants et membres des différents comités pendant les deux premiers jours des Réunions annuelles. Le mercredi 3 juin, Kyoto a été proclamée ville hôte pour cette nouvelle édition, qui aura pour thème « Les musées, plateformes culturelles : l’avenir de la tradition ». Cette candidature met en exergue le rôle mouvant des musées dans la société actuelle. La ville de Kyoto concentre plus de 200 institutions culturelles, ainsi que 1 681 temples bouddhistes et 812 sanctuaires shintoïstes. La candidature de Cincinnati a également été appréciée, et la délégation américaine a été vivement remerciée par le président de l’ICOM, H ansMartin Hinz, pour sa motivation et son engagement à accueillir prochainement une Conférence générale. Enfin, les thèmes de la Journée internationale des musées de 2017 et de 2018 ont été décidés, après un vote du comité consultatif : « Musées et histoires douloureuse : Dire l’indicible dans les musées » sera le thème de l’année 2017, et « Musées hyperconnectés : nouvelles approches, nouveaux publics » celui de 2018. –Ninon Sordi
Musées pour une société durable
Une vague verte a déferlé sur la Journée internationale des musées de 2015
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monde, les enfants ont peint leurs versions de l’« arbre de vie », symbole et visuel de l’affiche officielle de la JIM ; certains musées ont encouragé leurs visiteurs à se rendre aux musées en transport public ou à vélo ; des ateliers consacrés aux matériaux recyclés étaient également au programme. Le Musée de l’Ouganda à Kampala a notamment encouragé ses visiteurs à emporter un arbre chez eux ou à planter un arbre dans l’enceinte du musée pour participer au développement durable, une initiative soutenue par l’Autorité forestière nationale. Fier de sa précieuse collection de mosaïques, le Musée national du Bardo, à Tunis, a participé à la JIM, deux mois après la terrible attaque dont il
a été victime. Pour l’occasion, une table ronde consacrée au thème La mosaïque, un facteur de développement durable a été organisée par ICOM Tunisie et l’Association des amis du patrimoine. D’autres musées ont profité de l’occasion pour attirer un public de nonhabitués en ouvrant leurs portes gratuitement durant le week-end et la journée du lundi 18 mai. Cette volonté de « musée pour tous » est considérée comme un modèle de durabilité par certains musées. –Ninon Sordi
Le 16 mai dernier, le musée du Pachacamac, situé sur le site archéologique du Pachacamac, a accueilli plus de 250 visiteurs à l'occasion de la JIM
©ICOM PERU
Du Pérou à la Papouasie-Nouvelle-Guinée, cette année, plus de 35 000 musées de 130 pays différents ont fait preuve d’inventivité pour sensibiliser le public à la construction d’une société durable lors de la Journée internationale des musées (JIM). M. Hans-Martin Hinz, président de l’ICOM, a donné le coup d’envoi de la semaine consacrée à la JIM au Pérou, à l'invitation du président d'ICOM Pérou, Luis Repetto Málaga. Pour l'occasion, l'ICOM Pérou a organisé des festivités à Lima, Trujillo, Cuzco et dans d'autres villes du pays, en collaboration avec le ministère de la Culture. Les musées d’Italie furent particulièrement enthousiastes à l’idée de débattre du thème de cette année : dans le cadre d’un séminaire sur La durabilité économique des musées à Venise, ou d’une table ronde autour de L’accessibilité pour des institutions muséales durables à Ancône. Ailleurs dans le
L’ICOM rend hommage à Manus La première fois que j’ai rencontré Manus, c’est lorsque j’ai été élu président d’ICOM Allemagne, en 1999. C’est grâce à son soutien que j’ai pu donner un nouvel élan à ICOM Allemagne et ICOM Europe. J’ai tout de suite été séduit par sa vision d’une association fondée avant tout sur ses membres. Ce ne sont pas les dirigeants qui permettent à une organisation de réussir, mais l’ensemble de ses collaborateurs. Si ma préoccupation première en tant que président de l’ICOM est de mettre en avant
©ICOM
Herman Willem Brinkman, ancien Secrétaire général de l’ICOM, s’est éteint le 4 juillet 2015 en Thaïlande. Celui que famille, amis et collègues surnommaient affectueusement Manus a vu le jour le 7 janvier 1950 aux Pays-Bas. C’est dans les années 80 qu’il s’est construit une solide renommée de professionnel des musées. Il travaillait alors au musée pour enfants du Tropenmuseum, un musée néerlandais où il est resté dix ans et dont il est finalement devenu directeur. Il a ensuite été nommé directeur de l’Association des musées néerlandais, avant de présider le Réseau des organisations de musées européens (NEMO) de 1995 à 1998. Puis, entre 1998 et 2004, il a exercé la fonction de Secrétaire général de l’ICOM. Désireux d’agir pour le respect, l’égalité et la mise en avant des différentes cultures, il a alors fait du combat contre le trafic illicite des biens culturels sa priorité.
Adieu, Manus
Herman Willem Brinkman, 1950 – 2015 personnalité nous quitte et nous assurons son épouse et tous ses proches de la part que nous prenons à leur peine en ces tristes moments de séparation. Cette peine est aussi la nôtre. Jacques Perot, ancien président de l’ICOM (1998-2004) Manus en 2004 à la Conférence générale de l’ICOM, à Séoul, en République de Corée
nos membres, c’est à Manus que je le dois. En juin 2014, dix ans après son départ de l’ICOM, nous nous sommes retrouvés lors d’un dîner à Paris pour évoquer l’avenir de l’association. Je n’aurais jamais cru que ce serait notre dernière rencontre. Manus, pour tout ce que tu as fait pour l’ICOM et pour la communauté des musées dans son ensemble, merci. Aujourd’hui, nous perdons un collègue et ami inestimable. Hans-Martin Hinz, président de l’ICOM
Pour ma part, je garde le souvenir d’un ami et collaborateur efficace qui sut accompagner notamment les réformes de structures menées par l’ICOM pendant cette période, comme il réussit l’organisation des deux magnifiques conférences générales de Barcelone et Séoul. Ouvert aux autres, il savait écouter et son sourire reste gravé dans notre mémoire. Il avait de nombreux amis de par le monde et notamment en Thaïlande où, avec son épouse Annelie, il passa ses dernières années, toujours actif et généreux. Une riche et belle
Nous avons perdu un esprit et une âme remarquables. Je me souviens de lui à la Conférence générale de 2004, à Séoul. C’était inoubliable : il est monté sur scène en costume coréen traditionnel, pour la cérémonie de clôture. Il a brillamment servi les musées à travers le monde, et son héritage lui survivra. Goli Sabahi, ICOM Iran
Triste nouvelle, j’ai beaucoup travaillé avec lui essentiellement pour les pays arabes. J’étais restée en contact avec lui. Vraiment une bien triste nouvelle. Chédlia Cheikh Annabi, ICOM Tunisie
Cette nouvelle m’attriste vraiment. Manus était un excellent muséologue. Il a consacré sa vie à faire progresser la culture, le patrimoine et la muséologie. Lynne Teather, ICTOP
Je garde de Manus le souvenir d’un homme courtois, aimable, plein d’humour et de gentillesse. Compétent dans sa fonction de Secrétaire général de l'ICOM et passionné par ses responsabilités. Il avait su établir des liens amicaux,
de confiance et de respect avec ses collaborateurs du secrétariat général qui ont regretté sont départ de l’ICOM. Je joins ma tristesse à celle de tous les membres de l’ICOM et du personnel du secrétariat qui l’ont connu. Marie-Françoise Delval, AVICOM
C’est une très grande perte. Manus a grandement contribué à la création de l’UMAC, il a été une source d’inspiration et d’encouragement pour nous tous. C’est un véritable ami que les musées et collections universitaires ont perdu. Peter Stanbury, UMAC
Il était jeune, brillant, superbe. C’est vraiment tragique ! Qu’il repose en paix. Virgil Ştefan Nitulescu, ICOM Roumanie
Cher Manus, tu vivras toujours dans nos cœurs. Tu nous as aidés à donner un nouvel essor à l’Alliance régionale de l’ICOM pour l’Asie et le Pacifique et à fonder l’Inclusive Museum Knowledge Community. Je t’en remercie. Tu étais un homme de principes dans ton engagement professionnel, personnel et communautaire, et tu resteras un exemple pour nous. Amareswar Galla, ICOM Australie
Manus... un personnage marquant dans l’histoire de l’ICOM. Et un ami sans pareil. Yani Herreman, ancienne viceprésidente de l’ICOM (1998-2004)
Festival Musées (em)portables 2016 : Naissance d’un prix ICOM-Musée pour tous Pour la première fois, en 2016, l’ICOM s’associera au festival Musées (em)portables, avec la création du prix ICOM-Musée pour tous. Ce prix récompensera les productions audiovisuelles qui mettent en scène le rapport au musée des publics dits « éloignés » de la culture (publics du champ social, personnes handicapées, primo-arrivants, habitants du monde rural, etc.) en proposant un regard sensible et original sur le sujet. Ce prix participe de l’action de l’ICOM en faveur d’une ouverture des musées à tous les publics. Le concours est ouvert aux individus comme aux groupes. Le film sélectionné bénéficiera d’une large diffusion à travers les canaux internationaux de l’ICOM. Le jury du festival accueillera cette année la directrice générale de l’ICOM, Anne-Catherine Robert-Hauglustaine, pour procéder à la sélection des lauréats. Tous les films retenus par le jury seront projetés en continu pendant la durée du SITEM, Salon international des musées, des lieux de culture et de tourisme, du 12 au 14 janvier 2016 aux Docks, Cité de la mode et du design, à Paris. La cérémonie de remise des prix aura lieu le 13 janvier 2016, à 12 heures. La contribution de l’ICOM est de 1 000 euros pour le film classé premier et de 500 euros pour chacun des deux suivants. Pour plus d’informations et pour s’inscrire : www.museumexperts.com Date limite de réception des films : 1er décembre 2015 N°2 2015 | LES NOUVELLES DE L’ICOM
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PUBLICATIONS
En un mot
PRÉSIDENT DE L’ICOM Hans-Martin Hinz
Critique de Sarah Hughes, maître de conférences en édition à l’université Oxford Brookes, Royaume-Uni
DIRECTRICE GÉNÉRALE Anne-Catherine Robert-Hauglustaine RÉDACTRICE EN CHEF Sara Heft CONTRIBUTEURS Lydia Salazar Carrasco Mélanie Foehn Elisabeth Jani Ninon Sordi TRADUCTION Maëlle Gouret Sylvie Lucas GRAPHISME, PUBLICITÉ, IMPRESSION France Edition Multimédia 70 avenue Alfred Kastler – CS 90014 66028 Perpignan Cedex Tél. +33 (0)4 68 66 94 75 francedit@francedit.com
« Dans les musées, les mots sont partout » : c'est ainsi que Margot Wallace invite le lecteur à explorer les différentes formes d’écriture afin de l’aider à comprendre les mots présents dans l’ensemble du musée. L’auteure aborde ici le thème de l’écriture au sein du musée du point de vue du marketing, son domaine d’expertise ; ce livre n’a donc pas vocation à traiter, par exemple, du rôle des auteurs des textes produits par les professionnels des musées. Les chapitres sont classés par ordre alphabétique et intitulés selon le type des textes (articles de blogs ou brochures), leur fonction (guides audio, lettres de sollicitation, sondages), voire selon le public visé (communications bénévoles). Le classement choisi aide le lecteur à retrouver facilement les conseils propres à chaque type de communication, mais ne permet pas de traiter la question de l’écriture à destination d'un public spécifique, par exemple les internautes (visiteurs et non-visiteurs). Malheureusement, les 13 parties du livre n’abordent que brièvement les multiples fonctions de l’écriture pour les musées. Dans l’ensemble, bien qu’elle conseille dans la préface d’engager un rédacteur professionnel « si possible », l’auteure estime que les amateurs passionnés sont tout à fait en mesure de réaliser les objectifs spécifiques des divers types d’écriture. Elle se propose même d’aider à guider ces novices grâce aux différents chapitres. Le livre se concentre sur des contextes propres aux musées américains, ce qui peut quelque peu prendre de court un lectorat international. Par exemple, dans la partie consacrée au traitement graphique de l’environnement, on peut lire la légende suivante sous la photo d’un parking à étages : « C'est souvent le parking du musée qui constitue notre premier aperçu du musée lui-même ». Or, ce n’est le cas d’aucun des musées européens que j’ai pu visiter récemment. Par ailleurs, en essayant de traiter de tous les types de musées - aussi bien les petites institutions centrées sur l’histoire locale que le Disney Hall de Los Angeles - et des besoins en écriture propres à chacun, le livre risque de dérouter également son public américain. Néanmoins, les informations présentées dans l’ouvrage aident à mieux comprendre l’importance de l’écriture pour chacune des activités exercées au sein des musées américains (dans les boutiques et les conférences, pour les membres et les bénévoles). Elles sont particulièrement utiles pour les musées au budget limité, où le personnel doit à la fois assurer l’ouverture de l’institution, mais aussi prendre conscience de l’importance de l’écriture pour attirer les visiteurs. Writing for Museums Auteure : Margot Wallace Éditeur : Rowman and Littlefield, 2014 20
LES NOUVELLES DE L’ICOM | N°2 2015
COUVERTURE © QUENTIN LAFONT/MUSÉE DES CONFLUENCES, LYON, FRANCE, NOVEMBER 2014
Prochain numéro Focus : Musées et paysages culturels Dossier : Musées et paysages culturels Cas d'étude : Musées et paysages culturels Si vous souhaitez contribuer au prochain numéro des Nouvelles de l'ICOM, contactez Sara Heft à sara.heft@icom.museum pour plus de détails. ICOM Maison de l’UNESCO 1, rue Miollis 75732 Paris Cedex 15 France Tél. +33 (0) 1 47 34 05 00 Fax + 33 (0) 1 43 06 78 62 secretariat@icom.museum http://icom.museum
Les Nouvelles de l’ICOM, le magazine du Conseil international des musées, est publié en français, en anglais et en espagnol, avec l’assistance financière du ministère de la Culture et de la Communication (France). Les opinions exprimées dans les articles signés n’engagent pas l’ICOM et relèvent de la seule responsabilité de leurs auteurs.